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Finances publiques
Finances publiques 1
1- Introduction 2
2 - L’examen des ressources fiscales en France 7
3 - Le budget 11
4 - La loi de finances 22
5 - L’exécution des lois de finance 39
6 - L’exécution financière de la loi de finance 50
7 - Le contrôle de l’exécution de la loi de finance 57
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CM complet - Finances publiques
1- Introduction
CM1 - BUISSON
Quelques chiffres :
• Dette publique qui représente environs 96% du PIB (environ 2100Ma d’euros)
• Budget de l’État : 300Ma d’euros.
• Prélèvements obligatoires : 46/47% (pas loin des 50%) => impôts et cotisations sociales (note :
certains États n’ont pas de cotisations sociales obligatoires, donc leur budget est beaucoup plus
souple, dit libéral).
Au XVIe siècle, Jean BODIN : « Les finances publiques sont le nerf de l’État. » (Les Six
Livres de la République, 1576). Ce sont un miroir et un moteur de l’État à la fois.
• Un miroir car selon l’importance des prélèvements opérés sur le territoire, l’État peut
apparaître interventionniste ou libéral.
• Un moteur car l’État va, grâce à ses fiances, agir sur l’économie (s’il y a ce qu’on appelle une
surchauffe, l’État augmente les impôts). Il va intervenir en instaurant le RSA par exemple.
Les finances publiques sont cause et origine de l’État. Elles ont permis la création de
l’État moderne. Il y a eu le principe du consentement à l’impôt (Grande Charte anglaise de
1215) et de contrôle exercé par les représentants du peuple. L’État apparait assez tôt en raison de
ces principes notamment. Le principe de consentement à l’impôt est reconnu depuis la DDHC en
France (art. 13 et 14). Au XXe siècle, guerres ou crise de 1929 impliquent une intervention plus
importante de l’État. On voit apparaître des acteurs autres que l’État (qui s’inspirent de l’État) tels
que les collectivités territoriales et la sécurité sociale, ou l’UE. On a une chaîne d’acteurs qui
intervient sur le plan des finances publiques. On peut les définir comme étant les finances des
administrations publiques.
Il y a une longue évolution. Sous la Restauration le droit budgétaire commence à être bien
structuré et sous la monarchie de Juillet aussi. Sous la IIIe République (omnipotence du Parlement),
la structuration du droit des finances publiques est assez fort aussi. Sous la IVe République, le
Parlement n’est plus aussi puissant et on prend en compte des objectifs économiques de façon
beaucoup plus forte. La Ve République, où l’exécutif est plus fort, voit apparaître des textes, et
notamment une ordonnance du 2 janvier 1959 relative aux lois de finances (= les budgets) qui va
être en oeuvre jusqu’en 2005. Elle est remplacée par une nouvelle loi organique, la LOLF (1er
août 2001), en vigueur depuis 2006.
Traditionnellement les finances publiques étaient présentées sous la forme de moyens mis à
disposition des ministères, mais les finalités manquaient. Finalement, il fallait prendre en compte les
buts de l’action de l’État. Cette idée apparait en 1973 et s’inspire du modèle américain. Aux États-
Unis, le budget était présenté de manière fonctionnelle (par fonction). Les crédits n’étaient plus
présentés par rapport à un ministère mais plutôt par rapport aux fonctions exercées par l’État
(éducation, santé, logement, …). On a affiné le projet et on a instauré la « rationalisation des choix
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budgétaires » (RCD). La finalité de l’action administrative est prise en compte. On s’inspire des
PPBS américains (planning programing budgeting system) qui a été mise en oeuvre dès 1961 par
le secrétaire d’État à la défense (McNamara, ancien PDG de la société Ford). Il a souhaité
importer les techniques en vigueur dans le secteur privé dans le champ de l’action
administrative (objectif : gagner la guerre du Vietnam). La méthode est intéressante sur le plan
intellectuel et compte trois étapes :
• On définit les objectifs poursuivis par l’action publique. Exemple : la direction des routes veut
soit la fluidité du trafic, soit la sécurité. Selon l’objectif, un choix à effectuer, limiter ou
augmenter la vitesse autorisée.
• L’objectif fixé, on fait une analyse coûts-avantages des moyens que l’on va utiliser pour réaliser
cet objectif. Si on prend la sécurité, on souhaite la diminution des accidents. Donc on va
multiplier les autoroutes, aménager les carrefours dangereux, limiter la vitesse. On retient ici les
moyens les plus rentables et les moins onéreux.
• On va mesurer les résultats obtenus à l’aide d’indicateurs systématiques. Exemple : le
nombre d’accident, leur gravité. Les indicateurs retenus permettent de corriger les moyens choisis
à la deuxième étape.
La technique de la RCD est séduisante mais a été un échec car une partie de
l’administration était réticente à la mettre en oeuvre. Un service était favorisé par rapport à un autre
et donc ça ne marchait pas. Les politiques étaient réticents car la technocratie était privilégiée face
à la démocratie. Les « budgets de programme » étaient des documents d’information pour les
parlementaires, relatifs à cette technique, mais ils manquaient de lisibilité. Cette politique
apparue en 1973 disparaît donc en 1995, tout comme le budget fonctionnel.
La LOLF est une traduction de cette volonté de changer les mentalités : on veut passer
d’un budget de moyens à un budget de recherche de la performance. LOLF* : Loi Organique
relative aux Lois de Finance (2000) (en gros les APU utilisent les ressources comme elles le
souhaitent mais leur budget dépend de leur efficacité selon des objectifs).
Différents textes concernent les finances publiques : la Constitution, la DDHC, les textes
financiers (ordonnances de 1959, LOLF de 2001, lois antérieures), décret de 2012 relatif à la
gestion comptable et publique, …
1) La Constitution de 1958
Ces déclarations ont valeur constitutionnelle. Exemple : l’égalité devant la loi est affirmé
par DDHC (art. 6) et dès qu’il y a un recours contre un texte fiscal, généralement, l’article 6 est
invoqué pour rupture d’égalité. Un autre article est assez fréquemment évoque : l’article 8 qui
concerne la non-rétroactivité des lois répressives. Les principaux articles utilisés restent le 13 et
le 14. Article 13 : « Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses
d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également
répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. » => les charges doivent êtres
également réparties entre les citoyens donc cela implique un minimum de justice entre les
citoyens. Sur cette base, le Conseil constitutionnel va considérer le système des impôts progressif
(les taux changent en fonction du revenu, impôt sur le revenu par exemple) ou proportionnel (les
taux sont les mêmes pour tous comme pour la TVA). L’article 14 : « Tous les Citoyens ont le droit
de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution
publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité,
l'assiette, le recouvrement et la durée. » (quotité = taux ; assiette = matière imposable ;
recouvrement = comment il est perçu ; durée = temporaire ou définitif).
Toutes les lois de finance sont quasiment soumise à l’opposition, déférées au Conseil
constitutionnel et à chaque fois on voit apparaître la violation de l’article 13 et/ou 14.
(Note : les taux aujourd’hui sont plus bas que dans les années 1960-1980. Les États scandinaves ou
les États-Unis notamment avaient des taux confiscatoires (jusqu’à 90%). Avec le thatchérisme et le
réganisme on a eu une baisse des taux.)
On passe à l’ordonnance du 2 janvier 1959 à une autre loi organique au 1er août 2001,
complétée par une autre loi du 17 décembre 2012. Les textes en cause sont des lois
organiques* : une loi qui traite de l’organisation et du fonctionnement des pouvoirs publics. Elles
ont un contenu qui est matériellement constitutionnel. Elles ont un statut un peu au-dessus d’une
norme juridique ordinaire et sont soumises à des règles détaillées et précises par la Constitution. Il y
a une procédure particulière pour qu’on puisse adopter une loi organique. Elles doivent être
soumises au Conseil constitutionnel.
Hiérarchie des normes : Constitution > loi organique > loi ordinaire > textes
réglementaires (décrets et arrêtés).
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Les lois organiques sont un échelon intermédiaire entre la Constitution et la loi ordinaire. On
a parfois des textes appelés organiques « Constitution financière » mais c’est un abus de
langage. La loi organique doit être conforme à la Constitution, donc elle ne fait pas partie du
« bloc de constitutionnalité ». En 2001, le Conseil constitutionnel affirme que la loi organique est
soumis à la Constitution.
L’ordonnance du 2 janvier 1959 est issue d’une période délicate, celle de la création de la
Ve République. Elle a été prise sur la base de l’article 92 de la Constitution à l’époque : elle
autorisait le gouvernement à légiférer par voie d’ordonnance. L’exécutif a rédigé l’ordonnance.
En revanche la LOLF a été adoptée selon une procédure conforme à la loi organique. Ces deux
textes ont la particularité de s’êtes entrechoqués : l’ordonnance de 1959 va jusqu’au 1er janvier
2005 alors que la LOLF entre en vigueur. Puis l’ordonnance est abrogée. On avait 46 articles, il y en
a 68 dans la LOLF.
Le contenu de ces textes est très précis : ils précisent en premier lieu les principes du droit
budgétaire. Les textes vont préciser ce que sont les ressources de l’État et les charges de l’État. Ils
précisent aussi quel est le contenu des lois de finance et comment elles sont présentées (quelles
procédures de vote par le parlement, indication de tous les contrôles à effectuer sur les lois de
finance, …).
Une loi organique relative à la programmation et à la gouvernance des finances
publiques le 17 décembre 2012 vient compléter la LOLF. Elle créé un Haut Conseil des
Finances Publiques présidé par le Premier président de la Cour des Comptes et est sensée émettre
des avis sur les prévisions budgétaires retenues par le gouvernement.
Le décret du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et compatible publique
succède à un décret qui était un peu traditionnel (29 décembre 1962 qui portait le règlement général
et était une réactualisation d’un décret de 1862 portant sur la comptabilité publique, et donc on l’a
appelé décret du centenaire). Le décret de 2012 a essayé d’introduire quelques variantes par
rapport à ce qui existait pour l’exécution des lois de finances. Le gros problème est la distinction
entre les ordonnateurs et les comptables. La LOLF a renforcé le pouvoir des ordonnateurs et
minoré celui des comptables en fusionnant les deux. Or la tradition exige que les deux soient de
même importance.
Les traités juridiques internationaux ont une valeur juridique supérieure à la loi (art.
55 Constitution de 1958 : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de
son application par l'autre partie. »). Les traités ont rendu directement applicable en France des
dispositions à caractère financier et fiscal. Le traité de Rome entre en vigueur le 1er janvier 1958
et implique une harmonisation des impôts indirects (consommation) et des taxes sur les chiffres
d’affaires. L’harmonisation est réalisée en matière de TVA : une directive en 1977 impose une
même assiette. Pour les reste des impôts indirects l’organisation n’est pas faite.
Le rapport Werner en 1970 souhaitait harmoniser les politiques économiques européennes.
Selon le rapport, la politique économique d’un État à deux composantes : monétaire et
budgétaire. Maastricht a été signé en 1992 : les États ont décidé que la politique monétaire
deviendrait une politique commune à partir du 1er janvier 1993. On a créé une monnaie unique
dont la gestion incombe à un SEBC (Système Européen de Banques Centrales => réunion de la
BCE et des BC nationales). Toutes ces banques doivent être indépendantes de tout pouvoir politique
(national ou communautaire). Depuis Maastricht la politique monétaire est fixée par la BCE. La
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politique monétaire consiste en l’émission des billets de banque et pièces de monnaie, en la fixation
des taux d’intérêt. La politique monétaire est désormais fixée par la BCE : la souveraineté
monétaire n’existe plus. Le problème : les deux politiques sont normalement indissociables. Du
coup Maastricht à prévu d’imposer aux États une discipline budgétaire fondée sur deux critères,
celui des déficits publics et de la dette publique. Les déficits publics de l’État, des collectivités
territoriales et de la sécurité sociale ne doivent pas dépasser 3% du PIB et la dette publique
60% du PIB. Cette discipline a été initiée avec des critères des convergence à la base : cela
permettait d’adhérer à l’euro. Il fallait ensuite aller plus loin pour assure la pérennité de la monnaie
unique. Il fallait que les État aient un faible taux d’inflation et des taux d’intérêt peu élevés. À ce
moment là, les États ont conclu le pacte de stabilité et de croissance (1997). Il impose des
obligations aux États et instaure une procédure de surveillance des déficits publics :
• Le pacte oblige les États qui participent à l’euro à présenter un programme triennal de stabilité
qui doit être actualisé chaque année. Il doit présenter les objectifs des comptes publics à
moyen terme. C’est un élément clé sur lequel se base la surveillance.
• Tous les ans au mois de mars de l’année N+1, la Commission européenne va constater si un État
membre de l’Ue et de la zone euro a violé le critère du déficit de 3%. La Commission va faire
injonction à l’État concerné de rétablir sa situation dans un délai de neuf mois. En parallèle,
le Conseil des ministres adopte une recommandation qui n’est pas publique. Elle est transmise à
l’État concerné et s’il ne réduit pas son déficit elle sera rendue publique, sinon elle sera abrogée.
Enfin il peut mettre l’État en demeure de réduire son déficit public dans un délai déterminé, et
enfin il peut prendre de lourdes sanctions (des amendes jusqu’à 0,5% de PIB, déposées sans
intérêt auprès de la BCE).
Cette procédure était beaucoup trop rigoriste pour un État en difficulté. La procédure a
été assouplie en 2004 var l’Allemagne ou la France était en déficit excessif. Il n’y a pas eu de
sanction. La Commission a saisi la Cour de Justice (aujourd’hui Cour de Justice de l’UE) pour
infraction de la part du Conseil qui n’a pas sanctionné des situations qui devaient l’être et la Cour de
Justice a constaté un rôle politique du Conseil plus important, donc a donné raison au Conseil.
