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UNIVERSITE UASTM - NIGER

COURS DE FINANCES
PUBLIQUES
Docteur KODZOVI MAWUENA MARCEL DEFLY
14/11/2022
ENSEIGNANT CHERCHEUR DES UNIVERSITES

EXPERT COMPTABLE

+227 91419494

fydel_k@yahoo.fr

Ce cours permet aux apprenants de se familiariser aux notions et concepts en


matière de gestion de finances publiques. Il mettra l’accent sur les mécanismes
d’élaboration, d’adoption, d’exécution et de contrôle de la loi des finances.
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OBJECTIFS DU COURS :

1. Initier les étudiants à la Finance Publique sous l’angle du droit


financier ;
2. Préciser les grandes caractéristiques des finances publiques et en
retracer l’historique ;
3. Appréhender les mutations en cours dans l’espace UEMOA en matière
de finances publiques ;
4. Préparer les étudiants aux statistiques des finances publiques.

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INTRODUCTION GENERALE
Les finances publiques relèvent des sciences sociales et constituent la branche du
droit public qui a pour objet l’étude des règles et des opérations relatives aux deniers
publics.

Elles déterminent l’ensemble des ressources et des charges qui se rapportent à


l’activité des personnes publiques. Elles occupent de nos jours, une place de plus en
plus importante, au rang des préoccupations aussi bien des décideurs et
gouvernants, que des chercheurs et citoyens des pays africains.

Outre l’impact économique et social des opérations financières des personnes


publiques, l’avènement des politiques de regroupement et d’intégration des Etats
(UE, UEMOA, CEMAC….etc.) place les finances publiques avec l’harmonisation des
politiques (budgétaire, fiscales …etc.) au sein des préoccupations et des objectifs
communs.

Elles ont bénéficié ces dernières années d’importantes évolutions qui leur ont
apporté de profonds changements. Le point de départ des évolutions est l’adoption
par le parlement français de la loi organique sur les lois de finances (LOLF) en 2001
et sa mise en application à partir de la loi des finances de l’année 2006. La directive
relative aux lois de finances au sein de la communauté économique et monétaire de
l’Afrique centrale (CEMAC) de 2011 et la directive de l’union économique et
monétaire ouest-africaine (UEMOA) portant loi des finances au sein de l’UEMOA de
2009 , ainsi que les lois relatives aux lois des finances hors des deux zones ,
viennent compléter le dispositif législatif de basculement des finances publiques d’un
budget de moyen présenté par nature de dépense , à un budget par objectif présenté
par programmes .

Il ne s’agit pas d’une simple amélioration de la procédure budgétaire, mais d’un


changement total de perspective. Avant ces différentes lois, le gouvernement
demandait au parlement des autorisations de dépenser sans justifier les objectifs de
la dépense. De nos jours, il sollicite des autorisations de dépense sur la base de
programmes, c’est-à-dire de politiques publiques auxquelles sont associés des
objectifs et des indicateurs qui permettront, après exécution d’en mesurer le degré de
réalisation.

Les pays anglophones ont adopté les nouvelles reformes de finances publiques
avant les pays francophones qui sont en voie de combler ce retard .Ainsi la quasi-
totalité des pays francophones sont soit déjà passés au système des budgets
programmes, soit mènent des expériences pilotes.

L’intérêt de la transition vers les nouvelles finances publiques est difficilement


inévitable.

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L’objectif recherché à travers ce présent cours, est de familiariser les apprenants aux
notions essentielles que renferme le concept des finances publiques.

Essais de définition de la notion des finances publiques.

Compte tenu de la diversité des phénomènes qu’appréhende le concept des


finances publiques, il n’est pas aisé de le définir de manière standard .Elles peuvent
se définir comme la science qui étudie les moyens d’action financiers permettant aux
personnes morales de droit public d’intervenir dans la vie économique et sociale.

Selon BIGAUT, « les finances publiques ont pour objet l’étude des problèmes
financiers concernant l’Etat, les collectivités publiques, les mécanismes qui s’y
rapportent et les règles juridiques qui leur sont appliquées. » ;

Quant à Pierre Marie Gaudemet, il considère les finances publiques comme


étant : « une science carrefour ou un confluant de phénomènes constitutionnel
(discussion budgétaire au parlement) ; politique (lecture du choix politique dans le
budget) ; économique (impact du budget sur l’économie) ; social (appréciation de la
confiance de l’opinion publique en matière fiscale, d’emprunt). »

Dès lors, l’on peut admettre que les Fin. Pub. Constituent la branche du droit public
qui étudie les opérations relatives aux deniers publics .Elles viennent compléter le
droit constitutionnel, le droit administratif, le droit international et regroupent le droit
budgétaire, le droit fiscal et la comptabilité publique.

La science des finances publiques est l’étude des moyens par lesquels, l’Etat se
procure les ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques et en
repartit les charges entre les citoyens.

Après ces quelques essais de définition du concept des fin.pub, il s’avère nécessaire
de déterminer leur champ d’application, avant de faire la distinction entre les fin.pub
.classiques aux fin.pub. Moderne.

Champ d’application des finances publiques

Le champ d’application des fin.pub. Correspond au secteur des administrations


publiques dont le rôle principal consiste à produire des services non marchands
destinés, essentiellement à la consommation collective et d’effectuer des transferts
de revenus conformes aux politiques de l’Etat, financés principalement, par des
prélèvements obligatoires sur les autres secteurs.

Ce secteur regroupe l’ensemble des unités administratives formées des sous-


secteurs suivants :

 L’administration publique centrale ;


 les Etats d’une fédération, les administrations publiques provinciales le cas
échéant ;

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 Les administrations publiques locales, y compris les régions et


départements….etc.
 les systèmes de sécurité sociale autonomes ;
 toute autorité supranationale pouvant lever l’impôt et effectuer des dépenses
sur le territoire d’un pays (UEMOA, CEDEAO …).

Cette délimitation du champ des administrations publiques est établie par le fonds
monétaire international (FMI) .Comme on pourra le constater, ce champ est de loin,
plus large que celui couvert par l’intervention des personnes chargées de l’exécution
des opérations de la loi des finances (responsables de programme, les ordonnateurs,
les comptables publics.)

Distinction entre les finances publiques classiques et les finances publiques


modernes

La mutation du rôle de l’Etat a entrainé des changements dans les finances


publiques .On distingue les finances publiques classiques et celles dites modernes.
Comparer les deux types, revient à les classer dans leur contexte historique.

Finances publiques classiques

Elles se définissent par trois signes caractéristiques : stabilité, cohésion et adhésion


et elles sont liées à l’Etat libéral du 19èmesiècle, encore appelé Etat gendarme. Cet
Etat ne devait assurer que les fonctions indispensables à sa survie à savoir la
défense du territoire, la diplomatie, la justice, la police, et l’émission monétaire. Il doit
maintenir l’ordre et abandonner aux particuliers, les autres domaines de la vie
économique et sociale. Ceci se manifeste en effet, par la non intervention de l’Etat
dans le domaine socio-économique. Son abstention est alors la condition sine qua
none de son développement économique et social.

Le rôle de l’Etat libéral consistait à règlementer et assurer le fonctionnement normal


des activités des particuliers. Cela s’illustre à travers la célèbre formule des
physiocrates : « laissez-faire, laissez-passer, car le monde va de lui-même. » .Il faut
cependant noter que cette conception n’est envisageable et envisagée que dans un
environnement stable c’est-à-dire un environnement qui ne subit aucune pression de
nature agir sur la monnaie (dévaluer ou surévaluer) , principale source d’échange .
Au temps des classiques, l’Etat n’avait pas de ressources hors de son territoire et
toutes ses ressources sont constituées principalement des fiscalités internes .Les
dépenses sont dites, administratives c’est-à-dire celles nécessaires au
fonctionnement des services publics indispensables : les fonctions régaliennes. Le
budget de l’Etat gendarme, est un budget faible à cause des missions qui lui sont
assignées. Il est neutre dans la mesure où, aucune dépense n’est effectuée dans
l’économie et le social et que les recettes servaient à financer les fonctions
régaliennes. C’est un budget voté en équilibre, car les classiques condamnaient à la
fois le déficit et l’excédent budgétaire. Mais l’avènement de l’instabilité économique,

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causée par les deux guerres mondiales et la crise économique de 1929, a précipité
l’abandon de cette conception classique des finances publiques.

Finances publiques modernes

La conduite des deux guerres a permis une forte concentration des pouvoirs au profit
de l’Etat qui devient le centre d’impulsion et levier de commande économique .Les
guerres ayant causé des troubles et des dégâts importants aux particuliers , il était
et devenait impossible à l’Etat de « laisser-faire et laisser-passer » , car le monde
n’allait plus de lui-même .S’agissant de la crise économique de 1929 ,elle est
d’origine Américaine et s’était traduite par une inflation généralisée (situation de
déséquilibre économique et monétaire caractérisée par une hausse continue des prix
, qui diminue d’autant le pouvoir d’achat de l’unité monétaire).Pour reconstruire ce
qui a été détruit par les guerres et pallier à l’instabilité économique, il faut apporter
des innovations révolutionnaires sur le budget des classiques. C’est ainsi qu’avait vu
le jour le concept moderne des finances publiques .Le budget classique devient
interventionniste et n’est plus faible car l’Etat ne se contente plus seulement de ses
recettes ordinaires qui, d’ailleurs, sont insuffisantes pour couvrir l’ensemble des
dépenses .L’Etat a désormais recours à l’emprunt et à d’autres sources de
financement. C’est un budget ouvert car participe aussi au financement des
organisations nationales et internationales .De même, le principe d’un budget
équilibré est rompu .Face à l’incapacité des particuliers à assurer eux seuls, un
équilibre économique et social, l’Etat à travers le budget intervient dans l’économie
pour garantir un développement harmonieux des pays. Cela à travers un budget
productif qui n’est plus neutre.

Distinction entre finances publiques et finances privées

Les finances publiques se différencient des finances privées par plusieurs traits,
même si des similitudes entre elles, permettent de procéder à des rapprochements
assez significatifs .Par ailleurs, toutes les deux disciplines entretiennent des liens
communs avec l’économie. Elles se distinguent par rapport à un certain nombre de
caractéristiques parmi lesquelles, on notera :

 Du point de vue des objectifs poursuivis par les deux finances : les finances
publiques sont au service de l’intérêt général, alors que les finances privées
poursuivent des objectifs privés ;
 Pour ce qui est des moyens qu’elles emploient : les administrations publiques
disposent de prérogatives de puissance publique qui leur confèrent de
pouvoirs exorbitants de droit commun. Alors que les personnes privées
utilisent les règles du droit commun basées sur les échanges de l’offre et la
demande ;
 Concernant le régime de responsabilité auquel elles sont confrontées : les
acteurs de mise en œuvre des finances publiques ,en occurrence les agents
chargés d’exécuter les opérations en deniers publics , sont justiciables de
juridictions particulières selon un régime de responsabilité spécifique auquel

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échappent les gestionnaires des deniers privés ,responsables devant les


tribunaux de droit commun ;
 Quant au niveau ou volume des ressources financières mobilisées : la masse
monétaire drainée par les finances publiques est beaucoup plus considérable
que celle des deniers privés .En conséquence, la gestion d’une collectivité
privée a un effet moins sensible sur l’économie d’un pays par rapport à
l’action importante qu’exercent les deniers publics sur elle ;
 S’agissant de la création de la monnaie : les finances s’expriment en monnaie
dont seul l’Etat a la maîtrise de son émission, qui, échappe à la volonté des
détenteurs des deniers privés.

Les deux types de finance se rapprochent sur un certain nombre de


préoccupations dont notamment :

 De l’efficacité dans la gestion des ressources : le caractère lucratif des


activités du privé , l’oblige à se préoccuper des coûts de ses interventions
financières en particulier et de ceux que nécessitent toutes ses activités
en général .Les personnes publiques se sont pendant assez longtemps ,
peu préoccupées de cet aspect de coût qu’engendrent leurs activités
.Mais avec la démocratisation de plus en plus poussée de la vie publique ,
les citoyens deviennent exigeants et réclament une meilleure utilisation
des ressources (impôts ,taxes …) qu’ils mettent à la disposition des
collectivités publiques .Du coup ,ces dernières sont tenues de mieux gérer
, d’autant que l’obligation de rendre compte devient plus pressante pour
les gestionnaires publics .
 De la soumission de certaines administrations aux règles de gestion du
secteur privé : il arrive que des personnes publiques adoptent ou se
soumettent aux règles du marché pour accéder à des ressources
financières, des infrastructures, des biens et services de tout genre. On
peut à cet égard , citer l’intervention des trésors publics nationaux sur les
marchés financiers régionaux et internationaux afin de se procurer de
moyens financiers leur permettant de faire face soit , à des tensions de
trésorerie ou soit investir .C’est une solution alternative à l’abandon des
découverts statutaires par les instituts d’émission .Les conventions et
contrats signés par nos Etats dans le cadre du partenariat public et privé ,
obligent ceux-ci à se soumettre aux exigences de ces partenaires privés.
Dans le cadre aussi de la gestion totale ou partielle de certaines
entreprises publiques (SEEN) selon les règles du mode de gestion privée.
 De la volonté d’améliorer davantage l’impact des finances : avec
l’installation de plus en plus prononcée du libéralisme économique, le rôle
se réduit et l’un de ses soucis majeurs, reste l’efficience dans la gestion de
ses ressources. C’est pourquoi, à défaut de dépenser plus, l’Etat doit
dépenser mieux.

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Conclusion

Les finances publiques constituent une matière pluridisciplinaire et transversale


relevant à la fois du droit, en ce sens, qu’elle fixe des normes et des règles ; de
l’économie par sa place et son rôle dans ce secteur .C’est une matière qui a pour
objet général , la résolution des problèmes d’ordre financier que rencontrent les
collectivités publiques dans l’exécution de leurs missions .Bien que la gestion
financière publique reste encore , dans une large mesure , régie par des
préoccupations et des règles qui lui sont propres et qui se distinguent de celles
de la gestion privée .Toutefois , l’Etat et ses démembrements sont
volontairement ou non , amenés à emprunter certains principes de gestion
financière du privé du fait de l’évolution actuelle .

Aussi, les gestionnaires publics se doivent-ils de se préparer à une conversion de


compétence et, sans nul doute de mentalité. Mais les finances publiques ne se
pas seulement de finances privées, de ces traits cités haut seulement, leurs sorts
respectifs restent liés par le fait qu’elles sont deux corrélées fortement par
l’économie avec une différence d’échelle .Cette discipline appelle par ailleurs, à
la délimitation du périmètre des administrations publiques ainsi que l’indication de
la nature et la classification de leurs opérations.

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CHAPITRE I : NOTION DE BUDGET ET DE LOI DE FINANCES


A l’origine, le budget était la notion centrale qui dominait toutes les finances
publiques .La notion de loi de finances n’était pas véritablement dissociée de celle de
budget à tel point que certains auteurs du 20ème siècle employaient l’expression « loi
de budget ».

Pendant longtemps confondus, les notions de budget et de loi de finances se sont


progressivement distinguées.

I.I NOTION DE BUDGET

Le budget est document suffisamment particulier dont sa présentation, son contenu


et sa procédure d’adoption résultent de sa quadruple facettes : historique, politique,
juridique et financier.

D’origine anglo-saxonne, le budget vient du mot « bougette » qui désigne la petite


bourse, le sac du roi qui renfermait l’argent nécessaire aux dépenses publiques.

C’est un acte politique, en ce sens qu’il exerce une incidence sur le régime politique
et la politique du régime. Il est le reflet financier de la politique gouvernementale,
puisque quel que soit le programme politique, il aura nécessairement des
conséquences sur les recettes et sur les dépenses. Ce qui se traduit par son action
non seulement sur sa nature, mais aussi sur sa stabilité. C’est un instrument de
l’action gouvernementale, déterminant le politique et permettant la réalisation des
objectifs politiques contenus dans le programme de campagne du régime. Reflet
d’une vision, le budget est également un enjeu de pouvoir, c’est-à-dire, c’est son
biais qu’ont pu apparaître les régimes parlementaires démocratiques. C’est un acte
juridique puisqu’il prend la forme d’un acte administratif en ce qui concerne les
collectivités locales et les établissements publics et d’une loi en ce qui concerne
l’Etat : loi des finances.

C’est un acte de bonne gestion, c’est une prévision chiffrée d’activités futures. C’est
document comptable au même titre que les états prévisionnels chiffrés des recettes
et dépenses des entreprises .Mais si la finalité de la programmation financière des
entreprises est la recherche du profit, cette dernière n’est pas la condition d’existence
de l’Etat. Encore convient-il de remarquer que l’expression « dépenser moins mais
mieux » démontre parfaitement que la recherche de rentabilité des services publics
est loin d’être méconnue des pouvoirs publics. Prévision budgétaire répond à trois
questions essentielles :

Quels services et biens, l’Etat va-t-il mettre gratuitement à la disposition de la


collectivité ou des usagers ?

Qui supportera, et par quels moyens, le coût du financement ?

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Quelles en seront les conséquences pour l’économie globale et les relations


financières extérieures de la nation ?

Jadis, le budget permettait d’enregistrer les recettes et les dépenses, de recenser


et contrôler les besoins de l’administration et l’utilisation des ressources.

