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0. INTRODUCTION
La fin de chaque chose est toujours sanctionnée par un
événement pouvant rendre possible son existence, ainsi donc, à l'Université,
nul ne peut passer sans laisser les traces ; c'est à dire rédiger un travail
scientifique qui sanctionne la fin de son cycle universitaire et qui fait l'objet
de la recherche scientifique pour les futurs chercheurs.
En ce qui nous concerne, nous porterons notre étude sur :
“l'incidence de la politique monétaire et politique budgétaire dans la
croissance économique de la R.D.C”.
La République Démocratique du Congo comme tout Etat
souverain dans le monde, a sa propre monnaie : le franc congolais. Mis en
circulation depuis le 30 juin 1998 et était inscrit dans le cadre d'une réforme
monétaire perçue comme indispensable au redressement de l'économie
nationale, et le franc congolais devrait être une monnaie forte.
Cependant, sitôt sorti, le franc congolais subira une dépréciation
vertigineuse faute de : « la baisse drastique de la production, le
développement de l'économie informelle, les déficits chroniques du budget
de l'Etat, financé essentiellement par l'émission incontrôlée de la monnaie,
lesquelles ont occasionné l'hyperinflation dans les années avant 1998 et
aggravé la précarité des conditions de vie de la population ; la
désarticulation du système de finances et la faillite de plusieurs
établissements des crédits, et surtout le non contrôle des crédits accordés à
l'économie nationale ; l'éclatement de l'espace monétaire nationale est en
fin la multiplicité des taux de change ».1
Mais il est difficile ou presque impossible qu'une monnaie puisse
sortir indemne des assauts hyper inflationnistes du genre de ceux relevés
précédemment en République Démocratique du Congo. Tôt ou tard, elle
finit par perdre sa crédibilité auprès de sa propre population2.
Les années récentes ont vu, la politique budgétaire de plusieurs
pays perdre son attrait en tant qu'instrument de stabilisation de l'ensemble
de l'économie, en raison des doutes quant à la capacité de régler les
mesures budgétaires de façon à atteindre le degré de stabilisation souhaité
et également du fait des préoccupations relatives aux déficits budgétaires. Il
s'ensuit que, depuis quelques années, les économistes et les hommes

1
Remy, K., “Dollarisation, taux de change et perspective de la pauvreté en RDC",
copy Rights, 2001
2
Idem
~2~

politiques recommandent que l'objectif de stabilisation de la production et


de l'inflation revienne à la politique monétaire. Les économistes en sont
également venus à prôner plus fermement la stabilité des prix comme
principal objectif à long terme d'une Banque Centrale. C'est ainsi que la
Banque Centrale du Congo a pour mission principale de définir et de mettre
en œuvre la politique monétaire de la République Démocratique du Congo 3.
Pour remplir sa mission, la Banque Centrale du Congo a mis en
place un dispositif général, entre autre, une structure appelée comité de
politique monétaire comprenant des membres issus de la Banque Centrale
du Congo, mais aussi des experts de la Présidence, de la Primature ainsi que
de ministère des Finances et du Budget.
Néanmoins, toute l'économie n'a pas évolué selon les prévisions
optimistes des années 1960. Face à ces échecs, les théories du
développement ont été revues de multiples fois. La Banque Mondiale et le
Fonds Monétaire Internationale ont profondément modifié leur discours à ce
propos depuis une quinzaine d'années. Ils y ont introduit les termes de bonne
gouvernance, de lutte contre la pauvreté et de stratégie participative, tout
en restant très peu explicites sur les mécanismes qui engendrent la pauvreté.
Quelle que soit l'époque, les contraintes de la gestion monétaire
étaient polarisées autour de trois préoccupations majeures, à savoir : assurer
la convertibilité interne et externe de la monnaie, garantir la stabilité de
l'unité de compte et surtout encore plus important assurer un niveau
satisfaisant de liquidité dans l'économie. Il s'agit ici d'un délicat équilibre à
tenir du jour le jour. Ce qui explique en définitive la récurrence des réformes
monétaires dans notre pays.
0.1. CHOIX ET INTERET DU SUJET
L'objet de notre étude indique la motivation de notre choix. Ainsi
toute construction théorique part toujours des situations qui posent problème,
c'est ainsi que nous proposons dans cette étude d'éclairer l'opinion publique
sur l'importance de la politique monétaire et budgétaire dans l'économie.
Notre travail se veut d'analyser les politiques monétaires et
budgétaires sur la croissance économique de la RDC. Le choix de ce sujet
est motivé par l'intérêt qu'il revêt sur le plan théorique et pratique :
 L'intérêt théorique du présent travail se justifie par le fait qu'il permettra
d'élargir les connaissances en sciences économiques et de gestion,
mais aussi apporter une pierre à la construction de la pyramide
3
Remy, K., Op. cit.
~3~

scientifique globale. Il est aussi pour d'autres chercheurs, un outil de


référence important permettant d'accueillir et d'approfondir les
connaissances sur la politique économique en l'occurrence la politique
monétaire et la politique budgétaire du pays.
 L'intérêt pratique du présent travail est utile aux autorités qui reculent la
politique monétaire et la politique budgétaire de notre pays, et qui y
trouverons quelques voies de sortie pour résoudre des questions qu'ils
rencontrent dans leur gestion car ces dernières sont des puissants
instruments d'agencement économique.
0.2. PROBLEMATIQUE
La problématique est considérée comme étant un ensemble de
questions que l'on se pose devant un problème ou un constat que soulève
une étude ou une recherche pour découvrir une vérité scientifique4.
Cela étant, nous avons soulevé la problématique suivante :
 Quelle est l’influence de la politique monétaire sur la croissance
économique en République Démocratique du Congo ?
 Est-ce que la politique budgétaire a-t-elle influencée la croissance
économique en République Démocratique du Congo ?
C'est autour de ce questionnaire que nous allons centraliser notre
étude pourvu que nos lecteurs saisissent l'objectif poursuivi dans ce travail.
0.3. HYPOTHESES
L'hypothèse est considérée comme étant une proposition des
réponses provisoires a une question posée ; cette hypothèse qui a pour rôle
de formuler une relation entre les faits significatifs, elle aide à sélectionner les
faits observés et permet de les interpréter, de leur donner une signification,
qui permet de le vérifier5.
La loi des anticipations de la vérité, sert de fil conducteur au
chercheur. Robinson par ailleurs estime qu'il n'est pas difficile d'élaborer des
modèles à partir d'un ensemble d'hypothèses, mais la difficulté est de trouver
les hypothèses qui aient un rapport avec la réalité. C'est ainsi que la
démarche scientifique implique que l'hypothèse soit formulée en des termes

4
MADELEINE, G., et PINTO, R., Méthodes des recherches en science sociale, 7ème
Ed., Dalloz, Paris 1986, p. 260
5
GRAWITZ, M., Méthodes des sciences sociales, 11ème Ed., Dalloz, Paris, 2001, p.
264
~4~

tels que l'observation et l'analyse, dès la conception de la recherche,


puissent fournir une réponse à la question posée6.
Dans le cadre de la présente étude, nous signalons que les
multiples réformes monétaires n'ont pas affecté considérablement le
développement économique de la République Démocratique du Congo.
Eu égard à ce qui précède, il paraitrait que la politique monétaire
influencerait la croissance économique en République Démocratique du
Congo, dans la mesure où les agrégats de la monnaie et de crédit ont un
impact positif sur la croissance économique.
Il semblerait aussi que la politique budgétaire en vigueur en
République démocratique du Congo aurait été efficace et ce en
contribuant à la relance de la croissance, à la diminution du taux de
chômage et à la stabilité du niveau général de prix.
0.4. ETAT DE LA QUESTION
Un Etat de la question est un tour d'horizon des connaissances
acquises et des recherches au moment de la rédaction d'un travail
scientifique7.
Ainsi, la littérature sur la politique monétaire et la politique
budgétaire est abondante, nous nous limiterons à passer en revu certains
travaux qui sont plus proches au notre tout en montrant une démarcation
nette entre nos prédécesseurs et nous.
MUDIMBI KASONGA Isidore 8 , dans son étude sur : "la politique
monétaire et son incidence sur la croissance économique de la R.D.C de
2012 à 2017" Il a parlé de la politique monétaire, il a montré comment elle a
une incidence (influence) sur la croissance économique de la RDC.
Enfin, il a conclu que le gouvernement ne devrait plus se livrer à la
prise des décisions aussi fondamentales sans réunir toutes les conditions
nécessaires pour leurs bonnes réalisations, l'économie n'est pas un jeu de
hasard auquel l'on ne connaî t pas les résultats de son choix. Il a demandé au

6
Robinson cité par Rodriguez B., dans son étude sur l'incidence de la politique
monétaire sur la croissance économique en RDC
de 1976 à 2010, mémoire de licence en économie
et développement (finances), UCC, 2010
7
Ntumba, P., Guide de rédaction d'un travail de recherche scientifique, Ed. 2ème
CREDOP IESP, Kananga, 2008, p. 33
8
Mudimbi, K., la politique monétaire et son incidence sur la croissance
économique de la RDC, de 2012 à 2017, mémoire de licence, inédit,
FASEG, UNIKAN, 2021-2022
~5~

gouvernement de mettre sur pied une politique monétaire efficace qui


puisse tenir compte des réalités économiques.
RODRIGUEZ BAHATI 9 dans son étude sur : "l'incidence de la
politique monétaire sur la croissance économique en RDC de 1976 à 2010"; il
a eu à faire des analyses sur la politique monétaire, à travers ces objectifs, il
a remarqué une incidence sur la croissance économique dans l'ensemble du
pays. Il a conclut que la banque centrale devrait :
 Adopter des mesures idoines (correctives) pour le caractère « hors
banque » du secteur bancaire dominant en RDC afin que toute
politique monétaire envisagée par les autorités monétaires et la
Banque Centrale habilitée ; ait des effets pertinents sur la stabilité des
prix et l'activité économique ;
 Mettre l'indépendance de la Banque Centrale en cause afin de limiter
les droits du gouvernement de financer son déficit par la création
monétaire et que le gouvernement ait des instruments financiers pour
financer son déficit donc une gestion orthodoxe des Finances
publiques, et cela la force à avoir un excédent dans la balance
primaire pour compenser ses déficits du service de la dette afin que la
politique monétaire soit garantie à court comme à long terme ;
 Fournir non seulement en termes des quantités, mais aussi en termes de
qualité des crédits donc des crédits qui visent aux secteurs porteurs de
la croissance et qui secrètent de la valeur ajoutée substantielle,
notamment des crédits agricoles. Car l'accès au crédit et aux autres
services financiers est un facteur déterminant pour l'amélioration des
conditions de vie des populations qui tirent l'essentiel de leur
subsistance du secteur agricole. Les lignes de crédit ont ainsi été un
instrument majeur de la politique monétaire de toute les Banques pour
le développement socio-économique des pays émergents.
En ce qui nous concerne, nous traitons le même thème avec nos
prédécesseurs, mais dans notre étude, nous allons beaucoup plus nous
focaliser sur l‟impact ou l‟influence que la politique monétaire et la politique
budgétaire sur la croissance économique de la République Démocratique
du Congo.

9
Rodriguez, B., l'incidence de la politique monétaire sur la croissance
économique en RDC, de 1976 à 2010, mémoire de licence, inédit,
FED, UCC, 2009-2010
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0.5. METHODES ET TECHNIQUES


L'évolution d'une recherche scientifique n'est fiable que lorsqu'on
suit un chemin appelé méthode et qu'on utilise des instruments appelés
techniques.
Ainsi, pour étayer son argumentation, il faut réunir les données, ou
éléments nécessaires. Pour cela, il faut recourir aux techniques appropriées
pour leur récolte. Une fois les données récoltées et même classées, elles
doivent être traitées grâce à une ou plusieurs méthodes.
a. Méthode
Pour pouvoir atteindre la finalité et arriver au résultat, nous allons
utiliser la méthode descriptive, étant donné l'exigence des sciences
économiques et de gestion, nous allons décrire et analyser les différentes
manières que l'État congolais intervient par sa politique monétaire et sa
politique budgétaire pour stabiliser son économie ; notre description sera
basé sur l'approche méthodique déductive qui part du cas général au cas
particulier. Pour que le résultat que nous aurons pour l‟ensemble de la
République soit le même que pour chaque congolais (peuple).
Nous sommes partis d'un cas général qui est la RDC et les résultats
de notre étude seront aussi extrapolés sur toute l'étendue de la RDC c'est à
dire pour toutes ces provinces et ces habitants.
b. Techniques
Pour bien mener notre étude, nous allons utiliser les techniques
suivantes :
 La technique documentaire : elle nous permettra de consulter les
publications de l'Institut national des statistiques, des rapports annuels
de la banque centrale du Congo, les ouvrages scientifiques, les revues
scientifiques, les journaux, les mémoires de licence et ceux de master,
les travaux de fin cycle, etc. Pour recueillir les informations utiles à notre
étude.
 La technique d'interview libre : elle nous permettra d'entrer en contact
avec les différents agents économiques, des personnes capables à
nous répondre à nos questions ainsi que les agents de la banque
centrale du Congo.
 La technique webographie : elle nous permettra à passer dans des
cybers café, consulter le site web, chercher des informations à l'aide
~7~

d'un ordinateur ou un téléphone portable à l'Internet celles en rapport


avec notre thématique.
0.6. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Pour bien rédiger notre travail et pour être bien précis nous avons
subdivisé cette étude mis à part de l'introduction et la conclusion générales,
en trois chapitres ci-après :
 D’abord, nous parlerons des considérations générales sur les concepts
clés de notre travail et nous présenterons notre champ d’investigation ;
 Ensuite nous donnerons les notions générales sur la politique monétaire,
la politique budgétaire, et aussi sur la croissance économique ; et
 Enfin, nous allons analyser l'impact qu'a la politique monétaire et la
politique budgétaire sur la croissance économique de la RDC.
0.7. DELIMITATION DU SUJET
Pour ne pas faire de notre étude une encyclopédie et pour ne
pas donner l'impression d'avoir épuisé toutes les matières économiques, nous
avons délimité notre étude dans le temps et dans l'espace.
a. Dans le temps
Temporellement, nous avons pris en compte la période allant de
2017 à 2021 et puis nous avons fixé cette période car elle sanctionne la
rentrée des institutions financières internationales suite à l'implantation du
nouveau régime politique au pays qui a ramené un changement dans
l'économie du pays.
b. Dans l'espace
Spatialement nos recherches ce sont réalisées en République
Démocratique du Congo notre cher et beau pays, et notre champ
d‟investigation est la Banque Centrale du Congo
~8~

CHAPITRE PREMIER : CONSIDERATIONS GENERALES


Dans ce chapitre, il est pour nous question de définir les concepts
de base de notre étude afin de faciliter la compréhension, notamment pour
un aperçu explicatif général sur ces derniers ; nous définirons encore les
concepts connexes aux concepts clés de notre étude au deuxième point, et
enfin nous allons présenter notre cadre d‟étude qui est la République
Démocratique du Congo notre cher et beau pays.
SECTION 1: DEFINITIONS DES CONCEPTS DE BASE
Tout au long de cette section, nous allons définir les concepts de
base pour donner la lumière sur ce que nous faisons réellement dans notre
travail, nous définirons les concepts ci-après : incidence, politique, politique
monétaire, politique budgétaire, la croissance ainsi que la croissance
économique.
I.1.1. INCIDENCE
Généralement, nous considérons une incidence comme étant
une conséquence qu'a quelque chose sur une autre.
Nous remarquons dans le dictionnaire Larousse que l'incidence
est une répercussion plus au moins directe de quelque chose10.
Dans le cadre de notre étude, nous définissons l'incidence
comme la conséquence ou l'influence qu'a la politique monétaire et la
politique budgétaire sur la croissance économique de la RDC.
I.1.2. POLITIQUE
Nous remarquons dans le dictionnaire Larousse que la politique
est l'ensemble des options prises collectivement ou individuellement par les
gouvernants d'un Etat dans quelques domaines que s'exerce leur autorité
(domaine législatif, économique ou social, relations extérieures)11.
Dans le cadre de notre étude, nous considérons la politique
comme étant l'ensemble des mesures prises par l'Etat pour pouvoir gérer la
situation économique du pays.

10
LAROUSSE, définition incidence, in
https://www.Larousse.fr/dictionnaires/français-monolingue, consulté le 16/
04/2023, à 09h50'
11
LAROUSSE, définition politique, in
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ politique/62189, consulté le
16/04/2023, à 10h10'
~9~

I.1.3. POLITIQUE MONETAIRE


En matière de la Politique économique, la politique monétaire
regroupe l'ensemble des actions visant à agir sur la situation économique
(croissance économique, emploi, niveau général des prix, solde extérieur),
par l'intermédiaire de quantité de monnaie en circulation et/ou du taux
d'intérêt12.
Les objectifs généraux de la politique monétaire sont ceux de la
politique économique. Les objectifs intermédiaires peuvent porter sur la
quantité de monnaie (taux de croissance de tel ou tel agrégat monétaire).
Les instruments de la politique monétaire sont multiples : la politique de
refinancement bancaire, la politique des réserves obligatoires, la politique
d'intervention sur le marché monétaire (open market), encadrement du
crédit, etc. La politique monétaire n‟est pas à confondre avec la politique
monétariste qui repose sur une règle unique et qui est l'ensemble des
mesures prises pour assurer une progression à taux constant de la masse
monétaire correspondant au taux de croissance à long terme de la
production.
Au cours des années 1960, un vif débat a opposé les monétaristes
et les keynésiens sur les mérites comparés de la politique monétaire et la
politique budgétaire comme instrument de régulation de l'économie.
A partir des années 1980, les banques centrales ont eu tendances
à se recentrer sur l'objectif de stabilité des prix, les autres objectifs de la
politique économique étant dévolus à la politique budgétaire ou à des
politiques spécifiques.
Dans certains pays cependant, les banques centrales ont
poursuivi d'autres objectifs que la stabilité des prix (croissance et emploi
notamment). Depuis la crise de subprimes, l'objectif de stabilité financière
s'est ajouté à l'objectif de stabilité des prix.
Dans le cadre de notre étude nous considérons la politique
monétaire comme l'ensemble des mesures prises pour agir sur la croissance
économique de la RDC.
I.1.4. POLITIQUE BUDGETAIRE
La politique budgétaire est l'une des composantes de la politique
économique qui vise à agir sur la situation macro-économique par
l'intermédiaire des finances publiques13.

12
Alain, B., et al., Dictionnaire de science économique, 6ème édition, Dunod, 2019,
p. 479
13
Alain, B., et al., Op. cit., p. 463
~ 10 ~

La politique budgétaire est l'ensemble des mesures ayant des


conséquences sur les ressources et les dépenses inscrites au budget de l'État
et visant directement à agir sur la conjoncture14.
La politique budgétaire est le nom donné à la politique
économique menée par un gouvernement, lorsque celui-ci modifie le
budget de l'État, d'une façon telle qu'il en découle des impacts Marco-
économiques sur l'économie totale du pays. Le but est idéalement
d'augmenter la croissance, ou d'atteindre les objectifs sociaux (réduire le
chômage) combiné à la politique monétaire, elle forme le policy-mix.
Lorsqu'un gouvernement veut mettre en place une politique
conjoncturelle, la politique budgétaire en est principale.
Dans le cadre de notre étude, nous considérons la politique
budgétaire comme étant l'ensemble des mesures prises par le
gouvernement pour agir sur la croissance économique de la RDC.
I.1.5. CROISSANCE
La croissance est définie comme un développement, une
extension ou une augmentation de quelque chose15.
Dans le cadre de notre étude, nous considérons la croissance
comme étant une augmentation de la production causée par les mesures
prises par l'Etat en appliquant sa politique mixte.
I.1.6. CROISSANCE ECONOMIQUE
Pour François Perroux (1903-1987), la croissance économique est
l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues, d'un
indicateur de dimension, pour une nation, le produit global en terme réel16.
Le phénomène de croissance économique doit être distingué de
l'expansion économique, du progrès économique ainsi que du
développement économique.
La croissance est mesurée à partir des taux de croissance annuels
d'un agrégat en volume, le produit intérieur brut (PIB). Mais la mesure du PIB
pose un certain nombre de problèmes (évaluation des amortissements, de
l'inflation, des variations des taux de change, de la destruction du patrimoine
naturel, du déplacement de l'économie souterraine, etc.).

