Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
1. Méthodologie de différentes épreuves juridiques
1.1.La dissertation juridique
1.2.Le commentaire d’arrêt
1.3.Le cas pratique
2. Valeur heuristique et articulation des sources du droit congolais
2.1.Les sources normatives :
a. Bref aperçu des sources normatives
b. Exigences de la recherche normative
2.2.La jurisprudence : source privilégiée dans l’analyse du raisonnement juridique
a. Notions, rôle et publication de la jurisprudence
b. Présentation, structure et portée des décisions du juge
2.3. La doctrine
a. Définition et rôle de la doctrine
b. Consultation de la doctrine
3. La rédaction et la présentation d’un travail scientifique en droit
3.1.Les étapes de la recherche scientifique
a. Circonscription du domaine de la recherche
b. Collecte de la documentation
c. Exploitation des données
3.2. La rédaction
a. La rigueur du raisonnement juridique
b. La structure du travail
c. Les citations : importance et danger du plagiat
d. Les références bibliographiques
4. Méthodes et techniques de recherche en droit
7. En sciences sociales auxquelles le droit est généralement apparenté, une recherche comporte
l’utilisation de procédés opératoires bien définis que l’on nomme "techniques". Le choix de
la technique dépend de l’objectif poursuivi, lequel est lui-même lié à la méthode de travail.
Une telle interdépendance entraîne souvent une confusion dans les termes technique et
méthode qu’il convient de lever. Mais avant cela, il importe de préciser la notion de
méthodologie et celle de la recherche à laquelle est étroitement liée la méthodologie pour
ce qui concerne ce cours : Méthodologie de la recherche en droit.
a. Méthodologie
8. Ce terme est défini par les dictionnaires les plus usuels comme étant l’étude des méthodes
et des techniques scientifiques. Ainsi, selon Larousse, la méthodologie est « l’étude
systématique, par observation, de la pratique scientifique, des principes qui la fondent et
des méthodes de recherche qu’elle utilise »1. C’est « l’ensemble des méthodes et des
techniques d’un domaine particulier »2. Une définition plus élaborée présente la
méthodologie comme étant une subdivision de la logique ayant pour objet l’étude a
posteriori des méthodes et plus spécialement, d’ordinaire, celle des méthodes scientifiques3.
9. La méthodologie consiste donc en une étude scientifique des méthodes. D’où l’importance
de préciser, d’une part, que le but de la méthodologie n’est pas d’apporter un enseignement
1
Le petit Larousse illustré 2012
2
Ibidem
3
André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1994, v° méthodologie.
11. Il s’agit d’un processus, d’une démarche qui recouvre plusieurs étapes dans la réalisation
d’un travail scientifique (une dissertation, une composition, un commentaire d’arrêt, un
mémoire, une thèse de doctorat, etc.) :
ü La recherche documentaire, qui consiste en un balisage des sources disponibles
relatives à un sujet donné,
ü La sélection, parmi les multiples sources obtenues, des sources pertinentes c'est-à-
dire celles qui sont nécessaires ou utiles aux fins de la démonstration scientifique,
ü L’interprétation des différents documents produits, afin de déterminer s’ils appuient,
nuancent ou s’opposent à l’argumentation défendue,
ü L’élaboration d’un plan de rédaction, et le classement des différentes sources
documentaires sur cette base et,
ü La rédaction d’un projet de texte puis du texte final, qui s’accompagne de citations
et de références aux sources documentaires.
12. Chacune de ces étapes peut être considérée comme faisant partie intégrante d’une recherche.
Celle-ci ne se limite donc pas à la première, ni aux trois premières phases décrites ci-dessus.
L’élaboration du plan et la rédaction donnent toujours lieu à une interprétation des sources
documentaires disponibles voire, dans de nombreux cas à des collectes complémentaires de
documents. Les étapes qui ont été décrites ne sont pas rigoureusement séparées dans la
Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 4
réalité. Il s’agit d’un ordre général, mais qui donne le plus souvent lieu à la poursuite
simultanée de plusieurs des étapes décrites.
