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UNIVERSITE PEDAGOGIQUE NATIONALE

FACULTE DES SCIENCES SOCIALES,


ADMINISTRATIVES ET POLITIQUES
Département des Sciences Politiques
et Administratives

COURS DE MOUVEMENT DES CAPITAUX ET


SOCIETES MULTINATIONALES

Prof. KASINDI YIMBA Symphorien

Cours à l’usage des étudiants de la 2e


Licence en Sciences Politiques et
Administratives
2
Année académique 2022-2023

.
3

OBJECTIFS DU COURS

Le but principal du développement économique des pays


en voie de développement et spécialement des pays d’Afrique
subsaharienne est d’élever le niveau de vie des populations. La
poursuite de cet objectif devrait leur permettre en même temps
de combler la distance économique qui les sépare des pays
industrialisés. Cet objectif indique dans quelle direction devront
s’orienter les efforts de développement économique à
entreprendre par les pays africains en général, et l’Afrique
subsaharienne en particulier. Nous pensons que
l’industrialisation est le facteur principal de l’augmentation du
niveau de vie des populations et que le développement passe
nécessairement par elle.

F. Perroux (1) définit l’industrialisation comme la


structuration d’un ensemble économique et social par l’emploi
de systèmes de machines qui accroissent la puissance de
l’homme sur la nature et diminuent l’effort humain. Par contre,
dans son livre « Industrie et création collective, F. Perroux
estime que l’industrie constitue l’aspect technique qui favorise
les transformations socio-économiques d’un milieu déterminé.
Elle se définit comme un ensemble concret de machines
orientées à la production de biens uniquement utiles (2).

Cependant, le développement suppose l’industrialisation


et celle-ci ne se réalise pas sans la présence d’industries de
1
PERROUX, F., Economie des jeunes nations, PUF, Paris, 1962, p. 21.
2
BERNIS « Industries industrialisantes et contenu d’une politique
d’intégration régionale », Economie appliquée, n° 3-4, 1966, p. 419.
4
nature particulière, c'est-à-dire celles qui sont
« industrialisantes » et constituent le véhicule de
transformations sociales.

A ce sujet, Bernis considère qu’une réorientation sélective


dans la création industrielle s’impose au profit de l’industrie
industrialisante qu’il définit comme « l’industrie ou groupe
d’industries dont la fonction économique fondamentale est
d’entraîner dans son environnement localisé et daté des
transformations de fonctions de production et de
comportement » (3).

Pour y arriver, les pays ont besoin de capitaux directs et


des entreprises qui doivent créer des industries dans des
secteurs particuliers, principalement la sidérurgie, l’industrie
mécanique fabriquant des machines qui servent à produire
d’autres biens, la chimie, l’énergie, les industries électroniques,
etc. ces industries exercent, par rapport aux autres, une action à
la fois de création et de transformation à l’égard de
l’environnement, en induisant les innovations dans les secteurs
industriels et agricoles, en diversifiant le produit des autres
industries afin d’augmenter la productivité dans les autres
secteurs. L’ensemble de cette action se traduit par un
accroissement du taux de croissance de l’industrie, de
l’économie dans son ensemble et par une transformation des
structures et des comportements du milieu social tant recherché
par tout gouvernement responsable.

En outre, les économies des pays d’Afrique en général, et


d’Afrique subsaharienne en particulier, sont tournées vers

3
BERNIS, op. cit., p. 419.
5
l’extérieur dont elles constituent des appendices, des enclaves
dépendantes et intégrées à ces foyers économiques dominants.

La volonté qui peut être affirmée par nos pays africains de


s’industrialiser dans ce cas, apparaîtra également comme
l’expression d’une volonté de rendre les économies nationales
suffisamment « intraverties ». C’est pourquoi, ce cours est
dispensé aux étudiants finalistes de la 2e licence en Sciences
Politiques et Administratives et a pour objectif de les préparer à
comprendre aussi bien le mouvement de la circulation des
capitaux sous toutes leurs formes ainsi que la structure, le but et
les stratégies des sociétés multinationales dans le monde et les
pays d’accueil à travers le temps.

Ce cours se situe entre les politiques économiques,


l’économie politique, l’économie du développement ainsi que
les relations économiques internationales.

Autant dire que ce cours vise de doter l’étudiant qui l’a


suivi avec assiduité, décideur de demain, d’une connaissance
minimale sur les mouvements des capitaux et les sociétés
multinationales en comprenant : une analyse politologique et
internationale des rapports entre sociétés multinationales et
pays investisseur, analyser les différents mouvements des
capitaux, discuter les différents investissements étranges et une
analyse de sociétés multinationales sur l’économie congolaise.
6
INTRODUCTION GENERALE

Béatrice Hibou pense que « l’exercice du pouvoir n’est


donc pas seulement d’obéissance et d’interdit, de peur et de
violence ; le pouvoir entend fournir les cadres d’un bien-vivre
en société et persuader des bienfaits de ses actes et de ses
discours, il prétend aussi assurer une vie normale et décente,
voir une amélioration des conditions de vie, favoriser la
croissance et l’industrialisation, créer des emplois et un
environnement propice aux affaires, protéger les activités et
garantir une stabilité sociale, favoriser le bien-être et la
consommation, réduire les inégalités et encourager la solidarité,
améliorer l’insertion internationale du pays et attirer les
investissements directs étrangers » (4).

Ces investissements directs étrangers font l’expansion du


capitalisme qui s’est accéléré suite à une conséquence directe
de l’effondrement du bloc de l’Est qui le bloquait
territorialement et idéologiquement. L’exportation des capitaux
liée à la forte croissance européenne, à ne faible demande
intérieure, est souvent considérée comme l’explication clef de
l’impérialisme.

Cependant, les stratégies du capitalisme obéissent à un


nouveau principe que le sociologue exprime en ces termes :
« nous n’avons pas besoin de politique, ou alors d’une politique
néolibérale. Nous n’avons pas besoin d’Etat, le marché se
charge de tout. Sur la culture de la liberté, notre position est
variable : la liberté politique n’est rien pour nous, seule compte

4
HIBOU, B., Anatomie politique de la domination, La
Découverte Paris, 2011, p. 79.
7
la liberté de consommation. Autant dire que ce sont les
stratégies de dénationalisation et de déterritorialisation des
zones opérationnelles du capitalisme (5).

C’est pourquoi, comme le souligne Ulrich Beck, cette


puissance accrue des acteurs économiques passe par un
affaiblissement des pouvoirs politiques étatiques au travers de
nouvelles pressions. Cette stratégie du capital est double :
« perte de pouvoir et gain de pouvoir vont de pair :
augmentation du pouvoir du capital, diminution du pouvoir des
Etats, délégitimation des Etats, auto-légitimation du capital (6).

Les investissements directs étrangers constituent l’un des


deux principaux indicateurs permettant d’appréhender la
dynamique de mondialisation de l’économie. Ce sont les
investissements directs étrangers qui ont accompagné
l’internationalisation des entreprises depuis le début du XIXè
siècle.
D’une manière générale, le retour de la croissance aux
Etats-Unis à partir du début des années 1980, ensuite dans les
autres pays industrialisés, qui a tout d’abord créé un
environnement économique très favorable à la globalisation des
firmes. Vers 1985, il y a eu un mouvement de la libéralisation
et de développement rapide des marchés financiers
internationaux, mais aussi, la plupart des pays du monde
adoptaient des procédures visant à lever les obstacles à l’entrée
des IDE dans la simplification des déclarations d’autorisation
préalables, suppression de la plupart des secteurs d’activité
5
SALMON, A., Les nouveaux empires : fin de la démocratie ? éd. CNRS,
Paris, 2011, p. 41.
6
BECK, U., Pouvoir et contre-pouvoir, l’ère de la mondialisation, éd.
Flammarion, Paris.
8
interdits aux IDE, relèvement des plafonds restreignant le
niveau des IDE dans le capital des firmes locales, etc.

Toutefois, les avancées dans le domaine des technologies


de l’information et de la communication permettent la
multiplication des connexions entre agents économiques et
favorisent la diffusion des idées à l’échelle mondiale. Ces
éléments sont à la base actuellement de l’intensification de
l’ouverture commerciale et financière et surtout de l’expansion
des sociétés multinationales.

Notre cours sera subdivisé en six chapitres dont : le


premier chapitre donne leS repères conceptuels de base, le
deuxième chapitre traite du capitalisme et de libéralisme, le
troisième chapitre concerne le marché monétaire et le marché
financier, le quatrième chapitre traite les relations financières
internationales, le cinquième chapitre présente les mouvements
des capitaux et enfin, le sixième chapitre et le dernier parle des
sociétés multinationales.
9
Chapitre I. LES REPERES CONCEPTUELS

1.1. Le capital

Dans l’usage courant, le terme « capital » est souvent


utilisé comme équivalent du mot « patrimoine ». C’est alors
l’ensemble des biens que possède un individu ou un groupe.
Cependant, le mot « capital » est employé par les économistes
dans des sens parfois très différents de l’usage courant et le
passage d’une acception du terme à un autre est souvent source
de confusion. C’est pourquoi, nous tâcherons de donner une
définition du capital du point de vue économique, marxiste et
sociologique

1.1.1. Le capital au sens économique

Le capital au sens économique est le capital technique,


c'est-à-dire un ensemble de biens matériels permettant de créer
de nouveaux biens de consommation ou de production (7).

Dans le monde de l’entreprise, les calculs de rentabilité


d’un capital technique s’effectuent en termes financiers :
- Le capital fixe : est la partie du capital dont la durée de
vie s’étend sur plusieurs cycles de production (machines,
bâtiments, infrastructures) et fournissant également des
services non marchands à la collectivité (routes, écoles,
…).
- Le capital circulant : est la partie du capital qui disparaît
dans un seul cycle de production (matières premières,…).
7
BREMOND, J. et GELEDAN, A., Dictionnaire des
sciences économiques et sociales, éd. Belin, Paris, p.
54.
10
- Le capital social et capital d’une entreprise au sens
juridique ou comptable du terme, est la valeur
nominale de l’ensemble des actions ou des apports des
propriétaires de l’entreprise. Ce capital peut être différent
de la valeur réelle de l’entreprise.

Autant dire que, la plupart des entreprises fonctionnent


partiellement avec les ressources financières apportées par leurs
propriétaires et font, pour le reste, largement appel aux
multiples formes de crédit bancaire et autre. L’efficacité de
l’entreprise est liée à l’ensemble des capitaux qu’elle utilise.
C’est pourquoi, dans une entreprise, on distingue les capitaux
propres qui regroupent l’ensemble des capitaux qui
appartiennent à l’entreprise (capital + réserve + bénéfices) des
capitaux étrangers qui sont constitués par l’ensemble de dettes
de l’entreprise.

Les capitaux permanents sont ceux qui restent, de façon


durable, à la disposition de l’entreprise. Ils comprennent les
capitaux propres et les dettes à long terme. L’analyse libérale
considère que le capital est un facteur de production qui,
combiné avec le travail, permet d’obtenir une certaine
production. Cette conception de chose distingue l’analyse
libérale de l’analyse marxiste. Donc, pour les libéraux, le
capital, au même titre que le travail, engendre de la valeur.
11
1.1.2. Le capital au sens marxiste

1.1.2.1. Le capital comme rapport social

Pour Marx, le capital n’est pas seulement un ensemble de


choses ou un flux financier mais aussi un rapport social. Dans
le système capitaliste, il faut que ceux qui possèdent les moyens
de production trouvent des travailleurs à employer, que la loi
définisse le droit de propriété, le droit de travail….
Deux formes essentielles, préconise Marx dans le capital qui
sont : le capital constant et le capital variable.

1.1.2.1.1. Le capital constant

Ce sont les machines, les bâtiments, les matières


premières, l’énergie, bref, tout ce qui résulte du travail passé et
qui est utilisé pour forger des marchandises. Ce travail passé est
détruit dans la production et se trouve incorporé sous une forme
nouvelle dans les objectifs créés ; ainsi, des tôles d’acier vont
être utilisées pour fabriquer des portières de voiture. Le capital
constant transmet sa valeur au nouveau produit mais ne peut
créer la valeur nouvelle.

1.1.2.1.2. Le capital variable

Il sert à rémunérer la force du travail, qui a la propriété de


créer une valeur supérieure à celle qui est nécessaire à sa propre
reproduction, d’où la dénomination de « variable ». Ou encore,
le capital qui permet d’acheter une force de travail, laquelle
crée une plus-value. En moyenne, le salaire versé est inférieur à
la valeur des produits qu’il permet de réaliser, moins la valeur
12
du capital constant qui y est incluse. C’est cette différence qui
constitue la plus-value, source de l’accumulation.

1.1.2.2. La composition organique du capital

Capital cons tant


Cette composition est le rapport entre : Capital var iable

1.1.3. Le capital au sens sociologique

Le terme capital a aussi une signification en sociologie.


Nous distinguons le capital culturel et le capital social.
- Le capital culturel est l’ensemble des connaissances et des
façons de faire d’un individu, acquises par la
socialisation. Il peut être aussi utilisé pour désigner les
éléments socialement considérés comme reflétant un
niveau de formation et culturel (diplômes).
- Le capital social désigne l’ensemble du réseau relationnel
d’un individu qui contribue à sa réussite sociale au même
titre que le capital culturel et le capital économique.

1.2. La croissance et développement

1.2.1. La croissance

Des voitures toujours plus nombreuses, des autoroutes,


des produits naissent et bouleversent les habitudes. Des villes
champignons surgissent, des gratte-ciel s’élèvent. La croissance
économique modifie espaces, habitudes, façons de vivre et de
produire, elle change les structures et les comportements. D’où
la croissance économique est la condition de l’amélioration
13
durable du niveau de vie moyen et influence le niveau de
l’emploi.

1.2.1.1. La croissance au sens strict

F. Perroux (8) pense que, la croissance est


l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes
longues (chacune de ces périodes comprenant plusieurs cycles
quasi-décennaux) d’un indicateur de dimension : pour une
nation, le produit global net en termes réels.

1.2.1.2. La croissance au sens large

Au sens large, la croissance inclut les changements de


structure, englobe les mutations sectorielles et les changements
qui rendent celle-ci auto-entretenue. Par croissance, on entend :
1. Un phénomène largement irréversible. Son caractère
auto-entretenu se traduit par des modifications
cumulatives de conditions de la production :
investissement net en hausse, modification de la
qualification de la main-d’œuvre, incorporation du
progrès technique par les machines nouvelles, nouvelles
habitudes de consommation, modification des
anticipations des entrepreneurs.
2. Un mouvement de transformation structurel ; il est
repérable, non seulement par des indicateurs simples de
hausse de la production et du revenu, mais par des
mutations sectorielles.

8
PERROUX, F., cité par BREMOND, J. et GELEDAN, J., op. cit., p. 133.
14
Ainsi, la croissance modifie la part relative de différents
secteurs. Des industries nouvelles apparaissent, la valeur
ajoutée par salarié s’accroît. La croissance s’accompagne de
mutations sociales qui rendent possible l’accroissement durable
des flux de production : nouveaux rapports de propriété,
technologies nouvelles, accroissement des biens de
production….

Il peut arriver aussi que l’on parle parfois de croissance


économique pour qualifier le mouvement d’augmentation de la
production à court terme (et donc réversible). Dans ce cas, il
faut employer le terme d’expansion (on parle aussi de boom si
la hausse est très rapide).

La théorie de la croissance peut être endogène ou


exogène. La théorie de la croissance exogène néoclassique
essaie d’expliquer comment se mettent en place les
améliorations technologiques. Ce modèle pointe avec
conviction l’innovation et l’entrepreneuriat ainsi que le
développement du capital humain (c’est-à-dire d’une main-
d’œuvre qualifiée. Il montre aussi comment une politique
gouvernementale peut influencer la croissance, grâce à des
subventions à la recherche et au développement. Tandis que la
théorie de la croissance exogène développée par Robert Solow
et Trevor W. cherche à montrer comment la technologie, le
capital et la quantité de main-d’œuvre s’associent pour créer de
la croissance. La théorie de la nouvelle croissance demande que
les gouvernements investissent dans l’innovation en lui
fournissant un environnement favorable, par exemple en
élaborant un système intelligent des droits de propriété
industrielle. La croissance économique intervient quand les
15
gens utilisent des ressources qu’ils transforment de manière à
les valoriser.

1.2.1.3. Les sources de la croissance économique

a. Le rôle des hommes, du capital technique et de


l’organisation du travail

Pour accroître la production, il faut des hommes prêts à


travailler et plus ils sont qualifiés, plus la croissance
économique pourra s’accroître. L’éducation et la formation sont
aujourd’hui considérées comme des conditions essentielles de
la croissance économique qui est aussi liée aux outils
disponibles pour produire (capital technique) et à l’organisation
du travail (division du travail,) qui permettent d’accroître la
productivité.

b) L’innovation et croissance

Le rôle de l’innovation dans la croissance économique est


important parce que l’innovation est la mise en place, dans
l’entreprise ou sur le marché, d’une idée nouvelle : produit
nouveau (écran plat de télévision…), nouvelle façon de
produire (juste à temps), nouvelle façon de commercialiser les
produits (commerce par Internet).

Autant dire que l’innovation est la transformation d’idées


originales en applications profitables ou plus largement en
valeurs pour l’entreprise et ses clients. Son but est de créer un
avantage compétitif.
16
Cependant, lorsque l’on parle d’innovation, on pense
spontanément aux innovations produites, mais l’innovation va
au-delà. Elle porte aussi sur la mise en œuvre d’un nouveau
procédé, voire d’une nouvelle méthode de commercialisation
ou d’organisation. Ceci étant, l’innovation existe sous deux
formes majeures qui sont :
1. un réflexe permanent dans le travail au quotidien ;
2. la mise en œuvre spécifique d’un chantier d’innovation
en réponse à un besoin.

Mais, aussi, au-delà de la créativité qui est nécessaire


mais aussi suffisante, l’innovation exige, entre autres :
- la volonté d’innover ;
- la prise en compte des besoins du marché ;
- la mise en place d’un vrai processus.

Cependant, il faut de l’envie, de l’énergie et une ambition.


Donc, l’innovation naît, le plus souvent, d’une volonté de créer
dans un domaine précis.

Pour que la nouveauté soit acceptée, elle doit faire ses


preuves sur le terrain, c’est-à-dire combler un manque ou
apporter un réel avantage par rapport à la solution existante.
Autant dire qu’une innovation refusée n’en est pas une. C’est
pourquoi, il est utile de combler l’émergence des idées avec les
besoins à venir pour que l’innovation rencontre au plus vite son
marché. Pour cette raison, la quête des opportunités est
indispensable dans la démarche d’innovation. Sur ce, lorsqu’il
s’agit de créer un nouveau produit ou service, l’analyse du
marché s’impose. Elle couvre donc :
17
1. L’analyse de la concurrence

Néanmoins, cette analyse du marché est à confronter avec


les capacités et les compétences de l’entreprise. Si une
entreprise a des compétences dans un domaine et que le marché
a des besoins qui nécessitent ces compétences, l’innovation a
des chances de trouver sa place plus vite.

Toutefois, avec l’augmentation de la concurrence,


l’ouverture des marchés à l’échelle mondiale et le
raccourcissement des cycles de vie des produits, l’anticipation
devient presque vitale. Les activités de veille sont un moyen
d’identifier les besoins à couvrir et peuvent même guider dans
le choix des voies d’innovation. Ceci étant, quatre types de
veille sont mobilisés : concurrentielle, technologique,
commerciale et environnementale.

En effet, ce qui est important pour une entreprise, c’est de


deviner ce que fera le concurrent demain et pas de connaître ce
qu’il fait aujourd’hui. La réussite du processus d’innovation
réside donc principalement dans la capacité de l’entreprise à
transformer ses idées nouvelles en succès (9).

c) Le rôle de la demande des moyens de financement du


taux de profit

Dans le cadre d’une économie de marché, les entreprises


ne produisent que si elles estiment que les marchandises
pourront se vendre. Pour les économistes keynésiens, la

9
BACHY, B. et HARACHE, C., Management, éd. Dunod, Paris, 2010, pp.
206-209.
18
croissance est aussi fonction du niveau de la demande. Pour
qu’il y ait croissance, il faut que le niveau de la demande
solvable soit insuffisant pour inciter les entreprises à produire.

D’autres conditions sont également importantes, les


entreprises doivent trouver les moyens de financer leurs
investissements, considérer que les taux de profit sont
suffisants pour justifier les décisions de production.

1.2.2. Le développement

1.2.2.1. Les trois aspects du développement

Le terme développement est utilisé dans trois sens


différents : le développement humain, le développement
économique et le développement durable. Les défenseurs de
l’approche en termes de développement durable et humain
pensent que le développement économique est seulement un
aspect du développement et ne doit être poursuivi que dans la
mesure où il n’est pas en contradiction avec le développement
durable. C’est pourquoi, Marc Montoussé et Dominique
Chamblay notent que le développement est une notion aussi
bien quantitative que qualitative, il correspond non seulement à
une augmentation du pouvoir d’achat mais aussi à des
transformations structurelles de l’économie comme
l’industrialisation, la tertiairisation, l’urbanisation ou la
salarisation.

Les économistes actuels distinguent généralement la


croissance et le développement. Contrairement à la croissance,
le développement est une notion qui n’est pas uniquement
19
économique ; il suppose des progrès dans d’autres domaines,
comme la démographie (baisse de la fécondité et de la mortalité
par exemple), la santé (augmentation de l’espérance de vie) et
les conditions sociales (10).

C’est pourquoi, F. Perroux considère le développement


comme la combinaison des changements mentaux et sociaux
d’une population qui la rendent apte à faire croître
cumulativement et durablement son produit réel global.

Autant dire en définitif que le développement est un


faisceau de transformations qui modifie les comportements,
intègre les progrès des connaissances, l’amélioration des
qualifications, le savoir-faire industriel, modifie les
anticipations dans le sens de la croissance économique.

Le développement économique est aussi une mutation


sectorielle repérable par des coefficients : part du secteur
industriel, capital employé par travailleur, valeur ajoutée par
salarié…le développement économique est également repérable
par des indicateurs sociaux : nombre de médecins par habitant,
taux d’alphabétisation, nombre d’étudiants, brevets déposés,…
(11). Donc, le développement économique est un phénomène de
longue période : il inclut la croissance et même des phases de
crises. Ceci étant, la croissance et le développement sont deux
notions dépendantes : la croissance est nécessaire au
développement qui favorise la croissance.

10
MONTOUSSE, M. et CHAMBLAY, D., 100 fiches pour comprendre les
sciences économiques, éd. Bréal, Rome, 2005, p. 56.
11
BREMOND, J. et GELEDAN, A., op. cit., p. 152.
20
Mais une croissance déséquilibrée dont les gains sont mal
répartis, ne conduit pas nécessairement au développement. La
croissance est nécessaire mais toute croissance n’est pas
profitable (12). C’est pourquoi, les expressions économie du
développement, sociologie du développement désignent les
travaux des économistes ou des sociologues centrés sur la
question de savoir pourquoi certains pays sont développés et
d’autres ne le sont pas.

Cependant, certains auteurs, en particulier les marxistes,


refusent de séparer développement et sous- développement : ils
mettent l’accent sur les formes de dépendance dans une
économie largement mondialisée où développement et sous-
développement sont en relation au sein d’un système global.

Les pays développés sont ceux qui ont connu la


révolution industrielle et dont l’opulence se manifeste par une
multitude de biens matériels, de réalisations technologiques.
Les expressions sous- développement et pays sous- développés
sont souvent considérés comme relevant d’un vocabulaire
critique. Les libéraux considèrent aussi que leur libellé insiste
sur l’insuffisance d’une situation, son infériorité par rapport à
une autre, et estiment que ces termes sont péjoratifs.

L’expression « pays en voie de développement » affirme


l’existence d’un processus en cours. Cette terminologie est
largement utilisée par les organisations internationales et par les
théoriciens qui adoptent des analyses en termes de retard.
L’expression « tiers-monde » a été forgée par Alfred Sauvy, par
analogie avec l’expression « tiers-Etats ». L’expression tiers-

12
Idem, p. 57.
21
monde met l’accent sur l’existence d’une condition commune
entre les pays en développement et sur le désir de changer
l’ordre économique mondial en leur faveur.

Les nouveaux pays industriels (NPI : Brésil, Corée du


Sud, Hong-Kong, …) sont des pays qui ont connu, au cours des
dernières décennies une croissance élevée et une
industrialisation telles que la part de l’industrie représente
aujourd’hui au moins le quart de leur PIB.

Le PIB est la somme des biens et services échangés dans


un pays au cours d’une année. La formule la plus courante pour
calculer le PIB est : consommation + investissement + dépenses
gouvernementales + exportations – importation. Il est souvent
considéré comme étant le critère de mesure de la performance
d’un pays. En effet, plus il est élevé, plus l’économie est forte.
Cette approche a comme limite de l’ignorance de la qualité de
richesses, l’espérance de vie ou la dégradation
environnementale.

Les pays émergents sont des pays en cours


d’industrialisation rapide (Chine, …). Tous les NPI sont des
pays émergents.

Les pays les moins avancés (PMA) sont les pays les plus
pauvres. Statistiquement, ils correspondent aux pays ayant un
revenu annuel par habitant inférieur à 500$, un taux
d’alphabétisation inférieur à 20%, une production dans laquelle
l’industrie représente moins de 10% du PIB (13).

13
BREMOND, J. et GELEDAN, op. cit., p. 153.
22
Les pays du centre et les pays de la périphérie, un certain
nombre d’analystes marxistes considèrent que l’origine du
sous-développement résulte de la relation dépendante avec les
pays du « centre », développés de longue date. La périphérie est
l’ensemble des pays dépendants du centre, soumis à l’échange
inégal au profit du centre et dont l’économie désarticulée
connaît un blocage de croissance.

1.2.2.2. L’analyse en termes de retard du développement et


de cercle vicieux

1.2.2.2.1. L’analyse en termes de retard du développement


et de cercle vicieux

Les économistes libéraux analysent les problèmes du


tiers-monde en termes de retard et de cercle vicieux pour
utiliser le plus souvent l’expression « pays en voie de
développement ». Les pays en voie de développement ont un
retard de développement, ce qui signifie qu’ils ont atteint un
stade de développement moins avancé que celui des
industrialisés. Les pays en voie de développement (PVD)
connaissent une situation économique et sociale que d’autres
ont antérieurement connue, ils aspirent à franchir les étapes du
développement.

Rostow estime que, le développement économique passe


par cinq grandes étapes qui se succèdent historiquement dans
un ordre unique déterminé (14).
1) La société traditionnelle : est caractérisée par la part
essentielle du secteur agricole, un système de valeurs

14
BREMOND, J. et GELEDAN, op. cit., p. 154.
23
fondé sur le fatalisme, l’importance de l’organisation
familiale, la détention du pouvoir par les propriétaires
fonciers, des connaissances fondées sur la tradition et la
routine ou encore, la production est limitée et surtout
agricole, les échanges sont rares, la société est très
hiérarchisée.

2) La phase de mise en place des conditions préalables


au décollage est marqué par le développement de
l’optimisme et dynamisme, la valorisation du profit
privé et de l’épargne : les investissements prennent leur
essor, les connaissances et les techniques se diffusent,
générant une productivité croissante. En d’autres
termes, l’agriculture permet de dégager un profit, les
mentalités évoluent et les individus cherchent de plus en
plus à s’enrichir.

3) Le décollage (take off) ou démarrage est « la période


pendant laquelle la société finit pas renverser les
obstacles et les barrages qui s’opposaient à la croissance
régulière ». Il combine les traits suivants : les
institutions, les valeurs de la société intègrent la
croissance et anticipent la montée de la production ; le
taux d’investissement passe à environ 5% à plus de 10%
de revenu national, les industries nouvelles jouent un
rôle moteur, l’agriculture se modernise et libère des
hommes et des capitaux, de nouvelles techniques se
généralisent. Autrement dit, cette période s’accompagne
d’un accroissement des inégalités sociales.
24
4) La marche vers la maturité prolonge les effets du
décollage. Tous les secteurs incorporent les progrès
techniques, le taux d’investissement s’élève à 20% et
plus, la société adapte ses institutions et ses valeurs à la
croissance qui devient une finalité qui subordonne
toutes les autres. Donc, cette étape permet d’établir la
base du développement économique, démographique et
social.

5) La société de consommation de masse est celle où


sont parvenus les pays industrialisés. Les besoins
fondamentaux sont satisfaits (vêtements, logement,…).
Le secteur des services se développe, une part croissante
des ressources est affectée à la prévoyance et à la
sécurité sociale. Ici, la pauvreté se marginalise, l’Etat
intervient de plus en plus dans la société et dans
l’économie, c’est un Etat-providence, c'est-à-dire
soucieux du bien-être collectif.

N.B. Cette théorie de Rostow a été critiquée parce qu’elle


conduit à une vision linéaire du développement,
excluant toute possibilité de voie originale de
développement.

1.2.2.2.2. Le cercle vicieux de la pauvreté

La théorie du cercle vicieux présentée en termes


sociologiques : le manque d’entrepreneurs, systèmes de valeurs
non compétitifs, traditions paralysantes, fatalisme des religions,
divisions ethniques limitant l’ambition nationale, mépris du
25
travail manuel et de la technique appliquée, préférence pour le
loisir et la convivialité.

L’accommodation désigne le constat que font les pauvres


d’une situation sans issue ; tout effort vain, il est alors rationnel
de renoncer au changement. Exemple, les investissements
agricoles sont tellement risqués pour des paysans au seuil de la
famille qu’ils ont intérêt à maintenir les méthodes
traditionnelles. C’est pourquoi, de nombreux économistes
libéraux, frappés par la stagnation relative des pays les plus
pauvres, les présentent comme pris dans un « cercle vicieux ».

Economie pauvre Faible revenu du Faible niveau


=
niveau national d’épargne

Demande Faible Investissemen


solvable incitation à t faible
limitée investir

Malnutrition Faibles dépenses


Productivité
d’éducation et de
faible
formation des
travailleurs

Rétroaction

1.2.2.3. L’analyse en termes de dépendance

L’analyse du sous-développement en termes de


dépendance conteste le caractère naturel et inévitable du sous-
développement. Celui-ci est un phénomène historique, car
« jusqu’à la fin du XVIIè, siècle les écarts dans les niveaux de
26
développement économique et technique de divers pays étaient
peu importants ». C’est pourquoi, l’analyse en termes de
dépendance renvoie à plusieurs courants théoriques.

Pour les uns, il y a domination de fait, c'est-à-dire


« influence asymétrique et irréversible » et cette domination
objective est à la fois caractéristique et source de sous-
développement. Pour les autres, le sous-développement est le
produit même du développement des pays dominants.

La dépendance

Une économie est dépendante si elle subit « les


conséquences des mouvements et des politiques émanant des
autres pays ». La dépendance peut être économique, mais aussi
culturelle : entreprise des firmes étrangères, dépendance
commerciale…cadres et formation des élites liées aux pôles
dominants…culture (film), information contrôlés par
l’extérieur…

L’extraversion, tendance à produire en fonction du


marché des pays développés, est une manifestation de la
dépendance. L’effet de démonstration est l’influence exercée
par le monde de consommation d’un groupe social sur un autre.

La désarticulation : une économie est désarticulée si elle


n’est pas intégrée et elle est intégrée s’il y a complémentarité
entre ses secteurs, c'est-à-dire que chaque secteur consomme
une part notable des autres, au titre des consommations
industrielles nécessaires aux productions d’une économie
développée.
27

L’impérialisme : toute politique extérieure de puissance


et de domination d’un Etat. L’impérialisme est le capitalisme
arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la
domination des monopoles et du capital financier, où
l’exploitation des capitaux a acquis une importance de premier
plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts
internationaux et où s’est achevé le partage de tout le territoire
du globe entre les plus grands pays capitalistes, estime
Lénine(15).

1.3. Le protectionnisme et libre-échange

Notion

Le débat théorique et politique sur les vertus respectives


du protectionnisme et du libre-échange est l’une des questions
les plus anciennes de l’analyse du commerce international.

Le protectionnisme et le libre-échange sont présentés


comme moyen le plus sûr d’impulser l’essor des secteurs
porteurs d’avenir, de lutter contre une concurrence extérieure
perçue comme déloyale ou de se prémunir contre les effets
pervers d’une globalisation débridée. Le protectionnisme et le
libre-échange sont présentés par certains comme un repoussoir,
comme une cause de régression ou comme une source de
fragilisation des jeunes nations et de leur asservissement aux
pays industriels. Pour d’autres, le libre-échange est tenu pour

15
LENINE, cité par BREMOND, J. et GELEDAN, op. cit., p. 157.
28
un facteur de développement, un moyen de dynamiser et de
moderniser les économies des pays les moins avancés (16).

Le libre-échange peut-être compris dans trois sens


différents qui sont (17) :
- le libre-échange est une situation dans laquelle il n’y a pas
d’obstacles à la libre circulation, entre les pays, des biens
et des services, y compris des capitaux.
- Aussi, le libre-échange est une politique des échanges
extérieurs, qui instaure la libre circulation des
marchandises, des capitaux et des personnes entre les
pays.
- En outre, le libre-échange est enfin une théorie, selon
laquelle deux pays sont dans une situation plus
avantageuse dès lors qu’ils ouvrent leurs frontières aux
échanges internationaux. Cette théorie préconise la
spécialisation des pays participant au libre-échange.

Cependant, il ne faut pas confondre libre-échange et zone


de libre-échange.

La zone de libre-échange est une zone géographique au


sein de laquelle les tarifs douaniers et les contingentements ont
été supprimés dans les échanges entre les pays de la zone, mais
pas vis-à-vis des pays extérieurs à la zone.

16
ABDELMALKI, L. et SANDRETTO, R., Politiques commerciales des
grandes puissances, De Boeck, Bruxelles, 2011, p. 24.
17
BREMOND, J. et GELEDAN, A., Dictionnaire des Sciences
Economiques et Sociales, éd. Belin, Paris, 2002, p. 316.
29
1.3.1. Protectionnisme

Le protectionnisme est une politique qui consiste à limiter


l’entrée sur le territoire national des marchandises et des
services en provenance du reste du monde ; en d’autres termes,
le protectionnisme est une situation marquée par l’existence de
barrières à l’importation de biens et services dans une zone
économique donnée.

L’instrument le plus classique du protectionnisme est la


barrière formée par les droits de douane qui sont des impôts
prélevés sur les importations de biens et services. Le montant
des droits de douane est un indicateur du degré de
protectionnisme, plus il s’élève, plus la protection de
l’économie nationale est importante. Les produits concurrents
en provenance du reste du monde voient leurs prix augmenter,
ce qui réduit leur compétitivité. Toutefois, les droits de douane
n’assurent pas toujours une protection efficace. Si les voitures
japonaises ont une meilleure image de marque, il est possible
qu’ils pénètrent le marché intérieur malgré l’existence de droits
de douane.

Aussi, le contingentement est une autre forme de


protectionnisme. Le contingentement est une limitation
quantitative des importations. Cette forme de protectionnisme
pourrait conduire à l’autarcie, c'est-à-dire à une situation où un
pays vit sans échange avec l’extérieur. D’une manière générale,
aucun défenseur du protectionnisme ne défend aujourd’hui
l’autarcie.
30
Le protectionnisme indirect prend la forme de
réglementations, d’aides aux entreprises nationales ou de sous-
évaluation de la monnaie nationale. Exemple, le fait de réserver
les marchés publics aux entreprises locales, d’aider les
entreprises qui produisent sur le territoire, constitue autant de
barrières aux importations des produits étrangers. Une politique
de sous-évaluation du taux de change de la monnaie peut aussi
être considérée comme une forme de protectionnisme, car les
prix des produits importés devient plus élevé, ce qui favorise la
compétitivité des produits nationaux sur le territoire national.

Le protectionnisme éducateur : quand une économie est


caractérisée par une faible compétitivité dans un domaine qui
lui paraît essentiel pour l’avenir. Une protection temporaire
peut donner le temps aux entreprises nationales d’acquérir les
techniques et les savoir-faire leur permettant à terme, de
soutenir la concurrence mondiale.

En tout état de cause, les principaux arguments


développés en faveur du protectionnisme sont les suivants :
- le protectionnisme évite la disparition de firmes
nationales et favorise indirectement l’emploi en soutenant
les productions nationales ;
- le protectionnisme est nécessaire au maintien d’une
protection sociale élevée dans une économie mondiale où
la législation sociale est souvent inexistante ;
- le protectionnisme éducateur est nécessaire à la mise en
place, sur le long terme, d’une spécialisation satisfaisante
pour un niveau de vie d’une nation ;
- le protectionnisme a aussi été défendu pour des motifs
d’indépendance nationale.
31
1.3.2. Libre-échange

Le libre-échange est un état du commerce international


libéré de toute entrave. Nous devons aux économistes
classiques, principalement à A. Smith (1723-1790) et à D.
Ricardo (1772-1823), l’analyse la plus solide des vertus du
libre-échange. Cependant, cette première démonstration sera
reprise et complétée dans le courant du XXè siècle par la théorie
néoclassique.

C’est pourquoi, il existe dix arguments en faveur du libre-


échange qui sont :

1. Le libre-échange accroît l’efficacité de la production du


fait qu’il conduit chaque pays à développer les activités
dans lesquelles, il est relativement plus productif et à
délaisser celles pour lesquelles, il est comparativement
moins performant.

Autant dire que le principe des coûts comparatifs énoncé


par D. Ricardo, estime que chaque pays en libre-échange est
amené à se spécialiser dans l’activité pour laquelle le niveau
des coûts relatifs de production est le plus bas.

2. Le libre-échange améliore le bien-être en engendrant un


gain de production et en soutenant la croissance, il permet
de dégager un surplus de richesses distribuables.
Cependant, le libre-échange accroît le bien-être dans les
pays qui s’y engagent et par conséquent, il améliore la
situation à l’échelle planétaire.
32
A. Smith, à son tour, souligne que ce gain en bien-être
permet d’accroître la demande (les débouchés) pour chaque
production, ce qui conduit à accentuer la division du travail à
élever la production mondiale et à accroître encore plus
fortement la productivité, favorisant ainsi la croissance
économique.

3. Le libre-échange assure la paix sociale. L’amélioration


de la situation d’une catégorie d’agents ne peut être
obtenue qu’au prix de la détermination de celle des autres
catégories.

A ce sujet, la répartition des richesses tend


inéluctablement à devenir conflictuelle. Cependant, un contexte
de croissance facilite la conciliation des intérêts de diverses
parties prenantes dans le partage des revenus. Autrement dit,
l’accroissement de la taille du gâteau à partager donne « du
gain à moudre » dans les négociations entre partenaires
sociaux. De même qu’à l’échelle internationale, le libre-
échange, en favorisant la croissance et en accroissant le surplus
distribuable, peut permettre d’améliorer simultanément le
revenu de tous les groupes sociaux au sein de chaque pays et
d’assurer ainsi une certaine paix sociale.

4. Le libre-échange bénéficie aux consommateurs dans la


mesure où, il est aujourd’hui au cœur de l’argumentation
avancée par les défenseurs inconditionnels du libre-
échange. La vertu principale du libre-échange tient au fait
qu’il permet d’abaisser le prix des biens, bénéficiant ainsi
aux consommateurs. Même s’il est préjudiciable à
certaines entreprises et secteurs d’activités, les pertes de
33
ces entreprises ou secteurs seraient largement
surcompensés par les gains des consommateurs.

5. Le libre-échange corrige les inégalités internationales en


ce sens que les pays riches reçoivent une moindre part du
gain à l’échange, en raison de l’importance de leur
demande qui renchérit le prix des biens qu’ils importent.
En outre, les petits pays et les pays pauvres auraient plus
que les autres à gagner à la libéralisation des échanges. Le
libre-échange ne serait donc pas seulement efficace, il
aurait aussi des effets correcteurs. Il assurerait l’équité en
plus de l’optimalité.

6. Le libre-échange assure une justice à l’échelle


internationale dans la mesure où, il assure une justice
distributive à l’échelle de la planète. Avec le libre-
échange, les taux de profit deviennent égaux partout dans
le monde. Cependant, le pouvoir d’achat des travailleurs
s’égalise dans tous les pays, aux Etats-Unis comme au
Bengladesh et au Congo Démocratique. Dans le cadre de
régime de concurrence pure et parfaite, les facteurs sont
rémunérés selon leur productivité marginale, l’efficience
productive des facteurs doit elle aussi s’égaliser dans tous
les pays. Le libre-échange créerait ainsi dans tous les pays
du monde, y compris les plus défavorisés, les mêmes
chances de développement.

7. Le libre-échange favorise l’industrialisation et la


modernisation de l’appareil productif et du pays tout
entier en ce sens que c’est grâce au libre-échange qu’on a
l’atteinte d’une dimension critique du marché (demande)
34
qui est mise en avant comme condition permissive de
création d’un cercle vertueux de développement
industriel, dans les pays les moins avancés.
Corrélativement, l’élargissement du marché au-delà des
limites des frontières nationales stimulerait les
investissements et, dans un contexte de globalisation
technologique, favoriserait les transferts de technologies.
L’ouverture extérieure permettrait également d’améliorer
le cadre institutionnel des pays, la qualité de leurs
institutions, un système de droit de propriété sûr et stable,
la primauté du droit et la lutte contre la corruption. Tous
ces facteurs institutionnels sont essentiels à une
croissance durable et au développement.