De nos jours, une double mission est assignée au budget de l’Etat : une mission de
régulation de la vie économique. L’Etat doit limiter les troubles conjoncturels c’est-à-
dire, pendant les périodes de récession caractérisée par une réduction de l’activité
économique ou les périodes d’inflation où l’économie a tendance à « s’emballer », le
budget doit constituer un élément primordial de la relance économique et de
réduction de l’inflation. Cette action n’est possible qu’à travers la limitation de la
pression fiscale, la distribution des subventions aux particuliers et entreprises, la
limitation de l’intervention de l’Etat, la diminution des dépenses et les exonérations
…etc.

Une mission d’allocation et de redistribution des ressources .L’Etat doit assurer le


fonctionnement de ses services publics .Pour cela, il alloue des recettes prélevées
sur la collectivité, aux services dont il a la charge .Cette allocation de ressources doit
s’étendre aux activités industrielles et commerciales du secteur privé .Aussi, il doit
affecter une partie des revenus pour inciter la consommation. Après ces missions
assignées au budget, il convient de focaliser notre étude son aspect financier.

I.1.1Budget, acte de prévision et d’autorisation des recettes et des dépenses

Dans sa conception la plus large, le mot budget désigne tout document comptable
traduisant un plan d’action dans le domaine financier .Toutefois , il existe une
différence entre les « budgets privés » et les budgets des organismes publics .En
effet , les « budgets privés » sont uniquement des actes de prévisions de recettes et
des dépenses par opposition aux budgets publics qui sont des actes de prévision et
d’autorisation .Traditionnellement , le budget est défini comme l’acte par lequel sont
prévues et autorisées les recettes et les dépenses annuelles des organismes publics
.Cette définition comprend deux éléments à savoir , un financier et comptable et un
autre juridique et politique .

1.1.1.1L’élément financier et comptable

Le budget est un acte de prévision des recettes et des dépenses des organismes
publics :c’est l’aspect financier et comptable de la définition .Etant établi pour
l’exercice à venir , il est nécessaire d’évaluer en avance avec le maximum de
précisions la nature des dépenses à effectuer et l’importance des ressources qui
pourront être mobilisées .Le budget est donc un document prospectif qui se distingue
des documents rétrospectifs qui traduisent la situation financière réelle d’une entité
quelconque. Il traduit des opérations futures et virtuelles.

1.1.1.2 L’élément juridique et politique

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Le budget est un acte d’autorisation des recettes et des dépenses des organismes
publics : C’est l’aspect juridique et politique de la définition .Ce qui caractérise le
budget public et lui donne son originalité est l’autorisation préalable accordée par un
organe délibérant. En effet, aucune perception de recettes ou de réalisation de
dépenses ne peut être effectuée sans qu’elle ne soit préalablement autorisée.
Toutefois, l’autorisation accordée par l’organe délibérant, n’a pas la même
signification lorsqu’il s’agit de recette ou de dépense.

En matière de dépense, l’autorisation budgétaire ne vaut pas obligation. En effet, en


dehors de certaines dépenses dites impératives, l’inscription des crédits à un
programme (chapitre ou rubrique) n’entraine aucune obligation d’exécution. Le
gouvernement peut décider de bloquer ou d’annuler des crédits autorisés par
l’Assemblée Nationale.

Par contre, en matière de recette, l’autorisation budgétaire vaut obligation. Elle se


présente comme un véritable acte d’autorité dont l’exécution est obligatoire pour les
agents chargés du recouvrement des recettes. Ceux-ci sont tenus de faire diligence
dans la mobilisation des recettes, faute de quoi leur responsabilité serait engagée.

Bien que la définition traditionnellement utilisée du budget , ne soit pas totalement


remise en cause ,l’évolution des finances publiques a conduit à de nouvelles
définitions en substituant les termes de ressources et charges à ceux de recettes et
dépenses .C’est ainsi qu’apparaît une nouvelle définition du budget : « le budget de
l’Etat prévoit et autorise , en la forme législative , les ressources et les charges de
l’Etat . Il est arrêté par le parlement. ».

I.1.2 Les différents types de budget public

Il y a lieu de rappeler que, seuls les organismes publics dotés de la personnalité


juridique peuvent disposer d’un budget .En vertu de ce principe, et conformément à
la nomenclature budgétaire consacrée au Niger depuis 2003, nous distinguons
comme budgets publics le budget de l’Etat, les budgets annexes et les budgets
autonomes.

I.1.2.1 Le budget de l’Etat

Il retrace l’ensemble des prévisions des ressources et des charges annuelles de


l’Etat .Il est préparé et élaboré par l’exécutif et son exécution est autorisée par le
parlement à travers une loi de finances .Il regroupe les dépenses de l’Etat à
caractère définitif (dépenses de fonctionnement de l’administration) et les dépenses
d’investissement (transferts en capital et dépenses d’investissement exécutées sur
fonds propres) , financées par les recettes fiscales ,non fiscales et les ressources
exceptionnelles .

I.1.2.2 Les budgets annexes

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Annexés au budget de l’Etat, les budgets annexes sont établis pour des services de
l’Etat exerçant une activité industrielle ou commerciale, mais non dotés de la
personnalité morale.

Selon l’article n°34 de la loi n°2012-09 du 26 mars 2012 portant loi organique relative
aux lois de finances : « les opérations financières des services de l’Etat, que la n’a
pas dotés de la personnalité morale et dont l’activité tend essentiellement à produire
des biens ou à rendre des services donnant lieu au paiement de prix, peuvent faire
l’objet de budgets annexes. ».

La création d’un budget annexe et sa suppression ainsi que l’affectation d’une


recette spéciale à celui-ci, sont décidées par une loi de finances. Un budget annexe
se compose d’une part, de recettes et de dépenses d’exploitation, d’autre part, de
dépenses d’investissement et de recettes spéciales affectées à leur réalisation.
Leurs opérations financières s’exécutent comme les opérations du budget de l’Etat
(dépenses d’exploitation comme les dépenses ordinaires et les dépenses
d’investissement comme les dépenses en capital).

I.1.2.3 Les budgets autonomes

Il s’agit des budgets des collectivités territoriales et des établissements administratifs


publics qui sont des personnes morales distinctes de l’Etat. Ils ont leur personnalité
juridique propre et l’autonomie financière. Leurs budgets sont distincts de celui de
l’Etat. Pour l’exercice des compétences que leur confère la loi, les collectivités
territoriales disposent d’un budget, d’un personnel et d’un domaine qui leur sont
propres. En ce qui concerne les établissements publics, eux, ont la personnalité
morale, investis d’une mission de service public, dotés d’un patrimoine propre et
jouissant d’une autonomie financière. Les ressources et les charges des collectivités
territoriales sont déterminées au Niger, par la loi consacrant le régime des régions,
départements et des communes. Les ressources sont composées des recettes
fiscales (impôts directs et taxes indirectes) ; des recettes non fiscales (revenus du
domaine et du patrimoine) ; des produits divers et des ressources exceptionnelles.
Quant à leurs charges, elles sont constituées de dépenses de fonctionnement
(personnel, achats de biens et services, transfert) et des dépenses d’investissement.
Ces dépenses sont obligatoires ou facultatives. Une dépense facultative ne peut être
inscrite au budget que lors qu’elle présente un intérêt local.

Les ressources des établissements administratifs publics sont composées : de


dotations et subventions du budget de l’Etat, des collectivités territoriales, d’autres
personnes de droit public ou privé, nationales ou internationales ; de dons et legs
dans les conditions fixées par décret ; et des revenus de leurs biens et des produits
de cessions (autorisées) des éléments de leur patrimoine.

Les charges des établissements administratifs publics comprennent les dépenses de


fonctionnement et les dépenses d’investissement.

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I.2 NOTION DE LOI DES FINANCES

Apparue avec l’ordonnance française n°59-02 du 02 janvier 1959, la notion de loi


des finances ne doit pas être confondue à celle du budget .Aux termes de l’article
n°2 de cette même ordonnance : « La loi des finances de l’année prévoit et autorise
pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et charges de l’Etat. »

Au Niger , c’est la loi n°2012-09 du 26 mars 2012 portant loi organique relative aux
lois de finances , qui stipule en son article n°3 que « Les lois de finances déterminent
la nature , et le montant et l’affectation des ressources et les charges de l’Etat ainsi
que l’équilibre budgétaire et financier qui en résulte , en tenant compte de la situation
et des objectifs macroéconomiques de l’Etat et des obligations du pacte de
convergence , de stabilité , de croissance et de solidarité . »

Ainsi, la loi des finances détermine tout d’abord, la nature des recettes (impôts et
taxes) et des dépenses (dépenses de personnel, investissement…) de même que les
montants attendus des recettes et dépenses. Le gouvernement est cependant
habilité à modifier l’autorisation parlementaire initiale en cours d’exécution à travers
des opérations :

 De virement et transfert de crédits ;


 d’un décret d’avance ;
 de report de crédits ;
 d’annulation de crédits ;

Les conditions d’exercice de ces exceptions sont strictement encadrées.

Ensuite, conformément au principe de la spécialité des crédits budgétaires, la loi des


finances détermine l’affectation des ressources et des charges. Selon ce principe, les
crédits ouverts dans la loi des finances sont déployés selon une nomenclature
budgétaire retenue et repartis en fonction de la nature des dépenses. Cependant,
seuls les crédits globaux prévus pour dépenses accidentelles peuvent
exceptionnellement être repartis en cours d’exercice par décret pris en conseil des
ministres.

Enfin, la loi des finances détermine l’équilibre financier et budgétaire et cet équilibre
implique que :

 Les charges ne peuvent pas être supérieures aux ressources, et impose de


déterminer au moment du vote du projet de loi des finances, les autorisations
de recourir à l’emprunt pour l’exercice à venir ;
 la notion d’équilibre s’apprécie au regard de la situation macroéconomique :
les prévisions des recettes doivent être cohérentes avec les projections
macroéconomiques qui sous-tendent la formulation du budget. Elles doivent
aussi être faites conformément aux objectifs du pacte de convergence de
l’UEMOA (les critères de convergence doivent être impérativement observés).

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Les prévisions doivent cohérentes aux hypothèses économiques pour l’année


suivante ;
 l’équilibre impose que les dispositions fiscales adoptées en dehors de la loi
des finances ne soient pas de nature à remettre en cause l’équilibre
budgétaire et financier déterminé. En cas de déséquilibre, résultant de ces
dispositions législatives et règlementaires, le gouvernement est tenu de
déposer une loi des finances rectificatives.

La loi des finances a la prééminence pour la détermination de l’assiette, le taux et les


modalités de recouvrement des impositions de toute nature .Mais cette prééminence
de la loi des finances ne lui consacre pas le monopole en matière fiscale. En effet,
des recettes non prévues par la loi des finances initiales peuvent être liquidées ou
encaissées à condition d’être autorisées par décret pris en conseil de ministres et
régularisées dans la prochaine loi des finances.

I.2.1 La loi des finances, document d’autorisation

La loi des finances de l’année constitue l’autorisation donnée par le parlement à


l’exécutif pour conduire son action .Cette autorisation se décline sous deux
principes :

o Le principe de consentement à l’impôt qui consacre annuellement


l’autorisation de percevoir les recettes. C’est un élément fondamental
dans un système parlementaire ;
o le principe de l’antériorité budgétaire qui fait qu’à travers l’autorisation
d’exécuter les dépenses, les moyens financiers nécessaires à l’exécutif
pour conduire son action, sont approuvés avant le début de l’exercice
budgétaire auquel ils se rapportent.

Par contre, si le projet de loi des finances n’est pas approuvé par le parlement, dans
un délairequis, l’exécutif ne peut mettre en œuvre son action autrement que par des
douzièmes provisoires.

I.2.2 Les différentes catégories de loi des finances

Rappelons que la loi des finances est le texte juridique produit et mis en œuvre par le
gouvernement, voté par le parlement, prévoyant pour chaque année, le
prélèvement des ressources et la réalisation des charges d’un Etat . Cependant le
terme de loi de finances ne s’applique pas uniquement au document initial de
prévision budgétaire, mais également au texte législatif modifiant les recettes et
dépenses initialement envisagées en cours d’exercice, ainsi qu’au texte qui constate
et clôture la gestion d’une année. La politique budgétaire, dont la loi des finances est
l’instrument de mise en œuvre par excellence, est présentée comme un cycle avec
trois catégories de loi des finances.

I.2.2.1 La loi des finances initiale

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La loi des finances initiale prévoit et autorise , pour chaque année civile , l’ensemble
des ressources et des charges de l’Etat .Elle a un caractère permanent et annuel .En
effet comme toute loi , elle contient des dispositions d’ordre permanent , mais s’en
distingue car elle est fondamentalement annuelle .Elle contient le budget qui en est
un élément .

I.2.2.2 Les lois de finances rectificatives

Les lois de finances rectificatives ou collectifs budgétaires modifient en cours


d’année d’exécution, une ou plusieurs dispositions de la loi des finances initiale en y
apportant ainsi, des corrections et ajustements. Elle est préparée et approuvée dans
les mêmes conditions que la loi des finances initiale.

I.2.2.3 La loi de règlement

Elle intervient après exécution de la loi des finances initiale , le cas échéant des loi
de finances rectificatives et constate les résultats financiers de chaque année et les
approuve .Ainsi , elle statue sur la conformité des opérations budgétaires et les
autorisations parlementaires .Elle constate le montant définitif des encaissements
des recettes et les ordonnancements des dépenses se rapportant à l’année .Elle
ratifie les ouvertures de crédits opérés par décret d’avance et annule les
autorisations de programme et crédits de paiement restés sans emploi .

I.2.3 Le contenu de la loi des finances

La loi des finances de l’année contient le budget de l’Etat pour l’année civile. Le
budget est un élément de la loi des finances qui décrit les recettes et les dépenses
budgétaires et ne comprend donc pas les ressources et les charges de trésorerie
.Les opérations de trésorerie (ressources et charges de trésorerie) concernent la
couverture des besoins de financement de l’Etat à travers par exemple des produits
de cession d’actif , des produits de remboursements des emprunts , les opérations
de dépôt et des retraits sur les comptes des correspondants , les remboursements
ou l’octroi des prêts et avances .Seules les charges budgétaires (intérêts de la dette)
résultant de ces opérations de trésorerie sont comptabilisés en opération budgétaire
.Les remboursements du capital ou les ressources tirées des emprunts sont traités
comme des opérations de trésorerie .

I.2.3.1 Les recettes et dépenses budgétaires

I.2.3.1.1Les recettes budgétaires

Les recettes budgétaires comprennent :

 Les impôts et taxes ainsi que le produit des amendes ;


 les rémunérations des services rendus et redevances ;
 les fonds de concours, dons et legs ;
 les revenus des domaines et les participations financières ;

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 les produits divers.

Il est à noter que depuis l’adoption par le Niger , des instruments juridiques de
l’UEMOA , en matière de gestion des finances publiques les remboursements de
prêts et avances ou les produits des emprunts à moyen et long terme , sont
désormais répertoriés au compte des ressources de trésorerie .

I.2.3.1.2 Les dépenses budgétaires

Les dépenses budgétaires de l’Etat comprennent, les dépenses ordinaires et les


dépenses en capitale .La nomenclature par nature consacre désormais, sept
catégories de dépenses contre six précédemment .Les cinq premières concernent
les dépenses ordinaires et sont :

 Les dépenses de personnel ;


 les charges financières de la dette ;
 les dépenses d’acquisition de biens et services ;
 les dépendes de transfert courants ;
 les dépenses en atténuation des recettes (prélèvements opérés pour le
compte des tiers, les dépenses fiscales …).

Les deux dernières concernent les dépenses en capital :

 Les dépenses d’investissements exécutés par l’Etat (contrepartie) ;


 les dépenses de transfert en capital (subventions d’investissement ou
d’équipement accordées par l’Etat).

I.2.4 Les crédits budgétaires

Les crédits ouverts dans la loi des finances , sont repartis en cours d’exercice , en
autorisations d’engagement et en crédits de paiement .Ils sont déployés selon la
nomenclature et classés en fonction de la nature des dépenses .Ces crédits
budgétaires sont regroupés et spécialisés par programmes et par dotations et
affectés à un ministère ou à une institution constitutionnelle .

Ceux contenus dans un programme sont destinés à la concrétisation d’une politique


publique qui est un ensemble d’actions cohérentes mises en œuvre pour le moyen
terme .Ces crédits sont décomposés selon la nature des dépenses à couvrir, en
crédits de :

 Personnel ;
 achat de biens et services ;
 subvention et transferts courants ;
 investissement.

Aux programmes sont associés des objectifs précis, déterminés en fonction des
finalités d’intérêt général et des résultats attendus qui, eux, seront mesurés par des
indicateurs de performance. Un programme ne peut regrouper que tout ou partie des

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crédits d’une direction ou d’un service, d’un ensemble de directions ou de service


d’un même ministère .Dans la formulation et la présentation des budgets
programmes, les ministères et les institutions constitutionnelles au sein desquels
sont regroupés les programmes, constituent désormais les périmètres des crédits
.Il n’existe pas de programme interministériel. Les programmes traduisent de façon
cohérente une ou plusieurs politiques au sein d’un même ministère et peuvent à ce
titre, concerner un ou plusieurs services d’un même ministère.

Dans le cas où une politique est mise en œuvre par plusieurs ministères, ils doivent
la décliner dans des programmes spécifiques.