13. Par ailleurs, la recherche peut avoir des objectifs différents. Elle peut viser la réalisation
d’une étude académique tendant à faire le point sur un sujet donné, et qui peut le cas échéant
déboucher à la publication d’un article dans une revue scientifique ou à la réalisation d’un
écrit qui doit être produit dans le cadre d’un cours universitaire (Travail pratique, examen,
etc.). Mais la recherche peut aussi avoir une vocation plus pratique, dans le cadre de
l’activité d’un jurisconsulte ou d’un avocat. Défendre la cause d’un client donné exigera
bien entendu une recherche, qui ne pourra elle-même être menée que conformément à une
méthode scientifique rigoureuse, susceptible de convaincre le juge, ou les autres
destinataires de l’argumentation.
c. …. « en droit ».
14. Ce cours n’est pas consacré à la revue d’une méthodologie généralement développée dans
toutes les sciences sociales dont le droit fait certainement partie. Il vise plutôt à transposer
cette méthodologie aux recherches juridiques en faisant largement ressortir les spécificités
et les exigences des études juridiques, par exemple le fait que la recherche en droit soit
essentiellement documentaire (législation, jurisprudence, publications des juristes les plus
spécialisés). Comme toute science, le droit n’est pas perceptible au premier abord et n’est
pas donné a priori. On ne l’atteint dans ses méandres que par une méthode. Sans méthode,
l’objet reste indéterminé. Le droit est découvert d’une certaine manière par un certain
regard, en fonction de la méthode et des techniques choisies et mises en œuvre, en un mot
en fonction d’une méthodologie particulière.
15. Cela étant, l’objet de la méthodologie de la recherche en droit est d’étudier le processus
rationnel par lequel les juristes parviennent, de la manière la plus efficace, aux voies et aux
moyens permettant l’encadrement juridique des comportements sociaux et la résolution des
problèmes juridiques, en tenant compte de la cohérence interne de l’ordre juridique et de
sécurité juridique. La méthodologie juridique, science des méthodes en droit, se définit
comme l’étude du savoir-faire des juristes et des divers savoir-faire juridiques4.
d. La méthode et les méthodes de recherche
16. Au plan de la représentation philosophique, la méthode comprend l’ensemble des
opérations intellectuelles qu’une discipline met en œuvre pour démontrer, vérifier et établir
les vérités qu’elle poursuit. A partir de cette conception, la méthode apparaît comme un
ensemble de règles indépendantes de toute recherche, mais visant des formes de
raisonnement qui rendraient accessible la réalité à saisir. La méthode est donc une démarche
rationnelle de l’esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration d’une vérité5. La
méthode est donc une démarche ou une approche intellectuelle.
17. Toutes les méthodes n’agissent pas de la même manière sur les étapes de la recherche et les
méthodes peuvent varier suivant le domaine de recherche précis (droit, économie,
sociologie, biologie, etc.). Cependant le terme de méthode est justifié lorsqu’il s’attache à
un domaine particulier et comporte une manière de procéder qui lui est propre : la méthode
4
Lire J.-L., BERGEL, Théorie générale du droit, 4ème éd., Paris, Dalloz, 2004, p.7 ; MUHINDO MALONGA, Méthodologie
juridique, Le législateur, le juge et le chercheur, Butembo, 2006, p. 5.
5
LAROUSSE, Le petit Larousse illustré 2011, Paris, Larousse, 2010, v° méthode.
CHAPITRE PREMIER
METHODOLOGIE DE DIFFERENTES EPREUVES JURIDIQUES
Sommaire du chapitre
1.1.La dissertation juridique
1.2.Le commentaire d’arrêt
1.3.Le cas pratique
28. Ce titre est un rappel dans la mesure où, dans les meilleures conditions, il porte sur des
notions apprises dans les enseignements précédents (Argumentation juridique, Introduction
générale à l’étude du droit, etc.). Il présente, par ailleurs, des règles qui concernent des
exercices que, normalement, les étudiant(e)s inscrits en deuxième année de graduat (L2
dans le système LMD) effectuent déjà dans le cadre de plusieurs enseignements tels que le
droit civil I, le droit économique, le droit pénal et le droit judiciaire. Il s’agit d’une
méthodologie générale dans la mesure où elle concerne les différentes épreuves que l’on
peut organiser en droit à savoir la dissertation juridique (examen, composition, travaux de
fin de cycle, mémoire, thèse, etc.) ; le cas pratique (casus) et le commentaire d’arrêt (pénal,
civil ; commercial, etc.)