Les textes ont été assouplis en 2005, notamment le fait de dépasser le taux de 3% du PIB est toléré,
mais considéré comme exceptionnel si cela résulte d’un taux de croissance négatif ou s’il y a une
baisse prolongée de production, …
Les subprimes aux USA : crise des dettes souveraines dans la zone euro (Grèce, Ireland,
Portugal, Espagne, …). Tout cela oblige les État de l’UE à revoir les règles budgétaires.
Aujourd’hui il y a le MES (Mécanisme européen de stabilité) entré en vigueur en juillet 2012. Il
est habilité à lever des fonds sur les marchés financiers pour un montant de 500Ma d’euros, dans
le but d’aider les États en difficultés. Le Pacte de Stabilité et de Croissance a été renforcé par des
textes divers qui imposent une surveillance accrue des budgets nationaux. On créé la procédure du
semestre européen : les États remettent à la Commission leur programme de stabilité au mois
d’avril. Le Conseil va étudier ces programmes et donner des recommandations au plus tard fin juin.
Note : La Commission est un organisme technocratique (diraient certains) qui a le pouvoir
d’initiative des textes (chefs de gouvernement). Le Conseil des ministres où sont présents les
ministres de la question débattue (27) prend les décisions.
En 2012, on va un peu plus loin. Les États de l’Europe signe le TSCG (Traité sur la
Stabilité, la Coordination et la Gouvernance au sein de l’Union Economique et Monétaire). Il
entre en vigueur le 1er janvier 2013. Il est aussi appelé « pacte budgétaire ». Il ne remet pas en
cause le pacte de stabilité et de croissance qui s’impose à tous les États membres alors que le TSCG
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concerne d’abord la zone euro. Ce traité a été signé par tous sauf le Royaume-Uni et la République
Tchèque. Perspective intergouvernementale et évolutive. Le TSCG va être intégré dans le traité en
2017 et va instituer plusieurs règles dont la règle d’or : les budgets des APU ne doivent être
présentés qu’en équilibre ou en excédent. De plus le déficit structurel autorisé pour les États (pas le
déficit nominal) est de 0,5% pour l’objectif de chaque État. Chaque État va veiller à assurer une
convergence rapide vers son objectif à moyen terme et si on dépasse 0,5% il y a des mécanismes de
correction qui sont automatiquement enclenchés. Si le déficit est supérieur à 3%, il y a des sanctions
automatiques. Toutes ces règles sont posées par le TSCG et devaient être introduites par les États
membres par voie constitutionnelle.
L’équilibre* : les dépenses engagées par les États sont couvertes par l’ensemble des
ressources engagées. En France l’équilibre n’est pas atteint.
A. Typologie
Impôt
Impôt vient d’imposer et signifie qu’il y a une obligation. L’impôt* : prélèvement
pécuniaire, obligatoire et sans contrepartie directe, opérée sur une personne physique ou morale,
par voie de contrainte et cela au profit d’une collectivité publique. La contrepartie est diffuse. Des
saisies peuvent être effectuées. Les prélèvements profitent aux APU. Aujourd’hui le terme d’impôt
est moins utilisé et on lui préfère celui de contribution publique.
La CSG (Contribution sociale généralisée) ou la CRDS (Contribution au remboursement de
la dette sociale) ont tout d’un impôt. Un autre terme apparaît : la taxe. La taxe porte sur la
consommation (exemple : la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée) est un impôt ; la taxe foncière, la
taxe d’habitation, …).
Taxes et redevances
À côté de l’impôt il y a tout de même de véritables taxes mais aussi les redevances. La taxe
se rapproche de l’impôt car elle est obligatoire. Mais elle est perçue à l’occasion de la prestation
offerte par un service public. Par exemple la taxe d’enlèvement des ordures ménagères : elle est
due par toutes les personnes qui résident dans la commune, même si on utilise pas le service. Pour
régler le problème de devoir quelque chose qu’on utilise pas, on a créé la redevance. Elle est
proche de la taxe puisqu’elle est perçue à l’occasion de la prestation fournie par un service
publique, mais à la différence de la taxe elle n’a pas un caractère obligatoire puisqu’elle n’est due
que par l’usager réel du service. Exemple : le péage, la piscine publique. C’est le prix d’un
service public rendu par une personne publique à un client qui utilise le service : en principe elle
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est proportionnelle au service rendu car elle doit permettre au cerise public d’équilibrer ses
comptes. Il y a aussi des redevances d’enlèvement des ordures ménagères dans certaines communes
qui permettent de ne payer que le service qui est utilisé. Cela donne lieu à des contentieux assez
importants : l’aéroport d’Orly a refusé de payer car il n’y avait pas d’enlèvement dans l’aéroport.
Comme c’était une taxe cela a contraint la municipalité à la transformer en redevance.
La redistribution sociale
Les contribuables riches vont avoir des prélèvements plus importants pour aider les pauvres
en gros. Cela a été tenté en Grande Bretagne en 1945 sous le travailliste Atlee qui souhaitait
procéder à un nivellement social en instaurant des impôts progressifs sur les revenus et les
successions. Il a détaxé les produits de première nécessité et les produits de luxe se sont vus
surtaxés. Ça a été un échec car on a eu une fuite des capitaux et le départ des riches dans des
États à la fiscalité avantageuse. Notons que la redistribution sociale n’est pas un aspect capital
de l’impôt.
Rôle économique
L’impôt peut servir à lutter contre l’inflation (création d’impôts exceptionnels quand il y a
un pouvoir d’achat excédentaire, pratiqué en France lors du premier choc pétrolier en 1973).
L’impôt peut aussi jouer un rôle économique vie les incitations fiscales : pour encourager la
recherche par exemple on accorde des avantages fiscaux (crédits d’impôts). Aujourd’hui l’impôt
a un but essentiellement financier. Le courant dominant néolibéral (sur le plan économique) est à
la recherche de la neutralité de l’impôt qui va être sans influence sur les choix des agents
économiques.
C. La technique fiscale
Choix du contribuable
C’est un choix politique. On distingue le redevable légal du redevable effectif. Le
redevable légal est la personne qui supporte la charge juridique de l’impôt et doit l’acquitter. Le
redevable effectif est la personne qui doit supporter le poids de l’impôt alors que l’impôt sera payé
par un autre. Les personnes physiques sont à la fois redevable légal et effectif. Mais par exemple
pour la TVA le redevable légal est le commerçant alors que le redevable effectif est le
consommateur.
Détermination de l’assiette
Quelle matière imposable doit être prise en compte ? L’impôt peut porter sur le revenu, la
dépense ou le capital/fortune. Revenu* : fruit régulier d’une source permanente (on tient compte de
l’enrichissement pendant une période précise). Dépense* : celles qui sont liées à la consommation
courante et à l’investissement. Capital* : ensemble des biens que peut posséder une personne.
L’impôt sur le revenu concerne les personnes physiques, l’impôt sur les sociétés les personnes
morales. En France on distingue les impôts directs et indirects. Les impôts directs sont les impôts
payés par le contribuable tandis que les indirects sont acquittés par des tiers mais supportés par le
contribuable (impôts sur le revenu // TVA).
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La liquidation
Elle permet de calculer le montant qui est dû par chaque contribuable. Le calcul se fait
en deux temps : on évalue l’assiette puis le montant de la dette fiscale.
- Évaluation de l’assiette imposable selon trois méthodes :
- Méthode indiciaire : déterminer l’impôt à partir de signes extérieurs non contestables
(exemple : impôt sur les portes et fenêtres).
- Méthode forfaitaire : évaluer ‘assiette de manière approximative.
- Méthode de la déclaration contrôlée : le plus utilisée, impôt évalué à partir de la
déclaration du contribuable et que l’autorité contrôlera a posteriori.
- Puis on évalue le montant de la dette d’impôt : on applique à l’assiette un taux. La terminologie
est précise sur le sujet. Le taux d’impôt peut être spécifique ou ad valorem. Taux spécifique :
s’exprimer en unité monétaire exprimant des quantités (litres, quintaux, …), s’applique aux
impôts résiduels telles que les boissons alcoolisées ou l’essence. Taux ad valorem : s’exprime en
pourcentage de l’assiette fixée en valeur (exemple : taux de la TVA). Aujourd’hui la plupart des
impôts sont ad valorem.
Le taux de l’impôt peut être proportionnel (taux constant, TVA de 20%) ou progressif
(taux s’élevant avec la quantité de matière imposable, impôt sur le revenu).
Le recouvrement
Il faut que le contribuable paye. Le plus souvent on adresse un avis d’imposition qui
précise le montant dont on est redevable. Le payement peut sinon être spontané (TVA) : il doit
liquider lui-même l’impôt dont il est redevable. Le recouvrement peut être effectué par un tiers qui
procède à une retenue à la source (utilisée dans la plupart des pays européens mais pas en France :
l’employeur retient à la source l’impôt qu’il va directement verser au trésor public). Si le
contribuable ne s’exécute pas il y a des procédures de recouvrement forcé sous le contrôle d’un
juge.
Contributions sociales
Elles sont assez récentes et ont une assiette beaucoup plus large : la CSG et la CRDS
viennent en complément de l’IR. Elles sont affectées non pas à l’État mais à la sécurité sociale. La
CSG a été créées en 1991 par Rocard et la CRDS en 1996 par Juppé. Elles frappent trois types de
revenus : d’activité, du patrimoine et les placements à revenu fixe. Y sont assujetties toutes les
personnes physiques domiciliées fiscalement en France. Ces deux contributions sont associées à des
prélèvements sociaux divers et variés et ont une particularité importante : elles font l’objet d’une
retenue à la source par les employeurs. On a un taux global de 15,5%.
L’impôt sur la fortune : il ne rapporte pas énormément est est difficile à contrôler.
Pour l’essentiel, ce sont quatre contributions issues de la Révolution, que l’on appelle les
« quatre vieilles ». Elles sont très critiquées car reposent sur des indices. Exemple : valeur
locative cadastrale* : rendement théorique d’une propriété qu’évalue l’administration. Ce n’est pas
basé sur des valeurs économiques. Mais on les conserve car elles alimentent les caisses des
collectivités locales. Elles connaissent des critiques régulières et des réformes qui ne durent pas.
- La CET (Contribution économique territoriale) : l’impôt local qui a le plus grand rendement.
Cette contribution est due par les personnes physiques ou morales qui exercent en France à titre
habituel une activité professionnelle non salariée (professions libérales, commerçants, sociétés).
Elle rapport environ 50% des recettes fiscales locales.
- La taxe d’habitation : elle est due par toute personne qui occupe un local d’habitation dans la
commune à compter du 1er janvier de l’année d’imposition.
- La taxe foncière sur les propriétés bâties : due par les propriétaires d’immeubles bâtis (une
construction élevée au-dessus du sol), s’ils sont en France.
- La taxe foncière sur les propriétés non-bâties : due par les propriétaire de terrains qui ne sont
pas construits.
Tous les impôts évoqués ici sont perçus tous les ans. En revanche il y a des droits
d’enregistrement qui eux ne sont perçus qu’à un certain moment. Exemple : quand un immeuble
est vendu. Les impôts cités sont tous déclaratifs (contrôlée par l’administration fiscale, la plupart
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du temps par le juge administratif). Le système fiscal évolue et tend à se rapprocher des systèmes
étrangers par une double influence : celle de l’UE et de la mondialisation. Elle a conduit à un
développement des échanges internationaux et aujourd’hui il n’y a pas loin de 100 conventions
fiscales conclues entre la France et des pays étrangers, l’objectif premier étant d’éviter la
double imposition.
3 - Le budget
CM3 - MERCREDI 26 OCTOBRE
Les documents budgétaires sont très détaillés, monumentaux. Ils sont soumis à des règles de
présentation qui sont sensées favoriser la lecture. Le gouvernement le prépare et le Parlement le
vote. La préparation commence en janvier et finit en août/septembre. Une fois le budget voté, un
fonctionnaire est spécialement habilité à l’exécution du budget : le comptable public ou
administrateur des finances publiques. Le budget est un acte d’autorisation avant tout, mais le
Parlement en contrôle l’exécution. La loi des règlements vient clôturer l’exécution. La Cour des
comptes exerce aussi un contrôle juridictionnel. L’inspection des finances est chargée de
vérifier si ce qui a été prévu est bien exécuté. Des contrôles sont effectués en cours d’exécution
mais aussi après l’exécution (Cour des Comptes et Parlement).
Cette distinction est consacrée dans la Constitution de 1958. Le décret de 1862 disposait :
« Le budget est l’acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses annuelles
de l’État. ». On a donc trois caractéristiques : un acte de prévision, d’autorisation et annuel. Sur
le plan formel, la loi était adoptée par le Parlement mais l’on avait l’impression que c’était une
présentation de compte (tableau chiffré). Par la suite l’intervention de l’État augmente dans
l’économie et la notion de loi de finance apparaît dans un décret de 1956. « Le budget prévoit et
autorise, en sa forme législative, les charges et les ressources de l’Etat. Il est arrêté par le
Parlement dans la loi de finances qui traduit les objectifs économiques et financiers du
gouvernement. » (décret loi du 19 juin 1956). La Constitution reprend cette notion et ne fait plus
référence qu’à cela (disparition de la notion de budget). La LOLF ou loi organique de 2001
précisent ce que l’on entend par budget et loi de finance.