Les crédits budgétaires n’ayant pas l’objet de répartition en programmes, sont


constitués en dotations .Une dotation est un ensemble de crédits globalisés destinés
à couvrir des dépenses spécifiques auxquelles ne peuvent être directement associés
des objectifs de politiques publiques ou de critères de performance .Pour cela,
quatre catégories de crédits sont constituées en dotation .Il s’agit notamment :

 Des crédits budgétaires destinés aux pouvoirs publics, c’est-à-dire les


institutions constitutionnelles qui, en raison des règles tenant à la
séparation des pouvoirs, doivent recevoir en matière budgétaire, un
traitement particulier .Leurs crédits budgétaires doivent être présentés
en nature (personnel, fonctionnement, investissement) ;
 des crédits globaux destinés à faire face aux dépenses accidentelles et
imprévisibles .Ces crédits ne sont pas spécialisés dans la loi des
finances et font l’objet de répartition par décret sur les différents
programmes des ministères concernés ;
 des crédits destinés à couvrir les défauts de remboursement ou aux
appels en garantie intervenus sur les comptes d’avance, de prêts,
d’avals, ou de garantie ;
 des crédits destinés au paiement des charges financières de la dette de
l’Etat, à l’exception des remboursements de capital, désormais classés
dans les opérations de trésorerie.

Contrairement aux programmes, les dotations ne sont pas assorties d’objectifs et


d’indicateurs de résultats du fait de leur nature globalisée ou spécifique. De fait , les
dotations constituent une catégorie à part de dépenses qui ne peuvent , à
l’exception des dotations pour dépenses accidentelles , venir abonder celles des
programmes .Elles ne peuvent pas faire l’objet d’un contrôle de performance , soit ,
parce que ce contrôle n’est matériellement pas possible ,soit, parce qu’il n’est pas
constitutionnellement réalisable .

Toutefois , la présentation d’un budget sous forme de dotations , ne doit pas


remettre en cause la nécessaire transparence budgétaire dans la présentation des
budgets publics .Le budget général de l’Etat , les budgets annexes , et les comptes
spéciaux de trésor , sont présentés selon la classification administratives , par

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17

programmes , fonctionnelle et économique .La nomenclature budgétaire est


construite dans le respect de la loi organique relative aux lois de finances .

I.2.4.1 Les autorisations d’engagement et les crédits de paiement

Les crédits ouverts par les lois de finances sont constitués :

De crédits de paiement destinés à couvrir les dépenses de personnel, d’acquisition


de biens et service et les dépenses de transfert ;

D’autorisations d’engagement et de crédits de paiement destinés à faire face aux


dépenses d’investissement et les contrats de partenariat public-privés.

I.2.4.1.1 Les crédits de paiement(C.P)

Les crédits de paiement(C.P) constituent la limite supérieure des dépenses pouvant


être ordonnancées ou payées au cours de l’exercice .Le montant des C.P accordé
par la loi des finances de l’année représente le plafond des ordonnancements et/ou
des paiements .Cependant, ce plafond pouvant être dépassé aux regards :

 Des dépenses effectuées par anticipation sur les crédits de l’année


suivante (cas prévu par une disposition spéciale de la loi des
finances) ;
 des crédits relatifs aux charges financières de la dette de l’Etat ;
 de la procédure de décret d’avance ;
 de la procédure de report de crédits ;
 de la loi des finances rectificatives.

I.2.4.1.2 Les autorisations d’engagement (A.E)

Dans le cadre de l’harmonisation de la gestion financière dans la zone UEMOA


,l’expression « autorisations de programmes(AP) » a été supprimée et remplacée
par celle de « autorisations d’engagement(AE) ».Les A.E constituent la limite
supérieure des dépenses pouvant être juridiquement engagée au cours de l’exercice
pour la réalisation des investissements prévus par la loi des finances .A la différence
des autorisations de programme (A.P) , qui demeurent valables d’un exercice
budgétaire à un autre , pendant une période maximale de six ans , les A.E sont
annuelles et peuvent être annulées à la fin de l’exercice , si elles n’ont pas été
consommées , sauf procédure de report .

La directive n°06/2009/CM/UEMOA de la 26/06/2009 portante loi des finances au


sein de l’UEMOA, précise les modalités de formulation des A.E au sein du budget et
opère une distinction entre elles, en fonction de l’objet de l’engagement .C’est ainsi
que, lorsqu’il s’agit :

- D’un partenariat public-privé(P.P.P), les A.E votées doivent couvrir


l’intégralité de l’engagement juridique (contrat, convention) .Pour cela,
la loi des finances comprendra en A.E le montant global de l’opération

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et en C.P, uniquement la tranche annuelle le cas échéant. La loi de


finances ultérieures ne comprendront que les C.P résultant du reste à
payer jusqu’à extinction de la créance et de l’opération, conformément
aux termes des conventions signées entre l’Etat et ses partenaires
privés.
- d’un investissement directement réalisé par l’Etat. Le gouvernement a
dans ce cas, la possibilité de subdiviser l’opération en tranches
cohérentes (marchés publics à bon de commande, ou à tranches) et
d’inscrire en loi des finances, uniquement les besoins en A.E de
couverture des tranches, selon un rythme qu’il détermine.

I.2.4.2 Les mécanismes de modification et de répartition des crédits budgétaires

Conformément aux dispositions de la loi n°2012-09 du 26 mars 2012, les crédits


répartis en programmes et dotations et décomposés en nature, constituent des
plafonds de dépenses qui s’imposent aux ordonnateurs et comptables.

Toutefois , à l’intérieur d’un même programme , les ordonnateurs peuvent en cours


d’exécution , modifier la nature des crédits pour les utiliser s’ils sont libres d’emploi
.Ceci est rendu possible par le système de fongibilité des crédits budgétaires .Par
conséquent , l’affectation des crédits dans le cadre d’un programme n’est pas
prédéterminée de manière rigide , mais elle est seulement prévisionnelle dans le
respect de certaines limites .En effet , ce principe de fongibilité donne aux
gestionnaires des crédits budgétaires , une autonomie accrue pour la mise en œuvre
des programmes .

C’est pourquoi, ils ont la liberté de redéployer :

 Les crédits de personnel pour abonder les crédits de biens et services,


de transfert et d’investissement ;
 les crédits de biens et services et de transfert pour abonder les crédits
d’investissement

Cependant, il faut préciser qu’il ne peut y avoir d’abondement des crédits de


personnel à partir des trois autres catégories de crédits budgétaires (crédits de biens
et services, de transfert et d’investissement). De même, ni d’abondement des crédits
destinés aux acquisitions de biens et services et aux transferts, à partir de ceux
destinés aux investissements. Ce qui veut dire que le principe de fongibilité est
asymétrique .Ces modifications de la répartition des crédits budgétaires peuvent
intervenir soit à l’intérieur d’un programme d’un même ministère, soit entre
programmes de deux ministères.

Lorsqu’elles interviennent à l’intérieur d’un programme d’un ministère, elles


conduisent à modifier la nature des crédits sans changer leur détermination
(destination) .C’est la technique de virement des crédits .Cette pratique ne peut
remettre en cause la structure générale du budget et est considérée comme un acte

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de gestion courante laissée à la responsabilité des ordonnateurs .Le virement de


crédits est initié par le ministère concerné qui avise le ministre des chargé des
finances.

Lorsque ces modifications concernent la répartition des crédits budgétaires de


programmes différents de deux ministères distincts, elles consistent à modifier la
détermination du service responsable sans pour autant changer la nature de ces
crédits .C’est la technique de transfert de crédits .Elle intervient par décret pris en
conseil de ministre sur rapport conjoint du ministre chargé des finances et des
ministres concernés.

Le montant annuel cumulé des virements et transferts affectant un programme, ne


peut dépasser 10% des crédits votés de ce programme .A l’exception des crédits
globaux pour des dépenses accidentelles et imprévisibles, aucun transfert ni de
virement de crédits ne peut être opéré d’une dotation vers un programme.

En cas d’urgence et de nécessité impérieuse d’intérêt national, des crédits


supplémentaires peuvent être ouverts par décret pris en conseil de ministres .C’est
une procédure qui permet au gouvernement de majorer les crédits limitatifs et d’en
ouvrir de nouveaux sans une autorisation préalable du parlement qui est néanmoins
avisé. Un projet de loi des finances (loi de règlement) portant ratification de ces
crédits est déposé à postériori dans les meilleurs délais.

Les autorisations d’engagement (A.E) disponibles sur un programme à la fin de


l’année peuvent être reportées sur le même programme par décret pris en conseil
des ministres, majorant à due concurrence, les crédits de l’année suivante. Par
principe, ce report ne concerne pas les crédits de paiement, mais ceux relatifs aux
dépenses d’investissement disponibles sur un programme à la fin de l’année,
peuvent faire l’objet de report sur le même programme.Ce décret ne peut être pris
qu’après la clôture des comptes de l’exercice précédent et est consécutif à un
rapport du ministre chargé des finances .Ce rapport doit évaluer et justifier de
nouvelles ressources permettant de couvrir le financement des reports, sans
dégradation du solde du budget autorisé de l’année en cours. Les reports «
croisés » entre programmes différents sont interdits afin de préserver l’objet de la
dépense, de responsabiliser le gestionnaire des crédits et limiter les pratiques
abusives.

Des crédits budgétaires peuvent être annulés en cours d’année par arrêté du
ministre chargé des finances , après information du ministre sectoriel , lorsque :

 Crédits sont devenus sans objet, c’est-à-dire que l’élément


générateur de la dépense n’a pas lieu.
 l’annulation intervient dans le cadre du pouvoir de régulation du
ministre chargé des finances en vue de prévenir la dégradation de
l’équilibre budgétaire et financier de la loi des finances.

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Les arrêtés et décrets relatifs aux mouvements de crédits, suite à des modifications
de leur répartition, doivent être transmis au parlement et la cour des comptes dès
leur signature.

I.2.4.3 Les caractéristique des crédits budgétaires

1.2.4.3.1 Les crédits limitatifs

L’autorisation de dépenser donnée à travers la loi des finances n’avait aucun sens si
elle pourrait être constamment dépassée. Faute de limitation du montant des
dépenses autorisées, l’équilibre budgétaire et financier ne pourrait être assuré. Par
ailleurs, si les ministres pouvaient librement dépasser les plafonds des crédits
alloués, leur répartition et leur spécialisation perdraient toute signification .Aussi, faut-
il que les autorités dépensières ne puissent dépasser la limite des montants des
crédits. Pour y parvenir, il a fallu donner aux crédits budgétaires un caractère limitatif.
En effet, les dépenses sur ces crédits limitatifs ne peuvent être engagés et
ordonnancés que dans la limite des plafonds donnés.

1.2.4.3.2 Les crédits évaluatifs

Mais certaines procédures étudiées plus haut, permettent dans plusieurs cas de
dépasser régulièrement les plafonds des crédits ouverts. C’est notamment le cas
des crédits dits évaluatifs. Le montant exact de ces crédits ne peut être connu à
priori, au moment de l’élaboration du projet de loi des finances .Les dépenses
auxquelles s’appliquent ces crédits évaluatifs sont couvertes au besoin, au-delà de la
dotation inscrite au programme qui les concerne. Ils peuvent être dépassés sans
formalité car ils s’appliquent à des dépenses impératives approuvées par la loi
notamment les frais de justice et réparations civiles, les charges de la dette, les
remboursements et restitutions …etc. Ils sont également utilisés pour faire face à une
situation exceptionnelle d’intérêt national.

I.2.4.3.3Les crédits globaux

Il s’agit des crédits budgétaires destinés à faire face à des dépenses imprévues et
accidentelles notamment celles effectuées pour les réparer les sinistres causées par
des catastrophes ou des calamités naturelles, ou pour régler une affaire d’intérêt
national. Ils ne peuvent faire l’objet d’une répartition à priori au moment de
l’élaboration du projet de loi de finances et les bénéficiaires ne sont pas connus
d’avance. Ils peuvent être employés pour compléter des crédits limitatifs insuffisants
par arrêté du ministre chargé des finances.

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CHAPITRE II : LES PRINCIPES BUDGETAIRES


L’étude du droit budgétaire consiste à analyser les aspects juridiques c’est-à-dire les
règles qui régissent l’élaboration et la présentation des budgets publics .Ces règles
appelés grands principes du droit budgétaire s’appliquent aux finances de toutes les
personnes publiques, aussi bien aux recettes et aux dépenses de l’Etat, qu’à celles
des collectivités territoriales et établissements publics .Ces principes sont :

 Le principe de l’annualité budgétaire ;


 le principe de l’unité budgétaire ;
 le principe de l’universalité budgétaire ;
 le principe de la spécialité budgétaire ;
 le principe de l’équilibre budgétaire ;
 le principe de sincérité budgétaire.

Ces principes traduisent non seulement une volonté de permettre au parlement de


contrôler efficacement les prévisions budgétaires, mais aussi de répondre à des
préoccupations de sincérité, de clarté et de gestion prudente. Cependant, dans leur
mise en œuvre, on leur reconnait certaines exceptions bien déterminées.

II.1 Le principe de l’annualité budgétaire

C’est le principe selon lequel , les ressources et les charges d’un organisme public
sont prévues et autorisées chaque année et pour la durée d’une année. En vertu de
l’article n°5 de la loi n°2012-09 du 26 mars 2012, l’année budgétaire coïncide avec
l’année civile .Elle commence le 1er janvier pour se terminer le 31 décembre. Ce
principe se justifie par trois raisons qui sont politique, technique et économique.
Politiquement : il permet au parlement d’exercer son contrôle budgétaire et de
s’exprimer dans un cadre régulier. En effet, pour l’efficacité du contrôle
parlementaire, il est nécessaire que de façon périodique, la demande de
l’autorisation de prélever l’impôt et de réaliser les dépenses soit chaque année
formulée. Techniquement : ce principe oblige le gouvernement à produire avec une
périodicité assez rapprochée ses comptes. Dans la mesure où le budget de l’Etat se
base sur des prévisions, il est nécessaire que la période qu’il couvre ne soit pas trop
importante sous peine d’une perte de précisions dans les prévisions.
Economiquement : on considère que l’agriculture a une corrélation directe avec
l’économie, car celle-ci assurait l’essentiel des recettes budgétaires. L’agriculture
étant soumise au rythme annuel, le cycle économique s’est calqué sur le cycle
agricole. Alors, une prévision des conséquences économiques sur la gestion
budgétaire serait difficile à établir de façon précise au-delà d’une année .Mais il arrive
que des opérations budgétaires dépassent le cadre annuel avant d’être exécutées et
leur rattachement pose problème .Ces opérations doivent-elles être rattachées au
budget qui les a autorisées ou à celui de l’année de l’exécution ?

Pour apporter une solution à ce problème, deux systèmes s’affrontent : le système


d’exercice et le système de gestion.
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22

Le système d’exercice voudrait que les dépenses et les recettes soient rattachées à
l’exercice budgétaire où elles ont été autorisées, quelle que soit la date réelle de leur
exécution .Ce système tarde l’apurement des comptes de gestion et est abandonné
pour cela au profit du système de gestion.

Le système de gestion veut que toutes les dépenses et les recettes soient rattachées
au budget de l’année de leur exécution quelle que soit la date de leur autorisation
.Ce système est moins exact et moins rigoureux, mais il est beaucoup plus pratique
.C’est pourquoi, l’année budgétaire est généralement prolongée d’une période
complémentaire d’un mois.

Par ailleurs , le cadre harmonisé sur la gestion des finances publiques de la zone
UEMOA ,institue le principe de droits constatés qui voudrait que toutes les dépenses
et les recettes soient rattachées à un exercice , dès la naissance de leur fait
générateur (engagement d’une dépense ou constatation d’une recette) .En fin
d’exercice , les opérations qui ont pris naissance dans l’année mais qui n’ont pas
donné lieu à encaissement ou à paiement sont rattachées à l’exercice comptable
sous forme de produits à encaisser(créances) ,de provisions ou de charges à
payer(dettes) . Mais le principe de l’annualité connait certaines dérogations liées au
vote du projet de loi des finances et celles liées à son exécution.

II.1.1 Les dérogations au principe de l’annualité

Les exceptions au vote annuel, sont généralement observées pour des opérations
budgétaires qui ont soit, une portée inférieure à un an, soit une portée dépassant le
cadre annuel. Le projet de loi de finances soumis à l’appréciation du parlement, peut
être approuvé tardivement et que ce retard pourrait provenir soit, de l’assemblée
nationale, soit du gouvernement :

 Lorsque le parlement ne vote pas le projet de loi des finances dans les
soixante (60) jours suivant la date de son dépôt, une session extraordinaire
est convoquée dans un délai de quinze(15) jours. Si à la fin de cette session
extraordinaire, le projet n’est toujours pas voté, ce budget est définitivement
mis en œuvre par ordonnance.
 par contre, lors que le retard incombe au gouvernement, le premier ministre
demande d’urgence à l’assemblée nationale, l’autorisation de percevoir les
recettes et d’effectuer les dépenses par la pratique des douzièmes
provisoires.
 Par ailleurs, le projet de loi des finances pourrait faire l’objet de modification
au cours de l’année par une ou plusieurs lois de finances rectificatives.
 le gouvernement pourrait également décider de majorer ou d’ouvrir par
décret d’avance, des crédits budgétaires limitatifs en avisant le parlement
.Cette pratique est encadrée par des conditions variables selon qu’il ait simple
urgence ou « urgence et nécessité impérieuse d’intérêt général ».

