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LES FINANCES

PUBLIQUES
Pr. ABOULHOUDA Wiam
Pr KETTANI Brahim
Semestre 4
E2,E3,E7,E8

Année universitaire: 2019-2020


wiamaboulhouda@gmail.com
PR ABOULHOUDA : 0667075028
Plan du cours
INTRODUCTION
CHAPITRE PRELIMINAIRE :
 Les finances publiques classiques et les finances publiques
modernes
 Les finances publiques : expression du pouvoir politique
 Finances Publiques : De la pluridisciplinarité à l’autonomie
 Finances publiques et finances privées

Chapitre I : Evolution historique : la conquête du


pouvoir financier par le parlement
 L’évolution en Angleterre
 L’évolution en France
 Les péripéties des finances publiques au Maroc
Chapitre II : Le cadre conceptuel : L’influence des
écoles de pensées économiques sur les finances
publiques
 Les Mercantilistes : L’Etat garant de la richesse d’un pays
 Les physiocrates

 Adam Smith
 L’apport de John Maynard Keynes

 Les conceptions actuelles

Chapitre III : Les principes fondamentaux des finances


publiques
 La notion de budget
 La portée de l’autorisation budgétaire

 Les principes classiques de l’orthodoxie budgétaire et leur

aménagement
 
Chapitre IV: La nouvelle LOF130-13:
 La responsabilisation des gestionnaires
 Le renforcement des principes et règles financiers et de la transparence des
finances publiques
 Le renforcement du contrôle parlementaire

Chapitre V: Le système fiscal marocain


Introduction
 Pour Gaston Jèze, les finances publiques sont l’étude des
moyens par lesquels l’Etat se procure les ressources
nécessaires à la couverture des dépenses publiques et en
réparti la charge entre tous le citoyens.
 Pour Pierre Lalumière, les finances publiques sont
l’étude des moyens par lesquels l’Etat cherche à réaliser
des interventions dans le domaine économique et social.
Dans cette approche, les finances publiques ne sont pas
neutres, mais agissent dans la vie des citoyens. On n’est
plus dans l’Etat gendarme, mais bien dans l’Etat
providence.
Trois fonctions des finances publiques

· Une fonction d’allocation des ressources ; c’est-à-


dire que les finances publiques servent à financer des
biens et des services publics.
. Une fonction de redistribution ; les dépenses
publiques servent à redistribuer les ressources pour
corriger les inégalités.
· Une fonction de stabilisation ; lisser les variations
cycliques des activités économiques.
En gros, les finances publiques sont les finances des
administrations publiques : celles de l'Etat et des
organismes qui lui sont rattachés (établissements publics) ;
celles des collectivités territoriales (communes,
départements, régions) ; les finances de la Sécurité sociale
et de ses différentes branches.
Avec la constitution 2011 et la nouvelle loi organique
des finances 130-13, les finances publiques requièrent
une nouvelle définition:
l’étude des moyens par lesquels l’Etat se procure
les ressources afin de financer des dépenses assurant
son intervention dans la vie économique et sociale, et
ce, dans le cadre de la nouvelle gestion publique axée
sur la performance
Ainsi, les finances publiques ne sont pas simplement la
description, l'analyse des recettes, des dépenses et des
règles qui permettent de les adopter mais, plus largement,
la façon dont sont décidées les différentes politiques
publiques. Donc, étudier les finances publiques c'est
étudier la façon dont les personnes publiques, et parfois
aussi les personnes privées, réalisent leur politique.
Chapitre préliminaire
I- Les finances publiques classiques et les
finances publiques modernes
Conception classique Conception moderne modernes

 les Finances Publiques sont « une Selon M. Duverger : « la


science des moyens par lesquels science qui étudie l'activité de
l'État et les autres collectivités l'État en tant qu'il emploi des
publiques se procurent et utilisent techniques particulières dites
les ressources nécessaires à la techniques financières pour la
couverture des dépenses couverture de ses dépenses,
publiques, par la répartition entre (taxes, impôts, emprunts,
individus des charges qui en procédés monétaires, budget,
résultent»(G.BAKANDEJA WA etc.) ».
MPUNGU, 2006, p.19).
Liée à l’Etat interventionniste
 Liée à l’Etat libéral ou Etat
ou Etat providence
gendarme
II- Les finances publiques : expression du pouvoir politique

Les finances publiques sont un élément essentiel de


l'affirmation d'une autorité politique. Ainsi, l’impôt est en
rapport direct avec la souveraineté d’un Etat.
Plus les ressources propres sont importante, plus
l'autonomie de décisions est importantes.
 Un budget exprime avant tout un choix ou des choix
politiques.
III- Finances Publiques : De la pluridisciplinarité à l’autonomie