8. Le libre-échange au service de l’intérêt général dans la


mesure où la protection sert en général des intérêts
particuliers, alors que le libre-échange du fait de son
caractère général et non discriminatoire, bénéficierait à la
collectivité tout entière.

9. Un renfort inattendu : Karl Marx, partisan du libre-


échange qui se prononce en cette faveur non pas en raison
de ses vertus mais parce qu’il est destructeur : « il dissout
les anciennes nationalités et pousse à l’extrême
l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un
mot, le système de liberté commerciale hâte la révolution
sociale. C’est seulement dans ce sens révolutionnaire que
je vote en faveur du libre-échange. Pour Karl Marx, le
débat libre-échange versus protectionnisme ne se pose pas
en termes de choix, mais en termes de nécessité.
L’opposition serait fictive, car dictée par des
35
déterminismes économiques. Cependant, les nations se
sont constituées économiquement à l’abri d’un cordon
douanier protecteur, mais avec le développement du
capitalisme avec sa mondialisation, le cadre national
devient trop étroit pour assurer la profitabilité du capital.
Cette idée interpréterait pour aujourd’hui que le libre-
échange est le vecteur de la globalisation, répondant à la
fois à ses exigences qui sont notamment : l’élargissement
des débouchés et des sources d’approvisionnement, tout
en intensifiant pour aboutir au dépassement de la nation
avec le développement des multinationales, voire à sa
décomposition.

10. Le libre-échange est la politique commerciale la moins


risquée dont cette thèse a été défendue par P. Krugman
qui pense que le libre-échange est la moins mauvaise des
politiques commerciales praticables. Pour l’auteur, la
protection comporte des risques qu’il est difficile de
mesurer et maîtriser. Le risque à la fois d’erreur dans le
ciblage des industries protégées, risque d’erreur dans
l’appréciation des effets des mesures prises, risque, enfin
et surtout, que l’adoption de mesures protectionnistes ne
déclenche des ripostes des partenaires commerciaux et ne
dégénère en une guerre commerciale dont tous les pays
sortiraient perdants. Il est impossible d’exporter si l’on
ne consent pas à importer. Dans de nombreuses
industries, se protéger des importations revient
inéluctablement à pénaliser les possibilités
d’exportation( ).
18

18
KRUGMAN, P. cité par ABDELMALKI et SANDRETTE, R., op. cit., p. 31.
36
1.4. La privatisation

Les Etats des pays développés ont accentué leurs


interventions sur l’économie afin de corriger les éventuelles
imperfections du système capitaliste. Cependant, l’incapacité
des Etats à juguler la crise actuelle a conduit à une mise en
cause de leur rôle. Depuis le début des années 1980, on assiste
à un retour du libéralisme qui se traduit par un désengagement
de l’Etat et donc par un mouvement de privatisations qui ne se
réalise pas toujours sans difficultés.

En République Démocratique du Congo, en 2008, est


intervenue la réforme des entreprises publiques du portefeuille
qui, par quatre différentes lois, préconise de nouvelles
dispositions portant à la fois la transformation des entreprises
publiques, le désengagement de l’Etat ainsi que l’organisation
des établissements publics et la gestion du portefeuille de
l’Etat. Il s’agit respectivement des lois n° 08/007 du 7 juillet
2008 portant dispositions générales relatives à la transformation
des entreprises publiques, n° 08/008 du 7 juillet 2008 portant
dispositions générales relatives au désengagement de l’Etat des
entreprises du Portefeuille, n° 08/009 du 7 juillet 2008
réglementant les dispositions applicables aux Etablissements
publics et n° 08/010 du 7 juillet 2008 relative à l’organisation et
à la gestion du portefeuille de l’Etat. C’est pour dire que, la
privatisation des entreprises publiques est donc une des facettes
de la mise en œuvre d’un programme libéral ; mais, pour éviter
des dysfonctionnements, il ne faut pas brusquer le mouvement
et il est nécessaire de définir les limites du service public qui
doit rester, comme son nom l’indique, public.
37
Si l’Etat ne doit pas nécessairement produire lui-même les
services d’intérêt général, il est important qu’il en garantisse la
fourniture à des conditions abordables pour toute la population.

1.5. Compétitivité

La compétitivité peut être examinée au niveau d’une


entreprise mais aussi d’une nation. La compétitivité d’une
nation est liée à de multiples variables : productivité moyenne,
spécialisation, politique de l’Etat, mais aussi localisation
géographique, réseau de transports, éducation de ses citoyens,
niveau de la demande interne. Aussi, pour l’entreprise, si le
profit est le résultat recherché, il trouve son origine dans
l’aptitude de l’entreprise à dégager des bénéfices. Celle-ci
s’appuie largement sur la compétitivité de l’entreprise, c'est-à-
dire sur sa capacité à faire face à la concurrence.

Toutefois, d’autres éléments interviennent, dépendant de


la situation favorable de l’entreprise face à ses concurrents. Il
s’agit notamment de : prix, qualité des produits, qualité du
service après ventre, mais aussi capacité d’adaptation aux
mutations de la demande des consommateurs ou aux
innovations des autres entreprises.
- la compétitivité prix d’une entreprise est sa capacité à
vendre ses produits à des prix inférieurs au prix des
produits équivalents vendus par les concurrents ;
- la compétitivité hors-prix est un avantage concurrentiel lié
à d’autres caractéristiques des produits que les prix.
38
1.6. Dette, endettement, surendettement

Le recours au crédit conduit parfois à l’accumulation de


dettes souvent difficiles à rembourser. L’endettement peut
concerner une personne, un ménage ou un pays.

1.6.1. La dette

Une dette est ce qui est dû à autrui. Elle crée, pour le


débiteur, une obligation de faire ou de ne pas faire quelque
chose. En matière économique, la dette a pour origine un prêt
d’argent du créancier (le prêteur) au débiteur (emprunteur).
L’obligation liée à cette dette consiste dans le remboursement
du capital emprunté (la dette initiale) mais également dans le
paiement d’intérêts. Ceci étant, l’intérêt est la rémunération du
capital prêté, souvent exprimé en pourcentage de ce capital
(taux d’intérêt).

- L’endettement est la valeur de ce qui est dû par un


particulier, une entreprise ou un Etat.
- Le surendettement : caractérise la situation d’un ménage
ou d’un Etat dont l’endettement est trop élevé et dont les
engagements financiers dépassent sa capacité de
remboursement.
- La dette publique : est l’ensemble des sommes dues par
l’Etat par suite de sa politique d’emprunt.
- Le service de la dette : est le montant des intérêts dus par
l’Etat au titre de la dette publique.
- La dette extérieure d’un pays : est l’ensemble des dettes
contractées par les nationaux avec le reste du monde. Pour
39
obtenir la dette extérieure nette, le statisticien déduit les
prêts à l’étranger des emprunts nationaux.

N.B. Une dette extérieure trop importante peut contraindre un


pays ayant des difficultés pour se financer, à accepter
les politiques économiques et sociales préconisées par le
Fonds monétaire international.

L’économie d’endettement désigne une société où les


entreprises se financent principalement en recourant au crédit
bancaire et non à des augmentations de capital ou à des
emprunts sur le marché financier, et où les banques elles-
mêmes se refinancent massivement auprès de la Banque
centrale (et non sur le marché monétaire). Sur ce, l’économie
d’endettement s’oppose à celle de marché des capitaux.

1.7. Echanges extérieurs

L’extérieur se défini par rapport à un territoire. Ainsi, le


territoire national de la République Démocratique du Congo
comprend l’ensemble de tout le pays. Les échanges extérieurs
du Congo concernent les échanges ayant des implications
économiques entre le territoire congolais et le reste du monde.

1.7.1. Les échanges extérieurs de biens et services

1.7.1.1. La balance commerciale

Elle est un document comptable (également appelée


compte des biens) qui regroupe, pour un pays, les importations
et les exportations de ce pays au cours d’une période donnée.
40
Le terme « balance » indique qu’une comparaison est effectuée
entre la valeur des importations et la valeur des exportations.
Cette comparaison conduit à déterminer le solde de balance
commerciale qui est égal à :

Valeur des exportations moins


valeur des importations
Le solde de balance commerciale peut être en équilibre,
positif ou négatif. Il est positif si les exportations sont
supérieures en valeur aux importations. Un solde positif de la
balance commerciale ne traduit pas nécessairement une
situation satisfaisante sur le plan économique. Les importations
peuvent diminuer par suite de la stagnation ou du
ralentissement de la consommation et de l’investissement. S’il
en résulte un accroissement du solde de balance commerciale,
celui-ci ne traduit pas pour autant une situation économique
favorable.

1.7.2. Les échanges extérieurs de services

Les échanges extérieurs ne concernent pas que les


marchandises. Les échanges extérieurs ont pris une place
importante dans l’ensemble des échanges extérieurs. Les
échanges de services concernent de multiples domaines : les
transports, le tourisme, les assurances, les télécommunications,
le négoce international…on parle parfois d’exportation de
services ou d’importation de services.
41
1.7.3. Termes de l’échange

Le terme de l’échange est le rapport entre prix moyen des


exportations et prix moyen des importations, c'est-à-dire
mesure du pouvoir d’achat des exportations d’un pays donné.

Valeur moyenne des exportations


T =100 x
Valeur moyenne des importations

Si T > 100--- les termes de l’échange sont favorables

Si T < 100--- les termes de l’échange sont défavorables.

La détérioration des termes de l’échange

Les termes de l’échange d’un pays se détériorent lorsque


les prix des produits qu’il importe évoluent moins
favorablement que les prix des produits qu’il exporte.

1.8. La consommation

La consommation est l’utilisation d’un bien ou d’un


service propre à satisfaire un besoin individuel ou collectif. Elle
est à la fois un acte économique et un acte social ; en tant que
tel, elle reflète des habitudes, des rites, des coutumes, des
systèmes de valeurs.

La consommation finale désigne l’usage d’un bien qui


n’engendre pas d’autres biens économiques.
42
L’autoconsommation est la consommation par un ménage
d’un bien provenant de sa propre production (légumes du
jardin…).

La consommation aujourd’hui, implique le plus souvent


un acte d’achat préalable, donc une dépense. Elle est des usages
possibles du revenu qui peut être consommé ou épargné.

La consommation productive

- la consommation productive est l’usage d’un bien pour


produire d’autres biens ;
- la consommation intermédiaire désigne la consommation
productive d’un bien lorsque ce bien est totalement
intégré dans le bien produit.

La consommation privée et consommation de biens publics

- la consommation privée relève de l’individu qui utilise un


bien ou un service pour son usage ;
- la consommation de biens publics est la consommation
par les individus des services des administrations et
collectivités publiques : écoles, éclairage public, routes ;
- le mode de consommation exprime la forme que prendra
la consommation à un moment de l’évolution, compte
tenu des ressources disponibles. Mais elle est aussi un
reflet de la culture ;
- le niveau de vie est l’ensemble des biens et des services
dont peut disposer une personne.
43
Le revenu est un indicateur grossier de ce niveau de vie.
Pour un même revenu disponible, le niveau de vie peut être très
différent. Une personne qui possède un patrimoine immobilier
important à un niveau de vie bien supérieur à ce que laissent
percevoir ses revenus.

- le mode de vie est l’ensemble des façons concrètes de se


comporter, d’utiliser son temps, d’avoir des loisirs,
d’organiser sa vie, compte tenu de ressources matérielles
données et des contraintes sociales existantes.

1.9. Balance des paiements

La balance des paiements enregistre toutes les


transactions donnant lieu à des règlements monétaires entre les
résidents d’un pays et le reste du monde, ceci pendant une
période donnée. La balance des paiements se décompose en
trois grandes catégories de comptes, le compte de transactions
courantes, le compte de capital et le compte financier.

1.9.1. Le compte des transactions courantes

Ce compte regroupe les importations et les exportations


de biens et de services, les transferts de revenu et les transferts
courants. Le solde des transactions courantes est aussi souvent
qualifié de solde des paiements courants.

1.9.2. Le compte de capital

Ce compte regroupe, pour l’essentiel, les remises de


dettes (par exemple l’Etat français renonce au remboursement
44
d’une dette de la République Démocratique du Congo) et les
acquisitions d’actifs non financiers (les achats de brevets). Le
solde des transactions courantes plus le solde du compte de
capital correspond à la capacité de financement de la nation ou,
si le solde est négatif, au besoin de financement de la nation.

1.9.3. Le compte financier

Ce compte regroupe, principalement, les


investissements directs et les investissements de portefeuille
ainsi que les avoirs de réserve. On appelle investissement
direct, l’achat ou la création d’une entreprise à l’étranger ou
une prise de participation (au moins 10% du capital social
d’une entreprise). Il y a investissement de portefeuille lorsque
l’investissement effectué ne dépasse pas 10% du capital social
d’une entreprise. Les avoirs de réserve correspondent au
transfert de devises. Si le solde de ce compte est négatif, cela
signifie que les réserves de devises ont augmenté au cours de la
période et si le solde de ce compte est positif, cela signifie que
les réserves de devises ont diminué au cours de la période. Le
solde du compte financier est égal à la capacité de financement.
On dira que la balance des paiements est excédentaire si le
solde du compte avoirs de réserve est négatif, « déficitaire » si
ce solde est positif, en « équilibre » si ce solde est nul ou
proche de zéro. La balance des paiements enregistre des flux :
flux des marchandises, flux de capitaux, flux de services. Ces
flux sont enregistrés à partir des déclarations remises aux
services de douanes et aux banques.
45
1.10. La mondialisation

1.10.1. Notion et définition

La mondialisation est un phénomène pleinement en


phase avec la nature du capitalisme. Elle pousse les acteurs à un
certain degré d’individualisme et les plus entreprenants, les plus
joueurs, les plus aventureux vers l’ailleurs.

- l’entrepreneur souhaite pouvoir explorer de nouveaux


marchés afin d’allonger les séries produits et d’exploiter
des économies d’échelle, il pense pouvoir améliorer
ainsi ses performances ;
- les firmes multinationales souhaitent pouvoir localiser
sa production là où le compromis coût de production
(coût du travail, fiscalité), proximité de la demande et
des approvisionnements (matières premières) et qualité
des biens collectifs (infrastructures, éducation,
recherche,…) est le meilleur ;
- l’épargnant (ou l’investisseur institutionnel) souhaite
pouvoir placer ses capitaux dans des contrées lointaines
pour y trouver un rendement plus élevé, sous réserve
que le risque ne soit pas trop grand ;
- l’humain espère un sort meilleur à travers l’émigration,
il paraît rationnel pour lui de rechercher ailleurs
l’amélioration de sa situation matérielle.

B. Blancheton pense que deux facteurs peuvent freiner ce


mouvement naturel qui sont parfois : endogène et l’autre
exogène ;
46
Parmi les facteurs endogènes, nous citerons les coûts de
déplacement (dits aussi de transaction) apparaissent
historiquement comme un frein à la mondialisation. A titre
exemplatif :
- si pour une marchandise, les coûts de transport et
d’assurance sont tels qu’à l’arrivée son prix de vente
double ou triple, il y a peu de chance qu’elle soit en
capacité de concurrencer la marchandise locale,
ainsi les échanges internationaux vont être réduits ;
- si le déplacement de capitaux est très coûteux (frais
d’intermédiation, accès à l’information,…), les
mouvements internationaux vont être réduits ;
- si pour un individu candidat à l’émigration, le coût
de transport représente plusieurs années de revenus,
il se trouve de fait bloqué.

Parmi les facteurs exogènes, nous avons l’intervention


des pouvoirs publics constitue l’obstacle aux échanges. A titre
d’exemple, nous citerons notamment :
- les politiques commerciales (instauration de droits de
douanes, de prohibitions, de quotas…) ont vocation à
atténue les échanges de marchandises et de services ;
- les contrôles des mouvements de capitaux (taxes,
réglementations diverses…) ont pour but de freiner
l’intégration financière internationale ;
- le contrôle aux frontières pour les personnes encadre les
mouvements migratoires (19).

19
BLANCHETON, B., Histoire de la
mondialisation, De Boeck Université, Bruxelles,
Paris, 2008.
47
J. Brémond et A. Gélédon pensent que la mondialisation
est une situation dans laquelle les entreprises établissent leurs
stratégies de production et de commercialisation dans une
approche qui se situe au niveau du marché mondial. Le mot
mondialisation désigne aussi le processus qui tend vers la
constitution d’un marché mondial unique.

Les termes de mondialisation et de globalisation sont le


plus souvent utilisés pour désigner la même réalité.

Le terme globalisation n’est alors que la francisation du


mot anglais. Toutefois, le terme globalisation est utilisé de
façon privilégiée dans le domaine des capitaux financiers. C’est
pourquoi, la globalisation financière désigne le processus de
libéralisation des échanges de capitaux qui conduit à un marché
des capitaux qui fonctionne à l’échelle du monde sans entrave
et sans contrôle.

Cependant, il est important de distinguer la globalisation


et l’internalisation. Il y a internationalisation quand une part
croissante de la production nationale est destinée au marché
mondial. C’est pour dire que l’internalisation s’accompagne du
développement des échanges internationaux, mais n’implique
pas de délocalisation de la production ou des capitaux ni la
mise en place de législation autorisant la dérégulation des
mouvements de capitaux.

Par contre, la globalisation s’appuie sur les « trois D » : la


délocalisation de la production et de capitaux, la
désintermédiation des fonctions financières (qui ne sont plus
réservées aux banques spécialisées), la dérégulation qui se
48
traduit par la mise en place des normes juridiques, techniques et
financières facilitant la gestion des capitaux au niveau mondial.

1.10.2. Les anti-mondialistes

L’anti-mondialisme est une analyse critique des


conséquences du processus de mondialisation et un ensemble
de propositions destinées à combattre ce processus. Les
principales critiques faites à la mondialisation concernent les
délocalisations de production, les restructurations qui
provoquent des licenciements, la réduction du pouvoir des
instances politiques face au pouvoir des instances politiques
face au pouvoir des multinationales, l’uniformisation des
produits, l’existence d’effets pervers, du moins-disant social à
la détérioration de l’environnement.

Ces critiques ont été développées, en particulier par


l’association ATTAC (Association pour la taxation des
transactions financières pour l’aide aux citoyens). La taxe
Tobin est l’une des mesures-phare proposées par les anti-
mondialistes. L’économiste keynésien Tobin a fait une
réflexion de taxer à un très faible tous les mouvements de
capitaux circulant dans le monde à la recherche de plus-value,
s’inscrit dans une logique qui se fixe pour objectif de limiter les
transactions mondiales de capitaux de nature purement
spéculative. En outre, l’anti-mondialisme est aussi un
mouvement social qui s’oppose à la mondialisation et ses
conséquences culturelles et politiques.

A ce sujet, la mondialisation crée des dépendances et


conduit au pillage des pays les plus faibles. Des manifestations
49
anti-mondialistes ont fréquemment lieu lors de grandes
réunions internationales où se prennent des décisions
considérées comme favorables au libre-échange (réunions de
l’OMC, …) (20).

1.11. La géopolitique

A ce jour, tout semble relever de la géopolitique, tout


devient, au travers des publications et des médias, géopolitique.
Ce terme est ainsi traité pêle-mêle sous ce même vocable :
- les rivalités entre les grandes puissances ;
- la question des matières premières ;
- la place des nouvelles technologies d’information et de
communication ;
- la place des compétitions sportives mondialisées ou
encore la lutte contre la faim dans le monde.

Yves Lacoste, spécialiste contemporain de la discipline,


considère, de manière opérationnelle et dans le cadre d’une
vision plus large que la géopolitique est « l’étude des différents
types de rivalités de pouvoir sur les territoires ». En ce sens,
nous pouvons différencier la géopolitique et la géographie
politique.

La géographie politique a pour but de donner une


interprétation politique aux phénomènes géographiques tandis
que la géographie consacre son analyse sur la politique pour en
dégager des explications géographiques. A ce titre, la
géopolitique peut alors aussi se confondre avec la géostratégie.

20
BREMOND, J. et GELEDAN, A., op. cit., p. 374.
50
Au travers de la géopolitique, nous combinons donc
« schématisation géographique » des relations diplomatiques et
« analyse géo-économique » des ressources. La géopolitique
trouve, par ailleurs du fait de la pacification des relations
internationales un prolongement par le biais de la géo-
économie, censée scruter les stratégies d’ordre économique,
devenues prioritaires dans la politique étrangère des Etats,
soucieux de protéger leurs propres intérêts. Ceci étant, bien que
les invariants géographiques existent, ceux-ci empêchent
nullement pas les responsables politiques de mener des actions
diplomatiques volontaristes sur la base de critères stratégiques
influençant les choix géopolitiques (21).

Le dictionnaire des Relations internationales définit la


géopolitique comme étant « une étude de l’Etat considéré
comme un organisme géographique ou comme un phénomène
spatial, c’est-à-dire une terre, un territoire, un espace ou
exactement un pays ; c’est la science de l’Etat en tant
qu’organisme géographique tel qu’il se manifeste dans
l’espace » (22).
L’expression « géopolitique » a été inventée par le
géographe suédois Rudolf Kjellen en 1905. Cependant,
actuellement, la géopolitique apparaît comme une discipline
scientifique parmi tant d’autres, ayant pour objet l’analyse des
rapports entre espace et politique. Il y a plusieurs conceptions
des écoles de géopolitiques.

21
MOCELLIN, Ph. L’essentiel des Relations Internationales et de la
géopolitique contemporaine, éd. Gualino, Paris, 2015, pp. 16-17.
22
SMOUTS, M.C., BATTISTELLA, D., VENNEOU, P., op. cit, pp. 247-
248
51
L’Ecole allemande de Karl Haushofer, penseur de la
géopolitique nazie et récupérateur de la pensée « ratzelienne »
développant l’idée, après « l’humiliation » du traité de
Versailles en ceci :

- Les thèmes majeurs de la géopolitique classique sont :


1. la conception de l’Etat comme organisme vivant voué à
s’étendre sous peine de disparaître ;
2. l’approche darwienne de la politique internationale en
terme de sélection sociale entre Etats se livrant une lutte à
mort ;
3. la vision d’une planète appelée à être partagée entre de
vastes empires.

L’Ecole anglaise de Halford John Mackinder (1861-


1947), professeur à Oxford et député de 1910-1922,
préconisait ; afin que le Royaume-Uni conserve toute sa place
dans la hiérarchie des puissances mondiales, un système
d’alliances, associant Londres, Moscou mais aussi Paris, pour
contrer l’Allemagne.
Mackinder avait vu que la suprématie britannique était mise en
cause par l’ascension d’une Allemagne jetant son dévolu sur la
Mitteleuropa, d’où son appel aux gouvernants britanniques
pour qu’ils empêchent la mainmise allemande sur la zone-
privot contre européenne.

Halford Mackinder envisage la planète terre comme une


totalité dont la surface est couverte pour neuf onzième par
« l’océan mondial », pour deux douzième par l’Ile mondiale
(Europe-Asie-Afrique) et pour un douzième par les grands îles
périphériques (les outlying Islands Amériques et Australie).
52
L’auteur estime que pour dominer le monde, il faut
dominer l’île mondiale, et plus exactement le noyau central de
cette île mondiale qu’est le Heartland allant de la plaine de
l’Europe centrale à la Sibérie occidentale et rayonnant vers la
Méditerranée, le Moyen-Orient et les sous-continents Indien et
Chinois.
Cependant, selon l’auteur, la maîtrise des mers avait
permis à la Grande-Bretagne d’accéder aux richesses asiatiques
par la voie maritime qui permettait de contourner la voie
terrestre, autant le développement des chemins de fer permet à
la voie terrestre de retrouver la position centrale qui avait été la
sienne avant les grandes découvertes.

Le navigateur Elisabethain Walter Raleigh pense que


« qui tient la mer, tient le commerce du monde : qui tient le
commerce tient la richesse ; qui tient la richesse du monde tient
le monde lui-même » (23).

L’Ecole américaine d’Alfred Maham (1840-191),


militaire de l’Us Navy indiquait, au début du XXè siècle, que la
politique est d’abord l’expression de rapports de forces et qu’à
l’école anglaise, celui-ci insiste sur la « maîtrise des mers »,
préalable à la domination du monde. L’auteur avait
recommandé aux Etats-Unis de prendre le contrôle des points
de passage obligés des navires (détroits, isthmes) pour garantir
la liberté des mers à l’origine de leur prospérité et de leur
puissance. A ce sujet, Nicolas Spykman (1893-1943) attribue
lui aussi un rôle essentiel à l’île mondiale.

23
SMOUTS, M.C., BATTISTELLA, D., VENNEOU, P.,
Dictionnaire des relations internationales, éd. Dalloz,
Paris, 2006, pp. 247-248.
53
L’Ecole française : incarnée par Paul Vidal de la Blache,
auteur en 1917 d’une publication justifiant, au travers de la
géographie physique, du type de peuplement et de l’économie ;
cette école trouvera son prolongement dans les écrits de
Jacques Ancel, importateur de géographie en France.
54
Chapitre II. LE CAPITALISME ET LE LIBERALISME

Le capitalisme est un système économique sur la propriété


privée des moyens de production qui conduit à une séparation
entre ceux qui les possèdent et ceux qui ne disposent que de
leur travail. Autant dire que le capitalisme existait avant le
XIXè siècle, mais c’est à cette époque qu’il s’est diffusé sous
l’effet d’un nouvel environnement économique : le libéralisme,
c'est-à-dire le libre fonctionnement du marché. Ce dernier a,
cependant, été mis en cause, au XXè siècle (et même à la fin du
XIX siècle), par les interventions économiques croissantes de
l’Etat et la formation de monopoles (24).

Le capitalisme est un système économique dans lequel les


moyens de production (usines, machines et autres) et de
distribution sont principalement détenus par des particuliers ou
des sociétés privées. Les prix des biens et du travail sont
déterminés par l’économie de marchés et non par un
gouvernement central. Les profits sont récupérés par les patrons
ou, dans le cas des sociétés, distribués aux actionnaires.

Quelques traits généralement admis permettent de définir


les éléments fondamentaux du capitalisme :
1. la propriété des principaux moyens de production et
d’échange est privée ;
2. la plupart des objets produits sont des marchandises
c'est-à-dire des biens produits pour être vendus ; la finalité
de la production est l’échange et non la consommation
directe. On produit pour vendre sur le marché ;

24
MONTOUSSE, M. et CHAMBLAY, op. cit., p. 66.
55
3. les individus sont libres de vendre, d’acheter, de passer
des contrats en suivant la voie la plus favorable à leur
propre intérêt ;
4. la recherche d’un profit maximum est la finalité
essentielle de la production ;
5. la plus grande partie de la population vend sa force au
travail contre une rémunération, le salaire (système du
salariat).

2.1. La doctrine libérale du XIXè siècle

Le XIXè siècle est le siècle de la diffusion de la théorie


libérale. Les auteurs classiques croient en un ordre naturel.
Smith explique que l’Etat doit se limiter à ses fonctions de
justice, police, défense et aux travaux d’infrastructure ; ils
considèrent que laisser les individus libres de s’enrichir est
profitable à la nation tout entière (mais invisible). Ricardo
démontre l’intérêt du commerce extérieur et donc du libre-
échange (théorie des avantages comparatifs). Malthus, dans son
essai sur le principe de la population condamne les aides
sociales.

Les auteurs néoclassiques du XIXè siècle développent les


thèses libérales des classiques. Walras considère, par exemple,
que si les conditions de la concurrence pure et parfaite sont
réunies, c'est-à-dire si les lois du marché sont respectées,
chaque marché constituant l’économie (biens et services,
travail, capital) est équilibré grâce au libre jeu de l’offre et de la
demande ; l’économie dans ce cas est en équilibre général (25).

25
MONTOUSSE, M. et CHAMBLAY, op. cit., p. 66.
56
En appliquant la doctrine libérale, elle permet l’expansion
du capitalisme en :
- abolition du système féodal dans l’agriculture et de
l’esclavage dans les colonies ;
- abrogation des corporations, des monopoles royaux et
formation d’un cadre légal pour les sociétés, afin de
favoriser la libre entreprise ;
- diminution des mesures protectionnistes.

Partant de ceci, le libéralisme a favorisé l’expansion du


capitalisme. Il est le cadre de la croissance économique du
XIXè siècle, mais surtout il a permis le développement du
capital et de la grande entreprise. La société de capitaux, créée
en France en 1867, permet non seulement de réunir les capitaux
nécessaires, mais en plus, favorise les mouvements de
concentration, nombreux au XIXè siècle.

Toutefois, vers la fin du XIXè siècle, les interventions de


l’Etat s’accroissent :
- c’est pourquoi, la fin du XIXè siècle conduit à une légère
mise en cause des principes libéraux. La crise de 1873 se
traduit par l’application de mesures protectionnistes de la
part des Etats qui ainsi, reviennent sur la tendance libre-
échangiste précédente. Des mesures sociales concernant
les conditions de travail, par exemple, voient le jour sous
la pression des mouvements ouvriers qui commencent à
s’organiser ;
- l’intervention de l’Etat dans l’économie se multiplient à
partir de la guerre de 1914 et demeurent importantes entre
les deux guerres pour répondre aux multiples désordres
(surtout monétaires) que connaissent les pays ;
57
- la crise des années 1930 marque le début des
interventions massives des Etats. Le libéralisme est mis
en cause, l’Etat vient au secours du système capitaliste.

Keynes pense que si le système capitaliste est le seul


système économique viable, il ne fonctionne qu’imparfaitement
et peut être source de sous-emploi. Sur ce, l’Etat doit donc
intervenir pour corriger les problèmes qui pourraient être
entraînés par le libre fonctionnement du système, (c'est-à-dire
par le libéralisme).

C’est pourquoi, traditionnellement, Adam Smith


considère que l’Etat minimal (Etat-gendarme) doit limiter son
intervention à trois fonctions : protéger la nation contre les
autres nations (l’armée), protéger les individus contre les autres
individus (police, justice) ; assurer certains travaux
d’infrastructure. L’Etat a rapidement dépassé ces limites et est
devenu, au XXè siècle, un Etat-providence censé assurer
l’intérêt général. Depuis les années 1980, l’Etat-providence
connaît une crise, devenue, semble-t-il, moins efficace, il
apparaît aussi moins légitime.

Les libéraux du XVIIIè et du XIXè siècle pensent que


l’Etat doit être un Etat minimal qui se limite à des fonctions
régaliennes. Dans la réalité, l’Etat est toujours intervenu dans
l’économie mais ses interventions furent limitées. L’Etat-
providence est un Etat fondé sur les idées économiques de
Keynes et sur le principe social de solidarité.

R. Musgrave à son tour, pense que l’Etat-providence


assure trois fonctions qui sont :
58
1. une fonction d’allocation qui consiste en une affectation
des recettes budgétaires à des dépenses d’ordre collectif ;
2. une fonction de stabilisation ou de régulation qui sert à
lutter contre les déséquilibres économiques, notamment
le sous-emploi ;
3. une fonction de redistribution qui sert à corriger la
répartition des revenus.

Non seulement cette redistribution permet de diminuer les


inégalités dans le cadre d’une politique de solidarité, mais en
plus, elle est, selon le courant keynésien, efficace d’un point de
vue économique. La redistribution permet d’augmenter la
consommation totale car les ménages défavorisés ont une
propension à consommer, supérieure à celle des ménages
favorisés.

Cependant, cet Etat-providence a subi une crise de


légitimité en :
- les valeurs sociales évoluent avec la montée de
l’individualisme; le mérite ou la liberté sont des valeurs
qui prennent, de plus en plus d’importance au détriment
de la solidarité. De plus en plus, les individus sont donc
réticents à payer le prix de cette solidarité obligatoire,
fondement de l’Etat-providence ;
- le système manque de transparence et nombreux sont les
individus qui n’établissent pas le rapport entre ce qu’ils
paient et ce qu’ils reçoivent. Les prestations sociales sont
souvent considérées comme un dû, alors que les
cotisations engendrent des mécontentements.
59
Quant à la crise d’efficacité de l’Etat-providence, elle se
manifeste en :
- la structure est si lourde qu’elle crée des déséconomies
d’échelle ; son financement pose de gros problèmes,
surtout en période de croissance ralentie ;
- les néolibéraux pensent que trop d’Etat et trop d’aides
sociales dissuadent les individus de travailler et de
produire, que les politiques keynésiennes sont
inflationnistes et que le facteur moteur de l’économie
n’est pas la demande mais l’investissement.

Sur ce, depuis le début des années 1980, et à la suite de la


Grande-Bretagne avec M. Thatcher et des Etats-Unis avec R.
Reagan, les pays développés libéralisent leurs économies.
L’Etat est moins considéré comme le garant de l’intérêt
général, il cède sa place au marché qui, seul peut, selon les
libéraux, assurer l’optimum économique considéré comme la
situation la plus favorable. C’est le désengagement de l’Etat
dans la vie économique.

Le rejet de l’Etat-providence se traduit dans les faits par :


- un mouvement de privatisation ;
- une déréglementation afin d’assurer une plus grande
liberté aux entreprises et une plus grande flexibilité aux
mécanismes du marché ;
- des tentatives, souvent infructueuses, de baisse des taux
de prélèvement obligatoire ;
- des tentatives, généralement sans succès, de lutte contre le
déficit budgétaire et les déficits des organismes sociaux.
60
Ceci étant, le désengagement de l’Etat ne concerne pas
tous les domaines d’interventions des pouvoirs publics.
Souvent, le rôle social de l’Etat se renforce et certaines de ses
interventions économiques sur la croissance de longue période
apparaissent légitimes.

Enfin, le libéralisme a servi de cadre à l’expansion du


capitalisme aux XIXè et XXè siècles, l’intervention de l’Etat a
modifié certaines règles de fonctionnement du capitalisme
libéral. Depuis la crise de la deuxième moitié des années 1970,
certains effets perturbateurs de l’intervention de l’Etat ont été
mis en évidence et l’on assiste, depuis le début des années
1980, à un retour vers le libéralisme.
61
Chapitre III. MARCHE MONETAIRE ET MARCHE
FINANCIER

3.1. La notion du marché

Qu’est-ce qu’un marché ?

Au sens courant, le marché est un lieu défini, où se


rencontrent acheteurs et vendeurs pour échanger des
marchandises contre paiement du prix convenu ou encore le
marché est le lieu (éventuellement abstrait) où les offres des
vendeurs rencontrent les demandes des acheteurs et où les
quantités offertes et demandées s’ajustent à un certain prix (26).
- L’offre désigne la quantité des biens que les vendeurs
sont prêts à vendre pour un prix donné.
- La demande désigne la quantité des biens que les
acheteurs sont prêts à acquérir à un prix donné, selon
leurs revenus et leurs préférences.
- Le prix est la quantité de monnaie remis au vendeur en
contrepartie du bien ou du service acheté.

3.2. Les différentes catégories de marché en


interdépendance

D’une manière générale, on distingue le marché selon la


nature de leur objet, par catégorie ci-après : marché : des
changes, monétaire, financier, du travail et des marchandises.
- Le marché des changes est le marché où se rencontrent
offre et demande de monnaie nationale et de devises
étrangères (par exemple, euros et dollars).

26
BREMOND, J. et GELEDAN, A., op. cit., p. 330.
62
- Le marché monétaire, au sens restreint, est le marché de la
monnaie-banque-centrale et au sens large, c’est le marché
des capitaux à court terme ; il englobe tous les échanges
de moyens de paiement acceptés par les intermédiaires
financiers pour régler à court terme leurs déficits de
trésorerie (monnaie-banque-centrale, devises, or,…).
- Le marché financier comprend l’ensemble des
transactions sur capitaux à long terme. Epargnants et
investisseurs sont mis en relations par le biais des
intermédiaires financiers et de la bourse où se vendent et
s’achètent des valeurs mobilières telles que les actions et
les obligations.
- Le marché du travail est composé par l’ensemble des
personnes qui recherchent un emploi, la demande de
travail correspond à l’ensemble des demandes de main-
d’œuvre.
- Le marché des marchandises, les transactions portent sur
des marchandises, c'est-à-dire des biens qui ont été
produits pour être vendus, à la différence du travail ou de
la monnaie.

Les marchés peuvent être classés selon d’autres critères.


L’on peut trouver le marché local, le marché régional et le
marché mondial.

N.B. Le marché monétaire étant un marché des capitaux à court


terme, il est utile de développer plus le marché financier
qui est un marché des capitaux à long terme.
63
3.3. Le marché financier

3.3.1. Le besoin de financement

Réaliser un achat (automobile, usine…) suppose que l’on


dispose des moyens de financement correspondant. Ce
financement peut provenir de ressources monétaires possédées
par celui qui veut effectuer l’achat (autofinancement). Si ces
ressources sont insuffisantes, il est possible d’essayer d’obtenir
des crédits bancaires (financement externe).

3.3.1.1. Les valeurs mobilières

Certaines entreprises peuvent utiliser d’autres procédés de


financement en émettant des valeurs mobilières, c'est-à-dire des
titres négociables. Les principales valeurs mobilières sont les
actions et les obligations.

a) Les actions

Au fur et à mesure du développement industriel et


commercial, les besoins de capitaux sont devenus de plus en
plus importants. Un individu seul ou avec quelques amis ne
pouvait réunir les sommes d’argent nécessaires à la création
d’entreprises de chemins de fer ou de navigation. Pour répondre
à ce besoin de capitaux, il s’est constitué des entreprises dont le
capital était divisé en actions. Ces entreprises se caractérisent
par le fait que leurs propriétaires ne sont pas responsables des
dettes de l’entreprise au-delà de la somme qu’ils ont apportée
pour obtenir leurs titres de propriété (société anonyme…). En
cas de faillite, les actionnaires perdent leur mise initiale mais ne
64
peuvent pas, sauf cas très particuliers, être poursuivis sur leurs
autres biens. Cette forme d’entreprise facilite le regroupement
de capitaux important. En effet, il n’est pas nécessaire que les
différents propriétaires de la société se connaissent et seule la
rentabilité espérée de l’activité détermine la participation à la
société des détenteurs de capitaux.

Ceci étant, l’action est un titre de propriété d’une fraction


de l’entreprise. Les actions donnent droit à un pourcentage des
bénéfices proportionnel à leur nombre, à la participation aux
assemblées générales des actionnaires et à une information sur
les grandes orientations de l’entreprise. En cas d’arrêt
d’activités de l’entreprise, l’actionnaire a droit à une fraction
des biens appartenant à l’entreprise après paiement de tous les
créanciers.

En d’autres termes, les actions sont des parts de propriété


de l’entreprise qui donnent droit à une fraction du bénéfice
appelée le dividende et confèrent un droit de vote lors de
l’assemblée générale des actionnaires. Ce qui motive l’achat
d’une action est soit la recherche d’une plus-value (motif de
spéculation : revendre plus cher l’action), soit la recherche d’un
rendement grâce au dividende, soit la volonté de participer au
capital d’une entreprise.

b) Les obligations

Les obligations sont des titres matérialisant une créance.


Les entreprises, les collectivités locales ou l’Etat désirant
emprunter une somme importante, fractionnent le montant de
leur emprunt pour le placer auprès d’un large public.
65
L’obligation représente une dette de l’émetteur, elle donne droit
à un revenu à taux généralement fixe et au remboursement de la
somme avancée à une échéance précise ou par tirage au sort.
Autrement dit, les obligations sont les titres d’un emprunt émis
par une entreprise ; l’obligataire ne possède pas de part dans
l’entreprise mais en est créancier, et il bénéficie d’un intérêt
dont le taux peut être fixe ou variable et ne dépend pas des
résultats de l’entreprise.

c) Les bons de souscription

Un bon de souscription est une option d’achat d’une


valeur mobilière. Il offre à son détenteur la possibilité d’acheter
une action à un prix donné (le prix d’exercice) et ce, jusqu’à
une date fixée (durée de vie du bon) et cela dans un rapport
précis, la parité d’échange (tant de bons à donner pour obtenir
une action).

d) Les bons du trésor

Les bons du trésor sont des emprunts à court ou moyen


terme de l’Etat (moins de trois ans). Ce sont des certificats du
trésor public qui attestent du montant de la dette que détient le
porteur du bon, ils précisent le taux d’intérêt servi et la date de
remboursement de l’emprunt.

3.3.1.2. Qu’est-ce que le marché financier ?

Le marché financier est le lieu où s’organisent l’achat et


la vente des valeurs mobilières, en particulier actions et
66
obligations. Cependant, il existe deux types d’opérations sur
valeurs mobilières :
- le marché primaire qui correspond à l’émission de valeurs
mobilières et à leur placement qui se fait principalement
par l’intermédiaire des banques ;
- le marché secondaire qui correspond à la revente de
valeurs mobilières existantes qui se fait principalement à
la bourse des valeurs.

La bourse des valeurs est le lieu où se négocient les


valeurs mobilières et en particulier, les actions et obligations.

Enfin, les nouvelles actions et obligations sont émises sur


le marché primaire (marché du neuf) mais ensuite cotée sur le
marché secondaire (marché de l’occasion). Donc, le marché
financier est le marché primaire et la bourse est le marché
secondaire.

En d’autres termes, les marchés financiers sont le lieu de


rencontre de trois catégories d’agents :
a) les agents en excédent de ressources financières dont les
plus importants sont aujourd’hui les « investisseurs
institutionnels » (fonds de pension et autres fonds mutuels,
compagnies d’assurance, fonds d’investissements) qui
recherchent un rendement maximum de leur portefeuille ;
b) les agents en besoin de financement (Etats, collectivités ou
entreprises) qui préfèrent faire appel au marché des titres
négociables plutôt qu’au crédit bancaire ;
c) les intermédiaires financiers qui servent d’interface aux
deux types d’agents précédents ;
67
Les marchés financiers ont pour fonction d’allouer le
capital de la manière la plus efficace possible (un marché est
qualifié d’efficient si chaque information nouvelle entraîne une
modification des décisions des agents en excédent et des agents
en besoin de financement, de telle façon que les cours se
réajustent spontanément).

