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MÉTHODOLOGIE
DU DROIT PUBLIC
Dissertation juridique
Commentaire d’arrêt
Commentaire d’article
Cas pratique
Fiche de jurisprudence
Argumentation juridique
réalisée par
le collectif des doctorants
de l’ILF-GERJC
TABLE DES MATIÈRES
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
Manuels :
Articles :
- HORY (A.), « Quelques règles élémentaires d’expression écrite », Diplôme, mars 2003.
AVANT-PROPOS
Pour la réalisation des travaux dirigés et des examens finaux, il est important que chaque
étudiant maîtrise la méthodologie propre aux études de Droit.
À chaque séance de travaux dirigés, un exercice pratique doit être réalisé, qu’il s’agisse de la
fiche de jurisprudence, du cas pratique, du commentaire de texte, du commentaire d’arrêt, de
l’argumentation juridique, de la dissertation juridique ou encore de l’argumentation juridique.
Pour cela, les doctorants de l’Institut Louis Favoreu - GERJC de l’Université d’Aix-
Marseille vous propose d’aborder la méthodologie de chacun des exercices susmentionnés.
Connaître ses cours magistraux. Avant toute chose, il est indispensable que l’étudiant
connaisse son cours magistral et s’appuie sur ce dernier pour réaliser les exercices pratiques
demandés lors des travaux dirigés ou lors des examens finaux.
Avant-propos. Établir une fiche de jurisprudence est l’exercice le plus rencontré lors des
travaux dirigés. Cet exercice a pour but de comprendre et apprendre une décision de justice. La
réalisation d’une fiche de jurisprudence des arrêts du droit administratif suppose l’observation de
6 étapes majeures.
Les événements advenus entre les parties dans un procès et d’où est né le litige doivent être
juridiquement qualifiés. Ils doivent être résumés chronologiquement, sans mentionner les noms
des parties. Ces dernières doivent recevoir une qualification juridique (exemple : l’administré, le
contribuable, le requérant, le défendeur, le demandeur, l’appelant, l’intimé, l’administration, le maire, le préfet, etc.).
La présentation des faits doit être claire, simple et précise. Il est donc inutile de recopier
mot pour mot tous les éléments de fait.
2. LA PROCÉDURE
Il est tout d’abord question d’indiquer quel type de recours a été déposé auprès du juge
administratif (exemple : recours pour excès de pouvoir, recours de plein contentieux, référé suspension, référé liberté,
etc.).
Une fois la procédure exposée lors de l’étape précédente, il s’agit ici d’analyser les
prétentions soutenues par les parties devant la juridiction qui a rendu la décision étudiée.
• En première instance, il s’agit de la demande et de la défense initiales ;
• En appel, il s’agit des prétentions et arguments de l’appelant et de l’intimé ;
• En cassation (devant le Conseil d’État statuant en tant que juge de cassation), il s’agit de la
décision prise par l’arrêt attaqué ainsi que les moyens de cassation invoqués.
4. LE PROBLÈME DE DROIT
La problématique juridique doit être posée en termes juridiques et abstraits, sans faire
référence à l’affaire. Ce doit être un problème de droit général.
5. LE SENS DE LA DÉCISION
Précisions :
• Les juges du fond : selon l’objet du recours peuvent statuer en fait et en droit. Ainsi, ils adoptent
une version des faits (selon les preuves fournies) et appliquent à ces faits telles et telles règles
de droit afin de régler le litige.
• Le Conseil d’État : statue seulement en droit.
Þ Soit il rejette le pourvoi et adopte donc la solution de l’arrêt attaqué ;
Þ Soit il annule l’arrêt attaqué et adopte donc la position du pourvoi. Dans ce cas, s’ouvrent
deux possibilités :
o Cassation avec renvoi
o Cassation sans renvoi (situation plus rare)
6. LA PORTÉE DE LA DÉCISION
Il s’agit d’une étape facultative. Si l’arrêt est important, il est recommandé de mentionner
brièvement sa portée (exemple : revirement de jurisprudence, arrêt de principe).
LE CAS PRATIQUE
Maria GUDZENKO
Le cas pratique exige d’envisager les conséquences concrètes de la mise en œuvre d’une
règle de droit dans la situation factuelle proposée.
La solution doit être justifiée en droit et non à partir de valeurs propres à la personne qui
rédige la résolution. Il n’est pas recommandé de donner son avis personnel (exemple à éviter : La gifle
est un acte aberrant, qui me perturbe personnellement et qui n’a certainement pas lieu d’être dans une société
démocratique. Il s’agit donc d’un acte de torture).
Le raisonnement doit être établi de façon claire et rigoureuse, en suivant les règles de
logique formelle. La posture à adopter est celle du conseil venant aider son client, ce dernier ne
maîtrisant pas le droit. Il s’agit donc de rendre lisibles les explications données.
