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DROIT COMMUNAUTAIRE OUEST AFRICAIN

Bibliographie indicative

Ouvrages de droit communautaire africain


 DIAKITE Kémoko, Droit de l’intégration africaine, Paris :
l’Harmattan, 2017
 ALHOUSSEINI Mouloul, L’intégration économique et
juridique en Afrique, Paris : l’Harmattan, 2017
 ALIOUNE Sall, Les relations extérieures de la CEDEAO, Paris :
l’Harmattan, 2016 ; La justice de l’intégration : réflexions sur
les institutions judiciaires de la CEDEAO et de l’UEMOA,
Dakar : Ed. Credila, 2011 ; Les mutations de l’intégrations des
Etats de l’Afrique de l’Ouest : une approche institutionnelle,
Paris : l’Harmattan, 2007
 DIOUF Moustapha : La CEDEAO entre inter-étatisme et
supranationalité, Dakar : Ed. Credila, 2016
 TALL Saïdou Nourou, Droit des organisations internationales
africaines : théorie générale, droit communautaire comparé,
droits de l’homme, paix et sécurité, Paris : l’Harmattan, 2015
 SAKHO El Hadji Abou, L’intégration économique en Afrique
de l’Ouest, Paris : Economica, 2011
 IBRIGA Luc Marius et al., Droit communautaire ouest africain,
Ouagadougou : PADEG, 2008

Ouvrages de DC européen
 BOUTAYEB Chahira, Droit matériel de l’Union européenne,
Paris : LGDJ, 2017 ; Droit institutionnel de l’Union
européenne : institutions, ordre juridique, contentieux, Paris :
LGDJ, 4e Ed, 2016 ; (Dir) Les grands arrêts du droit de l’Union
européenne : droit institutionnel et matériel de l’Union
européenne, Paris : LGDJ, 2014
 BLIN Olivier, Droit institutionnel matériel et contentieux de
l’Union européenne, Bruxelles : Larcier, 2016
 ROUX Jérôme, Droit général de l’Union européenne, Paris :
Lexis Nexis, 2016
 DUBOUIS Louis et BLUMANN Claude, Droit matériel de
l’Union européenne, Paris : LGDJ, 2015 ; Droit institutionnel de
l’Union européenne, Paris : Lexis Nexis, 2016
 GAUDIN Hélene et BLANQUET Marc et al., Les grands arrêts
de la Cour de justice de l’Union européenne, Tome I : droit
constitutionnel et institutionnel de l’Union européenne, Paris :
Dalloz, 2014
INTRODUCTION GENERALE

Tentative de définition de quelques concepts en lien avec le cours :

Section 1. La notion d’intégration économique régionale

§1. Définition

A) Définition générale:
 Etymologiquement : Integrare = « rendre entier »; « action de
faire entrer une partie dans un tout ».
 De manière plus générale: Regroupement d’Etats acceptant de
fusionner certaines de leurs compétences dans un certain nombre
de domaines dans le but de promouvoir des intérêts communs.
Aussi, processus par lequel des Etats décident de mutualiser
leurs moyens afin de faire face à des défis donnés.

B) Définition juridique: L’intégration s’oppose à la coopération


 Intégration: abandon total ou partiel par les Etats, dans certains
domaines et par accord, de leur souveraineté au profit d’une
entité supranationale dotée d’une personnalité juridique
distincte de celle des Etats, avec des organes, des
compétences propres et un pouvoir normatif:
 Coopération: Pas d’abandon de souveraineté. Les Etats
conservent leur liberté mais négocient pour trouver des solutions
à des problèmes dans un cadre donné.

C) Nature de l’intégration
 L’intégration politique : fédération (constitution) ou
confédération (traité)
 L’intégration économique : c’est l’objet du présent cours : les
Etats se réunissent sous la forme d’organisations d’intégration
pour faire face aux défis économiques. Des organisations
économiques peuvent néanmoins avoirs des objectifs politiques
comme le maintien de la paix par exemple, car il n’y a pas de
développement sans stabilité : exemple de la CEDEAO.

D) Les approches de l’intégration

1) L’intégration des Etats ou intégration par le haut


Les Etats sont les principaux acteurs de l’intégration, sans que les
populations ne puissent donner leur avis. Cette approche est également
qualifiée de « constitutionnaliste ».

2) L’intégration des peuples ou intégration par le bas


Les peuples sont impliqués car la première approche n’est pas viable.
L’implication des peuples se matérialise surtout par la mise en place
d’organes communautaires représentatifs des peuples : parlements
communautaires, juridictions communautaires devant lesquels les
individus peuvent revendiquer des droits. Cette approche est
également qualifiée de « fonctionnaliste ».

§2. La typologie et les niveaux d’intégration économique

A) La typologie de l’intégration économique

1) Le critère de l’échelle
 L’intégration macro-économique
 Les Etats sont les principaux acteurs de l’intégration
 Protectionnisme pour limiter les importations
 Interventionnisme pour renforcer la production nationale
 L’intégration micro-économique
 Les opérateurs économiques sont les principaux acteurs de
l’intégration
 Le progrès économique naît de l’action des opérateurs
économiques
 L’intégration méso-économique
 Impliquer les acteurs collectifs de la société civile (ONGs,
associations…)
 Une sorte de légitimation ou de « popularisation » du
processus d’intégration
2) Le critère des alliances
 Les pôles de puissances
 Un Etat économiquement puissant s’impose dans la zone
(Etat pivot)
 Cet Etat pivot constitue la locomotive de l’intégration
 L’Etat pivot doit donc être économiquement stable et fort
 La zone de stabilité
 Existence d’affinités entre Etats membres de l’espace
intégré
 Partage de valeurs communes (histoire, langue, culture…)
 S’appuyer sur ces valeurs pour impulser le processus
3) Le critère de l’idéologie
 L’intégration socialiste par la production
 Rôle accru des Etats dans le processus d’intégration, donc
échelle macro-économique
 Politique de protectionnisme et d’interventionnisme
 Système de co-production
 L’intégration capitaliste par le marché
 Conception libérale de l’intégration.
 Les opérateurs économiques sont les acteurs principaux,
donc échelle micro-économique.
 Les Etats interviennent juste pour arbitrer le jeu de la
concurrence.

B) Les niveaux d’intégration économique


Il existe six (06) niveaux d’intégration qui peuvent être regroupés de
manière ascendante en deux catégories, du niveau le plus bas au
niveau le plus abouti de l’intégration économique : les organisations
à vocation commerciale et les organisations à vocation
économique.

1) Les organisations d’intégration à vocation commerciale et


financière
1.1. La zone de préférence douanière ou zone d’échanges préférentiels
(ZEP)
Les Etats membres décident de pratiquer des tarifs douaniers plus bas
comparativement aux Etats tiers : réduction des tarifs douaniers. En
Afrique, il y a une ZEP entre les Etats de l’Afrique de l’Est et de
l’Afrique australe (19 Etats).

1.2. La zone de libre échange (ZLE) ou accord de libre échange (ALE)


Suppression des obstacles tarifaires et non tarifaires dans la zone, mais
chaque Etat règlemente librement ces tarifs avec les Etats tiers.
Inconvénients de la ZLE : les détournements de trafic d’où la nécessité
de l’union douanière.

1.3. L’union douanière (UD)


ZLE+TEC (uniformisation de la fiscalité de porte) + effectivité du
TEC à l’intérieur de la zone : renonciation des Etats membres à leur
souveraineté en matière douanière.

2) Les organisations à vocation économique

2.1. Le marché commun (MC)


UD + Libre circulation des facteurs de production (personnes,
capitaux, services)

2.2. L’union économique (UE)


MC + Harmonisation des politiques économiques, financières et
sociales. Exemple : l’Union européenne. L’ UE peut se doubler d’une
union monétaire, mais l’une n’implique pas nécessairement l’autre
2.3. L’intégration économique totale
MC + uniformisation des politiques économiques, financières,
sociales : c’est le stade suprême de l’intégration. L’intégration
économique se double d’une intégration politique : politiques
commerciales communes, politiques économiques communes,
politiques de défense communes,…

Section 2. La notion de droit communautaire

§1. Définition du droit communautaire


A) Définition générale et historique
1) Du point de vue général: le droit communautaire est d’abord le
droit de l’intégration économique régionale;
2) Du point de vue historique : l’appellation « droit communautaire »
vient de l’appellation ancienne de l’Union européenne qui était
« Communauté européenne », donc le droit communautaire était le
droit sécrété par la Communauté européenne

B) Définition matérielle et organique


Du point de vue matériel, le droit communautaire est l’ensemble des
règles sécrétées par une organisation supranationale – donc une
organisation internationale – dans le cadre d’un processus
d’intégration économique régionale. En cela, le droit communautaire
est une composante du droit des organisations internationales

C) Typologie du droit communautaire


Le droit communautaire peut être institutionnel (DCI), matériel
(DCM) ou processuel (DCP) :
 DCI : ensemble des règles relatives à l’organisation, au
fonctionnement, aux compétences, aux processus de décision et
à l’ordre juridique communautaire
 DCM : ensemble des règles qui touchent à la substance de
l’intégration économique ou encore règles de fond de
l’intégration économique
 DCP : ensemble des règles relatives à l’organisation, aux
attributions des juridictions supranationales et à la procédure
applicable devant elles

D) Droit communautaire et souveraineté nationale


La dialectique entre droit communautaire et souveraineté signifie que
d’une part le droit communautaire est d’abord une expression de la
souveraineté nationale car c’est l’Etat qui accepte d’abandonner une
partie de sa souveraineté en adhérant au traité fondateur. D’autre part,
le DC peut être vu comme une atteinte (violation) à la souveraineté
nationale car, une fois sa souveraineté abandonnée, l’Etat est soumis
aux décisions prises par l’organisation supranationale.

§2. Les rapports entre l’ordre juridique communautaire et les


autres ordres juridiques

A) Droit communautaire et droit international


1) Le droit communautaire comme une branche du droit international
1.1. De par la formation de ses normes de droit primaire
 Le droit communautaire primaire est constitué de traités au sens
du DI…
 ...dont la conclusion et l’opposabilité aux Etats obéissent aux
règles classiques du DI des traités.

1.2. De par son appartenance au droit des organisations internationales


1.2.1. La personnalité juridique des OIs
 Typologie des OIs
 Selon la couverture géographique: universelles/régionales
 Selon la compétence: compétence générale/compétence
spéciale
 Selon les fonctions ou la finalité: coopération/intégration
 Création et disparition des OIs
 Création: acte constitutif (accord entre Etats); donc volonté
des Etats
 Disparition: Toujours suivant la volonté des Etats
 Eléments constitutifs des OIs
 Les membres: Etats et autres entités
 Les organes: Organes composés de représentants des Etats et
organes composés de fonctionnaires indépendants
 Personnalité juridique des OIs
 Attribution: interne et internationale
 Opposabilité

1.2.2. Les compétences des OIs


 Distinction entre fonctions et compétences
 Fonctions: finalités des OIs (OIs de coopération ou OIs
d’intégration).
 Compétences: attributions juridiques conférés à l’OI pour
l’atteinte de ses finalités.
 Etendue des compétences des OIs
 Principe de spécialité: attribution des compétences par l’acte
constitutif
 Exception: compétences implicites (cf. avis CIJ, 1949)
 Nature des compétences des OIs
 Compétences normatives: Actes normatifs de l’OI et relevant
du droit dérivé ou institué, différent du droit originaire
 Pouvoir règlementaire interne
 Pouvoir règlementaire externe (en fonction du type d’OI:
intégration ou coopération
 Compétences opérationnelles: activités sur le terrain dans le
cadre de l’exercice des compétences

2) Un droit différent du droit international classique


 Le droit international est un droit de coordination alors que le
droit communautaire est un droit de subordination. Cela
emporte un certain nombre d’effets :
 Supranationalité absolue et inconditionnelle de toutes les
normes de droit communautaire sur toutes les normes de droit
interne, y compris la constitution.
 Applicabilité immédiate des normes de droit communautaire
(principe d’intégration)
 Effet direct des normes du droit communautaire (principe
d’intégration)

 Toutefois, autonomie limitée du droit communautaire par rapport


au droit international, car le premier ne peut pas édicter des
normes contraires aux normes impératives du second.

B) Droit communautaire et droit interne


 Règles édictées par les organes compétents d’un Etat vs règles
sécrétées par une organisation supranationale.
 Autonomie totale du DC par rapport au Di aussi bien du point de
vue de la validité et de l’effectivité, que du point de vue de
l’interprétation
 Nature des rapports entre DC et Di :
o Deux principaux modes :
 Rapports de substitution entre DC et Di : une fois que le
législateur communautaire adopte des normes dans un
domaine donné, le législateur national ne peut plus
adopter des normes dans ce domaine. La législation
communautaire abroge donc la législation nationale:
intégration juridique ou uniformisation (exemple du
règlement).
 Rapports d’harmonisation ou de complémentarité : Le
Di continue d’exister mais uniquement dans le but
d’atteindre les objectifs fixés par le DC : obligation de
résultat (exemple de la directive)
o Deux modes résiduels
 Rapports de coordination
 Rapports de coexistence
TITRE I : LE DROIT COMMUNAUTAIRE INSTITUTIONNEL

CHAP I : L’architecture institutionnelle des organisations


communautaires

Section 1 : Prolégomènes sur la CEDEAO et l’UEMOA

§1. LA CEDEAO

A) Création
 Date et mode de création : Traité signé à Lagos (Nigeria) le 28
mai 1975.

 Composition : Seize Etats d’Afrique de l’Ouest ont signé le


Traité pour une Communauté Économique des États d’Afrique
de l’Ouest (Traité de Lagos) le 28 mai 1975.

 Couverture géographique : La CEDEAO est la seule


organisation d’intégration ayant véritablement une envergure
régionale pour avoir transcendé les différentes sphères coloniales
de l’Afrique de l’Ouest. En effet, la CEDEAO regroupe à l’heure
actuelle quinze pays qui n’ont pas la même langue officielle : le
Bénin, le Burkina Faso, la Côte-d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le
Niger, le Sénégal, le Togo (pays francophones), le Ghana, la
Gambie, le Liberia, le Nigeria, la Sierra Leone (pays
anglophones), le Cap Vert, la Guinée Bissau (pays lusophones).

 Cas particuliers : la Mauritanie était membre fondateur de la


CEDEAO, mais s’est finalement retirée en 2000 pour se
consacrer à l’Union du Maghreb Arabe (UMA). Le Maroc, tente
actuellement d’y adhéré mais fait face au principe de continuité
territoriale.
 Siège : Le siège de l’organisation se trouve à Abuja, (Nigéria).

 Révision du traité de 1975 : Le Traité initial de la CEDEAO a


été révisé par le sommet des chefs d’État tenu à Cotonou le 23
juillet 1993 pour donner naissance à un nouvel accord appelé
Traité révisé de la CEDEAO.

B) Buts et objectifs
 Buts de la CEDEAO : Article 3(1) du Traité révisé de 1993 : «
la Communauté vise à promouvoir la coopération et l’intégration
dans la perspective d’une union économique de l’Afrique de
l’Ouest en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de
maintenir et d’accroître la stabilité économique, de renforcer les
relations entre les Etats membres, et de contribuer au progrès et
au développement du continent africain ».