Une place financière peut rassembler plusieurs marchés :


- le marché monétaire où les établissements de crédit, les
institutions financières spécialisées ou les entreprises
s’échangent des capitaux à court ou à moyen terme. Il
comprend le marché interbancaire (réservé aux
banques) et le marché des titres courts (échanges de
titres négociables à court et à moyen terme) ;
- le marché des valeurs mobilisées (bourse) où sont
émises (marché primaire) et où s’échangent (marché
secondaire, lui-même divisé en plusieurs types de
marchés selon le titres échangés) actions, obligations et
autres titres ;
- le marché des produits de base (bourse de commerce)
où se négocient à terme, les produits de base et les
matières premières.

A chacun des marchés précédents peut être associé un


marché dérivé, où se négocient des contrats dont la valeur
évolue en fonction du cours d’un autre produit ou d’un
ensemble d’autres produits financiers l’objectif ou d’un
ensemble d’autres produits financiers ; l’objectif est de couvrir
les risques de fluctuation excessive du cours de l’un d’entre
eux. Les produits dérivés reposent essentiellement sur :
68
- les contrats à terme (engagement d’achat ou de vente à
une date future d’un produit à un prix convenu à
l’avance ;
- les contrats d’option (droits sans obligation de vendre
ou d’acheter un produit à un prix fixe, moyennant le
versement d’une prime) ;
- les contrats d’échange (échanges croisés de produits
financiers).
69
Chapitre IV. LES RELATIONS FINANCIERES
INTERNATIONALES

Les « finances internationales » regroupent les questions


qui relèvent des relations monétaires internationales et celles
qui relèvent du financement de l’économie mondiale. Les
économies nationales étant dotées de monnaies différentes, les
opérations économiques entre elles (commerce international,
mouvements de capitaux) posent des problèmes de règlement
entre ces différents espaces monétaires. C’est ce qui explique
l’existence d’opération de change et donc d’un marché des
changes.

4.1. Définition

On entend par système monétaire international ou SMI,


un ensemble de règles monétaires qui permettent le bon
fonctionnement du commerce international. Autant dire que la
multiplication des échanges à l’intérieur d’un pays rend
nécessaire l’utilisation d’une monnaie, de même que la
multiplication des échanges internationaux rend nécessaire
l’utilisation d’un moyen de paiement international.

4.2. Les règles du SMI

Première règle

La nécessité d’une monnaie internationale s’est imposée


dès que des ensembles économiques se sont constitués et qu’ils
ont échangé entre eux des marchandises.
70
Deuxième règle

La convertibilité présente un double aspect. Entre les


anciens empires de l’Antiquité, puis du Moyen-Âge, les
monnaies métalliques d’or ou d’argent qui circulaient dans
chaque pays étaient, en même temps, la monnaie internationale.
C’était leur poids qui déterminait leur valeur. La convertibilité
était immédiate et le banquier l’assurait en pesant sur sa table-la
banque- les poids de différentes pièces utilisées. Pendant toute
cette période de domination des monnaies métalliques, on
disposait donc d’une monnaie internationale soit l’or, soit
l’argent, soit les deux, acceptée par tous les pays (premier
aspect de la convertibilité) ou encore, les pièces qui circulaient
pouvaient s’échanger et une bonne balance suffirait à y
pourvoir (deuxième aspect de la convertibilité).

Troisième règle

La stabilité des taux de change entre monnaies qui doit


être respectée, faute de quoi le commerce international est
perturbé. Elle était respectée dans la mesure où la valeur ou le
coût de production de l’unité monétaire était stable.

Cependant, avec le développement de la monnaie de


crédit à partir de la révolution industrielle, les règles du système
monétaire international se sont modifiées. Les billets, en effet,
remplacent petit à petit la monnaie métallique. A mesure qu’ils
se généralisent, leur nature change : leur valeur dépend des
créances sur les économies dont ils sont les contreparties. Ils ne
sont plus des certificats d’or ou d’argent, comme à l’origine.
71
Le cas de la livre sterling qui a été la monnaie
internationale du XIXè siècle jusqu’à la crise des années 30,
illustre le fonctionnement d’une monnaie internationale. Bien
que convertible en or, la livre sterling n’était pas un certificat
en or. Sa valeur représentait la contrepartie de l’économie
britannique, économie dominante dont les marchandises avaient
un poids prépondérant dans le commerce international.

Le système monétaire ainsi défini, a fonctionné jusqu’à la


crise des années 30. De cette crise est né un nouveau système.

4.3. Le système de Bretton Woods

Après la seconde guerre mondiale, la Conférence de


Bretton Woods a mis en place un système monétaire
international qui s’est déréglé à partir de 1971.

4.3.1. Historique

La Conférence de Bretton Woods et ses lendemains en


1944 réunissaient les représentants des autorités monétaires des
puissances alliées. Elle prenait acte du fait que les Etats-Unis
avaient acquis une position hégémonique : ils détenaient 70%
des réserves mondiales d’or en 1945 et en posséderont 80% en
1949. La Conférence reconduit les principes du bon
fonctionnement d’un système monétaire international :
convertibilité des monnaies entre elles, règle de parités fixes.
Le dollar américain s’impose comme monnaie internationale du
fait du poids de l’économie américaine : il est encore
convertible en or à taux fixe (35ù l’once). L’année 1957
représentera l’apogée du système établi Bretton Woods.
72

La plupart des pays industrialisés ont levé les derniers


obstacles à la convertibilité de leurs monnaies ; les parités sont
à taux fixes et la domination du dollar est incontestable. Les
premiers dérèglements se manifestent de 1960, puis en 1967 : la
convertibilité du dollar en or au taux établi en 1944 est faible
s’étant manifestée dans les pays industrialisés. Un marché
parallèle apparaît, sur lequel la parité de 35$ l’once n’est plus
respectée.

A la fin des années 1960, la balance des paiements


américains est déficitaire, mais la balance commerciale reste
excédentaire : les capitaux américains s’expatrient depuis 1950,
mais la domination économique américaine subsiste. Nous
pouvons dire que le SMI dit de Bretton Woods, reste en vigueur
de 1944 à 1971 où il se caractérise notamment par l’existence
d’un régime de changes fixes ajustables et un contrôle des
mouvements internationaux de capitaux. Autant dire que du
début à la fin, le système est marqué par la domination
américaine : le dollar joue d’emblée un rôle central, le système
permet aux Etats-Unis de financer leurs déficits courants et, au
final, la proclamation de l’inconvertibilité du dollar en or
s’apparente à une sorte de faillite sans recours.

Le 15 août 1971, Richard Nixon, Président des Etats-


Unis, suspend la convertibilité du dollar en or : les banques
centrales des pays industrialisés qui pouvaient jusqu’alors
réclamer le règlement des dettes américaines en or, ne le
peuvent plus. La spéculation se déclenche contre la monnaie
américaine et le 18 décembre 1971, le dollar est dévalué de 8%
par rapport à l’or, alors que le Mark et le Y en sont réévalués de
73
5%. Les marges de variation entre les principales monnaies, qui
étaient quasi-nulles (1%) puisque la règle était aux parités fixes
passent à 2,5% : le système incorpore une sémi-flexibilité. Ceci
étant, pour la première fois, depuis Bretton Woods, la balance
commerciale américaine était devenue déficitaire. Or,
l’hégémonie américaine dans les relations monétaires
internationales reposait sur une balance commerciale
excédentaire.

Le premier choc de la crise économique des années 1970-


1980 a été d’ordre monétaire et s’est exprimé par l’abandon de
la règle des parités fixes. Le 13 février 1973, le dollar est de
nouveau dévalué par rapport à l’or : la parité passe de 38$ à 42$
l’once d’or et, le 19 mars 1973, la parité semi-fixe avec les
autres monnaies est supprimée : le dollar « flotte » au gré des
cours du marché.

A la fin de janvier 1976, la Conférence de la Jamaïque


entre pays industrialisés entérine les faits : les échanges
flottants deviennent la règle. L’or est démonétisé, c'est-à-dire
exclu des relations monétaires. Le dollar reste la monnaie
internationale dominante, mais n’exprime plus qu’une
domination relative de l’économie américaine sur le reste du
monde, ce qui s’exprime nettement par le déficit de la balance
commerciale.

4.3.2. Le fonctionnement du nouveau système


monétaire international

L’abandon des parités du SMI de Bretton Woods se


traduit par le flottement généralisé des monnaies. Les taux de
74
change ne sont plus fixes mais flottants, c'est-à-dire qu’ils
varient librement en fonction de l’offre et de la demande. Ce
recours au marché pour fixer les valeurs des monnaies devrait
permettre, selon les libéraux, une autorégulation et donc un
équilibre. Ce nouveau système monétaire international se
caractérise par :
1) l’abandon de tout étalon : l’or est complètement
démonétisé et devient une simple marchandise. Il n’y a
plus de parités fixes déterminées par rapport à l’or ;
2) la suppression de la monnaie internationale officielle,
même si, dans les faits, le dollar conserve un rôle
central dans les échanges internationaux.

Dans ce système, les monnaies varient librement en


fonction de l’offre et de la demande. Si une monnaie est surtout
offerte, son taux de change aura tendance à baisser ; c’est la
dépréciation. Une monnaie surtout demandée sera, quant à elle,
une monnaie appréciée.

Les causes de la variation des taux de change :


- La balance des paiements d’un pays récapitule toutes les
opérations avec le reste du monde ; une balance globale
du paiement excédentaire conduit à une appréciation de la
monnaie (qui est plus demandée qu’offerte), alors qu’une
balance déficitaire conduit à la dépréciation (la monnaie
nationale est convertie en devises pour régler le déficit,
donc moins demandée qu’offerte).

Pour en examiner les deux principales composantes de la


balance des paiements sont : la balance des transactions
courantes et la balance des comptes financiers (hors secteur
75
bancaire et autorités monétaires). La balance des transactions
courantes est composée essentiellement de la balance
commerciale (importation et exportation des biens et de la
balance des invisibles (importation et exportation des services).
Un excédent de la balance des transactions courantes contribue
à une appréciation monétaire.

- La balance des comptes financiers (hors secteur bancaire


et autorités monétaires) est principalement composée des
investissements directs à l’étranger et des investissements
de portefeuille.

Ces mouvements de capitaux peuvent faire varier, d’une


façon forte et rapide, le taux de change, notamment les
investissements de portefeuille qui sont très mobiles.

- Ils dépendent des taux d’intérêt et aussi de motifs


spéculatifs, la recherche d’une plus-value par la revente
d’une monnaie à un cours plus élevé que le prix d’achat.

4.4. Institution financière internationale

Notion

Les institutions financières dont le capital est détenu par


des Etats et ayant pour mission le développement économique
et la stabilité du système monétaire et financier international.
Les deux principales institutions financières internationales
sont : la Banque internationale pour la reconstruction et le
développement (BIRD), intégrée depuis au sein du groupe
Banque mondiale et le Fonds monétaire internationale (FMI),
ont été créées au lendemain de la Conférence internationale de
76
Bretton Woods. Ces deux institutions spécialisées des Nations
Unies ont pour mission de réduction de la pauvreté et le
développement des économies à travers l’octroi de prêts, de
garanties, de services d’analyse et de conseil et d’opérations
d’allègement de la dette, pour la première et la stabilité des
relations monétaires internationales et la surveillance des
politiques économiques de ses membres, pour la seconde. Elles
ont progressivement élargi leurs mandants et cherchent depuis
le début des années 1980 à promouvoir un modèle unique de
développement, fondé sur ce qu’il est convenu d’appeler le
consensus de Washington, à savoir des politiques macro-
économiques restrictives, la libéralisation de l’économie et
l’ouverture des marchés à la concurrence internationale.

Au cours des années 1950 et 1960, un certain nombre de


banques régionales de développement ont vu le jour comme la
Banque interaméricaine (1959), la Banque africaine (1963), la
Banque asiatique (1966) et la Banque des Caraïbes (1969).
Elles ont une mission similaire à celle de la Banque mondiale
mais se placent dans une perspective régionale, considérée
comme essentielle à leur création, par les pays issus de la
décolonisation.

Plus récemment encore, en 1991, la Banque européenne


pour la reconstruction et le développement a été créée pour
aider à développer dans les ex-pays communistes la démocratie
et l’économie de marché.
77
4.4.1. Le Fonds monétaire international

Le Fonds monétaire international (FMI) est une institution


essentiellement chargée de promouvoir la coopération
monétaire internationale et d’assurer la stabilité du système
monétaire international. Il a été créé à la Conférence de Bretton
Woods en juillet 1944. Son instauration manifeste la volonté
des Etats-Unis d’imposer un nouvel ordre monétaire et
financier international en réaction à l’instabilité de l’entre-
deux-guerres.

Au départ, le FMI a pour principales mission de faciliter


le maintien des parités fixes au sein du régime de Bretton
Woods et d’assurer la continuité internationale des paiements
en portant assistance à des pays qui ont des difficultés pour
équilibrer leur balance des paiements.

Le FMI intervient par l’octroi des crédits et à travers des


conseils économiques. Depuis l’effondrement du système de
Bretton Woods dans les années 1970, le FMI s’est engagé dans
les nouvelles activités de promotion de la stabilité au sens large
(gestion de la dette des pays du tiers-monde, plus tard de la
transition des économies de l’Est de l’Europe vers le
capitalisme, puis des crises dans les pays émergents). Ce
repositionnement conduit le FMI à occuper le champ de la
Banque mondiale et pose la question de la concurrence ou de la
complémentarité entre les deux institutions.

Durant les années 1980-1990, le FMI conditionne son


aide aux PVD à la mise en œuvre de programmes d’ajustements
structurels (PAS) d’inspiration libérale. L’idée consiste à
78
libéraliser le fonctionnement de ses économies en vue
d’accélérer leur insertion dans une mondialisation perçue alors
comme une sorte de paradigme du développement.

John Williamson résume en dix points les PAS menées


par le FMI et la Banque mondiale en 1990 qu’il appelle le
consensus de Washington en (27) :
- rigueur budgétaire, recherche de l’équilibre budgétaire à
moyen terme afin de limiter l’endettement des Etats ;
- action sur les dépenses publiques par une réduction des
subventions qui introduisent des distorsions sur les
marchés ;
- promotion d’une politique monétaire orthodoxe basée sur
la libéralisation des taux d’intérêt et la recherche de la
stabilité des prix ;
- ouverture extérieure, les exportations doivent devenir un
puissant moteur de la croissance ;
- libéralisation des échanges commerciaux, démantèlement
des instruments de politiques commerciales,…) ;
- compétitivité afin d’accroître les flux entrant d’IDE ;
- déréglementation des marchés intérieurs (des capitaux, du
travail…) ;
- réforme fiscale orientée vers l’élargissement du nombre
des contribuables, le développement de la TVA et la
baisse des taux marginaux de l’impôt sur le revenu ;
- renforcement des droits de propriété.

Cependant, ces plans associés à la promotion de politique


macro-économique de rigueur à une libération interne et
27
BLANCHETON, B., Histoire de la
mondialisation, éd. De Boeck Université,
Bruxelles, 2008, p. 130.
79
externe, n’ont pas eu d’effets attendus en matière de
développement. Les associations altermondialistes dénoncent le
fait qu’elles ont servi les intérêts du Nord et accentuent la
pauvreté et l’instabilité au Sud.

4.4.2. Critique des institutions financières


internationales

Le rôle joué par le FMI et la B.M. est traditionnellement


critiqué dans un grand nombre de pays du Sud, ainsi que par les
altermondialistes qui dénoncent leur absence de représentativité
et appellent à une modification de leur mode de
fonctionnement.

A l’origine de cette crise de légitimité, on trouve


notamment la répartition des droits de vote qui résulte d’une
combinaison déséquilibrée, du principe « un pays, une voix »
cher aux Nations Unies et de l’attribution de voix aux pays en
fonction de leur contribution financière.

Ainsi, les pays du G7 détiennent-ils plus de 40% des


droits de vote au sein du FMI et de la B.M. qui comptent 186
membres. De plus, les Etats-Unis possèdent de facto un droit de
veto, avec plus de 15% des droits de vote alors que les
décisions sont adoptées à la majorité de 85%. Le débat sur la
réforme de ces institutions porte à la fois sur leur gouvernance
et la répartition formelle des pays en développement, leur
transparence et la nature des politiques auxquelles elles
conditionnent leur aide (28).

28
GHORRA-GOBIN, op. cit., p. 366.
80
4.5. De l’impératif d’une réforme

La crise déclenchée en 2007 a mis en lumière plusieurs


facteurs de fragilité du système monétaire international. Une
réflexion s’est amorcée au sein du G20 et du FMI sur les
conditions d’une possible réforme qui permettrait la mise en
place de moyens de protection suffisants contre les crises de
liquidité internationale.

La diversification des réserves de change apparaît


notamment souhaitable pour réduire la vulnérabilité de
l’économie mondiale aux chocs affectant le dollar. En 2010,
plus de 60% des réserves de change détenues par les banques
centrales sont en dollars, la part de l’euro étant de 27%. Le
Secrétaire américain au trésor avait proposé lors du sommet de
G 20 de Séoul, en novembre 2010 de mesurer les dangers des
déséquilibres monétaires avec un indicateur du déficit ou de
l’excédent de la balance courante. Ce fut un tollé chez les
exportateurs qui accumulent des devises comme la Chine,
l’Allemagne et l’Arabie Saoudite.

En février 2011, un rapport d’un ancien Directeur général


du FMI intitulé : Initiative de Port-Royal discuté dans le cadre
de G 20 suggère d’en finir avec le système actuel susceptible de
déboucher sur le protectionnisme et sur une guerre des
monnaies et propose de bâtir un modèle dans lequel les pays
acceptent de subordonner leurs objectifs nationaux à l’intérêt
commun. Il s’agit, en d’autres termes, d’une réforme du FMI
pour que celui-ci puisse contrôler les comptes de capital
(investissements étrangers, investissements de portefeuille et
produits dérivés) qui ont fait le lit de la crise de 2007-2008. Ce
81
rapport suggère également d’abaisser de 85 à 70% les
majorités requises pour les décisions majeures et de retirer aux
Etats-Unis le monopole du droit de veto (29).

En effet, la mondialisation financière fut facilitée et


amplifiée par une série de facteurs :
- l’abandon des changes fixes et l’adoption des changes
flottants qui, au-delà des mouvements de capitaux
suscités par la nécessité de couvrir les déficits des
balances extérieures vont entraîner des mouvements
spéculatifs de capitaux flottants à la recherche de
placements temporaires et rémunérateurs ;
- la dérèglementation des marchés nationaux qui va
favoriser la circulation internationale des institutions
financières, permettant ainsi de prêter ou d’emprunter
n’importe quelle devise sur n’importe quelle place
financière ;
- le développement des innovations financières qui va
susciter l’apparition de nouveaux dérivés, destinés en
principe à contrôler le risque, mais qui peuvent parfois
l’amplifier ;
- les progrès en matière de télécommunication et
d’informatique qui vont favoriser la rapidité des
transactions (30)

29
CYNTIA GHORRA-GOBIN, Dictionnaire critique de la mondialisation,
Armand Colin, Paris, 2012, p. 435.
30
DUMAS, A., Economie mondiale : les règles du jeu commercial
monétaire et financier, 4e édition de Boeck Université, Bruxelles, 2009,
p. 130.
82
Chapitre V. LES MOUVEMENTS DES CAPITAUX

Dans le cadre de financement de l’économie mondiale, il


existe des agents à besoin de financement et des agents à
capacité de financement qui opèrent au niveau international
afin de placer les fonds dont ils disposent ou de collecter les
capitaux qui sont nécessaires pour financer leurs
investissements. Cependant, ce mouvement des opérations de
financement international sont anciennes. Sans remonter au
Moyen âge et au rôle des banquiers génois, Vénitiens, Lyonnais
et Flamands, on constate dès le milieu du XIXe siècle l’essor
des flux financiers internationaux. Les capitaux des pays
développés (la France, la Grande-Bretagne) contribuent au
financement des pays neufs (les Etats-Unis, le Paraguay, la
Russie par exemple) et accompagnent la « première
mondialisation économique ». A partir des années 1960, les
banques suivent les implantations industrielles de leurs clients
et cherchent à mobiliser les ressources nécessaires aux
investissements directs internationaux (31).
C’est pourquoi, la croissance des transactions financières
internationales et des mouvements internationaux de capitaux
est une des caractéristiques les plus marquantes de la fin du
20ème siècle et qui s’est amorcée dès 1945. Les entrées nettes de
capitaux dans les pays en développement ont triplé, passant
d’environ 50 milliards de dollars par an entre 1987 et 1989 à
plus de 150 milliards de dollars sur la période 1995/1997.

31
BEITONE, A., CAZORLA, A. et HEMDANE, E., Dictionnaire de
science économique, Armand Colin, Paris, 2016.
83
5.1. Qu’entend-on par « mouvement de capitaux » ?

Les mouvements de capitaux désignent toutes les


opérations mentionnées ci-après, lorsqu’elles sont
transfrontalières (c'est-à-dire, lorsqu’elles sont réalisées entre
un investisseur dans un pays membre et un établissement
financier dans un autre pays membre). Il s’agit d’opérations ci-
dessous :
- investissement direct étranger (IDE), y compris les
investissements destinés à établir ou à maintenir des liens
durables entre un investisseur et une entreprise (création
ou rachat d’une société ou d’un établissement ou prise de
participation importante) ;
- investissements ou achats immobiliers ;
- investissements mobiliers (actions, obligations, fonds
commun de placement par exemple) ;
- octroi de crédits et de prêts ;
- autres opérations avec des établissements financiers, y
compris les transactions à caractère personnel : dons, legs,
dotations, etc.

Ou encore, les mouvements de capitaux c’est le


déplacement géographique du capital d’une place financière à
une autre, d’un pays à un autre. C’est pourquoi, nous pouvons
énumérer les quatre facteurs déterminants des mouvements de
capitaux qui sont :
1. payer les transactions sur les biens et services importés ;
2. en contrepartie financière d’un transfert
d’immobilisation corporelle ;
3. améliorer la qualité et le rendement d’un portefeuille et
de diversifier les risques ;
84
4. tirer profit des fluctuations des taux de change ou de les
faire fluctuer aux fins de spéculation.

Bref, les mouvements de capitaux sont d’abord la


contrepartie des transactions courantes dans la balance des
paiements. Les crédits commerciaux traduisent ainsi, par
exemple, le financement d’échange de biens et de services.

5.2. La diversité des mouvements de capitaux

Les mouvements de capitaux étant énormes, il faut les


distinguer selon principalement la durée.

Les mouvements de capitaux

Mouvements de capitaux à Mouvements de capitaux à


long terme court terme

Investisse- Investissem Crédits à Crédits Placement


ments ents de M.T et L.T commerciaux emprunts à
directs portefeuille à C.T. C.T.
85
5.2.1. Les mouvements de capitaux à long terme
5.2.1.1. Les investissements directs

Les IDE sont les sommes d’argent investies (ou reçues)


par un pays vers (ou en provenance de) l’étranger, dans le but
soit de créer ou de développer une firme nouvelle localement,
soit de prendre partiellement ou totalement le contrôle d’une
firme locale existante par une prise de participation au capital
via des mécanismes financiers de fusions acquisitions. Il faut
ajouter à ces entreprises reliées financièrement un ensemble
d’entreprises sous-traitantes, juridiquement indépendantes mais
économiquement dépendantes.

Ou encore, les IDE proviennent des entreprises qui


investissent à l’étranger dans d’autres sociétés, en créant des
filiales communes, en investissant dans le capital pour contrôler
une société, en achetant des entreprises locales. Le but est donc
de contrôler la gestion d’entreprise, de se développer
durablement dans un certain nombre de pays. Ces
investissements traduisent la montée en puissance des firmes
multinationales qui investissent dans le monde entier. Le
contrôle des investissements est faible aujourd’hui. Ces
investissements sont encore majoritairement effectués par et
dans les pays industrialisés.

En d’autres termes, les investissements directs sont des


investissements réels sous forme d’usines, équipements, terres,
stocks qui impliquent à la fois le capital et la gestion et dans
lesquels l’investisseur garde le contrôle sur l’utilisation du
capital investi.
86
Dans un investissement direct, une entreprise crée
habituellement une filiale à l’étranger ou prend le contrôle
d’une firme qui s’y trouve en achetant, par exemple, une
majorité des actions. Le gouvernement américain définit
comme investissement direct tout achat d’au moins 10% des
actions. Ce sont surtout les entreprises multinationales de
l’industrie manufacturière des mines ou des services qui
entreprennent ces investissements directs. Actuellement, les
investissements directs sont aujourd’hui aussi importants que
les investissements de portefeuille comme canaux des flux
privés internationaux de capitaux.

Les motifs des IDE sont d’obtenir un rendement plus


élevé qui peut résulter d’une croissance plus forte à l’étranger,
d’une fiscalité plus favorable ou de meilleures infrastructures
et aussi diversifier le risque. Il est souvent constaté que les
entreprises à orientation internationale que ce soit par les
exportations ou par les installations de la production et de la
vente à l’étranger font de meilleurs profits avec une moindre
variabilité que les firmes purement nationales. Autant ces
mêmes motifs sont valables pour les investissements du
portefeuille, autant ils sont valables pour les IDE.

Cependant, la question sur les IDE reste ouverte de savoir


pourquoi les résidents de pays n’empruntent-ils pas auprès
d’autres pays pour accomplir eux-mêmes plutôt que de compter
sur des investissements directs en provenance de l’extérieur.

Il est considéré que les résidents d’un pays soient plus


familiers avec les conditions locales et en tirent donc un
avantage concurrentiel sur les IDE. La plupart des grandes
87
entreprises ont en propre une connaissance des techniques de
production et des capacités managériales qu’elles peuvent avec
facilité transférer à l’étranger et sur lesquelles elles veulent
garder un contrôle direct. Dans cette situation, l’entreprise fera
des IDE passant ainsi à une intégration horizontale ou
production à l’étranger d’un produit qu’elle produit aussi dans
son pays.

5.2.1.2. Les investissements du portefeuille

Ce sont des investissements purement financiers à


l’inverse des investissements directs. Le but est de placer, de
vendre, d’acheter des valeurs mobilières (actions et
obligations). Cette internationalisation des investissements de
portefeuille permet de financer de nombreuses entreprises. La
montée en puissance de ces flux est énorme. Ces
investissements très mobiles favorisent les mouvements
internationaux de spéculation.

5.2.1.3. Les crédits à moyen et long terme

Ce sont des crédits commerciaux (contrepartie des


transactions courantes) des prêts accordés ou reçus de
l’étranger. Ces opérations s’effectuent sur plus d’une année.
88
5.2.1. Les mouvements de capitaux à court terme

5.2.2.1. Les crédits commerciaux à court terme

Ce sont des crédits courts (mois d’un an) qui permettent


aux entreprises qui veulent exporter d’offrir des conditions de
paiement avantageuses.

5.2.2.2. Les placements ou emprunts à court terme

Ce sont des placements souvent liés aux taux, aux


monnaies et qui ont été favorisés par la déréglementation
financière et l’internationalisation des banques. Ils permettent
aux entreprises de jongler selon les marchés et d’emprunter de
l’argent sur les places les plus avantageuses. Ils jouent un rôle
important dans la spéculation.

5.3. Globalisation des systèmes financiers

Le processus de mondialisation qui s’accélère depuis


1980 s’appuie sur une globalisation financière qui permet aux
grandes entreprises d’emprunter, de place de fonds, à tout
moment et dans tous les pays avec de nombreux instruments
financiers. Trois caractéristiques fondamentales stigmatisent
globalisation des systèmes financiers, à savoir :

1. La déréglementation : qui consiste à abolir les


réglementations nationales et internationales depuis
1983-1984. Une certaine harmonisation à l’échelle
régionale et mondiale permet la libéralisation des flux et
des mouvements de capitaux.
89
2. La désintermédiation : qui consiste à supprimer des
intermédiaires autrefois obligatoires (banques) pour
l’ensemble des transactions financières. En supprimant
et en simplifiant les transactions, celles-ci se son
trouvées facilitées et donc encouragées.
3. Le décloisonnement : qui consiste à la suppression des
frontières financières entre pays, mais aussi entre
marchés (monétaire, financier, changes) ce qui permet
aux entreprises et investisseurs de naviguer beaucoup
plus facilement et d’optimiser ainsi leurs placements ou
emprunts.

Pour ce faire, la balance des paiements est un instrument


qui permet de connaître la situation économique et financière
d’un pays et de ses résidents en relation avec les autres nations
sur une année. C’est donc un indicateur fondamental dans le
processus d’intégration d’un pays au sein du commerce
mondial. Elle est constituée de balance partielle qui permet une
analyse plus précise des flux d’échange entre la nation et le
reste du monde.

La balance commerciale, comme nous l’avons dit ci-haut,


présente le solde des exportations par rapport aux importations
et permet de se faire une idée sur la compétitivité d’un pays.
Elle introduit la notion de taux de couverture. Le solde de la
balance commerciale : excédentaire = exportations supérieures
aux importations. Cela peut signifier que :
- les entreprises sont compétitives/prix, coût ;
- les exportations couvrent les importations ; elles les
financent ;
90
- les investisseurs importent moins, pour altérer la
compétitivité des entreprises.

Le solde de la balance des transactions courantes permet


de savoir si le pays dégage une capacité de financement ou un
déficit. La balance des mouvements monétaires donne des
indications monétaires et financières sur la situation du pays.

Dans un système de taux de change variable, la balance a


tendance à se rééquilibrer automatiquement. En effet, en cas de
déficit de la balance, les importations sont supérieures aux
exportations :
- demande de devises étrangères, offre de la devise
étrangère ;
- hausse de la devise étrangère et baisse de la monnaie
nationale ;
- compétitivité accrue du prix ;
- rééquilibrage de la balance.

A l’inverse, en cas d’excédent :


- demande de devises étrangères < offre de la devise
étrangère ;
- baisse de la devise étrangère et hausse de la monnaie
nationale ;
- compétitivité prix qui se dégrade ;
- rééquilibrage de la balance.

Keynes pense qu’un accroissement des exportations


entraîne une distribution de revenus supplémentaires (principe
multiplicateur) sur le territoire, revenus qui serviront à
consommer davantage de produits locaux mais aussi davantage
91
de produits étrangers (hausse des importations) et notamment
dans des secteurs où les produits locaux sont absents ou moins
compétitifs. C’est pourquoi, le but de nombreux gouvernements
est d’accroître les exportations et de diminuer les importations.

Pour freiner les importations, on peut en théorie :


 augmenter les barrières tarifaires (droits de douane) =
protectionnisme ;
 mettre en place des barrières non tarifaires
(contingentements, réglementations, etc.).

Pour augmenter les exportations, on peut :


- accorder des coups de pouces fiscaux aux entreprises
exportatrices ;
- subventionner certains secteurs stratégiques ;
- mettre en place des financements des entreprises
exportatrices ;
- informer et promouvoir les exportations.

Aussi, il est possible de jouer sur les taux de change à la


baisse (dévaluation compétitive) ou la hausse (réévaluation).

5.4. Les investissements directs

5.4.1. Notion

L’investissement est la variable clé de l’évolution


économique. L’investissement est un flux, qui s’ajoute chaque
année sous forme d’équipements neufs au capital productif.
Villieu note que les entreprises investissent si leurs débouchés
s’accroissent, c'est-à-dire une entreprise, comme une nation,
92
l’investissement est le moyen d’atteindre ou de se rapprocher
d’une capacité de production désirée (32).

5.4.2. L’investissement direct étranger

Les investissements directs étrangers (IDE) ont pris


depuis les années 1970 une ampleur exceptionnelle. Les flux
mondiaux d’IDE sont passés de moins de10 milliards de dollars
par an en 1970 à presque 2000 milliards de dollars avant la
crise des subprimes de 2007. L’essentiel de ces flux d’IDE
provient des firmes multinationales qui désirent développer leur
activité dans d’autres pays, en particulier vers les économies
émergentes, pour tirer parti des bas coûts salariaux de ces pays
en y délocalisant la production ou certains segments de la
chaîne de production, pour desservir les marchés extérieurs,
mais aussi afin de satisfaire la demande intérieure, ce qui
nécessite d’être proche du marché, afin de se positionner au
mieux pour répondre aux exigences des consommateurs en
termes de prix, de qualité, de variété. Cependant, cette
croissance très forte des volumes d’IDE s’accompagne d’un
bouleversement de ces flux, c’est-à-dire les pays d’Europe
occidentale, le Japon et à partir des années 1990, les pays
émergents d’Asie, deviennent, à leur tour, des exportateurs
majeurs de capitaux.

En 2013, les Etats-Unis constituent toujours le premier


pays investisseur. Toutefois, la part des pays émergents (Asie
notamment) progresse continûment dans les flux mondiaux

32
VILLIEU, P., Macroéconomie : l’investissement, éd. La Découverte,
Paris, 2000, p. 15.
93
d’IDE. Ils accueillent aujourd’hui 50% de flux d’IDE et sont à
l’origine de 20% d’entre eux (33).

Les investissements directs étrangers à l’étranger ou


investissements directs étrangers (IDE) sont des mouvements
internationaux de capitaux réalisés en vue de créer, développer
ou maintenir une filiale à l’étranger et/ou d’exercer le contrôle
(ou une influence significative) sur la gestion d’une entreprise
étrangère.

Les investissements directs étrangers constituent le


moteur de la multinationalisation des entreprises. Les IDE
recouvrent aussi bien les créations de filiales à l’étranger que
les fusions-acquisitions transfrontières ou les autres relations
financières. C’est pourquoi les IDE sont motivés par deux
éléments majeurs qui sont :
1. la réduction des coûts (exploitation à distance de
ressources naturelles coûteuses, voire impossibles, à
transporter, l’utilisation d’une main-d’œuvre moins
onéreuse, d’où la crainte que les IDE puissent participer
au mouvement de délocalisation, optimisation fiscale ;
2. la conquête de nouveaux marchés, difficiles à pénétrer
par les seules exportations. Si l’effet des IDE est
généralement considéré comme positif sur la croissance
des pays d’accueil (grâce aux transferts de technologie
induits), il est plus discutable et ambigu sur le
commerce international, sur l’emploi dans les pays
investisseurs, sur les conditions de travail et sur
l’environnement.

33
BRAQUET, L., L’essentiel pour comprendre la mondialisation, éd.
Gualino, Paris, 2014, p. 25.
94

En d’autres termes, les IDE sont des investissements


internationaux par lesquels des entités résidentes d’une
économie acquièrent ou ont acquis un intérêt durable dans une
entité résidente d’une économie autre que celle de
l’investisseur.

La notion d’intérêt durable implique l’existence d’une


relation à long terme entre l’investisseur direct et la société
investie et l’exercice d’une influence notable du premier sur la
gestion de la seconde. L’investissement direct comprend à la
fois l’opération initiale entre les deux entités et toutes les
opérations financières ultérieures entre elles et entre les
entreprises du même groupe international.

La notion d’intérêt durable permet de différencier, parmi


les mouvements internationaux de capitaux, les IDE des
investissements de portefeuille. Ces derniers sont considérés
comme des placements internationaux, alors que les IDE
impliquent un pouvoir de décision de l’investisseur sur
l’entreprise rachetée ou conduite à l’étranger.

Les deux types d’investissements internationaux


répondent à des déterminants différents qui sont : l’IDE se
traduit non seulement par un transfert de fonds financiers, mais
aussi en général, par un transfert de technologie et de capital
humain. L’IDE est à l’origine de la création des firmes
multinationales ou sociétés multinationales. Une fois créé un
réseau de filiales à l’étranger, l’activité de la firme
multinationale ne se réduit cependant pas aux seuls IDE.
Progressivement, la firme internationale va organiser au niveau
95
international ses activités de conception, de production et de
commercialisation de ses produits. Les relations entre filiales
étrangères et la maison-mère donnent alors lieu à un commerce
international intra-firme de biens et de services, qui ne relève
pas des IDE.

5.4.3. Les formes des IDE

Pour développer un réseau de filiales à l’étranger,


l’investisseur peut intervenir par :
1. la création d’une filiale entièrement nouvelle. Dans ce
cas, l’investissement direct se matérialise par
l’installation de nouveaux moyens de production et le
recrutement de nouveaux employés. Cet l’« IDE de
création ».
2. l’acquisition d’une entité étrangère déjà existante. Cet
IDE se matérialise par un transfert de propriété des
titres de la filiale acquise. Les fusions-acquisitions
transfrontalières appartiennent à cette forme des IDE ;
3. l’accroissement des capacités de production de filiales
déjà existantes par apport de fonds. On parle d’IDE
d’extension ;
4. l’injection de fonds pour soutenir l’activité d’une filiale
en difficultés financières. C’est l’IDE de restructuration
financière.

En 1995, Markusen avait introduit une typologie des IDE


basée sur la logique qui sous-tend la décision de créer des
filiales à l’étranger. Il distingue : les IDE horizontal et vertical.
96
L’IDE horizontal consiste à créer des filiales qui
produisent toutes, des biens identiques. Il vise à faciliter l’accès
de l’investisseur à un marché étranger dans l’espoir de
développements futurs. Pour éviter certains obstacles,
l’investisseur préfère implanter à l’étranger des entités
reproduisant, comme dans son pays d’origine, toutes les étapes
du processus de production afin de servir le marché local.

L’IDE vertical consiste à l’investisseur qui fragmente les


différentes étapes de conception, de production et de
commercialisation des produits, en implantant dans des pays
différents des filiales qui produisent des biens finis ou semi-
finis différents. Il s’agit ici pour l’investisseur de tirer partie des
différences de coût des facteurs entre pays. Dans ce cas,
l’activité à l’étranger est un complément de l’activité de la
maison-mère.

Donc, on parle d’IDE lorsque :


- L’entreprise crée une filiale de toutes pièces ;
- L’entreprise rachète une entreprise existante à l’étranger
(il faut qu’elle achète au moins 10% du capital pour le
distinguer de l’investissement du portefeuille d’un IP)
- Les sièges sociaux et les filiales échangent des capitaux
(rapatriement de bénéfice, octroi d’un prêt etc.) ;

5.4.4. Evolution des IDE dans le monde

Les IDE constituent certainement l’un des aspects les plus


visibles de la mondialisation. Dans les pays en développement,
si les créations d’unités de production constituent toujours la
principale modalité d’implantation, les acquisitions ont aussi
augmenté en raison des privatisations d’entreprises et de
97
dérégulation de certains secteurs d’activité. Actuellement,
presque tous les pays disposent d’une réglementation très
favorable pour attirer les IDE.

Autant dire qu’attirer les investisseurs étrangers ou les


maintenir sur le territoire, constitue en effet une préoccupation
pour bon nombre de pays, compte tenu de leur impact
vraisemblable sur des variables économiques clés comme
l’emploi, l’investissement, la recherche et le développement et
donc la croissance.

Il va sans dire que l’assouplissement considérable du


cadre réglementaire des IDE a des incidences importantes sur le
choix de localisation des entreprises. Il permet aux entreprises
de rechercher les sites qui correspondent le mieux aux
différentes étapes de leur processus de production.

Après la guerre, les flux des investissements directs


étrangers des firmes demeurent modestes jusqu’au milieu des
années 1950 et surtout dominés par le pétrole et les industries
extractives, en fonction des besoins d’approvisionnements et de
sécurité énergétique. Par la suite, les IDE des firmes
américaines s’accélèrent vers le marché commun européen
notamment, pour contourner le tarif extérieur commun, accéder
à des marchés en croissance (débouchés et pouvoir d’achat
élevé) et bénéficier d’une main d’œuvre qualifiée : de 1945
à1973, les flux d’IDE sont alors un quasi-monopole américain
dans le secteur de l’automobile, des hydrocarbures et de
l’informatique notamment.
98
A partir des années 1960, les IDE américains se tournent
également vers les pays émergents de la façade asiatique (Corée
du Sud ; Taïwan, Hong-Kong, Singapour) en raison des
avantages salariaux exceptionnels, et dans un contexte de
progrès du libre-échange.

Durant la période 1973-2000, les flux d’IDE s’amplifient,


se diversifient et prennent une ampleur exceptionnelle : les pays
d’Europe occidentale, le Japon et même les pays émergents
d’Asie deviennent à leur tour des exportateurs majeurs de
capitaux. Les firmes européennes et japonaises investissent
massivement sur le sol américain. A partir des années 1980 et
1990, les flux d’IDE continuent de croître très rapidement, en
particulier sous l’effet des vagues de fusions-acquisitions
internationales. Ainsi, dans la plupart des pays développés, les
fusions acquisitions comptent pour plus de la moitié des IDE.
Par ailleurs, du fait de la hausse des profits des entreprises, les
bénéfices réinvestis sur place sont devenus une composante
importante des flux entrants d’IDE. On constate également
depuis des années 1990, une ampleur grandissante prise par le
secteur tertiaire, et par conséquent, une baisse des secteurs
manufacturier et primaire.