Pour réussir un cas pratique, il est conseillé de procéder étape par étape, en réfléchissant
d’abord et en rédigeant ensuite.
Pour la facilité de la rédaction, l’ensemble des exemples sont empruntés au Droit des libertés fondamentales
(L2 et M1).
L’exercice du cas pratique est présenté sous la forme d’une séquence d’événements
factuels qui soulèvent plusieurs problèmes juridiques. Ces faits renvoient le plus souvent aux
notions, catégories ou régimes juridiques vus en cours.
Par exemple Exposé des faits dans la proposition de l’exercice : « Le 1er mars 2016, Mme Y
revendiquait dans la rue la justice climatique pour tous les citoyens de l’État X, estimant que le
monde devait connaître les atrocités commises à l’encontre de la planète. Elle pense que la justice
permettrait alors de prendre conscience que la planète va mal. Toutefois, lors de cette manifestation,
elle a été placée en garde à vue suite à la dispersion par les autorités publiques d’une manifestation
non autorisée sur la voie publique. Mme Y n’étant pas contente du sort qui lui a été réservé et
n’ayant pas obtenu gain de cause devant les juridictions nationales, se pose la question de savoir
s’il est opportun de saisir la Cour EDH, qu’elle estime compétente pour engager la responsabilité
de l’État X du fait de violations commises à son encontre, sachant que l’État X est partie à la
Convention EDH depuis le 1er mars 1996. Mme Y se rapproche de votre cabinet afin de savoir
quelle est sa situation à l’égard de droit international et européen des droits de l’homme ».
Bonne analyse préliminaire des faits : Ratification de la CEDH (mars 1996) =>
garde à vue (mars 2016) [axe chronologique].
La qualification juridique des faits consiste à traduire en termes juridiques les faits et les
prétentions des parties.
Par exemple Qualification juridique de l’exposé des faits précédents : « Le 1er mars 2016, la
requérante a été placée en garde à vue suite à une manifestation non autorisée dans l’État X,
État-partie à la Convention EDH. Après un refus des juridictions nationales de lui faire droit,
la requérante souhaite savoir s’il est opportun de saisir, ou non, la Cour EDH ».
Il important de bien lire la consigne annexée à l’exposé des faits puisque le cas pratique
peut être fermé ou ouvert.
• Lorsque le cas pratique est fermé, la consigne comporte des questions, des problèmes
juridiques spécifiques auxquelles il faut répondre.
• Lorsque le cas pratique est ouvert, il s’agit d’une consultation juridique simple. Il convient
alors d’envisager l’ensemble de situations et de solutions juridiques qui peuvent découler
de la situation factuelle donnée et ce, pour en retenir la solution la plus adaptée pour le
« client ».
La compréhension des termes de la consigne et des questions est capitale pour une
bonne résolution du cas pratique : la lecture en survol des questions posées peut fausser la
compréhension de la consigne et pousser l’étudiant à composer sur les thématiques qui seront hors
sujet.
Par exemple Cas pratique ouvert exposé ci-dessus : « (…) Mme Y se rapproche de votre cabinet
afin de savoir quelle est sa situation à l’égard de droit international et européen des droits de
l’homme ».
Mauvaise problématique pour le cas pratique : « Dans quelle mesure l’État partie
à la Convention EDH peut-il être tenu responsable du fait des limitations de la liberté de
manifester ? »
Il est donc question ici se poser la question de savoir quelles interrogations juridiques peut
soulever la situation en cause. Le plus souvent, il faut chercher dans les thématiques des cours. Il
faut donc identifier les règles de droit pertinentes pour la résolution du cas d’espèce. Quelles
normes générales sont susceptibles d’être appliquées au présent cas ? Le cas soumis à l’étude,
comporte-t-il des similitudes aux cas que vous connaissez déjà ? Attention, une multitude de
conséquences juridiques peut être tirée d’une simple (en apparence) situation factuelle donnée.
Nota Bene. L’identification des règles de droits pertinentes peut aussi bien se faire sous forme
de problématisation que sous forme d’annonce de plan dans le corps du devoir.
Par exemple Qualification juridique : « Le 1er mars 2016, la requérante a été placée en garde à vue
suite à une manifestation non autorisée dans l’État X, partie à la Convention EDH. Après un
refus des juridictions nationales de lui faire droit, la requérante souhaite savoir s’il est opportun
de saisir, ou non, la Cour EDH ».
Problématique générale : « Mme Y peut-elle obtenir réparation devant la Cour EDH du
fait des atteintes portées par l’État X à sa liberté de manifester ainsi qu’à son droit à la liberté
et à la sûreté? ».
