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1
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
I. Ouvrages
BOUVIER (M.), M-C. ESCLASSAN, J-P LASSALE, Finances publique, LGDJ, 19e éd.2020.
LAURENT (C.), L’encadrement normatif des politiques budgétaires sous la Vème République,
Thèse, Université de Reims Champagne-Ardenne, 2007.
2
III. Articles
AVOM (D.), « La coordination des politiques budgétaires dans une union monétaire :
l’expérience des pays de la CEMAC », Revue tiers monde, 2007, n°192, p. 878.
ESSONO OVONO (A.), « La loi organique relative aux lois de finances et à l’exécution du
budget au Gabon au prisme de la nouvelle gouvernance financière publique », in Les finances
publiques entre dynamiques locales, Mélanges en l’honneur de Diarra ELOI et Yonaba
SALIFOU, Dakar, L’Harmattan-Sénégal, 2021, p.236.
KWAHOU (S.),
3
- « Le bloc de constitutionnalité au Gabon », Hebdo informations, n°562, 2009, pp.25-
28.
4
INTRODUCTION
Ce cours est consacré à l’une des branches des finances publiques (ou droit public
financier)1 : le droit budgétaire. Pour trouver l’origine de la notion de finances publiques, il faut
remonter aux XIIIe et XIVe siècles où le mot finance, venant du latin finis, signifiait la fin ou
le terme. En droit, il était entendu comme désignant la fin des opérations juridiques, autrement
dit le paiement d’une somme d’argent. Au pluriel, l’expression « finances » signifiait, jusqu’à
la fin du XVIIIe siècle, « les derniers et revenus publics destinés à subvenir aux charges de
l’Etat »2.
A partir de cette étymologie, on doit retenir que les finances publiques renvoient aux
recettes et aux dépenses publiques.
On doit donc d’abord considérer ces finances comme celles des personnes morales de
droit public. Au niveau interne, il s’agit de l’Etat, des collectivités locales et des établissements
publics. Au niveau externe, il s’agit des organisations internationales et communautaires (ONU,
UA, CEMAC etc.). Elles pour objet de traiter les problèmes financiers de ces personnes par la
prise en compte l’ensemble des ressources et des charges se rapportant à leurs activités.
Ensuite, les finances publiques doivent être vues comme les finances des administrations
publiques. Ces dernières sont des entités qui exercent des activités non marchandes et dont le
financement repose principalement sur des prélèvements obligatoires et non obligatoires. La
Directive CEMAC n°05/11-UEAC-190-CM-22 du 19 décembre 2011 relative au Tableau des
opérations financières de l’État (TOFE), en son article 2, alinéa 1, précise que ces
administrations ont pour fonctions principales de fournir à la collectivité des biens et services
non marchands destinés à la consommation collectives ou individuelle et à redistribuer le
revenu et la richesse au moyen de transferts. Elle divise les administrations publiques en trois
sous-secteurs3 :
-le sous-secteur administration centrale dont les compétences s’étendent sur la totalité
du territoire national et qui comprend l’État et d’autres unités d’administration publiques (y
compris ses institutions sans but non lucratif (ISBL) et unités extrabudgétaires) ayant un statut
légal distinct de l’État et une certaine autonomie vis-à-vis de lui ;
1 5
Les autres branches sont le droit fiscal, le droit de la comptabilité publique, les finances locales et les finances
communautaires.
2
G. Jèze, Cours de finances publiques, 1928-1929-Paris, M. Giard, 1929, p.2.
3
Art.5 de la Directive portant TOFE
-le sous-secteur des administrations locales, qui exercent leurs compétences sur un
territoire restreint, et qui comprends les collectivités locales et d’autres unités d’administration
publique (y compris leurs ISBL et unités extrabudgétaires) ;
Enfin, les finances publiques se présentent comme les finances du secteur public. Cette
définition permet d’englober les finances des entreprises publiques. Il s’agit d’entreprises
industrielles ou commerciales sous contrôle de la puissance publique. En droit gabonais, le
régime juridique de ces entités est prévu par la loi n°11/82 du 24 janvier 1983 portant régime
juridique des établissements publics, des sociétés d’Etat, des sociétés d’économie mixte et des
sociétés à participation financière publique. Son article 17 définit les entreprises publiques
comme des « sociétés commerciales dont l’Etat, les collectivités ou les établissements publics
détiennent la totalité du capital et qui exercent une activité d’intérêt général ou interviennent
dans un domaine stratégique de l’économie du pays ».
L’apparition des finances publiques est liée à celle du droit de regard des parlementaires
sur les questions financières. Celui-ci a été favorisé par la règle du consentement de l’impôt,
née en Angleterre au XIIIe siècle.
En France, c’est avec la Restauration et l’avènement au pouvoir de Louis XVIII que les
finances publiques vont connaitre un réel essor. Les premières règles budgétaires ont été posées
par le baron Louis et le comte de Villèle, deux ministres des finances sous son règne.
4 6
F. MENGUE ME ENGOUANG (F.), Les finances publiques au Gabon. Droit budgétaire et droit de la
comptabilité publique, Paris, L’Harmattan, 2018, pp. 29-30
La doctrine distingue deux grandes conceptions des finances publiques nées de
l’évolution du rôle de l’Etat : la conception classique et la conception moderne. La première
expose les particularités de ces finances jusqu’au XIXe siècle. L’Etat se présentait
essentiellement comme un Etat gendarme du fait de sa vocation sécuritaire. Ses missions se
limitaient à assurer quelques fonctions régaliennes : défense, justice, diplomatie, administration
etc. La puissance publique n’était donc pas habilitée à intervenir dans l’activité économique.
Celle-ci devait, de façon exclusive, dépendre de l’initiative privée et obéir aux lois du marché
et de la libre concurrence. Ses dépenses étaient donc extrêmement limitées.
La seconde conception admet un Etat avec des compétences plus importantes. Il a été
baptisé sous la dénomination d’« Etat providence ». C’est l’Etat qui intervient dans l’activité
économique et dans le domaine social. Les conséquences deux guerres mondiales et la crise
économique de 1929 sont au cœur de la naissance de ce nouvel Etat. Sa particularité
« financière » réside dans l’élargissement de ses dépenses et un recours croissant à
l’endettement.
Le droit positif gabonais semble utilisé les deux termes dans un même sens. En effet,
l’article 4 du décret n° 094/PR/MBCP du 8 février 2016 portant Règlement général sur la
comptabilité publique définit le budget comme « l’acte législatif par lequel sont prévues et
autorisées les recettes et les dépenses des entités publiques. Il est élaboré, arrêté, voté et exécuté
conformément aux dispositions des textes en vigueur ».
L’étude du droit budgétaire est importante au regard des rôles conférés au budget depuis
l’avènement de « l’Etat providence ». Celui-ci est en effet un instrument financier à travers
lequel la puissance publique remplie la fonction de garant de la satisfaction des besoins des
acteurs économiques et sociaux en exploitant au mieux et d’une façon optimale les ressources
5
A. BAUDU, Droit des finances publiques, Paris, Dalloz, 2e éd., p. 431. 7
6
P-M. GAUDEMET, J. MOLINIER, Finances publiques, Paris, Montchrestien, T. 1, 1989, p.249.
offertes. Le budget permet donc de mettre en œuvre des politiques économiques et sociaux dans
le but d’atteindre des objectifs de développement.
Plan du Cours :
Chapitre 1 : Les sources et les principes du droit budgétaire
Chapitre 2 : Le cadre juridique du budget de l’Etat : les lois de finances
8
Chapitre 1 : Les sources et les principes du droit budgétaire
Les sources du droit budgétaire sont importantes et variées (Section 1). Après leur
analyse, on va s’intéresser aux principes budgétaires (Section 2).