 Objectifs de la CEDEAO par étapes : Article 3(2) du Traité


révisé de 1993:
1. l’harmonisation et la coordination des politiques nationales et la
promotion de programmes, de projets et d’activités, notamment
dans les domaines de l’agriculture et des ressources naturelles,
de l’industrie, des transports et communications, de l’énergie, du
commerce, de la monnaie et des finances, de la fiscalité, des
réformes économiques, des ressources humaines, de l’éducation,
de l’information, de la culture, de la science, de la technologie,
des services, de la santé, du tourisme, de la justice ;
2. l’harmonisation et la coordination des politiques en vue de la
protection de l’environnement ;
3. la promotion de la création d’entreprises conjointes de
production ;
4. la création d’un marché commun à travers :
i) la libéralisation des échanges par l’élimination, entre les Etats
membres, des droits de douane à l’importation et à l’exportation
des marchandises et l’abolition, entre les Etats membres, des
barrières non tarifaires en vue de la création d’une zone de libre
échange au niveau de la Communauté ;
ii) l’établissement d’un tarif extérieur commun et d’une politique
commerciale commune à l’égard des pays tiers ;
iii) la suppression entre les Etats membres des obstacles à la
libre circulation des personnes, des biens, des services et des
capitaux ainsi qu’aux droits de résidence et d’établissement ;
5. la création d’une Union économique par l’adoption de politiques
communes dans les domaines de l’économie, des finances, des
affaires sociales et culturelles et la création d’une union
monétaire ;
6. la promotion d’entreprises communes par les organisations du
secteur privé et les autres opérateurs économiques notamment
avec la conclusion d’un accord régional sur les investissements
trans-frontaliers ;
7. l’adoption de mesures visant à promouvoir l’intégration du
secteur privé, notamment la création d’un environnement propre
à promouvoir les petites et moyennes entreprises ;
8. l’instauration d’un environnement juridique propice ;
9. l’harmonisation des codes nationaux des investissements
aboutissant à l’adoption d’un code communautaire unique des
investissements ;
10. l’harmonisation des normes et mesures ;
11. la promotion d’un développement équilibré de la région en
accordant une attention aux problèmes spécifiques de chaque
Etat membre, notamment à ceux des Etats membres sans littoral
et des Etats membres insulaires ;
12. la promotion et le renforcement des relations et de la
circulation de l’information en particulier entre les populations
rurales, les organisations de femmes et de jeunes, les
organisations socio- professionnelles telles que les associations
des medias, d’hommes et femmes d’affaires, de travailleurs, de
jeunes et syndicats ;
13. l’adoption d’une politique communautaire en matière de
population qui prenne en compte la nécessité d’établir un
équilibre entre les facteurs démographiques et le développement
socio- économique ;
14. la création d’un Fonds de coopération, de compensation et
de développement ;
15. toutes autres activités que les Etats membres peuvent
décider d’entreprendre conjointement à tout moment en vue
d’atteindre les objectifs de la Communauté ».

D’autres textes de droits primaire (protocoles additionnels) et de droit


dérivé (règlements, décisions, directives) complètent ces buts et
objectifs de la CEDEAO.

 Résumé des objectifs : Plus précisément, l’examen des


dispositions de ces différents textes montre que la CEDEAO
poursuit à l’heure actuelle deux grands objectifs :
 la mise en place d’un marché commun en tant qu’objectif
fondamental,
 à terme, la mise en place d’une union économique et
monétaire en tant qu’objectif ultime.

§2. L’UEMOA

A) Création

 Date et mode de création : créée le 10 janvier 1994 par le


Traité signé à Dakar, entré en vigueur le 1er août 1994.
 Composition :
 d’abord, sept pays de l'Afrique de l’Ouest ayant en commun
l'usage d'une monnaie commune, le franc CFA : Bénin,
Burkina Faso, Côte-d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo.
 Ensuite, adhésion de la Guinée-Bissau le 2 mai 1997.
 Siège : le siège de l’UEMOA se trouve à Ouagadougou (Burkina
Faso).

B) Buts et objectifs

 De manière générale : Affirmation dans le Préambule du Traité


de Dakar de :
 l’adhésion aux objectifs de la CEDEAO,
 la conscience des avantages mutuels qu'ils tirent de leur
appartenance à la même Union Monétaire,
 la nécessité de renforcer la cohésion au sein de l’Union.
 principe de solidarité,
 favoriser le développement économique et social des Etats
membres grâce à l'harmonisation de leurs législations, à
l'unification de leurs marchés intérieurs et à la mise en œuvre
de politiques sectorielles communes dans les secteurs
essentiels de leur économie,
 l'interdépendance de leurs politiques économiques, la
nécessité d'assurer leur convergence.
 respect des principes d'une économie de marché ouverte,
concurrentielle et favorisant l'allocation optimale des
ressources,
 désir de compléter l'Union Monétaire Ouest Africaine
(UMOA) par de nouveaux transferts de souveraineté et de
transformer cette Union en une Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), dotée de compétences
nouvelles,
 la nécessité de renforcer la complémentarité de leurs appareils
de production et de réduire les disparités de niveaux de
développement entre les Etats membres,
 De manière spécifique : les objectifs suivants ont été fixés à
l’article 4 du Traité de Dakar:
1. renforcer la compétitivité des activités économiques et
financières des Etats membres dans le cadre d’un marché
ouvert et concurrentiel et d’un environnement juridique
rationalisé et harmonisé ;
2. assurer la convergence des performances et des politiques
économiques des Etats membres par l’institution d’une
procédure de surveillance multilatérale ;
3. créer entre les Etats membres un marché commun basé sur la
libre circulation des personnes, des biens, des services, des
capitaux et le droit d’établissement des personnes exerçant
une activité indépendante ou salariée ainsi que sur un TEC et
une politique commerciale commune ;
4. instituer une coordination des politiques sectorielles
nationales, par la mise en œuvre d’actions communes et
éventuellement de politiques communes, notamment dans les
domaines suivants : ressources humaines, aménagement du
territoire, transport et télécommunication, environnement,
agriculture, énergie, industrie et mines ;
5. harmoniser dans la mesure nécessaire au bon fonctionnement
du marché commun, les législations des Etats membres et
particulièrement le régime de la fiscalité. ”

 Résumé :
 Affirmation de la détermination des Etats membres de
l’UEMOA à mettre tous les moyens en œuvre pour favoriser
le développement économique et social des Etats membres.
 Création de la nouvelle organisation qui complète et renforce
l’UMOA. Transformation de l’union monétaire en union
économique et monétaire
 Toutefois, l’union économique étant le niveau le plus abouti
de l’intégration économique, son atteinte relève d’un long
processus qui, jusque là, est encore balbutiant au niveau de
l’UEMOA.

Section 2 : Organisation et fonctionnement des institutions


communautaires (CEDEAO et UEMOA)

§1. Organisation des institutions communautaires

A) L’organisation de l’UEMOA
Il y a les organes intégrés (1) et les organes intergouvernementaux
(2)

1) Les organes intégrés


Dans cette catégorie, il y a les organes intégrés principaux à
pouvoir de décision, les organes intégrés principaux consultatifs et
les institutions spécialisées.

1.1. Les organes intégrés principaux à pouvoir de décision


Il s’agit de la Commission et de la Cour de justice

1.1.1. La Commission de l’UEMOA


a) Fondement juridique de la Commission
 La commission est consacrée par l’article 16 du Traité de
l’UEMOA et règlementée par les articles 26 à 34 du même
Traité
 Elle dispose également d’un règlement intérieur qui organise son
fonctionnement
b) Composition de la Commission
 Les membres ou commissaires :
 Huit (08) membres ressortissants des Etats membres appelés
commissaires désignés par la Conférence pour un mandat de
quatre (04) ans renouvelable (arts. 27-1 & 2)
 Profil : compétence et intégrité morale (art. 27-1)
 Mandat irrévocable sauf :
 en cas de faute lourde ou d’incapacité (art. 27-2)
 droit de démission individuelle ou collective (art. 30-2)
 la révocation est prononcée par la Cour de justice à la
demande du Conseil des ministres (art. 30-3)
 Indépendance des commissaires dans l’exercice de leurs
fonctions : protection des intérêts de l’Union et non ceux de
leurs Etats d’origine (art. 28-1)
 Obligation pour les Etats membres de respecter
l’indépendance des commissaires (art. 28-1)
 Incompatibilité des fonctions de commissaire avec toute autre
activité professionnelle rémunérée ou non (art 28-2)
 Le Président :
 Désigné parmi les membres de la Commission par la
Conférence des chefs d’Etats et de gouvernement pour un
mandat de quatre (04) ans renouvelable (article 33)
 Il est recommandé une désignation de manière tournante de
manière à ce que tous les Etats puissent assurer la présidence
de la Commission (article 33)
 Il détermine l’organigramme des services de la Commission
dans la limite du nombre de postes autorisés par le budget de
l’Union (article 34)
 Il nomme aux différents emplois (article 34)

c) Rôle et fonctions de la Commission


Article 26 : La Commission exerce, en vue du bon fonctionnement et
de l'intérêt général de l'Union, les pouvoirs propres que lui confère le
présent Traité. A cet effet, elle :
 transmet à la Conférence et au Conseil les recommandations et
les avis qu'elle juge utiles à la préservation et au développement
de l'Union ;
 exerce, par délégation expresse du Conseil et sous son contrôle,
le pouvoir d'exécution des actes qu'il prend ;
 exécute le budget de l'Union ;
 recueille toutes informations utiles à l'accomplissement de sa
mission ;
 établit un rapport général annuel sur le fonctionnement et
l'évolution de l'Union qui est communiqué par son Président au
Parlement et aux organes législatifs des Etats membres ;
 élabore un programme d’actions qui est soumis par son
Président, à la session ordinaire du Parlement, qui suit sa
nomination ;
 assure la publication du Bulletin officiel de l'Union.

d) Attributions de la Commission
En plus des fonctions sus-décrites, la Commission a également
compétence pour :
 adopter des actes dérivés comme les règlements d’exécution des
actes du Conseil et des décisions ;
 réprimer les infractions au droit communautaire de la
concurrence
 saisir la Cour de Justice de l’Union pour faire constater et
sanctionner le non respect des dispositions communautaires par
les Etats
 saisir la Cour de Justice de l’Union pour faire constater et
sanctionner l’illégalité des actes pris par les organes de l’Union

1.1.2. La Cour de justice de l’UEMOA


La Cour de Justice de l’UEMOA a été installée le 27 janvier 1995.
a) Fondements juridiques de la Cour
Elle est régie par :
 Le Traité de l’UEMOA, Article 38 ;
 Le Protocole additionnel n°1 relatif aux Organes de contrôle de
l'UEMOA ;
 L’Acte additionnel n° 10/96 du 10 mai 1996 portant statuts de la
cour de justice de l’UEMOA ;
 Règlement n° 1/96/CM portant Règlement des procédures de la
Cour de Justice de l'UEMOA
b) Composition de la Cour
 Huit membres nommés pour un mandat de six ans renouvelable
par la Conférence.
 Profil : Ils sont désignés parmi les personnalités offrant les
garanties d’indépendance et de compétences juridiques
nécessaires dans l’exercice des plus hautes fonctions
juridictionnelles.
 Les membres de la Cour désignent en leur sein pour trois ans le
Président, puis répartissent entre eux les fonctions de juges et
d’avocats généraux.
 La Cour est donc composée d’un Président, de cinq juges et de
deux avocats généraux dont le doyen prend le titre de 1er avocat
général
 Leur fonction est incompatible avec l’exercice de tâches
politiques, administratives ou juridictionnelles. Ils doivent se
consacrer uniquement aux tâches de membres de la Cour

c) Personnel auxiliaire de la Cour


 La Cour est aidée dans sa tâche par un personnel auxiliaire. Il
s’agit du Greffier, de son adjoint, des auditeurs et des agents
d’exécution. La fonction de greffier est essentiellement régie par
le Règlement n°02/96/CM/UEMOA du 20 décembre 1996
portant statut du greffier de la Cour de Justice de l’UEMOA
 Le greffier est recruté par le Président de la Commission sur
proposition de la Cour.
 Il est nommé par le Président de la Cour de Justice pour un
mandat de six ans renouvelable une fois, et doit offrir des
garanties d’indépendance et de compétences juridiques
 Il est aussi soumis aux incompatibilités des fonctions politiques,
administratives ou juridictionnelles.

d) Attributions de la Cour
La Cour de Justice est gardienne de la légalité dans l’ordre juridique

communautaire. A cet effet, elle est chargée de :


 Veiller à l’application, au respect et à l’interprétation du Traité.
 La Cour a des compétences qui, dans un Etat, relèveraient de
tribunaux différents :
 Tribunal international : avis sur la compatibilité entre un
accord international et le Traité;
 Juridiction constitutionnelle : par l’interprétation du traité,
elle garantit une hiérarchie des normes;
 Tribunal administratif : annulation des actes communautaires
qui ne respecteraient pas la hiérarchie des normes, ou pour
accorder réparation à des justiciables qui ont subi un
préjudice, lorsqu’elle statue en matière de fonction publique
communautaire.

1.2. Les organes intégrés principaux consultatifs


1.2.1. Le parlement de l’UEMOA
Le parlement est une «une ébauche de démocratisation du processus
d’intégration».
 Fondement juridique du Parlement : Traité révisé de
l’UEMOA de 2003 (article 35 nouveau) :
 Le Contrôle démocratique des organes de l’Union est assuré
par un Parlement dont la création fait l’objet d’un Traité
spécifique.
 Le Parlement participe au processus décisionnel et aux efforts
d’intégration de l’Union dans les domaines couverts par le
présent Traité.
 Le Parlement jouit de l’autonomie de gestion financière.

 Fonctions consultatives du Parlement (article 36 nouveau):


 A l’initiative du Parlement ou à leur demande, le Président du
Conseil, le Président et les membres de la Commission, le
Gouverneur de la BCEAO, le Président de la BOAD et le
Président de la Chambre Consulaire Régionale peuvent être
entendus par le Parlement.
 Chaque année, le Président de la Commission soumet au
Parlement pour examen, un rapport général sur le
fonctionnement et l’évolution de l’Union, conformément aux
dispositions de l’article 26.
 Le Parlement examine un programme d’actions que lui
présente le Président de la Commission, à la session ordinaire
qui suit sa nomination.

 Composition, organisation et fonctionnement du Parlement :


(Article 37 nouveau)
 La composition, l’organisation et le fonctionnement du
Parlement sont déterminés par voie d’acte additionnel de la
Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement.
 La Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement peut,
après consultation du Bureau du Parlement et du Conseil
des Ministres, dissoudre le Parlement.

1.2.2. La Chambre consulaire de l’UEMOA


 Fondement juridique de la Chambre consulaire : Article 40 du
Traité)
 Attribution : Acte additionnel N°02/97 fixant les attributions, la
composition et les principes d'organisation et de fonctionnement
de la chambre consulaire régionale de l'UEMOA
 Art. 3 : La Chambre, Organe consultatif créé par le Traité de
l'Union, est chargée de réaliser l'implication effective du
secteur privé dans le processus d'intégration de l'UEMOA, par
notamment :
 la participation à la réflexion sur le processus d'intégration
et à la mise en œuvre des réformes arrêtées par les Organes
compétents de l'Union ;
 l'appui technique aux Chambres Consulaires nationales et à
ses autres membres.
 Art. 4 : A son initiative ou à celle de la Commission, la
Chambre donne des avis sur toute question relative à la
réalisation des objectifs de l'Union.