14
Gérard, T., La politique budgétaire, caisse des dépôts et consignation,
service de la recherche, Paris, 2000, p. 17
15
Larousse fr, définition croissance,
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ croissance/20631, consulté le
16/04/2023, à 11h39'
16
Alain, B., et al., Op. cit., p. 149
~ 11 ~

Dans certaines études, la croissance économique est mesurée


par la variation en volume du PIB par tête.
Dans le cadre de notre recherche, nous comprenons la
croissance économique comme étant une augmentation de la production
soutenue pendant une longue période.
SECTION 2 : DEFINITIONS DES CONCEPTS CONNEXES
Dans cette section, nous allons définir les concepts connexes aux
concepts clés de notre étude, ils sont plusieurs, mais nous nous sommes
focalisés beaucoup plus sur : la monnaie, le budget, la finance, la gestion, la
politique économique ainsi que le développement.
I.2.1. MONNAIE
Le concept de monnaie fait l'objet de nombreuses définitions que
l'on peut rassembler en deux catégories17 :
1. L'approche fonctionnelle où la monnaie remplit 3 fonctions principales :
 La fonction des intermédiaires d’échanges : la monnaie permet de
fractionner l'échange en deux temps (bien contre monnaie, puis
monnaie contre bien). Elle est acceptée par tous les membres d'un
groupe en échange de tous les autres produits ;
 La fonction d’unité de compte : tous les prix sont exprimés sous la forme
d'une quantité de monnaie ;
 La fonction de réserve des valeurs : la monnaie peut être conservée
avant d'être échangée contre un autre produit (sans perte de valeur
dans l'hypothèse d'une inflation nulle).
2. L'approche de la monnaie comme rapport social : certains économistes
(M. Aglietta, A. Orléan) considèrent que la monnaie est une institution
fondatrice de la société marchande qui permet d'exorciser la violence ;
d'autres économistes (F. Poulon, A. Parguez, B. Sehmitt) d'inspiration
keynésienne appréhendent la monnaie comme une monnaie de crédit qui
est selon eux à l'origine de la production. La décision bancaire d'accorder un
crédit dans une entreprise qui démarre le circuit keynésien.
A. Chaineau, cité par J. Jalladeau défini la monnaie comme une
réserve de valeur inter-temporel qui sert de moyen de paiement et dont
l'utilisation peut être aussi bien immédiate que différée.
Partant de cette conception, la monnaie est l'expression d'un
pouvoir d'achat et à ce titre, elle sert également :
17
Alain, B., et al., Op. cit., p. 417
~ 12 ~

 D'instrument d'épargne dont la valeur en termes de pouvoir d'achat


dépendra de sa stabilité ;
 De moyen de transport des valeurs dont elle est l'expression sur tout le
territoire où elle a cour légal.
Selon nous, nous considérons la monnaie comme étant une
imprimée de valeur ayant cour légal dans un pays donné.
I.2.2. BUDGET
Un budget est défini comme l'expression quantitative ou
financière d'un programme d'action envisagé pour une période donnée. Le
budget est établi en vue de planifier l'exploitation future et de contrôler à
posteriori les résultats obtenus18.
Le dictionnaire de science économique définit le budget comme
l'ensemble des comptes qui décrivent pour une année civile, toutes les
ressources et toutes les charges permanentes de l'Etat19.
Selon nous, nous comprenons le terme budget comme
l'ensemble des recettes et dépenses de l'Etat pour une période donnée.
I.2.3. FINANCE
Dans une compréhension large, la finance est l'ensemble des
activités qui rendent possible et organisent le financement des agents
économiques ayant des besoins de capitaux (comme par exemple les
entreprises ou les états) par les agents ayant des surplus (typiquement les
ménages épargnants).
Le Terme finance s'applique donc à la recherche de
financements (en particulier par les entreprises), à la recherche par les
détenteurs de surplus de capitaux de placements et enfin à tous ceux qui
organisent la convergence entre ces deux types d'acteurs (les Marchés
financiers, les banques et les autres institutions financières)20.
Le postulat de base de la finance est que l'argent a un prix (la
rentabilité exigée par celui qui apporte les capitaux). La finance mettra
toujours cette rentabilité exigée au regard du risque encouru par l'apporteur
de capitaux.
18
Ménard LOUIS, Dictionnaire de la comptabilité et de la gestion financière,
L'institut Canadien des comptables agréés, 1994
19
Alain, B., et al., Op. cit., p. 44
20
Vernimmen.net, définition finance,
https://www.vernimmen.net/Pratiquer/Glossaire/ definition/Finance.html, consulté
le 16/04/2023, à 13h19'
~ 13 ~

La typologie établie en 1960 par J. Gurley et E. Shaw distingue


entre Finance directe et Finance indirecte selon la nature du rôle joué par les
intermédiaires financiers.
Enfin on subdivise souvent la finance en sous-catégories, la
subdivision la plus répandue étant certainement la distinction entre la
finance d'entreprise (centrée sur le financement et la gestion financière de
l'entreprise) et la finance de Marché (centrée sur la gestion de portefeuille).
I.2.4. GESTION
Selon le Chef de Travaux MANSHIMBA Albert, la gestion est le fait
de gérer, elle est aussi l'affectation des ressources à la disposition d'une
activité d'exploitation et celle d'affectation qui doit être réelle et optimale
c'est-à-dire qui cherche à atteindre l'objectif tout en minimisant les coûts 21.
Selon GILBERT PULLOT, nous définissons la gestion comme la mise
en œuvre des ressources de l'entreprise en vue d'atteindre les objectifs
préalablement fixés dans le cadre d'une politique déterminée22.
Nous comprenons la gestion comme le fait d'administrer,
organiser, coordonner, commander, contrôler, diriger, manager, etc. pour
pouvoir atteindre les objectifs.
I.2.5. POLITIQUE ECONOMIQUE
La politique économique désigne l'ensemble des interventions
des pouvoirs publics en vue d'orienter l'activité économique d'un pays dans
un sens jugé souhaitable23.
La réduction ou l'accroissement du déficit budgétaire pour
soutenir l'emploi, l'adoption de mesures fiscales particulières pour soutenir les
exportations, la fixation de normes en matière de hausse de prix ou des
revenus pour limiter l'inflation, sont des exemples de la politique économique.
La politique économique peut encore se définir comme
l'ensemble des décisions prises par les pouvoirs publics dans le but d'agir sur
les variables économiques24.
Les objectifs de la politique économique sont souvent présentés à
partir du carré magique de N. Kaldor (1908-1986) qui comprend la recherche

21
MASHIMBA, A., Cours de gestion financière à long terme, inedit, 3ème graduat,
FASEG, UNIKAN, 2019-2020
22
Gilbert, P., Maître de contrôle de gestion, éd. Seditor, Paris, 1989, p. 28
23
Alain, B., et al., Op. Cit., p. 468
24
Ibidem, p. 469
~ 14 ~

d'une croissance soutenue permettant de se rapprocher du plein-emploi et


compatible avec une inflation faible et un équilibre des comptes extérieurs.
Soutenir l'emploi par une politique budgétaire appropriée, relancer l'inflation
en élevant la quantité de monnaie ou modifier le cadre juridique du marché
du travail, sont des exemples de la politique économique.
Les maîtres d'œuvre de la politique économique sont nombreux :
les administrations publiques centrales, les collectivités territoriales. En France,
la décentralisation a accru le pouvoir d'intervention économique des
communes, des départements et des régions.
I.2.6. DEVELOPPEMENT
Selon François Perroux, le développement est la combinaison des
changements mentaux et sociaux d'une population qui la rende apte à faire
croitre, cumulativement et durablement son produit réel25.
Dans cette optique, le développement qui articule des
transformations économiques et financières et des transformations
psychologiques, sociales, politiques et institutionnelles, se différencie de la
croissance économique.
Armatia Sen (né en 1933, prix Nobel 1998) cité dans le
Dictionnaire de science économique, appréhende le développement
comme un processus intégré d'expansion des libertés substantielles en
corrélation les unes avec les autre 26 . Cela suppose notamment des
institutions démocratiques, le respect de droit civique, etc.
SECTION 3 : CADRE PHYSIQUE D'ETUDE
Dans cette section il est pour nous question de présenter notre
cadre d'étude qui est la République Démocratique du Congo. Nous
parlerons de différents aspects, entre autres : historique, géographique,
politique, économique, social, etc.
I.3.1. ASPECT HISTORIQUE27
Chronologie des principaux événements historiques de la
République Démocratique du Congo.
I.3.1.1. Les Royaumes (du 5è au 18è siècle)
Avant l‟arrivée des Européens, la Région était occupée par des
populations d‟origine bantoue et des Pygmées. Les bantous sont organisés
en royaumes dont les principaux sont : le royaume Kongo (15è siècle), le

25
Ibidem, p. 184
26
Idem
27
Présentation de la RDC, in https://ambardc.be/rdc, consulté le 16 Juillet 2023,
à 16h52'
~ 15 ~

Royaume Luba (15è siècle), le royaume Lunda (16è siècle), Kazembe (18è
siècle), les royaumes Kuba, Yaka, Teke, et des chefferies indépendantes chez
les Mangbetu, Azandé, Mongo, etc.
I.3.1.2. Les Explorations (19è siècle)
Plusieurs siècles après la découverte de l‟embouchure du Fleuve
Congo en 1482 par Diego Cao, le 19è siècle a permis à d‟autres explorateurs
de révéler au monde extérieur certaines potentialités du bassin du Congo.
Il s‟agit de l‟Anglais Tuckey qui remonta en 1816 le fleuve Congo
jusqu‟aux chutes de Yelala et inaugura ainsi la période des explorations
scientifiques du 19è siècle en Afrique Centrale.
Ce fut ensuite le tour du journaliste et voyageur Anglo-américain
Henry Morton Stanley qui retrouva à Ujiji sur la rive du Lac Tanganyika en
Tanzanie, le missionnaire et voyageur Ecossais David Livingstone le 27
octobre 1871. C‟est ainsi que, attiré par les potentialités du Congo, le Roi des
Belges Léopold II créa en octobre 1882, l‟Association Internationale du
Congo (AIC), avec laquelle il va lancer plusieurs expéditions d‟exploration et
finalement créer l‟Etat Indépendant du Congo (EIC) ; qui fût consacré lors de
la Conférence de Berlin, organisée en 1885, en tant que propriété
personnelle du Roi Léopold II.
I.3.1.3. Période Coloniale (de 1908 au 29 juin 1960)
La période de la colonisation débute en 1908, avec l‟annexion
de l‟EIC, à la Belgique, qui devient le Congo Belge, période qui dura
jusqu‟au 30 juin 1960. La fin de la domination belge au Congo a été
précipitée par plusieurs événements externes et internes, comme la
participation des soldats de la Force publique aux conflits mondiaux de 14-18
et 40-45, l‟alphabétisation de la population et l‟avènement d‟une classe
moyenne congolaise, la création de nombreux partis politiques en 1958.
Ensuite, l‟éclatement de troubles et émeutes à caractère revendicatif en
1959,…), sans compter à l‟extérieur l‟influence de la Conférence
panafricaine d‟Accra en 1958, le discours de Brazzaville du Général de
Gaulle, …).
Sur le plan économique, la colonie a connu un essor certain,
(création de plusieurs sociétés tant étatiques que privées dans les domaines
du transport, de l‟agriculture et des mines), période marquée aussi, par une
crise de chômage à la veille de l‟indépendance.
Sur le plan socioculturel, deux faits marquants méritent d‟être
signalés : la création en 1954 de l‟Université Lovanium de Léopoldville,
~ 16 ~

l‟actuelle Université de Kinshasa, la première du Congo et de l‟Afrique


Centrale, ainsi que celle de l‟Université Officielle du Congo à Elisabethville,
l‟actuelle Université de Lubumbashi.
Sur le plan religieux, les églises chrétiennes traditionnelles, à savoir
l‟Eglise Catholique et l‟Eglise Protestante, rivalisent d‟ardeur pour leur
implantation maximale sur l‟ensemble du Congo Belge.
Un autre événement mérite d‟être signalé. Il s‟agit de la
naissance le 06 avril 1921 à Nkamba dans la Province du Bas-Congo du
mouvement religieux de Simon Kimbangu, devenu en 1959 l‟Eglise du Christ
sur la Terre par le Prophète Simon Kimbangu (EJCSK).
I.3.1.4. Période Postcoloniale (du 30 juin 1960 à nos jours)
Cette période qui s‟ouvre avec l‟indépendance du Congo en
1960 se subdivise en trois sous-périodes :
 La Première République (de 1960 à 1965) ;
 La Deuxième République (de 1965 à 1997) ; et
 La Troisième République (de 1997 à nos jours).
1. La Première République
L‟indépendance du Congo a été obtenue le 30 juin 1960, après
quatre années d‟effervescence nationaliste. Le Congo belge accède à
l‟indépendance sous le nom de République du Congo, dite “Congo
Kinshasa”. Joseph Kasa-Vubu est le Premier Président de la République et
Patrice Emery Lumumba le premier Premier Ministre.
Quelques temps après la proclamation de l‟indépendance,le 30
juin 1960, le Katanga avec Moï se Tshombe fait sécession. Entre 1961 et 1965,
plusieurs troubles éclatent, marqués notamment par l‟assassinat de Patrice
Emery Lumumba en 1961, l‟intervention des Casques bleus de l‟ONU (1961-
1963), qui réduisent la sécession du Katanga, et celle des parachutistes
belges (1964), pour mâter une rébellion d‟obédience Lumumbiste.
2. La Deuxième République
Quelques dates méritent d‟être retenues au cours de cette
longue période de 32 ans.
 Le 24 novembre 1965 : Accession de Mobutu Sese Seko à la Présidence
de la République, à la suite d’un coup d’Etat.
 En 1970 : L’autoritarisme se renforce, avec l’instauration d’un régime de
parti unique (Mouvement Populaire de la Révolution, “M.P.R.”).
~ 17 ~

 En 1971 : La République du Congo prend le nom de Zaï


re.
 De 1977 à 1978 : Mobutu fait appel à la France et au Maroc pour
contenir des nouvelles rébellions (à Kolwezi).
 A partir de 1990 : Confronté à une opposition croissante et farouche,
Mobutu est acculé à certaines concessions (ouverture au multipartisme,
mise en place d’un pouvoir de transition) mais refuse la
démocratisation complète des institutions.
 En 1994 : La crise politique se double du problème de l’afflux massif des
réfugiés rwandais.
3. La Troisième République
Cette période commence avec la fin de la guerre de Libération
menée par Mzee Laurent Désiré KABILA.
 En 1997 : Les troupes rebelles, progressant d’Est à l’Ouest, prennent le
contrôle du pays et contraignent Mobutu à abandonner le pouvoir.
 Le 17 mai 1997 : Laurent Désiré Kabila prend le pouvoir et rebaptise le
Zaïre en République Démocratique du Congo.
 Le 02 août 1998 : Début de l’agression de la République Démocratique
du Congo par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
 Le 16 janvier 2001 : Assassinat de Laurent Désiré Kabila.
 Le 26 janvier 2001 : Avènement à la Magistrature Suprême de Joseph
Kabila Kabange, qui devient Président de la République Démocratique
du Congo.
 Le 02 avril 2003 : Adoption de l’Acte Final du Dialogue Inter-Congolais
(DIC). Le Dialogue Inter-Congolais est une rencontre des protagonistes
de la crise politique consécutive à la guerre qui a déchiré la RDC
depuis 1998. Il constitue la matérialisation d’un des points clés de
l’Accord de cessez-le feu conclu à Lusaka, en Zambie, les 10 et 11 juillet
1999 entre les gouvernements de la RDC, de l’Ouganda et du Rwanda,
et signé en août de la même année par les groupes des rebelles
congolais soutenus par ces deux derniers pays.
En adoptant l‟Acte Final, les parties au DIC acceptent comme
exécutoires les instruments énumérés ci-dessous, convenus à l‟issue des
négociations politiques et devant régir la transition en RDC.
~ 18 ~

Il s’agit :
 Des trente-six résolutions sur le Programme d’action du gouvernement,
dûment adoptées par la plénière du DIC ;
 De l’Accord Global et Inclusif sur la transition en RDC ainsi que du
mémorandum additionnel sur l’armée et la sécurité, signés
respectivement le 17 décembre 2002 et le 06 mars 2003 à Pretoria et
endossés à Sun City le 1er avril 2003 ;
 De la Constitution de la transition adoptée à Sun City en République
Sud-africaine le 1er avril 2003.
 Le 04 avril 2003 : Promulgation de la Constitution de la Transition par le
Président Joseph Kabila.
 Le 07 avril 2003 : Prestation de serment de Joseph Kabila, en qualité de
Président de la République Démocratique du Congo pour la période
de la transition.
 Le 18 décembre 2005 : Référendum sur la nouvelle Constitution. Taux
de participation : 84,31%.
 Le 18 février 2006 : Promulgation de la Constitution de la 3ème
République.
 Le 31 juillet 2006 : premier tour des premières élections présidentielle et
législative par suffrage universel.
 Le 29 octobre 2006 : deuxième tour des élections présidentielle par
suffrage universel.
 Le 15 novembre 2006 : La Commission électorale indépendante
proclame l’élection, Joseph Kabila Kabange à la majorité absolue
comme premier président de la 3ème République.
 Le 06 décembre 2006 : prestation de serment du Président Joseph
Kabila Kabange.
 Le 29 octobre 2006 : installation du Parlement.
 Le 29 octobre 2006 : installation du Sénat.
4. L’élection de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo
A l‟issue des élections présidentielles et législatives du 30
décembre 2018, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, fils de l‟Ancien Premier
ministre de la Transition et président de l‟UDPS (Union pour la Démocratie et
le Progrès Social), Etienne Tshisekedi wa Mulumba, est élu et devient le 5ème
président de la République Démocratique du Congo.
~ 19 ~

Cette élection marque pour la première fois dans l‟histoire de la


République Démocratique du Congo, l‟avènement pacifique d‟un nouveau
Chef de l‟Etat à la tête du pays.
I.3.2. ASPECT GEOGRAPHIQUE
La République Démocratique du Congo est située au cœur de
l‟Afrique et englobe l‟essentiel du bassin du fleuve Congo. Le pays couvre
une superficie de 2 345 410 km², soit l‟équivalent des deux-tiers de l‟Union
Européenne ou quatre fois la superficie de la France. C‟est un pays semi-
enclavé dont l‟ouverture maritime se trouve à l‟Ouest du pays (Kongo
Central) et s‟étend sur bande de terre de 39 km, coincée entre l‟enclave de
Cabinda au nord et l‟Angola au sud.
Pays voisins : La RDC a des frontières avec 9 pays : République du
Congo, République Centrafricaine, Soudan du Sud, Ouganda, Rwanda,
Burundi, Tanzanie, Zambie, Angola.
La RDC est répartie en trois grandes zones géographiques :
 La cuvette centrale, avec le relief le plus bas, couvre un tiers du
territoire, où alternent les forêts équatoriales et terres marécageuses,
arrosées tout au long de l’année par le fleuve Congo et ses affluents.
 Les plateaux qui bordent la cuvette, couverts de savane.
 Les massifs montagneux de l’Est, situés dans les provinces du Nord-Kivu
et du Sud-Kivu.
I.3.2.1. Le relief
Le relief varie de la partie la plus basse du territoire, (côte
maritime à Moanda), en passant par la Cuvette centrale, où l‟altitude
moyenne va de 300 à 700 mètres, pour arriver aux montagnes de l‟Est
comme le Ruwenzori, dont le sommet culmine à 5.109 mètres (Pic
Margueritte, Monts Mitumba, Virunga…), et le haut plateau du Katanga dont
l‟altitude moyenne dépasse les 1200 mètres. La région du Nord-Kivu, recèle
également de nombreux volcans, dont le Nyiragongo qui est en activité
constante.
I.3.2.2. Hydrologie
Le fleuve Congo, qui trouve sa source au Katanga, où il est
appelé Lualaba, à une altitude de 1.435 mètres, est avec ses 4.700 km de
longueur, un débit de 50.000 m3/s, un bassin de 3,80 millions de km², est après
le Nil le deuxième fleuve le plus long d‟Afrique, le plus important par son
débit et le deuxième fleuve du monde après l‟Amazone, du fait de sa
~ 20 ~

situation à l‟Equateur, avec une répartition presque homogène de ses


affluents dans les deux hémisphères qui régularisent son débit et en font le
fleuve le plus régulier du monde.
L‟importance économique de ce fleuve est considérable, tant
pour l‟approvisionnement en ressources halieutiques (poisson)…, en
possibilités hydro-électriques, que comme voie de communication, qui forme
avec les divers affluents, une véritable autoroute de 14.166 km de voies
navigables.
En fin de parcours, après sa longue route à travers le pays, le
fleuve Congo se jette dans l‟océan Atlantique par un large estuaire où sa
puissance atteint une force colossale telle, qu‟on reconnaît ses eaux
chargées de sable à plus de 45 km de la côte.
Avec le fleuve Congo on trouve également plusieurs grands lacs :
Mai-Ndombe et Ntumba à l‟ouest, lacs Edouard, Albert, Kivu, Tanganyka,
Moero,… à l‟est.
I.3.2.3. Climat
La République Démocratique du Congo, bénéficie de deux types
de climat :
 Equatorial, chaud et humide toute l’année, dans la zone centrale
traversée par l’équateur, où est située l’immense forêt tropicale (la plus
étendue au monde après l’Amazonie) ;
 Tropical, chaud toute l’année, avec une saison sèche, et une saison
des pluies dans les régions, situées au nord et au sud de l’équateur, et
dont la longueur est variable d’une région à l’autre.
I.3.2.4. Flore
La flore de la RDC est étroitement liée à la géographie physique
des régions traversées : plateaux, massifs montagneux, altitudes basses ou
moyennes qui influencent la végétation à travers le climat, qui donnent
naissance aux savanes, savanes boisées, forêts denses, forêts de montagne,
autant de milieux qui reflètent l‟immense biodiversité du pays.
I.3.3. ASPECT DEMOGRAPHIQUE
Entre 1960 et 2021, le nombre d'habitants en République du
Congo est passé de 1,02 millions à 5,84 millions, soit une augmentation de
473,1% en 61 ans. La RDC a connu la plus forte augmentation en 2015 avec
6,91%. L'augmentation la plus faible en 2021 avec 2,34%. Au cours de la
même période, la population totale de tous les pays du monde a augmenté
de 160,2%.
~ 21 ~

L'âge moyen en République du Congo a augmenté de 0,69 ans


entre 2012 et 2021, passant de 18,81 à 19,50 ans (valeur médiane). Environ
68% des habitants vivent dans les grandes villes du pays. Cette tendance
croissante à l'urbanisation augmente de 3,0% par an.
La République Démocratique du Congo (RDC), d'une superficie
équivalente à celle de l'Europe occidentale, est le plus grand pays d'Afrique
subsaharienne. Elle possède des ressources naturelles exceptionnelles,
notamment des gisements de minerais (cobalt, cuivre, etc.), un grand
potentiel hydroélectrique, de vastes terres arables, une formidable
biodiversité et la deuxième plus grande forêt tropicale du monde.
La plupart d'habitants de RDC n'a pas profité de richesses de
cette dernière. Une longue succession de conflits, d‟instabilité, de troubles
politiques et de régimes autoritaires a conduit à une crise humanitaire aussi
sévère que persistante, à laquelle s'ajoutent des déplacements forcés de
populations. Et la situation ne s'est guère améliorée depuis la fin des guerres
du Congo en 2003.
La RDC est l'une des cinq nations les plus pauvres du monde. En
2022, environ 62% de la population du pays soit 60 millions de personnes
vivait avec moins de 2,15 dollars par jour. Ainsi, près d'une personne sur six en
situation d'extrême pauvreté en Afrique subsaharienne vit en RDC.28
I.3.4. ASPECT POLITIQUE
En 62 ans d'indépendance, la RDC n'a connu sa première
transition pacifique du pouvoir qu'en janvier 2019. Félix Antoine Tshisekedi
Tshilombo, fils de l‟opposant historique Etienne Tshisekedi, a remporté
l‟élection présidentielle de décembre 2018 et a succédé Joseph Kabila, qui
dirigeait le pays depuis 18 ans. Il semble qu'un nouveau contrat social soit en
train de se dessiner entre l'Etat et les citoyens, à travers la généralisation de
l‟enseignement primaire gratuit, une plus grande transparence et des
réformes du secteur public, et l‟importance accordée à la prévention des
conflits et à la stabilisation dans l‟Est du pays.
Cependant, malgré les efforts de prévention des conflits et de
stabilisation, des poches d'insécurité persistent dans le pays, particulièrement
dans sa région orientale. La RDC finalise actuellement la phase d'inscription
des électeurs dans la perspective des futures élections générales prévues fin
2023. Ces derniers mois, la situation sécuritaire s'est toutefois gravement
28
Présentation de la RDC, in
https://www.banquemondiale.org/fr/country/drc/overview, consulté le 16 Juillet
2023, à 16h49'
~ 22 ~

détériorée dans les provinces du Nord-Kivu et de l‟Ituri, où des milliers de


personnes ont dû fuir les affrontements entre l'armée congolaise et des
groupes armés. Le bon déroulement du scrutin permettrait à la RDC de
continuer sur la voie de la stabilité politique et de poursuivre des réformes
nécessaires pour permettre à la majorité de sa population de bénéficier des
immenses atouts que possède le pays.
I.3.5. ASPECT ECONOMIQUE
La croissance économique a grimpé à 8,6% en 2022, dans la
continuité de la forte dynamique enregistrée en 2021 (6,2%). Les
investissements et les exportations du secteur minier restent les principaux
moteurs de la croissance, à la faveur de l‟expansion des capacités et du
redémarrage de la demande mondiale. La progression des secteurs non
miniers (notamment les services) est en revanche modeste, avec une
croissance qui a ralenti à 3% en 2022, contre 4,5% en 2021.
L‟augmentation des recettes d'exportation n‟a pas permis de
compenser le renchérissement des factures d'importation de denrées
alimentaires et de carburant, ce qui conduit à un creusement du déficit des
transactions courantes, estimé à -2,9% du PIB en 2022 (contre -1% en 2021).
Les investissements directs étrangers et les financements extérieurs ont
toutefois permis de porter les réserves à hauteur de 7,9 semaines
d'importations en 2022, contre un montant correspondant à 5,4 semaines un
an plus tôt, tout en limitant les fluctuations excessives des taux de change. La
hausse des prix mondiaux de l'énergie et de l‟alimentation imputable à la
guerre menée par la Russie en Ukraine a entraî né des pressions inflationnistes
dans le pays, avec une montée du taux d'inflation moyen de 9,1% en 2021 à
environ 9,2% en 2022.
Le déficit budgétaire s‟est détérioré pour atteindre -2,7% du PIB en
2022 (contre -0,8% en 2021), la mobilisation accrue de recettes ne
permettant pas de compenser entièrement la hausse des dépenses en
capital et des dépenses courantes.
Le niveau des recettes intérieures a atteint 15,6% du PIB en 2022
grâce à une évolution favorable des prix des produits de base et à la
numérisation du processus de recouvrement, tandis que les dépenses (19,7%
du PIB) ont elles aussi augmenté en raison de dépenses de sécurité
exceptionnelles et du paiement d'arriérés, qui sont venus s‟ajouter aux
ajustements salariaux et aux subventions pour les carburants. Les
perspectives à moyen terme pour la RDC sont favorables, les estimations
prévoyant une croissance de 7,5% en 2025.
~ 23 ~