1.1. LA DISSERTATION JURIDIQUE
29. La dissertation (du latin disserere, exposer des raisonnements, des idées liées les unes aux
autres) correspond à la mise en œuvre d'un discours ordonné et cohérent à propos d'un
problème envisagé dans sa dimension juridique. La dissertation a donc pour objet de
présenter une réflexion sur un sujet donné. Il s’agit d’analyser la problématique du sujet et
de donner des pistes permettant de résoudre celle-ci. Les maîtres mots de cet exercice sont
l’exhaustivité et la rigueur. Exhaustivité, parce qu’il faut aborder tous les aspects
6
Lire O. CORTEN, La méthodologie du droit international public, Bruxelles, Editions de l’ULB, 2009.
B – Recherche du plan
83. Dans les sociétés contemporaines qui se rattachent à des civilisations juridiques ayant pour
finalité la dignité de la personne humaine, et partant la sécurité et la prévisibilité des règles
juridiques en fonction desquelles seront résolus les litiges et fixées les conséquences des
rapports d’ordre juridique entre les hommes et l’absence d’arbitraire, l’élaboration de la
règle de droit est le fait d’abord de la législation. En République démocratique du Congo,
la législation comprend, dans un sens large, des règles législatives, les actes réglementaires
et des traités internationaux. À côté se situent les règles d’origine coutumières.
84. Mais la règle de droit s’exprime aussi par la jurisprudence, quelles que soient les
controverses qui demeurent quant à la véritable valeur d’une décision de justice. En
troisième lieu, la doctrine joue encore un rôle important pour l’élaboration de la règle de
8
Lire T. MALONGA, Méthodologie juridique. Le législateur, le juge et le chercheur, Notes de Cours, Butembo, 2006, pp. 88-
89.
9
Lire L. INGBER (dir.), Guide des citations, références et abréviations juridiques, 2ème éd., Bruxelles, Kluwer-Bruylant,
1994, pp. 21ss.
130. La notion de jurisprudence (science du droit) peut être définie de plusieurs manières :
- Il s’agit, en premier lieu, de l’ensemble des décisions de justice rendues pendant une
certaine période soit dans une matière (jurisprudence immobilière), soit dans une
branche du Droit (jurisprudence civile, fiscale, etc.), soit dans l’ensemble du droit.
- Ensemble des solutions apportées par les décisions de justice dans l’application du Droit
notamment dans l’interprétation d’une règle de droit quand celle-ci est obscure) ou
même dans la création de la règle (quand il faut compléter la loi, suppléer une règle qui
fait défaut), répertoire.
- Habitude de juger dans un certain sens et lorsque celle-ci est établie (on parle de
jurisprudence constante, fixée), résultat de cette habitude : solution consacrée d’une
question de droit considérée du moins comme autorité, parfois comme source de droit,
particulièrement dans le système de la Common Law.
131. Bref, la jurisprudence est donc la solution suggérée par un ensemble de décisions
suffisamment concordantes rendues par les juridictions sur une question de droit10. C’est,
en des termes plus simples, l’ensemble des décisions de justice ayant acquis la force de
chose jugée qui interprètent la loi ou en comblent les lacunes.
132. Ainsi comprise, la jurisprudence est la source du droit qui permet au chercheur de se
familiariser le plus rapidement avec le raisonnement juridique. Elle constitue un outil
précieux pour découvrir le raisonnement des juges. Elle permet en plus de comprendre la
manière dont les juges forment leurs opinions et rendent jugement à partir du droit en
vigueur. De ce fait, la jurisprudence est une source privilégiée d’apprentissage du
raisonnement juridique.
133. La jurisprudence remplit plusieurs rôles dont les principaux sont :
- Un rôle interprétatif : il incombe au juge, fidèle serviteur de la loi, de trancher le litige qui
lui est soumis par l’application du texte légal. Or, dans la mesure où elles sont rédigées en