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 le gouvernement pourrait aussi utiliser par anticipation, des crédits


budgétaires qui ne seront ouverts qu’au titre de l’année budgétaire suivante
.Cela est possible, grâce à la technique d’engagement par anticipation.
 Les autorisations de programme remplacées par le cadre harmonisé de
gestion des finances publiques de l’UEMOA, parles autorisations
d’engagement, et les lois de programme constituent des dérogations au
principe de l’annualité.

Les autorisations d’engagement déterminent le montant maximum qu’un ministre


peut juridiquement engager pour le compte des années à venir, au titre des
investissements. Les lois de programme définissent des objectifs à long terme et
constituent une planification dans le temps, des autorisations d’engagement.

Les crédits budgétaires ouverts en principe, dans une loi de finances, ne créent
aucun droit au titre de la loi de finances suivante. Toutefois, la règlementation en
vigueur a prévu des exceptions à l’exécution annuelle. Il s’agit là :

 Des reports de crédits budgétaires , qui sont une possibilité ouverte à un


service d’utiliser l’année suivante , le reliquat des crédits non employés au
cours de l’année de son autorisation .Ces reports se font selon différentes
modalités encadrées par la loi organique relative aux des finances : ainsi ,les
engagements de crédits de paiement sur les opérations en capital peuvent
être reportés par arrêté du ministre chargé des finances , ouvrant une
dotation du même montant en sus de celles de l’année suivante . Aussi, les
autorisations d’engagement sont reportables systématiquement jusqu’à leur
annulation. les reports de crédits affectés aux dépenses ordinaires font l’objet
d’un arrêté du ministre chargé des finances dans les limites fixées par la loi
pour le cas des crédits dont la dépense a été effectivement engagée mais
non ordonnancée. Le solde de chaque compte spécial du Trésor est reporté
d’année en année sauf disposition contraire.

II.2 Le principe de l’unité budgétaire

La loi organique relative aux lois des finances énonce ce principe à son article n°31
en ces termes : « sous réserve des dispositions concernant les budgets annexes et
les comptes spéciaux du Trésor, les recettes et les dépenses budgétaires de l’Etat
sont retracées sous forme de recettes et dépenses dans le budget général. »

Autrement dit toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées à un
document unique, intitulé budget général. Cela implique que toutes les recettes et
dépenses soient retracées dans un document unique afin de faciliter la
compréhension des membres des organes délibérants. Ces derniers auront à la
simple lecture du budget, une vue d’ensemble des prévisions budgétaires de
l’organisme public. En outre, l’unicité du document fait éviter l’éparpillement de ses
composantes et offre au gouvernement la possibilité d’engager sa responsabilité sur
la base d’un acte unique. Ce principe obéit donc, au double soucis d’une

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présentation en un document unique et de l’exhaustivité des recettes et dépenses


qui doivent y figurer en même temps. Ceci permet une meilleure appréciation des
recettes par rapport aux dépenses. Par ailleurs ce principe a été tempéré par la
nécessité de tenir compte de la nature de certaines opérations de l’Etat ou du statut
de certains services de l’Etat quant à leur mode d’organisation ou de
fonctionnement.

II.2.1 Les dérogations au principe de l’unité budgétaire

Le principe de l’unité budgétaire souffre d’exceptions dues à l’existence des budgets


annexes, des budgets autonomes et des comptes spéciaux du Trésor (CST).

 Les budgets annexes : les opérations financières effectuées par des


services administratifs de l’Etat non dotés de la personnalité juridique propre
et dont les activités consistent à produire des biens ou à rendre des services
moyennant un prix, s’inscrivent dans les budgets annexes qui accompagnent
la loi des finances.
 Les budgets autonomes : ce sont des budgets qui retracent les opérations
financières des collectivités territoriales, des établissements publics ayant une
existence juridique distincte de celle de l’Etat. Du moment où la loi leur
reconnaît une personnalité distincte de celle de l’Etat, il est tout à fait normal
que leurs ressources et charges soient retracées dans des documents
différents du budget de l’Etat.
 Les comptes spéciaux du Trésor : Ce sont des opérations de certains
services de l’Etat financées hors budget et effectuées dans des comptes
spéciaux du Trésor .Ces opérations que l’on veut distinguer de celles qui
figurent au budget de l’Etat , ont soit un caractère provisoire , soit qu’elles
constituent des dépenses particulières financées par des recettes
particulières .Il existe sept catégories de CST :

Les comptes d’affection spéciale : qui retracent les opérations qui, par le fait d’une
disposition de la loi des finances, prise à l’initiative du gouvernement sont financées
au moyen de ressources particulières ;

Les comptes de commerce : qui retracent des opérations à caractère industriel ou


commercial, effectués à titre accessoire par des services publics ;

Les comptes de règlement avec les gouvernements ou autres organismes


étrangers : qui retracent des opérations faites en application des accords et
conventions internationaux approuvés par la loi ;

Les comptes d’avance qui décrivent les avances que le ministre chargé des finances
est autorisé à consentir dans la limite des crédits ouverts à cet effet ;

Les comptes d’opérations monétaires qui enregistrent des recettes et des dépenses
à caractère monétaire ;

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Les comptes de prêts qui retracent les prêts d’une durée supérieure à un an
consentis par l’Etat dans la limite des crédits ouverts ;

Les comptes de garantie et d’aval qui décrivent les engagements de l’Etat résultant
des garanties financières accordées par lui à une personne physique ou morale.

 La débudgétisation : la pratique de la débudgétisation consiste à mettre hors


du budget, certaines dépenses mises à la charge de divers organismes
juridiquement autonomes de l’Etat ou de la personne publique. Elle permet
artificiellement de présenter un budget en équilibre ou de limiter l’ampleur du
déficit sans faire véritablement disparaître la charge, mais en la transférant à
un autre organisme. C’est une pratique qui modifie le mode de financement
des dépenses en écartant le financement de l’Etat au profit du financement de
personnes morales de droit public ou privé.

II.3 Le principe de l’universalité

L’article n°32 de la loi organique relative aux lois des finances l’énonce en ces
termes : « Il est fait recette du montant intégral des produits sans contraction entre
les recettes et les dépenses. L’ensemble des recettes assurant l’exécution de
l’ensemble des dépenses, toutes les dépenses et toutes les recettes sont imputées
au budget général. »

En application de ce principe, les personnes publiques sont tenues d’insérer dans


leurs budgets la totalité de leurs dépenses et de leurs recettes sans contraction
entre recettes aux dépenses et sans affectation entre elles. Il en découle deux règles
complémentaires à savoir la règle du produit brut et la règle de non affectation des
recettes aux dépenses.

II.3.1 La règle du produit brut

Elle interdit les contractions entre les recettes et les dépenses qui pourraient
conduire à ne faire figurer dans les documents budgétaires pour certaines
opérations que le solde de compensation. Autrement dit, cette règle interdit les
compensations entre les dépenses et les recettes pour faire apparaître au budget le
solde. Elle empêche la constitution des caisses noires et prohibe la gestion occulte
qui consisterait pour l’ordonnateur à se constituer une caisse lui permettant de se
procurer des ressources hors budget sans autorisation afin de réaliser des dépenses
hors budget.

II.3.2 La règle de non affectation des recettes aux dépenses

Elle interdit d’affecter des recettes déterminées à la réalisation des dépenses


déterminées. L’ensemble des recettes du budget doit constituer une masse
commune qui sert sans distinction à la couverture de l’ensemble des dépenses

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budgétaires. Cette règle voudrait que l’ensemble des recettes assure l’exécution de
l’ensemble des dépenses. En d’autres termes, toutes les recettes doivent être
indistinctement affectées à la couverture de l’ensemble des dépenses inscrites au
budget.

II.3.3 Les dérogations au principe de l’universalité

Certaines recettes peuvent être directement affectées à des dépenses bien


déterminées et prennent la forme de budgets annexes, de comptes spéciaux du
Trésor ou de procédures particulières au sein soit des budgets annexes, soit des
comptes spéciaux du Trésor. L’affectation par procédures particulières est décidée à
titre exceptionnel, par voie règlementaire et ne peut résulter que d’une disposition de
la loi des finances. Ces procédures particulières sont : le financement par fonds de
concours et le rétablissement de crédit.

Les fonds versés par les personnes physiques ou morales et notamment par les
bailleurs de fonds pour concourir avec ceux de l’Etat à des dépenses d’intérêt public.

Il en est de même, pour les produits de legs et donations attribués à l’Etat ou aux
autres organismes publics sont portés directement en recettes du budget.

La procédure de rétablissement de crédit consiste à accroître les crédits disponibles


d’un chapitre (programme) à concurrence du montant d’une recette provoquée par la
dépense initialement supportées par ce chapitre.

Les taxes parafiscales constituent également une dérogation au principe de


l’universalité et elles sont perçues dans un économique ou social au profit d’une
personne morale de droit public ou privé autre que l’Etat , les collectivités territoriales
et établissement publics .

II.4 Le principe de la spécialité des crédits

Le principe de la spécialité des crédits a pour objet de permettre un contrôle efficace


de l’autorité délibérante. Ce principe voudrait que les crédits ouverts par la loi des
finances soient affectés à une catégorie de dépenses déterminées. Autrement dit,
les crédits sont spécialisés par programmes et dotations groupant les dépenses
selon leur nature et leur destination. En application de ce principe, les crédits
budgétaires ne sont pas accordés en bloc pour n’importe quel usage, mais
spécialisés par programmes et dotations. Le principe de la spécialité souffre
cependant d’un certain nombre d’exceptions.

II.4.1 Les dérogations au principe de spécialité de crédits

L’exécution des dépenses dans les limites des crédits budgétaires inscrits dans la loi
des finances peut poser des problèmes dus à des situations exceptionnelles. Ainsi, il
existe quatre procédures règlementaires permettant de modifier en cours d’exercice
l’affectation des crédits de façon à mieux les adapter aux besoins des services.

Dr K. M. DEFLY EXPERT COMPTABLE Page 26


27

Les transferts de crédits : ils permettent de modifier la détermination du service


responsable de l’exécution de la dépense sans modifier sa nature. Ils sont autorisés
par décret pris en conseil des ministres, sur rapport conjoint des ministres concernés
et celui chargé des finances.

Les virements de crédits : ils conduisent à modifier la nature même de la dépense


prévue par la loi des finances sans changer sa détermination.

Les crédits globaux : ils sont destinés à faire face à des dépenses imprévisibles et
accidentelles et sont ouverts pour des dépenses dont la répartition ne peut être
déterminée au moment de l’élaboration du projet de loi des finances.

Les fonds spéciaux : les dépenses auxquelles les fonds spéciaux doivent faire face
ne sont pas rendues publiques et le parlement n’a aucune emprise sur leur
utilisation. Ces fonds ne reçoivent aucune affectation particulière et sont soustraits à
toutes les règles de la procédure budgétaire et de la comptabilité publique. Aucun
contrôle n’est exercé sur la gestion de ces fonds, ni par le parlement ni par les corps
de contrôle spécialisés.

II.5 Le principe de l’équilibre budgétaire

C’est un principe rigoureux qui gouverne aussi bien l’économie domestique que la
politique de l’Etat. Sa violation conduirait à créer une situation inflationniste et
financer l’excédent des dépenses sur les recettes, obligerait à recourir à des
emprunts, sans accroître proportionnellement les biens et services. Ce principe
suppose que l’ensemble des inscriptions budgétaires soient évaluées de façon
sincère. Par définition, l’équilibre signifie une égalité entre deux parties d’un
ensemble. Par conséquent, l’équilibre financier signifie que le montant des
prévisions des dépenses doit être égal à celui des recettes. Ce principe qui traduit
l’égalité mathématique entre les dépenses et les recettes était la règle d’or de la
gestion des finances au temps des classiques et tout budget devait être présenté en
équilibre réel. Cette règle s’impose encore de nos jours, aux collectivités territoriales
et aux établissements publics, et est , d’une application moins rigoureuse en ce qui
concerne les dépenses et les recettes dans la présentation du budget de l’Etat.
L’évolution des finances publiques consécutives au changement du rôle de l’Etat a
fait évoluer le concept de l’équilibre financier. L’équilibre financier ne signifie plus
nécessairement une égalité mathématique entre les recettes et les dépenses, à
raison du fait que le budget représente non plus, un inventaire de besoins à
satisfaire, mais un plan d’intervention sur la vie économique et sociale. Dans la
pratique, on observe une évolution du principe et certains assouplissements lui sont
admis.

II.5.1 Les dérogations au principe de l’équilibre budgétaire

La règlementation financière a prévu des dérogations principalement pour certains


comptes spéciaux du Trésor. Il s’agit essentiellement :

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28

Des comptes d’affectation spéciale : pour lesquels, il peut être autorisé au cours des
trois premiers mois de leur création, un découvert égal ou plus , au quart des
dépenses inscrites pour l’année ;

Des comptes de commerce : pour lesquels, il est fixé annuellement un montant


limitatif de découvert ;

Des comptes d’opération monétaire et des comptes de règlement avec les


gouvernements et organismes étrangers :pour lesquels, les prévisions des et des
recettes dépenses sont non seulement facultatives, mais un découvert d’un montant
limitatif est annuellement fixé ;

Des comptes de garantie et d’avals :qui peuvent présenter un solde débiteur du fait
de la mise en jeu de la garantie de l’Etat en cas de non remboursement de la part du
débiteur.

II.6 Le principe de sincérité budgétaire

La directive n°06-2009/CM/UEMOA du 26 JUIN 2009 portant loi des finances au


sein de l’UEMOA introduit aux côtés des principes budgétaires classiques, un
nouveau principe intitulé principe de sincérité budgétaire. Il se définit comme
l’obligation de présenter un budget reflétant une image sincère et fidèle de la
situation et des perspectives économiques et patrimoniales nationales au regard des
informations dont dispose le gouvernement au moment de son élaboration. Ce
principe interdit de sous-estimer les charges ou de surestimer les ressources
présentées dans la loi des finances et fait obligation de ne pas dissimuler des
éléments financiers ou patrimoniaux .Deux corollaires s’attachent à ce principe : il
s’agit de l’inclusion effective de l’ensemble des ressources et des charges au sein du
budget et la cohérence des informations fournies.

Il implique au plan budgétaire, de présenter l’ensemble des ressources et charges


de l’Etat de façon sincère, ce qui induit l’obligation de formulation et de présentation
fiable et complète sans dissimulation des informations financières. Au plan
comptable, ce principe implique la tenue et la reddition des comptes selon une
comptabilité de droits constatés et les règles de la comptabilité patrimoniale.

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29

CHAPITRE III ELABORATION ET ADOPTION DU PROJET DE LOI DES


FINANCES

L’établissement du projet de loi de finances requiert l’intervention du gouvernement


et de l’assemblée nationale .Le premier le prépare alors que la seconde autorise son
exécution. L’élaboration du projet de loi des finances pose deux problèmes
essentiels : l’on se demande comment les recettes et les dépenses seraient
évaluées et quelles seraient les étapes à suivre ?

III.1L a procédure budgétaire

La procédure comprend plusieurs phases et débute avec l’élaboration du cadrage


macroéconomique , du document de programmation budgétaire et économique
pluriannuelle (D.P.B.E.P) et des documents pluriannuels de programmation des
dépenses(D.P.P.D) .Elle permet de déterminer la stratégie budgétaire et financière
de l’Etat à moyen terme et de mettre en perspective , les principaux paramètres
déterminant l’évolution probable de la conjoncture , des perspectives de ressources ,
de la situation des organismes publics et de leurs besoins financiers . Son objet est
de permettre aux autorités nationales chargées des arbitrages et de la politique
budgétaire, d’opérer les choix stratégiques pour l’élaboration du projet de la loi des
finances. Les documents produits au cours de cette procédure font désormais partie
intégrante du processus budgétaires et sont obligatoirement annexés au projet de loi
des finances.

III.1.1 Le cadrage macroéconomique

Le cadrage macroéconomique constitue la première phase de la procédure


budgétaire et comporte les projections des principaux comptes
macroéconomiques(ex :la balance des paiements ,les comptes monétaires ,la
situation des finances publiques) .Il permet de déterminer les perspectives des
recettes , d’équilibre ainsi que le niveau global des dépenses .Il sert de fondement
aux prévisions des recettes , des dépenses et est élaboré par le ministère chargé
des finances qui collecte et traite les données économiques et financières .Le
cadrage macroéconomique doit être finalisé au 31 mars et révisé au plus tard le 31
mai .Il est communiqué aux ministères et institutions au plus tard le 15 avril ,par une
note de cadrage macroéconomique .Cette note peut être accompagnée d’une
esquisse budgétaire présentant en grandes masses les recettes et les dépenses
,ainsi que le besoin de financement prévisionnel .

III.1.2 Le document de programmation budgétaire et économique


pluriannuelle(D.P.B.E.P)

Il est établi en référence aux différentes projections et perspectives définies par le


cadrage macroéconomique .Le D.P.B.E.P détermine sur la base des hypothèses
économiques, l’évolution des recettes (par catégorie d’impôts et taxes) et des
dépenses de l’Etat et du secteur public (organismes et entreprises) dans son

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30

ensemble sur une période minimale de trois ans, ainsi que les objectifs d’équilibre.
C’est un document de programmation pluriannuelle composé de deux parties : une
qui décrit les perspectives des recettes et une autre qui est consacrée aux dépenses
.Le D.P.B.E.P fait apparaître les données suivantes :

 Les hypothèses économiques précises et justifiées qui constituent des


éléments du cadrage macroéconomique et la base de la justification du choix
budgétaire ;
 les perspectives des recettes du secteur public sur une période de trois ans ;
 les perspectives des dépenses du secteur public sur une période de trois
ans ;
 l’évolution de la dette du secteur public ;
 les perspectives financières pour les entreprises publiques en précisant les
transferts (subventions) que l’Etat peut opérer à leur profit ;
 les objectifs d’équilibre budgétaire conformément aux dispositions du pacte
de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité.