La LOLF
Art. 1 : « Les lois de finances déterminent, pour un exercice, la nature, le montant et
l'affectation des ressources et des charges de l'Etat, ainsi que l'équilibre budgétaire et financier qui
en résulte. Elles tiennent compte d'un équilibre économique défini, ainsi que des objectifs et des
résultats des programmes qu'elles déterminent ». On va supprimer l’équilibre économique et
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financier qui est remplacé par le budgétaire et financier. La loi va fixer cet équilibre qui est la
politique budgétaire, mais elle ne le définit pas car elle tient compte d’un ensemble d’éléments
: la comptabilité nationale fournit des indicateurs (taux de croissance, poids des prélèvements
obligatoires etc.). La loi de finance n’a donc plus comme objectif de fixer la politique
économique de l’État mais seulement sa politique budgétaire et financière sans faire
abstraction de l’environnement économique.
Le budget est ainsi défini dans la LOLF (art. 6) : « Les ressources et les charges budgétaires
de l’État sont retracées dans le budget sous forme de recettes et de dépenses. ». Le budget décrit
pour une année l’ensemble des recettes et des dépenses budgétaires de l’État. Le budget est
donc la partie chiffrée de la loi de finance alors que la loi de finance décrit la politique
budgétaire du gouvernement et ses moyens d’action.
1. Loi de finance initiale (LFI) : loi de finance de l’année, elle prévoit et autorise pour l’année à
venir les recettes et dépenses de l’État. C’est la plus importante et le Parlement dispose de 70
jours pour la voter. On commence la préparation en janvier et on finit en septembre. Elle est
corrigée en cours d’année.
2. Loi de finance rectificative (LFR) : elles interviennent en cours d’année pour modifier les
dispositions initiales. En principe il y en a deux par an mais parfois plus pour des raisons
politiques (changement de majorité, crise économique, 4 en 2010 et 2011 par exemple).
3. Loi de règlement : elle doit constater les résultats financiers de chaque année civile, approuver
les différences entre les résultats et les prévisions. C’est un loi de constat qui est très peu
appréciée des parlementaires mais est capitale.
4. Loi prévue par l’article 45 de la LOLF : c’est une loi adoptée dans une procédure d’urgence
(car le délai de vote peut être trop long).
- L’unité : un seul document doit permettre de tout voir, en dépense comme en recette.
- L’annualité : le budget doit être fait de manière périodique.
- L’universalité et la spécialité : porte sur chaque dépense.
- La sincérité : les recettes et dépenses doivent être présentées de manière sincère.
- L’équilibre : issu du droit européen.
L’ensemble des recettes et dépenses doivent figurer dans un seul document. Le principe
comporte deux intérêts, pratique et politique. En pratique, on fait le total des recettes et des
dépenses et par soustraction on sait si le budget est en équilibre, en déficit ou excédentaire. Après
l’inventaire Schuman en 1947, apparaissent trois catégories : le budget général, le budget annexe,
les comptes spéciaux.
Le budget général
C’est le budget général de l’État. Il retrace les opérations telles qu’elles sont opérées par
les ministères. Le budget général est le budget classique des services de l’État. Indépendamment
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CM complet - Finances publiques
des impôts et des taxes il existait, sous le terme général de parafiscalité, un ensemble de droits,
taxes, redevances, prélèvements et cotisations soumis à des règles particulières. Elles étaient perçus
dans un intérêt économique et social au profit d’une personne morale de droit public ou de droit
privé, autre que l’État, les collectivités locales et leurs établissements publics administratifs. Ces
taxes échappent à la compétence du législateur, qui devait laisser au pouvoir réglementaire le soin
de préciser leur assiette, les modalités de leur application et leur taux.
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CM complet - Finances publiques
- Les comptes de concours financiers : (article 24 de la LOLF) retracent, pour chaque
débiteur ou catégorie de débiteurs, les prêts et avances consentis par l’État. Les impôts
locaux sont prélevés par les services de l’État en fin d’année par exemple, mais les
collectivités locales ont besoin de fonds pour payer leur personnel dès le mois de janvier,
donc l’État avance chaque mois un douzième des impôts locaux
- Les comptes à découvert : ils bénéficient de recettes attribuées mais permettent d’opérer la
compensation entre recette et dépense. Ce sont deux autres catégories de comptes qui autorisent
un découvert maximal.
- Les comptes de commerce : ils retracent des opérations de caractère industriel et
commercial qui sont effectuées à titre accessoire par des services de l’État non-dotés
de personnalité morale. C’est l’approvisionnement des armées en produits pétroliers par
exemple. Mais ils servent surtout à la gestion de la dette et de la trésorerie de l’État.
- Les comptes d’opération monétaire : ils retracent les recettes et les dépenses de
caractère monétaire (émission de monnaie métallique, opérations avec le FMI, pertes et
bénéfices de change, …). Les opérations retracées sont terriblement aléatoires et
imprévisibles, donc les évaluations de recette et dépense sont purement indicatives.
Comme pour le compte de commerce, le découvert est autorisé avec un montant maximal.
Ce principe vient compléter celui d’unité. La LOLF (art. 6) précise : « Il est fait recette du
montant intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses. » ce qui veut dire
qu’elles doivent être présentées dans leur intégralité pour permettre un contrôle exhaustif du
Parlement. Le principe d’universalité se décompose en deux règles : le produit brut et la non
affectation d’une recette à une dépense.
La loi de finance est votée chaque année par le Parlement pour une durée d’un an. Elle
doit être exécutée dans l’année par le gouvernement. Ce principe est issu du principe de
consentement à l’impôt. L’annualité est un compromis entre deux contraintes antagonistes : le
contrôle dans un délai relativement court mais aussi l’action d’un gouvernement qui suppose
une certaine durée et donc qu’il n’y ait pas de surveillance constante et rapprochée. On a considéré
que l’année civile était le plus à même de concilier ces exigences. On peut facilement imaginer
que la durée peut être contestée pour les investissements qui sont réalisés sur plusieurs années.
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CM complet - Finances publiques
Le contenu du principe d’annualité
Le budget s’exécute du 1er janvier au 31 décembre. Le point de départ change selon les
États (1er avril pour le Royaume-Uni ou le Japon). Il faut que le budget soit adopté avant le 1er
janvier. En France pendant très longtemps ça n’a pas été le cas (sous les IIIe et IVe Républiques, le
retard était fréquent et on arrêtait les pendules en salle de séance, mais le plus souvent le vote final
intervenait jusqu’à six mois plus tard : le gouvernement demandait au Parlement de lui accorder
chaque mois « des douzièmes provisoires » qui autorisait le gouvernement à percevoir les impôts
existants. Le gouvernement disposait pour une période d’un mois de crédits calculés sur la base du
douzième des sommes du budget précédent). La Constitution de 1958 a prévu un ensemble de
mécanismes pour que la loi de finance soit adoptée avant le 1er janvier. Les mécanismes
permettant une adoption avant le 1er janvier sont détaillés dans l’article 45 : loi autorisant le vote de
la première partie et des impôts.
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CM complet - Finances publiques
peuvent être reportés sur le même programme mais sur une limite de 3% des crédits initiaux de
l’année qui précède. Ces reports sont effectués par arrêté du ministre des finances.
La période complémentaire
Le budget s’exécute du 1er janvier au 31 décembre mais en réalité, il s’achève dans la
période complémentaire qui ne peut excéder 20 jours après le 31 décembre. Elle permet de
rattacher à l’exercice de l’année n les 20 premiers jours de l’année n+1.
D. Le principe de spécialité
Histoire
À partir de la Restauration et jusqu’en 2005, les crédits affectés à un service de l’État étaient
spécialisés par chapitres. Un chapitre était une subdivision des crédits d’un ministère. Aucun
texte ne précisait le nombre de chapitres ni leur volume, si bien que l’on a abouti à un
accroissement effarant (4000 en 1958). Le Parlement sous la IIIe et la IVe votait par chapitre.
L’ordonnance de 1959 a réagit contre l’inflation des chapitres en regroupant les dépenses selon
leur nature et leur destination (objectif poursuivi). On distingue les dépenses de nature et de
transfert. On va abandonner la règle du vote par chapitre qu’on remplace par le « vote par titre ».
Les titres regroupaient plusieurs chapitres. Cette spécialité reposait sur l’idée que l’État est une
structure administrative. Avec la LOLF l’optique est différente : on passe d’un budget de moyens
à un budget d’objectifs. On abandonne les chapitre : les crédits sont spécialisés par programme ou
dotation.
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CM complet - Finances publiques
a des Budgets Opérationnels de Programme (BOP) qui sont confiés à des personnalités
identifiées plus ou moins rattachées au ministère des finances. Il y a à peu près 2000 BOP.
Exceptions
Il y a des dérogations aux principe de fongibilité et d’asymétrie. Les crédits ne sont pas
immuables dans les lois de finances, ils peuvent bouger pour des raisons budgétaires et politiques.
- Dérogations de la loi organique : elle prévoit trois dérogations.
- Dépenses imprévisibles : elles sont regroupées dans la « mission provision » pour les
dépenses imprévisibles : catastrophes naturelles, les frais si une AN est dissoute, … et
les rémunérations publiques (dotation dont la masse n’a pas été affectée dans les
programmes car au moment de la préparation de la loi de finance, on ne comprenait pas
bien ce qu’il allait en être de la loi de finances publiques).
- Virements de crédits : ils peuvent modifier la répartition des crédits entre
programmes d’un même ministère. Ils peuvent donc changer la nature de la dépenses
telle qu’elle est imaginée dans un programme. On ne peut pas faire de virement au-delà
du montant de 2% envisagé.
- Transfert de crédit : il ne change pas la nature de la dépense mais modifie le service
qui est responsable de la dépense. La procédure est beaucoup plus souple car la dépense
ne change pas de nature. Le transfert sert à créer des virements de crédits.
- Dérogations d’origine législative : deux sont prévues pour des raisons politiques.
- Les fonds spéciaux (ou « fonds secrets ») : c’est une enveloppe globale de fonds mise à
disposition du Premier Ministre et gérée par lui en toute liberté. Elle est utilisée pour
financer des opérations d’espionnage, de contre-espionnage, … En réalité, derrière cette
façade, il y a des choses très variées : versements en cash aux membres du Conseil
ministériel, voyages privés, … Depuis la loi de finance du 1er janvier 2002, ces fonds
sont désormais réglementés (uniquement opérations couvertes par le secret-défense
(DGSI, DGSE), relatives à la sécurité intérieure et extérieure de l’État. Leur utilisation
fait aussi objet d’un contrôle par un bureau composé de membres du Parlement et de la
Cour des Comptes (magistrats et parlementaires).
- Budget des Assemblées : depuis une ordonnance de 1958 relative au fonctionnement
des assemblées parlementaires, le budget des Assemblées obéit à des règles spécifiques
car les AN et Sénat ont une autonomie financière (prépare seuls leur budget qui fait
l’objet d’une enveloppe globale de la loi de finance). Quant à l’exécution du budget, il
n’est pas contrôlé par la Cour des Comptes mais par une commission parlementaire
spéciale (liberté la plus complète pour chacune des deux Assemblées).
Ce principe apparaît avec la LOLF de 2001. Le droit des sociétés parle de « sincérité des
comptes » et la non-sincérité est sanctionnée pénalement. L’article 32 de la LOLF : « Les lois de
finances présentent de façon sincère l'ensemble des ressources et des charges de l'Etat. Leur
sincérité s'apprécie compte tenu des informations disponibles et des prévisions qui peuvent
raisonnablement en découler ».
La notion
La sincérité paraît une évidence. Elle est inscrite dans la LOLF et doit concerner :
- Le contenu des lois de finance : elle doit présenter l’ensemble des ressources et charges de
l’État et donc les pratiques de débudgétisation sont condamnées.
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CM complet - Finances publiques
- L’évaluation des recettes et des dépenses : il ne doit pas y avoir de sur ou sous-évaluation.
- L’information du Parlement : le Parlement doit pouvoir disposer de toutes les informations
nécessaires en son contrôle.
Le principe de sincérité est plus politique que juridique et le Conseil constitutionnel n’a
jamais sanctionné une disposition de loi de finance sur le fondement de la sincérité (quel que soit
l’objet de la saisine qui porte souvent sur la sincérité). Cette sincérité s’apprécie au moment du
vote de la loi de finance et du vote de la loi de règlement.
La mise en oeuvre
La sincérité est à géométrie variable : elle est faible pour les lois de finance (LFI initiale
ou de l’année) mais très forte pour les lois de règlement.
Pour les lois de finance :
- Les prévisions de recettes et dépenses doivent être issues de données raisonnables.
- L’absence d’intention de fausser les grandes lignes déterminées par les lois de finance est
nécessaire.
- Le gouvernement invoque « l’erreur manifeste d’appréciation » quand il y a une erreur.
Pour les lois de règlement : (constat de l’année de loi de finance)
- L’exactitude des comptes est imposée.
- La Cour des comptes est chargée de certifier la régularité, la sincérité et la fidélité des
comptes de l’État. La vérité des comptes est en jeu (la Cour des comptes joue un rôle capital).
C’est un principe nouveau qui résulte du droit de l’UE. La création de ce principe part du
constat que les dépenses des administrations publiques sont devenues excessives. Elles ne sont
pas financées en totalité par des ressources définitives (impôts), si bien que le déficit qui doit être
couvert par l’emprunt. La situation est aggravée par la crise économique de 2008. En 2010 le
déficit est de 8,8% du PIB, la dette publique de 82% du PIB. En 2016 le déficit est de 3,5% du
PIB et la dette publique de 97% du PIB. À partir de 2011, on a une volonté de retour à
l’équilibre qui se traduit par un projet de loi constitutionnelle qui ne va pas aboutir et un traité
européen (TSCG) lui-même suivi d’une loi organique, la LOPGFP.