Cependant, les stratégies d’IDE des firmes


multinationales sont très dépendantes de la conjoncture
économique mondiale : après la crise financière internationale
de 2007, les flux d’IDE entrants ont fortement chuté en 2008 et
2009 en raison de l’assèchement des marchés obligatoires et
monétaires ; après une reprise en 2010 et 2011, les flux d’IDE
ont connu un nouvel affaissement entre 2012 et 2013.
99
En termes de destination des flux d’IDE, les dernières
années ont confirmé le rattrapage des pays émergents et leur
forte attractivité internationale (ils représentent en 2013 près de
60% des flux d’IDE). Les investisseurs internationaux restent
surtout attirés par la vigueur de leur croissance du PIB, les
besoins croissants de leurs marchés de consommation
(explosion des classes moyennes), mais aussi leur riche
dotation en matières premières minérales, énergétiques et
agricoles.
Sur ce, dans son rapport sur les investissements dans le
monde en 2013, la CNUCED note qu’à l’échelle internationale,
les flux des IDE ont atteint 1.461 milliards de dollars en 2013,
soit une hausse de11% par rapport à 2012. Elle précise que les
flux des IDE vers les pays développés ont augmenté de 12%,
à576 milliards. En 2013, les pays en développement ont attiré
759 milliards de dollars en IDE entrants/en hausse de 6%), soit
52% du total mondial.

Les Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud


accueillent désormais 22% des IDE enregistrés dans le monde,
soit deux fois le niveau 2007, soit 322 milliards de dollars en
2013. La CNUCED prévoit dans son rapport que les IDE
devraient poursuivre leur progression, pour s’élever à 1.600
milliards de dollars en 2014 et 1.800 milliards de dollars en
2015, mais pointe de nombreuses incertitudes liées à la
conjoncture qui risquent de replonger l’économie mondiale
dans le marasme (34).

34
A lire Braquet, L. op. cit, éd. Gualino, Paris, 2014, p.
100
Le recul des investissements étrangers en Afrique en 2015

Les experts de l’ONU avaient prévenu en début d’année


que les IDE ralentiraient en Afrique en 2015. En dépit de
l’engouement de quelques patrons occidentaux isolés, le
continent reste plus que jamais ignoré des multinationales, hors
matières premières. La Cnuced a publié, en juin, son rapport
définitif pour l’année 2015. De ce rapport, 1,1 milliard
d’humains que regorge l’Afrique, 3% seulement des grands
investissements de notre planète que reçoivent à peine le
continent entier. Et ce faible montant vient de diminuer de plus
de 7% par rapport en 2014.

Dans le détail, on voit que l’Egypte et le Maroc s’en tirent


le mieux en Afrique du Nord. En Afrique de l’Ouest, c’est le
Ghana qui enlève la première place jadis réservée au Nigeria :
simple conséquence des découvertes pétrolières. La Mauritanie
et la Côte d’Ivoire ont également bénéficié d’investissements
étrangers. En Afrique centrale, les places congolaises sont
aujourd’hui menacées : visiblement, les investisseurs (toujours
mines et pétroles) attendent que les situations politiques se
décantent avant de revenir en force, surtout en RD-Congo.
En Afrique de l’Est, les investissements ont un peu marqué le
pas avec l’Ethiopie toujours en tête, suivie par la Tanzanie et le
Kenya, qui semble redevenir une région intéressante pour les
investisseurs. Et c’est en Afrique australe seule que les
investissements étrangers ont progressé, essentiellement du fait
de l’Angola qui capte près de la moitié des mannes financières
allouées à la zone.
101
Ici, on comprend que le pays ait finalement décliné les
offres de la Banque mondiale, par ailleurs plus chères que
celles émanant du privé. L’Afrique du Sud dont les sorties de
capitaux sont trois fois plus élevées que les entrées. Ce
phénomène se développe depuis la fin de l’apartheid, le pays
est confronté à ce problème quasi-insoluble : l’Afrique du Sud
héberge un nombre important de très grands groupes
multinationaux dont les investissements à l’étranger dépassent
de loin ceux effectués localement. Comme le FMI, la Banque
mondiale et autres prêteurs institutionnels ne sont guère
sollicités par les grands pays africains à cause de taux d’intérêts
plus élevé, seuls quelques pays en difficulté comme le Mali ont
demandé l’aide de ces institutions. Sur ce, on ne connaît pas le
chiffre global des emprunts publics africains et sans doute du
fait de la baisse du prix des matières premières, des Etats ont dû
y avoir recours.
La Chine et l’Inde en tête, ont annoncé une augmentation
importante des investissements en Afrique. La Chine serait
devenue le premier investisseur étranger en Afrique. Les
Chinois, de fait, connaissent parfaitement les problèmes de
développement auxquels ils sont encore confrontés aujourd’hui.
L’environnement africain ne leur est donc pas étranger et ils
n’ont pas les craintes des occidentaux à cet égard. Les Chinois
et les Indiens qui disposent de nombreux compatriotes installés
en Afrique n’ont donc pas grand-chose à craindre des Français
qui ont en outre multiplié les erreurs sur le continent depuis
deux décennies. A cela, on doit songer à la Lybie, au Rwanda
et, plus récemment, au soutien des présidents terriblement
contestés dans leurs pays (35).
35
CHRISTIAN D’ALAYER, Le recul confirmé des investissements
étrangers, African Business. Le magazine des dirigeants africains n°45,
août et septembre 2016, pp. 88-90.
102

Investissements directs étrangers en Afrique en 2015 (en


millions de dollars)

IDE entrants IDE sortants


Année 2010 2014 2015 2010 2014 2015
Total monde 1388821 1276999 1762159 1391918 1318470 1474242

Pays en 625330 698494 764970 358029 445579 377938


développement
Total Afrique 43571 58300 54079 8670 15163 11325
Afrique du 15746 11625 12647 4781 770 1831
Nord
Egypte 6386 4612 6885 1176 253 182
Maroc 1574 3561 3162 589 436 649
Soudan 2064 1251 1737
Tunisie 1513 1063 1002 74 22 33
Libye 1909 50 726 2722 28 864
Sud Soudan 80 -419 477
Algérie 2301 1507 -587 220 -18 101
Autres pays 27826 46675 41432 3889 14392 9493
d’Afrique
Afrique de 12008 12115 9894 1305 2246 2030
l’Ouest
Ghana 2527 3357 3192 12 221
Nigeria 6099 4694 3064 923 1614 1435
Niger 940 822 525 -50 89 52
Libéria 450 277 512 359
Mauritanie 131 500 495 17 30 15
Côte d’Ivoire 339 439 430 25 16 8
Sierra Leone 238 430 404
Sénégal 256 403 345 2 27 27
Bénin 177 405 229 -18 17 26
Burkina Faso 35 357 167 -4 69 28
Mali 406 144 153 7 1 1
Cap-Vert 159 135 95 1 -9 -3
Guinée 101 69 85 1 1
Togo 86 54 53 37 358 198
Guinée-Bissau 33 29 18 6 1
103
Gambie 20 28 11 17 19
Afrique 7777 7874 9091 -34 214 360
Centrale
Congo 2939 1843 1974 7 344 508
Kinshasa
Congo 928 5502 1486 4 6 -9
Brazzaville
Gabon 499 1011 624 -9 -36 -37
Cameroun -1 554 620 -36 -106 -105
Tchad 313 -676 600
Rwanda 251 459 471 14 12
Guinée 2734 320 316
équatoriale
Sao Tomé et 51 27 28
principe
Burundi 1 47 3
Centrafrique 62 3 3
Afrique de 4520 7928 7808 174 161 279
l’Est
Ethiopie 288 2132 2168
Tanzanie 1813 2049 1532
Kenya 178 1051 1437 2 28 217
Ouganda 544 1059 1057 37 -47 27
Madagascar 808 351 517
Somalie 112 434 516
Maurice 430 418 208 129 91 54
Seychelles 211 230 195 6 16 8
Djibouti 37 153 124
Erythrée 91 47 49
Comores 8 5 5
Afrique 3521 17540 17900 2444 11772 6824
australe
Angola -3227 1922 8681 1340 4253 1892
Mozambique 1018 4902 3711 2 97 2
Afrique du 3636 5771 1772 -76 7669 5349
Sud
Zambie 534 3195 1653 1095 -212 -283
Namibie 793 432 1079 -4 58 -55
Zimbabwe 166 545 421 43 72 22
Botswana 218 515 394 -1 -111 -84
104
Lesotho 57 162 169
Malawi 97 130 141 42 -50 -15
Swaziland 136 -32 -121 1 -4 -3
Source : Cnuced

5.4.5. Le type d’instruments financiers des IDE

Les IDE peuvent être effectués sous forme de :


- Titres de participation : ils regroupent les actions
ordinaires et les actions privilégiées, les réserves, les
apports au capital et les bénéfices réinvestis (ces derniers
correspondant à la fraction du résultat de la filiale non
distribuée sous forme de dividende à sa maison-mère et
réinvestie de fait dans la filiale).
- Titres de créance : ils regroupent les valeurs mobilières
négociables telles que les obligations (garantie ou non),
les billets de trésorerie, billet à ordre, des actions
privilégiées à dividende fixe et autres valeurs mobilières
négociables non représentatives de capital. Font
également partie des titres de créance, les prêts, dépôts,
crédits commerciaux et autres comptes à recevoir ou à
payer.

5.4.6. L’investissement de Portefeuille

Par l’investissement de portefeuille, les épargnants et les


institutions financières cherchent hors des frontières nationales
une plus grande rentabilité du capital, sous réserve que le risque
ne soit pas trop élevé (risque pays, lié à l’instabilité politique, à
la possibilité d’une répudiation des dettes, aux risques
inflationnistes qui érodent le rendement réel des titres).
105

Les investissements du portefeuille consistent en actifs


financiers dénommés en une monnaie nationale, comme les
obligations ou les actions. Avec les obligations, l’investisseur
prête un capital pour recevoir en retour un paiement fixe, ou
rendement à échéance régulière et retrouver le montant de son
prêt à une date spécifiée. Pour les actions, le gouvernement
américain définit comme investissement de portefeuille tout
achat d’actions donnant moins de10% des votes dans une
entreprise. Avec les actions, l’investisseur achète une part de
propriété de la valeur nette d’une entreprise. Les
investissements du portefeuille, dits aussi investissements
financiers, se font principalement à travers des institutions
financières comme les banques ou les fonds d’investissements.
C’est pourquoi, le motif de base des investissements du
portefeuille réside dans les plus hauts rendements à l’étranger.
Ainsi, les résidents d’un pays achètent des obligations dans un
autre pays si meilleur rendement et/ou un risque plus faible
qu’un portefeuille incluant seulement des titres nationaux.

5.4.7. Les effets de la mobilité des capitaux

Aujourd’hui, les économistes sont très partagés à propos


des effets de la mobilité internationale des capitaux. Dans son
livre de l’histoire de la mondialisation, B. Blancheton estime
que certains auteurs comme Obstfeld et Taylor soulignent les
conséquences positives de l’intégration financière
internationale sur l’efficacité des systèmes de financement et la
croissance mondiale. D’autres, par contre, comme Bhagwati y
106
voient un facteur d’accentuation de l’instabilité monétaire et
financière et soulignent la nécessité d’un contrôle des
mouvements de capitaux.

C’est pourquoi, les positivismes pensent que la mobilité


internationale des capitaux peut favoriser la croissance
économique par plusieurs canaux, notamment (36) :
- la mobilité des capitaux permet une meilleure allocation
des ressources financières, elle fluidifie la rencontre entre
l’épargne et l’investissement ;
- elle améliore la liquidité des marchés : la profondeur des
marchés facilite la transformation des actifs en monnaie
ultime et, partant, contribuer à un meilleur
fonctionnement de la finance dite directe et, plus
généralement, de l’ensemble du système financier ;
- elle contribue à abaisser le coût du capital à l’échelle
mondiale, les opérateurs entrent en concurrence pour
financer les bons projets d’investisseurs ;
- la mobilité internationale des capitaux facilite le
financement des déficits courants nationaux ;
- à travers les IDE, la mobilité des capitaux peut
enclencher une dynamique de développement si ces
investissements sont associés à la formation de la main-
d’œuvre locale, l’emploi de sous-traitants locaux, un
véritable transfert de technologie et l’investissement
d’une partie de profits au sein du pays d’accueil.

Ainsi, les négativismes pensent que la mobilité des


capitaux soumet les acteurs de l’économie à des contraintes
nouvelles, notamment :

36
BLANCHETON, B., op. cit., p. 86.
107
- la réactivité des opérateurs, leur exigence forte en matière
de rendement à court terme modifient les rapports de
forces au sein des entreprises entre actionnaires, salariés
et dirigeants. La recherche d’une rentabilité immédiate
peut conduire à une détérioration des conditions de
travail, au sacrifice des intérêts des salariés ou encore à
une réduction des investissements en matière de recherche
et développement. La logique financière (qui privilégie le
court terme) peut s’opposer à la logique industrielle dont
l’horizon est plus lointain.

- la mobilité des capitaux fait que les cours de change se


révèlent beaucoup plus instables et connaissent parfois
des « mésalignements » durables comme en témoignent
les évolutions du cours euro/dollar depuis 1999 ;
- en outre, les nombreuses crises financières survenues
depuis le début des années 1980 (crise mexicaine en 1982,
Krach d’octobre 1987, crise asiatique en 1997, crise russe
en 1998, crise brésilienne en 2002, crise des subprimes en
2007) témoignent d’une instabilité financière
recrudescente.

C’est pour dire que depuis trente ans, les crises


financières apparaissent deux fois plus nombreuses que sous le
système de Bretton Woods. Autant dire que la mobilité des
capitaux favorise la transmission internationale des crises.

Au sujet de la crise financière, nous pensons que la


finance est nécessaire à l’innovation et à la croissance et elle
peut être libéralisée pour jouer ce rôle plus efficacement. La
globalisation financière permet une meilleure allocation du
108
capital et une diversification des risques et favorise le
développement financier, soit l’efficacité croissante des
instruments, des marchés et des intermédiaires financiers dans
le traitement de l’information, la mise en œuvre des contrats et
la réalisation des transactions, afin de réduire les contraintes qui
pèsent sur le financement externe des entreprises et freine leur
croissance.
Par contre, l’instabilité financière de la fin des années
2000 a néanmoins rappelé le caractère récurrent des crises
financières. Si chaque crise financière offre des particularités
historiques, en fonction de la configuration du capitalisme dans
laquelle elle s’inscrit, l’analyse économique permet toutefois de
retenir quelques origines de la crise financière en 2007. Il s’agit
notamment :
- l’accès au crédit est devenu plus difficile et coûteux : les
prêteurs, confrontés à un risque de défaut accru, ont fait
payer plus cher les emprunteurs et durci leurs conditions
d’octroi (augmentation des exigences de garanties) ;
- la crise financière a entraîné également une crise de
confiance généralisée : les prêts entre banques se sont
taris. Les ménages, par crainte du chômage ont accru leur
épargne de précaution. Les entreprises ont restreint leurs
investissements, par anticipation d’une baisse des
débouchés et de restrictions supplémentaires de crédit. La
diminution de la demande globale (consommation,
investissement) s’est ainsi auto-entretenue ;
- la forte contraction du patrimoine financier et immobilier
a incité les ménages à restreindre leurs dépenses, selon un
mécanisme d’effet négatif de richesse. La dévalorisation
du patrimoine signifie en effet un besoin d’épargne
accrue pour financer la consommation future ;
109
- la réduction de la demande intérieure dans les pays
touchés par la crise a entraîné une contraction mondiale
du commerce.

Exemple de la crise asiatique :

La crise asiatique survenue en 1997 montre la possibilité


d’une rapide contagion des turbulences financières à travers des
interactions étroites entre les marchés immobiliers, les marchés
d’actions et de change. A partir de 1993 en Thaïlande, la
libéralisation financière a permis aux banques locales de
s’endetter massivement en dollars auprès d’opérateurs
étrangers. Ces capitaux alimentent alors une spéculation
immobilière effrénée. Les investisseurs étrangers sont attirés
par des rendements élevés et la stabilité de la monnaie locale de
Bath dont la parité avec le dollar est fixe. Mais en 1996, la bulle
immobilière éclate et révèle la fragilité de la structure
financière des banques dont de nombreuses créances
apparaissent douteuses.

Les capitaux étrangers fuient le pays (le volume des IDE


baissent de plus de 85%, ils atteignent 93 milliards de dollars
fin 1996 et seulement 12 milliards de dollars fin 1997). Les
cours boursiers s’effondrent de 40%. Sur le marché des
changes, le Bath apparaît alors nettement surévalué aux yeux
des spéculateurs qui l’attaquent.

Le 2 juillet 1997, la monnaie est dévaluée. La


dépréciation de la monnaie thaïlandaise pose, par la suite, un
problème de compétitivité prix à ses concurrents asiatiques
(Malaisie, Corée du Sud, Indonésie) qui, à leur tour, doivent
110
dévaluer ou laisser flotter leur monnaie et se trouvent
confrontés à la crise. En 1988, le PIB s’effondre dans ces pays
(- 10,4 % en Thaïlande, - 7% en Corée, -8% en Malaisie, - 15%
en Indonésie). Certains investisseurs, des Coréens en
particulier, sont contraints de liquider leurs avoirs à l’étranger,
notamment des bons du trésor russe. Ce facteur contribue à la
survenance de la crise russe en 1998 qui, par un effet de
« domino », provoque un mouvement de défiance sur les places
financières occidentales (New York, Londres, Paris, …).

Mais aussi, il existe la crise subprime qui s’applique aux prêts


comportant un risque très élevé de défaut de paiement. Il existe
plusieurs raisons qui amènent à classer un prêt dans les
« subprimes ». Les emprunteurs peuvent avoir une faible capacité de
remboursement et/ou un historique de mauvais payeurs. Le prêt lui-
même peut représenter une proportion du capital plus élevée que la
normale recommandée. L’activité économique elle-même semble
plus instable, à travers notamment les répercussions réelles de ces
crises en termes de croissance et les difficultés plus grandes de
mobiliser les politiques économiques, afin de soutenir l’activité.

Chapitre VI. LES SOCIETES MULTINATIONALES

6.1. Notion

Le processus de multinationalisation des sociétés et des


banques bouleverse les données du monde économique. Les
firmes multinationales (FMN) sont des entreprises,
généralement de grande taille, installées dans plusieurs pays.
C’est pourquoi, le nouveau paysage économique qui transcende
les anciens Etats-nations est l’espace multinational.
111
Les relations économiques qui se forment dans ce nouvel
espace permettent de parler de l’émergence d’une économie
mondiale. Plus complexe que l’économie internationale,
l’économie mondiale doit être imaginée avec une dimension de
plus que les deux dimensions qui définissent l’Etat-nation.

Toutefois, les Etats-nations ne disparaissent pas pour


autant : ils occupent une place privilégiée à un niveau de
structure d’organisation correspondant à l’ancien espace
national.
Michael Porter, Professeur en Stratégies d’entreprises à
l’Université de Harvard, distingue les firmes multinationales
« classiques » des firmes multinationales « globales » :
- la firme multinationale classique produit sur plusieurs
marchés nationaux des biens adaptés à chaque marché, et
chaque filiale entretient des relations verticales,
hiérarchiques, avec la maison mère, mais non avec les autres
filiales ;
- la firme globale quant à elle, développe un ensemble de
stratégies qui cherchent à unifier la gamme de produits à
l’échelle mondiale et à faire de chaque filiale une unité
spécialisée dans la fabrication d’un composant particulier du
produit fini.

Chacun des segments du processus de production est


alors localisé dans des espaces différents pour des raisons liées
aux coûts de production, à la taille du marché, à des risques ou
à l’existence de réglementation (37).

37
BRAQUET, L., op. cit., p. 107.
112
6.2. Définition de la société multinationale

Une firme multinationale est une firme possédant au


moins une filiale de production hors de son territoire national
ou encore une firme multinationale est une entreprise qui en
contrôle d’autres dans plusieurs pays. En d’autres termes, une
firme multinationale est une entreprise qui produit des effets
économiques dans plusieurs pays, c'est-à-dire que les
actionnaires ne viennent pas du même pays où elle implante ses
sièges dans deux ou plusieurs pays ou encore, nous pensons
qu’une firme multinationale est une entreprise le plus souvent
de grande taille qui, à partir d’une base nationale, a implanté à
l’étranger plusieurs filiales dans plusieurs pays, avec une
stratégie et une organisation conçue à l’échelle mondiale.
Autant dire qu’une firme multinationale est une entité légale de
droit privé, agissant dans plusieurs Etats, mais avec un seul
centre ou un centre principal de décision.
Enfin, une firme multinationale est destinée à contrôler ou à
exercer une influence significative sur la marche et la gestion
d’entreprises, appelées généralement « filiales » et implantées
dans un pays différent de celui de la maison mère. Par
convention, une relation d’IDE est établie dès lors qu’un
investisseur acquiert au moins 10% du capital social de
l’entreprise investie (38).

Cependant, il est utile de distinguer la maison-mère et une


filiale. La société-mère ou maison-mère est une société ou une
autre entité qui possède, directement ou indirectement, la
majorité des actions des autres sociétés constituant une
entreprise multinationale ou qui contrôle sous une autre forme,
38
BRAQUET, M., op. cit., p. 99.
113
directement ou indirectement, de telles sociétés. Une société-
mère peut ou ne pas être nécessairement une entreprise
exploitante qui se livre à la production ou à la distribution de
biens ou de services. La propriété d’une société-mère peut
appartenir à un petit groupe ou même à un individu. Toutefois,
en général, la propriété d’une société-mère est dispersée dans le
public et ses actions sont cotées en bourse.

Une filiale est une société qui appartient à une société


faisant partie du même groupe de sociétés ou qui est contrôlée
par une telle société. Une filiale est habituellement constituée,
conformément à la loi de l’Etat d’accueil.

Dans son livre, Qu’est-ce que la mondialisation ?,


Charles Albert Michelet, 2002, pense que la
multinationalisation d’une entreprise répond à cinq
déterminants principaux qui sont (39) :
1. la recherche d’un accès direct aux matières premières,
notamment durant la colonisation ;
2. le besoin de contourner certaines entraves à l’échange.
Il s’agit, par exemple, de produire sur le marché où le
produit sera consommé afin de ne pas être affecté par les
tarifs douaniers à l’importation ;
3. la recherche de débouchés extérieurs suite à
l’intensification de la concurrence sur le marché
intérieur ;
4. la perte d’un avantage technologique sur le marché
national peut contraindre les entreprises à le produire à

39
CHARLES-ALBERT MICHALET, Qu’est-ce que la mondialisation ?,
éd. La Découverte, Paris, 2002.
114
l’étranger, à moindre coût, afin de pouvoir continuer à le
produire de façon rentable ;
5. la recherche de coûts du travail ou de la main-d’œuvre
assez faible.

Pour sa part, Robert Mundel (40) dans son article, estime


que l’investissement des entreprises à l’étranger constitue une
réponse aux pratiques protectionnistes. En effet, la politique
protectionniste vise le plus souvent à protéger les entreprises
nationales non performantes de leurs concurrentes étrangères.
C’est pourquoi, suivant les lois de l’offre et de la demande,
l’entrave créée à l’importation, combinée à l’incapacité des
entreprises nationales à répondre à la demande, contribuent à
créer une situation de rareté encline à provoquer une hausse
importante des prix des produits concernés. Il devient alors
intéressant pour les entreprises étrangères de s’installer sur le
territoire afin de profiter de ses prix élevés.

M. Montoussé et D. Chamblay à leur tour, considèrent


qu’il y a trois motifs principaux pour l’implantation de la
multinationale qui sont (41) :
1. au XIXè siècle, les premières firmes multinationales
s’implantaient surtout près des sources des matières
premières afin de les exploiter. A partir des années
1960, des nationalisations décidées par les Etats des
pays détenteurs de matières premières ont fait atténuer
ce motif ; de plus, il y a peu d’avantages absolus à
extraire les produits quand il est possible de les acheter
(souvent à bas prix) ;
40
ROBERT MUNDEL, International Trade and Factor Mobilities, The
American Economic Review XLVII, n° 3, 1957.
41
MONTOUSSE, M. et CHAMBLAY, op. cit., p. 66.
115
2. à partir des années 60, mais surtout des années 70, de
nombreuses firmes multinationales se sont installées
dans des pays en développement afin de bénéficier de
bas coûts de main-d’œuvre. Ce type de délocalisation
perdure car, même si l’utilisation de procédés
automatiques dans les pays développés permet
d’embaucher moins de main-d’œuvre, le coût salarial
global y demeure beaucoup plus élevé ;
3. les firmes multinationales ont, de plus en plus, tendance
à se rapprocher de leurs marchés et à s’implanter là où
elles peuvent vendre ; ce phénomène n’est pas nouveau.

D’une manière générale, il n’y a pas de consensus


empirique sur ce qui détermine une entreprise à investir à
l’étranger. Sur ce, nous synthétisons les facteurs déterminants
de l’implantation de firme à l’étranger pour les raisons ci-
après :
1. une grande taille du marché est nécessaire pour une
utilisation efficiente des ressources et l’exploitation des
économies d’échelle, lorsque la taille du marché atteint
une certaine valeur critique, l’implantation doit
s’accroître :
2. les coûts salariaux du pays d’accueil, de même que la
fiscalité pesant sur les entreprises sont supposés avoir un
impact négatif sur l’implantation étrangère, puisqu’ils
augmentent le coût d’exercice de l’activité productive
dans le pays. Cependant, si on interprète le salaire et la
fiscalité comme respectivement des praxies de la
qualification de la main-d’œuvre et du montant des
infrastructures publiques du pays d’accueil, l’impact de
116
ces deux variables sur l’implantation dans le pays peut
être positif ;
3. les infrastructures au sens large (équipements en réseau
routier, en téléphone, en énergie électrique…parce
qu’elles facilitent la réalisation des opérations de
production et de distribution sont censées avoir un impact
positif sur la localisation de l’activité dans le pays ;
4. l’impact des tarifs douaniers et de toute autre variable de
même type (quotas à l’importation dépend du caractère
substituable ou complémentaire entre échange
international et investissement international.

Si échanges commerciaux et investissements directs à


l’étranger sont deux moyens alternatifs d’approvisionner un
marché (hypothèse de substitution), plus les tarifs douaniers
sont élevés, plus l’IDE doit être important, puisque c’est alors
un moyen coûteux d’approvisionner le marché relativement à
l’échange international traditionnel.

En conséquence, tout facteur relatif à la libéralisation des


échanges commerciaux (suppression des tarifs douaniers,
diminution des barrières non tarifaires, appartenance à un
accord régional de type UE, ALENA) doit diminuer
l’investissement à l’étranger.

5. l’existence d’une spécialisation sectorielle du pays


d’accueil est supposée exercer un impact positif sur
l’implantation de firmes étrangères dans le pays ;
6. enfin, d’autres facteurs qui sont supposés exercer un
impact positif sur les investissements directs à l’étranger
d’institutions politiques stables (nécessaire pour la
117
sécurisation des affaires) et la proximité culturelle et
linguistique (nécessaire pour faciliter la réalisation des
affaires.

Certains facteurs ont un impact négatif sur l’implantation


des entreprises à l’étranger parmi lesquels nous citons :

- l’exigence d’un minimum de contenu local des


productions (obligation d’employer des travailleurs
nationaux, des matières premières locales, etc.) et ;
- la distance géographique entre les pays investi et
investisseur ou la distance entre le pays investisseur et la
marché, puisqu’elle accroît le coût d’exercice, les frais de
transport des biens intermédiaires et finals, etc.

C’est pourquoi, il résulte un grand flou pour le décideur


public qui ne peut en déduire quel type de politiques ou quelles
combinaisons de politiques sont soutenables afin d’attirer ou de
maintenir l’implantation d’une entreprise sur son territoire. Par
exemple, faut-il ouvrir l’économie ou non ? Si oui, comment ?
Les questions d’écarts de salaires, de même que celles de
différentiels de fiscalité constituent des sujets politiques très
sensibles, sur lesquels les études empiriques n’ont pas fourni de
réponses tranchées.

Enfin, l’existence de paradis fiscaux dans l’économie


mondiale, c’est-à-dire de territoires sans fiscalité ou à fiscalité
très basse comparée aux niveaux d’imposition existant dans les
pays de l’OCDE, renforce la capacité des individus et des
firmes multinationales à profiter de l’hétérogénéité des
législations fiscales. Les plus grandes entreprises sont
118
généralement implantées dans plusieurs pays et peuvent jour
sur la multiplicité et la diversité des systèmes fiscaux nationaux
pour minimiser le montant des impôts et cotisations sociales
qu’elles versent aux différentes administrations : c’est ce que
l’on appelle l’optimisation fiscale.

6.3. Le cycle de vie des produits de multinationales

La stratégie mondiale des firmes multinationales est à


mettre en parallèle avec le cycle de vie des produits qu’elles
proposent. A ce titre, Raymond Vernon estime que :
1) dans un premier temps, le produit tout juste conçu doit
être testé : le marché national est alors le plus indiqué.
Ce dernier doit suffire à tirer profit d’une nouveauté du
fait de l’absence de concurrents. De plus, le prix élevé
de ce produit inédit correspond justement au niveau de
vie du marché national (on considère que les entreprises
innovantes sont celles des pays riches) ;
2) arrivant à un stade de maturité, l’entreprise sur le point
de perdre l’exclusivité sur le produit est incitée à le
vendre sur les marchés étrangers avant l’arrivée de ses
futurs concurrents. Le produit, s’il connaît un important
succès est produit en des quantités plus importantes, ce
qui provoque une baisse de son prix. Il devient donc
accessible aux consommateurs de pays moins aisés ;
3) lorsque le produit atteint un stade de standardisation et
se banalise, l’entreprise se doit d’en délocaliser la
production dans les pays à bas salaires pour le
réexporter par la suite dans les pays riches. Elle peut
éventuellement aussi en délocaliser la production dans
d’autres pays riches qui profiteraient d’avantages
119
technologiques, le tout étant de réduire le plus possible
les coûts de production dans un contexte de concurrence
sur les prix (42).

Cependant, cette théorie est valable pour justifier les


implantations industrielles par les sociétés multinationales dans
le domaine de manufacture, elle ne justifie pas, en
conséquence, la présence d’investissements à l’étranger dans le
domaine des matières premières que la société désire.

6.4. Les différentes stratégies d’internationalisation


des sociétés multinationales

La mondialisation modifie les conditions de la


concurrence et apporte de nouvelles contraintes et de nouvelles
opportunités.

Les causes de l’internationalisation peuvent être


géopolitiques ou stratégiques. Dans les causes géopolitiques,
les écarts de coûts salariaux, l’inégalité de répartition des
ressources productives entre les différentes nations entraînent
une division internationale du travail et une spécialisation. Les
règles de l’OMC et la création d’espaces internationaux ont
contribué à diminuer les barrières douanières aussi bien
tarifaires (droit de douane) que non tarifaires
(contingentement). Le développement des moyens de transport
42
RAYMOND VERNON, International Investment and International
Trade in the Product Cycle, 1966.
120
internationaux, maritimes ou aériens a rapproché les économies
nationales en réduisant de façon considérable les délais et
surtout les coûts. L’uniformisation de modes de vie et de
consommation va de pair avec l’accroissement des échanges.
Quant à la cause stratégique, la saturation de la demande dans
les pays développés et la sous-consommation d’autres pays
moins développés ont conduit les entreprises à rechercher dans
ces derniers les nouveaux débouchés. Dans ce cas,
l’internationalisation permet de dépasser les limites que
rencontre la croissance des entreprises dans un cadre national et
de bénéficier d’avantages de localisation liés aux coûts de
facteurs de production dans les pays d’accueil ou au fait de se
rapprocher de consommateurs potentiels.

Le développement des échanges internationaux aboutit à


la création d’un marché mondial d’où le terme
« mondialisation » ou « globalisation ».

Quant à la forme de l’internationalisation, nous en


énumérons deux formes qui sont : commerciale et productive.
L’internationalisation commerciale consiste à une entreprise de
commencer par rechercher à l’étranger de nouveaux
débouchés :
- soit en vendant des produits qu’elle continue à fabriquer
dans son pays d’origine à des partenaires commerciaux ;
- soit en ayant recours à la cession de licence à un
fabriquant local qui lui réserve une redevance.

Dans les deux cas, l’entreprise est dépendante de ses


partenaires : ceux-ci ont leurs propres intérêts et leurs propres
objectifs.

En ce qui concerne l’internationalisation productive, il


s’agit de produire dans les pays de destination :
121
- dans un premier temps, implantation d’une filiale (filiale-
relais) ;
- puis dans un second temps, cette filiale acquiert une
certaine autonomie et peut chercher ses propres modes de
production et construire son avantage concurrentiel
(filiale-atelier) ;
- enfin, les filiales se multiplient (filiales réseaux) et la
maison mère construit une stratégie de groupe et adapte
sa structure à cette évolution.

Les avantages et les limites que tirent les entreprises dans


l’internationalisation sont :

Avantages

- accès à de nouveaux débouchés ;


- prolongation du cycle de vie du produit ;
- accès à de nouvelles ressources ;
- diminution des coûts d’approvisionnement et de
production ;
- économie d’échelle et d’apprentissage.

Limites

- risques politique, économique et financiers ;


- coûts liés aux transports ;
- complexité organisationnelle et coût de coordination ;
- difficulté de gestion multiculturelle ;
- difficulté d’adaptation des produits et/ou services aux
différents marchés (43).

43
SOUTENAIN, J.F., Management, éd. Foucher, 59, rue Jean Bleuzeun
92170, Vanves, Paris, 2009, pp. 110-111.
122
La première stratégie d’internationalisation qui consiste
à vendre des produits nationaux à l’étranger représente le point
départ de toute entreprise qui cherche à sortir de son cadre
géographique.

Niveaux Actions menées Remarques


d’internationali-
sation
L’exportation L’entreprise utilise une Le volume de marchandises à
directe structure commerciale exporter doit être suffisamment
propre par le biais d’une important pour rendre viable
succursale ou une filiale cette démarche
L’exportation L’entreprise utilise un Soit un intermédiaire national
sous-traitée intermédiaire spécialisé qui assure le négoce et la
dans le commerce distribution comme les
international Konzerns allemands ou les
Sôgô-Shôsha japonaises.
Soit un agent local qui a
l’avantage d’être bien implanté
dans son pays.
Soit par portage ou piggy-back
par le biais d’une entreprise
déjà implantée à l’étranger (très
utile pour les PME).
Exportation Il s’agit d’une relation C’est le cas des clubs
concertée contractuelle qui donne d’exportateurs ou d’accords
naissance à un groupement entre entreprises permettant de
d’entreprises d’un même bénéficier d’un réseau
pays ou de pays différents. commercial, d’embaucher du
personnel.

La seconde étape de l’internalisation consiste dans les


investissements directs à l’étranger qui marquent la
mondialisation de l’économie :

Niveaux Actions menées Remarques


d’internationali-
sation
Investissements directs : Production et assemblage
123
implantation de filiales de des produits, destinés
production soit dans un premier temps
subordonnée à la société au marché local. Les
Filiales relais mère, soit coordonnée à investissements sont ici
cette société. Dans ce plus importants et la
dernier cas, la filiale peut stratégie
différencier ses produits de d’internationalisation
ceux de la société mère devient difficilement
pour répondre aux besoins réversible.
locaux.
Filiales ateliers Chaque filiale s’oriente il y a une division
vers une spécialisation internationale de la
internationale du travail production afin de
répondre dans les
meilleures conditions
aux marchés mondiaux et
non plus seulement
locaux.
Investissement Investissements directs : Il n’y a pas de production
commercial implantation d’un réseau sur place. L’implantation
de distribution, création ou vise à avoir une
acquisition de filiales de meilleure maîtrise
distribution sur place. commerciale du marché.
Firme Cette gestion mondiale C’est le niveau le plus
transnationale concerne également les avancé de l’intégration
(44) capitaux financiers qui mondiale, la gestion de la
sont collectés et FMN devient très
redistribués dans cette complexe car elle doit
optique mettre en place des
structures décentralisées
tout en maintenant la
cohésion de l’ensemble.
Pour cela, un système de
planification doit être
mis en place, qui
permettra de fixer des
objectifs à chacune des

44
Littéralement au travers des nations. La stratégie de la firme
transnationale n’intègre plus les intérêts d’un pays mais exclusivement
celui du groupe au niveau mondial.
124
filiales, le tout contrôlé
strictement par la société
mère.

Enfin, des stratégies d’implantation permettent de faire


l’économie d’investissements lourds tout en profitant de
structures locales notamment des savoir-faire précis ou des
équipements industriels et commerciaux. Elle est utile
lorsqu’une firme manque de capitaux ou lorsque les conditions
d’entrée dans un pays sont trop réglementées :

Niveaux Actions menées Remarques


d’internation
ali-sation
La C’est un contrat pour Il faut tenir compte de la
concession de fabriquer un bien ou législation locale. Il est
licence distribuer un produit ou souvent nécessaire de déposer
utiliser une marque des brevets ou des marques
commerciale pour se protéger.
Le vendeur de licence doit le
faire sur des zones pour
lesquelles aucune autre
opportunité n’est possible à
moyen terme. L’accord de
licence doit être suffisamment
strict et de durée limitée pour
permettre une sortie en cas de
crise et préserver ainsi l’image
de l’entreprise impartitrice.
La joint- La filiale commune a une Ce mode de gestion est
ventur personnalité juridique souvent imposé par les
e ou propre qui permet de législations locales tout en
filiale partager le capital et le permettant une meilleure
conjoi pouvoir de gestion avec implantation sur le terrain. Un
nte une entreprise locale. accord de licence ou
d’assistance peut compléter
cet accord.
La franchise Comme pour toutes les Cette franchise s’est
international franchises, il s’agit pour développée dans les services
125
e un franchiseur d’apporter comme Mac Donald’s,
sa marque, son enseigne, Holyday Inns, Hertz.
ses compétences, son Si la franchise est industrielle,
système de gestion à un on parle alors de « lifreding ».
franchisé qui fournit les
fonds et son engagement
dans la gestion.
Le contrat de Il permet de gérer tout ou Généralement, un investisseur
gestion partie des opérations local réalise un équipement
avec une autre firme. Il dont il donnera la gestion à
donne lieu à une une entreprise étrangère (cas
redevance ou une part fréquent dans l’hôtellerie). Ce
des bénéfices. type de contrat se substitue à
la franchise.

Source : CAVAGNOL, A. et ROULE, P., Management, éd. Gualino, Paris,


2014, pp. 154-156.

6.5. L’externalisation des sociétés multinationales


L’externalisation consiste à confier à des partenaires la
réalisation de certaines opérations pour en améliorer
l’efficience et/ou pour mieux se concentrer sur d’autres
opérations. Ou encore l’externalisation désigne la délégation de
la gestion d’une ou de plusieurs fonctions de l’entreprise à un
partenaire extérieur.

L’externalisation internationale désigne la délégation de


la gestion d’une ou de plusieurs fonctions de l’entreprise à un
prestataire qui se situe dans un autre pays. L’externalisation
internationale est une division internationale du travail
organisée principalement par les sociétés multinationales sous
la forme d’une sous-traitance internationale qui peut concerner
toutes les branches d’activité.

D’une manière générale, les fonctions externalisées les


plus fréquemment concernent une partie de la chaîne des
126
valeurs, entre autre, l’informatique, la logistique, la sécurité,
l’administration ou encore les services généraux.

Sociétés de sous-traitance

La sous-traitance est une opération par laquelle une


entreprise (le donneur d’ordre), confie à une autre (le preneur
d’ordre), l’exécution pour son compte de tâches qui ressortent
de son activité normale. Ou encore la sous-traitance est le fait
qu’une entreprise donnée confie partiellement sa production à
une autre dans le cadre d’un travail de sous-œuvre. Les produits
ainsi fabriqués par la seconde sont pour le compte de la
première et selon ses besoins et exigences. Cette dernière gère
mieux ses ressources et ses coûts de production et c’est selon
un contrat clairement établi entre les deux structures.

On distingue :
- la sous-traitance e spécialité qui concerne les opérations
particulières (nettoyage, surveillance, service juridique,
etc.) et
- la sous-traitance de la capacité dans laquelle les
opérations portent sur une partie de la fabrication du
produit complet (ou d’un sous-ensemble du produit).

La sous-traitance s’est considérablement développée dans


les années 1980. Les entreprises ayant tendance à étendre
l’externalisation de certaines tâches au niveau national et
international, en supprimant des services internes au profit de
sous-traitants considérés comme plus flexibles et plus rentables.

Quant et pourquoi recourir à la sous-traitance ?


127
Le recours à la sous-traitance est devenu une pratique
largement répandu dans les moyennes et grandes entreprises et
s’étend désormais à la quasi-totalité des secteurs d’activité.
Les entreprises donneuses d’ordre recourent à la sous-traitance
pour mobiliser une main d’œuvre contribuant à leur production,
sans qu’elles ne soient engagées vis-à-vis des salariés pour un
contrat de travail. Elles ne gèrent ainsi que des charges
variables et elles n’ont donc un matériel à entretenir ni
personnel à payer. L’entreprise qui sous-traite peut alors se
recentrer sur son cœur de métier et sur ses activités stratégiques
en confiant le reste de ses activités à la sous-traitance. C’est
aussi une solution pour faire face aux périodes de pic d’activité.

Dans le cas de la sous-traitance de spécialité, cela


permet au donneur d’ordre d’accéder à des procédés et
technologies qu’il lui serait normalement difficile de se
procurer sans en assumer les charges matérielles et logistiques.
Dans le domaine des services, l’externalisation permet de faire
réaliser des tâches ne faisant pas partie du métier de l’entreprise
à proprement parlé.