Ce document doit avoir comme objectif, dans un premier temps, de corréler les
perspectives d’évolution macroéconomique et des recettes, aux projections des
dépenses. Dans un second , il doit permettre d’offrir une vision synthétique des
perspectives d’évolution des finances publiques à moyen terme et doit être cohérent
avec le projet de loi des finances et les D.P.P.D .Techniquement, le D.P.B.E.P
apparaît comme une version obligatoire, plus exhaustive et synthétique des anciens
cadres de dépenses à moyen terme(CDMT) et cadres budgétaires à moyen
terme(CBMT). Il sert de base au débat d’orientation budgétaire(D.O.B).

III.1.3 Les documents pluriannuels de programmation des dépenses (D.P.P.D)

Ces documents sont élaborés pour chaque ministère , budget annexe et compte
spécial du Trésor .Ils ont un périmètre sectoriel , établis en référence au D.P.B.E.P
et présentent l’évolution budgétaire des programmes .En effet ,ils prévoient pour une
période de trois ans , à titre indicatif ,l’évolution des crédits et les résultats attendus
sur chaque programme en fonction des objectifs poursuivis et fixés par les projets
annuels de performance(P.A.P).

A la réception de la note de cadrage macroéconomique , de la circulaire budgétaire


et de la version provisoire et indicative du D.P.B.E.P ,les ministères sectoriels
formulent leurs projets de budget à travers l’évaluation de leurs besoins pour la
conduite des politiques publiques dont ils ont la charge ainsi que leurs projets de
performance .Contrairement au D.P.B.E.P qui développe une approche globale des
prévisions , les D.P.P.D sont sectoriels et regroupent les programmes qui leurs sont
associés .Les D.P.P.D constituent les supports de présentation des crédits des
programmes , des résultats « cibles » poursuivis , les objectifs et des indicateurs
.Ainsi ,ils servent de base pour l’élaboration des P.A.P qui sont obligatoirement
annexés au projet de loi des finances .Les P.A.P présentent la stratégie , les
objectifs et les indicateurs de performance de chacun des programmes , ainsi que
Dr K. M. DEFLY EXPERT COMPTABLE Page 30
31

les prévisions sur chaque méthode de renseignement des différents indicateurs .Ils
précisent également les coûts des actions et projets ainsi que la répartition par
grandes catégories , des emplois rémunérés par l’Etat .

Il est à noter qu’en fin d’exécution de la loi des finances et éventuellement des
collectifs budgétaires, des rapports annuels de performance (R.A.P) sont établis par
les différents ministères sectoriels .Ils constituent des instruments clefs pour
l’appréciation de la qualité de l’action publique sont annexés au projet de loi de
règlement .Les R.A.P permettent d’évaluer l’atteinte ou pas des objectifs initialement
fixés par les P.A.P.

Afin de permettre et faciliter les comparaisons, les formats retenus pour les P.A.P et
les R.A.P doivent être similaires. Les demandes de crédits sont accompagnées des
justifications pour l’établissement du budget sectoriel. Les ordonnateurs, les
ordonnateurs délégués et les responsables de programme assurent la production et
la cohérence des informations .Les directions des affaires financières assurent la
synthèse du projet de D.P.P.D du ministère et leur transmission à la direction
générale du budget pour la préparation des conférences budgétaires.

III.1.4 Le débat d’orientation budgétaire(D.O.B)

Après l’approbation par le conseil des ministres du document de programmation


budgétaire et économique pluriannuelle(D.P.B.E.P), il est transmis à l’assemblée
nationale éventuellement accompagné des documents pluriannuels de
programmation des dépenses(D.P.P.D). Cela suppose que les différents ministères
avaient préalablement reçu du ministère chargé des finances, la note de cadrage
macroéconomique, la circulaire pour les orientations à suivre et particulièrement les
enveloppes des crédits budgétaires. Le D.P.B.E.P sert de base au débat
d’orientation budgétaire organisé chaque année au plus tard à la fin du deuxième
trimestre .Le permet au gouvernement d’échanger avec l’assemblée nationale sur
les grandes orientations budgétaires du gouvernement avant la finalisation des
arbitrages .Il permet à l’assemblée nationale de faire des recommandations qui
seront prises en comptes par l’exécutif. Le D.O.B n’est pas une session budgétaire,
c’est une nouvelle échéance qui vient modifier substantiellement la procédure
d’élaboration du budget. Ce qui implique une réorganisation des services en charge
de la production des documents budgétaires .Compte tenu que trois mois , environ ,
séparent le débat d’orientation budgétaire du dépôt officiel du projet de loi de
finances , ces documents devront être considérés comme des versions provisoires
et pourront subir des modifications jusqu’à l’adoption du projet de loi des finances
par le conseil des ministres .Ces modifications peuvent concerner les prévisions
macroéconomiques ,l’évolution des volumes de l’aide budgétaire ou du service de la
dette ,le changement des orientations politiques…etc. Cela suppose également que
les documents budgétaires( D.P.B.E.P et D.P.P.D) présentés pour le D.O.B soient
actualisés des éventuels modifications intervenus au niveau du conseil des ministres
de façon à être cohérents avec le projet de loi des finances annuel .Le D.O.B ne

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32

donne pas lieu à un vote :les parlementaires ne peuvent à ce stade , procéder à des
modifications des documents que le gouvernement leur a transmis pour information.

III.1.5 Les conférences de budgétisation et phase d’arbitrage

III.1.5.1 Les conférences budgétaires

Elles permettent d’examiner sur la d’un calendrier établi par la direction générale du
budget(D.G.B), les propositions de répartition des enveloppes budgétaires réalisées
par les ministères et institutions .Elles regroupent les techniciens de la D.G.B et les
représentants de chaque institution ou ministère dépensier, en vue de discuter en
détail des propositions de dépenses .Elles ont pour objet :

 De vérifier le respect des orientations données dans la note de cadrage


macroéconomique et budgétaire ;
 de s’assurer que toutes les unités administratives sont dotées y compris les
structures nouvellement créées ;
 de s’assurer que des opérations ponctuelles (achat d’ordinateur, de mobilier
ou meubles…) de la gestion précédente ne sont pas systématiquement
reconduites ;
 de s’assurer de la prise en compte des engagements antérieurs non encore
dénoués ;
 d’analyser les justifications des demandes éventuelles de crédits
supplémentaires.

Après analyse du projet consolidé des projets des D.P.P.D, la D.G.B organise les
auditions des responsables de programmes et des directions des affaires financières
des ministères sectoriels , afin d’éliminer les divergences et d’arrêter les enveloppes
des crédits (AE/CP) et des projets de performances communs .Les discussions
relatives aux crédits budgétaires et aux objectifs /indicateurs doivent être
concomitantes sous peine de vider la démarche de performance de sa substance
dans la recherche d’une plus grande efficacité de la dépense publique.

III.1.5.2 La phase d’arbitrage

Les discussions budgétaires plusieurs semaines et peuvent l’objet de certaines


divergences entre les ministères dépensiers et les représentants du ministère
chargé des finances. Les points de désaccord sont retracés dans un dossier
d’arbitrage soumis au ministre chargé des finances et/ou au premier ministre. Le
ministre chargé des finances saisit ses collègues ministres concernés par les
dossiers d’arbitrage, pour discussion, afin de trouver de solutions aux problèmes
objets de désaccord .Mais il arrive que certains points ne puissent trouver de
solution au niveau du ministre chargé des finances et qu’il faille porter l’arbitrage à
un stade supérieur, soit avec le premier ministre ou conseil des ministres où
tranchera définitivement le président de la république .

III.1.6 La finalisation de l’avant-projet de loi des finances

Dr K. M. DEFLY EXPERT COMPTABLE Page 32


33

Au terme de tout ce parcours, et sur la base des résultats des discussions et


arbitrages, la D.G.B fait une synthèse des demandes complémentaires et effectue
des modifications appropriées .Ce qui permet d’arrêter définitivement le montant des
recettes et celui des crédits (AE/CP) alloués à l’ensemble des structures .Elle
procède à la mise en forme et l’édiction de la version de l’avant-projet de la loi des
finances au plus tard le 31 août.

L’avant-projet de la loi des finances, le D.P.B.E.P et les D.P.P.D doivent être


cohérents entre eux c’est-à-dire que les deux derniers qui sont des documents
triennaux glissants doivent avoir les prévisions concernant leur première année
correspondre à celles de l’avant- projet de la loi des finances de l’année.

III.2 L’adoption de l’avant-projet et du projet de loi des finances

Conformément à la constitution du 25 novembre 2010, l’avant-projet de loi des


finances est adopté au conseil des ministres et devient projet de loi des finances qui
sera voté par l’assemblée nationale. En effet, cette adoption revêt à la fois un
caractère gouvernemental et législatif.

III.2.1 L’adoption gouvernementale de l’avant-projet de loi des finances

L’avant-projet de la loi des finances est successivement examiné en conseil de


cabinet et en conseil des ministres. Après sa mise en forme le ministère chargé des
finances, il est transmis au secrétariat général du gouvernement en vue de son
examen et de son adoption. Cet examen est l’occasion de régler les derniers points
de divergence restés en suspens. A défaut, ces points l’objet de débat au conseil
des ministres qui tranchera sous du président de la république qui a le dernier mot.
Ainsi l’avant-projet examiné, discuté et adopté par le conseil devient projet de loi des
finances qui sera transmis à l’assemblée nationale au plus tard le jour de l’ouverture
de la session budgétaire.

III.2.2 L’adoption législative du projet de loi des finances

L’assemblée nationale vote le projet de loi des finances en conformité aux


dispositions de la constitution en suivant une procédure législative particulière. Cette
procédure caractérise la loi des finances par deux exigences : une exigence d’abord
, de rapidité qui fait que le projet de loi de finances doit être voté au plus tard à la
date de clôture de la session budgétaire ,pour être mise en œuvre dès le 1 er janvier
de l’année concernée .Ensuite , une exigence de protection de l’équilibre budgétaire
contre les amendements parlementaires .Toutes ces précautions confèrent au vote
un caractère solennel . Le projet de loi des finances est d’abord discuté avant son
vote .En effet, il est imputé à la commission des finances qui procède à son examen.
Cette saisit les autres commissions de l’assemblée pour les questions les
concernant et des personnes ressources pour d’éventuels éclaircissements sur des
sujets précis .Elle dresse rapport de travail qui sera soumis à la plénière .Le ministre
chargé des finances présente le projet devant la plénière qui l’examine, le discute et

Dr K. M. DEFLY EXPERT COMPTABLE Page 33


34

propose des amendements après des questions orales et écrites posées au


ministre.

III.2.3 Les amendements

La discussion annuelle est l’occasion pour les représentants des citoyens d’analyser
et de se prononcer sur le bien-fondé des choix du gouvernement traduits à travers
les demandes de financement .A l’image des autres projets de loi ,les
parlementaires disposent du droit d’amender les propositions du gouvernement
.Dans le cadre particulier des lois des finances ,des exceptions de nature à
rationaliser le débat budgétaire et à garantir l’équilibre des finances publiques ,
existent à travers des règles qui encadrent le dépôt des amendements
parlementaires .

Un amendement parlementaire n’est recevable que lorsqu’il est accompagné des


développements qui justifient son dépôt .Les parlementaires ne sont pas habilités à
modifier par voie d’amendement la structure du budget : c’est-à-dire la composition
des programmes, des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor sont du
ressort exclusif du gouvernement.

Les amendements concernant les prévisions des charges qui ont pour conséquence
d’accroitre une dépense, sont interdits

Concernant les prévisions des recettes, sont interdits les amendements qui auraient
pour conséquence de diminuer les recettes du budget.

III.2.4 Le déroulement du vote

Les programmes et les dotations constituent désormais les unités de vote en lieu et
place des titres et les ministères .Les parlementaires auront ainsi à se prononcer sur
chacune des composantes du budget. De même, les notions de services votés et de
mesures nouvelles sont supprimées et l’autorisation parlementaire ne porte que sur
les évolutions financières d’une année à l’autre, les dotations précédentes étant
considérées comme acquises .L’autorisation porte désormais sur l’intégralité des
crédits de paiement et les autorisations d’engagement. Le gouvernement est donc
tenu de justifier au sein des documents budgétaires comment il prévoit utiliser les
demandes de crédits, ainsi que les personnels qui leur sont associés, en base zéro.
C’est-à-dire que chaque franc CFA demandé puisse être expliqué par des
déterminants objectifs (coûts unitaires, volume d’activités attendues, nombre d’unités
de matériel acquis …etc.)

Pour ce qui est des ressources, la directive n°06-2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009


dissocie le vote pour les évaluations des recettes budgétaires et des ressources de
trésorerie concrétisant ainsi la distinction entre elles. Le vote s’effectue de la
manière qui suit :

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35

 Les évaluations des recettes font l’objet d’un vote d’ensemble pour le budget
général ;
 Les crédits du budget général font l’objet d’un vote par programme et d’un
vote par dotation : les votes portent à la fois sur les autorisations
d’engagement et les crédits de paiement ;
 Les évaluations des recettes font l’objet d’un vote d’ensemble par budget
annexe et par compte spécial du Trésor ;
 Les crédits des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor font
l’objet d’un vote par budget annexe et par compte spécial du Trésor ;
 Les évaluations des ressources et charges de trésorerie font l’objet d’un vote
unique.

Il faut noter que le projet de loi des finances est à la majorité simple des députés
composant l’assemblée nationale .La seconde partie du projet de la loi des finances
ne peut être mise en discussion avant le vote de la première partie.

III.2.5 La promulgation de la loi des finances

Après le vote, le projet de la loi des finances devient une loi des finances qui est
transmise à la présidence de la république pour promulgation. Le président de la
république dispose de quinze(15) jours pour la promulguer. Ce délai peut être réduit
à cinq(5) jours en cas d’urgence. Elle est publiée au journal officiel de la république
après sa promulgation et le gouvernement prend des dispositions règlementaires ou
administratives portant répartition des crédits budgétaires. Plus concrètement, le
gouvernement prend un décret de répartition de crédits afin de permettre la mise en
œuvre effective du budget général, des budgets annexes, des comptes spéciaux du
Trésor conformément à la nomenclature budgétaire en vigueur.

Dr K. M. DEFLY EXPERT COMPTABLE Page 35


36

CHAPITRE IV LES PROCEDURES D’EXECUTION DE LA LOI DES


FINANCES
Après la répartition et la mise en place des crédits budgétaires, la loi des finances
doit être exécutée .Son exécution est confiée à deux catégories d’agents : les
ordonnateurs et les comptables .Les procédures d’exécution de la loi des finances
concernent les modalités d’exécution des dépenses publiques et des recettes
publiques.

IV.I Les procédures d’exécution des dépenses publiques

L’exécution et la comptabilisation des opérations de dépenses du budget de l’Etat,


des budgets annexes, des comptes sont régies les dispositions de l’arrêté
n°0352/ME/F du 23 septembre 2015 fixant les modalités d’exécution des dépenses
de l’Etat. Il existe deux procédures d’exécution des dépenses publiques :

 Une procédure normale ;


 une procédure simplifiée.

IV.I.I La procédure normale d’exécution des dépenses publiques

Cette procédure appelée procédure ordinaire s’effectue en quatre étapes réparties


en deux phases : la phase administrative composée de l’engagement, la liquidation
et l’ordonnancement ; et la phase comptable comportant le paiement.

A La phase administrative

Elle relève de la sphère de compétence de l’ordonnateur et compose les trois


premières étapes de la procédure normale. C’est le domaine de l’opportunité de faire
une dépense par l’ordonnateur. Autrement dit, l’ordonnateur a une compétence
discrétionnaire de décider de la dépense. L’opportunité s’apprécie comme « le choix
du meilleur moyen au meilleur moment ».

A.1 L’engagement

L’engagement est le fait générateur de la dépense et constitue l’acte par lequel l’Etat
ou les autres organismes publics ou constatent à leur encontre, une obligation de
laquelle résultera une charge .C’est un acte fondamental qui engage les personnes
publiques, par lequel elles se reconnaissent débitrices. C’est le premier acte de
l’ordonnateur et est à la fois juridique et comptable.

 L’engagement juridique : c’est l’acte par lequel une personne publique crée
ou constate à son encontre une obligation de laquelle résultera une charge
.Cet acte se traduit par la prise d’une décision (signature d’un contrat, d’une
convention, une mutation d’un agent, le dédommagement d’une personne,
expropriation, recrutement …etc.) par une autorité qualifiée agissant en vertu

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37

de ses pouvoirs. Il doit être fait dans la limite des autorisations budgétaires
prévues dans la loi des finances.
 l’engagement comptable : c’est l’affectation des crédits budgétaires
nécessaires à la réalisation d’une dépense résultant de l’engagement
juridique .Il se matérialise par un document confirmant cette affectation et la
réduction à due concurrence des crédits disponibles .Ce document est établi
par le gestionnaire des crédits budgétaires conformément aux lois et
règlements.