Le projet de loi constitutionnelle relatif à l’équilibre des finances publiques (12 juillet 2011)
C’est une tentative avortée de retour à l’équilibre. On veut insérer la règle d’or dans la
Constitution. Équilibre* : on ne dépense pas plus que l’on ne reçoit de manière définitive. La règle
d’or existe en partie dans la Constitution allemande (article 115 : les États doivent suivre un
mécanisme de « frein à l’endettement », c’est-à-dire au maximum 0,35% du PIB et les budgets des
länders doivent être équilibrés). La loi de 1926 modifie la loi de 1875. Elle constitutionnalise les
lois relatives à l’endettement de la caisse publique.
L’AN accepte le projet de loi en troisième lecture (le 12 juillet 2011). Le texte est adopté
et donc il faut suivre une procédure de révision de la Constitution. On peut soit utiliser le
référendum (article 11) ou bien réunir le parlement en congrès avec un cote positif d’une majorité
des 3/5. Or, le référendum n’a pas eu lieu car la population était désintéressée. Au congrès, la
majorité des 3/5 a été impossible à trouver et le projet est resté lettre morte.
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CM complet - Finances publiques
4 - La loi de finances
CM 4 - FINANCES PUBLIQUES
I. La présentation matérielle
Art 34 de la LOLF composé de deux parties.
Dans les moyens des politiques publiques…
Titre I
Les autorisations de découvert vont concerner les comptes à découvert des comptes annexes.
Déroge au principe d’universalité car fusion des recettes et des dépenses.
Titre II
Dans le chapitre II, les autorisations budgétaires : les plafonds des autorisations d’emploi sont
concernés.
Titre III
Les reports de crédits de l’année n sur l’année n+1 : les crédits dans l’année précédente on peut les
reporter jusqu’à 5% sur l’année suivante.
Titre IV
Dispositions permanentes : des mesures fiscales ; et diverses et variées appelées
La première partie de la loi de finance est capitale. À ce projet, on va annexer des états législatifs
qui vont être des tableaux issus d’articles de la loi de finance. Cette présentation en deux parties on
la trouve pour la loi de finance initiale et pour les lois de finance rectificatives.
L’autorisation de percevoir les impositions de toute nature (article premier de la loi de finance)
Les impôts qui sont concernés et des produits issus de la vente de biens, … Mais l’essentiel
reste les impôts. Ils sont affectés à l’État, perçus au profit de l’État, des collectivités
territoriales, des établissements publics et organismes divers et variés. Rappel explicite du
principe du consentement à l’impôt. Si l’article premier n’était pas adopté, on ne pourrait pas
percevoir les impôts. Les modifications apportées à la législation fiscale pour l’année à venir : Le
barème de l’impôt sur le revenu est revu, des taux peuvent changer, … Tout cela est dans les articles
qui suivent.
L’article d’équilibre
C’est le dernier de la première partie, qui est particulièrement long. Il retrace l’ensemble
des ressources et dépenses de l’État dans un tableau d’équilibre —> le solde qui en résulte
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CM complet - Finances publiques
(excédentaire, en équilibre ou en déficit). C’est un déficit d’environ 80Ma d’euros. Le tableau
d’équilibre va être complété par le tableau de financement : comment va-t-on réaliser l’équilibre
financier ? Ce tableau de financement va évaluer les ressources et les charges de trésorerie qui
vont permettre de réaliser l’équilibre financier. Le besoin de financement de l’État évalué à
190Ma d’euros (déficit mais aussi le reste, les dettes que l’on a contracté auparavant). C’est une
estimation faite par le gouvernement et elle peut bouger s’il y a des lois de finance rectificatives
qui viennent augmenter les dépenses publiques.
Un personnage important : le ministre des finances. L’article d’équilibre l’autorise à
procéder à des emprunts qui peuvent être à LT (+20), MT (5/10) et CT (1 an). Les surplus sont
utilisés en totalité pour réduire le déficit budgétaire.
Fondamental : le Parlement ne peut pas discuter la deuxième partie si la première n’a pas été
adoptée (vote positif).
Pour expliciter la portée du projet, il est accompagné d’un nombre considérables de documents
annexes d’information.
Une fois la loi de finance votée, le gouvernement va prendre des décrets de répartition
des crédits et cela conformément à l’autorisation donnée par les parlementaires (compétence
liée). Les crédits vont être répartis par programme ou dotation pour le budget général (on distingue
autorisation d’engagement et crédits de paiement). À partir de ces décrets de répartition, le
ministère va élaborer les « verts budgétaires ». Ils vont présenter de manière détaillée le budget
voté pour chaque ministère.
Toutes ces règles sont fondamentales et à partir de celles-ci le projet de loi de finance est élaboré.
C’est un document politique et technique. Elle est élaborée par des organes spécifiques qui
utilisent des méthodes tout à fait précises.
C’est un projet de loi préparé essentiellement par l’exécutif. Le Parlement participe très
vaguement à cette élaboration.
- L’inspection générale des finances : elle est directement rattachée à Bercy et elle exerce un
contrôle financier sur tous les secteurs publics (et pas uniquement).
- Les contrôleurs d’État : chargés du contrôle économique et financier des entreprises
publiques détenues à plus de 50% par l’État.
- Les administrateurs des finances publiques : hauts fonctionnaires qui succèdent aux trésoriers
payeurs généraux (TPG), des comptables publics principaux qui sont chargés de l’exécution
des dépenses et des recettes.
- Le contrôleur budgétaire et comptable : dans chaque ministère il y en a un, dépendant du
ministre des finances.
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CM complet - Finances publiques
Le domaine contrôlé par ces organes est immense : tous les ministères, leurs services
centraux et extérieurs, les établissements publics de l’État, les entreprises dont l’État détient plus de
50% du capital, les collectivités territoriales et leurs organismes, les organismes de sécurité sociale.
On conçoit avec tout cela que le ministre qui dirige les finances a un pouvoir tout à fait
considérable et qu’il est l’acteur privilégié pour confectionner le projet de loi de finance.
2. Le rôle du Parlement
Sous la IIIe, Parlement préparait, apportait grandes modifications. Ce n’était pas le texte
initial du gouvernement mais le texte élaboré par la Commission des finances. Sous la IVe on a mis
fin à cette pratique en privant les députés de l’initiative des dépenses lors de la discussion
budgétaire. Le projet de loi de finance est délibéré en Conseil des ministres puis AN et Sénat et
le rôle du Parlement apparaît quasi inexistant. Mais dans la pratique relations informelles entre le
Parlement et le gouvernement : des contacts entre les fonctionnaires des Assemblées et de la
direction du budget. Ils adressaient des questionnaires précis (questions posées par les
parlementaires sur des projets de financement, des crédits, …). Dès 1990 le gouvernement a décidé
d’organiser un débat sur le projet de loi de finances, repris en 1996 et désormais
institutionnalisé par la LOLF. « Débat d’orientation budgétaire » au départ et depuis la LOLF
« Débat d’orientation des finances publiques » : il a lieu dans chaque Assemblées, ce que
prévoit la LOLF art 48 : « En vue de l'examen et du vote du projet de loi de finances de l'année
suivante par le Parlement, le Gouvernement présente, au cours du dernier trimestre de la session
ordinaire, un rapport sur l'évolution de l'économie nationale et sur les orientations des
finances publiques comportant » = au mois de juin en principe. Débat qui intervient à une date
importante : moment où le projet de loi de règlements doit être déposé auprès du Parlement
(1er juin). Une simple information communiquée au Parlement.
D. La programmation pluri-annuelle
Certains avaient préconisé un budget cyclique (étalé sur un cycle économique) mais pb :
quelle est la durée d’un cycle économique ? On sait pas. D’autres : budget de législature, dans
un régime parlementaire où la dissolution de l’AN est permise, ça ne veut rien dire. L’idée d’une
programmation pluri-annuelle a été retenue pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agissait de
respecter les engagements communautaires et également d’améliorer la gestion nationale des
finances publiques.
La direction du budget avec l’aide des services de la direction du Trésor va élaborer deux
types de documents :
- Les programmes de stabilité et la loi de programmation des finances publiques sont
obligatoires.
- Le budget triennal est un document informatif.
1992 Maastricht, prévoyait des critères de convergence pour passer à l’euro et une première
loi a eu lieu en France, loi d’orientation quinquennale de 1994 relative à la maîtrise des
finances publiques mais pas suivie des faits, échec. Traité d’Amsterdam 1997 : État membres qui
participent à l’euro doivent présenter tous les ans avant le mois de décembre à la commission et au
Conseil un programme de stabilité qui va fixer les OMT des finances publiques. La révision
constitutionnelle de 2008 : elle solennise l’obligation d’Amsterdam, puisque les programmes de
stabilité doivent figurer dans des lois de programmation des finances publiques qui sont
adoptées par le Parlement après avis du Conseil économique, social et environnemental. Dernière
étape : 2012, la loi organique pour respect du TSCG, lois de programmation qui doivent
définir les orientations générales des finances publiques et la trajectoires des soldes effectifs et
structurels des administrations publiques.
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CM complet - Finances publiques
La première des lois de programmation est une loi de 2009 qui portait sur la période
2009 - 2012. Elle intégrait la sécu et les finances des collectivités territoriales, objectif de la loi :
ramener solde à un niveau proche de l’équilibre en 2012, sans procéder à une augmentation des
impôts et sans augmentation de charge non plus. Deuxième loi : période 2011 - 2014, marquée par
la crise, nécessité de réduire la progression de la dette publique (APU), car on veut éviter un
effet boule de neige sur les finances publiques. Troisième loi de programmation période 2011 -
2014 adoptée en décembre 2010, modifiée suite à l’élection de 2012 : on voulait voir baisser la
dépense publique, stabiliser le taux des prélèvements obligatoires et réduire la dette publique.
L’actuelle loi de programmation période 2014 - 2019 : elle reporte de deux ans l’objectif que la
loi précédente avait fixé.
La RGPP et la MAP :
- La RGPP : Révisions Générale des Politiques Publiques ; elle a été créé en 2007. Conseil de
la modernisation des PP est créé à cet effet, présidé par Président de la République. Rapporteur
de ce conseil = ministre chargé du budget. But = mettre à plat les missions de l’État pour
identifier les réformes qui vont permettre de réduire les dépenses de l’État. Améliorer
efficacité des PP. Pour finaliser cette idée, on élabore un budget triennal dès 2007 qui fixait
un plafond global pour l’ensemble des dépenses de l’État et des plafonds de dépense pour
chaque mission. Budget triennal essentiellement un document interne à l’exécutif et
l’administration. Parlement n’avait connaissance que de certains éléments. Conseil de la
modernisation a été remplacé en 2012. Et on remplace la RGPP par la MAP.
- La MAP : modernisation de l’Action Publique ; secrétariat général créé sous l’autorité du 1er
Ministre, rattaché au secrétaire général du gouvernement. Objectif : « évaluer et moderniser l’AP
afin d’améliorer service rendu aux citoyens et aux usagers et afin de contribuer à la bonne
gestion des données publiques ».
Conclusion sur la préparation : la loi de règlement doit être déposée avant le 1er juin
de l’année qui suit son exécution. Elle vient régler la loi de finance (écarts entre ce qui était prévu
et a été exécuté). La loi organique a voulu introduire un chaînage vertueux entre le présent et le
futur. La loi de programmation se veut la plus générale. Puis il y a le projet de loi de finance
sensé appliquer la loi de programmation. Au mois de juin le débat d’orientation des finances
publiques avec le dépôt concomitant de la loi de règlement. Finalement la préparation est un travail
énorme. À l’issue de cette longue préparation le projet de loi de finance doit être déposé le 1er
mardi d’octobre.
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CM complet - Finances publiques
Conséquence : règles pour éviter l’adoption tardive de la loi de finance et pour limiter le
droit d’amendement.
Pour que la loi de finance soit adoptée avant le 1er janvier, la LOLF a prévu des mesures : le
gouvernement doit déposer son projet dans des délais précis et le débat parlementaire se tient
dans un délai déterminé aussi.
Les cavaliers sont totalement prohibés et sont censurés par le Cons. constit. quand ils sont
déférés. Pour contourner la difficulté, le plus souvent en même temps que la loi de finance est
discutée, il y a une autre loi « Loi portant diverses dispositions d’ordre économique et
financier » qui permet de regrouper les cavaliers budgétaires (DBOEF ou DBOS, ordre social).
Dépôt normal
Article 39 de la loi organique : le projet doit être déposé au plus tard le 1er mardi
d’octobre de l’année qui précède l’exécution du budget. Doit être accompagné des annexes, et
annexes explicatives (bleues budgétaires). Le Conseil constitutionnel tolère cependant une certaine
souplesse sur la date car des documents de la loi de finance peuvent souvent être présentés après
le dépôt du projet lui-même. Décision de 1997 : bleues n’avaient pas été déposés, mais le Conseil
constitutionnel a admis qu’un retard de quatre jours n’était pas important. Pour les autres
documents qui ne sont pas fondamentaux, les jaunes ou les oranges (DDT), sont déposés sans délai,
n’entache pas la loi de finance. Chaque annexe générale destinée à l’information du Parlement
(jaunes) cependant doivent être déposé sur le bureau des Assemblées et distribué au moins 5
jours francs avant la première lecture (article 39).
Procédures d’urgence
On les a mise dans la loi organique, situations atypiques. Prévoit l’hypothèse où le
gouvernement n’a pas déposé le projet le 1er mardi d’octobre. Article 45 de la loi organique de
2001 : gouvernement dispose de 2 procédures : soit un projet de loi partiel, ou un projet de loi
spéciale.
