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3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

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Centre
Jacques-
Berque
Le Maroc au présent | Baudouin Dupret, Zakaria Rhani, Assia
Boutaleb, et al.

L’état de l’économie
marocaine : un
potentiel de
développement
☝🍪 réel
mais contraint
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Fouzi Mourji et Hicham Masmoudi
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1 LaPersonnaliser
démarche globale que nous adopterons dans ce chapitre est
positive
Politique et non normative dans le sens où nous nous efforçons de
de confidentialité
nous baser sur les faits. Quatre sections composent ce chapitre,
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pour donner une vision globale de l’économie marocaine et de ses


perspectives, des politiques qui sont mises en œuvre et des défis à
relever. La première se situe d’abord au niveau macroéconomique
et discute des composantes de la croissance et de leur évolution
ainsi que de celles de la contribution des secteurs. Elle observe
ensuite comment les fruits de cette croissance sont répartis et
présente alors les caractéristiques du marché du travail pour mieux
examiner les indicateurs de développement humain et les
inégalités. Le dernier volet porte sur le secteur informel qui vient se
greffer sur les insuffisances des rythmes de croissance et sur la
persistance des poches de pauvreté. La seconde section décrit la
position extérieure du Maroc et la qualité de son insertion dans les
échanges internationaux ; la troisième est consacrée à la situation
budgétaire avec ses enjeux et les défis qui lui sont inhérents. Enfin,
la dernière traite de la politique monétaire.
2 Ainsi, la logique générale de la trame de ce chapitre consiste à
décrire dans un premier temps les diverses réalités de l’économie
marocaine et, dans un second, les politiques qui en sont à l’origine
et qui visent à en pallier les lacunes. Dans cet ouvrage qui traite de
plusieurs domaines, l’espace dédié à chacun est nécessairement
limité, ce qui ne permet pas toujours d’analyser en profondeur les
raisons des réalités décrites.

La situation macroéconomique et sociale


Les caractéristiques de la croissance économique du
Maroc
3 Il s’agit, ici, de mettre successivement l’accent sur les tendances du
rythme de la croissance économique, de voir la contribution
différenciée et évolutive de ses composantes et, enfin, d’expliciter
les nouveaux secteurs qui en sont les principaux moteurs.
4 Durant les deux dernières décennies, l’économie marocaine1 a été
☝🍪
marquée par d’importantes transformations structurelles, qui se
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sont manifestées par des changements du rythme, et un nouveau
vous donne le contrôle sur
palier
ceux de croissance
que vous souhaitez semble être atteint. Sur la période 2003-2013,
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la croissance s’est située en moyenne à 4,6 % par an, à comparer au
taux de 3 % enregistré en moyenne entre 1992-2002, et ce, en dépit
des contraintes inhérentes aux années de sécheresse (2005 et
2007) et aux perturbations au niveau international (HCP, 2013).
On peut affirmer que l’activité économique s’est inscrite dans un
cycle de croissance de longue période, soit près de 54 trimestres
successifs de hausse, contrairement à la décennie 1990 connue par

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ses cycles courts. Notons par ailleurs que l’estimation de l’output


gap2 non agricole continue de donner des valeurs négatives,
dénotant ainsi que la croissance non agricole se situe en-dessous de
son potentiel. Nous relevons que la consolidation de la croissance
s’est accompagnée d’une baisse notable de sa volatilité3 ; ainsi,
l’écart-type du taux de variation du PIB trimestriel est revenu de
6,3 sur la période 1992-2002 à 1,6 sur la période 2003-2013.
Graphique 1 : Croissance économique (en %)

Source : Graphique élaboré à partir des données du HCP et


d’Eurostat.
5 Nous relevons également que la croissance économique a connu
sur la deuxième partie des années considérées une sensibilité de
plus en plus forte aux fluctuations cycliques des principaux
partenaires européens (France, Espagne, Allemagne, Italie et
Grande-Bretagne). Le cycle économique au Maroc est de plus en
plus synchronisé avec celui de ces pays. Cet arrimage s’explique par
leur importance dans les flux des échanges commerciaux, des
transferts et des investissements ; ils sont les premiers clients,
fournisseurs, investisseurs, partenaires en matière de coopération
☝ 🍪et pourvoyeurs de touristes.
financière
6 Ainsi, la crise financière et économique de 2008-2009 a affecté la
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croissance
vous au Maroc
donne le contrôle sur (revenue de 5,6 % en 2008 à 4,8 % en 2009 et
ceux que vous souhaitez
à 3,6 % en 2010). La dégradation de l’activité économique chez les
activer
pays partenaires, s’est transmise avec un décalage via quatre
principaux canaux, à savoir la demande étrangère adressée au
Maroc, les recettes touristiques, les transferts des Marocains
résidant à l’étranger (MRE) et les investissements directs étrangers
(IDE). Le décalage dans la transmission a pu faire croire à une
meilleure capacité de résilience de l’économie marocaine ; il nous
semble qu’il s’explique davantage par le caractère encore abrité du

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tissu productif marocain (agriculture, bâtiment et travaux publics


(BTP) et services) et par le marché financier, non encore
interpénétré avec l’international. En fait, la première phase de la
crise s’est accompagnée d’une baisse des prix des matières
premières et de l’énergie, à côté de la dynamique désinflationniste
des principaux partenaires du Maroc ; les prix à l’importation
avaient donc baissé. L’amélioration « mécanique » des termes de
l’échange a permis de compenser en partie au moins les effets
récessifs de la crise. Il ne s’agit donc pas à proprement parler de
résilience mais plutôt un signe d’une encore faible intégration de
l’économie.
7 Pour les perspectives, dans sa mise à jour des prévisions d’avril
2014, le Fonds monétaire international (FMI) table sur un
rétablissement continu de l’activité économique au Maroc. Il
prévoit une légère décélération de la croissance à 3,9 % en 2014
(corrigée en octobre à 3,5) avant d’augmenter à 4,9 % en 2015
(ramenée en octobre à 4,7) et de poursuivre la hausse pour
atteindre 5,6 % en 2019. Selon l’institution, l’activité économique
au Maroc restera soutenue par la performance progressive des
secteurs non agricoles en relation avec les réformes mises en œuvre
pour soutenir la diversification économique. Ces rythmes
demeurent inférieurs à celui requis pour atténuer le chômage et
que nous estimons à 7 % : 3 % pour absorber le flux des personnes
qui arrivent sur le marché du travail (effet démographie et
tendance à la hausse du taux d’activité), 2 % compte des gains de
productivité et 2 % pour entamer la résorption du stock des
chômeurs et sous-employés.
8 La transition de l’économie marocaine vers un sentier de
croissance plus élevé est attribuable, notamment, au rôle moteur de
la demande intérieure (consommation des ménages) et à l’effort
d’investissement des secteurs privé et public.
9 Le dynamisme de la consommation des ménages est, notamment,
☝🍪
expliqué par les augmentations du salaire minimum garanti
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, les et
retombées des bonnes campagnes agricoles, la
vous donne le contrôle sur
progression
ceux des transferts des MRE (ils représentent 9 % du PIB et
que vous souhaitez
activer
sont particulièrement importants pour une strate de la population
dont plus de 2 % passe au-dessus du seuil de pauvreté, du fait des
bénéfices et des transferts) et la maîtrise de l’inflation. Ainsi, la
consommation des ménages a enregistré une croissance moyenne
de 4,7 % par an entre 2003 et 2013 contre 2,3 % entre 1992 et
2002. Elle s’est élevée en 2013 à près de 420 milliards de dirhams
en nominale, soit 60 % du PIB (HCP, 2013).

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10 Pour ce qui est de l’investissement, le dynamisme de sa


composante publique est lié à la politique budgétaire
expansionniste qu’a connue le Maroc durant ces dernières années.
De plus, le développement du secteur financier, l’amélioration
progressive du marché des capitaux et la libéralisation du mode de
financement du Trésor ont contribué à la hausse de
l’investissement public et privé. Ce contexte favorable a donné lieu
à un accroissement important des crédits bancaires à l’économie
pour atteindre, à la fin 2013, un total de 747 milliards de dirhams,
soit près de 85 % du PIB (Bank Al-Maghrib, 2013). Mais pour une
appréciation correcte de cette tendance, il nous semble nécessaire
d’analyser le fonctionnement de l’effet de levier que constituent les
fonds propres des banques et leurs réserves à la banque centrale :
cela aiderait à mieux évaluer l’effort réel des banques dans le
financement de l’économie.
11 La progression annuelle de la formation brute du capital fixe est
passée de 4 % en moyenne entre 1992 et 2002 à près de 6 % entre
2003 et 2013, pour atteindre 203 milliards de dirhams à fin 2013
(23 % du PIB). L’épargne nationale a progressé de 10 % du PIB,
pour passer de 24 % en moyenne durant la période 1992-2002 à
32 % du PIB entre 2003 et 2013. Cette évolution annonce une
réduction du gap (qui était structurel) en besoin de financement
(investissement) et capacité de financement (épargne).
12 Le rythme relativement plus soutenu de la croissance économique
s’est accompagné d’une diversification accrue de ses sources, avec
notamment une tertiarisation progressive du tissu productif. En
effet, les activités de service se sont renforcées ces dernières
années, leur part dans la valeur ajoutée réelle totale passant de
52 % à la fin de la décennie 1990 à près de 57 % en 2013. La part de
la valeur ajoutée des secteurs primaire (agriculture et pêche) et
secondaire dans la production totale est revenue respectivement de
20 % et 28 % en 1998 à près de 19 % et 24 % en 2013 (HCP, 2013).
13
☝🍪
Cette assez profonde transformation de l’économie marocaine
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rythmes et des sens d’évolution différenciés, avec une
vous donne le contrôle sur
forte
ceux quevolatilité du secteur primaire due aux différentes années de
vous souhaitez
activer
sécheresse qu’a connues le Maroc, une quasi-stagnation du rythme
de croissance du secteur secondaire (près de 3,2 % en moyenne sur
les périodes 1992-2002 et 2003-2013), alors que les activités
tertiaires ont connu une accélération du rythme de progression,
passant d’une moyenne de 3,5 % à 4,8 % sur les mêmes périodes
(HCP, 2013).

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Graphique 2 : Ventilation sectorielle du PIB entre 1980 et


2013 (en %)

Source : Graphiques élaborés à partir des données du HCP.


