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Plan du cours

Introduction
1. Méthodologie de différentes épreuves juridiques
1.1.La dissertation juridique
1.2.Le commentaire d’arrêt
1.3.Le cas pratique
2. Valeur heuristique et articulation des sources du droit congolais
2.1.Les sources normatives :
a. Bref aperçu des sources normatives
b. Exigences de la recherche normative
2.2.La jurisprudence : source privilégiée dans l’analyse du raisonnement juridique
a. Notions, rôle et publication de la jurisprudence
b. Présentation, structure et portée des décisions du juge
2.3. La doctrine
a. Définition et rôle de la doctrine
b. Consultation de la doctrine
3. La rédaction et la présentation d’un travail scientifique en droit
3.1.Les étapes de la recherche scientifique
a. Circonscription du domaine de la recherche
b. Collecte de la documentation
c. Exploitation des données
3.2. La rédaction
a. La rigueur du raisonnement juridique
b. La structure du travail
c. Les citations : importance et danger du plagiat
d. Les références bibliographiques
4. Méthodes et techniques de recherche en droit

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INTRODUCTION
0.1. Intitulé et objectif du cours
1. Il ne viendrait sans doute pas à l’esprit d’un architecte de bâtir un édifice sans en avoir
préalablement tracé le plan. Nous savons par ailleurs que les investisseurs les plus prospères
sont généralement ceux qui ont appuyé leur stratégie d’acquisitions, d’investissements ou
de commercialisation sur une planification méticuleuse, etc. Il en va de même dans le monde
scientifique, en particulier en matière de recherche. Les meilleures productions
(compositions, articles, travaux de séminaire, travaux de fin de cycle, mémoires, thèses de
doctorat ou ouvrages scientifiques) sont le plus souvent le résultat d’un long et minutieux
processus de conception et de structuration d’un objet d’étude, de la formulation adéquate
de la question de recherche (hypothèse) et d’une bonne planification et répartition des étapes
de la démonstration. Ceci est particulièrement vrai pour une recherche dans le domaine des
sciences et de la pratique juridiques dans la mesure où le juriste doit démontrer (montrer
que ses affirmations sont conformes à la vérité juridique).
2. Pourtant, la réalité est loin de correspondre au postulat ci-dessus. L’observation conduit en
effet au constat que les étudiantes et les étudiants négligent les règles fondamentales et les
étapes importantes de la recherche scientifique (conception ou compréhension du sujet,
structuration de l’objet de la recherche, récolte des données, succession et cohérence entre
les différentes parties du travail, rédaction, etc.). Par conséquent, ils soumettent des travaux
incomplets non seulement sur le plan du développement logique de l’argumentation mais
aussi du contenu lui-même (le fond).
3. C’est dans le but de pallier tant soit peu ces insuffisances et de contribuer à l’amélioration
qualitative de la production scientifique des étudiantes et étudiants inscrits en droit qu’est
conçu ce cours d’Initiation à la recherche scientifique. Si l’intitulé est commun à toutes les
filières universitaires – on retrouve le même intitulé au programme de la plupart de toutes
les autres facultés – le contenu du présent cours, exclusivement destiné aux étudiants en
droit, s’adapte suffisamment aux exigences et aux spécificités de la recherche juridique. La
recherche dans les sciences juridiques est essentiellement une recherche documentaire.
C’est pour cette raison que l’on peut le désigner aussi sous l’appellation de Méthodologie
juridique (Méthodologie de la recherche en droit).
4. Le but de cet enseignement est de fournir une méthode de travail, susceptible d’être utilisée
dans le cadre de tout travail scientifique en droit (dissertation, cas pratique, commentaire
d’arrêt, etc.). Il s’agit donc d’un enseignement transversal destiné à faire le lien entre des
domaines aussi différents et divers que le droit civil, le droit public et le droit économique
avec les sous branches qui les constituent. L’étudiante ou l’étudiant qui aura bien suivi ce
cours devrait être à mesure d’aborder tout travail de réflexion ou de recherche en droit et
présenter des résultats cohérents sur le plan du raisonnement et de la logique juridiques mais
aussi sur le plan du fond, c'est-à-dire de la mobilisation et de l’exploitation judicieuse des
sources les plus pertinentes (la législation, la jurisprudence et la doctrine).
5. En droit, il se remarque une certaine inflation des sources : la législation est de plus en plus
nombreuse et répartie selon plusieurs ordres (interne, régional et international) ; la
jurisprudence de plus en plus dense diversifiée en considération de la nature et de l’ordre
divers des juridictions ; quant à la doctrine, elle ne cesse de se développer à un rythme

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extrêmement rapide. Cette inflation des sources est intimement liée à l’évolution de la
société et au rôle croissant des communications et des échanges entre les individus, les
peuples et les Etats : de plus en plus des domaines sont régis par le droit, des règles de plus
en plus nombreuses sont édictées, les jugements et les études scientifiques se multiplient.
Dans ce contexte, il apparait illusoire de prétendre connaitre le détail de toutes les règles
existantes, même dans une seule sous branche particulière. C’est pourquoi il est
particulièrement important de disposer d’un outil (méthodes et techniques) qui permette
d’acquérir, de maitriser en faisant des choix judicieux et d’utiliser les ressources juridiques.
En effet, s’il peut exister plusieurs lois par rapport à un domaine ou à une institution, toutes
ne sont pas pertinentes ou ne peuvent l’être au même titre : une ancienne loi n’a plus une
grande valeur heuristique dès lors qu’une nouvelle loi a été adoptée. Toutes les décisions
de justice ne peuvent constituer œuvre de jurisprudence ; de même tous les écrits ne peuvent
faire œuvre doctrinale (privilégier l’œuvre des juristes les plus qualifiés, art. 38 du Statut de
la CIJ).
6. Dès lors, l’enseignement de la méthodologie juridique a pour objectif de donner à de
nombreux étudiant(e)s le goût du raisonnement juridique dont la présentation n’est pas un
signe d’appartenance à une élite universitaire, mais plutôt un moyen de compréhension de
la situation parfois confuse des techniques et d’approche juridiques. Une première démarche
consiste à préciser le contour sémantique de certaines notions capitales dans cet
enseignement.

0.2. Généralités sur la méthodologie, les méthodes et les techniques

7. En sciences sociales auxquelles le droit est généralement apparenté, une recherche comporte
l’utilisation de procédés opératoires bien définis que l’on nomme "techniques". Le choix de
la technique dépend de l’objectif poursuivi, lequel est lui-même lié à la méthode de travail.
Une telle interdépendance entraîne souvent une confusion dans les termes technique et
méthode qu’il convient de lever. Mais avant cela, il importe de préciser la notion de
méthodologie et celle de la recherche à laquelle est étroitement liée la méthodologie pour
ce qui concerne ce cours : Méthodologie de la recherche en droit.
a. Méthodologie
8. Ce terme est défini par les dictionnaires les plus usuels comme étant l’étude des méthodes
et des techniques scientifiques. Ainsi, selon Larousse, la méthodologie est « l’étude
systématique, par observation, de la pratique scientifique, des principes qui la fondent et
des méthodes de recherche qu’elle utilise »1. C’est « l’ensemble des méthodes et des
techniques d’un domaine particulier »2. Une définition plus élaborée présente la
méthodologie comme étant une subdivision de la logique ayant pour objet l’étude a
posteriori des méthodes et plus spécialement, d’ordinaire, celle des méthodes scientifiques3.
9. La méthodologie consiste donc en une étude scientifique des méthodes. D’où l’importance
de préciser, d’une part, que le but de la méthodologie n’est pas d’apporter un enseignement

1
Le petit Larousse illustré 2012
2
Ibidem
3
André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1994, v° méthodologie.

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portant sur le fond d’une matière, mais vise à favoriser l’utilisation rationnelle des
connaissances acquises, en particulier l’utilisation rationnelle et ordonnée des
connaissances acquises dans les enseignements juridiques de fond (droit civil des
personnes, droit économique, droit constitutionnel, etc.). Une méthode n’a en effet de sens
que si l’on dispose déjà de certains acquis sur le fond d’une matière donnée. En effet, à quoi
servirait l’étude de la méthodologie juridique pour des étudiant(e)s inscrit(e)s en biologie
ou en mathématiques ? c'est-à-dire des personnes n’ayant pas de connaissance en droit et
n’ayant même pas l’ambition d’en acquérir.
10. La méthodologie se situe donc en quelque sorte « en aval » des autres enseignements
juridiques, c’est-à-dire les matières de fond. Mais, en même temps, on doit bien se rendre
compte que la maitrise d’une méthode pourrait et devrait même guider l’acquisition de
nouvelles connaissances, et peut donc intervenir « en amont » du processus d’apprentissage.
En effet, une recherche scientifique a pour vocation d’apporter des réponses à des questions
posées sur la base des connaissances acquises. Quoi qu’il en soit, l’important est de bien
comprendre que la méthodologie ne consiste pas à affirmer l’existence de telle ou telle règle
juridique, ou encore à en préciser le sens, mais plutôt à fournir des outils visant à établir ou
à interpréter une règle juridique ou, plus généralement, à développer et exposer un
raisonnement juridique correct et cohérent.
b. ….. « de la recherche » …
La méthodologie a une vocation pratique manifeste. Son étude et sa maitrise doivent permettre
de mener une recherche scientifique quels que soient à la fois le domaine abordé et les
argumentations soutenues. Mais qu’est-ce-que la recherche ? Ce terme (au singulier) désigne
généralement les activités intellectuelles, les travaux scientifiques ayant pour objet la
découverte, l'invention, la progression des connaissances nouvelles ; conception que l'on a de
cette activité.

11. Il s’agit d’un processus, d’une démarche qui recouvre plusieurs étapes dans la réalisation
d’un travail scientifique (une dissertation, une composition, un commentaire d’arrêt, un
mémoire, une thèse de doctorat, etc.) :
ü La recherche documentaire, qui consiste en un balisage des sources disponibles
relatives à un sujet donné,
ü La sélection, parmi les multiples sources obtenues, des sources pertinentes c'est-à-
dire celles qui sont nécessaires ou utiles aux fins de la démonstration scientifique,
ü L’interprétation des différents documents produits, afin de déterminer s’ils appuient,
nuancent ou s’opposent à l’argumentation défendue,
ü L’élaboration d’un plan de rédaction, et le classement des différentes sources
documentaires sur cette base et,
ü La rédaction d’un projet de texte puis du texte final, qui s’accompagne de citations
et de références aux sources documentaires.
12. Chacune de ces étapes peut être considérée comme faisant partie intégrante d’une recherche.
Celle-ci ne se limite donc pas à la première, ni aux trois premières phases décrites ci-dessus.
L’élaboration du plan et la rédaction donnent toujours lieu à une interprétation des sources
documentaires disponibles voire, dans de nombreux cas à des collectes complémentaires de
documents. Les étapes qui ont été décrites ne sont pas rigoureusement séparées dans la
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réalité. Il s’agit d’un ordre général, mais qui donne le plus souvent lieu à la poursuite
simultanée de plusieurs des étapes décrites.
13. Par ailleurs, la recherche peut avoir des objectifs différents. Elle peut viser la réalisation
d’une étude académique tendant à faire le point sur un sujet donné, et qui peut le cas échéant
déboucher à la publication d’un article dans une revue scientifique ou à la réalisation d’un
écrit qui doit être produit dans le cadre d’un cours universitaire (Travail pratique, examen,
etc.). Mais la recherche peut aussi avoir une vocation plus pratique, dans le cadre de
l’activité d’un jurisconsulte ou d’un avocat. Défendre la cause d’un client donné exigera
bien entendu une recherche, qui ne pourra elle-même être menée que conformément à une
méthode scientifique rigoureuse, susceptible de convaincre le juge, ou les autres
destinataires de l’argumentation.
c. …. « en droit ».
14. Ce cours n’est pas consacré à la revue d’une méthodologie généralement développée dans
toutes les sciences sociales dont le droit fait certainement partie. Il vise plutôt à transposer
cette méthodologie aux recherches juridiques en faisant largement ressortir les spécificités
et les exigences des études juridiques, par exemple le fait que la recherche en droit soit
essentiellement documentaire (législation, jurisprudence, publications des juristes les plus
spécialisés). Comme toute science, le droit n’est pas perceptible au premier abord et n’est
pas donné a priori. On ne l’atteint dans ses méandres que par une méthode. Sans méthode,
l’objet reste indéterminé. Le droit est découvert d’une certaine manière par un certain
regard, en fonction de la méthode et des techniques choisies et mises en œuvre, en un mot
en fonction d’une méthodologie particulière.
15. Cela étant, l’objet de la méthodologie de la recherche en droit est d’étudier le processus
rationnel par lequel les juristes parviennent, de la manière la plus efficace, aux voies et aux
moyens permettant l’encadrement juridique des comportements sociaux et la résolution des
problèmes juridiques, en tenant compte de la cohérence interne de l’ordre juridique et de
sécurité juridique. La méthodologie juridique, science des méthodes en droit, se définit
comme l’étude du savoir-faire des juristes et des divers savoir-faire juridiques4.
d. La méthode et les méthodes de recherche
16. Au plan de la représentation philosophique, la méthode comprend l’ensemble des
opérations intellectuelles qu’une discipline met en œuvre pour démontrer, vérifier et établir
les vérités qu’elle poursuit. A partir de cette conception, la méthode apparaît comme un
ensemble de règles indépendantes de toute recherche, mais visant des formes de
raisonnement qui rendraient accessible la réalité à saisir. La méthode est donc une démarche
rationnelle de l’esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration d’une vérité5. La
méthode est donc une démarche ou une approche intellectuelle.
17. Toutes les méthodes n’agissent pas de la même manière sur les étapes de la recherche et les
méthodes peuvent varier suivant le domaine de recherche précis (droit, économie,
sociologie, biologie, etc.). Cependant le terme de méthode est justifié lorsqu’il s’attache à
un domaine particulier et comporte une manière de procéder qui lui est propre : la méthode

4
Lire J.-L., BERGEL, Théorie générale du droit, 4ème éd., Paris, Dalloz, 2004, p.7 ; MUHINDO MALONGA, Méthodologie
juridique, Le législateur, le juge et le chercheur, Butembo, 2006, p. 5.
5
LAROUSSE, Le petit Larousse illustré 2011, Paris, Larousse, 2010, v° méthode.

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historique, la méthode psychanalytique, la méthode juridique, etc. Et au sein de chaque
méthode on pourrait distinguer plusieurs variantes ("sous-méthodes"). Ainsi, on y
reviendra, la méthode juridique comporte deux variantes : la dogmatique et casuistique.
18. La méthode ne devrait pas être confondue à la théorie ; si les problèmes de méthode donnent
une réponse à la question du ‘’comment ‘’ ceux liés à la théorie définissent la question du
‘’ quoi ‘’.
19. Dans un sens restreint, ces méthodes ont en commun d’être structurées autour d’un
ensemble concerté d’opérations, un corps de principe présidant à toute recherche organisée,
un ensemble de normes permettant de sélectionner et de coordonner des techniques. Elles
constituent ou mieux elles dictent au chercheur un plan de travail.
e. Les techniques de recherche
20. Dans son sens étroit, la méthode doit être distinguée de la technique. A l’instar de la
méthode, la technique doit répondre à la question du ‘’ comment ‘’. Elle constitue un moyen
d’atteindre un but. Gestuelle au départ (technique du sportif, …) elle peut marquer des
étapes intellectuelles, comme c’est le cas dans la pratique de l’interview.
21. Ainsi perçue, la technique représente les étapes d’opérations limitées, liées à des éléments
pratiques, adaptées à un but défini alors que la méthode est une conception intellectuelle,
coordonnant un ensemble d’opérations, en général plusieurs techniques. (Ex : chaque joueur
de tennis possède une technique ou des techniques structurées autour de revers, drive,
service, façon de poser les pieds, de tenir sa raquette… Mais chacun utilise sa technique en
fonction d’une méthode : fatiguer l’adversaire, jouer du fond du court ou au filet…) La
méthode est avant tout réflexion : elle utilise et organise ses techniques pour la réalisation
du seul but qui vaille : gagner.
22. Les techniques sont, pour tout dire, plus des procédés de mise en œuvre de la méthode.
Ainsi par exemple, l’observation relève de la méthode, mais pour réaliser cette observation,
on peut mettre en œuvre des procédés c’est-à-dire des moyens tels que l’entretien, le
sondage d’opinions, l’interview, etc. L’exégèse est une méthode de recherche consistant en
l’interprétation des textes de lois en vue d’en ressortir le véritable sens. Mais pour réaliser
cette interprétation, il convient que le chercheur dispose des techniques adéquates. Il s’agira
de la collecte et de l’exploitation des documents pertinents : c’est la technique
documentaire.
23. Si donc la méthode est, par essence, logique et rationnelle ; les techniques sont quant à elles
essentiellement matérielles et opératoires (servant à réaliser une opération logique qu’est,
in casu, la méthode).
0.3. Méthodologie juridique générale et méthodologies juridiques particulières
24. La méthodologie juridique générale tient au fait qu’il existe des données universelles,
indépendantes des contingences locales ou temporaires des sociétés concernées, et que l’on
peut trouver des solutions permanentes à des problèmes fondamentaux tels que celui de la
formulation de la règle, celui de la rédaction des actes, celui des méthodes d’interprétation
du droit, celui de l’administration de la preuve ou encore des modes de connaissance et de
systématisation du droit.

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25. La méthodologie juridique générale cherche à appréhender, pour tous les domaines
normatifs du droit, le processus de concrétisation des règles et, de la sorte, le travail
juridique. Elle fournit l’équipement nécessaire aux diverses modalités du travail juridique.
26. L’existence de cette méthodologie générale ne peut cependant pas exclure celle des
méthodologies particulières propres à chaque branche du droit. Aussi peut-il y avoir une
méthodologie particulière au droit civil, au droit pénal, au droit commercial, au droit
administratif, au droit international6 ou au droit comparé.
0.4. Subdivision du cours
27. Ce cours s’articule sur trois parties (titres). La première partie, qui n’est par ailleurs qu’un
rappel des notions apprises dans les cours d’introduction au droit et d’argumentation
juridique, constitue une méthodologie générale applicable aux différentes épreuves de droit.
La deuxième partie se veut plus théorique : il s’agira d’analyser la valeur heuristique de
chacune des sources de droit congolais et d’établir l’articulation entre ces sources. Une
troisième partie du cours est plutôt pratique. Elle consiste en l’étude des différentes phases
de la recherche et de la présentation d’un travail scientifique en droit, autrement dit la
systématisation du droit.