Il arrive également que la sous-traitance soit une


manière de contourner certaines rigidités du code de travail et
faire pression sur les prestataires n’ayant pas la situation stable
de salarié de l’entreprise.

Avantages de la sous-traitance pour le sous-traitant

Le sous-traitant, lorsque les choses sont faites de façon


légale et règle, et gagnant à plusieurs niveaux :
- il s’assure d’un niveau satisfaisant de commandes tout
en concluant des contrats à plus ou moins long terme et
incluant certaines garanties fixes. Les rapports entre
commanditaires et sous-traitant évoluent d’ailleurs
128
souvent en de vrais partenariats reposant sur une solide
relations de confiance mutuelle ;
- il s’épargne la promotion de la marque les frais de
publicité et les services de commerciaux chevronnés ;
- il peut réduire les frais inhérents aux services de
conception selon les accords conclus avec le
commanditaire. Le sous-traitant, en ne se diversifiant
pas ses services, peut ainsi se permettre de limiter ses
frais généraux ;
- en s’associant à de grandes entreprises, le sous-traitant
endosse sa croissance à la leur ;
- il permet une meilleure utilisation de la division du
travail et donc de la spécialisation. L’entreprise pourra
également se concentrer sur ses activités de recherche et
développement et d’innovation en déléguant la
fabrication de ses produits à ses sous-traitants ;
- une plus grande maîtrise de la qualité, de coûts et de
détails de fabrication ;
- une meilleure réactivité de l’entreprise face à
l’augmentation de la demande du marché ;
- une réduction de risque de défaillance technique.

En somme, lorsque le cadre légal est respecté, la sous-


traitance est une collaboration qui réussit aux deux parties
impliquées, à condition d’en connaître tous les aspects pour
éviter toute mauvaise surprise.

Inconvénients de la sous-traitance

Sous-traiter implique également un certain nombre


d’inconvénients plus ou moins lourds qu’il faut connaître pour
pouvoir les contourner :
- en sous-traitant régulièrement, l’entreprise rend
partiellement, voir totalement dépendante de l’entreprise
129
sous-traitante ;
- en outre, il peut y avoir de surprise sur la qualité des
produits/prestation livrés par l’entreprise sous-traitante,
d’où il faut mettre en place un contrôle de la qualité et
une communication performante pour contrer cela ;
- il y a risque de manque de coordination et potentielle
absence de partage de savoir-faire entre les partenaires ;
- le sous-traitant n’est pas forcément motivé pour améliorer
la qualité des produits ;
- l’entreprise assure seule les conséquences vis-à-vis de ses
clients en cas de défaillance du sous-traitant, la
meilleure solution est donc de mettre en place une
véritable collaboration horizontale entre les différentes
entreprises ;
- le processus collaboratif d’innovation partagée entre les
différents acteurs les implique tous dans un projet et le
fait tous gagner en compétence et en compétitivité.
D’où il faut évacuer l’idée d’une relation verticale entre
sous-traitant et donneur d’ordre pour optimiser la
relation et créer un véritable partenariat.

6.6. Du point de vue des implantations des sociétés


multinationales, objectif et transfert de
technologie

6.6.1. Du point de vue implantation

D’une manière générale, la plupart des multinationales


sont originaires des pays développés. Le constant est que les
pays d’accueil sont d’abord aussi les pays industrialisés.
L’investissement étranger des pays industrialisés s’effectue aux
trois quarts dans les pays industrialisés. Le quart restant se
partage entre le tiers-monde (nouveau pays industrialisés),
130
surtout et les pays socialistes. Les implantations se répartissent
entre l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie du Sud-est, avec
trois foyers supplémentaires, au Brésil, en Australie et en
Afrique du Sud (45).
A titre exemplatif : Hilton (Etats-Unis), Bombardier (Canada),
Schlumberger (France), Virgin (Royaume-Uni), Santander
(Espagne), Fiat (Italie), Nestlé (Suisse), Ikea (Suède), Siemens
(Allemagne), Red Bull (Autriche) et Honda (Japon).

Les trois premières multinationales pour différents


secteurs par niveau de capitalisation boursière au 31 mars 2006.

N° Informatique Banque Finance Média Pharmacie Téléphonie


1 Microsoft Citigroup Merril Time Pfizer Vodafone
Lunch Warner
2 IBM Bank of Goldman Comcast Johnson et Chine
America Sachs Johnson Mobile
Hong Kong
3 Google HSBC Morgan News Glaxon Sprint
Stanley Corporation Smith Nextel
Kline

Source : Alternatives Economiques, hors-session, n°70, 4ème trimestre 2006.

N.B. La capitalisation boursière d’une société cotée en bourse


est le produit du nombre de ses actions par le cours de

45
Mémo Larousse, Encyclopédie générale visuelle et
thématique, Larousse, Paris, SA, pp. 600-601.
131
celles-ci. Elle indique donc la valeur d’une entreprise
cotée en bourse à une date donnée.

Cependant, depuis le début du XXè siècle, les


multinationales des pays émergent gagnent des places dans la
hiérarchie mondiale. Ces nouveaux « géants » des pays
émergents sont originaires de Corée du Sud, comme les
groupes industriels Doewoo et Samsung du Brésil, Petrobras
ou Mendes Junior de Taiwan, la firme Tatung de HongKong, la
Jongkong and Shanghai Bank de Singapour ou Inde, où existent
des grands conglomérats. Leur stratégie d’implantation, le plus
souvent, n’est pas d’emblée mondiale. La plupart s’implantent
d’abord dans leur région d’origine : l’Asie et le Moyen-Orient
pour les firmes indiennes, l’extrême-Orient pour les firmes de
Singapour. Seules les firmes coréennes se risquent en Europe et
aux Etats-Unis. Les atouts dont disposent les géants de pays
émergents sont la main-d’œuvre peu coûteuse, un financement
étatique important, souvent sous forme de commandes
publiques et un marché intérieur protégé.

6.6.2. Les objectifs des sociétés multinationales

La multinationalisation avait pour objectif le contrôle et


l’exploitation des matières premières. Elle a ainsi été, et reste
encore, un moyen pour les entreprises de réduire les coûts de
production. A ce jour, les sociétés multinationales cherchent à
s’implanter là où le coût du travail est faible, elles peuvent
aussi s’installer dans des paradis fiscaux qui leur permettent de
diminuer les coûts financiers. En tout état de cause, les sociétés
multinationales apparaissent comme une nécessité dès lors que
les innovations deviennent rapidement obsolètes ; il faut en
132
effet conquérir très vite un immense marché pour bénéficier
d’économies d’échelle et rentabiliser au minimum de temps les
investissements réalisés. C’est pourquoi, la majorité des
investissements directs étrangers est réalisée dans les pays
développés du fait que les sociétés multinationales cherchent à
pénétrer les marchés solvables et à y occuper toutes les niches.

Autant admettre que, les entreprises qui se


multinationalisent, maximisent leur profit en répartissant leurs
activités au niveau international en fonction des différences
socio-économiques des pays dans lesquels elles s’implantent.
Actuellement, on assiste donc à la constitution de réseaux
transnationaux intégrés au sein d’une entreprise unique et dont
la gestion est facilitée par les progrès des technologies de
l’information, permettant l’interconnexion de tous les sites de
production et la gestion en temps réel des opérations.

Dans le cadre de transfert des bénéfices, les grandes


firmes multinationales vont à l’étranger pour conquérir le
marché et répondre à la logique interne du système dont elles
sont l’émanation c'est-à-dire la recherche de profit maximum.
Cependant, une part importante de bénéfices ainsi réalisée est
transférée dans les pays d’origine ou dans les paradis fiscaux
par le paiement des royalties sur les brevets, la fraude fiscale et
les zones bancaires offshore.

Le paiement des royalties sur les brevets est effectué


avant l’impôt sur les bénéfices de la filiale. Il est comptabilisé
comme charge. Il y a là un aspect important dans le cadre des
133
politiques de rapatriement et de transfert des capitaux de la
filiale vers la maison mère (46).

Dans l’ensemble, un portefeuille de brevets devient un


élément indispensable et efficace de la mise au point d’une
stratégie de rapatriements de fonds. C’est surtout à travers les
écritures comptables des sociétés multinationales qu’elles
posent des actes illicites de la fraude et de l’évasion fiscale (47).

La fraude et l’évasion fiscales se résument à quatre :


1) la fraude sur les achats (achats fictifs et/ou achat omis
partiellement ou en totalité avec une diminution
corrélative des ventes ;
2) la fraude sur les dépenses (utilisation d’employés
fictifs et rémunération des fonctions fictives, frais
généraux injustifiés) ;
3) la fraude sur la recette (vente sans facture, fraude sur
les achats) ;
4) la fraude sur le bilan (manipulation de l’inventaire), le
gonflement des postes créanciers divers et fournisseurs
divers qui diminue d’autant le bénéfice d’exploitation,
le gonflement des réserves légales statutaires et
d’amortissement, le gonflement des créances douteuses,
la sous-évaluation du stock en majorant le nombre de
produits défectueux.

Les zones bancaires offshore viennent compléter


l’appareil bancaire international. Elles s’entendent comme une
place bancaire qui regroupe des étrangères dont l’activité est
46
GENDARME, R., Des sorcières dans l’économie : les multinationales,
éd. Cujas, Paris, 1981, p. 277.
47
Idem, pp. 312-313.
134
limitée aux relations avec les non-résidents qu’il s’agisse de
dépôts ou de prêts. Spécialisées dans le montage d’opérations
financières internationales, ces zones constituent de véritables
enclaves. Non seulement les impôts sont réduits, sinon
inexistants et les autres prélèvements allégés, mais encore la
restriction pesant ordinairement sur ce type d’opération
effectuée est atténuée ou supprimée.

Les zones bancaires offshore sont à l’activité financière ce


que sont les zones franches de transformation et d’exportation à
la production. En se superposant souvent aux zones franches et
aux paradis fiscaux, les zones bancaires offshore augmentent
encore les possibilités de manœuvres des sociétés
multinationales. Ceci étant, leur prolifération et l’amélioration
des moyens de communication permettent des interconnexions
plus rapides facilitant dans des proportions généralement
insoupçonnées, l’insaisissabilité des flux des capitaux. Les
banques sont donc des canaux par excellence où passent le
transfert et l’évasion fiscale (48).

Autant dire aussi que ce transfert a un impact négatif sur


les économies des pays en voie de développement. Il en résulte
l’extorsion du surplus économique que devrait normalement
servir au réinvestissement dans ces pays. Cela revient à la sortie
massive des moyens de paiement extérieur, alors que les pays
pauvres engagés dans lutte contre le sous-développement ont
besoin de devises pour l’achat des équipements et les produits
de première nécessité utiles pour la survie de leurs populations.
La carence de devises qui caractérisent leurs économies, les
oblige à recourir aux dettes extérieures assorties des conditions

48
GENDARME, R., op. cit., pp. 312-313.
135
assez sévères des pays qui les accordent, condamnant les pays
pauvres dans la stagnation, la dépendance absolue, le
paupérisme et la misère.

6.6.3. Le transfert de technologie des multinationales

Le transfert de technologie est un mécanisme par lequel


une société ou une entreprise acquiert de nouvelles
technologies. Les transferts des technologies peuvent prendre
diverses formes juridiques. Les entreprises locales peuvent soit
acquérir des biens d’équipements nécessaires à leur
fonctionnement, soit opter pour des contrats de licence de
brevet et autres droits de propriété industrielle, des accords de
communications de « know how » ou savoir-faire, des contrats
d’assistance technique et de formation professionnelle ou des
contrats de réalisation d’ensembles industriels (contrats « clé en
main », partiels ou complets).

Le transfert peut également être réalisé à l’initiative de


l’entreprise étrangère détentrice de la technologie à travers un
investissement direct.

Quelles que soient les modalités des transferts, leur


contribution à la croissance locale n’a très souvent pas été à la
mesure des espérances, compte tenu de l’incapacité des pays
d’accueil à tirer partie des technologies transférées, inadaptées
à leurs besoins.

La part des transferts des technologies prenant la forme


d’investissements directs a augmenté de façon significative
depuis le début des années 1990, mais ces investissements se
136
sont concentrés sur un petit nombre de pays (Chine, Hong-
Kong, Singapour, etc.). Dans les pays les moins avancés, les
investissements directs ont privilégié les secteurs des matières
premières plutôt que le développement des activités
industrielles.

* Droits de propriété intellectuelle et transferts des


technologies

- Droits de propriété

Les droits de propriété offrent à leur bénéficiaire sur une


marchandise, une société, un terrain ou même une création
intellectuelle. Le propriétaire, qu’il soit un particulier ou un
gouvernement, acquiert le droit d’utiliser le bien, d’en tirer des
profits, de le vendre ou de le transmettre. Les droits de
propriété très détaillés occupent une part prépondérante dans le
système économique capitaliste. En d’autres termes, les droits
de propriété privée sont ceux qu’a tout un chacun d’utiliser et
d’échanger des biens expressément désignés. Cependant, si la
propriété privée est essentielle au fonctionnement du système
capitaliste, tout ne peut être possédé par des particuliers.

Certains biens et services publics, telles que les


infrastructures et la défense nationale doivent appartenir à
l’Etat parce que les sociétés privées seraient incapables d’en
tirer profit. Et par infrastructures il faut entendre des structures
de base permettant et facilitant le fonctionnement des sociétés
modernes. Ce sont les routes, chemins de fer, moyens
d’approvisionnement en eau et en énergie, égouts, écoles et
hôpitaux. Non seulement elles rendent la vie humaine plus
137
confortable, mais également elles permettent aux affaires
d’opérer efficacement, en fournissant les moyens de transport
des hommes, des biens et des matériaux.
- Transferts de technologies

La principale raison invoquée par les pays développés


pour expliquer la réticence des entreprises à consentir des
transferts des technologies vers les pays en développement était
la faible protection des droits de propriété intellectuelle dans
ces pays.

En 1994, l’accord sur les aspects des droits de propriété


intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) est né
comme un des résultats de l’Uruguay Round, qui donnait, par
ailleurs, naissance à l’Organisation mondiale du commerce
(OMC).
Pour faire partie du système multilatéral du commerce, un
pays doit accepter cet accord parmi d’autres. Cependant, le coût
d’accès aux technologies qui résulte de cet accord, ainsi que les
pratiques anti-concurentielles qu’il autorise, sont dénoncées par
beaucoup de pays en développement qui estiment qu’il leur est
difficile d’acquérir les technologies appropriées à leur
développement.

* Des transferts sous surveillance

Ces transferts, quand ils concernent des technologies


jugées « de pointe » ou « sensibles », font depuis longtemps
l’objet d’une attention constante de la part des autorités
politiques des pays exportateurs qui souhaitent contrôler leur
diffusion. Ici, on se souvient des restrictions à l’exportation de
138
technologies sensibles des pays de l’OTAN vers les pays du
Pacte de Varsovie ; ces restrictions ont été abolies en 1994,
après la fin de la guerre froide, et remplacées depuis par les
Accords de Wassenaar sur la responsabilité et la transparence
dans les exportations d’armes et de technologies durables (à
usage civil et militaire).

Les Etats-Unis ont la possibilité, compte tenu de leur


supériorité technologique incontestée dans beaucoup de
domaines technologiques, d’user de cette arme dans leurs
relations bilatérales : ainsi, début 2005, des sénateurs
américains ont-ils menacé de bloquer certains transferts de
technologies sensibles vers l’Union européenne si cette dernière
mettait fin à son embargo sur les ventes d’armes à la Chine (49).

6.7. Les sociétés multinationales des pays socialistes

Les sociétés multinationales étant définies comme des


sociétés possédant au moins une implantation hors de son
territoire d’origine, appliquées aux sociétés et aux banques des
pays socialistes, donnent un résultat positif. Mais, les pays
socialistes intéressés refusent cette appellation : les firmes et les
banques socialistes ne seraient pas comparables aux
multinationales de l’Ouest, car elles ne visent pas la recherche
du profit, au moins comme motivation principale.

6.8. Les banques multinationales

Une banque multinationale est une banque qui détient au


moins un bureau de représentation, une succursale ou une

49
CYNTIA GHORRA-GOBIN, op. cit, p. 604.
139
filiale hors de son pays d’origine. Le bureau de représentation
est la forme la plus élémentaire de la multinationalisation d’une
banque. Il joue un rôle d’information auprès des clients de la
banque et auprès de la maison-mère, mais il n’est pas habilité à
effectuer directement des opérations bancaires.

La succursale, par contre, peut effectuer toutes les


opérations bancaires, mais elle ne dispose pas de la personnalité
juridique (ce que les pays d’accueil acceptent assez mal) elle
est une simple enclave de la société mère. La filiale, enfin,
dispose de la personnalité juridique et est soumise à la
juridiction du pays d’accueil. Les banques multinationales qui
étaient de l’ordre de quelques dizaines avant le tournant des
années 1970, se sont élevées à quelques centaines dans les
années 70 et ont atteint, dans les années 80, environ un millier.

L’accélération du phénomène tient au fait que les banques


suivent leurs clients, qui sont les sociétés multinationales.
Ainsi, la première fonction d’une banque étant de drainer des
dépôts, la collecte mondiale de l’épargne conduit les banques
multinationales à s’implanter là où il y a des déposants. C’est
ainsi qu’on les trouve dans les pays industrialisés, dans les
nouveaux pays industrialisés (émergents), en partie dans les
pays socialistes et dans les pays exportateurs de pétrole.

La deuxième catégorie d’activité, après la collecte des


dépôts, consiste à créer de la monnaie, à accorder des crédits
aux firmes multinationales. Sur ce, leur position de
multinationales, ces banques collectent des avoirs en plusieurs
monnaies et prêtent à leur tour, en plusieurs monnaies. Se
développe par conséquent, une circulation de monnaies
140
nationales hors de leur territoire d’origine. On les appelle
« euro-dollars » lorsqu’il s’agit de dollars circulant en Europe,
« pétro-dollars » lorsqu’il s’agissait de dollars détenus par les
pays exportateurs de pétrole, « euro-yens », etc. C’est ainsi
qu’est né le système monétaire international privé (50).

6.9. Les rapports entre les sociétés multinationales et


les Etats

D’une manière générale, il se dégage deux types de


réactions : les réactions des gouvernements d’origine des
sociétés multinationales à l’égard des entreprises de leur pays et
des pays d’accueil envers les sociétés multinationales. Ces
réactions concernent les attitudes de politiques nationales.

6.9.1. Dans le pays investisseur

Les pouvoirs publics des pays investisseurs sont


confrontés au dilemme suivant : comment éviter les
délocalisations destructrices d’emplois sans entraver le
nécessaire développement à l’international des groupes
locaux ? Les sociétés multinationales relèvent d’une démarche
privée mais peuvent faire l’objet d’un accompagnement public.
Les pouvoirs publics des grands pays investisseurs ont pris
conscience du rôle déterminant de sociétés multinationales dans
une stratégie de conquête de parts de marché. Ceci étant, cette
conquête est apparue comme le principal moteur du
développement international des entreprises.

50
Mémo Larousse, encyclopédie, op. cit., p. 603.
141
Le pouvoir public du pays investisseur peut fournir
l’information à la société multinationale en phase de
prospection sur toutes les facettes du risque-pays
investissement (cadre économique, financier, juridique, fiscal,
social et réglementaire dans le pays).
- les filtrages et autorisations administratives obligatoires ;
- les restrictions imposées à la gestion, à l’exploitation et
aux mouvements de personnel (entre les pays);
- les autres restrictions aux opérations des filiales de
groupes étrangers.

Autant dire que les gouvernements des pays investisseurs


ou d’origine rendent divers services aux entreprises qui désirent
investir à l’étranger, notamment :
- ils assistent ces entreprises en leur fournissant
l’information et en leur facilitant les contacts qu’il faut,
aussi bien par des services spécialisés dans le pays
d’origine que par la collaboration du personnel
diplomatique se trouvant dans les pays d’accueil
considérés ;
- ils provoquent une incitation aux entreprises nationales à
investir l’étranger ou à accorder des licences de
fabrication, encouragement à prêter à l’étranger pour les
banques, programmes visant à assurer les investisseurs
contre les risques de non convertibilité, d’expropriation
ou de guerre, etc. Parfois, le gouvernement peut financer
partiellement ou totalement certains investissements et la
recherche d’un climat favorable à l’investissement par les
142
signatures des traités avec les pays d’accueil
possibles(51) ;
- ils peuvent aussi s’impliquer dans le règlement des
disputes, soit par la voie diplomatique, soit par d’autres
moyens faisant usage de la force.

Ce souci de protéger des intérêts privés à l’étranger peut


aller jusqu’à exiger une action gouvernementale. A titre
exemplatif, en 1962, le congrès américain avait voté un
amendement à la loi régissant l’aide américaine qui exige que
le Président suspende l’aide à tout pays qui nationalise des
actifs américains sans compensation adéquate. Autant dire que
l’assistance, la promotion et la protection des investisseurs à
l’étranger sont des services que les gouvernements des pays
d’origine rendent aux entreprises multinationales.

Les bénéfices que les pays d’origine d’une société


multinationale tirent de l’extension internationale sont de
plusieurs ordres, notamment :
- l’investissement direct ne se substituant pas
nécessairement aux exportations, permet aussi d’accroître
l’exportation des pièces qui entrent dans le processus de
fabrication des produits à l’étranger. Ce phénomène se
réalise par l’établissement de marchés intra-firmes qui
sont en fait les marchés captifs ;
- l’IDE des entreprises multinationales à l’étranger peut
être, pour le pays d’origine, le moyen d’acquisition des
importations à plus bas prix à cause de
l’internationalisation. C’est aussi un moyen d’avoir

51
B., BONIN, L’entreprise multinationale et l’Etat, Montréal, éd. Vivants,
1984, pp. 140-141.
143
accédé à des ressources étrangères comme : matières
premières, capitaux, techniques voire des ressources
humaines de meilleure qualité.

Dans le cadre politique, la présence des sociétés


multinationales dans les économies étrangères permet au pays
d’origine d’y établir des positions qui peuvent se révéler
bénéfiques à long terme : alliances entre pays d’origine et pays
d’accueil, signatures d’accords ou traités, échanges de
traitement préférentiel….

Cependant, si la relation entre pays d’origine et pays


d’accueil est harmonieuse, à ce moment, il y a existence d’un
bénéfice politique pour le pays d’origine de la société
multinationale. Dans le cas contraire, la relation est
conflictuelle, il s’agit là plutôt de coûts politiques résultant de
la présence à l’étranger d’une filiale d’une société nationale.

En résumé, nous pouvons dire que la délocalisation des


entreprises à des conséquences négatives et positives pour le
pays d’origine.
- Parmi les conséquences négatives de la délocalisation des
entreprises dans le pays d’origine nous citerons : la
suppression d’emploi et donc le chômage pour les
salariés le moins qualifiés, baissent de salaires face au
chantage à la délocalisation, ou gel des salaires. La
désindustrialisation de pays d’origine dans certain secteur
d’emploi.
- Parmi les conséquences positives de délocalisation des
entreprises à l’étranger nous citerons : l’augmentation des
recettes fiscales apportées par les profits élevés des firmes
144
multinationales qui ont délocalisé leurs productions en
évitant la barrière douanière en l’entrée.

Cependant, les principales limites pour les entreprises qui


délocalisent sont : le problème de langues dans le pays
d’accueil, divergences culturelles ; fuite des compétences,
l’éloignement qui induit un risque de perte d’information
émanant des clients, la volonté de garder le corps de métier et
de centre des décisions stratégiques prêt des sièges sociaux,
confiance dans la stabilité des économies et dans le
gouvernance de pays.

6.9.2. Dans les pays d’accueil

Plusieurs mesures de la politique économique peuvent


être recommandées aux pays d’accueil afin de maximiser le
volume des sociétés multinationales parmi lesquelles nous
citerons :
1. établissement et maintien des systèmes légaux et
réglementaires de protection des droits de propriété, créer
des règles de fonctionnement des marchés transparents et
justes et minimiser les charges et autres conséquences
négatives de la réglementation ;
2. mettre en œuvre des politiques macro-économiques qui
encouragent la croissance économique et réduisent
l’inflation ;
3. investir dans les infrastructures de transport et de
communication, afin de diminuer les coûts de
coordination et de gestion des transactions commerciales
internationales ;
145
4. investir dans le système éducatif et les programmes de
formation permanente afin d’améliorer la qualité de la
main-d’œuvre disponible ;
5. mettre en place un système d’incitations fiscales au
bénéfice des investisseurs étrangers (au Congo, nous
avons le code des douanes, le code minier, le code des
investissements, le code agricole et le code sur les
ASBL). Il s’agit de voir comment réduire le taux
d’imposition sur les bénéfices des sociétés ou de toute
autre mesure permettant de procurer un avantage fiscal à
l’investisseur.

Il est aussi recommandé au pays d’accueil de créer les


conditions pour que les sociétés multinationales soient
profitables à l’ensemble de la population, en favorisant la
diffusion du progrès économique qui peut être engendré par les
sociétés multinationales. Sur ce, pour bénéficier les avantages
liés aux sociétés multinationales à l’ensemble de la population,
les autorités du pouvoir public du pays d’accueil doivent avoir
pour objectif d’améliorer la capacité d’absorption des progrès
technologiques par les entreprises locales en optant pour les
trois mesures de la politique économique qui sont :
1. élever le niveau d’éducation et d’expertise technique de
la population et encourager les activités locales de
recherche et de développement ;
2. accroître le degré de concurrence afin d’inciter les
entreprises locales à mettre en œuvre les innovations
technologiques introduites par les filiales de groupes
étrangers ;
146
3. inciter, voire obliger les filiales des groupes étrangers à
partager avec les entreprises locales leurs techniques de
production ou de gestion.

Dans leur livre 100 fiches pour comprendre les sciences


économiques, M. Montoussé et D. Chamblay considèrent que
les avantages des multinationales dans les pays d’accueil sont :
1) la baisse des coûts de production en coûts de la main-
d’œuvre, lorsqu’elles produisent dans des pays où la
main-d’œuvre est bon marché ; coûts de transport,
lorsqu’elles sont implantées près des sources de
matières premières ou près de leurs marchés ; coûts
fiscaux, car de nombreux Etats leur accordent des
avantages fiscaux afin de les inciter à implanter des
filiales sur leur territoire ;
2) la suppression des barrières protectionnistes et
nationalistes : l’implantation d’unités de production
près de leurs débouchés permet aux sociétés
multinationales de ne plus craindre les barrières
protectionnistes mais aussi d’adoucir les éventuelles
réactions de préférence nationale des consommateurs ;
3) la diversité des risques économiques et politiques :
l’implantation dans plusieurs pays différents permet
de diversifier les risques économiques, mais surtout,
les risques politiques, comme une révolution ou un
coup d’Etat pouvant mener à une nationalisation (52).

Cependant, quel que soit le pays d’accueil des pays


industrialisés ou au contraire de pays en voie de
développement, les IDE ont pour conséquences positives parmi

52
MONTOUSSE, M. et CHAMBLAY, D., op. cit., p. 46.
147
lesquelles nous citerons : la création d’emploi, le transfert des
compétences et de technologies, l’amélioration de sa
productivité. Ils créent aussi le développement économique par
des effets d’entrainement, l’implantation d’une multinationale à
des nombreux effets indirects comme la création d’entreprise
en amont ou en aval, la constitution d’un tissu industriel,
l’augmentation des exportations. Pour toutes ses raisons, la plus
part des états cherchent à attirer les IDE dans le cadre de leurs
politiques d’aménagement du territoire. Pour cela, ils offrent
des aides diverses comme les exonérations fiscales, font
connaitre leurs atouts, mettent en place des réseaux
d’information, de promotion, de prospection et d’accueil des
entreprises étrangères. Ils informent aussi sur la taille de leur
marché, l’accès au marché, la qualité des ressources humaines,
la qualité de structure des infrastructures ainsi que la densité
etc.

6.10. Les conséquences des sociétés multinationales


sur les Etats

6.10.1. Les menaces des multinationales sur les Etats

Les sociétés multinationales peuvent être considérées


comme des menaces pour les Etats. Il est remarqué que les
multinationales créent leur propre espace économique,
indépendamment des Etats et leur flexibilité leur permet
d’exploiter les disparités de législations sociales ou
environnementales, de mettre ces derniers en concurrence.

La souveraineté des Etats est alors soumise aux stratégies


globales de plus grandes multinationales. A titre d’exemple,
l’aménagement d’un port dépend désormais, au XXIè siècle,
148
moins des plans décidés par le gouvernement que ceux des
chargeurs, armateurs ou opérateurs des multinationales. Ces
sociétés peuvent alors exploiter massivement les ressources
naturelles d’un pays ou relocaliser leurs activités les plus
polluantes vers les Etats les moins regardants. En cas de
fraudes, il est difficile de les réprimer, car leurs activités
illicites sont souvent installées entre deux ordres juridiques peu
capables de les sanctionner.

Le droit international sur le commerce n’ayant pas,


quant à lui, la possibilité (ou même la volonté) de les atteindre
et les ordres juridiques internes étant limités par des frontières
internationales imperméables aux enquêtes et aux poursuites.
En plus d’influencer les Etats par un lobbying dont aucun autre
acteur n’a les moyens, elles peuvent avoir recours à la
corruption. Cela peut aller de corruption d’agents publics en
vue de l’obtention d’un marché, à la capture d’Etat. Dans cette
dernière, la corruption a lieu le plus en amont possible de la
décision, au niveau de la législation.

Mohammed Bedjaoni pense que les multinationales ont


un pouvoir qui contrôle le gouvernement (république de
bananes ou même jusqu’à renverser un régime qui leur est
défavorable (53).

Pour sa part, B. Badie estime que les multinationales


privent les Etats des moyens d’intervenir dans leur évolution
économique, dans le niveau de l’emploi, le niveau de vie ou la
protection de l’emploi, le niveau de vie ou la protection sociale

53
BEDJAONI, M., Puissance faustienne des firmes multinationales, pour
un nouvel ordre économique international, Unesco, Paris, 1979.
149
de leur population (54). Toutefois, l’organisation et l’importance
de ces sociétés créent une « interdépendance globale » ce qui
entraîne forcément une perte d’autonomie des Etats.

D’une manière générale, il existe des tensions globales


entre les sociétés multinationales et les pays d’accueil. Ces
tensions concernent aussi bien les pays industrialisés que les
pays en voie de développement. Ces pays reprochent aux
multinationales d’exploiter la main-d’œuvre ou les ressources
naturelles des pays d’accueil, d’être au centre de conflits entre
les politiques nationales et les intérêts nationaux des pays
étrangers, de trop centraliser la prise de décisions au siège
social de l’entreprise, de concentrer leurs plus importants
efforts de recherche et développement dans le pays d’origine
des sociétés mères, de n’être pas suffisamment sensibles aux
lois et coutumes des pays d’accueil, d’adopter des
comportements qui déséquilibrent les économies des pays
d’accueil.

A ce sujet, Bonin, B. estime que la liste des griefs est


longue dont nous en retenons quatorze pour confirmer
l’hypothèse énoncée ci-dessus (55) :
1) ces entreprises réduisent l’activité d’exportation de leurs
filiales, font une allocation des marchés d’exportation
entre les filiales et ne permettent pas aux filiales de
l’industrie manufacturière de développer véritablement
des marchés d’exportation ;

54
BADIE, B., Qu’est-ce que la mondialisation ?, La Découverte, Paris,
2002.
55
B., BONIN, op. cit., p. 183.
150
2) elles sont en mesure d’extraire des profits et des
honoraires excessifs, étant donné qu’elles détiennent un
avantage monopolistique ;
3) plutôt que de créer des nouvelles installations de
production, elles entrent dans un pays d’accueil en
achetant des entreprises existantes ou en s’emparant de
leur contrôle ;
4) elles financent leur entrée dans le pays d’accueil surtout
au moyen de capital, de dette empruntée dans ce pays et
la société mère conserve la majorité, voire la totalité du
capital actions ;
5) elles détournent les épargnes accumulées dans le pays
d’accueil de l’investissement productif qui pourrait être
fait par les ressortissants nationaux. Elles s’accaparent,
par exemple, les services de meilleurs talents ;
6) elles limitent l’accès du pays d’accueil à la technologie
moderne en centralisant les efforts de recherche et
développement dans les pays d’origine de l’entreprise et
en accordant des licences aux filiales et producteurs
indépendants que pour l’utilisation de technologies
existantes et parfois désuètes ;
7) elles diminuent le processus de l’apprentissage par les
nationaux en confiant les principaux postes, aussi bien
dans le domaine de la gestion que dans celui de la
technique, à des personnes qui viennent de l’extérieur
du pays d’accueil ;
8) elles ne s’adonnent pas suffisamment à la formation et
au perfectionnement des travailleurs du pays d’accueil ;
9) elles se comportent de façon répréhensible en ce qui
concerne le respect des coutumes sociales et des
objectifs du plan national ;
151
10) elles introduisent des distorsions que l’on ne désire pas
dans la répartition du revenu ;
11) elles stimulent la demande de consommation de biens
de luxe et incitent à la satisfaction de désirs frivoles ;
12) elles contribuent à l’inflation ;
13) elles dominent des secteurs industriels vitaux ;
14) elles répondent à un gouvernement étranger.

6.10.2. Les conflits des multinationales sur les Etats

Hormis ces griefs, les actions des sociétés multinationales


sur le théâtre d’opération à l’étranger provoquent des menaces
entre elles et les gouvernements des pays d’accueil sur les
structures d’organisation, le pouvoir de décision, le choix de
politique, le prix de cession interne, l’extension de l’entreprise
sont à la base de ces menaces (56) :
a) Menaces sur les structures d’organisation

A l’étranger, certaines entreprises adoptent un système de


gestion centralisé qui intègre toutes les filiales, mais par contre,
d’autres adoptent le mode de gestion sous forme de holding. Ce
dernier système de gestion laisse une marge d’autonomie plus
large aux filiales. Lorsque les entreprises abandonnent le
système de gestion holding pour adopter le système centralisé
de gestion, les filiales perdent toutes les fonctions d’entreprise
autonomes.

Ce dernier type d’organisation d’une entreprise ne laisse


pas les pays d’accueil indifférents. Ces pays se sentent écartés
du contrôle de l’entreprise implantée sur leur territoire du fait

56
BONIN, B., op. cit., p. 141.
152
que le véritable pouvoir économique de l’entreprise se trouve
polarisé à la maison mère.

b) Menaces sur le pouvoir de décision dans l’entreprise

Le fait que toutes les fonctions d’entreprise soient


concentrées à la maison mère, cela provoque des inquiétudes
des gouvernements des pays d’accueil. Ceux-ci constatent que
les pays d’accueil deviennent de figurants. Les grandes
décisions se prennent à l’étranger, certaines d’entre elles
peuvent ne pas rencontrer les préoccupations des autorités
gouvernementales. Cette concentration de pouvoir à la maison-
mère est source de menaces et conflit entre la société
multinationale et le gouvernement du pays d’accueil de la
filiale.

c) Menaces sur le choix de politique des entreprises

Il est important de constater que les menaces que l’on


peut constater dans le secteur de l’exploitation des richesses
naturelles ne sont pas exactement du même genre que
l’industrie manufacturière ou dans les services.

Quant à la menace sur le prix utilisé lors des transactions


effectuées entre une filiale exploitant une ressource naturelle
dans un pays d’accueil et une société-mère ou une filiale
transformant cette matière première dans un autre pays. Le prix
d’intermédiation est un élément qui détermine les recettes
fiscales qu’un pays d’accueil en voie de développement retire
de l’exploitation de ses richesses naturelles comme le Congo.
153
Les tensions dans ce domaine conduisent les gouvernements
d’accueil soit à dénoncer les accords antérieurs en vue de les
renégocier sur les nouvelles bases, soit à procéder à
l’expropriation.

En outre, les entreprises multinationales optent pour la


concentration de leurs laboratoires de recherche en un endroit
précis qui n’est pas le pays d’accueil. Cette attitude est à
l’origine des tensions entre le gouvernement d’accueil et la
société multinationale.

Cependant, les gouvernements d’accueil souhaitent


qu’une partie de ces recherches se fassent chez eux pour
plusieurs raisons, notamment : la fonction de recherche et
développement est l’un des plus importants facteurs de la
croissance et de la capacité d’exporter ensuite permet de limiter
la fuite des compétences.

d) Menaces sur les prix de cession interne

Lorsque les ventes ont lieu entre les multiples


établissements d’une même entreprise nationale, celle-ci peut
manipuler arbitrairement ses prix. La société multinationale est
la seule à pouvoir le faire dans des transactions internationales.
Suite à ceci, elle est la cause de tensions avec les
gouvernements d’accueil nationaux. Le prix de transfert utilisé
lors des transactions intra-firmes est épineux, mais importante.
Nous pouvons démontrer trois illustrations possibles des prix
de cession interne.
154
1. Pour les sociétés-mères : la politique de prix idéal est
celle qui sert le mieux les intérêts de l’ensemble. Une
illustration possible de prix de cession interne dans l’intérêt de
l’ensemble de l’organisation consiste alors à fixer ces prix à des
niveaux tels qu’on réduit au minimum le montant des impôts à
payer par l’entreprise, dans toute la mesure où les lois fiscales
de divers pays le permettent. Un faible prix à l’exportation peut
entraîner un faible droit de douane en ce qui concerne les
mouvements des produits de la filiale A à la filiale B. Il peut
aussi amener une réduction du montant total des impôts à payer
pour les filiales A et B combinées. Dans ce cas, un prix bas à
l’exportation est un instrument utile pour l’ensemble de
l’organisation, peu importe l’effet sur les profits de la filiale A.

2. L’entreprise intégrée verticalement qui fait passer ses


produits de la matière première jusqu’à un degré de fabrication
peut aussi trouver une utilisation aux prix de transfert. La
stratégie consiste à capter les profits au stade de la chaîne
verticale où l’entrée de concurrents est la plus difficile et à
garder les stades où l’entrée est relativement facile.

3. On recourt aussi aux prix de cession interne soit pour


retirer des fonds d’une filiale qui dispose d’un excédent de
liquidité soit pour procurer les liquidités à une filiale qui en a
besoin.

Qu’est-ce que le prix de transfert ?

Lorsqu’un groupe d’entreprises multinationales investit


un nouveau marché en créant ou en acquérant une filiale locale
ou en constituant une succursale, la filiale ou la succursale en
155
question effectue généralement des transactions avec d’autres
membres du groupe. On estime donc qu’une part importante
des échanges internationaux s’effectue entre membres de
groupes multinationaux. Les estimations vont d’un tiers à 60%
du volume total des échanges selon CNUCED en 1999 et
l’OCDE en 2013.

L’appropriation, la gestion et les relations de contrôle


partagées qui existent entre membres d’un groupe multinational
font que les transactions qu’ils opèrent entre eux ne sont pas
entièrement soumises à de nombreuses forces de marché qui se
seraient sans cela imposées (si les transactions avaient lieu
entre parties totalement indépendantes). En conséquence, les
prix pratiqués (connus sous le nom de prix de transfert) peuvent
être définis d’une façon qui ne soit pas acceptable pour
certaines parties prenantes (notamment les autorités fiscales, les
autorités douanières et les actionnaires minoritaires).

Les transactions entre parties dont les relations peuvent


leur permettre d’influencer les conditions de la transaction,
appelées parties liées peuvent impliquer la fourniture de biens
ou de services, l’utilisation des avoirs (y compris de biens
immatériels) ou l’octroi d’un financement.

La façon dont les prix de transferts sont déterminés


concrètement peut s’avérer importante et être influencée par un
éventail de facteurs réglementaires et non réglementaires,
notamment les impôts et les taxes. La détermination du prix de
transfert est donc une notion neutre qui fait simplement
référence à la tarification des transferts pour les transactions
entre parties liées. Cependant, les prix de transferts ne sont pas
156
en tant que tels illégaux ou abusifs. Ce qui est illégal ou abusif,
c’est de fixer des prix de transferts erronés, autrement dit, de
manipuler des prix de transferts ou de fixer des prix de
transferts abusifs.

Les prix de transferts affectent directement la répartition


des bénéfices et des pertes entre parties à des transactions.
Comme la plupart des pays prélèvent une forme de fiscalité
directe à titre d’impôt sur les bénéfices, lorsqu’une entreprise
est résidente fiscale ou a une présence imposable dans ce pays,
la fixation du prix de transfert revêt une importance critique
pour déterminer l’assujettissement à l’impôt d’une entreprise.
A titre d’exemple, une « surévaluation » du prix de transfert
pour les marchandises importées peut entraîner une sous-
évaluation du revenu imposable de l’entreprise locale (en raison
de la surévaluation de la déduction réclamée pour le prix
d’achat et une « sous-évaluation » du prix de transfert pour des
marchandises exportées peut entraîner une sous-évaluation du
revenu imposable de l’entreprise locale (en raison de la « sous-
évaluation » des revenus déclarés tirés des ventes).

Pour remédier à ce problème, un nombre croissant de


pays a introduit et applique activement certaines dispositions de
leur législation fiscale concernant les prix de transfert. Ces
dispositions exigent généralement que les prix de transfert
relatifs à des transactions entre entreprises associées soient
fixés conformément au principe de pleine concurrence. Le non
respect de ces dispositions peut donner lieu à un ajustement de
157
l’impôt versé par le contribuable et en d’autres cas, à
l’imposition de sanctions et d’intérêt (57).

