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RESUME

L’objectif de ce mémoire est de déterminer l’impact du crédit bancaire au secteur privé sur la
croissance économique du Cameroun. La période d’étude retenue s’étend de 2000 à 2016 ; en
utilisant les données de la Banque Mondiale, d’ICRG de la CNUCED, nous utilisons la mé-
thode MCG comme stratégie économétrique. Les résultats de notre analyse montrent premiè-
rement que le crédit au secteur privé favorise la croissance économique du Cameroun mesuré
par le PIB ; deuxièmement il a un impact négatif sur le RNB. Par ailleurs, la faible qualité des
institutions matérialisée ici par le cadre juridique a un impact négatif sur la croissance écono-
mique du Cameroun. De ce fait, nous recommandons à l’État du Cameroun d’accroître les
règles de droit en matière de protection des droits de propriété privée et de veiller à l’applica-
tion de celle-ci afin que les banques n’aient plus à rationner le crédit. Les banques doivent ac-
croître leur offre de crédits à destination du secteur privé vers les autres secteurs de l’écono-
mie principalement vers le secteur industriel et agricole afin que ceux-ci accroissent leur pro-
ductivité ainsi la croissance économique.

Mots clés : crédit bancaire- croissance économique- secteur privé

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LISTE DES ABREVIATIONS

CEMAC : Communauté Economique d’Afrique Centrale

CILT : Crédit d’Investissement à Long Terme

CIMT : Crédit d’Investissement à Moyen Terme

CNC : Conseil National du Crédit

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Déveleppement

COBAC : Commission Bancaire d’Afrique Centrale

CT : Court Terme

ICRG : Index Country Risk Guide

INS : Institut National des Statistiques

MCG : Moindre Carré Généralisés

MCO : Moindre Carré Ordinaire

PIB : Produit Intérieur Brut

RNB : Revenu national brut

TVA : Taxe sur la valeur ajoutée

WDI : World Government Indicateur

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INTRODUCTION GENERALE

CONTEXTE DE L’ÉTUDE

Considéré comme un facteur clé de performance économique, le système financier est défini
comme l’ensemble constitué par le marché financier et les intermédiaires financier. Ces der-
niers regroupent : les établissements financiers non bancaires, les banques, les sociétés d’assu-
rance, les établissements de microfinance. Son développement contribue à une meilleure allo-
cation des ressources se traduisant par la canalisation de l’épargne vers les projets d’investis-
sement productifs (Bassirou et Ramde, 2019, P 1). Cependant, un secteur financier inefficace
ou sous développé constitue un frein à la croissance économique et au développement. En ef-
fet, une mauvaise qualité du système financier a pour effet de rendre difficile la maitrise des
risques financiers et l’intermédiation devient de ce fait inefficace, impliquant un ralentisse-
ment de l’activité économique (Gelbard et al, 2014, P 19).

Au cours des deux dernières décennies, l’Afrique malgré la hausse des taux de croissance n’a
pas pu améliorer les conditions de vie et bien-être des populations (Kamdem et Okah, 2019, P
67). Elle est confrontée à des difficultés économiques caractérisées par une lourde dette, une
balance commerciale déficitaire, une détérioration des termes de l’échange, une accélération
de l’inflation et un déficit des finances publiques.

De plus, on note une forte répression qui se fonde sur les contraintes règlementaires ne facili-
tant guère l’éclosion d’une activité financière dynamique capable de soutenir l’activité écono-
mique. Le système financier est donc considéré comme répressif car il est averse au risque et
offre des services financiers peu diversifié ( Andrianaivo et Yartey, 2010, P 397).

La crise économique au début des années 1980 a eu impact négatif sur la sphère réelle et mo-
nétaire (Kamdem et Okah, 2019, P 68). Comme le souligne Ekomo et Avom (2007, P 2), on
note une dégradation rapide du système bancaire en raison des déficits accumulés par les pays
africains qui étaient les principaux clients des banques. Des mesures et réformes ont été prises

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pour faire face à cette dégradation du paysage bancaire. Parmi ces réformes qui ont eu un im-
pact considérable sur l’environnement bancaire nous avons la restructuration bancaire : elle
avait pour but de résoudre les difficultés du système bancaire et de prévenir les risques de fra -
gilisation. Ces reformes avaient pour but, de développer le secteur financier.

Nous avons donc assisté dans la zone franc à un développement du système financier plus
précisément du secteur bancaire et de la microfinance (Ekomo et Avom, 2007, P 4). Dans le
cadre de cette analyse, nous nous focalisons sur le secteur bancaire. Cependant, ces reformes
n’ont pas conduire les économies africaines sur les voies de la croissance et du développe-
ment.

Par ailleurs, le secteur privé joue un rôle essentiel dans le développement et la croissance
d’une économie. En effet, il est le moteur de la croissance économique à travers l’investisse-
ment privé. Sur la période 1996-20081, le secteur privé africain comptait plus 80% de la pro-
duction totale, le deux tiers de l’investissement et les trois quart de crédit à l’économie. Son
développement constitue donc un enjeu majeur dans les PED. Pour pouvoir accroître son ca-
pital, le secteur privé a besoin de financement pour matérialiser son investissement. Il s’agit
de financer soit sur le marché soit par le biais  intermédiaire.

Au Cameroun, le système financier a évolué dans un contexte caractérisé, au plan internatio-


nal, par un ralentissement de l’activité économique. Ce ralentissement est plus marqué : (i)
dans la zone euro (1,8 % après 2,4 % en 2017), en liaison avec la décélération de la croissance
des exportations et la hausse des prix de l’énergie (qui a pesé sur la demande dans les pays
importateurs d’énergie) ; (ii) en Chine (6,6 % contre 6,9 %) avec la décélération de la de-
mande extérieure et le durcissement de la réglementation financière ; (iii) dans les pays émer-
gents et en développement d’Europe (3,6 % contre 6 %). Aux États-Unis, la croissance s’ac-
célère plutôt, avec un taux de 2,9 % après 2,2 % en 2017 (Rapport CNC, 2018). Sur le plan
national, le taux de croissance réelle du Produit intérieur brut (PIB) se situe à 4,1 % en 2018,
après 3,5 % en 2017.

En outre, le Cameroun sur le plan du crédit a enregistré une augmentation de 12,1 %, avec un
encours de 3 416,9 milliards au 31 décembre 2018, contre 3 048,5 milliards à fin décembre
2017. Cette évolution du crédit à l’économie s’explique en grande partie, par la hausse des en-

1
Rapport sur le développement de l’Afrique, 2011
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gagements du secteur privé et des entreprises publiques, avec notamment les financements ob-
tenus par les entreprises sous-traitantes des travaux relatifs aux projets structurants.

L’analyse du stock de crédits à l’économie montre qu’une grande partie de ceux-ci sont à
moyen terme, soit 36,9 % du total, contre 26,8 % et 4,6 % pour le court terme et le long terme
respectivement. Ils sont principalement destinés au financement des entreprises du secteur pri-
vé non financier (SPNF). Par ailleurs pendant la même période, les créances brutes en souf-
france représentent 21,9 % de l’encours total des crédits.

S’agissant de l’évolution des crédits par secteur institutionnel bénéficiaire, il ressort une nette
augmentation des crédits aux entreprises publiques, telles que la SONARA, la SODECOTON
et CAMTEL, qui sont passés de 144,1 milliards à 251,9 milliards, tandis que les crédits aux
entreprises individuelles, aux administrations publiques et aux administrations privées ont crû
respectivement de 60,7 %, 19,2 % et 9,1 %. Sur la même période, les crédits aux entreprises
privées, aux particuliers et aux sociétés d’assurance ont respectivement augmenté de 11,9 %,
5,1 % et 3 %. Avec 65,1 % des crédits distribués, les entreprises privées restent les principaux
bénéficiaires des crédits octroyés par les banques, suivies des particuliers (13,4 %), de l’État
(8,9 %) et des entreprises publiques (7,3 %). Ces données statistiques sur le volume de crédit
accordé par les banques au secteur privé, nous ont permis de formuler le thème de notre re-
cherche qui s’intitule comme suit :

Crédit bancaire au secteur privé et croissance économique : cas du Cameroun

PROBLÉMATIQUE

Le rôle des intermédiaires financiers tels que les banques par exemple dans le processus de
croissance économique n’a pas toujours fait l’unanimité au sein de la littérature traitant de
cette relation (Wacthel, 2011 P 95). Selon Beitone et al (2010, P 485), l’intermédiation fi-
nancière consiste à fournir les services de paiement, à mobiliser l’épargne et octroyer le cré-
dit. Des auteurs comme Bagehot (1873) et Schumpeter (1911) reconnaissent que la finance
est condition nécessaire pouvant conduire à la croissance économique. Cependant, certains
auteurs comme Levine (2003, P 688) pensent que la finance n’a aucun effet sur la croissance.

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Sur le plan théorique, le lien entre le développement financier et développement économique
a été reconnu dans la littérature depuis les travaux de Gurley et Shaw (1955) ainsi que Gold-
smith (1969) qui sont les précurseurs de cette analyse. McKinnon et Shaw (1973) ont montré
qu’un système financier efficient impulse le processus de croissance économique. L’idée prin-
cipale qui dégage ici est que le développement des banques a un effet positif sur la croissance
parce qu’il permet d’allouer l’épargne aux investissements. Gerschenkron (1962) montre que
les PSD sont ceux qui ont besoin d’un système financier dynamique pour impulser le déve-
loppement économique. En outre d’autres auteurs comme Bencivenga et Smith (1991, P 363)
montrent que le comportement d’épargne impacte sur le taux de croissance réelle.

Goldsmith (1969) avec des données sur l’intermédiation financière dans trente-cinq pays sur
de longues périodes et a décrit la relation entre profondeur de l’intermédiation financière et
santé économique. King et Levine (1993, 717) dans leur analyse montrent que le rôle des
banques dans l’octroi de crédit aux entreprises privées sont fortement corrélés avec la crois-
sance.

Sur le plan empirique, on a des travaux qui établissent un lien positif entre l’intermédiation fi-
nancière et la croissance. Spears (1992, P 362) établit la corrélation positive entre la finance
et la croissance dans un échantillon de pays africains. Beck et Loazya (2000, P 267) dans le
même ordre d’idée, trouvent également une relation positive entre la finance et la croissance
économique. En effet, pour ce dernier le développement des banques est positivement corrélé
à la croissance. Noula (2016, P 374) analyse l’influence du crédit bancaire et de la bancarisa-
tion sur la croissance économique de la CEMAC. Ce dernier trouve que le crédit bancaire in-
fluence positivement la croissance économique.

Kamdem et Okah (2020, P66) évaluent empiriquement l’influence de l’intermédiation finan-


cière sur la croissance de la CEEAC et trouvent que l’intermédiation financière influence po-
sitivement, mais non significativement la croissance économique. En outre, ils trouvnet éga-
lement que l’instabilité politique est un obstacle à la croissance économique. On a également
d’autres travaux qui dans leurs conclusions, confirment les résultats précédents (Nyasha et
Odhiamb, 2015, P 93) ; Masoud et Hardaker, 2012, P 149).

Cependant, on trouve dans la littérature un autre groupe de travaux qui trouvent qu’il n’existe
pas de lien véritable entre l’intermédiation et la croissance. À cet effet, Kpodar (2005, P 1) à

[Texte] Page 4
l’aide d’une estimation par la méthode des moments généralisés que le développement finan-
cier a un impact marginal plus faible sur la croissance économique. En effet, les défaillances
ou encore l’inefficacité du secteur bancaire peuvent expliquer ce faible impact.  Law et Singh
(2014, P 36-37) trouvent que la finance n’a aucun effet sur croissance économique.

Par ailleurs, dans le contexte africain, on trouve également dans les travaux empiriques des
résultats mitigés. Kamdem & Okah (2020, P 66) et Abdoulahi (2016, P 43) dans leurs tra-
vaux trouvent que le développement financier agit positivement sur la croissance économique
des pays de la CEMAC et de l’Afrique subsaharienne respectivement. Cependant, des auteurs
comme Keho (2012, P 9) montrent que le développement financier ne contribue pas à la
croissance économique des pays de l’UEMOA. Ibrahim et Aligidede (2017, P 66) trouvent
par contre que le développement financier affecte positivement la croissance seulement à
court terme et de façon non linéaire.

Au regard de ce qui précède, il peut être légitime de s’interroger sur la validité des résultats
entre la finance et la croissance économique2. S’accordant avec Bekolo-Ebé (2002, P13) 
pour dire que la fonction d’intermédiation bancaire apparaît comme un déterminant majeur
dans le processus de croissance économique et de développement, notre travail de recherche
tente de répondre à la question suivante : quel est l’impact du crédit bancaire sur la crois-
sance économique du Cameroun ? Notre question de recherche se subdivise de manière sui-
vante :

- Le crédit bancaire est-il un déterminant de la croissance économique  au Cameroun ?


- La qualité des institutions influence-t-elle la croissance économique du Cameroun ?

OBJECTIF DE L’ÉTUDE

2
Surtout en Afrique
[Texte] Page 5
L’objectif principal dans le cadre de notre analyse est de déterminer la nature de l’effet du
crédit bancaire au secteur privé dans l’économie camerounaise.

De manière spécifique, il s’agit :

- De montrer que le crédit bancaire au secteur privé favorise le produit national brut du
Cameroun ;
- De montrer que le crédit bancaire au secteur a un effet négatif sur le revenu national
brut du Cameroun.

HYPOTHÈSES

Notre hypothèse principale est qu’il existe une relation entre le crédit bancaire au secteur pri-
vé et la croissance économique.

Plus spécifiquement :

- Le crédit bancaire accordé au secteur privé induit positivement la croissance  écono-


mique mesurée par le PIB ;
- Le crédit bancaire accordé au secteur privé induit négativement la croissance  écono-
mique mesurée par le RNB.

INTÉRÊT DE L’ÉTUDE

Notre étude revêt un double intérêt :

- Un intérêt théorique dans la mesure où nous revisitons les différentes théories liées à
l’intermédiation financière ;
- Un intérêt empirique dans la mesure où nos résultats pourront aider les autorités et les
banques à soutenir le secteur en leur accordant le financement nécessaire à leur inves-
tissement.

[Texte] Page 6
STRATÉGIE EMPIRIQUE

Pour évaluer les effets du crédit bancaire sur la croissance économique au Cameroun, nous
nous inspirons du modèle de Haye (2000). Afin de déterminer la méthode d’estimation adé-
quate et d’aboutir à des résultats concluants, il est important d’effectuer une série de tests sta-
tistiques. Nous allons effectuer une série de tests. D’une part, les tests de validation du modèle
à savoir : le test de Fisher pour vérifier la significativité globale du modèle et le test d’hétéros-
cédasticité des erreurs. D’autre part, les tests de diagnostic à savoir le test de Dickey-Fuller
Augmenté pour tester la présence d’une racine unitaire et le test de cointégration afin de déter-
miner l’ordre d’intégration des séries.

Lorsque les variables sont intégrées d’ordre zéro, on estime le modèle par la méthode des
Moindres carrés généralisés. Par contre, si les variables sont intégrées d’ordre un, l’estimation
suit la procédure du modèle à correction d’erreur de Engel et Granger ou de Johansen. Si les
variables ont différents ordres d’intégration, on utilise un modèle à retard échelonné

PLAN DU TRAVAIL

Notre travail se subdivise en deux parties :

PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE DE L’IMPACT DUCREDIT BAN-

CAIRE AU SECTEUR PRIVE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE CAMEROUN

 CHAPITRE 1 : ANALYSE CONCEPTUELLE DU CRÉDIT BANCAIRE ET DE


LA CROISSANCE ECONOMIQUE

 CHAPITRE 2 : INTERMEDIATION FINANCIERE ET CROISSANCE ECONO-


MIQUE

DEUXIEME PARTIE : VERIFICATION EMPIRIQUE DE L’IMPACT DU CREDIT BAN-

CAIRE AUX SECTEUR PRIVE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

[Texte] Page 7
 CHAPITRE 3 : CREDIT AU SECTEUR PRIVE ET CROISSANCE ECONOMIQUE
AU CAMEROUN : FAITS STYLISES ET METHODOLOGIE

 CHAPITRE 4 : PRESENTATION DES RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS

[Texte] Page 8
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE

DE L’IMPACT DUCREDIT BANCAIRE AU

SECTEUR PRIVE SUR LA CROISSANCE ECO-

NOMIQUE CAMEROUN

[Texte] Page 9
INTRODUCTION PREMIERE PARTIE

Considéré comme un facteur de performance économique, le secteur financier contribue à une


meilleure allocation ressources financières qui se traduit par une canalisation de l’épargne
vers les projets d’investissements productifs sans risque substantiel d’information asymétrique
inhérent aux relations entre investisseurs (Lo & Ramdé, 2019, P1). Cependant, un secteur fi-
nancier sous-développé constitue un frein à la croissance économique et au développement.
Une faible qualité des services financiers implique une mauvaise maîtrise des risques finan-
ciers et une inefficacité de l’intermédiation financière ; ce qui constitue ainsi une entrave aux
activités économiques. Par conséquent, les ressources économiques ne peuvent pas être utili-
sées de façon efficace.

En Afrique, avant les années 1980, le secteur financier était considéré comme répressif, forte-
ment concentré dans les zones urbaines, averse au risque et n’offrant qu’une gamme peu di-
versifiée de services financiers (Andrianaivo et Yartey, 2010, p 395). En effet, la crise inter-
nationale à partir de la fin des années 1970 et au début des années 1980 a eu un impact négatif
considérable sur les équilibres réels et monétaires. La dégradation de la situation bancaire a
été rapide en raison des déficits publics importants accumulés par les différents États africains
qui étaient les principaux clients des banques. On constate de ce fait qu’il le secteur bancaire
et l’activité ont une relation de causalité.

Cette partie a donc pour but de présenter lien qui existe entre l’intermédiation financière et la
croissance économique.

[Texte] Page 10
CHAPITRE 1 : ANALYSE CONCEPTUELLE DU CREDIT BANCAIRE
ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE

INTRODUCTION

D’un point de vue traditionnel, la banque assure une fonction d’intermédiation financière
entre les agents économiques. Elles collectent les dépôts auprès des agents à capacité de fi-
nancement et les prêtent aux agents a besoin de financement. À cet effet, la banque est perçue
comme le partenaire des entreprises notamment celui de fournisseur de moyen financier. Elles
proposent aux entreprises plusieurs de types de crédit en fonction de leurs besoins.

