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Par
Meryem DAOUDIM
&
Mohammed AKAABOUNE
Résumé
La mobilisation de l’épargne des ménages représentent une des stratégies majeures des
institutions publiques et privées pour promouvoir l’investissement et la croissance. La mise en
œuvre de ces stratégies nécessite une analyse assez précise des déterminants et affectations de
l’épargne et de l’impact de la libéralisation financière sur la mobilisation de l’épargne.
Depuis les années 1950, les pays en développement et aussi les pays développés ont
connu une phase d’administration des taux d’intérêts et du système financier qui a eu, selon
les auteurs américains R.Mac Kinnon et E.Shaw, des conséquences néfastes sur la croissance,
cette politique interventionniste dans le domaine monétaire et financier a été qualifiée par ces
auteurs de répression financière. Cette dernière a eu pour conséquence : la rareté de l’épargne
et une faiblesse de l’investissement aussi bien au niveau quantitatif que qualitatif.
Pour éviter les conséquences de la répression financière, ces auteurs ont proposé la
libéralisation financière comme solution pour favoriser la croissance. L’objectif est d’assurer
une croissance économique saine et plus importante à la fois par l’amélioration du niveau de
l’épargne et de la quantité et de la qualité de l’investissement.
Cette thèse a suscitée des réactions positives, mais aussi des critiques (principalement
celles des post-keynésiens et des néo-structuralistes). Cependant, les critiques les plus
importantes sont celles de J.Stiglitz et A. Weiss. Ces dernières critiques vont pousser Mac
Les travaux empiriques sur ce sujet ne sont pas conclusifs et parfois contre intuitifs. Ces
validations empiriques sont sensibles à la nature des données mobilisées et à certaines aires
géographiques. Aussi, l’instrument économétrique utilisé et les hypothèses sous-jacentes
peuvent changer les résultats radicalement.
Abstract
The mobilization of the households’ savings represent one of the major strategies of
public and private institutions in order to promote the investment and growth. The
implementation of these strategies requires a rather precise analysis of the determinants and
assignments of savings on the one hand, and the impact of financial liberalization on the
mobilization of savings on the other hand.
Since the years 1950, the developing countries and developed countries knew a phase of
administration of interest rates and financial system, which had fatal consequences on the
growth, according to American authors R. Mac Kinnon and E. Shaw. This interventionist
political in the monetary and financial field was described by these authors as financial
repression. This had as a consequence: scarcity of savings and weakness of the investment as
well at the quantitative level as qualitative.
To avoid the consequences of financial repression, these authors proposed financial
liberalization as solution to support the growth. The objective is to ensure a healthy and more
considerable economic growth at the same time by the improvement of savings’ level and the
quantity and quality of investment.
This thesis caused positive reactions but also criticisms (the Post Keynesians and the
post structuralist). However, the most important criticisms are those of J.Stiglitz and A.Weiss.
These will push Mac Kinnon to re-examine at the beginning of the 1990s its conclusions of
1973.
On the theoretical level, the effect of financial liberalization on savings remains more or
less ambiguous, because of the multidimensional and reversible aspect of the process. Some
points like the liberalization of interest rate and the offer of new financial products can act
positively on savings. On the other hand, other points can proceed in the opposite direction.
Therefore, The Net impact on savings depends on the direction and the weight of these
two dimensions of financial liberalization. As it was mentioned by Bandiera and al. (1999),
the long-term effect of financial liberalization on savings can be different from the effect
observed when the reforms have just been established (short-term effect).
Empirical work on this subject is not conclusive and sometimes against intuitive. These
empirical validations are sensitive to the nature of the mobilized data and certain geographical
surfaces. Also, the econometric instrument used and the subjacent assumptions can change the
results radically.
The first tries to answer the question by estimating a function of aggregate savings
then testing the elasticity of this one in relation to real credit interest rate;
Introduction
Pour atteindre un niveau de développement satisfaisant et une croissance forte et
durable, l’économie d’un pays doit disposer des ressources internes nécessaires à son
financement d’où l’importance de la mobilisation de l’épargne intérieure.
Depuis les années 1950, les pays en développement mais aussi les pays développés ont
connu une phase d’administration des taux d’intérêt et du système financier qui a eu, selon
des auteurs américains R.Mac Kinnon et E. Shaw, des conséquences néfastes sur la
croissance, cette politique interventionniste dans le domaine monétaire et financier a été
qualifiée par ces auteurs de répression financière dont les principaux critères sont :
La rareté de l’épargne
Une faiblesse de l’investissement aussi bien au niveau quantitatif que qualitatif.