Erreur à éviter : « j’ai appris tout le cours, je veux montrer au correcteur que je maîtrise l’ensemble
d’informations données » ; ce qui aura pour conséquence que l’étudiant applique les mauvaises règles
juridiques à la situation factuelle donnée – des règles qui n’ont pas vocation à régir le cas. Ne
mobilisez que les sources qui sont pertinentes pour votre résolution ; opérez le tri des
sources qui vous sont données.
De cette identification des règles de droits pertinentes, il peut être dégagé plusieurs règles
de droit, qui permettront de structurer l’argumentation juridique. Il s’agit alors de répéter une
logique d’argumentation juridique pour chaque séquence factuelle qui soulève des problèmes
juridiques distincts.
« En droit, il faut, dans chaque cas, établir les faits pertinents pour les rapprocher des savoirs
juridiques et en tirer les conséquences correspondantes. Cela implique d’abord de repérer des
similitudes ou des différences avec des catégories, des concepts, des règles ou d’autres cas connus du système
juridique et de raisonner ensuite par analogie, pour les appliquer au cas considéré, voire, par induction,
d’extraire du rapprochement de situations comparables une nouvelle proposition que l’on appliquera ensuite, par
déduction, à d’autres situations analogues » (BERGEL (J.-L.), Méthodologie juridique, 2e éd., Paris, PUF,
2001, p. 140).
L’exemple du Exposé des faits dans la proposition de l’exercice : « Le requérant a été déchu de
raisonnement son droit de vote aux élections en raison de sa condamnation pénale. Il souhaite contester cette
par analogie décision».
Raisonnement par analogie : « Les faits de l’espèce sont similaires à ceux de l’arrêt Hirst
c. Royaume-Uni de la Grande Chambre de la Cour EDH. Dans cet arrêt, la Cour a conclu à
la violation par le Royaume-Uni du droit à des élections libres (Article 3 du Protocole 1) en
privant du droit de vote les détenus de façon automatique et indiscriminée. Ainsi, l’on peut conclure
que la Cour retiendra une solution similaire pour notre cas. Néanmoins, encore faut-il savoir si
la restriction posée en l’espèce est aussi automatique et indiscriminée que celle dans le cas
britannique. Si c’est le cas, la solution sera similaire. Si ce n’est pas le cas, la solution sera
différente et la Cour ne va pas retenir la violation du droit à des élections libres dans notre cas ».
La déduction procède du général au particulier « Si la règle A est vrai… alors le fait B est vrai ».
Toutefois, la réciproque n’est pas forcément juste : « A = B n’équivaut pas à B = A ».
Il est très important de bien effectuer les deux étapes : la résolution sans appui aux
sources de droit ne sera pas juridique, mais s’apparentera plutôt à une analyse de la situation
factuelle selon la logique « quotidienne ». Et, inversement, lorsque le correcteur ne voit dans la
copie que le droit applicable – c’est-à-dire la récitation des connaissances acquises en cours – il
conclut nécessairement à l’incapacité de l’étudiant d’analyser les faits à la lumière du droit et
d’envisager les conséquences pratiques des règles générales apprises « par cœur ».
Dans la Majeure, doit être exposé tout ce qui ne se rattache pas stricto sensu aux faits.
L’exposé peut / doit contenir :
• Les définitions des termes ;
• Le droit général applicable ;
• Les conditions de mise en œuvre de ces règles et les exceptions ;
• Les effets juridiques de ces règles juridiques ;
• La jurisprudence de principe, évolutive, position souple ou restrictive, voire l’absence de
jurisprudence, etc.) ;
• La doctrine.
Règle générale : « En droit, les ingérences dans la liberté d’expression doivent être prévues
par la loi, poursuivre un but légitime énoncé dans 10 § 2 CEDH et être proportionnées à ce but
légitime. Parmi les buts énoncés dans 10 § 2 figure notamment la protection des droits et libertés
d’autrui », ce qui peut ainsi limiter la liberté d’expression lorsqu’une diffamation peut être établie.
Une diffamation consiste en ce qu’une personne porte atteinte à l’honneur ou à la considération
d’une autre personne. Ainsi, l’interdiction de la diffamation poursuit évidemment le but de protéger
l’honneur de la personne victime de diffamation.
Il s’agit de vérifier si l’ensemble des arguments exposés dans la majeure sont effectivement
applicables aux faits, avec toutes les conséquences pratiques qui peuvent être tirées du régime
juridique exposé dans la majeure.
Par exemple [Mineure] « En l’espèce, l’interdiction du quotidien est bien une ingérence dans la liberté
d’expression. Elle est légale car prévue par la loi Y. Elle poursuit aussi un but légitime. Cette
personne victime de diffamation est un « autrui » par rapport à la personne qui porte le jugement.
