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Chapitre introductif de la loi de finance

Sciences Economiques et Gestion (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès)

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Chapitre introductif : les fondements des finances publiques

1- Définition des finances publiques


✓ Les finances publiques désignent l'étude des règles et des opérations relatives aux
deniers publics.
✓ Les finances publiques ont pour objet l’étude des problèmes financiers qui se posent
aux personnes publiques ainsi que l’étude des règles juridiques qui leur sont
appliquées.
✓ Selon le critère organique, les finances publiques peuvent aussi être présentées comme
l’ensemble des règles gouvernant les finances de l’État, des collectivités locales, des
organismes de sécurité sociale, des établissements publics et de toutes autres
personnes morales de droit public. C’est un champ à la croisée du droit fiscal, du droit
constitutionnel, ainsi que de la comptabilité publique.
✓ Selon Gaston Jèze, la science des finances consiste en « l’étude des moyens par
lesquels l’Etat se procure les ressources nécessaires à la couverture des dépenses
publiques et en repartit la charge entre tous le citoyens ».

2- L'évolution de finances publiques dans le temps

Les finances publiques ont connu deux grandes périodes, celles des finances publiques
classiques et moderne.
L'évolution des finances publiques a concerné les deux périodes, mais avec des contextes de
naissance différents.

A- Les finances publiques classique

Nées dans le cadre de l'État libéral c'est-à-dire intervenant le moins possible dans la vie
économique « État gendarme », les finances classiques sont simplement destinées à financer
les activités essentielles dites souvent « régaliennes »de l’État (diplomatie, défense, police et
justice) et présentent, selon les théoriciens de l’époque, quatre caractéristiques.
Elles sont tout d'abord limitées quant à leur domaine d'intervention et ont, par conséquent, un
volume réduit (environ 8 à 12 % du produit national).
Par ailleurs, les finances publiques à l'époque sont neutres et insensibles. Par « neutres », on
veut dire qu'elles ne sont pas destinées à atteindre des objectifs financiers, pas plus qu'elles ne
doivent se porter au secours de secteurs en difficulté.

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Par « insensibles » on veut dire qu'elles ne ressentent pas les fluctuations de la vie
économique : il n'y a pas de raison de diminuer les dépenses des services étatiques en fonction
des résultats de la conjoncture. Il n'est que dans les périodes critiques comme les guerres
qu'elles augmentent sensiblement ; on recourt alors provisoirement à l’emprunt, Sinon, les
recettes varient peu et on prélève les mêmes impôts.
Car, et c'est la troisième caractéristique des finances publiques classiques, seul l’impôt est
légitime : les autres catégories de ressources sont inconciliables avec les nécessités de l'État
libéral. Les revenus du domaine, si importants sous l'Ancien Régime, sont devenus
négligeables. L'État, qui ne souhaite pas interférer dans la production, ne met pas en valeur
son domaine et ne tire que peu ou pas de revenus des rares entreprises qu'il possède (Postes,
tabacs et manufactures).
Enfin, selon l’orthodoxie classique, le budget de l'État doit être équilibré. Les dépenses
doivent être égales aux ressources définitivement acquises, c'est-à-dire aux impôts
effectivement perçus. Réaliser l'équilibre budgétaire est plus qu'une règle, presque un dogme.
Les dépenses ne doivent pas être supérieures aux recettes. Le déficit budgétaire est prohibé
car il aurait pour conséquence des pratiques financières douteuses. Mais les recettes ne
doivent pas non plus être supérieures aux dépenses car ces levées de fonds qui sont
indispensables conduiraient à des prélèvements de liquidités qui ne seraient donc plus
disponibles pour l'économie. Il en résulte l’application de la technique de l'impôt de
répartition : l'État fixe les recettes par rapport aux dépenses préalablement déterminées. Le
produit de l'impôt est ensuite réparti dans le pays de manière à ce que les recettes soient
exactement égales aux dépenses. L'équilibre budgétaire est donc nécessairement respecté.

B- Les finances publiques modernes

Les finances publiques modernes, quant à elles, sont celles qui ont caractérisé la situation des
finances publiques depuis l’après les deux guerres. Elles sont liées à la notion de l’État
providence.
La Première Guerre mondiale touche, pour la première fois, non seulement les militaires mais
aussi les civils. Gourmande en hommes et en matériel, elle va obliger les industries civiles à
se transformer pour contribuer à l'effort de guerre. C'est l'État qui va imposer ces
transformations, intervenant directement dans la définition des productions. Par ailleurs, pour
remplacer la main-d'œuvre partie au front, l'État va encourager le travail des femmes. Enfin, il
interdira certaines productions, répartira autoritairement les biens qui font le plus cruellement

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défaut, etc. Bien plus, l'État sera progressivement conduit à pallier les carences du secteur
privé et à se faire ravitailleur, transporteur ou assureur.
Le retour de la paix va produire des effets rigoureusement identiques. L'intervention de l'État
est désormais nécessaire pour que l'industrie reprenne des productions civiles.