Pour éviter les conséquences de la répression financière, ces auteurs ont proposé la
libéralisation financière comme solution pour favoriser la croissance.
Cependant, les critiques les plus importantes sont celles du modèle de rationnement du
crédit de J.Stiglitz et A. Weiss. Ces auteurs considèrent que la hausse des taux d’intérêt suite à
la libéralisation et au-delà d’un certain niveau optimal de taux d’intérêt, au lieu de se traduire
par l’amélioration de la quantité et de la qualité des investissements par la sélection de projets
les plus rentables, pousse plutôt à la sélection de projets les plus risqués en raison des
phénomènes de sélection adverses et d’aléa moral qui peuvent se traduire par la baisse de la
rentabilité bancaire.
Pour éviter ces situations, les banques elles-mêmes seront amenées à pratiquer un
rationnement du crédit au lieu d’augmenter leurs taux d’intérêt et risquer de sélectionner donc
les projets les plus risqués. Ces dernières critiques vont pousser Mac Kinnon à revoir au début
des années 1990 ses conclusions de 1973 et à admettre qu’un plafonnement des taux est
nécessaire pour éviter les phénomènes précités.
De ce fait, notre question de recherche est de savoir comment la libéralisation financière
influence-t-elle l’épargne. Telle est la question à laquelle nous allons tenter de répondre.
Ainsi, notre article se propose de passer en revue les différentes études théoriques et
empiriques traitant et analysant l’impact de la libéralisation financière sur l’épargne et
d’étudier les enjeux de cette dernière dans un tel contexte.
Pour traiter cette problématique nous verrons dans un premier point l’effet de la
libéralisation financière sur l’épargne sur le plan théorique. Le second point présente une
revue de littérature empirique sur le sujet.
Une évaluation de l’impact des différentes réformes financières sur l’épargne, nécessite
une analyse de différents canaux de transmission de la libéralisation financière et de la
séparation entre les effets de court et de long terme véhiculés par le processus de
transmission.
Toujours selon cette littérature, ces auteurs relèvent à court terme un effet négatif sur
l’épargne et un effet positif sur le long terme.
A court terme, c’est essentiellement le canal du taux d’intérêt et celui du crédit qui
fonctionnent. Si les consommateurs déterminent leur niveau de consommation selon leur
cycle de vie, un accroissement de l’offre de crédit par les banques les amène à réviser leur
niveau d’épargne de précaution. Plus précisément, les ménages qui ne sont plus contraints
financièrement vont consommer plus par rapport à la période de leur vie où ils étaient
rationnés en crédit. Dans ce cas, l’épargne pourra chuter pendant les premières années de la
libéralisation financière laissant la place à une reprise de la consommation (l’effet direct de la
libéralisation).
A long terme, le relais est pris par le canal de l’innovation financière-produits financiers-
et les institutions de collecte de l’épargne. Selon les théoriciens de ces deux canaux. La
libéralisation financière aura permis un développement financier qui influencera positivement
la croissance de la production et du revenu et donc de l’épargne (effet indirect de la
libéralisation).
Un autre point important qui mérite d’être pris en considération concerne l’omission de
certains actifs composant l’épargne des ménages. Les taux d’intérêts dont il est question ici
concerne l’épargne financière et notamment les dépôts bancaires. Or l’épargne des ménages
peut être aussi détenue sous forme d’actifs corporels ou physiques. Ces actifs peuvent prendre
la forme d’un logement, d’un terrain ou d’un actif boursier.
De ce fait et pour mieux cerner la relation supposée entre la libéralisation financière et
l’épargne des ménages, il faut tenir aussi compte du taux de rentabilité d’un logement ou d’un
terrain, du taux d’intérêt rémunérateur des actifs financiers ce qui biaise l’analyse et la rend
incomplète.
individus d’utiliser l’emprunt comme un moyen pour faire face aux variations du revenu dans
le temps. Dans ce cas, il n y’a plus d’incitation à épargner et la consommation dépend plutôt
de l’évolution du taux d’intérêt.