CHAPITRE PREMIER
METHODOLOGIE DE DIFFERENTES EPREUVES JURIDIQUES
Sommaire du chapitre
1.1.La dissertation juridique
1.2.Le commentaire d’arrêt
1.3.Le cas pratique
28. Ce titre est un rappel dans la mesure où, dans les meilleures conditions, il porte sur des
notions apprises dans les enseignements précédents (Argumentation juridique, Introduction
générale à l’étude du droit, etc.). Il présente, par ailleurs, des règles qui concernent des
exercices que, normalement, les étudiant(e)s inscrits en deuxième année de graduat (L2
dans le système LMD) effectuent déjà dans le cadre de plusieurs enseignements tels que le
droit civil I, le droit économique, le droit pénal et le droit judiciaire. Il s’agit d’une
méthodologie générale dans la mesure où elle concerne les différentes épreuves que l’on
peut organiser en droit à savoir la dissertation juridique (examen, composition, travaux de
fin de cycle, mémoire, thèse, etc.) ; le cas pratique (casus) et le commentaire d’arrêt (pénal,
civil ; commercial, etc.)
1.1. LA DISSERTATION JURIDIQUE
29. La dissertation (du latin disserere, exposer des raisonnements, des idées liées les unes aux
autres) correspond à la mise en œuvre d'un discours ordonné et cohérent à propos d'un
problème envisagé dans sa dimension juridique. La dissertation a donc pour objet de
présenter une réflexion sur un sujet donné. Il s’agit d’analyser la problématique du sujet et
de donner des pistes permettant de résoudre celle-ci. Les maîtres mots de cet exercice sont
l’exhaustivité et la rigueur. Exhaustivité, parce qu’il faut aborder tous les aspects

6
Lire O. CORTEN, La méthodologie du droit international public, Bruxelles, Editions de l’ULB, 2009.

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importants du sujet. Rigueur, parce qu’il faut éviter les hors sujets et faire un usage judicieux
des sources du droit.
30. La façon dont le sujet est intitulé peut être variable (affirmation ou question, sujet de cours
ou sujet de pure réflexion, etc.), mais quelques directives générales peuvent être données en
ce qui concerne la méthodologie. Retenons globalement que toute dissertation passe par
trois étapes : la compréhension du sujet, la recherche du plan et la rédaction.
A. L’introduction de la dissertation : analyse et compréhension du sujet
31. L’introduction sert à analyser le sujet et à préciser le problème qu’il pose. Il s’agit, par une
exégèse et une analyse des termes de l’intitulé, de formuler au mieux la question posée et
d’en délimiter le champ. Le plan devra très précisément répondre au sujet et à la question
qu’il soulève. La question « Faut-il réformer le droit congolais du mariage ? » par exemple
n’est pas équivalente à « Peut-on réformer le droit congolais du mariage ? » : alors que les
deux sujets requièrent les mêmes connaissances ou presque, le premier appelle une réponse
positive ou négative (ou nuancée) tandis que le second requiert de mettre en lumière les
obstacles à la réforme.
32. Tous les termes du sujet doivent être explicités : pourquoi tel terme a été employé et pas un
autre, à quels champs sémantiques renvoie tel ou tel autre terme, etc. Tous les mots du sujet
doivent être analysés, jusqu’aux articles (analyser l’emploi du singulier ou du pluriel, de
l’article défini ou indéfini, etc.). Par exemple dans le sujet « Faut-il autoriser la
consommation des drogues ? », il faudra expliquer ce que signifie « autoriser » (quelle
différence par exemple avec « dépénaliser » ?), « usage » (est-ce-que cela implique par
exemple la commercialisation ?), « drogue » (si c’est d’accoutumance qu’il s’agit, doit-on
y faire entrer l’alcool et le tabac ?), « faut-il », etc. De l’analyse précise des termes du sujet,
on peut alors déduire la problématique.
33. L’introduction peut servir également à élaguer certaines questions marginales ou qui ne sont
pas directement dans le sujet. Elle permet d’ouvrir sur des problématiques plus larges (droit
comparé, considérations historiques, économiques, sociologiques ou philosophiques)
qu’inspire le sujet, mais qui ne seront pas traitées de façon détaillée dans le corps de
l’exercice.
34. Cette étape est essentielle et il faut commencer par cette analyse afin de cerner aussi tôt que
possible l’étendue du sujet : si l’on s’aperçoit d’un oubli majeur (mauvaise compréhension,
omission, insuffisance, etc.) au cours de la rédaction, il est trop tard pour modifier le plan.
Ainsi par exemple, pour le sujet « La responsabilité du fait des choses », on a d’abord
tendance à penser au principe général de responsabilité du fait des choses fondé sur l’article
260 CCLIII, alinéa. En réfléchissant au sens du terme « chose », on s’aperçoit néanmoins
rapidement que l’on ne pourra pas négliger les choses, très nombreuses, qui ne relèvent pas
du principe général (bâtiments, animaux, choses communiquant un incendie, véhicules
terrestres à moteur, avions, centrales nucléaires, etc.) ou pas seulement de ce dernier (choses
utilisées dans l’exécution d’un contrat, produits défectueux). Ce n’est donc qu’après avoir
réfléchi aux termes du sujet que l’on peut dresser l’inventaire des questions à traiter.

B – Recherche du plan

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35. Le plan de la dissertation doit rendre compte de la problématique du sujet. Il est comme la
clé qui permet de comprendre le problème formulé de façon explicite ou sous-jacente par
l’intitulé. Un bon plan est celui qui permet de saisir à la fois la problématique et la thèse
soutenue : les intitulés doivent donc se suffire à eux-mêmes pour comprendre la
problématique et convaincre sur la façon dont elle a été traitée, et donc sur la thèse soutenue.
Ainsi pour les sujets de type « responsabilité civile et discernement » ou « filiation et vérité
biologique », la conjonction de coordination « et » suggère de creuser l’articulation entre
les deux concepts, ce qui exclut absolument un plan où chacune de deux notions su sujet
ferait l’objet d’une partie (I. Filiation et II. Vérité biologique).
36. Il faut plutôt creuser le problème soulevé par la confrontation des deux notions, pour mettre
en évidence leur opposition, leur complémentarité, ou encore l’influence de l’une sur
l’autre. Pour le deuxième sujet, on pourrait par exemple retenir :
I. L’accroissement constant de la place de la vérité biologique en matière de filiation ;
II. Les risques de l’identification de la filiation au seul lien biologique.
37. Le plan se trouve en établissant un inventaire des questions à traiter. Celles-ci sont ensuite
regroupées par affinités afin d’élaborer un plan en deux ou éventuellement trois parties. Les
plans en deux parties sont plus appropriés lorsque le sujet présente une problématique,
tandis que les plans en trois parties sont plus adaptés pour un sujet de type dialectique (ils
risquent cependant davantage d’être descriptifs). Lorsque par exemple il y a du pour et du
contre concernant la question posée, il n’est pas souhaitable de faire un plan en trois parties
car la dernière partie consisterait à répéter les arguments de l’une ou de l’autre des parties
précédentes : il est alors préférable de faire un plan en deux parties et terminant par la
position que l’on juge préférable.
38. Le plan doit être habillé, c'est-à-dire que les intitulés doivent être travaillés pour ne pas
apparaitre comme des plans trop "bateaux" (du type conditions-effet, notions-régime ou
principes-exceptions). Il peut cependant parfois suffire, surtout dans les premières années
de droit, d’habiller légèrement ces plans par des qualificatifs, par exemple :
- I. Des conditions restrictives ; II. Des effets incontrôlables ;
- I. Une notion fluctuante ; II. Un régime encadré ;
- I. L’expansionnisme d’une notion ; II. La rigueur d’un régime
Ou encore :
- I. Un principe fermement posé ; II. Des exceptions largement admises ;
39. Le problème du sujet apparait ainsi clairement, c'est-à-dire notamment la contradiction d’un
régime ou encore les difficultés d’application d’une notion. Il ne faut cependant pas abuser
de cette facilité et, en particulier, ne pas la reproduire à différents niveaux du plan. Là
encore, les intitulés doivent être courts, précis, et construits avec un souci d’équilibre,
notamment pour ce qui est du parallélisme des formes.
40. Quant à la formulation des intitulés, il faut tenir compte de trois paramètres :
ü la rigueur : les intitulés doivent correspondre au contenu des parties et sous-parties
ü la clarté : il faut que les titres soient explicites et renseignent sur le contenu.
ü l’élégance : les intitulés doivent comporter à peu près le même nombre de mots,
l’utilisation d’expressions réciproques est conseillée (ex. : I. La consécration du

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principe général de la responsabilité du fait des choses, II. Le refoulement du
principe général de la responsabilité du fait des choses).
I.2. LE COMMENTAIRE D’ARRET
41. L’arrêt est toute décision de justice rendue, soit par une Cour d’appel, soit par la Cour de
cassation (anciennement Chambre judiciaire de la Cour suprême de justice en République
démocratique du Congo), soit par les juridictions administratives. Le commentaire d’arrêt
a pour objet de commenter une décision de justice (arrêt et jugement). Nous raisonnerons
essentiellement ici sur le cas le plus courant du commentaire d’un arrêt de la Cour de
cassation. Plusieurs éléments doivent être commentés. Ils sont assemblés dans un plan
précédé d’une introduction.
A. Les éléments du commentaire d’arrêt
i. La reconstitution de l’affaire
42. C’est ce que l’on appelle souvent « la fiche d’arrêt ». Il s’agit de reconstituer la chronologie
de l’affaire soumise à la Cour et de chercher à en comprendre la nature : de quelle affaire
s’agit-il ?
ii. La reconstruction de la solution de l’arrêt
43. La première étape de la reconstruction de la solution retenue par le juge consiste
intellectuellement à reconstituer le raisonnement de la Cour. Il s’agit d’identifier le(s)
raisonnement(s) juridique(s) qui a (ont) conduit le juge à retenir telle solution. Quelles
règles de droit la juridiction a-t-elle mobilisées et comment leur application aux faits de
l’espèce permet-elle de justifier l’arrêt rendu ? Il ne s’agit pas de paraphraser l’arrêt mais
d’expliquer le raisonnement juridique (majeure, mineure, conclusion) suivi par la
juridiction. Si la Cour de cassation énonce une règle nouvelle, il faut en préciser les
conditions d’application ou les réserves qui l’accompagnent.
iii. La comparaison de la solution de l’arrêt avec le droit positif
44. Après avoir identifié le raisonnement du juge, il convient dans ce second temps d’apprécier
la solution retenue par l’arrêt en comparaison avec le droit positif (loi et jurisprudence).
S’agit-il d’un point qui était déjà acquis ? S’agit-il plutôt d’une solution apportée à une
question qui était auparavant sans réponse ; ou qui ne s’était jamais posée ? D’un revirement
de jurisprudence ? D’une divergence de jurisprudence avec la solution d’une autre
juridiction ? Il est ici question d’apprécier comment s’insère l’arrêt dans le droit positif
connu et existant.
iv. L’appréciation en opportunité de la solution de l’arrêt
45. Quelle que soit la réponse à la question précédente, il s’agit de porter un jugement sur
l’opportunité de l’arrêt. Est-il juste ? Quels sont les avantages de la solution adoptée ? Quels
en sont les inconvénients et les risques, par exemple les risques de dérives ?
B. L’introduction du commentaire d’arrêt
46. L’introduction du commentaire d’arrêt est très formalisée. Elle comprend plusieurs phases
présentées dans un certain ordre comprenant l’accroche, les faits, la procédure, la solution
du juge de fond, les arguments du pourvoi, le point de droit, la solution de la Cour de
cassation, la justification et l’annonce du plan.
47. L’accroche : la première phrase ou les deux premières phrases doivent permettre de montrer
immédiatement que vous avez compris l’intérêt de l’arrêt. Il s’agit donc de résumer la

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solution de l’arrêt en une phrase en montrant pourquoi, compte tenu du contexte, la solution
est intéressante ou importante. On pourra écrire par exemple : « La question de la sanction
de l’absence de cause a fait l’objet de discussions et de multiples revirements : le présent
arrêt retient quant à lui sans hésitation la qualification de nullité relative et en tire toutes les
conséquences. » ; ou encore : « L’erreur sur l’authenticité d’une œuvre d’art semblait avoir
livré tous ses secrets ; l’arrêt à commenter montre que l’on avait encore à apprendre : il
retient en effet que … »
48. Les faits : que s’est-il réellement passé ? Les faits doivent le plus souvent être rapportés
chronologiquement c'est-à-dire suivant une succession cohérente dans le temps : les faits
les plus récents seront précédés de ceux les plus anciens.
49. La procédure : qui a pris l’initiative de faire un procès. Pour demander quoi ? Devant quelle
juridiction ?
50. La solution des juges du fond : il s’agit de la solution retenue par la juridiction de première
instance si on la connait, et surtout celle des juges d’appel.
51. Les arguments du pourvoi : qui a perdu en dernier ressort (devant la Cour d’appel, ou
éventuellement devant la première juridiction saisie si celle-ci a saisi en premier et en
dernier ressort) et donc, qui a fait un pourvoi en cassation ? Quel chef de la décision attaquée
est critiqué ? Quels sont les arguments du pourvoi ?
52. Le point de droit : Le point de droit est la question de droit posé à la Cour de cassation. Elle
résulte des moyens soulevés par le demandeur au pourvoi dès lors que la Cour de cassation
n’est saisie que dans les termes de cette demande – sauf à soulever d’office un moyen de
pur droit. Il faut mettre en valeur la question juridique qui se posait et à laquelle la Cour de
cassation avait à répondre. Le défaut le plus récurrent en la matière consiste à formuler la
question en des termes si simples ou si généraux que la réponse est évidente même sans lire
l’arrêt de la Cour de cassation.
53. La solution de la Cour de cassation : il s’agit de résumer très brièvement l’apport de l’arrêt,
c'est-à-dire la réponse de la Cour de cassation au point de droit formulé.
54. La justification et l’annonce du plan : il est important d’expliciter et de justifier le plan
choisi.
C. Le plan du commentaire d’arrêt
55. Le plan du commentaire d’arrêt demandé à l’université est de préférence un plan en deux
parties (I, II) et deux sous-parties (A, B). Les sous-parties sont d’importances diverses :
dans l’ordre décroissant, le B du point I (qui constitue le cœur de l’arrêt et du commentaire),
puis le A du II, puis le A du I, et enfin le B du point II où l’on peut compléter et ouvrir le
devoir sur des points plus éloignés de l’arrêt (perspectives).
56. S’agissant de la construction du commentaire, celle-ci peut parfois être déduite très
simplement de l’arrêt : par exemple si celui-ci contient deux moyens qui sont tous deux au
programme de l’année – sinon celui qui concerne un tout autre sujet (par exemple une
question de procédure civile dans un arrêt qui concerne fondamentalement le droit des
contrats) doit être évacuée en introduction – , ou encore si l’unique attendu contient
clairement un principe et des exceptions, ou un principe et son champ d’application, etc.,
qui sont tous deux à commenter et tous deux d’égale importance.

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57. Dans le cas contraire, il est possible, tout au moins dans la période d’initiation à cet exercice,
c'est-à-dire pour les débutants, de forger un plan du type :
I. La solution de l’arrêt ;
II. Son analyse ou sa portée
58. Certes, il ne faut pas se contenter de ces intitulés trop banals, mais la solution de l’arrêt peut
être énoncée de façon discursive dans la première partie (par exemple, « l’admission de la
nullité pour erreur du mariage », ou « l’élargissement de la contestation de la paternité »,
etc.), de même qu’il est préférable, en deuxième partie, de ne pas indiquer platement « la
portée de l’arrêt » mais plutôt d’expliciter les points à développer et à analyser (par exemple,
« les difficultés d’application de la solution », ou « les conditions accompagnant la nouvelle
solution », ou « le domaine du principe affirmé par la Cour de cassation », etc.).
59. Il convient d’éviter, lorsque l’on commente un arrêt de la cour de cassation ou de toute autre
juridiction supérieure, de succomber à la tentation de commenter explicitement les décisions
des précédentes juridictions ayant eu à connaitre de l’affaire. Il faut ainsi éviter les A. du
type « La solution de la Cour d’appel de Bukavu » ou « les solutions du juge de première
instance », etc.. Rien n’empêche en revanche de commenter ces solutions dans le corps du
texte et ce manière très brève et dans la mesure où c’est opportun. Par exemple, si, dans un
arrêt de revirement, la Cour de cassation affirme un nouveau principe, il est possible de faire
un A. sur le « Le rejet de tel principe » ou « La condamnation de telle solution » (principe
ou solution retenus par la Cour d’appel).
60. De façon générale, le A. du I est destiné à replacer l’arrêt à commenter dans le contexte : il
permet soit de rappeler la jurisprudence antérieure dans laquelle s’insère l’arrêt, soit plus
largement le droit positif dans lequel s’inscrit l’arrêt (état de la législation, position du
problème, etc.) ; le but est d’expliquer pourquoi la question tranchée par la Cour de
cassation s’est posée (loi nouvelle, jurisprudence antérieur divergente, etc.). Ce recadrage
amène alors le B. du I. qui présente la solution de l’arrêt à commenter (laquelle doit
impérativement arriver dès la première partie) : il s’agit d’expliquer dans quel sens tranche
l’arrêt à commenter, et donc de présenter son apport. Le II. Permet alors de commenter et
d’apprécier l’arrêt : il peut servir à préciser les difficultés d’application de la nouvelle
solution posée, ou à délimiter son champ d’application, ou plus généralement à expliciter
les questions découlant de la nouvelle solution. A côté de ce que l’arrêt dit ou tranche, il est
possible de commenter aussi ce qu’il n’a pas dit si ce silence parait éloquent.
61. La deuxième partie permet aussi d’apprécier l’opportunité de la nouvelle solution : est-elle
juste, quels sont ses avantages, quels sont ses inconvénients, etc.
62. Les intitulés des parties doivent et des sous-parties doivent de préférence être sous forme
de titres plutôt que des phrases. Il faut a fortiori éviter les phrases coupées en deux dont
chaque morceau constituerait le titre d’une partie (des points de suspension annonçant la
suite). Les titres doivent être tout à la fois clairs (la thèse soutenue et l’articulation des
parties doivent être compréhensibles à leur seule lecture) et balancés (un plan est la clé
résolution d’une problématique), c'est-à-dire qu’ils doivent se répondre l’un à l’autre.
63. L’esthétique des intitulés est en effet importante, et ceux-ci doivent être travaillés. Ils
doivent d’abord respecter la règle du parallélisme des formes. L’intitulé du I. doit ainsi être
construit sur le même modèle que l’intitulé du II., et la même harmonie doit lier les A. et

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les B. à l’intérieur de chaque partie (I et II). Si le I. commence par un article défini (« La »
notion de …), il doit en aller de même pour le II (« Le » régime de…). Si le I. contient un
signe de ponctuation (par exemple deux points), le II. doit contenir le même signe (I. La
solution de l’arrêt : la remise en cause de … ; II. Les difficultés d’application de l’arrêt : un
risque de …).
64. Il faut faire attention à ne pas faire une dissertation et donc à rattacher toujours les
développements théoriques aux éléments de l’arrêt. Il n’est pas nécessaire d’avoir une
conclusion dans un commentaire d’arrêt.
I.3. LE CAS PRATIQUE
65. Le cas pratique est une sorte de consultation juridique. L’énoncé présente des faits de nature
à conduire à un litige, et il est demandé d’apprécier les actions possibles de la part de l’un
et/ou l’autre des protagonistes. Le but n’est pas tant de trouver la solution du cas (celle-ci
se discute le plus souvent) que de montrer ses capacités juridiques d’analyse et surtout de
raisonnement. L’exercice peut être découpé en cinq points.
A. L’introduction : le bref rappel des faits
66. L’introduction du cas pratique consiste à rappeler brièvement les faits et à présenter le litige.
Il ne s’agit pas de recopier tout l’énoncé, mais simplement d’expliquer à grands traits (en
deux ou trois phrases) ce dont il s’agit : par exemple indiquer en quelques mots comment
un accident est survenu et dire qui veut agir et pour demander quoi. Il n’est donc pas
nécessaire de reprendre le détail des faits qui seront utilisés dans les raisonnements
ultérieurs.
67. Les faits doivent être présentés de façon sobre et avec des termes aussi peu juridiques que
possible. L’exercice ultérieur consistera en effet à restituer aux faits leur exacte qualification
juridique afin d’aboutir à la solution probable du cas. Il ne faut donc pas utiliser une
qualification précise avant d’en avoir vérifié la pertinence. Ainsi, dans l’hypothèse d’un
échange de lettres en vue de la conclusion d’un contrat, les termes « offre » ou « offrant »
ne doivent pas être utilisés sans avoir d’abord vérifié, dans le corps du cas pratique, que les
propositions de contracter étaient bien fermes et précises (puisque, dans l’hypothèse
inverse, il n’y a ni offre ni offrant).
B. La formulation des questions juridiques à résoudre
68. L’énoncé du cas se termine en général par une ou plusieurs questions. S’il y a plusieurs
questions précises, il faut répondre, dans l’ordre, à chacune d’elles.
69. L’énoncé peut, au contraire, se terminer par une seule phrase très générale du type : « Qu’en
pensez-vous (du cas) ? », ou encore « Quid juris » (qu’en est-il en droit ?). Il faut alors
essayer de cerner et de comprendre le problème juridique qui se pose et le diviser en
plusieurs sous problèmes ou sous questions à résoudre.
70. Le plus souvent l’énoncé se termine par la ou les questions que l’un ou l’autre des
protagonistes se pose. Ces questions doivent alors être explicitées puis reformulées en
termes juridiques afin de bien poser le problème de droit. Si un homme marié vous demande
si, compte tenu de la situation, il peut divorcer, la question est déjà juridiquement formulée
et il faudra simplement envisager les différents cas de divorce possibles en vertu du droit
applicable. Si en revanche il vous demande « s’il peut mettre fin à son mariage », il faudra