14 La baisse de la contribution du secteur primaire, notamment
l’agriculture, explique en partie la réduction de la volatilité de la
croissance économique globale. Le PIB global a augmenté de 4,6 %
☝ 🍪 entre 2003 et 2013, et de 5 % si l’on exclut les années
en moyenne,
2005 et 2007 (mauvaises campagnes agricoles). La persistance de
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la donne
vous sensibilité du sur
le contrôle PIB aux performances agricoles et par conséquent
ceux que vous souhaitez
aux aléasactiver
climatiques est inhérente à plusieurs facteurs : i)
l’importance de la population vivant en milieu rural, ii) un effet
« psychologique », qui induit des comportements de thésaurisation
pour précaution, même en milieu urbain5, avec des effets néfastes à
la fois sur la consommation et sur l’investissement. Ces effets sont
aggravés si l’on prend en compte les anticipations. En effet, du fait
des relations inter-branches et inter-agents, l’ensemble des
secteurs est impacté.

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15 Le secteur secondaire a été, quant à lui, soutenu par le


développement des activités manufacturières, et plus
particulièrement les « nouveaux métiers mondiaux du Maroc »
suite à la délocalisation de la sous-traitance dans les secteurs de
l’automobile6, de l’aéronautique et de l’électronique. La condition
concerne l’appropriation par les industriels marocains de la
technologie du savoir, pour un impact réel sur la valeur ajoutée
globale (et pas seulement sur l’emploi d’une main-d’œuvre peu ou
pas qualifiée). Ce secteur a bénéficié également de l’essor de la
branche minière, notamment les phosphates, principal produit
d’exportation du Maroc, dont le cours international du brut a
augmenté de 44 dollars la tonne en 2006 à 150 dollars en 2013, soit
une hausse de 240 % (Banque mondiale, 2013). Avec des réserves
équivalant à plus de la moitié des réserves mondiales, le Maroc
reste le premier exportateur dans le monde et le troisième
producteur de phosphate après les États-Unis et la Chine.
16 Sur l’ensemble de la dernière décennie, le secteur des BTP a profité
du lancement de programmes d’infrastructures de grande
envergure : construction de logements avec des avantages fiscaux
incitatifs pour les promoteurs immobiliers dans l’habitat social en
particulier, réalisation d’autoroutes, de ports, de zones industrielles
et touristiques, etc. De même, la production en habitat a marqué
une progression importante, notamment au niveau des unités
d’habitat social et économique.
17 L’amélioration de la croissance du secteur tertiaire durant ces deux
dernières décennies a concerné la plupart des branches d’activité.
Le secteur touristique a connu un réel essor avec une progression
des arrivées de touristes, atteignant plus de 10 millions de visiteurs
(objectif annoncé dans le cadre du plan Tourisme vision 20107). La
croissance des activités tertiaires a été également tirée par le
secteur des transports qui a fait l’objet de différentes réformes,
dont une au niveau du transport aérien qui a bénéficié de l’accord
☝🍪
Open-Sky8 entre le Maroc et l’Union européenne (UE). Quant au
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et télécommunications, il a enregistré également de
vous donne le contrôle sur
bonnes
ceux que vous performances
souhaitez tirées par l’essor important des nouvelles
activer
technologies de l’information. Cette performance est attribuable en
grande partie à la vision stratégique pour le développement des
nouvelles technologies de l’information et de la communication
(TIC) 2006-2012, qui a permis d’intégrer les TIC au sein d’un
grand nombre d’entreprises pour améliorer leur compétitivité et
d’augmenter considérablement le nombre d’abonnés à l’internet.
18 Sur les moyen et long termes, la consolidation de la performance
des différentes branches d’activité reste conditionnée par la
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poursuite, le renforcement et l’accélération de l’ensemble des


réformes et stratégies sectorielles. Le secteur primaire, avec sa
composante agricole et élevage, est en passe d’être moins sensible
aux aléas climatiques, si les stratégies annoncées dans le Plan
Maroc Vert9 sont mises en œuvre de façon rigoureuse et efficace,
pas uniquement en assurant les dépenses prévues mais également
au niveau des procédures d’application. Ceci devrait concerner
également les programmes de protection du cheptel, les actions
engagées dans le cadre du projet de modernisation de la pêche
côtière et la mise à niveau des industries de transformation des
produits de la mer. Le maintien et le renforcement des activités
manufacturières demeurent tributaires des conditions
d’élaboration et de mise en œuvre des engagements annoncés dans
le cadre de la nouvelle stratégie d’accélération industrielle10, qui
s’inscrit dans la continuité du Plan Emergence, ainsi que de la
poursuite du soutien aux « nouveaux métiers mondiaux du
Maroc », notamment par la création de nouvelles zones spécifiques
pour ces activité, avec un dispositif incitatif attrayant. Par ailleurs,
le développement du secteur des phosphates reste dépendant de
l’efficacité de la nouvelle stratégie engagée par de l’Office chérifien
des phosphates (OCP) et qui vise à faire passer la production de
phosphate brut de 28 à 47 millions de tonnes à l’horizon 2020,
dont environ 80 % (34 millions de tonnes contre 13 actuellement)
sera transformé localement. Quant à la stratégie Tourisme vision
2020, elle devrait capitaliser sur les acquis et l’expérience de la
Vision 2010, afin de faire progresser considérablement les arrivées
touristiques tout en augmentant la capacité d’hébergement. De
même, la croissance des activités liées au commerce devrait se
poursuivre en cas d’accélération de la mise en œuvre de la stratégie
Plan Rawaj vision 202011. Notons cependant que la qualité de la
coordination et, surtout, la recherche de complémentarité entre ces
programmes constituent (comme le stipulent les théories de la
☝🍪
croissance) une condition primordiale pour réaliser des
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rendements et
croissants qui permettraient le passage à un palier de
vous donne le contrôle sur
croissance
ceux plus élevé.
que vous souhaitez
activer

Les indicateurs relatifs au développement humain et aux


inégalités sociales
19 En dépit du passage à un pallier plus élevé de performance
économique et de l’atténuation de la volatilité du PIB, la croissance
demeure insuffisante pour, d’une part, résorber le volume
important des chômeurs, notamment parmi les jeunes et, d’autre

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part, favoriser le développement humain et réduire


significativement la pauvreté et les inégalités.
20 Le taux de chômage a enregistré une baisse au cours de la dernière
décennie ; mais le marché du travail connaît la persistance de
déséquilibres inquiétants. L’emploi des jeunes en général et des
jeunes diplômés en particulier reste pour les autorités marocaines
l’un des défis majeurs à relever.
21 A l’instar des pays en transition démographique, la population
marocaine reste composée essentiellement de jeunes, ceux ayant
entre 15 et 34 ans représentent en 2013 près de 40 %. Si l’on retient
le seuil de 25 ans comme seuil entre les adultes et les jeunes, il
apparaît que 46 % de la population marocaine peut être considérée
comme jeune. Les dernières données disponibles de l’enquête de
l’emploi du HCP (2013) montrent que la population active totale
est de l’ordre de 11,7 millions de personnes, dont 74 % des hommes
et seulement 26 % des femmes. La tranche des 15-24 ans
représente près de 18 % de ce total. En moyenne, sur la période
1999-2013, la décomposition de la population active donne une
répartition quasi égale entre milieu urbain et milieu rural. On
relève aussi sur la décennie un recul de la part de l’emploi agricole
au profit des activités de services et des BTP.
22 En 1999, le nombre de personnes au chômage s’élevait à 1 432 000,
dont plus des deux tiers d’hommes, étant donné leur taux de
participation au marché du travail plus élevé. En l’espace de 13 ans,
cet effectif s’est réduit du tiers pour atteindre à peine 1 million en
2013. De ce fait, le taux de chômage est revenu de près de 13,9 % en
1999 à 9,2 % en 2013, avec un rythme de baisse comparable pour
les hommes et les femmes (HCP, 2013). Mais, comme le suggère Y.
Tamsamani (2014), il convient d’observer en parallèle le taux
d’activité pour éviter le risque d’un biais d’approche inhérent à
l’effet d’inflexion (la sortie du marché du travail des
« découragés », par exemple, baisse artificiellement le taux de
☝🍪
chômage).
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Graphique
vous 3 : sur
donne le contrôle Evolution du taux de chômage global (en %)
ceux que vous souhaitez
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Graphique 4 : Evolution du taux de chômage des jeunes


âgés de 15 à 24 ans (en %)

Source : Graphiques élaborés à partir des données du HCP.


23 L’investissement en capital humain ne semble pas avoir les
retombées usuellement escomptées (Becker, 1993). En effet, le
marché du travail au Maroc reste caractérisé par un niveau élevé du
taux de chômage des diplômés : autour de 19 % pour les diplômés
ayant au moins le DEUG et près de 15 % pour le niveau moyen,
contre☝seulement
🍪 4 % pour la population active sans diplôme. En
outre, les parts des chômeurs n’ayant jamais travaillé et ceux de
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longue
vous donne durée (douze
le contrôle sur mois et plus) restent élevées, soit près de 52 %
ceux que vous souhaitez
et de 65 % respectivement en 2013 (HCP, 2013).
activer
24 Le nombre de chômeurs âgés de 15 à 24 ans s’est établi aux
alentours de 400 000 personnes, ce qui représente près de 40 % de
l’ensemble de la population active. L’incidence du chômage parmi
les jeunes s’est intensifiée ces dernières années, le taux de chômage
de la tranche d’âge 15-24 ans passant de près de 15 % en 2005 à un
peu plus de 19 % à la fin 2013 (HCP, 2013). Le ratio du taux de
chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans sur celui des adultes âgés

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de 25 à 44 ans est de l’ordre de 2,16 en moyenne sur les dix


dernières années. Ainsi, un jeune a deux fois plus de chances de se
retrouver au chômage par rapport à un adulte, ce qui reflète les
problèmes de l’insertion des jeunes sans expérience
professionnelle.
25 L’exacerbation du chômage des jeunes est le corollaire du taux de
chômage plus élevé chez les diplômés. Plusieurs facteurs entrent en
ligne de compte : i) la croissance économique insuffisante ; ii) la
faible adéquation des cursus de formation et des compétences aux
besoins des opérateurs économiques ; et iii) un cadre légal pas
assez souple et des institutions d’intermédiation peu développées.
26 Les perspectives pour 2020 montrent que la population du Maroc
s’élèvera selon le HCP à 35,4 millions d’habitants, soit 5,4 millions
de personnes de plus par rapport au recensement12 de 2004.
Malgré un net ralentissement (1,2 % par an en moyenne contre
1,5 % avant 2004), le rythme d’accroissement de la population sera
encore assez soutenu durant les deux prochaines décennies. La
structure par âge de la population, actuellement très jeune et
recelant un potentiel d’accroissement, va continuer à se
transformer sous l’effet des changements du niveau de la mortalité
et surtout de la fécondité. Les projections établies par le HCP (cf.
tableau 1) indiquent que le nombre de jeunes devrait atteindre 5,7
millions en 2020, contre seulement 4,2 millions en 1982. Cette
configuration démographique présentera des avantages certains, à
savoir la persistance d’une offre abondante de travail par les
jeunes. Mais elle implique par là même des défis à relever : a-t-on
les moyens d’adapter notre système de formation pour une
meilleure insertion des jeunes et une productivité plus forte ? C’est
à cette condition que le Maroc pourra mettre à profit les effets des
externalités.
Tableau 1 : Effectifs des jeunes âgés de 15 à 24 ans
☝ 🍪1982
Groupe d’âge
1994 2004 2020
Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin Masculin Féminin
15-19
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Total 2098 2134 2657 2720 3055 3105 2909 2795
activer
Source : Tableau élaboré à partir des données du HCP.
27 Les transformations qu’a connues le marché du travail au Maroc
sont attribuables non seulement aux évolutions économiques, mais
également à des facteurs institutionnels. Ces derniers concernent
l’ensemble des réglementations et politiques publiques qui
impactent l’offre et la demande de travail.