1.3. Les institutions spécialisées


1.3.1. La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO)
 Fondement juridique : Article 41 du Traité
 Attribution :
 La conduite de la politique monétaire de l’Union.
 Elle est chargée de l’émission des signes monétaires dans les
Etats membres de l’Union dont elle a le privilège exclusif.
 Elle est également chargée de :
 la centralisation des réserves de devises de l'Union ;
 la gestion de la politique monétaire des Etats membres de
l'Union ;
 la tenue des comptes des Trésors des Etats de l'Union ; la
définition de la loi bancaire applicable aux banques et aux
établissements financiers.
 Création et siège : Créée en 1962, elle a son siège à Dakar.
1.3.2. La Banque ouest-africaine de développement (BOAD)
 Fondement juridique : Article 41 du Traité
 Attribution : article 2 de ses statuts
 La BOAD est l’institution commune de financement du
développement des Etats membres de l’UEMOA.
 la BOAD a pour objet « de promouvoir le développement
équilibré des Etats membres et de réaliser l'intégration
économique de l'Afrique de l’Ouest » en finançant des projets
prioritaires de développement rural, infrastructures de base,
infrastructures modernes, télécommunications, énergie,
industries, transport, agro-industries, tourisme et autres
services.
 Création et siège : Créée le 14 novembre 1973, elle a son siège
à Cotonou

2) Les organes intergouvernementaux

2.1. La Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement


 Fondement : Article 5 du Traité de l’UMOA et article 18 du
Traité de l’UEMOA : Organe suprême de décision au sein de
l’Union, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement,
comme son nom l’indique, se présente comme une structure de
concertation où se retrouvent les chefs d’Etat ou de
gouvernement des Etats membres de l’Union. Il ne s’agit donc
pas d’un collège à proprement parler, mais d’une conférence
interétatique. En outre, les personnalités conviées à ces «
réunions » sont d’une telle importance dans chaque Etat sur le
plan politique qu’elles constituent le plus souvent le symbole de
la souveraineté nationale. C’est la raison pour laquelle ils sont
commis le plus souvent – par les textes fondamentaux de chaque
Etat – à représenter leur nation dans les négociations
internationales et à les y engager. Il faut toutefois souligner que
le Président de la Commission, le Gouverneur de la BCEAO et
le Président de la BOAD peuvent participer à la Conférence des
Chefs d’Etat et de Gouvernement, aux fins d’exprimer le point
de vue de leur institution sur des questions les concernant.
 Nature et attributions : La Conférence est l’organe éminemment
politique de l’Union. Aussi, fixe-t-elle les grandes orientations
des activités. Elle tranche également des questions qui n’ont pu
être résolues par le Conseil des Ministres. Elle a en outre une
fonction normative interne qui lui permet notamment d’adopter
des actes additionnels et de réviser le Traité.

2.2. Le Conseil des ministres


 Fondement : Article 6 du Traité UMOA et Articles 20 à 25 du
Traité UEMOA : Le Conseil des Ministres regroupe les
ministres des Etats membres de l’Union. La coloration politique
de ses membres est également indiscutable : étant entendu que
tout ministre est avant tout partie prenante d’un collège
gouvernemental, et donc commis à la défense du programme de
ce gouvernement, il est parfaitement raisonnable de conclure que
chacun est porte-parole de ce dernier à cette tribune
internationale que constitue la session du Conseil des Ministres.
 Attributions : Le Conseil est l’organe d’exécution des
orientations définies par la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement. Il a une compétence normative lui permettant
d’adopter des règlements, directives et décisions. Il a également
une compétence budgétaire.

B) L’organisation de la CEDEAO
1) Les organes intégrés
1.1. Les organes intégrés principaux à pouvoir de décision
1.1.1. La Commission
La Commission est, en fait l’organe successeur du Secrétariat
Exécutif. Elle a été instituée par le Protocole additionnel A/SP.1/06/06
du 14 juin 2006 portant amendement du Traité révisé de la CEDEAO,
et est un organe permanent chargé de la défense des intérêts de la
Communauté. Aux termes de l’article 17 nouveau, la Commission est
composée de neuf membres, à savoir un Président, un Vice-président
et sept autres commissaires, ainsi que d’autres fonctionnaires
nécessaires au fonctionnement de la Commission.

Le Président de la Commission est nommé par la Conférence des


Chefs d’Etat et de Gouvernement pour un mandat de quatre ans non
renouvelable, et doit obéir aux conditions d’intégrité, de compétence
avérée. Il doit également avoir une vision globale des problèmes
politiques et économiques et d’intégration régionale. Il est désigné
parmi les membres de la Commission, et la nomination doit
s’effectuer de sorte à appeler successivement tous les Etats membres à
la présidence de la Commission. Quant au Vice-président et aux autres
commissaires, ils sont nommés par le Conseil des ministres. Leur
nomination s’effectue sur proposition du Comité ministériel de
sélection et d’évaluation au terme d’une interview des trois candidats
présentés par les Etats membres respectifs auxquels les postes sont
attribués. Le mandat des commissaires est également de quatre ans
non renouvelable. Ils sont irrévocables sauf en cas de faute lourde ou
d’incapacité, et exercent leurs fonctions en toute indépendance. De
plus, ils ne sollicitent ni n’acceptent d’instructions de la part d’aucun
gouvernement ni d’aucun organisme quelconque. Avant leur entrée en
fonction, les membres de la Commission s’engagent par serment à
observer les obligations d’indépendance et d’honnêteté inhérentes à
l’exercice de leur charge.

Le Protocole additionnel A/SP.1/O6/06 investit la Commission de


fonctions plus concrètes et plus larges que celles accordées au
Secrétariat Exécutif défunt. Tout d’abord, il faut noter l’abandon de
l’ignorance du principe de collégialité. En effet, aux termes de
l’ancien article 19 paragraphe 3 du Traité révisé, c’est le Secrétaire
Exécutif – et non pas l’organe collégial qu’est le Secrétariat Exécutif –
qui est chargé de toutes les attributions du Secrétariat. L’article 18
nouveau, en son alinéa 3 paragraphes 4, 5 et 6, confère à la
Commission de la CEDEAO un pouvoir d’initiative, une fonction
d’exécution, de contrôle et de défense des intérêts de la Communauté.

Ainsi, la Commission fait au Conseil des ministres et à la Conférence


des Chefs d’Etat et de Gouvernement toutes les recommandations
qu’elle juge utiles à la promotion et au développement de la
Communauté. De plus, elle fait au Conseil et à la Conférence des
propositions qui leur permettent de se prononcer sur les grandes
orientations des politiques des Etats membres et de la Communauté.
Elle formule à cet effet des avis et des recommandations. En outre, la
Commission a la faculté de recueillir, en rapport avec les cellules
nationales CEDEAO, tous les renseignements indispensables à
l’accomplissement de sa mission. De même, elle peut adopter des
Règlements d’exécution des actes édictés par le Conseil des ministres.
Il convient en outre de souligner que la Commission exerce une
fonction de représentation internationale. En effet, le Président de la
Commission peut conclure des accords de coopération avec d’autres
Communautés régionales, avec des pays tiers ou tout autre organisme
international. L’on peut enfin noter que le Président de la Commission
peut saisir la Cour de Justice de la Communauté, pour voir constater
les manquements des Etats à leurs obligations communautaires.

1.1.2. La Cour de justice


La Cour de Justice a été créée en vertu de l’article 15.1 du Traité
révisé de la CEDEAO, et suivant le Protocole A/P1/7/91 du 06 juillet
1991. Elle a été mise en place par le 24ème Sommet des Chefs d’Etat
et de Gouvernement de la CEDEAO en 2000. Aux termes de l’article
3 du Protocole d’Abuja, la Cour est composée de sept juges
indépendants, choisis parmi les personnes de haute valeur morale,
ressortissants des Etats membres, possédant les qualifications requises
dans leur pays respectif pour occuper les plus hautes fonctions
juridictionnelles, ou qui sont des jurisconsultes de compétence notoire
en matière de droit international et dont l’âge varie entre 40 et 60 ans.
Ils sont nommés pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule
fois par la Conférence, sur proposition du Conseil des Ministres. Bien
que le nombre des juges soit inférieur à celui des Etats membres,
l’article 3, paragraphe 2 précise que deux juges ne peuvent être
ressortissants d’un même Etat membre. En d’autres termes, les sept
juges sont de nationalités différentes mais les seize Etats membres ne
sont pas tous représentés à la Cour.

Les juges élisent en leur sein le Président et le Vice - Président pour


un mandat de trois ans. Les dispositions sur les membres de la Cour
sont de nature à leur garantir l’indépendance nécessaire à l’exercice de
leurs fonctions. D’abord les incompatibilités : les fonctions de juges
sont incompatibles avec l’exercice d’une fonction politique,
administrative et toute activité professionnelle. Ensuite l’exigence de
la prestation de serment : avant d’entrer en fonction, les membres de la
Cour prêtent serment ou font une déclaration solennelle devant le
Président de la Conférence ; cette prestation de serment se fait en ces
termes : « Je jure (ou déclare) solennellement d’exercer mes fonctions
et mes pouvoirs de membre de la Cour de façon honorable et loyale,
en toute impartialité et en toute conscience ». Enfin les privilèges et
immunités : la Cour et ses membres, pendant la durée de leur mandat,
bénéficient des privilèges et immunités identiques à ceux dont
jouissent les missions diplomatiques et les diplomates sur le territoire
des Etats membres, ainsi que ceux reconnus aux juridictions
internationales et aux membres de ces juridictions. A ce titre, les
membres de la Cour ne peuvent être poursuivis ni recherchés pour les
actes accomplis ou pour les déclarations faites dans et à l’occasion de
l’exercice de leurs fonctions. Le traité révisé confirme cette
indépendance par les dispositions de son article 15 paragraphe 3 : «
Dans l’exercice de ses fonctions, la Cour de Justice est indépendante
des Etats membres et des institutions de la Communauté ».
Le Protocole d’Abuja a été amendé par le Protocole d’Accra, adopté le
19 janvier 2005 par la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement. Le Protocole additionnel, ainsi adopté a permis
d’élaguer certaines insuffisances du Protocole d’Abuja. En effet, il
étend les compétences de la Cour de Justice et accorde un droit de
saisine aux citoyens de la Communauté. Il convient, finalement de
noter que la Cour peut être saisie pour un arbitrage, car elle remplit
des fonctions d’arbitrage, en attendant que le Tribunal Arbitral soit
mis en place.

1.1.3. Le Tribunal arbitral


Le Tribunal arbitral est prévu à l’article 16 du Traité révisé : « Il est
créé un Tribunal d’arbitrage de la Communauté. Le statut, la
composition, les pouvoirs, les règles de procédure et les autres
questions relatives au Tribunal d’arbitrage sont énoncés dans un
protocole y afférent». Ce Protocole n’étant pas encore signé, la
question qu’on peut se poser est celle de savoir quel rôle ce Tribunal
sera appelé à jouer à côté de la Cour de Justice. Dans l’Union
Européenne où il est prévu deux juridictions, le rôle du tribunal de
première instance des Communautés Européennes, mis en place en
octobre 1989, est de décongestionner les dossiers devant la Cour de
Justice, en connaissant en première instance de l’ensemble des recours
formés par les particuliers et les litiges entre les Communautés et leurs
agents. Tel n’est pas le cas ici puisqu’il ne s’agit pas d’une juridiction
de premier degré mais bien d’une juridiction d’arbitrage. Le corollaire
d’un tel statut est que le Tribunal ne pourrait être saisi que sur la base
d’une clause compromissoire ou d’un compromis d’arbitrage. Ces
deux mécanismes ayant une nature contractuelle, cela suppose le
consentement des parties au différend : il s’agit d’une justice
facultative.
Qui est-ce qui aura qualité pour agir devant une telle juridiction ? Les
Etats ou les particuliers ? Dans l’hypothèse des Etats, quel genre de
différend sera porté devant le Tribunal d’arbitrage et quel autre sera
porté devant la Cour de Justice ? Mais cette équivoque peut être levée
si notre compréhension de l’article 22 du protocole d’Abuja de 1991
relatif à la Cour de Justice de la Communauté est la bonne. Intitulé «
Exclusivité de compétence et acquiescement aux décisions de la Cour
», cet article dispose : « Aucun différend relatif à l’interprétation ou à
l’application des dispositions du Traité ne peut être soumis à un autre
mode de règlement que celui prévu par le Traité ou le présent
Protocole ». Or, aux termes l’article 76 du Traité, « ...tout différend au
sujet de leur interprétation ou de leur application [l’interprétation ou
l’application du Traité et des protocoles] est réglé à l’amiable par un
accord direct entre les parties. A défaut, le différend est porté par les
parties, par tout Etat membre ou par la Conférence, devant la Cour de
Justice de la Communauté dont la décision est exécutoire et sans
appel». L’exclusivité de la compétence de la Cour de justice en
matière d’interprétation et d’application du Traité et des protocoles
exclut donc celle du Tribunal d’arbitrage en la matière. Si les Etats
devaient avoir qualité devant un tel Tribunal, ce ne serait donc pas
pour les différends liés au Traité et à ses protocoles. Le Tribunal
pourrait être compétent par exemple pour traiter des conflits armés ou
de nature territoriale entre les Etats membres. En ce qui concerne les
particuliers, il se pourrait que la création d’un tribunal arbitral soit
motivée par le souci de doter la CEDEAO d’un centre d’arbitrage à
l’image du centre d’arbitrage de l’OHADA. Seule l’élaboration du
protocole sur le Tribunal d’arbitrage éclairera davantage sur
l’opportunité de sa création, d’autant plus que la Cour de justice est
maintenant investie d’une compétence arbitrale jusqu’à la mise en
place du Tribunal.

1.2. Les organes intégrés principaux consultatifs


1.2.1. Le parlement communautaire
Contrairement au Traité de 1975, le Traité CEDEAO de 1993 prévoit
la création d’un parlement de la Communauté. Le Protocole
additionnel portant amendement du Traité révisé prévoit un article 13
nouveau qui dispose : « Il est créé un Parlement de la Communauté.
La Communauté assurera l’implication effective du Parlement dans la
prise des décisions. Le mode d’élection des membres du Parlement de
la Communauté, sa composition, ses attributions, son organisation,
ainsi que les modalités de son implication dans la prise des décisions
sont définies dans un Protocole y afférent». Le Protocole relatif au
Parlement de la Communauté a été signé le 6 août 1994 à Abuja.

Le parlement de la CEDEAO est conçu pour être une assemblée des


populations de la Communauté. Ses membres, dénommés « Députés»,
siègent au nom des populations de la Communauté; ils n’ont donc pas
de mandat impératif. Le parlement de la communauté comprendra
cent vingt sièges, chaque Etat disposant d’un minimum de cinq sièges;
les quarante sièges restants seront répartis proportionnellement à la
démographie des Etats membres ; cette répartition peut être revue par
la Conférence sur sa propre initiative ou sur proposition du Parlement.