Son économie reste cependant vulnérable aux fluctuations des


prix des produits de base et aux performances de croissance de ses
principaux partenaires commerciaux, elles-mêmes exposées aux risques de
perturbation liés aux conflits géopolitiques. Les conséquences économiques
de la guerre en Ukraine, à travers la hausse globale des prix des aliments et
du pétrole, pourraient exercer une pression plus forte sur le déficit budgétaire,
l'inflation et la consommation des ménages, exacerbant ainsi la pauvreté et
les inégalités.
Compte tenu des conflits persistants à l'Est, le défi immédiat qui se
pose à la RDC est de renforcer la sécurité et de maintenir la stabilité politique
et macroéconomique tout en intensifiant les réformes en cours pour assurer
une croissance durable.
I.3.6. ASPECT SOCIAL
La RDC se classe au 164ème rang sur 174 pays selon l'indice de
capital humain 2020, conséquence de décennies de conflits, de fragilité et
de développement contrarié. L'indice de capital humain de la RDC s'établit
à 0,37, au-dessous de la moyenne des pays d‟Afrique subsaharienne (0,40).
Cela signifie qu'un enfant congolais né aujourd'hui ne peut espérer réaliser
que 37% de son potentiel, par rapport à ce qui aurait été possible s'il avait
bénéficié d'une scolarité complète et de qualité, et de conditions de santé
optimales. Les principaux facteurs à l'origine de ce score médiocre sont le
faible taux de survie des enfants de moins de cinq ans, le fort taux de retard
de croissance des enfants et la piètre qualité de l'éducation.
Le taux de retard de croissance en RDC (42% des enfants de
moins de cinq ans) est l'un des plus élevés d'Afrique subsaharienne et la
malnutrition est la cause sous-jacente de près de la moitié des décès dans
cette classe d‟âge.
Et contrairement à d'autres pays africains, la prévalence du
retard de croissance en RDC n'a pas diminué au cours des vingt dernières
années. En raison d‟un taux de fécondité très élevé, le nombre d'enfants
souffrant d'un retard de croissance a augmenté de 1,5 million.
La RDC abrite diverses populations autochtones dont l‟existence
est marquée par un grand nombre de difficultés : expulsion de leurs terres
ancestrales, discriminations ou encore manque d‟accès à des services de
base comme les soins de santé et l‟éducation.
Ces populations continuent malgré tout de jouer un rôle
important dans la préservation de la diversité culturelle du pays et la
promotion de pratiques de gestion durable des ressources.
~ 24 ~

Et si des efforts existent pour reconnaî


tre et protéger les droits des
populations autochtones, il reste encore beaucoup à faire pour assurer leur
pleine participation à la société et la protection de leurs modes de vie
traditionnels.
L'accès à l'éducation s'est considérablement amélioré au cours
des deux dernières décennies, en particulier chez les filles et les plus jeunes.
Entre 2000 et 2017, le taux net de scolarisation dans le primaire a augmenté
de 50%, passant de 52 à 78%. Mais le taux d'achèvement du primaire reste
bas (75%), et la qualité de l'éducation extrêmement faible : on estime que
97% des enfants de dix ans en RDC sont en situation de pauvreté des
apprentissages, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas en mesure de lire et
comprendre un texte simple.
Les femmes se heurtent à des obstacles importants en matière de
perspectives économiques et d'autonomisation et elles sont notamment
confrontées à un niveau élevé de violences et de discriminations. Seulement
16,8% des filles terminent l'école secondaire, soit environ deux fois moins que
les garçons.
Les mariages précoces et les taux de fécondité élevés posent
problème, le niveau de fécondité des femmes et adolescentes sans aucune
éducation étant deux fois supérieur au taux observé chez celles qui ont
achevé leurs études secondaires (7,4 enfants contre 2,9, DHS 2014). La moitié
des femmes déclarent avoir subi des violences physiques et près d'un tiers
ont subi des violences sexuelles, le plus souvent au sein du couple (DHS 2013).
Le taux d'activité des femmes en RDC est estimé à près de 62%, la
plupart d'entre elles travaillant dans l'agriculture. Bien que ce taux soit
relativement élevé, les femmes gagnent beaucoup moins que les hommes
et possèdent moins d'actifs.
Un rapport réalisé en 2021 recense trois grands facteurs à l'origine
des écarts persistants et significatifs entre les sexes dans le pays : le contrôle
des terres, la capacité d'expression et d'action, et le risque et l'incertitude, en
particulier la vulnérabilité aux chocs et aux violences de genre.
Les systèmes de santé de la RDC ont été durement touchés par le
conflit prolongé qui sévit dans le pays et par des crises humaines complexes
qui perdurent de longue date dans le monde. Cette situation a en outre été
considérablement aggravée par la pandémie de COVID-19 et, avant elle,
par les épidémies récurrentes de choléra, de rougeole ou d‟Ebola. La
demande de vaccins anti-COVID a été relativement limitée en raison de
fortes réticences dans la population.
~ 25 ~

Il apparaî t par ailleurs que la pandémie a eu un impact négatif


sur le degré d'utilisation des services de santé depuis mars 2020 : baisse des
consultations hospitalières et prénatales, accès réduit au planning familial et
à la contraception, augmentation de l'insécurité alimentaire et hausse des
cas de violences sexuelles et sexistes.
En raison de la pandémie, près de 23 millions d'enfants n'ont pas
été vaccinés comme ils l‟auraient dû en 2020, soit le nombre le plus élevé
depuis plus d'une décennie selon des données récentes de l'OMS et de
l'UNICEF. Tous ces éléments mettent en lumière l‟impact de la COVID-19 sur
les systèmes de santé, laissant à craindre que l'interruption temporaire des
services de santé de base entraîne, faute d‟action, une crise sanitaire
secondaire.

CONCLUSION PARTIELLE
Nous voici au terme de notre premier chapitre, il a été pour nous
question de définir les concepts clés de notre sujet, en plus de ça, nous
avons encore défini les concepts connexes aux concepts de notre travail.
Nous avons présenté notre champ d'investigation qui est la RDC pour que
nos lecteurs aient une idée parfaite sur notre thématique de recherche.
Nous avons fait une considération générale en définissant les
termes tels que : l'incidence, la politique monétaire, la politique budgétaire,
la croissance économique, la politique économique, le développement, le
budget, la monnaie, la finance ainsi que la gestion.
Nous avons profité de donner quelques éclaircissements sur la
monnaie, la politique économique, la finance, etc. Nous précisions ici que
nos lecteurs auront une précision parfaite et concrète sur la thématique de
notre travail.
~ 26 ~

CHAPITRE DEUXIEME : NOTIONS GENERALES


Dans ce chapitre, nous allons parler de notions générales sur la
politique monétaire, la politique budgétaire et aussi sur la croissance
économique pour bien orienter notre travail et aussi faciliter nos lecteurs à
bien se situer dans notre thématique.
SECTION 1 : NOTIONS SUR LA POLITIQUE MONETAIRE
La politique monétaire s'inscrit dans le cadre d'une politique
économique qui elle est l'ensemble des mesures prisent par l'Etat en vue
d'influer sur les structures et l'évolution de l'économie d'un pays. Partant de
cela, la politique économique englobe donc : la politique budgétaire, la
politique financière, la politique de change, la politique monétaire, la
politique de l'emploi,... elle n'est pas un ensemble de mesures isolées mais un
système de décision intégrant les différentes variables sur lesquelles il est
possible d'intervenir.
Sa fixation passe par plusieurs étapes successives : la fixation des
objectifs et de priorités, l'analyse des interdépendances entre objectifs et le
choix des moyens d'action. Les relais privilégiés de la politique économique
sont en premier lieu la politique monétaire.
II.1.1. DEFINITIONS DE LA POLITIQUE MONETAIRE
La politique monétaire est un ensemble des instruments que la
Banque Centrale utilise pour faire varier la quantité de monnaie présente
dans l'économie afin d'agir indirectement sur la valeur de la devise nationale,
sur la production, l'investissement, la consommation et l'inflation29.
La politique monétaire, qui a pour objectif de soutenir l'activité
économique en fournissant des liquidités et des indispensables aux agents
pour consommer, investir et produire, ne doit pas se révéler trop restrictive,
car elle risquerait alors de bloquer la croissance économique, ni trop
expansionniste, dans la mesure où une telle situation favoriserait
l'augmentation de l'inflation en injectant trop de pouvoir d'achat dans une
économie qui ne dispose pas de suffisamment de biens pour satisfaire la
demande.

29
MBAMBI, J., P., Notes de cours d'économie monétaire générale, inédit, 3ème
graduat, FASEG, UNIKAN, 2019-2020
~ 27 ~

Mener donc une politique monétaire, c'est avant tout avoir un


certain contrôle sur la masse monétaire, c'est donc parvenir à exercer une
action sur le pouvoir de création monétaire des banques. Il convient donc
d'influer sur le mécanisme par lequel les crédits bancaires peuvent
engendrer des dépôts.
D'où quatre principes de régulation :
 Limiter l'octroi des crédits en encadrant les crédits que peuvent
distribuer les banques ;
 Augmenter les fuites de monnaie centrale en imposant aux banques
des "réserves obligatoires" en monnaie centrale ;
 Contrôler les transferts de dépôts entre banques par une action sur le
marché monétaire ;
 Limiter le refinancement des banques ou en modifier le cout par une
action directe sur le marché monétaire.
II.1.2. LES OBJECTIFS ET ROLE DE LA POLITIQUE MONETAIRE
II.1.2.1. Les Objectifs de la politique monétaire
D'une manière ou d'une autre, formellement la politique
monétaire vise à agir sur les grandeurs économiques, appelées «objectif final
». Cela suppose une action sur des variables monétaires, appelés « objectifs
intermédiaires », qui conduisent à définir des modalités d'intervention,
appelées «objectif opérationnel ».
Mais il peut exister des conflits entre ces objectifs. Une politique de
relance de la croissance économique pour réduire le chômage peut
entraîner un déséquilibre extérieur ou une hausse de l'inflation. Une politique
de lutte contre l'inflation peut casser la croissance économique et
augmenter le chômage. La banque centrale peut donc être amenée à faire
des arbitrages en fonction de ses priorités30.
a) Les objectifs finaux
Les objectifs finaux de la politique monétaire, visent à favoriser les
grandeurs économiques tels que : l'investissement et l'épargne, freiner la
consommation pour lutter contre l'inflation, lutter contre l'inflation importée et
favoriser les exportations et l'excédent commercial31.

30
SELEMANI, P.,
Analyse de la structure monétaire en Afrique, in cahiers
économiques et sociaux, Kinshasa, IRES, 1979, p. 598
31
Capul Jean Yves et Garnier Olivier, Dictionnaire d'économie et de sciences
sociales, Paris, HATIER, Juin 2005, p. 116
~ 28 ~

Mais dans la plupart des pays, la stabilité et le maintien du niveau


général des prix restent comme principal objectif final de la politique
monétaire.
b) Les objectifs intermédiaires
Ce sont des variables monétaires supposées permettre la
réalisation de l'objectif final décidé. Ces variables monétaires sont
susceptibles d'être contrôlable par la banque centrale.
 L'accroissement de la quantité de monnaie en circulation dans
l'économie. En contrôlant le rythme de croissance des agrégats
monétaires, on peut contrôler celui de la demande. En règle générale
le choix porte sur l'agrégat M3 qui est la masse monétaire au sens large,
représentative de l'ensemble des liquidités de l'économie 32 . Dans
l'optique monétariste, contrôler l'accroissement de monnaie c'est l'un
des objectifs privilégiés, car il permet de contrôler l'accroissement de la
demande et donc les risques d'inflation. D'où, il faut que la croissance
de la masse monétaire soit égale au taux de croissance de l'économie
réelle pour éviter toute tension inflationniste.
 Le niveau des taux d'intérêts nominaux : C'est l'instrument privilégié des
keynésiens : l'idée est qu'une baisse des taux d'intérêt doit conduire à
une reprise de l'activité économique. Même si les banques centrales ne
poursuivent pas prioritairement cet objectif de croissance économique,
elles prennent néanmoins en considération le niveau des taux d'intérêt
qui a une incidence sur le niveau des investissements des entreprises et
sur le volume des mouvements de capitaux à court terme. De surcroî t
ils contribuent à expliquer les décisions des Agents non Financiers
relatives à la détention d'actifs financiers, à l'investissement productif
des entreprises, à la demande de crédit des ménages.
 Les taux de change influencent les exportations et les importations de
biens, de services et des capitaux. Dans des économies ouvertes
comme aujourd'hui, la stabilité des taux de change est devenu un
objectif intermédiaire fondamental. Il s'agit de trouver le taux de
change d'équilibre, ce qui n'est jamais aisé :
1) Un taux de change faible favorise les exportations, mais est source de
tensions inflationnistes et n'incite pas à l'amélioration des gains de
productivité des entreprises nationales, protégées de la concurrence
internationale.

32
Ibidem, p. 117
~ 29 ~

2) Un taux de change trop élevé, renchérit les exportations et risque de


conduire les entreprises le moins concurrentielles en faillite. Mais une relative
surévaluation de la monnaie ralentit les risques inflationnistes.
c) Les objectifs opérationnels
Ce sont les variables monétaires choisies par la banque centrale
parmi les objectifs intermédiaires comme étant les plus susceptibles d'être
contrôlé et maîtrisé, en fonction de l'objectif final recherché33.
 La politique monétaire cherche à agir sur la quantité de monnaie
circulant dans l'économie, elle va chercher à agir sur les crédits qui sont
à l'origine de la création monétaire des banques ordinaires.
 Le crédit met en cause des Agents non Financiers demandeurs de
crédit, les banques offreuses de crédit (créatrices de monnaie
bancaire, mais demandeuses de monnaie centrale) et la banque
centrale (créatrice de monnaie centrale).
 Pour maî
triser la quantité de monnaie circulant dans l'économie, la
banque centrale peut agir également dans plusieurs directions :
1. Une action sur la demande de crédit des Agents non Financiers : en
agissant sur les taux d'intérêt, la banque centrale modifie le coût du crédit
lequel influe sur la demande de crédit.
2. Une action sur l'offre de crédit des banques : en établissant une norme de
progression des crédits à ne pas dépasser, la banque centrale influe sur le
volume de crédits distribués par les banques. Et en décidant également de
l'importance de sa création de monnaie centrale, la banque centrale influe
sur la liquidité bancaire et donc la possibilité pour les banques de créer de la
monnaie bancaire.
II.1.2.2. Rôle de la politique monétaire
Pendant longtemps on considérait que la politique monétaire ne
pouvait avoir d'objectif autre que monétaire éviter l'inflation par création
abusive de monnaie, repartir les moyens de paiement.
Cette vieille conception de la théorie quantitative de la monnaie
est abandonnée, tant il est reconnu que la politique monétaire a des
répercussions aussi bien sur le produit national que sur le niveau des prix.
33
John Petroff, Précis de macro-économie, 1986, 1990 et 2002, Paris, p. 404
~ 30 ~

En période normale, la politique monétaire parait l'instrument


idéal pour suivre continuellement la conjoncture et réagir rapidement et
efficacement aux déséquilibres naissants : un début de thésaurisation de
monnaie par les ménages ou de fuite des capitaux peut être
immédiatement effacée par une intervention de la Banque Centrale à
l'open market, une tension à l'investissement peut être diminuée par
intervention à la hausse des taux d'intérêt, une tendance au chômage peut
être découragée par la création de crédit et des signes monétaires, un
excès de consommation peut être freiné par la modification des règlements
du crédit à la consommation.
En temps de crise par contre, la politique monétaire devient
inopérante. Une forte poussée de la demande ne sera plus jugulée par une
hausse du taux d'intérêt : bien au contraire, la hausse des taux sera
interpréter comme un présage d'inflation poussant les ménages à dépenser
leurs signes monétaires avant qu'ils soient dépréciés.
De la même manière comme le souligne Milton FRIEDMAN, la
politique monétaire sera incapable de supprimer un niveau de chômage
important : une forte expansion du crédit aurait certes pour effet initial
d'augmenter l'embauche par les entreprises mais déboucherait très
rapidement sur une hausse des prix qui réduirait le pouvoir d'achat des
travailleurs et les inciterait à demander des hausses de salaires qui auraient
pour effet de recréer le chômage initial34.
II.1.3. LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE
Les banques centrales disposent de plusieurs armes pour mettre
en oeuvre la politique monétaire correspondant à leurs objectifs. Certaines
sont devenues ses instruments privilégiés d'intervention, d'autres sont tombées
en désuétude. Mais nous avons retenus quatre instruments essentiels de la
politique monétaire, à savoir :
II.1.3.1. Refinancement ou réescompte
Les banques de second rang peuvent se refinancer directement
auprès de la Banque centrale par le biais du réescompte. La Banque
centrale fournit des liquidités aux banques de second rang en échange de
quoi elle acquière des titres (effets de commerce, bons du Trésor).
En modulant le taux et le niveau d'escompte, la Banque centrale
influe sur la création monétaire. Le problème est que ce système est coûteux
et relativement passif : la Banque centrale fixe unilatéralement le taux et
fournit à ce taux toute la liquidité demandée.
34
John Petroff, Op. Cit., p. 211
~ 31 ~

II.1.3.2. Intervention sur le marché monétaire


La Banque centrale intervient sur le marché monétaire où les
banques de second rang s'approvisionnent en liquidités. Sur le marché
interbancaire, la Banque centrale intervient par des opérations de prises en
pension : un établissement financier cède à la Banque centrale un titre en
s'engageant à le racheter dans un délai très court 35. Ces opérations peuvent
avoir plusieurs formes :
 Les opérations de pension sur appel d'offre : périodiquement la Banque
centrale annonce les catégories de titre qu'elle est prête à prendre en
pension ; les acteurs du marché indiquent alors le montant et les taux
qu'ils sont prêt à payer, tandis que la Banque centrale, en fonction de
ces réponses, fixe le montant et les taux ;
 Les opérations de pension à taux préfixé : les interventions de la
Banque centrale sur le marché déterminent deux taux directeurs : le
taux d'appel sur offre constitue un plancher du marché interbancaire.
Le taux du marché au jour le jour oscille entre ces deux taux directeurs.
Ainsi en modifiant ses taux directeurs, la Banque centrale influe sur le
taux d'intérêt du marché.
Depuis 1989, la Banque centrale peut aussi intervenir sur le
marché des titres négociables à court terme au travers de la politique
d'open market. Il s'agit pour la Banque centrale d'acheter ou de vendre des
titres (émission de bons du Trésor), afin d'influer sur la liquidité du marché en
achetant des titres, la banque centrale fournit des liquidités et fait
augmenter le cours des titres, provoquant une baisse des taux d'intérêt. À
l'inverse, en vendant des titres, la Banque centrale réduit le volume des
liquidités, fait augmenter les taux d'intérêt, ce qui accroî t le prix du
refinancement pour les banques de second degré.
II.1.3.3. Réserves obligatoires
Le système des réserves obligatoires consiste à obliger les
banques de second rang à déposer à la Banque centrale des réserves en
monnaie banque centrale, non rémunérées, en fonction des dépôts36.
Il s'agit de créer artificiellement une fuite en monnaie Banque
centrale pour limiter les possibilités de création monétaire. En jouant sur le
coefficient de réserves obligatoires ou l'assiette sur laquelle porte ces réserves,
la Banque centrale peut encadrer le crédit.

35
VAYDA P. et de BOYSSON G., Les finances de A à Z, Paris, CEPL, 1976, p. 512
36
Ibidem, p. 340
~ 32 ~

II.1.3.4. Encadrement du crédit


L'encadrement du crédit consiste à fixer par voie réglementaire
et pour une période donnée, des normes de progression en matière de
crédits. Tout dépassement de la norme est sanctionné par l'obligation de
constituer des réserves supplémentaires37.
Les différents instruments de la politique monétaire peuvent être
considérés à la fois comme substituables et complémentaires.
II.1.4. LA PERTINENCE DE LA POLITIQUE MONETAIRE DANS LA REGULATION
ECONOMIQUE
La politique monétaire comme instrument de la politique
économique, consiste à fournir des liquidités nécessaires au bon
fonctionnement et à la croissance de l'économie tout en veillant de la
stabilité de la monnaie.
La croissance économique qui est l'augmentation soutenue
pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension
pour une nation, le produit global net en termes réels, ne peut être favorable
que s'il y a des capitaux permanents dans l'économie qui favoriserai
l'investissement, l'épargne et ensuite stimulerai la demande globale donc la
consommation.
D'où ces trois derniers indicateurs, s'avèrent indispensables pour la
régulation de la croissance dans la mesure où seule la politique monétaire
permet de donner à l'économie les liquidités nécessaires aux transactions,
sans provoquer ni de tension inflationniste (trop grande création monétaire),
ni de récession (trop faible création monétaire).
I.1.5. LES FORCES ET FAIBLESSES DE LA POLITIQUE MONETAIRE
Les actions de la politique monétaire se diffusent différemment
dans les pays ou les régions en raison de disparités structurelles,
institutionnelles et comportementales. Notamment, différences dans les
structures financières des entreprises, dans les modes de financement (taux
fixe ou variable), la nature de la production, les techniques de production,
différences dans le cycle conjoncturel, etc.