On dénombre une diversité de sources du droit budgétaire. Elles peuvent être regroupées
en sources internes (§1) et en sources externes (§2).
Les sources internes sont constituées de normes juridiques nationales. On peut distinguer
les sources écrites (A) et les sources non écrites (B).
Ces sources découlent du bloc de constitutionnalité. Cette notion, dégagée par Louis
FAVOREU7 et reprise par la Cour constitutionnelle8, dans sa version purement textuelle, est
utilisée « pour désigner l’ensemble des textes au regard desquels les lois sont contrôlées »9. Il
s’agit de la Constitution proprement dite et des textes de renvoi du préambule10. Parmi ces
textes, seule la Déclaration des droits de l’homme et des citoyens de 1789 comporte des
dispositions qui intéressent directement le droit budgétaire.
7
L.FAVOREU, « Bloc de constitutionnalité » in O. DUHAMEL ET Y. MENY (dir.), Dictionnaire constitutionnel,
9
Paris, PUF, 1992, p.87.
8
Lors de sa première décision du 28 février 1992 (Décision n°001/CC du 28 février 1992), cette juridiction avait
en indiqué que « la conformité d’un texte de loi à la Constitution doit s’apprécier non seulement par rapport aux
dispositions de celle-ci, mais aussi par rapport au contenu des textes et normes de valeur constitutionnelle
énumérées dans le préambule de la Constitution, auxquels le peuple gabonais a solennellement affirmé son
attachement et qui constituent, avec la Constitution, ce qu’il est convenu d’appeler le bloc de constitutionnalité ».
9
D.ROUSSEAU, P-y. GAHDOUN, J. BONNET, Droit du contentieux constitutionnel, Paris, LGDJ, 11e éd., 2016,
P. 231.
10
La valeur constitutionnelle du préambule de la Constitution a été reconnue par le juge constitutionnel dans sa
décision du 28 février 1992 précitée.
Le préambule de la Constitution gabonaise (Constitution du 26 mars 1991) comprend les textes suivants : la
Déclaration des droits de l’homme et des peuples, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples et la Charte nationale des libertés.
A ces deux instruments, la Cour constitutionnelle avait ajouté les règlements des
assemblées parlementaires11 et les organiques12.
Sur les lois organiques, il importe de préciser qu’à ce jour, il n’existe au Gabon qu’un
seul texte organique qui régit les finances publiques : la loi organique n° 020/2014 du 21 mai
11
Décision n°175/CC du 11 octobre 2007. 10
12
Décision n°11/CC du 10 février 2003. Dans cette décision, après quelques revirements, la Cour constitutionnelle
consacrait définitivement la valeur constitutionnelle des lois organiques : « En vertu des dispositions des articles
88 de la Constitution, 60 et 61 de la loi organique sur la Cour constitutionnelle, celle-ci dispose du pouvoir
d’interpréter la Constitution et les autres textes à valeur constitutionnelle, telle une loi organique… »
2015 relative aux lois des finances et à l’exécution du budget (LOLFEB)13. Celle-ci transpose
dans l’ordre interne la Directive CEMAC n° 01/08-UEAC-190-CM-17 du 20 juin 2008 relative
aux lois de finances. Contrairement à la LOLF française, la LOLFEB, comme toutes les autres
lois organiques, on l’a dit, à une valeur constitutionnelle. C’est donc de manière malencontreuse
que la doctrine majoritaire hexagonale qualifie ce texte de « Constitution financière »14.
D’autre part, les sources réglementaires du droit budgétaires sont constituées de textes
adoptés en cours d’année par les autorités exécutives afin de modifier les autorisations
budgétaires. Il s’agit des décrets d’avance, des transferts, virements, annulations, reports de
crédits, etc…Le régime juridique de certains de ces actes sera analysé à la section 2 du présent
chapitre.
13
En France, on retrouve trois catégories de lois organiques relatives aux finances publiques : la loi organique 11
relative aux lois de finances de 2001, pour l’élaboration du budget de l’Etat ; la loi organique du 02 aout 2005,
pour l’adoption des lois de financement de la Sécurité sociale et la loi organique prise en application de l’article
72-2 de la Constitution relative à l’autonomie financière des collectivités territoriales.
14
Les origines de cette notion sont à rechercher en Allemagne dans la doctrine ordolibérale. Dans le contexte
francophone, elle fait référence à l’ensemble des normes qui encadrent les pouvoirs de décision du Parlement en
matière financière. Voir A. EBANG NKOULOU, La Constitution financière des pays francophones. Etude
comparative des exemples français, gabonais, sénégalais et suisse, Thèse, Université Omar Bongo, p.16.
15
M. LASCOMBE ET X. VANDENDRIESSCHE, Finances publiques, 9e éd., Dalloz, 2017, p.29.
B : Les sources non écrites
A ce sujet, Michel BOUVIER indiquait que « le domaine des finances publiques est
marqué par la coexistence, voire la confrontation, de deux types de légitimité dont la nature est
à première vue diamétralement différente ; d’un côté une légitimité politique ancienne, qui
procède de la tradition démocratique et qui privilégie dans l’organisation et le fonctionnement
du pouvoir financier la capacité politique, on veut dire celle des élus ; lui fait désormais face
une légitimité gestionnaire, plus récente dans le secteur public, qui répond quand elle à des
impératifs économiques et qui privilégie la capacité d’expertise technique des décideurs »17.
Les sources externes du droit budgétaire doivent être divisées en sources internationales
(A) et en sources communautaires (B).
Les derniers instruments constituent les seules véritables sources internationales du droit
budgétaire gabonais. Elaborés principalement par le Fonds monétaire international (FMI) et par
16
Cet article dispose que « Les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles 12
s’imposent aux pouvoirs publics, à toutes les autorités administratives et juridictionnelles et à toutes les personnes
physiques et morales ».
17
M. BOUVIER, « Les avatars de la légitimité du processus de décision financière publique », op.cit., p.19.
la Banque mondiale (BM), ils constituent un moyen de promotion de la bonne gouvernance
dans la gestion des finances publiques avec comme recommandation principale : la transparence
financière.
Ainsi, ils se présentent comme des modèles budgétaires de référence, des lignes de
conduite budgétaire considérées comme régulières. Selon André BARILARI, il s’agit d’un
« modèle universel autour d’un consensus sur les techniques les plus efficaces de gestion des
politiques publiques (…) un ensemble de remèdes formant un modèle standard de gouvernance
»18.
Cependant, la valeur juridique des normes budgétaires invoquées est très limitée. Elles
ne s’imposent réellement aux Etats que dans le cadre d’un plan à l’ajustement structurel. Les
institutions financières publiques internationales conditionnent souvent leur soutien financier
par le respect de ces instruments.
Elles sont formées par tous les textes adoptés par les autorités de la Communauté
économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) applicables aux budgets des Etats
membres.
18 13
A. BARILARI, « Crise des finances publiques, crise de la gouvernance », RGFP, 2012, n°3, p.93. Voir
également Michel BOUVIER, « Les normes budgétaires internationales : quelle légitimité ? », RFFP, 2012, n°119,
p.1.
19
Le Traité instituant cette Communauté a été adopté le 16 mars 1994. Elle regroupe six États : Cameroun,
Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad.