Pour l’entreprise, ces crédits correspondent à un financement externe lui permettant de faire
face à certaines charges, d’améliorer sa performance. Par contre pour la banque, ils repré-
sentent des emplois qui génèrent des revenus. De plus, la banque utilise le crédit comme pro-
duit d’appel d’entreprises dans le but de capter les flux et services qui y sont associés ; parmi
lesquels les avances de trésorerie, les placements, les virements.

Par ailleurs, le crédit renforce les capacités des entreprises à investir et donc d’accroitre la
production ; ce qui a pour effet de contribuer à l’augmentation du volume de production.

Ce chapitre a pour objectif de présenter les concepts de crédit et croissance économique. Pour
ce faire, il se subdivise en deux sections :

- Section 1 : notion de crédit bancaire


- Section 2 : notion de croissance économique

SECTION 1 NOTIONS DE CREDITS BANCAIRES AUX ENTREPRISES

Le recours au crédit bancaire est une pratique courante dans les entreprises. Celles-ci solli-
citent auprès de leur banque ou celles avec lesquelles elles n’ont pas de relation des crédits.
Dès lors, les entreprises constituent un marché que les banques exploitent pour se faire du
profit. Ce marché leur permet de faire des marges car lorsqu’une banque réalise une opération
de crédit celle-ci est rémunérée par l’emprunteur. L’approche de la banque dans l’octroi de

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crédit comporte une recherche de profit qui implique une bonne connaissance de cette opéra-
tion.

Paragraphe 1 : Définition, caractéristiques et typologie des crédits


bancaire aux entreprises

A. Définition et caractéristiques
Pratiqué par les banques depuis l’antiquité, époque où remontent les premières traces de ces
organisations, le crédit est resté une opération au cœur de l’activité bancaire. D’ailleurs, selon
l’article 1er du règlement COBAC R-2009/02 du 1er avril 2009 portant fixation des établisse-
ments de crédit, de leur forme juridique et des activités autorisées, qui reprend les dispositions
des conventions de 1990 et 1992, définit les établissements de crédit comme : « les orga-
nismes qui effectuent à titre habituel des opérations de banque ». En outre, l’article 2 de la loi-
cadre portant sur la réglementation bancaire dans l’UEMOA, sont considérées comme
banques, les établissements de crédit qui font profession habituelle, de recevoir du public sous
forme de dépôts des fonds, des opérations de crédit, la mise à disposition de la clientèle et la
gestion de moyens de paiement.

Dans l’opération de crédit, la banque prête une certaine somme d’argent X contre promesse de
remboursement, et moyennant le paiement des intérêts, à une époque fixée (PEYRARD & al,
2001, P77). Le crédit bancaire apparait comme une mise à disposition de fonds par la banque
à une date donnée contre obligation de remboursement moyennant une rémunération. Kharou-
bi et Thomas (2013, P26) qui le définissent ainsi : « un crédit est un contrat de prêt qui stipule
le montant emprunté et l’échéancier de son remboursement. Pour le créancier, il constitue une
suite de flux financiers. Le premier est négatif et correspond au décaissement du prêt, c'est-à-
dire au versement de capital à l’emprunteur. Les suivants sont positifs : le créancier encaisse
des échéances qui incluent du remboursement du capital et des intérêts.

Bouyakoub (2000, P17) définit le crédit comme suit : « Une opération de crédit est tous actes
à titre onéreux par lequel une personne met ou promet de mettre des fonds à la disposition
d'une autre personne ou prend dans l'intérêt de celle-ci engagement par signature tel qu'un
aval, cautionnement ou une garantie ». La notion de crédit apparait donc comme un acte de
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confiance comportant l’échange de deux prestations dissociées dans le temps, biens ou
moyens de paiement contre promesse ou perspective de paiement ou de remboursement ».

De ces définitions, nous pouvons dire que le crédit bancaire est un prêt d’argent consenti sur
une certaine durée par une banque à un tiers. Durant son dénouement, l’emprunteur rémunère
la banque suivant un taux d’intérêt fixé à l’avance qui tient compte de la durée de l’opération,
et rembourse le capital emprunté. Toutefois, le crédit bancaire peut prendre la forme d’une ga-
rantie autrement dit être un engagement de payer une somme d’argent à une échéance donnée
pour le compte d’un tiers.

S’agissant des caractéristiques on distingue l’élément ci-dessous :

- La convention de crédit

Elle désigne un contrat signé entre la banque et l’entreprise auquel elle octroie un crédit. Ce
contrat a pour objet de définir la relation qui existe entre la banque et l'emprunteur, en indi-
quant notamment la nature, les modalités et conditions de crédit ;

- La rémunération

La rémunération du crédit est constituée par :

o Le taux d’intérêt qui désigne le pourcentage permettant de calculer la rémunération du


capital prêté. Il peut être fixe ou variable (révisable) et est établi en fonction de nom-
breux facteurs tels que le coût de refinancement de la banque, le coût de l’argent em-
prunté sur les marchés, etc. ; 

o La commission de crédit est une rémunération qui s’exprime en pourcentage du mon-


tant total ou partiel du crédit. Elle peut également s’exprimer en somme forfaitaire fixe
payable à un moment donné ou au prorata. Montant prélevé en sus des intérêts. C’est
un service postérieur à la mise à disposition de fonds, des frais de dossier (Bitra, 2011,
P96) ;

- Le remboursement du crédit

On distingue trois formes de remboursement de crédit :

[Texte] Page 13
o Lorsque le remboursement du capital intervient en un seul versement à l’échéance, on
parle de remboursement in fine. Le service annuel, voire trimestriel ou mensuel du
crédit ne comprend que les intérêts (Peyrard & al, 2001, P 215) ;
o  Lorsque le remboursement s’étale sur plusieurs échéances avec un montant constant
on parle de remboursement par annuité (ou mensualité) constante. Ces échéances
comprennent les intérêts de la dette et une part de remboursement du capital
emprunté ;
o Lorsque le remboursement du capital est constant à chaque échéance (année ou mois
ou trimestre) et que les intérêts décroissent avec le temps car ils sont calculés sur le ca-
pital restant dû (KEISER, 1998, P 562) on parle de remboursement par amortisse-
ment constant.
 
- Les garanties

Selon Mathieu (1995, P181), les garanties permettent à la banque de se prémunir contre le
risque d’insolvabilité de l’emprunte. Toutefois, elles varient selon la nature du crédit, le mon-
tant, la durée et le client sollicitant le crédit. Les garanties peuvent être :

o Réelles il s’agit de l’hypothèque, du gage de fonds de commerce, du gage de marchan-


dises, du gage de titres, de cession de police d’assurance, etc. ;
o  Personnelles il s’agit des cautions) ;
o Morales nous avons à cet effet la promesse d’hypothèque ou de gage, la lettre d’inten-
tion venant d’un tiers, un engagement irrévocable.

- Les clauses imposables à l’entreprise durant la vie du crédit

Quiry & al (2008, P 539) identifient quatre grandes catégories d’engagements :

o L'engagement de faire qui consiste à respecter les ratios de structure financière ou de


résultat, d'adopter ou de conserver une structure juridique donnée ;
o L'engagement de ne pas faire, en limitant la distribution de dividendes, la cession d'ac-
tifs, la politique d'investissement, la constitution de garantie de certains actifs au profit
de tiers, le recours à de nouveaux emprunts ou certaines opérations en capital ;

[Texte] Page 14
o Le "pari passu » ; cette clause oblige l'entreprise à faire bénéficier le prêteur de toutes
les garanties supplémentaires qu'elle sera amenée à donner lors de crédits futurs de
même rang ;
o Le cross default (ou défaut croisé), qui prévoit que si l'entreprise fait défaut sur un
autre crédit, la ligne de crédit devient exigible, un seuil de déclenchement est générale-
ment prévu.

B. Typologie de crédits bancaires aux entreprises

Dans la littérature la classification des crédits bancaires peut se faire en fonction de critères
tels que la durée, l’objet ou encore du type de taux appliqués. Cependant, les plus utilisés sont
l’objet et la durée du crédit (Silem & al, 2008, P229). Dans le cadre de notre analyse nous
adopterons le critère de l’objet afin de présenter les différents crédits bancaires octroyés aux
entreprises.

- Les crédits d’exploitation

Ils permettent à l'entreprise de financer les activités à court terme, l’actif circulant du bilan
plus précisément les valeurs d’exploitation et /ou le réalisable) ; les besoins de production et
de commercialisation (Rouyer & al, 1996, P91). Il permet aussi de rééquilibrer un déficit de
trésorerie. Il existe une grande variété de crédit d’exploitation. A cet effet, nous avons :

o Le crédit de caisse crédit qui permet à une entreprise de disposer pour une période pro-
visoire de la liquidité nécessaire pour son fonctionnement, sous réserve d'un rembour-
sement à un bref délai. On en distingue plusieurs types : la facilité de caisse qui fi-
nance les écarts de trésorerie de courte durée entre les dépenses et les recettes liées aux
cycles d’exploitation (Bernet-Rollande,2008, P287) ; le découvert bancaire qui est une
avance de trésorerie permanente (Quiry et Le FUR, 2008, P 537) ;
o Les crédits de mobilisation des ventes qui désignent le fait pour entreprise de céder les
créances qu’elle détient à une institution financière dans le but d’obtenir un finance-
[Texte] Page 15
ment. On distingue plusieurs types de crédit de mobilisation dont l’escompte qui est
une opération par laquelle une banque accepte, avant échéance, les effets qui lui sont
présentés par ses clients contre remise de liquidités immédiatement disponibles finan-
cement fréquemment pratiqué par les banques( Nguyen,1990, P 179) et l’affacturage
dont le principe repose sur le transfert des créances commerciales d’une entreprise sur
une société d’affacturage chargée du recouvrement (Meysonnier,1992, P114).

- Les crédits d’investissement

Selon Beguin & al (2008, P 251), il s’agit de crédits à moyen 3 ou long terme4 destinés au fi-
nancement d’investissements. Ces investissements peuvent être incorporels (fonds de com-
merce, brevet, etc.), corporels (immeubles, matériels de bureaux, équipements) et financiers
(prises de participation, fusion ou acquisition de filiale).

Paragraphe 2 : le risque de crédit et sa gestion

A. Le risque de crédit

L’activité d’octroi du crédit par la banque n’est pas sans contrainte. En effet, les banques
doivent constamment agir de manière à être capable de répondre aux retraits des déposants
sans pour autant être obligé de rappeler le crédit consenti aux entreprises. S’agissant des en-
treprises qui sollicitent le crédit, la banque doit identifier et analyser les risques inhérents à
l’entreprise.

Kharoubi et Thomas (2013, P17) définissent le risque comme la possibilité d’apparition d’un
évènement ayant des retombées négatives. Il renvoi à un danger, un inconvénient, auquel on
est exposé. En outre, en ce qui concerne le risque de crédit, ces auteurs le perçoivent comme
étant la possibilité qu’un évènement négatif affecte le service de la dette convenu avec le dé-
biteur.

3
Crédit d’une durée comprise entre 2 et 7 ans
4
Crédit d’une durée supérieure à 7 ans
[Texte] Page 16
Pour Gouriéroux et Tiomo (2007, P11) le risque de crédit est un risque de perte inhérent au
défaut d'un emprunteur par rapport au remboursement de ses dettes (obligations, prêts ban-
caires, créances commerciales...). Ce risque se décompose en risque de défaut qui intervient
en cas de manquement ou retard de la part de l'emprunteur sur le paiement du principal et/ou
des intérêts de sa dette". C’est également le risque que les débiteurs n’honorent pas totalement
ou partiellement leur engagement (Dubernet, 1997, P64).

Coussergues (2007, P155) identifie deux causes de risque de crédit :

- Une cause externe due à l’insolvabilité de l’emprunteur. Il peut s’agir du contexte po-
litique et économique du pays, la conjoncture du secteur d’activité, etc. ;
- Une cause interne due à l’activité de distribution de crédit de la banque. Il peut s’agir
ici de la moralité et la capacité technique de son dirigeant, la structure financière, la si-
tuation commerciale et industrielle, le climat social, etc.

Par ailleurs, Le défaut du client pour son banquier correspond à une échéance impayée. Il s’en
suit des démarches et des lettres de relance, qui sauf régularisation de l’impayé, conduisent à
une affectation du dossier au service contentieux. A ce stade, l’entreprise perd son « statut de
client » pour celui de « débiteur » (Matthieu, 1995, P 62).

Les impayés sur les crédits constituent sont considérés comme des engagements en souffrance
qui doivent être enregistrés dans le bilan de la banque et provisionné, selon la réglementation
en vigueur dans la zone monétaire où elle exerce. Leur non-recouvrement peut avoir pour
conséquence d’entrainer une perte de tout ou une partie du capital prêté et des intérêts, en
fonction de la réalisation des garanties.

Les conséquences directes du risque de crédit sont les provisions et les pertes qui dégradent le
résultat net de la banque et aussi peut la conduire à la faillite. Cette dernière peut affecter le
fonctionnement des systèmes de règlement, modifie le comportement d’épargne et réduit les
possibilités de financement des particuliers et des entreprises (Dietsch & al, 2008, P 225). Elle
fragilise de ce fait le système bancaire ; car il existe une forte densité des liens financiers in-
terbancaires (Bessis, 1995, P 51).

En définitive, le risque de crédit a des effets désastreux sur les résultats et la santé financière
des banques. Il peut occasionner leurs chutes et la défaillance du système bancaire voire fi-
nancier créant ainsi une crise de liquidité.
[Texte] Page 17
B. Gestion du risque de crédit

Les banques sont tenues, respecter les normes définies par les autorités en charge du secteur
de l’activité bancaire. Ces normes règlementaires sont destinées à garantir leur liquidité et sol-
vabilité à l’égard des déposants et plus généralement des tiers ainsi que l’équilibre de leur
structure financière. Elles visent également à prévenir et à traiter le risque de défaillances des
banques.

La gestion du crédit se fait dans le respect des normes régionales et internationales. Dans le
cadre de notre analyse, la gestion de crédit doit s’aligner aux normes de la CEMAC et celles
prescrites par le comité de Bâle.

- Les normes de la CEMAC

On distingue quatre normes dans la réglementation CEMAC 5 : la norme de solvabilité, la


norme d’équilibre financier, la norme de gestion, la norme de liquidité.

o La norme de solvabilité : en application du règlement COBAC R-2001/02 relatif à la


couverture des risques des établissements de crédit, les banques sont tenues de mainte-
nir en permanence un rapport égal au moins à 8 % entre le montant des fonds propres
prudentiels et celui de l’ensemble des risques de contrepartie assortis d’une pondéra-
tion que les établissements de crédit encourent du fait de leurs opérations. Encore ap-
pelée ratio de couverture des risques, cette norme constitue la principale norme de
solvabilité, car elle permet d’apprécier la capacité d’un établissement à pouvoir hono-
rer ses engagements ;

5
La règlementation bancaire dans la CEMAC est définie à l’échelle régionale. Elle confère une compétence limi-
tée aux États membres dans ce domaine. Les organes qui régissent, surveillent et participent à l’animation ban-
caire sont : le comité ministériel de l’UMAC, la COBAC et la BEAC.
Deux conventions régissent l’activité bancaire dans la zone CEMAC :
- La convention portant création d’une commission bancaire de l’Afrique centrale signée le 16 octobre
1990 
- La convention portant l’harmonisation de la règlementation bancaire dans les États de l’Afrique centrale
signée le 17 janvier 1992
[Texte] Page 18
o La norme d’équilibre financier cette norme permet d’évaluer la situation d’adéquation
des ressources avec les emplois. Le règlement COBAC R-93/05 relatif à la couverture
des immobilisations des établissements de crédit exige que ceux-ci couvrent en perma-
nence et totalité leurs immobilisations par leurs ressources permanentes. Le respect de
cette norme permet que les dépôts collectés ne servent pas au financement des immo-
bilisations en d’autres termes que les ressources courtes ne servent pas au financement
d’emplois longs.

o La norme de gestion : la réglementation COBAC R — 2001/03 relatifs à la divi-


sion des risques des établissements de crédit ont établi deux normes : Un maxi-
mum de 45 % entre l’ensemble des risques encourus par une banque du fait de ses
opérations sur un même bénéficiaire et le montant des fonds propres nets ; Un
maximum de 800 % entre la somme des grands risques que la banque encourt et le
montant de ses fonds propres nets. Par grands risques, on entend les risques encou-
rus du fait des opérations avec le nombre de bénéficiaires lorsqu’ils excèdent 15 %
des fonds nets de la banque.
o La norme de liquidité : la notion de liquidité correspond au caractère de l’argent
dont on peut disposer immédiatement. En outre, la liquidité est l’estimation à un
moment donné, du potentiel de trésorerie d’une entreprise. La trésorerie qui re-
couvre les encaisses, les avoirs chez les correspondants est donc une notion indis-
pensable à l’appréciation de la liquidité d’une banque. Le règlement COBAC R-
93/06 fixe à 100 % le rapport minimum entre les actifs et les passifs à vue ou à
échoir dans le mois, quelle que soit leur nature. Ce rapport traduit la capacité d’une
banque à faire face à ses engagements. De plus, la notion de liquidité est associée à
la notion de transformation qui apparaît dans toute activité d’intermédiation ban-
caire.
À ce titre, le règlement COBAC R-93/07 établit à 50 % le rapport minimum entre
les ressources stables et les emplois à plus de cinq (05) ans. Il constitue un indica-
teur de solvabilité et de liquidité à long terme.