Les finances publiques sont récemment devenues la 4ème


branche du droit public avec le droit constitutionnel, le
droit administratif et le droit international. Il s’agit d’une
discipline carrefour.
La pluridisciplinarité des Finances Publiques
L'économie
La science politique : Les interventions financières ont
pour objectifs outre les mobiles économiques, le
renforcement de la souveraineté et l'indépendance
économique et politique sur le plan interne et mais aussi
sur la scène politique internationale
Les disciplines juridiques ou le droit : le droit permet
d'harmoniser et règlementer les interventions financières
de l'Etat dans la vie économique du pays à travers des lois,
décrets, arrêtés, etc.
Les rapports entre les Finances Publiques et le droit
particulièrement le droit public sont également étroits
actuellement et dus au fait que pendant longtemps les
Finances Publiques étaient inféodées au droit public, ce
qui, jadis les empêchait d'être considérées comme une
discipline autonome.
L'histoire : elle nous permet d'étudier l'évolution de la
science des Finances publiques.
La statistique : facilite la quantification et l'évaluation
des phénomènes financiers, l'élaboration des prévisions
budgétaires sur base des outils et techniques statistiques
La sociologie: A travers la finalité humaine et sociale des
interventions financières
La psychologie : qui nous permet de comprendre les
comportements des agents économiques vis-à-vis de
l’impôt, en termes de résistance à l’impôt, l’incivisme
fiscal…
Les relations internationales : Aujourd’hui, la fiscalité
se trouve impactée par la mondialisation et l’ouverture des
frontières. Aussi, les fluctuations économiques
internationales influencent le niveau des dépenses et des
recettes au niveau national.
· Etc.
L’autonomie des finances publiques
les Finances Publiques sont actuellement une science
autonome qui a :
*Son objet d'étude : l'étude, l'analyse et l'évaluation des
problèmes financiers que connaissent l'Etat et, les
collectivités et organismes publics
*Sa méthodologie : qui regroupe les différentes méthodes
de diverses sciences qui sont en relations avec elles à
savoir : les méthodes statistiques, comptables,
économiques, etc
Eléments de rapprochement
Finances publiques et finances privées

Eléments de distinction
 objectifs : profit / intérêt  objectifs : l’Etat se soucie
général désormais du coût et du
 moyens d’action : contrat/ rendement de ses opérations
imposition autoritaire, contrôle
du crédit et de la monnaie.  conditions d’action :
 conditions d’action : limite évolution de la nature du
des ressources, responsabilités contrôle d’un contrôle de la
étendues/ pas de limites des régularité vers un contrôle de
ressources et possibilité de l’efficacité.
dépenser plus que les recettes,
pas de possibilité de faillite
d’état, cadre comptable strict
qui encadre les procédures.
CHAPITRE I : Evolution
historique : la conquête du
pouvoir financier par le
parlement
L’évolution en Angleterre
Défaite de Bouvines en 1214
 Insuffisance des ressources
Prélèvement de nouveaux impôts
 Les impôts étaient très impopulaires,
La noblesse, qui les payait s’était appuyée sur le peuple
pour s'opposer au roi

Signature d’un document que l'on appelle donc


« Magna carta »
Apparition du premier principe de finances publiques: le
principe de consentement à l’impôt
Deuxième étape
La seconde étape se constitue au XVIIe siècle : les
parlementaires vont décider de compléter Magna carta
par un deuxième document qui est la pétition des
droits de 1628, rédigé par le parlement et imposé au
roi et qui vient compléter Magna carta.
Il est dit dans ce document :
- Aucunes taxes, aucuns impôts ne peuvent être institués
sans le consentement du parlement.
- L'autorisation donnée ne peut être que provisoire, donc le
roi, l'exécutif, doit revenir régulièrement devant le
parlement pour obtenir le renouvellement
Signature d’un troisième document constitutionnel : le
Bill of rights de 1689. Il s’agit d’un document financier
comportant plusieurs points importants:

Ce n’est pas simplement Le consentement ne vaut


l’impôt qui doit être pas spécialement pour les
autorisé, mais l’ensemble recettes mais l’autorisation
des recettes de l’Etat est également nécessaire
pour les dépenses. Ainsi,
quelque soit leur forme
apparaît l’idée de budget,
juridique.
les recettes et les dépenses
discutées et autorisées. Le
budget est né donc en 1689.
L’évolution en France

A partir du XVIe et XVIIe siècle le roi disposait,


complètement du pouvoir financier.
 la situation économique mauvaise en 1787 et 1788, où
les recettes furent très mauvaises, avait mis la
monarchie en difficultés financières et était à l’origine
de la révolution française.