Les engagements des dépenses sont soumis à un contrôle préalable du contrôleur


financier par les gestionnaires de crédits qui tiennent une comptabilité des
engagements dite budgétaire et administrative. Les acteurs intervenant au stade de
l’engagement sont les gestionnaires de crédits, les prestataires (fournisseurs,
prestataires de services, maîtres d’œuvre des marchés, de travaux ….autres
créanciers potentiels).

A.2 La liquidation

Aux termes de l’article 15 de l’arrêté n°352/ME/F du 23 septembre 2015 fixant les


modalités d’exécution des dépenses de l’Etat, la liquidation a pour objet de vérifier la
réalité de la dette de l’Etat et d’arrêté le montant exact de la dépense .Elle est faite
au vu des titres et pièces justifiant la preuve des droits acquis par les créanciers.
Sauf les cas où les dispositions légales et règlementaires prévoient l’octroi d’une
avance ou des acomptes, la liquidation ne peut intervenir qu’après constatation du
service fait ou une décision individuelle autorisant la dépense. La certification du
service fait est appuyée ,le cas échéant ,du procès-verbal de réception pour toutes
les fournitures effectuées en exécution d’un marché et pour les matériels devant
donner lieu à essais de fonctionnement lors de la réception .Dans tous les cas , la
certification du service fait doit être accompagnée des pièces justificatives
complémentaires prévues par les règlements . Les mêmes acteurs cités haut
interviennent au stade de la liquidation.

A.3 L’ordonnancement

L’ordonnancement est l’acte administratif par lequel conformément aux résultats de


la liquidation , l’ordre est donné au comptable de payer la dette de l’Etat ou celles
des autres organismes publics .Il s’analyse en un acte discrétionnaire de la part de
l’autorité administrative .En pratique l’ordonnateur est le seul compétent pour
ordonnancer les dépenses .Il ne peut être contraint par un créancier à ordonnancer
le paiement de sa créance. Les ordonnancements ne peuvent avoir lieu que dans la
limite des crédits budgétaires et ce, conformément aux lois et règlements en vigueur.
L’ordonnancement se traduit par l’émission d’un mandat de paiement accompagné
des pièces justificatives. Les dépenses effectuées sur crédits délégués dans les
services déconcentrés de l’Etat, font l’objet d’un ordonnancement de régularisation
après leur paiement. Seul l’ordonnateur est habileté à faire des opérations
d’ordonnancement.
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38

B. La phase comptable

La phase comptable est confiée au comptable et est du domaine de la régularité. Le


comptable procède au visa, à la prise en charge et au paiement des mandats émis,
visés par les contrôleurs financiers. Le comptable est la fois payeur et caissier. Il doit
s’assurer de la régularité de la dépense .Ainsi, il procède au contrôle :

 de la qualité de l’ordonnateur ;
 de l’exacte imputation budgétaire ;
 de la disponibilité des crédits budgétaires ;
 de l’existence des pièces justificatives et leur conformité aux lois et
règlements en vigueur ;
 de la qualité des personnes habilitées à la certification du service ;
 du visa contrôleur financier ;
 du caractère libératoire de la dépense ;
 de l’absence d’opposition au paiement.

La sanction de ce contrôle est le refus de payer. Lorsque le mandat transmis au


comptable est entacher d’irrégularité, il diffère ou refuse le paiement .Il refuse
également son visa lorsque les pièces justificatives qui accompagnent le mandat
sont irrégulières .Le refus de visa d’un mandat entraine l’interdiction de toute prise
en comptable du mandat à fortiori son paiement. Il effectue le paiement de la
dépense selon le mode de règlement retenu : soit en espèces, soit par remise de
chèque, soit par virement bancaire ou postal.

C. Les procédures simplifiées

Les dépenses soumises aux procédures simplifiées sont celles engagées et


ordonnancées de manière concomitante. A la fin de la procédure le document
produit est le mandat de paiement. Dans ces cas des procédures simplifiées, seuls
les documents d’ordonnancement sont édictés .Les gestionnaires de crédits
formulent des demandes qu’ils adressent aux ordonnateurs qui émettent les
mandats visés par les contrôleurs financiers et transmis aux comptables
assignataires pour prise en et paiement. Ces procédures concernent un ensemble
de dépenses dont les approvisionnements des régies d’avance pour lesquelles
l’exécution exige un mécanisme de paiement spécial ; les billets de transport de
personnels en déplacement ou en mission à l’extérieur ; les indemnités de mission
ou déplacement ; les frais d’évacuations sanitaires et les paiements en devises au
titre du service de la dette et les contributions aux organisations internationales.

 Pour faciliter l’exécution de dépenses de faible montant de certaines


administrations ainsi que celles des postes diplomatiques et
consulaires , des régies sont créées par arrêté du ministre chargé des
finances .Elles reçoivent des avances limitées dans le temps des
comptables assignataires auxquels elles sont rattachées. Les
dépenses payées dans ces conditions par le régisseur ou le poste à
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l’étranger feront l’objet d’engagement de régularisation au nom des


comptables assignataires
 Pour ce qui est des cas des billets de transport de personnels en
déplacement ou en missions ; des indemnités liées à ces missions et
déplacements et des frais d’évacuations sanitaires, le comptable
s’assure d’abord, de la disponibilité des crédits au moins équivalant
au montant des dépenses projetées. Il délivre ensuite, au régisseur
un ordre de paiement au profit des bénéficiaires (société de transport,
personnel en mission ou en déplacement, régisseur) établi au d’une
lettre de demande de paiement du gestionnaire de crédits. Cette
lettre est accompagnée des copies des pièces justificatives .Un
engagement de régularisation accompagné des pièces justificatives ,
est établi au du comptable assignataire , afin de lui permettre de
créditer et solder , le compte qui a reçu l’avance à son débit .Pour le
cas des feuilles de déplacement ou ordres de mission ,l’engagement
de régularisation est fait par le gestionnaire des crédits , après
liquidation du montant total dû en fonction du nombre de jours réel de
mission ou de déplacement . A la réception du règlement, le
comptable soldera à due concurrence, le montant de l’avance.
 En ce qui concerne les paiements en devises , la particularité tient au
fait que le montant en monnaie nationale ne peut pas être connu à
l’avance .Le comptable reçoit de l’ordonnateur une lettre
d’autorisation de virement indiquant le créancier et sa domiciliation
bancaire , le montant en devises à transférer , l’objet de la dépense
(convention d’emprunt et échéance due , la référence de l’acte fixant
la contribution à verser .Le comptable adresse une lettre de virement
conforme , et libellée en devises , à la banque intermédiaire
appropriée .Après exécution du virement , la banque notifie au
comptable le montant viré et le montant des commissions y afférentes
.Après réception de l’extrait ou le relevé bancaire qui débite le compte
du comptable , il adresse à l’ordonnateur , une lettre de demande de
régularisation accompagnée des pièces justificatives .La
régularisation intervient au vu du règlement et permet de solder le
compte d’imputation provisoire utilisé .

IV.2 Les procédures d’exécution des recettes publiques

Ces procédures obéissent à des règles strictes et pour chacune d’elles, il existe une
procédure de droit commun et des procédures dérogatoires visant à l’exécution dans
certaines circonstances particulières. Ces procédures concerneront les recettes
fiscales et les recettes non fiscales. Le choix de la réalisation d’une opération de
recette et sa mise en œuvre, doivent être effectués par des agents différents en
vertu du principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables publics
.L’ordonnateur constate la créance, arrête le montant de la créance et prescrit l’ordre

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de recouvrement .Le comptable quant à lui procède au contrôle nécessaire, à la


prise en charge et au recouvrement de la créance. A côté de la procédure normale
comportant une phase administrative (confiée à l’ordonnateur) et une comptable
(relevant du domaine du comptable public), il existe diverses procédures
dérogatoires concernant notamment les recettes présentant un caractère non
définitif, les recettes directement établies par les contribuables et les recettes des
régies.

IV.2.1 La procédure normale d’exécution de recettes publiques

Comme la procédure normale d’exécution des dépenses publiques, celle des


recettes publiques comporte deux phases (phase administrative et phase
comptable) confiées à deux catégories d’agents publics dont les fonctions sont
incompatibles : les ordonnateurs et les comptables.

IV.2.1.1 La phase administrative

La phase administrative relève de la compétence de l’ordonnateur et comprend les


opérations de l’assiette, de la liquidation, et de l’ordonnancement ou l’émission des
titres de perception.

 L’assiette de l’impôt consiste à rechercher la matière imposable et l’évaluer.


La matière imposable est l’élément économique sur lequel l’impôt prend
source et cet élément peut être une voiture (vignette automobile), un service
(location des domaines de l’Etat), ou une transaction (commerce,
affaire)…etc.

La matière imposable peut être évaluée selon deux procédés qui sont : l’évaluation
directe et l’évaluation automatique. L’évaluation directe suppose une connaissance
à suffisance de la matière imposable et de ses différents éléments déclarés soit par
le contribuable , soit déterminés par l’administration fiscale elle-même .Sur la base
des éléments déclarés par le contribuable et après toutes les vérifications
nécessaires ,le fisc procède à la détermination du montant de l’impôt .Lorsque la
déclaration fait défaut l’administration peut procéder à une taxation d’office. En cas
d’irrégularité constatée suite à la déclaration, des redressements sont opérés avant
la détermination du montant de l’impôt.

L’évaluation automatique tend à diminuer les obligations du contribuable et se fait


à travers la méthode dite indiciaire ou sur la base des signes extérieurs de richesse
ou encore à travers la méthode forfaitaire .Le montant de l’impôt est globalement et
de façon forfaitaire déterminé sans chercher à connaître avec précision la matière
imposable (c’est lorsqu’on évalue globalement des articles entreposés dans un
magasin).

 La liquidation de l’impôt consiste à calculer et déterminer sur des bases


exactes, conformément aux dispositions législatives et règlementaires, le
montant de la dette du contribuable .Ce calcul se fait sur la base d’un

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ensemble de barèmes qui constituent le tarif de l’impôt .Après liquidation, les


impôts doivent faire l’objet d’avis d’imposition établis par nature d’impôt et
récapitulés dans des rôles qui sont états nominatifs des contribuables .Ces
avis d’imposition récapitulés sur les rôles sont appelés des avis de mise en
recouvrement (AMR) .Le rôle est un document ou un titre qui est rendu
exécutoire après son homologation (signature) à travers un arrêté du
ministre chargé des finances . Il comporte les mêmes informations se trouvant
sur les avis d’impositions.
 L’ordonnancement c’est l’ordre donné au comptable de recouvrer l’impôt par
l’ordonnateur .Cet ordre se matérialise par l’émission d’un titre de perception
qui est l’avis de mise en recouvrement. L’avis de mise en recouvrement
comporte les mentions suivantes :le numéro de l’article du rôle, l’identité du
redevable, l’adresse exacte du redevable, le montant de l’impôt , le service
émetteur ,le service de recouvrement ,les différents modes de paiement
offerts au contribuable ,la date de mise en recouvrement ,la date d’exigibilité
et la date à partir de laquelle des pénalités peuvent être appliquées .Les rôles
accompagnés des avis d’imposition sont transmis au comptable pour
recouvrement .

IV.2.1.2 La phase comptable

Elle relève du domaine exclusif du comptable et comporte des opérations préalables


de contrôle à effectuer sur les avis et les rôles, des opérations de prise en charge et
des opérations proprement dites de recouvrement. Le recouvrement constitue
l’opération par laquelle, le comptable public fait entrer le produit de l’impôt dans la
caisse de l’Etat. Il s’effectue soit à l’amiable auquel cas le contribuable s’acquitte de
sa dette spontanément, soit de manière forcée suite à des poursuites exercées par
le comptable .L’acquittement peut se faire par versement d’espèces à la caisse , par
remise de chèque ou d’effets bancaires ou postaux, par virement ou dans des
conditions particulières par remise de valeurs d’effets de commerce ou d’obligation
cautionnées , par compensation .

 Le contrôle préalable et la prise en charge

Avant de faire la prise en charge des actes formant titres de perception, le


comptable chargé du recouvrement des impôts et taxes qui lui sont assignées
doit procéder au contrôle de :

 L’autorisation de percevoir les recettes, c’est-à-dire la vérification du


fondement légal, règlementaire ou juridictionnel des recettes publiques ;
 Dans la limite des éléments dont il dispose, le comptable doit vérifier les
résultats des opérations de liquidation et de mise en recouvrement des
créances de l’Etat.
 La régularité des réductions et annulations des titres de créances. Les
ordres de réduction ou d’annulation sont émis par les ordonnateurs et

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sont motivés par plusieurs raisons parmi lesquelles, une erreur dans
l’émission de la créance ou un motif d’opportunité (fondement légal).

Après ce contrôle préalable exercé par le comptable, vient l’opération de prise


en charge qui consiste pour le comptable, de constater dans ses écritures, les
créances publiques dont il doit assurer le recouvrement .Cette opération est
effectuée au vu des titres de perception qui sont les avis de mise en
recouvrement et les états récapitulatifs ou des rôles récapitulant ces avis.
Cette prise en charge est à la fois comptable et extracomptable.

 Le recouvrement

C’est l’opération qui consiste pour le comptable de déployer toutes les actions
destinées à obtenir le versement spontané ou forcé des débiteurs des
organismes publics, des sommes dues .Ce recouvrement est matérialisé par
une date de mise en recouvrement mentionnée sur les AMR .La date de mise en
recouvrement :

 Ouvre la période du délai de réclamation contentieuse ;


 Marque le point de départ du délai de quatre ans sur lequel s’exerce le
privilège du Trésor ;
 Fixe le point de départ du délai de prescription quadriennale, sauf
interruption ou suspension.

C’est à partir de cette date de mise en recouvrement que court le délai de dix
(10) jours d’exigibilité. Certains impôts peuvent être immédiatement exigibles
compte tenu de situations particulières comme : la vente volontaire ou forcée des
biens du redevable , la cessation des activités du redevable , la faillite ou
liquidation judiciaire , défaut ou déclaration tardive , insuffisances , départ définitif
du pays .L’exigibilité est immédiate dans tous les cas où il importe de
sauvegarder les intérêts de l’Etat avant que le redevable ne soit déposséder de
ses biens .Dix (10) jours après la date d’exigibilité soit vingt (20) jours après la
date de mise en recouvrement , sont appliquées les majorations pour paiement
tardif , fixées à 10 % du montant des droits non pays à cette date .

Seuls les comptables qui ont régulièrement pris en charge les titres de
perception, ont qualité d’effectuer le recouvrement des impôts .Cependant, des
agents collecteurs dont l’action se limite au seul recouvrement à l’amiable,
peuvent opérer dans des quartiers des grands centres, les marchés ou les zones
éloignées. Le règlement de l’impôt peut s’effectuer soit : en numéraire, par la
remise de chèque bancaire ou postal, par virement ou par compensation. Les
comptables peuvent accorder sous leur responsabilité des délais de paiement
aux contribuables qui en font la demande pour soit différer le paiement de l’impôt,
soit l’échelonner par tranches.

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Le contribuable qui a pris connaissance de son imposition, peut contester la


quotité ou le bien-fondé de l’impôt et introduire une demande en réduction ou en
annulation de son imposition.

IV.2.I.3 Le contentieux fiscal

Malgré le soin apporté par les services des impôts dans la détermination de la
matière imposable et de son évaluation, les impôts liquidés ne manquent pas
souvent d’irrégularités ou d’erreurs au détriment du contribuable .Ce dernier pour
lequel l’impôt constitue une charge, tente de le faire réduire ou de le faire
annuler en contestant soit les bases de calcul , soit en invoquant des éléments
particuliers ,soit en se prévalant des dispositions plus favorables . En effet, tout
contribuable qui conteste le bien-fondé des impositions ou qui s’estime lésé dans
l’assiette, la liquidation et /ou le recouvrement des impôts, des taxes et
redevances de toute nature, a la possibilité saisir l’administration fiscale pour la
réparation du préjudice qui lui est causé. La recherche de solution aux différents
contentieux de l’impôt se traduit généralement par l’introduction d’une demande
de réclamation contentieuse ou de remise gracieuse. Le contentieux fiscal est
régi au Niger essentiellement par les dispositions des articles 307 à 311 du titre
IV du régime fiscal et domanial de la République du Niger. Les demandes de
réclamations doivent être timbrées et être accompagnées de l’avis de mise en
recouvrement, de la copie des notifications de redressement ou de toute autre
pièce justificative sous peine de rejet en la forme.