Les dispositions sur le mode d’élection des membres du Parlement de


la CEDEAO, si elles venaient à se concrétiser, constituent une grande
avancée dans le processus d’intégration et de création d’un sentiment
communautaire. En effet, les députés et leur suppléant seront élus au
suffrage universel direct par les citoyens des Etats membres. En
attendant l’élection au suffrage universel direct des membres du
Parlement, les Assemblées nationales des Etats membres ou les
institutions et organes qui en tiennent lieu éliront ces membres en leur
sein. La durée de cette période transitoire sera déterminée par la
Conférence. Les députés sont élus pour un mandat de cinq ans
renouvelable. Le Président du Parlement est élu par ses pairs à la
majorité des deux tiers au premier tour du scrutin, à la majorité
absolue des suffrages exprimés aux tours suivants ; outre le Président,
les autres membres du bureau du Parlement sont : les vice-présidents,
les questeurs et des secrétaires parlementaires (leur nombre sera
déterminé par le Règlement du Parlement). A la première réunion, le
doyen d’âge assure la présidence et le plus jeune le secrétariat.
Contrairement aux parlements nationaux, le Parlement communautaire
n’est pas un organe législatif comme son nom pourrait le laisser
croire. Aux termes de l’article 6 du protocole d’Abuja, le Parlement de
la Communauté a une fonction essentiellement consultative. Elle
exerce cette fonction, soit sur sa propre initiative, soit sur demande des
organes de la Communauté. Mais, l’on peut supposer que cette
fonction législative sera effective avec le Protocole additionnel précité
qui prévoit son implication dans les prises de décisions.

Le Parlement de la Communauté peut se saisir, en effet, de toute


question intéressant la Communauté en matière de respect des Droits
de l’homme et des libertés fondamentales et faire des
recommandations aux institutions et organes de la Communauté. Les
recommandations n’étant pas obligatoires pour les Etats, on imagine la
portée très limitée de cette initiative. Mais son rôle apparaît comme
dissuasif pour les Etats en matière des droits de l’homme et de libertés
fondamentales. C’est en quelque un observatoire des droits de
l’homme et de libertés fondamentales. Le Parlement de la
Communauté peut, en outre, être saisi par les institutions de la
CEDEAO pour émettre des avis sur des questions intéressant la
Communauté. Les domaines visés concernent notamment les
politiques sectorielles, sociales, les droits de l’homme et la révision du
Traité.

1.2.2. Le Conseil économique et social


L’objectif fondamental de la CEDEAO étant la réalisation d’un espace
économique commun, l’article 14 du nouveau traité prévoit la création
d’un Conseil Economique et social. Composé des représentants des
différentes catégories d’activités économiques et sociales, le Conseil
Economique et social de la CEDAEO est une assemblée consultative.
Il pourrait ainsi être consulté notamment par les organes de décisions
(Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement et Conseil des
ministres) sur des textes ou des problèmes d’ordre économique et
social. La composition, les attributions et l’organisation du Conseil
Economique et Social seront définies dans un protocole

2) Les organes intergouvernementaux


Ils sont regroupés en deux catégories: les organes
intergouvernementaux politiques et les organes intergouvernementaux
techniques.

2.1. Les organes intergouvernementaux politiques


2.1.1. La Conférence des chefs d’Etats et de gouvernement
Aux termes du traité révisé, la Conférence des Chefs d’Etat et de
Gouvernement est l’organe suprême de la Communauté. La
Conférence est composée « des Chefs d’Etat et/ou de Gouvernement
des Etats Membres ». Les Etats peuvent donc cumulativement ou
alternativement se faire représenter par les Chefs d’Etat ou par les
Chefs de Gouvernement. Selon l’article 8 alinéa 3 nouveau du
Protocole additionnel portant amendement du Traité révisé, la
présidence de la Conférence est effectuée selon un système de rotation
annuel qui tient compte de l’ordre alphabétique des Etats membres.
Elle se réunit en session ordinaire au moins deux fois par an et en
session extraordinaire sur l’initiative de son Président ou à la demande
d’un Etat membre, sous réserve de l’approbation de cette demande par
la majorité simple des Etats membres. Le Protocole A/SP.1/06/06
introduit une donne importante dans le cadre de la bonne gouvernance.
Ainsi, un Etat qui aspire à la présidence de la Communauté perd
automatiquement cette qualité lorsqu’un coup d’Etat y survient, ou
que le pouvoir y est pris par un moyen anticonstitutionnel. De plus, il
doit appliquer les textes qui régissent le Prélèvement communautaire.
En dehors du pouvoir de nomination du Président de la Commission et
des commissaires aux comptes, les fonctions dévolues à cet organe
peuvent être envisagées sous trois aspects : une fonction d’impulsion
et d’orientation : il lui revient en effet de déterminer la politique
générale et les principales orientations de la Communauté et donner
des directives ; une fonction de contrôle : la Conférence assure le
contrôle du fonctionnement des institutions de la Communauté, ainsi
que le suivi de la réalisation des objectifs de celle-ci ; une fonction
normative: la Conférence n’est plus dotée de pouvoir exorbitant dans
ce domaine avec l’adoption du Protocole additionnel précité. Ainsi,
outre l’édiction du droit primaire de la CEDEAO (Traités et
Protocoles additionnels), elle prend les actes additionnels qui
complètent le Traité.

2.1.2. Le Conseil des ministres


Le Conseil des ministres est le deuxième principal organe de la
Communauté après la Conférence. Le Conseil des ministres de la
CEDEAO « est formé par le Ministre chargé des Affaires de la
CEDEAO, le Ministre chargé des Finances et le cas échéant de tout
autre ministre ». Il s’agit, dans la pratique, du ministre des affaires
étrangères, de celui de l’économie et des finances des Etats membres
secondés de tout autre ministre dont le portefeuille dépend des
questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil. Le Conseil des
ministres est présidé par le Ministre chargé des affaires étrangères, ou
celui chargé des finances du pays assurant la présidence de la
Conférence; il y a donc coïncidence entre la présidence de la
Conférence et celle du Conseil. Le Conseil des ministres se réunit en
sessions ordinaires deux fois par an, une des sessions précédant
immédiatement celle de la Conférence des Chefs d’Etat et de
gouvernement ; il peut se réunir aussi en session extraordinaire sur
convocation de son président ou à la demande d’un Etat membre.
Aux termes des dispositions de l’article 10 du traité révisé, le Conseil
des ministres assume des fonctions qui peuvent être regroupées en
quatre fonctions essentielles : un pouvoir de nomination des
fonctionnaires de la Communauté, (à l’exception, bien entendu, de
celle du Président de la Commission) ; un pouvoir d’autorisation : le
Conseil des ministres autorise les programmes de travail, approuve les
budgets et l’organigramme de la Commission et des autres institutions
de la Communauté ; un pouvoir d’initiative : le pouvoir normatif
revenant à la Conférence, le Conseil pourra formuler à son intention
des recommandations sur toute action visant la réalisation des
objectifs de la Communauté ; un pouvoir normatif : Le Conseil édicte
des Règlements, des Directives, prend des Décisions, ou formule des
recommandations et des avis.

2.2. Les organes intergouvernementaux techniques

2.2.1. L’agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAO)


L’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest a été créée par le
Protocole A/P.1/7/93 du 24 juillet 1993. L’AMAO succède en réalité à
la Chambre de Compensation de l’Afrique de l’Ouest (CCAO). Créée
par l’accord de Lagos du 14 mars 1975 et regroupant l’ensemble des
pays membres de la Région, la CCAO était un système centralisé de
compensation dans lequel les transactions facturées dans la monnaie
locale du pays d’origine sont exprimées en Unités de compte de
l’Afrique de l’Ouest (UCAO) pour les entrées de débit et de crédit de
chaque banque centrale. Il s’agissait donc de faciliter les transactions
commerciales aux ressortissants de la communauté. Outre ces
missions traditionnelles de la CCAO, l’AMAO est chargée de la mise
en œuvre du programme d’intégration monétaire qui visait la création
d’une monnaie unique en Afrique de l’Ouest à l’horizon 2000. Avant
d’envisager en détail ces missions, nous allons voir sa composition.
Aux termes de l’article 5 du Protocole de 1993, l’AMAO se compose
d’un Comité des Gouverneurs, d’une Direction Générale et de deux
Comités consultatifs, à savoir le Comité chargé des questions
économiques et monétaires et le Comité des opérations et de
l’administration ; d’autres comités pourront être créés si le Comité des
Gouverneurs le juge nécessaire

2.2.2. Le Fonds de Coopération, de Compensation et de


Développement (FFDC)
Le Fonds de Coopération, de Compensation et de Développement
(FCCD) est prévu à l’article 21 du Traité révisé ; cet article renvoie à
un protocole en ce qui concerne son statut, ses objectifs et ses
attributions. Commodément appelé Fonds, c’est un organe qui était
déjà prévu à l’article 50 du Traité de 1975. Le protocole sur le Fonds a
été signé le 5 novembre 1976

Les objectifs assignés au Fonds ont été fixés à l’article 2 du Protocole


de 1976. Aux termes de cet article, le Fonds servira à :
« a)- fournir des compensations et d’autres formes d’assistance aux
Etats membres qui ont subi des pertes en raison de l’application des
dispositions du Traité sur la libéralisation des échanges à l’intérieur de
la Communauté ;
b)- indemniser les Etats membres qui ont subi des pertes par suite de
l’implantation d’entreprises communes ;
c)- accorder des subventions pour le financement d’études et d’actions
de développement d’intérêt national ou communautaire ;
d)- accorder des prêts pour le financement d’études de faisabilité et
pour la réalisation de projets de développement dans les Etats
membres ;
e)- garantir les investissements étrangers effectués dans les Etats
membres concernant les entreprises établies conformément aux
dispositions du Traité sur l’harmonisation des politiques industrielles ;
f)- fournir les moyens pour faciliter la mobilisation constante des
ressources financières intérieures et extérieures aux Etats membres de
la Communauté ;
g)- aider à la promotion de projets en vue de la mise en valeur des
Etats les moins développés ».

Les autorités communautaires ont entrepris depuis 1999 la


transformation du Fonds de la CEDEAO en une société holding
régionale dénommée Banque d'investissement et de développement de
la CEDEAO (BIDC) avec deux filiales spécialisées, le Fonds régional
de développement de la CEDEAO (FRDC) et la Banque régionale
d'investissement de la CEDEAO (BRIC). La BIDC est une institution
financière internationale instituée par l'article 21 nouveau du Traité
révisé tel qu'amendé par l'Acte additionnel A/SA.9/01/07 du 19
janvier 2007. Elle comprend deux guichets dont l'un est destiné à la
promotion du secteur privé et l'autre au développement du secteur
public. D’un capital initial d’environ 750 millions de dollars US
détenu à 67% par les Etats membres de la CEDEAO et ouvert à 33% à
la souscription des membres non régionaux, la BIDC a pour objectif
essentiel de contribuer à l'essor économique de l'Afrique de l'Ouest à
travers le financement des projets et programmes relatifs au transport,
à l'énergie, à la télécommunication, à l'industrie, à la réduction de la
pauvreté, à l'environnement et aux ressources naturelles.

2.2.3. Les commissions techniques


Composées des représentants des Etats membres, les commissions
techniques sont au nombre de neuf : Commission Administration et
Finances ; Commission Agriculture, Environnement et Ressources en
eau ; Commission Développement Humain et Genre ; Commission
Infrastructures ; Commission Politiques Macro-économiques ;
Commission Affaires politiques, Paix et Sécurité ; Commission
Commerce, Douanes et Libre circulation des personnes ; Commission
Affaires juridiques et judiciaires ; Commission Communication et
Informatique.
La Conférence peut, si elle le juge nécessaire, restructurer ces
Commissions ou en créer davantage ; chacune de ces commissions
peut également créer des sous-commissions si l’exécution de ses
fonctions l’exige. Les Commissions se réunissent aussi souvent que
nécessaire. Ils élaborent leur règlement intérieur qu’ils soumettent au
Conseil pour approbation.

Aux termes de l’article 23 du Traité révisé, ils ont pour mandat, dans
leurs domaines respectifs :
«a) de préparer des projets de programmes communautaires, et de les
soumettre à l’approbation du Conseil par l’intermédiaire du Secrétariat
Exécutif [actuellement la Commission], soit sur sa propre initiative,
soit à la demande du Conseil ou du Secrétariat Exécutif [actuellement
la Commission] ;
b) d’assurer l’harmonisation et la coordination des projets et
programmes communautaires ;
c) de suivre et de faciliter l’application des dispositions du présent
traité et des protocoles relevant de leurs domaines de compétences
respectifs ;
d) d’accomplir toute autre tâche qui pourrait leur être confiée en
application des dispositions du présent Traité ».

§2. Fonctionnement
A) Le processus décisionnel
L’abandon de souveraineté par les Etats qui caractérise les
organisations d’intégration a pour conséquence que les décisions s’y
prennent généralement à la majorité (simple ou qualifiée selon les
organisations). Ce qui est tout le contraire des organisations de
coopération qui privilégient généralement les modes tels que
l’unanimité ou le consensus.
Toutefois, même dans les organisations d’intégration, certains organes
prennent leurs décisions à l’unanimité. C’est le cas notamment des
organes politiques comme la Conférence des chefs d’Etats ou de
gouvernement et le Conseil des ministres.

Aussi bien au niveau de la CEDEAO que de l’UEMOA, le mode de


décision varie en fonction des organes.

B) Le financement des institutions communautaires


Trois types de financement existent au niveau des organisations
d’intégration: les contributions des Etats membres, les ressources
propres et les autres sources de financement

1) Les contributions des Etats membres


 Les contributions volontaires
 Les contributions obligatoires

2) Les ressources propres


2.1. Le prélèvement communautaire dans la CEDEAO (PC): un taux
de 1% sur les produits importés dans l’espace CEDEAO, reversé dans
le budget de la CEDEAO servant en partie à compenser les pertes de
recettes du fait de la libéralisation des échanges commerciaux entre
Etats de la CEDEAO
2.2. Le prélèvement communautaire de solidarité de l’UEMOA
(PCS) : un taux de 0.80% sur les produits importés dans l’espace
UEMOA

3) Les autres sources de financement : dons, legs, subventions, prêts


obtenus des partenaires techniques et financiers.

CHAP II : L’ordre juridique communautaire

Section 1 : L’ordonnancement juridique communautaire


§1. Les sources du droit communautaire
A) Les sources primaires : actes conventionnels par la forme et
constitutionnels par le fond
1) Les traités constitutifs
2) les protocoles additionnels

B) Les sources dérivées


Les actes unilatéraux découlant du pouvoir normatif/législatif des
organes communautaires et les actes bilatéraux.
1) Les actes de droit dérivé contraignants
1.1. L’acte additionnel : relevant de la compétence de la Conférence
des chefs d’Etats et de gouvernement. Un acte annexé au traité, qu’il
complète sans modifier. S’impose à tous les organes de la
communauté
1.2. Le règlement, source la plus originale et la plus complète. C’est
l’équivalent de la loi au niveau communautaire. 3 caractéristiques :
une portée générale (comme la loi au niveau interne) ; obligatoire dans
tous ses éléments ; il est directement applicable dans tous Etat
membre.
1.3. La directive, lie tout Etat membre quant aux résultats à atteindre :
rigueur (contraignante) et souplesse (obligation de résultat), de la
compétence du Conseil des ministres. Elle est un peu l’équivalent de
la loi-cadre.
1.4. La décision, obligatoire dans tous ses éléments pour les
destinataires qu’elle désigne. Portée individuelle (individu, entreprise,
Etat)

NB : Caractéristique commune aux actes de droit dérivé


contraignant : obligation de publicité et de motivation dans un délai
de 30 jrs à compter de l’adoption.