Avant l’entrée en vigueur de ce Traité, ces Etats étaient regroupés au sein de l’Union douanière et
Economique de l’Afrique Centrale (UDEAC). C’est le constat de l’échec de cette dernière qui avait pour objet de
« renforcer l’union des économies en créant un véritable marché » (voir préambule du Traité institutif du 8
décembre 1964) qui a conduit à l’initiation d’une profonde réforme ayant abouti à sa substitution par la CEMAC..
Elle est formée de deux unions : l’Union monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) et de l’Union économique de
l’Afrique centrale (UEAC) créées par deux conventions distinctes.
La première a pour objet de participer à l’exercice de la surveillance multilatérale par la coordination des
politiques économiques et la mise en cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique monétaire
commune. Elle assure également la stabilité financière de la Communauté (voir art. 4 de la Convention de
l’UMAC).
La seconde a pour but :
-de renforcer la compétitivité des activités économiques et financières en harmonisant les règles qui
régissent leur fonctionnement ;
-d’assurer la convergence vers des performances soutenables par la coordination des politiques économiques et la
mise en cohérence des politiques budgétaires nationales avec la politique monétaire commune ;
La convention régissant l’Union économique de l’Afrique centrale (UEAC) constitue la
première source. Son 55, alinéas 2 et 3 dispose que « les Etats membres s’interdissent tout
déficit public excessif. Ils s’astreignent dans domaine à respecter une discipline budgétaire.
Un déficit budgétaire est qualifié d’excessif notamment lorsqu’il n’est pas compatible
avec les objectifs de la politique monétaire, et en particulier en ce qui concerne son financement
et le taux de couverture extérieure de l’émission monétaire ».
En droit européen, une règle similaire est consacrée par l’article 126 du Traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Le droit communautaire CEMAC, comme on
peut le voir, impose aux Etats membres de respecter une discipline budgétaire. Celle-ci vise à
lutter contre les déficits et les endettements excessifs.
Ces deux instruments sont extrêmement liés. En effet, un État dont le solde budgétaire
est déficitaire, en raison de l’accroissement de ses dépenses publiques, cherchera à s’endetter
afin de faire face à ces dépenses. Si son taux d’endettement devient trop important, et si le
produit de la dette publique n’a pas permis de créer la richesse ou de dynamiser son économie,
il pourrait connaitre une crise pouvant se manifester par une réduction de ses capacités
d’investissement, des difficultés à utiliser le budget comme un instrument de régulation
économique, une baisse de sa croissance économique à long terme, des limitations de ses
possibilités d’accès aux marchés financiers etc. Cette crise, au départ purement interne, pourrait
se transformer en crise communautaire et mettre tous les autres États membres dans une
situation identique. En d’autres termes, les règles communautaires visent à éviter qu’une
politique budgétaire individualiste et permissive d’un État membre puisse avoir des effets
-de créer un marché commun fondé sur la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des 14
personnes ;
-d’instituer une coordination des politiques sectorielles nationales (voir art.2 de la Convention régissant
l’UEAC).
20
21
Cf.art.4 de la Directive.
néfastes sur la politique monétaire commune, la stabilité des prix et sur les politiques
budgétaires des autres États.
Les principes budgétaires constituent un ensemble de règles visant à garantir une saine
gestion des finances publiques. En France, ils ont été conçus pour renforcer les droits du
parlement et imposer au gouvernement le respect de certaines règles lors de l’élaboration et de
la présentation du projet de budget22. Gilbert ORSONI écrivait à ce sujet que « c’est de la
pression parlementaire et de sa volonté de contrôle de l’action gouvernementale que sont nées,
dès la période de la Restauration, les grandes règles budgétaires »23.
Ces règles peuvent être divisées en deux grandes catégories : les principes classiques et
les principes modernes (§2).
Il s’agit des principes de l’annualité (A), de l’unité (B), de l’universalité (C), de spécialité
(D) et de l’équilibre budgétaires (E).
22
J. LAFERRIERE, M. WALINE, Traité élémentaire de science et de la législation financière, LGDJ, 1952, p.45. 15
23
G. ORSONI, Science et législation financières, Economica, 2005, p.124.
ressources et toutes les charges de l’Etat doivent, pour chaque exercice financier, être évaluées
et inscrites dans le projet annuel de la loi de finances (…). Au niveau organique, il est repris
par l’article 11 de la loi organique relatives aux lois de finances de 2015 qui énonce que « la loi
de finances de l’année prévoit et autorise, pour chaque année civile, l’ensemble des ressources
et des charges de l’Etat ».
En d’autres termes, selon certains auteurs, la « règle se présente sous un double aspect.
Elle signifie d’une part que l’Etat choisit de limiter à un an son horizon financier. Interprétée
strictement, elle interdit d’inscrire dans la loi de finances des autorisations portant sur
plusieurs années. Elle signifie, d’autre part, que le Gouvernement doit utiliser dans l’année les
autorisations accordées »24.
24
M. BOUVIER (M.), M-C. ESCLASSAN, J-P LASSALE, Finances publique, LGDJ, 19e éd.2020, p. 351. 16
changement, et enfin pouvoir s’engager financièrement et prévoir au-delà de l’horizon annuel.
Il s’agit des modifications en cours d’année des lois de finances et de la pluriannualité
budgétaire et financière.
En ce qui concerne les modifications en cours d’année, elles sont effectuées par voie
législative ou par voie réglementaire. Les modifications par voie législative se font au moyen
de lois de finances rectificatives (ou collectifs budgétaires, on y reviendra).
Les décrets d’avance correspondent à des ouvertures de crédits en cas d’urgence. C’est
l’article 46 de la LOLFEB qui pose leur régime juridique : « En cas d’urgence et insuffisance
de la dotation pour dépenses accidentelles et imprévisibles, des décrets pris sur proposition du
Ministre chargé des finances, après avis du ou des ministres concernés, peuvent ouvrir des
crédits supplémentaires à condition de ne pas dégrader l’équilibre budgétaire défini par la loi
de finances. A cette fin, les décrets d’avance procèdent à l’annulation de crédits ou constatent
des recettes supplémentaires. Le montant cumulé des crédits ainsi ouverts ne peut excéder 1%
des crédits fixés par la loi de finances de l’année. Ils sont immédiatement communiqués, pour
information, au Parlement.
Les virements de crédits peuvent modifier la répartition des crédits entre programmes
d’un même ministère ou entre dotations. Le montant cumulé des virements, au cours d’une
25 25
S. Damarey, Droit public financier, op.cit p.672. 17
même année, ne peut dépasser 2% des crédits ouverts par la loi des finances pour chacun des
programmes ou dotations concernés (art. 45 de la LOLEB).
Les transferts de crédits peuvent modifier la répartition des crédits entre programmes de
ministères distincts, dans la mesure où l’emploi des crédits ainsi transférés, pour un objet
déterminé, correspond à des actions du programme d’origine (art.45 alinéa 2 de la LOLFB).
L’alinéa 4 de l’article 45 de la LOLEB précise que les virements et transferts sont autorisés par
décret pris sur proposition du Ministre chargé du Budget, après avis du ministre, des
responsables des institutions ou des autorités administratives indépendantes.