37
Ibidem, p. 345
~ 33 ~

SECTION 2 : NOTIONS SUR LA POLITIQUE BUDGETAIRE


La politique budgétaire constitue avec la politique monétaire, l'un
des principaux leviers de la politique économique de l'Etat ; elle consiste à
utiliser certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement
public, prélèvements fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique. Par
conséquent, la plupart des pays développés ont mené depuis 1930 des
politiques de relance budgétaire lors de périodes de récession ou de
moindre croissance.
A compter de la crise consécutive au choc pétrolier de 1973, les
théoriciens néoclassiques ont cependant souligné les limites de la politique
budgétaire et notamment les effets néfastes des déficits et de la dette
publique.
II.2.1. DEFINITIONS DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
La politique budgétaire est l'ensemble des mesures ayant des
conséquences sur les ressources ou les dépenses inscrites au budget de l'Etat
et visant directement à agir sur la conjoncture38.
La politique budgétaire est le nom donné à la politique
économique menée par un gouvernement, lorsque celui-ci modifie le
budget de l'Etat, d'une façon telle qu'il en découle des impacts macro-
économiques sur l'économie totale du pays. Le but est idéalement
d'augmenter la croissance, ou d'atteindre des objectifs sociaux (réduire le
chômage, etc.) ; combinée à la politique monétaire, elle forme le Policy-mix.
Lorsqu'un gouvernement veut mettre en place une politique conjoncturelle,
la politique budgétaire en est l'élément principal.
II.2.2. LES DIFFERENTES COMPOSANTES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
La politique budgétaire comporte deux composantes :
II.2.2.1. Les Dépenses
Les dépenses sociales (niveau des minima sociaux), aides aux
entreprises, investissements en infrastructures publiques, aides à la recherche,
exonérations fiscales, hausses des salaires des fonctionnaires et de l'emploi
publics, etc.
II.2.2.2. Les recettes
Le niveau de taux d'imposition et des bases fiscales des différents
impôts, niveau global des prélèvements obligatoires dans le PIB, emprunts,
recettes exceptionnelles (gisements miniers, portefeuille d'action publique),
etc.
38
GERARD, T., La politique budgétaire, caisses des dépôts et consignation,
service de la recherche, Paris, 2000, p. 17
~ 34 ~

II.2.3. LE BUDGET DE L'ETAT


Le budget de l'Etat est une loi (la loi de finance) votée chaque
année et autorisant l'Etat à prélever certaines ressources (impôts et taxes) et
à dépenser ces ressources d'une manière prévue précisément par la loi 39.
II.2.3.1. Les composantes du budget de l'Etat
L'Etat utilise le budget comme un instrument pour agir sur la
conjoncture. En RDC, il représente environ un dixième du PIB. Le budget
englobe les dépenses et les recettes annuelles de l'Etat.
 Les dépenses comprennent les dépenses de fonctionnement, les
transferts et les dépenses en capital ;
 Les recettes comprennent les ressources fiscales (sur le revenu, la
consommation, le patrimoine, les bénéfices) et non fiscales.
II.2.3.2. Les rigidités du budget
Les dépenses de fonctionnement ont une forte inertie pour des
raisons sociales, économiques et institutionnelles. Les charges financières
s'imposent comme conséquence des emprunts antérieurs. La fiscalité est
difficilement modulable à la hausse à cause des relations des contribuables.
II.2.3.3. La sensibilité du budget à la conjuncture
La conjoncture affecte davantage les recettes que les dépenses
publiques. Le produit fiscal est lié positivement à l'activité économique. C'est
particulièrement vrai pour les impôts sur la consommation (TVA) et sur le
revenu (IRPP). Les dépenses publiques sont moins sensibles. Certaines
dépenses de transferts varient en sens inverse de l'activité40.
II.2.3.4. Le financement du budget
Quand nous parlons de financement du budget, c'est lorsque le
solde est déficitaire, c'est-à-dire les dépenses sont supérieure aux recettes. Un
déficit est en général financé par l'épargne (bons de trésor, obligations,
grands emprunts), ce qui augmente la dette publique. Le recours à la
création monétaire (concours de la Banque Centrale) est en voie de
disparition.
II.2.3.5. Le budget de l'Etat : élément déterminant de la vie économique
Le budget des administrations publiques représente, d‟un pays à
l‟autre, une part plus au moins importante, mais toujours considérable, du
produit intérieur brut. Autant dire que le rôle de l‟Etat dans l‟économie, par la
gestion de ses budgets colossaux, est déterminant.
39
LORCA, M., La politique budgétaire de la gestion de la demande, PUF, 1998
40
MUBAKE MUMEME, Fluctuations et croissance économiques, galileo système,
Kinshasa, 2007, p. 141
~ 35 ~

La politique budgétaire est attentive à trois éléments de la vie


économique :
 L’allocation des ressources ;
 La redistribution des revenus ; et
 La stabilisation de l’activité économique.
A travers ses choix budgétaires, l‟Etat est tout d‟abord en mesure
d‟influencer l‟allocation de leurs ressources par les agents privés, ne serait-ce
qu‟en favorisant telle ou telle infrastructure, en finançant la recherche dans
des domaines choisis, en soutenant un type de formation ou une région, etc.
en outre l‟état assure une fonction vitale de redistribution de revenus dans un
souci d‟efficacité et d‟équité, grâce à ses prérogatives en matière de
prélèvement fiscaux puis des prestations sociales.
Ainsi, l‟Etat doit s‟appliquer à corriger une réparation primaire des
revenus, résultat spontané des mécanismes de marché, qui ne se
correspondent pas forcement à l‟optimum économique (difficultés de
certains ménages à assurer la scolarité de leurs enfants pourtant cruciale au
sein d‟économie en pénurie de main d‟œuvre qualifiée : rétribution
éventuellement trop élevée du capital aux dépenses du travail et de
consommateurs ; etc.).
Mais, si ces considérations d‟allocation de ressources et de
redistribution du revenu sont cruciales pour la bonne marche de la vie
économique, elles ne sont possibles que dans un contexte dynamique.
Avant de se soucier de sa respiration, encore faut-il s‟assurer que l‟économie
nationale dispose de l‟oxygène nécessaire, c‟est pourquoi la politique
budgétaire de l‟état a, d‟abord et avant tout, vocation à stabiliser l‟activité
économique, à la recherche d‟une croissance régulière.
Pour ce faire, en vertu du mécanisme de multiplicateur, le budget de l‟Etat
est un puissant moyen d‟action.
II.2.4. LES INDICATEURS DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
II.2.4.1. Le solde budgétaire
Le solde budgétaire qui est la différence entre les recettes et les
dépenses n‟est pas un indicateur suffisant de la politique budgétaire.
D‟abord, il dépend fortement de la conjoncture : il tend à s‟améliorer en
phase d‟expansion et à chuter en phase de récession, en suite il incorpore
les charges financières déjà acquises au départ. On a donc conçu, pour les
administrations publiques, des soldes corrigés des influences de la
conjoncture et de charges financières.
~ 36 ~

II.2.4.2. Le solde structurel


Le solde observé S comprend une composante structurelle Ss et
une composante conjoncturelle Sc : S=Ss+Sc. Le solde structurel Ss,
indépendant de la conjoncture, se rapporte à un PIB potentiel, obtenu par
diverses méthodes. Un solde budgétaire de plein emploi (SBPE) fut calculé
dans les années 1960 aux USA d‟après un PIB de plein emploi, aujourd‟hui,
l‟OCDE retient un PIB non accélérateur d‟inflation calculée à partir du
NAWRU.
Les variations de Ss dépend de mesures délibérées en bonne
(haute) conjoncture, Ss est supérieur au S la composante conjoncturelle
dépend de l‟écart de production, différence entre le PIB potentiel.
II.2.4.3. Le solde primaire
Le solde primaire Sp est la différence entre les recettes et les
dépenses hors intérêt. C‟est la somme algébrique du solde S et les intérêts Int.
Sp-S+Int. Un déficit budgétaire peut masquer un excèdent primaire. Le solde
primaire est un déterminant majeur de l‟endettement.
II.2.4.4. Le solde structurel primaire
Le solde structurel primaire Ssp est la partie du solde budgétaire
qui n‟est liée ni aux intérêts, ni à la conjoncture. Ssp=Ss+int. Les variations de
Ssp reflètent la politique budgétaire délibérée. Une hausse signifie une
politique restrictive.
II.2.5. CONCEPTION DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
II.2.5.1. Conception active : budget régulier
a) La norme d’équilibre budgétaire
Cette approche d'inspiration classique, vise la neutralité du
budget et préconise des règles contraignantes. La vision la plus rigide
correspond à la règle d'équilibre entre les dépenses et les recettes
budgétaires. L'emploi conjoncturel du budget est jugé inutile, inefficace et
nocif. Il s'agit d'abord d'éviter les effets jugés négatifs des déficits publics
(inflation, effets d'éviction, taux d'intérêt élevés). Il s'agit ensuite d'inciter l'Etat
à freiner ses dépenses en imposant un lien étroit avec les impôts. L'approche
orthodoxe a prévalu jusqu'à la crise des années 1930 sans être toujours
rigoureusement appliquée.
b) Les normes de plafonnement
L'orthodoxie budgétaire prend des formes moins rigides avec le
plafonnement des déficits et de l'endettement publics.
~ 37 ~

En Europe par exemple, l'encadrement des politiques budgétaires


en référence aux traités de Maastricht et d'Amsterdam fixe le plafonnement
du déficit des administrations publiques à 3% du PIB et de la dette publique
brute à 60% du PIB. Ce choix relève d'une approche assez voisine
considérant que les déficits publics ont surtout des effets économiques
négatifs pour un pays et pour ses partenaires. Le seuil de 3% est compatible
avec une action conjoncturelle du budget pour les Etats qui tendent à
l'équilibre budgétaire, mais non pour ceux qui ont tendance à se situer près
de cette limite. En outre, le plafonnement de la part de l'Etat dans
l'économie (dépenses, PIB), prélèvements obligatoires (PIB) relève d'une
problématique plus libérale qu'orthodoxe, de même que la courbe de Laffer.
II.2.6. LES POLITIQUES BUDGETAIRES VOLONTARISTES
En cas de forte dégradation de la conjoncture économique, les
gouvernements peuvent être tentés de mener une politique budgétaire
volontariste. Une telle politique consiste à soutenir l'activité économique à
court terme, en faisant jouer le multiplicateur Keynésien. On appelle
multiplicateur Keynésien, le mécanisme macroéconomique mis-en évidence
par Keynes, qui permet de compenser la faiblesse des dépenses privées par
un accroissement des dépenses publiques.
En effet, une augmentation des dépenses publiques engendre
des revenus supplémentaires qui sont pour partie consommés, pour partie
épargnés et pour partie récupérés par les administrations publiques sous
formes d'impôts et cotisations sociales.
Or, la partie de ces revenus supplémentaires consommés vient de
nourrir la demande intérieure adressée aux entreprises. Ces dernières
peuvent dès lors augmenter leurs investissements, leurs emplois et distribuer
des revenus supplémentaires. Le surcroî t de dépenses publiques provoque
par conséquent un effet cumulatif (un effet multiplicateur) qui stimule
d'autant plus d'activités économiques que les revenus sont peu épargnés,
peu imposés et que la demande de consommation s'adresse principalement
aux entreprises nationales.
Les gouvernements peuvent également soutenir l'activité en
réduisant les charges fiscales et donc en augmentant le revenu des
personnes privées. Cette politique stimule l'activité économique, mais dans
une moindre proportion que la dépense publique car une partie de ce
revenu supplémentaire est immédiatement épargnée par les ménages et les
entreprises41.
41
SOLOW M., Robert, Peut-on recourir à la politique budgétaire ? Est-ce
souhaitable ? Revue de l'OFCE 88, 2002, p. 14
~ 38 ~

II.2.6.1. La politique de demande


Si l'Etat verse davantage d'argent aux ménages (aide sociale) ou
leur en prélève moins (baisse des impôts), les ménages vont augmenter leur
consommation et la demande adressée aux entreprises (politique de
demande).
Empiriquement, une hausse de revenus a d'autant plus d'effets
que Ses ménages concernés sont modestes, car ils auront tendance à
faiblement épargner tout nouveau revenu (on parle de forte propension à
consommer).
Mais, s'il suffisait de « distribuer » de pouvoir d'achat pour
accélérer la croissance, la politique budgétaire serait fort simple. Quantité
d'effets négatifs peuvent contrecarrer, voir inverser une telle politique par
exemple : Un comportement partiellement ou totalement ricardien des
ménages : au lieu de consommer, les ménages épargnent.
Si la consommation se porte sur des biens importés (parce que les
capacités de production internes ne correspondent pas à la nouvelle
demande), alors la relance est exportée : elle produit ses effets à l'étranger
et non dans le pays.
Une désexcitation à travailler des ménages, si le revenu octroyé
devient intéressant par rapport aux revenus des activités normales. Les
ménages augmentent leur salaire de réserve ou réduisent leur offre de travail,
la main d'œuvre se raréfie, les coûts de production et par suite les prix.
II.2.6.2. La politique d'offre
Si l'Etat diminue ses prélèvements sur les entreprises (baisse
d'impôt, versements d'aide et de subventions), la compétitivité nationale
s'améliorera et les entreprises pourront produire à moindre coûts : dans le
meilleur des cas, elles baisseront alors leurs prix, augmentant indirectement le
pouvoir d'achat et par suite les quantités vendues. Ce qui demandera un
accroissement de capacité de production, donc des investissements et des
offres d'emplois susceptibles de réduire le chômage.
Ce scénario optimiste peut ne pas se réaliser par exemple : Les
entreprises peuvent se contenter d'engranger des bénéfices
supplémentaires ; et de les distribuer à leurs propriétaires ; ceux-ci, à priori,
aisés, n'augmenteraient que peu leur demande ; pire encore, dans le
contexte d'une économie ouverte, les propriétaires peuvent être des
étrangers, la politique d'offre produisant alors sa relance à l'étranger tandis
que le pays n'en conserve que les mauvais aspects.
~ 39 ~

Pour financer cette politique, le gouvernement devra par


exemple accroî tre sa pression fiscale sur les ménages qui devront alors
baisser leur consommation, donc la demande et les entreprises n'auraient
alors pas de marché.
II.2.7. LES STABILISATEURS BUDGETAIRES AUTONOMES
Les recettes et les dépenses publiques exercent spontanément
une action contra-cyclique sur l'activité économique, c'est-à-dire
d'atténuation des aléas de la conjoncture économique.
En effet, si une grande partie des dépenses publiques sont
indépendantes des variations à court terme de l'activité économique
(exemple : les dépenses de rémunération et de retraite des fonctionnaires).
Certaines d'entre elles sont en revanche mécaniquement liées à la
conjoncture. C'est notamment le cas des dépenses d'indemnisation du
chômage ou des prestations sociales variées sous condition de ressources,
qui augmentent quand l'activité économique se dégrade.
On considère ainsi que l'élasticité des dépenses publiques à la
conjoncture est comprise entre 0,1 et 0,3 ; autrement dit, les dépenses
publiques ont tendance à augmenter spontanément de 0,1 à 0,3 point
lorsque la croissance ralentit d'un point.
Lorsque l'activité économique ralentit, les dépenses publiques ont
tendance à s'accélérer tandis que les entrées de recettes ralentissent
mécaniquement, ce qui provoque une détérioration du solde budgétaire.
Dès lors, le montant de recettes publiques diminue et le volume de dépenses
publiques augmente.
La détérioration de l'activité économique provoque alors un
transfert de revenu des administrations publiques vers les entreprises et les
ménages, ce qui atténue mécaniquement l'effet du ralentissement
économique sur les revenus de ces derniers.
A l'inverse, en période de forte expansion économique, les
prélèvements fiscaux et sociaux augmentent mécaniquement tandis que les
dépenses diminuent, ce qui a tendance à freiner la croissance de la
demande intérieure.
Par conséquent, les recettes et les dépenses publiques
fonctionnent comme les stabilisateurs automatiques parce qu'elles
contribuent à amortir les variations conjoncturelles de l'activité économique.
Cependant, ce mécanisme de stabilisation automatique ne modifie pas leur
comportement de consommation et si les taux d'intérêt ne sont pas affectés
par la croissance publique en période de récession.
~ 40 ~

II.2.8. Les limites de la politique budgétaire


De plus, la demande supplémentaire permise par l'augmentation
des dépenses publiques doit s'adresser en priorité aux producteurs nationaux.
Or, compte tenu de l'ouverture croissante des économies, l'effet de «
multiplicateur keynésien » s'est réduit au cours des dernières décennies et
profite désormais davantage aux producteurs étrangers.
 Par ailleurs, l'accumulation des déficits budgétaires vient gonfler
l'encours de dette publique et augmenter les charges futures de l'Etat;
or, plus un Etat est endetté, plus la charge de cette dette est élevée.
Celle-ci pèse d'autant plus sur son budget qu'un niveau de dette
important entraî ne des taux d'intérêt élevés lorsque l'Etat veut
contracter de nouveaux emprunts. A terme, le poids de la dette peut
ainsi devenir insoutenable par rapport au niveau des recettes de l'Etat.
 En outre, les délais liés à la prise de décision font que les effets de la
politique budgétaire peuvent être inadaptés à la conjoncture au
moment où ils affectent les décisions des agents économiques.
 De plus, certaines dépenses publiques sont particulièrement rigides et
donc, difficilement réversibles en cas de retournement de la
conjoncture.
Enfin, en théorie, les politiques budgétaires nationales demeurent
le principal instrument pour faire face à des chocs économiques potentiels
car les gouvernements nationaux ne peuvent plus recourir à la politique
monétaire pour influer sur les variations de la conjoncture économique dans
le cadre de l'Union Economique et Monétaire (UEM).
Mais en réalité, les contraintes fixées par le traité de Maastricht et
le pacte de stabilité et de croissance limitent l'utilisation de la politique
budgétaire en fixant un seuil maximal de déficit des administrations publiques
à 3% du PIB en cas de ralentissement déjà croissance.
Cette mesure se justifie par la volonté d'éviter qu'un pays fasse
porter les effets négatifs de sa politique budgétaire (hausse des taux
d'intérêts et du taux de change) sur l'ensemble du pays.
II.2.9. LES CONTRAINTES DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
Elles sont considérables et se déclinent en contraintes internes et
externes.
II.2.9.1. Les contraintes internes
Les dilemmes de la politique budgétaire découlent de son
utilisation comme instrument de politique économique pour atteindre des
objectifs.
~ 41 ~

Le dilemme inflation/chômage est l‟un des plus célèbres des


dilemmes en économie qui a été révélé à la suite des travaux de
l‟économiste britannique Philips en 1958.
En effet, il est établi que toute poursuite de l‟un des deux objectifs
(inflation ou chômage) se fait au détriment de l‟autre. C‟est ainsi que le
déficit budgétaire en poursuivant le plein-emploi, conduirait à une hausse
des salaires sur le marché du travail, et donc à une hausse des prix, pour que
se rétablissent les profits de l‟entreprise.
Même si cette allégation a perdu de sa verve par la suite avec le
phénomène de stagflation observée dans les années 70, depuis le début des
années 90, la liaison inflation-chômage semble correspondre à la logique de
Philips. A cela nous ajoutons les contraintes des capacités de production, les
contraintes de financement de la protection sociale.
II.2.9.2. Les contraintes d’ordre externe
Souvent plus nombreuses et plus fortes que les contraintes internes,
du fait de la mondialisation et de l‟interdépendance des économies
nationales. Les politiques de relance de l‟activité sont souvent utilisées pour
favoriser la croissance économique.
Ces politiques visent à assurer un soutien à la consommation
et/ou à l‟investissement. L‟instrument de prédiction est alors la politique
budgétaire.
Mais, ces politiques se heurtent malheureusement à la hausse des
importations (équipement), préjudiciable à l‟équilibre extérieur. Les effets de
la croissance sur l‟équilibre extérieur dépendent de l‟élasticité des
importations par rapport au PIB. De plus, si l‟activité est restreinte chez les
principaux partenaires commerciaux du pays, la croissance de la production
nationale aura toutes les difficultés à trouver des débauchés extérieurs42.
Le maintien de Pierre Mauroy et de Jacques Delors dissimule une
rupture radicale : L'abandon des politiques d'inspiration keynésienne. Le
choix de nouveaux objectifs poursuivis par d'autres méthodes.
Cette rupture est faite à partir d'un double constat :
 En régime de change fixe la politique monétaire est contrainte par le
respect de la stabilité des taux de change, c'est la relation exprimée
par le triangle d'incompatibilité de Mundell.