 Les réclamations contentieuses : elles sont engagées pour obtenir une


décharge totale ou partielle du paiement de l’impôt .Lorsqu’elles portent
sur le bien-fondé de l’impôt, le contribuable conteste l’impôt dans sa
totalité soit parce qu’il a déjà requis un impôt similaire, soit qu’il s’estime
non redevable étant donné que le fait générateur n’est pas probant ou est
inexistant, soit que eu égard à une disposition législative et règlementaire,
il doit être exempté du paiement de l’impôt. Lorsque les réclamations
portent sur la quotité c’est-à-dire sur les bases de calcul ,le contribuable
essaie d’obtenir un réajustement du montant de son impôt au prorata de la
somme qu’il estime devoir .Ces demandes sont formulées par les
contribuables inscrits sur le rôle nominatif et adressées au directeur
général des impôt qui statue par délégation du ministre chargé des
finances en décidant du rejet ou de leur admission partielle ou totale en
non-valeur.
 Le délai de réclamation : pour être recevable, les réclamations doivent être
formulées et introduites dans un délai de trois (3) mois à partir de la date
de mise en recouvrement des rôles. Elles ne peuvent constituer en aucun
cas un moyen pour le contribuable de différer le paiement de l’impôt.
 Le sursis légal de paiement : bien que les requêtes formulées par les
contribuables ne soient pas assorties d’effets suspensifs de paiement, et
ce, pour éviter la multiplicité de réclamations fantaisistes, les contribuables

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qui contestent l’impôt ou son montant, peuvent sursoir à son paiement en


tout ou partie. Ce sursis est en principe subordonné à la constitution d’une
garantie suffisante permettant au comptable de se faire payer par leur
réalisation (la vente) .Ce sursis légal prolonge au tant qu’il durera le délai
de prescription quadriennal , mais n’arrête pas celui du privilège fiscal .
 Les demandes de remise gracieuse d’impôt :la remise est l’abandon de la
totalité des impositions .La modération est un abandon d’une partie des
impositions .Généralement , c’est le contribuable qui fait la demande .Mais
il peut s’agir d’un tiers qui a reçu du contribuable un mandat à cet effet
.Certaines personnes peuvent en faire la demande sans avoir reçu de
mandat .Il s’agit par exemple , des avocats , de chacun des époux pour
les impositions relatives aux biens qu’il administre et les impôts dont il est
solidairement responsable , des héritiers pour le compte du contribuable
décédé …etc. . La demande doit être individuelle et signée par son auteur
.Elle doit contenir les informations nécessaires pour identifier le
contribuable et l’imposition .La demande est appréciée en fonction de la
situation du contribuable, qui peut relever par exemple de circonstances
exceptionnelles, d’une disproportion entre l’importance de la dette fiscale
et le niveau des revenus du contribuable .L’appréciation de cette situation
relève toujours d’une approche individualisée qui prend en compte
l’ensemble des particularités du dossier , ainsi que le comportement
habituel du contribuable en matière de déclaration et de paiement , le
respect de ses engagements pris ,et les efforts déjà fournis pour se libérer
de sa dette .

IV.2.2 La procédure forcée d’exécution des recettes publiques

Une bonne exécution de la loi des finances exige en partie, que les recettes
publiques soient avec le maximum d’efficacité, recouvrées dans de meilleures
conditions .Pour la satisfaction de cet impératif, le comptable public dispose de
plusieurs moyens d’action dont entre autres, les poursuites en matière de
recouvrement des créances de l’Etat.

Les poursuites exercées par le receveur des impôts

Les poursuites sont exercées par les receveurs des impôts et les agents
assermentés et commissionnés, placés sous leur responsabilité, éventuellement
assistés d’agents de la force publique. Le contribuable qui n’a pas acquitté, à la
date d’exigibilité, le montant de son impôt, fait l’objet de poursuites exercées par
le receveur des impôts.

 La mise en demeure

Le contribuable qui ne s’acquitte pas à temps de sa dette fiscale, se verra notifié


dans un délai de dix (10) jours avant l’engagement de toute poursuite , une mise en
demeure par le receveur chargé du recouvrement .Lorsque la mise en demeure n’est

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pas suivi de paiement , dans le délai de dix (10) jours calendaires ou de constitution
de garanties ,dans l’hypothèse de réclamation assortie d’une demande de sursis de
paiement , le receveur doit engager les poursuites prévues en cette matière .Le
receveur peut après avis de son supérieur hiérarchique ,faire recours à des huissiers
de justice moyennant une indemnité payée en sus sur les frais de poursuites par acte
de poursuite notifié et recouvré .Il peut mettre en œuvre des modes de poursuite de
droit commun ,notamment la saisie-exécution , la saisie-immobilière , la contrainte
extérieure ,l’avis à tiers détenteur , la fermeture des locaux à usage professionnel et
la contrainte par corps .

 La saisie-exécution

C’est une mesure extrajudiciaire diligentée par un agent chargé des poursuites ou un
huissier visant les biens meubles corporels en la possession du débiteur en vue de
leur vente .Elle intervient dix(10) jours après notification de la mise en demeure
.L’agent chargé des poursuites peut procéder à la saisie des objets saisissables
dans les formes prescrites par les règles de droit commun applicables en matière de
saisie-exécution .Si le contribuable offre de se libérer ,en présentant des garanties
suffisantes et pérennes ,le receveur doit suspendre la saisie .L’opposition d’un tiers
ne fait obstacle à la saisie .Toutefois ,l’intéressé peut formuler une demande en
revendication d’objets saisis .

 La vente

La vente ne peut s’effectuer qu’en vertu d’une autorisation du directeur général des
impôts ,sur proposition du receveur après l’ expiration des délais .La vente ne peut
avoir lieu que huit (8) jours après l’autorisation du directeur général ,sauf autorisation
spéciale du même directeur lorsqu’il y a lieu de craindre le dépérissement des objets
saisis .Elle doit être précédée d’une publicité trois (3) jours avant ,par les moyens
appropriés et elle est faite par les agents de poursuite ou un huissier de justice en
présence du receveur ou de son représentant Le choix du lieu est laissé à
l’appréciation du receveur des impôts et la vente est interrompue dès que le produit
est suffisant pour solder les contributions exigibles , ainsi que l’ensemble des frais de
poursuite .Dans ce cas , le reste des objets saisis est remis au contribuable et le
produit de la vente est immédiatement versé au receveur qui délivre une quittance au
saisi .

 La fermeture des locaux à usage professionnel

Lorsque dans les dix(10) jours suivant une mise en demeure, le redevable n’a pas
acquitté les sommes qui lui sont réclamées ou présenté des garanties suffisantes, le
receveur des impôts peut faire procéder par un agent de poursuite ou par un huissier
de justice , à la fermeture des locaux à usage professionnel ,pour non-paiement
d’impôts .Cette fermeture est accompagnée d’une notification au redevable et une
affiche indiquant les motifs de la fermeture est apposée à la devanture de
l’établissement .Pour les contribuables ne disposant pas de locaux ,la notification de

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fermeture leur sera remise en mains propres. Tout refus de prendre la notification,
fait l’objet d’un procès-verbal dressé par l’agent et pendant la fermeture, le
propriétaire est d’office constitué gardien.

 Autres poursuites mobilières

La saisie-arrêt : le receveur peut pratiquer une saisie-arrêt, selon les règles prévues
au code de procédure civile, afin de faire procéder à la saisie des objets mobiliers ou
de deniers que le débiteur ne détient pas qui sont entre les mains d’un tiers.

L’avis à tiers détenteur : les dépositaires, détenteurs de sommes appartenant aux


redevables d’impôts ,droits , taxes et redevances de toute nature dont le
recouvrement est garanti par le privilège du Trésor public , sont tenus , sur la
demande qui leur est faite , sous forme d’avis à tiers détenteur ,de verser , en lieu et
place des redevables , les fonds qu’ils détiennent ou qu’ils doivent à concurrence des
impositions dues par ces redevables . L’avis à tiers détenteur est valable pour toutes
sommes présentes et à venir en l’absence d’une mainlevée dûment délivrée par le
receveur. L’avis à tiers détenteur produit les effets que la saisie-arrêt.

 La saisie et vente de fonds de commerce

Le receveur des impôts doit pratiquer la saisie des éléments corporels du fonds de
commerce avant de procéder à la vente globale du fonds de commerce .Par
dérogation aux règles de droit commun , le receveur fait ordonner , par le président
du tribunal compétent ,la vente du fonds de commerce dans les formes prévues .

 La saisie revendication

Le receveur des impôts peut pratiquer une saisie revendication pour appréhender
des biens mobiliers qui ont été détournés et soustraits et détenus par un tiers après
avoir fait l’objet d’une saisie-arrêt.

 La contrainte par corps

Le receveur peut en dehors des voies d’exécution ordinaires, pour obtenir le


paiement de l’impôt ; droits, taxes et redevances conformément aux dispositions de
la loi, utiliser la contrainte par corps.

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TERMINOLOGIE COURAMMENT UTILISEE

A travers cette section, les notions essentielles seront définies afin de permettre une
meilleure compréhension des finances publiques.

1 ) Article budgétaire : Sous catégorie au sein des chapitres budgétaires. Le chapitre


constitue l’unité d’affectation des crédits votés par le Parlement. Au delà du chapitre, les
crédits sont répartis par article et par paragraphe.

2 ) Autorisations de Programmes : Limites supérieures de crédits qui peuvent être


engagés pour l’exécution d’un investissement, la réalisation progressive de celui-ci donnant
lieu ensuite à l’inscription de crédits de paiement en fonction de l’échéancier des travaux.
Elles concernent les dépenses qui ne peuvent pas être exécutées dans le cadre de l’année
mais sur une période pluriannuelle.

3 ) Blanc budgétaire : Document d’information à couverture blanche correspondant au


budget de programme élaboré par chaque ministère (présentation des programmes d’action
du ministère avec définition des objectifs et des moyens et utilisation d’une analyse coûts-
avantages).

4 ) Bleu budgétaire : Document d’information à couverture bleue accompagnant le projet de


loi de finances et explicitant les choix du Gouvernement.

5 ) Bon du Trésor : Actif financier émis par le Trésor et destiné à couvrir ses besoins de
trésorerie.

6 ) Budget Annexe : Budget retraçant les dépenses et les recettes d’un service de l’Etat
sans personnalité juridique, dont l’activité tend essentiellement à produire des biens ou à
rendre des services donnant lieu à des paiements.

7 ) Cavalier Budgétaire : Disposition à caractère non financier que certains parlementaires


s’efforçaient de faire voter avec la loi de finances sous la 4ème République Française.
Toutefois la Loi Organique 59-2 l’interdit.

8 ) Chapitre Budgétaire : Unité regroupant les crédits ouverts par la loi de finances, qui
correspondent aux dépenses d’un ministère ayant même nature ou même destination.

9 ) Charges Communes : Crédits concernant plusieurs ministères et dont la ventilation est


impossible (Dette Publique). Ils sont gérés par le Ministère des Finances.

10) Crédits Evaluatifs : Crédit servant à acquitter les dettes de l’Etat résultant de
dispositions législatives spéciales ou de conventions permanentes approuvées par la loi,
telles que les charges de la dette Publique ou les frais de justice. Comme l’Etat doit payer de
telles dépenses dès qu’elles se présentent et quel qu’en soit le montant, les chiffres de
crédits correspondants inscrits dans la loi de finances n’ont pas, comme c’est le cas
d’ordinaire, le caractère d’un plafond mais d’une simple évaluation pouvant être dépassée
sans autorisation préalable du législateur.

11) Crédits Globaux : Ces crédits se répartissent en deux (2) catégories : les uns servent à
payer certaines dépenses présentant un caractère d’urgence (crédits pour dépenses
éventuelles, crédits pour dépenses accidentelles) ; les autres sont regroupés dans un

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chapitre réservoir dans l’attente de leur utilisation par les ministères intéressés entre lesquels
la ventilation n’avait pu être faite au moment de la préparation de la loi de finances.

12) Crédits limitatifs : Tous les crédits visant des dépenses autres que celles entrant dans
le cadre des crédits évaluatifs. Les dépenses sur crédits limitatifs ne peuvent être engagées
et ordonnancées que dans la limite des crédits ouverts, sauf en cas d’autorisation accordées
par les autorités compétentes.

13) Comptes Spéciaux du Trésor : ils permettent de suivre une série d’opérations qui sont
isolées du budget général en raison des conditions particulières de leur financement ou de
leur caractère provisoire. En général, il en existe six (6) catégories, néanmoins, la Loi
Organique du Niger en retient sept (7) à savoir :

 Les Comptes d’affectation Spéciale qui retracent les opérations qui, par suite d’une
disposition de loi de finances prise sur l’initiative du Gouvernement, sont financées au
moyen de ressources particulières. Ils permettent de voir quel usage est fait d’une
catégorie particulière de ressource.
 Les Comptes de Prêts qui retracent les prêts d’une durée supérieure à un an
consentis par l’Etat dans la limite des crédits ouverts. Le prêt consenti est productif
d’intérêts et est ouvert par débiteur.
 Les Comptes de Commerce qui retracent les opérations à caractère industriel et
commercial effectuées à titre accessoire par certains services publics de l’Etat.
 Les Comptes de règlements avec les gouvernements ou autres organismes
étrangers qui retracent des opérations effectuées en application d’accords étatiques
internationaux approuvés par la loi.
 Les Comptes d’avances qui enregistrent les avances que le Ministre chargé des
finances est autorisé à consentir dans la limite des crédits ouverts à cet effet.
 Les Comptes d’Opérations monétaires qui enregistrent des recettes et des dépenses
de caractère monétaire.
 Les Comptes de garanties et d’avals qui retracent les engagements de l’Etat résultant
des garanties financières accordées par lui à une personne physique ou morale.
14) Débudgétisation : Technique qui consiste à retirer certaines dépenses du budget de
l’Etat et à les financer « hors budget ».

15) Décrets d’Avance : Décrets pris par la Gouvernement en cas d’urgence pour
augmenter les crédits ouverts par la loi de finances. Ils doivent être soumis à la ratification du
Parlement.

16) Déficit Budgétaire : Excédent des charges à caractère définitif sur les recettes
correspondantes.

17) Dépenses Ordinaires : Dépenses de fonctionnement et d’intervention.

18) Dette Publique : Ensemble de l’endettement des personnes publiques c’est à dire des
engagements publics contractés à l’égard de divers créanciers. On distingue la dette de
l’Etat et celle des autres administrations publiques. Au sens strict, la Dette Publique de l’Etat
est l’ensemble des emprunts contractés par l’Etat. Il peut s’agir d’un flux d’endettement au
cours d’une année ou d’un stock (encours) à une date donnée. Au sens large, c’est la
somme des emprunts contractés et des dépôts en compte courant des correspondants du
Trésor ainsi que du découvert en compte courant du Trésor à la Banque Centrale.

19) Douzième Provisoire : ensemble d’autorisations de recettes et de dépenses


nécessaires au fonctionnement des services de l’Etat pour une période d’un mois. Il s’agit de

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considérer le 12ème des recettes du budget de l’année précédente ; il en est de même que
pour les dépenses Il est pris par ordonnance, dans le cadre de loi d’habilitation, et ratifié par
le Parlement.

20) Etat Annexe : Tableau figurant en annexe du projet de loi de finances et faisant l’objet
d’un vote du Parlement (exemple : l’état A qui retrace le détail des recettes de l’Etat).

21) Excédent Budgétaire : Excédent des recettes sur les charges à caractère définitif
correspondantes.

22) Exercice Budgétaire : L’idée d’exercice consiste à rattacher toutes les dépenses
juridiquement engagées au cours d’une année même si elles ne sont pas concrétisées
(payées avant la fin de l’année budgétaire).

23) Exonération : Dispense d’impôt sous certaines conditions fixées par la loi.

24) Fascicules Budgétaires : Fascicule annexé à la loi de finances retraçant de manière


détaillée les crédits d’un ministère.

25) Fonds de Concours : Fonds versés par des personnes morales ou physiques pour
concourir avec ceux de l’Etat à des dépenses d’intérêt public. Il peut aussi s’agir de produits
de legs ou dons attribués à l’Etat ou une administration publique.

26) Fonds Spéciaux : Appelés fonds secrets, fonds politiques ou caisse noire, sont crédits
alloués à certains hauts responsables de l’Etat pour couvrir des dépenses dont la nature ne
peut être précisée dans le budget.

27) Gestion Budgétaire : L’idée de la gestion consiste à rattacher toutes les dépenses à
l’année à laquelle, elles sont payées (quelle que soit l’année de l’engagement)

28) Impôt : Prestation pécuniaire requise des membres de la collectivité et perçue par voie
d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, en vue de la couverture des charges
publiques. La notion de contribution est préférée à celle d’impôt.

29) Parafiscalité : Ensemble des taxes perçue dans un intérêt économique ou social au
profit d’une personne morale de droit public ou privé autre que l’Etat, les collectivités
territoriales et leurs établissements administratifs.

30) Période Complémentaire : Période au delà du 31 décembre consacré aux opérations


finales d’exécution des dépenses publiques.

31) Mesures Nouvelles : Modification proposée dans le projet de budget par rapport au
montant des services votés.

32) Rationalisation du Choix Budgétaire : La RCB fait référence à différents travaux


effectués pour expliciter les objectifs de l’action financière de l’Etat, définir les moyens
permettant d’atteindre, à moindres coûts, ces objectifs et sélectionner parmi ceux-ci les plus
efficaces.

33) Redéploiement Budgétaire : Possibilité donné à un ministre, à l’intérieur des dotations


définies par la lettre plafond, de proposer les réaménagements qui lui paraissent nécessaires
pour privilégier les priorités qu’il décide d’assigner à l’action de son administration.

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34) Redevance : Prestation pécuniaire acquittée généralement de façon volontaire ( mais le


recouvrement par voie d’autorité est possible), en vertu d’un contrat, pour couvrir les charges
liées à un service public particulier. Elle se différencie de la taxe par le fait qu’il y’a en
principe équivalence entre la contre-prestation (le prix payé).

35) Report de Crédits : opération s’effectuant par arrêté du Ministre chargé du Budget aux
termes de laquelle un crédit accordé pour une année donnée et non utilisé peut venir
s’ajouter à la dotation correspondante du budget suivant.