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28 S’agissant plus particulièrement du salaire minimum, plusieurs


études empiriques ont démontré son impact négatif sur l’emploi en
général et sur l’emploi des jeunes en particulier13. Suite au dialogue
social entre le gouvernement, les syndicats et le patronat, le SMIG
nominal a connu 4 revalorisations depuis 2008 : trois
revalorisations de 5 % ont pris effet au troisième trimestre de
2008, 2009 et 2012, et une de 10 % au troisième trimestre de 2011.
Le SMIG est ainsi passé de 7,98 dirhams de l’heure au début de la
décennie 2000 à près de 12,24 dirhams en 2013, soit une hausse de
53 % sur la période et de 3,2 % en moyenne annuelle. Précisons
que, si l’on tient compte du rythme d’inflation au Maroc, le salaire
en termes réels a augmenté de près de 20 %, soit 0,3 % en moyenne
annuelle. Maintenant, pour vérifier l’existence d’un impact sur les
niveaux de l’emploi (via la compétitivité), il importe de mesurer les
tendances parallèles de la productivité (Agénor, El Aynaoui, 2003).
Graphique 5 : Evolution du SMIG nominal horaire et dates de révision au Maroc en
dirhams/heure (1981-2013)

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Source : Graphique élaboré à partir des données du ministère de l’Emploi et des Affaires
sociales.

29 A côté de la politique des salaires, les pouvoirs publics ont entrepris


des mesures et des réformes afin de réduire le chômage,
notamment celui des jeunes. Signalons que depuis 2006, trois
programmes destinés à promouvoir l’insertion des chômeurs ont
été mis en œuvre. Ils concernent la promotion de l’emploi salarié
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(Idmaj), l’adéquation emploi-formation (Taehil) et l’appui à la


création des petites entreprises (Moukawalati).
30 Le programme Idmaj, lancé en janvier 2006, a pour but
l’amélioration de la compétitivité des entreprises et le
développement des compétences des jeunes diplômés, à travers
une première expérience professionnelle sous forme de stage au
sein d’une entreprise. Il s’est traduit par l’intégration de 222 277
jeunes chercheurs d’emploi sur la période 2009-2012, volume
d’emploi qui avoisine l’objectif y afférent de 230 000. Le
programme Taehil, lancé en janvier 2007, consiste à améliorer
l’employabilité des jeunes chômeurs en leur offrant des formations
de perfectionnement adaptées aux besoins du marché du travail. Ce
programme a concerné un total de 65 681 jeunes à fin 2012, soit
65,6 % de l’objectif annoncé en 2007. Le programme Moukawalati,
lancé en mars 2007, vise le soutien de l’auto-emploi, à travers
l’incitation des jeunes à créer de très petites entreprises en leur
assurant l’accompagnement nécessaire afin de les pérenniser. Il a
permis sur la période 2009-2012 la création de 3 423 entreprises
ayant généré un total de 9 684 emplois et ce, pour un objectif de
3 000 entreprises et une création de 15 000 nouveaux emplois.
Tableau 2 : Bilan du deuxième plan Initiative d’emploi
2009-2012
Programmes 2009 2010 2011 2012 Total Objectif
Entreprises créées 1 012 1 029 633 749 3 423 3 000
Moukawalati
3 566 2 566 1 582 1 970 9 684 15 000
Idmaj Emplois générés 52 257 55 881 58 740 55 399 222277 230 000
Taehil 14033 15199 18136 18313 65 681 100 000

Source : Graphique élaboré à partir des données de l’Agence


nationale de promotion de l’emploi et des compétences.
31 Ces programmes ont été complétés en octobre 2011 par la mise en
place de nouveaux dispositifs « Formation insertion améliorée » et
« Contrat d’intégration professionnelle » avec pour objectif de
☝ 🍪 l’emploi des jeunes diplômés de l’enseignement
dynamiser
supérieur
Ce site utilise desles plusetdifficiles à insérer. Parallèlement, les autorités
cookies
vous donne le contrôle sur
ontque
ceux engagé d’autres mesures permettant : i) le renforcement de
vous souhaitez
l’emploi dans l’économie sociale, services sociaux éducatifs et de
activer
proximité (Moubadara) ; ii) la reconversion et la requalification des
diplômés chômeurs de longue durée (Taetir) ; et iii) la mise en
place du dispositif incitatif pour l’intégration du secteur informel
dans l’économie formelle (Istiaab).
32 Les intermédiaires public et privé ont eu pour objectif de favoriser
l’insertion des chômeurs, en croisant les offres et les demandes
d’emploi. Ils contribuent à atténuer les effets d’asymétrie de
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l’information sur le marché du travail. Au niveau public, l’Agence


nationale pour la promotion de l’emploi et des compétences
(ANAPEC) est chargée de procéder à la prospection, à la collecte
des offres d’emploi auprès des employeurs au niveau national, et
même récemment à l’international, et à la mise en relation entre
l’offre et la demande d’emploi émanant des personnes inscrites et
qui fournissent des détails sur leurs profils et compétences.
Toutefois, l’intermédiation de l’ANAPEC reste insuffisante aussi
bien sur le plan quantitatif (la proportion de la population
bénéficiant de ses services) que qualitatif (ciblage des
interventions). Avec 300 000 inscrits en 2008 et seulement
150 000 bénéficiaires d’un programme, l’ANAPEC n’a touché que
10 % des chômeurs (Bougroum et Ibourk, 2011). Quant au système
des agences privées d’intermédiation, il apparaît comme trop
fragmenté et sans coordination avec le gouvernement, ce qui
empêche la coopération avec l’ANAPEC (Ghada, 2011). Il est
également reproché à ces agences de se contenter d’exercer leur
rôle seulement au niveau des emplois de courte durée.
33 L’inégalité devant l’accès à l’emploi est l’un des facteurs explicatifs
de la persistance des poches de pauvreté et de vulnérabilité.
34 La dynamique de croissance et les programmes visant le
développement humain (accès aux soins médicaux, éducation, etc.)
ont permis d’enregistrer un progrès en matière de lutte contre la
pauvreté, mais les résultats restent en deçà des attentes,
notamment en matière de réduction des inégalités (graphique 6).
Conforté par la maîtrise de l’inflation, le pouvoir d’achat s’est
amélioré annuellement grâce en partie au maintien des prix des
produits de base (grâce au système de subvention), à la politique
salariale et à l’élévation du seuil d’exonération de l’impôt sur le
revenu (IR).
35 Dans ces conditions, le taux de pauvreté a été réduit à 8,8 % en
2008 contre 16,2 % une décennie plus tôt. Dans les villes, ce taux
☝🍪
est revenu de 7,8 % en 1999 à 4,7 % en 2008, et de 22 % à 14,2 % en
Ce site utiliserural.
milieu des cookies et
L’incidence de la pauvreté a baissé de 6,8 % en 1999 à
vous donne le contrôle sur
2,5que
ceux % vous
en 2008, selon le seuil international de pauvreté monétaire
souhaitez
activer
de 1,25 dollars par jour et par personne (en parité des pouvoirs
d’achat), et a été réduite de près de moitié par rapport au seuil de
2 dollars14. Signalons, cependant, que ces divers taux portent sur
des volumes en croissance de la population. Cela signifie qu’en
absolu, la baisse est moindre mais également que des poches
semblent incompressibles.
36 Quant aux inégalités sociales, mesurées par l’indice de Gini15, elles
ont stagné, ce qui indique que la progression du niveau de vie
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durant cette décennie a bénéficié beaucoup plus aux classes aisées


et modestes qu’aux classes moyennes (Ez-rari, 2011).
37 L’amélioration relative des conditions de vie s’est manifestée
également par l’augmentation du niveau du revenu moyen par
habitant, de l’espérance de vie et de l’accès à la scolarisation, à la
santé et aux infrastructures de base. La progression constante de
l’allocation budgétaire aux secteurs sociaux s’est traduite par une
grande diversité de programmes et d’actions visant l’extension des
infrastructures sociales et l’accès aux soins médicaux, à l’éducation
et à l’habitat.
Graphique 6 : Evolution du taux de pauvreté relative par
milieu de résidence et de l’indice de Gini (en %)

Source : Graphique élaboré à partir des données du HCP.