- Projet de loi partiel : avant le 11 décembre, peut demander à l’AN d’émettre un vote séparé
sur l’ensemble de la première partie de la loi de finance. Le vote de la première partie permet au
gouvernement de continuer à percevoir les impôts et d’effectuer les dépenses quand il aura pris
les décrets de répartition établis sur la base des services votés l’année précédente. Le service
voté (vote unique) s’oppose à une mesure nouvelle (10% de nouveauté, sur lesquelles avaient
lieu le débat) : les services votés sont les services votés l’année précédente. Loi qui a été
appliquée une fois en 1962 : la nouvelle Assemblée élue après la dissolution ne s’est réunie
que le 6 décembre, donc on a demandé au Parlement d’adopter la première partie de la loi de
finance.
- Projet de loi spéciale : hypothèse qui permet de déposer le projet avant le 19 décembre devant
l’AN un projet de loi spécial qui va l’autoriser à continuer à percevoir les impôts existants.
Le Parlement adopte pas la première partie : la deuxième partie a été discutée ultérieurement.
Décision du Conseil constitutionnel qui constate que c’est inconstitutionnel.
Le délai du Sénat
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CM complet - Finances publiques
- Si l’AN a adopté en partie le projet en 40 jours alors le Sénat dispose de 20 jours pour se
prononcer sur l’ensemble du projet de loi. Pourquoi le délai est raccourci ?
- Si l’AN n’a pas émis un vote dans un délai de 40 jours, le gouvernement saisi le Sénat qui cette
fois dispose d’un délai de 15 jours pour se prononcer sur l’ensemble du projet.
2.1. Article 40
« Propositions et amendements formulés (…) ne sont pas recevables (…) conséquence diminution
des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique. »
- L’article 40 a une portée générale : ce texte vise tous les textes que le Parlement peut voter.
S’applique à la fois aux lois ordinaires et aux lois de finances.
- L’article 40 vise les ressources publiques ou charges publiques. Publiques : concerne aussi
bien les ressources et charge de l’État que collectivités territoriales ou sécurité sociale.
- L’article 40 interdit la diminution des ressources publiques. Il interdit aussi la création
d’une charge publique (au singulier). L’utilisation du pluriel ou du singulier a des
conséquences.
Le loi de finances est avant tout un acte d’autorisation, mais elle n’a pas la même portée
selon qu’il s’agit des ressources ou dépenses. En matière de ressources, l’autorisation de prélever
l’impôt : article 1er de toute loi de finance, cette autorisation est une obligation. La conséquence
est que les services fiscaux et des impôts ont l’obligation de percevoir tous les impôts prévus par
la législation. De manière corrélative, les services ne peuvent pas percevoir des impôts non prévus
par la législation. Pour les dépenses publiques : il n’y a jamais obligation de dépenser (arrêt
Jourou du Conseil d’Etat en 1924). Le gouvernement peut juger utile de supprimer des crédits
car ils ne sont pas très utiles : c’est déjà arrivé moins d’un mois après la loi de finance (au mois de
janvier, considère que les crédits sont inutiles, les parlementaires apprécient peu cette situation).
Deuxième situation possible : le gouvernement peut geler des crédits (bloquer) et il ne
les dépensera qu’en fonction de la conjoncture économique : c’est ce qu’on appelle la
« régulation budgétaire ».
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CM complet - Finances publiques
Une fois la loi de finance votée, le gouvernement prend des décrets de répartition (affecte
les crédits au ministère concerné). Ils vont mettre à la disposition des ministres les décrets qui ont
été votés par le Parlement. La répartition se fait par application des bleues budgétaires (annexes,
impérative, doit être déposé en même temps que la loi de finance). Le gouvernement est tenu par
les décrets en cause. Ces décrets vont servir de base pour l’élaboration des verts (document mis à
disposition de chaque ministère, document budgétaire de référence). Il y a un pouvoir
réglementaire fort avec tout ça. Le gouvernement va prendre des actes administratifs (décrets)
qui sont susceptibles de recours : mais ils ne sont pas fréquents car le Parlement ratifiera dans les
mois qui suivent la plupart du temps les modifications apportées par le gouvernement. Le
gouvernement est habilité par la LOLF à modifier la répartition des crédits telle qu’elle a été
votée par le Parlement, et il peut modifier le montant des crédits.
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lente et parfois il y a urgence. Les textes organiques permettent au gouvernement de procéder à
l’ouverture de crédits supplémentaires par voie de décrets d’avance en cas d’urgence. Il y a
l’urgence simple, et l’urgence et la nécessité impérieuse d’intérêt nationale. Dans l’urgence
simple, le gouvernement peut prendre décret après avis du Conseil d’Etat et avis des
commissions des Assemblées. Ces décrets ne doivent pas porter atteinte à l’équilibre
budgétaire défini par la loi de finance. Du coup soit on annule des crédits (possible que dans la
limite de 1,5% de la masse budgétaire), soit on va évoquer des recettes supplémentaires (si
l’activité est bonne). Une seconde condition : le montant cumulé des ouvertures de crédits ne
peut excéder 1% de la masse budgétaire définie dans la loi de finance. Troisième condition :
les décrets d’avance doivent être ratifiés dans le plus prochain projet de loi de finances
(dans une loi rectificative ou dans la loi de règlement au mois de juin, on peut en profiter pour
ratifier ces décrets d’avance). Dans l’urgence et la nécessité impérieuse d’intérêt national (qui
évoque l’article 16), le formalisme est moins fort. Les décrets d’avance sont pris en Conseil des
Ministres, sur avis du Conseil d’Etat après simple information des commissions des finances
qui n’ont alors pas à émettre un avis. Les décrets d’avance peuvent porter atteinte à l’équilibre
budgétaire. Dans cette hypothèse le gouvernement va déposer un projet de loi de finances qui
va porter ratification des décrets d’avance. Il doit déposer ce projet immédiatement ou à
l’ouverture de la plus prochaine session du Parlement. Il y a environ deux décrets d’avance
par an avec motifs retenus par le gouvernement : sous-évaluation des besoins.
- L’annulation de crédits : les décrets d’annulation de crédits sont pris pour éviter une
détérioration de l’équilibre budgétaire défini par la loi de finances ou bien parce qu’un crédit
est devenu sans objet et ne sert plus à rien. Cette procédure est encadrée : les crédits annulés
ne doivent pas dépasser 1,5% des crédits qui sont ouverts dans la loi de finances. Cette
annulation intervient par décret, transmis pour information aux Commissions des chambres. La
plupart du temps, cela est fait pour des raisons de régulation budgétaire : la fixation par le
gouvernement du rythme de consommation des crédits et du niveau de consommation de ces
crédits. Plutôt que de dépenser en janvier, on va dépenser en décembre par exemple. Il va y
avoir des gels temporaires. Les Commissions sont informées de la politique de « régulation
budgétaire » du gouvernement.
- Les reports de crédits : le point de départ est ce qu’il se passe quand on constate que des
crédits n’ont pas été utilisés. Ils seraient annulés et cela conduirait à un gaspillage important.
Du coup, on peut les reporter pour l’année suivante. Les autorisations d’engagement qui sont
disponibles sur un programme en fin d’année peuvent être reportées sur le même programme (et
si le programme n’est pas tout à fait le même, on reportera sur un programme qui poursuit les
même objectifs). Le report va majorer les crédits de l’année suivante. Les crédits de paiement
qui sont disponibles sur un programme à la fin de l’année peuvent être reportés sur le
même programme ou un équivalent, avec un plafond de 3% (qui peut être augmenté par une
disposition de la loi de finance sauf pour les dépenses qui concernent le personnel). Une
exception : les fonds de concours, ils concourent à des dépenses d’intérêt public. L’exemple
type est une collectivités locales qui veut l’amélioration des routes nationales va donner de
l’argent à l’Etat pour que la réalisation de cette route soit faite plus rapidement, … Ces fonds de
concours qui n’auraient pas été utilisés vont être reportés sur l’exercice suivant car l’emploi de
ces fonds doit être conforme à l’intention de la partie versante. Ces reports de crédits sont
effectués par arrêté ministériel conjoint (co-signé par le ministre des Finances et le ministre
concerné). Pour éviter les reports tardifs, les arrêtés de reports tardifs doivent être publié
avant le 31 mars de l’année qui suit l’année où les crédits n’ont pas été utilisés.
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Le pouvoir réglementaire en matière budgétaire intervient encore dans deux autres
domaines :
1. Les ordonnateurs
Notion
Ils prescrivent l’exécution des recettes et des dépenses. À cet effet ils engagent les droits
et les obligations, liquident les recettes et émettent les ordres de les recouvrer. L’ordonnateur est
quelqu’un qui va décider. C’est une autorité administrative qui va prendre la décision de la
dépense, va en ordonner le montant et le paiement. En matière de recette il constate l’existence de
créance détenues par les personnes publiques, en fixe le montant et en ordonne le recouvrement.
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L’ordonnateur jour un rôle capital en matière de dépense car il possède un certain pouvoir
discrétionnaire : il décide du caractère opportun ou non de la dépense et du moment ou va
naître la dépense ainsi que son montant. Il le fait dans la limite de l’enveloppe budgétaire mise
à sa disposition. Il y a plusieurs catégories d’ordonnateurs :
- Les ordonnateurs principaux : c’est le ministre. Il va émettre des ordonnances de paiement.
Ils ne peuvent engager toutes les dépenses prévues pour leur ministères.
- Les ordonnateurs secondaires : sont affectés à une circonscriptions territoriales déterminée
(depuis 1982 ce sont les préfets de département et de région sui sont ordonnateurs secondaires).
Il y a des ordonnateurs secondaires particuliers qui subsistent dans certains ministère. À la
Défense, c’est le général en charge de la région militaire, le recteur pour l’Education Nationale,
… Ils élèvent des mandats de paiement.
- Les ordonnateurs délégués : ils bénéficient d’une délégation de signature (par exemple les
responsables de programme).
- Les ordonnateurs suppléants : les remplacent en cas d’absence ou d’empêchement.
Pour les collectivités territoriales et établissements publics, il y a des ordonnateurs
principaux qui existent pour la commune. Le maire est ordonnateur principale. Pour la région le
président du Conseil régional, pour les établissements publics, le directeur ou président selon
l’appellation retenue dans l’établissement. Pour les départements c’est le Président du conseil
départemental.
Si ces ordonnateurs ne respectent pas les limitations imposées par la loi de finances et les
décrets de limitation, dans ce cas, ils encourent des responsabilités variées. La responsabilité n’est
pas facile à organiser car la plupart du temps le fait d’avoir méconnu les règles budgétaires ne
visait pas de détourner des fonds à son profit mais de contourner les lenteurs et rigidités de la
procédure. Exemple historique : le ministre de la Justice, M. Peyronet, avait acheté une salle à
manger mais n’avait aucun crédit pour le faire. Les conséquences de cet achat irrégulier : le
ministère est tombé en 1829 et le roi Charles X a été dans l’obligation de payer la charge sur un
fond particulier car cette dépense n’était pas couverte par des crédits budgétaires. La
responsabilité des ministres va différer selon qu’ils sont ordonnateurs ou ordonnateurs autre qu’un
ministre.
Responsabilités
La responsabilité des ministres ordonnateurs
Ils encourent trois responsabilité : civile, pénale, politique.
- La responsabilité politique : c’est l’exemple de M. Peyronet avec la chute du ministère. Les
députés peuvent déposer une motion de censure quand le gouvernement commet une
irrégularité budgétaire. Ce n’est pas fréquent.
- La responsabilité civile : le ministre doit payer la dépense irrégulière sur ses fonds
personnels. Elle est prévue par de nombreuses lois, mais c’est inefficace. Elles ne sont pas
appliquées. Cette responsabilité ne fonctionne pas pour des raisons juridiques et pratiques. Quelle
est la juridiction compétente pour engager la responsabilité civile du ministre ? Pas de
juridiction à part, la juridiction civile classique, … ? On ne sait pas trop. Et en pratique il y a une
disproportion très nette entre le patrimoine du ministre et les sommes dépensées irrégulièrement.
- La responsabilité pénale : prévue par l’article 68-1 de la Constitution et par une loi de 1922 qui
interdit au ministre d’engager des dépenses en violation de dépassement de crédit (quand il
n’y a pas de crédit en gros) de manière irrégulière, à peine de forfaiture (dégradation civique).
Cela a disparu du code pénal en 1994, donc aucun ministre n’a fait l’objet de poursuite
pénale pour infraction à la légalité budgétaire.
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La responsabilités des autres ordonnateurs (secondaires ou délégués)
Ce sont toujours des fonctionnaires. Ils encourent une responsabilité disciplinaire (non
plus politique), civile, pénale. Ces régimes ne sont pas plus efficaces que pour les ministres donc on
a créé la Cour de discipline budgétaire et financière.
- La responsabilité disciplinaire : le fonctionnaire qui a méconnu les règles budgétaires peut être
frappé de sanctions disciplinaires (révocation etc.) mais les sanctions n’interviennent pas dans
les faits, sauf dans l’hypothèse où l’irrégularité est commise par le fonctionnaire dans son intérêt
personnel. En général l’irrégularité commise est dans l’intérêt du service.
- La responsabilité civile : le problème est le même que pour les ministres. Mais il y a moins
de difficultés juridiques car il peut être traduit devant le juge administratif.
- La responsabilité pénale : la forfaiture prévue par la loi de 1922 ne marche pas plus que
pour le ministre.
2. Les comptables
Notion
C’est un agent public dont l’activité essentielle consiste dans le maniement des fonds
publics : recouvrent les recettes, payent les dépenses. Il est nommé par le ministre des finances
ou avec son agrément.
- Comptables publics à compétence générale : ils effectuent toutes les opérations de trésorerie,
d’opérations financières dont l’Etat est chargé, recettes et dépenses.