10
R. GUILLIEN et J. VINCENT (dir.), Lexique des termes juridiques, 13ème éd., Paris, Dalloz, 2001, v° jurisprudence.
136. Les décisions de justice reproduites dans des revues de jurisprudence sont assorties de
divers éléments destinés à les présenter. Certains de ces éléments servent à l’identification
de la décision tandis que d’autres ont pour but d’en faciliter la lecture. Parmi les éléments
d’identification, on retiendra la fiche d’identité des acteurs de la décision et des noms des
parties. La fiche d’identité comprend :
- le nom (souvent en abrégé) de la juridiction, voire de la chambre qui a rendu la décision,
de la localité où elle siège ainsi que de la date à laquelle le jugement ou l’arrêt a été
rendu. Exemple : Tribunal de grande instance de Bukavu, (TGI, Bukavu), jugement du
18 mai 2004 ; Cour d’Appel de Kigali, (CA, Kigali, arrêt du 23 janvier 2008),
- les acteurs de la décision, c'est-à-dire toutes les personnes qui ont participé à
l’élaboration de ladite décision. Ce sont les juges qui ont rendu la décision, le ministère
public et le greffier. Exemple : Siégeaient Dieudonné Mukengule, Président, Jean
Marcel Mukendi et Emmanuel Shamavu, Juges, avec le concours du ministère public
représenté par Saleh Katamba, Substitut du Procureur de la République et avec
l’assistance de Takizala Mushagalusa, Greffier ; Siégeaient MM Ntahanvukiye,
Président, Higiro et Habyarimana, Juges.
- l’identité des parties : il s’agit des personnes opposées dans et à l’occasion du litige.
Dans certains cas où la discrétion est de mise, les parties seront désignées par les initiales
146. La doctrine juridique recouvre l’ensemble de publications des juristes les plus qualifiés
selon l’expression du Statut de la Cour internationale de Justice (voir article 38 du Statut de
la CIJ). La doctrine est le droit commenté, explicité, interprété, critiqué, à l’issue d’un
travail d’érudition. La doctrine est soit de lege lata ou de lege ferenda. La première se borne
à l’étude des textes des lois existant et la manière dont ils sont mis en oeuvre. La seconde
quant à elle se veut plus critique et suggestive en ce qu’elle part de la situation juridique
actuelle pour suggérer au législateur ce que devrait être la loi.
152. Les données ou les résultats de la recherche doivent être systématisées, traitées et
présentées de manière cohérente dans un travail de systématisation. Il appartient au
chercheur de procéder à un exposé systématique du droit et de réunir des éléments épars de
l’ordre juridique en ensembles cohérents et harmonieux. La systématisation du droit passe
par plusieurs phases dont les principales sont la récolte des données et leur traitement
(rédaction). Ces deux phases exigent l’indication des sources d’inspiration de l’auteur de la
recherche. En ce qui nous concerne, nous distinguerons les phases de la recherche et celles
de la rédaction proprement dite.
154. Plusieurs expressions servent à désigner ce que l’on appelle projet de recherche. L’on
parlera par exemple de cadre de référence, de cadre d’analyse, de méthodologie de la
recherche ou encore de la démarche méthodologique. Celui-ci indique très clairement qu’il
ne s’agit pas de la réalisation ou de l’actualisation de la recherche, mais plutôt de ce que
l’on veut entreprendre comme travail et de la méthode, entendue lato sensu, que l’on
utilisera pour ce faire. Ce sont en fait les étapes préliminaires de la recherche au cours
desquelles seront tracés les paramètres de l’étude.
155. Un projet de recherche est donc l’étape préliminaire de la recherche au cours de laquelle
il faut établir les limites de l’objet d’étude et préciser la manière dont cet objet sera abordé.
Il ne s’agit pas simplement d’un plan de travail, encore moins d’une table des matières. Le
projet est beaucoup plus explicite car on y justifie et commente systématiquement les choix
méthodologiques faits à chaque étape du processus.
156. Le projet de recherche est important en ce qu’il peut constituer la moitié ou un peu plus
de l’effort global à fournir. On peut donc dire qu’il remplit trois fonctions essentielles
relativement à une activité de recherche :
- Il permet de bien préciser l’objet d’étude ;
- Il permet de planifier toutes les autres étapes de la recherche ;
- Il aide à sélectionner les stratégies et les techniques de recherche les plus appropriées
compte tenu de ce que l’on veut démontrer.
158. On peut distinguer, dans le domaine scientifique, les exercices imposés des exercices
libres. Les premiers sont, à bien des égards, plus simples à gérer. Le chercheur se voit
présenter un sujet déjà parfaitement délimité et circonscrit, et n’aura « plus qu’à » le traiter
d’une manière aussi rigoureuse que possible. Dans le second cas de figure, en revanche,
aucune ligne directrice n’est, sur le fond, tracée a priori. On part du postulat que la
construction du sujet fait en tant que telle partie du travail à réaliser, ce qui en fait
certainement l’une des étapes les plus périlleuses de la recherche.