42
MIKOMBE, T., Politique budgétaire et problématique de la croissance inclusive
en RDC de 2002 à 2004, Mémoire de licence, inédit, FASEG, UNIKIN,
2014-2015
~ 42 ~

 Une politique de relance budgétaire peut entraî ner une crise de


l'investissement si la part des profits dans le partage de la valeur
ajoutée est insuffisante, c'est l'adoption du précepte qualifié de
théorème de Schrnidt. suivant lequel : «les profits d'aujourd'hui sont les
investissements de demain donc les emplois d'après-demain ».
En somme, si la politique budgétaire reste un instrument utilisable,
il faut dire que son efficacité dépende de la prise en compte de plusieurs
contraintes et limites lors de sa mise en œuvre et notamment en République
Démocratique du Congo.
II.2.10. LA NON LINEARITE DES EFFETS DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
II.2.10.1. Arguments théoriques
Dans la tradition keynésienne, la régulation de la croissance
économique par l'Etat passe par des actions budgétaires contra-cycliques.
Cette perspective amène les pouvoirs publics à soutenir l'activité dès lors que
la demande des agents est déprimée et à la freiner lorsque son
emballement fait craindre déséquilibres internes et externes.
On observera cependant qu'entre 1973 et 1982, les finances
publiques africaines ont été structurellement déficitaires, en contradiction
avec la logique contra-cyclique d'intervention de l'Etat. Jusqu'ici, peu d'Etats
africains ont d'ailleurs été capables de lisser la dépense en épargnant dans
les moments de boom des matières premières et en désépargnant dans une
conjoncture défavorable. Sur la période d'observation, c'est à dire en aval
de 1986, compte tenu des déséquilibres de départ et de l'importance de la
dette contractée, on peut donc s'interroger sur la nature de ces effets
keynésiens, le doute s'étant d'ailleurs généralement installé quant à
l'efficacité du volontarisme budgétaire.
En partant de l'intuition initiale de Ricardo, Barro (1974) a
contribué à réfuter la thèse de l'efficacité de l'action budgétaire sur les
variations conjoncturelles. Par le principe de l'équivalence ricardienne, le
secteur privé intègre dans son calcul économique la contrainte budgétaire
inter-temporelle du secteur public. Si les agents s'attendent à rembourser la
dette consécutive aux déficits, l'action de l'Etat n'affecte pas le produit
intérieur. En effet, l'anticipation du remboursement de la dette suscite une
diminution de la dépense privée instantanée et fait du déficit public un
simple transfert inter-temporel.
En d'autres termes, le revenu net d'impôt du secteur privé
s'accroî
t aujourd'hui pour se réduire demain. Il en résulte un revenu
permanent inchangé.
~ 43 ~

Ainsi, alors que dans la logique keynésienne, la réduction, du


déficit budgétaire devrait produire une contraction de la demande globale
et agir négativement sur l'output gap, la nouvelle économie classique est
davantage portée à supposer la neutralité de cette politique.
En réduisant aujourd'hui la dépense publique, l'Etat crée les
conditions d'une baisse du taux de prélèvement fiscal ultérieur qui peut
soutenir une demande privée compensatrice.
Le principe de cette équivalence ricardienne repose toutefois sur
des hypothèses restrictives, en particulier pour les pays en développement
où les marchés de l'assurance et du crédit sont imparfaits et les impôts
fortement distorsifs. Par ailleurs en Afrique les contraintes de liquidité limitent
la possibilité pour les agents de lisser leur consommation dans le temps. Celle-
ci dépend donc davantage du revenu courant que du revenu permanent.
Des auteurs ont récemment renouvelé la réflexion en postulant
qu'une contraction budgétaire pouvait même avoir un effet positif sur
l'activité économique.
Leur hypothèse procède de l'observation des expériences
contractionnistes conduites, dans les années quatre-vingt, par certains pays
de l'Europe du Nord. Point commun à ces économies, la réduction de la
dépense publique a été à la fois forte, rapide et durable (au moins trois ans)
et conjuguée a un effet expansif sur l'activité intérieure (e.g. Liau, 1999).
Ce phénomène suggère des non-linéarités synonymes de
coexistence de différents régimes budgétaires : keynésïen, non-keynésien et
anti-keynésien. Plusieurs explications, mutuellement non exclusives, ont été
apportées à ce phénomène.
La première que l'on doit aux travaux de Giavazzi et Pagano
(1990), mais également de Blanchard (1990), porte l'éclairage sur l'existence
d'un « effet de signal » autour de la solvabilité retrouvée des finances
publiques qui modifierait la formation des anticipations des agents privés.
Une baisse permanente des dépenses publiques annonce une
baisse future des impôts. Elle est donc à l'origine d'un effet de richesse positif.
De manière analogue, un accroissement présent des impôts pourrait être le
signe que les agents supporteront des ajustements budgétaires moins sévères
dans le futur.
~ 44 ~

En regard de l'efficacité, l'action de rééquilibrage budgétaire par


la contraction de la dépense serait préférable dans la mesure où une
augmentation des impôts pose un problème de crédibilité inter–temporelle
et suscite des effets d'offre non négligeables à travers des prélèvements
fiscaux distorsifs (Giavazzi et alii., 2000)43.
Une seconde explication du caractère expansif de la contraction
budgétaire est développée par Bertola et Drazen (1993) et ultérieurement
par Sutherland (1997) dans un modèle à générations imbriquées.
Pour ces auteurs, la non-linéarité de la politique budgétaire peut
résulter d'un seuil psychologique d'endettement, d'un niveau de dette
publique rendant l'ajustement budgétaire inévitable. Confrontés à un
endettement public soutenable, les agents supposent que le remboursement
de la dette reposera sur Ses générations futures.
Dans ce cas un déficit a des effets keynésiens. En revanche, en
présence d'une dette jugée non soutenable, les agents s'attendent à
supporter eux-mêmes le poids des remboursements, de sorte que les effets
du déficit deviennent non keynésiens ou anti-keynésiens.
L'importance du seuil de la dette se dessine dans ce courant de
littérature, mais également les hypothèses sur lesquelles les agents fondent la
formation de leurs anticipations, en l'occurrence le caractère non
monétisable et non répudiable de la dette.
Ces hypothèses sont sans doute pertinentes pour les pays
membres de la zone franche, encore que des phénomènes de hasard moral
puissent être présents par des anticipations de moratoires ou de remises de
dettes extérieures qui modifieraient les comportements privés.
La portée de ces phénomènes est toutefois à relativiser. La plus
importante remise de dettes, l'initiative envers les Pays Pauvres et Très
Endettés (PPTE), a été à la fois récente, exogène et suffisamment générale
pour ne pas avoir été liée à des situations financières et des comportements
stratégiques particuliers à l'Union. Les agents privés n'ont donc pas internalisé
le principe de cette initiative pour former leurs anticipations.

43
PLAIME, P., COMBES, J., L. et TANIMOUNE, N., Les effets non linéaires de la
politique budgétaire : le cas
de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africain, CERD!,
UMR, CNRS, 6587, p. 7-9
~ 45 ~

Les travaux de Caballero et Pyndick (1996) s'inscrivent également


dans la ligne d'investigation des non-linéarités de la politique budgétaire en
relation avec le niveau de la dette. Les auteurs suggèrent qu'en situation
budgétaire « critique », les agents sont non keynésiens. L'incertitude
macroéconomique inhérente à la non-solvabilité des finances publiques les
incite à constituer une épargne de précaution ou à retarder des
investissements générant des coûts irrécupérables en réaction à une
nouvelle dégradation des finances publiques.
II.2.11. DEFICIT BUDGETAIRE ET DEFICIT PUBLIC
Un déficit budgétaire est une situation dans laquelle les recettes
de l'Etat sont inférieures à ses dépenses au cours d'une année. On parle alors
de solde négatif. Un déficit budgétaire n'est pas un signe de mauvaise
gestion. Il peut être dû à une action volontariste de l'Etat, afin de soutenir et
relancer l'activité économique (par la hausse des dépenses ou la diminution
des impôts). Mais une récession peut également aggraver le déficit du
budget car elle entraî ne une baisse des recettes et une hausse de dépenses
(aides aux chômeurs par exemple).
Les déficits publics désignent le solde négatif (dépenses
supérieures aux recettes) du budget de l'Etat, des collectivités locales et de
la sécurité sociale. Dans ce cas, les administrations publiques se trouvent en
situation de besoin de financement. Le financement du déficit public peut se
faire par la création monétaire (risque d'inflation) ou le recours à l'emprunt
(ce qui aggrave la dette publique) dans le pays ou à l'étranger.
Le déficit budgétaire se différencie du déficit public car il
n'englobe pas le solde des recettes et des dépenses des collectivités locales
et de la sécurité sociale. Il équivaut au besoin de financement de l'Etat et se
traduit par le montant des emprunts nouveaux qu'il doit contracter au cours
de l‟année. Les lois financières peuvent prévoir un déficit et autoriser l'Etat à
emprunter à hauteur de ce besoin de financement.
II.2.11.1. Questions de politiques budgétaires dans les pays en
développement
Le renforcement de la croissance dans nombre de pays en
développement ces dernières années a traduit des changements
fondamentaux des politiques économiques. La réorientation des politiques
budgétaires a joué un rôle déterminant à cet égard : elles ont été axées sur
la stabilisation du cadre macroéconomique, le renforcement de l'épargne et
de l'investissement intérieurs et les réformes structurelles dans l'optique du
marché.
~ 46 ~

A cet effet, il a fallu non seulement redoubler de rigueur pour


maî triser les déséquilibres budgétaires, mais aussi réduire le rôle de l'État dans
l'économie de manière à ce que l'intervention des pouvoirs publics ne fasse
pas obstacle au développement du secteur privé.
Le redressement des déséquilibres budgétaires a par ailleurs
facilité la libéralisation économique et les réformes structurelles dans la
mesure où il est devenu moins nécessaire de recourir à des mesures fiscales
et réglementaires génératrices de distorsions pour subvenir aux besoins de
financement public.
Ces améliorations des politiques gouvernementales ont toutefois
été inégales, comme en témoignent les disparités sensibles des
performances économiques d'un pays à l'autre. Certains pays en
développement n'ont guère fait de progrès sur la voie de l'assainissement
budgétaire, ce qui a freiné leur croissance économique et les a rendus plus
sensibles aux aléas des conditions extérieures.
Une action menée sur plusieurs fronts, notamment la réforme du
secteur public, la privatisation des entreprises d'État, la déréglementation du
commerce extérieur et la libéralisation financière, et le renforcement de
l'administration fiscale, aiderait ces pays à relever le niveau de vie de leur
population, à accélérer le rythme du développement et à réduire le risque
de se voir distancé encore davantage par d'autres pays en développement"
qui sont plus avancés dans l'ajustement et les réformes.
Cela dit, tous les pays en développement doivent maintenant
s'employer à préserver les améliorations qu'ils ont apportées à leurs politiques
économiques afin de préserver la stabilité financière, de promouvoir
l'affectation efficiente des ressources, de favoriser la croissance et de tirer
ainsi le meilleur parti de la mondialisation des marchés des capitaux et des
produits tout en limitant au maximum les risques qu'elle présente.
II.2.11.2. Causes fondamentales du déficit budgétaire
Dans des pays en développement, l'aggravation du déficit
budgétaire durant les années 70 et 80 a été surtout due à une expansion
intenable des dépenses publiques - qui ont augmenté bien plus vite que la
base des recettes.
Cette expansion excessive des dépenses publiques peut être
attribuée à diverses causes, notamment à des facteurs extérieurs comme la
hausse des taux d'intérêt mondiaux, qui a alourdi le coût du service de la
dette extérieure, alors que celle-ci augmentait dans les pays en
développement.
~ 47 ~

Pendant les années 80, les gouvernements de nombreux pays


africains, en particulier, ont accordé de larges subventions budgétaires à des
entreprises déficitaires qui relevaient de domaines d'activités tels que la
commercialisation et la distribution de produits agricoles dans lesquels on ne
peut guère constater de défaillance manifeste du marché ainsi que des
appuis quasi budgétaires aux banques centrales dont les opérations
comprenaient l'allocation de devises à des taux préférentiels et de crédits
subventionnés aux entreprises nationales.
L'intervention de l'Etat dans l'affectation du crédit était aussi de
Règle dans de nombreux pays d'Asie prospères, au début des années 80,
bien que dans des pays comme la Corée, le crédit subventionné fût surtout
affecté à des industries d'exportation qui devaient passer l'épreuve de la
concurrence internationale et en Indonésie, les mesures de contrôle du
crédit ont été sensiblement assouplies.
Dans un grand nombre de pays, la mauvaise gestion et le
manque de responsabilité du secteur public ont contribué au fait que les
dépenses publiques sont mal maî trisées et qu'elles ne sont pas affectées de
façon rationnelle et équitable en fonction des besoins prioritaires de la
société.
Les dépenses de prestige, celles qui récompensent les groupes
politiquement influents ou ne profitent qu'à une faible minorité souvent au
détriment des prestations de services sociaux essentiels s'expliquent
largement par les asymétries entre les coûts et les avantages politiques qui
sont associés à la fiscalité et aux dépenses.
Dans les pays qui ont un régime démocratique, on observe
généralement une synchronisation des politiques d'expansion budgétaire et
du cycle électoral, surtout en matière de dépenses.
Il peut être difficile de revenir sur ces augmentations des
dépenses qui répondent à des motivations politiques, surtout si elles ont
produit un accroissement de l'emploi dans le secteur public ou dans les
institutions, quasi publiques.
Dans les pays qui enregistrent une croissance relativement forte,
comme nombre de pays d'Asie et d'Amérique latine, le déséquilibre
budgétaire correspond souvent à des besoins accrus d'investissement dans
l'infrastructure, de valorisation des ressources humaines par les dépenses de
santé et d'éducation et d'amélioration des services publics, ce qui implique
notamment des dépenses salariales dans le secteur public.
~ 48 ~

Les dépenses dans ces domaines, lorsqu'elles sont bien conçues


et affectées de façon rationnelle, peuvent augmenter la productivité du
secteur privé et favoriser la croissance. Dans certains cas, la participation du
secteur privé à la mise en place d'infrastructures et à la prestation d'autres
services publics peut aider à limiter les besoins de dépenses publiques mais,
d'une manière générale, les déséquilibres budgétaires exigent que les
dépenses soient contenues ou réduites dans d'autres domaines.
Dans de nombreux pays en développement, les pertes des
entreprises publiques se sont souvent ajoutées au déficit du budget de l'État :
c'est l'une des raisons pour lesquelles les comptes de l'administration centrale
peuvent donner une image optimiste des finances publiques, tout
particulièrement à court terme. Au Kenya, par exemple, les pertes accusées
dans les années 80 par le National Céréales and Produce Board équivalant à
environ 5% du PIB par an ont été prises en charge par l'administration
centrale, mais avec un certain décalage. En Inde, le financement des pertes
des entreprises publiques représentait un coût équivalant à presque 1,5% du
PIB par an pour l'administration centrale, au début des années 90.
Un grand nombre d'activités du secteur public, comme les
opérations de la banque centrale ou les subventions implicites que constitue
la garantie par l'État des emprunts contractés par les entreprises publiques,
n'entraî
nent souvent pas de dépenses budgétaires immédiates ; ces
opérations quasi budgétaires donnent souvent lieu à la création
d'engagements conditionnels ou d'obligations non consolidées.
C'est là une autre raison pour laquelle en considérant le rapport
des dépenses de l'administration centrale au PIB, qui est en général deux fois
plus faible environ dans les pays en développement que dans les pays
industrialisés, on risque de sous-estimer sensiblement le degré d'intervention
du secteur public dans l'économie. La difficulté de mobiliser des recettes
fiscales par la voie budgétaire explique souvent que les pouvoirs publics
recourent en partie à des moyens quasi budgétaires pour atteindre des
objectifs de finances publiques44.
II.2.11.3. Problème de mobilisation des recettes
Les problèmes budgétaires sont souvent aggravés dans les pays
en développement par la présence d'un large secteur d'activité
économique informelle (ou «souterraine »).
44
Vito Tangi, « government role and the efficiency of policy instruments »,
document du travail du FMI 95/100 (octobre 1995)
~ 49 ~

L'activité informelle, qui est généralement le résultat de contrôles


de prix omniprésents, de taux d'imposition élevés et de structures
institutionnelles et administratives déficientes, accroî
t souvent le dynamisme
de l'économie mais elle réduit aussi la base d'imposition.
Les possibilités d'imposer le secteur formel aussi bien que le
secteur informel sont également réduites si l'administration de l'impôt et les
capacités de recouvrement ne sont pas suffisamment développées.
A cause de ces difficultés, la plupart des pays en développement
ont dû recourir très largement aux impôts sur le commerce international et sur
les produits intérieurs. Globalement, les impôts sur le commerce extérieur ont
représenté dans les pays en développement presque 30% des recettes
fiscales totales pendant la période 1975-1990, contre seulement 3% dans les
pays industrialisés45.
Dans bien des pays en développement à plus forte croissance,
tout particulièrement en Asie et en Amérique latine, l'importance relative des
droits d'entrée et des taxes à l'exportation a pu être réduite ces dernières
années, par suite des progrès accomplis dans le domaine de la libéralisation
des échanges et aussi grâce à une réforme de la fiscalité intérieure.
Beaucoup d'autres pays continuent à subir les effets défavorables
d'une politique économique introvertie mais ne lèvent que progressivement
les obstacles aux échanges internationaux, et ce en partie parce que l'État
doit toujours compter sur l'imposition du commerce extérieur pour financer
les programmes de dépenses.
Dans les pays qui sont lourdement tributaires des exportations de
produits de base, les recettes fiscales dépendent beaucoup de l'évolution
des cours de ces produits. La hausse des cours comme cela a été le cas au
début et à la fin des années 80 entraî ne une augmentation des recettes
publiques, à la fois directement dans les pays où l'État a le contrôle des
secteurs des produits de base et indirectement, par le biais des impôts sur le
commerce extérieur et les revenus.
Dans un certain nombre de pays exportateurs de produits de
base, les pouvoirs publics ont eu tendance à utiliser ces bénéfices
exceptionnels pour financer des dépenses à caractère pro-cyclique, ce qui
leur a valu des déficits budgétaires intenables lorsque les cours de ces
produits sont retombés.

45
HOWELL H., Les reformes budgétaires dans les pays en développement, Université
nationale de Séoul, Séoul, Corée, octobre 1994, p. 127
~ 50 ~

Dans certains pays producteurs de café, comme le Kenya et la


Tanzanie, l'expansion induite par les fortes hausses des cours survenues à la
fin des années 70 et au début des années 80 s'est soldée par un
alourdissement durable de la charge de la dette tant intérieure qu'extérieure,
surtout parce que les bénéfices exceptionnels ont servi à financer des
dépenses du secteur public à rendement faible ou nul.
De nombreux pays exportateurs de pétrole ont connu le même
genre de situation. En fait, au Mexique, au Nigeria et au Venezuela, après les
hausses des prix du pétrole de la fin des années 70, les emprunts extérieurs
ont augmenté bien avant que les prix du pétrole commencent à retomber.
II.2.11.4. Conséquences pour la croissance et le développement
économique
La relation entre la politique budgétaire et les performances de
l'économie à long terme dépend de plusieurs facteurs. La politique
budgétaire favorisera la croissance économique si les dépenses publiques
sont axées sur l'accroissement du stock de capital productif et sur la
valorisation des ressources humaines, si les services fournis par l'État
complètent l'activité du secteur privé, si le déficit budgétaire n'exerce pas un
effet d'éviction sur l'investissement du secteur privé, si le déficit n'a pas des
conséquences défavorables pour la stabilité macroéconomique et, enfin, si
les mesures de réforme structurelle propres à susciter l'adaptation de l'offre
du secteur privé sont prises parallèlement.
Dans de nombreux pays, les faibles taux d'épargne nationale et
d'investissement sont principalement dus aux déséquilibres budgétaires et,
par ailleurs, les contrôles des taux d'intérêt et du crédit, dont l'application vise
en partie à faciliter le financement du déficit budgétaire, contrarient souvent
le développement et l'efficience du système financier intérieur.
Dans certains cas, les pouvoirs publics peuvent être en mesure de
recourir à l'épargne étrangère, souvent pendant des périodes relativement
longues, mais l'intensification des déséquilibres extérieurs sans que des
investissements intérieurs productifs soient effectués en contrepartie rend le
pays plus vulnérable à un tarissement soudain des apports de capitaux, et
aux effets perturbateurs qu'il exercerait sur la politique et l'activité
économiques.
 Instabilité macro-économique
Dans nombreux pays en développement, les déséquilibres
budgétaires constituent la cause fondamentale de l'instabilité
macroéconomique qui, elle-même, assombrit les perspectives de croissance.
~ 51 ~

Dans les pays où les déséquilibres budgétaires sont importants et


semblent intenables, l'éventualité d'une réorientation de la politique
économique, notamment d'une augmentation des impôts, de réductions
des dépenses et d'ajustements des taux d'intérêt et de change est une
source d'incertitude propre à affaiblir la confiance et à réduire les dépenses
d'investissement du secteur privé.
En Inde, par exemple, la crise de change survenue au début des
années 90, surtout à cause d'une intensification rapide des déséquilibres
internes et externes, s'est soldée en 1991-92 par une contraction de 4% de
l'investissement fixe brut, lequel ne s'est rétabli que progressivement au cours
des deux années suivantes.
Dans les pays en développement, des lourds déficits budgétaires
vont aussi de pair avec une forte inflation, surtout parce qu'en général, ils
sont largement financés par l'expansion monétaire.
Durant les années 80, divers pays d'Amérique latine, comme
l'Argentine, le Brésil et le Mexique, ont enregistré des taux d'inflation très
élevés, en grande partie à cause de déficits budgétaires considérables qui
ne pouvaient pas être financés par l'emprunt sur les marchés des capitaux,
intérieurs ou internationaux.
Bien que l'inflation reste relativement forte dans certains pays, elle
a sensiblement diminué en moyenne, ces dernières années, dans les pays en
développement, surtout grâce aux vigoureux programmes d'assainissement
budgétaire.
Deux cas exemplaires à cet égard sont celui de l'Argentine, où
l'inflation sur douze mois avait été ramenée à 1,5% à la fin de 1995, contre
plus de 2000% au début de la décennie, et celui du Brésil, où le taux
d'inflation moyen mensuel a été ramené de plus de 40% au premier semestre
de 1994 à environ 1,5% en 1995.
La politique budgétaire et l'inflation sont aussi liées par le fait
qu'une inflation rapide peut constituer une source importante, sinon viable,
de recettes budgétaires par le biais du seigneuriage qui devient ainsi
essentiellement un moyen de percevoir une «taxe d'inflation ».
Dans un certain nombre de pays en développement, notamment
le Ghana et la Zambie, la taxe inflationniste a constitué durant les années 80
une source importante de recettes budgétaires. À terme, l'accélération de
l'inflation réduit toutefois l'attrait des avoirs monétaires intérieurs, ce qui finit
par limiter le volume des recettes pouvant être mobilisées de cette manière.
~ 52 ~

Depuis les années 70, le ralentissement de l'inflation a réduit le


volume des recettes obtenues de cette source. Les pouvoirs publics de
nombreux pays en développement sont intervenus sur les marchés des
capitaux pour tenter de financer le déficit à des taux inférieurs à ceux du
marché ; ces interventions, qui constituent un obstacle majeur au
développement du secteur financier, empêchent les marchés des 18. Le
seigneuriage comprend la taxe d'inflation la réduction due à l'inflation, du
pouvoir d'achat conféré par les encaisses en monnaie centrale détenue par
le secteur privé et les variations autonomes des encaisses réelles en monnaie
centrale.
Capitaux de remplir pleinement leur fonction d'intermédiation et
limitent le volume du crédit dont peut disposer le secteur privé. Bien que
certaines dispositions réglementaires visant les marchés des capitaux
répondent à des considérations prudentielles, beaucoup d'autres, comme
les plafonds de taux d'intérêt ou l'application aux établissements financiers
de coefficients de liquidité ou de réserves obligatoires sous-rémunérées, ont
pour principal objet de procurer à l'État des financements à des taux
inférieurs à ceux du marché. Il est difficile d'estimer le montant des recettes
effectivement générées par ces dispositions étant donné que l'ampleur de la
subvention dépend de l'écart entre le taux d'intérêt réglementé et celui qui
résulterait d'une libre détermination, il est toutefois manifeste que dans de
nombreux pays, les recettes procurées par la répression financière peuvent
être considérables.
De nombreux pays en développement sont parvenus à maintenir
pendant plusieurs années des déficits budgétaires relativement importants,
atteignant presque 10% du PIB en moyenne dans certains cas.
Des déficits de cette ampleur ont toutefois peu de chances d'être
viables parce que l'expansion de la dette publique ne peut pas être plus
forte, à long terme, que la croissance économique.
De surcroî
t, si les pouvoirs publics tardent à prendre des mesures
d'ajustement, celles-ci leur seront finalement imposées par les marchés des
capitaux, ce qui risque de provoquer un ralentissement considérable de la
croissance.
Durant les années 80, le déficit budgétaire du Pakistan, qui
dépassait 7% du PIB en moyenne, a été en grande partie financé par une
stricte réglementation des marchés financiers, par une expansion monétaire
relativement forte et par l'emprunt extérieur, pendant cette période, le taux
de croissance s'est lui aussi établi à environ 6% par an en moyenne.
~ 53 ~