38 Suite aux efforts déployés, l’accès des populations aux services
sociaux de base a connu quelques améliorations. S’il est déjà
généralisé en milieu urbain, l’accès à l’électricité en milieu rural est
passé de 9,7 % en 1994 à 83,9 % en 2009, et l’accès à l’eau potable
de 14 ☝%🍪 à 90 % (HCP, 2009). En matière de santé, le nombre
d’habitants par médecin s’est amélioré de 2 933 en 1994 à 1 611 en
Ce site utilise des cookies et
2008.
vous donneQuant à l’espérance
le contrôle sur de vie à la naissance, elle s’est accrue,
ceux que vous souhaitez
passant de 67,9 ans en 1994 à 72,9 en 2009. Ces évolutions
activer
confirment les progrès réalisés en matière de nutrition et de santé
publique. Dans le secteur de l’enseignement, le taux net de
scolarisation des enfants de 6 à 11 ans a progressé de 60,2 % en
1994 à 90,5 % en 2009. Il a presque triplé en milieu rural et
quadruplé parmi les filles qui vivent dans ce milieu. De ce fait, le
rapport fille/garçon dans l’enseignement primaire est passé de

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66 % à 89 %, et l’indice de parité a plus que doublé en milieu rural16


(HCP, 2009).
39 L’Initiative nationale pour le développement humain, lancée en
2005, a contribué à l’amélioration de l’accès notamment aux soins
médicaux (infrastructures de santé, couverture médicale RAMED17,
ambulances pour les communautés enclavées) et à l’éducation
(distribution de cartables). L’amélioration des conditions de vie de
la population vivant dans la précarité est appuyée par les projets
permettant la création de l’Agence de développement social
(ADS)18.
40 Dans ces conditions, l’indice de développement humain s’est
amélioré depuis les années 80, en s’établissant à 0,61 en 2013 au
lieu de 0,49 en 1999. Entre 1999 et 2013, l’indice de développement
humain (IDH) a progressé en moyenne de près de 2,5 %, rythme
qui reste inférieur à celui des années 90 (PNUD, 2013). Malgré les
progrès de l’IDH, le rang mondial du Maroc n’a pas changé de
manière significative, du fait non seulement de la persistance des
déficits sociaux mais également de la progression des autres pays à
des rythmes comparables ou supérieurs à ceux du Maroc.
41 Globalement, nous pouvons affirmer que : i) le taux de pauvreté a
sensiblement diminué sur le long terme, 13 % à 8 %, mais ce taux
concerne un volume de population plus important (donc en termes
d’effectif de pauvres, il n’y a pas une régression de même ampleur,
des poches de pauvreté subsistent ; ii) la croissance n’est ni « pro-
pauvres » ni « contre-pauvres » car les inégalités ont stagné. Cela
veut dire que le rythme d’enrichissement des riches est analogue à
celui des pauvres ; la répartition n’a pas donné lieu à un « jeu à
somme nulle », ce qui a joué, c’est l’augmentation des richesses à
partager.
42 Les rythmes insuffisants de croissance qui constituent le premier
facteur explicatif du volume du chômage induisent par là même la
persistance de la pauvreté qui incite alors à l’auto-emploi. Celui-ci
☝🍪
est le corollaire de la progression des activités informelles (comme
Ce site
dansutilise
tousdesles
cookies
payseten développement). Notons dès à présent que la
vous donne le contrôle sur
présence
ceux que vousde ce secteur contribue à expliquer la non-exacerbation
souhaitez
activer
du taux de chômage lors des crises, à côté des aspects
« d’hystérésis » et des comportements du taux d’activité, qui
augmentent en situation de reprise économique et baissent en cas
de crise.

Le secteur informel : importance dans l’économie,


potentiel fiscal et stratégies de formalisation

https://books.openedition.org/cjb/1139?lang=fr 16/41
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43 Plusieurs travaux fondés sur des approches différentes ont


appréhendé le poids de l’économie informelle, au sens d’économie
non enregistrée. A partir de la consommation d’électricité,
Schneider et Enste (1998) évaluent ce poids à 39 % pour le Maroc
entre 1989 et 1990 et à 37 % sur la période 1990-2005. Il relève que
le taux de pression fiscale (directe et indirecte), le poids de la
régulation gouvernementale et le chômage augmentent
significativement la taille de l’informel au Maroc, tandis que
l’augmentation du revenu par tête le réduit. Elgin et Öztunah
(2012) relèvent qu’au Maroc, la part de l’informel passe de 59,42 %
du PIB en 1950 à 32,58 % en 2009. Ils ont travaillé sur un panel de
162 pays. Lacine Diomandé (2014), quant à lui, estime que de 46 %
en 1985, le poids de l’informel serait passé à 33 % en 2012.
44 L’approche directe concerne la production de biens et services des
unités de production informelle (UPI). Ainsi, la part des activités
informelles, telles qu’observées par l’enquête de la Direction de la
statistique, s’élève à 15 % du PIB, tout en assurant plus du tiers de
l’emploi non agricole. Sur la base des enquêtes de 2007 et 1999, la
Direction de la statistique recense 1,23 million d’UPI en 1999 et
1,5 million en 2007, soit 40 000 nouvelles unités en moyenne par
année. Leur activité est dominée par le commerce (57,4 %), suivi
des autres services (20 %), de l’artisanat et de l’industrie (17,2 %) et
des BTP (5,4 %).
45 Pour se développer, comme toutes les unités de production, les UPI
ont besoin de financement. Or, sur la plupart des marchés, elles ne
peuvent s’adresser au système formel, faute de garanties
notamment. Mais aussi parce que les montants requis sont trop
faibles pour intéresser les banques ; et cet aspect est accrû par les
coûts disproportionnés de l’information et des transactions. Enfin,
plusieurs travaux soulignent les coûts exorbitants supportés par les
UPI pour accéder aux services financiers sur le marché informel du
crédit (crédit fournisseur avec des majorations de prix, usuriers et
☝🍪
prêteurs à gage) (Rutherford, 2000).
46 Ce site
Au utilise
Maroc,des cookies et
l’enquête de la Direction de la statistique qui, par
vous donne le contrôle sur
ailleurs,
ceux que voustraite de biens d’autres aspects caractérisant les UPI,
souhaitez
activer
montre qu’en 2007, soit une décennie après l’émergence du
microcrédit, les sources de financement auxquelles accèdent les
UPI restent encore des plus coûteuses. En effet, l’épargne
personnelle représente encore 56 %. Or, Davanne et Mourji (1992)
montrent les forts liens entre la part de l’épargne dans le
financement et le coût de celui-ci.
47 La formalisation de leur activité est un moyen de favoriser le
développement de ces unités et, au-delà, des emplois qu’elles
https://books.openedition.org/cjb/1139?lang=fr 17/41
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génèrent. Plusieurs études mentionnent leur rôle dans


l’amélioration de la productivité, grâce à leur forte flexibilité. La
priorité des politiques d’encouragement à la formalisation se situe
à ces niveaux plus qu’à celui de la fiscalisation.
48 Pour réussir, les mesures d’encouragement à la formalisation
devraient, dans la première phase, cibler les TPE de faible niveau
d’informalité. En effet, seul l’enregistrement à la Caisse nationale
de sécurité sociale (CNSS) leur manque. En le réalisant, elles
peuvent mieux développer leurs activités en accédant directement
aux marchés officiels, publics ou privés (et non par une sous-
traitance peu rémunératrice). L’effet de démonstration jouant,
celles des segments plus bas (avec une plus forte informalité)
seront incitées à entreprendre les démarches. Parmi les mesures
envisageables (développées dans d’autres pays), il y a la mise en
place d’organismes d’accompagnement pour l’accomplissement des
procédures, les dispositions qui réservent aux UPI 20 % des
marchés publics des communes, l’amnistie fiscale pour celles qui
viennent de s’inscrire (Mourji, 2010). Certaines des mesures ont
commencé à être mises en œuvre au Maroc.

Les échanges extérieurs : de forts handicaps à


surmonter
49 À l’instar de plusieurs pays émergents et en développement, le
Maroc s’est engagé durant les deux dernières années dans une
politique d’ouverture de l’économie. Le taux d’ouverture
commerciale est passé de 46 % en 2003 à près de 67 % en 2013. Ce
gain traduit la libéralisation progressive du commerce extérieur qui
s’est faite avec l’adhésion aux accords de l’Organisation mondiale
du commerce (OMC) et, plus spécifiquement, à travers plusieurs
accords de libre-échange bilatéraux et multilatéraux (Union
européenne, Pays arabes, États-Unis d’Amérique et Turquie)19.
Mais☝ 🍪
l’ensemble de ces mesures n’a pas permis d’améliorer la
situation de la balance commerciale, avec un déficit qui a continué
Ce site utilise des cookies et
à se
vous creuser.
donne le contrôle sur
ceux que vous souhaitez
activer
La situation de la balance des paiements
50 Sur le plan du commerce extérieur, l’analyse de la structure des
exportations marocaines montre la prépondérance des produits
finis de consommation (principalement produits textiles et
d’habillement), des demi-produits20 (principalement produits
chimiques) et des produits alimentaires. Quant aux importations,
elles sont dominées par les produits finis de consommation,
https://books.openedition.org/cjb/1139?lang=fr 18/41
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l’équipement industriel, les demi-produits et les produits d’énergie


et lubrifiants. Le volume des produits alimentaires importés reste
conditionné par les besoins en céréales, en fonction de la
pluviométrie et la qualité de sa répartition.
51 L’orientation géographique a connu quelques changements, mais
l’Union européenne demeure le principal client, soit une part de
70 % en moyenne dans les exportations totales (Office des changes,
2013). La transformation observée est attribuable principalement à
la multiplication des accords de libre-échange conclus par le Maroc
de manière bilatérale ou multilatérale. Même si sa part dans les
exportations a baissé ces dernières années, la France demeure le
premier client du Maroc avec 26 % en moyenne sur la période
2003-2013, suivie par l’Espagne (19 %) et l’Italie, la Grande-
Bretagne et l’Inde (5 % chacune). Les expéditions vers le continent
américain demeurent concentrées sur les Etats-Unis qui
représentent une part avoisinant 3 %. Pour ce qui est des
importations, la France et l’Espagne restent également les
principaux fournisseurs, 16 % et 12 % respectivement en moyenne
entre 2003 et 2013. Par ailleurs, le poids de la Chine a quasiment
doublé, passant de 3 % en 2003 à 5,9 % à fin 2013. De même, les
produits provenant de l’Arabie saoudite se sont inscrits en hausse
continue pour se situer à la fin de 2013 à près de 6 %, sous l’effet
essentiellement du renchérissement des produits énergétiques
importés principalement de ce pays (Office des changes, 2013).
52 Les échanges avec l’Afrique ont connu un accroissement continu,
notamment avec l’Afrique subsaharienne, mais demeurent
toutefois à un niveau relativement faible. Ainsi, les exportations du
Maroc vers les pays de la région ont atteint 11,6 milliards de
dirhams (2,2 milliards en 2003). Représentant seulement 6,3 % du
total des exportations marocaines en 2013, elles étaient destinées
principalement aux pays de l’Afrique de l’Ouest, en particulier le
Sénégal (17 %), la Mauritanie (10 %) et la Côte d’Ivoire et la Guinée
☝🍪
(8 % chacune).
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Graphique
vous 7 :sur
donne le contrôle Répartition géographique des exportations
ceux que vous souhaitez
en moyenne 2003-2013 (en %)
activer

https://books.openedition.org/cjb/1139?lang=fr 19/41
3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