- Comptables principaux : ils rendent compte au juge des Comptes. Il y a une juridiction
des Comptes en France, la Cour des Comptes, et les comptables principaux déposent leur
comptes tous les ans et la Cour vérifie leur régularité. Ils ne peuvent pas tout faire
évidemment, donc ils centralisent les opérations des comptables secondaires. Ces
comptables sont les TPG (Trésorier Payeur Général) mais aujourd’hui on l’appelle
Directeur départemental des finances publiques, un dans chaque département.
- Comptables secondaires : ils ne rendent pas comptes à la Cour, ils les déposent auprès
du comptable principal. Ce sont les receveurs des finances, etc. Plusieurs noms.
- Comptables publics à compétences spéciales :
- Il y avait une trésorerie spéciale, sous Edith Cresson, mais cela a disparu.
- Les comptables des budgets annexes.
- Les comptables des services déconcentrés de la direction générale des douanes et
des droits indirects.
- Un contrôleur budgétaire et comptable ministériel placé auprès de chaque ministre.
La responsabilité encourue
Les comptables publics sont des fonctionnaires soumis à un régime particulier de
responsabilité. Un fonctionnaire classique voit sa responsabilité engagée uniquement pour les
fautes personnelles commises dans ses fonctions. Pour les comptables publics, la responsabilité
encourue est engagée quelque soit la nature de la faute qu’il a pu commettre. Il est
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pécuniairement et personnellement responsable de toute opération dont il a charge. Quel est le
champs d’application de la responsabilité ? Le comptable exerce trois missions :
- Il est gardien des fonds publics : chargé des mouvements de fonds qui lui ont été confiés.
- Il tient la comptabilité du poste comptable qu’il dirige : il enregistre toutes les opérations et
doit conserver les pièces justificatives des opérations qu’il effectue.
- Il est tenu d’assurer les contrôles en matière de dépense, de recette et de patrimoine.
La responsabilité est engagée sans qu’il soit nécessaire qu’il est commis aucune faute dans
l’exercice de ses fonctions. Ou bien il présente un déficit, ou bien une dépense a été payée de
manière irrégulière : ces seuls faits sont une faute. Il doit verser immédiatement sur ses fonds
personnels le montant de la somme manquante. Cette responsabilité s’étend à toutes les opérations
que le comptable a effectué depuis qu’il est installé comme comptable public et jusqu’à la cessation
d’activité. Le régime de responsabilité est particulièrement lourd. On a essayé de faire en sorte
d’assouplir la rigueur de ce régime.
La garantie de responsabilité : il y a un risque que le comptable public soit insolvable.
Pour ce prémunir de ce risque, le ministère des Finances exige du comptable un certain nombre de
garanties. Lorsque le comptable entre en charge, il doit verser un cautionnement auprès de la
Caisse de dépôt et consignation, qui ne lui sera restitué que quand il quittera sa fonction, et
qu’il aura reçu quitus de la Cour. Cela faisait que les comptables étaient recrutés au sein de la
bourgeoisie aisée. Dans les années 1910, on veut démocratiser le recrutement. J. Caillaux a
remplacé le cautionnement par une affiliation à l’association française de cautionnement
mutuel, association agréée par le ministère des finances. Les comptables versent une cotisation
annuelle égale à 1% du montant garanti. S’il ne peut pas payer sur ses fonds personnels pour une
faute, l’association avance les fonds et les récupérera ensuite. À côté du cautionnement, les
comptables peuvent souscrire une assurance personnelle volontaire pour se couvrir contre les
déficits de caisse. Le Trésor dispose d’un privilège sur les biens meubles du comptables : il dispose
d’une hypothèque légale sur les immeubles du comptable et du conjoint lorsqu’ils ont été acquis
après la nomination du comptable, sauf si le conjoint les a acquis sur ses fonds propres. Les biens
meubles sont des avoirs (actifs, immobiliers, actions, …) et le Trésor peut les capter en priorité.
L’hypothèque légale sur les immeubles : procéder à la vente à terme de cet immeuble et va se
rémunérer sur l’immeuble hypothéqué.
Le débiteur a disparu, le comptable peut être chargé de sa responsabilité. La responsabilité
ne peut être engagée s’il paie un dépense sur déposition régulière de l’ordonnateur (s’il lui
donne l’ordre de payer).
Egalement en cas de force majeure (précisée par le texte, guerre, vol, incendie) alors le
ministre des finances a l’obligation de décharger le comptable de sa responsabilité. S’il refuse,
la décision du ministre peut être attaquée par recours pour excès de pouvoir.
Le comptable peut demander toujours au ministre des finances une remise de gracieuse
en invoquant qu’il était de bonne foi et une disproportion des ressources dont il dispose et la
somme dont il est débiteur. Cela dépend de la bienveillance du ministre, c’est toujours un peu
aléatoire. Le comptable peut être protégé par le ministre des finances mais il n’est jamais protégé
par la Cour des Comptes. Les comptables principaux ont l’obligation de déposer tous les ans leurs
comptes auprès de la juridiction financière, la Cour des Comptes. « La Cour des comptes juge les
comptes, elle ne juge pas les comptables » adage.
L’affaire Nicolle : arrêt de cassation du Conseil d’Etat rendu en 1907 sur les conclusions
du commissaire du gouvernement de l’époque. Monsieur Nicolle a été mis en délai car il a versé
des primes aux éleveurs de vers à soie, et on lui a reproché de ne pas avoir vérifié assez de choses.
Il avait les pièces justificatives : les maires avaient adressé des pièces au TPG, mais elles étaient
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fausses, car les cocons étaient souvent remplacés par des cailloux qui pesaient plus lourd, donc les
factures étaient plus lourdes. Il aurait du être sur place. Tout cela montre une rigidité assez forte.
En matière de recette, on admet une certaine subjectivité. Le juge des comptes doit
apprécier si le comptable a exercé dans les délais appropriés toutes les diligences requises pour le
recouvrement. Une part de subjectivité admise, mais en matière de dépense non. La règle de
séparation des ordonnateurs et des comptables peut être enfreint.
3. La gestion de fait
Décision jurisprudentielle de la Cour des Comptes, reprise par une loi de 1963. Le problème
: il y a des personnes qui ne sont pas des comptables publics de droit (« patent »), et elles se sont
comportées comme si elles étaient des comptables (comptables de fait). Peuvent être traduites
devant juridictions financières et vont être soumises aux mêmes sanctions que comptables publics.
1. La procédure normale
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- L’ordonnancement : l’ordre donné au comptable de payer une dépense. On parle
d’ordonnance du payement pour les ordonnateurs principaux et de mandats de
payement pour les secondaires. Elles doivent être accompagnées des pièces
justificatives et sont soumises au visa du contrôleur budgétaire et comptable
ministériel. Il peut arriver qu’on oppose un refus d’ordonnancement (crédits
insuffisants, irrégularité budgétaire ou comptable, …). En cas de refus, créancier de l’Etat
(entreprise qui a conclu contrat avec l’Etat) peut engager recours pour excès de pouvoir.
- La phase comptable :
- Le payement : acte par lequel une personne morale se libère de sa dette (défini par la
loi de 2012). Cela est effectué par le seul comptable public. Avant de payer il vérifie la
régularité de la dépense (contrôle la qualité de l’ordonnateur, était-il compétent,
disponibilité des crédits (budget de l’ordonnateur), l’exacte imputation de la dépense,
validité de la créance donc si le service fait a été réalisé, est-ce que tout a été contrôlé
normalement, …). Le comptable public paye et vérifie la qualité du créancier. Il règle
la dépense par les modes de payement ordinaires et le payement libère de la dette.
L’opération de dépense est finie. Le comptable a un autre avantage sur le créancier : il
peut opposer la compensation au créancier. L’hypothèse : soit une personne publique,
l’Etat qui détient une créance sur une personne privée (un impôt), dans ce cas le
comptable peut opérer une compensation entre la créance qu’il doit payer et la dette
du créancier et il ne payera que la différence entre les deux sommes (facture et ses
impôts). Fréquemment utilisé par le Trésor public. Le créancier ne peut jamais opposer la
compensation.
La procédure normale est lente, complexe et inadaptée aux opérations qui supposent une
certaine rapidité.
Cela vise les dépenses urgentes ou qui sont répétitives. Pour ces dépenses, il y a des
entorses faites à l’ordonnancement. Il peut intervenir après payement à titre de régularisation.
Les dépenses urgentes et de faible montant sont visées (avances faites sur les frais de mission
liées à des déplacements impératifs pour les fonctionnaires). L’ordonnancement peut aussi
disparaître complètement : les dépenses dont le principe, le montant et l’échéance sont fixés
par la loi sont concernées. Exemple : les rémunérations des agents de l’Etat, ou les dépenses de
la dette publique (sommes importantes).
La régis d’avances
Un comptable public va charger un agent public que l’on va appeler régisseur
d’effectuer des dépenses pour son compte. Le régisseur n’est ni comptable ni ordonnateur. Il va
recevoir de ce comptable l’avance des sommes qui sont nécessaires au payement de certaines
dépenses qui sont limitées dans leur montant et leur durée. Ce sont les dépenses de petite
fourniture de bureau par exemple, de remboursement de frais de mission, la rémunération de
vacation. Elles sont créées par un arrêté du ministre des Finances et du ministre intéressé. Une fois
créées, le régisseur est nommé par l’ordonnateur avec l’agrément du comptable. L’ordre
normal de l’opération est inversé : le payement intervient en premier et toutes les opérations qui
relèvent de la compétence de l’ordonnateur n’interviennent qu’a posteriori à titre de
régularisation.
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3. La prescription quadriennale
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- Le recouvrement : le règlement auprès du comptable public de la dette du débiteur
de la créance. Le recouvrement peut être spontané : on parle alors de recouvrement
amiable. Ou il peut être forcé : dans ce cas le comptable public va mettre en oeuvre des
procédures d’exécution forcée à l’encontre du débiteur qui est récalcitrant à payer. Il
peut émettre un avis à tiers détenteur : un avis envoyé à personne ou à banque de
personne débitrice. Il peut procéder à saisie biens meubles/immeubles. Les comptables
publics chargés du recouvrement sont des comptables de la direction générale des
finances publiques. Ils ont compétence pour plupart impôts (Etat et locaux).
A priori chapitre 3 ? C’est mettre en pratique la politique définie dans la loi de finances.
Elle est assurée par un appareil complexe qui a pour centre ce que l’on appelle le trésor. Le Trésor
va bénéficier de l’aide d’un certain nombre d’alliés. Le Trésor a un large éventail de ressources
(impôts et emprunts) pour exercer ses fonctions.
1. Le Trésor
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- La gestion de la dette de l’Etat et la gestion de la trésorerie de l’Etat : l’ensemble des
emprunts contractés par l’Etat et ajuster les périodes où on a plus de recettes et de dépenses
dans une année, lisser tout cela dans le temps. Cette gestion est la fonction classique du Trésor
et est en quelque sorte sa fonction presque historique. Cette gestion est confiée à une agence,
l’Agence France Trésor (AFP), service rattaché à la direction, mais qui a une réelle autonomie.
Compte de commerce qui décrit l’ensemble des faits budgétaires qui découlent de la gestion en
cause.
- Le Trésor participe à la direction de la politique économique nationale : il travaille avec la
direction du budget, de l’INSEE, et son rôle est de veiller au financement de l’économie. Il
va élaborer des réglementations pour finance, banques, assurances, …
- Le Trésor va exercer la tutelle financière sur les entreprises du secteur public, par
l’intermédiaire d’un de ses services : l’Agence des Participation de l’Etat (APE). Cette tutelle
financière : présent au conseil d’administration des entreprises du public. La direction du
Trésor gère les variations du périmètre public (nationalisations / privatisations).
- Le Trésor va assurer la représentation internationale de la France en matière économique
et commerciale. Elle va intervenir à l’échelon européen. La Direction du Trésor va préparer les
réunions des ministres des finances de l’UE (français) : les conseil éco fin, ou l’euro-groupe
dans le champ européen. À l’échelon international, le Trésor représente la France dans les
organisations économiques et financières internationales (FMI, Banque Mondiale, OCDE,
OMC, …). Trésor gère aussi la zone franc. Il va aider au développement en octroyant des aides.
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renouvelable une fois. Ils sont irrévocables. Conseil général avec les trois et des conseillers
(7) qui administrent la banque (pas un rôle capital).
- Les missions actuelles de la Banque de France : deux types de missions, d’exécution de
la politique monétaire définie dans le cadre du SEBC et de l’eurosystème (Etats de la zone
euro). Missions de banques traditionnelles.
- Les relations dans l’eurosystème : eurosystème définit la politique monétaire pour
les Etats qui ont adopté l’euro. Il se compose de la BCE créée en 1998, et banques
centrales nationales des Etats qui ont adopté l’euro. Les décisions sont centralisées au
niveau du conseil des gouverneurs et donc il regroupe au niveau européen les
membres de la gouvernance des banques et gouverneurs de la BCE. Mais tous les
Etats européens n’ont pas adopté l’euro d’où le SEBC.
- Le SEBC : rassemble BCE, BC nationales de tous les Etats membres. Exerce des
missions fondamentales prévues par les traites (notamment TFUE). Quelles sont les
missions ? Définir et mettre en oeuvre la politique monétaire de l’union. Deuxième
mission : conduire les opérations de change et également de détenir les réserves
officielles de change des Etats membres. Que fait la Banque de France ? Elaboration
de la politique monétaire (participation) = taux de change et taux d’intérêt. Banque
de France va aussi mettre en oeuvre cette politique monétaire sur le territoire
national. Comment fait-elle ? Intervient après autorisation de la BCE : elle fabrique la
monnaie fiduciaire, détient et gère les réserves de change en or et en devise. Elle
veille aussi au bon fonctionnement des moyens de payement (chèques, CB, services
en ligne etc.). Elle tient les comptes des banques (les établissements de crédit) et gère
le système européen Target, qui permet le règlement sécurisé des payements d’un
montant élevé au sein de l’UE.