[Texte] Page 19
- Les normes internationales

Elles sont régies par le comité de Bâle. Ce dernier a pour mission de définir les modalités
d’une coopération internationale, avec pour objectif, de renforcer le contrôle prudentiel et à
développer la qualité de la surveillance des banques. Il définit également des accords qui sont
constitués d’exigence en fonds propres et normes prudentielles destinées à appréhender le
risque bancaire, notamment les risques de contrepartie. On distingue trois accords de Bâle ;
chaque accord est établi en fonction des limites du précédent :

o L’accord de Bale 1 : il repose sur le respect d’un rapport minimal entre les fonds
propres et les risques pondérés selon leur nature. Les banques devraient détenir, en
permanence, des fonds propres réglementaires qui soient supérieurs à 8% du total de
leurs actifs et engagements pondérés en fonction du risque (Bernet-Rollande, 2006,
P8) ;

o L’accord de Bâle II : l’architecture de ce nouvel accord repose sur trois piliers qui se
renforcent mutuellement :

Le pilier 1 porte sur les exigences minimales de fonds propres pour couvrir le risque de crédit,
de marché et opérationnel. Le ratio de fonds propres est fixé à 8 %. Il existe deux approches
pour évaluer le risque de crédit. On a d’une part, l’approche standard elle consiste à évaluer le
risque de crédit à partir des agences de notations externes, et d’autre part l’approche fondée
sur la notation interne.

Le pilier 2 est un processus de surveillance prudentielle pour la gestion du risque, la transpa-


rence et la responsabilité prudentielle. Ce processus permet de garantir que les banques dis-
posent de fonds propres leur permettant de couvrir les différents risques qu’elles encourent.

Le pilier 3 quant à lui repose sur la discipline de marché avec pour objectif de compléter les
exigences minimales de fonds propres (pilier 1) et le processus de surveillance prudentielle
(pilier 2). Il vise à définir des exigences de communication financière pour les banques.

o L’accord de Bale 3 : en vigueur depuis 2010, cet accord avait pour objectif de renfor-
cer la sécurité et la solidité du système bancaire. Il s’agit de :
[Texte] Page 20
- Renforcer les fonds propres porté à 10,5%
- Evaluer la solvabilité à court et long terme
- Améliorer de la gestion des risques et de la gouvernance
- Renforcer la transparence et la communication au sein des banques

SECTION 2 : NOTION DE CROISSANCE

Paragraphe 1 : Définition et source de la croissance

A. Définition

Salles (1983) définit la croissance économique comme un accroissement soutenu sur une
longue période du PNB ou encore du revenu national. Dans le même ordre d’idée, Perroux
(1961) définit la croissance économique comme une augmentation sur le long terme d’un in-
dicateur de dimension. Cependant, il ne faut pas confondre la notion de croissance avec la no-
tion d’expansion. En effet, le terme expansion est plus utilisé dans l’interprétation ou analyse
des fluctuations et des cycles économiques. Il peut y avoir une augmentation du PIB mais ac-
compagné d’un accroissement des inégalités économiques.

Kuznets dans son discours de réception du prix Nobel en 1971 définit la croissance écono-
mique d’un pays comme une hausse de long terme de la capacité à offrir à sa population une
gamme élargie de biens économiques, cette capacité repose sur le progrès technique.

De ces définitions, nous pouvons dire que la croissance économique est un processus d’aug-
mentation continue du volume de production d’une économie. La croissance est mesurée à
partir des taux de croissance d’un agrégat en volume généralement le PIB. Cependant, le PIB
ne fait pas l’unanimité pour plusieurs raisons parmi lesquelles la non prise en compte de l’en-
vironnement, des inégalités sociales. Il ne peut donc pas rende compte du niveau de bien être
d’une économie. Ainsi, pour palier à ses différents manquements des auteurs comme Sen

[Texte] Page 21
(1991), Stiglitz (2008) ont proposé d’autres indicateurs comme l’IDH, l’épargne nette ajus-
tée.

B. Source de la croissance

La croissance économique résulte de l’accumulation des facteurs. Pour créer des richesses, les
agents économiques vont accumule du capital qui correspond aux moyens de production du-
rables qui vont être utilisés, du travail qui correspond à la main d’œuvre disponible. Dans le
livre intitulé Les Nouvelles Théories de la Croissance p 47, Guellec et Ralle identifient
sources de la croissance économique d’une nation. Il s’agit de :

- Progrès technique : Il s’agit ici des innovations de nature technique qui améliorent la
capacité de production. En d’autres termes on qualifie de progrès technique l’en-
semble d’innovations qui favorisent une amélioration de la productivité des facteurs de
production ;
- L’accumulation du capital humain : Il représente l’accumulation de nouvelles connais-
sances qui provient de l’investissement en éduction de la population. Cette accumula-
tion se traduit par la capacité de la population à innover et de favoriser le progrès tech-
nique.
- L’accumulation du capital public : il concerne essentiellement l’ensemble des infra-
structures public qui améliorent la capacité productive des agents économiques.

Paragraphe 2 : les théories de la croissance

A. Les théories de la croissance exogène


D’après les théories traditionnelles de la croissance, les déterminants de la croissance sont ex-
ternes à celle-ci. En d’autres termes, ces théories postulaient que la croissance de longue pé-
riode est exogène. Nous présentons dans cette partie les principaux modèles de croissance
exogène.

[Texte] Page 22
- Le modèle de Harrod

Formulé en 1948 par Roy Forbes Harrod dans son toward a dynamics economics, le modèle
de croissance exogène de Harrod est l’un des premiers modèles de croissance keynésiens. Il
distingue dans son modèle trois taux de croissance qui résultent de différents déterminants. A
cet effet, nous avons :

o Le taux de croissance effectif qui correspond à la croissance effective ou réelle ;


o Le taux de croissance garanti qui assure l’équilibre entre l’épargne et l’investisse-
ment ;
o Le taux de croissance naturel qui est le taux qui assure le plein emploi. Il est tributaire
de la croissance de la population active et de la croissance de la productivité (qui dé-
pend du progrès technique).

Dans le modèle de Harrod, on constate que la population et le progrès technique sont exo-
gènes et sont considérés comme extérieurs à la sphère économique. En outre, la croissance
idéale serait qui égalise le taux de croissance garanti et le taux de croissance naturel. Cepen-
dant, la croissance garantie a peu de chance de se réaliser et ses déterminant sont étrangers
aux de croissance qui assure le plein emploi. A cet effet, Harrod introduit le phénomène du fil
de rasoir qui stipule que le chemin de la croissance équilibré est étroit et y rester relève du ha-
sard ce qui justifie l’intervention de l’Etat.

- Le modèle de solow

Dans son ouvrage Une contribution à la théorie de la croissance économique publié en


1956, Solow sur la base d’une fonction de production de type microéconomique présente la
conception équilibrée de la croissance. Elle est équilibrée dans la mesure où les facteurs de
production sont flexibles ce qui permet d’assurer le plein emploi. Ainsi une hausse excessive
de l’offre de travail entrainerait une baisse des salaires ce qui inciterait les entreprises à em-
baucher davantage.

[Texte] Page 23
L’analyse de Solow (1956) se base sur les rendements d’échelle constants, la baisse de la pro-
ductivité marginale du capital et la substitution entre capital et travail (Sabbagh, 2017, P22). Il
introduit le progrès technique pour limiter la décroissance des rendements et montrer qu’il est
déplacement de la fonction de production pour des quantités de travail et de capital. La crois-
sance dépend donc de deux facteurs : d’une part de la quantité de travail et du progrès tech-
nique d’autre part. En outre, elle est équilibrée mais ses déterminants sont exogènes ou encore
indépendants de la sphère économique.

Nous pouvons donc résumer les théories de la croissance exogène par les points suivants :

- La croissance de longue période dépend des facteurs exogènes tels que la croissance
démographique et le progrès technique ;
- La croissance de longue période est déséquilibrée dans la conception keynésienne et
équilibrée dans les modèles néoclassiques ;
- La croissance économique n’est pas un phénomène cumulatif et auto-entretenu.

B. Les théories de la croissance endogène

Les théories de la croissance endogène s’inscrivent dans le cadre d’une analyse à équilibre
concurrentiel (Montoussé, P67). Alors que dans les modèles de croissance exogène, le pro-
grès technique était considéré comme un facteur externe, les modèles de croissance endogène
cherche à l’endogénéiser. Cette endogénéisation permet d’expliquer le caractère cumulatif de
la croissance à travers le progrès technique qui est une source de la croissance. Cette concep-
tion était déjà présente dans l’analyse de Schumpeter avec le principe de création destructrice
qui implique que les innovations émanent de l’amélioration des innovations précédentes.
Pour ce dernier, l’innovation est un processus dynamique car il crée des goulets d’étrangle-
ment qui suscite l’apparition de nouvelles innovations.

Sabbagh (2017, P22) montre que le modèle de base de la croissance endogène repose sur l’ac-
cumulation de quatre facteurs comme le capital physique, la technologie, le capital humain, le
capital public et la technologie (Romer, 1986, P 1004 ; 1990, p280).

[Texte] Page 24
- L’accumulation du capital physique :

Dans le modèle de croissance endogène développé par (Romer, 1986), le capital physique
dans une entreprise provoque des effets positifs sur les autres entreprises. En effet, l’accumu-
lation de connaissance pour la production de biens et services dans une entreprise montre que
l’investissement a un double effet, d’un côté sur la production de l’entreprise et de l’autre côté
sur la productivité des autres entreprises grâce à la présence d’externalités technologiques.
L’existence d’externalité entre les entreprises, peut s’expliquer par le fait que l’investissement
dans des progrès technologiques endogènes est le point de départ de ce modèle. On peut donc
conclure que l’investissement agit directement sur la croissance et indirectement sur le pro-
grès technique. Li & Liu (2005, p393) montrent que les IDE ont un effet positif, négatif ou
négligeable sur la croissance économique en fonction des conditions économiques, institution-
nelles et technologiques dans l’économie bénéficiaire ;

- L’accumulation du capital technique :

La particularité de ce modèle, la particularité de la technologie est que le changement techno-


logique peut se faire par l’acquisition des biens nouveaux (brevet) et des innovations, d’où la
technologie est un bien public et non rival. Cette théorie met en avant le rôle important de la
recherche-développement au cours de la période de changement technologique et les externa-
lités de connaissances. Guellec, et Pottelsbergh (2001, p9) soulignent l’importance de de la re-
cherche et développement pour la productivité et la croissance économique qu’elle soit déve-
loppée par les entreprises, le secteur public ou qu’elle provienne de sources étrangères.

- L’accumulation du capital humain :

Le capital humain désigne l’ensemble de l’accumulation des capacités par un individu qui ac-
croissent leur force productive et exerce un effet positif sur toute la société. Becker (1960)
dans sa théorie du capital humain présente l’éducation et la formation professionnelle comme
des investissements que des individus cherchent à optimiser. Dans même ordre d’idée, Lucas
(1988) considère le capital humain comme un facteur endogène à la croissance. En effet, l’ac-
cumulation de capital humain améliore la productivité marginale de la main d’œuvre.

[Texte] Page 25
- L’accumulation du capital public :

L’Etat peut contribuer à l’accumulation des différentes formes de capital. Ainsi il peut à partir
d’une politique de formation et d’éducation améliorer l’efficacité du capital humain. Il a aussi
un rôle important dans à jouer dans l’accumulation du capital technologique en mettant en
place le système des brevets et en investissant dans la recherche et développement. L’Etat
doit financer les infrastructures où les dépenses publiques jouent un rôle fondamental et
contribuent à accroître la productivité du capital privé (Barro, 1990).

Le tableau ci-dessous récapitule les différentes théories de la croissance

Tableau 1 : Récapitulatif des théories de la croissance


Déterminants Caractéristiques Rendements

Modèles tradi- Exogène : Non auto-entretenue Rendements dé-

tionnels de la Croissance de la population déséquilibrée pour les croissants chez

croissance active et progrès technique post keynésiens ; Solow

Equilibrée pour Solow

Théories de la Endogène : Auto-entretenue Rendements

croissance endo- Accumulation des connais- constants

gène sances, recherche et déve-

loppement, infrastructures,

etc.

Source : auteur

[Texte] Page 26
CONCLUSION

Ce chapitre avait pour objectif de fournir un cadre théorique à la notion de crédit bancaire.
Pour ce faire, nous avons à la première section présentée les notions de crédit. À cet effet,
nous avons analysé la typologie des crédits et nous distinguons deux types crédit : les crédits
d’exploitation et les crédits d’investissement. Ensuite, nous avons présenté les caractéristiques
de crédit bancaire. Parmi ces caractéristiques, nous avons : la convention de crédit, les moda-
lités de remboursement, la rémunération du crédit, les garanties et les clauses imposables à
l’entreprise durant la vie du crédit. Ensuite, nous avons effectué l’analyse du risque de crédit.
Les causes et conséquences du risque de crédit ont été énumérées. Par la suite, nous avons
étudié les différentes méthodes de gestion du risque de crédit. Il existe dans la littérature trois
méthodes : la gestion du risque de crédit avec les normes de la CEMAC, la gestion du risque
de crédit avec les normes du comité de Bâle et la gestion du risque de crédit avec les tech-
niques de gestion.

Dans la deuxième section, nous avons analysé la notion de croissance économique. Il ressort
de cette section que la croissance économique se définit comme un processus d’augmentation
continue du volume de production d’une économie. La croissance est mesurée à partir des
taux de croissance d’un agrégat en volume généralement le PIB. En outre, elle provient entre
autre de l’accumulation du capital humain, technologique. Enfin, les développements théo-
riques nous permettent d’identifier deux approches théoriques : théorie exogène de la crois-
sance et théorie endogène de la croissance6.

6
Voir tableau 1
[Texte] Page 27
CHAPITRE 2 : INTERMEDIATION FINANCIERE ET CROISSANCE

ECONOMIQUE

INTRODUCTION

Dans un contexte de la mondialisation chaque Etat aspire à la croissance et au développement,


il s’impose donc chacun la manipulation optimale des instruments de politique économique.
A travers la mobilisation de l’épargne, l’allocation optimale des ressources, la gestion des
risques, le développement financier est un stimulant de la croissance économique (Lubu &
Omoyi, 2015, P1). La crise des surprimes a marqué un tournant dans la compréhension des
mécanismes macroéconomiques. Cette crise a permis de s’interroger sur la contribution des
banques et de la finance à la croissance économique. Ce présent chapitre a donc pour objectif
d’analyser la littérature qui traite le lien entre le financement bancaire et la croissance écono-
mique.

Pour ce faire, il s’organise de la manière suivante :

- Section 1 : processus et modèle théorique existant sur l’intermédiation fi-


nancière ;
- Section 2 : revue de la littérature sur le lien entre l’intermédiation finan-
cière et la croissance économique

SECTION 1 : PRESENTATION DE LA THEORIE DE

L’INTERMEDIATION FINANCIERE

L’intermédiation financière peut être considérée comme un ajustement des besoins et des ca-
pacités de financement se traduisant par l’intervention d’un tiers dans le cas de notre analyse
la banque (Capelle-Blancard, 2006, P4). Dans cette partie, il est question de présenter les dif-
férentes formes d’intermédiation financière et d’évoquer les modèles théoriques existants.

[Texte] Page 28
Paragraphe 1 : La notion d’intermédiation

A. Formes d’intermédiation

Biales (2020, P9) dans son analyse, distingue d’abord deux formes d’intermédiation finan-
cière : l’intermédiation de marché (passive) et l’intermédiation de bilan (active).

L’intermédiation de marché est qualifiée de passive ou de finance directe en ce sens que l’in-
termédiaire financier a essentiellement pour rôle d’aider les agents à besoin de financement à
trouver les agents à capacité de financement pour écouler les titres que les premiers désirent
offrir à long ou court terme aux seconds. En outre, dans une économie où prédomine le finan-
cement direct, les banques jouent un rôle de courtier pour faciliter l’émission des dettes sur le
marché primaire7 et les reclassements de portefeuilles des investisseurs sur le marché secon-
daire8.

Il existe deux modalités de la finance directes pour lever les fonds sur le marché financier :

 Les actions se définissent comme une fraction du capital d’une société. Ce sont des
titres à revenu variable. Le prix d’une action diffère de la valeur nominale du titre et se
fixe sur le marché selon la loi de l’offre et de la demande ;
 Les obligations quant à elles sont des titres de créance provenant d’un emprunt à long
terme réalisé par une société non financière, une institution financière ou administra-
tion publique. Elles peuvent être à taux fixe ou à taux variable et d’une durée comprise
entre 7 et 15 ans. Ces nouveaux titres sont disponibles auprès des banques et des éta-
blissements financiers et directement vendus par eux.

On distingue également deux formes d’intermédiation de marché :

 L’intermédiation de courtage : le courtier assure le rapprochement entre l’agent a be-


soin de financement et celui à capacité de financement ;
 L’intermédiation de contrepartie : dans ce cas, l’intermédiaire achète des actifs qu’il
revend par la suite pour son propre compte, jouant alors le rôle de contrepartie.

Les services d’intermédiation sont assurés par des prestataires de services d’investissement
tels que les sociétés de bourses, courtiers ; ou des banques.

7
Véritable mécanisme de la finance directe c’est-à-dire l’approvisionnement des entreprises en capitaux par le
biais d’émission de titre.
8
Marché qui permet aux propriétaires des titres cotés et uniquement à eux d’échanger ces titres contre de la
monnaie donc d’assurer leurs liquidités.

[Texte] Page 29
S’agissant de l’intermédiation de bilan, Biales (2020, P10) la définit comme l’ensemble des
activités bancaires traditionnelles. Elle est qualifiée ici d’active parce qu’elle comporte une
fonction de transformation de titre ce qui affecte le bilan de l’intermédiaire ; on l’appelle fi-
nance indirecte. De plus, sa fonction traditionnelle l’octroi de crédit ; l’intermédiation de titre
auprès des OPCVM. Dans l’intermédiation de bilan, les prêteurs et les emprunteurs s’ignorent
complètement et l’intermédiaire financier polarise tous les risques.

Par ailleurs, le rôle des intermédiaires financiers ne consiste pas seulement à mettre en contact
les offreurs et les demandeurs, mais aussi à réaliser et maintenir un équilibre entre eux. Plus
précisément, le rôle bancaire consiste à l’acquisition des titres de « dette primaire » des agents
a besoin de financement en émettant en contrepartie des titres de « dette secondaire ». Les en-
treprises ainsi que l’État préfèrent s’endetter auprès des banques ou des institutions finan-
cières spécialisées dans les prêts. Les banques qui octroient des prêts se refinancent couram-
ment sur le marché interbancaire ou auprès de la banque centrale. Cette dernière n’influe pas
sur le volume de refinancement, mais plutôt sur l’offre des taux d’intérêt qu’elle fixe en fonc-
tion de son objectif de taux et de réserve de change.