Graphique 8 : Répartition géographique des importations


en moyenne 2003-2013 (en %)

Source : Graphiques élaborés à partir des données de l’Office des


changes.
53 En valeur, les exportations marocaines ont progressé ces dernières
années à un rythme inférieur à celui des importations et en
décélération par rapport à celui de la décennie précédente. En effet,
après ☝ un🍪 taux de 9 % en moyenne par an sur la période 1992-2002,
les utilise
Ce site exportations
des cookiesont
et accusé une légère décélération (8 % entre 1993
vous donne le contrôle sur
et 2013). Quant aux importations, leur rythme de croissance s’est
ceux que vous souhaitez
accéléré d’une moyenne de 7,7 % par an entre 1992 et 2002 à 11 %
activer
entre 2003 et 2013. Cette accélération est attribuable
essentiellement à la hausse des achats des biens d’équipement et au
renchérissement des matières premières, notamment énergétiques.
54 L’accroissement plus important des importations par rapport aux
exportations s’est traduit par un repli continu du taux de
couverture, qui s’est établi à 49 % à fin 2013, contre 61 % en 2003.
Par conséquent, le solde commercial s’est creusé significativement,
https://books.openedition.org/cjb/1139?lang=fr 20/41
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passant de 11 % du PIB en 2003 (52 milliards de dirhams), à 22 %


en 2013 (195 milliards). Rappelons qu’il était de 8 % seulement au
début de la décennie 1990.
Graphique 9 : Evolution de la balance commerciale (en %
du PIB)

Source : Graphique élaboré à partir des données de l’Office des


changes.
55 Cependant, l’impact négatif de l’accentuation du déficit commercial
sur la balance des paiements est relativement atténué par la
performance enregistrée par les autres composantes du compte
courant, dont principalement les transferts des MRE et les recettes
de voyage, ainsi que par les IDE au niveau du compte capital. La
contribution des transferts des MRE a dépassé celle de plusieurs
secteurs exportateurs. Ils forment également une source
importante de capitaux, peu volatile et relativement moins
influencée par l’environnement international que les autres flux.
Ainsi, les recettes MRE ont progressé de 6,8 % par an en moyenne
entre 2003 et 2013 (5,9 % pour les recettes de voyages). De même,
les flux d’IDE ont progressé à un rythme très rapide et proviennent
☝🍪
principalement de la France qui demeure le premier investisseur,
Ce site utilise des cookies et
avec une part de 36,8 % en 2013, suivie par les Émirats Arabes
vous donne le contrôle sur
Unis.
ceux En dépit
que vous de ces évolutions, le solde du compte courant est
souhaitez
activer
resté déficitaire de 2,9 % du PIB en moyenne durant la dernière
décennie, avec une accentuation marquée à partir de 2008,
traduisant un affaiblissement de la compétitivité du Maroc21 (Office
des changes, 2013).

État des lieux relatifs aux accords de libre-échange : le


déficit chronique avec les différents partenaires
concernés
https://books.openedition.org/cjb/1139?lang=fr 21/41
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56 Le choix d’ouverture de l’économie marocaine s’est concrétisé par


la signature d’un grand nombre d’accords de libre-échange,
bilatéraux ou multilatéraux. Ces accords stipulent des réductions
tarifaires ou préconisent des arrangements commerciaux
préférentiels. Ainsi, le Maroc a conclu des accords avec l’Union
européenne (2000), les Etats-Unis (2006), la Turquie (2006) et
plusieurs pays arabes via l’Accord d’Agadir (2007)22.
57 Dans le cadre du renforcement de ses relations bilatérales avec son
principal partenaire commercial, à savoir l’Union européenne
(UE), le Maroc s’est vu accorder en 2008 « le statut avancé », et il
est devenu le premier pays de la région sud-méditerranéenne à
bénéficier de ce statut. Les dispositions de l’Accord portent
essentiellement sur la mise en place d’un espace économique
commun entre l’UE et le Maroc, ainsi que sur le rapprochement du
cadre législatif marocain de l’acquis communautaire. Un accord
agricole Maroc-UE a été également signé, avec l’augmentation des
quotas des exportations, l’élargissement de la liste des produits
bénéficiant du libre accès sans contingentement et sans limitation
des quantités dans les pays de l’UE, mais avec un maintien du
niveau de protection des filières marocaines « sensibles ». De ce
fait, le Maroc s’est engagé dans un processus de convergence
réglementaire, notamment, par rapport aux normes industrielles,
sanitaires et phytosanitaires. Dans ces conditions, le Maroc reste
déficitaire par rapport à l’UE, avec un solde négatif de 71 milliards
de dirhams en 2013 et un taux de couverture de 61 % (Office des
changes, 2013).
58 L’accord de libre-échange avec les États-Unis concerne tous les
domaines, en l’occurrence le libre accès aux marchés des produits
agricoles, industriels et, pour la première fois, les services. L’accord
a entraîné une hausse importante des échanges commerciaux entre
les deux pays. Toutefois, les exportations marocaines vers les États-
Unis ont progressé à un rythme largement inférieur à celui des
☝🍪
importations. Ainsi, le déficit s’est creusé pour atteindre plus de 20
Ce site utilise desde
milliards cookies et
dirhams en 2013, avec un taux de couverture de
vous donne le contrôle sur
seulement
ceux 27 % (Office des changes, 2013). Ce déséquilibre est
que vous souhaitez
activer
attribuable en grande partie à la rigueur des règles et des normes
d’exportation vers les Etats-Unis, ainsi qu’à la faible diversité des
produits exportés, et probablement à l’incapacité de l’offre
marocaine (dispersée) à satisfaire les volumes de demande très
élevés.
59 Les échanges commerciaux avec les pays arabes demeurent faibles
comparativement à ceux effectués avec l’Union européenne.
L’Accord d’Agadir, avec la Tunisie, l’Égypte et la Jordanie, se situe
https://books.openedition.org/cjb/1139?lang=fr 22/41
3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

dans la logique d’une intégration Sud-Sud. Mais, cet accord n’a pas
eu d’effets significatifs sur le volume des échanges entre les pays
signataires. De plus, le déficit du Maroc vis-à-vis des autres pays de
l’accord s’est accentué, principalement avec l’Egypte et la Tunisie,
et atteint 3,7 milliards de dirhams en 2013 (Office des changes,
2013).
60 Un accord a également été signé entre le Maroc et la Turquie, qui
prévoit l’accès immédiat des produits industriels d’origine
marocaine au marché turc, alors que les droits de douane et les
taxes sur l’importation des produits turcs seront éliminés
progressivement sur une période de dix ans. Cet accord a favorisé
l’augmentation du volume global du commerce bilatéral, avec
cependant une croissance des importations marocaines en
provenance de la Turquie à un rythme largement plus rapide que
celui des exportations vers la Turquie, ce qui s’est traduit par un
creusement du déficit, qui a atteint 8,2 milliards de dirham et à un
taux de couverture de seulement 30 % (Office des changes, 2013).
61 En conclusion, nous relevons que cet ensemble d’accords de libre-
échange n’a pas permis de développer significativement les
exportations marocaines. La balance commerciale reste déficitaire
vis-à-vis de tous les partenaires signataires d’accord d’association
ou de libre-échange. Si les accords devaient être révisés, ils
devraient mieux prendre en compte les avantages comparatifs du
Maroc en considérant la nature des produits à libérer. Seul aspect
positif, le déficit commercial enregistré avec certains de ces pays
est compensé par l’afflux massif des recettes de voyage, des
transferts des MRE et des investissements étrangers, notamment
de France et d’Espagne et, dans une moindre mesure, des États-
Unis.
62 Le déficit commercial que connaît le Maroc est attribuable dans
une large mesure à la diversification limitée de l’offre exportable.
L’orientation géographique reste concentrée pour près des deux
☝🍪
tiers sur les marchés de l’Union européenne et ne bénéficie guère
Ce site
desutilise des cookies offertes
opportunités et dans d’autres régions, du fait des accords
vous donne le contrôle sur
mentionnés
ceux auparavant et de ceux de l’OMC, et aussi en Afrique.
que vous souhaitez
activer
Ceci rend les exportations marocaines vulnérables aux effets de
retournement du cycle conjoncturel dans la zone euro. Si les
exportations n’ont pas pu constituer un véritable moteur de la
croissance économique, c’est parce qu’après les progrès réalisés à la
fin des années 80 et au début des années 90, elles restent dominées
par un nombre limité de produits dans des secteurs à forte
intensité en travail et souvent à très faible contenu technologique.
Si les différents plans sectoriels mentionnés vont au-delà des effets
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3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

d’annonce et réussissent avec un souci de complémentarité, ils


pourraient amener à une diversification de l’offre du Maroc.

La situation budgétaire : avancées, contraintes


et limites des stratégies palliatives

Le diagnostic et les tendances sur les vingt dernières


années
63 La situation budgétaire a été caractérisée durant les deux dernières
décennies par des évolutions divergentes selon, d’un côté, le degré
de l’assainissement des finances publiques engagé par les autorités
et, de l’autre côté, l’impact des chocs endogènes et exogènes.
64 A partir de 2006, les finances publiques ont été marquées par une
politique budgétaire expansionniste, avec une hausse considérable
des dépenses d’investissement (graphique 10), accompagnée d’une
accélération de celles liées aux dépenses de la caisse de
compensation suite notamment au renchérissement des matières
premières au niveau international. Cette politique conjuguée à la
décélération de la croissance, avec son impact sur les recettes
fiscales, a contribué au creusement du déficit budgétaire à partir de
2008 ainsi qu’à la hausse de l’endettement public. Celui-ci
demeure tout de même à un niveau maîtrisable et devrait rester
soutenable à moyen terme (Mourji, 2013).
Graphique 10 : Evolution des dépenses d’investissement
(en millions de dirhams)

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Source : Graphique élaboré à partir des données du ministère de


l’Économie et des Finances
65 Sur le plan des dépenses, la dernière décennie a été marquée par
une progression notable des charges au titre des biens et services.