Il s’agit donc de la protection des droits et libertés d’autrui. Donc, l’ingérence poursuit un but
légitime ».
À la différence des autres exercices juridiques, le cas pratique ne se borne pas forcément
à la résolution en deux parties et en deux sous-parties. De même, le plan dialectique n’est
en aucun cas adapté à l’exercice du cas pratique : il s’agit non pas d’une réflexion juridique
générale mais d’une appréciation des conséquences juridiques d’une situation factuelle concrète.
Or, le fait que le plan dialectique est à bannir pour le cas pratique ne signifie pas que
l’étudiant peut se passer de la structuration des arguments. Une fois l’identification des règles de
droits pertinentes trouvée, il faut envisager les arguments principaux – le plus souvent de griefs
à invoquer – qui vont appuyer et justifier la réponse à la question posée. Ces blocs des arguments
vont être les thématiques principales qui vont structurer la résolution.
Par exemple Cas pratique ouvert : « Le requérant a été déchu de son droit de vote aux élections en raison
de sa condamnation pénale. Il souhaite contester cette décision ».
Problématique générale : « La déchéance du droit de vote du requérant en raison de sa
condamnation pénale, emporte-t-elle violation du droit à des élections libres consacré par l’article
3 du Protocole 1 à la CEDH ? »
Chaque argument peut à son tour être découpé en sous-arguments selon le même schéma.
Dans l’exemple ci-dessus, il peut s’agir notamment de séparer l’analyse de chaque critère.
Il est capital de bien séparer les arguments et ne pas confondre les thématiques que vous
commentez. En absence de structure claire et lisible des arguments, le correcteur aura du mal à
Document réalisé par les doctorants de l’ILF – GERJC
Aix-Marseille Université 2019-2020 12
Méthodologie juridique
suivre la résolution. Il sera alors beaucoup plus difficile de convaincre le correcteur du bien-fondé
des conséquences juridiques que vous tirez de la situation factuelle.
Conséquences de la mauvaise structuration :
• Plus difficile de passer du droit applicable (majeure) à l’application en l’espèce (mineure)
• Risque d’oublier de refléter des solutions proposées par le droit applicable dans l’application
en l’espèce
• Présentation confuse composée d’un mélange d’arguments différents
Pour structurer les arguments, il est conseillé de mettre des titres et des sous-titres pour
chaque argument ou bloc thématique que vous avancez. Les titres peuvent être descriptifs ; il
est inutile de les soigner de la même manière que dans la dissertation juridique.
Pour réussir cette étape : Déterminez bien l’idée principale de chaque thématique.
En abordant chaque nouveau point dans l’argumentation juridique, réfléchissez d’abord sur l’idée
que vous voulez communiquer. Suivez les règles de la logique formelle lorsque vous voulez
argumenter cette idée. Ne mettez pas les arguments qui se rapportent à d’autres questions ou
thématiques. Pensez toujours aux liens entre les phrases et entre le droit applicable et
l’application aux faits d’espèce. Si le lien n’est pas évident, mobilisez d’autres sources ou
expliquez davantage votre idée ; par exemple en ajoutant une phrase supplémentaire qui commence
par « en d’autres termes… ».
3.2.2. Comment réussir le cas pratique lorsque vous avez un modèle de requête à
suivre ?
Notez que, lorsque l’exemple type de requête ou de résolution du cas pratique est donné, il
est déconseillé de recopier sans réflexion préalable les arguments du modèle de requête
dans votre résolution du cas pratique, surtout s’il s’agit des griefs ou des arguments qui
coïncident mal avec les faits qui vous sont soumis. Soyez critiques envers les arguments exposés
dans les modèles de résolution de n’importe quel cas pratique.
Identification des règles de droits pertinentes les questions / annonce de plan qui structurent votre
raisonnement et dont vous allez répondre en plusieurs temps de réflexion à travers plusieurs arguments.
c. et d. si nécessaires, etc.
Phrase conclusive si besoin : « Il ressort des arguments évoqués ci-dessus que… » (reprise de la portée des (1), (2)
et (3) en vue d’apporter une réponse à la question posée).
LE COMMENTAIRE DE TEXTE
LE COMMENTAIRE DE DÉCISION
Mélissa BENMIMOUN
Julien PADOVANI
Avant propos. Cette méthodologie est conçue de manière transversale pour les
commentaires de décisions de justice, de textes doctrinaux et d’articles de doctrine. Elle devra être
adaptée en conséquence, en fonction des différents exercices, mais les grands axes sont valables
pour les trois types (sauf pour l’introduction : voir-ci-dessous).