159. Il faut en effet distinguer d’emblée, en allant du général au particulier, ce qu’on
désignera comme un domaine, un thème, un objet et un sujet de recherche :
- Un domaine (ou champ) de recherche renvoie à une branche, une sous branche du droit
dans laquelle on veut mener ses investigations. On part donc de la summa divisio
traditionnelle jusqu’aux plus petites ramifications et autonomisations actuelles : droit
public ou privé ; droit public interne ou droit privé nationale ; droit international (public
ou privé) ; droit économique (droit commercial, droit international des affaires ou droit
des investissements, etc.) ; droit social ; etc. Chaque domaine recouvre un grand nombre
de thèmes différents.
- Un thème de recherche est constitué par une idée générale qui peut elle-même donner
lieu à de multiples précisions. Le mariage, l’impôt, ou les violences sexuelles
constituent par exemple des thèmes de recherche qui, par leur généralité, sont
susceptibles de susciter des études très différentes. En effet, plusieurs études juridiques
peuvent être entreprises sur la seule thématique de mariage, de l’impôt ou de violences
sexuelles.
- Un objet de recherche résulte d’une délimitation précise réalisée à partir d’un thème
général. Ainsi par exemple, dans le thème de mariage, il y a lieu d’avoir plusieurs objets
tels que le mariage entre personnes atteintes du VIH ; les vices de consentement au
mariage ; etc. Sur l’impôt, il y a lieu de traiter de l’impôt immobilier en République
démocratique du Congo ; l’impôt sur les revenus ; etc.
- Un sujet de recherche est constitué à la fois d’un objet de recherche et de la définition
d’une méthode apte à traiter de cet objet. Ainsi, l’objet d’étude portant sur « le droit au
mariage des personnes atteintes du VIH Sida en droit positif congolais » peut donner le
sujet de recherche suivant : Droit au mariage des personnes séropositives en droit
positif congolais, approche de technique juridique ;
160. L’importance de la construction d’un sujet d’étude : Pour comprendre l’importance de
cette étape de la recherche, il faut d’abord relever qu’aucun sujet n’est donné, chaque sujet
11
Au sujet de l’effectivité des règles de droit, les étudiant(e)s sont invité(e)s à lire : Yann Leroy, « La notion d’effectivité du
droit », Droit et société, 2011/3 (n°79), pp. 715-732 ; Pierre Lascoumes et Evelyne Serverin, « Théories et pratiques de
l’effectivité du droit », Droit et société, 1986 (n°2), pp. 101-124 ; etc.
174. Lorsque le sujet de recherche a été choisi, il faut passer à la constitution d’une
« bibliographie » la plus complète possible. La bibliographie du projet de recherche
comprendra des éléments appartenant aux différentes sources de droit : la législation, la
jurisprudence, la doctrine, des éléments extraits du droit coutumier, etc. La tâche consiste à
repérer tous les documents utiles à la recherche.
175. La bibliographie d’un projet de recherche est normalement différente de celle que l’on
soumettra dans le travail final. En effet, la bibliographie finale ne retiendra que les sources
ayant réellement servi lors de la rédaction, c'est-à-dire celles qui auront été citées dans le
travail. La bibliographie du projet de recherche joue un double rôle :
- Elle nous permet de savoir s’il existe un matériel suffisant pour mener la recherche
à terme. C’est une information qu’il vaut mieux posséder avant pour éviter d’être
confronté à l’indisponibilité ou à l’inaccessibilité des sources lors de la rédaction.
- Elle informe le chercheur sur le type et les catégories de documents disponibles par
rapport au sujet à traiter. Il importe de posséder cette information dès le départ afin
d’orienter plus facilement ses recherches.
176. Pour constituer la bibliographie, il est indispensable de faire recours aux instruments et
ouvrages d’encadrement tels que les fichiers des bibliothèques, les répertoires
bibliographiques généraux et spécialisés, les chroniques bibliographiques des revues
juridiques, les répertoires de la jurisprudence, les procédés informatiques (un ordinateur
installé dans la bibliothèque, internet). Ces derniers sont actuellement le plus utilisés dans
les bibliothèques, celles-ci s’étant davantage modernisées. Rappelons qu’il est nécessaire
d’être « à la page » c'est-à-dire connaitre la date de publication des textes légaux au Journal
officiel et des textes réglementaires régissant actuellement la matière sous étude.