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Cette évolution est attribuable principalement à l’augmentation des


charges de personnel suite à l’importante appréciation qu’ont
connue les salaires publics ces dernières années. En effet, selon les
données du ministère de l’Économie et des Finances, la masse
salariale a progressé au Maroc de 86 % entre 2003 et 2013, alors
que l’effectif du personnel de la fonction publique n’a augmenté
que de 7 % durant la même période. Ainsi, le salaire brut moyen
des fonctionnaires s’est apprécié de plus de 73,1 %, soit une hausse
de 6,2 % en moyenne par an. Cette progression s’explique
également par l’amélioration du taux d’encadrement23 qui est passé
de 41 % en 2003 à 60,3 % en 2012 (ministère de l’Économie et des
Finances, 2012).
66 Pour ce qui est des charges de la Caisse de compensation24, elles
ont enregistré une progression considérable, passant d’un milliard
de dirhams en 1990 à près de 41 milliards en 2013 (de 0,4 % à
4,8 % du PIB). Les produits pétroliers et le gaz butane absorbent
une grande part de ces dépenses25. Cette évolution est attribuable
principalement au renchérissement continu des matières
premières au niveau international. Toutefois, l’année 2013 a connu
un changement de tendance avec une baisse de 24,2 % de ces
dépenses, du fait principalement du relèvement des prix à la
pompe en juin 2012 et de l’adoption du système d’indexation
partielle en septembre 2013 (Ministère de l’Économie et des
Finances, 2013). La même dynamique a été constatée au niveau des
dépenses d’investissement qui ont marqué une accélération (10 %
en moyenne par an sur la dernière décennie).
67 Parallèlement, on relève une reprise de l’endettement public,
surtout pour la composante intérieure de la dette dont l’encours a
atteint 424,5 milliards de dirhams en 2013, soit 48 % du PIB, au
lieu de 44 % en 2003. La reprise de la dette extérieure est récente
(décembre 201226 et mai 201327). Sa structure par créancier fait
ressortir la prédominance des institutions internationales (50,6 %
☝🍪
en 2013), suivies des créanciers bilatéraux (23,7 %), tandis que la
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composition et
en devises montre que l’euro continue de prédominer
vous donne le contrôle sur
(77,2
ceux que%),voussuivi du dollar américain (13 %).
souhaitez
activer
68 La charge de la dette publique globale a progressé de 2,7 % en
moyenne par an entre 2003-2013, mais avec une accélération
considérable en 2012 et 2013 (une hausse de 10,2 % et 12 %
respectivement, contre seulement 3,8 % en 2011 et 1,4 % en 2010).
A côté de l’effet stock, il y a l’effet taux qui explique en partie cette
évolution.

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Graphique 11 : Evolution de la dette intérieure et


extérieure du Trésor (en millions de dirhams et en % du
PIB)

Source : Graphique élaboré à partir des données du ministère de


l’Économie et des Finances.
69 En ce qui concerne les recettes, elles sont composées
principalement des recettes fiscales (86 % en 2013). Les impôts
directs rapportent 34 % du total (dont 53 % pour l’impôt sur les
sociétés (IS) et 43 % pour l’impôt sur le revenu (IR). Les impôts
indirects représentent encore 43 % des recettes globales (dont 77 %
de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), 23 % de la taxe intérieure de
consommation et 8 % des droits de douane). Durant la dernière
décennie, le rythme de croissance des recettes ordinaires a baissé,
passant de 14,3 % en moyenne par an entre 1992 et 2002 à 7,8 %
entre 2003 et 2013. Ce sont les composantes IR et dans une
moindre mesure IS qui expliquent la tendance (dont les rythmes
passent respectivement de 18 à 7 % et 15,3 à 12,5 % sur les mêmes
☝🍪
périodes).
Parallèlement,
70 Ce site lesetrecettes non fiscales se sont considérablement
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contractées,
vous notamment
donne le contrôle sur depuis 2007, du fait principalement du
ceux que vous souhaitez
repli activer
des recettes des privatisations. Rappelons qu’entre 1993 et
2005, le Maroc a procédé à la privatisation de plusieurs
établissements opérant dans le secteur bancaire, hôtelier, des
télécommunications et de l’industrie.
71 Du fait de ces évolutions, le déficit budgétaire s’est accentué,
passant de 3,1 % du PIB en 2003 à 5,5 % en 2013, soit une
moyenne de 2,8 % sur l’ensemble de la période, avec des excédents
en 2007 et 2008 et un creusement du déficit à partir de 2009, sous

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3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

l’effet d’une conjoncture internationale défavorable et d’une


élévation des cours mondiaux des matières premières, notamment
énergétiques. L’Etat a dû augmenter les dépenses pour atténuer
l’impact sur le plan intérieur alors même que ses recettes fiscales
marquaient un retournement. Pour les années à venir, le FMI
prévoit une atténuation continue du déficit budgétaire à moyen
terme, de -4,9 % en 2014 à -4,3 % en 2015 puis à -2,7 % en 2019
(World Economic Outlook, avril 2014), alors que l’endettement
public devrait rester soutenable à moyen terme (62 % du PIB en
2014 à 61,9 % en 2015, avant de baisser à 56,7 % en 2019).

Les réformes mises en place et les chantiers à tenir


72 Au niveau de la fiscalité, les mesures ont porté sur la simplification,
notamment à travers la réduction du nombre des taux et la
modernisation via l’introduction d’un identifiant fiscal unique.
Toutefois, les défis anciens persistent et concernent
essentiellement l’élargissement de l’assiette, surtout par la
réduction de l’évasion fiscale et le renforcement du rendement de
la fiscalité (locale en particulier) (Mourji, 2009). Si elles sont bien
mises en œuvre, les réformes sectorielles mentionnées plus haut
devraient engendrer une croissance qui consoliderait
naturellement les recettes publiques.
73 Au niveau des dépenses, la réforme des finances publiques a
concerné principalement les charges de la caisse de compensation.
Le mécanisme a eu le mérite de soutenir les consommateurs et
indirectement la compétitivité de l’appareil productif (en atténuant
les revendications salariales) face au renchérissement et à la
volatilité des prix des matières premières. En revanche, les
dépenses occasionnées ont impacté négativement l’équilibre des
finances publiques. L’expérience des années récentes montre
qu’outre le recours à l’endettement (la charge a atteint 55 milliards
de dirhams en 2012), le renchérissement des produits pétroliers et
☝🍪
agricoles conduit à un arbitrage entre investissement public
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(indispensable
vous donne le contrôle pour
sur le Maroc) et soutien à la consommation. Il
nous
ceux quesemble que le défi majeur consiste à aller vers une vérité des
vous souhaitez
activer
prix (qui devrait rationaliser les achats des produits concernés28)
sans compromettre l’équilibre social. Plus précisément, il s’agit de
cibler les catégories sociales fragiles et de concevoir les moyens
efficaces pour les soutenir sans risque de détournement.
74 La première mesure a été le relèvement des prix à la pompe en juin
2012, suivie par l’adoption en septembre 2013 du système
d’indexation partielle. L’objectif est que le budget de l’État

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supporte un montant fixe de subvention (à hauteur des crédits


ouverts par la loi de finances), et le consommateur paye ou gagne
l’écart selon les variations des cours à l’international.

Les enjeux de l’efficacité de la politique


monétaire et le financement de l’économie

La politique monétaire : quelles réalisations ?


75 Tout au long de la dernière décennie, Bank Al-Maghrib29 (BAM) a
engagé plusieurs mesures avec, comme objectifs annoncés, la
stabilité des prix et le bon fonctionnement des marchés monétaire
et financier, pour un financement adéquat de l’économie. Dans ces
conditions, la masse monétaire M330 a connu un taux de croissance
moyen de 10 % par an (s’établissant à 1 023 milliards de dirhams à
fin 2013 au lieu de 411 milliards en 2003). Cette évolution recouvre
une accélération au début de la décennie avant d’amorcer un
ralentissement à partir de 2009 sous l’effet de la décélération des
concours à l’économie et de la baisse des réserves internationales
nettes, qui ont chuté de 10 à 4 mois d’importation entre les années
mentionnées. Le directeur de la BAM donne un signal sur les
orientations que vont prendre ses interventions (avance ou retrait
sur le marché monétaire). Ce taux a été augmenté de 3,25 % à 3,5 %
en 2008, ramené à 3,25 % en 2009, puis à 3 % en 2012 et enfin à
2,75 % en septembre 2014. Il a également décidé de réduire
graduellement le taux de la réserve monétaire pour le ramener de
16,5 % en 2008 à 4 % en 2012.
76 La liquidité du système bancaire a été marquée par le passage d’un
fort excédent, qui a caractérisé la première moitié de la décennie
2000, à une relative pénurie, qui s’est creusée de façon graduelle à
partir de 2008. Ainsi le solde, évalué en moyenne hebdomadaire,
est passé d’un surplus de près de 2,5 milliards de dirhams à un
manque☝🍪 de 67,5 milliards en 2013. Ce déficit de liquidité durable a
nécessité l’augmentation des interventions répétées de la Banque
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centrale
vous donne lepour alimenter
contrôle sur le secteur ; le volume des injections de la
ceux que vous souhaitez
BAM est passé de 2,9 milliards de dirhams en moyenne
activer
hebdomadaire en 2000 à 70,2 milliards en 2013, sous forme
principalement d’avances à 7 jours (BAM, 2013).
77 Tel que le graphique n° 12 le montre, le crédit bancaire a connu
durant la dernière décennie une croissance à un rythme rapide, au
taux moyen de 12 % par an (avec un pic de 27 % en 2007 et 2008
en relation avec l’essor du marché de l’immobilier et donc du crédit
à l’habitat), avec une décélération à partir de 2009 pour atteindre

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un taux de croissance de près de 3 % en 2013. Ce ralentissement est


attribuable principalement au repli du crédit immobilier et, dans
une moindre mesure, au repli du crédit à la consommation. En
même temps, le stock des créances en souffrance est resté maîtrisé,
son taux de croissance n’ayant pas dépassé 1 % en moyenne sur la
dernière décennie.
Graphique 12 : Evolution du taux de croissance du crédit
bancaire (en %)

Source : Graphique élaboré à partir des données de Bank Al-


Maghrib.
78 Globalement, les réformes du statut de la BAM depuis le début des
années 90, avec la loi de 2006, ont abouti à la maturité et à
l’efficacité de son action. Ses interventions ont contribué au bon
fonctionnement du marché interbancaire, révélé par l’alignement
du taux interbancaire sur le taux directeur, avec une volatilité faible
sur l’ensemble de la dernière décennie (le taux moyen pondéré sur
le marché interbancaire s’est établi à près de 3,1 en moyenne). Elle
a permis la maîtrise de l’inflation. La variation de l’indice des prix à
☝🍪
la consommation s’est maintenue aux alentours de 1,7 % en
moyenne par an sur la dernière décennie et ce, malgré le contexte
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caractérisé
vous par la
donne le contrôle surconsolidation de la demande intérieure suite à la
ceux que vous souhaitez
hausse des salaires, par la forte volatilité des produits alimentaires
activer
et aussi par la réduction des subventions aux produits
énergétiques.
79 Au niveau du marché des changes, le taux de change du dirham
reste indexé sur un panier composé de l’euro et du dollar
américain, dont les parts fluctuent légèrement autour de 80 % et
20 % respectivement. De ce fait, l’évolution de la valeur du dirham
reflète les fluctuations des cours euro/dollar US ; et comme l’euro

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s’est apprécié face au dollar, le dirham s’est déprécié face à l’euro


de 9,8 % durant la dernière décennie (passant d’une moyenne de
10,19 dirhams en 2003 à 11,19 en 2013). Mécaniquement, face au
dollar américain, le dirham s’est apprécié de 28,8 % sur la même
période, revenant de 11,53 à 8,2 dirhams (BAM, 2013). Ces
tendances sont favorables pour les importations de pétrole, mais
défavorables pour le service de la dette libellée en euros et les
échanges avec les partenaires émergents du Maroc, du fait la forte
appréciation induite du dirham contre leurs monnaies.