Or, au début des années 90, des conditions défavorables à l'offre


ont portées le déficit budgétaire à plus de 9% du PIB et l'alourdissement de la
charge de la dette extérieure a fini par provoquer en 1993 une crise sur les
marchés des capitaux et des changes, suivis d'un ralentissement prononcé
de la croissance dont le taux s'est établi à environ 2,5%. L'ampleur du
déséquilibre budgétaire a aussi contribuée à la crise financière survenue en
1994 en Turquie, qui s'est soldée par une forte contraction des financements
extérieurs disponibles et par une profonde récession; la production s'est
contractée de 4,5% en 1994 alors que l'année précédente, le pays affichait
un taux de croissance de plus de 8%.
II.2.12. ESTIMATION DE LA SITUATION APPARENTE D'ECONOMIE
Dans cette section nous soulevons quelques points de Reppert
pour visualiser la politique économique de la RDC à court terme selon le
model présenté par Nicolas Kaldor.
II.2.12.1. Carré magique
La représentation graphique imaginée par l'économiste Nicolas
Kaldor pour l'OCDE, résumant la situation conjoncturelle d'un pays à partir de
quatre indicateurs :
 Le taux de croissance du PIB ;
 Le taux de chômage ;
 Le taux d'inflation (ou taux de croissance des prix à la consommation) ; et
 Le solde de la balance des transactions courantes (en pourcentage du
PIB).
Ces quatre indicateurs, dont la représentation graphique
constitue les quatre côtés du carré, correspondent à quatre objectifs
fondamentaux de la politique économique :
 La croissance économique ;
 Le plein emploi de la main-d'œuvre ;
 La stabilité des prix ; et
 L'équilibre des échanges extérieurs.
Cependant, la construction du carré ne va pas sans difficultés qui
tiennent en particulier aux échelles retenues pour chacun des indicateurs,
ces échelles étant choisies de façon arbitraire, le plus souvent en fonction de
la situation économique du moment. La forme optimale du carré reflète les
objectifs retenus a priori pour apprécier les résultats de la politique
économique mise en place.
~ 54 ~

Ce carré est qualifié de magique car l'expérience montre qu'il est


très difficile d'atteindre simultanément les quatre objectifs, du moins à court
terme : une politique de désinflation compétitive peut provoquer une
augmentation du taux de chômage ; une politique de relance de l'activité
économique destinée à réduire le chômage risque d'avoir des
conséquences inflationnistes et d'entraî ner un déficit du commerce extérieur.
Plus la surface du quadrilatère correspondant aux statistiques d'un
pays à une période donnée s'éloigne de la surface théorique du carré
magique, plus la situation se détériore. La modification du quadrilatère dans
une direction particulière fournit de plus une indication sur l'efficacité de la
politique économique (par exemple, déformation vers l'Ouest si la lutte
contre le chômage réussit).
SECTION 3 : NOTIONS SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
L'activité économique ne connaî t pas un rythme de croissance
stable dans le temps. A des périodes de forte activité succèdent des phases
de ralentissement économique pouvant même se transformer en récession
économique. La science économique s'est donc efforcée de trouver des
modèles permettant d'expliquer et donc d'agir sur la variation du taux de
croissance.
II.3.1. LA NOTION DE LA CROISSANCE EN SCIENCES ECONOMIQUES
II.3.1.1. Définition
La croissance économique traduit la variation quantitative,
durable, auto-entretenue et non réversible de la production de biens et
services. Si, dans le langage courant, on emploie souvent le terme de «
croissance » dans le cadre d'évolutions à court terme, les économistes
l'utilisent conventionnellement pour décrire une augmentation de la
production sur le long terme.
Selon la définition de François Perroux, la croissance économique
correspond à « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes
longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net
en termes réels »46.
A court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'«
expansion », qui s'oppose à « récession », et qui indique une phase de
croissance dans un cycle économique. La croissance potentielle estime
l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une
pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au
plus fort d'une expansion.
46
François Perroux, Dictionnaire économique et social, Hatier, 1990, p. 65
~ 55 ~

Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement


de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à
l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie
en développement.
Ces transformations au sens large sont, conventionnellement,
désignées par le terme de « développement économique ». Selon François
Perroux, «le développement est la combinaison des changements mentaux
et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croî tre, cumulativement
et durablement, son produit réel global » . Dans ce cas, le terme de «
47

croissance » doit alors s'appliquer plus particulièrement aux économies déjà


développés.
II.3.1.2. La formulation de la croissance économique
La richesse d'un pays se calculant à l'aide du PIB. Le taux de
croissance économique est déterminé par le taux de croissance (exprimé
en %) du PIB d'un pays. On distingue de plus :
 La croissance en volume de la production : qui mesure la variation des
quantités de biens et services produits.
 La croissance en valeur : qui tient compte en plus de la variation des
prix des biens et services produits.
D’où le taux de croissance du PIB est exprimé par :

Valeur du PIB de l'année 2 - Valeur du PIB de l'année 1


Valeur du PIB de l'année 1

D'où le PIB, offre une certaine mesure quantitative du volume de


la production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise
également la parité de pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le pouvoir
d'achat dans une monnaie de référence. Mais pour comparer la situation
d'un pays à des époques différentes on peut également raisonner à
monnaie constante.
Ainsi, Le taux de croissance constant est exprimé par :

Indice de la population courante X 100


Indice des prix

47
François Perroux, Op. Cit., p. 98
~ 56 ~

L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de


la croissance économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs critiques : il ne
mesure ainsi pas, ou mal, l'économie informelle. D'autre part, s'il prend en
compte la production des services publics gratuits, il ne mesure pas l'activité
de production domestique (ménage, potagers, etc.).
Selon la boutade d'Alfred Sauvy, il suffit de se marier avec sa
cuisinière pour faire baisser le PIB. Enfin, il ne prend en compte que les valeurs
ajoutées, et non la richesse possédée, par un pays. Une catastrophe
naturelle (Katrina détruisant la Nouvelle-Orléans, par exemple), qui détruit de
la richesse, va pourtant contribuer au PIB à travers l'activité de reconstruction
qu'elle va générer. Cette contribution ne reflète pas la destruction antérieure,
ni le coût du financement de la reconstruction. Cette contradiction était
dénoncée dès 1850 par l'économiste français Frédéric Bastiat qui dans son
Sophisme de la vitre cassée écrivait que «la société perd la valeur des objets
inutilement détruits », ce qu'il résumait par : “destruction n'est pas profit” 48.
Dans son acception classique, le développement économique
ne se résume pas à la seule croissance économique et des indicateurs ont
été proposés pour mesurer plus finement celui-ci, comme l'indice de
développement humain.
Il faut donc se rappeler les égalités suivantes :
Croissance nominale = croissance en valeur = croissance à prix courants
Croissance réelle = croissance en volume = croissance à prix constants
II.3.1.3. Les modalités de la croissance
La croissance économique dépend à la fois de l'augmentation
des quantités de facteurs de production utilisés dans le processus productif,
mais aussi de l'amélioration des techniques de production permettant de
produire plus de biens et services avec les mêmes quantités de facteurs de
production.
On peut alors distinguer :
a) Croissance extensive : permise grâce à l'augmentation des quantités
de facteurs de production utilisés (ouverture de nouvelles usines...).
b) Croissance intensive : augmentation de la production à volume de
facteurs de production identiques (grâce à des gains de productivité).
La Croissance extensive, c'est celle qui se traduira par des
créations d'emplois ce qui n'est pas le cas si la croissance économique est
intensive.
48
Frédéric Bastiat, Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, chapitre 1 : la vitre
cassée, 1850, p. 64
~ 57 ~

II.3.1.4. Les déterminants de la croissance


On peut distinguer plusieurs types de déterminants à la
croissance 49 : richesses naturelles, environnement extérieur, population,
innovation, investissement, connaissance, cohérence du développement.
Les principales conclusions des travaux de Xavier Sala-i-Martin,
économiste espagnol spécialiste de la croissance, confirment qu'il n'y a pas
qu'un seul déterminant simple de la croissance économique50.
D'après Xavier Sala-i-Martin, le niveau initial est la variable la plus
importante et la plus robuste. C'est-à-dire que, dans la plupart des cas, plus
un pays est riche, moins il croî t vite. Cette hypothèse est connue sous le nom
de « convergence conditionnelle ». Il considère également que la taille du
gouvernement (administration, secteur public) n'a que peu d'importance.
Par contre la qualité du gouvernement a beaucoup
d'importance : les gouvernements qui causent l'hyperinflation, la distorsion
des taux de change, des déficits excessifs ou une bureaucratie inefficace qui
aboutissent à des très mauvais résultats. Il ajoute également que les
économies plus ouvertes tendent à croî tre plus vite.
Enfin, l'efficience des institutions est très importante : des marchés
efficients, la reconnaissance de la propriété privée et l'état de droit sont
essentiels à la croissance économique. Il rejoint en cela les conclusions
d'Hernando de Soto51.
II.3.1.5. Les facteurs de la croissance
La fonction de production repose sur l'utilisation des facteurs de
production travail et capital. La croissance dépend donc des quantités de
facteurs de production disponibles et de la manière dont ils sont utilisés.
a) Le facteur travail : la croissance est possible grâce à une augmentation
de la quantité de travail disponible ou par une augmentation de la
qualité du facteur travail utilisé (accroissement de la qualification
moyenne des salariés).
b) Le facteur capital : la croissance se traduit par des Investissements qui
viennent accroî tre ou améliorer le stock de capital technique
disponible ce qui permet une augmentation des quantités de biens et
services produites.
49
Pierre Maillet, La Croissance économique, Presses Universitaires de France,
1976, p. 131
50
Xavier Sala-i-Martin, 15 Years of New Growth Economics : What Have We Learnt ?,
Barcelone, 2002, p. 13
51
Hernando de Soto, Le Mystère du capital : pourquoi le capitalisme triomphe en
Occident et échoue partout ailleurs, 2005, p. 231
~ 58 ~

c) Le progrès technique : qui accroî t la productivité des facteurs de


production utilisés. Près de la moitié de la croissance économique
serait le fait de ce progrès technique.
II.3.1.6. Croissance et développement
La croissance économique, telle qu'elle est calculée, ne mesure
que la variation quantitative d'un agrégat économique, le PIB. Elle n'est
donc pas synonyme de développement au sens propre du terme. Le
développement est une notion abstraite définissant plutôt l'évolution
qualitative d'un pays et se traduisant par des évolutions démographiques,
économiques, sociales ou culturelles. Le développement est généralement
associé à la croissance, mais il peut y avoir croissance sans développement.

CONCLUSION PARTIELLE
Nous voici au terme de notre deuxième chapitre, il a été pour
nous question de donner des notions sur : la politique monétaire, la politique
budgétaire ainsi que sur la croissance économique. Ces derniers
représentent respectivement la première, la deuxième et la troisième section
du présent chapitre qui a traité les notions générales sur les termes phares de
notre thématique de recherche.
~ 59 ~

CHAPITRE TROISIEME : IMPACT DE LA POLITIQUE MONETAIRE ET


LA POLITIQUE BUDGETAIRE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
DE LA RDC
Depuis le début des années quatre-vingt, nous avons assisté à un
recentrage de la politique monétaire, en alignant le volume du stock
monétaire sur les besoins de transactions économiques de façon à maintenir
l‟économie sur un sentier de la croissance de plein emploi compatible avec
un pouvoir d‟achat de la monnaie soutenue et un équilibre extérieur.
Le présent chapitre fait donc l‟objet principal de notre travail, il
porte deux sections à savoir : l‟évolution de la croissance économique à
travers son (PIB) et l‟évolution de la politique monétaire et budgétaire, enfin
l‟analyse économique de la contribution de la politique monétaire sur la
croissance économique.
SECTION 1 : POLITIQUE MONETAIRE ET BUDGETAIRE SUR L’EVOLUTION DE
LA CROISSANCE ECONOMIQUE (PIB)
Dans cette section, il est pour nous question de présenter
l‟évolution de la croissance économique et de la politique monétaire à
travers ces objectifs en République Démocratique du Congo de 2017 à 2021,
mais pour des raisons d‟espace dans cette section, nous allons présenter les
données justes après la réforme monétaire du lancement du franc congolais.
Nous allons chaque fois présenter les données chiffrées dans un
tableau et ensuite, les présenter dans un graphique et nous allons également
tenter d‟interpréter les données que nous avons obtenues lors de nos
recherches, sans donner aucun avis. Il y aura des tableaux de données qui
se limiteront qu‟en 2017.
III.1.1. EVOLUTION DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE.
La croissance économique est l‟accroissement durable de la
production globale d‟une économie. C‟est donc un phénomène quantitatif
que l‟on peut mesurer. C‟est aussi un phénomène de période.
La croissance économique d‟un pays est appréciée par son
produit intérieur brut (PIB). La baisse du pouvoir d‟achat, des consommateurs
a pour conséquences : une faible demande qui découragerait les
investisseurs avec comme conséquence une faible productivité. Ce qui
explique pourquoi le revenu est toujours inférieur dans le pays sous-
développé. Cette faible demande liée à des faibles revenus réels empêche
la réalisation des projets, d‟où le ralentissement de la croissance
économique.
~ 60 ~

Nous allons présenter l‟évolution du produit intérieur brut et le taux


de croissance dans le tableau suivant :
Tableau n°01 : Evolution du produit intérieur brut (PIB) en RDC de 2017 à 2021
(en millions de CDF)
Année PIB Variation annuelle en %
2017 11 461 614,2 3,73
2018 12 128 808,6 5,82
2019 12 660 599,7 4,38
2020 12 880 314,6 1,74
2021 13 682 723,2 6,23
Source : Nous-mêmes à partir des données récoltées dans le rapport annuel
de la BCC de 2021.
De ce tableau, nous remarquons que le produit intérieur brut (PIB)
de la RDC a enregistré une tendance positive pendant notre période
d‟étude. Nous allons représenter cette situation dans le graphique pour une
bonne compréhension.
Graphique n°01 : Evolution du PIB en millions de CDF

Source : Données traitées du même tableau de ce graphique.


L'évolution du produit intérieur brut de la RDC sur cette période
en valeur réelle a accru de 12 660 599,7 millions de CDF soit 4,4% en 2019
contre 12 128 808,6 millions de CDF soit 5,8% en 2018. Alors qu'en 2017 la
valeur réelle était de 11 461 614,2 millions de CDF soit 3,7% contre
12 880 314,6 millions de CDF soit 1,7% en 2020. Et la valeur réelle était de
13 682 723,2 millions de CDF soit 6,2% en 2021.
~ 61 ~

III.1.2. EVOLUTION DE LA POLITIQUE MONETAIRE EN REPUBLIQUE


DEMOCRATIQUE DU CONGO DE 2017 A 2021
Pour bien mener une politique monétaire fiable en RDC, la
Banque Centrale du Congo dispose un cadre opérationnel, analytique et de
suivi. Pour se faire, elle a des instruments qu‟elle met en œuvre à savoir : les
taux d‟intérêts, les coefficients de réserves obligatoires et les appels d‟offre
de billets de trésorerie (émission des bons de trésor).
En cela, il y a des objectifs qui sont assignés par la Banque
Centrale à savoir : objectifs opératoires, intermédiaires et finals.
Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes beaucoup plus
intéressés aux objectifs que la Banque Centrale du Congo définit pour
réaliser ces missions et attributions tels qu‟ils l‟ont été assigné dans la loi
fondamentale de notre pays dans son article 176 : «La Banque Centrale du
Congo est l‟institut d‟émission de la RDC ».
A ce titre, elle a pour mission :
 La garde des fonds publics ;
 La sauvegarde et la stabilité monétaire ;
 La définition et la mise en œuvre de la politique monétaire ;
 Le contrôle de l’ensemble de l’activité bancaire ;
 De conseil économique et financier du gouvernement.
III.1.2.1. Objectifs opératoires
La politique monétaire a pour objectif opératoire la base
monétaire qui est une monnaie Banque Centrale, c'est-à-dire détenue par
les Banques sous formes de billets ou des avoirs à la Banque Centrale.
Nous allons présenter l‟évolution de la base monétaire de la
période allant de 2017 à 2021 dans le tableau suivant :
Tableau n°02 : Evolution de la base monétaire en RDC de 2017 à 2021 (en
millions de CDF)
Année Base monétaire au sens strict
2017 1 952 384
2018 2 470 988
2019 3 027 982
2020 3 646 672
2021 5 401 981
Source : Rapport annuel de la BCC, 2021.
~ 62 ~

La base monétaire de la RDC pendant notre période d‟étude, en


valeur réelle, a accru de 5 401 981 de CDF en 2021 contre 3 646 672 de CDF
en 2020. Alors qu'en 2019 la valeur réelle était de 2 027 982 de CDF contre
2 470 988 de CDF en 2018 pendant que la valeur réelle de la base monétaire
était de 1 952 384 de CDF en 2017.
Cette situation se présente comme suit dans le graphique :
Graphique n°02 : Evolution de la base monétaire en RDC de 2017 à 2021

6000000

5000000

4000000

3000000

2000000

1000000

0
2017 2018 2019 2020 2021

Base monétaire au sens strict

Source : les données du tableau n°02.


Pour la période sous étude, la base monétaire a connu une
augmentation presque linéaire, cette augmentation entraine une diminution
non linéaire de son taux de variation.
III.1.2.1.1. Composantes de la Base Monétaire
La base monétaire est composée d‟un certain nombre
d‟agrégats que nous appelons : «composantes de la base monétaire », à
savoir : circulation fiduciaire, dépôts des banques commerciales et autres
dépôts.
Nous allons présenter l‟évolution des composantes de la base
monétaire de la période allant de 2017 à 2021 dans le tableau suivant :
~ 63 ~

Tableau n°03 : Evolution des composantes de la base monétaire en RDC de


2017 à 2021 (en milliards de CDF)

Composantes de la base
2017 2018 2019 2020 2021
monétaire

Circulation fiduciaire 1 454,8 1 689,8 1 933,6 2 448,9 3 045,2


Dépôts des banques 477,9 767,7 1 083,3 1 174,2 2 325,1
Dépôts en devises 25,6 6,2 5,7 156,2 380,6
Provisions pour importation 6,1 6,0 6,0 7,8 7,3
Source : Rapport annuel de la Banque Centrale du Congo 2021.
De ce tableau, nous remarquons que l‟accroissement de la base
monétaire en 2021 est essentiellement lié au niveau de la circulation
fiduciaire et des dépôts des banques, lesquels ont progressé respectivement
de 98,0% et 24,3%.
Les dépôts en devises ont augmenté, passant de 156,2 milliards
de CDF à 380,6 milliards, à la faveur de l‟accroissement des dépôts en
banques commerciales, en vue d‟assurer la compensation de leurs
opérations en devises dans le système de paiement.
Graphique n°03 : Evolution des composantes de la base monétaire en RDC
de 2017 à 2020 (en milliards de CDF)

Source : Les données du tableau n°03.


~ 64 ~

De ce graphique nous pouvons affirmer que les composantes


prédominantes de la monnaie centrale demeurent la circulation fiduciaire et
les dépôts des banques, à hauteur respectivement de 52,6% et de 40,2%,
contre des niveaux respectifs de 64,3% et 30,8% en 2020. Et durant toutes les
autres années, elles ont manifesté une tendance haussière.
III.1.2.1.2. Contreparties de base monétaire
Les contreparties de la base monétaire que la Banque Centrale
du Congo a toujours tenue comptes sont :
 Les avoirs extérieurs nets ;
 Les avoirs intérieurs nets ;
 Les crédits nets à l’Etat ;
 Les créances sur les banques ;
 Les créances sur le secteur privé et les autres postes nets.
Nous allons présenter l‟évolution des contreparties de la base
monétaire de la période allant de 2017 à 2021 dans le tableau suivant :
Tableau n°04 : Evolution des contreparties de la base monétaire en RDC de
2017 à 2021 (en milliards de CDF)

Contreparties de la base
2017 2018 2019 2020 2021
monétaire

Avoirs extérieurs nets -596,3 -347,5 -684,4 -660,2 2 871,3


Avoirs intérieurs nets 2 580,4 2 830,7 3 724,0 4 470,8 2 918,5
Crédits intérieurs 1 135,3 1 342,1 2 163,7 2 833,9 4 882,5
Crédits nets à l’Etat 456,1 669,2 1 230,9 1 555,2 3 533,5
Créances sur les banques 661,2 647,1 906,1 1 243,3 1 319,4
Autres postes nets 1 445,0 1 488,6 1 560,3 1 636,9 1 964,0
Source : Rapport annuel de la Banque Centrale du Congo 2021.
Ici, nous voyons que la progression de la base monétaire par
rapport à la dernière année de notre étude découle d‟une hausse des avoirs
intérieurs nets et celle des avoirs extérieurs nets. En effet, sous l‟impulsion de la
progression du crédit net à l‟Etat, les avoirs extérieurs nets se sont accrus de
3 531,5 milliards de CDF alors que les avoirs intérieurs nets se sont décrus de
1 552,3 milliards une année avant.
~ 65 ~

Graphique n°04 : Présentation graphique de l’évolution des contreparties de


base monétaire de 2017 à 2020 (en milliards de CDF)

Source : Les données du tableau n°04.