2) Les actes de droit dérivé non contraignants


2.1. Les recommandations : invitation adressée aux Etats membres
afin qu’ils adoptent un comportement déterminé ou déclaration
d’intention politique ; en tous les cas, elle est non contraignante tout
comme l’avis. La recommandation peut cependant être obligatoire si
elle reprend des règles coutumières, notamment de jus cogens,
lorsqu’elle est acceptée par son destinataire ou lorsqu’elle émane d’un
organe principal d’une OI, dans ce dernier cas, elle est seulement
obligatoire pour les organes subsidiaires.

2.2. Les avis : l’opinion d’un organe sur une question donnée. Il est
non contraignant, tout comme la recommandation.

NB : Au niveau européen, il n’existe pas d’acte additionnel. Par


contre il existe d’autres types d’actes appelés actes atypiques et actes
innomés

C) Les sources complémentaires du droit communautaire


1) Les accords internationaux conclus par les institutions
communautaires (droit dérivé conventionnel)
2) La coutume internationale
3) Les principes généraux du droit communautaire
4) La jurisprudence et la doctrine communautaires comme moyen de
détermination de la règle de droit

§2. Les rapports entre l’ordre juridique communautaire et les


ordres juridiques internes
Ces rapports sont gouvernés par deux grands principes :

A) Le principe d’intégration
La manière dont les normes communautaires s’insèrent dans les ordres
juridiques internes des Etats : l’applicabilité immédiate et l’effet direct
1) L’applicabilité immédiate ou l’intégration immédiate
Les normes communautaires (y compris les normes primaires)
s’intègrent de plein droit dans les ordres juridiques internes sans aucun
besoin de mesures de réception internes.

2) L’effet direct
L’effet direct signifie trois choses (i) la création par les normes
communautaires de droits individuels ; (ii) l’invocabilité de ces droits
par les particuliers devant les juridictions nationales et
supranationales ; (ii) l’obligation pour les juridictions nationales de
garantir ces droits. L’effet direct est une création prétorienne avec
l’arrêt de principe de la CJCE, 5 février 1963 Van Gend en Loos.
L’effet direct peut être vertical (individu-Etat), horizontal (individu-
individu), complet (vertical et horizontal)

B) Le principe de primauté
Arrêt de principe : Costa c. ENEL, 15 juillet 1964
 L’applicabilité immédiate et l’effet direct seraient inopérants si
un Etat pouvait se soustraire au droit communautaire par un acte
interne
 Abandon de souveraineté de l’Etat au profit de l’organisation
supranationale
 Unité de la communauté
Conséquence : primauté absolue et inconditionnelle du droit
communautaire sur le droit interne. Peu importe que le droit interne
soit constitutionnel, législatif ou règlementaire. Peu importe aussi que
la norme nationale soit antérieure ou postérieure à la norme
communautaire.
En ce qui concerne l’UEMOA, voir l’article 6 du Traité et AVIS N°
001/2003 du 18 mars 2003
DEMANDE D'AVIS DE LA COMMISSION DE L'UEMOA RELATIVE
A LA CREATION D’UNE COUR DES COMPTES AU MALI

Section 2 : La justice communautaire


§1. L’organisation de la justice communautaire

Deux niveaux de juridictions en matière communautaire : juridiction


de droit commun et juridiction d’attribution

A) La juridiction de droit commun


La juridiction de droit commun ou la juridiction ayant une compétence
générale en matière de droit communautaire est la juridiction
nationale.

La notion de juridiction nationale est laissée à l’appréciation du juge


supranational qui n’est pas lié par la qualification donnée par les Etats.
Le fait qu’un organe appartienne à l’organisation judiciaire d’un Etat
est une simple présomption de « juridictionalité » nationale.

Le juge européen a dégagé un certain nombre de critères pour qualifier


un organe de juridiction nationale : la légalité, la permanence,
l’application de la règle de droit, l’indépendance, le caractère
contradictoire de la procédure, le caractère obligatoire des décisions.

B) La juridiction d’attribution

La juridiction d’attribution en matière de droit communautaire est la


juridiction supranationale. Ses compétences sont limitativement
énumérées dans le traité constitutif de l’organisation supranationale.

§2. Le fonctionnement de la justice communautaire

A) Les rapports entre les juridictions nationales et les juridictions


supranationales
 Rapports de collaboration ou de coopération à travers le
mécanisme du renvoi préjudiciel
 Il n’y a donc pas de rapports de sujétion entre les deux types de
juridiction, exception faite du cas de la CCJA qui est une
juridiction de cassation en matière de droit des affaires dans le
cadre de l’OHADA

B) Les compétences des juridictions supranationales


1) Les compétences contentieuses

1.1. Les recours dirigés contre les institutions communautaires

1.1.1. Le recours en appréciation de la légalité ou le recours en


annulation
 Recours visant à annuler un acte émanant d’une institution
communautaire
 Recours à exercer dans un délai de 2 mois à compter de la date
de publication ou de notification de l’acte au niveau de
l’UEMOA. Pas de délai au niveau de la CEDEAO
 Tous les actes de droit dérivé peuvent y passer
 Les requérants :
o Les requérants privilégiés (Etats et organes
communautaires) peuvent demander l’annulation des actes
sans avoir à justifier un intérêt individuel à agir
o Les particuliers (personnes physiques ou morales) contre
les actes qui leur font grief
 Les moyens de l’annulation. Il s’agit généralement de la
conformité des actes au droit primaire :
o Incompétence de l’auteur de l’acte
o Vice de procédure
o Défaut de motivation
o Défaut de consultation préalable d’un organisme
o Non respect du contradictoire
o Violation du droit matériel primaire
o Détournement de pouvoir
 Les effets de l’annulation d’un acte
o Annulation totale ou partielle (si la partie entachée de
nullité est détachable du reste)
o La décision d’annulation est en principe rétroactive mais le
juge peut moduler la rétroactivité en fonction de l’ampleur
des conséquences, notamment pour la protection des droits
acquis
 En cas de rejet, un nouveau recours est possible pourvu que ce
dernier soit fondé sur un autre moyen d’annulation
 Au niveau européen, à côté du recours en annulation existe le
recours en carence qui permet d’invoquer l’illégalité de
l’inaction des institutions communautaires. Ce recours n’existe
pas dans le droit communautaire ouest africain

1.1.2. L’exception d’illégalité


 Recours exercé à titre incident lors d’une instance devant le juge
supranational
 Vise à écarter l’application d’un acte dans le cadre de l’instance
concernée
 Il a exactement la même portée que l’exception
d’inconstitutionnalité en droit interne

1.1.3. Le recours en responsabilité extra contractuelle


 Toute personne ayant subi un préjudice du fait d’une institution
communautaire ou d’un agent communautaire dans l’exercice de
ses fonctions, est fondée à engager la responsabilité extra
contractuelle de l’institution
 Les conditions de cette responsabilité sont les mêmes que celles
de la responsabilité civile :
o Faute
o Préjudice réel et certain
o Lien de causalité
 En principe, la responsabilité extra contractuelle est invoquée
devant le juge supranational, mais le juge national peut aussi être
compétent si un tiers est impliqué dans la commission de la
faute.
 Limite : immunités de juridiction et d’exécution des OIs

1.1.4. Le recours en responsabilité contractuelle


 Recours en cas de difficultés d’exécution d’un contrat entre un
particulier et l’institution communautaire
 Le juge supranational est compétent s’il existe une clause
d’attribution de juridiction dans le contrat qui lui donne
compétence.
 Limite : immunités de juridiction et d’exécution des OIs

1.1.5. Le contentieux de la fonction publique communautaire


 Contentieux entre les fonctionnaires (temporaires ou
permanents) et la Communauté
 Contentieux relatif à l’organisation d’un recrutement

1.1.6. Le contentieux de la répression en matière de concurrence


devant la Cour de justice de l’UEMOA
 La Commission est compétente pour sanctionner les pratiques
anticoncurrentielles
 Les décisions de la Commission en la matière peuvent faire
l’objet d’appel devant la Cour de justice de l’UEMOA

1.2. Les recours dirigés contre les Etats membres


1.2.1. Le recours en manquement ou recours en déclaration
 Recours ayant pour objet de faire constater le non respect du
droit communautaire de la part d’un Etat membre
 Le manquement peut être positif ou négatif de la part de l’Etat
 Les Etats ne peuvent pas justifier le non respect de leurs
obligations communautaires en se fondant sur les difficultés
d’ordre interne
 Les titulaires du recours en manquement : les autres Etats et la
Commission
 Une phase précontentieuse existe généralement entre la
Commission et l’Etat fautif et c’est seulement en cas de
persistance que la phase contentieuse se déclenche
 La décision de la cour est obligatoire mais elle est aussi
déclaratoire ou « constatatoire »
 Dans le contentieux en manquement, l’Etat peut soulever une
exception d’illégalité pour se défendre. Par exemple, un Etat ne
transpose pas une directive parce qu’il la trouve contraire au
droit primaire communautaire

1.2.2. Le contentieux des droits de l’homme devant la Cour de


justice de la CEDEAO
 Compétence de la Cour pour connaître des cas de violations des
droits de l’homme dans tout Etat membre
 Toute personne victime peut saisir la Cour
 Pour être recevable, la requête ne doit pas être anonyme et le
recours ne doit pas être porté devant une autre instance
internationale
 Pas de condition d’épuisement des voies de recours internes
 Tout instrument international des DH ratifié par l’Etat membre
 En cas d’indigence de la victime, la Cour peut se déplacer

NB : Les sanctions des manquements au droit communautaire sont


prévues par un acte additionnel de 2012

1.3. Le renvoi préjudiciel


Deux types de renvois préjudiciels : renvoi en interprétation et renvoi
en appréciation de la validité d’un acte communautaire :
 Le renvoi préjudiciel en interprétation : c’est un mécanisme de
coopération entre le juge national et le juge supranational. Le
premier demande au second de l’éclairer sur le sens d’une norme
communautaire qu’il doit appliquer dans une affaire qui lui est
soumise. C’est donc une forme de dialogue entre le juge national
et le juge supranational.
 Conditions du renvoi : le renvoi en interprétation est
faite par une juridiction nationale ou une autorité à
fonctions juridictionnelles. Le renvoi est décidé par le
juge soit sur sa propre initiative, soit sur l’initiative des
parties
 Il faut donc qu’il est un litige pendant devant le juge
national, que la solution du litige dépende de
l’application d’une norme communautaire et que le juge
national éprouve des difficultés dans l’application de la
norme communautaire
 Dans le droit UEMOA, le renvoi est en principe
facultatif, mais devient obligatoire lorsque la décision du
juge national a été rendue en dernier ressort. C’est aussi
le cas du droit européen. Dans le droit CEDEAO, le
renvoi est simplement facultatif, même si la décision est
prise en dernier ressort et même si les parties en font la
demande
 Sursis à statuer en cas de renvoi en interprétation
 La décision en interprétation du juge supranational
s’impose au juge national pour le litige en question mais
aussi pour les litiges ultérieurs impliquant l’application
de la même norme communautaire
 Le renvoi préjudiciel en appréciation de la validité d’un acte
communautaire
 Le juge national demande au juge supranational de
vérifier si un acte communautaire applicable à un litige
pendant devant lui est conforme aux actes
communautaires qui lui sont hiérarchiquement
supérieures
 L’exception d’illégalité peut être soulevée par une des
parties. Une telle exception peut être rejetée par le juge
national s’il estime que l’acte est tout à fait conforme
aux actes communautaires hiérarchiquement supérieurs
à l’acte querellé.
 Par contre, le juge national ne peut pas recevoir
l’exception d’illégalité en décidant que l’acte
communautaire n’est pas valide. Seul le juge
supranational peut déclarer invalide un acte
communautaire
 S’il n’est pas sûr de la validité de l’acte communautaire,
alors il doit renvoyer au juge supranational. Le juge
national ici ne dispose donc pas d’une faculté comme
c’est le cas dans le renvoi en interprétation
 Sursis à statuer en cas de renvoi
 Effet du renvoi : Si le juge supranational déclare l’acte
communautaire invalide, cet acte sera écarté du litige et
l’annulation de l’acte par le juge supranational a un effet
rétroactif, mais le juge national peut décider de limiter
les conséquences de l’annulation. Par contre si le juge
supranational estime que l’acte communautaire est
valide, le juge national l’applique au litige.

NB : En droit CEDEAO le renvoi en appréciation de la validité d’un


acte communautaire n’est pas expressément prévu, mais on peut le
déduire des compétences implicites du juge CEDEAO qui est le
gardien de la légalité communautaire.

2) Les compétences consultatives


 Le juge supranational est compétent pour donner son avis sur
une question de droit posée par les organes communautaires
habilités à le saisir et par les Etats membres.
 Il s’agit en principe d’un avis simple, donc non contraignant.
Exceptionnellement, l’avis est contraignant dans le cadre du
renvoi préjudiciel en interprétation
TITRE II : LE DROIT COMMUNAUTAIRE MATERIEL
Le droit communautaire matériel ouest-africain couvre l’ensemble des
règles régissant les libertés prévues dans le cadre du marché commun
ainsi que les autres matières régies par le droit de l’UEMOA et de la
CEDEAO. Il s’agit plus précisément de la libre circulation des
marchandises (Chap 1), de la libre circulation des facteurs de
production (Chap 2) et les autres matières communautaires (Chap 3)

CHAP 1 : La libre circulation des marchandises

L’analyse portera sur le régime juridique de l’union douanière à


travers d’une part, la notion de produit originaire (Section 1) et
d’autre part, le libre échange intérieur et le Tarif extérieur commun
(Section 2)

Section 1 : La notion de produit ou marchandise originaire dans


les espaces UEMOA et CEDEAO

La Cour de justice des communautés européennes définit la


marchandise comme tout bien appréciable en argent et susceptible,
comme tel, d’être objet de transaction commerciale, (CJCE, arrêt du
10 décembre 1968, Commission c/ Italie).

Une fois que la marchandise est originaire des Etats membres, elle
bénéficie des règles de la zone de libre échange. A défaut, elle est
soumise au régime du Tarif extérieur commun.

Il convient de distinguer deux types de produits ou marchandises


originaires à savoir les produits du cru et de l’artisanat traditionnel
d’une part et d’autre part les produits industriels. Les deux catégories
de produits originaires ne sont pas soumises aux mêmes régimes
juridiques aussi bien du point de vue du processus de libéralisation
que des règles de détermination de leur origine communautaire.
§1. La libéralisation immédiate des produits originaires du cru et
de l’artisanat traditionnel

Cette catégorie de produits a fait l’objet d’une libéralisation en 1979


dès le lendemain de la création de la CEDEAO.