Il s’agit dans ce cas d’une économie d’endettement où la finance indirecte prédomine. En ef-
fet, c’est une économie dans laquelle les agents non financiers ont la possibilité d’emprunter
auprès des banques commerciales, qui ont la même possibilité auprès de la banque centrale.

Dans la littérature, tout comme l’intermédiation de marché on distingue deux formes d’inter-
médiation de bilan :

 L’intermédiation de crédit : ici, le rapprochement entre les agents à capacité de


financement et à capacité de financement se fait par les banques. Celles-ci col-
lectent les dépôts des agents à capacité de financement et l’octroi sous forme de
crédit aux agents a besoin de financement ;
 L’intermédiation de titres : dans ce cas, la causalité va des ressources (sommes versées
par les agents à capacité de financement en paiement de titre émis par la banque) vers
les emplois (sommes versées par les banques en contrepartie des titres émis par les
agents à besoin de financement).

La notion d’intermédiation peut donc se résumer avec la figure ci-dessous :

[Texte] Page 30
Figure 1 : formes d’intermédiation

Formes d’intermédiation

Intermédiation de marché Intermédiation de bilan

Intermédiation Intermédiation Intermédiation Intermédiation

de courtage de contrepartie de crédit de titre


Source : auteur à partir de Biales 2020

B. Fonction de l’intermédiation : cas de l’intermédiation bancaire

L’intermédiation bancaire se caractérise sur deux points : la première est qu’elle met en rela-
tion d’une part l’agent a besoin de financement et l’intermédiaire financier et d’autre part l’in-
termédiaire financier et l’agent à capacité de financement. La deuxième est qu’elle suppose
des échanges d’informations individualisées contrairement au marché où les informations sont
collectives. De plus, nous distinguons diverses fonctions de l’intermédiation bancaire :

 Une fonction monétaire : les banques exercent une fonction de création monétaire no-
tamment lors de l’octroi du crédit aux agents a besoin de financement ou alors par le
refinancement auprès de la banque centrale. Cette fonction permet d’élargir l’espace
des transactions entre agents économiques en même temps qu’elle rend possible la
continuité dans le temps.
 Une fonction de transformation : ici elle pose le problème de l’adéquation entre les
ressources la disponibilité des ressources et l’allongement du détour de production,
l’intermédiaire assure cette adéquation en transformant des ressources généralement
courtes en financement long.

[Texte] Page 31
Paragraphe 2 : Activité et risque liés l’intermédiation bancaire

A. Activité de l’intermédiation bancaire

Dans leurs travaux, Gurley et Shaw (1960) cités par Wachtel (2017, p96) considèrent la
banque comme un intermédiaire financier et monétaire. Selon ces derniers, l’activité princi-
pale de la banque est l’intermédiation entre les agents à excédent de ressources et les agents à
besoin de financement. En d’autres termes, elle collecte les dépôts liquides à vue ou à terme
contre rémunération des agents à excédant de capitaux et octroient aux agents a besoin de ca-
pitaux des crédits rémunérés à taux d’intérêt débiteurs largement supérieurs aux taux d’intérêt
créditeur dont bénéficient les déposants.

L’intermédiation bancaire désigne le rôle que jouent les banques comme intermédiaires finan-
ciers. Ce rôle consiste à collecter les disponibilités sous forme d’épargne et de dépôts sous
forme d’épargne auprès des agents économiques et à accorder des crédits.

De ce fait, on distingue donc deux activités des banques :

 La collecte de l’épargne ou de dépôts : les crédits accordés par les banques commer-
ciales dépendent des ressources dont elles disposent. Ainsi la collecte de l’épargne par
les banques auprès des ménages sous la forme de dépôts à vue 9, de dépôts à terme10, de
bon de caisse ;
 L’octroi de crédit : il s’agit ici de l’activité la plus importante de la banque commer-
ciale. Les crédits bancaires servent à financer l’économie. Il est bénéfique aux particu-
liers pour le financement de l’habitat et de la consommation ; aux entreprises non fi-
nancières pour les achats d’équipements, de la trésorerie et des opérations d’exporta-
tions. Les crédits bancaires sont différenciés selon plusieurs critères : la durée, l’objet,
la forme et le bénéficiaire.

9
Épargne disponible à tout moment et qui bénéficie d’une rémunération en termes de taux d’intérêt créditeur en
fonction des dates en valeur
10
Dépôts de la clientèle qui par convention avec la banque font l’objet d’un blocage sur une durée déterminée et
qui sont rémunérés

[Texte] Page 32
B. Risques liés à l’activité d’intermédiation bancaire

L’activité d’intermédiation bancaire s’expose à plusieurs risques. Le risque ici, est définit
comme l’ensemble des pertes associées à des évolutions défavorables dans lesquels l’intermé-
diation évolue. Ces évolutions font l’unanimité sur la conséquence de contracter significative-
ment l’offre de monnaie devant ou pouvant déboucher sur une crise macroéconomique. L’in-
termédiation se fait en fait par une transformation d’échéance à court et moyen terme (collecte
de l’épargne aux agents à disponibilité de financement) en échéance à long terme (crédits aux
agents a besoin de financement). Une crise bancaire peut être générée de deux manières : soit
par le phénomène insolvabilité ou par celui d’illiquidité :

Crise d’illiquidité : Elle peut se traduire par une ruée forte des épargnants pour solliciter si-
multanément leur fonds placé à court ou moyen terme auprès de l’intermédiaire qui a fait un
placement à long terme. L’exigibilité du passif de l’intermédiaire devient supérieure à la liqui-
dité. Le phénomène de « banque rude » peut se généraliser paralysant de ce fait le tissu ma-
croéconomique. C’était le cas aux États-Unis d’Amérique (USA) en octobre 1929, en Argen-
tine en novembre 2000 ou en Indonésie en 1998. Actuellement, toute économie a mis en place
un système de protection de l’épargne que nous analyserons plus tard. Cette crise peut aussi
être due à des mauvais placements des intermédiaires sur le marché à long terme (produits à
risque, détérioration des taux de change ou autres produits à risque) générant des pertes qui
vont mettre ces dits intermédiaires dans l’incapacité d’honorer à leurs obligations vis-à-vis
des épargnants. C’est le cas des positions courtes1 sur le change, les devises, les taux ou les
actions.

Le risque d’insolvabilité des Établissements de crédit quant à lui est dû à une mauvaise alloca-
tion des ressources. La solution serait de trouver une structure optimale d’allocation des res-
sources sur le marché. Mais les banques font face à deux problèmes lors de l’octroi du crédit :

o La sélection adverse : le client dissimule sa situation défavorable ou d’insolva-


bilité à l’intermédiaire pour bénéficier d’un crédit. À ce moment, l’intermé-
diaire n’étant en mesure d’évaluer réellement le risque de crédit de ce client,
fixe le prix du crédit à un prix moyen qui a pour conséquence de pénaliser les
bons clients qui verront leur prix de crédit augmenter du fait du prix de réfé-
rence mal évalué et les mauvais clients paieront moins cher leur crédit et à
charge à l’intermédiaire à terme le coût d’insolvabilité.

[Texte] Page 33
o L’asymétrie de l’information : le bénéficiaire du prêt prend des risques plus
élevés par rapport à l’accord initial pour prétendre gagner davantage. Ce qui
fait supporter à la banque un risque additionnel non désiré et qui n’a pas été
pris en compte dans l’évaluation du prix de l’emprunt. Il s’en suit alors des dé-
faillances des emprunteurs de capitaux ne pouvant honorer leurs dettes suite à
des difficultés d’exploitation ou à une faillite.

SECTION 2 : INTERMEDIATION FINANCIERE ET CROISSANCE

ECONOMIQUE : UNE REVUE DE LA LITTERATURE

Dans cette partie, nous présentons en premier lieu les développements théoriques pionniers de
l’intermédiation. A cet effet, les travaux de Gurley et Shaw (1960) et de Hicks (1974) consti-
tuent les premières analyses. En second lieu, nous présentons la théorie traitant la relation
entre l’intermédiation financière et la croissance.

Paragraphe 1 : fondements théoriques de l’intermédiation finan-

cière

A. Le modèle de Gurley et Shaw (1960)

Le secteur financier et notamment le rôle des banques dans les mécanismes économiques sont
peu considérés dans l’analyse économique jusqu’aux années 1960. Ainsi, les banques de se-
cond rang sont principalement considérées comme un maillon passif destiné à transmettre les
impulsions de la politique menée par la banque centrale.

Le modèle de Gurley et Shaw développé en 1960 reconsidère la spécificité des banques et


pose les bases d’une théorie de l’intermédiation financière. Dans leurs travaux, ils distinguent
deux modes de financement : la finance directe et la finance indirecte. Ces deux modes de fi-
nancement sont établis entre deux catégories d’agent non financier présentes dans une écono-
mie. D’une part, nous avons les agents à capacité de financement qui structurellement sont

[Texte] Page 34
constitués par les ménages ; ces dernières ont pour objectif de se prémunir contre le risque en
détenant le plus de liquidité possible. D’autre part, nous avons les agents à besoin de finance-
ment qui sont généralement des entreprises cherchant à s’endetter sur le long terme de façon à
financer des projets d’investissement rentables.

Le processus de finance directe décrit l’ensemble des opérations par lesquelles, après entente
sur les prix, les agents à capacité de financement acquièrent directement des titres primaires
émis par les agents à besoin de financement. Ces opérations sont effectuées sur des marchés
de capitaux qui assurent la mise en contact direct et l’anonymat des intervenants. Cependant,
les titres échangés sur ce marché présentent des risques et souvent des liquidités faibles. Ces
propriétés sont contraires aux préférences exprimées par les agents à capacité de financement
et présentant une aversion au risque. Pour y remédier, la finance indirecte propose l’interven-
tion d’un intermédiaire financier dont la fonction principale est de s’interposer entre les prê-
teurs et les entrepreneurs.

Le modèle de Gurley et Shaw (1960) justifie l’existence des intermédiaires financiers au tra-
vers de leur fonction productive de transformation et d’adaptation des capacités de finance-
ment des ménages aux besoins de financement exprimés par les entreprises (Gorton &Winton,
2002, p4).

Cette analyse pionnière de l’intermédiation financière révèle deux limites. La première limite
des travaux de Gurley et Shaw (1960) repose sur les arguments développés dans un cadre néo-
classique. En raison des principales hypothèses11 sous-jacentes, cette considération revient à
supposer implicitement les marchés comme parfaits. La seconde limite découle du caractère
fonctionnel de la théorie de l’intermédiation. En tant qu’analyse fonctionnelle, cette dernière
ne pose pas rigoureusement la question de l’existence des intermédiaires financiers. Elle sup-
pose d’emblée la présence de ces institutions au sein de la sphère financière de l’économie,
parallèlement aux marchés financiers, par la distinction établie entre les processus de finance
directe et de finance indirecte.

B. Le modèle Hicks (1974)

La principale caractéristique de cette analyse est la distinction faite par Hicks (1974) est la
distinction entre une économie de marché financier et une économie d’endettement.

11
Les hypothèses dans le cadre d’une analyse néo-classique sont : le plein-emploi, la flexibilité des prix, l’ab-
sence d’illusion monétaire, la concurrence parfaite sur le marché du travail et des biens ;

[Texte] Page 35
Selon Hicks (1974), une économie de marché financier est une économie dans laquelle prédo-
mine le financement par l’appel direct à l’épargne. Les institutions financières, à cause des
frais liés au service d’intermédiation conduit les agents déficitaires à se tourner vers le marché
financier (moins coûteux) pour le financement. Les caractéristiques de ce type d’économie
sont multiples. Tout d’abord, les mécanismes d’ajustement entre l’offre et la demande sont
quasi automatiques grâce à la flexibilité des prix qui fluctuent selon le marché. Le besoin de
financement manifesté par les entreprises est satisfait par des émissions de titres auxquels
souscrivent principalement les ménages qui dégagent une capacité de financement. De plus,
les institutions bancaires jouent un rôle complémentaire dans le marché financier. En effet, les
crédits qu’elles émettent sont destinés aux ménages et aux entreprises qui n’ont pas accès au
marché financier.

Dans le cadre d’une économie d’endettement, c’est le financement par le crédit bancaire qui
prédomine. Ce mode de financement implique l’existence d’un agent qui fasse le lien entre les
différentes catégories d’agents économiques d’où le terme d’intermédiation financière. Dans
la plupart des économies africaines, l’intermédiation financière est principalement effectuée
par les banques qui collectent l’épargne auprès des ménages et prêtent ces ressources aux en-
treprises pour satisfaire leur besoin de financement. Les caractéristiques de ce type d’écono-
mie sont également multiples. Tout d’abord, l’endettement des entreprises se fait auprès des
banques ; les mécanismes d’ajustement entre l’offre et la demande ne sont pas automatiques
du fait de la rigidité des taux d’intérêt.

Paragraphe 2 : Cadre théorique sur le lien intermédiation financière

et croissance économique

Le lien entre finance et croissance ne cesse d’évoluer. Ce lien, mis en évidence dans la littéra-
ture sur la croissance a rapidement intégré les canons de l’économie moderne.

A Débat théorique entre l’intermédiation financière et la croissance

économique

La relation entre la finance et la croissance économique a fait l’objet de nombreux développe-


ments dans la littérature économique.

[Texte] Page 36
Les premiers travaux se sont intéressés à la causalité théorique entre les deux variables. Dans
son analyse, Schumpeter (1911) cité par Moez (2008, p11) estime que la croissance faible
d’une économie se justifie par son faible niveau de développement financier. Ce dernier est
indispensable pour la croissance économique (Eggoh, 2009, p3).

L’impact de la finance sur la croissance économique divise les économistes (voir Levine,
1997). Certains, tels que Schumpeter, reconnaissent le rôle des institutions financières dans
l’identification de projets favorisant l’innovation et la productivité et dans le financement de
ces projets. En revanche, d’autres, aussi divers que Joan Robinson (1952) et Robert Lucas
(1988) cités par Lubu et Omoyi (2015, p10), ont exprimé un avis contraire. Quoi qu’il en soit,
l’impact de la finance sur la croissance économique n’a reçu que peu d’attention dans les dis-
cussions sur le développement économique et les facteurs explicatifs de la croissance écono-
mique. La théorie de la croissance a fait ses débuts avec le modèle keynésien Harrod-Domar
au début de la période d’après-guerre, suivi une décennie plus tard par le modèle néoclassique
de Solow-Swan. Bien que très différentes, les deux approches soulignent le rôle de l’accumu-
lation de capital.

Les premiers travaux sur le développement ont mis l’accent sur les mécanismes de planifica-
tion et la répression financière sans accorder aucun rôle à la mobilisation et à l’allocation de
ressources par les institutions financières axées sur le marché. Bien entendu, en marge, cer-
tains économistes se sont intéressés à l’intermédiation financière à l’instar de Goldsmith
(1969), Levine (1997, 2005), Gurley et Shaw (1955), McKinnon (1973).

Goldsmith (1969) a collecté des données sur l’intermédiation financière dans trente-cinq pays
sur de longues périodes et a décrit la relation entre profondeur de l’intermédiation financière
et santé économique dans un article que l’on peut considérer parmi les premiers sur le lien
entre finance et croissance. Levine (1997, p690) recense cinq arguments qui fondent théori-
quement l’existence d’une relation positive entre le financement bancaire et la croissance :

 Le système financier faciliterait la protection contre le risque ;


 Il permettrait une allocation optimale des ressources ;
 Il permettrait un meilleur contrôle des dirigeants et de l’entreprise par les actionnaires ;
 Il facilite la collecte de l’épargne ;
 Il facilite l’échange des biens et services.

Le modèle de stock flux développé par Godley et Cripps en 1985 est basé sur le circuit de la
finance, de l’investissement et de l’épargne introduits la finance dans le processus de multipli-

[Texte] Page 37
cation pour expliquer le mécanisme de création des revenus à travers l’épargne. Cette ap-
proche permet de développer un modèle qui permet d’évaluer le rôle des institutions dans le
processus de croissance économique.

Par ailleurs, Wachtel (2017, p 96) ne confirme pas l’existence d’un lien de causalité, ne tient
pas compte des autres facteurs déterminants de la croissance et se demande si la profondeur
de l’intermédiation constitue un indicateur pertinent de l’activité du secteur financier.

Les études basées sur les données relatives aux facteurs déterminants de la croissance écono-
mique dans le monde ont fait leur apparition au début des années 1990, dès lors que davantage
de données sur la croissance et les caractéristiques des pays sont devenues accessibles.

King et Levine (1993) cités par Aghion (2007, p12) dans leur analyse ont ajouté des indica-
teurs du secteur financier et parviennent à la conclusion selon laquelle les indicateurs du ni-
veau de développement financier, la taille du secteur des intermédiaires financiers par rapport
au PIB, le rôle des banques dans l’octroi de crédit aux entreprises privées sont fortement cor-
rélés avec la croissance.

Rousseau et Wachtel (1998) cités par Watchtel (2017, p97) ont utilisé de longues séries de
données pour établir l’hypothèse selon laquelle la finance favorise la croissance dans les pays
industrialisés. Ces derniers utilisent des modèles VEC pour établir la relation entre les indica-
teurs de profondeur financière, le PIB réel par habitant et la base monétaire. Le test de causa-
lité de Granger souligne les effets prépondérants des variables de profondeur financière sur
l’activité du secteur réel.

B. Revue la littérature empirique

Les résultats empiriques sur le lien de causalité entre l’intermédiation financière (le dévelop-
pement financier en général) et la croissance font l’objet de plusieurs débats. Les premiers tra-
vaux empiriques soutiennent que la croissance économique est stimulée par l’intermédiation
financière. S’agissant du secteur bancaire, les analyses d’Igue (2014, p20) ; Boukhatem &
Mokrani (2012, p1-2) ; Kiendrebeogo (2010, p 20) ; Aka (2008, p 12-24) montre qu’il exerce
une influence positive sur la croissance économique et contribue directement à la réduction de
la pauvreté, tout en procédant à l’aide d’un modèle de panel.