De ce graphique ci-dessus, nous remarquons qu‟en 2021, il y a
une baisse des avoirs intérieurs nets resulté par le recul des autres postes nets,
contrebalancée par une hausse des crédits intérieurs, tirée par le crédit net à
l‟Etat.
III.1.2.2. Objectifs intermédiaires
La politique monétaire a comme objectif intermédiaire la masse
monétaire. La masse monétaire est une grandeur de stock (et non de flux) ;
lorsque l‟on s‟intéresse à l‟évolution de la masse monétaire au cours d‟une
année, on compare donc les stocks à la fin d‟année.
La masse monétaire est détenue par les agents économiques et
les entreprises sont incluses dans la masse monétaire.
La masse monétaire est composée d‟actifs liquides, la liquidité est
la facilité plus ou moins grande, avec laquelle un actif est transformé en
monnaie : la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale sont parfaitement
liquides, les comptes d‟épargnes sont moins, les comptes à court encore
moins.
Considérant que la quantité de monnaie joue en elle-même une
action sur l‟économie, les autorités monétaires se donnent comme objectifs
intermédiaires de contrôler un ou plusieurs agrégats.
~ 66 ~

C’est la raison pour laquelle il existe différents agrégats :


 M1 : pièces et billets en circulation ;
 M2 : M1 + dépôts à vue, (comptes sur livret) ;
 M3 : M2 + dépôts à terme et créances négociables (titres du marché
monétaire).
Les agrégats tentent d‟évaluer le volume des ressources dont
disposent les agents économiques pour acquérir des biens et services. Ils
incluent également les agents non financiers considérés comme une réserve
de pouvoir d‟achat immédiatement disponible parce qu‟ils peuvent être
convertis facilement et rapidement en moyen de paiement sans perte en
capital. Nous allons présenter l‟évolution de la masse monétaire de la
période allant de 2017 à 2021 (en millions de CDF).
Tableau n°05 : Evolution de la masse monétaire en RDC de 2017 à 2021 (en
millions de CDF)
Année Masse monétaire en CDF Variation annuelle en %
2017 7 842 922 47,85
2018 9 843 221 25,50
2019 12 727 488 29,30
2020 19 255 573 51,29
2021 26 774 447 39,05
Source : Nous-mêmes à partir des données récoltées dans le rapport annuel
de la BCC de 2021.
La masse monétaire s'est établit à 26 774 447 millions de CDF soit
7 842 922 en 2017. Cette évolution est essentiellement expliquée par celle
des avoirs intérieurs nets laquelle a enregistré une hausse de crédit en faveur
du secteur privé. Il y a eu expansion de la masse monétaire observée en
2019 qui a connu encore une augmentation en 2020, ensuite cet agrégat
s'est accru de 19 255 573 en 2020 contre 12 727 488 en 2019.
En RDC la masse monétaire accroî t d'une année à une autre, un
accroissement issu d'une variation de la quasi-monnaie plus que
proportionnelle à la variation de la masse monétaire au sens strict.
~ 67 ~

Graphique n°05 : Evolution de la masse monétaire en RDC de 2017 à 2021


(en millions de CDF)

30000000

25000000

20000000

15000000

10000000

5000000

0
2017 2018 2019 2020 2021

Masse monétaire en CDF

Source : nous-mêmes à partir des données du tableau n°05.


III.1.2.2.1. Composantes de la masse monétaire
La masse monétaire est composée de :
 La disponibilité monétaire qui comprend : la circulation fiduciaire et les
dépôts à vue en monnaie nationale ;
 La quasi-monnaie qui comprend : le dépôt à terme en monnaie
nationale, les dépôts en devises et provisions pour paiements des
importations.
Nous allons présenter l‟évolution des composantes de la masse
monétaire de la période allant de 2017 à 2021 dans le tableau suivant :
Tableau n°06 : Evolution des composantes de la masse monétaire en RDC de
2017 à 2021 (en milliards de CDF)
Composantes de la masse
2017 2018 2019 2020 2021
monétaire
Circulation fiduciaire hors banque 1 354,5 1 559,7 1 772,9 2 230,6 2 803,2
Dépôts à vue en M.N. 709,9 835,8 1 039,8 1 408,2 2 861,6
Quasi-monnaie 5 748,5 7 425,1 9 837,0 15 533,3 20 889,8
Dépôts à terme en M.N. 49,0 46,1 66,2 96,5 755,1
Dépôts en devises 5 699,5 7 379,0 9 770,8 15 436,8 20 134,7
Provisions pour importations 30,1 22,6 77,7 83,5 219,8
Source : Rapport annuel de la Banque Centrale du Congo 2021.
~ 68 ~

La majorité de dépôts est faite en devises, qui sont plus préférés


que la monnaie nationale. La composante : «dépôts en devises » a
représenté 75,2% du total de la masse monétaire contre respectivement
10,5% et 10,7% pour la circulation fiduciaire et les dépôts à vue en 2021.
En RDC, la masse monétaire accroî t d'une année à une autre,
un accroissement issu d'une variation de la quasi-monnaie plus que
proportionnelle à la variation de la masse monétaire au sens strict.
Graphique N°06 : Evolution des composantes de la masse monétaire

25000
Circulation fiduciaire
hors banque
20000 Dépôts à vue en M.N.

Quasi-monnaie
15000
Dépôts à terme en M.N.
10000
Dépôts en devises

5000 Provisions pour


importations

0
2017 2018 2019 2020 2021

Source : nous-mêmes à partir des données du tableau n°06.


Nous remarquons dans ce graphique que l‟accroissement de la
masse monétaire en circulation est principalement localisé au niveau des
dépôts en devises qui se sont accrus durant toute notre période d‟étude et
qui a atteint 30,4% en 2021.
III.1.2.2.2. Contreparties de la masse monétaire.
La croissance de la masse monétaire en 2021 est expliquée par
une augmentation des avoirs intérieurs nets et une légère amélioration des
avoirs extérieurs nets. L'évolution des avoirs intérieurs nets est liée à la hausse
des créances sur le secteur privé.
~ 69 ~

Tableau n°07 : Evolution de la contrepartie de la masse monétaire de 2017 à


2021 (en milliards de CDF)
Contrepartie de la masse
2017 2018 2019 2020 2021
monétaire
Avoirs extérieurs nets 2 636,4 3 374,7 4 416,6 9 801,9 17 374,8
Avoirs intérieurs nets 5 206,5 6 468,5 8 310,9 9 453,7 9 399,6
Créances nettes sur l’Etat 342,1 447,9 994,7 1 259,3 2 978,0
Créances au secteur privé 2 914,6 4 248,5 4 907,4 6 194,9 7 282,3
Autres postes nets 1 639,9 1 728,7 1 918,0 1 441,1 -1 487,1
Source : Rapport annuel de la Banque Centrale du Congo 2021.
Les avoirs extérieurs nets s‟établissaient à 2 636,4 milliards de CDF
à la fin de l'année 2017 contre 17 374,8 milliards de CDF en 2021. Cette
évolution est principalement justifiée par une hausse de 7 282,3 milliards de
CDF des créances sur le secteur privé.
Pour ce qui est d'autres postes, ils ont enregistré une hausse de
1 918 milliards de CDF au cours de l'année 2019 avant de chuter avec 1 487,1
milliards de CDF en 2021.
Graphique n°07 : Présentation de l'évolution de la contrepartie de la masse
monétaire de 2017 à 2021 (en milliards de CDF)
20000
Avoirs
extérieurs nets
15000
Avoirs intérieurs
nets

10000 Créances
nettes sur l'Etat

5000 Créances au
secteur privé

Autres postes
0 nets
2017 2018 2019 2020 2021

-5000

Source : nous-mêmes à partir des données du tableau n°07.


~ 70 ~

Ici, nous remarquons que la forte progression de l‟offre de


monnaie a découlé de l‟augmentation des avoirs extérieurs nets à hauteur
de 7 572,9 milliards de CDF, soit 77,3%, atténuée par une légère diminution
des avoirs intérieurs nets de 0,6%, soit 54,1 milliards de CDF en 2021.
III.1.2.2.3. Taux de change
Nous allons présenter l'évolution de taux de change de la période
allant de 2017 à 2021 dans le tableau suivant :
Tableau n°09 : Evolution du taux de change en RDC de 2017 à 2021 (USD vers
CDF)
Taux de change
Années
Devise (USD) Monnaie nationale (CDF)
2017 1 592,2
2018 1 635,6
2019 1 1 672,9
2020 1 971,8
2021 1 972,8
Source : Banque Centrale du Congo (service de statistiques).
Nous observons une croissance du taux de change de 2017 à
2021. Ceci montre qu'il y a eu perte du pouvoir d'achat du Franc Congolais
face aux dollars américains de 2017 à 2021. Et à la fin, il y a eu une légère
perte du pouvoir d‟achat de 0,050% soit 1 FC.
Graphique n°09 : Présentation graphique de l'évolution du taux de change
en RDC de 2017 à 2021

2500

2000

1500

1000

500

0
2017 2018 2019 2020 2021
Taux de change

Source : nous-mêmes à partir des données du tableau n°09.


~ 71 ~

De ce graphique, nous voyons que le taux de change a haussé


chaque année pendant notre période sous étude, ce qui reflète la
dépréciation de la monnaie nationale (CDF) par rapport aux devises,
respectivement le dollar américain (USD).
III.1.2.3. Objectif final
La politique monétaire a comme objectif final la stabilité du
niveau général des prix, ce dernier est fondé sur la fixation du taux d'intérêt à
court terme.
L'objectif de toute politique monétaire demeure la maî trise de
l'inflation, propre à favoriser une stabilité de la valeur interne et externe de la
monnaie. Ici la recherche de cet objectif répond au souci de créer les
conditions d'une croissance durable, permettant de concilier les autres
préoccupations de la politique économique à savoir : le plein emploi,
l'équilibre extérieur, etc. Lorsque nous parlons de la politique économique,
nous voyons la politique monétaire ainsi que la politique budgétaire, d‟où
l‟objectif final de la politique monétaire n‟est pas différent de l‟objectif final
de la politique économique.
Ainsi, nous allons présenter l'évolution de l'inflation en
pourcentage de la période allant de 2017 à 2021 dans le tableau suivant :
Tableau n°10 : Evolution du taux d'inflation en RDC de 2017 à 2021 (en %)
Années Taux d'inflation
2017 54,71
2018 7,23
2019 4,6
2020 15,8
2021 5,3
Source : Rapports annuels de la Banque Centrale du Congo.
Pendant cette période de cinq ans les efforts de la politique
monétaire sont à louer car bien que l'inflation ait haussé en 2017 à une
vitesse assez rapide. Elle a finalement été rabattue fortement en 2018 avant
de rechuter encore en 2019 avec 4,6%.
Nous remarquons encore que le taux d‟inflation avait subi une
désinflation du fait qu‟il y avait eu stabilité du taux de change d‟une part et
renforcement de la coordination des politiques budgétaire et monétaire
d‟autre part.
~ 72 ~

Graphique n°10 : Représentation de l'évolution du taux d'inflation en RDC de


2017 à 2021

Source : nous-mêmes à partir des données du tableau n°10.


De ce graphique, nous voyons que la courbe du taux de change
a évolué avec une tendance baissière en 2018 et 2019 contre une hausse en
2017 avant d‟accroitre légèrement en 2020 pour rechuter encore en 2021.
 SITUATION DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE ET MONETAIRE EN RDC
Pour alimenter les instruments de la politique monétaire, la BCC se
fixe dans le cadre de cette politique d'atteindre certains objectifs en matière
de la gestion de la monnaie, les objectifs opérationnels, les objectifs
intermédiaires et les objectifs finaux, liés aux flux de la base monétaire, de la
masse monétaire et de l'inflation. Ces objectifs sont fixés en termes des cibles
ou prévisions.
En 2021, les objectifs de la politique monétaire ont été en
dépassement de leurs cibles à l‟exception de l'objectif final. En effet, le taux
d‟inflation s‟est situé à 5,3% contre un objectif de moyen terme de 7,0%. Par
contre, la base monétaire au sens strict et la masse monétaire hors provisions
et dépôts en devises se sont accrues de 48,1% et 71,9% contre des
croissances programmées de 28,5% et de 44,0% respectivement.52
En 2020, pour ce qu‟est des finances publiques, le budget initial
de l‟exercice 2020, chiffré à 18 545,2 milliards de CDF, a été révisé à la baisse
de 43,0%.

52
Banque Centrale du Congo, Rapport annuel 2021
~ 73 ~

Ainsi, globalement, la situation intégrée des opérations financières


des administrations publiques a affiché un import de 8 738,9 milliards de CDF
au titre de recettes, soit 9,5% du PIB en 2020 contre 10,1% en 2019. La pression
fiscale, à la clôture de l‟exercice 2020, est tombée à 6,4% revenant de 6,9%
en 201953.
En ce qui concerne les relations économiques avec le reste du
monde, elles ont été marquées par un léger recul du volume des échanges
commerciaux, sur fond des mesures de restrictions de mouvement des
personnes prises pour endiguer la propagation de la pandémie de COVID-19.

SECTION 2 : TRAITEMENT DES DONNEES ET ANALYSE ECONOMETRIQUE DE


LA CONTRIBUTION DE LA POLITIQUE MONETAIRE ET LA POLITIQUE
BUDGETAIRE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE DE LA RDC
III.2.1. TRAITEMENT DES DONNEES
III.2.1.1. Confrontation entre la masse monétaire et le PIB
Si la masse monétaire en circulation est en grande partie orientée
vers les investissements qu'aux consommations finales, le résultat serait celui
de la croissance continuelle du PIB.
C'est ainsi que FISHER et les néo-keynésiens ont souligné que tout
accroissement de la masse monétaire doit correspondre à une croissance
du PIB.
Ainsi, pour assurer la performance de la politique économique sur
l'économie, nous confrontons les deux agrégats (la masse monétaire et la
croissance du PIB).
Tableau n°11 : Confrontation entre la masse monétaire et le produit intérieur
brut de 2017 à 2021 (en %)
Année Variation de la masse monétaire Variation annuelle du PIB
2017 47,85 3,73
2018 25,50 5,82
2019 29,30 4,38
2020 51,29 1,74
2021 39,05 6,23
Source : nous-même sur base des données des tableaux n°01 et n°05.
53
Banque Centrale du Congo, Rapport annuel 2020
~ 74 ~

En confrontant le taux de variation de la masse monétaire à celui


du produit intérieur brut, nous remarquons que lorsqu‟il y a hausse de la
masse monétaire en circulation, le PIB chute et lorsqu‟il y a diminution de la
masse monétaire, le produit intérieur brut augmente. Nous verrons ce
mouvement d‟augmentation et de diminution dans la figure qui suit.
Graphique n°11 : Représentation de la confrontation entre la masse
monétaire et le produit intérieur brut de 2017 à 2021 (en %CDF)

Source : nous-même à partir des données du tableau n°11.


De ce graphique, nous voyons que ces deux courbes reprennent
la situation des taux de croissance du Produit Intérieur Brut et de la masse
monétaire en RDC de 2017 à 2021.
Toutes les deux courbes représentées sur cette figure suivent un
mouvement d‟oscillation, lorsque la masse monétaire augmente le produit
intérieur brut diminue, lorsque la masse diminue le produit intérieur augmente
à son tour. Ce qui explique que la masse monétaire injectée en circulation
pendant notre période d‟étude n‟était pas affectée vers les investissements,
mais plutôt vers les consommations finales.
III.2.1.2. Confrontation entre masse monétaire et l’inflation
Souvent, l‟inflation est causée par la création monétaire excessive,
plus précisément d‟une croissance de la masse monétaire trop forte par
rapport à la croissance de la production (PIB).
C‟est pour cela que nous confrontons le taux de croissance de la
masse monétaire en circulation ainsi que celui d‟inflation pour mieux
comprendre ce qui s‟est pendant la période sous-étude en RDC notre cher
et beau pays.
~ 75 ~

Tableau n°12 : Confrontation entre le taux de la masse monétaire en


circulation et le taux d'inflation de 2017 à 2021 (en %)
Année Variation de la masse monétaire Taux d’inflation
2017 47,85 54,71
2018 25,50 7,23
2019 29,30 4,6
2020 51,29 15,8
2021 39,05 5,3
Source : nous-même sur base des données des tableaux n°05 et n°10.
De ce tableau, nous remarquons que lorsqu‟il y a hausse de la
masse monétaire, nous constatons aussi la croissance de l‟inflation et lorsqu‟il
y a diminution de la masse monétaire, nous remarquons qu‟il y a la déflation,
mais en 2019 nous avons remarqué une tendance contraire, lorsque la masse
monétaire a varié de 29,30% contre 25,50% en 2018, le taux d‟inflation a été
de 4,6% contre 7,23% en 2018.
Graphique n°12 : Confrontation entre la masse monétaire et l'inflation de
2017 à 2021
60

50

40

30

20

10

0
2017 2018 2019 2020 2021
Masse monétaire
Taux d'inflation

Source : nous-même avec les données du tableau n°12.


Sur ce graphique, nous n‟observons qu„une seule forte déflation
qui fait tomber l'inflation à 4,6% en 2019 pendant que la masse monétaire
avait une tendance haussière. Et du reste ces deux courbes ont presque une
même tendance.
~ 76 ~

En général, la politique monétaire de la BCC est consacrée à


accroî tre les moyens de paiement en circulation en l‟occurrence de la
préférence de détention de la monnaie et de sa demande, tout en veillant
sur la stabilité de prix sur le marché, l'inflation est diminué jusqu'à 4,6% en 2019.
La politique monétaire subit une mauvaise orientation de la part
des autorités monétaires, elle donne lieu à une augmentation excessive des
prix sur les marchés ; au contraire, si elle est orientée d'une manière efficace,
elle combat l'inflation et donne naissance à une augmentation du PIB qui
traduit en soit la croissance économique.
III.2.2. ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA CONTRIBUTION DE LA POLITIQUE
ECONOMIQUE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE EN RDC
L'économétrie est un outil à la disposition de l'économie qui lui
permet d'infirmer ou de confirmer les théories qu'il construit.
Le théoricien stipule des relations, l'application des méthodes
économiques fournit les estimations sur la valeur des coefficients ainsi que la
précision attendue.
Une question se pose alors : pourquoi estimer ces relations et les
tester statistiquement ? Plusieurs raisons incitent à cette démarche ; tout
d'abord cela force l'individu à établir clairement et à estimer les interrelations
sous-jacentes.
Ensuite, la confiance aveugle dans l'intuition peut mener à
l'ignorance de liaison importante où à leur mauvaise utilisation.
De plus, des relations marginales mais néanmoins explicatives, qui
ne sont qu'un élément d'un modèle global, doivent être testées validées afin
de les mettre à leur véritable place ; l'économétrie n'est pas seulement un
système de validation, mais également un outil d'analyse.
Après avoir passé en revue la politique monétaire de la Banque
Centrale sur les variables retenues, nous présentons dans le présent point, la
méthodologie retenue en vue d'identifier les déterminants de la politique
monétaire de la Banque Centrale du Congo et la politique budgétaire qui
influent sur la croissance économique après 5 ans en RDC.
De ce fait, nous allons utiliser les outils statistiques à savoir :
 La corrélation : qui nous aidera à déterminer le niveau de contribution
de nos variables retenues de la politique économique sur la croissance
économique durant la période de notre étude, nous prenons le
coefficient de signification ou de détermination noté R2.
~ 77 ~

 Le test de significativité noté t de student : nous aidera à conclure que


les variables de la politique économique retenues ont une action
significative sur la croissance économique.
 Le coefficient de détermination r : nous donnera la vraie explication de
la croissance économique par les variables de la politique
économique retenue pour notre étude.
Les variables que nous allons utiliser pour mener notre étude sont :
 L'inflation : la lutte contre l'inflation étant l'objectif final de la politique
économique, nous avons retenu cette variable pour l'explication de la
croissance économique ;
 La masse monétaire : étant donné que la masse monétaire est l'objectif
intermédiaire de la politique monétaire, nous l'avons retenu comme
variable parce que les autorités monétaires se fixent des objectifs de
taux d'intérêt et les objectifs de taux de change ; et
 Le produit intérieur brut : qui reflète l'activité économique nationale et
le sous-bassement de la croissance.
A cet effet, deux cas seront mis en évidence :
 Premier cas : ce cas concerne la vérification de l'influence de la masse
monétaire sur le PIB (croissance économique), les hypothèses sont les
suivantes :
1) H0 : B0 = 0 : La masse monétaire n'explique pas la croissance
économique.
2) H1 : B1 ≠ 0 : La masse monétaire explique la croissance économique.
 Deuxième cas : celui-ci concerne la vérification de l'influence de la masse
monétaire sur l'inflation.
1) H0 : B0 = 0 : La masse monétaire n'explique pas l'inflation.
2) H1 : B1 ≠ 0 : La masse monétaire explique l'inflation.
III.2.3. PRESENTATION DES VARIABLES
Tableau n°13 : Présentation des variables (en %)
Année Masse monétaire Produit Intérieur Brut Taux d’inflation
2017 47,85 3,73 54,71
2018 25,50 5,82 7,23
2019 29,30 4,38 4,6
2020 51,29 1,74 15,8
2021 39,05 6,23 5,3
Source : nous-même sur base des données des tableaux n°11 et n°12.
~ 78 ~

Les données ci-haut énumérées représentent respectivement


toutes les trois variables de notre thématique, nous avons la politique
monétaire, représentée ici par la masse monétaire en circulation, la politique
budgétaire représentée par le taux d’inflation et enfin la croissance
économique représentée par le pourcentage du produit intérieur brut.
Graphiquement nous pouvons représenter ces données de la
manière suivante :
Graphique n°13 : Présentation graphique des variables (en %)

Source : nous-même avec les données du tableau n°13.


De ce graphique, nous remarquons que la masse monétaire, le
produit intérieur brut ainsi que le taux d‟inflation suivent un mouvement
d‟oscillation c'est-à-dire, lorsque la masse monétaire diminue avec le taux
d‟inflation, le produit intérieur brut augmente et vice-versa.
En fait, si nous remarquons très bien, nous verrons que la masse
monétaire en circulation a une légère influence sur le taux d‟inflation à l‟œil
nu. Nous allons tester alors pour voir si cela est vrai.
III.2.4. Modèle économique de la relation masse monétaire, PIB et taux
d'inflation
Nous utilisons la masse monétaire comme variable indépendante
Xi et le produit intérieur brut, comme variable dépendante Yi.
~ 79 ~

1. Spécification du modèle

D‟où Xi et Yi sont connus et Ui une constante d'erreur des variables.


2. Estimation du modèle
Tableau n°14 : Estimation du modèle économique
Masse Produit
Année monétaire Intérieur (Xi- ) (Yi- ) (Xi- )2 (Xi- ).(Yi- )
(Xi) Brut (Yi)
2017 47,85 3,73 9,252 -0,65 85,5995 -6,0138
2018 25,50 5,82 -13,1 1,44 171,5576 -18,8611
2019 29,30 4,38 -9,298 0 86,4528 0
2020 51,29 1,74 12,692 -2,64 161,0869 -33,5069
2021 39,05 6,23 0,452 1,85 0,204304 0,8362
Total 192,99 21,9 504,9011 -57,5456
Moyenne 38,60 4,38
Source : nous-même sur base des données du tableau n°11.
Calculons :

- x = x
-4,39916878 = 8,779168781
D’où l’équation estimée sera:
~ 80 ~

Tableau n°15 : Spécification du modèle économique


Masse Produit
Année monétaire Intérieur SCR=( i- )2 SCE=(Yi- i)2
(Xi) Brut (Yi)
2017 47,85 3,73 3,3255125 1,111943944 0,163610159
2018 25,50 5,82 5,8728316 2,228546078 0,002791174
2019 29,30 4,38 5,4397303 1,123028375 1,123028375
2020 51,29 1,74 2,9334419 2,092530384 1,42430353
2021 39,05 6,23 4,3284837 0,002653924 3,615764056
Total 192,99 21,9 21,9 6,558702705 6,329497295
Moyenne 38,60 4,38
Source : nous-même sur base des données du tableau n°14.
Calculons :
La somme de carré Total (SCT) est donnée par : la somme de carré
exceptionnel (SCE) + la somme de carrés résiduels (SCR), donc :
SCR = 6,558702705
SCE = 6,329497295
La somme de carré total donne :
SCT = SCR+SCE = 6,558702705 + 6,329497295 = 12,8882
Le coefficient de détermination R2 est donné par :

R2 = = 0,491107936 soit 49,11%

D'où 49,11% de la somme de carré total peut être exprimé en


utilisant l'équation estimée du modèle pour prévoir la relation entre la masse
monétaire et le produit intérieur brut.
3. Calcul de la corrélation entre les variables
La corrélation est symbolisée par la lettre r. Pour s'assurer de la
corrélation entre deux variables, r doit être compris entre -1 et +1 d'où -1 ≤ r ≤
+1.
~ 81 ~

Interprétation : Il y a une forte corrélation linéaire entre la masse monétaire et


le produit intérieur brut.
Test de signification T de student
Hypothèse: H0 : B0 = 0
H 1 : B1 ≠ 0

Au seuil de signification de 5% = 0,05


tth = (n - 2 degré de liberté)
tth = 5 - 2 = 3
Donc à 5 et 0,05 le théorique de student est donné comme suit :
tth = 2,571 >

Interprétation : t calculé est inférieur au t théorique (tcal < tth), donc, on


adopte l'hypothèse H0 et on rejette l‟hypothèse H1 qui est
donné par B1≠0. Dans nos calculs, nous remarquons que B0=0,
ce qui stipule que la masse monétaire n'explique pas la
croissance économique pendant notre période d‟étude.
~ 82 ~

III.2.5. Spécification de la relation masse monétaire et taux d’inflation.