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énoncer qu’il y a deux voies possibles pour atteindre cet objectif : de façon rétroactive par
la nullité, ou uniquement pour l’avenir avec le divorce.
C. Le plan : les différentes pistes juridiques possibles
71. Il n’est pas question, dans un cas pratique, de faire un plan du type de celui d’un
commentaire d’arrêt : le cas pratique ne se divise pas en parties et sous parties formelles du
type I.A./B. et II.A./B. Le propos doit certes être découpé et cohérent, mais le plan est
pratique et concret, et non pas théorique et abstrait : le découpage se fait en fonction des
questions juridiques à traiter successivement et logiquement. Ces questions sont autant de
pistes possibles à envisager. Le cas pratique consiste en effet à rechercher les fondements
juridiques adéquats permettant à la personne qui vient vous consulter d’obtenir satisfaction.
72. Les éléments inutiles doivent être évacués dès l’introduction. Par exemple, dans un cas de
demande de divorce, le fait pour le requérant de préciser que son conjoint est l’ainé(e) dans
sa famille ou qu’il est issu d’un « mariage polygamique ». Tous les autres fondements
doivent être explorés même si à la fin ils pourraient se révéler inopérants dans la résolution
de la question juridique de fond (voir Muriel FABRE-MAGNAN, Introduction générale au
droit. Cours et méthodologie, Paris, PUF, 2009, p. 255).
73. Les intitulés des divisions doivent dès lors être très simples et très pratiques : ce sont le plus
souvent des intitulés de cours (section, sous section, paragraphe, etc.). Par exemple s’il faut
rechercher si les père et mère sont responsables du fait dommageable de leur enfant mineur,
on doit annoncer qu’on va examiner successivement les différentes conditions requises pour
que cette responsabilité soit retenue et les intitulés correspondent alors à ces conditions. Le
plan serait, à peu des différences près, celui-ci :
- Première condition : le lien de filiation ;
- Deuxième condition : la minorité de l’enfant, etc.
- Conclusion : les parents sont ou ne sont pas responsables à l’issue de l’examen de ces
conditions.
D. La résolution des questions
74. Chaque sous question identifiée doit être résolue selon la méthode du syllogisme (Majeure-
Mineure-Conclusion) : il faut déterminer la règle mobilisable et la façon dont elle s’applique
aux faits de l’espèce.
75. Il ne faut pas faire de longs développements abstraits sur la règle de droit applicable (il faut
aller tout droit au but !) : il s’agit en effet de répondre à une consultation juridique et non
de faire une dissertation juridique et de donner une leçon de droit. Il faut dès lors entremêler
un énoncé général (la règle) et ce qui en résulte en l’espèce compte tenu des faits connus :
chaque condition d’application de la règle est par exemple vérifiée l’une après l’autre.
76. Le défaut le plus fréquent consiste à conclure dès lors que l’on vient à peine d’énoncer la
règle de droit applicable, alors que les développements les plus importants dans un cas
pratique sont ceux qui reconstituent le raisonnement et permettent de justifier la solution
retenue. Il ne suffit pas, après avoir par exemple expliqué que le divorce pour faute suppose
une rupture grave ou renouvelée des obligations et devoirs résultant du mariage, d’en
conclure qu’en l’espèce il y a eu faute grave : les principaux développements doivent être
consacrés à la démonstration que les faits en présence constituent véritablement une faute
grave, c'est-à-dire un comportement que la personne n’aurait pas dû avoir.

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77. La majeure du syllogisme, c'est-à-dire la règle de droit applicable au litige, comprend
principalement l’énoncé du texte de loi pertinent, par exemple d’un article du Code de la
famille. Lorsque le texte n’est pas très long, il est bon de le recopier in extenso ; s’il est trop
long, il faut le résumer en en citant les éléments les plus importants.
78. Une attention doit être particulièrement portée à la façon dont les arrêts sont mobilisés. Le
droit congolais n’est en effet pas un système du précédent – comme la Common Law – et
l’invocation d’un arrêt antérieur allant dans un certain sens n’est jamais la garantie que la
solution sera toujours identique. Plus précisément il convient de distinguer selon le type
d’arrêt. S’agissant des arrêts de principe, c'est-à-dire ceux qui ont posé une nouvelle
interprétation d’une règle de droit, l’interprétation s’intègre au texte de loi et l’arrêt doit
donc être cité dans la majeure du syllogisme, en complément de l’énoncé de la règle
applicable. En revanche, un arrêt d’espèce, qui a donné une solution dans un cas d’espèce,
ne doit pas être présenté dans la majeure du syllogisme même s’il est similaire au cas
pratique posé. Il ne permet en effet en aucun cas de conclure directement que la solution
sera la même en l’espèce. Il faut toujours au préalable reconstituer le raisonnement, en
s’aidant le cas échéant de celui utilisé dans les arrêts similaires que l’on pourrait connaitre.
79. Tous les faits de l’énoncé doivent être pris en considération. Parfois l’énoncé contient des
faits inutiles, comme un client pourrait raconter toute une série d’anecdotes sans
conséquences juridiques. Seuls les faits pertinents doivent donc être utilisés, c'est-à-dire
ceux qui ont un intérêt pour l’application des règles de droit mobilisées. A l’inverse il faut
faire attention à ne pas ajouter de nouvelles hypothèses de fait que celles données dans
l’énoncé. Si par exemple, aucun fait de l’énoncé ne peut permettre d’envisager une
quelconque tromperie de la part d’un contractant, on ne peut inventer ou supposer que ce
dernier en a commis une. Cependant, lorsque, après avoir avancé dans un raisonnement, la
solution du cas dépend in fine d’un fait qui n’est pas précisé dans l’énoncé et que l’on
ignore, il est permis de présenter l’alternative qui existe. Il ne s’agit pas d’inventer que le
fait ignoré est dans tel ou tel sens, mais de poser que la solution dépendra de ce fait qu’on
ignore : on peut alors résoudre toutes les branches de l’alternative, en concluant pour
chacune d’elles.
E. La conclusion
80. Le cas pratique doit comporter une conclusion. Il s’agit, parmi toutes les voies juridiques
envisagées, de conclure sur celle qui est la plus opportune et qui a le plus de chances de
succès. Il est souhaitable aussi d’apprécier globalement les chances de succès de l’action
envisagée.

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DEUXIEME CHAPITRE
VALEUR HEURISTIQUE ET ARTICULATION DES SOURCES DU DROIT
CONGOLAIS
Sommaire
2.1. Les sources normatives directes : la loi, la coutume, les traités internationaux
a. Bref aperçu des sources normatives
b. Exigences de la recherche normative
c. Références aux sources normatives directes
2.2. La jurisprudence : source privilégiée dans l’analyse du raisonnement juridique
a. Notions, rôle et publication de la jurisprudence
b. Présentation, structure et portée des décisions du juge
2.3. La doctrine
a. Définition et rôle de la doctrine
b. Consultation de la doctrine
81. L’étude des sources du droit ne relève pas d’emblée de l’enseignement de la méthodologie
juridique. Le présent intitulé ne fait cependant pas un double emploi avec celui contenu
dans le cours d’Introduction générale à l’étude du droit (Iged). En effet, l’objectif ici est
tout autre. Il s’agit d’attirer l’attention sur un certain nombre d’éléments utiles à une mise
en œuvre judicieuse et correcte de la démarche heuristique en droit dès lors que la
connaissance juridique passe nécessairement par la maitrise des sources et de l’articulation
entre elles. Faut-il le rappeler : « Quel que soit son champ d’activité professionnelle, le
juriste doit toujours s’assurer que la législation invoquée est à jour, que la jurisprudence
citée correspond bien à l’état du droit et que l’argumentation employée est appuyée par des
experts reconnus ».
82. On retrouvera ces trois sources de droit que sont la Législation, la Jurisprudence et la
Doctrine à l’intérieur de publications spécialisées, à savoir des Recueils de lois et des
Recueils de jurisprudence ainsi que dans des monographies (des ouvrages en particulier) et
des revues juridiques. L’ensemble documentaire juridique est composé de sources
imprimées et de sources informatisées ou électroniques, chacune de ces deux catégories
ayant une méthodologie de recherche qui lui est propre.

83. Dans les sociétés contemporaines qui se rattachent à des civilisations juridiques ayant pour
finalité la dignité de la personne humaine, et partant la sécurité et la prévisibilité des règles
juridiques en fonction desquelles seront résolus les litiges et fixées les conséquences des
rapports d’ordre juridique entre les hommes et l’absence d’arbitraire, l’élaboration de la
règle de droit est le fait d’abord de la législation. En République démocratique du Congo,
la législation comprend, dans un sens large, des règles législatives, les actes réglementaires
et des traités internationaux. À côté se situent les règles d’origine coutumières.

84. Mais la règle de droit s’exprime aussi par la jurisprudence, quelles que soient les
controverses qui demeurent quant à la véritable valeur d’une décision de justice. En
troisième lieu, la doctrine joue encore un rôle important pour l’élaboration de la règle de

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lege ferenda, mais aussi de lege lata, par la recherche de l’interprétation de la règle légale
ou encore, et c’est le cas en droit positif congolais, de la règle coutumière. Le rôle de la
doctrine est davantage important dans la construction des théories juridiques d’où sont
dégagés les principes qui permettent ensuite, par déduction, de résoudre les problèmes qui
apparaissent sans qu’une règle légale ou coutumière en ait directement traité.
85. Les développements qui suivent traiteront successivement des sources normatives directes
(loi, coutume, traités internationaux,…), de la jurisprudence et de la doctrine. Loin d’être
hasardeuse, cette énumération obéit aux principes suivant lesquels devront être traitées les
différentes sources du droit dans un travail scientifique : la force normative de chacune des
sources (loi-coutume-jurisprudence-doctrine, etc.) et l’exigence de respecter le principe
hiérarchique au sein de différentes sources. Ainsi, la loi bénéficie d’une suprématie sur la
jurisprudence ; alors qu’au sein de la loi, l’acte législatif prime sur l’acte règlementaire ; le
traité international prime sur la loi interne alors qu’au sein des sources internationales
(traités, coutume), une règle de jus cogens (règle impérative de droit international) primera
sur les règles n’ayant pas cette qualité ; etc.

2.1. SOURCES NORMATIVES OU SOURCES DIRECTES


a. Bref aperçu des sources normatives directes
b. Exigences de la recherche normative
c. Références aux sources normatives
A. Bref aperçu des sources normatives directes
86. Lorsqu’on affirme que « tout fait quelconque de l’homme qui cause un dommage à autrui
oblige celui par le fait duquel il est arrivé à le réparer », ou encore qu’en RD Congo, « la
femme a droit à une égale représentation dans les institutions publiques », cela n’a besoin
d’aucune démonstration particulière. En revanche, on veillera à assortir ces affirmations
d’une référence, en privilégiant la référence normative directe. C’est donc l’article 258
CCLIII et l’article 14 de la Constitution de 2006 qui seront cités et non – comme on le voit
souvent – tel ou tel auteur (doctrine) ou encore des notes polycopiées d’un cours
universitaire (un cours n'est qu'une compilation de diverses ressources, des fois sans aucune
référence). Bien entendu, plus un énoncé scientifique sera précis, plus il nécessitera de
s’appuyer sur une source précise et surtout pertinente, c'est-à-dire une source directe à moins
qu’il n’en existe aucune. Mais qu’est-ce qu’une source directe ?
87. En principe, une source directe est celle qui ne se définit pas comme auxiliaire si l’on se
réfère aux qualificatifs utilisés dans l’article 38 du Statut de la Cour internationale de
justice7. En droit interne, il s’agira des sources dites instituées (voir art. 153 de la
Constitution de 2006), des sources principales ou tout simplement des sources directes.
Elles s’opposent alors aux sources interprétatives (jurisprudence, doctrine) et aux sources
pratiques issues généralement des contrats. En matière de contrat, le principe étant la liberté
des parties en vertu de l'article 33 du CCLIII.
88. Une source directe est donc celle qui renvoie à un texte de loi, à une règle coutumière ou
encore à une convention internationale applicable en RD Congo (art. 153 de la Constitution

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de 2006). Par conséquent l’œuvre de la doctrine (article ou ouvrage d’un auteur) ou une
décision de justice – peu importe qu’il s’agisse d’un arrêt de la Cour de cassation ou du
Conseil d’Etat – ne constitue qu’une interprétation (source interprétative) basée sur des
sources directes ; seules ces dernières restent les autorités de référence sur lesquelles doit
s’appuyer, en dernière instance, le travail scientifique ou toute argumentation en droit, en
particulier dans le système de droit romano-germanique auquel appartient le droit congolais
actuel.
89. Bien entendu, ce qui vient d’être dit peut-être modulé en fonction du sujet et du type de
travail à présenter. Si le sujet d’étude consiste à critiquer l’œuvre d’un auteur (commentaire
de texte) ou une décision particulière d’une juridiction (commentaire d’arrêt), c’est cette
œuvre ou cette décision qui constitueront alors les sources de référence. Par ailleurs, si un
raisonnement juridique s’appuie sur des affirmations de fait, ces affirmations doivent
reposer sur les sources aussi directes que possible et non sur des textes reprenant des
témoignages de deuxième ou de troisième main. Ainsi par exemple, un étudiant qui se
proposerait de travailler sur les massacres de Mutarule ne devrait pas se contenter des
données obtenues dans les rapports des ONG. Il devra plutôt se rendre sur les lieux et, par
une approche appropriée, procéder lui-même à la collecte d'informations.
90. Ainsi comprises, les sources directes sont celles qui édictent la norme. Dans le système
juridique de la République démocratique du Congo, ce sont les traités et accords
internationaux régulièrement conclus par la RD Congo, la loi entendue au sens large ainsi
que la coutume. Le traitement des traités et accords internationaux obéit à des règles
méthodologiques propres qui ne seront pas abordées dans le cadre de ce cours.
B. Exigences de la recherche normative
91. Des exigences particulières s’imposent au chercheur en droit désireux d’entreprendre et de
présenter un travail de haute facture scientifique. Ces exigences peuvent être internes à
chacune des sources normatives directes selon qu’il s’agit des traités internationaux (i); de
la loi (ii) ou de la coutume (iii). Elles peuvent en outre concerner les rapports entre ces
différentes sources : rapports entre traités et lois ; rapports entre coutume et lois ; etc. C’est
toute la question de l’articulation entre les sources normatives directes (iv).
i. Problèmes méthodologiques relatifs à l’utilisation des traités internationaux
92. « L’expression "traité" s’entend d’un accord international conclu par écrit entre Etats et régi
par le droit international, qu’il soit consigné dans un instrument unique ou dans deux ou
plusieurs instruments connexes, et quelle que soit sa dénomination particulière » (art. 2
Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des Traités). En ce qui concerne la
dénomination, on parle de Charte, Convention, Acte, Pacte, Accord, Protocole, etc. Nous
ne pouvons, dans ce cours consacré à la méthodologie, détailler l’ensemble des nombreuses
règles relatives au droit des traités. Celles-ci font l’objet du cours de Droit international
public (Troisième graduat en droit et en relations internationales). Mais considérant l’intérêt
manifesté par les étudiants à aborder des sujets de droit international, nous estimons
opportun de consacrer ici quelques développements sur certains problèmes relatifs à l’accès
aux sources conventionnelles ainsi qu’à leur traitement.
93. L’accès aux sources conventionnelles (traités internationaux) : Le premier problème qui
se pose lorsque l’on réalise une recherche en droit et qui implique le traité international

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concerne l’accès aux sources conventionnelles applicables : comment disposer du texte d’un
traité ?
94. Le moyen le plus direct et le plus authentique (sûr) sur le plan méthodologique consiste à
faire appel aux sources des Nations unies, qui reprennent théoriquement tous les traités
conclus entre les Etats membres de l’Onu. L’article 102 de la Charte de l’Onu dispose que
tout accord international conclu par un membre des Nations unies doit être enregistré,
« aussitôt que possible », au Secrétariat et publié par ce dernier. La publication assurée par
l’Onu permet donc de prendre connaissance de la plupart des traités conclus entre les
membres de cette organisation, pratiquement tous les Etats du monde.
95. Le Recueil des traités des Nations unies (RTNU) constitue une véritable ressource
permettant d’avoir accès à la plupart des traités à l’échelle internationale. S’il peut être
difficile d’accéder à la version dure de ce recueil, il l’est moins si l’on se rend sur le site
internet de l’Onu (UN.TREATY). Sa consultation s’avère indispensable pour tout travail
scientifique de droit international prétendant respecter en toute rigueur les exigences
méthodologiques.
96. C’est seulement pour les traités non encore publiés dans le RTNU qu’il peut être utile de se
référer à d’autres sources, notamment les sites officiels des Etats parties auxdits traités.
Certains traités auxquels la République démocratique du Congo est partie sont publiés au
Journal officiel. Pour les traités conclus dans le cadre des organisations régionales telles que
l’Union africaine, le chercheur peut se référer au site de cette organisation.
97. Enfin, il existe des recueils des traités internationaux élaborés par certains auteurs (Moise
CIFENDE et Stefan SMIS, Code de droit international et africain ; Eric DAVID et Cédric
VAN ASSCHE, Code de droit international public, 6ème éd., Bruxelles, Bruylant, 2016 ;
etc.). Ce type de recueil est précieux dans la mesure où il permet de consulter rapidement
le texte recherché.
98. L’utilisation des traités internationaux : l’usage judicieux des règles conventionnelles
(issues des traités internationaux) suppose que l’on réponde à quelques questions préalables.
On devra particulièrement déterminer :
- S’il s’agit réellement d’un traité international (cfr définition ci-dessus)
- Si le traité est en vigueur
- Si l’Etat contre lequel il est invoqué ou auquel on entend l’appliquer est réellement
partie
- si tout en étant partie, cet Etat n’a pas émis des réserves sur certaines dispositions,
notamment celles que l’on veut lui opposer ; etc.
ii. Problèmes méthodologiques relatifs à l’utilisation de la loi
99. La loi doit être entendue, pour les besoins de ce développement, dans son sens le plus large :
constitutions, lois organiques, lois référendaires, lois ordinaires, mesures règlementaires
(ordonnances, décrets, arrêtés, décisions, etc.). Les problèmes que pose la recherche
juridique par rapport à l’utilisation des textes de loi concernent d’abord l’accès à ces
ressources et ensuite leur utilisation judicieuse.
100. Comment accéder aux textes de loi : Généralement les textes de lois (lois
fondamentales, lois ordinaires, ou différents actes de l’exécutif) sont publiés pour que les
particuliers et même l’administration en prennent connaissance. Il existera, dans chaque