A) Bases légales et définitions

1) Libéralisation totale au lendemain de la création de la CEDEAO


 Décision C/DEC./8/11/79 du 26 novembre 1979 du conseil des
ministres CEDEAO
 Décision A/DEC.1/5/81 du 29 mai 1981 de la Conférence des
chefs d’Etat et de gouvernement

2) Consécration dans le Traité révisé de 1993


Art. 36§2 du Traité révisé: « Les produits du cru et de l'artisanat
traditionnel originaires des Etats Membres de la Communauté ne sont
soumis à aucun droit à l'importation et à aucune restriction
quantitative au sein de la région. L'importation de ces produits à
l'intérieur de la Communauté ne fait pas l'objet d'une compensation
pour perte de recettes ».

3) Définition des produits du cru et de l’artisanat traditionnel


 Protocole A/P1/1/03 du 31 janvier 2003, relatif à la définition de
la notion de produits originaires des Etats membres de la
CEDEAO
 Produits du cru: les produits du règne animal, végétal ou minéral
n’ayant subi aucune transformation industrielle
 Produits de l’artisanat traditionnel: des articles faits à la main,
avec ou sans l’aide d’outils, d’instruments ou de dispositifs
actionnés directement par l’artisan
B) Régime juridique des produits du cru et de l’artisanat
traditionnel originaires
1) Libre circulation dans les espaces CEDEAO et UEMOA
 Suppression des droits de douane et des tarifs d’effets
équivalents
 Suppression des restrictions quantitatives et des mesures d’effets
équivalent
 Pas de compensation pour perte de recettes liée à la libéralisation
de ces produits

2) Conditions d’application des règles de la zone de libre échange


 Ces produits doivent être originaires de l’espace CEDEAO…
 mais sont dispensés de la formalité du certificat d’origine
 Les règles d’origines sont fixées par le Protocole A/P1/1/03 du
31 janvier 2003 relatif à la définition de la notion de produits
originaires des Etats membres de la CEDEAO. Les règles et
définitions contenues dans ce textes sont les mêmes au niveau de
l’UEMOA (Protocole N°III du 19 décembre 2001 instituant les
règles d’origines des produits de l’UEMOA)
 Les produits du cru et de l’artisanat traditionnel sont considérés
comme originaires de la CEDEAO et de l’UEMOA lorsqu’ils
ont été entièrement obtenus dans ces espaces. Quelques
exemples :
 Les produits agricoles
 Les produits du règne végétal récoltés dans les Etats membres
 Les opérations de congélation de fruits, légumes et plantes
potagères ne confèrent pas la qualité de PO
 Les produits de l’élevage
 Les animaux vivants qui y sont nés et élevés, les produits
provenant de ces animaux et les produits de la chasse
 Les opérations suivantes ne confèrent pas la qualité de PO:
 abattage d'animaux ;
 salaison, mise en saumure, séchage ou fumage de viandes ;
 congélation, préparation et conserve de viandes, d’abats, de
sang.
 Les produits de la pêche
 Les produits de la pêche pratiquée dans les Etats membres ;
extraits de la mer, des rivières et des lacs, par leurs navires ;
les produits fabriqués à bord de leurs navires usines,
exclusivement à partir de ces produits
 Les opérations mentionnées pour les produits de l’élevage ne
confèrent pas non plus la qualité de PO
 Les produits artisanaux: articles faits à la main, avec ou sans
l’aide d’outils, d’instruments ou de dispositifs actionnés
directement par le fabricant

3) Raisons de la libéralisation rapide de ces produits


 Pas de déséquilibres macro-économiques majeures sur les
économies des Etats membres
 Les échanges de ces produits relèvent plus de l’informel que des
activités d’entreprises structurées

§2. La libéralisation progressive des produits industriels


originaires

A) Les tentatives de libéralisation progressive des produits


industriels dans l’espace CEDEAO depuis 1979

1) 1ère tentative de libéralisation (1979-1990)


1.1. La clause de Standstill dans le Traité de 1975
1.1.1 Signification de la clause de Standstill
 Clause de consolidation des droits de douane et taxes d’effet
équivalent pendant une période donnée
 Les Etats ne sont pas obligés pendant cette période de réduire ou
de supprimer les droits de douane…
 ….cepndant obligation faite aux Etats pendant ladite période de
ne créer de nouveaux droits et taxes, ni d’augmenter ceux qui
existent déjà.
1.1.2. Bases légales
 Traité CEDEAO de 1975, art. 13§2
 Décision A/DEC.8/5/79 du 29 mai 1979: période de
consolidation fixée à 2 ans à compter du 29 mai 1979

1.2. Le 1er régime transitoire de libéralisation


1.2.1. Début de la libéralisation progressive des produits industriels
originaires
 Normalement à l’expiration de la période de consolidation
(1981)…
 ...mais fixation des taux précis du désarmement douanier en
1983
1.2.2. Le système de désarmement douanier
 Décision A/DEC.1/5/83 du 30 mai 1983 relative à l’adoption et
à l’application d’un schéma unique de libéralisation des
échanges des produits industriels originaires
 Art. 4: répartition des Etats membres en 3 groupes avec des
taux de réduction différents et selon la priorité des produits:

1.2.3. Justification du traitement différentié des Etats


 Placer les pays les moins développés à des positions qui leur
permettent de supporter économiquement et financièrement la
transition vers la libéralisation des produits industriels
originaires
 Promotion du principe de solidarité entre les Etats membres et
réduction des disparités de développement au sein de la
CEDEAO
 Si ce schéma avait été respecté, la CEDEAO devait réaliser sa
zone de libre échange pour les produits industriels originaires au
plus tard en 1993.
1.2.4. Constat de l’échec du 1er régime transitoire en 1989
 Conférence des chefs d’Etats et de gouvernements en juin 1989 à
Ouagadougou
 Mise en place de nouvelles échéances à travers une nouvelle
décision

2) 2nde tentative de libéralisation après le constat d’échec en 1989


(1990-2000)
2.1. Bases légales
 Décision A/DEC.6/6/89 du 30 juin 1989 fixant la nouvelle date
de mise en application de la libéralisation progressive des
produits industriels originaires au 1er janvier 1990
 Confirmation de la décision de 89 par le Traité révisé de 93:
 Art. 35: Etablissement progressif d’une union douanière à
partir du 1er janvier 1990 conformément à l’article 54
 Art. 54: Obligation faite aux Etats membres de réaliser
l’union économique dans un délai maximum de 15 ans à
partir du démarrage du schéma de libéralisation des
échanges adopté par la Décision de 1983 et dont le
lancement est intervenu le 1er janvier 1990

2.2. Le nouveau système de désarmement douanier


 Décision A/DEC.6/7/92 fixant les nouveaux taux de
libéralisation par groupe de pays
 Suppression de la distinction entre produits prioritaires et
produits non prioritaires

2.3. Les mesures d’accompagnement du désarmement douanier


 Les facilités prévues pour le transit routier
 Convention A/P4/5/82 du 29 mai 1982 relative au Transit
Routier Inter-Etats, (TRIE)
 Convention additionnelle A/SP.1/5/90 du 30 mai 1990
portant institution au sein de la Communauté d’un
mécanisme de garantie des opérations de transit routier
inter-Etats des marchandises
 Création de la foire CEDEAO
 Décision C/DEC.5/12/92 du 5 décembre 1992 portant
institution de la foire commerciale de la CEDEAO
 Régime de la réexportation, au sein de la Communauté, des
marchandises préalablement importées des pays tiers
 Protocole relatif à la réexportation au sein de la CEDEAO
des marchandises importées des pays tiers, Lomé, 5
novembre 1976
B) La notion de produits industriels originaires de la CEDEAO et
de l’UEMOA

Contrairement aux produits du cru et de l’artisanat traditionnel, les


produits industriels, comme leur nom l’indique, sont ceux qui ont subi
une transformation industrielle.

Pour bénéficier des avantages de la zone de libre échange, la


transformation industrielle doit se faire de manière suffisante dans les
espaces CEDEAO ou UEMOA afin que l’on puisse les qualifier de
produits originaires. Quelles sont donc les règles qui permettent de
savoir si un produit industriel a subi une transformation industrielle
suffisante dans la CEDEAO ou dans l’UEMOA.

1) Bases légales
 CEDEAO : Protocole A/P1/1/03 du 31 janvier 2003 relatif à la
définition de la notion de produits originaires des Etats
membres de la CEDEAO.
 UEMOA : Protocole N°III du 19 décembre 2001 instituant les
règles d’origines des produits de l’UEMOA
 Tout comme pour les produits du cru et de l’artisanat
traditionnel, ces deux instruments contiennent les mêmes règles
d’origine pour les produits industriels.

2) Les règles d’origine des produits industriels

Il y a deux grandes catégories de produits industriels : Les produits


industriels entièrement obtenus dans l’espace CEDEAO ou UEMOA
et les produits industriels ayant fait l’objet d’une transformation ou
d’une ouvraison suffisante dans ces espaces.

2.1. Les produits industriels entièrement obtenus dans les Etats


membres
Pour cette catégorie de produits industriels, la règle d’origine est
simple : les produits sont considérés comme entièrement obtenus au
sein de la CEDEAO ou de l’UEMOA si au moins 60% de l’ensemble
de leurs matières premières, en quantité, sont originaires de la
CEDEAO ou de l’UEMOA.

2.2. Les produits ayant fait l’objet d’une ouvraison ou d’une


transformation suffisante dans les Etats membres

Pour cette catégorie de produits, il y a deux types de règles d’origine :

2.2.1. Règle 1: changement de la position tarifaire


 Suivant la Nomenclature tarifaire et statistique de la CEDEAO,
applicable aussi dans l’UEMOA:
 « Chapitres »: 2 chiffres
 « Positions »: 4 chiffres
 « Sous-positions »: 6 chiffres
 Principe: Si le produit fini exige l’usage exclusif des matières
qui sont classées sous une position tarifaire autre que celle du
produit fini, il peut faire l’objet d’échanges en franchise de droit
de douane
 Exception: Cette règle est assortie d’une liste d’exceptions
mentionnant les cas dans lesquels le changement de position
n’est pas déterminant ou imposant des conditions
supplémentaires

2.2.2. Règle 2: la valeur ajoutée


 Définition de la valeur ajoutée: la différence exprimée en
pourcentage entre le prix de revient ex usine hors taxes du
produit industriel concerné et la valeur CAF des matières
premières, des consommables et des emballages non
communautaires, utilisés pour l'obtention du produit fini sous sa
forme de livraison au commerce
 Signification de la règle: Si les matières premières bénéficient
d’une valeur ajoutée communautaire d’au moins 30% du prix
de revient ex-usine hors taxes des produits finis, la marchandise
est considérée comme un produit d’origine et peut faire l’objet
d’échanges en franchise de droits de douane dans l’espace.
2.2.3. Suppression de la condition de participation locale
 Les textes de 76 sur la notion de produits originaires
exigeait, en plus des conditions déjà évoquées, une
participation des ressortissants des Etats membres d’au
moins 25% dans le capital social des entreprises produisant
les produits industriels…
 Cette condition a été supprimée en 96 par Décision
A/DEC.4/7/96 du 27 juillet 1996.

3) La preuve de l’origine communautaire des produits industriels


Contrairement aux produits du cru et de l’artisanat traditionnel pour
les quels il existe une présomption d’origine, tout acteur économique
se prévalant de l’origine communuautaire d’un produit industriel doit
en apporter la preuve par un certificat d’origine qui ne peut être
obtenu que suivant une procédure particulière.

3.1. La charge de la preuve: l’exigence d’un certificat d’origine

L’article 11 du Protocole N°III de l’UEMOA prévoit que:


« 1. L'origine communautaire des produits est obligatoirement
attestée par un certificat d'origine dont le modèle sera déterminé par
décision de la Commission. Toutefois, les produits de l'agriculture, de
l'élevage ainsi que les articles faits à la main sont dispensés de la
production du certificat d'origine.
2. Le certificat d'origine est délivré par les autorités compétentes et
visé par le service des douanes del'Etat membre où le produit a été
entièrement obtenu ou a fait l'objet d'une ouvraison ou d’une
transformation suffisante.
3. Lorsque l'ouvraison ou la transformation a été réalisée dans deux
ou plusieurs Etats de l'UEMOA, le certificat d’origine sera délivré
par les autorités compétentes de l'Etat où a lieu la dernière ouvraison
ou transformation.
4. Un règlement d'exécution de la Commission déterminera, après
avis des Experts des Etats membres, les modalités de demande et de
délivrance des certificats d'origine. »

La même disposition est reprise mutatis mutandis par l’article 10 du


Protocole A/P1/1/03 de la CEDEAO qui dispose que :
« L’origine communautaire des produits est attestée par un certificat
d’origine précisant les conditions d’origine prévues par le présent
protocole.
Toutefois, en sont dispensés les produits de l’agriculture et de
l’élevage, ainsi que les articles faits à la main, avec ou sans l’aide
d’outils, d’instruments ou de dispositifs actionnés directement par le
fabricant.
Le certificat d’origine est délivré par les autorités compétentes de
l’Etat membre d’origine désignées à cette fin et visé par les services
des douanes du même Etat ».

La lecture combinée de ces deux dispositions permet d’y dégager,


sous réserve de quelques détails, une harmonisation de vues entre
l’UEMOA et la CEDEAO quant à la preuve de l’origine
communautaire, aussi bien des produits du cru et de l’artisanat
traditionnel que des produits industriels.

Il est particulièrement important de retenir que contrairement aux


produits du cru et de l’artisanat traditionnel pour lesquels il existe une
présomption d’origine communautaire, tout acteur économique se
prévalant de l’origine communautaire d’un produite industriel doit en
apporter la preuve à travers un certificat d’origine. Le certificat doit
être délivré par les autorités compétentes de l’Etat d’origine du produit
et visé par les services de douane de cet Etat. Cela implique une
obligation de coopération entre les administrations douanières des
différents Etats membres des espaces concernés. C’est tout le sens des
articles 13 et 12 respectivement du Protocole N°III de l’UEMOA et du
Protocole A/P1/1/03 de la CEDEAO.

3.2. La procédure d’obtention du certificat d’origine


A ce niveau il existe une différence entre les régimes UEMOA et
CEDEAO. En effet, l’art. 11 al. 2 Protocole N°III UEMOA prévoit
que le certificat d’origine est délivré par les autorités compétentes et
visé par le service des douanes del'Etat membre où le produit a été
entièrement obtenu ou a fait l'objet d'une ouvraison ou d’une
transformation suffisante. L’al. 4 du même article ajoute qu’un
règlement d’exécution de la Commission viendra préciser les
modalités de demande et de délivrance des certificats d’origine.

Pour faire suite à cela, la Commission de l’UEMOA a adopté le 13


décembre 2002 le Règlement d’exécution n° 014/2002/COM UEMOA
du 13 décembre 2002 déterminant les modalités de demande et de
délivrance des certificats d’origine des produits de l’UEMOA. Ce
règlement d’exécution désigne la Direction nationale chargée de
l’industrie du Ministère de l’Industrie de chaque Etat comme l’autorité
compétente pour la reconnaissance de l’origine communautaire des
produits industriels et pour la délivrance des certificats d’origine. Le
certificat d’origine est délivré sur la base d’un dossier de demande
introduit par l’entreprise productrice et après avis conforme de la
Direction générale des douanes.