177. Lorsque le sujet (objet d’étude et méthodes), la problématique et les hypothèses ont été
correctement formulés et admis, il convient de procéder à l’exploitation des sources. Cette
exploitation passe, suivant les méthodes et les techniques choisies, par la lecture des
documents, les enquêtes de terrain, les interviews, etc. En ce qui concerne la documentation,
celle-ci peut paraitre abondante et le chercheur risque de se perdre ou de perdre beaucoup
de temps. Si ce n’est pour les ouvrages essentiels et fondamentaux, il est inutile de tout lire.
Le chercheur se contentera de lire les chapitres ou même les paragraphes qui cadrent
directement avec son étude, la table des matières de l’ouvrage sous lecture constituera le
guide le plus indiqué. L’initiation à l’art de la lecture peut se réduire à trois
recommandations qui concernent l’ordre, la prise des notes et la classification des
informations recueillies :
178. L’ordre de lecture : Deux principes, rappelons-le, président à l’ordre de la lecture. Ce
sont les règles du général au particulier et de l’enseignement à la thèse. Si la seconde règle
est plus théorique, l’application de la première présente un avantage certain :
p. 3 Le droit international public règle les Il faut noter qu’il s’agit là d’une
rapports entre les différents Etats en fixant perception très traditionnelle du droit
les droits et les devoirs de chacun d’eux international public. Une vision
envers les autres. contemporaine du DIP voit cette
branche du droit régler les rapports
entre tous les sujets de droit
international, i.e les Etats, les OI et
dans une moindre mesure les
particuliers.
180. Toute lecture s’accompagnera de notes classées dans le fichier de lecture même s’il ne
s’agit que d’une phrase du livre. Il est en effet décourageant de devoir consulter à nouveau
un document quelques temps plus tard tout simplement parce qu’on ne rappelle plus de son
contenu ou parce qu’on ne se souvient plus qu’on l’avait déjà consulté. Il est aussi possible
de ne plus retrouver cet ouvrage sur les rayons de la bibliothèque.
181. Dès que l’on a les textes légaux relatifs à un sujet, quelques décisions réglementaires et
deux ou trois commentaires, il est absolument nécessaire de rédiger un premier plan
provisoire. Mettant en lumière les contours et les grandes lignes de la problématique, ce
plan provisoire a pour but de structurer l’exposé qui devra suivre. Il sert aussi à prévenir le
danger toujours présent de s’écarter trop de son sujet en se laissant guider passivement par
les sources.
182. Il est conseillé de classer les notes de lecture en fonction du plan provisoire. La
caractéristique principale de ce plan doit être la souplesse. Il ne s’agit pas de déterminer une
fois pour toutes ce que sera la structure du travail mais bien d’envisager les grands titres et
les principales subdivisions qu’il devrait adopter. Il va de soi que des lectures plus
approfondies conduiront sûrement le chercheur à modifier son premier plan. Des aspects de
la question, de primes abords importants, pourraient s’avérer accessoires par la suite.
Inversement, des questions qui n’avaient pas attiré l’attention à l’origine peuvent se révéler
et exiger du chercheur qu’il leur consacre des développements adéquats. Enfin de compte,
201. Dans les citations, références et abréviations juridiques, la ponctuation joue un rôle
capital. Elle sert notamment à indiquer qu’un texte est cité ou qu’un mot est abrégé. Elle
peut également marquer les séparations ou les liens qui existent entre les différents éléments
qui composent la référence. Les signes de ponctuation les plus couramment utilisés sont le
point, la virgule, le point-virgule, les guillemets et les parenthèses.
202. Le point : il est employé :
- pour marquer la fin d’une phrase,
- après les mots écrits en abrégés tels A.R., Cass., etc. ? Mais lorsqu’il s’agit d’un
acronyme, les points disparaissent, ex SABENA, UNESCO, ONU, etc.
- pour clore une référence, exemple : Notre entretien avec le Commissaire maritime
du Port de Kalundu, lundi 30 octobre 2017. Néanmoins, lorsque plusieurs références
sont données de manière successive, le point se place après la dernière référence. Et
si la référence se termine par une abréviation, un seul point suffit à marquer la fin
de cette référence mais aussi à indiquer qu’il s’agit d’une abréviation.