Cependant, les cinq facteurs susceptibles d’inciter les


entreprises à recourir au prix de transfert sont :
 les différences de tarifs, d’impôts et de subventions
entre pays ;
 les restrictions que les pays imposent parfois à la sortie
des profits ;
 la présence d’actionnaires du pays d’accueil ;
 les facteurs relatifs aux taux de change : instabilité des
taux ou taux de change multiples, le taux s’appliquant
au rapatriement des profits étant plutôt défavorable à
l’investisseur ;
 les pressions politiques et sociales, allant des pressions
syndicales en faveur d’une hausse des salaires, basées
sur le niveau des profits déclarés jusqu’aux menaces de
nationalisation de la part des gouvernements qui croient
être exploités.

d) Menaces de l’extension de l’entreprise multinationale

Il est vrai qu’au fur et à mesure que les actifs des sociétés
multinationales croissent très vite, la concentration des activités
industrielles ont également tendance à s’accroître dans les pays
d’accueil. Face à cette intensité d’activités, les gouvernements
des pays d’accueil commencent à s’inquiéter. Ils craignent la
domination industrielle, la dépendance technologique,

57
Guide de l’OMD sur l’évaluation en douane et les prix de transfert, OMD,
Bruxelles, juin 2015.
158
l’écrasement des politiques économiques nationales, la
pénétration culturelle, estime Bonin, B. (58).

Au vu de ces menaces, une résistance unilatérale des Etats


s’est mise en place, par des mesures financières ou en allant
parfois jusqu’aux nationalisations. En 1952, une déclaration de
l’ONU a été publiée en reconnaissant aux pays sous-développés
le droit de disposer de leurs richesses naturelles. A ce sujet,
1.639 procédures de nationalisation ont été lancées entre 1960
et 1965.

Autant dire que la décolonisation, comme l’estime A.


Salmon s’accompagne en effet d’un nationalisme qui, au XXè
siècle, se charge d’un contenu économique et social. Les pays
anciennement colonisés entendent devenir maîtres de leurs
ressources naturelles. Cela se traduit concrètement par un vaste
mouvement de nationalisations que les Européens ne peuvent
endiguer : nationalisation du Canal de Suez en Egypte, celle du
pétrole en Iran et au Mexique, nationalisation des mines d’étain
en Bolivie, celle du cuivre au Chili ou encore celle des
industries stratégiques, parmi lesquelles l’électricité et l’eau au
Gabon (59).

En plus de ces mesures unilatérales, des réponses


multilatérales ont été données. En 1974 est créée une
commission de multinationales, qui deviendra en 1994 la
« Commission de l’investissement international et des sociétés
transnationales ». En 1976, l’organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE) lance « un code de
58
BONIN, B., op. cit., pp. 192-200.
59
SALMON, A., Les nouveaux empires; fin de la démocratie, éd. CNRS,
Paris, 2011.
159
bonne conduite à l’intention des entreprises multinationales ».
L’organisation internationale du travail (OIT) adopte une
« déclaration tripartite sur les principes concernant les
entreprises multinationales et la politique sociale ». Celle-ci
pose les principes de respect de la souveraineté du pays
d’accueil, du respect des droits de l’homme et du respect de
l’investissement.

En 1999, Kofi Annan a proposé un pacte mondial aux


firmes ajoutant, en plus de la précédente déclaration, un volet
environnemental. Actuellement, la tendance n’est plus à la
confrontation : Etats-multinationales, mais plutôt à la
coopération.

6.10.3. La coopération entre les Etats et les


multinationales

A ce jour, la législation des Etats s’est adaptée aux


multinationales. Les acteurs du système c'est-à-dire les
multinationales, leurs avocats, les arbitres internationaux ont
évolué vers l’utilisation de principes nationaux de contrats et
d’un système de cours de justice privée pour organiser et
réguler les échanges commerciaux transfrontaliers. Les Etats
sont vus ici, comme des freins, des coûts supplémentaires pour
les entreprises et sont alors utilisés uniquement si nécessaires.
Les Etats ont alors adapté leurs lois à cette nouvelle donne en
augmentant l’autonomie des entreprises. C’est pourquoi, les
pays investisseurs ou d’origine doivent désormais avoir la
volonté d’aider les multinationales concernant leurs activités à
l’étranger en les soutenant dans l’obtention de nouveaux
marchés et, en cas de crise, les pays investisseurs d’origine
160
doivent protéger les investissements de leurs multinationales
comme ils auront tendance à protéger ses ressortissants.

Pour les pays d’accueil, ils vont tout faire pour attirer les
investissements de ces multinationales sur leurs territoires.
C’est dans ce sens que le code des douanes avait prévu la
création des zones franches et le gouvernement prévoit aussi
des sociétés mixtes ouvertes aux capitaux étrangers. Des
infrastructures, comme des autoroutes ou des aéroports sont
construits pour faciliter l’implantation des filiales de ces
entreprises. Autre avantage, il y a une augmentation de la
redevance financière versée à l’Etat d’accueil pour la vente des
matières premières. Ceci fait que l’heure de conflit semble
s’éloigner.

En effet, entre 1975 et 1985, seules 47 procédures de


nationalisations ont été mises en place, contre 1639 durant les
quinze années précédentes. A ce sujet, S. Strange et J. Stopford
estiment que c’est une interdépendance mutuelle qui s’est créée
entre les multinationales et les Etats. Ces derniers cherchent
alors la coopération des dirigeants de ces multinationales,
même si cela se fait toujours dans les contraintes (économiques,
sociales, historiques…) de chaque pays. Ceci étant, les Etats
font désormais passer des contrats avec des firmes étrangères
pour que ces dernières s’occupent du développement de
nombreuses activités. Les gouvernements font appel à ces
sociétés afin de réduire leurs coûts d’infrastructures et de
recherche (60). C’est particulièrement le cas de l’agro-
alimentaire, de la chimie et/ou de l’informatique. A ce XXIè
60
Lire STRANGE, S., STOPFORD, J. et HENLEY, S., Rival States, Rival
Firms : competition for World Marker Shares, Cambridge University
Press, Cambridge, 1991.
161
siècle, les Etats s’affrontent pour s’attirer les bonnes grâces de
ces multinationales.

Cependant, « les Etats sont désormais en compétition plus


pour des moyens de créer de la richesse sur leur territoire que
pour de la puissance sur un plus grand territoire. Là où ils
avaient l’habitude de se concurrencer pour de la puissance
comme un moyen d’obtenir des richesses, ils se concurrencent
désormais plus pour des richesses comme moyen de
puissance ». En conséquence, les multinationales sont le secteur
principal des transferts de capitaux et donc de richesses,
estiment S. Strange et J. Stoford (61).

Cependant, le désir d’Etat s’exprime aussi par la demande


généralisée de modernité. Autant dire que l’attrait du progrès
technique, des avancées technologiques et des traductions
matérielles et symboliques du savoir scientifique constitue
aussi un vecteur qui pousse l’Etat à la domination. Le processus
de légitimation et celui de modernisation sont cependant
complexes. Ils dépendent tous à la fois de l’époque, du
contexte historique global et des modalités nationales
d’insertion à celui-ci, de trajectoires propres à chaque société,
de nature des transformations urbaines, démographiques,
éducatives et économiques et de leur rapidité, de temporalités
nationales ou régionales différentes.

Ceci étant, les relations entre l’Etat et la société, les


attentes liées à la modernisation, les imaginaires sociaux sont
eux-mêmes très différenciés d’une situation à l’autre, modelant
la nature des rapports entre modernisation, légitimation et

61
Idem
162
exercice de la domination pour renforcer l’Etat à la coopération
avec les multinationales (62).

6.11. Le rapport entre les sociétés multinationales


avec les Etats et les organisations
internationales

Les sociétés multinationales sont des acteurs économiques


essentiels contrôlant, de fait, par le biais de leur présence dans
différents pays, les échanges commerciaux et la circulation
financière. Ces sociétés puissantes continuent à exercer, grâce
au système bancaire, une forte influence dans l’animation des
affaires internationales et tout particulièrement celles relevant
de la géo-économie.

Le statut des multinationales dépend du droit interne des


Etats où sont implantés les sièges sociaux et les filiales. Partant
de ceci, ces sociétés n’ont pas accès à la personnalité juridique.
Ceci étant, les instances internationales ont tenté, à plusieurs
reprises, de définir un code de bonne conduite tant dans la
pratique des investissements qu’en matière de commerce.

Cependant, les multinationales entretiennent, sur le fond


de divergences Nord-Sud et au titre de la défense de la
souveraineté nationale ; des rapports parfois conflictuels avec
les Etats, ces deux acteurs partagent, aussi, des intérêts
communs. Les sociétés ont besoin des Etats pour se déployer
dans des conditions favorables ; quant aux Etats, comment ne
pas accepter certains investissements, pourvoyeurs d’emplois.
Aussi, l’ONU tente d’instaurer avec les multinationales des

62
HIBOU, B., op. cit., p. 115.
163
formes de coopération afin de consolider le statut de ces
sociétés privées et d’inviter celles-ci à respecter plus
scrupuleusement le droit international. Toutefois, ces initiatives
n’empêchent nullement les multinationales de développer, par
ailleurs, des stratégies d’intelligence économique visant à
s’emparer de parts de marché de concurrents ou à mener des
actions de lobbying pour influencer la législation (63).

Les rapports entre les sociétés multinationales et les Etats


en développement ont été de deux manières. Dans un premier
temps, la société multinationale a été perçue comme un danger
par l’Etat d’accueil. L’investissement direct étranger était
strictement réglementé afin de contenir l’influence de la firme
sur le territoire national jusqu’au milieu des années 1980.

Dans un second temps, les Etats ont favorisé les IDE par
la libéralisation de leurs codes d’investissements et l’octroi de
nombreuses facilités aux sociétés multinationales vers les
années 1990. Soixante et onze pays ont ainsi assoupli leurs
législations pour séduire les firmes multinationales. Depuis la
crise de 2008, ce double objectif est concomitant : libéraliser et
promouvoir l’investissement étranger tout en le réglementant
davantage.
Le rapport 2012 de CNUCED sur les investissements
internationaux affirme que durant la période 2000-2011,78%
des modifications des textes régissant les IDE introduisent un
environnement plus favorable et22% un environnement plus
strict. Ces changements ont entraîné un afflux
d’investissements dans certains PED, passés d’une moyenne de

63
MOCELLIN, Ph., L’essentiel des relations internationales et de la
géopolitique contemporaines, Paris, 2015, pp. 77-78.
164
20 milliards de dollars par an entre1983et 1988 à 984 milliards
de dollars en 2011, soit près de la moitié des flux mondiaux des
IDE.
En réalité, les deux acteurs, Etats et société multinationale
sont, dans le contexte actuel, liés par une solidarité et une
complémentarité évidentes. La réussite des uns conditionne
celle des autres. Cette interdépendance lorsqu’elle joue, est
manifeste si l’Etat a besoin de l’entreprise multinationale pour
affermir son développement, préserver l’emploi et assurer le
bien-être de sa population, la firme est tributaire de l’Etat pour
assurer la sécurité et le maintien de l’ordre, indispensables au
succès de l’entreprise (64).

6.12. Les stratégies des firmes multinationales

Le mouvement de globalisation de l’économie s’est


appuyé sur la montée en puissance des firmes multinationales.
Elles sont un des principaux agents de la mondialisation
contemporaine et mettent en place la division internationale du
travail.
Les firmes multinationales sont des entreprises à base
nationale qui possèdent au moins une filiale à l’étranger et qui
produisent ou commercialisent hors de leur territoire d’origine
grâce à leurs filiales. Les firmes multinationales répartissent
leurs activités sur une multiplicité de territoires, les activités les
plus créatrices de valeur ajoutée, qui font l’avantage compétitif
de la firme (recherche et développement, conception,
construction de la réputation de la marque, stratégies

64
GAZANO, L’essentiel des relations internationales, éd.
Gualino, Paris, pp. 81-82.
165
financières) restent polarisées dans le pays d’origine. Les
activités à plus faible valeur ajoutée, de fabrication, de montage
et de distribution, intensives en main-d’œuvre peu qualifiée,
sont alors situées dans les pays émergents souvent chez des
sous-traitants.
Parmi les stratégies des entreprises multinationales, nous
citerons notamment :
- les stratégies d’approvisionnement et d’accès aux
matières premières, à ce sujet, des filiales sont créées à
l’étranger pour exploiter et acheminer les matières
premières nécessaires à la production. Comme les
entreprises pétrolières qui s’installent dans le pays
producteurs ou de Michelin qui avait acheté des
plantations d’hévéas pour le caoutchouc en Amérique du
sud ;
- les stratégies de marché à la recherche de nouveaux
débouchés, dont le but est de contourner des barrières
protectionnistes en produisant directement sur le marché
que l’on veut pénétrer, plutôt que d’y exporter (dans les
secteurs comme l’automobile, la banque, l’assurance, les
agences de publicité, etc.) ; en outre, cette stratégie
permet aussi d’éliminer les coûts de transport et de
logistique en simplifiant les infrastructures de production
en le décentralisant ;
- les stratégies de rationalisation à la recherche de moindres
coûts des facteurs de production, travail, capital, terre,
dans la concurrence internationale en implantant des
filiales-ateliers dans les pays à bas salaires ;
166
- enfin, les stratégies de recherche de nouvelles positions de
marché, dans le cadre d’une concurrence d’économies
d’échelle et d’avantages concurrentiels (65).

6.13. Le développement des multinationales


originaires des pays émergents

Les firmes multinationales sont principalement originaires


des pays les plus développés. Les Etats-Unis et le Japon
concentrent la moitié de l’effectif. Cependant, on constate
l’entrée très dynamique de firmes en provenance de quelques
pays émergents. La Corée du Sud, la Chine le Taiwan, la
Russie, le Brésil et l’Inde totalisent 123 firmes sur les 898
reprises dans le tableau ci-dessous. En outre, le taux de
croissance du chiffre d’affaires dont elles ont fait preuve en
2007, sont très largement supérieurs à ceux des firmes des pays
industrialisés.
Tableau n°2. Les 20 principaux pays d’origine des 1000
premières firmes manufacturières mondiales en 2007.

Rang Pays d’origine Nombre Revenus Croissance des


de firmes en Md $ revenus en %
1. Etats-Unis 305 5051 11,4
2. Japon 209 2677 11,1
3. Allemagne 41 1244 6,3
4. France 47 1107 6,1
5. Royaume-Uni 41 847 8
6. Corée du Sud 40 619 14,2
7. Pays-Bas 14 500 5,3
8. Chine 29 444 39,7
9. Italie 16 338 14,7
10. Taiwan 32 318 23,3

65
BRAQUET, L., op. cit.,, pp. 103-104.
167
11. Canada 28 317 12,7
12. Suisse 19 309 14,5
13. Russie 7 247 25,8
14. Brésil 13 207 19,9
15. Finlande 15 200 5,3
16. Inde 12 196 25,5
17. Suède 15 188 15,5
18. Espagne 7 158 16,6
19. Norvège 5 142 6,2
20. Luxembourg 3 123 44,4

Source : F. BOS, L. CARROUE et CIE, Images économiques du monde :


Géopolitique/économique, Armand Colin, Paris, 2009.

Les facteurs explicatifs de cette dynamique de croissance


des pays émergents sont multiples dont notamment :
- la recherche de bases d’approvisionnement en ressources
naturelles. C’est le cas des entreprises chinoises de
recherche et d’exploitation pétrolière ou minière ;
- la multinalisation des entreprises du tiers-monde
émergent suit la logique de la croissance dont elles ont pu
bénéficier sur leur marché domestique. Elles ont appris à
tirer partie de l’expérience de l’affrontement à la
concurrence des autres entreprises les multinationales des
pays industrialisés implantées localement ;
- la croissance du pays d’origine a fourni une troisième
incitation à la multinalisation des firmes domestiques ;
- les groupes émergents ont également bâti leur compétence
industrielle sur la base de contrats de sous-traitance pour
des firmes multinationales. Ils se sont ainsi
progressivement intégrés dans les réseaux de production
contrôlés par ces firmes. Ils ont été alors incités à venir
racheter des entreprises de taille moyenne dans les pays
industrialisés pour y acquérir, non plus des ressources,
168
mais des contrats avec les groupes donneurs d’ordres aux
firmes ainsi acquises ;
- l’extension des réseaux internationaux de production a
fourni une dernière incitation à la globalisation des
entreprises des pays émergents.

A titre exemplatif, comment la Chine est devenue un


géant du marché mondial ?

La rivalité stratégique entre la Chine et les Etats-Unis


n’est plus à démontrer. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi
Jinping en 2012, elle s’est manifestée de manière bien plus
visible. Au cours de la présidence de Donald Trump (2017-
2021), cette rivalité s’est clairement approfondie. Et depuis
l’entrée en fonction de Joe Biden, en janvier 2021, elle ne s’est
en aucun cas réduite. Le projet de Pékin apparaît chaque jour
un peu plus évident : devenir la première puissance mondiale et
donc détrôner Washington de ce piédestal ; dominer l’Asie
Orientale et donc évincer les Etats-Unis du Pacifique
occidental. Cette compétition entre la Chine et les Etats-Unis
n’est pas seulement stratégique mais elle s’étend aux domaines
économique et technologique comme l’a montré l’engagement
de la guerre commerciale entre pékin et Washington au
printemps 2018.

Cependant, la Chine se place de plus en plus ouvertement


dans une posture antidémocratique et antioccidentale partout
dans le monde, notamment dans les pays en développement. En
outre, aux Nations Unies et ailleurs, elle entend réformer les
normes internationales afin que celles-ci servent mieux ses
propres intérêts. Donc la Chine est devenue la principale
169
puissance révisionniste de la planète ; la confrontation sino-
américaine est donc pour ainsi dire totale (66).

L’arrivée de la Chine dans la compétition économique


mondiale a profondément bouleversé les équilibres : depuis
1978, date de l’accession au pouvoir de Deng Xiaoping après la
mort du Président Mao, le PIB a décuplé et le volume des
exportations a considérablement augmenté.

D’abord, la Chine avait 582,6 millions d’habitants en


1953, 1 milliard en 1982 et 1,37 milliards en 2009. C’est le
pays le plus peuplé de la planète. Un habitant de la terre sur
cinq est de nationalité chinoise.

Depuis le début des années 1970, les autorités chinoises


ont lancé une politique vigoureuse de contrôle des naissances,
avec pour objectif une stabilisation de la population à 1,2
milliards d’habitants en 2000. L’objectif n’a pas été atteint
mais, depuis le début des années 1980, le taux de croissance de
la population a connu une diminution spectaculaire. La pression
démographique fait de la main-d’œuvre un levier naturel de la
croissance le levier d’autant plus efficace qu’il s’avère meilleur
marché que dans de nombreuses autres régions du monde.

En outre, l’autonomie de l’Etat qui est mise en évidence


s’est affirmée non seulement par rapport à la société civile,
mais aussi et surtout, dans la conception et la réussite d’un
changement de stratégie économique affranchie de l’emprise du
capitalisme étranger. C’est en 1978, lors du 21 e congrès du

66
CABESTAN, J.P., Demain la Chine : guerre ou paix ? Ed. Gallimard,
Paris, 2021, pp. 1-2.
170
Comité central du parti communiste chinois, que la Chine a pris
la décision d’amorcer un revirement dans son modèle de
développement, en renonçant au plan centralisé au profit de
l’économie de marché (67).

La Chine a fait progresser son secteur privé, lequel était


négligeable à la fin des années 1970 et représente aujourd’hui
un tiers du PIB : la restructuration des entreprises publiques se
poursuit et le secteur agricole a également été privatisé. La
Chine a su bénéficier également des transferts des technologies
permis par les investissements directs étrangers (IDE) des pays
occidentaux et l’ouverture internationale (d’abord autour des
zones côtières à la fin des années 1970) a permis de doper le
commerce international et de faire émerger de puissantes firmes
multinationales.

Deuxième puissance mondiale, la Chine produit


aujourd’hui 15,4% de la recherche mondiale. En tout état de
cause, la croissance chinoise comporte de nombreuses
faiblesses et alimente les incertitudes notamment :
- une faible capacité d’innovation le pays rattrape les pays
avancés dits de la « frontière technologique » par un
processus d’imitation ;
- des systèmes financiers encore embryonnaires ;
- des inégalités très fortes entre les villes et les campagnes
puisque malgré la réduction de la pauvreté, la montée
d’une classe moyenne urbanisée et l’enrichissement
d’une élite, le niveau de vie moyen reste encore faible
- de plus, à partir de 2015, le dynamisme démographique
devrait s’estomper et la population d’âge actif diminuer,

67
ABDELMALKI, L ; et SANDRETTO, R., op. cit., p. 344.
171
tandis que des goulets d’étranglement et des pénuries de
main-d’œuvre pourraient apparaître. A ce sujet, le
gouvernement chinois a voté la loi pour augmenter le
nombre de naissances à deux par familles en 2015.

Enfin, depuis 2000, les excédents commerciaux de la


Chine, liés au dynamisme des exportations, dégagent
d’énormes masses de capitaux. Les déficits commerciaux
américains alimentent les exportations de la Chine qui dégage
d’énormes réserves de change –celles-ci ont dépassé 3.300
milliards de dollars en 2012 faisant de la Chine le premier
détenteur mondial de devises) et les réinvestit dans des achats
de bons du Trésor américains. Ce surcroît de liquidités sur les
marchés financiers maintient les taux d’intérêt à un niveau
faible aux Etats-Unis et incite les ménages à s’endetter à faibles
coûts, notamment pour l’immobilier puisque l’offre de capitaux
a augmenté. Ceci démontre que la croissance très forte des
volumes d’IDE s’accompagne d’un bouleversement de flux des
capitaux. Les pays émergents, à leur tour, deviennent des
exportateurs majeurs des capitaux (68).

A ce sujet, de l’intérieur comme de l’extérieur, on


s’emploie à faire remarquer que la Chine a fourni des efforts
judicieux afin de s’adapter au nouveau contexte de l’économie
mondiale, notamment :

1. La mise en place de fortes incitations à l’implantation


d’entreprises étrangères, initialement sur la base de la politique
des zones économiques spéciales, puis progressivement sous la
forme de zones prioritairement orientées vers l’accueil

68
BRAQUET, L. op. cit., pp. 31-32.
172
d’activités à haut contenu technologique (ZDET ou ZHN). Ces
mesures sont connues dès 1988, mais s’intensifient à partir de
1997.
De nouveau, depuis 2005, la Chine concentre ses choix
autour du développement des parcs technologiques. Les IDE
sont encouragés dans dix domaines prioritaires : les
infrastructures et industries de base, les nouvelles technologies
et nouveaux équipements pour la protection des pollutions et
l’aménagement de l’environnement, les nouvelles technologies
industrielles (biotechnologies, réseaux de télécommunications),
les industries de support (machines et électronique,
pétrochimie, construction automobile), les secteurs
d’exportation, les technologies agricoles modernes,
d’exploitation de la mer et de l’énergie de la mer, les services et
l’exploitation des ressources humains et naturelles.

2. Le maintien de taxes élevées sur les importations de


biens ou services destinés aux marchés de demande finale. Un
ensemble de barrières tarifaires et non tarifaires dissuasives a
été impulsé par l’Etat central.

3. Une forte incitation aux importations intra-firmes


d’inputs destinés à être réexportés. Cela conduit l’Etat à mettre
en place des exemptions de droits de douane et à faciliter, plus
largement, le développement d’entreprises exportatrices.

4. La mise en convertibilité partielle du Yuan. D’abord, la


politique de non convertibilité du Yuan sera conservée jusqu’en
1996. Ensuite, la place est laissée à une convertibilité partielle
du Yuan, autorisée pour les seules transactions courantes.
173
Toutefois, afin d’accélérer le développement de son
économie orientée vers l’extérieur, la Chine a entrepris la
réforme du système de gestion des devises par une série de
mesures importantes comme l’application du système de
règlement et de vente de devises par les banques, l’unification
des taux de change et la création du marché des échanges
interbancaires de devises.

Grâce aux gains de productivité rendus possibles par


l’esprit d’entreprise et les capitaux investis, la Chine est
devenue, en l’espace d’une quinzaine d’années, l’une des
économies émergentes les plus dynamiques. Comparativement
aux autres, elle a l’avantage de disposer de l’un de meilleurs
régulateurs de la croissance économique : elle est le premier
marché du monde (1,2 milliard de consommateurs potentiels).
Cependant, de nombreux observateurs considèrent que les
performances de la Chine devraient se poursuivre et se
consolider au cours de prochaines années.

Les succès économiques de la Chine se sont accompagnés


à partir du début des années 2000, d’une expansion
considérable de ses liens commerciaux avec le reste du monde
où la Chine diversifie ses investissements. Aujourd’hui, elle
n’est plus seulement l’usine du monde qui attire les capitaux
étrangers en raison de coûts de production réduits, elle est aussi
un acteur majeur de l’économie internationale en raison de ses
exportations de capitaux et de sa puissance de consommation.
Cette mondialisation des intérêts économiques chinois
s’accompagne d’une inévitable mondialisation des intérêts de
sécurité du pays. Cependant, la Chine n’est pas un acteur
politique et sécuritaire décisif en dehors de l’Asie, sa politique
174
étrangère influence déjà de nombreux points du globe et
s’inscrit dans un cadre stratégique mondial. Cette
transformation met en question la pérennité de la pratique
chinoise de la non-ingérence dans les affaires intérieures des
autres Etats, ainsi que celle des contributions du pays à la
gouvernance mondiale (69).

Les mesures de libéralisation adoptées à partir de 2001


commencent à peine à donner les résultats attendus, notamment
en termes d’amélioration de la productivité et de diversification
de l’offre extérieure des firmes chinoises. Autant dire que, les
entreprises chinoises orientent, plus souvent, les
investissements vers les activités qui présentent les plus
grandes incitations et les meilleures performances, comme c’est
le cas pour les produits de haut niveau technologique.

Cas de l’Inde

Après plusieurs années de forte croissance économique,


l’Inde a dû faire à une nette déclaration de son activité à la suite
de la crise financière internationale de 2008. Depuis le creux
atteint au tournant de l’année 2013, l’économie indienne
connaît toutefois une certaine embellie : alors qu’au début de la
crise, elle avait connu le ralentissement le plus marqué parmi
les grandes économies émergentes, elle semble désormais celle
qui résiste le mieux à un climat économique mondial toujours
morose.
En effet, les réformes engagées par les nouvelles autorités
en place depuis 2013-2014, si elles ont été déjà pu contribuer à

69
A lire : DUCHATEL, M., Géopolitique de la Chine, Que sais-je ? PUF,
Paris, 2019.
175
une certaine amélioration du climat des affaires, devront être
amplifiées dans les années à venir pour libérer le plein
potentiel de développement du pays.

Cependant, le secteur financier indien s’est nettement


développé dans les années 2000, à la suite des importantes
réformes intervenues au cours des années 1990 ; toutefois, sa
taille reste encore modeste. A ce sujet, en 2012, l’encours des
crédits octroyés par l’ensemble du secteur financier représentait
76% du PIB indien. Toutefois, le système financier indien est,
par ailleurs, largement dominé par les banques commerciales
publiques, qui représentent environ les trois quarts des actifs
bancaires et près de 80% des dépôts bancaires en 2011-2012.
Or, le tassement de l’activité économique, l’augmentation des
délais dans le démarrage des grands projets d’investissement, le
coût accru du capital et la croissance jugée excessive par la
banque centrale indienne de l’endettement des grandes
entreprises ont contribué à nettement dégrader la qualité de
l’actif bancaire de ces banques publiques. Autant dire que le
défi est de taille dans un pays où les attentes sociales sont
particulièrement élevées (70).

Les grands groupes industriels mondiaux se sont engagés


dans un mouvement de spécialisation plus étroite avec des
stratégies dites d’externalisation qui suit la segmentation des
grandes firmes verticalement intégrées en unités autonomes
fortement spécialisées. Il est alors possible de chercher les
conditions de production les plus efficaces au moindre coût afin
de privilégier celles qui offrent les meilleurs facteurs de

70
CARTO, L’économie mondiale 2016, éd. La Découverte, Paris,
2015, pp. 114-118.
176
compétitivité. Les productions relativement banalisées peuvent
alors être confiées à des sous-traitants mis en concurrence sur la
base des coûts de production.

Les pays en développement sont un terreau


particulièrement adapté pour ce type de stratégie. De grands
groupes multinationaux ont ainsi transféré à leurs sous-traitants
certaines de leurs unités de fabrication. Toutefois, la
globalisation des entreprises semble néanmoins devoir
rencontrer un certain nombre de limites. La compétitivité des
firmes en provenance des pays émergents est très étroitement
dépendante des coûts locaux de production.

L’importance des investissements réalisés dans les pays


comme la Chine ou l’Inde tant par des firmes étrangères que
par des entreprises domestiques provoque une tension sur le
marché de l’emploi et induit une croissance accélérée des
salaires. Ce phénomène est amplifié par le taux de l’inflation
qui touche à l’heure actuelle l’ensemble de ces pays. Les firmes
s’engagent alors dans la recherche de zones à meilleurs coûts ;
ce qui provoque une relocalisation rapide des investissements.
C’est ainsi que le Vietnam est actuellement l’hôte de flux
d’investissements directs en provenance simultanément des
autres pays industrialisés. Les mouvements d’implantation des
multinationales y deviennent beaucoup moins stables et sont
soumis à des délocalisations fréquentes. C’est pourquoi, la
globalisation n’est pas un processus linéaire, elle reste l’objet
de bouleversement en fonction des stratégies des acteurs qui
interviennent en son sein (71).

71
BOST, F., COURROIE, L. et CIE, op. cit., p. 26.
177
6.14. L’insertion des pays africains dans la
mondialisation de l’économie

Entre 1970 et 2013, la compétitivité extérieure de


l’Afrique a baissé sa part du commerce mondial de plus de la
moitié. Cependant, depuis le début du XXIè siècle, l’Afrique a
retrouvé la croissance économique malgré les déséquilibres et
les écarts persistants entre régions du continent. Les principales
sociétés africaines ont vu leur chiffre fortement progresser
durant la décennie 2000 et que de nombreuses économies
nationales ont amorcé leur insertion dans les échanges
internationaux comme le Ghana, le Kenya, le Mozambique,
l’Ouganda et/ou la Tanzanie.

Jadis, le continent africain restait marqué par la


dépendance économique et politique héritée de la période de la
colonisation, puis par la crise de la dette dans les années 1980
et 1990, les années 2000 ont vu une inflexion avec le boom des
produits primaires, une baisse de la dette, une augmentation du
taux moyen d’ouverture de l’économie et un succès plus aisé et
plus diversifié aux financements extérieurs.

L’Afrique est aujourd’hui un continent traditionnellement


convoité pour ses potentialités en termes de ressources
naturelles. Certains facteurs internes et externes font la
croissance de l’Afrique. Parmi les facteurs internes, nous
citerons : l’assainissement financier, la montée des classes
moyennes, l’extension des marchés urbains, les gains de
productivité dans l’agriculture, le dividende démographique et
la hausse de la population active.
178
Quant aux facteurs externes, nous noterons : la hausse des
cours des matières premières, la hausse des investissements
directs étrangers et des flux financiers, le désendettement public
et l’intensification des échanges commerciaux avec l’Asie, etc.

Cependant, les tentatives d’aménagement des règles du


jeu commercial international négociées au sein de la CNUCED
et destinées à « moraliser » certaines pratiques du commerce
international, notamment sur les modes de fixation de prix des
produits de base, sur les marchés internationaux se sont
révélées décevantes.

La charte de la Havane définit les produits de base comme


« des produits de l’agriculture, des forêts, de la pêche et du
sous-sol, que ces produits se présentent sous leur forme
naturelle ou qu’ils aient subi la transformation qu’exige la
vente en quantité importante sur le marché international ». Il
s’agit donc des produits agricoles de base (céréales, oléagineux,
…) des matières premières agricoles (coton, laine, caoutchouc,
…), des minerais métalliques ou non (cuivre, cobalt,…) et des
combustibles (pétrole, gaz, charbon).

Les pays du Sud, même s’ils ne sont pas des principaux


exportateurs de produits de base tel que le pétrole que les pays
industrialisés en exportent deux fois plus, souvent mono-
exportateurs, se révèlent particulièrement dépendants de
l’évolution des prix internationaux. Une chute des cours peut
avoir pour eux des conséquences catastrophiques dans la
mesure où leur activité économique est très largement tributaire
de leurs exportations.
179
Quand observe l’évolution moyenne du cours des produits
de base depuis plus de 50 ans, on met en évidence deux
phénomènes :
- les prix ont tendance à diminuer dans le long terme du fait
d’une tendance à la surproduction face à une demande
relativement élastique ;
- les prix connaissent d’importantes fluctuations annuelles,
variables selon la nature des produits et les modes de
fixation des cours sur les marchés internationaux.

L’augmentation de prix peut être soit structurelle, soit


conjoncturelle. Mais, il est possible que l’on observe un
retournement de tendance à la baisse. Les prix des produits de
base ont chuté vers les années 2008, il y a une conséquence :
une forte baisse de la demande mondiale, accréditant l’idée que
la hausse des prix précédente n’était que conjoncturelle. La
tendance à long terme à la baisse des prix observée dans le
passé a conduit à une dégradation des termes de l’échange pour
les pays exportateurs.

Cette détérioration des termes de l’échange est due


essentiellement à une surproduction chronique face à une
demande mondiale relativement élastique par rapport aux prix ;
la tendance à long terme à la diminution des prix des produits
de base (hors combustibles) se traduit par une tendance à la
baisse des recettes d’exportation, alors que les prix des produits
manufacturés importés ont, au contraire tendance à augmenter
(du fait de l’augmentation du coût de la main-d’œuvre dans les
pays industrialisés). Le rapport entre l’indice des prix à
l’exportation et l’indice des prix à l’importation (termes de
l’échange) a donc tendance à être inférieur à 1 pour les pays qui
180
exportent essentiellement des produits de base, traduisant ainsi
une détérioration de leurs termes de l’échange (72).

Le prix des produits de base se fixe sur différents types de


marchés qui sont :
a) Les marchés physiques : sont des marchés au comptant
qui ne sont pas nécessairement localisés géographiquement
de façon précise. Ils constituent des réseaux de
producteurs, d’acheteurs et d’intermédiaires qui négocient
au jour le jour pour une livraison immédiate les quantités et
les prix, sur la base de multiples informations (offre par
rapport à la demande, qualité de la marchandise, facilités
de livraison, taux de change, etc.).

b) Les marchés à terme (futurs) sont des marchés financiers


où se négocient des « papiers » représentant un lot de
produits (engagement souscrit au temps t, à un prix fixé en
t, de livrer ou de prendre livraison d’un lot à une date (+n) ;
le plus souvent, le contrat est revendu ou racheté avant le
terme et ne se dénoue pas par la livraison physique du lot
(seuls 2% des contrats se dénouent par une livraison
physique). Les principaux marchés à terme dans le monde
sont : le Chicago Board of trade (céréales, soja), le New
York Mercantile Exchange (métaux), le London Metal
Exchange (métaux), le New York coffee, Sugar and Cacao
Exchange. Ces marchés sont influencés par de nombreux
facteurs (environnement géographique, conjoncture
économique,…).

72
DUMAS, A., op. cit., pp. 75-77.
181
c) Les marchés « producteurs » permettent aux offreurs qui
se trouvent en position dominante de fixer les prix ; ce fut
le cas, par exemple, pour l’organisation des pays
exportateurs de pétrole de 1973 à 1985.

d) Les marchés négociés concernent de petits nombres


d’opérateurs vendeurs et acheteurs négociant des quantités
importantes de produits livrables sur une période plus ou
moins longue.

La crise financière et économique 2008-2011 et la


contraction du commerce international ont ainsi exercé un
impact sur la croissance des pays africains, même si l’Afrique
subsaharienne a maintenu un taux de croissance relativement
élevé (6% en 2012). Cependant, la spécialisation internationale
des pays africains évolue lentement et les déséquilibres
persistent dans de nombreux pays en :
- une économie de rente et une capture des ressources par
des oligarchies ;
- la volatilité des prix des produits miniers et agricoles qui
rend les recettes d’exportation instables ;
- le dualisme de l’économie entre les secteurs moderne et
rural ;
- la fragilité des institutions du développement, comme la
démocratie et l’Etat de droit ;
- les faibles progrès de la productivité et le manque de
diversité des appareils productifs ;
- l’insécurité des populations et la pauvreté endémique.

En d’autres termes, nous pouvons résumer les obstacles


du commerce international de l’Afrique en :
182
a) une diversification insuffisante de ses exportations et la
faiblesse des exportations industrielles : cependant, les
exportations africaines sont en effet souvent constituées
par des produits de base et les pays producteurs sont
souvent mono-exportateurs ;
b) une faible compétitivité liée à des coûts de production
élevés ;
c) un protectionnisme fort : les droits de douane sont en
moyenne plus élevés qu’en Asie ou en Amérique
Latine. Il existe certes des ententes économiques entre
les pays africains, mais leurs accords sont mal voire pas
du tout appliqués ;
d) une situation interne instable, tant du point de vue
politique que du point de vue économique (73).

6.15. Les caractères communs des investissements


étrangers directs aux pays en voie de
développement

Dans son livre intitulé « Les intérêts économiques


étrangers et la décolonisation », les Nations Unies avaient fait
un rapport ci-après : les firmes multinationales opérant dans les
territoires de pays d’accueil ont pour principal objectif de
réaliser les gros bénéfices possibles. Elles y parviennent
d’abord en exploitant les ressources naturelles des pays ou des
territoires coloniaux, ensuite en exploitant impitoyablement la
main-d’œuvre à bon marché que leur fournit la population
autochtone de ces territoires enfin, parce que des lois
discriminatoires ont été promulguées par les puissances

73
DUMAS, A., op. cit., p. 72.
183
coloniales pour favoriser les intérêts des monopoles (firmes)
internationaux.

Les capitaux étrangers sont investis essentiellement dans


les industries extractives et autres qui produisent presque tous
les produits d’exportations des territoires et procurent des
bénéfices aussi élevés que possible. Ces bénéfices qui sont très
souvent exportés, ne sont donc utilisés ni pour développer
l’économie des territoires, ni pour améliorer le niveau
économique et social des autochtones. Ces investissements
étrangers ont parfois des conséquences négatives pour les
peuples du pays d’accueil, malgré des sommes importantes
investies dans ce pays par des multinationales, les populations
africaines autochtones continuent de vivre dans la misère.

Sur ce, les moyens de production essentiels, à savoir la


terre, les mines, les usines et les fabriques, les transports et les
communications sont tous aux mains des détenteurs des
capitaux étrangers (multinationales) et de leurs dirigeants ; la
population est privée du droit de participer aux activités
économiques, commerciales et autres de son pays. Les
étrangers se sont emparés de meilleures terres, de sorte que
l’écrasante majorité des agriculteurs autochtones est obligée de
louer des terres à des conditions défavorables à des
propriétaires européens et à des sociétés étrangères. Parfois, les
populations autochtones sont chassées des terres fertiles et
privées de leurs moyens de subsistance. Pour échapper à la
famine, elles sont obligées de travailler dans l’industrie ou sur
les fermes des sociétés étrangères.
184
En conséquence, les populations autochtones de ces
territoires sont privées de leurs droits et libertés politiques ;
elles vivent dans la misère. La discrimination raciale s’exerce
dans la rémunération du travail et les salaires des travailleurs
sont de 5 à 15 fois inférieurs à ceux des travailleurs blancs. Il
n’existe aucune loi qui protège le travailleur autochtone. Il n’y
a pour lui ni sécurité sociale, ni pensions de vieillesse, ni
pensions d’invalidité. C’est pourquoi, la domination des
sociétés multinationales dans les pays d’accueil dont le seul but
est de réaliser les plus gros bénéfices possibles n’a pas
tellement d’impact très positif sur le plan politique,
économique et social (74).

6.16. La responsabilité sociale des entreprises


multinationales

6.16.1. Notion

D. Duchamp et L. Guery considèrent que : « la


responsabilité sociale consiste à intégrer des préoccupations
sociales et écologiques aux objectifs économiques de
l’entreprise. Elle assure ainsi des conditions de travail
acceptables à ses salariés et à ceux de ses fournisseurs, ainsi
que des impacts positifs sur son environnement » (75).

La sensibilisation sociale résulte :


- des pressions sociales : la médiatisation des catastrophes
écologiques, les scandales économiques et politico-

74
Nations Unies, Rapport sur les intérêts économiques étrangers et la
décolonisation, New York, 1969, pp. 8-9.
75
DUCHAMP, D. et GUERRY, L., La gestion des ressources humaines,
Nathan, Paris, 2010, p. 148.
185
financiers soulèvent de vives réactions chez les citoyens,
qui peuvent aller jusqu’au boycott des produits de
certaines entreprises ;
- des opportunités stratégiques et financières : certains
fonds de placement « éthiques » n’investissent que dans
les entreprises au comportement responsable ;
- des incitations publiques : des institutions
internationales (ONU, UE) et nationales contribuent à
l’émergence de la responsabilité sociale. Par exemple, par
le biais du programme Pacte mondial des Nations Unies
(2001) qui impose à toutes les entreprises de publier
chaque année « un rapport social et environnemental.

Autant dire que les catastrophes environnementales


d’origine industrielle, les abus sociaux, comme le travail des
enfants, les salaires démesurés de certains dirigeants
d’entreprises ainsi que les scandales financiers ont fait prendre
conscience que la croissance économique n’accompagne pas
naturellement le progrès social.