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Etat, un organe de publication. En République démocratique du Congo, les textes
constitutionnels, légaux et règlementaires sont publiés au Journal Officiel de la République.
Il suffira donc de se référer au numéro approprié dudit Journal pour accéder à un texte de
loi ou un texte règlementaire particulier. Il convient de souligner que les textes de lois
(Edits) et règlementaires provinciaux sont publiés dans le Bulletin officiel.
101. Les textes législatifs et règlementaires peuvent par ailleurs être trouvés dans des recueils
divers. Il existe ainsi en République démocratique du Congo des codes qui reprennent, en
les rangeant selon diverses branches du droit, les différentes lois et mesures règlementaires :
les Codes Piron qui reprennent les textes ayant régi le pays durant toute la période coloniale ;
les Codes Larcier pour la République démocratique du Congo contiennent aussi la plupart
des textes législatifs en vigueur actuellement. Enfin, il existe des sites non officiels qui font
un travail immense de recueil et de diffusion des textes législatifs et règlementaires
congolais ; on citera particulièrement LEGANET et LEXADIN (The World Law Guide).
S’il existe des sites officiels (Assemblée nationale ; Présidence ; Sénat ; etc.), on notera
qu’ils ne sont d’aucune utilité pour la recherche : non seulement ils ne contiennent que très
peu de données mais en plus ils ne sont que très rarement mis à jour.
102. L’utilisation des ressources législatives et règlementaires dans un travail de
recherche : Nous savons déjà qu’une recherche en droit ne vaut tout son pesant d’or que
dans la mesure où elle se nourrit suffisamment des ressources normatives directes.
L’utilisation de ces ressources devrait néanmoins correctement être faite. Le chercheur
devra ainsi être attentif sur certains aspects :
- Quelle est la place de la norme pertinente dans la hiérarchie des textes de lois : s’agit
d’une norme constitutionnelle ou plutôt d’une décision d’un bourgmestre de commune ;
- S’agit-il d’une mesure générale ou d’une mesure particulière et individuelle
(nomination d’un chef de division par exemple) ;
- Le texte est-il toujours en vigueur : rien ne peut être aussi inquiétant que de mener toute
une recherche et de rédiger un travail sur la base d’une loi ou d’une mesure
réglementaire abrogée ! Il convient d’avoir à l’esprit que de la même manière qu’un
texte peut être abrogé dans son intégralité, certaines de ses dispositions peuvent l’être.
- Dans une recherche de droit comparé, il faut bien se rassurer que les concepts sont
utilisés dans le même sens dans les deux ou plusieurs systèmes comparés. Par exemple,
« Ordonnance », « Décret », « Décret-loi », « Enfant légitime », etc. ont-ils le même
sens en RD Congo et au Rwanda ou en France ?
- A-t-on consulté la source officielle (authentique) du texte. On s’étonne de trouver dans
plusieurs travaux présentés par des étudiants en droit que ceux-ci invoquent des textes
de lois, mais en mentionnant un auteur et non le numéro du Journal officiel pertinent !
- Etc.
iii. Problèmes relatifs à l’invocation et à l’utilisation des règles de droit coutumier
103. La coutume est sans doute la source à propos de laquelle se posent le plus de problèmes
en ce qui concerne la recherche scientifique en considération de son caractère oral et trop
flexible. Il s’avère généralement difficile d’établir l’existence d’une règle coutumière. La
deuxième série de difficultés réside, en ce qui concerne particulièrement la République
démocratique du Congo, dans son caractère isolé et limité à un cercle culturel donné.

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 20


104. En ce qui concerne l’établissement de la règle coutumière, rappelons que la coutume est
une source de droit qui résulte d’une pratique généralement suivie depuis des temps
immémoriaux et « acceptée comme étant le droit ». Pour établir l’existence d’une règle
coutumière, l’on devra dès lors recourir à la théorie des deux éléments constitutifs : une
pratique habituelle et générale (limitée à la taille de la société considérée) d’une part, et le
sentiment que cette pratique est justifiée par la conscience de se conformer à une obligation
juridique, d’autre part.
105. Deux observations : la pratique prise en compte peut consister en une action
(comportement actif) mais aussi en une omission (comportement passif), l’abstention
pouvant, en certaines circonstances, être équivalente à une pratique. En deuxième lieu, il
convient de préciser que l’on ne sait pas trop tenir rigueur à la durée. Si la coutume est
généralement une pratique immémoriale, elle pourrait résulter en certaines circonstances
d’une pratique limitée dans le temps. Toute la question est d’accéder à ces pratiques dès
lors, qu’en principe, elles se transmettent de manière orale.
106. Il nous semble qu’une deuxième série de difficultés relatives aux règles coutumières
tient à leur caractère « particulier » ; en effet, il est difficile d’affirmer l’existence des règles
coutumières s’appliquant généralement dans toutes les sociétés congolaises. Alors que la
loi est unique, par conséquent générale, la coutume est plutôt ethnique. La conséquence est
prévisible lorsque le chercheur doit s’adresser à un auditoire étranger à la communauté
ethnique sur les coutumes de laquelle il fonde ses affirmations. Des difficultés analogues
peuvent surgir si le chercheur doit s’aventurer à établir des règles coutumières d’une société
qui lui est « étrangère ».

iv. Articulations entre les sources normatives directes


107. La question est ici de déterminer les rapports susceptibles d'exister entre la loi et les
traités internationaux d'un côté et entre la loi et la coutume de l'autre. La détermination de
ces rapports s'impose dans le système juridique congolais construit sur le monisme juridique
: la loi (écrite ou orale) et les traités internationaux font partie du même système et peuvent
également être appliqués par le juge (art. 153 de la Constitution de février 2006). Par
ailleurs, la loi écrite étant généralement perçue comme l'expression la plus évoluée de la
norme, il est nécessaire de considérer ses rapports avec les règles coutumières, modes plutôt
primitifs d'expression de la norme juridique.
108. Le constituant congolais est on ne peut plus clair quant aux rapports entre les traités
internationaux et la loi (norme législative et règlementaire interne). L'article 215 de la
Constitution de 2006, qui reprend une disposition présente dans les constitutions antérieures
depuis 1967 (art. 68 ; art. 76 après la révision de 1974 ; art.109 issue de la CNS ; art. 193
de la Constitution de la transition ; etc.), précise: « Les traités et accords internationaux
régulièrement conclus ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois,
sous réserve pour chaque traité ou accord, de son application par l’autre partie ».
109. Cette disposition confère une valeur supérieure à celle des lois, mais à trois conditions :
une conclusion régulière (ratification, adhésion, conclusion, approbation, etc.) ; la
publication, celle-ci devant être faite au Journal Officiel si l'on se réfère au droit comparé
(Rwanda) et à la pratique observée en RD Congo (Journal officiel, numéro spécial, 1999 et

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 21


2002); la réciprocité dans l'application. Cette dernière condition n'est toutefois pas
pertinente dans la mesure où la plupart des traités directement applicables sont
humanitaires. Or pour ce genre de traités, aucun Etat partie ne peut en suspendre
l'application en application de la réciprocité (art. 60 Convention de Vienne du 23 mai 1969
sur le droit des traités).
110. La question du rapport de supériorité entre les traités et la Constitution est fort
controversée et divise les juristes publicistes. Les publicistes internistes ou souverainistes,
défenseurs de la supériorité de la Constitution sur les traités internationaux, affirment que
la Constitution donne aux traités une valeur supérieure à celle des lois et non à celle de la
constitution. En outre, c'est le droit interne qui définit les conditions de réception du droit
international. Cette position est confortée par la jurisprudence administrative française.
Dans son arrêt du 30 octobre 1998 dans l'affaire Sarran, Levacher et autres, le Conseil
d'Etat affirme que la suprématie conférée aux engagements internationaux ne s'applique pas
aux dispositions de nature constitutionnelle. Dans le même sens, l'arrêt de l'Assemblée
plénière de la Cour de Cassation dans son arrêt du 2 juin 2000 dans l'affaire Mademoiselle
Pauline Fraisse.
111. En revanche, les publicistes internationalistes estiment que le droit international est
supérieur à l'ensemble du droit interne, fût-il constitutionnel. Cette thèse est fondée sur le
fait que l'Etat qui accepte de se lier par les traités limite sa souveraineté en vertu du principe
selon lequel "pacta sunt servanda" et surtout par l'impossibilité d'invoquer le droit interne
- même constitutionnel - pour se soustraire aux obligations de droit international. En effet,
l'article 27 de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités précise qu' "une partie
ne peut invoquer les dispositions de son droit interne comme justifiant la non-exécution
d'un traité". C'est donc très logiquement que la constitution de la République démocratique
du Congo dispose qu'en cas de conflit entre une norme internationale et une disposition de
la constitution, c'est bien celle-ci qui devra être révisée avant la ratification du traité. La
constitution doit donc se conformer au traité.
112. Le point de vue selon lequel le droit international primerait sur les normes
constitutionnelles est soutenu par plusieurs auteurs et même par des personnalités relevant
de la sphère juridictionnelle. Dans ce sens, Jean-Pierre Puissochet, Conseiller d'Etat et juge
à la Cour de justice des communautés européennes lorsqu'il parle du droit communautaire
qui est sans conteste une branche du droit international public. On ne peut manquer de citer
Jean Paul Costa pour qui, s'appuyant sur un avis de la CIJ donné en 1988, le traité l'emporte
sur toute norme de droit interne, fût-elle de valeur constitutionnelle, faute de quoi le droit
international public se nierait lui-même, ou tout au moins édulcorerait régulièrement la règle
fondamentale "Pacta sunt servanda"8.
113. Quant aux règles coutumières, leur validité s'apprécie pour autant qu'elles complètent la
loi écrite dans certaines modalités de mise en œuvre comme en matière de dot ou de
fiançailles ou qu'elles viennent combler les lacunes des normes écrites. En cas
d'incompatibilité entre règles légales et normes coutumières (coutumes contra legem),
celles-ci sont tout simplement écartées.

8
Lire T. MALONGA, Méthodologie juridique. Le législateur, le juge et le chercheur, Notes de Cours, Butembo, 2006, pp. 88-
89.

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 22


C. REFERENCES AUX SOURCES NORMATIVES DIRECTES9
114. La manière de faire référence aux textes législatifs (y compris les instruments
internationaux) dépendra largement des usages en vigueur dans les ordres juridiques
auxquels appartiennent les dispositions citées : même si pour les règles de droit international
ou de droit communautaire comme pour les règles de droit interne, l'ordre de présentation
des éléments que comporte la référence procède du plus général au plus particulier, il faut
néanmoins constater que diverses mentions qui la composent ne sont point identiques.
115. De manière générale, lorsque plusieurs références de textes normatifs doivent figurer à
la suite les unes des autres dans une même note, il importe de les présenter dans l'ordre de
classement le plus adapté au sujet traité. On privilégiera ainsi tantôt le classement
chronologique, tantôt le classement hiérarchique, tantôt encore celui qui fera
successivement apparaitre les normes qui relèvent des divers ordres juridiques en cause.
C.1. Les références aux dispositions législatives et règlementaires
116. Le renvoi aux différentes dispositions de droit interne obéit à des indications précises :
- en règle générale, la rédaction d'une référence de législation doit comporter une série
d'éléments qui permettent d'identifier le texte cité et la publication qui le reproduit. Leur
mention se révèle en effet indispensable pour aider le lecteur à retrouver facilement la
source citée ;
- toutes les dispositions législatives ne doivent cependant pas toujours être citées de manière
aussi complète. Certaines d'entre elles peuvent faire l'objet de références simplifiées car le
lecteur est présumé pouvoir mettre la main sur le texte à l'aide des seules mentions qui
figurent dans la référence. Comme on peut s'en rendre compte, il s'agira ici des textes les
plus courants ou des textes spécifiques voire uniques tels que la constitution.
c.1.1. La référence complète
117. Une référence complète à un texte de loi comprend deux éléments importants :
l'identification du texte et celle de l'organe de publication où ce texte peut-être retrouvé.
118. L'identification du texte se fait en énonçant les caractéristiques de l'acte qui le contient.
La détermination de cet acte ne pose en général guère de problème. Des hésitations peuvent
toutefois survenir quand il s'agit d'identifier un texte qui a été modifié. A cet égard, un
principe mérite d'être rappelé : lorsqu'un acte normatif modifie une disposition contenue
dans un acte antérieur, la disposition ainsi modifiée s'insère dans l'acte originel et en devient
partie intégrante. Pareille règle postule dès lors que lorsqu’il est fait référence à une
disposition modifiée, il n’est pas d’usage d’indiquer les caractéristiques de l’acte qui l’a
modifié, la référence à l’acte originel suffit.
119. L’identification du texte comprend plusieurs mentions, à présenter dans l’ordre suivant :
a. La nature de l’acte, généralement en abrégé : ainsi, et pour reprendre les différentes
mesures dans leur ordre hiérarchique, il pourra s’agir des actes suivants :
- La constitution ;
- Les lois organiques, les lois ordinaires,
- Les ordonnances-lois (décrets-lois)

9
Lire L. INGBER (dir.), Guide des citations, références et abréviations juridiques, 2ème éd., Bruxelles, Kluwer-Bruylant,
1994, pp. 21ss.

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- Les ordonnances (les décrets) présidentiels
- Les arrêtés ministériels
- Les arrêtés provinciaux ;
- Les décisions (local) ;
- Etc.
Exemple : Loi (L) du 9 janvier 2009 portant protection de l’enfant,
b. La date de l’acte avec, précédé dans la plupart des cas de l’article « du », l’indication du
jour en chiffres arabes, du mois écrit en lettres et abrégé s’il comporte deux syllabes ou
plus, et enfin de l’année mentionnée en entier, également en chiffres arabes.
c. L’intitulé complet de l’acte tel qu’il figure dans sa version officielle. Même lorsque le
titre de la disposition est libellé en des termes particulièrement longs, il ne peut jamais
être abrégé. Ex : A. Gouv. Comm. Fr. du 6 nov. 1993 modifiant les arrêtés royaux du
17 août 1937 portant création du brevet d’assistant ou d’assistante en soins hospitaliers
et fixation des conditions de collation de ce brevet, du 17 août 1987 portant fixation des
conditions de collation des diplômes d’accoucheuse, d’infirmier ou d’infirmière et du 9
juillet 1960 portant fixation des conditions de collation du brevet d’infirmier ou
d’infirmière et de l’exercice de la profession, M.B., 21 janv. 1994, p.1265.
d. Le ou les articles s’il échet, éventuellement suivi(s) de leurs adverbes numéraux (bis,
ter, …), du paragraphe, de l’alinéa ou d’autres divisions qu’aurait établies l’auteur du
texte. Ex : Decr. Comm. germ. du 16 juin 1986 fixant les conditions de reconnaissance
des radios locales libres, art. 3, §2, al.3,
120. L’identification de la publication mentionnera obligatoirement la référence au recueil
officiel, accessoirement la référence à un autre recueil des lois. Les intitulés de ces ouvrages
(recueil des textes législatifs) seront soulignés dans un texte manuscrit et apparaitront en
caractères italiques lors de l’impression.
a. Le renvoi au recueil officiel, c'est-à-dire à la publication créée pour donner à la règle sa
force obligatoire, est indispensable. Deux publications officielles sont actuellement
prévues par le législateur congolais : le Journal officiel pour les textes législatifs et
réglementaires nationaux et le Bulletin officiel pour les édits et textes réglementaires
provinciaux. La référence au Journal officiel de la RDC comprend la mention du
recueil en abrégé (J.O. ou J.O RDC) suivie du rang (n°) de l’édition (ou éventuellement
la mention N° spécial), du mois en toutes lettres, de l’année, des pages sur lesquelles se
trouve le texte cité. La référence au Bulletin officiel devrait indiquer en abrégé le titre
du recueil (B.O) suivie du n°, du mois, de l’année de publication et de la mention des
pages (pp.) qui contiennent la mesure citée.
b. Outre le renvoi à la publication officielle, il peut être opportun de mentionner d’autres
recueils chronologiques de législations tels que les Codes Piron ou Larcier par
exemples. Dans ce cas, la référence reprendra successivement le titre du recueil, l’année
de parution du recueil, la partie s’il s’agit d’une publication divisée en plusieurs parties
(volume ou tome), la page (pages) ou le numéro.
c.1.2. La référence simplifiée
121. Toutes les références aux textes de lois ne sont pas à rédiger suivant le schéma qui vient
d’être résumé ci-dessus. Certaines règles de droit peuvent être citées de manière simplifiée

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 24


lorsque les mentions abrégées permettent à coup sûr de les identifier. C’est le cas pour les
textes qui ont fait l’objet d’une codification ou d’une coordination et qui portent un intitulé
simplifié que l’autorité normative a spécialement fixé.
122. La référence simplifiée ne comportera plus alors que les indications (souvent en abrégé)
de la dénomination officielle du texte et de l’article, éventuellement suivi de la mention de
son adverbe numéral, du paragraphe, de l’alinéa ou de toute autre division établie par
l’auteur du texte. Quant à l’ordre dans lequel ces indications doivent figurer, certains auteurs
respectent la règle générale de présentation des mentions qui commande de procéder du
plus général au plus particulier, d’autres précisent les indications de l’article avant de
mentionner l’identité de l’acte. Nous privilégions la première manière c'est-à-dire celle qui
procède du général au particulier.
123. Une précision s’impose encore. Elle est relative à la manière dont il convient de citer les
textes constitutionnels suite à la révision intervenue en 2011. Afin d’éviter toute confusion
au sujet des dispositions révisées, il est proposé, dans un premier temps tout au moins, de
mentionner en abrégé l’intitulé officiel de l’acte (Const. rév.) et l’article dans sa nouvelle
numérotation. L’abréviation Const. tout court renverrait alors au texte tel qu’il figure dans
la Constitution de février 2006.
124. Si dans un travail, une même disposition législative ou réglementaire doit être citée
plusieurs fois, une référence simplifiée est également admissible si toutefois, lors de la
première mention de la citation abrégée, la référence complète au texte législatif ou
réglementaire peut être retrouvée sans hésitation.
C.2. Références aux dispositions d’origine internationale et communautaire
125. Pour rédiger les références aux dispositions internationales ou communautaires, il faut
nécessairement tenir compte des usages particuliers en vigueur dans les ordres juridiques
auxquels appartiennent les règles citées.
126. Ainsi, pour les règles d’origine internationale qui ont effet en République démocratique
du Congo (voir art. 153 de la Constitution de 2006 telle que révisée en 2011), on
mentionnera :
- la nature de l’acte : traité, convention, protocole, charte, etc.
- le lieu et la date de la signature de l’acte,
- l’intitulé de l’acte (l’objet)
- éventuellement, la nature et la date de la décision interne d’approbation ou
d’autorisation de ratifier conformément à l’article 214 de la Constitution de 2006 ;
- la référence au JO ;
Pour les exemples, les étudiants seront invités à en chercher dans la pratique congolaise.
127. Quant au droit dérivé, c'est-à-dire l’ensemble des actes adoptés par les institutions
(organes) des organisations internationales auxquelles est partie la RD Congo (Onu, UA,
CEPGL, etc.), la meilleure façon de s’y référer est, sans conteste, de prendre exemple sur
les recueils officiels qui les publient.

C.3. Les références aux travaux préparatoires


128. Les travaux préparatoires regroupent les écrits qui ont entouré la préparation et
l’adoption des règles de droit. Seuls les écrits les plus significatifs font l’objet d’une

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 25


publication. On examine ici la manière de renvoyer le lecteur à certains documents qui ont
servi de base aux dispositions élaborées ou qui reprennent les discussions tenues en séance
publique.
129. Bien qu’ils ne constituent pas à proprement parler des références aux travaux
préparatoires, on fait également état ici des renvois aux réponses que les ministres apportent
aux questions que les membres des assemblées posent au pouvoir exécutif quant à
l’interprétation et à l’application de la législation.