Apparition des principes budgétaires au moment de la


révolution.
Les péripéties des finances publiques au Maroc

Avant le protectorat
Le système financier marocain, avant le protectorat se
fondait sur des règles de sources religieuse et
Maghzaniène.

Le «Bit mal el Mouslimine» institution introduite sous


le règne du Sultan Moulay Slimane, consacrait la
séparation entre les finances privées du Sultan et les
Finances de la communauté.
- Le «Bit mal el Mouslimine» recevait les impôts d'origine
coranique, notamment, la Zakat et l'achour, alors que le
trésor de Dar Adeyel centralisait les contributions de
nature administrative (les Meks).
- La perception des recettes et le paiement des dépenses
étaient confiés au corps des «Oumanas».
- C'est le Sultan Moulay El Hassan 1er qui a réorganisé le
corps des Oumanas et a entrepris une réforme de la
fiscalité.
On distinguait principalement trois catégories
d'Amins (ou administrateurs).

Amin Dakhal ou administrateur des recettes


Amin El Kharaj ou administrateur des dépenses
Amin Lahsab ou comptable suprême chargé de la
gestion des finances et du contrôle des agents.
A la tête des oumanas, il y avait Amin El oumanas qui
jouait le rôle du ministre des Finances.

En matière fiscale, Moulay Hassan 1er a introduit le


Tertib à partir de 1884.
Les Finances Publiques sous le protectorat
- certaines réformes financières et comptables, consacrées
par les dispositions financières de l'acte d'Algesiras, ont
vu le jour:
1- l'établissement d'un budget prévisionnel à partir de 1914,
2- la nomination du trésorier général en 1916,
3- la mise en place, à partir de 1917, du système de
comptabilité publique et
4- la création du contrôle des engagements des dépenses à
partir de 1921.
Au niveau de la fiscalité, une réforme, dont les bases
ont été jetées par l'acte d'Algesiras, s'est traduite par la
création de plusieurs impôts

le nouveau Tertib en 1915,


la taxe urbaine en 1918,
la patente en 1920,
le supplément à l'impôt des patentes en
1941,
le prélèvement sur les traitements et salaires en
1948.
Les Finances publiques depuis l'indépendance
Le Maroc a réformé ses structures financières, son
système budgétaire et son système fiscal.
En utilisant les finances publiques, comme levier du
développement, l'Etat a accru, d'une manière
démesurée, les dépenses publiques.
La mise en place du plan quinquennal (1960-64)7 n'a
fait qu'accélérer cette tendance. De même la politique
ambitieuse de croissance économique que traduisait le
plan quinquennal (1973-77), avait entraîné une
aggravation du déficit budgétaire, qui a atteint 17,2 du
PIB en 1973.
solution
Compression des dépenses de
fonctionnement

Une baisse du déficit, qui est


Plan passée de 10,4% du PIB en
d’ajustement 1983 à 5,4% en 1987.
Une réforme fiscale a vu le
structurel jour:(IS), (IGR), (TVA)
CHAPITRE II : Le cadre
conceptuel : L’influence des
écoles de pensées
économiques sur les finances
publiques
I- Les Mercantilistes : L’Etat garant de la richesse d’un pays (Bodin,
Montchrestien, Richelieu, Colbert, Sully ), (XVI ème siècle)
Pour les mercantilistes lʼéchange international est un jeu à
somme nulle, si lʼun gagne à lʼéchange lʼautre perd .

lʼEtat doit tout faire pour favoriser lʼapparition d’un solde


commercial positif.

Politique protectionniste
Deux façons pour dégager un solde
commercial positif

1. Freiner les 2. Le système


importations par des prohibitions
les droits de (interdiction
douane dʼimporter ces
produits)
Les Etats sont enclins à taxer les importations
car cela constitue lʼessentiel de leurs recettes
budgétaires

Les grandes avancées dans la comptabilisation


et les statistiques ont été faites par les douanes.
II- Les physiocrates

La doctrine physiocrate s’est élaborée au


XVIIIème siècle sous l’impulsion de François
Quesnay (1694-1774), médecin de Louis XV
Le contexte économique de l’époque se
caractérise par:
une fiscalité forte qui frappe essentiellement l’agriculture,
une multiplication des barrières de péages qui a rendu
difficile la circulation des produits principalement ceux de
l’agriculture,
une agriculture en difficulté
et enfin une crise des finances publiques.
Pour les physiocrates
seule l’agriculture dégage un produit net, c'est-à-dire un
surplus de richesses,
La fiscalité, quant, à elle, doit avoir pour unique assiette le
produit net agricole en reposant sur un impôt unique.
un ordre harmonieux s’établie si on n’intervient pas dans
le circuit économique : le principe de la libre circulation
des biens
L’Etat doit être un Etat monarchique fort mais aux
fonctions limitées respectueux de la liberté du travail et du
commerce.
III- Adam SMITH
C’est l’industrie qui est source de richesse et les
produits doivent pouvoir circuler librement à l’intérieur
comme à l’extérieur des Etats.