Les marchés financiers : un satisfecit de la finance


indirecte et un espoir déçu de la finance directe
80 Les réformes du secteur financier marocain ont débuté pour la
composante bancaire durant la seconde partie du Plan
d’ajustement structurel (1988) et ont accéléré dans les années 90
avec le premier renouveau du statut de BAM (1994), la mise en
place du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) et
une nouvelle forme de la Bourse des valeurs de Casablanca (BVC),
et par la suite avec la libéralisation progressive des taux d’intérêt.
La performance du secteur financier en général et surtout du
secteur bancaire a été relevée par plusieurs institutions
internationales, notamment le FMI, le plaçant « parmi les secteurs
financiers les plus performants dans la région sud-
méditerranéenne ». On loue la qualité des règles prudentielles,
l’amélioration des performances des autorités de supervision et la
modernisation du système d’information.
81 La consolidation du système bancaire a notamment consisté en
l’alignement du cadre réglementaire sur les standards
internationaux. La dernière appréciation sur la stabilité du système
financier marocain, réalisée conjointement par le FMI et la Banque
mondiale (Financial System Stability Assessment, 2008), a conclu
que « le système bancaire marocain est stable, bien capitalisé,
☝🍪
profitable et résiliant face aux chocs et peut être considéré comme
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benchmark et la région Moyen-Orient et Afrique du Nord
vous donne le contrôle sur
(MENA)
ceux que vous ». Les banques marocaines réalisent des bénéfices
souhaitez
activer
importants. Par exemple, le ratio de rentabilité des capitaux
propres durant la dernière décennie a atteint 12 %. Le taux des
prêts non performants reste à un niveau faible, soit 5 % en 2013
(BAM, 2013). L’importante marge qu’elles réalisent (au moins
7 % = 12 – 5) et leur rentabilité plus élevée que la croissance sont-
elles le résultat d’un marché qualifié souvent d’oligopolistique, ou
tiennent-elles à l’asymétrie de l’information sur le marché du crédit
qui accroît la frilosité des banques qui, d’un côté, réduit leurs
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3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

risques et, de l’autre, limite leur rôle dans le financement de


l’économie ?
82 La mise en place par Bank Al-Maghrib d’une centrale des risques a
également contribué à la consolidation et à la modernisation de
l’infrastructure existante par la globalisation de l’information et
l’amélioration du taux d’accès au financement bancaire, tout en
participant à la baisse du coût des crédits31. Le développement
d’une certaine concurrence a favorisé une meilleure inclusion
financière (60 % à la fin 2013), mais cette proportion reste en deçà
de celle des pays émergents, et elle augure d’un potentiel de
développement réel pour le secteur bancaire.
83 L’activité du marché boursier, malgré certaines performances
permises par les réformes mentionnées plus haut et matérialisées
par quelques introductions en bourse (après notamment des
privatisations), demeure modeste. La capitalisation boursière a
progressé à 450 milliards de dirhams en 2013, mais elle représente
52 % du PIB seulement. Bien qu’au-dessus de la moyenne (34 %)
d’un échantillon de pays comparables au Maroc en termes de
développement financier (Jordanie, Egypte, Slovénie, Croatie,
Roumanie), elle reste en deçà du rôle dévolu à la finance directe
pour faciliter efficacement l’investissement. Le volume des
transactions s’est établi en 2013 à 22 milliards de dirhams sur le
marché des actions et 26,5 milliards sur le marché central. Sur la
tendance longue, l’indice de la BVC a enregistré une croissance
moyenne de 11,4 % sur la dernière décennie, avec des pics de 71 %
et 34 % respectivement en 2006 et 2007, et des chutes à partir de
2008, soit -13,5 %, -4,9 %, -12,9 % et -15,1 % respectivement en
2008, 2009, 2011 et 2012. La récente contreperformance de la
Bourse et la faiblesse du volume de transactions relativement à
plusieurs pays émergents ont abouti, en 2013, au reclassement de
la BVC de la catégorie « marché émergent » à celle de « marché
frontières ».
☝🍪
Réformes et chantiers en cours en matière de
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financement de l’économie
ceux que vous souhaitez
activer
84 Les principales questions qui subsistent concernent la poursuite de
la réforme du secteur des assurances et des régimes de retraite,
l’élargissement de l’accès aux services financiers pour les PME et
TPME ainsi que pour les particuliers. La mise en place d’un fonds
de soutien financier à ces entreprises est en cours, ainsi qu’un
observatoire dédié au financement de la TPME. La récente
expansion du secteur bancaire marocain en Afrique aura un impact

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3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

positif sur son potentiel de développement, mais elle appelle un


renforcement de l’infrastructure de surveillance et de supervision.
85 L’ouverture de l’économie requiert une stratégie pour soutenir la
compétitivité et notamment une politique de changes adaptée, avec
un régime de plus en plus flexible, un compte capital plus ouvert
pour les résidents et peut-être la convertibilité du dirham
marocain, au lieu d’un contrôle aux effets pervers contre-
productifs.
86 Une nouvelle loi bancaire vient d’être promulguée (octobre 2014)
dont les principaux apports sont la consolidation de l’autonomie de
la banque centrale et de ses pouvoirs en matière de supervision et
de surveillance. Elle prévoit également le renforcement de la
protection de la clientèle. Une des principales nouveautés concerne
les activités liées à la finance islamique qui, à l’instar d’autres pays,
requiert des compétences nouvelles pour le contrôle.
87 Dans le sillage des réformes menées sur le plan monétaire et
financier, les autorités ont mis en œuvre des mesures et actions
avec pour objectif de renforcer l’attractivité de l’économie
marocaine et assurer « la transformation du Maroc en plateforme
financière internationale ». C’est dans ce cadre que s’inscrit le
grand projet de Casablanca Finance City (CFC) dont l’objet est de
conférer à la ville, à l’horizon de dix à quinze ans, le statut de « hub
financier régional ». Il desservirait les régions du Maghreb et de
l’Afrique de l’Ouest ainsi que leurs partenaires et a pour ambition
de servir d’interface entre les pays du Nord et ceux du Sud. Un
texte légal relatif aux activités de CFC a été promulgué. En
parallèle, plusieurs accord de coopération ont été conclus avec les
régulateurs de certains pays africains dans le cadre d’une stratégie
de partenariat Sud-Sud. Ce processus est encouragé par le
resserrement, au cours des dix dernières années, des relations
politiques du Maroc avec ces pays (Côte d’Ivoire, Gabon, Sénégal,
Guinée Equatoriale, Cameroun). Pour réussir l’intégration de
☝🍪
l’économie marocaine au sein de son environnement mondial, ce
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et approfondissement des réformes amorcées, à
vous donne le contrôle sur
l’instar
ceux d’autres
que vous places financières.
souhaitez
activer
88 L’ensemble de ces réformes et les actions en cours devraient
contribuer à la modernisation et au développement du secteur et
accroître l’efficience en matière de financement des secteurs
productifs. Néanmoins, un effort additionnel reste à déployer afin
de garantir un arrimage du secteur financier aux meilleurs
standards internationaux.

Conclusion
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3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

89 Au terme de cet aperçu de l’économie marocaine, deux questions


nous semblent demeurer saillantes. La première revêt un aspect
technique ou d’orientation méthodologique et la seconde relève
davantage de « l’économie politique ». Nous avons observé que la
croissance, certes insuffisante, est moins erratique qu’auparavant
et que les voies de son accélération en cohérence avec les besoins
de la démographie sont discernables. Des progrès sont
perceptibles, notamment en matière d’infrastructures. Il reste que
le potentiel de développement est contraint par les tares qui
caractérisent le développement humain. Dans le domaine de la
santé, les déficiences handicapent le bien-être des populations et le
rendement du travail et altèrent la confiance qui à son tour ne
favorise pas l’investissement, au sens large du terme. Dans le
domaine de l’éducation, d’un côté, le poids des nombreux exclus
compromet les possibilités d’accroître la productivité. De l’autre
côté, pour ceux qui accèdent à l’éducation et à la formation, il faut
remarquer les imperfections dans la qualité pour le plus grand
nombre et, pour l’élite, de réelles faiblesses dans la capacité à la
rentabiliser. Globalement, nous constatons une sous-utilisation du
capital humain.
90 Bien que les solutions relevant du potentiel du pays existent, il
semble vital de s’inspirer des modèles ayant réussi ailleurs, mais
aussi de développer au préalable des outils pour analyser et évaluer
leur probabilité de transposition réussie. Si l’on décompose bien les
champs d’intervention, des analyses méthodiques et approfondies
constituent une étape importante pour amorcer un autre rythme de
développement.
91 Au niveau politique, cela requiert du courage et de la méthode pour
envisager toutes les réformes possibles. Par exemple pour les
dépenses publiques, il n’y a pas que celles relatives à la
compensation qu’il faille considérer, mais aussi celles relatives au
train de vie de l’administration, à la sous-utilisation des
☝🍪
compétences au sein de celle-ci, etc.
92 Ce site
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ceux que vousautant que possible les rentes de situation, dans le but que
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chacun gagne selon son travail pour être incité à y être le plus
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Rabat, CMC,et2009.
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Conseil
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des Valeurs Mobilieres, Rapport
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Conseil Economique, Social et Environnemental, Emploi des


jeunes, Rabat, CESE, 2011.