203. La virgule : elle est essentiellement utilisée pour séparer les divers éléments d’une
référence. Certains éléments d’une référence sont intimement liés et ne peuvent être séparés
par une virgule. Il s’agit le plus souvent des textes des lois où la nature, la date et l’intitulé
du texte forment un tout. Exemple : Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant ; Arrêté ministériel du 10 août 1977 établissant le cahier général des charges des
marchés publics de travaux, de fournitures et des services ; etc. Le manque de rigueur qui
caractérise fréquemment l’emploi de la virgule dans la mention d’articles de lois, décrets,
arrêtés, etc. et de leurs subdivisions conduit à préciser cet usage. On écrira par exemple
l’article 5, paragraphe 1er, II, 2°, d, de la loi spéciale du 8 août 1980 dispose que « …… ».
210. Concrètement, l’introduction renferme une double orientation : elle est tournée vers
l’avenir mais avec un regard dans le passé. La première orientation tournée vers le passé a
pour but d’établir le status quaestionis (revue de la littérature). Il s’agit de rappeler les
travaux antérieurs déjà consacrés au même sujet ou à certains de ses aspects, ce qui suppose
que le chercheur est censé en avoir pris connaissance de façon à se faire une idée précise.
Le regard vers le passé vise aussi à faire un constat de ce qu’est la réalité, un examen des
faits passés et actuels mais aussi de l’état de la législation. Cet examen permettra de dégager
l’utilité de la nouvelle recherche, l’intérêt scientifique qui s’y rattache et la possibilité
d’aboutir à des résultats nouveaux. C’est en cela que consiste l’originalité de la recherche
entreprise.
211. La seconde orientation qui se présente sous forme hypothétique en introduction se
précisera davantage dans la conclusion du travail. Il s’agit partant de l’état actuel, d’indiquer
les nouvelles approches et les conclusions auxquelles le chercheur veut aboutir.
3.2.2. Le développement ou corps du travail
212. On désigne par développement la pièce maitresse d’un travail. Il a pour fonction
d’étoffer les données de recherche ou du sujet annoncé et présentées succinctement en
introduction. C’est dans le développement que sont exposées toutes les explications
nécessaires à la compréhension de la question d’étude.
213. Le développement est subdivisé en plusieurs parties (titres, parties). Un titre ou une
partie est subdivisée en différents chapitres, un chapitre comprend à son tour plusieurs
sections. Les sections sont subdivisées en paragraphes et ceux-ci en plusieurs points. Le lien
3.2.3. La conclusion
214. Elle est la partie qui clôt le travail. Elle se caractérise par sa brièveté. C’est dans la
conclusion que s’opère la récapitulation de principaux résultats obtenus dans la recherche.
Elle en soulignera l’importance et les conséquences sur le plan pratique : qu’est-ce que la
recherche menée apporte-t-elle de pratique ou de théorique pour l’évolution de la société ou
de la discipline ?
215. La conclusion est incontestablement d’une importance capitale dans le texte puisque, en
tant qu’elle expose les résultats ultimes, elle manifeste en même temps la force de réflexion
de l’auteur. Dans la conclusion sont tirées toutes les conséquences possibles des idées et des
thèses soutenues par le chercheur dans le corps du travail. La conclusion rend en quelque
sorte le verdict du procès. La conclusion doit demeurer ouverte c'est-à-dire qu’elle doit
ouvrir des nouvelles brèches pour des investigations futures. En effet, le chercheur ne dit ni
le premier ni le dernier mot sur un sujet de recherche.
Cela signifie que l’on sache consulter les sites les plus utiles (sites officiels des
gouvernements, des centres de recherches, des organisations internationales comme l’ONU,
etc.), que l’on dispose aussi des moyens financiers conséquents pour faire l’impression ou
alors que l’on dispose d’un support (clé USB, CDR, etc) qui permette de copier les données
pour une exploitation ultérieure sur n’importe quel ordinateur.
CHAPITRE IV.