[Texte] Page 38
En outre, selon Lubu et Omoyi (2015, p11) la réglementation de l’entrée dans le secteur ban-
caire peut, dans certains cas, favoriser un meilleur arbitrage entre l’efficacité et la stabilité du
secteur bancaire, et, en conséquence, augmenter le nombre de dépôts, la croissance et le bien-
être. McKinnon (1973) dans une étude sur panel sur sept pays (Argentine, Brésil, Chili, Alle-
magne, Corée du Sud et Thaïlande) après la deuxième guerre mondiale trouvent que le bon
fonctionnement des systèmes financiers stimule la croissance économique.

Watchtel (2017, p96) souligne l'effet positif de l'intermédiation financière sur la croissance


économique dans l’analyse de Goldsmith (1969) à travers l'efficacité et le volume de l'inves-
tissement. Ce dernier réalise l'une des premières études empiriques qui établit la corrélation
entre la finance et la croissance sur 35 pays en coupe instantanée. Dans le même ordre d’idées
Deisting et al (2012, p.18) ont trouvé au Maroc qu’un choc positif du développement finan-
cier favorise la croissance économique. Cet effet passe plutôt par les transferts de fonds des
migrants et les échanges commerciaux. Masoud et Hardaker (2012, p148), dans une analyse
empirique des pays émergents, ont établi que le marché boursier et le secteur bancaire jouent
des rôles significatifs et complémentaires dans le processus de croissance. Les résultats de
leurs travaux suggèrent que le lien entre la plupart des indicateurs de développement boursier
et bancaire sur la croissance économique a été reconnu comme robuste.

Noula et al (2016, p 373) analysent l’influence du crédit bancaire et de la bancarisation sur la


croissance économique dans la zone CEMAC sur la période 1980-2014. La stratégie écono-
métrique utilisée repose sur la méthode des MCG. Ils trouvent que le taux de bancarisation et
le crédit bancaire ont un effet positif sur la croissance.

Cependant, les travaux de Law et Singh (2014, p 36) indiquent que le lien s’affaiblit lorsque
la profondeur financière dépasse un seuil d’environ 100 % du PIB. Hachicha et Amar (2015,
p349) analyse l’impact du financement bancaire islamique sur la croissance économique de la
Malaisie sur la période 2000-2011 à d’un MCE. Ces derniers trouvent que l’impact du finan-
cement bancaire est moindre dans le long terme sur la croissance économique. Ngongang
(2015, p369), en utilisant les données de panel dynamique sur 21 pays d’Afrique subsaha-
rienne, trouve que le développement financier n’a aucun effet sur la croissance économique.
En effet, cette absence de relation peut être due au sous-développement des systèmes finan-
ciers d’Afrique subsaharienne, qui entravent la croissance économique, ou de l’instabilité des
taux de croissance du PIB réel par habitant dans l’espace subsaharien, ce qui à son tour affecte
la qualité de la relation entre le secteur financier et la croissance économique.

[Texte] Page 39
Par ailleurs, en raison de l’instabilité que le développement financier engendre, l’effet positif
de celui-ci sur la croissance économique peut être réduit (Guillaumont & Kpodar, 2006, p.2).
L'instabilité financière affecte défavorablement la productivité, en induisant une instabilité du
taux d'investissement et une instabilité des prix relatifs. L’un des arguments avancés est que
l’instabilité macroéconomique liée au développement financier pénaliserait la croissance et
réduirait les effets favorables liés au développement financier (Guillaumont & Kpodar, 2004,
p.24).

[Texte] Page 40
CONCLUSION

Le présent chapitre avait pour objectif de fournir un cadre théorique sur la relation entre l’in-
termédiation financière et la croissance économique. Dans la première section, nous avons
présenté la théorie de l’intermédiation financière. Il en ressort de cette section que nous distin-
guons deux formes : l’intermédiation de marché et l’intermédiation de marché. L’activité
d’intermédiation comporte des risques qui peuvent être le risque d’illiquidité et le risque d’in-
solvabilité.

La deuxième section est une revue de la littérature théorique et empirique sur la relation entre
l’intermédiation financière et la croissance économique. Sur le plan théorique, les premiers
travaux remontent à Schumpeter (1911) qui dans son analyse montre que le crédit bancaire est
un déterminant essentiel à la croissance économique. Plusieurs travaux théoriques suivront
l’analyse de Schumpeter ; parmi ces travaux nous avons : Gurley et Shaw (1955), Hicks
(1974), McKinon (1973). Sur le plan empirique, on note un clivage empirique : d’un côté
nous avons les travaux qui soutiennent l’idée selon laquelle l’intermédiation financière affecte
positivement la croissance économique (Noula et al, 2016 ; Nyasha et Odhiamb, 2015 ; Ma-
soud et Hardaker, 2012 ; etc.). D’un autre côté, les résultats suggèrent qu’il ‘n’existe pas de
lien véritable entre l’intermédiation et la croissance (Hachicha et Amar, 2015 ; Law et Singh,
2014 ; Ngongang, 2015).

[Texte] Page 41
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Au cours de cette première partie, il était question de présenter une analyse théorique de la re-
lation entre le crédit bancaire et la croissance économique. Pour ce faire nous subdiviser cette
partie en deux chapitres. Dans le chapitre 1, nous avons présenté une analyse conceptuelle de
la notion du crédit. Le chapitre 2 quant à lui situe le crédit bancaire dans la théorie de l’inter-
médiation financière et analyse la relation qui existe avec la croissance économique.

Nous pouvons retenir au terme de cette partie que Kharoubi et Thomas (2013, P26) défi-
nissent le crédit comme un contrat de prêt qui stipule le montant emprunté et l’échéancier de
son remboursement. On distingue deux types crédit : les crédits d’exploitation et les crédits
d’investissement. Ceux-ci se caractérisent par la convention de crédit, les modalités de rem-
boursement, la rémunération du crédit, les garanties et les clauses imposables à l’entreprise
durant la vie du crédit. L’activité d’intermédiation n’est pas risque de crédit. Les causes et
conséquences du risque de crédit ont été énumérées. Par la suite, nous avons étudié les diffé-
rentes méthodes de gestion du risque de crédit. Il existe dans la littérature trois méthodes : la
gestion du risque de crédit avec les normes de la CEMAC, la gestion du risque de crédit avec
les normes du comité de Bâle et la gestion du risque de crédit avec les techniques de gestion.

S’agissant de la littérature sur le lien entre crédit bancaire et la croissance économique, il est
important de noter qu’il existe une divergence sur les travaux ou études réalisés. En effet, on a
d’un côté ceux qui pensent que le crédit bancaire est un déterminant essentiel à la croissance
économique (Noula et al, 2016 ; Nyasha et Odhiamb, 2015 ; Masoud et Hardaker, 2012 ;
etc.). D’un autre côté, les résultats suggèrent qu’il ‘n’existe pas de lien véritable entre l’inter-
médiation et la croissance (Hachicha et Amar, 2015 ; Law et Singh, 2014 ; Ngongang, 2015).

Dans le cadre de notre analyse, nous nous sommes fixés pour objectif dans la deuxième de vé-
rifier empiriquement l’impact du crédit bancaire sur la croissance économique du Cameroun.

[Texte] Page 42
DEUXIEME PARTIE : VERIFICATION EMPI-

RIQUE DE L’IMPACT DU CREDIT BANCAIRE

AUX SECTEUR PRIVE SUR LA CROISSANCE

ECONOMIQUE

[Texte] Page 43
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

Dans les deux premiers chapitres de notre travail, nous avons mis l’accent sur les approches
théoriques des concepts clés. La relation entre le crédit bancaire et la croissance économique
dans la littérature est traité sous l’angle de l’intermédiation financière. Il est important de rap-
peler qu’il existe deux formes d’intermédiation (Biales, 2020,P10) :

- L’intermédiation de marché :
o L’intermédiation de courtage : le courtier assure le rapprochement entre l’agent a be-
soin de financement et celui à capacité de financement ;
o L’intermédiation de contrepartie : dans ce cas, l’intermédiaire achète des actifs qu’il
revend par la suite pour son propre compte, jouant alors le rôle de contrepartie.

- L’intermédiation de bilan :
o L’intermédiation de crédit : ici, le rapprochement entre les agents à capacité de
financement et à capacité de financement se fait par les banques. Celles-ci col-
lectent les dépôts des agents à capacité de financement et l’octroi sous forme de
crédit aux agents a besoin de financement ;
o L’intermédiation de titres : dans ce cas, la causalité va des ressources (sommes versées
par les agents à capacité de financement en paiement de titre émis par la banque) vers
les emplois (sommes versées par les banques en contrepartie des titres émis par les
agents à besoin de financement).

Dans le cadre de notre analyse nous intéressons uniquement à l’intermédiation de crédit. Pour
ce faire, cette partie se subdivise en deux chapitres. Ces derniers ont pour objectifs : de pré-
senter les faits stylisées sur l’évolution de l’activité économique du Cameroun ainsi que celle
du crédit bancaire.(chapitre 3) ; de vérifier empiriquement la relation qui existe entre le crédit
bancaire au secteur bancaire et la croissance économique dans le cas du Cameroun (Chapitre
4)

[Texte] Page 44
CHAPITRE 3

INTRODUCTION

Le crédit bancaire est un élément majeur pour l’activité économique en général. Les chapitres
précédents ont permis de mettre en lumière le caractère notoire du crédit bancaire pour l’acti-
vité économique en général, et en particulier pour la croissance économique. Plusieurs tra-
vaux ont empiriquement étudié la relation entre crédit bancaire et croissance économique,
mais à notre connaissance ceux-ci n’ont pas suffisamment abordé la question dans le cadre du
Cameroun. Malgré l’importance que revêt le crédit bancaire pour la croissance économique
d’un pays, il existe néanmoins une carence en ce qui concerne le Cameroun.

Dans cette partie, il est question pour nous d’une part de passer en revue les faits marquants
l’évolution du secteur bancaire camerounais ainsi que celle des taux de croissance
économique durant la période 2000-2016. Et d’autre part, de présenter le cadre
méthodologique de cette étude.

SECTION 1 : ANALYSE DE LA STRUCTURE DES CRÉDITS


BANCAIRES ACCORDES AU SECTEUR PRIVE ET DES TAUX DE
CROISSANCE ÉCONOMIQUE AU CAMEROUN

Pour analyser la structure des crédits alloués par le système bancaire au Cameroun, il est
important d’une part de décrire l’évolution et montrer la répartition des crédits accordés au
secteur privé au cours de la période 2000-2016. Et d’autre part, nous allons présenter
l’évolution des taux de croissance économique du Cameroun par rapport aux crédits au
secteur privé.

[Texte] Page 45
Paragraphe 1 : Evolution de l’activité économique au Cameroun

A. Evolution de l’activité bancaire

En 2020, l’activité du système bancaire camerounais 12 a connu un accroissement de 8,3 %.


A l’actif, cette hausse résulte en grande partie de l’augmentation des opérations de trésorerie
et interbancaires (+242,1 milliards), des opérations avec la clientèle (+ 201,2 milliards) et des
valeurs immobilisées (+111,7 milliards). Au passif, elle s’explique par l’augmentation des
opérations avec la clientèle (+508,3 milliards), et des capitaux permanents (+114,7 milliards).

En outre, on note également sur la même période un accroissement du PNB de 3,9 % contre
6,6 % en 2019. Cette augmentation peut s’expliquer par l’amélioration des marges sur
opérations financières (+31,0 milliards), des marges sur opérations avec la clientèle (+7,6
milliards), et des marges sur opérations de crédit-bail et location simple (+2,4 milliards). Le
résultat courant a connu une baisse de 10,7 milliards, suite à la hausse des dotations aux
provisions (+32,0 milliards) et à la baisse des pertes sur créances irrécouvrables (-20,5
milliards).

S’agissant du portefeuille de crédit, les créances nettes en souffrance ont augmenté de 36%,
passant de 111,2 à 152,1 milliards (+40,8 milliards). Le réseau bancaire s’est faiblement
étendu entre 2019 et 2020 ; le nombre d’agences étant passé de 322 à 328. Sur le plan de la
couverture géographique du territoire, les régions du Littoral et du Centre abritent le plus
grand nombre d’agences en 2020, avec 118 et 82 points de vente respectivement, soit 61 % du
total. Les régions du Sud-Ouest et de l’Ouest totalisent respectivement 30 et 29 agences,
tandis que celle du Nord-Ouest compte 17 agences, et celles du Sud et l’Extrême-Nord
comptabilisent respectivement 15 et 13 agences. Les régions les moins loties sont celles du
Nord (9 agences), de l’Est (8 agences) et de l’Adamaoua (7 agences).

En termes d’accès aux services bancaires, le taux de bancarisation au sens strict de la


population active a été de 28,3 % en 2020, en légère baisse par rapport à 2019 (28,4 %). Celui
de la population adulte s’est légèrement amélioré, passant de 22,1 % en 2019 à 22,2 % en
2020. La densité du réseau bancaire quant à elle est tombée à une agence pour 100 000
habitants, après 1,4 agence pour 100 000 habitants de 2014 à 2019. Au sens large, la
bancarisation de la population active et celle de la population adulte ont été respectivement de

Les données de cette partie ont été prise dans le rapport 2020 relatif à la monnaie, au crédit et au fonctionne -
12

ment du système financier

[Texte] Page 46
45,7 % et 36,5 %. La densité du réseau bancaire au sens large est revenue de 3,9 agences pour
100 000 habitants en 2019 à 2,6 agences pour 100 000 habitants en 2020.

B. Evolution de l’activité économique par rapport aux crédits


accordés au secteur privé

L’économie camerounaise représente 40% du PIB de la CEMAC. De même que les


économies de la sous-région et celles du reste du monde, elle a subi des chocs au cours de son
évolution qui ont affecté soit à la hausse, soit à la baisse, son taux de croissance économique.

Au cours de la période d’étude 2000-2016, deux chocs majeurs ont frappé l’économie
camerounaise. Il s’agit d’une part de la crise des subprimes mués en crise financière mondiale
en 2008. Il est à noter qu’avant cette date les taux de croissance économique du Cameroun
étaient compris entre 3% et 5%. Soit 3,55% en 2000, 4,23% en 2002, 6,78% en 2004 et 3,45%
en 2006. Pendant la crise financière en 2008, le taux de croissance économique du Cameroun
a atteint 3,48% du PIB. Au lendemain de la crise financière et suite aux programmes de
relance économique mis en place par les pouvoirs publics, le taux de croissance a de nouveau
progressé et atteint 5,88% en 2014 pour s’établir à 4,6% du PIB en 2016.

D’autre part, comme choc exogène subi par l’économie camerounaise nous avons relevé la
chute des cours des matières premières en fin 2014 affectant négativement les recettes de
l’État issues de la vente des ressources naturelles et partant la croissance économique.

Ces évènements peuvent justifier l’évolution en sens opposé entre le crédit bancaire accordé
au secteur privé et la croissance économique. En effet, comme le montre La graphique 1 on
constate que malgré une hausse du crédit bancaire, la croissance ne suit pas cette tendance.

[Texte] Page 47
15

10
Graphique 1 : Évolution des taux de croissance économique annuelle et des

0
crédits bancaires au secteur privé durant la période 2000-2016

2000 2005 2010 2015


Années

crédits bancaires au secteur privé (en % PIB)


Taux de croissance annuelle du PIB en %

Source : auteur à partir des données de WDI

Paragraphe 2 : Évolution et répartition des crédits bancaires


accordés au secteur privé au Cameroun entre 2000-2016

Avant de présenter l’évolution des crédits bancaires accordés au secteur privé proprement dit,
il est important de montrer la répartition de ces crédits aux secteurs privé et public.

A. Évolution des crédits bancaires accordés au secteur privé au


Cameroun entre 2000 et 2016

D’après le graphique ci-dessous, le secteur privé est celui qui bénéficie le plus du financement
bancaire au Cameroun par rapport au secteur public. Dans la période d’analyse, 99,5 % du
total des crédits alloués par le secteur bancaire sont destinés au privé. Tandis que le secteur
public ne bénéficie que de 0,5 % de ces crédits.

[Texte] Page 48
Graphique 2 : Part des crédits accordés au secteur privé et secteur public sur
le total des crédits alloués par le système bancaire

Source : auteur à partir des données de la WDI

Par ailleurs, les crédits bancaires accordés au secteur privé ont connu une évolution
progressive et régulière sur toute la période 2000-2016. Cet accroissement est de l’ordre de
10,75 % en moyenne par an, soit une évolution annuelle de 99,39 % par rapport crédits
accordé à l’ensemble de l’économie.

Graphique 3: Évolution des crédits bancaires accordés au secteur


privé au cours de la période 2000-2016
CREPRI
16

14

12

10

2000 2005 2010 2015


Années

Source : auteur à partir des données de la WDI

La graphique ci-dessus suggère l’existence d’au moins deux phases dans l’évolution des
crédits au secteur privé. La première s’étend de 2000 à 2007, elle montre une évolution
tendancielle de 7,99 % par an. Tandis que la seconde phase quant à elle, couvre la période

[Texte] Page 49
2008-2011 qui est caractérisée par une augmentation continue de la part des crédits bancaires
au secteur privé dans le PIB du Cameroun. Au cours de cette phase, le volume de crédits au
secteur privé représente en moyenne 9,18 % du PIB.

B. Répartition des crédits au secteur privé par branche d’activité

Au cours de la période 2000-2016, le secteur ayant le plus bénéficié des crédits bancaires est
celui des services (55 %) en général, suivi de l’industrie (28%) et du secteur agricole (15%).
Les autres secteurs de l’économie camerounaise ont bénéficié du financement bancaire à
hauteur de 2%.

Graphique 4 : répartition moyenne des crédits par secteurs au


cours de la période 2000-2016

Source : auteur à partir des données de l’INS

Lorsqu’on s’intéresse davantage à la répartition sectorielle du crédit bancaire de 2000 à 2018,


nous constatons que l’évolution du volume de crédit octroyé au secteur des services est
décroissante. En effet, les entreprises spécialisées dans la fourniture des services ont bénéficié
de 6,76 % du volume total des crédits octroyés au secteur privé en 2000, puis 5,75% en 2009
avant de s’établir à 3,54% en 2016. Par ailleurs, le secteur industriel a connu une évolution
quasi similaire. Les entreprises industrielles ont bénéficié quant à elles de 3,80% du volume
total des crédits destinés au secteur privé en 2000, puis 2,94% en 2009 pour s’établir autour
de 1,8% en 2016.