Le commentaire de texte est un exercice très utilisé en droit public et l’étudiant peut être
confronté à celui-ci tout au long de son cursus universitaire. Le niveau d’exigence et les attentes du
correcteur sont identiques quel que soit le niveau d’étude de l’étudiant.
Cet exercice permet à l’étudiant d’effectuer une analyse approfondie d’un document portant
sur une question de droit ainsi que la mise en œuvre de connaissances propres au sujet ou à la
thématique du document soumis. Il permet en outre de mettre en exergue les qualités
rédactionnelles de l’étudiant et sa capacité à mobiliser à la fois les connaissances abordées en cours
magistraux mais aussi sa culture générale.
L’appréciation du document faite par l’étudiant doit être claire et pertinente. Tout
assentiment ou opinion personnelle sont à proscrire.
Afin de pouvoir réaliser un commentaire de texte, plusieurs étapes doivent être respectées
par l’étudiant.
Il est primordial de prendre en compte le document dans son intégralité : tous les éléments
qui le composent sans négliger aucun aspect. Il est conseillé d’effectuer au moins deux lectures
du document afin d’identifier les idées directrices sur le brouillon.
Il ne s’agit pas d’un exercice de redite ou de reformulation du document proposé mais d’une
interprétation de la part de l’étudiant et d’une analyse critique. En somme, le commentaire doit
faire état d’une réelle valeur ajoutée. Il doit pouvoir composer le devoir en mobilisant les
connaissances abordées en cours magistraux et en travaux dirigés.
Il faut respecter de manière rigoureuse la méthodologie propre à cet exercice afin que le
correcteur puisse apprécier l’ensemble des qualités juridiques et rédactionnelles et le réel apport de
l’étudiant sur le sujet.
L’étudiant doit ainsi se poser un certain nombre de questions lorsqu’il doit confectionner son
devoir, que cela soit dans le cadre des travaux dirigés ou bien lors de l’examen final.
Ce travail permettra à l’étudiant d’avoir une lecture rapide et une critique objective du texte.
Le texte doit être abordé avec rigueur et sans aucun préjugé de la part de l’étudiant. L’esprit critique
de l’étudiant doit être argumenté et étayé à l’aide de références connues en évitant d’émettre un
avis personnel (exemple : évitez toute mention de « je pense que… »).
Pour faciliter la lecture du document, l’étudiant peut souligner les mots ou les passages qu’il
juge importants et indispensables pour son analyse. Il est conseillé de noter en marge du document
l’ensemble des idées, des références, des questionnements que vous pouvez avoir lors de la lecture
de chacun des paragraphes.
Le document doit être étudié en profondeur. Les nuances, les expressions et les termes
employés doivent faire l’objet d’une analyse rigoureuse. Le vocabulaire juridique présent dans le
document doit être défini afin que le correcteur puisse identifier la maîtrise des notions juridiques
par l’étudiant.
Il faut parvenir à faire émerger les éléments importants et les rassembler sous forme de
groupements d’idées. Ceci facilitant la conception et l’élaboration du plan du commentaire de
document.
N’hésitez pas à utiliser votre propre méthode pour identifier les éléments jugés pertinents
(souligner, surligner, entourer).
Tout comme en matière de dissertation juridique, l’élaboration du plan doit, pour des raisons
formelles, respecter, dans la mesure du possible, une structure binaire. Ce n’est pas une
obligation. Si une structure ternaire s’impose, elle ne doit pas être rejetée par principe.
L’analyse approfondie du sujet et la contextualisation du document assurent à l’étudiant d’élaborer
un plan construit.
Deux parties (et sous-parties) doivent faire état de l’analyse de l’étudiant sur l’idée
essentielle suggérée par le document.
Les titres du plan doivent être explicites, pertinents et apparents. Il est conseillé d’éviter
une formulation de titre bien trop longue nuisible à la clarté et à la compréhension du raisonnement.
De même qu’il est proscrit de formuler sous forme interrogative les titres des parties. Il est plutôt
conseillé à l’étudiant de privilégier des phrases courtes, intelligibles et pertinentes ne
comportant aucun verbe conjugué (Sujet, Verbe, Complément). Les titres doivent
nécessairement correspondre aux développements et aux analyses formulés dans les parties.
I/ Titre
Chapeau introductif = à 3 phrases suffisent pour annoncer les sous-parties, il faut penser à identifier
chaque sous-partie (A) et (B)
A) Titre
Développements
Transition (A) et (B) = à 4 phrases suffisent pour établir un lien entre les sous-parties.
B) Titre
Développements
Transition (I) et (II) = à 6 phrases suffisent pour établir un lien entre les parties I et II.
II/ Titre
Chapeau introductif = à 3 phrases suffisent pour annoncer les sous-parties, il faut penser à identifier
chaque sous-partie (A) et (B).