2.2. LA JURISPRUDENCE : SOURCE PRIVILEGIEE DANS L’ANALYSE DU


RAISONNEMENT JURIDIQUE
2.2.1. Notions, rôle et publication de la jurisprudence
2.2.2. Présentation, structure et portée des décisions du juge
2.2.3. Les références à la jurisprudence congolaise et internationale

2.2.1. Notions, rôle et publication de la jurisprudence

130. La notion de jurisprudence (science du droit) peut être définie de plusieurs manières :
- Il s’agit, en premier lieu, de l’ensemble des décisions de justice rendues pendant une
certaine période soit dans une matière (jurisprudence immobilière), soit dans une
branche du Droit (jurisprudence civile, fiscale, etc.), soit dans l’ensemble du droit.
- Ensemble des solutions apportées par les décisions de justice dans l’application du Droit
notamment dans l’interprétation d’une règle de droit quand celle-ci est obscure) ou
même dans la création de la règle (quand il faut compléter la loi, suppléer une règle qui
fait défaut), répertoire.
- Habitude de juger dans un certain sens et lorsque celle-ci est établie (on parle de
jurisprudence constante, fixée), résultat de cette habitude : solution consacrée d’une
question de droit considérée du moins comme autorité, parfois comme source de droit,
particulièrement dans le système de la Common Law.
131. Bref, la jurisprudence est donc la solution suggérée par un ensemble de décisions
suffisamment concordantes rendues par les juridictions sur une question de droit10. C’est,
en des termes plus simples, l’ensemble des décisions de justice ayant acquis la force de
chose jugée qui interprètent la loi ou en comblent les lacunes.
132. Ainsi comprise, la jurisprudence est la source du droit qui permet au chercheur de se
familiariser le plus rapidement avec le raisonnement juridique. Elle constitue un outil
précieux pour découvrir le raisonnement des juges. Elle permet en plus de comprendre la
manière dont les juges forment leurs opinions et rendent jugement à partir du droit en
vigueur. De ce fait, la jurisprudence est une source privilégiée d’apprentissage du
raisonnement juridique.
133. La jurisprudence remplit plusieurs rôles dont les principaux sont :
- Un rôle interprétatif : il incombe au juge, fidèle serviteur de la loi, de trancher le litige qui
lui est soumis par l’application du texte légal. Or, dans la mesure où elles sont rédigées en

10
R. GUILLIEN et J. VINCENT (dir.), Lexique des termes juridiques, 13ème éd., Paris, Dalloz, 2001, v° jurisprudence.

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 26


des termes généraux et abstraits voire ambigus, les règles de droit doivent être interprétées
pour qu’elles soient applicables à un cas concret et précis.
- Un rôle supplétif : lorsque le juge se trouve en présence d’une situation non expressément
réglementée par la loi ni par la coutume, il ne peut s’abriter derrière ce silence au risque de
commettre un déni de justice.
- Un rôle évolutif : l’application des règles au différend qui lui est soumis permet au juge
d’adapter le contenu de celles-ci à l’évolution de la vie en société.
- Un rôle incitatif : par ses décisions, le juge attire parfois l’attention du législateur sur la
nécessité d’intervenir en vue d’opérer l’une ou l’autre réforme ou de combler certaines
lacunes dans la loi.
134. En dépit de son importance, la jurisprudence demeure généralement et largement
inédite. Ceci est particulièrement vrai pour la RDC. Il a existé dans le pays une Revue
juridique qui publiait régulièrement les décisions de justice les plus importantes. Celle-ci a
malheureusement cessé de paraitre depuis fort longtemps. Seul le Bulletin des Arrêts de la
Cour suprême de Justice a continué de paraitre au cours de dernières années. En 2010, le
service de documentation du ministère de la justice a publié un numéro du Bulletin courant
la période de 2004 à 2009.
135. Il existe cependant des recueils de jurisprudence publiés par des particuliers soit sous
forme des publications scientifiques, soit comme des simples recueils à l’intention du public
le plus large. Il en résulte que la jurisprudence congolaise est mal connue même des
magistrats. Il en est ainsi du Recueil Kazi qui publie quelques décisions rendues en matière
de travail

2.2.2. Présentation, structure et portée des décisions du juge

136. Les décisions de justice reproduites dans des revues de jurisprudence sont assorties de
divers éléments destinés à les présenter. Certains de ces éléments servent à l’identification
de la décision tandis que d’autres ont pour but d’en faciliter la lecture. Parmi les éléments
d’identification, on retiendra la fiche d’identité des acteurs de la décision et des noms des
parties. La fiche d’identité comprend :
- le nom (souvent en abrégé) de la juridiction, voire de la chambre qui a rendu la décision,
de la localité où elle siège ainsi que de la date à laquelle le jugement ou l’arrêt a été
rendu. Exemple : Tribunal de grande instance de Bukavu, (TGI, Bukavu), jugement du
18 mai 2004 ; Cour d’Appel de Kigali, (CA, Kigali, arrêt du 23 janvier 2008),
- les acteurs de la décision, c'est-à-dire toutes les personnes qui ont participé à
l’élaboration de ladite décision. Ce sont les juges qui ont rendu la décision, le ministère
public et le greffier. Exemple : Siégeaient Dieudonné Mukengule, Président, Jean
Marcel Mukendi et Emmanuel Shamavu, Juges, avec le concours du ministère public
représenté par Saleh Katamba, Substitut du Procureur de la République et avec
l’assistance de Takizala Mushagalusa, Greffier ; Siégeaient MM Ntahanvukiye,
Président, Higiro et Habyarimana, Juges.
- l’identité des parties : il s’agit des personnes opposées dans et à l’occasion du litige.
Dans certains cas où la discrétion est de mise, les parties seront désignées par les initiales

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 27


de leurs noms respectifs. Les noms des parties sont séparés par la lettre C (contra). Le
premier nom est celui du demandeur (partie civile, citante ou appelante) tandis que le
deuxième est celui du défendeur (prévenu, cité, ou intimé). Exemples : Ministère public
et Partie civile Milinganyo Wamunzila C/ Prévenu Ndirira M’Karusha ; BANALCO c/
Rusatira.
137. Notice ou sommaire de la décision : le sommaire de la décision est souvent rédigé en
italiques à l’initiative de l’éditeur. Il s’agit d’un résumé paraphrasé de la décision originale.
Exemple : Le licenciement d’un employé sous contrat à durée indéterminée ne peut être
considéré comme abusif lorsqu’il a été précédé d’un avertissement sérieux et accompagné
d’un préavis de licenciement ainsi que du paiement d’un décompte final. Les dommages et
intérêts ne sont dus qu’en cas de licenciement sans préavis. Il faut cependant noter que la
lecture du sommaire ne suffit pas à elle seule pour la compréhension de la décision intégrale.
Le sommaire ne se préoccupe pas de certaines nuances, distinction et réserves que comporte
la décision. Parfois il ne reflète même que très approximativement la décision en lui donnant
une portée beaucoup trop générale.
138. Structure de la décision : Toute décision rendue par une juridiction de fond comporte
deux parties : les motifs et le dispositif.
139. Les motifs : aux termes de l’article 21 de la Constitution de la RDC (2006), « Tout
jugement doit être écrit et motivé ». L’obligation de motiver toute décision de justice est
une garantie contre l’arbitraire du juge. Elle s’impose comme preuve que le magistrat a
examiné soigneusement les moyens qui lui étaient soumis. Les motifs se subdivisent en
visas, préalables et examens des moyens :
- Les Visas : il s’agit des parties de la décision introduites par le participe passé « vu ». Les
visas fournissent les informations relatives à l’état de la procédure, les antécédents de la
cause : citations à prévenu, dépôt des pièces légalement requises et des conclusions des
parties, notes de plaidoiries,…S’il s’agit d’une décision sur recours, mention est faite de la
décision rendue par le premier juge et de l’acte par lequel le recours a été introduit (exemple
: Vu le jugement n° RC 481/75/K rendu contradictoirement en date du 22 janvier 1976 par
le Tribunal de Première Instance de Kigali dont le dispositif…).
- Les préalables : sont introduits par le participe passé « Attendu » et résument les faits
pertinents de la cause, c'est-à-dire les faits de nature à influencer la décision du juge. Les
préalables mentionnent aussi les prétentions et les moyens des parties. Lorsque la décision
est rendue sur recours, ils évoquent les argumentations des parties devant le premier juge.
- L’examen des moyens des parties : le juge examinera la pertinence des moyens de
chaque partie en les confrontant à la réalité des faits et aux exigences de la règle de droit. A
l’issue de cet examen, le juge prend naturellement position. Il fait droit, en tout ou en partie
en faveur de l’une des parties en cause.
140. Le dispositif : c’est la solution que le juge impose aux parties comme étant celle
qu’exige l’application de la règle de droit ou tout simplement du bon sens. Le dispositif est
introduit par l’expression « Par ces motifs ». Il constitue pour les parties, l’élément essentiel
de la décision. Il comporte un certain nombre d’éléments : la mention précisant si la
juridiction a statué contradictoirement ou par défaut ; la référence aux dispositions légales

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 28


pertinentes qui fondent la solution de la cause et enfin la décision finale et les conséquences
que la juridiction tire de l’affaire à charge ou au profit de chacune des parties.
141. Portée des décisions de justice. Les conseils pratiques qui suivent ont pour seul but
d’amorcer un apprentissage qui devra se poursuivre tout au long des études de droit et
s’affiner avec constance durant la carrière de juriste. En pratique, la lecture des décisions,
surtout lorsqu’elles sont longues, tend souvent à privilégier l’analyse des motifs sensu
stricto. Deux observations doivent être faites à ce niveau :
- On ne s’attache qu’aux seuls motifs déterminants, c'est-à-dire ceux qui constituent le
soutien nécessaire au dispositif ;
- On évitera de donner à la motivation une portée qu’elle ne saurait avoir, celle d’une
règle générale, impersonnelle et abstraite. Les motifs n’ont d’autre fonction que celle de
justifier une décision particulière, individuelle et concrète. Il faut en effet garder à
l’esprit que la décision du juge est toujours une réponse à une question qui lui est posée
(les moyens) au sujet des circonstances bien déterminées (les faits). D’où importe-t-il
de lire très attentivement les faits de la cause et ensuite seulement les moyens du juge.
142. Après cette démarche, il convient pour être complet, de placer la décision par rapport à
la jurisprudence existante sur le sujet : s’inscrit-elle dans la logique des décisions
antérieurement rendues par d’autres juges (solution unanimement admise) ou bien au
contraire adopte-t-elle une option tout à fait divergente (revirement de la jurisprudence).
Pour apprécier la conformité ou la non-conformité d’une décision de justice à la tendance
jurisprudentielle existante, deux critères sont de mise :
- Le critère hiérarchique : quelle est la position de la cour de cassation ?
- Le critère chronologique : quelle est la décision antérieure.

2.2.3. Les références à la jurisprudence congolaise et internationale : comment


présenter la référence à une décision de justice
143. Dans les travaux de doctrine (ouvrage, thèse, mémoire, etc.), les références à la
jurisprudence sont mentionnées en notes de bas de pages. Lorsqu’une note de bas de page
contient elle-même une référence, cette dernière sera placée entre parenthèses, de
préférence à la fin de la phrase pour en faciliter la lecture. Dans la pratique judiciaire –
jugements, arrêts, conclusions – les références peuvent figurer dans le corps du texte, isolées
par des parenthèses.
144. Les références à la jurisprudence seront faites de diverses manières selon que l’on a en
face une décision rendue par une juridiction nationale ou une décision rendue par une cour
communautaire ou encore une juridiction internationale.

2.2.3.1. Références à la jurisprudence des juridictions nationales


145. L’ordre de présentation d’une référence à un arrêt, un jugement ou une ordonnance
respectera les principes suivants :

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 29


2.3. La doctrine

2.3.1. Notion et rôle de la doctrine


2.3.2. Consultation de la doctrine

2.3.1. Notion et rôle de la doctrine

146. La doctrine juridique recouvre l’ensemble de publications des juristes les plus qualifiés
selon l’expression du Statut de la Cour internationale de Justice (voir article 38 du Statut de
la CIJ). La doctrine est le droit commenté, explicité, interprété, critiqué, à l’issue d’un
travail d’érudition. La doctrine est soit de lege lata ou de lege ferenda. La première se borne
à l’étude des textes des lois existant et la manière dont ils sont mis en oeuvre. La seconde
quant à elle se veut plus critique et suggestive en ce qu’elle part de la situation juridique
actuelle pour suggérer au législateur ce que devrait être la loi.

2.3.2. Consultation des ressources de la doctrine

147. De nombreux chercheurs entament leurs investigations par la consultation de la doctrine


avant de s’intéresser à la législation et à la jurisprudence. En effet, les études doctrinales
donnent une vision plus ordonnée, claire et synthétique sur une question déterminée. Ainsi,
ayant recueilli la documentation nécessaire au moyen des techniques appropriées, le
chercheur en droit doit l’exploiter de la manière la plus judicieuse. Cette manière judicieuse
signifie concrètement :
i. Il faut d’abord repérer, si possible, les ouvrages plus généraux (lorsqu’ils existent et
qu’il n’y a pas à première vue de textes plus spécifiques sur la question sous
examen). Ces ouvrages généraux peuvent des fois référer sur les publications plus
spécifiques. C’est ainsi que les grands traités de doctrine contiennent une foule de
références utiles et peuvent être, sur certaines questions, un bon point de départ pour
trouver la législation, la réglementation, la jurisprudence. C’est le principe du «
général au particulier ».
ii. Le second principe est dit « de l’enseignement à la thèse ». En vertu de ce principe,
il est recommandé de lire la documentation sur la lex lata avant de se lancer dans
l’exploitation des ressources de lege ferenda.
148. Mais attention cependant, qu’ils soient généraux ou spécialisés, les ouvrages ne sont pas
des bibles, et ne peuvent aucunement dire le dernier mot sur un sujet. Il faut les utiliser pour
ce qu’ils sont et apprendre à en tirer ce qu’ils peuvent offrir. Il est donc préférable, dans
chaque cas, de chercher à aller plus loin, de vérifier les informations ainsi obtenues et de
compléter, spécialiser ou corriger le tir pour bien cerner le problème sous étude.

2.4. La coutume : caractère et importance

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 30


149. Dans le contexte du droit positif congolais, les coutumes ont constitué et constituent
encore des règles de droit qui peuvent être orales ou qui ont subi un processus de
systématisation (codification). La coutume se définit généralement comme une pratique
suivie de façon incontestée depuis un temps immémorial dans une société donnée. Cette
pratique est fondée sur la conscience de l’existence d’une obligation juridique. La pratique
peut consister en la répétition d’un comportement ou en l’abstention à poser tel acte.
150. L’importance de la coutume dans les sociétés congolaises et africaines est indiscutable.
La plupart des tribus du Congo restent largement régies des coutumes, la loi écrite d’origine
occidentale étant souvent soit mal connue soit inadaptée à la résolution des litiges (on peut
citer l’exemple des différends portant sur la sorcellerie, la problématique du divorce et de
la dot, des successions, etc). Ceci est vrai aussi bien en milieux ruraux que dans les villes
où les citoyens recourent plus facilement à leurs coutumes pour régler les litiges entre eux.
151. Il faut néanmoins souligner que le rôle de la coutume est secondaire en droit interne
congolais. La coutume se précise et n’est invocable que relativement à la loi : soit lorsque
la loi est muette soit lorsque la coutume vient la complèter. Le chercheur en droit, à un titre
différent de ceux d’autres sciences sociales, devrait s’intéresser aux pratiques coutumières
pour constater l’écart combien énorme entre la législation et la pratique sociale quotidienne,
cette pratique étant le plus souvent influencée par des coutumes.

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 31


TITRE III
LES PHASES DE LA RECHERCHE ET DE LA REDACTION D’UN TRAVAIL
SCIENTIFIQUE EN DROIT
(Rédaction et présentation d’un travail scientifique)

152. Les données ou les résultats de la recherche doivent être systématisées, traitées et
présentées de manière cohérente dans un travail de systématisation. Il appartient au
chercheur de procéder à un exposé systématique du droit et de réunir des éléments épars de
l’ordre juridique en ensembles cohérents et harmonieux. La systématisation du droit passe
par plusieurs phases dont les principales sont la récolte des données et leur traitement
(rédaction). Ces deux phases exigent l’indication des sources d’inspiration de l’auteur de la
recherche. En ce qui nous concerne, nous distinguerons les phases de la recherche et celles
de la rédaction proprement dite.

3.1. LES PHASES DE LA RECHERCHE

153. La recherche passe par la construction d’un projet de recherche, la collecte de la


documentation et l’exploitation des données récoltées.

3.1.1. La construction d’un projet de recherche

154. Plusieurs expressions servent à désigner ce que l’on appelle projet de recherche. L’on
parlera par exemple de cadre de référence, de cadre d’analyse, de méthodologie de la
recherche ou encore de la démarche méthodologique. Celui-ci indique très clairement qu’il
ne s’agit pas de la réalisation ou de l’actualisation de la recherche, mais plutôt de ce que
l’on veut entreprendre comme travail et de la méthode, entendue lato sensu, que l’on
utilisera pour ce faire. Ce sont en fait les étapes préliminaires de la recherche au cours
desquelles seront tracés les paramètres de l’étude.
155. Un projet de recherche est donc l’étape préliminaire de la recherche au cours de laquelle
il faut établir les limites de l’objet d’étude et préciser la manière dont cet objet sera abordé.
Il ne s’agit pas simplement d’un plan de travail, encore moins d’une table des matières. Le
projet est beaucoup plus explicite car on y justifie et commente systématiquement les choix
méthodologiques faits à chaque étape du processus.
156. Le projet de recherche est important en ce qu’il peut constituer la moitié ou un peu plus
de l’effort global à fournir. On peut donc dire qu’il remplit trois fonctions essentielles
relativement à une activité de recherche :
- Il permet de bien préciser l’objet d’étude ;
- Il permet de planifier toutes les autres étapes de la recherche ;
- Il aide à sélectionner les stratégies et les techniques de recherche les plus appropriées
compte tenu de ce que l’on veut démontrer.

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 32


157. La recherche juridique est le plus souvent documentaire en ce sens qu’elle a
principalement recours aux documents tels que la législation, une fiche de jurisprudence, la
doctrine, etc. Mais quelle que soit la technique de collecte des données utilisée, le point de
départ de toute recherche en droit est la construction du sujet à traiter, c'est-à-dire la question
ou le problème à résoudre. D’où la première étape dans le processus de recherche est la
circonscription du problème à traiter.