[Texte] Page 50
Les entreprises agricoles ont bénéficié de 2,09 % du volume total des crédits au secteur privé
en 2000, puis 1,44 % en 2009 et 0,91% en 2016. S’agissant des entreprises des autres secteurs
de l’économie camerounaise, leur évolution est au départ statique, voire quasi nulle puis
croissante. En effet, entre 2000 et 2009 les entreprises des autres secteurs de l’économie ont
bénéficié de 0,01 % du volume total de crédit bancaire octroyé au secteur privé. Dès 2010,
elles se sont vues octroyer 0,1% desdits crédits, puis 3,71% en 2016.

Graphique 5 : répartition sectorielle du crédit bancaire de 2000 à

2016

2016
2015
2014
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
2004
2003
2002
2001
2000
0 2 4 6 8 10 12 14

Agriculture services industrie Autres secteurs

Source : auteur à partir des données de l’INS

Toutefois, avant de conclure cette sous-section, il faut noter que l’évolution des crédits
bancaires au secteur privé peut se justifier par l’augmentation continue du nombre de banques
dans le paysage bancaire camerounais. En effet, le nombre de banques 13 est passé de 10 en
2000 à 14 en 2016, constituant ainsi une avancée majeure pour booster l’offre de crédits au
secteur privé, et à terme favoriser une amélioration du taux de croissance économique. Et par
rapport à 1960 où le réseau bancaire camerounais ne comptait que les agences françaises et les
succursales des banques britanniques, cette évolution traduit la réussite du processus de
libéralisation financière entamé au Cameroun au milieu des années 1980.

Après avoir montré l’évolution des crédits bancaires au secteur privé en pourcentage du PIB,
la répartition moyenne et sectorielle desdits crédits, nous allons dans la section suivante
13
Voir Annexe 1pour la liste actuelle des banques au Cameroun

[Texte] Page 51
présenter l’évolution des taux de croissance du Cameroun par rapport aux crédits au secteur
privé.

SECTION 2 : MÉTHODOLOGIE

Dans cette section nous présentons le cadre méthodologique de notre travail. D’une part, nous
allons présenter le modèle empirique et les données. D’autre part, nous allons présenter la
technique d’estimation utilisée pour réaliser cette étude.

Paragraphe 1 Spécification du modèle et présentation des données

La plupart des études analysant l’effet du crédit bancaire sur la croissance économique effec-
tuent leurs analyses économétriques en coupe instantanée. L’économétrie repose ainsi sur des
moyennes, ce qui suppose un comportement homogène dans le temps des différentes va-
riables. Or, les bases de données concernant l’étude de la croissance économique à long terme
comportent une dimension individuelle et temporelle. L’analyse transversale n’utilise que la
dimension individuelle. C’est pourquoi les économistes qui s’intéressent aux déterminants à
long terme de la croissance économique ont cherché à optimiser les méthodes d’estimation
dans l’optique de prendre en compte le caractère bidimensionnel de la base de données.

En se basant sur le modèle de Mankiw et Weil (1992) dérivés du modèle d’Islam (1995) et
Haye (2000) qui proposent d’utiliser les méthodes économétriques des données de panel pour
procéder à l’estimation de l’équation de croissance, cette équation servira de base à notre dé-
marche économétrique. Toutefois, il est à noter que les études qui ont tenté d’utiliser les don-
nées de panel pour analyser l’effet des variables bancaires sur la croissance sont rares. À notre
connaissance Berthelemy et Varoudakis (1998) utilisent cette méthode pour déterminer l’effet
du système financier sur la croissance. En effet, ces auteurs ne prennent en compte qu’une va-
riable faisant référence à l’activité bancaire à savoir la monnaie et la quasi-monnaie (M2).
Dans le cadre de notre étude nous utiliserons la variable crédits intérieurs au secteur privé ac-
cordés par les banques.

[Texte] Page 52
Le modèle de base ci-dessous que nous cherchons à estimer pour étudier l’impact des crédits
bancaires sur la croissance économique est emprunté à Haye (2000), lequel a été adapté au
contexte du Mali par Soumaré (2009), ainsi que par Dembele (2010) et par Noula et coll.
(2016) Dans le cas de la Côte d’Ivoire et de la zone CEMAC respectivement.

A.Spécification du modèle

Pour évaluer les effets du crédit bancaire sur la croissance économique au Cameroun entre
2000 et 2016, nous nous inspirons du modèle de Haye (2000). Ainsi, l’équation de Haye
(2000) appliquée à notre étude est :

(1
)

Où représente le logarithme du taux de croissance du PIB réel par tête et le RNB par tête

du Cameroun à la période ; les crédits bancaires au secteur privé à la période ;

la formation brute de capital fixe ; le stock de capital humain par tête;

les dépenses publiques ; la matrice de coefficients à estimer ; un scalaire ; le vecteur


des variables de contrôle constitué des ressources naturelles, de la qualité des institutions, de

l’ouverture commerciale et de l’inflation ; une perturbation aléatoire qui suit une distribution de

la loi normale (0, ).

B. Les données

Les données14 utilisées dans cette étude sont issues de plusieurs sources de données secon-
daires. Elles couvrent la période 2000-2016. Ce choix est relatif à la disponibilité des données
des variables utilisées dans le cadre de cette étude.

- Variables du taux de croissance économique

14
Voir annexe 2

[Texte] Page 53
La variable dépendante de notre étude est le taux de croissance économique. Dans la littéra-
ture économique, le taux de croissance du PIB réel par tête est le proxy le plus utilisé pour
mesurer la croissance économique. Ceci se justifie par au moins deux raisons. La première est
que le PIB réel perçut comme le total de la valeur ajoutée des biens et services réalisés dans
un territoire pendant une période donnée y compris par les ressortissants étrangers. Cette der-
nière caractéristique constitue la principale limite du PIB réel comme indicateur de croissance
puisque celui-ci tient compte de la production des non-résidents (missions diplomatiques, tou-
ristes, etc.), mais pas de la production des nationaux à l’étranger et pourtant, les premiers ne
réintroduisent pas les profits de leur production dans le circuit économique camerounais au
contraire l’envoi à l’étranger dans leurs pays respectifs. Tandis que les seconds introduisent
plutôt le profit de leur production à l’étranger dans le circuit économique camerounais. Il y’a
donc une perte réalisée par le ressortissant étranger et un apport effectué par les nationaux à
l’étranger donc ne tient pas compte le PIB réel. La deuxième raison est que le PIB réel par tête
permet d’obtenir une véritable appréciation du niveau de vie d’un pays.

Par ailleurs, nous utilisons comme autre indicateur de croissance économique le RNB qui est
défini comme le PIB plus les revenus nets reçus de l’étranger pour la rémunération des sala-
riés, la propriété et les impôts et subventions net sur la production. L’avantage de cet indica-
teur par rapport au PIB est qu’il prend en compte la richesse produite par ses citoyens où
qu’ils travaillent.

- Variable des crédits bancaires au secteur privé

La variable d’intérêt de cette étude est les crédits bancaires au secteur privé . Dans
la littérature économique, elle est utilisée comme proxy du développement financier et repré-
sente le niveau montant de crédits octroyés aux entreprises privées par les banques de second
rang en pourcentage du PIB. Cet indicateur du développement financier mesure le degré d’in-
termédiation de l’économie (Demetriades et Hussein, 1996 ; Levine et coll., 2000), la propor-
tion des ressources consacrées aux investissements privés et l’efficience dans l’allocation des
ressources du secteur financier.

Ces crédits soient à court, à moyen ou à long terme sont de manière générale orientées vers
les investissements productifs qui sont le moteur principal d’une économie en pleine expan-
sion. Selon Anne Joseph (2000), dans un contexte de faible régulation, les crédits peuvent être
orientés vers des investissements peu productifs. Par exemple, la corrélation entre les crédits

[Texte] Page 54
accordés au secteur privé et la croissance économique est négative en Amérique latine sur la
période 1970-1980. De Gregorio et Guidotti (1995) justifient cela par les mauvaises politiques
de libéralisation financière effectuées qui ont orienté la plupart des crédits vers des secteurs
improductifs.

- Variable de formation brute de capital fixe


La formation brute de capital fixe qui inclut l’investissement public et privé, déduction faite
des investissements directs étrangers, pris en pourcentage du produit intérieur brut. L’impact
de cette variable est ici considéré comme une approximation de l’effet de l’intensité capitalis-
tique globale sur la productivité par tête. Son signe devrait être évidemment positif.

- Variable de capital humain


Le capital humain renvoie aux capacités et aux connaissances que les individus acquièrent à
travers l’éducation, mais aussi à travers la puissance et la vitalité qui dépend de leur santé et
leur nutrition. Les travaux de Coe et coll. (1995) ainsi que ceux de Levin et Lakshmi (1992)
suggèrent que les pays en voie de développement doivent être dotés d'une main-d'œuvre qua-
lifiée, c.-à-d. d'un capital humain capable d'assimiler la technologie étrangère. En se basant
sur le travail de Mankiw et coll. (1992), nous utilisons le taux de croissance du taux brut de
scolarisation au secondaire15 comme proxy du capital humain.

- Variables de contrôle
Dans cette étude nous utilisons comme variables de contrôle :

o La qualité des institutions mesurée par trois indicateurs extraits de la base des données
de l’agence privée de notation du risque (PRS). Les variables annuelles de l’Interna-
tional Country Risk Guide (ICRG), l’un des produits du PRS, prise dans ce travail sont
: la corruption (COR), ordres et lois (LO), et la qualité bureaucratique (BQ). Les deux
premiers indicateurs sont échelonnés de 0 et 6, et le quatrième de 0 à 4. Dans tous les
cas, les valeurs les plus élevées reflètent une bonne qualité des institutions, c'est-à-dire
moins de corruption, un système judiciaire plus efficace, et une meilleure bureaucratie.

15
Bien que cet indicateur soit critiqué dans la littérature, il donne néanmoins une mesure de l’effort consenti par
un pays pour améliorer son stock de capital humain.

[Texte] Page 55
o La dotation du pays en ressources naturelles, approximée par le rapport entre la valeur
des exportations des ressources naturelles et la valeur totale des exportations selon la
classification de la CNUCED (2011). Plus ce ratio est élevé plus le pays est riche en
ressources naturelles.
o L’ouverture commerciale (OUC) captée par la somme des exportations et des importa-
tions en pourcentage du PIB. Il mesure le degré d’ouverture d’un pays sur les marchés
étrangers. Son signe attendu peut être positif ou négatif dans la mesure où une écono-
mie plus ouverte au commerce international et donc aux échanges peut subir des chocs
positifs ou négatifs exogènes. Le signe attendu du coefficient du logarithme de la va-
riable OUC dans notre étude est positif.
o Le taux d’inflation (INFLATION) qui est un indicateur du niveau de stabilité macroé-
conomique du pays. Une faible inflation implique une moindre incertitude au sein de
l’économie et l’amélioration de l’efficience du mécanisme des prix (Bassanini et Scar-
petta, 2001). Ce qui justifie l’introduction du taux d’inflation comme variable explica-
tive de la croissance est le concept de la répression financière. En effet, un taux d’in-
flation élevé caractérise les économies où la répression financière est forte, afin que le
taux d’intérêt réel soit négatif, réduisant ainsi le poids de la dette gouvernementale.
Or, une forte inflation défavorise les investissements à long terme et exerce un effet
nuisible à la croissance. Le signe attendu pour cette variable est donc négatif. L’indi-
cateur de l’inflation utilisé correspond à la variation de l’indice des prix à la consom-
mation, noté IPC. Le coefficient attendu de la variable IPC est donc négatif.

Dans la sous-section suivante, nous allons présenter les différents tests économétriques à ef-
fectuer avant l’estimation du modèle proprement dite.

Paragraphe 2 : test diagnostic, validation du modèle et technique

d’estimation

A. Tests de diagnostic et de validation du modèle

Afin de déterminer la méthode d’estimation adéquate et d’aboutir à des résultats concluants, il


est important d’effectuer une série de tests statistiques. Nous allons effectuer une série de
tests. D’une part, les tests de validation du modèle à savoir : le test de Fisher pour vérifier la

[Texte] Page 56
significativité globale du modèle et le test d’hétéroscédasticité des erreurs. D’autre part, les
tests de diagnostic à savoir le test de Dickey-Fuller Augmenté pour tester la présence d’une
racine unitaire et le test de cointégration afin de déterminer l’ordre d’intégration des séries.

- Tests de validation du modèle

o Le test de significativité de Fisher

Ce test se ramène à la question de savoir s’il existe des variables exogènes significatives pour
expliquer la variable endogène. Il s’agit en fait de savoir si l’ensemble des variables explica-
tives du modèle a une influence sur la variable endogène. On compare dans ce cas, la statis-
tique F* calculé celle lue sur la table du Fisher-Schnedecor. Si F* est supérieur au F lu alors
on rejette l’hypothèse H0 que tous les paramètres du modèle sont nuls et le modèle est globa-
lement significatif.

Ce test s’effectue sur la base du coefficient de détermination R 2 qui permet d’apprécier la qua-
lité de l’ajustement du modèle. Si R2 est proche de sa valeur maximale qui est 1 alors le mo-
dèle est supposé bon, c.-à-d. que la qualité d’ajustement du modèle est meilleure.

o Le test d’hétéroscédasticité : test d’ARCH

Le test d’ARCH16 permet de vérifier une homoscédasticité éventuelle des erreurs. Autrement
dit, il permet de déterminer si les erreurs sont homoscédastiques ou non. L’hétéroscédasticité
qualifie les données ou les séries qui n’ont pas une variance constante. Or les séries doivent
être homoscédastiques pour présenter les meilleurs résultats.

Pour mener ce test, on a deux possibilités : soit effectuer un test de Fisher classique de nullité

des coefficients ; soit recourir à la statistique du multiplicateur de Lagrange LM qui est

distribué comme un Chi-deux à p degrés de liberté. Si lu dans la table


au seuil α, on rejette l’hypothèse nulle (H0).On peut également comparer la probabilité au
seuil .

- Tests de diagnostic
o Le test de racine unitaire

16
Auto Regressive Conditional Heteroscedasticity.

[Texte] Page 57
Dans la littérature, les tests de DIckey-Fuller Augmenté (DFA) et Phillip Perron sont les plus
utilisés pour vérifier la stationnarité des séries. Nous n’en retenons que celui de Dickey-Fuller
Augmenté car il tient compte de l’autocorrélation des erreurs dans le temps. Ce test de racine
unitaire s’effectue sur les coefficients de corrélation ; s’ils sont significativement différents de
0 et négatifs, alors l’hypothèse que Y contient une racine unitaire est rejetée et sa stationnarité
est acceptée.

o Le test de cointégration

Il est effectué lorsque les séries ne sont pas stationnaires à niveau et intégrés de même ordre.

B. Technique d’estimation

Lorsque les variables sont intégrées d’ordre zéro, on estime le modèle par la méthode des
Moindres carrés généralisés. Par contre, si les variables sont intégrées d’ordre un, l’estimation
suit la procédure du modèle à correction d’erreur de Engel et Granger ou de Johansen. Si les
variables ont différents ordres d’intégration, on utilise un modèle à retard échelonné. Lorsque
les erreurs du modèle de base ne respectent pas les hypothèses classiques, notamment lors-
qu’elles sont autocorrélées et hétéroscédastiques, les estimateurs des coefficients à partir de la
méthode des moindres carrés ordinaires ne sont pas BLUE17. C’est pourquoi en présence
d’une autocorrélation et/ou d’une hétéroscédasticité des erreurs, il faut recourir à une méthode
d’estimation qui est celle des moindres carrés généralisés(MCG).

Soit le modèle linéaire générale suivant :

(2)

Où .

Nous désirons déterminer un estimateur de qui a les mêmes propriétés que l’estimateur des
moindres carrés ordinaires (MCO) : sans biais, linéaire en Y et à variance minimale. Il est dé-
montré que cet estimateur est donné par :

Cet estimateur est appelé estimateur des moindres carrés généralisés(MCG) ou encore estima-
teur de Aitken.

17
Best Linear Unbiased Estimator.
[Texte] Page 58
CONCLUSION

En définitive, il a été question pour nous dans ce chapitre de procéder à une analyse statistique
et à un aperçu bref du modèle économétrique retenu. Il en ressort que les crédits bancaires au
secteur privé ont connu une évolution tendanciellement à la hausse sur la période 2000-2016,
le secteur d’activité qui a le plus bénéficié de ces crédits est le secteur des services. De plus,
les taux de croissance économique ont aussi connu cette tendance haussière malgré les chocs
exogènes subis.

La spécification économétrique de notre modèle, la présentation des différents tests statis-


tiques effectués et la technique d’estimation utilisée constituent la dimension théorique du
chapitre suivant. Dans le Chapitre 4 qui suit, nous allons présenter les résultats des différents
tests statistiques ainsi que des estimations, et fournir leur interprétation.

[Texte] Page 59
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET INTERPRETATIONS

Nous avons présenté dans le chapitre 3 précédent le cadre méthodologique qui nous a permis
d’effectuer des analyses dans cette étude à partir d’un modèle économétrique. Cet autre cha-
pitre traitera des résultats et leurs interprétations. Ledit chapitre portera sur les résultats des
tests et l’estimation du modèle et leurs interprétations.

SECTION I : RESULTATS DES TESTS

Dans cette section, nous allons présenter en deux paragraphes les résultats du test de racine
unitaire et du test de significativité globale du modèle respectivement.

Paragraphe 1 : Résultats du test de racine unitaire et du test d’hété-

roscédasticité

En ce qui concerne le paragraphe 1, nous allons présenter les résultats du test de racine uni-
taire que nous avons effectué ainsi que ceux du test d’hétéroscédasticité.

A. Résultats du test de racines unitaires

Dans cette étude, c’est le test de Dickey-Fuller augmenté qui est utilisé pour vérifier la sta-
tionnarité des séries. Lorsque la valeur de la probabilité d’une variable est inférieure soit à
10%, 5%, 1% alors la variable est stationnaire 18. Au cas contraire, on accepte l’hypothèse de
non stationnarité de la variable. Nous effectuons le test de stationnarité de DFA avec trend et
18
Une série est stationnaire si elle ne comporte ni tendance, ni saisonnalité et plus généralement, aucun facteur
évoluant avec le temps. Mathématiquement, on dira qu’un processus stochastique Xt est stationnaire si :

- Object 2 quels que soient t et h, la moyenne est constante et indépendante du temps;


-la Variance est finie et indépendante du temps;
-la Covariance est indépendante du temps.