A) Titre
Développements
Transition (A) et (B) = à 4 phrases suffisent pour établir un lien entre les sous-parties.
B) Titre
Développements
Éventuellement :
III/ Titre
A) Titre
Développements structurés
Transition
B) Titre
Développements structurés
Transition
1.1. L’introduction
L’introduction est la partie la plus importante du devoir de l’étudiant. Elle ne doit en aucune
manière être négligée par manque de temps. Le correcteur débute son analyse du devoir par la
lecture attentive de l’introduction et la composition de celle-ci. Cette introduction permet de
mettre en exergue la présentation générale du document mais davantage le sujet soulevé par le
document.
• Une phrase introductive : celle-ci peut faire état d’une citation d’une personne en lien avec la
thématique du document. Elle permet d’attirer l’attention du correcteur et se doit d’être
pertinente (exemple : évitez les formulations de type : « De tout temps l’histoire… » qui n’aurait aucune plus-
value pour introduire vos propos).
• La présentation du document (sa nature, son objet, son auteur) : s’agit-il d’un texte
doctrinal, législatif, d’un décret, d’un règlement, d’un rapport, d’un avis, d’un article du code
ou de la Constitution, d’une disposition de loi étrangère, d’un discours, un article de presse… ?
Qui a écrit le document ? Quel est le sujet principal du document ?
• La problématique : elle doit être lisible et pertinente, en lien avec le problème soulevé par le
document.
• L’annonce de plan : elle doit être claire et sans aucune prise de position. Il vaut mieux
privilégier une formulation plus générale « Si…. il n’en demeure pas moins que ». Il est important
d’identifier les différents niveaux de votre devoir (Partie I / A) B) et (Partie II / A) B) ). Le
plan fait état des idées maîtresses permettant de répondre à la problématique que vous avez
formulée.
En définitive, l’introduction est bien souvent négligée par les étudiants lors de la composition
des devoirs. Elle doit toutefois être soignée, dense et étoffée au regard de l’ensemble de la copie.
À souligner que le correcteur, lors des premières lectures, se forge une opinion rapide sur le niveau
général de la copie.
• Faits : événements factuels intervenus avant le procès et d’où est né le litige. À ne pas
confondre avec la procédure. En matière de décision du Conseil constitutionnel, les faits
ne sont pas susceptibles d’être identifiés et n’ont pas d’importance. C’est également
souvent le cas devant le Conseil d’État et de la Cour de cassation. La présentation des faits
doit être claire, simple et précise. Il est donc inutile de recopier mot pour mot tous les éléments
de fait.
• Prétentions : Une fois la procédure exposée lors de l’étape précédente, il s’agit ici d’analyser
les prétentions soutenues par les parties devant la juridiction qui a rendu la décision étudiée
(parfois, les prétentions peuvent se situer après le problème juridique, à vous de voir ce que
vous jugez être le plus pertinent).
• Problème juridique : le problème juridique soulevé par l’arrêt, auquel la juridiction devra
répondre. Il est possible qu’il soit découpé en plusieurs problèmes juridiques et dans ce cas il
convient de les exposer de manière structurée.
• Solution
• Annonce de plan
Il faut étayer vos développements en vous appuyant sur le document. N’hésitez pas à citer
le document pour appuyer votre analyse. Il ne faut pas recopier des paragraphes entiers du
document au risque de tomber dans le piège de la paraphrase… et ce n’est pas l’exercice
demandé.
Recommandation. Il est important de relire votre devoir avant de le rendre dans le cadre
des travaux dirigés ou même dans le cadre des examens terminaux. L’expression écrite doit être
soignée, il faut veiller à corriger les fautes de grammaire et de syntaxe afin de ne pas être pénalisé
par le correcteur. La copie doit être aérée et l’écriture lisible.
LA DISSERTATION JURIDIQUE
Pauline MALLÉJAC
Pour réussir une dissertation juridique, plusieurs étapes doivent être respectées.
Pour comprendre l’objet et l’enjeu de la dissertation, il est nécessaire de bien lire le sujet et
de prendre en considération tous ses éléments, y compris la grammaire et la ponctuation. En effet,
quand bien même les sujets peuvent nécessiter les mêmes connaissances théoriques, la façon de les
aborder pourra être différente.
1.3.1. La problématique
C’est après avoir fait apparaître les grandes idées directrices que l’on peut identifier les
problèmes soulevés par le sujet. L’enjeu est de trouver une problématique suffisamment générale
pour englober tout le sujet, mais aussi ciblée pour ne pas tomber dans le hors sujet.
La problématique juridique définie doit être claire. Il faut ainsi éviter de poser une question
trop longue, avec trop de virgules.