La contrainte de liquidité peut être associée à l’écart entre le taux créditeur et le taux
débiteur : le spread. Dans ce cas, les ménages ne sont pas directement contraints à ne pas
emprunter. Mais, indirectement, à travers un coût de l’emprunt trop prohibitif. Ils choisissent
dans ce cas de consommer en tenant compte de leur revenu courant. Au fur et à mesure que la
concurrence entre les différentes institutions financières se met en place, la valeur du spread
diminue, ce qui incite les ménages à emprunter.
Il est indéniable qu’en multipliant les institutions de collecte de l’épargne, les ménages
auront une offre plus diversifiée et moins coûteuse. En effet, ce canal peut renforcer celui du
taux d’intérêt par le biais de la concurrence. Il renforce aussi celui des innovations
financières.
Les travaux empiriques sur ce sujet ne sont pas conclusifs et parfois contre intuitifs.
Comme on le verra ci-après, ces validations empiriques sont sensibles à la nature des données
mobilisées et à certaines aires géographiques. Aussi, l’instrument économétrique utilisé et les
hypothèses sous-jacentes peuvent changer les résultats radicalement.
Dans une étude portant sur sept pays asiatiques, Fry (1979) trouve une relation positive
et significative entre l’épargne nationale et le taux d’intérêt créditeur réel. Cependant,
en reformulant les estimations de Fry, Giovannini (1983) aboutit à des résultats
différents.
Dans un autre travail portant sur douze pays asiatiques, Gupta trouve une relation
positive pour l’épargne financière et négative pour l’épargne physique. Cette relation
n’a pu être établie par cet auteur que dans la moitié de l’échantillon des pays qu’il a
étudié. Une autre relation positive a été trouvée entre le taux d’intérêt créditeur réel et
l’épargne pour neuf pays d’Afrique. Ce résultat a été démontré par Diery et Yasim
(1993).
En utilisant, le volume des crédits à la consommation comme variable proxy du développement financier,
Ostry et Levy (1995) trouvent un lien négatif entre cette variable et le taux d’épargne en France.
Loayza, Schmidt Hebbel et Serven (2000) trouvent sur des données de panel qu’un
accroissement de 1% du volume des crédits par rapport au revenu, réduit le taux d’épargne de
0.74 %.
Ce qui précède est le résultat de travaux économétriques à partir de données existantes.
Une autre approche a été proposée. Cette approche consiste à régresser un proxy mesurant le
degré de libéralisation financière sur certaines grandeurs économiques en rapport avec le
sujet.
Ce proxy est un indice synthétisant les différentes expressions de la libéralisation
financière. Cet indice est construit à partir de plusieurs variables ayant un lien avec la
question de la libéralisation financière. Nous exposerons ci-dessous le résultat de travaux
utilisant cette méthodologie.
Mesuré par le taux d’intérêt créditeur réel, l’impact de la libéralisation financière semble avoir
joué : un faible rôle même si on a le signe positif qui était attendu sur les dépôts bancaires, et
un rôle important lorsqu’il s’agit de l’indicateur d’approfondissement financier.
Selon Tanimoune, l’impact indirect de la libéralisation financière sur l’épargne financière
mesuré par les taux d’intérêts est positif quelle que soit la variable expliquée, qu’il s’agisse
des dépôts bancaires ou des engagements du système bancaire immédiatement exigibles, les
résultats sont les mêmes que ceux obtenus par Diery et Yasim (1993), ces auteurs trouvent
que le taux d’intérêt créditeur réel agit positivement et de façon significative dans la
constitution de l’épargne dans neuf pays d’Afrique.
Conclusion
La libéralisation financière ne générait pas les résultats positifs que l'on en attendait, le
concept a progressivement évolué. Cette évolution s'est faite autour de deux pôles principaux :
la prise en compte de l'état de l'économie et l'intégration des nouvelles théories apparues ces
vingt dernières années.
Dans un premier temps, les échecs de ces politiques ont été attribués à l'absence de
conditions préalables nécessaires à leurs succès. Ces conditions préalables sont
essentiellement au nombre de deux : un environnement macro-économique stable et une
Références bibliograhiques
8ème promotion.
MOULDI DJELASSI et ZMAMI MOURAD [2005], « La libéralisation financière
peut-elle augmenter ou réduire l'épargne ? Une analyse de l'expérience tunisienne ».
Document de Recherche n° 2005-11. Laboratoire d'Economie d'Orléans. France
SECK [2003], « Impact de la libéralisation financière sur l'épargne domestique: Cas