3- Importance des finances publiques

L’importance des finances publiques se manifeste aux niveaux quantitatif et qualitatif.

• Quantitativement, cette importance apparaît au niveau de la croissance des budgets


publics qui se traduit par l’observation de l’évolution des charges du budget de l’Etat.
• Qualitativement, par la diversité des domaines concernés par les finances publiques
résultant de l’augmentation des missions de service public confiées à l’Etat et aux
diverses personnes publiques.

4- La distinction entre finances publiques et finances privées

Si, au XIXe siècle on pouvait prétendre assimiler finances publiques et privées, cela est
devenu impossible à notre époque. Les finances publiques (et tout spécialement les finances
de l'État) et les finances privées ne reposent pas sur les mêmes principes.
a) Au plan des objectifs d’action
Les entreprises privées recherchent le profit maximal, les personnes privées la satisfaction de
leurs besoins personnels. Au contraire, les personnes publiques tendent à la satisfaction de
l’intérêt général. Les notions de coût, de rendement n’ont pas en principe la même portée pour
les unes et les autres. Déterminantes pour les affaires privées, elles apparaissent secondaires
pour les affaires publiques.
b) Au plan des moyens d’action
Les opérations financières des personnes privées (physiques ou morales) se fondent sur le
contrat, alors que l’Etat met en œuvre des moyens de contrainte, d’autorité. Le principe de la
répartition autoritaire des ressources régit la gestion des finances publiques. Au-delà de son
pouvoir d’imposition, l’Etat contrôle le crédit (facilités d’emprunts, avantages dérogatoires à
la souscription de bons du Trésor...) mais plus la monnaie.
c) Au plan des conditions d’action
L’Etat n’est pas limité dans ses ressources, il évalue d’abord ses dépenses dont certaines sont
inévitables (justice, défense, police...) et détermine ensuite les moyens de les couvrir ; il peut,
au contraire du particulier, dépenser plus qu’il ne recouvre et recourir à la contrainte. Par

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ailleurs, l’Etat est enfermé dans un cadre comptable strict ; un régime juridique parfois
tatillon, toujours contraignant, précise la réalisation des opérations de dépenses et de recettes :
autorisation préalable, séparation des ordonnateurs et des comptables, multiplicité des
contrôles a priori et a posteriori... Enfin, les responsabilités de la puissance publique sont plus
étendues mais plus diffuses, car il n’y a pas de sanction précise à sa gestion comme la faillite
dans le secteur privé.

5- Relations des finances publiques avec les autres sciences

Les finances publiques est une discipline dont le contenu, les procédures, les techniques et les
outils résultent d’une approche pluridisciplinaire : juridique, économique, sociologique et
politique.
❖ L’approche juridique des finances publiques
Les règles juridiques sont les outils auxquelles le législateur fait appel pour mettre les règles
adéquates dans différents domaines dont les finances publiques.
Les finances publiques et la juridiction financière (qui appartient au droit constitutionnel et au
droit administratif) sont complémentaires et interagissent ensemble.
❖ L’approche économique des finances publiques
La conception économique des finances publiques aborde « l’étude des moyens par lesquels
l’Etat cherche à réaliser, en même temps que la couverture des dépenses publiques par
ressources publiques, des interventions dans le domaine économique et social ».
Partant de cette définition, les finances publiques s’intéressent alors à :
• L’impact productif ou improductif des dépenses publiques ;
• L’utilisation du déficit budgétaire et rôle de l’équilibre budgétaire sur la conjoncture ;
• L’effet du prélèvement fiscal sur le comportement et l’activité des agents
économiques.
❖ L’approche sociologique des finances publiques
La relation réciproque entre la finance publique et la situation sociale du pays est très forte.
Car toutes les décisions en relations avec le budget (la hausse des impôts, la gratuité des
services publics…) ont des retombés sur la situation sociale des citoyens.
❖ L’approche politique des finances publiques
Les finances publiques constituent l’image de la politique économique et sociale menée par
l’Etat. C’est le miroir des décisions politiques de l’Etat.

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A titre d’exemples : le Maroc a perdu son indépendance politique en 1912 à cause des
déséquilibres de ses finances publiques.
ème
La révolution anglaise (CROMWELL) au milieu du 17 siècle avait pour motif la sur
taxation des navires.
D’une manière générale, on peut dire que les finances publiques et l’élaboration du budget de
l’Etat sont des actes politiques, dans la mesure où le gouvernement traduit ses programmes
politiques par des actes financiers (dépenses et recettes).

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