En réponse aux mouvements de protection menés par des


Organisations non Gouvernementales et des associations de
consommateurs, les grandes multinationales adoptèrent des
codes de conduite reflétant leur engagement volontaire pour
une conduite des affaires qui prendrait en compte les progrès
sociaux, la protection de l’environnement et les principes d’une
concurrence économique saine. Ces démarches volontaires et
donc non contraignantes, ont évolué parallèlement aux actions
des Etats, avec pour objectif l’instauration d’un cadre propice
au développement durable (76).

76
SERRES, F., Responsabilité sociale des entreprises, 7 juillet 2011.
186
Cependant, les principes de l’entreprise citoyenne dans la
logique de développement durable, se fixera les objectifs ci-
après :
- les générations présentes doivent satisfaire leurs besoins
sans remettre en cause la capacité des générations futures
à satisfaire les leurs ;
- les principes sur lesquels est fondée l’éthique de
l’entreprise peuvent être inscrits dans une charte ;
- l’entreprise citoyenne s’estime solidaire de la
communauté dans laquelle elle vit. Dans ce cadre, si elle
recherche bien évidemment à dégager des profits, elle
veille au néanmoins à équilibrer les intérêts de l’ensemble
des parties prenantes : actionnaires, salariés, clients,
fournisseurs, société civile en général, riverains.

Il va sans dire que, la performance de l’entreprise


citoyenne est évaluée selon trois axes complémentaires qui
sont :
- sa performance environnementale : adéquation générale
entre l’activité de l’entreprise et le maintien des
écosystèmes ;
- sa performance sociale : caractère positif des impacts
sociaux de l’activité de l’entreprise pour l’ensemble de
ses parties prenantes ;
- sa performance économique : au-delà de la seule
performance financière, contribution au développement
économique général de la zone d’implantation de
l’entreprise et à celui de ses parties prenantes.
187
Sur ce, la citoyenneté de l’entreprise se mesure
concrètement dans ses réalisations sociales et
environnementales ( ).
77

Dans un intérêt mutuel bien compris, les Etats-Unis, la


Grande-Bretagne et plusieurs sociétés multinationales
pétrolières et minières anglo-saxonnes ont signé en décembre
2000 avec des ONG un code de bonne conduite en matière de
droits de l’homme par lequel ils s’engagent à ne pas encourager
ou soutenir des violences contre les populations locales afin de
protéger leurs investissements.

En 1997, le Programme des Nations Unies pour


l’environnement a mis en place avec des sociétés
multinationales et des ONG américaines la Global Reporting
Initiative (GRI) identifiant des critères de comportement
socialement responsables, de plus en plus exigeants et détaillés.
Le rapport 2010 affirme que les sociétés multinationales, avec
leurs compétences, leurs technologies de pointe et leur champ
d’application planétaire, sont nécessairement des acteurs de
premier plan dans les efforts mondiaux pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre et passer à une économie à
faible intensité de carbone.

De même, plus de 10.000 entreprises et organismes


adhèrent en janvier 2013 au Global compact (Pacte mondial
initié en1999 par Kofi Annan (respect de dix principes
environnementaux, civiques, sociaux et de lutte contre la
corruption). Cependant, le caractère général des « normes »

77
DUCHAMP, D. et GUERRY, L., op. cit., p. 148
188
proposées et l’absence de mécanisme de contrôle et de sanction
éventuelle ne permettent pas un réel suivi de leur application.

6.16.2. Le contenu du code de conduite

Dans sa revue internationale sur le travail et la société,


Reynal Bourque pense que les codes de conduite ont
accompagné la montée en puissance des entreprises
multinationales et les politiques adoptées dans les années 1970
par les organisations intergouvernementales pour favoriser de
« bonnes pratiques managériales » au niveau mondial.

Deux initiatives ont eu un impact majeur à cet égard, les


directives de l’Organisation de Coopération et de
développement économique (OCDE) pour les entreprises
multinationales de 1976, et la déclaration tripartite de 1977 de
l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les entreprises
multinationales.
Les codes de conduite permettent à ces entreprises de réduire
les risques de litiges, de poursuites pénales et de discrédit
pouvant découler de pratiques de gestion déficientes et de
mieux gérer leurs relations avec leurs actionnaires, leur
personnel et les représentants de la société civile. Ils
contribueraient également à apaiser les ardeurs des pouvoirs
publics en matière de réglementation étatique et à pallier à
certaines défaillances du marché.

L’autonomie accrue des entreprises multinationales dans


le contexte de la mondialisation confère à celle-ci un statut
d’acteur privilégié de la régulation économique et sociale aux
plans national et international. Les codes de conduite sont
189
l’instrument privilégié par les entreprises multinationales pour
promouvoir leurs responsabilités sociales. Il est défini comme
un document écrit par lequel la direction de la société amirale
du réseau s’engage à respecter certains droits fondamentaux au
travail afin de répondre aux attentes, voire aux pressions de
différentes parties intéressées par les activités de l’entreprise.

Parmi les droits fondamentaux, nous citerons : la


protection de l’environnement, la lutte contre la corruption,
l’interdiction du travail forcé ou obligatoire, la non-
discrimination et l’égalité de traitement et l’élimination du
travail des enfants.

Toutefois, il y a des auteurs qui déplorent l’inefficacité


des mesures d’implantation et de suivi des codes de conduite,
qu’ils attribuent au manque de transparence et d’indépendance
des structures de contrôle interne mises en place par les
entreprises.

D’autres pensent que le personnel des firmes de


vérification externe ne possède pas les connaissances requises
pour évaluer l’application des normes internationales du travail.
Autant dire que les codes de conduite peuvent donc être
considérés comme une forme de privatisation du droit
international et des droits nationaux du travail. Ils constituent,
selon certains auteurs, une négation de la philosophie pluraliste
caractérisant le droit travail, la légitimité des organisations
syndicales à négocier au bénéfice des travailleurs, étant
subordonné au pouvoir unilatéral de l’employeur d’établir les
conditions de travail.
190
6.17. L’arbitrage des différends

Parmi les charges confiées à notre véritable institution


internationale qui est l’Organisation mondiale du commerce
figure : de veiller à la loyauté de la concurrence internationale
et d’arbitrer les différends éventuels entre les partenaires du
commerce international, à travers l’organe de règlement des
différends (ORD). Donc l’arbitrage des différends entre les
partenaires du commerce international est assuré par ORD.

Le mécanisme consiste à prévoir que si les procédures de


conciliation n’aboutissent pas avant deux mois, un jury de trois
membres choisis dans une liste internationale de plus de 200
noms (« panel ») sera constitué et devra fournir son avis sur la
question dans un délai de six à neuf mois. Ses
« recommandations » adoptées automatiquement, sauf accord
des parties concernées pour les rejeter, peuvent faire l’objet
d’un appel dans les trois mois qui suivent leur adoption. Les
recommandations définitives, émises par un nouveau « panel »
de trois membres choisis sur une liste de sept personnes,
devront ensuite être mises en œuvre par le pays concerné dans
un délai fixé en accord avec ce dernier.

En cas de non application, l’OMC pourra autoriser le pays


plaignant à appliquer des mesures de rétorsion. Dès sa création,
l’ORD s’est trouvée très sollicitée, même si la plupart des
procédures ont abouti à un accord entre les partenaires en
conflit. Les différends les plus importants ont surtout concerné
le « bras de fer » qui oppose les Etats-Unis à l’Europe dans un
certain nombre de domaines et plus récemment les Etats-Unis
et la Chine. L’Europe a, par exemple, soumis à l’arbitrage de
191
l’ORD les lois américaines Helms-Burton (Cuban Liberty and
Democratic Solidarity Act) et d’Amato-Kennedy (Iran and
Libya Sanctions Act) qui, depuis 1996, autorisaient les Etats-
Unis à décider unilatéralement des mesures de représailles
(recours en indemnisation, refus de délivrer des visas d’entrée
aux Etats-Unis, refus de crédit par une banque américaine,
interdiction de transfert technologique, refus d’importer les
produits de l’entreprise sanctionnée…) à l’encontre des
entreprises nationales ou étrangères qui investiraient à Cuba ou
dans d’autres pays qualifiés « d’Etats terroristes » (Libye et
Iran). L’objectif de ces lois était a priori politique, mais elles
dissimulaient aussi des préoccupations économiques dans la
mesure où les Etats-Unis craignaient que des entreprises
étrangères ne supplantent les entreprises américaines dans les
pays concernés.

L’Union européenne estimait, quant à elle, d’une part, que


ces lois n’étaient pas conformes au Droit international du fait
de leur caractère extraterritorial et, d’autre part, qu’elles se
révélaient incompatibles avec les règles de l’OMC. Elle a donc
déposé une plainte auprès de l’ORD dès 1996, ou en prévoyant
la mise en place de mesures de protection de ses entreprises et
des mesures de représailles à l’encontre des Etats-Unis. Dans
le même temps, la firme Total signait avec l’Iran un contrat
gazier de 2 milliards de dollars, s’exposant ainsi aux
représailles américaines. Ce n’est qu’en 1998 que les Etats-
Unis et l’Union européenne sont parvenus à un accord
permettant aux entreprises européennes de bénéficier d’une
dérogation permanente.
192
Les contentieux euro-américains les plus importants ont
concerné, et concernent toujours les produits agricoles. L’un
d’entre eux portait sur le refus européen d’importer de la viande
bovine américaine du fait du recours aux hormones dans
l’élevage bovin aux Etats-Unis, alors que ce dernier est interdit
en Europe pour des raisons de santé publique.

Soumise en 1996 à l’arbitrage de l’ORD par les Etats-


Unis, qui nient la nocivité de l’utilisation des hormones et qui
estiment les restrictions européennes contraires aux règles du
commerce international, l’Union européenne fut condamnée par
l’ORD en première instance en mai 1997 aux motifs que la
décision européenne de refuser d’importer de la viande bovine
américaine ne reposait pas sur une évaluation scientifique des
risques, qu’elle se révélait discriminatoire et qu’elle constituait
une restriction déguisée au commerce international.

Il est vrai que chaque Etat peut déterminer le niveau de


protection qu’il juge approprié pour protéger la santé des
consommateurs ou l’environnement, mais à condition que ce
dernier soit fondé sur des « principes scientifiques » n’établisse
pas de « discrimination arbitraire et injustifiée » entre les pays
et ne constitue pas « une restriction déguisée au commerce
international ».

Les Etats-Unis et l’OMC considèrent donc que « tant que


la nocivité d’un produit n’a pas été scientifiquement prouvée ou
tant que le niveau du risque semble acceptable, toute mesure de
protection des consommateurs ou de l’environnement est
injustifiée ».
193
Une autre plainte des Etats-Unis contre l’Union
européenne dans le domaine du commerce international des
produits agricoles a concerné le refus de l’Union européenne,
depuis 1998, d’importer des organismes génétiquement
modifiés (OGM) destinés à la consommation humaine ou
animale. Dans ce domaine encore, et pour les mêmes raisons
(absence de preuve scientifique de la dangerosité des produits
concernés), l’ORD a condamné l’Union européenne au début
de l’année 2006.

Les OGM sont des organismes vivants dont on a modifié


le patrimoine génétique en manipulant son ADN, afin de les
doter de propriétés particulières. Apparus dans le domaine
agricole en 1994, les OGM sont constitués essentiellement par
le soja (63% des surfaces plantées en OGM), le maïs (19%), le
coton (13%) et le colza (5%).

Les OGM offrent une meilleure conservation et une


meilleure résistance aux maladies et aux insectes nuisibles que
les produits naturels, permettant ainsi, non seulement de
diminuer le coût des traitements phytosanitaires, mais aussi de
limiter les risques de pollution liés à l’utilisation abusive
d’insecticides, d’herbicides, de pesticides et autres produits
chimiques. Ils permettent en outre d’adapter les cultures à leur
environnement climatique ou géologique et d’améliorer leur
qualité nutritionnelle, constituant ainsi pour leurs populations
du tiers-monde souffrant de malnutrition ou de sous-
alimentation un espoir certain.

Sur ce, on connaît mal les incidences à long terme des


manipulations génétiques sur la santé des consommateurs
194
(risques de déficiences organiques et immunitaires, allergies
alimentaires, résistance à certains antibiotiques) et sur
l’environnement (dissémination dans la nature par pollinisation
et croisement inter-variétaux des caractères transplantés,
résistance des plantes sauvages aux herbicides et des insectes
utiles et apparition d’insectes artificielles, transmission de
gênes de résistance à des espèces non désirées, disparition de
certains espèces et réduction de la biodiversité (78).

Encore une fois, pour les raisons de preuves scientifiques


de la dangerosité des produits concernés, l’ORD a condamné
l’Union européenne au début de l’année 2006. Les OGM sont
des organismes vivants dont on a modifié le patrimoine
génétique en manipulant son ADN, afin de les doter de
propriétés particulières. Apparus dans le domaine agricole en
1994, les OGM sont constitués essentiellement par le soja -63%
des surfaces plantées en OGM) ; le maïs (19%), le coton (13%)
et le colza (5%).

Les OGM offrent une meilleure conservation et une


meilleure résistance aux maladies et aux insectes nuisibles que
les produits naturels, permettant ainsi non seulement de
diminuer le coût des traitements phytosanitaires, mais aussi de
limiter les risques de pollution liés à l’utilisation abusive
d’insecticides, d’herbicides, de pesticides et autres produits
chimiques. Ils permettent en outre d’adapter les cultures à leur
environnement climatique ou géologique et d’améliorer leur
qualité nutritionnelle constituant ainsi pour les populations du
tiers-monde souffrant de malnutrition.

78
A lire : DUMAS, A., op. cit., pp. 51-56.
195
Typologie des conflits commerciaux

Parmi les types des conflits qui peuvent exister dans le


commerce international, nous citerons :
a) Les conflits liés aux limitations de l’accès aux marchés :
au-delà des droits de douane qui subsistent pour certains
produits, les conflits de ce type concernent les mesures
protectionnistes non tarifaires destinés à freiner de façon
artificielle les importations de produits étrangers
concurrents (freins administratifs, recours abusif à des
normes sanitaires, environnementales ou techniques…).
Ils représentent environ 40% des conflits soumis à
l’ORD ;
b) Conflits liés aux pratiques commerciales déloyales : les
conflits de ce type concernent des pratiques qui entraînent
des distorsions de concurrence : la corruption (pots-de-
vin) dans les transactions internationales, le piratage et les
contrefaçons, les ententes illicites entre entreprises, ainsi
que le dumping social (faibles coûts salariaux et non-
respect de normes sociales minimales), écologique (non-
intégration des coûts environnementaux dans les coûts de
production) ou monétaire (manipulations monétaires).
Ces conflits représentent environ 1% des plaintes ;
c) Conflits liés à l’utilisation abusive de mesures de défense
commerciale : certains pays peuvent utiliser de façon
abusive des mesures destinées à lutter contre des
pratiques commerciales qualifiées de déloyales : droits
compensateurs anti-dumping ou anti-subventions
publiques et mesures de sauvegarde temporaires
invoquées abusivement. Ces conflits semblent être les
plus nombreux puisqu’ils représentent 48% des plaintes.
196
6.18. La recherche et le développement comme
facteurs de la compétitivité des multinationales

La recherche et développement prend une part croissante


dans l’économie. La recherche et développement est un
processus qui, partant d’une invention ou plus rarement de la
recherche fondamentale, assure sa faisabilité industrielle. La
recherche et développement marque le passage du laboratoire à
l’usine, son passage au stade industriel. La recherche et
développement « produit » de l’innovation. L’innovation est
l’application industrielle et commerciale d’une découverte ou
d’une invention.

L’essentiel du progrès économique est généré par des


innovations et se traduit généralement par une amélioration des
conditions de vie et de la productivité. Ces innovations, très
progressives jusqu’au XVIIIè siècle, se sont graduellement
accélérées, de sorte que l’essentiel des produits utilisés
actuellement a vu le jour depuis moins d’un siècle et demi.

Parmi les différentes formes de recherche, nous citerons :


- la recherche fondamentale : qui est la recherche
scientifique de base. Principalement orientée vers la
production de connaissances dont la qualité et l’intérêt
sont évalués par la communauté scientifique à travers des
publications spécialisées. Les coûts sont importants et les
retombées incertaines.
- La recherche appliquée qui a pour objectif l’acquisition de
connaissances dans un but déterminé. Elle peut être le
prolongement de recherche fondamentale avec un objectif
de mise au point de produits, services ou procédés
197
peuvent faire l’objet d’une activité répondant à des
besoins précis.

Le développement correspond aux travaux systématiques


basés sur les connaissances obtenues par la recherche en vue de
lancer des produits nouveaux, de mettre en œuvre de nouveaux
procédés en vue d’une offre commerciale.

L’innovation

L’innovation implique la mise en œuvre d’idées


nouvelles. Elle peut se faire de plusieurs façons :
- Innovations produits qui sont une mise sur le marché de
produits entièrement nouveaux, mais aussi modifications
apportées à des produits existants au niveau de leurs
composants, de leur présentation, etc. (les différentes
générations de téléphones mobiles) :
- Innovations de procédé : elles concernent les machines,
les technologies mises en œuvre dans la production ;
- Innovations commerciales : il peut s’agir des méthodes
de distribution, de communication, de promotion ;
- Innovations organisationnelles : la structure de
l’entreprise, l’organisation du travail, les relations avec
les partenaires, clients ou fournisseurs, sont autant de
moyens de rechercher un avantage concurrentiel.

Cependant, l’entreprise peut avoir accès à l’innovation par


différents moyens : la recherche et développement interne, les
alliances technologiques, la sous-traitance, les transferts de
technologie (achat de brevets, licences, franchise), la croissance
198
externe (prise de participation dans une entreprise dont on
convoite la technologie).

Pour protéger l’innovation, la recherche et développement


peut être considérée comme un investissement intellectuel dans
le sens où des dépenses importantes et immédiates donnent
naissance à un stock de connaissances susceptibles de générer
des recettes dans le futur. Les brevets accordent une protection
dont la justification est de permettre à celui qui innove d’en
percevoir la rémunération en bénéficiant d’un droit exclusif qui
le met en situation de monopole.

En outre, pour favoriser l’innovation, la communication


entre les services commerciaux, de production et de recherche
est un facteur essentiel, dès le début et pendant toute la durée
du projet. Donc, il faut une intégration entre la conception, la
production et la démarche commerciale. C’est pourquoi, une
structure de type organique et un style de direction participatif
qui favorisent l’esprit d’initiative et l’implication des salariés
sont généralement considérés comme des conditions propices à
l’innovation (79).

Autant dire que, la recherche et le développement (R et


D) sont dans le processus de globalisation de l’économie, des
facteurs déterminants de la compétitivité. En effet, l’ouverture
des échanges et celle des territoires aux investissements
étrangers réduits pour tout pays les capacités de maintenir des
atouts concurrentiels, elles peuvent être exploitées par les
investisseurs étrangers. L’innovation est la clé de la

79
SOUTENAIN, J.F., Management, éd. Foucher, 58, Rue Jean Bleuzen,
92170, Vanves, Paris, 2009, pp. 66-69.
199
construction de nouveaux avantages compétitifs ainsi que de la
formation de nouveaux marchés et de nouveaux débouchés.
C’est pourquoi, la recherche et le développement sont une
activité de très forte implication de personnel de haut niveau de
formation et de compétence. Les personnels de ce niveau sont
principalement concentrés dans la zone des pays les plus
industrialisés (80).

Importance de l’innovation

L’innovation donne des avantages concurrentiels. Elle est


un facteur de compétitivité hors coûts. Grâce à l’utilisation de
machines nouvelles ou de nouveaux équipements, elle permet
la mise en œuvre de nouvelles techniques de production. Ainsi,
les entreprises peuvent accroître leur productivité. Chaque unité
produite revient ainsi moins chère à réaliser, ce qui permet de la
vendre à un prix inférieur sans diminuer leur marge, d’où une
meilleure compétitivité-prix. Elles peuvent aussi augmenter
leur marge afin de financer de nouvelles innovations.

L’innovation permet aussi une stratégie de différenciation


axée sur le produit. L’entreprise pourra avoir un avantage
concurrentiel en proposant des produits nouveaux, plus
performants ou avec des caractéristiques distinctives. Elle
pourra ainsi vendre ses produits plus chers que ses concurrents
tout en ayant une demande solvable importante (81).

80
BOST, F., CARROUE, L. et cie, Images économiques du monde :
géographie politique, économique 2009, Armand Colin, Paris, 2009, p.
20.
200
Comment financer la recherche et le développement

L’entreprise innovante doit déterminer la manière dont


chaque étape du processus va être financée. Cela implique la
nécessité de financer les investissements et l’accroissement des
moyens techniques, d’où également l’accroissement des
besoins en fonds de roulement. Les financements peuvent être
obtenus auprès de diverses sources :
- Les fonds propres permettant l’autofinancement sont par
natures limités et les prêts bancaires à la création
d’entreprise seront difficilement accordés pour un
concept trop innovant.
- Les « business angels » sont des investisseurs, personnes
physiques qui prennent une part du capital d’une société
innovante. Il s’agit de personnes expérimentées ayant une
bonne connaissance des marchés visés. Leur apport n’est
donc pas que financer, car ils peuvent faire bénéficier le
créateur d’une expérience et d’un réseau de relations.

Tableau n°3. Répartition mondiale des efforts de recherche


et développement pour l’année 2007

Pays R et D R et D R et D/PIB Part Dépôts de


en Md $ en % en 2006 en effectuée brevets
% par les internes
entreprise en %
s en %
Etats-Unis 353,0 31,4 2,6 71,1 33,6
Europe 276,0 24,6 - - -
Allemagne 64,6 5,7 2,5 11,3 69,9
France 44,0 3,9 2,1 4,1 61,9

81
CAVAGNOL, A. et ROULLE, P., Management, éd. Gualino, Paris,
2014, p. 80.
201
Royaume- 40,1 3,6 1,7 3,5 63,0
Uni
Japon 143,5 12,8 3,2 75,2 17,5
Chine 175,0 15,6 1,3 68,3 3,5
Inde 41,8 3,7 - - -
Corée du Sud 37,7 3,4 3,0 76,9 4,5
Total 1.124,0 100 - - 100,0

Source : Bost, F., Carroué, L. et Cie, Images économiques du monde :


géographie politique, économique 2009, Armand Colin, Paris, 2009, p. 20.

Au regard du tableau ci-haut, la répartition mondiale des


frais consacrés à la R et D pour l’année 2007 traduit la place
dominante occupée par les Etats-Unis, l’Europe et le Japon,
avec plus des deux tiers (69%) du total mondial.

La position de l’Europe est cependant en phase de déclin


relatif. Elle souffre d’un manque de dynamisme qui apparaît à
la considération de l’intensité de la R et D en termes de part du
PIB, c'est-à-dire de la richesse localement produit, consacrée à
la recherche et au développement. L’Europe, en 2007, n’a
investi que 1,8% de son PIB dans la R et D alors que les Etats-
Unis en ont consacré 2,6% et le Japon, 3,2%. L’Allemagne se
distingue ici des autres pays européens avec une intensité de R
et D qui se maintient à 2,5%. Cette situation découle, en grande
partie, de la faiblesse de la part de R et D effectuée, en Europe,
par le secteur des entreprises.

Toutefois, on assiste à la montée en puissance d’un


certain nombre de pays émergents comme la Corée du Sud,
Taiwan, Singapour, l’Inde, la Chine et le Brésil. Les dépenses
totales de R et D ont porté la Chine en troisième rang mondial,
202
les autres pays émergents occupent encore une place
relativement modeste.

Autant dire que, la prise en compte de la distribution


internationale des efforts de recherche et de développement
illustre la répartition selon les pays, des capacités intellectuelles
(le personnel disponible) et d’infrastructures (laboratoires,
universités). Le phénomène de la globalisation s’exerce
également sur cette dimension par la conduite de travaux de
recherche et de développement par les firmes multinationales,
en dehors de leur pays d’origine. Les pays émergents dont le
coût de la main-d’œuvre constitue une des bases d’attractivité
des investissements pour les entreprises multinationales offrent,
aujourd’hui, de manière croissante, des cerveaux bien formés
qui favorisent l’implantation de laboratoires de recherche et de
développement. C’est ainsi que 980 firmes multinationales
installées en Chine y exploitent également un laboratoire de
recherche et que 225 entreprises de la liste, 500 plus grandes
firmes mondiales par le chiffre d’affaires, établie par le
magazine Fortune, détiennent un centre de R et D sur le
territoire indien.

L’attractivité de la Chine est, avant tout dire, au volume et


à la croissance de son marché intérieur. Les laboratoires
implantés sur place développent des produits et des procédés
destinés principalement au marché local. L’Inde est plutôt
recherchée pour ses capacités tant techniques que linguistiques,
ses laboratoires travaillent le plus souvent directement pour les
marchés mondiaux dans des domaines comme
l’électronique(82).

82
BOST, F., CAROUE, L. et Cie, op. cit., p. 21.
203

Il est admis que la globalisation impose une concurrence


la plus générale possible, en ce sens qu’elle combine, de plus en
plus, nécessairement la recherche des coûts les plus bas et ceci,
dans tous les domaines d’activités et des produits et processus
les plus innovants.

La globalisation conduit à une extension internationale


des capacités intellectuelles qui favorise l’apparition de
nouvelles innovations dans un ensemble assez étendu de pays ;
la constitution de pôles d’excellence qui combinent, de manière
étroitement articulée, les compétences de production et de
recherche (83).

J. Sapir pense que les firmes multinationales, en


cherchant à atteindre les volumes de production les plus
importants, elles ont voulu bénéficier le plus possible de ce que
l’on appelle les « effets d’échelle » : le coût à l’unité baisse
avec le volume de la production, par un effet d’apprentissage
qui se traduit par une hausse de la productivité ou par une
baisse du prix sur les composants, en échange de volumes de
commande très largement accrus. Il est vrai que la globalisation
a donc d’abord été celle des firmes. Mais elle n’a pas débouché
sur une firme « globale ». On constate ainsi que pour la même
activité, les spécificités nationales dans la conception restent
très fortes. Sur ce, là où pour le dessin d’une pièce, un
ingénieur français conceptualisera le modèle des contraintes
dynamiques et thermiques, l’ingénieur japonais visualisera la
même pièce et réagira par des modifications de formes. Les
ingénieurs américains, russes et britanniques réagissent encore

83
BOST, F., CAROUE, L. et Cie, op. cit., pp. 20-21.
204
autrement. Ceci implique qu’une des leçons de ces quarante
dernières années est bien la permanence de ces cultures
techniques nationales, qui s’accompagne aussi d’une
permanence des cultures de gestion (84).

Tableau n° 4. Les principales firmes effectuant de la


recherche et développement en 2007

N° Firme Pays Industrie R et D Brevets


en Md $ intern.
déposés
1 Toyota Japon Automobile 7,9 997
2 Microsoft Etats-Unis Electronique 7,4 845
3 Pfizer Etats-Unis Pharmacie 7,3 -
4 Ford Etats-Unis Automobile 7,1 -
5 Glaxosmith Royaume-Uni Pharmacie 7,1 -
Kline
6 Siemens Allemagne Electronique 6,8 1.644
7 General Motors Etats-Unis Automobile 6,4 -
8 Volskwagen Allemagne Automobile 6,4 -
9 Intel Etats-Unis Electronique 6,3 623
10 Sanofi Aventis France Pharmacie 6,3 -
11 IMB Etats-Unis Electronique 5,9 606
12 Novartis Suisse Pharmacie 5,9 342
13 Nokia Finlande Electronique 5,7 822
14 Matsechita Japon Pharmacie 5,6 2100
Electric
15 Johnson et Etats-Unis Pharmacie 5,5 -
Johnson
16 Roche Suisse Pharmacie 5,3 -
17 Merck Etats-Unis Pharmacie 5,1 -
18 Nissan Japon Automobile 5,1 -
19 Honda Japon Automobile 4,9 -
84
SAPIR, J., La démondialisation, éd. du Seuil, Paris, 2011, pp. 67-68.
205
20 Cisco Etats-Unis Electronique 4,6 283

6.19. Les multinationales de l’économie congolaise

6.19.1. Historique

Lors de la création de l’Etat Indépendant du Congo (EIC),


il est établi qu’à l’origine, le roi ne disposait pas suffisamment
de ressources financières en 1885 pour gouverner le Congo.
C’est pourquoi, le Roi des Belges, Léopold II pratiqua une
politique interventionniste en encourageant les sociétés privées
à investir dans sa colonie à travers des chartes qu’elles
signaient avec l’EIC. C’est ainsi que naquirent les compagnies
à charte, constituées par le Roi Léopold II. Elles joueront un
rôle déterminant dans la colonisation du Congo. La première
société à charte est la compagnie du Congo pour le commerce
et l’industrie (C.C.C.I.), qui fut fondée en 1886. Cette politique
aboutira en 1906 à la création, avec les concours de la Société
Générale de l’Union Minière du Haut Katanga, de la
Compagnie du Chemin de fer du Bas-Congo, au Katanga et la
Forminière qui servent de base aux investissements de l’EIC.
Ces sociétés à chartes sont en fait des organismes mi-publics,
mi-privés qui reçoivent des pouvoirs étatiques en vertu des
conventions spéciales conclues avec l’Etat.

Il était souligné que les sociétés à charte pouvaient, sur le


territoire qui leur est attribué, louer ou concéder l’exploitation
des forêts domaniales tout comme concéder les gisements
miniers et percevoir des redevances des concessions. C’est
grâce à cette stratégie que l’EIC avait conçu les projets, les a
orientés en choisissant des hommes qu’il estimait capables de
les mener à bien et de gérer les concessions tout en assurant à
206
l’Etat des redevances substantielles. Enfin, ce sont des
compagnies privées qui avaient reçu du roi Léopold II de vastes
espaces dans la cuvette centrale où elles exerçaient le monopole
du commerce. C’est la théorie des terres vacantes reprise par
l’administration coloniale belge.

En 1908, le Congo devient la colonie belge. La mise en


valeur du territoire est laissée à l’initiative des sociétés privées
pour développer principalement les mines et les chemins de
fer(85).
Peu avant l’accession du pays à l’indépendance, la
Belgique initie un processus d’affaiblissement du rôle de la
contribution des sociétés à charte avec le déplacement des
sièges en 1960 à la base du contentieux belgo-congolais. La
mise en place d’une économie extravertie et dont ni le plan
décennal sur le développement économique et social (1949-
1999) qui entendait créer et promouvoir un marché intérieur, ni
les différentes réformes économiques d’après l’indépendance
(loi Bakajika de 1966 et l’abolition des compagnies à charte, loi
sur le commerce, mesures de la zaïrianisation de 1973, etc.) n’a
pu infléchir.

Toutefois, il convient de souligner que, dans les affaires


du Congo, la Belgique a toujours eu, par rapport aux grandes
puissances de l’Europe occidentale (Allemagne, Grande-
Bretagne et France) et surtout les Etats-Unis et Israël, les mains
liées. Dans les affaires congolaises, les Etats-Unis et les

85
BAHARANYI NACIYIMBA, S., RD-Congo :
privatisation des entreprises du portefeuille: enjeux et
défis pour le développement, 31 mai 2012.
207
multinationales américaines sont donc au premier rang depuis
1960 (86).

6.19.2. Les richesses naturelles du Congo

La République Démocratique du Congo est réellement un


scandale géologique que les nations et entreprises occidentales
s’emploient à contrôler depuis la Conférence de Berlin en 1885.

Les matières premières, pilier de la croissance

Porté par la reprise mondiale des cours de matières


premières le secteur minier joue désormais un rôle majeur dans
la reprise de l’économie du pays dont le taux de croissance a
atteint 6,5% en 2007 et dont le PIB frôle désormais les 10 Md
$. Avec le retour fragile de la paix, les grands projets refont
surface, après avoir été mis en parenthèse durant la guerre
civile de 1996-2004.

La liste de richesses minières du Congo dont notamment :


les nickel, zinc, germanium, uranium, argent.

N° Matières Localisation
1 Cuivre Katanga
2 Or Province Orientale, Maniema, Katanga,
Nord-Kivu, Sud-Kivu
3 Diamant Kasaï Occidental et Oriental, Bandundu,
Equateur, Province Orientale

86
BUCYALIMWE, S., Le rôle des multinationales et des
Etats des grands lacs d’Afrique dans la dynamique
politique en République Démocratique du Congo,
ICREDES, Kin, Montréal, Washington, 2013, p. 137.
208
4 Etain Katanga, Nord et Sud-Kivu, Maniema
5 Colombo tantalite Katanga, Nord et Sud-Kivu, Maniema
(coltan)
6 Fer Province Orientale, Kasaï Oriental
7 Manganèse Katanga, Bas-Congo
8 Charbon Katanga
9 Cobalt Katanga
10 Schistes bitumeux Bas-Congo
11 Gaz méthane Lac Kivu
12 Pétrole Bas-Congo, Ituri ; Bandundu
13 Bauxite Bas-Congo

En effet, l’absence et la médiocrité des infrastructures de


transport grèvent très fortement cette reprise. Depuis la reprise
de la coopération entre les Institutions de Bretton Woods et
surtout du fait de la conclusion en juin 2002 d’un programme
d’ajustement structurel appuyé par la facilité pour la croissance
et la réduction de la pauvreté, il a été créé une structure
dénommée : Comité de Pilotage de la Réforme des Entreprises
du Portefeuille « COPIREP ».

Cette « Agence d’exécution de la Banque Mondiale »


travaille sous la supervision politique du Ministère du
Portefeuille et dont l’objectif déclaré est celui de l’amélioration
de la compétitivité du secteur privé, travaille en réalité sur le
processus de préparation de la privatisation des entreprises
publiques pour les céder aux multinationales au motif que
l’Etat propriétaire n’a pas les moyens nécessaires à leur
redressement.
209
Ainsi, en 2008, est intervenue la réforme des entreprises
publiques du portefeuille qui, par quatre différentes lois,
préconise de nouvelles dispositions portant à la fois la
transformation des entreprises publiques, le désengagement de
l’Etat ainsi que l’organisation des établissements publics et la
gestion du portefeuille de l’Etat. Il s’agit respectivement des
lois n° 08/007 du 7 juillet 2008 portant dispositions générales
relatives à la transformation des entreprises publiques, n°
08/008 du 7 juillet 2008 portant dispositions générales relatives
au désengagement de l’état des entreprises du portefeuille, n°
08/009 du 7 juillet 2008, réglementant les dispositions
applicables aux établissements publics et n° 08/010 du 7 juillet
2008 relative à l’organisation et à la gestion du Portefeuille de
l’Etat.
C’est dans ce processus global de réforme que sont nées
beaucoup d’entreprises privées des sociétés multinationales
ayant récupéré les concessions minières de certaines entreprises
jadis publiques comme la Gécamines et l’OKIMO.
Toutefois, les potentialités hydroélectriques du pays (14% du
potentiel mondial) dont le pays n’exploite qu’à peine 1% (1.150
Mw, sur environ 100.000 Mw). La construction d’Inga III
prévue d’ici là pourrait porter à 3.5000 Mw, peut inciter les
investissements directs étrangers de revenir au Congo, surtout,
le nouveau pouvoir en place entend bien revoir les 61 droits
miniers « léonins » signés avec des compagnies étrangères et
actuellement en vigueur, en raison de l’opacité qui les a
accompagnés. A cette occasion, l’Etat congolais souhaite
favoriser l’arrivée des géants mondiaux dont les sociétés
multinationales pour investir au Congo.
210
Dans le rapport 2013 sur les progrès en Afrique équité et
industries extractives en Afrique pour une gestion au service
de tous, Adam Smith pense qu’ « en théorie, la richesse tirée
des ressources naturelles devrait renforcer la croissance
économique, donner aux gouvernements la possibilité de
soutenir le développement humain et créer des emplois. En
pratique, elle a souvent conduit à la pauvreté, aux inégalités et à
de violents conflits. Ces symptômes ont été largement attribués
à ce que l’on appelle : la malédiction des ressources naturelles
ou les pièges de la pauvreté liés aux ressources naturelles (87).

La question au cœur du débat sur la malédiction des


ressources naturelles en Afrique est la suivante : « Comment
des pays peuvent-ils être si riches en ressources minérales,
pétrolières et autres et pourtant si pauvres comme la
République Démocratique du Congo ?

Malgré une économie mondiale affaiblie, la croissance de


l’Afrique subsaharienne est restée solide, atteignant en
moyenne, plus de 5% par an sur les dix dernières années. En
2012, plusieurs pays d’Afrique en général et le Congo en
particulier ont connu une croissance d’au moins 6%.

6.19.3. Impact sur l’emploi, l’environnement et les


conflits des sociétés minières multinationales
en République Démocratique du Congo

En termes d’effets directs sur les protections et


l’environnement, le secteur de l’extraction minière et parfois,
dépeint comme véritable fléau : une source d’exploitation, de

87
Rapport du Panel à propos de progrès en Afrique 2013, p. 14.
211
dommages pour l’environnement et de violation des droits de
l’homme.

a) Sur le plan environnemental

L’exploitation minière à grande échelle fait reculer les


forêts et les prairies, détruit la terre végétale et fait pénétrer de
lourds engins dans les milieux fragiles. Bon nombre des
problèmes environnementaux associés à l’exploitation minière
proviennent soit de la contamination de l’eau, soit de
l’utilisation excessive des eaux de surface et souterraines.

Le secteur pétrolier procède à l’extraction du pétrole et du


gaz naturel dans des environnements marins, terrestres et
lacustres extrêmement sensibles aux dommages écologiques.
Ces impacts environnementaux peuvent nuire gravement aux
moyens de subsistance des personnes vulnérables.

A titre d’exemple :
Une évaluation environnementale de la République
Démocratique du Congo menée par le programme des Nations
Unies pour l’Environnement (PUNE) en 2011 a révélé la
présence de très fortes concentrations de sels et de cobalt
hautement toxiques dans la province du Katanga. Les
concentrations de cobalt dans les urines d’un échantillon de
population ont été les plus élevées jamais enregistrées pour une
population générale, illustrant le lien entre dommages
écologiques et santé humaine (88).

88
Rapport du Panel 2013, op. cit., p. 14.
212
En outre, l’exploitation minière produit d’énormes
volumes de déchets. Ma manière dont ces déchets sont gérés et
éliminés influe sur son impact écologique. Les résidus miniers,
les terrils et autres déchets miniers s’ajoutent aux problèmes
environnementaux. Les impacts négatifs des sociétés
multinationales minières sur l’environnement en Afrique, en
général, et au Congo Démocratique en particulier, freinent le
développement humain.

b) Sur le plan de l’emploi et humain

Aussi, dans la plupart des pays africains riches en


ressources naturelles et, précisément au Congo Démocratique,
les sociétés industrielles extractives emploient relativement peu
de personnes de la communauté locale. Pourtant, leurs activités
ont des effets importants sur les communautés locales, qui se
sentent souvent exclues des bénéfices et de la richesse générée
par ces industries et sont lésées par les bouleversements ou les
impacts écologiques de l’extraction.

Les industries minières extractives opèrent souvent dans


des environnements sociaux complexes, entourées de
communautés vivant dans une extrême pauvreté. Les villages
situés autour de Doko et Watsha dans la Province Orientale, le
site de l’une des plus grandes concessions minières d’or,
comptent parmi les plus pauvres de la province et du Congo qui
est exploité par Kibali Gold.

Il est constaté qu’au bout d’une décennie de forte


croissance, la République Démocratique du Congo, riche en
ressources naturelles, reste en bas du classement international
213
en matière de développement humain. Le déficit de bien-être
dans notre pays riche en ressources naturelles est constaté sur :
- le taux de la mortalité maternelle et infantile qui présente
un niveau de risque pendant la grossesse ou en couches ;
- l’éducation présente encore le niveau élevé
d’analphabétisme chez les adultes, faibles taux de
scolarisation et d’achèvement des cycles d’enseignement
avec d’importantes inégalités entre les sexes ;
- la santé des enfants présente la malnutrition des enfants et
la plupart des enfants de moins de 5 ans souffrent de
retards de croissance, etc.

C’est pourquoi, sans la valeur ajoutée à nos produits


d’exportations, le Congo Démocratique restera à la traîne. La
croissance rapide des exportations de ressources naturelles et la
perspective de recettes fiscales exceptionnelles ont détourné
l’attention des faiblesses sous-jacentes de la République
Démocratique du Congo qui demeure un exportateur des
matières premières brutes ou légèrement transformées.

Pour débloquer tout le potentiel économique de ses


ressources naturelles, la République Démocratique du Congo
doit impérativement grimper dans la chaîne de valeur ajoutée
de la transformation des ressources minérales, pétrolières et
parfois de la fabrication.

A titre exemplatif, la République Démocratique du Congo


est le plus grand exportateur de cobalt au monde et représente à
elle seule la moitié de la production, un quart des diamants
industriels, 14% du tantale et 3% du cuivre et de l’étain qu’elle
exporte principalement sous la forme de minerai brut ; la valeur
214
ajoutée est apportée ailleurs, par les fonderies chinoises et
d’autres pays importateurs.

Une étude de la valeur ajoutée menée par le Communauté


de développement d’Afrique Australe pour toute une série de
ressources minérales en Afrique a révélé que la valeur des
produits transformés était généralement 400 fois supérieure à la
valeur unitaire équivalente en poids de la matière brute.