Nota bene : Lorsque l’intitulé du sujet est sous la forme interrogative, il serait bien inutile de
reprendre cet intitulé pour la problématique juridique. Ainsi, il convient de formuler une nouvelle
problématique.
1.3.2. Le plan
Après avoir soulevé les problèmes afférents à l’intitulé du sujet, vient ensuite l’élaboration du
plan. À savoir que le plan doit répondre à la problématique.
Le fond. Le plan doit être clair, cohérent et logique. Les titres doivent « se répondre » à
travers un parallélisme des idées développées dans le plan. Les sous-parties doivent être en lien
avec l’intitulé de la partie et inversement. Si une sous-partie n’a aucun lien avec l’intitulé de la partie,
c’est que le plan est mal construit. De plus, les titres doivent suffisamment se compléter ou
s’opposer pour éviter un déséquilibre des parties.
Le sujet porte sur « Les rapports entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif sous la
Par exemple Ve République » et l’un de vos titres est « Le gouvernement sous la Ve République ». Ce
titre est trop descriptif et semble être une récitation de cours, sans aucune réflexion. Mais
par exemple, « Un exécutif prédominant dû à l’instauration du parlementarisme
rationalisé » montre déjà un peu plus de réflexion et de dynamisme de votre part étant
donné que le titre traduit l’idée générale que vous apportez dans votre dissertation.
Attention également à ne pas remettre une ou plusieurs idées dans plusieurs parties. Si cela
advenait, c’est que le plan est mal construit.
À savoir : Il n’existe pas de plan unique pouvant être utilisé pour toutes les dissertations.
La forme. Notre droit, cartésien, est innervé de distinctions binaires, comme le droit
objectif et les droits subjectifs, les personnes physiques et les personnes morales, etc. Un plan en
deux parties permet alors davantage de clarté qu’un plan en trois parties, même si ce dernier n’est
pas exclu. Ces parties sont elles-mêmes subdivisées en deux sous-parties.
I. Partie I
Par exemple A. Sous-titre A
B. Sous-titre B
II. Partie II
A’. Sous-titre A’
B’. Sous-titre B’
III. Partie III (éventuellement)
A’’. Sous-titre A’’
B’’. Sous-titre B’’
2.1. L’introduction
L’introduction est très importante puisqu’elle doit susciter l’intérêt du correcteur et lui
montrer que le sujet est compris. C’est pourquoi elle doit donner, dès les premières phrases, une
impression très favorable tout en posant clairement le sujet et en étant très structurée.
L’introduction doit être assez étoffée (1/3 du devoir) : elle ne doit pas se contenter
d’amener le sujet et de le situer, mais de présenter les idées fondamentales dominant la matière.
Phrase d’accroche. L’introduction peut commencer par une phrase d’accroche. Cette
dernière devant être pertinente, elle n’est toutefois pas obligatoire.
Comment va-t-on en parler ? L’annonce du plan doit être claire et apparente. Elle doit
découler des éclaircissements apportés dans l’introduction.
Elle peut être annoncée de différentes manières. Il est mieux de privilégier une formulation
plus générale (« il », plutôt que « nous »).
Þ Dans un premier temps, il s’agira d’étudier… (I), dans un second temps, il conviendra d’aborder… (II).
Þ Dans la première partie, sera traité… (I), la seconde partie portera sur… (II).
Þ Il serait intéressant d’étudier….
Þ Si… il n’en demeure pas moins que… »
Þ Différentes formulations : aborder ; mentionner ; clarifier ; présenter ; comparer ; proposer ; remarquer ;
déterminer ; s’intéresser à ; expliquer ; examiner ; donner un aperçu de ; traiter ; introduire, etc.
Pour vous aider, vous pouvez utiliser et remplir le tableau comme ce qui suit (Attention, il
n’est pas obligatoire de remplir l’intégralité du tableau pour toutes les dissertations juridiques, ni même de respecter
l’ordre du tableau. Ce tableau n’est présenté ici qu’à titre qu’indicatif) :
2.2. Le développement
Expression écrite. Alexandre Hory rappelle qu’« Une copie contenant de nombreuses
fautes de style ou d’orthographe lassera vite le correcteur, et la note finale s’en ressentira ». Ainsi,
il est indispensable de soigner son expression écrite. L’article « Quelques règles élémentaires
d’expression écrite » d’Alexandre Hory vous aidera à maîtriser davantage votre expression écrite
(V. Annexe).