3.1.2. La construction du sujet

158. On peut distinguer, dans le domaine scientifique, les exercices imposés des exercices
libres. Les premiers sont, à bien des égards, plus simples à gérer. Le chercheur se voit
présenter un sujet déjà parfaitement délimité et circonscrit, et n’aura « plus qu’à » le traiter
d’une manière aussi rigoureuse que possible. Dans le second cas de figure, en revanche,
aucune ligne directrice n’est, sur le fond, tracée a priori. On part du postulat que la
construction du sujet fait en tant que telle partie du travail à réaliser, ce qui en fait
certainement l’une des étapes les plus périlleuses de la recherche.
159. Il faut en effet distinguer d’emblée, en allant du général au particulier, ce qu’on
désignera comme un domaine, un thème, un objet et un sujet de recherche :
- Un domaine (ou champ) de recherche renvoie à une branche, une sous branche du droit
dans laquelle on veut mener ses investigations. On part donc de la summa divisio
traditionnelle jusqu’aux plus petites ramifications et autonomisations actuelles : droit
public ou privé ; droit public interne ou droit privé nationale ; droit international (public
ou privé) ; droit économique (droit commercial, droit international des affaires ou droit
des investissements, etc.) ; droit social ; etc. Chaque domaine recouvre un grand nombre
de thèmes différents.
- Un thème de recherche est constitué par une idée générale qui peut elle-même donner
lieu à de multiples précisions. Le mariage, l’impôt, ou les violences sexuelles
constituent par exemple des thèmes de recherche qui, par leur généralité, sont
susceptibles de susciter des études très différentes. En effet, plusieurs études juridiques
peuvent être entreprises sur la seule thématique de mariage, de l’impôt ou de violences
sexuelles.
- Un objet de recherche résulte d’une délimitation précise réalisée à partir d’un thème
général. Ainsi par exemple, dans le thème de mariage, il y a lieu d’avoir plusieurs objets
tels que le mariage entre personnes atteintes du VIH ; les vices de consentement au
mariage ; etc. Sur l’impôt, il y a lieu de traiter de l’impôt immobilier en République
démocratique du Congo ; l’impôt sur les revenus ; etc.
- Un sujet de recherche est constitué à la fois d’un objet de recherche et de la définition
d’une méthode apte à traiter de cet objet. Ainsi, l’objet d’étude portant sur « le droit au
mariage des personnes atteintes du VIH Sida en droit positif congolais » peut donner le
sujet de recherche suivant : Droit au mariage des personnes séropositives en droit
positif congolais, approche de technique juridique ;
160. L’importance de la construction d’un sujet d’étude : Pour comprendre l’importance de
cette étape de la recherche, il faut d’abord relever qu’aucun sujet n’est donné, chaque sujet

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 33


faisant par définition l’objet d’une construction intellectuelle. Dès lors, une insuffisance
dans la délimitation du sujet pourrait entrainer de graves défauts méthodologiques. Aucun
objet d’étude n’existe en tant que tel, n’est donné tel quel au chercheur, dans la mesure où
celui-ci est toujours obligé de recourir à des concepts pour appréhender la réalité qu’il
analyse. Or chaque concept est une abstraction, qui n’a pas de définition « naturelle » ou «
évidente », mais qui est forgé par l’intermédiaire du langage. Et, comme l’admettent les
théories contemporaines du langage, celui-ci est essentiellement équivoque, les termes qui
le composent prêtant toujours à l’interprétation. Il en va particulièrement ainsi dans le
domaine du droit, qui a institué un langage commun. Une étape essentielle de la construction
du sujet impose donc de définir aussi précisément que possible les concepts qui seront à la
base de la recherche en précisant le sens des termes qui composent leur énonciation. Il
conviendra donc de définir les concepts pour limiter le champ sémantique de leur utilisation.
161. Dans la pratique, il s’observe cependant de graves défauts méthodologiques générés par
une insuffisance dans la délimitation du sujet. Les problèmes de délimitation du sujet
peuvent être dus à plusieurs facteurs. Il se peut d’abord que le chercheur lui-même n’ait pas
suffisamment précisé ses idées et n’ait, par conséquent, pu assurer qu’une conceptualisation
rudimentaire. Il se peut aussi que, même si le chercheur a eu les idées relativement précises,
il ne soit pas parvenu à les exposer de manière suffisamment logique, et ait ainsi laissé le
lecteur dans un flou méthodologique.
162. Quelques critères guidant le choix d’un sujet de travail : le choix d’un sujet de recherche
obéit à plusieurs critères dont les suivant :
- L’intérêt : l’étudiant doit s’assurer de l’intérêt personnel qu’il porte au sujet. En
effet, s’il est peu ou pas captivé par le sujet, il y a fort à parier qu’il cherchera à
investie l’énergie nécessaire pour mener sa recherche à terme et surmonter les
difficultés inhérentes à tout travail scientifique. L’intérêt doit aussi être envisagé sur
plan général. En effet, le public auquel est destiné le travail doit y trouver son
compte sur le plan académique, social, moral et même politique ;
- Les recherches antérieures : une fois le sujet choisi, l’étudiant devra se rassurer
qu’un tel sujet aura fait l’objet des recherches antérieures. Il est rare que le sujet
abordé soit entièrement nouveau c’est-à-dire qu’il n’ait jamais objet des
préoccupations d’autres chercheurs, au moins sous d’autres angles. Ainsi, toute
recherche prend racine dans les travaux antérieurs, soit pour en confirmer soit pour
en amplifier les résultats, soit pour les réviser voire les contredire. Dans
l’introduction de son travail, un ou quelques paragraphes seront consacrés à la
présentation de l’état de la question c’est-à-dire la synthèse des recherches
antérieures ;
- La disponibilité de l’information,
- L’accessibilité des sources,
- L’utilisation des instruments méthodologiques : ces instruments constituent le
pilier méthodologique de l’approche scientifique indispensable à toute recherche.
C’est l’utilisation d’une méthode qui permettra de confirmer ou d’infirmer les
hypothèses de départ.

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 34


163. Retenons brièvement sur cette question du sujet du travail que, dans la pratique, il est
rare que le problème soit clairement défini. Le problème à résoudre est généralement
complexe et exposé au juriste dans un langage courant qui nécessite une conceptualisation
adéquate c’est-à-dire une transposition en langage juridique. Dès lors, avant d’entamer la
recherche documentaire, le chercheur en droit doit schématiser et traduire les données
brutes. S’il doit par exemple traiter des relations de travail, celles existant entre l’employeur
et l’employé, il devra déterminer au préalable la nature du contrat (déterminé ou
indéterminé, tacite ou explicite, d’adhésion ou discuté, etc.) ainsi que le contexte de la
résiliation.
164. Une exacte formulation du sujet découlera par ailleurs, faut-il le dire, d’une bonne
compréhension du problème à solutionner. C’est pourquoi il est nécessaire de bien percevoir
les problèmes et de les poser en des termes corrects. Aussi convient-il de formuler des
hypothèses qui non seulement cadrent avec les questions posées mais aussi qui permettent
d’arriver à toutes les conclusions possibles.

3.1.3. Problématique et hypothèse de recherche

165. Dans plusieurs cas, la meilleure façon de déterminer et de circonscrire un sujet de


recherche c’est de le formuler en termes de problèmes à résoudre. Faute de bien identifier
et sérier les problèmes, on risque d’accumuler de l’information qui va être utilisée de façon
compilatoire et descriptive alors qu’un travail de recherche en droit est essentiellement un
effort de démonstration.
166. La formulation des problèmes débouche alors sur une problématique, c'est-à-dire sur
un ensemble des questions que pose le chercheur sous forme des problèmes à traiter relatifs
au phénomène social sous analyse. Un problème peut se définir comme un écart constaté
entre une situation de départ insatisfaisante et une situation d’arrivée désirable (P.R. BIZE,
P. GOGUELIN et R. CARPENTIER, Le penser efficace, tome 2, La problématique, Paris,
Société d’édition d’enseignement supérieur, 1967, pp. 12-13.)
167. Cette définition du problème en fonction d’un écart à combler peut se concevoir de deux
manières. En droit, un problème peut consister d’abord en un fossé entre le texte de la loi et
la pratique sociale ou les comportements observés dans la société. Il s’agit ici d’une pratique
générale c’est-à-dire suivie par le groupement et ce de très bonne foi. Elle diffère de
quelques comportements anormaux, faits de quelques individus en marge avec ce qui est
considéré comme normatif. C’est toute la question de l’effectivité (ineffectivité) des règles
de droit11. Par exemple, l’article 48 de la Loi congolaise portant protection de l’enfant
(janvier 2009) interdit les fiançailles et le mariage à l’égard des enfants, considérés comme
personnes âgées de moins de 18 ans. Il suffit pourtant de visiter plusieurs communautés
congolaises pour constater que les fiançailles des mineurs sont vécues comme normales
voire encouragées ; les « mariages » entre mineurs sont aussi nombreux et célébrés
coutumièrement.

11
Au sujet de l’effectivité des règles de droit, les étudiant(e)s sont invité(e)s à lire : Yann Leroy, « La notion d’effectivité du
droit », Droit et société, 2011/3 (n°79), pp. 715-732 ; Pierre Lascoumes et Evelyne Serverin, « Théories et pratiques de
l’effectivité du droit », Droit et société, 1986 (n°2), pp. 101-124 ; etc.

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 35


168. Un problème juridique peut aussi se concevoir sur le plan de la recherche fondamentale
ou pure. Le chercheur se propose alors de mener une étude sur une institution quelconque
sans trop se soucier de ce qu’elle est perçue ou vécue en pratique. Il se limitera à l’analyse
théorique des aspects fondamentaux de ladite institution : sens, fondement juridique, les
finalités, etc. Par exemple, la notion de délai raisonnable en droit judiciaire congolais ; la
notion du viol en droit pénal congolais ; etc.
169. L’importance de la problématique dans une recherche est de constituer des centres
d’intérêt autour desquels gravitent les préoccupations du chercheur. Le chercheur doit
procéder à l’identification du problème principal et des questions connexes ou secondaires.
Cela suppose une hiérarchisation des questions par ordre d’importance.
170. En fonction des moyens matériels et temporels dont il dispose, le chercheur pourra alors
limiter son entreprise aux questions qu’il considère comme les plus importantes. Ce choix
des questions les plus importantes aboutit à une délimitation de la recherche elle-même.
Cette délimitation peut être temporelle, spatiale ou matérielle. Elle est temporelle
lorsqu’elle prend comme cadre d’étude une période historique déterminée ; elle est spatiale
si elle se focalise sur un territoire donné. Elle est en revanche matérielle lorsque son contenu
porte sur certaines questions à l’exclusion d’autres.
171. Aux questions que pose le chercheur doivent correspondre des réponses provisoirement
formulées. Ce sont des hypothèses de travail. Une hypothèse est une proposition théorique
que l’on avance en réponse provisoire à une question de recherche et que l’on projette de
vérifier. L’hypothèse tire son origine des sources diverses : elle peut être fruit d’une
observation, d’une découverte fortuite, d’une théorie ou de l’imagination du chercheur.
L’hypothèse peut, en fin de compte, être confirmée ou rejetée, nuancée ou ajustée.
172. En général, une hypothèse de recherche est :
- Plausible : elle doit avoir un rapport assez étroit avec le phénomène qu’elle prétend
expliquer. Il n’est pas nécessaire que ce rapport soit parfait car possédant alors une
certitude ou une vérité scientifique, il ne serait plus indiqué de formuler une
hypothèse. Une hypothèse ne doit pas servir en effet à démontrer une vérité qui est
déjà évidente, elle doit plutôt laisser place à un certain degré d’incertitude.
- Vérifiable : susceptible d’être soumise à l’expérience scientifique. Il faut poser des
hypothèses sur quelque chose de disponible, de possible. Ainsi par exemple, il ne
servirait à rien de poser une hypothèse sur le sexe des anges ou sur la race de Dieu
- Précise : sa formulation doit éviter toute confusion et toute ambiguïté quant au choix
des concepts utilisés.
- Générale : son pouvoir d’explication doit aller au-delà du cas particulier étudié.
- Communicable : elle doit être comprise d’une seule et même façon par tous les
chercheurs du domaine.
173. La question qui demeure est celle de savoir comment vérifier une hypothèse. Il faut pour
cela se persuader que l’hypothèse émise pourrait être confirmée, infirmée ou simplement
nuancée. Dès lors, la manière la plus facile c’est d’essayer d’infirmer l’hypothèse émise.

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 36


3.1.4. Collecte de la documentation

174. Lorsque le sujet de recherche a été choisi, il faut passer à la constitution d’une
« bibliographie » la plus complète possible. La bibliographie du projet de recherche
comprendra des éléments appartenant aux différentes sources de droit : la législation, la
jurisprudence, la doctrine, des éléments extraits du droit coutumier, etc. La tâche consiste à
repérer tous les documents utiles à la recherche.
175. La bibliographie d’un projet de recherche est normalement différente de celle que l’on
soumettra dans le travail final. En effet, la bibliographie finale ne retiendra que les sources
ayant réellement servi lors de la rédaction, c'est-à-dire celles qui auront été citées dans le
travail. La bibliographie du projet de recherche joue un double rôle :
- Elle nous permet de savoir s’il existe un matériel suffisant pour mener la recherche
à terme. C’est une information qu’il vaut mieux posséder avant pour éviter d’être
confronté à l’indisponibilité ou à l’inaccessibilité des sources lors de la rédaction.
- Elle informe le chercheur sur le type et les catégories de documents disponibles par
rapport au sujet à traiter. Il importe de posséder cette information dès le départ afin
d’orienter plus facilement ses recherches.
176. Pour constituer la bibliographie, il est indispensable de faire recours aux instruments et
ouvrages d’encadrement tels que les fichiers des bibliothèques, les répertoires
bibliographiques généraux et spécialisés, les chroniques bibliographiques des revues
juridiques, les répertoires de la jurisprudence, les procédés informatiques (un ordinateur
installé dans la bibliothèque, internet). Ces derniers sont actuellement le plus utilisés dans
les bibliothèques, celles-ci s’étant davantage modernisées. Rappelons qu’il est nécessaire
d’être « à la page » c'est-à-dire connaitre la date de publication des textes légaux au Journal
officiel et des textes réglementaires régissant actuellement la matière sous étude.

3.1.5. Lecture et exploitation des données

177. Lorsque le sujet (objet d’étude et méthodes), la problématique et les hypothèses ont été
correctement formulés et admis, il convient de procéder à l’exploitation des sources. Cette
exploitation passe, suivant les méthodes et les techniques choisies, par la lecture des
documents, les enquêtes de terrain, les interviews, etc. En ce qui concerne la documentation,
celle-ci peut paraitre abondante et le chercheur risque de se perdre ou de perdre beaucoup
de temps. Si ce n’est pour les ouvrages essentiels et fondamentaux, il est inutile de tout lire.
Le chercheur se contentera de lire les chapitres ou même les paragraphes qui cadrent
directement avec son étude, la table des matières de l’ouvrage sous lecture constituera le
guide le plus indiqué. L’initiation à l’art de la lecture peut se réduire à trois
recommandations qui concernent l’ordre, la prise des notes et la classification des
informations recueillies :
178. L’ordre de lecture : Deux principes, rappelons-le, président à l’ordre de la lecture. Ce
sont les règles du général au particulier et de l’enseignement à la thèse. Si la seconde règle
est plus théorique, l’application de la première présente un avantage certain :

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 37


- les encyclopédies, les manuels des cours, les précis et les dictionnaires techniques
donnent en principe une vue synthétique de la matière et des autres sources, légales ou
jurisprudentielles. La lecture de ces ouvrages généraux permet donc de percevoir les
contours et les lignes de force du sujet à traiter et de dresser d’emblée un plan provisoire
en fonction duquel les données récoltées seront classées ;
- les ouvrages généraux font référence aux études spécialisées. La lecture des études
spécialisées permet d’envisager tous les aspects de la question ainsi que les controverses
auxquelles celle-ci donne lieu.
179. La prise des notes : La lecture de la documentation se concrétise par la prie des notes ou
des photocopies des pages qui intéressent la recherche. Il faut ainsi noter ou tirer copie de
seules informations qui présentent un lien direct avec le sujet. Il est conseillé d’assortir de
ces notes des réflexions personnelles, des renvois à d’autres auteurs. Ce sont des
annotations. Au fur et à mesure que le chercheur prend note, il doit identifier ces différentes
ressources par des références précises et complètes. Le carnet du chercheur peut par
exemple être ainsi disposé :

Page Sources (ouvrages, lois, arrêts, etc.) et Annotations personnelles :


données (extraits retenus) commentaires et autres références en
rapport avec les données retenues

p. 30 L’existence internationale de l’Etat : les


définitions de l’Etat sont nombreuses selon
qu’on interroge l’histoire, la science
politique, la sociologie ou bien sûr, le droit.
On dira ainsi de l’Etat qu’il institutionnalise
l’exercice du pouvoir politique ou encore,
comme l’affirmait le sociologue Maw
Weber, qu’il se caractérise par la détention
du monopole de la violence légitime.

La spécificité de la relation qui unit l’Etat à


sa population apparait aussi dans les modes
d’attribution de la nationalité. Le droit
international n’impose en ce domaine
aucune exigence aux Etats.

p. 33 La spécificité de la relation qui unit l’Etat à


sa population apparait aussi dans les modes
d’attribution de la nationalité. Le droit

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 38


international n’impose en ce domaine
aucune exigence aux Etats.

Chr. VAN LIERDE, Eléments de droit


civil zaïrois, Kinshasa, CRP, 1990, 64
pages.

p. 3 Le droit international public règle les Il faut noter qu’il s’agit là d’une
rapports entre les différents Etats en fixant perception très traditionnelle du droit
les droits et les devoirs de chacun d’eux international public. Une vision
envers les autres. contemporaine du DIP voit cette
branche du droit régler les rapports
entre tous les sujets de droit
international, i.e les Etats, les OI et
dans une moindre mesure les
particuliers.

3.1.6. Le classement des informations et le plan provisoire

180. Toute lecture s’accompagnera de notes classées dans le fichier de lecture même s’il ne
s’agit que d’une phrase du livre. Il est en effet décourageant de devoir consulter à nouveau
un document quelques temps plus tard tout simplement parce qu’on ne rappelle plus de son
contenu ou parce qu’on ne se souvient plus qu’on l’avait déjà consulté. Il est aussi possible
de ne plus retrouver cet ouvrage sur les rayons de la bibliothèque.
181. Dès que l’on a les textes légaux relatifs à un sujet, quelques décisions réglementaires et
deux ou trois commentaires, il est absolument nécessaire de rédiger un premier plan
provisoire. Mettant en lumière les contours et les grandes lignes de la problématique, ce
plan provisoire a pour but de structurer l’exposé qui devra suivre. Il sert aussi à prévenir le
danger toujours présent de s’écarter trop de son sujet en se laissant guider passivement par
les sources.
182. Il est conseillé de classer les notes de lecture en fonction du plan provisoire. La
caractéristique principale de ce plan doit être la souplesse. Il ne s’agit pas de déterminer une
fois pour toutes ce que sera la structure du travail mais bien d’envisager les grands titres et
les principales subdivisions qu’il devrait adopter. Il va de soi que des lectures plus
approfondies conduiront sûrement le chercheur à modifier son premier plan. Des aspects de
la question, de primes abords importants, pourraient s’avérer accessoires par la suite.
Inversement, des questions qui n’avaient pas attiré l’attention à l’origine peuvent se révéler
et exiger du chercheur qu’il leur consacre des développements adéquats. Enfin de compte,

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 39


on se rend compte qu’« on ne peut travailler à un ouvrage qu’après en avoir fait le plan, et
un plan ne peut être bien fait qu’après que toutes les parties de l’ouvrage soient achevées ».
183. Si le chercheur estime qu’il dispose déjà d’une matière première abondante et suffisante,
il doit débuter le travail de rédaction, c'est-à-dire la phase de l’incorporation de toutes les
données jugées utiles à un exposé écrit.