Au niveau de la CEDEAO, il n’existe cependant pas une procédure


particulière pour la reconnaissance de l’origine communautaire des
produits industriels et pour la délivrance des certificats d’origine.
L’article 10 al. 3 Protocole A/P1/1/03 se contente d’affirmer
péremptoirement que le certificat est délivré par les autorités
compétentes de l’Etat membre d’origine désignées à cette fin et visé
par le service des douanes du même Etat. En l’absence d’une
procédure particulière prévue par les textes de la CEDEAO, il revient
donc à chaque Etat de confier cette tâche à ses services qu’il estime
compétents. Cela est d’autant plus logique dans la mesure où une
désignation précise de l’autorité compétente par la CEDEAO aurait
été hasardeuse au regard des différences d’organisation institutionnelle
entre les Etats francophones et les Etats anglophones. Ce qui n’est pas
le cas au niveau de l’UEMOA étant donné que les Etats membres ont
presque les mêmes systèmes institutionnels, en dehors peut-être de la
Guinée Bissau.

3.3. Le règlement des différends en cas de contestation de l’origine


communataire d’un produit industriel
Les articles 14 et 13 respectivement des protocoles de l’UEMOA et de
la CEDEAO prévoient des modalités de règlement des différends en
cas de contestation de l’origine communautaire d’un produit par un
Etat membre. En pareilles circonstances, tous les deux textes prévoient
une obligation de tentative de règlement amiable du litige entre les
Etats concernés, c’est-à-dire l’Etat contestataire et l’Etat d’origine du
produit.

En cas d’échec de la tentative de règlement amiable, l’Etat le plus


dilligent saisit la commission.

Section 2 : Le libre échange intérieur et le Tarif extérieur commun


§1. Le libre échange intérieur

A) L’élimination des obstacles tarifaires


Une charge pécuniaire à laquelle peuvent être soumises des
marchandises lorsqu’elles franchissent une frontière. Deux catégories
d’obstacles tarifaires : droits de douane et taxes/tarifs d’effet
équivalent à des droits de douane.

1) Les droits de douane


 Le droit de douane peut être ad valorem (calculé en fonction de
la valeur de la marchandise en douane) ou spécifique (calculé en
fonction d’autres critères – le poids, le volume ou la quantité par
exemple)
 Quand le droit de douane vise à frapper les produits étrangers
qui ont des concurrents au niveau interne, il s’agit de droits de
protection, l’objectif étant la protection de la production
nationale.
 Le droit de douane peut aussi frapper des produits étrangers
n’ayant pas de concurrent au niveau interne, là il s’agit de droits
fiscaux, l’objectif étant d’alimenter les caisses de l’Etat.
 Que le droit de douane soit ad valorem ou spécifique ; de
protection ou fiscaux, ils doivent être éliminés dans les échanges
commerciaux dans le cadre de la libre circulation des
marchandises que ce soit dans le cadre de l’UEMOA, de la
CEDEAO ou de l’UE.

2) Les taxes d’effet équivalent à des droits de douanes (TEEDD)

 Pas de définition conventionnelle de la TEEDD


 Définition jurisprudentielle TEEDD: « Toute taxe pécuniaire
unilatéralement imposée quelle que soit son appellation ou sa
technique et frappant les marchandises nationales ou étrangères
en raison du fait qu’elle franchissent la frontière, lorsqu’elle
n’est pas un droit de douane proprement dit… » (CJCE, 1er
juillet 1969, Commission c/ Italie)
 Dès que la taxe frappe la marchandise pour la simple raison
qu’elle franchit la frontière, il s’agit d’un TEEDD même si elle
ne s’appelle pas « droits de douane »
 Un exemple : un Etat instaure un contrôle sanitaire et fait
supporter les frais du contrôle aux opérateurs économiques. Il
s’agit là d’une TEEDD, car l’Etat a le droit d’instaurer le
contrôle sanitaire mais il ne doit pas faire supporter les frais aux
opérateurs économiques.

NB : Les mesures de sauvegarde lorsqu’une branche de la


production nationale est en danger. L’Etat peut par exemple taxer un
produit étranger pour protéger sa production nationale.

B) L’élimination des obstacles non tarifaires


Il s’agit principalement des restrictions quantitatives et des mesures
d’effet équivalent à des restrictions quantitatives (MEERQ).

1) Les restrictions quantitatives

 Principe de l’interdiction des restrictions quantitatives : La


restriction quantitative s’analyse comme toute mesure tendant à
limiter ou à restreindre quantitativement les importations ou les
exportations de marchandises (quotas, contingentements, etc)
 Exceptions : Elles sont autorisées si elles sont justifiées par des
raisons de :
 Moralité publique
 Sécurité publique
 Ordre public
 Santé publique
 Protection artistique
 Les exceptions sont autorisées mais elles ne doivent pas
constituées ni un moyen de discrimination arbitraire ni une
restriction déguisée. Par conséquent, les exceptions doivent faire
l’objet de contrôle par la Commission.
2) Les Mesures d’effet équivalent à des restrictions quantitatives
(MEERQ)
 Pas de définition conventionnelle des MEERQ
 Définition jurisprudentielle des MEERQ : « Toute
réglementation commerciale des Etats membres susceptible
d’entraver directement ou indirectement, actuellement ou
potentiellement le commerce communautaire » (CJCE, 11 juillet
1974, Dassombié)
 Evolution de la jurisprudence en 1993: Concernant la notion de
« réglementation commerciale», il faut faire une distinction entre
d’une part, les règles relatives aux modalités de vente qui si elles
sont indistinctement appliquées, ne sont pas des MEERQ ; et
d’autre part les règles relatives aux conditions auxquelles
doivent répondre les marchandises, dans ce dernier cas, ces
règles peuvent constituer des MEERQ (par exemple forme,
poids des produits), même si elles sont appliquées
indistinctement (CJCE, 24 novembre 1993, Keck & Nithouart)
 Exceptions à l’interdiction des MEERQ : Exceptions légales, les
mêmes exceptions pour les restrictions quantitatives +
exceptions jurisprudentielles à savoir l’exigence impérative
d’intérêt général (CJCE, 20 février 1979, Casis de Dijon) :
Exigences impératives d’intérêt général : protection de la santé
publique, défense des consommateurs, loyauté des transactions.
Cette jurisprudence a aussi consacré le principe de la
reconnaissance mutuelle des marchandises fabriquées selon les
mêmes procédés dans les différents pays.

§2. Le volet externe de la libéralisation des échanges ou


l’établissement du Tarif Extérieur Commun (TEC)

C’est une charge pécuniaire commune aux Etats membres de l’Union


douanière applicable aux marchandises non originaires de la
communauté, l’objectif étant d’éviter les détournements de trafic.
A) Le cadre normatif du TEC
Le TEC repose sur une nomenclature tarifaire et statistique (NTS)
composée de différentes catégories auxquelles appartiennent les
différents produits. Le TEC est composé de droits et taxes permanents
et de droits et taxes non permanents :

1) Les composantes permanentes du TEC


Il y a 4 composantes permanentes:

a) Le droit de douane
C’est un droit ad valorem selon la catégorie à laquelle appartiennent
les produits. Il y a cinq catégories décomposées de 0 à 4 :
Catégorie 0 : Les biens sociaux essentiels : (0%)
Catégorie 1 : Les biens de première nécessité, les matières premières
de base : (5%)
Catégorie 2 : Les intrants et les produits intermédiaires : (10%)
Catégorie 3 : Les biens de consommation finale : (20%)
Catégorie 4 : Les biens sensibles ou biens spécifiques pour le
développement économique : (35%)

b) La redevance statistique (RS)


Il s’agit d’un droit fixe de 1% applicable à tous les produits non
originaires à l’exception des produits bénéficiant des privilèges
diplomatiques et des produits provenant de l’aide publique au
développement.

c) Le prélèvement communautaire de solidarité de l’UEMOA (PCS)


Il s’agit d’un taux de 0.80% applicable à la valeur en douane des
produits non originaires, sert à alimenter le budget de l’UEMOA et à
compenser les pertes subies par les Etats du fait de la libéralisation des
échanges au sein de l’UEMOA
d) Le prélèvement communautaire de la CEDEAO
1% applicable aux produits non originaires, sert à alimenter le budget
de la CEDEAO et compenser les pertes subies par les Etats du fait de
la libéralisation des échanges au sein de la CEDEAO

2) Les composantes temporaires

a) La taxe conjoncturelle à l’importation


Un taux de 10% destiné à lutter contre les pratiques déloyales et les
variations erratiques éventuelles de certains produits.

b) Au niveau de la CEDEAO, il y a en plus une taxe d’ajustement à


l’importation et une taxe complémentaire de protection, destinées à
lutter contre les effets néfastes des importations massives de certains
produits.

B) La conformité du TEC aux engagements des Etats dans le cadre


de l’OMC

CHAP 2 : La libre circulation des facteurs de production


Cette partie sera consacrée à la libre circulation des facteurs de
production dans l’espace CEDEAO avec des précisions sur le droit
UEMOA en cas de besoin.

Section 1 : La liberté de circulation et droits fondamentaux des


personnes

§ 1. Considérations préliminaires
A) Notion de libre circulation des personnes (LCP)
Le droit reconnu aux ressortissants des Etats membres d’une
organisation d’intégration économique (CEDEAO – UEMOA) de se
déplacer librement sur l’ensemble des territoires des Etats membres,
d’y séjourner, d’y résider et/ou de s’y établir pour des raisons
touristiques ou professionnelles, dans les mêmes conditions que les
nationaux.

B) Contenu: La LCP couvre 2 catégories de libertés:


 Des libertés préalables: le droit d’entré et le droit de séjour
 Des libertés subsidiaires: le droit de résidence, le droit
d’établissement et la libre prestation des services

C) Bases légales au niveau de la CEDEAO


 La LCP a été mise en œuvre en 3 étapes par 3 protocoles
différents:
 1ère étape: Mise en œuvre du droit d’entrée et de séjour
 2ème étape: Mise en œuvre du droit de résidence
 3ème étape: Mise en œuvre du droit d’établissement
 Le principe de la LCP dans l’espace CEDEAO est consacré à
l’art. 59 du Traité révisé de 1993 de la manière suivante:
« Les citoyens de la Communauté ont le droit d’entrée, de résidence et
d’établissement et les Etats membres s’engagent à reconnaître ces
droits aux citoyens de la Communauté sur leurs territoires respectifs
conformément aux dispositions des protocoles y afférents… »

§ 2. Les libertés préalables : les droits d’entrée et de séjour


A) Le droit d’entrée: un préalable à la jouissance des autres droits
Bases légales
 Protocole A/P1/5/79 de Dakar du 25 mai 1979 sur la libre
circulation des personnes, le droit de résidence et
d’établissement
 Protocole A/P/3/5/82 du 29 mai 1982, signé à Cotonou et portant
Code de la citoyenneté de la Communauté
 Article 59 du Traité révisé CEDEAO
Principe: suppression des formalités de visa et de permis d’entrée à
condition:
 De détenir un document de voyage valide (passeport national,
passeport CEDEAO, carnet de voyage CEDEAO);
 De détenir un carnet international de vaccination à jour;
 D’être citoyen de la Communauté (national d’un ou plusieurs
Etats membres, mais exclusion des personnes possédant une
nationalité d’un Etat hors CEDEAO). La notion de citoyen
communautaire n’existe que dans la CEDEAO. Au sein de
l’UEMOA, il est question de la notion générique de ressortissant
communautaire
Exception
 Le droit d’entrée peut être refusé malgré la satisfaction des
conditions si la personne est un immigrant inadmissible
 La qualification d’immigrant inadmissible est laissée à
l’appréciation discrétionnaire du pays d’accueil selon ses lois
et règlements en vigueur

B) Le droit de séjour: corollaire du droit d’entrée


Droit de séjour limité des personnes
 Séjour maximal de 90 jours
 Au delà de 90 jours, il faut une autorisation des autorités de
l’Etat d’accueil
 Le droit de séjour a une finalité purement touristique
Droit de séjour des véhicules
Véhicules à usage personnel
 Séjour maximal de 90 jours
 Le véhicule doit être immatriculé sur le territoire d’un Etat
membre
 Le propriétaire doit présenter les documents suivants:
 Permis de conduire;
 Certificat d’immatriculation;
 Police d’assurance reconnue par les Etats membres;
 Carnet international de passage en douane reconnu à
l’intérieur de la Communauté
Véhicules à usage commercial
 Séjour maximal de 15 jours
 Le véhicule doit être immatriculé sur le territoire d’un Etat
membre
 Le propriétaire doit présenter les mêmes documents que pour les
véhicules à usage personnel
 Interdiction d’utiliser le véhicule à des fins commerciales durant
les 15 jours sur le territoire de l’Etat d’accueil

§ 3. Les libertés subsidiaires


Les libertés subsidiaires sont composées du droit de résidence et du
droit d’établissement