Les reports de crédits sont des opérations consistant à ajouter des crédits accordés pour
une année donnée et non utilisés en fin d’année sur une dotation correspondante du budget
suivant. En permettant d’ajouter un crédit non consommé en fin d’année au budget de l’année
suivante, les reports de crédits constituent donc un assouplissement au principe de l’annualité
budgétaire. L’article 48 de la LOLEB de 2015 n’admet des reports de crédits que pour les crédits
de paiement relatif aux dépenses d’investissement disponibles sur un programme. Ils peuvent
être reportés sur le même programme ou la même dotation dans la limite des autorisations
d’engagement effectivement utilisées, mais n’ayant pas encore donné lieu de paiement. L’alinéa
4 de l’article 48 de la LOLEB précise que les reports de crédits « sont autorisés par décret pris
en Conseil des Ministres, en majoration des crédits de paiement pour les investissements de
l’année suivante, sous réserve de la disponibilité des financements correspondants. Ce décret,
qui ne peut être pris qu’après clôture des comptes de l’exercice précédent, doit être conforme
et consécutif à un rapport du Ministre chargé du Budget qui évalue et justifie les recettes
permettant de couvrir le financement des reports, sans dégradation du solde du budget autorisé
de l’année en cours ».
26
Cf. article 36, alinéa 2, de la LOLFEB. 18
l’année pour la couverture des engagements contractés dans le cadre des autorisations
d’engagement »27 .
Ce dispositif s’inscrit dans la suite de la fongibilité des crédits au sein des programmes.
L’autorisation parlementaire encadre ainsi les deux extrémités de la chaine de dépense, à savoir,
d’une part l’engagement juridique, c’est-à-dire l’acte par lequel naît la dépense et qui crée une
obligation vis-à-vis d’un tiers, et d’autre part, le paiement qui est l’acte par lequel est dénoué
cet engagement juridique. Selon Stéphanie DAMAREY, il s’agit de techniques d’exécution
pluriannuelle de la dépense publique permettant au législateur financier de « répartir la charge
d’investissement sur plusieurs exercices-cette charge étant répartie sur autant d’exercices qu’il
est nécessaire à la réalisation de l’investissement. En d’autres termes, chaque année, ne seront
dégagées, dans le cadre du budget, que les sommes nécessaires au paiement de la fraction de
l’investissement à réaliser au titre de l’année considérée »28.
Pour que la règle soit respectée, il faut donc que deux conditions soient remplies : le
budget doit recenser l’ensemble des recettes et des dépenses de l’État, sans exclusion d’aucune
sorte ; celles-ci doivent être rassemblées dans un projet de loi unique, sur lequel le Parlement
devra se prononcer.
Il est posé par l’article 48 de la Constitution : « Toutes les ressources et les charges de
l’État doivent, pour chaque exercice financier, être évaluées et inscrites dans le projet annuel
de la loi de finances déposé par le gouvernement à l’Assemblée nationale ». La loi organique
de 2015 consacre le principe en son article 7, alinéa 1: « les budgets des administrations
publiques déterminent pour chaque année, dans un document unique pour chacune d’entre
elles, l’ensemble de leurs recettes et de leurs dépenses (…) ».
Cette règle comporte une double justification. En premier lieu, elle apparait comme au
service de l’équilibre budgétaire. En effet, en réunissant, dans un même document toutes les
recettes et toutes les dépenses d’une personne publique, le principe de l’unité permet d’obtenir,
27
Cf. article 36, alinéa 3, de la LOLFEB. 19
28
S. Damarey, Droit public financier, Ibidem, p. 411.
29
J. Albert, par exemple, notait que « Le principe de l’unité, compris dans une acception formelle, pourrait
également être appelé principe d’unicité car il exige que le budget soit présenté en un seul document, faute de
quoi le contrôle serait efficace et fragmentaire ». J. Albert, Finances publiques, Dalloz, 8e éd., p. 97.
sans grandes difficultés, un total unique et d’appréhender ainsi plus facilement l’équilibre
budgétaire.
En second lieu, la règle de l’unité, parce qu’elle permet d’avoir une vision des finances
publiques claire et exhaustive, apparait comme un préalable nécessaire à l’efficacité du contrôle
des budgets. Ainsi, en votant l’ensemble des recettes et des dépenses au cours d’un même vote,
les assemblées parlementaires ont une vision d’ensemble des finances étatiques. Il est donc
possible d’affirmer que le principe de l’unité budgétaire remplit un impératif démocratique. La
vision claire et synthétique qu’il procure au citoyen et à ses représentants, facilite le suivi de
l’emploi des ressources et des derniers de l’État.
Les budgets annexes sont des budgets spéciaux dont sont dotés certains services publics
de l’État, auxquels on veut appliquer une gestion commerciale. Ils sont prévus par l’article 51
de la loi organique de 2015 : « Des budgets annexes peuvent retracer, dans les conditions
prévues par une loi de finances, les opérations des services de l’État non dotés de la
personnalité morales résultant de leur activité de production de biens ou de prestation de
services donnant lieu au paiement de redevances, lorsqu’elles sont effectuées à titre principal
par lesdits services ».
Les comptes spéciaux, présentés également par la loi de finances (Cf. article 52 et s. de
la loi organique de 2015), enregistrent les opérations financières ayant un caractère provisoire
ou exceptionnel, et appelées à s’équilibrer à terme. Ces comptes, comme les budgets annexes,
sont séparés du budget général de l’Etat, bien qu’ils soient ouverts par une loi de finances. Le
législateur organique a institué deux catégories de comptes spéciaux : les comptes d’affectation
spéciale et les comptes de commerce. Les premiers retracent, dans les conditions prévues par
la loi de finances, des opérations budgétaires financées au moyen de recettes particulières qui
20
sont, par nature, en relation directe avec les dépenses concernées. Les seconds retracent de leur
côté les opérations à caractère industriel et commercial effectuées à titre accessoire par des
services de l’État non dotés de la personnalité morale. Les évaluations de recettes et les
prévisions de dépenses de ces comptes ont un caractère indicatif.
La débudgétisation n’est prévue par aucun texte. Ce terme est apparu en France au
lendemain de la Seconde guerre mondiale. Dans ce pays, cette pratique consiste à transférer des
charges relevant du budget général de l’État vers le budget d’une autre personne morale de droit
public ou de droit privé distincte de l’État. Le Conseil constitutionnel a fixé une limite à cette
pratique. Il interdit en effet au Gouvernement de débudgétiser certaines dépenses qui
incombaient auparavant à l’État, et notamment des dépenses relevant par nature du budget de
l’État30. Au Gabon, selon Fidèle MENGUE ME ENGOUANG, cette pratique est connue sous
l’appellation triviale de « hors budget ». Elle permet au Gouvernement de « contourner le
parlement, soit en amont en évitant de soumettre certaines dépenses à son approbation afin de
présenter un budget artificiellement équilibré, soit en aval en effectuant des dépenses n’ayant
fait l’objet d’aucune autorisation parlementaire »31.
La première loi organique censurée est la loi organique sur le Conseil national de la
communication qui conférait une autonomie de gestion financière à cet organisme 32. La Haute
juridiction avait alors estimé que l’autonomie conférée méconnaissait le principe dans la mesure
où cette institution ne saurait disposer de ressources autres que « les dotations inscrites au
budget de l’État ».
La deuxième est la loi organique sur le Conseil d’Etat. Cette dernière, en son article 58,
attribuait à la Haute juridiction administrative une autonomie financière. La Cour avait indiqué,
30
Cons.const. 29 déc. 1994, décis. n°94-351 DC. 21
31
F. MENGUE ME ENGOUANG, Les finances publiques au Gabon, op.cit.p. 69.
32
Décision n° 1/CC du 28 février 1992, op.cit.
en citant nommément la règle qu’« il résulte de l’article 48 de la Constitution, qu’en matière
de finances publiques, la gestion des fonds obéit aux principes (…) de l’unité budgétaire (…),
que l’autonomie de gestion financière dont peuvent jouir certains organes de l’État constitue
une exception que seule la Constitution peut accorder »33.