Autant dire que, sans les industries de transformation qui


ajoutent de la valeur, l’exploitation minière congolaise crée
moins d’emplois, génère moins de recettes et contribue moins à
la croissance du PIB. Sur ce, les exportations de ressources
naturelles ont boosté la croissance économique au Congo, elles
ont aussi approfondi l’intégration du Congo dans des domaines
à faible valeur ajoutée du commerce international, ce qui risque
de marginaliser le pays dans les schémas des pays émergents de
la mondialisation. C’est pourquoi, les décideurs politiques
congolais sont appelés à orienter leur politique économique
vers une transformation structurelle accélérée à travers le
développement de la transformation des ressources naturelles et
d’une activité manufacturière à valeur ajoutée. Ils doivent
utiliser des stratégies actives pour y arriver, afin d’attirer les
investisseurs dans le développement des compétences, accroître
les transferts de technologies et renforcer les liens entre le
secteur minier, pétrolier et les économies locales (89).

c) Sur les conflits

89
Rapport du Panel à propos de progrès en Afrique 2013, p. 14.
215
La gestion des ressources naturelles peut affecter les
conflits sociaux. En République Démocratique du Congo, des
milices locales armées, parfois en accointance avec les pays
voisins, ont utilisé les revenus miniers pour financer leurs
opérations. A un degré moindre, les investissements de
l’industrie extractive sont souvent associés à des conflits
déclenchés par le déplacement de communautés locales ou par
des griefs locaux. La société Kibati Gold a déplacé tout un
village à Doko. Toutefois, de nombreuses initiatives
internationales et régionales destinées à couper le lien entre les
conflits et les ressources naturelles ont été mises au point.

6.19.4. La problématique de la mauvaise gestion


comme facteur de la perte des recettes des
sociétés multinationales congolaises

6.19.4.1. Généralités de la mauvaise gestion sur la perte des


recettes

Le détournement des recettes et autres pertes liées aux


abus commerciaux est endémique dans les pays riches en
ressources naturelles comme le Congo. Il est impossible de
chiffrer ces pertes, et ce, pour une bonne raison : les pratiques
concernées sont illégales ou se situent dans la zone grise,
comprise entre légalité et criminalité. Les sommes concernées
sont souvent très importantes par rapport aux budgets
nationaux. C’est pourquoi, une gouvernance nationale faible
crée et rend possible un environnement de corruption. Les
pratiques opaques de certaines sociétés étrangères et le recours
fréquent aux sociétés Offshore facilitent activement et
216
encouragent le détournement illégal des richesses publiques sur
des comptes bancaires privées.

Les entreprises publiques mal gérées font également


partie du problème dans de nombreux pays. De par leur
contrôle sur les concessions, leur implication dans les accords
de partage de la production et leur rôle de vecteur d’activités
relatives aux investissements étrangers, aux recettes
d’exportation et au marché intérieur, les entreprises publiques
occupent une position charnière dans la gouvernance des
ressources naturelles. La gestion des recettes, la valeur placée
dans les actifs sous leur contrôle et l’argent qu’elles reçoivent
pour les concessions ne constituent pas seulement des
opérations commerciales. Ces éléments affectent également les
recettes que les gouvernements perçoivent (et donc la capacité
des gouvernements à investir les richesses issues des ressources
naturelles dans des infrastructures destinées à la santé, à
l’éducation et à l’économie) (90).

Ceci étant, les opérations des entreprises publiques sont


cachées derrière des systèmes de gestion financière opaques,
avec un contrôle législatif limité, des procédures de vérification
restreintes et dans le pire des cas, un mépris total de la
transparence et de la responsabilité du fait que les conditions
des accords de partage de production, les bonus de signature
des contrats et le négoce des concessions sont rarement révélés,
d’une part, et d’autre part, par la possibilité pour les leaders
politiques ou les fonctionnaires de tirer avantage d’accords
secrets passés avec des investisseurs étrangers.

90
Rapport de Panel 2013, p. 55.
217
6.19.4.2. Pertes de revenus en République Démocratique du
Congo

La privatisation du secteur minier de la République


Démocratique du Congo a été marquée par une réelle culture du
secret des accords informels et des allégations de corruption. Le
gouvernement a répondu aux inquiétudes sur la manière dont
les concessions minières ont été bradées. Vers la fin 2010, il a
accepté de publier tous les contrats miniers et pétroliers. En
2011, il a signé un décret exigeant que tout contrat pour toute
cession, vente ou location des ressources naturelles de l’Etat
soit rendu public dans les 60 jours suivant son exécution.
Cependant, en 2012, le FMI a stoppé un programme de prêt
suite à la non-publication par le gouvernement de l’ensemble
des détails d’un accord minier impliquant la vente par
l’entreprise minière publique, Gécamines d’une participation
dans une grande concession de cuivre. Le bénéficiaire était une
société immatriculée aux îles vierges britanniques. Suite à la
décision du FMI de mettre fin à trois tranches, la BAD a
annoncé qu’elle ne verserait pas 87 millions de dollars prévus
au titre de l’aide budgétaire.

La République Démocratique du Congo possède des


ressources naturelles minérales parmi les plus riches du monde
et est pourtant souvent perdante parce que les entreprises
publiques sous-évaluent systématiquement les actifs. Les
concessions ont été vendues selon des conditions qui s’avèrent
générer des bénéfices importants pour les investisseurs
étrangers, dont la plupart sont immatriculés dans des centres
Offshore, engendrant ainsi des pertes considérables pour les
finances publiques.
218

Les résultats du rapport de Panel 2013 sont arrivés sur les


pratiques qui entourent la gouvernance des ressources
minérales en République Démocratique du Congo à la
conclusion ci-après :
- entre 2010 et 2012, la République Démocratique du
Congo a perdu au moins 1,36 milliards de dollars de
recettes de recettes provenant de la sous-évaluation des
actifs miniers vendus aux sociétés offshore ;
- les pertes totales de cinq accords examinés étaient presque
équivalentes au double du budget annuel combiné, alloué
à la santé et à l’éducation en 2012. Et ceci, dans un pays
classé en tout en bas de l’indice de développement
humain des Nations Unies, avec l’un de taux de
malnutrition les plus élevés au monde, le sixième taux de
mortalité infantile mondial et plus de 7 millions d’enfants
non scolarisés ;
- chaque citoyen de la République Démocratique du Congo
a perdu l’équivalent de 21 dollars en raison de la sous-
évaluation des actifs de concession, soit 7% du revenu
moyen, et la République Démocratique du Congo compte
67 millions d’habitants ;
- dans les cinq accords, les actifs ont été vendus en
moyenne à un sixième de leur valeur estimée au prix du
marché. Des actifs estimés à 1,63 milliards de dollars au
total ont été vendus à des sociétés offshores pour 275
millions de dollars. La structure de propriété effective des
sociétés concernées n’est plus connue ;
- les sociétés offshores se sont assurées des bénéfices très
élevés sur la revente des droits de concession.
219
Le taux de rendement moyen des cinq accords examinés
était de 512% et a même atteint 980% dans un accord. Une
commission parlementaire a estimé qu’en 2008, le
gouvernement avait perdu 450 millions de dollars en raison
d’une mauvaise gestion, de la corruption et de politiques
fiscales déficientes. Sur ce, de hauts responsables du
gouvernement de la République Démocratique du Congo
reconnaissaient la gravité du problème que pose l’opacité du
négoce de concessions. C’est pour cette raison que le premier
ministre déclarera en 2012 que : « nous devons éviter la non-
publication des contrats miniers », la sous-évaluation des
ventes des actifs miniers et les situations où le gouvernement
n’est pas informé des actions des entreprises minières
publiques.

Nous pouvons admettre qu’au vu du problème soulevé ci-


haut, que la transparence et la responsabilité sont les deux
piliers d’une bonne gouvernance. Ensemble, elles constituent le
fondement de la confiance envers le gouvernement et de la
gestion efficace des ressources naturelles et ce fondement doit
impérativement être renforcé. Autant affirmer que les
ressources naturelles d’un pays appartiennent à ses citoyens,
qui ont le droit de recevoir une partie équitable des bénéfices
que ces riches peuvent générer.

6.19.4.3. Le contrat chinois

L’opinion publique congolaise pensait que le contrat


chinois était un troc. Par définition, le troc est l’opération
économique par laquelle chaque participant cède la propriété
d’un bien et reçoit un autre bien. Pour ce cas précis, la Chine
220
allait fournir les infrastructures en échanges des minerais à
fournir par la République Démocratique du Congo. Cependant,
le contrat chinois n’est pas du tout un contrat de type troc
comme il est prouvé dans la suite.

La République Démocratique du Congo avait conclu avec


la Chine, une mise en place d’un projet qui a abouti à un contrat
joint-venture entre un groupe d’entreprises chinoises et
congolaises pour l’exploitation minière au Katanga. Ce projet
s’est développé, d’une part, dans un programme de construction
d’une importante industrie minière et, d’autre part, dans la
réalisation des infrastructures en République Démocratique du
Congo.

Le projet de collaboration et non le contrat est né en mars


2008. Ce projet met en relation le gouvernement congolais de la
République Démocratique du Congo représenté par la
Gécamines d’une part, et la Chine représentée par le
groupement d’entreprises chinoises, financées par Exim Bank,
à travers les entreprises Crec et Sinhohydro, d’autre part. la
coopération porte sur deux projets : la réalisation des
infrastructures en République Démocratique du Congo et le
développement d’un projet d’exploitation minière devant
garantir le financement de ces infrastructures.

Pour la mise en œuvre du projet minier, les parties ont


constitué, au mois de septembre 2008, une société commune
dénommée « la Sino-Congolaise des Mines », SICOMINES en
sigle, dans laquelle le groupe Gécamines détient 32% et le
groupement d’entreprises chinoises 68%. Ce projet minier vise
l’exploitation par la joint-venture SICOMINES, pour un
221
investissement de 3,25 milliards Usd, des gisements de
Dikuluwe, Jonction Dima, Mashamba Ouest, Cuvette Dima,
Cuvette Mashama et Synclinal Dik, Colline D7 qui constituent
les permis d’exploitation (PE) 9681 et 9682 tous localisés dans
le territoire de Mutshatsha, district de Kolwezi, province du
Katanga (91).

Ce projet de coopération comprend :

1) Mise en place d’une plate-forme financière

- constitution de la joint-venture minière « SICOMINES Sarl »


entre le groupement des entreprises chinoises (GEC) et le
groupe Gécamines.
Capital social de dollars Usd 100 millions ainsi répartis :
- GEC : 68 % des parts sociales ;
- Groupe Gécamines : 32 % des parts sociales.
Durée de vie de la SICOMINES Sarl : 25 ans renouvelable.

Missions de la plate-forme :
- contracter des emprunts auprès de Exim Bank ;
- financer les projets d’infrastructures et le développement
de gisements miniers ;
- assurer le remboursement du financement du projet de
coopération.

2) Financement à mettre en place ou à mobiliser

- initialement prévu : Usd 9 milliards ;

91
Rapport de l’initiative pour la transparence des industries extractives,
République Démocratique du Congo, 2010, avril 2013, p. 104.
222
- actuellement : Usd 6,2 milliards (sur compromis avec le FMI).

Ce financement est essentiellement assuré par les


institutions bancaires et financières.

3) Mécanisme de remboursement

Source de remboursement : revenus générés par


l’exploitation minière (bénéfices d’exploitation).
Modalités :
- 66% de bénéfice d’exploitation sont affectés au
remboursement du financement du projet minier et
d’infrastructures ;
- 34 % de bénéfices sont distribués entre actionnaires au
titre de dividendes au prorata de leurs mises.

6.19.5. La problématique de la conception des


régimes fiscaux équitables

Pour concevoir des régimes fiscaux adaptés, les


gouvernements des pays africains en général congolais en
particulier riches en ressources naturelles doivent trouver le
juste équilibre. Leurs citoyens doivent faire face à de graves
déficits en services de base et que la croissance est limitée du
fait de la faiblesse des infrastructures, il leur faut maximiser les
recettes. En même temps, ils doivent attirer les investisseurs des
entreprises extractives afin de générer des flux de recettes
futures et de s’assurer que les investissements de ces
entreprises apportent une contribution à l’économie nationale, à
la société et à la viabilité environnementale.
223
Il n’est pas facile de réussir à atteindre tous ces objectifs.
Il est techniquement délicat de préciser la proportion minimum
de recettes qui pourraient revenir au gouvernement compte tenu
de la valeur des ressources extraites et du coût de leur
extraction. Les changements dans les conditions sous-jacentes
du marché compliquent davantage les choses pour les
gouvernements comme pour les investisseurs.

Afin d’attirer les investisseurs étrangers, plusieurs


gouvernements ont commis une erreur en proposant des
allégements fiscaux excessifs. C’est pourquoi en 2002, la
République Démocratique du Congo avait initié une réforme
fiscale de code minier qui avait accordé un allègement fiscal de
2% pour les matériels et équipements importés par les
entreprises en phase de recherche et exploration, 3% sur les
consommables et 5% pour les matériels et équipements pour
les entreprises en phase de construction et développement.
Toutefois, la République Démocratique du Congo, soucieuse
d’attirer les investisseurs étrangers, est arrivée à préparer un
cadre juridique, administratif et sécuritaire pour les inciter à
venir au Congo.

6.19.6. De la sécurité et de la promotion des


investissements en RDC

6.19.6.1. De la sécurité des investissements en République


Démocratique du Congo

A partir de 2001, on assiste à la revalorisation du rôle de


l’investissement et du secteur privé, considéré, à juste titre,
comme vecteur des richesses nationales et des emplois.
224
Plusieurs réformes sont intervenues sur le plan des textes
juridiques, mettant en avant-plan la sécurité des investissements
dans notre pays, avec comme objectif de mettre en place un
cadre où l’investisseur doit se sentir sécurisé, en ce qui
concerne sa personne et ses biens.

Au niveau interne, notre Constitution du 18 février 2006


reconnaît que la propriété privée de toute personne est sacrée.
Nul et alors nul ne peut y porter atteinte. Elle proclame aussi le
principe de la liberté du commerce et de l’industrie. Hormis
cette loi générale du pays, il y a ensuite diverses lois qui ont été
notées et promulguées par le Président de la République, parmi
lesquelles nous citons : le code des investissements n°
004/2002 du 21 février 2002, le code minier, le code forestier,
le code agricole, le code des douanes, qui consacrent divers
mécanismes de garantie et de sécurité des investissements
installés en République Démocratique du Congo.
A titre exemplatif, le code des investissements interdit
l’expropriation sauf pour cause d’utilité publique et ce,
moyennant une juste et préalable indemnité, ainsi que la
nationalisation de l’investissement.

Le code des investissements consacre l’égalité de


traitement entre tous les investisseurs nationaux et étrangers. Il
n’y a pas de discrimination dans le traitement des investisseurs
fondée sur leur nationalité, tous méritent les mêmes droits, les
mêmes obligations, les mêmes garanties, la même protection de
l’Etat. Il y a aussi la liberté de transfert à l’étranger des revenus
générés par les investissements en République Démocratique
du Congo consacrée par le code des investissements. Autant
dire que tout investisseur installé au pays est donc libre de
225
rapatrier où il veut, et sans restriction ses revenues, en vue
notamment, de faire face aux impératifs de remboursement des
crédits reçus à l’étranger.

La République Démocratique du Congo fait recours aux


mécanismes internationaux pour renforcer la sécurité des
investisseurs installés dans son pays. La République est
membre du CIRDI (Centre International de Règlement des
différends relatifs aux investissements entre Etats et
ressortissants d’autres Etats), de la MIGA (Multilateral
Investment Guarantee Agency), branche de la Banque mondiale
basée à New York et de l’ACA (Agence pour l’Assurance du
Commerce en Afrique) basée à Nairobi.

Le CIRDI prévoit des mécanismes de règlement des


différends compatibles avec les exigences du monde des
affaires et privilégiant le règlement à l’amiable et l’arbitrage.
La MIGA garantit les investissements réalisés par les étrangers
contre les risques non commerciaux tels que les insurrections,
les guerres civiles, les pillages, les soulèvements populaires.

Pour l’ACA, elle a pour objet de faciliter, d’encourager et


de développer la fourniture ou l’appui en assurance, y compris
la co-assurance et la réassurance, les garanties et autres
instruments financiers, à des fins d’échanges commerciaux
d’investissements et d’autres activités productrices en Afrique.
Les garanties qu’elle offre peuvent couvrir les risques
politiques que commerciaux ou non commerciaux.

La République Démocratique du Congo avait signé aussi


des conventions bilatérales de promotion et de protection
226
réciproque des investissements avec divers pays dont la France,
l’Allemagne, la Grèce, la Belgique, le Luxembourg et la Suède
pour ne citer que les pays de l’Europe.

C’est depuis le 13 juillet 2013 que la République


Démocratique du Congo vient de finaliser son adhésion à
l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du
Droit des Affaires). Le droit OHADA est un droit des affaires
modernes en Afrique, caractérisé, notamment par la
simplification des procédures et la sécurité juridique et
judiciaire des investisseurs.

Il y a lieu de noter aussi que tout investisseur est libre de


circuler paisiblement, sans être inquiété par qui que ce soit, sur
toute l’étendue du territoire national dans le cadre de sa sécurité
physique. Ceci étant, toutes les mesures citées ci-haut sont
prises pour garantir la sécurité des investisseurs tant nationaux
qu’internationaux et les promouvoir en République
Démocratique du Congo.

6.19.6.2. De la promotion des investissements en République


Démocratique du Congo

La promotion des investissements constitue actuellement


l’un des piliers de l’action du gouvernement congolais. Ces
diverses lois, ayant pour objectif de garantir l’épanouissement
des initiatives privées ont été mises en place, dont les différents
codes cité ci-haut.

Le gouvernement congolais s’engage dans un vaste


programme de réformes multisectorielles destinées à améliorer
227
en continu le climat des affaires du pays. Plusieurs réformes
fondamentales sont déjà effectives, notamment en matière de
création des entreprises (suppression de cinq formalités,
réduction du coût de l’immatriculation de 850 à 160 Usd et du
coût de l’ensemble du processus de 3000 à 750 Usd, réduction
du délai de l’immatriculation de 15 à 5 jours maximum), de la
fiscalité (réduction du taux de l’impôt sur les bénéfices de 40 à
35%), de la création de la zone franche, l’instauration des
régimes douaniers économiques) et de la parafiscalité
(réduction du taux de la redevance administrative de 5 à 2 %,
des droits perçus par l’OCC de 3 à 1,5 %, etc.).

La République Démocratique du Congo offre des


incitations douanières et fiscales aux investisseurs qui décident
d’y développer leurs affaires. Le code des investissements
prévoit notamment des exonérations des droits d’entrée pour les
équipements, matériels, machines et outillages ainsi que
l’exonération de l’impôt sur les bénéfices et de l’impôt foncier.
Toutes ces exonérations sont obtenues en présentant son projet
d’investissement à l’ANAPI pour son agrément, sont accordées
pour 3, 4 ou 5 ans selon la région économique où est installé
l’investissement.

Les objectifs majeurs poursuivis par le Gouvernement


congolais en mettant en place toutes ces réformes sont
multiples. Il s’agit notamment d’(de):
- encourager l’initiative privée et l’expansion du secteur
privé ;
- créer une véritable économie sociale de marché en
République Démocratique du Congo ;
228
- favoriser l’efficacité et la compétitivité nationale et
internationale des entreprises congolaises ;
- permettre aux entreprises d’introduire de nouvelles
techniques et de promouvoir l’innovation ;
- améliorer la qualité des biens et services produits
localement ;
- promouvoir l’investissement local et international et
favoriser l’esprit de partenariat entre les deux (92).

C’est pourquoi, plusieurs grandes entreprises


multinationales ont compris que la République Démocratique
du Congo est la terre de fluctuation aisée et garantie de ses
capitaux, telles que : Banro, Bolloré, Huawei, Orange, Engen,
Perenco, CFAO, Motors, Rakeen, Ecobank, Rawbank, Nokia,
Fibank, Access Bank.

6.20. Comment faire sortir les pays d’Afrique riches


en ressources naturelles (minérales et
pétrolières) dans la pauvreté ?

Pour arriver à équilibrer les choses, un agenda commun


pour un changement qui profite à tous a été élaboré. Ce
changement a adopté une série de recommandations à
l’attention des gouvernements, des organisations régionales, de
la Communauté internationale et des entreprises
multinationales ( ).
93

1) Pour les gouvernements


92
BUABUA WA K., Allocution devant les investisseurs
européens au Grand Hôtel de Kinshasa, Kinshasa, le 04
février 2012.
93
Rapport de Panel 2013, pp. 92-98.
229

- placer la transparence et la responsabilité en matière de


ressources naturelles au cœur du contrat social entre les
gouvernements et la population ;
- assurer un partage équitable des richesses générées par les
ressources naturelles pour les citoyens africains en
général et congolais en particulier ;
- gérer les revenus tirés des ressources grâce à des
politiques fiscales efficaces et répartir les bénéfices au
moyen de dépenses publiques équitables ;
- renforcer les liens entre les industries extractives et
l’économie locale, soutenir le développement des
compétences et favoriser une production à plus forte
valeur ajoutée ;
- gérer les répercussions sociales et environnementales pour
un impact accru au niveau des communautés.

2) Organisations et initiatives régionales

Les gouvernements africains sont confrontés à de


nombreux problèmes liés à la gestion des ressources naturelles,
dont des lacunes en matière d’information, une asymétrie des
pouvoirs dans les négociations avec des investisseurs étrangers,
des capacités insuffisantes pour faire appliquer les codes
fiscaux et des capacités institutionnelles limitées. Les pays
africains ont mis au point une série d’initiatives de haut niveau
qui s’attaquent à ces problèmes. Parmi ces initiatives, plusieurs
définissent des voies politiques vers l’industrialisation et la
valeur ajoutée dont l’initiative pour le renforcement des
capacités productives de l’Afrique, le plan d’action pour le
230
développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA) et la
vision pour l’industrie minière en Afrique.

A ce sujet, les booms des matières premières ne


représentent pas un bilan positif dans l’Afrique de l’après
indépendance. Les booms à court terme ont souvent été suivis
d’une baisse prolongée des prix. Les pays qui cherchaient à
financer des importations de machines et de biens manufacturés
grâce à leurs exportations de ressources minérales ont été
longtemps confrontés au déclin du marché, ce qui a ouvert la
vie à l’accumulation d’une dette insoutenable.

C’est pourquoi, les capacités sont au cœur du problème


aujourd’hui et de nombreux gouvernements manquent tout
simplement des capacités et des informations requises pour
agir. Sur ce, les organisations régionales peuvent faire la
différence et générer des économies d’échelle en développant
des capacités destinées à conseiller les gouvernements dans ce
domaine.

Il est important que les organismes régionaux et les


gouvernements s’engagent de manière constructive avec la
société civile et le secteur privé, en se fondant sur les
compétences et l’expertise technique des entreprises
directement impliquées dans le développement de ressources
naturelles.

3) Communauté internationale au sens large

Une meilleure gestion des ressources naturelles en


Afrique est très fortement tributaire de la coopération
231
internationale pour empêcher l’évasion fiscale et le transfert
illicite de capitaux, renforcer les normes de publicité et
accroître la capacité des institutions africaines.

En Afrique et à l’échelle internationale, les organisations


de la société civile jouent un rôle essentiel dans le traitement de
problèmes tels que l’évasion fiscale, la durabilité
environnementale et la défense des droits de l’homme. Sur ce
point précis, une tendance à établir des normes obligatoires plus
strictes en matière de surveillance et d’exécution a été
constatée.

La loi américaine Dodd-Frank contient une disposition


sur les minerais qui alimentent les conflits, généralement
appelée 3 TG, soit étain, tantale, tungstène et or destinée à
couvrir les minerais exportés à partir de la République
Démocratique du Congo. Ces métaux sont utilisés dans un
vaste éventail d’industries dont l’électronique, les
communications, l’aérospatiale et l’automobile, la joaillerie, les
dispositifs médicaux et la production industrielle diversifiée, de
telle sorte que de nombreuses entreprises sont affectées, bien
au-delà des fournisseurs immédiats.

D’ici 2014, les entreprises devront rédiger des rapports


certificats que les produits ne sont « pas liés au conflit en
République Démocratique du Congo » ou « liés au conflit en
République Démocratique du Congo ». Les petites entreprises
disposent d’un délai plus long pour satisfaire à cette exigence.
Autant dire que les entreprises multinationales qui
s’approvisionnent dans les zones touchées par les conflits en
République Démocratique du Congo mettent leur réputation en
232
danger, sans oublier que le respect des règles pourrait conduire
à des gains d’efficacité, par exemple, en réduisant le nombre de
fournisseurs.

Enfin, les entreprises multinationales devraient considérer


la loi Dodd-Frank comme une opportunité de renforcer tant
leurs normes éthiques que leur efficacité et non comme une
menace envers leur viabilité commerciale.

4) Les entreprises multinationales

a. Transparence et responsabilité

Protéger les intérêts des actionnaires en demandant à des


sociétés d’audit indépendantes d’enquêter pour savoir si, lors
de l’acquisition des licences et des concessions, les entreprises
ont tiré des bénéfices de pratiques susceptibles de violer les lois
sur les pots-de-vin et autres formes de corruption, par leurs
propres employés ou par leurs partenaires dans le cadre de
contrats spécifiques et de divulguer publiquement les preuves
collectées.

Respecter les normes de meilleures pratiques en matière


de transparence et divulguer les informations pour chaque
projet en se fondant sur les initiatives existantes, comme
l’ITIE ; les entreprises qui ne sont pas partenaires de l’ITIE
doivent demander leur adhésion. Mettre un terme aux actions
intentées contre la loi américaine Dodd-Frank et cesser de
militer pour l’affaiblir.
233
Donner l’exemple en renforçant les normes de
transparence et de divulgation des recettes, en mettant les
informations correspondantes à la disposition du public.

b. Répartition des bénéfices

- éviter d’utiliser les centres offshores, les sociétés fictives


et les paradis fiscaux ;
- participer à des initiatives internationales dans le but de
lutter contre les prix de transfert en fournissant des listes
de prix pour les transactions au sein d’un même groupe.

c. Transformation économique

- s’engager avec les gouvernements et les bailleurs de


fonds à renforcer les capacités des gouvernements à
transférer les compétences et à définir des normes
techniques ;
- acheter des produits et des services locaux par le biais de
contrats transparents et de programmes de développement
des fournisseurs ;
- utiliser les opportunités créées par les obligations de
déclaration pour renforcer la gestion de la chaîne
d’approvisionnement dans les régions touchées par des
conflits ;
- apporter un soutien technique et financier dans le cadre du
contrôle des échanges de ressources conflictuelles par le
biais de l’initiative régionale des Grands lacs contre
l’exploitation illégale des ressources naturelles.

d. Durabilité sociale et environnementale


234

- admettre ou renforcer les normes dans tous les domaines


de la responsabilité des entreprises, y compris en matière
de santé et de sécurité, de protection des actifs, de droits
de l’homme, de gouvernance et de gestion de l’impact
social et environnemental, en respectant les normes
internationales de meilleure pratique lorsque les normes
locales sont moins strictes ;
- admettre que l’industrie extractive officielle et
exploitation minière artisanale informelle tireront
avantage toutes, les deux d’accords constructifs qui
reconnaissent les droits des artisans mineurs dans le cadre
d’un régime réglementaire équilibré qui protège les
intérêts de l’ensemble des investisseurs.
235

CONCLUSION

Nous venons de constater que le libéralisme a favorisé


l’expansion du capitalisme. Il est le cadre de la croissance
économique du XIXè siècle, mais surtout il a permis le
développement de la circulation de capitaux et la création des
grandes entreprises.

Les investissements directs étrangers sont à la base de la


création et/ou de la naissance des sociétés multinationales. Ces
firmes multinationales sont généralement des entreprises de
grande taille, installées dans plusieurs pays. Ces sociétés ont
comme objectif le contrôle et l’exploitation des matières
premières d’une part, et d’autre part, elles cherchent à
s’implanter là où le coût du travail est faible ; elles peuvent
aussi s’installer dans des paradis fiscaux qui leur permettent de
diminuer les coûts financiers. La majorité des investissements
directs étrangers de multinationales est réalisée dans les pays
développés du fait que les sociétés multinationales cherchent à
pénétrer les marchés solvables. Elles se multinationalisent dans
l’optique de maximiser leur profit en répartissant leurs activités
au niveau international en fonction des différences socio-
économiques des pays dans lesquels elles s’implantent.

Dans le cadre des Etats en développement et,


particulièrement des Etats africains, ils présentent pour les
236
entreprises multinationales des conditions attractives dans le
cadre du développement de leurs activités ou de leurs
investissements. Les ressources naturelles y sont nombreuses,
la main-d’œuvre y est bon marché, les conditions
d’investissement et de développement d’activités peu
contraignantes. Cependant, l’ouverture de l’Afrique aux
investissements étrangers reste encore aujourd’hui un
instrument essentiel de développement du tissu économique
local. Toutefois, les droits humains et contraintes
environnementales n’y sont pas encore bien affirmés et le
climat de désorganisation, la malgouvernance et la corruption,
y optimisent les risques d’abus de la part des entreprises.

C’est pourquoi, les performances de croissance de


l’Afrique ont fait la une des actualités financières
internationales. Les commentateurs ont été fascinés par les
chiffres des exportations, de l’investissement étranger de la
croissance du PIB. Ils se sont moins intéressés à la relation
entre la croissance et les facteurs qui comptent dans la vie des
pauvres d’Afrique, comme l’emploi, la santé et l’éducation.

Le bilan de la décennie écoulée montre que croissance


économique et développement humain n’évoluent pas toujours
à l’unisson, et même qu’ils peuvent suivre des trajectoires très
distantes dans certains pays riches en ressources naturelles.

Cependant, l’envolée de la richesse fondée sur les


ressources naturelles constitue l’une des forces qui sont en train
de transformer le paysage social et économique de l’Afrique en
général et le Congo en particulier. Nous citerons, notamment :
l’émergence d’une classe moyenne, multiplication des centres
237
commerciaux, boom de l’immobilier et développement accru
des infrastructures, tandis que l’écart enregistré entre richesse
économique et bien-être humain reste vaste dans une grande
partie de la région d’Afrique en général et du Congo en
particulier.
En République Démocratique du Congo, plusieurs
réformes sont intervenues sur le plan des textes juridiques, afin
de mettre en confiance l’investisseur pour qu’il puisse se sentir
sécurisé pour sa personne et ses biens. L’industrialisation est le
facteur principal de l’augmentation du niveau de vie des
populations et que le développement passe nécessairement par
elle.
Nous souffrons pour le moment de la constatation de
l’exode rural. Les villes sont devenues trop surpeuplées au
détriment de la campagne. Sur ce, nous recommandons au
gouvernement d’améliorer les infrastructures routières pour
relier les villes et les campagnes. L’amélioration de
l’agriculture pour renforcer notre économie nationale. Avec les
produits agricoles, ils peuvent nous pousser à leur
transformation à d’autres produits finis en y mettant une valeur
ajoutée. Les ananas peuvent se transformer en jus, les arachides
en l’huile d’arachides,….En transformant ce produit, nous
créons des emplois et par conséquent, la création des richesses
au lieu de rester dans l’unique secteur de matières premières.

En résumé, quoi dire d’autres firmes multinationales ?

Les firmes multinationales sont constituées par les


entreprises qui, à partir d’une base nationale (maison-mère)
implantent des filiales à l’étranger (dans plusieurs pays
différents) et y réalisent une partie de leur chiffre d’affaires.
238

Les firmes multinationales sont essentiellement


originaires des pays industrialisés de la triade, mais elles sont
aussi de plus en plus nombreuses en provenance des pays
émergents. On retrouve leurs filiales dans tous les secteurs de
l’activité économique des pays industrialisés (les
investissements croisés au sein de la triade représentent les trois
quarts des stocks d’investissements) mais également dans les
NPI asiatiques et en Chine (devenue aujourd’hui le deuxième
pays d’accueil des IDE après les Etats-Unis) et, dans une
moindre mesure, en Amérique Latine. Elles sont moins
nombreuses en Afrique où se retrouvent la majorité des PMA.

La multinationalisation des firmes résulte


d’investissements directs à l’étranger (IDE) dont l’objectif est
la création d’une filiale à l’étranger, du réinvestissement de
bénéfices réalisés par une filiale existante ou selon l’OMC, de
« l’acquisition d’un actif à l’étranger avec l’intention de le
gérer ». Les flux d’IDE ont connu depuis les années 1980 une
croissance exponentielle, passant de 5% du PIB mondial en
1980 à 24% en 2004.

Les choix d’investissement des firmes sont influencés par


de nombreux facteurs : le degré d’ouverture du marché, la
législation fiscale, sociale ou environnementale, le niveau des
salaires, l’évolution de taux de change, la stabilité monétaire, la
qualité des infrastructures, les facilités de transport, mais aussi
l’importance des risques économiques, financiers, politiques ou
juridiques encourus, variables selon les pays d’accueil (échelle
des risques).
239
Les incitations à investir sont nombreuses : la liberté de
circulation des capitaux et les progrès en matière de
communication, l’existence de politiques d’attraction des
capitaux étrangers, la concurrence internationale, le besoin de
contrôler l’accès à des sources de matières premières
indispensables, l’existence d’un environnement technologique
favorable, la volonté de profiter de coûts de production réduits,
notamment en ce qui concerne le coût de la main-d’œuvre
(délocalisations), la nécessité de surmonter des barrières
douanières contingentaires et réglementaires ou la volonté
d’être présent sur des marchés appelés à développer.

La décision d’investissement résulte de la comparaison


des coûts supportés et des avantages attendus, par rapport à
d’autres formes de pénétration des marchés. Les firmes ont en
effet, plusieurs solutions pour pénétrer des marchés étrangers :
exporter, sous-traiter, s’allier avec des entreprises étrangères ou
produire sur place en créant des filiales. La comparaison des
coûts liés à chacune de ces stratégies (parmi lesquels les
risques économiques, politiques et systémiques encourus
mesurés par des échelles de risques) et des avantages qu’elles
peuvent en attendre leur permettra de choisir entre ces
différentes solutions.

L’existence de certains « avantages spécifiques


transférables » liés à des imperfections sur les marchés des
produits ou les marchés des facteurs de production, peut
permettre aux firmes multinationales de réaliser des profits
supérieurs aux coûts d’implantation lorsqu’elles créent des
filiales. Les avantages de la multinationale peuvent être soit
spécifique à la firme : avantage technologique, échelle de
240
production, dotations spécifiques soit liés à la localisation à
l’étranger : différence de prix et de qualité des intrants,
transport,…) soit liés à l’internalisation : création d’un marché
interne entre maison-mère et filiale, contrôle de l’offre et de
débouchés, organisation de la firme…Cependant, ces avantages
peuvent être influencés par un certain nombre de facteurs, liés
au pays d’accueil (dotations de facteurs, politiques
publiques…) au secteur (économie d’échelle, concurrence…)
ou à la firme elle-même (taille, expérience…). L’IDE comme
mode de pénétration sera choisi lorsque la firme cumulera ces
trois types d’avantages.

Le paradigme (national, atouts, internalisation) estime


que pour préférer l’IDE à une autre stratégie, la firme doit
disposer d’un avantage comparatif transférable sur son marché
national, être attirée par des atouts spécifiques du marché
étranger et contrôler son processus de production par
l’internalisation. Donc c’est la simultanéité des avantages
stratégiques de la firme qui conduira à préférer l’alliance entre
entreprises étrangères (accord de coopération internationale) ;
cette dernière stratégie permettra ainsi de réaliser des gains liés
aux économies d’échelle, aux complémentarités technologiques
et à la réduction des risques.
241

BIBLIOGRAPHIE

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37. VILLIEU, P., Macroéconomie : l’investissement, éd.
La Découverte, Paris, 2000.
244

TABLE DES MATIERES

OBJECTIFS DU COURS 3
INTRODUCTION GENERALE 6
Chapitre I. LES REPERES CONCEPTUELS 9
1.1. Le capital 9
1.1.1. Le capital au sens économique 9
1.1.2. Le capital au sens marxiste 11
1.1.3. Le capital au sens sociologique 12
1.2. La croissance et développement 12
1.2.1. La croissance 12
1.2.2. Le développement 18
1.3. Le protectionnisme et libre-échange 27
1.3.1. Protectionnisme 29
1.3.2. Libre-échange 31
1.4. La privatisation 36
1.5. Compétitivité 37
1.6. Dette, endettement, surendettement 38
1.6.1. La dette 38
1.7. Echanges extérieurs 39
1.7.1. Les échanges extérieurs de biens et services 39
1.7.2. Les échanges extérieurs de services 40
1.7.3. Termes de l’échange 41
1.8. La consommation 41
1.9. Balance des paiements 43
1.9.1. Le compte des transactions courantes 43
1.9.2. Le compte de capital 43
1.9.3. Le compte financier 44
245
1.10. La mondialisation 45
1.10.1. Notion et définition 45
1.10.2. Les anti-mondialistes 48
1.11. La géopolitique 49

Chapitre II. LE CAPITALISME ET LE


LIBERALISME 54
2.1. La doctrine libérale du XIXè siècle 55
Chapitre III. MARCHE MONETAIRE ET MARCHE
FINANCIER 61
3.1. La notion du marché 61
3.2. Les différentes catégories de marché en
interdépendance…………………………………...61
3.3. Le marché financier 63
3.3.1. Le besoin de financement 63
Chapitre IV. LES RELATIONS FINANCIERES
INTERNATIONALES 69
4.1. Définition 69
4.2. Les règles du SMI 69
4.3. Le système de Bretton Woods 71
4.3.1. Historique 71
4.3.2. Le fonctionnement du nouveau système monétaire
international 73
4.4. Institution financière internationale 75
4.4.1. Le Fonds monétaire international 77
4.4.2. Critique des institutions financières
internationales…………………………………79
4.5. De l’impératif d’une réforme 80
Chapitre V. LES MOUVEMENTS DES
CAPITAUX……………………………..82
5.1. Qu’entend-on par « mouvement de capitaux » ? 83
5.2. La diversité des mouvements de capitaux 84
5.2.1. Les mouvements de capitaux à long terme 85
5.2.1. Les mouvements de capitaux à court terme 88
246
5.3. Globalisation des systèmes financiers 88
5.4. Les investissements directs 91
5.4.1. Notion 91
5.4.2. L’investissement direct étranger 92
5.4.3. Les formes des IDE 95
5.4.4. Evolution des IDE dans le monde 96
5.4.5. Le type d’instruments financiers des IDE………104
5.4.6. L’investissement de Portefeuille………………105
5.4.7. Les effets de la mobilité des capitaux………….106
Chapitre VI. LES SOCIETES
MULTINATIONALES………………..111
6.1. Notion……………………………………………….111
6.2. Définition de la société multinationale………………112
6.3. Le cycle de vie des produits de multinationales……..118
6.4. Les différentes stratégies d’internationalisation des
sociétés multinationales…………………………..120
6.5. L’externalisation des sociétés multinationales………126
6.6. Du point de vue des implantations des sociétés
multinationales, objectif et transfert de
technologie……………………………………….130
6.6.1. Du point de vue implantation…………………..130
6.6.2. Les objectifs des sociétés multinationales……...132
6.6.3. Le transfert de technologie des multinationales...135
6.7. Les sociétés multinationales des pays socialistes……139
6.8. Les banques multinationales………………………..139
6.9. Les rapports entre les sociétés multinationales et les
Etats………………………………………………140
6.9.1. Dans le pays investisseur……………………….141
6.9.2. Dans les pays d’accueil…………………………144
6.10. Les conséquences des sociétés multinationales sur les
Etats………………………………………………148
6.10.1. Les menaces des multinationales sur les Etats...148
6.10.2. Les conflits des multinationales sur les Etats….151
247
6.10.3. La coopération entre les Etats et les
multinationales………………………………..159
6.11. Le rapport entre les sociétés multinationales avec les
Etats et les organisations internationales………….162
6.12. Les stratégies des firmes multinationales…………..165
6.13. Le développement des multinationales originaires des
pays émergents……………………………………166
6.14. L’insertion des pays africains dans la mondialisation de
l’économie………………………………………..177
6.15. Les caractères communs des investissements étrangers
directs aux pays en voie de développement………183
6.16. La responsabilité sociale des entreprises
multinationales……………………………………185
6.16.1. Notion………………………………………….185
6.16.2. Le contenu du code de conduite……………….188
6.17. L’arbitrage des différends………………………….190
6.18. La recherche et le développement comme facteurs de la
compétitivité des multinationales…………………196
6.19. Les multinationales de l’économie congolaise……..205
6.19.1. Historique……………………………………...205
6.19.2. Les richesses naturelles du Congo…………….207
6.19.3. Impact sur l’emploi, l’environnement et les
conflits des sociétés minières multinationales en
République Démocratique du Congo…………211
6.19.4. La problématique de la mauvaise gestion comme
facteur de la perte des recettes des sociétés
multinationales congolaises…………………...216
6.19.5. La problématique de la conception des régimes
fiscaux équitables……………………………..223
6.19.6. De la sécurité et de la promotion des
investissements en RDC………………………224
6.20. Comment faire sortir les pays d’Afrique riches en
ressources naturelles (minérales et pétrolières) dans la
pauvreté ?................................................................229
248
CONCLUSION……………………………………….236
BIBLIOGRAPHIE…………………………………...242
TABLE DES MATIERES…………………………...245

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