- Elle a aussi des missions d’intérêt général traditionnelles : recherche de la stabilité
financière, ces missions pouvoir de règlementation, d’information et de gestion. Va
donner un avis sur tous les projets de texte de portée générale dans le domaine
bancaire (très large, domaine financier et assurance en plus). À cet effet, un comité
consultatif de la législation et de la réglementation financière. Il y a aussi ce qu’on
appelle une autorité de contrôle prudentiel : autorité administrative indépendante,
donc elle est certes liée au pouvoir mais indépendante du pouvoir. Elle est présidée
par le gouverneur de la Banque de France avec des membres de la direction du
Trésor. Cette autorité délivre les agréments nécessaires pour accéder aux activités
de banque (essaye pas de banque fragile). Dans le pouvoir de réglementation il y a
aussi un pouvoir de sanction contre des établissements de crédit. Deuxième pouvoir,
le pouvoir d’information : la banque de France est une banque de données qui gère
plein de fichiers (fichier central des chèques et CB = centralise les interdictions
bancaires et judiciaires d’émettre des chèques ; le fichier national des chèques
irréguliers = va recenser les info sur chèques perdus, volés, … ; fichier bancaire des
entreprises qui indique l’endettement bancaire des entreprises et la notation des
entreprises par la Banque de France). Troisième pouvoir : pouvoir de gestion, la
Banque de France est un allié du Trésor (Etat dans ses fonctions financières, un
service du ministère des finances) => jusqu’en 1994 la Banque de France pouvait
accorder des avances à l’Etat (des concours au Trésor) qui avaient un montant
maximal de 20,5Ma de francs, et sur ceux-là, 10,5Ma n’étaient pas rémunérés. Ces
avances consenties par le Trésor à l’Etat étaient importantes mais rarement utilisées, et
aujourd’hui les avances sont complètement interdites car les statuts de la Banque
de France imposent l’indépendance. La Banque de France va rendre deux services
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CM complet - Finances publiques
au Trésor : le premier est le compte courant du Trésor, gratuitement, qui est le
compte unique et central qui va retracer tous les jours toutes les opérations
qu’effectuent les comptables du Trésor sur le territoire. Deuxième service rendu par
la BCE : elle va participer à la gestion de la dette publique, moyennant
rémunération. Elle va mettre ses guichets à la disposition du Trésor pour qu’il place
les emprunts qu’il émet et elle va organiser les séances d’adjudication lors d’émission
de titres émis par le Trésor (la mise en vente des produits financiers).
- La caisse de dépôt et conciliation : Création en 1816. On la créé car on veut une structure
indépendante de l’Etat. Cette gestion sert à gérer les consignations judiciaires (sommes
consignées dans un procès, si somme en litige, la décision de justice peut consigner la somme qui
n’est pas attribuée à quelqu’un, donc elles sont transférées dans cette caisse). Le but de cette
caisse : rétablir la confiance dans le crédit de l’Etat, sa devise est « Foi publique ». C’est une
catégorie d’établissement public à elle seule. En 1837, la caisse de dépôt et conciliation a eu la
mission (sur l’initiative de Lamartine) la gestion des fonds déposés dans les caisses d’épargne
(sommes importantes). À l’heure actuelle, beaucoup d’institutions d’épargne et de
prévoyance lui sont rattachées. Elle a des ressources assez importantes (environ 250Ma
d’euros, se rapproche du budget de l’E de 300Ma) et un statut qui lui garantit une indépendance.
Elle assure des missions d’intérêt général.
- L’organisation : placée sous la surveillance et la garantie de l’autorité législative
(sous l’autorité du parlement). Elle a un directeur général qui est nommé par décret du
président de la République. Ce directeur général a une autonomie certaine à l’égard de
l’exécutif puisqu’il ne peut pratiquement jamais être révoqué. Mais organe clé la
commission de surveillance, présidée par un parlementaire et composée de
parlementaires, 13 membres, 3 députés, 2 sénateurs, 3 experts (2 nommés par le
président de l’AN et 1 par président du Sénat), … le directeur général du Trésor,
gouverneur de la Banque de France etc. Joue un rôle capital pour les décisions
importantes. C’est elle qui va faire la politique de la caisse dépôt et conciliation
(aujourd’hui présidée par M. Henri Emmanuelli, député socialiste).
- Les missions : Elle exerce des missions d’intérêt général et des activités dites
concurrentielles. Les missions d’intérêt général : elle reçoit toutes les conciliations,
quelle qu’elle soient, et les sommes déposés chez le notaire. Elle gère l’épargne
populaire : livrets A de toutes les banques transitent par la caisse. Elle gère aussi les
caisses de retraite et les fonds de retraite, la trésorerie de la sécurité sociale et
consent des prêts aux collectivités territoriales (en faveur du logement social, de
l’environnement, ou des PME). Les activités concurrentielles sont étroitement liées aux
activités d’intérêt général. Elles sont exercées par un nombre important de filiales qui
sont implantées un peu partout dans le monde (secteur immobilier, filiale Icabe,
services Egis, … ?). Ces activités concurrentielles vont concerner la banque et
l’assurance. Les activités de banque : les filiales s’intéressent au prêt, vont faire du
conseil en financement. Activité d’assurance, exemple, CNP assurance (Caisse
nationale prévoyance ?) est une des activité de la caisse de dépôts et conciliations. Elle
est aussi actionnaire avec l’Etat de la BPI (Banque public d’investissement), société
anonyme créée en 2012. La caisse dépôt détient 50% et l’Etat 50%. Il s’agit d’un
compagnie financière dont la mission est de soutenir les PME et entreprises
innovantes. Pour ce faire BPIFrance regroupe des services assurés auparavant par des
établissements financiers : le fond stratégique d’investissement (2008) par exemple.
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CM complet - Finances publiques
Donc sur les 300Ma il y a environ 230Ma de dépenses quasi incompressibles. Il faut les
financer. D’abord par les recettes fiscales (largement insuffisantes = 220Ma environ). Donc 80Ma
de déficit qui doit être financé par des ressources de trésorerie et donc par emprunt. Les recettes
fiscales de l’Etat sont insuffisantes (TVA 50%, IR et Impôt sur les sociétés). Quel montant estimé de
la dette publique : 96% d’endettement par rapport au PIB, plus de 2000Ma d’euros de dette
publique. Cette dette est principalement externe (souscripteurs d’emprunts majoritairement
étrangers).
b. L’emprunt
C’est à la fois une technique. Deux types d’emprunts : à LT et MT et à CT.
- Les emprunts à long et moyen terme : ils sont toujours utilisés mais les modalités ont beaucoup
changé. Il y avait des emprunts perpétuels et des emprunts amortissables.
- L’emprunt perpétuel particularité : le capital qui était souscrit n’était jamais
remboursé donc on avait une rente perpétuelle de manière indéfinie dans le temps. Avec
l’instabilité monétaire qui apparait au XXe ces emprunts furent décriés, donc le dernier
emprunt perpétuel a été émis en 1949 et remboursé en 1987. Ça n’existe plus.
- Les emprunts amortissables : N’existent plus non plus. Avaient une très longue durée.
Ils étaient prévus pour une durée allant de 50 à 75 ans. Pour les rendre attractifs, l’Etat
devait accorder des avantages fiscaux importants. Cela coutait cher, donc ils ont
disparu. Dernier exemple d’emprunt : l’emprunt Pinay en 1952- 1958. Il était indexé
sur une pièce d’or : le napoléon. Et un avantage fiscal, l’exonération de droits de
succession. Ces emprunts à LT se sont révélés très coûteux.
- Par la suite on a émis des emprunts pour une durée plus courte de 10 à 15 ans avec une
technique nouvelle appelée syndication. Les emprunts étaient pris en charge par un
syndicat d’établissements bancaires en contrepartie d’une contribution versée par le
Trésor. Mais les banques ensuite vont se charger de placer dans le public ce qu’elles
ont acheté au Trésor. Cela reste assez coûteux.
- Aujourd’hui l’Etat émet des emprunts à LT pour une durée plus courte de 8 à 10. Ils
ont deux formes : les OAT et BTAN.
- Les OAT (Obligations : dites assimilables, en raison de la possibilité de rattacher ces
obligations à une tranche d’emprunt émise antérieurement, du Trésor). La plupart des
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OAT sont émises pour une durée qui va de 7 à 15 ans. En général elles sont à taux
fixe. Parfois elles sont à taux variable notamment quand elles sont indexées sur des
éléments tels que l’inflation, les taux d’intérêt à LT, … Les OAT sont émises selon la
technique de l’adjudication à la hollandaise. La technique va mettre en
concurrence des souscripteurs qui vont faire des offres de prix par rapport à la
somme que le trésor souhaite emprunter. Le Trésor va retenir les offres qui
présentent les meilleures conditions (taux d’intérêt les plus bas et en deuxième lieu
celles qui ont le taux d’intérêt qui est immédiatement supérieur etc. jusqu’à
épuisement totale du montant proposé pour l’émission).
- Les BTAN (Bon du Trésor à Taux fixe et à intérêt Annuel) : une durée de 2 à 5 ans, ces
techniques d’emprunt figurent dans les possibilités offertes au ministre des
finances pour couvrir les besoins de finances (il est habilité à émettre tous les
emprunts possibles).
- Les emprunts à CT : les bons du trésor à taux fixe et à intérêt précomptés (payés à
l’avance). Ils sont émis pour 3 mois, 6 mois ou 1 an. Il s’agit de couvrir les besoins de
trésorerie de l’Etat. Ces BTF sont moins importants en volume que les LT et MT.
c. La dette publique
Ensemble des emprunts que l’Etat a émis. L’agence France Trésor gère cette dette
publique. Il y a deux types de dettes publiques : la dette négociable (dette qui est contractée sous
forme d’instruments financiers qui sont échangeables, négociables sur les marchés financiers,
OAT, BTM et BTF) et la dette non-négociable (concerne les dépôts des correspondants du
trésor, des personnes morales ou physiques obligées de déposer leurs fonds auprès du Trésor,
exemple : les dépôts des collectivités locales). Ces correspondants les plus importants sont les
collectivités territoriales est les établissements publics nationaux et locaux. La dette de l’Etat
apparaît clairement : elle s’élève à 1600 Ma d’euros. La dette négociable est détenue de manière
majoritaire par des non-résidents (plus de 50%). La dette que l’on retient aujourd’hui est celle issue
du critère de Maastricht (dette souveraine), plus de 2000Ma et s’est énormément accrue depuis
2007. AFT va gérer de manière active la seule dette de l’Etat (donc pas CT ou sécu) et va
essayer de réduire le coût de la dette et la durée de vie de la dette. Pour cela elle utilise deux
instruments : les SWAPS (contrats d’échange des taux d’intérêt) et les rachats de dette. Les
SWAPS : si l’Etat empruntait à 10% et qu’il peut émettre un emprunt à 8% moins de charge,
donc important.
L’AFT va intervenir sur le marché financier pour négocier les obligations. Ce marché se
compose d’un marché primaire et secondaire. Le marché primaire : marchés sur lesquels on va
présenter les titres lors de leur émission. Secondaire : on échange des titres déjà émis, déjà en
circulation. Pour échanger les titres, l’AFP va être assistée par des spécialistes en valeur du
Trésor (SVT). Ce sont des établissements financiers ou des banques (nationales ou étrangères),
pour la France BNP, Société Générale ou Crédit Suisse par exemple. Ces spécialistes ont des
missions importantes sur le marché primaire, où s’offre les titres quand ils sont émis. Sur le
marché primaire, les spécialistes en valeur du Trésor vont conseiller l’agence France Trésor
sur la conduite de sa politique d’émission d’obligation. Ces SVT vont avoir en charge le
placement des titres d’Etat et vont participer aux adjudications (vente des obligations). D’après le
statut ils ont l’obligation d’acquérir au moins 2% des titres émis par l’Etat. Sur le marché
secondaires, les SVT vont assurer la cotations en bourse des titres émis. AFT = enjeu de
financer la dette publique de manière moins onéreuse. L’AFT a un statut un peu spécial : le
personnel n’a pas nécessairement le statut de fonctionnaire.
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d. Qu’est-ce qu’un emprunt ?
Quelle est la nature juridique de l’emprunt. Quand l’Etat émet un emprunt, on a affaire à
un contrat qui est conclu entre le souscripteur et l’Etat lui-même. Le souscripteurs est soit une
personne physique, soit morale, et l’Etat est le Trésor public. L’emprunt a des caractéristiques qui
sont fixées de manière unilatérale par l’Etat : il fixe la durée, le taux, les modalités de
remboursement. Le contrat est un contrat d’adhésion (en tant que souscripteurs j’accepte les
conditions, sinon je ne souscris pas).
Comment peut-on qualifier ce contrat ? Est-ce un contrat de droit privé ou administratif ?