La troisième est la loi organique relative aux lois de finances et à l’exécution du budget
de 2015. Dans ce dernier cas, la juridiction constitutionnelle avait considéré que l’article 11 de
ce texte, qui excluait dans le champ des ressources et des charges de l’État les opérations
d’emprunt et de prêt, constituaient une violation du principe de l’unité budgétaire, bien que
celui-ci ne soit pas formellement cité34.
Le principe de l’universalité exige que les recettes et les dépenses soient présentées au
budget pour leur montant brut ce qui interdit l’affectation de tout ou partie d’une recette
déterminée à la couverture d’une dépense déterminée. Deux règles en découlent : la règle de
non- contraction et la règle de non- affectation des recettes et des dépenses.
33
Décision n° 009/CC du 28 octobre 2002. 22
34
Décision n°009/CC du 24 février 2015, op.cit.
(produit net) est contraire à la règle de non-compensation. Cette règle pose une exhaustivité
analytique.
Les tempéraments à la première règle concernent les comptes spéciaux et les marchés
de transformation ou de conversion. A travers les comptes spéciaux, le législateur laisse
entrevoir la possibilité d’une compensation entre les recettes et les dépenses. Les marchés de
transformation ou de conversion sont des contrats par lesquels l’Etat confie à un nouvel
entrepreneur l’exécution d’un marché interrompu avant son terme normal par un autre opérateur
économique. Ce type de contrat prend en compte les matériaux ou les fournitures non utilisés
par le bénéficiaire du marché initial. Dans ce cas, le cout des matériaux et des fournitures
récupérés par le nouvel entrepreneur ou fournisseur est déduit du montant total du marché. Il
en résulte une contraction de la dépense initialement prévue dans le cadre du premier marché.
On peut, au regard de ce qui précède, retenir que les budgets annexes et les comptes
spéciaux constituent les principales exceptions à la règle de non-affectation. Constituent
23
également des exceptions à la règle, les fonds de concours, l’attribution de produits et le
rétablissement des crédits.
Les fonds de concours, selon l’article 57, alinéa 2, de la loi organique de 2015, sont
« constituées, d’une part, par les fonds à caractère non fiscal versés par des personnes
physiques ou morales, notamment les bailleurs de fonds nationaux ou internationaux, pour
couvrir à des dépenses d’intérêt public et, d’autre part, par des produits de legs et donations
attribués à l’État ». L’alinéa 3 du même article indique que « les fonds de concours sont
directement portés en recettes au budget général, au budget annexe ou au compte spécial
considéré. Un crédit supplémentaire de même montant est ouvert par arrêté du ministre chargé
du budget sur le programme ou la dotation concernée ». L’usage des fonds de concours est
donc déterminé par avance, ce qui constitue une dérogation à la règle de non-affectation.
La règle de l’attribution de crédit est prévue par l’alinéa 3 de l’article 8 de la loi organique
de 2015. Cet article permet en effet à la loi de finances, de manière exceptionnelle, d’attribuer
tout ou partie du produit des prélèvements obligatoires à une autre collectivité publique ou à un
autre organisme public.
Le rétablissement de crédit, prévue par l’article 57, alinéa 5, de la loi organique de 2015,
oblige de restituer au Trésor public les sommes indument payées. Ces sommes constituent une
nouvelle recette qui doit obligatoirement être affectée au service public qui a été provisoirement
ou indument privé de ses crédits au profit d’un autre service.
Une mission est définie comme un ensemble de programmes concourant à une politique
publique définie (article 37, alinéa 3, de la LOLFEB). Elle relève d’un ou de plusieurs
ministères, d’une ou de plusieurs institutions ou autorités administratives indépendantes.
24
Un programme ou une dotation35 regroupe les crédits destinés à mettre en œuvre une
action ou un ensemble cohérent d’actions relevant d’un même ministère, d’une même
institution ou d’une même autorité administrative indépendante auquel sont associés des
objectifs précis, définis en fonction des finalités d’intérêt général, ainsi que les résultats
attendus. Les objectifs de chaque programme sont assortis d’indicateurs de résultats (article 37,
alinéa 4, de la LOLFEB). L’action apparaît ainsi comme composante du programme permettant
d’identifier la destination de la dépense.
Ce principe comporte plusieurs limites. Il s’agit notamment des virements de crédits, des
transferts de crédits, des crédits évaluatifs, des crédits globaux et des fonds politiques.
Les transferts de crédits, on l’a vue, peuvent modifier la répartition des crédits entre
programmes de ministère distincts dans la mesure où l’emploi de crédits transférés, pour un
objet déterminé, correspond à des actions du programme d’origine38.
35
Les dotations regroupent les crédits liés aux : 25
-dépenses des institutions constitutionnelles avec une dotation spécifique à chacune d’entre elles ;
-dépenses accidentelles, destinées à faire face à des besoins urgents et imprévisibles ;
- risques de mise en jeu des garanties et avals donnés par l’Etat (…).
36
Cf. Cour des comptes, Rapport général sur le contrôle de l’exécution des finances en vue du règlement du budget
de l’exercice 2015, p.7.
37
Cf. article 45 de la LOLFEB.
38
Cf. article 45, alinéa 2, de la LOLFEB.
Les crédits globaux sont des crédits votés en bloc par le parlement afin de couvrir les
dépenses dont le montant ne peut être déterminé avec précision au moment de l’adoption du
budget.
Les fonds politiques, encore appelés fonds de souveraineté au Gabon, désignent les
dotations budgétaires allouées au Président de la République, aux présidents de certaines
institutions constitutionnelles, aux membres du gouvernement et aux parlementaires. Selon le
Professeur F. MENGUE ME ENGOUANG, ces fonds permettent à ces autorités de « couvrir
des dépenses indéterminées liées aux charges et aux contraintes de leurs fonctions »39. Ils
constituent une exception à la règle de la spécialité budgétaire car ils ne font l’objet d’aucune
répartition. Celle-ci est plutôt laissée à la discrétion du bénéficiaire.
En attendant l’adoption d’un acte juridique, les autorités du CTRI viennent d’annoncer
la suppression des fonds politiques dans un communiqué.
La doctrine gabonaise n’est pas unanime sur la réelle portée de ce principe. Certains
auteurs y voient une règle exigeant au Parlement de voter le budget en équilibre réel
39
F. MENGUE ME ENGOUANG, Les finances publiques au Gabon, op.cit p.100. 26
(recettes=dépenses. Pas de déficits, pas d’excédents) et donc l’application de la conception
classique de l’équilibre budgétaire. D’autres, par contre, se limitent à reconnaitre qu’il s’agit
d’un principe important sans toutefois préciser sa valeur juridique.
-le solde budgétaire global résultant de la différence entre les recettes et les dépenses
budgétaires (…) ;
40
Décision n°1/CC du 14 janvier 2000. 27
41
Décision n° 066/CC du 13 janvier 2023.
l’obligation faite aux autorités gouvernementales de faire pleinement connaitre, en temps
opportun et de façon systématique, l’ensemble des informations budgétaires.
Selon un auteur, il s’agit d’une « version simplifiée, imagée qui permet à un citoyen de
comprendre (…) ce qu’est le budget »44. Le budget citoyen 2019 du Gabon se définissait comme
« un document synthétique et explicatif des grandes priorités de la loi de finances (LFI) ou des
modifications qui peuvent intervenir lors d’une rectificative (LFR). Il a pour objectif de
permettre une plus grande transparence dans la gestion des finances publiques, et de faciliter
la compréhension par les citoyens des choix opérés par le gouvernement »45.