3.2. LA REDACTION D’UN TRAVAIL SCIENTIFIQUE EN DROIT

184. La rédaction est le travail de structuration, de synthèse personnelle, cohérente et logique


sur le thème que l’on a choisi de développer. Alliant la rigueur du raisonnement à la clarté
de l’expression, elle se base sur un usage judicieux des règles tant de fond que de forme. En
effet, de bons arguments ne valent rien s’ils sont alignés dans le désordre et mal exprimés.
Inversement, un travail correctement présenté et rédigé en style impeccable ne sera pas
moins décevant s’il ne fournit qu’une vue très superficielle de la problématique. Un exposé
scientifique doit renvoyer aux sources. Dans notre système de présentation, les sources (les
références) sont présentées dans des notes dites infrapaginales. A la fin de l’ouvrage, on
retrouve la présentation des données bibliographiques (bibliographie in fine).
3.2.1. La rigueur du raisonnement et la clarté de l’expression : le style d’un étudiant en
droit
185. Le style est une composante importante du travail de rédaction dans la mesure où, en
plus de l’intérêt du sujet, il faut susciter l’envie de lire et accrocher l’attention du lecteur.
Une bonne rédaction devra donc présenter un style clair, simple pour soutenir l’attention du
lecteur. La sérénité, l’objectivité et la propreté du texte, le tout apparaissant sous une forme
démonstrative, harmonieuse, constituent les qualités d’une bonne dissertation juridique.
i. La clarté
186. La clarté du discours permet non seulement une compréhension aisée mais en plus elle
séduit le lecteur en le guidant comme fil conducteur. La clarté signifie un vocabulaire simple
mais correct. Le rédacteur doit en effet user des concepts non recherchés et d’un langage
accessible. Ce qui est loin de signifier un vocabulaire ou un langage courants, de la rue
comme on dit. Cette exigence est évidemment plus rigoureuse lorsqu’on se retrouve en
Faculté de droit étant donné les particularités du langage juridique : un vocabulaire propre,
des tournures particulières, etc.
187. Le chercheur juriste devra traduire en termes adéquats sur le plan de la discipline tous
les propos que les différentes personnes ressources lu tiendront lors de ses recherches, de
ses enquêtes et de ses contacts divers. Ces différentes personnes lui auront parlé en un
langage ordinaire, courant. Exemple : des termes tels que domicile, absence, divorce,
employeur et employé, etc. n’ont pas en droit exactement le même sens qu’on leur revêt
dans le langage courant.
188. La clarté signifie aussi un style précis et concis. La précision permet d’éviter les
digressions, de développer des généralités voire des notions sans rapport avec le sujet. Alors
que la concision empêche le rédacteur de s’attacher aux notions et considérations plutôt
accessoires et superflues. Le chercheur vise l’essentiel, l’utile et le direct. Exemple : un
étudiant qui rédige sur La révision constitutionnelle de 2011 en République démocratique

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du Congo : débat entre légalité et opportunité, pêcherait contre cette exigence s’il consacrait
le premier chapitre de son travail à l’histoire des constitutions en RDC. Il est
malheureusement fréquent de constater que la plupart des travaux présentés par les étudiants
commencent par un chapitre standard portant sur les généralités sur …. Ce modèle est
déconseillé, il faut directement aborder les aspects de la problématique sous examen.
ii. Du bon usage des abréviations
189. Les juristes se servent en abondance d’abréviations ou des sigles pour citer des sources
normatives ou des décisions de jurisprudence, ainsi que pour se référer aux titres des revues
juridiques ou des répertoires de la doctrine, surtout lorsque ces sources sont citées à
plusieurs reprises dans une étude. Les mémoires de licence, les TFC e page contiennent une
page présentant, d’entrée de jeu, les abréviations et sigles que le rédacteur utilise tout au
long de son travail.
190. Une abréviation (du latin brevis, en français : « court », abrégé en « Abr. ») est le
raccourcissement d'un mot ou d'un groupe de mots, représentés alors par une lettre ou un
groupe de lettres issus de ce mot. L'abréviation consiste donc toujours en une suppression,
plus ou moins importante. Par exemple, « c'est-à-dire » peut s'abréger en « c.-à-d. », etc. Il
existe plusieurs méthodes pour abréger des groupes de mots, dont les plus courantes sont la
siglaison et l'acronymie. Le point autre que celui de fin de phrase est souvent l'indice d'une
abréviation. Il s'utilise quand la dernière lettre du mot abrégé est elle aussi supprimée : «
monsieur » s'abrège en « M. » et « maître » en « Me » (« e » étant bien la dernière lettre du
mot). Si l'abréviation finit la phrase, le point abréviatif et le point final se confondent. À
noter également qu'en français, le mot abréviation ne contient qu'un seul b alors qu'il y en
a deux en anglais (abbreviation).
191. Un sigle est un ensemble de lettres initiales formant un mot servant d'abréviation. Si un
sigle peut se prononcer comme un mot ordinaire, comme Unesco, alors c'est aussi un
acronyme. Dans les autres cas, on l'épelle : SNCF [ɛs.ɛn.se.'ɛf]. Dans ce dernier cas, il peut
s'écrire avec des points après les lettres, ce qui ne se fait pas dans le premier cas. Mais dans
l'usage courant, la tendance est à la suppression des points pour tous les sigles.
192. Certains sigles courants entraînent la formation de dérivés, par exemple : cégétiste
(membre de la CGT), cégépien (personne poursuivant des études dans un CEGEP ou
CÉGEP), èrèmiste (bénéficiaire du RMI). Certains sigles sont aussi écrits tels qu'on les
prononce, devenant ainsi des noms communs (et s'accordant donc en genre et en nombre),
par exemple : une bédé, des bédés, un cédérom, des cédéroms, un pédégé, une pédégée. Les
sigles sont invariables en français et ne prennent pas la marque du pluriel (contrairement à
l'usage anglo-saxon), par exemple : des BD, des CD, des HLM.
193. Usage des sigles et d’abréviations : Faute des normes uniformément suivies, le
chercheur se laissera guider dans la pratique par un triple souci :
- Les sigles et abréviations permettent l’indication rapide des références. Par exemple :
on utilisera Tr.tr. pour Tribunal du travail, Cass. pour la Cour de cassation, etc.
- Donner la préférence à des abréviations claires, aisément reconnaissables et les plus
compréhensibles pour le lecteur. Ex : UOB : Université officielle de Bukavu, RDIP :
Revue de droit international public ; Op. Cit. : Opus citatum, etc.

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- Suivre les usages courants, dans la lesure où ils satisfont aux deux critères précités de
rapidité et de clarté.

iii. Du bon usage des majuscules


194. L’utilisation, trop souvent abusive, des majuscules nécessite que l’on tente de préciser
quelques principes qui devraient être d’application à leur usage. Selon l’excellente formule
de Tertius, le redoutable censeur grammairien du Journal des Tribunaux, « la minuscule est
la règle, la majuscule l’exception » (J.T. 1981, p. 695). Il faut dès lors éviter de verser dans
la majusculité car l’usage inconsidéré des majuscules rend un texte moins clair et disperse
l’attention du lecteur.
195. A la différence de certaines langues étrangères (par exemple l’allemand où la majuscule
est de mise pour tous les substantifs), la majuscule n’est obligatoire en français que dans un
nombre très limité de cas. Elle se met notamment :
- Au premier mot d’une citation, figurant entre guillemets, de doctrine, de
jurisprudence ou de la législation, par exemple : L’art. 14, al. 4 de la Constitution
congolaise de février 2006 dispose : « La femme a droit à une représentation
équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales ». Ainsi que
l’énonce De Page, « S’il s’agit de fautes contractuelles commises dans l’exécution
d’un contrat conclu avec un tiers, c’est le mineur qui est responsable, car c’est le
mandant qui est censé avoir contracté et exécuté le contrat, et non le mandataire ».
- Aux noms propres par nature (noms de personnes, nom de pays et des peuples, noms
géographiques, noms historiques, etc.)
- Aux noms communs employés au sens absolu, tels que les désignations des régimes,
d’institutions générales ou les dénominations d’état (l’Eglise, l’Etat, la République
démocratique du Congo, la Province du Sud-Kivu, etc.) ou les idées présentées par
allégorie, comme des personnes (la Justice, le Droit, la Vérité, les Lois de la Nature,
etc.)
- Aux normes d’institutions politiques et des sociétés savantes (la Chambre des
représentants, le Sénat, l’Assemblée provinciale, l’Institut de droit international,
etc.)
- Aux noms de services de l’Etat, de l’administration publique, d’organismes d’intérêt
public et d’organisations internationales, (la Mairie de Bukavu)
196. Notons que Maurice Grevisse condamne à cet égard la multiplication des lettres
majuscules soit que l’on imite l’anglais soit que l’on croie augmenter le prestige de la
personne, de l’organisme ou de la société que l’on veut citer. Les majuscules ajoutées aux
autres mots que le premier n’apportent en effet aucune information complémentaire. On
écrira ainsi l’Organisation des Nations unies, l’Union européenne, l’Union africaine, la
République démocratique du Congo, etc.
197. Le même auteur soutient par contre que l’on met ordinairement la majuscule
- aux noms désignant le domaine traité par un ministre ou un ministère (la ministre de la
Défense nationale, de la Santé publique, le secrétaire d’Etat aux Réformes
institutionnelles, etc.),

Professeur Thomas F. MWAGALWA Page 42


- aux titres d’ouvrages, de périodiques, des journaux, parce qu’il s’agit dans ce cas
d’appellations propres,
- etc.
198. Un document conçu comme une entité prend généralement une majuscule : la Cour
suprême de justice, la Constitution de février 2006. Par contre, la majuscule n’est plus de
mise lorsqu’on fait référence à une loi quelconque, ou à un décret, une ordonnance, une
résolution. Exemple : les cours d’appel, les arrêtés provinciaux, les édits, les lois sur la
nationalité congolaise, etc.
199. Quant à la désignation des titres et fonctions, elle ne réclame pas la majuscule sauf si
l’on veut viser la personne même. Exemples : le ministre des Finances, le conseiller dans
une cour d’appel, un ambassadeur de la RDC. Par contre le Président du Sénat de la RDC,
Léon Kengo, le Président de la Cour d’appel de Bukavu, Monsieur Shamavu, etc.
200. Remarque : Les noms des auteurs s’écrivent toujours en majuscules dans la
présentation des références bibliographiques en notes infrapaginales et en bibliographie in
fine. Par contre, tant dans l’écriture manuscrite que dans l’écriture informatisée, les noms
des personnes figurant dans le corps du texte s’écrivent toujours en lettres minuscules à
l’exception de la première lettre.

iv. Du bon usage des signes de ponctuation

201. Dans les citations, références et abréviations juridiques, la ponctuation joue un rôle
capital. Elle sert notamment à indiquer qu’un texte est cité ou qu’un mot est abrégé. Elle
peut également marquer les séparations ou les liens qui existent entre les différents éléments
qui composent la référence. Les signes de ponctuation les plus couramment utilisés sont le
point, la virgule, le point-virgule, les guillemets et les parenthèses.
202. Le point : il est employé :
- pour marquer la fin d’une phrase,
- après les mots écrits en abrégés tels A.R., Cass., etc. ? Mais lorsqu’il s’agit d’un
acronyme, les points disparaissent, ex SABENA, UNESCO, ONU, etc.
- pour clore une référence, exemple : Notre entretien avec le Commissaire maritime
du Port de Kalundu, lundi 30 octobre 2017. Néanmoins, lorsque plusieurs références
sont données de manière successive, le point se place après la dernière référence. Et
si la référence se termine par une abréviation, un seul point suffit à marquer la fin
de cette référence mais aussi à indiquer qu’il s’agit d’une abréviation.
203. La virgule : elle est essentiellement utilisée pour séparer les divers éléments d’une
référence. Certains éléments d’une référence sont intimement liés et ne peuvent être séparés
par une virgule. Il s’agit le plus souvent des textes des lois où la nature, la date et l’intitulé
du texte forment un tout. Exemple : Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l’enfant ; Arrêté ministériel du 10 août 1977 établissant le cahier général des charges des
marchés publics de travaux, de fournitures et des services ; etc. Le manque de rigueur qui
caractérise fréquemment l’emploi de la virgule dans la mention d’articles de lois, décrets,
arrêtés, etc. et de leurs subdivisions conduit à préciser cet usage. On écrira par exemple
l’article 5, paragraphe 1er, II, 2°, d, de la loi spéciale du 8 août 1980 dispose que « …… ».

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204. Le point-virgule : dans une liste des références, le point-virgule sert à séparer les
références les unes d’avec les autres. Ex : C. CAMBIER, Droit administratif, Bruxelles,
Larcier, 1968, p. 168 ; J. DUMBOUR, Droit administratif, 2ème éd., Liège, Faculté de
droit, 1972, n°7.
205. Des guillemets : Les guillemets sont indispensables pour encadrer une citation. Qu’il
s’agisse de quelques mots ou de plusieurs phrases, tout emprunt doit être placé entre
guillemets. Lorsque le texte à citer contient lui-même un passage entre guillemets, ces
derniers sont remplacés par des apostrophes simples. Ainsi cette phrase qui contient déjà
une citation sera citée de la manière suivante : « Parce que ‘l’Etat, c’est l’ordre dans le
temps’ (M. Hauriou), la Constitution qui a pour objet de créer et d’organiser la société
étatique apparait comme condition et garantie de permanence de l’Etat ».
Pour la présentation des références de la doctrine, l’usage veut que l’on place entre
guillemets les titres des articles publiés dans un numéro de revue ou même dans les ouvrages
collectifs. Exemples :
- ABI-SAAB G., « Conflits armés non internationaux », in UNESCO, Les dimensions
internationales du droit humanitaire, Genève-Paris, Institut Henri Dunant-UNESCO, 1986.
- BUGNION, Fr., « Les enfants soldats, le droit international humanitaire et la Charte
africaine des droits et du bien-être de l’enfant », in Revue africaine de droit international et
comparé, 2000, vol. 12, n° 2.
206. Les parenthèses
Les parenthèses s’utilisent principalement pour insérer les références lorsque celles-ci sont
placées dans le corps du texte. Mais l’usage à la Faculté de droit de l’Université officielle
de Bukavu veut que les références soient numérotées et placées continuellement en notes
de bas de pages.
Remarques :
- Il faut veiller au rythme des phrases et à la structure du texte. Ceci signifie que le rédacteur
doit tenir à la présentation homogène de son texte, à un plan équilibré, à des phrases courtes,
c'est-à-dire de longueur raisonnable et acceptable, à l’aération du texte, etc. Il faut aussi
habiller le texte pour guider le lecteur : subdivisions en paragraphes, des formules adéquates
de transition entre deux idées, etc.
- Le « je » est trop prétentieux pour un chercheur débutant alors que le « on » est beaucoup
plus impersonnel et neutre. Il est dès lors recommandé d’utiliser le « nous » dit de majesté
pour présenter ses thèses. En employant le pronom « nous », les accords se font au singulier
tout en respectant le genre du rédacteur selon que celui-ci est de sexe masculin ou du sexe
féminin.
3. 2. La structure du travail
207. Un travail scientifique, quel qu’il soit, se subdivise toujours en différentes parties
suivantes : l’introduction, le développement ou corps et la conclusion.
3.2.1. L’introduction
208. L’introduction est la partie située en liminaire du travail. Elle comprend à son tour
quelques subdivisions qui peuvent être introduites par des sous titres introductifs ou tout
simplement incorporées dans un texte compact réparti en plusieurs paragraphes.
209. L’introduction doit être courte. Elle remplit diverses fonctions dont :

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- Elle présente le sujet (Présentation du sujet ou de l’objet de la recherche), le situe dans
le domaine juridique propre et en précise les limites par rapport au vaste champ du
domaine concerné. Cette partie de l’introduction constituera la présentation du sujet que
l’on peut retrouver sous des appellations diverses
- Elle pose les problèmes qui sous-tendent les investigations mais elle n’indique pas
encore les solutions au problème posé. C’est ce qu’on appelle habituellement la
problématique de la recherche.
- Celle-ci est immédiatement suivie de la formulation de l’hypothèse ou des hypothèses
qui sont des réponses provisoires aux questions posées dans la problématique et que la
recherche se propose de vérifier. Les hypothèses pourront être confirmées ou alors
nuancées voire infirmées.
- Elle mentionne les principaux textes légaux et réglementaires qui régissent la matière et
le cas échéant les projets ou propositions susceptibles d’y apporter des aménagements.
C’est le matériau que le chercheur compte utiliser pour vérifier ses hypothèses
- L’introduction fait aussi état des travaux antérieurs réalisés sur le même sujet en en
résumant les conclusions. C’est l’occasion pour le chercheur de montrer en quoi son
travail se démarquera des conclusions déjà enregistrées sur le sujet
- Elle indique la manière dont le travail sera confectionné sur le plan des techniques et
des méthodes de travail. En effet, dans tout travail scientifique c’est la méthode qui
donne un cachet spécial à la recherche en lui imprimant une certaine scientificité
- Elle donne les grandes articulations du travail (plan sommaire).

210. Concrètement, l’introduction renferme une double orientation : elle est tournée vers
l’avenir mais avec un regard dans le passé. La première orientation tournée vers le passé a
pour but d’établir le status quaestionis (revue de la littérature). Il s’agit de rappeler les
travaux antérieurs déjà consacrés au même sujet ou à certains de ses aspects, ce qui suppose
que le chercheur est censé en avoir pris connaissance de façon à se faire une idée précise.
Le regard vers le passé vise aussi à faire un constat de ce qu’est la réalité, un examen des
faits passés et actuels mais aussi de l’état de la législation. Cet examen permettra de dégager
l’utilité de la nouvelle recherche, l’intérêt scientifique qui s’y rattache et la possibilité
d’aboutir à des résultats nouveaux. C’est en cela que consiste l’originalité de la recherche
entreprise.
211. La seconde orientation qui se présente sous forme hypothétique en introduction se
précisera davantage dans la conclusion du travail. Il s’agit partant de l’état actuel, d’indiquer
les nouvelles approches et les conclusions auxquelles le chercheur veut aboutir.
3.2.2. Le développement ou corps du travail
212. On désigne par développement la pièce maitresse d’un travail. Il a pour fonction
d’étoffer les données de recherche ou du sujet annoncé et présentées succinctement en
introduction. C’est dans le développement que sont exposées toutes les explications
nécessaires à la compréhension de la question d’étude.
213. Le développement est subdivisé en plusieurs parties (titres, parties). Un titre ou une
partie est subdivisée en différents chapitres, un chapitre comprend à son tour plusieurs
sections. Les sections sont subdivisées en paragraphes et ceux-ci en plusieurs points. Le lien

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logique doit apparaitre entre les différentes parties et entre chacune des parties et le sujet du
travail ; en effet, chacun des chapitres (titres ou parties) répond à l’une des sous questions
posées par la recherche ; tous les chapitres mis ensemble répondent à la question principale
contenue dans le sujet de la recherche.

3.2.3. La conclusion

214. Elle est la partie qui clôt le travail. Elle se caractérise par sa brièveté. C’est dans la
conclusion que s’opère la récapitulation de principaux résultats obtenus dans la recherche.
Elle en soulignera l’importance et les conséquences sur le plan pratique : qu’est-ce que la
recherche menée apporte-t-elle de pratique ou de théorique pour l’évolution de la société ou
de la discipline ?
215. La conclusion est incontestablement d’une importance capitale dans le texte puisque, en
tant qu’elle expose les résultats ultimes, elle manifeste en même temps la force de réflexion
de l’auteur. Dans la conclusion sont tirées toutes les conséquences possibles des idées et des
thèses soutenues par le chercheur dans le corps du travail. La conclusion rend en quelque
sorte le verdict du procès. La conclusion doit demeurer ouverte c'est-à-dire qu’elle doit
ouvrir des nouvelles brèches pour des investigations futures. En effet, le chercheur ne dit ni
le premier ni le dernier mot sur un sujet de recherche.