[Texte] Page 60
constante. Le test est effectué à niveau et en différence première. Nous constatons que toutes
nos variables ne sont pas stationnaires à niveau.

Tableau 2 : Résultats du test de stationnarité

Statistiques Probabilités Stationnarité Ordre d’intégration


Variables à niveau Oui / Non
Y -2,541 0,00082 Oui I (0)
Y (-1) -2,488 0,00083 Oui I (0)
OUC -2,883517 0,0708 Oui I (0)
CREDOM 0,000717 0,9994 Non 1(1)
CREPRI -0,263765 0,9108 Non 1(1)
INV -3,831069 0,0119 Oui I (0)
CH -0,370445 0,8897 Non 1(1)
DGOUV -1,538532 0,4892 Non 1(1)
INFLATION -4,502391 0,0033 Oui I (0)
LO -3,980253 0,0089 Oui I (0)
BQ -1,116057 0,6801 Non I (2)
COR -2,326993 0,1767 Non I (1)
RN -1,970230 0,0689 Oui I (0)
RNB -1,9872 0,0234 Oui I (0))
Variables en diffé-
rence
D. Y -2,989262 0,0105 Oui I (0)
D. Y (-1) -2,407 0,00071 Oui I(0)
D. OUC -3,668309 0,0183 Oui I (0)
D. CREDOM -4,149472 0,0070 Oui I (0)
D. CREPRI -4,091611 0,0078 Oui I (0)
D. INV -4,931123 0,0017 Oui I (0)
D. CH -4,072576 0,0108 Oui I (0)
D. DGOUV -4,463634 0,0039 Oui I (0)
D. INFLATION -4,658197 0,0032 Oui I (0)
D. LO -5,549961 0,0006 Oui I (0)
D. BQ -2,593094 0,0223 Oui I (0)
D. COR -2,158675 0,0502 Oui I (0)
D. RN -4,184029 0,0066 Oui I (0)
D.RNB -1,1264 0,0043 Oui I (0)
Source : auteur.

Nous observons que toutes nos variables sont stationnaires en différences premières, et au
seuil de 5%. Ceci étant, la méthode appropriée pour l’estimation de nos paramètres est celle
des moindres carrés généralisés compte tenu du fait que notre modèle est dynamique.

[Texte] Page 61
B. Résultats du test d’hétéroscédasticité

Les résultats de ce test présenté dans le tableau 3 montrent que le modèle est homoscédas-
tique. Ces résultats révèlent par ailleurs que les erreurs sont homoscédastiques car la probabi-
lité est supérieure à 5%. La présence de l’autocorrélation nous permet d’utiliser la méthode
des moindres carrés généralisés pour estimer notre modèle de régression.

Tableau 3: Résultats du test d’hétéroscédasticité

Heteroscedasticity test : ARCH

PIB RNB

F-statistic 0,29 Prob. F(1,17) 0,7092 F-statistic 1,23 Prob. F(9,5) 0,8503

Obs*R-squared 0,8218 Prob Chi-s 0,52185 Obs*R-squared 0,8449 Prob Chi-squared 0,6271
Source : auteur

Suite au test de racine unitaire et au test d’hétéroscédasticité, nous analysons la significativité


globale du modèle.

1.1.

1.2.

Paragraphe 2 : Test de significativité globale du modèle

L’estimation du modèle fait ressortir un coefficient de détermination est de 0,9240 qui est
statistiquement significatif, et par conséquent explique la variation du niveau du PIB réel à
92,40%. Cette situation est satisfaisante pour l’explication du phénomène. Ceci est davantage

[Texte] Page 62
expliqué par le coefficient de détermination corrigé ( ) qui explique à 89,63% le
modèle de régression. Cela montre que le fait que le modèle est globalement bien spécifié.

La valeur obtenue de Fisher calculée est de 33,43 ce qui est supérieure à 3,48% qui corres-
pond à la valeur lue sur la table de Fisher au seuil de 5%. On peut conclure que le modèle est
globalement significatif.

SECTION II : RESULTATS, INTERPRÉTATION DES ESTIMATIONS

ET TESTS DE ROBUSTESSE

Dans cette deuxième section, nous présentons les résultats des analyses statistiques ainsi que
ceux des estimations économétriques suivis de leurs interprétations chaque fois.

Paragraphe 1 : Résultats des analyses statistiques

Dans ce paragraphe, il est question pour nous de mettre en évidence les résultats des analyses
statistiques. Ces analyses sont de deux ordres : d’une part les statistiques descriptives utiles
pour présenter les caractéristiques de tendance centrale (les moyennes) et de dispersion (les
écart-types) de la série, et d’autre part, les corrélations entre les variables du modèle regrou-
pées dans un tableau en forme de matrice.

A. Statistiques descriptives

Le tableau 4 ci-dessous montre que le PIB par tête a évolué en moyenne de 1,96% au cours de
la période 2000-2016, avec une faible volatilité de son taux de croissance annuelle qui se situe
à 0,0098. Il en est de même des crédits intérieurs au secteur privé dont le taux de croissance
moyen se situe autour de 2,34% du PIB durant la période 2000-2016. Son écart-type par
ailleurs qui mesure son degré de dispersion se situe à 0,22.

[Texte] Page 63
Par ailleurs, en ce qui concerne le RNB, son évolution au cours de la période 2000 – 2016 se
situe en moyenne autour de 1,62% avec une forte volatilité de son taux de croissance annuelle
qui se situe à 1,811.

Tableau 4 : Statistiques descriptives

Variables Observations Moyennes Ecarts-types Minimums Maximums

PIB par tête 17 1,968131 0,0098191 1,952252 1,986842

OUC 17 3,95141 0,0930664 3,765945 4,126805

CREDOM 17 2,354669 0,2355294 2,025039 2,736255

CREPRI 17 2,35014 0,2289846 2,025039 2,697779

INV 17 3,1156 0,056226 2,977413 3,187849

CH 16 3,629368 0,3286863 3,159596 4,095314

DGOUV 17 2,439745 0,0586258 2,331612 2,511758

INFLATION 17 2,362982 1,516456 0,2336474 5,337806

LO 17 2,044118 0,1145555 2 2,416667

BQ 17 1,254902 0,2508157 1 1,5

COR 17 2,387255 0,6181508 2 3,75

RNB 17 1,628064 1,81106 -0,9093169 5,352758

[Texte] Page 64
RN 17 7,508652 1,870153 5,094438 11,15049
Source : auteur

[Texte] Page 65
Tableau 5 : matrice de corrélation
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
1 PIB par tête 1
2 OUC -0,073 1
3 CREDOM 0,9313 -0,0281 1
4 CREPRI 0,9263 -0,0073 0,9995 1
5 INV 0,4186 0,1572 0,527 0,5357 1
6 CH 0,8549 0,0682 0,9535 0,954 0,5565 1
7 DGOUV 0,6038 -0,0974 0,8074 0,8109 0,6929 0,8499 1
8 INFLATION -0,1191 0,5046 -0,0793 -0,0725 0,2865 -0,0727 -0,0909 1
9 LO -0,306 0,006 -0,3969 -0,4 -0,7075 -0,4937 -0,6704 0,2548 1
10 BURO 0,8088 0,1015 0,9024 0,9068 0,6321 0,9309 0,7855 0,094 -0,4059 1
11 COR -0,0085 0,3786 -0,1428 -0,1381 0,2169 -0,0444 -0,3102 0,3784 0,007 0,1602 1
12 RN 0,0611 0,7474 -0,018 -0,0059 -0,1501 -0,0232 -0,3736 0,4124 0,3897 0,1068 0,4985 1
13 RNB 0,099 -0,332 0,057 0,06 0,273 -0,013 0,221 -0,285 -0,1181 -0,1277 -0,3455 -0,568 1
Source : auteur

[Texte] Page 66
B. Corrélation entre les variables

La matrice de corrélation (tableau 5) suggère que les crédits bancaires au secteur privés sont
positivement et fortement corrélés au taux de croissance du PIB par tête au Cameroun. Tandis
que par rapport au revenu national brut, la corrélation entre les crédits bancaires au secteur
privé et la croissance économique est négative.

En outre, on peut également noter qu’il existe une relation positive entre le PIB et le capital
humain. En effet, une main d’œuvre qualifiée peut contribuer à une augmentation de la pro-
duction. Le crédit accordé au secteur privé a une relation positive avec le capital humain ; ceci
peut s’expliquer par le fait que les entreprises investissent sur l’amélioration de la qualité de la
main d’œuvre.

Par ailleurs, on note la relation négative entre le crédit au secteur privé et la corruption qui
peut s’expliquer par le fait les entreprises qui souhaitent se financer auprès des banques
peuvent être confrontée aux problèmes de corruption de la part des gestionnaires de crédit qui
peuvent demander des pots de vin.

Paragraphe 2 : Résultats des estimations, interprétations et tests de

robustesse

Dans ce paragraphe, nous présentons les résultats de nos estimations proprement dites, suivis
des interprétations qui en découlent et enfin, nous effectuons quelques tests de robustesse
pour analyser la sensibilité de nos résultats. Toutefois, il faut noter que lesdits résultats sont
présentés en fonction des différents proxys retenus pour mesurer la croissance économique
afin de parvenir à de meilleures analyses.

[Texte] Page 67
A. Le taux de croissance du PIB par tête comme indicateur de la

croissance économique : Résultats des estimations et interpréta-

tions 

Les résultats des estimations sont présentés dans le tableau 5 ci-dessous. Les coefficients esti-
més des variables du modèle de base ne sont pas tous significativement différents de zéro
mais ont les signes attendus. Toutes choses égales par ailleurs, le taux de croissance écono-
mique du Cameroun augmente avec le stock de capital ou investissement privé. Le capital hu-
main a également un effet positif sur la croissance économique. Les dépenses gouvernemen-
tales affectent significativement et négativement la croissance économique.

S’agissant de notre variable d’intérêt, les résultats de manière générale corroborent l’hypo-
thèse selon laquelle les crédits bancaires au secteur privé favorisent la croissance économique.
Dans l’équation de base, à cet effet, le coefficient estimé de la variable des crédits bancaires
au secteur privé est positif et significatif au seuil de 1%. Etant donné que les variables sont
exprimées en logarithmes, les coefficients sont interprétés en terme d’élasticités. Ainsi, cétéris
paribus, une augmentation de 1% des crédits au secteur privé augmente le PIB par tête de
0,88%. Ces résultats sont conformes à ceux obtenus par Dembele et Machrafi (2021, p511)
qui ont montré qu’il existe un impact positif entre le secteur bancaire et la croissance écono-
mique en Côte d’Ivoire.

De (1) à (8) ce sont les différentes spécifications du modèle de base en fonction des variables
de contrôle. Afin de parvenir à des meilleures analyses, nous allons présenter les résultats de
chaque spécification suivie de son interprétation. Ainsi, dans les spécifications (1), (5) et (6)
nous avons contrôlé l’équation de base avec des variables macroéconomiques à savoir l’ou-
verture commerciale, les ressources naturelles et l’inflation respectivement. Dans la spécifica-
tion (1) les variables de l’équation de base ont gardé leurs signes respectifs bien que la signifi-
cativité de la variable dépendante retardée soit passée à 5¨%. L’ouverture commerciale qui est
la variable dont nous contrôlons l’effet sur la croissance économique a un signe négatif et si-
gnificatif au seuil de 10%. Ce qui suggère que la politique d’ouverture commerciale du Came-
roun influence négativement son niveau de croissance économique. Cela peut s’expliquer par
le fait que le Cameroun appartient à plusieurs organisations et organismes internationaux de
commerce à l’échelle régionale, continentale et mondiale ayant chacun des politiques et des

[Texte] Page 68
objectifs différents. Ainsi, une augmentation de 1% des crédits au secteur privé augmente le
PIB par tête de 0,77%.

Tableau 6 : Effets du crédit bancaire sur la croissance économique


Variable dépendante : PIB réel par tête en %
Equation (8)
de base (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7)
PIB (-1) 0,8884*** 1,004** 0,7733** 0,9719*** 0,9501*** 0,8061*** 0,8431*** 0,8720*** 1,636***
(0,2060) (0,2986) (0,2355) (0,1952) (0,1887) (0,2273) (0,2013) (0,2856) (0,271)
Formation brute
0,0178
de capital fixe 0,0118 0,0265 -0,00325 0,0146 0,0199 0,0219 0,026 -0,00325
(0,0206) (0,0196 (0,0225 (0,0369 (0,0236 (0,0189 (0,023 (0,0225 (0,0139)
Dépenses gouver-
0,0710
nementales -0,0830** -0,110*** -0,0995** -0,088 -0,0897** -0,135*** -0,0957** -0,0995**
(0,0306) (0,0302) (0,0317) (0,0622) (0,0324) (0,0375) (0,0314) (0,0317) (0,0354)
Crédits au secteur
-0,0278
privé 0,0529*** 0,0467*** 0,0593*** 0,0520*** 0,0546*** 0,0544*** 0,0525*** 0,0593***
(0,0119) (0,0110) (0,0124) (0,0154) (0,0124) (0,0106) (0,0116) (0,0124) (0,0140)
Capital humain 0,00205 0,0095 -0,0011 0,00312 0,00691 0,00803 0,00265 -0,0011 -0,00453
(0,00952) (0,00918) (0,00943) (0,0151) (0,0117) (0,00894) (0,00928) (0,00943) (0,00568)
Ouverture Com-
0,0438**
merciale -0,0185*
(0,00917) (0,0130)
Loi et Ordre -0,0158
(0,0114)
Corruption -0,000283
(0,00303)
Qualité de la bu-
reaucratie -0,00808
(0,0107)
Ressources natu-
-0,00153**
relles -0,00109*
(0,000543) (0,000533)
Inflation -0,000778 -0,00170**
(0,000614) (0,000481)
Qualité des institu-
-0,00323**
tions -0,00181
(0,00131) (0,00107)
Constante 2,002*** 2,084*** 2,118*** 2,005*** 1,982*** 2,080*** 1,990*** 2,086*** -1,554*
(0,0577) (0,0650) (0,1000) (0,0650) (0,0647) (0,0642) (0,0570) (0,0819) (0,6190)
Observations 15 15 15 15 15 15 15 15 15
R-squared 0,924 0,946 0,936 0,924 0,928 0,946 0,935 0,936 0,994
F*-prob 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000
Source : auteur

[Texte] Page 69
Dans la spécification (5) par contre, lorsque nous contrôlons pour le facteur des ressources na-
turelles, une augmentation de 1% des crédits bancaires au secteur privé augmente le PIB de
0,80%. Les ressources naturelles proprement dite, affectent négativement le PIB par tête au
seuil de 10%. Ce qui peut s’expliquer de deux manières. D’une part, par la dépendance de
l’économie Camerounaise aux matières premières dont la volatilité des cours constitue l’une
des causes majeures des fluctuations du taux de croissance. D’autre part, par les rentes liées à
la vente des matières premières sont majoritairement à la consommation finale des adminis-
trations publiques ce qui n’est guère favorable à une quelconque croissance économique.

Dans la spécification (6), lorsque nous contrôlons pour le facteur inflation, une augmentation
de 1% des crédits bancaires au secteur privé augmente le PIB de 0,84%. La variable inflation
proprement dite affecte négativement la croissance économique. En effet, une forte volatilité
des prix augmente le degré d’incertitude dans l’économie et détériore l’efficacité du système
de prix. La décision d’investissement, qui peut renforcer la productivité du travail via l’aug-
mentation du stock de capital par employé, est favorisée par un environnement macroécono-
mique stable. Un mauvais fonctionnement du système de prix ne permet pas une allocation
des facteurs de production vers les secteurs les plus productifs. Par ailleurs, il faut noter que
l’augmentation soutenue et généralisée des prix affecte négativement les capacités des agents
économiques à créer de la richesse (Kasekende et Brownbridge, 2011, p 190). Ce résultat est
connu dans la littérature, car il est théoriquement démontré que l’inflation opère un transfert
des richesses, des agents économiques non pauvres, vers les agents économiques pauvres.

Toutefois, il faut relever que les conséquences de l’inflation sur la croissance économique
sont théoriquement ambiguës. En effet, les anticipations concernant le taux d’inflation jouent
un rôle spécifique : selon que le taux d’inflation anticipé est moyennement élevé ou très élevé,
deux comportements avec des effets opposés sur l’épargne sont envisageables. Dans le pre-
mier cas, les agents ont tendance à épargner davantage pour maintenir la valeur réelle de leurs
encaisses (effet d’encaisses réelles) alors que dans le second cas, ils réduisent leur épargne et
s’engagent dans une fuite devant la monnaie. Dans le cas premièrement évoqué, la consom-
mation des agents économiques diminue à court terme, ce qui induit un ralentissement de l’ac-
tivité économique. Dans le cas deuxièmement évoqué, c’est l’effet inverse qui se produit. Les
résultats de cette étude démontrent que le premier effet emporte sur le deuxième.

Dans les spécifications (2) à (4) et (7), nous contrôlons respectivement le modèle de base avec
les variables institutionnelles suivante Loi et ordre, la corruption, la qualité de la bureaucratie

[Texte] Page 70
et l’indice composite globale de la qualité des institutions 19. La qualité des institutions et le
crédit bancaire est généralement analysée sur le prisme de la relation entre le cadre juridique
et la finance (Calderon et al., 2004, p 895). La meilleure qualité de l’application de la loi a un
effet significatif sur l’étendue des marchés du crédit. Dans le même sillage, Démirguc-Kunt et
Maksimovic (1998) affirme qu’un système juridique efficace est important parce qu’une en-
treprise qui souhaite obtenir un financement de long terme doit être capable de s’engager de
manière crédible dans la lutte du comportement opportuniste des initiés. Djankov et al. (2007,
p 299) soulignent que le crédit bancaire accordé au secteur privé augmente lorsque les institu-
tions de partage de l’information sont plus développées.