La sincérité budgétaire peut être définie comme le souci de garantir l’exactitude des
informations contenues dans la loi de finances et dans les comptes de l’Etat ainsi que la fiabilité
de l’équilibre budgétaire annoncé. Ce principe exige donc le réalisme des prévisions
budgétaires et la bonne foi dans l’établissement de ces prévisions. Il est à la fois un principe
comptable et budgétaire.
L’application de cette règle aux budgets publics dans les pays modernes démontre une
volonté de rapprocher la gestion des finances publiques aux modèles de gestion applicables
dans les entreprises privées. Selon certains auteurs, cette règle « est en quelque sorte l’image et
42
Cette loi procède de deux sources formelles : la directive CEMAC n°06/11-UEAC-190-CM-22 du 19 décembre 28
2011 relative au code de transparence budgétaire et bonne gouvernance dans la gestion des finances publiques et
le code des bonnes pratiques en matière de transparence des finances publiques publié en 2007 par le FMI.
43
Cf.art.52
44
A-R.SOUMALA, « rendre accessible le budget au citoyen lambada », cité par A. ISSOUFOU, « Transparence
des finances publiques un nouveau principe dans l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA),
Annales africaines, 2018, n°9, p.230.
45
Disponible sur : http://budget.gol.demo.ni.ga , p.1. Consulté le 10 mars 2022.
l’expression des transformations des systèmes financiers publics depuis une trentaine d’années.
Elle exprime la richesse, mais aussi les ambiguïtés et les difficultés, à la fois matérielles et
théoriques des mutations des finances publiques »46.
Le principe a été dégagé par le Conseil constitutionnel français avant d’être repris par
les articles 27, 31, 32 et 58 de la loi organique relative aux lois des finances de 2001.
Au Gabon, on le retrouve aux articles 7, alinéa 447 ; 70, alinéa 248 et 72, alinéa 449, de la
loi organique de 2015.
L’exclusion des comptes spéciaux du budget général de l’Etat, en raison de leur caractère
temporaire ou exceptionnel et les conditions particulières de leur financement, justifie que la
sincérité de ces comptes soit altérée.
Sur les budgets autonomes, il est parfois difficile de mesurer la sincérité des budgets des
collectivités locales et des autres personnes morales de droit public dotées d’un tel budget dès
lors que le parlement n’intervient pas dans la préparation, l’adoption et l’exécution de ces
budgets.
46
M. BOUVIER, M-C. ESCLASSAN, J-P. LASSALE, Finances publiques, op.cit., p.309. 29
47
Cet article précise que « Les budgets des administrations publiques présentent de façon sincère l’ensemble des
recettes et des dépenses. Leur sincérité s’apprécie compte tenu des informations disponibles au moment de leur
élaboration et des prévisions qui peuvent raisonnablement en découler »
48
Cet article dispose que « Les comptes de l’Etat (…) doivent être réguliers, sincères et donner une image fidèle
de l’exécution du budget et de l’évolution du patrimoine de l’Etat ».
49
Cet article indique que « les comptables publics sont responsables de la tenue des comptes de l’Etat (…). Ils
s’assurent notamment de la sincérité des enregistrements comptables et du respect des procédures ».
Chapitre 2 : Le cadre juridique du budget de l’Etat : les lois de finances
Selon l’article 10 de la LOLFEB, « les lois de finances ont pour objet de déterminer les
ressources et les charges de l’Etat, de définir les conditions de l’équilibre budgétaire et
financier, d’arrêter le budget de l’Etat et de rendre compte de son exécution ».
La loi organique de 2015 institue trois catégories de lois de finances : la loi de finances
de l’année encore appelée loi de finances initiale (§1), les lois de finances rectificatives (§2), la
loi de règlement (§3).
La Cour constitutionnelle, pour des raisons importantes, a créé la loi de finances spéciale
(§4).
La loi de finances de l’année, ou loi de finances initiale, est le texte qui ouvre le cycle
budgétaire qui s’étend du 1er janvier au 31 décembre. Selon l’article 11 de la loi organique de
2015, cette loi prévoit et autorise, pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et des
charges de l’État.
Les lois de finances rectificatives, encore appelées collectifs budgétaires, selon l’article
14 de la loi organique de 2015, sont des lois qui peuvent, en cours d’année, modifier les
dispositions de la loi de finances initiale (modification de l’autorisation budgétaire accordée par
30
le Parlement en début d’année). Elles peuvent également ratifier les modifications, par décrets
d’avance, opérées par l’exécutif (modification des mesures réglementaires prises en cours
d’exécution du budget).
-les grandes lignes de l’équilibre budgétaire défini par la loi de finances de l’année se trouvent
bouleversées, notamment en raison de l’évolution de la conjoncture, de l’intervention de
décrets d’avance ou d’arrêtés d’annulation de crédits ;
-les recettes constatées dépassent sensiblement les prévisions de la loi de finances de l’année ;
-d’un tableau récapitulant les mouvements de crédits intervenus par voie réglementaire
depuis la loi de finances de l’année.
§3 : La loi de règlement
Au regard de l’article 17 de la loi organique relative aux lois de finances et à l’exécution
du budget, la loi de règlement comporte un double objectif qui consiste, d’une part, à arrêter les
résultats de la comptabilité budgétaire et de la comptabilité générale, d’autre part, à procéder
aux modifications de crédits jugées nécessaires par le Parlement. Sur ces points, on doit donc
retenir que la loi de règlement n’est pas une loi de prévision, mais une loi de constatation et de
ratification des comptes de l’État.
31
Elle peut, par ailleurs, comporter toutes dispositions relatives au contrôle de la gestion
des finances publiques, ainsi qu’à la comptabilité de l’Etat et aux régimes de responsabilité des
agents de l’exécution du budget.
La loi de règlement a donc pour vocation d’achever le cycle budgétaire commencé par la
loi de finances de l’année. Il s’agit d’un instrument de contrôle dont dispose les parlementaires.
L’examen préalable du projet de loi de règlement permet en effet aux parlementaires d’avoir
une idée générale sur l’application par le Gouvernement des budgets précédents. Le contenu de
ce texte, , comme le souligne à juste titre Raymond MUZZELEC, leur permet de se livrer « à
un véritable contrôle de légalité budgétaire en examinant la régularité des dépenses. En
d’autres termes, il envisage dans quelle mesure le budget a été correctement exécuté compte
tenu de la conjoncture politique, économique et sociale »50.
On peut également mettre en avant la rapidité avec laquelle le projet est examiné par les
membres des assemblées parlementaires.
Au Gabon, la loi de finances spéciale a été instituée par la Cour constitutionnelle dans
une décision rendue le 12 novembre 1999. Elle ne peut être adoptée que lorsque que le
Gouvernement n’a pas respecté les délais de dépôt du projet de budget : « Lorsque la loi de
finances annuelle ne peut être votée et promulguée avant le début de l’exercice budgétaire, en
raison du dépôt tardif du projet de celle-ci à l’Assemblée nationale, le Gouvernement dépose,
quinze jours avant la clôture de la session budgétaire, un projet de loi spéciale, discuté et
adopté selon la procédure d’urgence, l’autorisant à percevoir les impôts existants et à ouvrir
les crédits se rapportant aux services votés dans la limite de 1/12ème, renouvelable »51.
50
R. MUZZELEC, « Un exemple de contrôle parlementaire a posteriori : la loi de règlement », Revue de science 32
financière, 1973, p.28.
51
Décision n°006/CC du 12 novembre 1999.
En France, le régime juridique des lois de finances spéciales est prévu par la Constitution
et par la LOLF.