La forme. La forme et le fond, l’un n’allant pas sans l’autre, il est obligatoire de soigner la
présentation pour gagner quelques points. Un correcteur ne souhaiterait pas devoir relire plusieurs
fois une même phrase parce que l’écriture est illisible. Ainsi, il est conseillé de/d’ :
• Écrire lisiblement ;
• Sauter des lignes entre les titres, les chapeaux, chaque nouvelle idée apportée afin d’aérer
la copie ;
• Souligner les éléments essentiels de la copie ;
• Numéroter les pages.
Introduction
L’ARGUMENTATION JURIDIQUE
Arnaud MORANDO
Cet exercice est spécifique aux travaux dirigés « Théorie générale de l’État », sous la direction scientifique
du Professeur Xavier Magnon.
Argumenter est, par essence, le meilleur moyen de convaincre par la présentation d’un
raisonnement organisé et structuré. Développer un point de vue juridique implique donc de
mobiliser différents arguments de droit au soutien de la solution défendue. En ce sens, il peut être
difficile de distinguer l’argumentation des autres exercices juridiques traditionnels (dissertation,
commentaire d’arrêt, d’articles, cas pratiques).
En effet, tout devoir en droit est une argumentation en vue de démontrer que la réponse à
la problématique dégagée (dissertation ou commentaire), ou encore la solution envisagée (cas
pratique), est juridiquement fondée et pertinente.
Par nature, le droit est une discipline susceptible de créer un débat, une disputatio, opposant
deux solutions et deux traitements juridiques différents d’une même question. Pensez, en pratique,
au débat entre des avocats représentant les deux parties adverses au cours d’un procès. Il est donc
nécessaire d’admettre, au préalable, qu’une autre position que la sienne est susceptible d’être
défendue et que sa propre position puisse faire l’objet de critiques ou subir des contre-arguments
(auxquels il est possible de répliquer, le jeu est potentiellement infini…).
Mener une argumentation juridique implique, en premier lieu, de porter une appréciation
critique du sujet proposé. Il s’agit ici de choisir une position à défendre : la position pro impliquant
de répondre par l’affirmative à la question posée ou la position contra nécessitant de répondre
négativement. Afin de rendre l’argumentation la plus solide possible, le point de vue défendu doit
être clairement visible tout au long de vos développements, permettant ainsi d’éviter le risque de
contradictions internes et d’illogismes.
Une fois votre position retenue, il s’agit de classer et hiérarchiser vos arguments juridiques,
en fonction de leur valeur et de leur pertinence. La classification à retenir ici est la suivante :
1. ARGUMENTS DE TEXTE :
Il s’agit des arguments les plus forts et solides juridiquement. Ces arguments sont, pour
la plupart, fondés sur des normes de droit positif et permettent donc de développer un
raisonnement en droit afin de défendre votre position.
• Arguments de texte à proprement parler : Ceux-ci sont fondés sur un texte de droit positif
en vigueur. (Texte constitutionnel, de droit international, loi, règlement…). Tiré un argument
du sens d’un texte juridique nécessite, dans un premier temps, d’interpréter ce texte, autrement
dit de lui attribuer un sens et de fixer son contenu. Pour ce faire, plusieurs méthodes
d’interprétation peuvent être mobilisées :
1°) L’interprétation sémiotique : Trouver le sens du texte selon les règles communément
admises du langage, de vocabulaire et de grammaire des termes employés. (Exemple : « Les
véhicules circulent sur la voie de droit », Selon le sens courant de la droite et de la gauche, il s’agit
donc de la voie dans cette direction → , et non cette direction-là ←).
2°) L’interprétation génétique : Trouver le sens du texte selon la volonté de son auteur, ce
qu’il a voulu dire. Volonté du législateur, du constituant, des parties au contrat… La question
à se poser ici est la suivante : « Qu’a voulu dire l’auteur du texte ? ».
2. ARGUMENTS DE NATURE :
Arguments développés à partir des définitions, lorsque celles-ci n’ont pas été consacrées
par une norme de droit positif (on aurait alors affaire à un argument de texte), des concepts ou de
l’usage de la logique formelle.
3. ARGUMENTS D’OPPORTUNITÉ
Plus sérieusement, seront considérés comme arguments d’opportunités les arguments tirés
d’exemples pratiques, de considérations extra-juridiques ou conséquentialistes (considérations
politiques, conséquences sociales ou économiques…), d’aspects matériels, etc…
Ceux-ci peuvent fournir des contre-arguments utiles mais ne peuvent suffire pour mener
une argumentation juridique digne de ce nom, ils peuvent s’avérer néanmoins nécessaires comme
idées ou illustrations au soutien de vos arguments principaux.
De plus, il est important de réfléchir aux contre-arguments qui pourraient vous être
opposés. En effet, votre argumentation gagnera en nuances, en profondeur et en rigueur si vous
êtes capables d’anticiper et de répondre aux arguments susceptibles de fragiliser votre position.