Comme le précédent modèle, nous utilisons la masse monétaire
comme variable indépendante représentée par Xi et Yi comme variable
dépendante qui est le taux d'inflation.
Tableau n°16 : Estimation du modèle économique
Masse (Xi- ).(Yi-
Inflation
Année monétaire (Xi- ) (Yi- ) (Xi- )2 (Yi- )²
(Yi) )
(Xi)

2017 47,85 54,71 9,252 37,182 85,599504 1382,501124 344,007864


2018 25,50 7,23 -13,098 -10,298 171,557604 106,048804 134,883204
2019 29,30 4,6 -9,298 -12,928 86,452804 167,133184 120,204544
2020 51,29 15,8 12,692 -1,728 161,086864 2,985984 -21,931776
2021 39,05 5,3 0,452 -12,228 0,204304 149,523984 -5,527056
Total 192,99 87,64 504,90108 1808,19308 571,63678
et 38,60 17,53

Source : nous-même sur base des données du tableau n°12.

Calculons :

- x = x

43,69972121 =
D’où l’équation estimée sera :
~ 83 ~

Tableau n°17 : Spécification du modèle économique


Masse
Inflation
Année monétaire SCR=( i- )2 SCE=(Yi- i)2
(Yi)
(Xi)
2017 47,85 54,71 28,00289043 109,681434 713,2697018
2018 25,50 7,23 2,69876148 219,965636 20,53212253
2019 29,30 4,6 7,001029488 110,85922 5,764942604
2020 51,29 15,8 31,89757515 206,427216 259,1319257
2021 39,05 5,3 18,03974346 0,25983839 162,3010634
Total 192,99 87,64 87,64 647,193344 1160,999756
Moyenne 38,60 17,53
Source : nous-même sur base des données du tableau n°16.
Calculons :
La somme de carré Total (SCT) est donnée par : la somme de carré
exceptionnel (SCE) + la somme de carrés résiduels (SCR), donc :
SCR = 647,193344
SCE = 1160,999756
La somme de carré total donne :
SCT = SCR+SCE = 647,193344 + 1 160,999756 = 1 808,1931
Le coefficient de détermination R2 est donné par :

R2 = = 0,642077307 soit 64,21%

D'où 64,21% de la somme de carré total peut être exprimé en


utilisant l'équation estimée du modèle pour prévoir la relation entre la masse
monétaire et le produit intérieur brut.
3. Calcul de la corrélation entre les variables
La corrélation est symbolisée par la lettre r. Pour s'assurer de la
corrélation entre deux variables, r doit être compris entre -1 et +1 d'où -1 ≤ r ≤
+1.
~ 84 ~

Interprétation : Il y a une forte corrélation linéaire entre la masse monétaire et


le produit intérieur brut.
Test de signification T de student
Hypothèse: H0 : B0 = 0
H 1 : B1 ≠ 0

Au Seuil de signification de 10%, = 0,10


tth= (n-2 degré de liberté) = 5 - 2 = 3
Donc à 5 et 0,10, la théorie de student est donnée comme suit :
tth = 2,015 > 1,40

D'où, t calculé est inférieur au t théorique (tcal < tth). Donc on


accepte l'hypothèse H0 qui est donné par B0=0 qui stipule que la masse
monétaire n'explique pas le taux d'inflation en RDC durant la période
considérée.
~ 85 ~

III.2.6. Analyse des résultats obtenus.


L'approche économique nous a servi à faire les tests qualitatifs de
l'impact de la politique monétaire et la politique budgétaire sur la croissance
économique de la RDC. Cette étude a mis en évidence plusieurs données à
notre disposition. Nous analysons et interprétons les différents résultats
obtenus lors des tests.
Pour cette étude, nous avons utilisé comme variables d'étude : le
produit intérieur brut, la masse monétaire et le taux d'inflation.
Le premier test : ce test a porté sur l'influence du PIB en fonction de la masse
monétaire. Ce test a pour objectif principal de vérifier si la variation du PIB a
comme source la masse monétaire, ou si la masse monétaire a une influence
sur le PIB.
En premier lieu, la vérification de la relation entre deux grandeurs
économiques sous étude a été faite avec la détermination de la corrélation,
qui a comme critère d'être comprise entre -1 et +1 pour qu'il y ait existence
de la relation entre ces deux variables. La corrélation entre la masse
monétaire et le PIB en RDC de 2017 à 2021 est de – 0,7134. Donc, il n‟existe
pas une relation entre ces deux grandeurs pris comme variables car la
corrélation est négative, la faiblesse de cette corrélation prouve que la
relation entre la masse monétaire et le PIB est trop faible et représente
49,11% sur le 100%. Nous disons alors que la masse monétaire et le PIB sont
moins liés l'une à l'autre.
En deuxième lieu, nous avons effectué le test de student, qui
selon ses critères et sa logique, détermine l'influence de la variable
indépendante sur celle dépendante par la force ou la faiblesse de t calculé
sur base des données des variables par rapport au t théorique trouvé dans la
table de student. t théorique est défini sur base d'un seuil de signification
dont le standard est de 5 et d'un degré de liberté déterminé sur base de la
taille de l'échantillon choisi (n).
Donc, si tcal > tth, l'influence existe entre les variables, et si tcal < tth,
l'influence n'existe pas. Dans le cas de notre étude le t calculé est inférieur au
t théorique, tcal < tth, c'est-à-dire (-0,45223 < 2,571), donc la masse monétaire
en RDC sous la période considérée n‟a pas influée sur le produit intérieur brut.
Cette affirmation se vérifie lorsque nous regardons le graphique numéro 11
du présent travail, nous constatons que l'augmentation de la masse
monétaire n‟a pas entrainé l'augmentation du PIB en RDC sous la période
considérée.
~ 86 ~

Le deuxième test : ce test a porté sur la vérification de l'influence de la masse


monétaire sur le taux d'inflation en RDC de 2017 à 2021 toujours. Comme
pour le premier test, la mesure de la corrélation a donné la valeur de 0,5955
et le coefficient de détermination était de 64,21%. Etant donné que la
corrélation est toujours inférieure à +1, mais cette fois-ci avec un signe
contraire au négatif, nous disons toujours que la masse monétaire n‟a pas du
tout une forte influence sur le taux d‟inflation, mais ça le conditionne.
En ce qui concerne le test de student appliqué sur ces deux
variables, les résultats obtenus sont les suivants : tcal < tth, (1,40 < 2,015), donc
la masse monétaire pendant la période considérée n'influe pas sur le taux
d'inflation en RDC. Cette affirmation s'explique bien quand nous faisons
l‟aperçu du graphique numéro 12 du présent travail. Nous disons alors que le
taux d'inflation peut avoir d'autres origines économiques.

CONCLUSION PARTIELLE
Dans ce chapitre nous venons d'analyser l'incidence de la
politique monétaire et la politique budgétaire sur la croissance économique
en République Démocratique du Congo de 2017 à 2021.
Pour bien mener notre analyse, le présent chapitre était subdivisé
en deux sections :
 Tout au long de la première section, nous avons tenté d'analyser la
croissance économique, la politique budgétaire ainsi que la politique
monétaire, à cet effet, nous avons mis l‟accent sur l'évolution de la
croissance économique durant les années de notre étude et l'évolution
de la politique économique à travers les objectifs à savoir : les objectifs
opératoires, intermédiaires et finaux.
 La deuxième section était consacrée sur l'analyse économétrique de la
contribution de la politique monétaire et la politique budgétaire à la
croissance économique, nous avons retenu trois variables de la
politique économique, notamment : l'inflation, la masse monétaire et le
taux de change pour l'explication de la croissance économique et
après l'estimation, nous avons retenu l'inflation comme variable
pertinente pour l'explication de la croissance économique en
République Démocratique du Congo.
Enfin, nous avons remarqué que la masse monétaire durant notre
période d‟étude n‟a pas influée sur les deux variables choisies, en
l‟occurrence le PIB et le taux d‟inflation. Nous avons choisi ces variables
parce que ce sont les objectifs finaux de la politique économique.
~ 87 ~

CRITIQUES ET SUGGESTIONS
Au regard de toutes les situations économiques présentées dans
cette étude tout en analysant l'incidence de la politique monétaire et la
politique budgétaire sur la croissance économique en RDC, nous avons
remarqué que :
 la politique monétaire est un instrument de la politique économique,
elle est l'expression de la souveraineté d'une Banque Centrale. C'est
ainsi qu'il va de soi que cet instrument puisse remplir toutes ces
fonctions essentielles ;
 La monnaie congolaise est la résultante des signes monétaires de
valeurs émises par les Banques et ceux-ci peuvent se dévaloriser à
cause de son instabilité ;
 Déclarer qu'une monnaie est légale ne garantit en rien que la monnaie
soit acceptée. L'acceptation de la monnaie congolaise dépend de la
confiance mutuelle de ses utilisateurs, de son acceptation par d'autres
et de la confiance dans le maintien de cette monnaie ;
 Le maintien de la valeur de la monnaie congolaise dépend
entièrement de sa rareté par rapport aux autres et du contrôle de la
masse monétaire ;
 Etc.
C'est pour cela que le gouvernement de la République
Démocratique du Congo doit prendre des mesures de stabilisation dans les
sens d'un programme d'ajustement global et cohérent de l'économie
nationale devant garantir à la fois la stabilité de la monnaie nationale et la
reprise de l'activité économique. Ce n‟est qu'au prix de cette démarche
qu'on arrivera à avoir une bonne politique de stabilisation, celle de pouvoir
casser l'hyper inflation et de relancer de façon durable et harmonieuse
l'économie congolaise.
En effet, face à une instabilité du niveau générale des prix, ce qui
induit ceteris paribus, une baisse de la demande de crédit bancaire et un
ralentissement des investissements par la suite une faiblesse de l'expansion
économique.
Comme nous l'avons évoqué précédemment, nous avons vu que
la politique économique est le reflet des comportements des différents
secteurs, en l‟occurrence : l'économie réelle, l‟économie monétaire, les
finances publiques, les relations extérieurs, etc.
~ 88 ~

Ainsi, pour y parvenir, il faut que les secteurs ci-haut énumérés se


stabilisent. C'est par rapport à la santé de ces secteurs dans le pays que nous
arriverons à connaî tre ou à mesurer la santé de l‟économie.
En ce qui concerne l’économie réelle, nous suggérons que :
 Le taux de croissance du Produit Intérieur Brut réel soit de 5% en
moyenne afin de permettre au relèvement annuel d'au moins 2% du
Produit Intérieur Brut réel par habitant ;
 Le taux moyen annuel d'inflation soit de 5% ;
 L’accroissement de la masse monétaire soit de 25%.
Pour ce qu’est des finances publiques et des relations extérieures,
nous suggérons qu’il ait :
 Un accroissement progressif des recettes et dépenses de l'Etat ;
 Un déficit du compte courant extérieur allant de 4,7% à 7,3% du Produit
Intérieur Brut ;
 Une augmentation graduelle de la réserve internationale brute à
environ 9,5 semaines de l'importation des biens et services non financés
par l'aide extérieure.
Bref, si toutes ces suggestions sont prises en compte dans le cadre
d'un programme de stabilisation, nous aurons alors une bonne politique de
stabilisation de la politique monétaire et la politique budgétaire dont les
grands axes doivent être :
 L'ajustement du budget de l'Etat et de la banque centrale ;
 La libéralisation de stabilité des prix intérieurs et du taux de change ;
 Le renforcement des réformes structurelles et sectorielles par la
redéfinition du rôle de l'Etat comme au secteur privé ;
 La participation de la société civile et des partenaires au
développement à l'effort de réhabilitation ;
 La transparence et la bonne gouvernance dans la gestion de
ressource publiques donc le respect de la chaî
ne des dépenses.
Pour arriver à une bonne politique de stabilisation de l‟économie,
il s'avère donc indispensable pour le gouvernement de la République
Démocratique du Congo de :
 Relancer et contrôler la production ;
 Créer des emplois ;
~ 89 ~

 Améliorer le pouvoir d'achat de la monnaie ;


 Créer et améliorer les infrastructures ;
 Contrôler les prix de grand et de petit marché ;
 Relancer l'activité bancaire et la masse monétaire ;
 Relancer et dynamiser les petites et moyennes entreprises ainsi que la
motivation du secteur privé ;
 Repenser les mécanismes de coopération structurelles avec les
principaux partenaires extérieures tant bilatéraux que multilatéraux ;
Nous demandons aux autorités tant politiques que monétaires de
prendre en compte nos suggestions en vue de prendre des mesures
efficaces de façon à stabiliser l‟économie congolaise.
~ 90 ~

CONCLUSION GENERALE
Après plusieurs étapes, nous voici au terme de notre mémoire. Il a
été pour nous question d‟analyser l'incidence que la politique monétaire et
la politique budgétaire ont sur la croissance économique de la République
Démocratique du Congo. Nous avons fait notre étude pendant une période
allant de 2017 à 2021, ainsi, notre champ d‟investigation était la RDC notre
cher et beau pays.
Notre préoccupation majeure était de savoir :
 Quelle est l’influence de la politique monétaire sur la croissance
économique en République Démocratique du Congo ?
 Est-ce que la politique budgétaire a-t-elle influencée la croissance
économique en République Démocratique du Congo ?
Vu cela, nous avons proposé les réponses provisoires comme suit :
 Il paraitrait que la politique monétaire influencerait la croissance
économique en République Démocratique du Congo, dans la mesure
où les agrégats de la monnaie et de crédit ont un impact positif sur la
croissance économique.
 Il semblerait aussi que la politique budgétaire en vigueur en République
Démocratique du Congo aurait été efficace et ce en contribuant à la
relance de la croissance, à la diminution du taux de chômage et à la
stabilité du niveau général de prix.
Ainsi pour pouvoir vérifier et approuver nos hypothèses, nous
avons fait recours à un chemin appelé méthode et des instruments appelés
techniques.
En ce qui concerne la méthode, nous avons utilisé la méthode
descriptive, étant donné l'exigence des sciences économiques et de gestion,
nous avons décrit et analysé les différentes manières que l'État congolais
intervient par sa politique monétaire et sa politique budgétaire pour pouvoir
stabiliser son économie ; notre description était basée sur l'approche
méthodique déductive qui part du cas général au cas particulier. Nous
sommes partis d'un cas général qui est la RDC et les résultats de notre étude
sont aussi extrapolés sur toute l'étendue de la RDC c'est à dire pour toutes
ces provinces et ces habitants.
Quant aux techniques, nous avons eu à utiliser la technique
documentaire, la technique d‟interview libre ainsi que la technique de
webographie.
~ 91 ~

Ainsi, pour bien rédiger notre travail et pour être bien précis et
mieux asseoir nos idées, nous avons subdivisé notre travail mis à part
l'introduction et la conclusion générales, en trois chapitres ci-après :
 D’abord, nous avons parlé des considérations générales sur les
concepts clés de notre travail et nous avons présenté notre champ
d’investigation ;
 Ensuite nous avons donné les notions générales sur la politique
monétaire, la politique budgétaire et aussi sur la croissance
économique ; et
 Enfin, nous avons analysé l'impact qu’a la politique monétaire et la
politique budgétaire sur la croissance économique de la RDC.
Après analyses et investigations, nous avons vu que :
 La masse monétaire, le produit intérieur brut ainsi que le taux d‟inflation
suivent un mouvement d‟oscillation c'est-à-dire, lorsque la masse
monétaire diminue avec le taux d‟inflation, le produit intérieur brut
augmente et vice-versa, tout ceci durant notre période sous étude ;
 La masse monétaire en circulation a une légère influence sur le taux
d‟inflation ;
 Normalement lorsqu‟il y a augmentation non-contrôlée de la masse
monétaire en circulation, cela entraine aussi l‟augmentation du taux
d‟inflation ;
 En 2021 qui est notre dernière année d‟étude, les objectifs de la
politique monétaire ont été en dépassement de leurs cibles à
l‟exception de l'objectif final. En effet, le taux d‟inflation s‟est situé à
5,3% contre un objectif de moyen terme de 7,0%. Par contre, la base
monétaire au sens strict et la masse monétaire hors provisions et dépôts
en devises se sont accrues de 48,1% et 71,9% contre des croissances
programmées de 28,5% et de 44,0% respectivement.
Ainsi, comme toute œuvre humaine ne manque jamais
d‟imperfections, nous vous affirmons que cette présente étude est le fruit de
plusieurs sacrifices, et nous déclarons ouvertement qu‟avec cette étude,
nous avons fait notre apport à la construction de la pyramide scientifique et
nous resterons ouverts à vos remarques, critiques et suggestions pour notre
amélioration future.
~ 92 ~

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
I. OUVRAGES
1. Alain, B., et al., Dictionnaire de science économique, 6ème édition, Dunod,
2019 ;
2. Capul Jean Yves et Garnier Olivier, Dictionnaire d'économie et de
sciences sociales, Paris, HATIER,
Juin 2005 ;
3. GERARD, T., La politique budgétaire, caisses des dépôts et consignation,
service de la recherche, Paris, 2000 ;
4. Gilbert, P., Maî tre de contrôle de gestion, éd. Seditor, Paris, 1989 ;
5. GRAWITZ, M., Méthodes des sciences sociales, 11ème Ed., Dalloz, Paris, 2001 ;
6. John Petroff, Précis de macro-économie, 1986, 1990 et 2002, Paris ;
7. LORCA, M., La politique budgétaire de la gestion de la demande, PUF,
1998 ;
8. MADELEINE, G., et PINTO, R., Méthodes des recherches en science sociale,
7ème Ed., Dalloz, Paris 1986 ;
9. MUBAKE MUMEME, Fluctuations et croissance économiques, galileo
système, Kinshasa, 2007 ;
10. Ntumba, P., Guide de rédaction d'un travail de recherche scientifique, Ed.
2ème CREDOP IESP, Kananga, 2008 ;
11. Pierre Maillet, La Croissance économique, Presses Universitaires de France,
1976 ;
12. SELEMANI, P., Analyse de la structure monétaire en Afrique, in cahiers
économiques et sociaux, Kinshasa, IRES, 1979 ;
13. VAYDA P. et de BOYSSON G., Les finances de A à Z, Paris, CEPL, 1976 ;
14. Xavier Sala-i-Martin, 15 Years of New Growth Economics : What Have We
Learnt ?, Barcelone, 2002.
II. DICTIONNAIRES
1. François Perroux, Dictionnaire économique et social, Hatier, 1990 ;
2. Ménard LOUIS, Dictionnaire de la comptabilité et de la gestion financière,
L'institut Canadien des comptables agréés, 1994.
III. NOTES DES COURS
1. MASHIMBA, A., Cours de gestion financière à long terme, inedit, 3ème
graduat, FASEG, UNIKAN, 2019-2020 ;
~ 93 ~

2. MBAMBI, J., P., Notes de cours d'économie monétaire générale, inédit, 3ème
graduat, FASEG, UNIKAN, 2019-2020.

IV. TFC ET MEMOIRES


1. MIKOMBE, T., Politique budgétaire et problématique de la croissance
inclusive en RDC de 2002 à 2004, Mémoire de licence,
inédit, FASEG, UNIKIN, 2014-2015 ;
2. Mudimbi, K., La politique monétaire et son incidence sur la croissance
économique de la RDC, de 2012 à 2017, mémoire de
licence, inédit, FASEG, UNIKAN, 2021-2022 ;
3. Robinson cité par Rodriguez B., dans son étude sur l'incidence de la
politique monétaire sur la croissance
économique en RDC de 1976 à 2010,
mémoire de licence en économie et
développement (finances), UCC, 2010 ;
4. Rodriguez, B., l'incidence de la politique monétaire sur la croissance
économique en RDC, de 1976 à 2010, mémoire de licence,
inédit, FED, UCC, 2009-2010.

V. WEBOGRAPHIE
1. Larousse fr, définition croissance,
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ croissance/20631 ;
2. LAROUSSE, définition incidence, in
https://www.Larousse.fr/dictionnaires/français-monolingue ;
3. LAROUSSE, définition politique, in
https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/ politique/62189 ;
4. Présentation de la RDC, in https://ambardc.be/rdc ;
5. Présentation de la RDC, in
https://www.banquemondiale.org/fr/country/drc/overview ;
6. Vernimmen.net, définition finance,
https://www.vernimmen.net/Pratiquer/Glossaire/ definition/Finance.html.

VI. AUTRES DOCUMENTS, RAPPORTS ET REVUES


1. Banque Centrale du Congo, Rapport annuel 2020 ;
2. Banque Centrale du Congo, Rapport annuel 2021 ;
~ 94 ~

3. Frédéric Bastiat, Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, chapitre 1 : la vitre


cassée, 1850 ;
4. Hernando de Soto, Le Mystère du capital : pourquoi le capitalisme
triomphe en Occident et échoue partout ailleurs,
2005 ;
5. HOWELL H., Les reformes budgétaires dans les pays en développement,
Université nationale de Séoul, Séoul, Corée, octobre 1994 ;
6. PLAIME, P., COMBES, J., L. et TANIMOUNE, N., Les effets non linéaires de la
politique budgétaire : le cas
de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africain,
CERD!, UMR, CNRS, 6587 ;
7. Remy, K., “Dollarisation, taux de change et perspective de la pauvreté en
RDC", copy Rights, 2001 ;
8. SOLOW M., Robert, Peut-on recourir à la politique budgétaire ? Est-ce
souhaitable ? Revue de l'OFCE 88, 2002 ;
9. Vito Tangi, « government role and the efficiency of policy instruments »,
document du travail du FMI 95/100 (octobre 1995).
~ 95 ~

TABLE DES MATIERES


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