L’article 47, alinéa 4, de la loi fondamentale indique que « si la loi de finances fixant les
ressources et les charges n’a pas été déposée en temps utile pour être promulguée avant le
début de cet exercice, le Gouvernement demande d’urgence au Parlement l’autorisation de
percevoir les impôts et ouvre par décret les crédits se rapportant aux services votés ».
L’autre possibilité dont dispose l’Exécutif français est la présentation d’un projet de loi
de finances spéciale lorsque la procédure d’adoption de loi de finances partielle n’a pas abouti
ou suivi. Dans ce cas, le législateur organique lui permet de déposer « avant le 19 décembre de
l’année qui précède celle de l’exécution du budget devant l’Assemblée nationale un projet de
loi spécial l’autorisant à continuer à percevoir les impôts existants jusqu’au vote de la loi de
finances de l’année ». La loi de finances spéciale a la particularité de ne contenir qu’un seul
article (l’article 1er) qu’on retrouve d’ailleurs dans toutes les lois de finances de l’année. Elle
permet au Parlement d’autoriser le Gouvernement à percevoir les impôts déjà institués : « La
perception des impôts, produits et revenus affectés à l’État, aux collectivités territoriales, aux
établissements publics et organismes divers habilités à les percevoir continue d’être effectué
pendant l’année conformément aux lois et règlements et aux dispositions de la présente loi de
finances ».
52
M. BOUVIER, M-C. ESCLASSAN, J-P. LASSALE, Finances publiques, Dalloz, 19ème éd. P.405. 33
de l’année est dévolue au premier (§1), son adoption est confiée au second (§2). Les décisions
rendues par la Cour constitutionnelle allant dans le sens de garantir le respect des règles de
compétence seront analysées (§3).
34
Le budget apparait comme un instrument devant permettre au Gouvernement de définir
et de mettre la politique de la nation. Il s’agit, comme l’écrivait Paul Marie GAUDEMET, de
« l’expression privilégiée »53 de cette politique. Pour Gilbert ORSONI, cet instrument traduit
« financièrement les choix d’une équipe gouvernementale »54. Gaston JÈZE déclarait de son
côté que « le budget est essentiellement un acte politique (…). Le budget est, avant tout, la mise
en œuvre d’un programme d’action politique »55.
Ainsi, l’attribution de l’élaboration de cet instrument à une autre entité publique autre
que l’Exécutif serait une manière de déposséder celui-ci du cœur de ses prérogatives
constitutionnelles. Deux auteurs indiquent à ce sujet que « le gouvernement détermine et
conduit la politique de la nation (…) ; or, par-dessus tout, le budget exprime cette politique,
donc le budget ne peut être que l’œuvre du gouvernement »56.
53
P. M. GAUDEMET, « Budget et gouvernement », in L. PHILIP (dir.), Dictionnaire encyclopédique de finances 35
publiques, Paris, Economica, 1991, p.191.
54
G. ORSONI, Science et législation financière, Paris, Economica, 2005, pp.140-141.
55
G. JÈZE, Cours de science des finances et de la législation financière française, Paris, Giard, 6e éd, 1922, p.
324.
56
R. MUZELLEC, M. CONAN, Finances publiques, Paris, Sirey, 16e éd., 2013, p.13.
57
R. HERTZOG, « Les pouvoirs financiers du Parlement », RDP, 2002, n° 1-2, p. 308.
La procédure d’élaboration est engagée, chaque année, par le Premier ministre sur
proposition des ministres chargés du budget et de l’économie. Le premier ministre est ainsi
habilité à :
-déterminer les priorités budgétaires et normes de dépenses pour les demandes de crédits
des ministères ;
Ce débat s’engage sur la base d’un rapport déposé par le gouvernement sur l’évolution
à moyen terme de l’économie nationale et sur les orientations des finances publiques. Ce
rapport, qui doit être envoyé au plus tard le 15 juin de chaque année, doit contenir de documents
de cadrage (il s’agit de documents comportant des informations sur un minimum de trois ans
sur l’ensemble des dépenses et recettes des administrations publiques, du besoin ou de la
capacité de financement des administrations publiques, des éléments de financement ainsi que
du niveau global d’endettement financier des administrations) et d’un rapport sur l’exécution
58
Décision n°273/CC du 24 janvier 2019. 36
de l’exercice en cours. Le DOB doit être organisé par le Parlement au plus tard le 30 juin de
chaque année. Aucun vote n’est prévu.
Les avis de la plus haute juridiction de l’Etat en matière administrative ne lient pas le
Gouvernement61. Ils ne sont pas rendus publics qu’à la demande du Gouvernement, qui est
encouragé, pour des raisons de sécurité juridique, à ne pas s’écarter des avis du CE.
La Consultation de la Cour des comptes est également obligatoire. Elle a été instituée
par la loi organique n°003/2022 du 27 avril 2022 fixant l’organisation, la composition, la
compétence et le fonctionnement des juridictions de l’ordre financier. C’est l’article 48,
tirets 9 et 10, de ce texte qui la consacre. Il indique que la Cour « examine, pour avis, les
projets de lois, d’ordonnances et de décrets portant sur l’organisation et le fonctionnement
des services financiers de l’Etat, des collectivités et des organismes publics (…) ; procède
à des enquêtes, des contrôles et formule des avis à la demande du Président de la
République, du Gouvernement, du Parlement ou toute autre personne morale de droit
public sur toutes questions d’ordre budgétaire, financier et comptable relevant de sa
compétence ».
S’agissant du CESE, il peut être saisi, pour avis, en application des dispositions de
l’article 96 de la Constitution. A la différence du CE et de la Cour des comptes, la saisine
du Conseil n’est pas obligatoire.
59
« Les projets de lois sont délibérés en Conseil des Ministres, après avis du Conseil d’Etat et déposés sur le 37
bureau de l’une des deux chambres du Parlement ».
60
« Outre ses compétences juridictionnelles, le Conseil d’Etat est consulté dans les conditions fixées par la loi
organique (…).
Lorsqu’il est saisi par le Gouvernement sur les projets de textes législatifs ou réglementaires, le Conseil d’Etat
rend des avis dans des actes séparés ».
61
Art. 75, alinéa 3, de la Constitution.
Le délai de dépôt du projet de budget par les autorités exécutives apparait à l’analyse des
dispositions constitutionnelles et/ou organiques. L’article 48 de la Constitution en son l’article
48, alinéa 1, dispose que « toutes les ressources et les charges de l’État doivent, pour chaque
exercice financier, être évaluées et inscrites dans le projet annuel de la loi de finances de
l’année déposée par le Gouvernement à l’Assemblée Nationale quinze jours (15) au plus tard
après l’ouverture de la session ordinaire ». En théorie, étant donné qu’aux termes de l’article
41 du même texte « la session parlementaire s’ouvre le premier jour ouvrable du mois octobre
(…) , on peut alors estimer que c’est au début de la première quinzaine du mois d’octobre que
le dépôt doit s’effectuer.
Les textes supra législatifs ne prévoient pas les mesures à prendre lorsque l’Exécutif n’a
pas respecté les délais de dépôt du projet de budget. On l’a vu plus haut, le juge constitutionnel,
dans une décision rendue 12 novembre 1999, a comblé cette lacune en contraignant le
Gouvernement à déposer sur la table du Parlement un projet de loi de finances spécial.