QUELQUES TECHNIQUES ET METHODES DE RECHERCHE
Conduire une réflexion en science juridique, nécessite que le chercheur opère un choix
judicieux des techniques et des méthodes appropriées et aptes à lui permettre d’atteindre son
objet. Les étudiants se rappelleront néanmoins qu’en introduction à cet enseignement, nous
avons précisé qu’il ne s’agira ici que d’une initiation comme l’intitulé l’indique clairement. Il
serait inconvenant de considérer dès lors cet enseignement comme un cours de méthodologie
et des techniques de recherche. Pour des développements plus détaillés sur les méthodes et
techniques de recherche, les étudiants se référeront avec intérêt aux ouvrages généraux de
méthodes de recherche en sciences sociales, notamment l’oeuvre devenu un classique en ce
domaine de Madeleine Grawitz et Roger Pinto, Méthodes des sciences sociales, 2ème éd., Paris,
Dalloz, 1967, 935p.
Il convient toutefois de donner, en très peu de phrases, quelques considérations théoriques sur
les techniques et les méthodes de recherche auxquelles recourent le plus souvent les chercheurs
juristes compte tenu des exigences spécifiques de leurs travaux. Il s’agit essentiellement des
méthodes juridique (herméneutique ou exégèse appliquée au droit), historique, sociologique,
comparative, etc. Quant aux techniques les plus usitées, il s’agit de celles d’enquêtes,
documentaire, etc.
1. La méthode juridique et la technique documentaire
La méthode juridique selon le Professeur Charles EINSENMANN, a deux composantes : la
dogmatique et la casuistique.
a. La dogmatique
Elle consiste à analyser les textes et les conditions de leur application. Il s'agit de l'analyse du
droit, de la norme juridique au sens strict, et plus spécifiquement du droit positif tel qu'il ressort
de l'armature législative. Le chercheur doit arriver à identifier les textes de lois et leur portée
propre. Quelle est la loi applicable et que dit exactement ce texte de loi. Quelles en sont les
conditions d’application. Il s’agit à ce niveau d’une herméneutique ou encore d’une méthode
exégétique telle qu’appliquée dans les sciences philosophiques et théologiques. Ainsi comprise,
la méthode juridique, dans cette seule composante se confondrait avec une spéculation
philosophique. Pourtant, la recherche juridique doit échapper au danger de la spéculation
abstraite parce qu’elle doit confronter à la loi des faits bien concrets. La norme juridique
nécessite une confrontation aux réalités sociales, car la fonction essentielle du droit est de
régenter l'ordre social. C'est en ce moment qu'interviendra la casuistique.
b. La casuistique (casus)
La doctrine se trouve d'abord bien entendue dans les nombreux ouvrages qui garnissent tous
les rayonnages, ainsi que dans des encyclopédies spécialisées (Dalloz, Juris-Classeur,
Dictionnaire Permanent...) mais également dans des revues périodiques qui publient sous forme
d'articles ou de chroniques les opinions d'auteurs avisés. Les plus répandues dans la profession
ont pour nom Recueil Dalloz Sirey, Semaine juridique (ou J.C.P., qui se décline en plusieurs
éditions spécialisées), Gazette du Palais, Revue Trimestrielle de Droit Civil (et ses petites
soeurs, les nombreuses Revues Trimestrielles Sirey toutes plus spécialisées les unes que les
autres), Revue du droit public et de la science politique, Actualité juridique de droit
administratif.... Ce sont des centaines de revues qu'il y aurait lieu de citer si l'on voulait présenter
un catalogue exhaustif de ces cornues d'un genre particulier. A chacun de découvrir au fil de
ses recherches et de ses besoins la revue qui contient la manne espérée. De fait seule une
découverte personnelle et souvent empirique peut faire découvrir à l'apprenti juriste les joies de
la compulsion de ces gros volumes pas toujours faciles à manipuler, parfois endommagés par
un chercheur indélicat, mais qui procurent toujours autant de joie à celui qui a enfin trouvé la
référence tant convoitée. Alors attention, dans ce laboratoire le virus de la recherche s'attrape
vite et on a bien du mal à s'en défaire ; les premiers symptômes apparaissent lors du déchiffrage
des signes cabalistiques : RTDC, D., TGI 24 oct. 1987, RDP, C.E. 11 sept. 1996, Rec. 436.,
Civ. 1° 3 juil. 1985, Bull. n° 165, G.P., AJDA, J.O., BOEN.... Ce monde est en mutation, là
comme ailleurs l'outil informatique a fait son apparition et envahit le domaine juridique. Le
papier qui nous était si cher se transforme en recueils virtuels de textes législatifs ou de