36) Rétablissement de Crédits : opération permettant d’abonder une dotation budgétaire


en contrepartie de recettes provenant de la restitution au Trésor de sommes payées
indûment ou à titre provisoire sur crédits budgétaire, ou de recettes provenant des cessions
ayant donné lieu à paiement sur crédits budgétaires.

38) Services Votés : Minimum de dotations que le Gouvernement juge indispensable pour
poursuivre l’exécution des services publics dans les conditions qui ont été approuvées
l’année précédente par le parlement.

39) Subventions :aides financières généralement non remboursables versées par l’Etat ou
une personne publique et destinée à couvrir une dépense de fonctionnement ou une
dépense d’équipement.

40) Taxe : prestation pécuniaire perçue par voie d’autorité, à titre définitif, en vue de la
couverture des charges liées à un service public particulier, sans qu’il y ait pour autant
équivalence entre le coût supporté et la taxe perçue. En pratique, on utilise le terme de taxe
pour qualifier des impôts (TVA).

41) Transfert de Crédits : mouvement de crédits effectué entre chapitres d’un ou plusieurs
budgets par arrêté du Ministre chargé du budget, en cas de changement du service
responsable de la dépense sans que la nature de cette dernière s’en trouve modifiée.

42) Virements de Crédits : Mouvement de crédits entre deux chapitres d’un même titre et
d’un même ministère, pris par décret sur le rapport du Ministre chargé du budget, qui modifie
la nature de la dépense. Ne peut excéder 10% des crédits initialement ouverts en loi de
finances pour chacun des chapitres. Aucun virement ne peut être opéré d’une dotation
évaluative ou provisionnelle au profit d’une dotation limitative.

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CHAPITRE V : LE CONTROLE DE L’EXECUTION DE LA LOI DES FINANCES

L’existence de dispositifs diversifiés de contrôle de l’exécution des budgets publics


répond à trois exigences fondamentales : une nécessité politique et démocratique
consistant à assurer le respect de l’autorisation budgétaire, une nécessité juridique
consistant à assurer le respect de la règlementation budgétaire et comptable et une
nécessité économique plus récente, élargissant le champ des contrôles à
l’appréciation de l’efficacité de la gestion financière.

Les contrôles peuvent être classés en deux catégories : ainsi nous distinguons le
contrôle interne et le contrôle externe.

V.1 LE CONTROLE INTERNE

Le contrôle interne ou contrôle administratif s’exerce sous forme de contrôle


hiérarchique et organique par l’intermédiaire des corps de contrôle spécialisés.

V.1.1 Le contrôle hiérarchique

Il s’agit du contrôle qui est effectué dans chaque ministère et institution par
l’habituelle voie hiérarchique. C’est à dire que l’ordonnateur principal exerce une
surveillance sur les opérations des autres ordonnateurs placés sous ses ordres .De
même, les comptables supérieurs doivent également exercer un contrôle sur les
opérations des comptables subordonnés .Ce contrôle peut être sur place ou sur
pièces.

V.1.2 Le contrôle financier

Il s’agit d’un contrôle à priori des opérations budgétaires de l’Etat .Il s’effectue sur les
engagements des dépenses et sur tous les actes ayant une incidence financière
.Ces actes sont examinés au regard de l’imputation de la dépense ,de la disponibilité
des crédits ,de l’application des dispositions d’ordre financier ,des lois et règlements
,de leur conformité avec les autorisations parlementaires ,et des conséquences que
les actes proposés peuvent avoir sur les finances publiques .A cet effet ,le contrôleur
financier peut obtenir communication de toutes les pièces indiquées à justifier les
engagements des dépenses et à éclairer sa décision .Le contrôleur peut refuser son
visa si les pièces lui paraissent entachées d’irrégularités .

Les contrôleurs financiers sont placés auprès des institutions constitutionnelles et


ministères dépensiers pour l’exercice d’un contrôle. Ils sont à la fois représentants du
ministère chargé des finances et conseillers des présidents des institutions et des
ministres dépensiers .Ils sont classés en deux catégories : les contrôleurs financiers
centraux qui sont nommés par décret pris en conseil des ministres sur proposition
du ministre chargé des finances , auprès des ministères, institutions
constitutionnelles et organismes publics ; les contrôleurs financiers déconcentrés
nommés par arrêté du ministre chargé des finances sur proposition du directeur
général du contrôle financier , auprès des entités administratives déconcentrées.

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Leur contrôle doit intervenir dans un délai de 72 heures maximum sur tous les actes
de dépenses ou actes à incidence financière relatifs à l’utilisation des crédits
budgétaires .Ce contrôle peut porter également sur les recettes éventuellement
générées par les structures contrôlées. Ils s’assurent de la légalité, de la régularité et
de la moralité des propositions de dépenses .Ils assistent au sein des ministères,
des Etablissements, des institutions et organismes, aux travaux relevant de leur
champ de compétence, de toute commission chargée d’étudier les questions
comportant des incidences financières .Ils sont membres de droit des commissions
paritaires des marchés publics.

V.1.3 Le contrôle des corps spécialisés

Ce contrôle est exercé par des structures spécialement créées à cet effet .Il s’agit de
la Direction Générale de l’Inspection des finances (DGIF), de l’Inspection Générale
d’Etat(IGE) , de l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale (IGAT) et des
corps et agents de contrôles ministériels .

 L’Inspection Générale des Finances : elle est chargée d’organiser toutes les
missions d’inspection et de vérification initiées par le ministre chargé des
finances et d’assurer l’exploitation des rapports établis suite aux différentes
inspections et vérifications .

Elle est composée de plusieurs inspecteurs de la catégorie A relevant notamment


des cadres du Trésor, des Douanes, des Impôts .Leurs pouvoirs de vérification
s’exercent sur :

 Les services centraux, extérieurs et annexes du ministère des finances ;


 Les comptables publics et régisseurs de recettes ou d’avances qui relèvent
ou non du ministère des finances ;
 Les comptabilités administratives des ordonnateurs ;
 Les entreprises nationales qu’elles aient ou non le caractère
d’établissements publics ;
 Les sociétés ou groupements d’intérêt économique dans lesquels l’Etat
détient plus de 50 % du capital ;
 Les organismes ou entreprises de toute nature bénéficiant du concours
financier de l’Etat sous quelque forme, notamment sous forme de
participation en capital, de subvention, de prêt, d’avance ou de garantie.

Nonobstant les entités précitées, l’Inspection générale des finances peut également
intervenir dans les secteurs sur lesquels s’exercent les vérifications de l’inspection
générale d’Etat et d’autres organes de contrôle .Les rapports de l’inspection
générale des finances ont un caractère confidentiel et il est interdit aux personnes
auxquelles ils sont communiqués d’en divulguer tout ou partie du contenu.

 L’Inspection Générale d’Etat : elle est une structure placée sous l’autorité
directe du président de la république et a pour buts essentiels de sauvegarder

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les intérêts de l’Etat et les droits des personnes et de constater dans tous les
services l’observance des lois , ordonnances , décrets ,règlements et
instructions qui régissent le fonctionnement administratif ,financier et
comptable . Elle est en particulier chargée :
 De contrôler, dans tous les services publics de l’Etat, l’observance des lois
et règlement qui en régissent le fonctionnement administratif ;
 d’apprécier la qualité de l’organisation et du fonctionnement de ces, la
manière dont ils sont gérés et leurs résultats financiers ;
 de vérifier l’utilisation des crédits budgétaires et la régularité des
opérations des gestionnaires, des ordonnateurs, de tous les comptables
publics de deniers et de matières, des régisseurs et billeteurs ;
 de proposer toutes les mesures utiles pour simplifier et améliorer la qualité
de l’administration, abaisser ses coûts de fonctionnement et accroître son
efficacité ;
 de recevoir et exploiter les copies des rapports des inspections faites par
toutes les structures de contrôle des différents ministères ;
 de donner son avis sur les projets de lois, ordonnances, décrets,
règlements, instructions et de procéder aux études qui leur sont prescrites
par le président de la république, le premier ministre ou un ministre.

Le contrôle de l’inspection générale d’Etat s’exerce sur :

 L’ensemble des services publics de l’Etat, quel que soit leur mode de
gestion (services en régie ,concédés et autonomes) ou leur localisation
géographique (services centraux ,régionaux et extérieurs) ;
 les Etablissements publics ;
 les collectivités locales et leurs Etablissements publics ;
 l’administration de l’armée ;
 la gestion administrative et financière des services judiciaires ;
 les sociétés d’Etat ;
 les sociétés d’économie mixte soumises au contrôle de l’Etat ;
 les personnes morales de droit privé bénéficiant du concours financier de
la puissance publique ;
 les rapports entre les institutions ou agents de contrôle et les tiers,
notamment les organismes bancaires publics et privés.

Elle peut être appelée à effectuer des missions d’inspection dans le cadre des lois
déterminant le régime de tutelle applicable aux collectivités .Ce contrôle ne peut
porter atteinte à l’indépendance de la magistrature telle qu’elle est garantie par la
constitution .Son exercice ne fait pas obstacle à l’organisation et au fonctionnement
des inspections ou de contrôles propres aux administrations .Il permet de
sauvegarder les intérêts de l’Etat des particuliers et de vérifier le respect des lois et
règlements dans les services .

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 L’Inspection Générale de l’Administration Territoriale : placée sous


l’autorité du ministère chargé de l’administration du territoriale , l’IGAT est
chargée , par des inspections périodiques et inopinées , de s’assurer du
fonctionnement normal et régulier des structures déconcentrées et
décentralisées de l’administration territoriale et des organismes placés sous
leur tutelle. Elle a notamment pour missions de :
 Prévenir et relever les défaillances dans la gestion et le fonctionnement
des circonscriptions administratives et des collectivités territoriales, ainsi
que les services publics qui leur sont rattachés.
 Veiller à l’utilisation rationnelle et optimale des moyens matériels,
financiers et humains mis à la disposition par l’Etat ou tout autre
organisme ;
 Contribuer à la mise en place d’une meilleure organisation du travail.

L’IGAT procède au moins une fois par an à l’inspection des structures déconcentrées
et décentralisées .Tout comme la DGIF et l’IGF, les missions d’inspection de l’IGAT
sont sanctionnées par un rapport contradictoire.

V.2 LE CONTROLE EXTERNE

Il est constitué du contrôle juridictionnel exercé par la cour des comptes et du


contrôle parlementaire effectué par l’Assemblée Nationale.

V.2.1 Le contrôle juridictionnel

Ce contrôle est exercé par la juridiction nationale chargée de la vérification des


comptes et le cas échéant par la cour des comptes de l’UEMOA .La cour des
comptes qui est la juridiction nationale juge les comptes des comptables publics .Elle
vérifie sur pièces et le cas échéant sur place , la régularité des recettes et des
dépenses décrites dans les comptabilités et s’assure du bon emploi des crédits et
valeurs gérés par les services de l’Etat et les autres personnes morales de droit
public .

Elle assure également le jugement des comptes et la gestion des organismes publics
et contrôle les institutions de la sécurité sociale placées sous le contrôle de l’Etat ou
les organismes bénéficiant du concours financier ou d’une autre personne publique.

La cour des comptes assiste l’Assemblée nationale et le gouvernement dans le


contrôle de l’exécution de la loi des finances .Les contrôles dévolus à la cour des
comptes visent à :

 Déceler toute irrégularité ou infraction par rapport aux normes juridiques et de


gestion en vigueur, de manière à permettre dans chaque cas, la prise des
mesures nécessaires et la saisine des autorités compétentes pour suite à
donner ;

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 engager la responsabilité des personnes en cause, obtenir réparation ou


décider des mesures à même de permettre d’éviter pour l’avenir, la répétition
des manquements ;
 favoriser l’utilisation régulière et efficiente des ressources, promouvoir la
transparence dans la gestion des finances publiques.

La cour des comptes a une compétence juridictionnelle, une compétence de contrôle


et une compétence consultative.

La compétence juridictionnelle : la cour des comptes vérifie la régularité des


recettes et des dépenses publiques .Elle juge les comptes des comptables publics et
sanctionne les gestions de fait et les fautes de gestion.
La compétence de contrôle : Elle se charge de la gestion et de l’exécution des
budgets publics et est investie à cet effet, du pouvoir de contrôler :
 La gestion de toutes les collectivités publiques et s’assure notamment, du
bon emploi des crédits budgétaires, fonds et valeurs gérés par les services
de l’Etat et par les personnes morales de droit public ;
 l’exécution des lois de finances ;
 tout projet de développement financé sur ressources extérieures ;
 tout organisme ou fonds alimenté par un appel au public ou à la solidarité
nationale ;
 tout organisme qui bénéficie d’un concours financier de l’Etat ou d’une
autre personne morale de droit public, ainsi que sur tout organisme
bénéficiant du concours financier des entreprises publiques et de leurs
filiales ;

Elle est chargée de la vérification des comptes de gestion :

 des entreprises publiques de l’Etat à caractère industriel et commercial ;


 des sociétés d’Etat ;
 des sociétés à participation financière publique ;
 des sociétés anonymes dans lesquelles l’Etat possède une part du capital
social ;

Elle est aussi chargée de contrôler :

 les comptes annuels des partis politiques ;


 les organismes de sécurité et de prévoyance sociale, y compris les
organismes de droit privé qui assurent, en tout ou partie d’un régime de
prévoyance légalement obligatoire ;
 les déclarations des biens telles que reçues par la cour constitutionnelle.

Elle peut également assurer la vérification des comptes et de la gestion :

 des autres établissements ou organismes publics, quel que soit leur statut
juridique, qui exercent une activité industrielle ou commerciale ;

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 des sociétés , groupements ou organismes , quel que soit leur statut


juridique ,dans lesquels l’Etat , les collectivités ,personnes ou
établissement publics ,organismes ,soumis au contrôle de la cour des
comptes détiennent directement , séparément ou ensemble , une
participation au capital ou des voix dans les organes délibérants ;
 des personnes morales dans lesquelles l’Etat ou des organismes soumis
au contrôle de la cour des comptes, détiennent, séparément ou ensemble,
une participation au capital permettant d’exercer un pouvoir prépondérant
de décision ou de gestion.

La compétence consultative : la cour des comptes peut être consultée par


l’exécutif ou le parlement sur des questions économiques, financières ou de gestion
des services de l’Etat .Elle peut à la demande du parlement mener toutes enquêtes
et études se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses publiques.

La procédure suivie devant la cour des comptes comprend l’instruction et l’audience.


Après réception et enregistrement d’un dossier par le greffier en chef, il est transmis
au premier de la cour .Celui-ci le transmet dans les meilleurs délais au président de
la chambre compétente, à charge pour ce dernier de désigner dans les vingt-quatre
(24) heures par ordonnance un conseiller rapporteur .Ce dernier met l’affaire en l’état
.Une fois l’instruction terminée, il dresse un rapport écrit appuyé des pièces
justificatives, fait des observations et propose une décision. Il est dessaisi du dossier
par sa remise au président de chambre. Le dossier est ensuite communiqué au
procureur général qui doit le retourner annoté de ses conclusions au greffier en chef
dans les trente (30) jours qui suivent la réception .Le rapport est notifié au comptable
en la forme administrative par les soins du greffier en chef.

La siège en huit clos et les comptables ne sont pas admis à discuter en séance, ni
en personne, ni par mandataire, les décisions de la cour .La cour peut néanmoins,
par décision spéciale et motivée, ordonner la comparution des parties, de leurs
mandataires ou de toute

Personne dont la présence est utile .La procédure est inquisitoriale , écrite et
collégiale .Elle est également contradictoire par la règle du double arrêt .Un premier
arrêt , provisoire, informe le comptable des charges retenues et l’invite à répondre
aux injonctions ou à produire des justificatifs . Puis, un second arrêt, définitif, est
rendu pour infirmer ou confirmer les charges initialement retenues.

Trois catégories d’arrêt définitif sont rendues par la cour des comptes :

 un arrêt de décharge ou de quitus si la gestion considérée est terminée par


une sortie de fonction du comptable ;
 un arrêt de débet, déclarant le comptable débiteur ;
 un arrêt de condamnation à une amende en cas de retard dans la production
des comptes de gestion ou dans la réponse à des injonctions.

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Le contrôle parlementaire

Ce contrôle est exercé par l’Assemblée nationale et le cas échéant par le parlement
de l’UEMOA .Il s’exerce à priori, en cours et à posteriori de l’exécution de la loi des
finances.

Le contrôle à priori du parlement sur les finances publiques intervient lors de


l’examen du projet de loi des finances .Même si l’efficacité de son contrôle n’est pas
certaine , l’Assemblée nationale a tous les pouvoirs pour amender , modifier ou
refuser des propositions des recettes et/ou des dépenses qu’elle juge inopportunes
sous réserve , bien entendu ,de respecter les conditions de l’équilibre budgétaire .

En cours d’année, l’Assemblée nationale doit veiller à la bonne exécution de la loi


des finances .Les informations ou les investigations qu’elle se propose de chercher
ou de conduire ne s’auraient être refusées .Elle dispose à travers la commission des
finances, de la faculté d’instituer toute commission d’enquête, temporaire, chargée
d’examiner de manière approfondie une question financière particulière.

Quant au contrôle parlementaire à posteriori, il est exercé lors de l’examen du projet


de loi de règlement qui à pour fonction de première de fournir au parlement la
possibilité de contrôler en détail l’exécution de la loi des finances.

L’Assemblée nationale peut demander à la cour des comptes de mener toutes


enquêtes et études se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses
publiques.

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