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Université de Lomé

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion


Parcours : Economie

Code et intitulé de l’enseignement : ECO350, Introduction à l’économie du


Développement

Thématique 4 : Les causes du sous-développement


Chapitre 8 : Les théories institutionnalistes du sous-
développement

Chargé du Cours : Pr COUCHORO

Année Académique : 2020-2021

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1- Le rôle des institutions

L’économie institutionnelle s’est également intéressée à l’explication du sous-développement.


North, une figure de la nouvelle économie institutionnelle, critique l’analyse néoclassique
comme ayant ignoré les institutions, le rôle des idées et des idéologies, le processus politique…
Il définit les institutions comme des « contraintes établies par les hommes pour structurer les
interactions humaines. Elles se composent de contraintes formelles (comme les règles, les lois,
les constitutions) et des contraintes informelles (normes de comportement, des conventions, des
codes de conduites) et les caractéristiques de leur application.
Il introduit la théorie des droits de propriété et considère en outre que le droit de propriété (droit
au revenu, l’aliénabilité des actifs) constitue le cœur des institutions informelles. Pour North,
on obtient des institutions efficaces par un système de politique qui incorpore des incitations à
créer et faire respecter des droits de propriété efficaces. Les sociétés qui conduisent à des droits
de propriétés sûrs et clairement définis ont été à la source de la prospérité, le cas des pays
occidentaux.
North a en outre étudié la trajectoire divergente en termes de développement de la France et de
l’Espagne, d’un côté, et la Grande Bretagne et la Hollande de l’autre. Il montre que le besoin
permanant de revenu pour l’Etat dans les deux premiers pays a conduit à instaurer des
institutions qui ont conféré des monopoles à des compagnies et à empiéter sur les droits de
propriété privés, ce qui conduit à la stagnation économique de la France et de l’Espagne. En
revanche, en Grande Bretagne et en Hollande, l’intérêt des classes marchandes a conduit à la
mise en place d’institutions qui ont créée des incitations favorables à des échanges efficaces,
grâce à la protection des droits de propriété.
Chacun de ces pays a transmis sa forme d’institution à leurs colonies. Si les colonies espagnoles,
portugaises et françaises se sont bloquées dans la trajectoire médiocre de développement, les
colonies anglaises ont connu une croissance durable.
Acemuglo, quant à lui, fonde son analyse sur les institutions extractives et les institutions
inclusives. Pour celui-ci, la mortalité des colons à l’origine peut être utilisée comme une
substitution de la qualité des institutions dans l’explication de la trajectoire économique
divergente de diverses nations autrefois colonisées. Il explique que les européens ont établi des
colonies de peuplement en raison des conditions sanitaires et de vie favorables. Ils ont mis en
place des institutions inclusives dans le cas des colonies de peuplement qui sont favorables au
droit de propriété et donc à la croissance (le cas de la Grande Bretagne essentiellement). Au

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contraire là où prévalent les maladies (malaria, fièvre jaune…) comme en Afrique centrale, les
européens (surtout la France) ont introduit des institutions extractives.

2- Le Problème de l’engagement

Les institutions sont endogènes pour les institutionnalistes, c’est-à-dire qu’elles sont
déterminées par la société, plus précisément par le pouvoir politique au sens large, par les choix
collectifs dans le groupe. Comme elles déterminent la répartition des ressources et donc les
revenus, des conflits d’intérêt entre les bénéficiaires sont inévitables. On a la séquence
suivante :

Pouvoir politique ➔ institution ➔ institutions économiques ➔ distribution des ressources et


performance économiques

Une des grandes causes du sous-développement réside dans le fait que des leaders politiques
sont amenés à choisir des politiques qui mènent à la stagnation, parce c’est leur intérêt et celui
de leur groupe.

Le problème de l’engagement (commitment problem) ou dilemme de Weingast : Un Etat doit


garantir les droits de propriété pour assurer le développement économique, et donc ses propres
recettes, alors qu’en même temps, s’il est assez puissant pour le faire respecter, il est tenté de
confisquer les richesses au bénéfice de quelques-uns. S’il le fait, il ruine la croissance
économique et maintient le sous-développement.

Si les institutions diffèrent entre les pays, la raison principale réside dans les conflits pour la
répartition des biens de la production nationale. Des institutions équitables comme des droits
de propriété bien établis pour tous facilitent la croissance, mais elles peuvent léser des groupes
déjà privilégiés. A l’inverse, d’autres institutions entrainent la stagnation, mais elles peuvent
néanmoins enrichir certains. Tout dépend de qui détient le pouvoir et est donc en mesure de
mettre en place telles ou telles institutions.

En définitive, le changement majeur requis dans les pays pauvres est la transition vers des
institutions qui rendent les dirigeants responsables devant les résultats économiques, qui
remplacent par des objectifs de la croissance ou d’améliorations sociales la simple recherche
d’intérêts privés.

3- Les couts de transactions

Les coûts de transaction sont les coûts qui accompagnent l’échange, qui résultent de la gestion
et de la coordination du système économique dans son ensemble en non de la fabrication
physique des biens. Ce concept a été utilisé par North pour comprendre le rôle des institutions.

Des coûts de transactions élevés constituent un obstacle à la croissance parce qu’il freine les
échanges. Le rôle des institutions est justement de réduire ces coûts. Le développement
s’accompagne d’un accroissement des coûts de transaction, au fur et à mesure que la société
devient plus complexe, et d’une réduction des coûts de production, au fur et à mesure que le

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capital s’accumule et que la société se spécialise. Seules les institutions peuvent limiter ou non
l’accroissement des coûts de transaction. Voici la liste non exhaustives des institutions capables
de limiter les coûts de transaction : La garantie des droits de propriété, un statut diversifié ; le
bon fonctionnement des mécanismes du marché ; la liberté d’entreprendre, d’initiative, de
création ; un système fiscal transparent ; prévisible et équitable ; la mobilité des facteurs de
production ; la sécurité des échanges, le respect du droit ; un système légal fiable, une justice
impartiale ; l’autorité de l’Etat, l’intégrité des administrations ; les mécanismes de
représentation populaires, ; la protection des investisseurs ; la mise en place de marchés des
denrées, des titres et des devises (bourse) ; l’abolition des privilèges, des monopoles, des
corporatismes ; les comportements civiques ; le degré de confiance, la valorisation du travail,
l’éthique.

Conclusion
L’économie du développement, dont les premières bases ont été lancées dans les années 1950,
après la deuxième guerre mondiale, en se démarquant des courants de pensée orthodoxe, se
fonde sur le principe fondamental qui s’articule autour de l’idée selon laquelle, le sous-
développement n’est pas un retard de croissance, mais la résultante de plusieurs facteurs en
correspondance qui sont à la fois historique, externes et internes à ces sociétés.

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