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double facette de la conjoncture économique au Maroc », Editons
du CJB, 2014.

Notes
1. Selon les dernières statistiques du Haut Commissariat au Plan (HCP), le PIB
au Maroc s’est établi à 872,8 milliards de dirhams en 2013, soit 104,4 milliards
☝🍪
de dollars, classant l’économie marocaine au 6e rang en Afrique, derrière le
Nigeria, l’Afrique du sud, l’Algérie, l’Égypte et l’Angola.
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2. donne
L’outputle contrôle
gap estsur
le pourcentage d’écart entre le PIB réel et le PIB potentiel.
ceux que vous souhaitez
Celui-ci est estimé sur une base trimestrielle. Plusieurs méthodes sont utilisées
activer
pour son estimation, ici nous recourrons au filtre Hodrick-Prescott (avec un
paramètre de lissage de 1600).
3. Cette volatilité a pendant longtemps été nuisible à la stabilité socio-
économique et a contribué considérablement à un exode rural disproportionné
par rapport aux capacités d’absorption des villes (cf. la nécessité de mettre en
place le vaste programme « Villes sans bidonvilles »/Banque mondiale (2006) et
Mourji, 2005), ainsi que l’aggravation des inégalités.
4. Le salaire minimum interprofessionnel garanti.

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5. On relève, par exemple, que les chiffres d’affaires des médecins progressent
les semaines qui suivent les pluies. Cela signifie que les agents économiques
thésaurisent, même pour des questions de santé, et dépensent après les pluies,
qui les mettent en confiance.
6. Concernant plus particulièrement l’automobile, la signature, en janvier 2008,
d’un accord-cadre entre Renault-Nissan et le gouvernement marocain pour la
réalisation à Tanger d’une usine représentant un investissement de 600 millions
d’euros (avec une participation de la Caisse de dépôts et de gestion (CDG) à
hauteur de 47 %) et une capacité de production annuelle de 400 000 véhicules a
permis d’impulser la croissance du secteur.
7. La stratégie Tourisme vision 2010 portait principalement sur la libéralisation
du transport aérien avec comme objectif d’atteindre 10 millions de touristes en
2010. Elle a été renforcée par une nouvelle Vision 2020 ayant pour ambition de
positionner le Maroc à cette date parmi les 20 premières destinations mondiales
touristiques et comme une destination touristique de référence en matière de
développement durable dans le pourtour méditerranéen.
8. L’accord Open-Sky a été signé en 2006 entre le Maroc et l’Union européenne
afin de permettre la libéralisation réciproque des marchés aériens des deux
parties, tout en alignant la réglementation marocaine régissant l’aviation civile
sur celle de l’Union européenne. Cet accord entre dans le cadre de la stratégie
marocaine de libéralisation du transport aérien nécessaire pour bien mener le
programme du développement du secteur touristique.
9. La stratégie Plan Maroc Vert, lancée en avril 2008, a pour objectif de
répondre aux enjeux stratégiques du secteur agricole, tout en limitant l’impact
des changements climatiques et en préservant les ressources naturelles. Elle vise
à l’horizon 2015 à faire du secteur agricole un moteur de croissance de
l’économie marocaine, notamment à travers le renforcement des investissements
et une meilleure intégration des filières amont et aval.
10. La nouvelle stratégie d’accélération industrielle prévoit la mise en place d’un
fonds de développement industriel tout en poursuivant la consolidation des
« métiers mondiaux du Maroc » (MMM). Elle devrait capitaliser sur les résultats
du Plan Emergence, lancé en 2006, qui avait pour objectif de repositionner le
tissu industriel marocain sur les métiers dans lesquels le Maroc pourrait être
performant.
11. Initié par le ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles
Technologies (MICNT), le Plan Rawaj vision 2020 vise à inciter les opérateurs, à
☝🍪
travers des subventions, à moderniser les circuits de distribution.
12. utilise
Ce site Nous ne desdisposons
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vous donne
de 2014. le contrôle sur
ceux que vous souhaitez
13. Parmi les études qui ont démontré l’effet négatif du salaire minimum sur
activer
l’insertion des jeunes dans le marché du travail, J.M. Cousineau (2011) a montré
qu’au Québec l’augmentation du salaire minimum de 10 % contribue à accroître
le chômage des jeunes de l’ordre de 1,3 %.
14. Les conclusions à tirer de l’évolution du taux d’incidence de la pauvreté sont
à considérer avec précaution car il est sensible aux données de la conjoncture.
15. L’indice de Gini mesure la répartition des revenus entre les individus ou les
ménages au sein d’une économie. Il est compris entre 0 (égalité parfaite) et 100
(inégalité absolue).
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16. Ces données sont à nuancer quand on considère l’abandon scolaire,


notamment des filles en milieu rural.
17. Régime d’assistance médicale aux économiquement démunis.
18. Signalons que les deux dernières décennies ont vu la progression du
« développement décentralisé ». Cf. le cas de l’ADS (Mourji, 2009, qui montre
comment les communes et la société civile sont mises à contribution et comment
les populations locales participent) et celui des agences de développement des
grandes régions : Nord, Est et provinces du Sud.
19. Un autre accord de libre-échange est en cours de finalisation avec le Canada.
20. Les réformes économiques entreprises durant les années 80 et 90,
notamment le glissement puis la dévaluation du dirham, avaient précisément
pour objectif d’encourager les exportations en accroissant la compétitivité des
produits (effet prix) et en réorientant l’appareil productif vers les activités
exportatrices (effet volume et diversification des produits) (Mourji, Sagou,
1988).
21. Nous entendons ici la compétitivité globale. Elle concerne : i) l’insuffisante
qualité de l’insertion dans le commerce international (des exportations moins
axées sur les produits dont la demande mondiale est progressive et des prix
relatifs non stimulants pour accroître les ventes et défavorables pour les
producteurs nationaux, d’où la forte progression des importations) et ii)
l’insuffisante attractivité des investisseurs.
22. Ces années concernent les dates d’entrée en vigueur et non pas celles de la
signature des accords.
23. Le taux d’encadrement est mesuré par la part du personnel appartenant aux
échelles 10 et plus dans l’ensemble de la fonction publique.
24. Il nous semble opportun de préciser que, historiquement, il était légitime de
parler de « compensation ». En effet, d’un côté, le budget de l’Etat tirait des
revenus substantiels des droits et taxes sur les hydrocarbures, et de l’autre, il
« compensait », dans une optique redistributive, les populations moins
favorisées en subventionnant les produits de première nécessité. Il utilisait ainsi
une partie de ces revenus pour soutenir les prix de la farine, du sucre, de l’huile
et du lait (plus tard les prix de ces deux derniers produits ne seront plus
subventionnés mais resteront « administrés », contrairement à l’ensemble des
produits dont les prix sont libérés). Dans une autre étape (avec le début de
l’augmentation des prix des produits pétroliers au niveau international), le gaz
☝🍪
butane a commencé à figurer parmi les produits subventionnés, et il en sera de
même plus tard pour l’essence et le gasoil. Nous discutons dans une autre section
Ce site
des utilise
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pervers et politiques ; notons seulement qu’à l’heure actuelle, il est
de ces
vous donne le contrôle sur
moins
ceux queapproprié de parler de « compensation » car la caisse en question n’a plus
vous souhaitez
de ressources
activer autres que celles provenant du budget général de l’Etat. Il n’y a
plus de « gains » d’un côté et de « dépenses » de l’autre.
25. En 2012, les produits pétroliers se sont accaparé 32,3 milliards de ces
dépenses, le gaz butane 15,7 milliards et les denrées alimentaires 5,4 milliards.
26. Décembre 2012 : 1 milliard de dollars sur 10 ans à 4,25 % et 500 millions de
dollars sur 30 ans à 5,5 %.
27. Mai 2013 : 500 millions de dollars sur 10 ans à 4,216 % et 250 millions de
dollars sur 30 ans à 5,567 %.

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28. Les prix relatifs jouant, on a observé que des agriculteurs adaptaient leur
moteur d’irrigation pour utiliser les bonbonnes de gaz dont le soutien du prix est
sensé atténuer les dépenses de consommation des ménages pauvres ; de même,
les éleveurs achètent pour leur bêtes le pain dur, jeté en grande quantité dans les
centres urbains, à cause de son bas prix.
29. La Banque centrale du Maroc.
30. L’agrégat M3 représente la masse monétaire au sens large et comprend la
monnaie fiduciaire, la monnaie scripturale, les placements à vue et les autres
actifs monétaires, dont notamment, les placements à terme, les OPCVM
monétaires et les dépôts en devises.
31. Cette baisse est liée au fait que l’accès à l’information sur les clients réduit le
coût du risque qui constitue l’une des composantes du taux d’intérêt.

Auteurs

Fouzi Mourji
Hicham Masmoudi
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous
Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Référence électronique du chapitre


MOURJI, Fouzi ; MASMOUDI, Hicham. L’état de l’économie marocaine : un
potentiel de développement réel mais contraint In : Le Maroc au présent :
D'une époque à l'autre, une société en mutation [en ligne]. Casablanca : Centre
Jacques-Berque, 2015 (généré le 04 mars 2024). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/cjb/1139>. ISBN : 979-10-92046-30-4. DOI :
https://doi.org/10.4000/books.cjb.1139.

Référence électronique du livre


DUPRET, Baudouin (dir.) ; et al. Le Maroc au présent : D'une époque à l'autre,
une société en mutation. Nouvelle édition [en ligne]. Casablanca : Centre
Jacques-Berque, 2015 (généré le 04 mars 2024). Disponible sur Internet :
<http://books.openedition.org/cjb/990>. ISBN : 979-10-92046-30-4. DOI :
https://doi.org/10.4000/books.cjb.990.
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D'une époque à l'autre, une société en mutation

Ce livre est cité par


Lecestre-Rollier, Béatrice. (2021) « Ne t’appuie pas sur un mur, appuie-
toi sur ton frère ». DOI: 10.4000/books.pufr.21050

https://books.openedition.org/cjb/1139?lang=fr 40/41
3/4/24, 7:38 PM Le Maroc au présent - L’état de l’économie marocaine : un potentiel de développement réel mais contraint - Centre Jacques-B…

Methods and Scenario Analysis into Regional Area Participatory Planning


of Sustainable Development: The “Roses Valley” in Southern Morocco, A
Case Study(2023) . DOI: 10.3390/engproc2023039008

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