L’Etat doit assurer des tâches restreintes et l’offre et


la demande s’accordent naturellement et s
spontanément dans le cadre de la liberté du marché et
selon la main invisible d’Adam Smith.
Plusieurs doctrines ont vu le jour, par la suite, sur la base
des théories proposées par les physiocrates et Adam
Smith.

Puis, à la fin du XIX siècle jusqu’au début du XX siècle


se sont développées des doctrines qui ont permis d’asseoir
les principes essentiels du libéralisme économique
déterminant les politiques à mener dans le champ des
finances publiques:
● Le rôle de l’Etat doit être limité à la réalisation de certains
équipements collectifs et surtout à la sécurité des biens et des
personnes (police, justice, défense), et ce, dans le cadre de
l’Etat gendarme.
● L’impôt doit uniquement servir à couvrir les charges
publiques sans constituer un fardeau pour les échanges.
● La neutralité de l’Etat suppose également que les dépenses
publiques ne pèsent pas sur la vie économique et qu’elles
soient strictement couvertes par des recettes quasiment
fiscales. L’emprunt est jugé négativement.
● L’équilibre doit s’entendre aussi bien de l’absence de déficit
qui pousse l’Etat à emprunter que de l’absence d’excédent
qui se traduirait par des dépenses de l’Etat donc par des
interventions
IV- L’apport de John Maynard Keynes
Avant la crise des années 30 libéralisme

La gestion des finances


publiques a eu pour principal objectif
d’assurer le financement des
services publics.
L’analyse de l’économiste britannique John
Maynard Keynes a modifié cette conception en
soulignant l’impact de la politique budgétaire sur
le niveau d’activité économique d’un pays

Keynes a montré l’importance des finances


publiques. Cet élément autrefois neutre peut
être utilisé pour améliorer une situation
économique altérée.
Afin de stimuler la croissance

Augmentation des dépenses publiques


,
Augmentation du pouvoir d’achat des
agents économiques

Augmentation de la demande

L’offre va ainsi augmenter pour s’équilibrer

L’offre est de cette façon relancée.


Mais cette relance ne peut se faire par le respect du
principe d’équilibre budgétaire

L’équilibre budgétaire est donc abandonné en pratique


(bien qu’il reste un principe budgétaire), et les dépenses
publiques explosent. Parallèlement, les recettes
augmentent également, par l’accroissement constant des
impôts.
Selon Keynes, en cas de forte dégradation de la
conjoncture économique, les gouvernements peuvent être
tentés de mener une politique budgétaire volontariste.

soutenir l’activité Les gouvernements


économique à court terme, peuvent également
en faisant jouer le soutenir l’activité en
"multiplicateur keynésien" réduisant les charges
par augmentation des fiscales et donc en
dépenses publiques.(pour augmentant le revenu des
faire face à la faiblesse des personnes privées.
dépenses privées. ( risque d’épargne)
Une politique budgétaire volontariste peut
néanmoins avoir des effets défavorables sur
l’activité économique:

La hausse des emprunts de l’État et des taux d’intérêt

Cette hausse des taux décourage une partie des achats des
consommateurs financés par l’emprunt, et réduit les
investissements des entreprises.
De plus, la demande supplémentaire permise par
l’augmentation des dépenses publiques doit
s’adresser en priorité aux producteurs nationaux.

Avec la mondialisation et l’ouverture des frontières, ce


sont les producteurs étrangers qui en profitent.
Les conceptions actuelles
On est dans une situation intermédiaire entre le
libéralisme de la période classique et un
keynésianisme absolu

on cherche un interventionnisme correcteur des effets


désastreux de la loi du marché tout en cherchant à
limiter le poids des dépenses publiques.
l’accumulation des déficits budgétaires vient
gonfler l’encours de dette publique et augmente
les charges futures de l’État

Aussi, certaines dépenses publiques sont particulièrement


rigides, et donc, difficilement réversibles en cas de
retournement de la conjoncture.

une remise en cause de la théorie de Keynes notamment de


la part de Milton Friedman qui souhaite un retour au
libéralisme.

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