A) Le droit de résidence
1) Bases légales
 Protocole A/SP.1/7/86 du 1er juillet 1986 relatif à l’exécution de
la deuxième étape (droit de résidence) du Protocole sur la libre
circulation des personnes, le droit de résidence et
d’établissement
 Décision A/DEC.2/5/90 du 30 mai 1990 portant institution d’une
carte de résident
2) Principe: Le droit de séjourner (séjour de longue durée) sur le
territoire d’un Etat membre de l’espace intégré autre que l’Etat
d’origine pour y rechercher et/ou exercer un emploi salarié en étant
traité comme un national de cet Etat:
 Le droit de résidence à une finalité professionnelle
 Le résident doit être traité comme les nationaux de l’Etat
d’accueil en ce qui concerne les conditions d’accès et d’exercice
d’emplois salariés
 Assimilation de l’étranger-communautaire à un national
 Interdiction des mesures discriminatoires
3) Conditions
 Etre citoyen CEDEAO ou ressortissant de l’UEMOA; et
 Obtenir la carte ou le permis de résidence CEDEAO ou
UEMOA
 L’étranger-communautaire se trouvant sur le territoire d’un Etat
membre au titre du droit d’entrée et qui désire prolonger son
séjour au-delà des 90 jours, est soumis à la condition d’obtention
de la carte de résident.
4) Limitations: Le droit de résidence n’est pas absolu
Des limitations tenant à la délivrance de la carte de résident
 Les conditions d’obtention de la carte de résident ne sont pas
définies au plan communautaire
 Donc discrétion totale de l’Etat d’accueil, la carte de résident
pouvant donc être refusée discrétionnairement
 En cas de refus dûment motivé, le demandeur doit quitter le
territoire dans le délai imparti par l’Etat d’accueil
Des limitations tenant au séjour
 Expulsion pour des raisons d’ordre public (ex: présence
susceptible de provoquer des troubles intérieurs)
 Expulsion pour des raisons de sécurité publique (ex: terrorisme)
 Expulsion pour des raisons de santé publique (ex: épidémie)
 Toutefois, protection contre les expulsions collectives et
protection des droits acquis des travailleurs migrants
Des limitations tenant à l’accès aux emplois
 Le droit de résidence ne concerne pas les emplois de
l’administration publique
 Notion d’emplois de l’administration publique non définie
 Attente d’une interprétation par la CJCEDEAO et de la
CJUEMOA
 La CJCE considère comme emplois publics ceux « qui
comportent une participation, directe ou indirecte, à l’exercice de
la puissance publique et aux fonctions qui ont pour objet la
sauvegarde des intérêts généraux de l’Etat ou des autres
collectivités publiques (cf. CJCE, 17/12/1980, aff. 149/79,
Commission c/. Belgique, Rec. 1979, p. 3881).
B) Le droit d’établissement
1) Bases légales
 Protocole A/SP2/5/90 relatif à l’exécution de la 3ème étape (droit
d’établissement) du Protocole sur la libre circulation des
personnes, le droit de résidence et le droit d’établissement
 Décision A/DEC.2/5/90 du 30 mai 1990 portant institution
d’une carte de résident
2) Principe
 Droit de séjourner (séjour de longue durée – s’établir) sur le
territoire d’un Etat membre de l’espace intégré autre que le sien
pour y créer et/ou gérer une entreprise ou un commerce, de
même qu’accéder à et/ou exercer une profession libérale
(avocat, médecin, architecte, etc.) dans les conditions prévues
par le droit de l’Etat d’accueil pour ses propres
ressortissants
 Autrement, c’est le droit d’accéder à des activités indépendantes
à titre individuel ou en tant que société civile ou commerciale
 Tout comme le droit de résidence, le droit d’établissement a une
finalité professionnelle. Mais la profession n’est pas salariée, elle
est indépendante
 Traitement national, donc interdiction des mesures
discriminatoires
 Nécessité d’uniformisation ou d’harmonisation des législations
pour rendre effectif le droit d’établissement
 Pas de problème en ce qui concerne les Etats OHADA
entre eux…
 Mais des difficultés vont naître dans les relations entre les
Etats OHADA et les Etats hors OHADA, notamment les
Etats de common law
3) Conditions
Pour les personnes physiques (mêmes conditions que le droit de
résidence):
 Etre citoyen CEDEAO ou ressortissant UEMOA; et
 Obtenir la carte ou le permis de résidence CEDEAO ou
UEMOA (pour les personnes dont l’activité exige une présence
physique au-delà de 90 jrs sur le territoire de l’Etat d’accueil)
Pour les personnes morales (sociétés surtout)
 La société doit être créée en conformité avec la loi d’un Etat
membre de la CEDEAO ou de l’UEMOA
 La société doit avoir son siège statutaire, son administration
centrale ou son principal établissement à l’intérieur de
l’espace communautaire
 Si la société n’a que son siège statutaire dans un Etat membre,
elle peut néanmoins bénéficier du droit d’établissement si son
activité a un lien effectif et continu avec l’économie de cet
Etat : Cette dernière condition n’existe pas au niveau de
l’UEMOA !!
4) Limitations : mêmes limitations que le droit de résidence

§ 4. La protection communautaire des droits fondamentaux de la


personne

Progressivement, les droits de l’homme sont devenus une composante


de l’intégration économique régionale, l’idée étant que le
développement économique ne peut se faire en violation des droits de
l’homme

A) Les garanties normatives de protection


 Initialement, les droits de l’homme ne faisaient pas l’objet de
mention particulière dans les traités d’intégration. Mais ces
textes le font désormais, en l’occurrence la Charte africaine des
droits de l’homme et des peuples et la Déclaration universelle
des droits de l’homme (cf. art. 3 Traité UEMOA et Préambule
Traité CEDEAO).
 Toutes les conventions internationales de protection des droits de
l’homme ratifiées par les Etats membres de la CEDEAO font
également parties du bloc de protection dans le cadre de la
CEDEAO.

B) La protection institutionnelle
Les organes et les mécanismes qui permettent de garantir la protection
effective des droits de l’homme.

Les organes de protection :


 Les juridictions nationales ou les organes non juridictionnels
nationaux
 Les juridictions supranationales, en l’occurrence la Cour de
justice de la CEDEAO

Les mécanismes de protection :


 Les requêtes individuelles
 Les requêtes inter-étatiques

Section 2 : La libre circulation des capitaux et des services

§1. La libre circulation des services

A) Base légale
 La prestation des services ne fait pas l’objet d’une
réglementation spécifique dans la CEDEAO
 Le Protocole de 79 n’en fait pas mention
 Seules quelques dispositions du Traité en parlent de manière
sommaire:
 Art. 55(ii): « Les Etats Membres s'engagent à établir dans
un délai de cinq (5) ans après la création d'une Union
Douanière une Union Economique et Monétaire à
travers…. la suppression totale de tous les obstacles à la
libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et
des services ainsi qu'au droit de résidence et
d’établissement ».
 Art. 34(c) en matière de tourisme: « En vue d’assurer un
développement harmonieux et viable du tourisme au sein
de la Communauté, les Etats membres s’engagent à…
éliminer toutes mesures ou pratiques discriminatoires à
l’égard des ressortissants de la Communauté en matière de
prestations touristiques et hôtelières ».
B) Principe
 Le principe est la libre prestation de services temporairement par
les ressortissants de l’espace communautaire dans les mêmes
conditions que les nationaux. Les avocats par exemples.
 Définition d’un service : toutes les autres prestations fournies
contre rémunération et qui ne sont pas régies par les règles
relatives aux autres libertés communautaires : banques,
assurances
 La libre prestation de service couvre aussi bien les personnes
physiques que morales
 Interdiction des discriminations fondées sur la nationalité du
prestataire
 Exceptions : limitations justifiées par des raisons d’ordre public,
de sécurité publique ou de santé publique

§2. La libre circulation des capitaux


A) La libéralisation des paiements
1) Bases légales
 Art. 51(c) Traité révisé: «Faciliter la libéralisation des
paiements, des transactions intra-régionales et, comme mesure
intérimaire, assurer la convertibilité limitée des monnaies »
 Décision C/DEC.1/12/92 signée à Abuja le 5 décembre 1992:
Autorisation d’utilisation des monnaies locales par les citoyens
de la Communauté pour effectuer des paiements des services
rendus pendant les voyages, notamment les taxes d’aéroport, les
factures d’hôtel et les billets d’avion
2) Principe
 Faciliter les échanges intra-communautaires. On ne doit donc
pas mettre des restrictions à la circulation des capitaux dans
l’espace communautaire.
 Suppression des discriminations entre nationaux et étrangers
dans les paiements.
 Lancement en 1999 d’un chèque de voyage CEDEAO pour
faciliter les échanges intra-communautaires

 Les capitaux couvres les investissements (directs et indirects)


et les paiements
 Restrictions : le droit des Etats membres de prendre des
mesures nécessaires pour prévenir les infractions à leurs
législations fiscales. Les capitaux doivent donc être licites.
 Mais les restrictions ne doivent pas se faire de manière
arbitraire ou être une discrimination déguisée
CHAP. 3 : Le droit communautaire de la concurrence et des
marchés publics

Section 1 : Le droit communautaire de la concurrence


 La concurrence peut être vue comme une compétition entre les
acteurs économiques en vue de s’attirer les faveurs des
consommateurs
 Le droit communautaire de la concurrence est donc l’ensemble
des règles communautaires qui encadre la concurrence dans
l’espace communautaire afin de la rendre saine
 Le droit communautaire de la concurrence s’applique aussi bien
aux entreprises privées qu’aux Etats membres

§1 : La réglementation applicable aux entreprises privées


 Articles 88-90 du traité UEMOA ;
 Règlement n°02/2002/CM/UEMOA du 23 mai 2002 relatif
aux pratiques anticoncurrentielles à l’intérieur de l’UEMOA ;
 Règlement n°03/2002/CM/UEMOA du 23 mai 2002 relatif
aux procédures applicables aux ententes et abus de position
dominante à l’intérieur de l’UEMOA ;
 Acte Additionnel A/SA.1/12/08 du 19 décembre 2008, portant
adoption des règles communautaires de la concurrence et de
leurs modalités d’application au sein de la CEDEAO ;
 Acte Additionnel A/SA.2/12/08 du 19 décembre 2008, portant
création, attributions et fonctionnement de l’Autorité
Régionale de la Concurrence de la CEDEAO

A) Les entreprises soumises à la réglementation communautaire

1) Les entreprises établies dans l’espace communautaire

Le principe est que la réglementation communautaire de la


concurrence s’applique aux entreprises établies dans l’espace
communautaire. Le droit communautaire ne fait pas de distinction
entre entreprise et société commerciale. Toute unité économique est
couverte.

2) Les entreprises étrangères


 Le principe de territorialité des règles communautaires de la
concurrence veut que ces règles s’appliquent à toute pratique
anticoncurrentielle dans l’espace communautaire
 En pratique les sanctions contre ces entreprises sont difficiles à
mettre en œuvre étant donné que l’entreprise n’a pas son siège
sur un territoire de l’espace communautaire
 A la limite, s’il y a un accord entre l’Etat sur le territoire où se
trouve l’entreprise et l’organisation communautaire, les
sanctions peuvent être appliquées

B) Les pratiques anticoncurrentielles interdites

1) L’identification des pratiques anticoncurrentielles

1.1. Les ententes anticoncurrentielles


 Tous accords entre entreprises, décisions d’associations
d’entreprises et pratiques concertées entre entreprises, ayant pour
objet ou pour effet de restreindre ou de fausser le jeu de la
concurrence à l’intérieur de l’Union (art. 88(a)) Traité
UEMOA ; art. 5 Acte additionnel de la CEDEAO ; art. 3 du
Règlement UEMOA)
 Une liste non exhaustive d’ententes est fournie par l’art. 3 du
Règlement UEMOA et l’article 5 de l’Acte additionnel
CEDEAO
 Il y a des ententes que la réglementation communautaire
considère comme licites selon des conditions bien définies (art. 7
du Règlement UEMOA et art. 11 de l’Acte additionnel
CEDEAO)
1.2. Les abus de position dominante
 Le fait pour une ou plusieurs entreprises d’exploiter de façon
abusive une position dominante sur le Marché Commun ou dans
une partie significative de celui-ci (art. 88(b) Traité UEMOA, art
4 du règlement UEMOA ; art. 6 de l’acte additionnel CEDEAO)
 Est également assimilable à des positions dominantes « les
opérations de concentration qui créent ou renforcent une position
dominante, détenue par une ou plusieurs entreprises, ayant
comme conséquence d’entraver de manière significative une
concurrence effective à l’intérieur du Marché Commun »
 La position dominante est celle de l’entreprise suffisamment
nantie pour se mettre au dessus de la concurrence. Une situation
de puissance économique détenue par une entreprise qui lui
permet de faire obstacle au maintien d’une concurrence dans le
marché en cause
 La position dominante n’est pas nécessairement une situation de
monopole. Une entreprise qui détient au moins 80% des parts
d’un marché est en position dominante
 Ce qui est interdit, ce n’est pas la position dominante elle-même
mais l’abus de cette position
 Une liste non exhaustive de pratiques constitutives d’abus de
position dominante est fournie par l’art. 4 du Règlement
UEMOA. D’un point de vue matériel, c’est la même liste que
celle des ententes anticoncurrentielles. La différence entre
l’entente anticoncurrentielle et l’abus de position dominante
réside donc dans l’auteur de la pratique. Lorsqu’il s’agit d’un
groupe d’entreprises, c’est une entente anticoncurrentielle et
lorsqu’il s’agit d’une seule entreprise, c’est un abus de position
dominante

1.3. Les concentrations


Constituent une concentration (Art. 4(3) du Règlement UEMOA, art.
7 de l’Acte additionnel CEDEAO):
a) la fusion entre deux ou plusieurs entreprises
antérieurement indépendantes ;
b) l’opération par laquelle une ou plusieurs personnes
détenant déjà le contrôle d’une entreprise au moins, ou une
ou plusieurs entreprises, acquièrent directement ou
indirectement, que ce soit par prise de participations au
capital ou achat d’éléments d’actifs, contrat ou tout autre
moyen, le contrôle de l’ensemble ou de parties d’une ou de
plusieurs autres entreprises;
c) la création d’une entreprise commune accomplissant de
manière durable toutes les fonctions d’une entité
économique autonome
 La concentration en tant que telle n’est pas illégale mais elle le
devient lorsqu’elle permet de renforcer une position dominante
qui aura pour conséquence de bouleverser significativement la
concurrence

2) La sanction des comportements anticoncurrentiels


 Compétence exclusive de la Commission (UEMOA) pour
sanctionner les pratiques anticoncurrentielles
 Au niveau de la CEDEAO, il y a une autorité régionale de la
concurrence qui est chargée de réprimer les pratiques
anticoncurrentielles

§2 : La réglementation applicable aux Etats membres

A) Le régime des aides d’Etats


 Art. 88(c) Traité UEMOA ; Art. 5 du Règlement UEMOA, Art.
8 de l’acte additionnel CEDEAO
 Interdiction par principe des aides d’Etats qui peuvent fausser ou
empêcher la concurrence
 Définition de l’aide d’Etat : Intervention de l’Etat au moyen de
ressources d’Etat susceptible d’affecter les échanges entre les
Etats membres qui accorde un avantage à son bénéficiaire et
fausse ou est susceptible de fausser la concurrence : subventions,
exemptions fiscales, bonifications d’intérêts, garanties de prêts…
 L’aide interdite ici est celle qui est sélective, donc qui accorde
un avantage à une ou des entreprises au détriment des autres
entreprises
 L’aide doit affecter les échanges entre Etats membres ; ce qui
exclut les aides qui n’ont d’effet que sur les échanges internes
 Il y a des exceptions : des aides compatibles avec le marché
commun. Voir Règlement n°4 UEMOA relatif aux aides d’Etats
à l’intérieur de l’UEMOA. L’article 3 énumère des types d’aides
considérées comme compatibles avec le marché commun. Voir
aussi article 8 de l’acte additionnel CEDEAO

B) Le régime des entreprises publiques


 Une entreprise sur laquelle les pouvoirs publics peuvent exercer
une influence dominante du fait de la propriété ou de la
participation financière ou des règles la régissant
 Le principe est que les entreprises publiques sont assujetties à la
réglementation communautaire sur la concurrence (art. 6
Règlement UEMOA, art. 8 Acte additionnel CEDEAO)
 Sauf si ladite réglementation fait obstacle à l’accomplissement
de la mission assignée à l’entreprise

Section 2 : Le droit communautaire des marchés publics


 Ce droit est surtout développé au niveau de l’UEMOA : deux
directives n°4 et n°5 de 2005 :
 Le contrat de marché public est un contrat administratif à titre
onéreux conclu par une personne publique ou par une personne
contrôlée par une personne publique en matière de fourniture, de
travaux, de service
§1. Le champ d’application de la réglementation
 Les marchés publics concernés sont ceux de fourniture, de
travaux, de service ou mixte
 Un contrat conclu entre l’Etat ou ses démembrements ou des
personnes contrôlées par l’Etat et un ou plusieurs
soumissionnaires de l’espace UEMOA
 La réglementation communautaire s’applique seulement aux
marchés publics dont la valeur est supérieure au seuil national
fixé par la réglementation interne (50 millions au Burkina : seuil
à partir duquel l’Etat est obligé d’ouvrir aux soumissionnaires
internationaux), et qui ne relève pas d’un secteur sensible de
l’Etat.

§2. Les règles communautaires de passation des marchés publics


Un certain nombre de principes à respecter :
 Pas de discrimination fondée sur la nationalité
 L’obligation de transparence
 L’obligation de publicité

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