Sur le plan théorique, il faut déjà préciser que les résultats montrent que la faiblesse du cadre
juridique a un effet négatif sur le niveau du crédit bancaire accordé au secteur privé au Came-
roun. En effet, dans les spécifications (2) à (4) et (7) un coefficient négatif est associé à l’in-
teraction entre la faible qualité du cadre institutionnel et le niveau du crédit bancaire, soit -
0,0158 pour loi et ordre, -0,000283 pour la corruption et -0,00808 pour la qualité de la bu-
reaucratie. Ces signes négatifs signifient simplement que la faible application des lois et
l’ordre, la corruption et la faiblesse de la bureaucratie ont un effet négatif sur le niveau de cré-
dit bancaire accordé au secteur privé, affectant ainsi la croissance économique.

Sur le plan empirique, ces résultats sont conformes à ceux de Fabbri et Padula (2001), Duncan
(2014, p 113) ainsi que Kuindja et Bita (2021, p1). En effet, Fabbri et Padula (2001) ont mis
en exergue que les ménages se trouvant dans les districts dans lesquels le système judiciaire
est moins efficace reçoivent moins de crédits, même après le contrôle des caractéristiques ou
des capacités de remboursement de ces ménages. Pour Kuindja et Bita (2021) la faiblesse du
cadre juridique a un effet négatif sur les crédits bancaires accordé au secteur privé limitant
ainsi la croissance économique.

Dans la spécification (8), nous prenons en compte toutes les variables de contrôle. Les résul-
tats obtenus de cette régression suggèrent que les crédits bancaires au secteur privé affectent
négativement le PIB. Ce résultat est dû au coefficient négatif de la variable crédits au secteur
privé et traduit l’idée d’un rationnement du crédit dont les effets sont délétères sur l’activité
économique. Or, l’évolution des crédits au secteur privé au Cameroun durant la période 2000-
2016 a été croissante et régulière. Ainsi, la prise en compte simultanément de toutes les va-
riables de contrôle permet d’intégrer dans l’analyse les effets de ces variables sur l’efficacité
des crédits bancaires plutôt que de parler de rationnement du crédit. En effet, la faible qualité

19
Cet indice est calculé par la méthode d’analyse en composante principale (ACP).

[Texte] Page 71
des institutions, la forte volatilité du taux d’inflation et la faiblesse du taux de croissance des
ressources naturelles affectent négativement les crédits bancaires qui à leur tour ralentissent la
croissance économique. L’augmentation du taux de croissance économique de 1,36% au seuil
de 1% que l’on observe par rapport à l’équation de base où ce taux est de 0,88% est alors dû à
l’augmentation de l’intensité capitalistique globale sur la productivité par tête et à l’augmenta-
tion des dépenses gouvernementales.

B. Le Revenu National Brut comme proxy de la croissance écono-

mique : Résultats des estimations et interprétations 

Compte tenu des critiques généralement émises à l’encontre de l’utilisation du PIB par tête
comme proxy de la croissance économique, nous avons utilisé l’indice de développement hu-
main mesuré par le revenu national brut comme proxy de la croissance économique.

Les résultats des estimations sont présentés dans le tableau 6 ci-dessous. Les coefficients esti-
més des variables du modèle de base ne sont pas tous significativement différents de zéro
mais ont les signes attendus. Contrairement aux résultats précédents, le taux de croissance
économique du Cameroun diminue avec le stock de capital ou l’investissement privé. Le capi-
tal humain a également un effet positif sur la croissance économique. Les dépenses gouverne-
mentales affectent significativement et positivement la croissance économique.

En ce qui concerne la variable d’intérêt, les résultats de manière générale réfute l’hypothèse
selon laquelle le crédit bancaire favorise la croissance économique au Cameroun.

[Texte] Page 72
Tableau 7 : Effets du crédit bancaire sur la croissance économique
Variable dépendante : RNB par tête en %
Equation de
base (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8)
RNB (-1) 0,447*** 0,495*** 0,467*** 0,448*** 0,445*** 0,469*** 0,460*** 0,467*** 0,596***
(0,0631) (0,0610) (0,108) (0,0666) (0,0655) (0,0569) (0,0696) (0,108) (0,125)
Formation brute
de capital fixe -0,229* -0,298** -0,231* -0,228* -0,213* -0,215* -0,188 -0,231* -0,360*
(0,103) (0,0976) (0,110) (0,109) (0,109) (0,0910) (0,129) (0,110) (0,160)
Dépenses gouver-
nementales 1,400*** 1,005** 1,347*** 1,401*** 1,459*** 1,219*** 1,368*** 1,347*** 0,667
(0,275) (0,321) (0,367) (0,290) (0,299) (0,261) (0,292) (0,367) (0,499)
Crédits au secteur
privé -0,0878** -0,123*** -0,0968* -0,0927** -0,0891** -0,134*** -0,0829** -0,0968* -0,221*
(0,0318) (0,0338) (0,0507) (0,0355) (0,0331) (0,0376) (0,0342) (0,0507) (0,0935)
Capital humain 0,0480** 0,0732** 0,0517* 0,0428 0,0420 0,0557** 0,0448* 0,0517* 0,102*
(0,0201) (0,0222) (0,0261) (0,0244) (0,0229) (0,0182) (0,0218) (0,0261) (0,0411)
Ouverture com-
merciale -0,0685 -0,0554
(0,0370) (0,0483)
Loi et Ordre -0,676
(2,810)
Corruption -0,138
(0,322)
Qualité de la bu-
reaucratie 2,354
(3,606)
Ressources natu-
relles -0,190 -0,186
(0,104) (0,163)
Inflation -0,0772 0,142
(0,134) (0,205)
Qualité des insti-
tutions -0,0774 -0,428
(0,322) (0,437)
Constante -9,956* -1,433 -7,857 -9,471* -13,12* -6,360 -10,17* -9,239 4,830
(4,333) (5,960) (9,870) (4,711) (6,616) (4,296) (4,542) (5,494) (9,453)
Observations 15 15 15 15 15 15 15 15 15
R-squared 0,959 0,972 0,959 0,960 0,961 0,972 0,961 0,959 0,981
F*Prob 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000
Source : auteur

Dans l’équation de base, à cet effet, le coefficient estimé de la variable des crédits bancaires
au secteur privé est négatif et significatif au seuil de 5%. Comme précédemment, les coeffi-
cients sont interprétés en terme d’élasticités compte tenu du fait que les variables sont expri-
mées en logarithmes. Ainsi, cétéris paribus, une augmentation de 1% des crédits au secteur

[Texte] Page 73
privé réduit le revenu national brut de 15,75%. Ce qui implique que lorsque le volume de cré-
dit bancaire à destination du secteur privé augmente, le revenu national brut diminue.

Une justification possible de ce résultat concerne les éléments constitutifs du revenu national
brut. En effet, le revenu national brut se compose du PIB et du solde de la balance des revenus
primaires. Lorsqu’on s’appesantit sur chacun de ces éléments, le constat qui se dégage est que
bien que le PIB par tête au Cameroun durant la période d’étude se situe en moyenne à 2% en-
viron, avec une faible volatilité proche de zéro, le solde de la balance des revenus primaires
quant à elle est essentiellement déficitaire. Un déficit de la balance des revenus primaires sup-
pose un solde négatif du compte des revenus primaires c’est-à-dire que la différence entre les
paiements de facteurs des non-résidents et les paiements de facteurs aux non-résidents soit né-
gative. De ce fait, quel que soit le volume de crédit offert par les banques au secteur privé,
certes le PIB par tête va croître encore que cette augmentation est infinitésimale, le revenu na-
tional brut par contre sera négatif.

C. Test de robustesse aux crédits domestiques

Le tableau 8 ci-dessous présente les résultats du test de robustesse que nous effectuons
avec les crédits accordés à l’ensemble de l’économie. Lorsqu’on considère le modèle de
base, il en ressort que le capital humain et la formation brute de capital fixe favorisent la
croissance économique au Cameroun. Les dépenses gouvernementales quant à elles in-
fluencent négativement la croissance économique. S’agissant de la variable d’intérêt, les
crédits domestiques favorisent la croissance économique de sorte qu’une augmentation de
1% se traduit par une hausse du PIB de 0,97%.

Lorsqu’on introduit simultanément toutes les variables de contrôle dans l’équation de base
(spécification (10)), le capital humain affecte négativement le PIB, tandis que les dépenses
gouvernementales et l’intensité capitalistique l’affectent positivement. Les crédits domes-
tiques quant à eux, affectent négativement la croissance économique de sorte qu’une dimi-
nution de 1% se traduit par une baisse du PIB de 1,68%.

[Texte] Page 74
Tableau 8 : Robustesse aux crédits domestiques
Variable dépendante : PIB réel par tête en %

Equation de base Spécification (10)

(9)

PIB (-1) 0,972*** 1,681***

(0,235) (0,346)

Formation brute de capital fixe 0,00535 0,0304

(0,0238) (0,0240)

Dépenses gouvernementales -0,000312 0,0716

(0,0278) (0,0426)

Crédits domestiques 0,00216 -0,0286

(0,0130) (0,0175)

Capital humain 0,00599 -0,000267

(0,00692) (0,00789)

Ouverture commerciale 0,0370*

(0,0146)

Ressources naturelles -0,00116

(0,000738)

Inflation -0,00151**

(0,000516)

Qualité des institutions 0,00316*

(0,00124)

Constante 0,0169 -1,669

(0,497) (0,801)

Observations 15 15

R-squared 0,978 0,994

[Texte] Page 75
F*-prob 0,000 0,000

Source : auteur

Dans cette section, il était question de présenter les résultats de ce travail. Nous avons procédé
en deux temps. Dans un premier temps, nous avons présenté les résultats des différents tests
préalables à la régression économétrique. Dans un second temps, nous avons présenté les ré-
sultats des estimations qui suggèrent que les crédits bancaires alloués au secteur privé favo-
risent la croissance économique au Cameroun. Toutefois, lorsque nous contrôlons l’impact
des crédits au secteur privé sur la croissance économique avec les variables institutionnelles et
macroéconomique, nous constatons que l’effet des crédits au secteur privé sur la croissance
diminue et devient quelques fois négatif.

[Texte] Page 76
CONCLUSION

Dans ce chapitre, il était question d’évaluer l’effet des crédits bancaires accordés au secteur
privé sur la croissance économique au Cameroun durant la période 2000 -2016. Les tests sta-
tistiques préalablement effectués nous ont permis de retenir la méthode des moindres carrés
généralisés comme technique d’estimation. Les résultats obtenus suggèrent que les crédits
bancaires au secteur privé favorisent la croissance économique au Cameroun. Toutefois, en
introduisant un certain nombre de variable de contrôle notamment la qualité des institutions
(Loi et Ordre, corruption et qualité de la bureaucratie), l’ouverture commerciale, les res-
sources naturelles et l’inflation, l’effet des crédits bancaires au secteur privé devient ambigu.

En effet, lorsque nous testons l’effet des crédits bancaires au secteur privé sur la croissance
économique en introduisant les variables suscitées à tour de rôle, les résultats demeurent in-
changés. Les crédits bancaires au secteur privé favorisent la croissance économique bien que
l’impact diminue. Par contre, lorsque nous introduisons simultanément toutes les variables
dans le modèle de base, l’effet des crédits bancaires accordés au secteur privé devient négatif
pour la croissance économique. Par ailleurs, lorsque la croissance économique est approximée
par le revenu national brut, l’effet des crédits bancaires devient négatif quelle que soit la spé-
cification.

[Texte] Page 77
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

L’objectif de cette partie consistait à vérifier empiriquement la relation qui existe entre le cré-
dit bancaire au secteur privé et la croissance économique. Dans le chapitre 3 nous avons pré-
senté les faits stylisés qui montrent le secteur privé est celui qui bénéficie le plus du
financement bancaire au Cameroun par rapport au secteur public. Dans la période d’analyse,
99,5 % du total des crédits alloués par le secteur bancaire sont destinés au privé. Tandis que le
secteur public ne bénéficie que de 0,5 % de ces crédits. On note également une évolution du
volume de crédit accordé au secteur privé. En outre, Lorsqu’on s’intéresse davantage à la
répartition sectorielle du crédit bancaire de 2000 à 2018, nous constatons que l’évolution du
volume de crédit octroyé au secteur des services est décroissante. Cependant, cette hausse
n’induit pas la croissance économique du Cameroun.

Dans le chapitre 4, à l’aide l’estimation par les MCG, les résultats obtenus suggèrent que les
crédits bancaires au secteur privé favorisent la croissance économique au Cameroun bien que
l’impact diminue. Toutefois, en introduisant un certain nombre de variable de contrôle notam-
ment la qualité des institutions (Loi et Ordre, corruption et qualité de la bureaucratie), l’ouver-
ture commerciale, les ressources naturelles et l’inflation, l’effet des crédits bancaires au sec-
teur privé devient ambigu.

[Texte] Page 78
CONCLUSION GENERALE

L’objectif principal de ce travail est de montrer que le crédit bancaire affecte positivement la
croissance économique. Pour atteindre cet objectif, nous nous sommes fixé comme objectif
spécifique de montrer que le crédit bancaire au secteur privé accroît la croissance économique
et que la faible qualité des institutions réduit l’activité économique du Cameroun. Notre tra-
vail s’est articulé autour 4 chapitres.

Le premier chapitre passe en revue la notion de crédit bancaire. Il ressort de ce chapitre que
selon Peyrard et al (2001), dans une opération de crédit la banque prête une somme X contre
une promesse de remboursement à une échéance définie avec des paiements d’intérêt. De ce
fait, nous pouvons dire que le crédit bancaire est un prêt d’argent consenti sur une période dé-
terminée par une banque à un tiers.

En outre, il existe deux types de crédits bancaires : le crédit d’exploitation et le crédit d’inves-
tissement. Ses différentes formes de crédit se caractérisent par la convention du crédit, la ré-
munération du crédit, la garantie, les clauses imposables à l’entreprise durant la vie du crédit.
Cependant, l’activité des banques sur l’octroi du crédit comporte plusieurs risques (liquidité,
solvabilité, crédit). La gestion de ces risques se fait sur la base de la réglementation nationale
et internationale. Le chapitre 2 est synthétisation de la littérature sur la relation qui existe
entre l’intermédiation financière et la croissance économique.

Dans le troisième chapitre, nous avons présenté quelques faits stylisés de l’évolution des cré-
dits bancaires au secteur privé et des taux de croissance économique au cours de la période
2000-2016 ainsi que le cadre méthodologique de cette étude. Il ressort de cela que les crédits
bancaires au secteur privé ont connu une évolution progressive et régulière entre 2000 et
2016. Les taux de croissance économique quant à eux, ont connu une évolution peu volatile
compte tenu des chocs exogènes subis par l’économie camerounaise durant la période 2000-
2016.

Dans le quatrième chapitre, où nous avons testé l’hypothèse selon laquelle les crédits ban-
caires au secteur privé favorisent l’augmentation du PIB, les résultats auxquels nous avons
abouti corroborent ce point de vue. Nos résultats sont conformes à ceux de Dembele et Ma-
chrafi (2021) qui ont démontré qu’il existe un impact positif entre le secteur bancaire et la

[Texte] Page 79
croissance économique en Côte d’Ivoire. S’agissant de la croissance économique mesurée par
le RNB, l’hypothèse selon laquelle elle est négativement impactée par le crédit bancaire au
secteur privé.

De plus, en introduisant la qualité des institutions comme variable de contrôle dans l’équation
de base, nous avons abouti à la conclusion que la faiblesse du cadre juridique et la corruption
ont un effet négatif sur le niveau de crédit bancaire accordé au secteur privé limitant ainsi la
croissance économique. Ces résultats sont conformes à ceux de Kuindja et Bita (2021) qui ont
démontré que la faiblesse du cadre juridique a effet négatif sur le niveau de crédit bancaire au
secteur privé ralentissant ainsi la croissance économique.

De ce fait, il convient de noter que la faiblesse des institutions en général et la corruption en


particulier constitue l’un des obstacles majeurs que connaît le Cameroun. Si le Cameroun a
connu à une évolution croissante du niveau de crédits bancaires accordés au secteur privé, les
taux de croissance quant à eux sont faibles par rapport au volume de crédits accordés au sec-
teur privé.

Cette étude peut faire l’objet d’un approfondissement dans le futur en raison du fait qu’on
peut évaluer la contribution des crédits accordés au secteur privé par branche d’activité à la
croissance économique.

Au regard des conclusions auxquelles nous avons abouti, il convient de dégager certains en-
seignements à la fois utiles et importants pour le Cameroun. Premièrement, il faut que les au-
torités camerounaises améliorent l’environnement institutionnel notamment qu’ils accroissent
les mesures de lutte contre la corruption. De plus, l’Etat du Cameroun doit accroître les règles
de droit en matière de protection des droits de propriété privés et de veiller à l’application de
celle-ci afin que les banques n’aient plus à rationner le crédit. Plus le système juridique d’un
pays protège les droits de propriété privés, plus son système financier est développé (La Porta
et al., 1998).

Deuxièmement, bien que les crédits bancaires au secteur privé favorisent la croissance du PIB
par tête, le revenu national brut demeure faible. Ceci implique en effet que les banques
doivent accroître leur offre de crédits à destination du secteur privé vers les autres secteurs de
l’économie principalement vers le secteur industriel et agricole afin que ceux-ci accroissent
leur productivité et partant booste la croissance économique. De même, l’Etat doit pouvoir
contracter ses charges liées aux paiements de facteurs aux non-résidents en favorisant par
exemple l’utilisation de la main d’œuvre locale, les matériaux locaux, etc.

[Texte] Page 80
L’application de ces mesures est susceptible de permettre d’accroître les taux de croissance
économique.

[Texte] Page 81
ANNEXE

Annexe 1 : liste des banques au Cameroun

1. Afriland first bank

2. Bange bank

3. Banque atlantique

4. Commercial bank of cameroon

5. Ecobank

6. Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (BICEC);

7. CitiBank S.A (citibank) ;

8. Société Générale de banques au Cameroun (SGBC) ;

9. Société commerciale de Banque-Cameroun (SCB) ;

10. Standard chartered bank Cameroon (SCBC);

11. Union Bank of Cameroon PLC (UBC PLC);

12. National financial credit Bank (NFC Bank);

13. United Bank for Africa Cameroon (UBA Cameroon);

14. BGFI Bank Cameroun (BGFIBank);

15. Banque camerounaise des Petites et Moyennes Entreprises (BC-PME)

16. La Régionale

[Texte] Page 82
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