En pratique, la Cour constitutionnelle n’a jamais garanti le respect des contraintes liées
au dépôt du PLF. Elle a par contre autorisé la violation de ces contraintes. Tout d’abord, dans
la décision de 1999 précitée, cette juridiction a indiqué qu’une « loi de finances, dont le projet
a été déposé tardivement à l’Assemblée nationale, est valablement adoptée lorsque son
adoption et sa promulgation interviennent avant le début de l’exercice budgétaire concerné ».
Dans deux décisions rendues en 200062 et en 200163, saisie pour censurer les lois de
finances pour ces deux années pour dépôt tardif des projets qui leur ont donnés naissance, elle
n’a fait qu’appliquer sa jurisprudence de 1999 et rejeter les moyens soulevés par les requérants.
62
Décision n° 1/CC du 14 janvier 2000 38
63
Décision n° 1/CC du 17 janvier 2001
64
Décision n°55/CC du 27 octobre 2009.
65
Il s’agissait de la vacance de la présidence de la République, de la mise en place d’un gouvernement de transition,
de l’élection présidentielle anticipée et de la nomination d’un nouveau gouvernement au-delà de la date butoir du
délai constitutionnel du dépôt du projet de loi de finances à l’Assemblée nationale.
de loi de finances de l’exercice 2010 et de déposer celle-ci à l’Assemblée nationale dans les
délais requis par la Constitution ; qu’il y a donc lieu de différer la période de dépôt à
l’Assemblée nationale du projet de loi de finances de l’exercice 2010 er de fixer au 30 décembre
2009, au plus tard, l’observation de cette formalité par le Gouvernement ».
Depuis cette décision, on note l’adoption de plusieurs autres lois hors délais
constitutionnels. La plus récente est la loi de finances pour l’année 2022. Elle a été adoptée le
3 février 2022 et publiée au journal officiel après promulgation le 23 mars 2022. Le
Gouvernement avait donc effectué, depuis le premier janvier 2022, des opérations financières
et budgétaires sans aucune base juridique pendant près de 100 jours.
On verra successivement ici les règles qui déterminent l’ordre, les délais d’examen(I) et
l’encadrement du droit à l’amendement (II).
39
66
Voir notamment B. JEAN-ANTOINE, Les normes constitutionnelles financières en droit français de 1789 à
nos jours, op.cit., p. 189 ; G. PEISIER, « La priorité de l’Assemblée nationale sur le Sénat en matière de lois de
d’une tradition constitutionnelle, né en Angleterre en 1678, qui veut que seule une assemblée
dont les membres sont élus directement par les citoyens autorise les dépenses et les recettes.
Sur les délais, l’article 48, alinéa 2, de la Constitution précise que l’Assemblée nationale
dispose de quarante-cinq jours pour voter la loi de finances. Si ce délai n’est pas respecté, le
gouvernement saisit le Sénat qui doit statuer dans les vingt jours. Au sortir de cette étape, le
texte revient à l’Assemblée nationale et la procédure se poursuit comme précédemment indiqué.
Il résulte de ces dispositions que lors de l’examen des projets de lois de finances, les
parlementaires doivent s’abstenir de formuler des amendements qui auraient pour conséquences
de diminuer les ressources publiques ou d’aggraver les charges publiques.
Les recettes inscrites au budget général de l’Etat, dans les budgets annexes et dans les
comptes spéciaux font l’objet d’un vote d’ensemble. L’article 25, alinéa 2, de la loi organique
de 2015 prévoit toutefois un vote séparé pour chaque compte de prêt, d’avance ou de garantie.
67
A. LE DIVELLEC, M. DE VILLIERS, Dictionnaire de droit constitutionnel, op.cit., p.8. 41
En ce qui concerne les dépenses, les modalités de vote varient en fonction de leur nature :
les dépenses inscrites au budget général de l’Etat font l’objet d’un vote par mission ; celles
inscrites dans les budgets annexes et les comptes spéciaux sont en revanche votées par budget
annexe et par compte spécial.
Il importe de préciser que les autorités exécutives peuvent interférer lors du vote des
projets de lois de finances par le canal de deux procédures prévues par le texte constitutionnel.
Il s’agit du vote « bloqué » et de l’engagement de la responsabilité.
68
« Si le Gouvernement le demande, l’assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en 42
discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement ».
69
A. MAUCOUR-ISABELLE, La Rénovation des pouvoirs budgétaires du Parlement sous la Ve République,
op.cit., pp.68-69.
70
« Le premier ministre peut, après délibération du Conseil des ministres, engager la responsabilité du
Gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un projet de loi de finances ou de financement de la
sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté, sauf si une motion de censure, déposée dans
les vingt-quatre heures qui suivent, est votée dans les conditions prévues à l’alinéa précédent. Le premier ministre
peut, en outre, recourir à cette procédure pour un autre projet ou une proposition de loi par session ».
Au Gabon, cette procédure est régie par les articles 6371, 6472 et 6573 de la Constitution. Ces
dispositions ne posent aucune limitation sur l’utilisation de la règle et ne donnent aucune
précision particulière sur les projets de lois de finances.
Elle a déjà sanctionné le Gouvernement à deux reprises pour violation des pouvoirs du
Parlement.
La deuxième décision porte sur l’arrêté n°0685/PM du 24 décembre 2021 fixant l’entrée
en vigueur des nouvelles mesures gouvernementales de prévention, de lutte et de riposte contre
la propagation de la Covid-19. En l’espèce, cet arrêté mettait fin à la gratuité des tests PCR et
prévoyait, en son article 6, le prix du test PCR normal à 20.000 et du test PCR VIP à 50.000
FCFA. Pour la Haute juridiction, « il ressort de l’instruction que ni la loi de finances
rectificative de 2021, ni celle qui vient d’être votée par le Parlement n’ont prévu les recettes
71
« « Le premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, engage la responsabilité du Gouvernement
devant l’Assemblée nationale, en posant la question de confiance, soit sur une déclaration de politique générale, 43
soit sur le volet d’un texte de loi.
Le débat sur la question de confiance intervient dans un délai de trois jours francs après qu’elle a été posée. La
confiance ne peut être refusée qu’à la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale ».
72
« L’Assemblée nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de censure.
Une telle motion, n’est recevable que si elle est signée par au moins un quart des membres de l’Assemblée
nationale ».
73
« Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure ou refuse sa confiance au Premier Ministre,
celui-ci doit remettre immédiatement sa démission au Président de la République.
La démission du Premier Ministre entraîne la démission collective du Gouvernement.
Un nouveau Premier Ministre est alors nommé (…) ».
74
« Les traités de paix, les traités de commerce, les traités relatifs à l’organisation internationale, les traités qui
engagent les finances de l’État, ceux qui modifient les dispositions de nature législative, ceux qui sont relatifs à
l’état des personnes ne peuvent être approuvées et ratifiés qu’en vertu d’une loi ».
75
Décision n° 8/CC du 22 juin 2000, op.cit.
relatives aux tests PCR normaux, mais plutôt celles concernant les tests PCR VIP ; qu’il
s’ensuit qu’en prévoyant le coût des tests PCR normaux, l’article 6 de l’arrêté en cause viole
les dispositions combinées des articles 47 et 48 de la Constitution ». Elle a donc relevé la
violation du principe du consentement de l’impôt et des dispositions de l’article 48 de la
Constitution aux termes desquelles « toutes les ressources et les charges de l’État doivent, pour
chaque exercice financier, être évaluées et inscrites dans le projet de la loi de finances déposée
par le Gouvernement (…) ». En conséquence, elle a purement et simplement censuré cet
article76.
76
Décision n°045/CC du 24 décembre 2021. 44
77
Décision n°273/CC du 24 janvier 2019.
78
Ibidem.
45