Dans le contrat administratif, il y a des prérogatives de puissance publique, des clauses
exorbitantes. En droit privé, le souscripteur et l’émetteur sont à égalité. Il n’y a pas de
jurisprudence sur le sujet, mais c’est plutôt un contrat administratif. Il y a la plupart du temps
dans l’emprunt que l’Etat émet des clauses exorbitantes du droit commun : l’indexation (sur
certains biens, des garanties offertes, …). Le régime est exorbitant du droit commun car l’emprunt
est autorisé par la loi de finances (pas si fréquent). Les caractéristiques de l’emprunt sont définies
par décret par ailleurs. Et les modalités techniques de l’emprunt vont être établies par arrêté du
ministre des finances. Pour les emprunts des collectivités territoriales : là encore, la
jurisprudence n’a jamais statué sur la nature juridique de ces emprunts d’Etat. Mais les emprunts
que les collectivités territoriales ont pu émettre sont analysés par la jurisprudence comme des
contrats de droit privé car ils ne comportent pas des clauses exorbitantes de droit commun et
peuvent ne pas faire participer le cocontractant à une mission de service public. Pour les emprunts
d’Etat, l’Etat a des prérogatives de puissance publique qui sont énormes, plusieurs méthodes pour
réduire les charges de l’Etat :
- La conversion de l’emprunt : elle permet de réduire les intérêts de la dette. Elle donne au
souscripteur de l’emprunt le choix entre deux situations : ou bien il accepte un remboursement
anticipé de ses anciens titres, et il accepte leur échange avec de nouveaux titres étant
assortis d’un intérêt inférieur ou d’avantages fiscaux réduits. L’opération ne doit pas
pénaliser le souscripteur de l’emprunt et doit être avantageuse pour l’Etat. Exemple de
conversion d’emprunt : l’emprunt Pinay 1952-1958 a été converti en emprunt Giscard en
1973, il avait des avantages sérieux, exonération des droits de succession, remplacement par un
autre avantage, l’indexation des titres de Pinay sur les pièces d’or Napoléon, finalement a coûté
très cher aux finances publiques.
- L’amortissement anticipé : pour réduire les charges de l’Etat, on veut réduire la réduction
du capital (et non plus les intérêts). Il doit être remboursé par anticipation. Cela suppose que
l’Etat dispose de ressources suffisantes pour procéder à cet amortissement anticipé. Possible que
s’il est expressément prévu lorsque l’emprunt a été émis.
- Les emprunts forcés : exemple, en 1976 il y avait eu une sécheresse, pénalisant les agriculteurs,
indemnisation donc pour financer, on a créé un emprunt qui s’est appelé « Impôt-sécheresse »
mais sur le fond c’était un impôt forcé, on a imposé au contribuable ordinaire de financer les
indemnités aux sinistrés du monde agricole.
Deuxième type de contrôle. Corps créé sous Napoléon en 1801, statut revu et corrigé. Corps
de l’Etat tout à fait prestigieux, majors de l’ENA (Macron, VGE, Rocard, …). 260 personnes en
tout et pour tout, la plupart en détachement. Vocation interministérielle de cette inspection : pas
spécifique au ministère des finances. Compétence de principe à l’égard de tous les comptables
publics sauf les comptables militaires, corps spécial, corp de contrôleurs des armées en raison du
secret défense. Inspection des comptables publics faite par inspection des finances : de manière
inopinée, à l’improviste et se déroule sur place. Peut être effectuée par un inspecteur seul (une
tournée) ou par un petit groupe de jeunes inspecteurs (brigade de vérification). Inspecteur des
finances arrive chez le comptable : fait arrêter toutes les activités du service, vérifie la caisse,
recense les fonds et les valeurs et prend des mesures si la caisse présente un déficit.
Généralement il constate un certain nombre d’éléments et rédige un rapport contradictoire
(observations de l’inspecteur, la réponse du comptable public, un échange). Rapport adressé au
ministre, prendra les mesures qui s’imposent. Le contrôle est-il fréquent ? Non. En général tous
les 7 ou 8 ans directeur général des finances publics, mais les bureaux de poste ne seraient
inspectés que tous les 200 ans. Inspection générale des finances contrôle les comptabilités des
comptables et comptabilités administratives des ordonnateurs. Vérifie le bon emploi des fonds
publics, utilisé conformément à l’intérêt général, et peut proposer des réformes pour des
dysfonctionnements que l’on a pu constater. Rapports qui sont rendus publics, mais pas tous
(secret). Rapports très variés, exemple 2011 sur les dépenses fiscales et les niches sociales. Contenu
rarement très critique, à décoder.
Une institution dès le XIVe siècle sous un autre nom, chambre des comptes de Paris par
exemple. Créé officiellement dans la mouvance de cette tradition de contrôle juridictionnel en
1807. Juridiction administrative qui est indépendante à la fois du pouvoir législatif et exécutif.
Indépendance garantie pas la Constitution. Activité de plus en plus vers évaluation des politiques
publiques.
a. Organisation
Très inspirée de l’organisation des juridictions judiciaires. La Cour rend immédiatement
après la cour de cassation (avant le Conseil d’Etat). Comprend des magistrats du siège et un
ministère public.
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Magistrats du siège : inamovibles, nommés par décret du Président de la République,
recrutés par l’ENA. Les jeunes sont des auditeurs, puis des conseillers référendaires (et un cas
de conseillers référendaires sont nommés au tour extérieur, pas recrutés par l’ENA, mais parmi des
fonctionnaires, nommés par le gouvernement, 1/4). Premier président dirige la Cour, parfois
originaire du corps de magistrat, ou non. Exemple : 1er président issu de son corps Pierre Jox (?),
ou Philippe Seguin issu de la Cour des Comptes, aujourd’hui Didier Migaud (?) pas issu de son
corps. Essentiellement une gestion administrative. La Cour est composée de 450 personnes mais
la moitié est en poste à la Cour (pantouflage, activité privée etc.). La Cour comprend 7 chambres,
chacune avec un président. Spécialisées sur des thématiques telle que les finances pour l’une,
l’éducation etc. Un certain travail de recherche d’infractions commises à la légalité budgétaire et
travaillent sur des rapports, des thèmes spécifiques.
Un ministère public : le parquet de la cour des comptes avec un procureur général
nommé par décret en Conseil des ministres (discrétionnaire), révocable. Assisté d’un 1er avocat
général et de trois avocats généraux choisi parmi les magistrats de la Cour. Le procureur général
veille au respect de la légalité. Il va exercer son ministère par voie de réquisitions (cadre du
contrôle juridictionnel) et également par voie de conclusion (les projets de rapports publics
transmis par les chambres, cadre de réflexion administrative).
b. Contrôle juridictionnel
La Cour juge les comptes des comptables publics (non les comptables eux-mêmes).
Jugement de la Cour objectif, cf. affaire Nicolle avec les vers à soie. Tous les comptables publics
principaux ont l’obligation de déposer leurs comptes pour chaque exercice avant le 31 juillet de
l’année qui suit l’exécution de la loi de finance. Compte de l’année 2015 par les comptables à la
Cour. Reçoit des comptes des comptables patents et comptables de fait. Tous les comptes sont
accompagnés de toutes les pièces justificatives des opérations qui ont été faites (des liasses qui
représentent plus de 500 tonnes tous les ans). Comptes sont jugés par une chambre : il y a un
rapporteur qui examine les comptes et rédige un rapport sur ce compte, un contre-rapporteur
qui est choisi parmi les conseillers maîtres (gens les plus âgés) et vérifie observations faites par le
rapporteur et les rapports sont communiqués au procureur général.
c. Procédure de contrôle
Procédure écrite, par questionnaire, demande de pièce, même si le rapporteur peut se
rendre sur place pour entendre le comptable. Pouvoir d’investigation. La procédure est
contradictoire (rapporteur et contre-rapporteur), rapport fait en discussion écrite avec le comptable.
Procédure pendant très longtemps secrète : l’instruction n’était pas publique. Mais aujourd’hui c’est
très largement allégé par obligation du fait de la Convention européenne des DDH. Deux types
d’arrêts : l’arrêt de décharge et arrêt de délai.
L’arrêt de décharge suppose que le compte du comptable est totalement régulier.
L’arrêt de délai : le compte est irrégulier, déficit dans la caisse, comptable va être condamné à
rembourser la somme manquante. Peut demander à être déchargé de sa responsabilité dans
une demande au ministère des finances dans l’hypothèse de force majeure (ministre obligé
d’accorder la décharge, vol, incendie, guerre etc.), ou hypothèse de demande de remise gracieuse
(situation familiale, de disproportion entre somme et irrégularité commise etc. décision
insusceptible de recours contentieux, on ne peut pas attaquer la décision du ministre).
Les voies de recours contre ces arrêts : deux voie, le recours en révision ou en cassation
quand on est mis en délai. Le recours en révision peut intervenir quand il y a des éléments
nouveau, que l’on peut produire des pièces nouvelles. Le recours en cassation devant le Conseil
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d’Etat qui chapeaute la Cour des comptes, recours en cassation suppose des moyens :
incompétence, vice de forme, violation de la loi.
La Cour des comptes est juge d’appel des jugements rendus par les chambres
régionales des comptes.
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2) Chambres régionales et territoriales des Comptes
Juges des comptables publics des collectivités territoriales. Les chambres régionales et
territoriales des comptes créées par la loi du 2 mars 1982 relative à la décentralisation, droits et
libertés des communes, des départements et des régions. CRTC nombre réduit : aujourd’hui 15 en
métropole, 5 outre-mer. Organisation calquée sur la CdC. Deux types de personnes : les
magistrats du siège inamovibles, nommés par décret, recrutés par l’ENA, et un parquet
représenté par des procureurs financiers qui ne sont pas inamovibles. Quel est le travail des
CRTC ? Vont vérifier les comptes des comptables publics locaux, patents ou de fait, à
l’exclusion des comptables publics d’Etat qui relèvent de la compétence de la CdC. Travail
considérable, plus de 2000 comptes jugés chaque année. Exercent aussi contrôle administratif
(comme CdC) : un contrôle de gestion un contrôle budgétaire :
- Contrôle de gestion porte que la bonne gestion financière locale. On s’intéresse aux
ordonnateurs locaux, maires, président de conseil général, et régional. Critiques sur la gestion
d’un tel etc. Nombre important de rapports, environ 500 par an.
- Contrôle budgétaire : se manifeste dans 3 hypothèses, lorsque le budget primitif d’une CT est
adopté en retard, quand le budget de la CT est en déséquilibre (budgets locaux doivent tjr
être présentés en équilibre), ou la collectivité refuse d’inscrire dans le budget des dépenses
obligatoires. Alors la CRTC est saisie par le préfet et adresse un avis qui vaut mise en demeure à
la collectivité considérée, et si pas suivi de fait, le préfet rend l’avis exécutoire. On transforme
l’avis de la CRTC en décision administrative qui va être susceptible de recours contentieux. Plus
de 500 par ans.
Créée par une loi de 1948. On a constaté que les ordonnateurs commettaient des
irrégularités mais pas de sanction efficace. Une activité un peu faible de cette juridiction.
Organisation : Composition mixte, membres de la CdC et du Conseil d’Etat. A une compétence
limitée. La compétence s’exerce sur personnes énumérées de manière limitative : exclusion de la
compétence de la Cour des ordonnateurs investis d’un pouvoir politique, càd membres du
gouvernement, les maires et adjoints, présidents élus de conseil régional, général, car leur
responsabilité peut être engagée sur le plan politique. Débats en 1981, on prévoyait de mettre les
maires et présidents en justiciables de la Cour. Membres des cabinets ministériels sont justiciables
etc, fonctionnaires ou agents civils de l’Etat et CT sont membres dans le cabinets et aussi
associations qui bénéficient de fond publics. Mais si membres peuvent prétendre qu’elles ont reçu
un ordre écrit de l’autorité supérieure, aucune sanction ne peut être prononcée.
Information principalement par l’intermédiaire des commissions des finances qui ont le
pouvoir de s’informer et le droit d’être informées. Contrôlent l’exécution, ont un président, un
rapporteur, … cf. cours précédent. Pouvoir d’investigation sur pièce et sur place (auditions). Ont
le droit de se faire communiquer des renseignements d’ordre financier et administratif. Si pas
communiqué, peuvent demander au juges administratifs de faire cesser la rétention
d’information sous astreinte. Droit d’être informé : toutes les modifications apportées aux
crédits en cours d’exécution par le gouvernement (virements, transferts de crédits, annulations,
décrets d’avance). Tout cela est transmis aux commissions des finances.
Loi de constat qui permet au Parlement d’examiner les résultats de l’exécution de la loi
de finances. CdC joue un rôle essentiel : elle produit un rapport sur le projet de loi de
règlement, rapport détaillé et précis. Ce document (rapport et projet de loi) va être accompagné de
documents particuliers : annexes explicatives. Elles développent par programme ou dotation le
montant définitif des crédits ouverts et des dépenses constatées. Annexes vont indiquer les
écarts qui existent entre l’autorisation initiale et les modifications intervenues en cours d’exécution.
Deuxième document : les rapports annuels de performance. Vont mettre en évidence par
programme les écarts constatés entre prévisions et réalisations.
Loi de règlement est enfermée dans des délais : déposé et distribué avant le 1er juin de
l’année qui suit l’année d’exécution. Projet de loi de finances de l’année n ne pourra pas être
mis en discussion si la loi de règlement n’est pas adopté. Cadre nouveau imposé par la LOLF.
Toutes ces améliorations sont-elles efficaces ? Non, sceptiques. Mais un peu plus sérieux
quand même. Parlement souvent se désintéresse complètement de la loi de règlement.
Exemple : budget de 1915 a été réglé en 1936… Aujourd’hui, on cherche à faire attention, mais le
Parlement français n’aime pas trop contrôler ce qui a été fait. Se veut acteur de la vie politique et
non contrôleur.
Exemple de sujet d’examen : Les diverses lois de finances, les budgets annexes des comptes
spéciaux, … de petites questions et on ouvre différemment. Principes budgétaires, … Pas de plan,
problématique etc. Pas élaboré, je sais ou je sais pas.
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