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3.3. Les citations
3.3.1. Le rôle des citations
216. Presque tous les écrits scientifiques contiennent des citations. Les citations sont des
idées exprimées en phrases ou en des termes empruntés chez d’autres auteurs, des penseurs,
des juridictions, etc. et que le rédacteur estime pertinentes pour étayer ses affirmations ou
ses opinions. Le nombre et la longueur des citations dépendent du genre du travail, mais il
importe de ne pas en abuser. En effet, le travail ne devrait pas être une succession des idées
tirées de différents ouvrages et donc une superposition des citations. Le travail scientifique
est avant tout la preuve des efforts personnels que viennent soutenir les citations. Le choix
d’une citation est commandé par sa pertinence et sa profondeur en rapport avec le propos y
relatif mais aussi par l’autorité de son auteur. L’auteur doit indiquer la position qu’il entend
adopter face à l’opinion émise par d’autres auteurs et reprises dans les citations.
217. Les sources des citations doivent être indiquées, qu’il s’agisse des citations directes
(mises entre guillemets) ou des paraphrases (idées d’autres personnes que le rédacteur
exprime en ses propres mots).
3.3.2. La manière de citer
218. Toute citation, aussi courte soit-elle, doit être mise entre guillemets s’elle reprend
intégralement les mots de l’auteur. Rappelons que les guillemets sont un signe
typographique qui entoure un mot ou un groupe de mots permettant de les isoler pour
indiquer au lecteur qu’il s’agit d’une citation. Celle-ci s’accompagne nécessairement d’une
note de renvoi (note de référence).
219. Il arrive que l’on ne peut reprendre toute une citation, qu’il y a un texte ou un passage
intercalé au milieu et qui n’est pas utile. En pareil cas l’on devra supprimer le passage en
question et le remplacer par des points de suspension placés entre parenthèses à l’intérieur
de la citation. Si par contre, le rédacteur estime que certains mots sont plus importants et
que l’on doive les mettre en évidence, l’on devra les souligner (les mettre en italiques) et
l’indiquer par la formule usuelle « c’est nous qui soulignons ».
220. Si par contre, le rédacteur (le chercheur) se réfère à l’idée avancée par un autre auteur
sans en reprendre intégralement les termes, il s’agit d’une paraphrase qu’il n’est pas indiqué
de mettre entre guillemets. Dans ce cas aussi comme en cas de citation directe, une note dite
note de renvoi sera placée à la fin de la citation. Les références correspondantes devront
être mentionnées en bas de page (note infrapaginale).
3.4. Les notes des références
221. Le développement normal d’un texte ne nécessite aucune enflure de celui-ci et exclut
toute surcharge. Or, les notes s’inscrivent précisément dans un texte comme une enflure ou
une surcharge du texte. Suivant les cas, les notes seront insérées dans le texte et mis entre
parenthèses, soit renvoyées à côté du texte ou bien alors au bas de la page. Lorsque le
rédacteur décide de renvoyer les références au bas de pages, il devra faire usage des notes
de renvoi : chiffre arabe placé en fin de citation et repris en bas de page avec mention des

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références des sources citées (d’autres auteurs placent les références précédées des notes
correspondantes en fin du chapitre ou même en fin de l’ouvrage ou d’un article).
222. La rédaction des références
i. Références aux textes législatifs et réglementaires
223. La manière de faire référence aux textes législatifs dépend largement des usages dans
les ordres juridiques internes et international. Dans tous les cas néanmoins, l’ordre de
présentation procède toujours du général au particulier. On privilégie dans la présentation
des références des lois l’ordre hiérarchique et l’ordre chronologique. La référence aux
dispositions législatives devra mentionner les éléments suivants :
- Nature de la mesure : Constitution, loi, ordonnance, ordonnance-loi, arrêté, etc.
- La date de la promulgation ou de la publication (entrée en vigueur),
- La matière qu’elle régit (le cas échéant)
- L’instrument dans lequel la mesure est publiée. Pour la RDC, il s’agira le plus souvent
du Journal officiel de la République démocratique du Congo,
Exemple : Constitution de la transition, in Journal officiel de la RDC, n° spécial, 44ème
année, 4 avril 2003 ; Constitution de la RDC du 18 février 2006, in JORDC, numéro spécial,
février 2006 ; Loi n° 09/0010 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, in Journal
officiel e la RDC, n° spécial, mai 2009.
224. Pour les textes de droit international, on signalera principalement :
- la nature du texte : traité, convention, charte, protocole, déclaration, etc.
- l’intitulé c'est-à-dire la matière que régit ce texte,
- le lieu et la date de la signature de l’acte, précédé des termes « signé à »,
- la nature et la date de la décision interne d’approbation ou de ratification, précédés des
termes « approuvé » ou « ratifié »,
- l’article éventuellement suivi de l’indication du paragraphe, de l’alinéa, etc.
- la référence éventuelle au Journal officiel de la RDC ou alors l’organe de publication
du texte. Il peut s’agir d’un site internet officiel par exemple pour les traités enregistrés
par l’ONU c’est http://treaties.un.org
ii. Les références à la jurisprudence
225. Les références aux décisions de justice seront mentionnées en notes de bas de pages
dans un travail scientifique. Signalons toutefois que dans la pratique judiciaire – jugements,
arrêts, conclusions, notes de plaidoiries, etc. -, les références sont directement placées entre
parenthèses à l’intérieur du texte. L’ordre de présentation d’une référence à une décision de
justice respectera les principes suivants :
- l’identification de la décision précède l’indication de l’endroit précis où celle-ci a été
rendue. Ex : CSJ (Chambre administrative), 19 août 1994 ;
- les éléments composant la référence suivent un ordre de progression systématique
répondant à un souci d’affinement toujours plus grand dans l’identification de la
décision et de sa publication. Dans l’exemple précédant, le lecteur est invité à consulter
un arrêt de la Cour suprême de justice rendue par la chambre administrative et
prononcée le 19 août 1994 ;
- l’organe de publication qui édite la décision
iii. Comment indiquer les références aux travaux de la doctrine ?

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226. Les études juridiques font une large place aux travaux de la doctrine. En effet, en droit
un peu comme dans plusieurs autres domaines, « il en est des livres comme du feu dans nos
foyers : on va prendre le feu chez son voisin, on l’allume chez soi, on le communique à
d’autres et il appartient à tous ». La présentation matérielle de telles références implique le
respect de certaines règles techniques qui ont essentiellement pour but de retrouver aisément
la source doctrinale consultée. Afin qu’une référence de doctrine soit tout à la fois exacte
c'est-à-dire fidèle au libellé choisi par l’auteur et complète c'est-à-dire apte à donner au
lecteur toutes les indications utiles pour retrouver facilement la source citée, il convient de
s’appliquer à suivre quelques règles fondamentales. Ces règles que nous passons en revue
doivent traduire en fait toute une série des situations diverses.
227. Pour les ouvrages : en règle générale, la rédaction d’une référence à un ouvrage doit
mentionner successivement les éléments suivants :
- Le nom de l’auteur en petites capitales (ou alors majuscules). En notes de bas de pages,
le nom de l’auteur est précédé de l’initiale de son prénom, (ex : M. MAYSTRE, Les
enfants soldats en droit international, Paris, Pedone, 2010, p. 12.). Dans la bibliographie
in fine, c'est-à-dire à la fin de l’ouvrage ou du travail, l’initiale du prénom suit le nom
de l’auteur, écrit en majuscules (MAYSTRE, M., Les enfants soldats en droit
international, Paris, Pedone, 2010, 202p.) ;
- le titre complet de l’ouvrage en minuscules sauf la première lettre. Le titre de l’ouvrage
doit être souligné dans un texte manuscrit ou mis en italiques si le texte est
dactylographié, saisi (dans ce dernier cas, le tire ne doit plus être souligné) ;
- l’indication, le cas échéant, du rang de l’édition ou du volume ou tome auquel on se
réfère. Par exemple : E. DAVID, Principes du droit des conflits armés, 4ème édition,
Bruxelles, Bruylant, 2008, p.45 ; A. MARCHAL, et J.P., JASPAR, Droit criminel,
Traité théorique et pratique, 2ème éd., tome 1, Bruxelles, Bruylant, 1965, p. 23.) ; ou
encore BOURGOGNE, Th., Eléments pour une théorie du droit de la consommation,
Collection Droit et Consommation, Bruxelles, E. Story-Scientia, 1988, 345p.
- la ville d’édition (si aucune ville n’est mentionnée, on mettre la locution latine sine
loco) ;
- l’année d’édition (si non on mettra sine die) ;
- lorsqu’il s’agit d’une référence infrapaginale, on indiquera la page (p.) ou les pages (pp.)
sur laquelle ou sur lesquelles les données ont été puisées. Ex : M., MAYSTRE, Les
enfants soldats en droit international, Paris, Pedone, 2010, p. 34 ou pp. 32-34. En cas
d’indication d’une référence en bibliographie finale, il faudra indiquer le nombre total
des pages que compte le livre cité : MAYSTRE, M., Les enfants soldats en droit
international, Paris, Pedone, 2010, 202p.
N.B. Rappelons que les différents éléments ci haut cités doivent être séparés par des
virgules.
228. Pour les articles des revues (périodiques) : en règle générale, la référence à un article
publié dans une revue ou une périodique (journal) se présente de la manière suivante :
- le nom de l’auteur, à présenter comme s’il s’agissait d’un ouvrage (voir notes supra) ;
- le tire de l’article mis entre guillemets et suivi de la locution latine in ou française dans,

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- le nom de la revue ou de la périodique dans laquelle l’article est publié précédé de la
locution in ou dans. Le titre de la revue, souvent abrégé, doit être soulignée s’il s’agit
des notes manuscrites ou mis en italiques si le texte est dactylographié ;
- la mention du numéro, du volume de la revue, l’année ou de la date de publication,
- le numéro de la page ou des pages sur laquelle ou lesquelles se trouve l’information
citée. Dans la bibliographie in fine, on indiquera les numéros a quo et ad quem des pages
sur lesquelles s’étend l’article cité.
Exemples :
- En note infrapaginale : F., LUCHAIRE, « Afrique noire. Typologie politique, in
Encyclopaedia universalis, corpus 1, Paris, UE Edition, 1989, p. 513 ; E., DIMANDJA,
« Un pas vers une nouvelle conscience sociale et politique », in Nouvelles rationalités
africaines, vol.3, n° 11, avril 1988, p. 17.
- En bibliographie in fine, LUCHAIRE, F., « Afrique noire. Typologie politique, in
Encyclopaedia universalis, corpus 1, Paris, UE Edition, 1989, pp. 513-519 ; DIMANDJA,
E., « Un pas vers une nouvelle conscience sociale et politique », in NORAF, vol.3, n° 11,
avril 1988, pp. 333-356.
229. Le cas des ouvrages collectifs : Il est parfois difficile de présenter les références à des
sources qui se situent à la frontière entre les articles des revues et de l’ouvrage, de sorte
qu’on hésite quant aux termes qui doivent être soulignés ou quant à la place des guillemets.
Les exemples cités ci-dessous permettront d’illustrer les solutions pratiques les plus
usuelles :
- HAYNER, P.B., « Commissions de la vérité : questions pour de nouvelles recherches »,
in L. HYUSE et E. VAN DAEL, Justice après de graves violations des droits de l’homme.
Le choix entre l’amnistie, la commission de la vérité et poursuites pénales, Recueil des
documents officiels, rapports et articles, Universiteit Leuven, janvier 2001, pp. 198-205.
Comme on le voit, il s’agit d’un article édité dans un recueil des textes divers.
- Lorsque l’ouvrage est l’oeuvre de plusieurs auteurs, on les mentionne tous. Exemple :
COMBACAU, Jean et SERGE, Sur, Droit international public, 6ème éd., Paris,
Montchrestien, 2004, 809 p. Si par contre, plusieurs auteurs ont collaboré à la rédaction
d’un seul ouvrage compact et qu’en pratique, il est difficile de les citer tous, on se bornera
à citer le nom du premier suivi des locutions latines « et alii » souvent abrégé en et al. Ex :
DEWOST, J.L., et al., Le droit de la Communauté économique européenne, vol 15 :
dispositions générales et finales, Université de Bruxelles, 1987.
- Si l’un des auteurs ou une autre personnalité a assumé la direction scientifique de
l’ouvrage, on mentionne son nom en le faisant directement suivre de la mention « sous la
direction de » placée entre parenthèses. Cette mention est souvent abrégée en (dir.). Tel est
souvent le cas des publications des travaux des colloques scientifiques, des conférences ou
séminaires.
Exemples : BALATE, E., (dir.), Publicité déloyale et publicité comparative. Actes du
cinquième séminaire européen de droit de la consommation, Bruxelles, E. Story-Scientia,
1988 ; MUGANGU MATABARO, S., (dir.), Les droits de l’homme dans la région des
Grands Lacs. Réalités et illusions, Louvain-la-Neuve, Bruylant-Académia, 2003, 439 p.

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Mais pour ce genre d’ouvrages, lorsqu’il faut les citer en note infrapaginale, il suffira de
citer l’auteur du texte consulté en respectant les principes déjà évoqués plus haut.
230. Les sources électroniques
Face à l’explosion et à la dispersion des sources tant doctrinales, législatives que
jurisprudentielles et suite à l’évolution de la technologie de l’information, l’internet joue
actuellement un rôle de premier plan dans la recherche. Il suffit de surfer pendant un laps
de temps relativement court pour avoir une masse des données les plus importantes et les
plus diverses.

Cela signifie que l’on sache consulter les sites les plus utiles (sites officiels des
gouvernements, des centres de recherches, des organisations internationales comme l’ONU,
etc.), que l’on dispose aussi des moyens financiers conséquents pour faire l’impression ou
alors que l’on dispose d’un support (clé USB, CDR, etc) qui permette de copier les données
pour une exploitation ultérieure sur n’importe quel ordinateur.

231. Emploi de Opus citatum, Idem, et Ibidem


- Opus citatum : Abréviation de la locution latine opus citatum (« oeuvre citée », forme
nominative) ou opere citato (« dans l'oeuvre citée », ablatif du précédent). Opus citatum
est une locution latine qui signifie « oeuvre citée » ou « ouvrage cité » ; sa forme ablative
est opere citato, littéralement « dans l'oeuvre citée » ou « dans l'ouvrage ci té ». Ces
locutions sont utilisées, en général dans leur forme abrégée op. cit., pour faire une
référence à un livre du même auteur déjà cité auparavant.
La règle veut qu’on utilise cette abréviation si l’ouvrage a été cité précédemment, mais
à un endroit assez éloigné. Dans ce cas, on reprendra l’identité de l’auteur et la page où
se retrouve la donnée actuelle. Cette locution ne peut donc figurer que dans des notes
infrapaginales.
Exemple : En note infrapaginale 3, on a J., COMABACAU et S., SUR, Droit
international public, Paris, Montchrestien, 2004, p. 34. A la note 14, on veut réciter le
même livre, alors on mettra J., COMBACAU et S., SUR, Op. Cit., p. 56.
- Idem (id.) : Cette locution latine signifie que la note mentionne une référence d’une
pensée d’un même auteur que l’on vient de citer juste dans la note précédente mais dans
un ouvrage différent de celui précédemment cité. On la retrouve aussi bien en notes
infrapaginales qu’en bibliographie in fine mutatis mutandis.
Exemples :
- (4) S. GLASER, Introduction à l’étude du droit international pénal, Bruxelles,
Bruylant, 1954, p. 45.
- (5) Id., Infraction internationale, Bruxelles, Bruylant, 1957, p. 56.
- Ibidem (Ibid.) : Là même : Locution latine qui signifie que la note reprend les mêmes
éléments que la note immédiatement précédente. Ceci signifie qu’il s’agira du même
auteur, même titre, même ville d’édition, même maison d’édition, même date. Les pages
peuvent être aussi les mêmes ou elles peuvent varier.
Exemple :
- (34) Y. PETIT, Droit international du maintien de la paix, Paris, LGDJ, 2000, p. 67.

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- (35) Ibid.
- (36) Ibid., p. 86.
Schématiquement, on a la situation suivante en ce qui concerne les notes infrapaginales
1] P., POLOCHON P., O., TAIE., et R., PLUME, La Qualité du sommeil, Lyon, éd.
Sommeil, 1991, p. 133. [2] Ibid., p. 205. [3] B., FEATHER., Sleep Well, Pillow, Press
ed., 1988, p. 33. [4] P., POLOCHON P., O., TAIE., et R., PLUME., op. cit., p. 12.

CHAPITRE IV.
QUELQUES TECHNIQUES ET METHODES DE RECHERCHE

Conduire une réflexion en science juridique, nécessite que le chercheur opère un choix
judicieux des techniques et des méthodes appropriées et aptes à lui permettre d’atteindre son
objet. Les étudiants se rappelleront néanmoins qu’en introduction à cet enseignement, nous
avons précisé qu’il ne s’agira ici que d’une initiation comme l’intitulé l’indique clairement. Il
serait inconvenant de considérer dès lors cet enseignement comme un cours de méthodologie
et des techniques de recherche. Pour des développements plus détaillés sur les méthodes et
techniques de recherche, les étudiants se référeront avec intérêt aux ouvrages généraux de
méthodes de recherche en sciences sociales, notamment l’oeuvre devenu un classique en ce
domaine de Madeleine Grawitz et Roger Pinto, Méthodes des sciences sociales, 2ème éd., Paris,
Dalloz, 1967, 935p.
Il convient toutefois de donner, en très peu de phrases, quelques considérations théoriques sur
les techniques et les méthodes de recherche auxquelles recourent le plus souvent les chercheurs
juristes compte tenu des exigences spécifiques de leurs travaux. Il s’agit essentiellement des
méthodes juridique (herméneutique ou exégèse appliquée au droit), historique, sociologique,
comparative, etc. Quant aux techniques les plus usitées, il s’agit de celles d’enquêtes,
documentaire, etc.
1. La méthode juridique et la technique documentaire
La méthode juridique selon le Professeur Charles EINSENMANN, a deux composantes : la
dogmatique et la casuistique.
a. La dogmatique
Elle consiste à analyser les textes et les conditions de leur application. Il s'agit de l'analyse du
droit, de la norme juridique au sens strict, et plus spécifiquement du droit positif tel qu'il ressort
de l'armature législative. Le chercheur doit arriver à identifier les textes de lois et leur portée
propre. Quelle est la loi applicable et que dit exactement ce texte de loi. Quelles en sont les
conditions d’application. Il s’agit à ce niveau d’une herméneutique ou encore d’une méthode
exégétique telle qu’appliquée dans les sciences philosophiques et théologiques. Ainsi comprise,
la méthode juridique, dans cette seule composante se confondrait avec une spéculation
philosophique. Pourtant, la recherche juridique doit échapper au danger de la spéculation
abstraite parce qu’elle doit confronter à la loi des faits bien concrets. La norme juridique
nécessite une confrontation aux réalités sociales, car la fonction essentielle du droit est de
régenter l'ordre social. C'est en ce moment qu'interviendra la casuistique.
b. La casuistique (casus)

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Elle est donc une spécificité de la méthode juridique, et marque la démarcation de cette méthode
d’une simple herméneutique ou exégèse. La méthode juridique n’est donc pas une simple
herméneutique, celle-ci n’en est qu’une étape.
La technique qui met le mieux en oeuvre la méthode juridique est la technique documentaire.
Elle consiste en la collecte et l’exploitation des documents. Le juriste est un être hybride,
intermédiaire entre le philosophe et le savant fou ; il a fait de la bibliothèque son laboratoire de
prédilection, de lourds volumes lui tiennent lieu d'éprouvettes et il passe de longues heures à
consulter des compilations de décisions ou les écrits de ses congénères qu'il s'empresse de
contredire ou d'applaudir en produisant lui-même encore des textes qui viendront grossir les
étagères de ce laboratoire où le papier envahit déjà l'espace. L'alchimie des juristes est
composée de lois, de jurisprudence et de doctrine.
Les textes de loi ou de règlements, toujours plus nombreux, sont reproduits dans de nombreux
recueils plus ou moins officiels censés en garantir la publicité afin que nul n'ignore leur
existence. Ils ont pour nom Journal Officiel de la République et se conjuguent dans
différentes éditions : lois et décrets, débats de l'Assemblée Nationale ou du Sénat... ; ou bien
Bulletin Officiel de tel ou tel ministère ou encore recueils divers publiés par des éditeurs privés.
La jurisprudence est également publiée dans des périodiques plus ou moins officiels qui sont
par la suite reliés par année : Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice pour le cas
de la RDC, Chambres civiles ou Chambre criminelle, Recueil Kazi pour les décisions en
matière de travail, Recueil du CEGEC/Bukavu, Revues de jurisprudence aussi diverses que
nombreuses, etc.

La doctrine se trouve d'abord bien entendue dans les nombreux ouvrages qui garnissent tous
les rayonnages, ainsi que dans des encyclopédies spécialisées (Dalloz, Juris-Classeur,
Dictionnaire Permanent...) mais également dans des revues périodiques qui publient sous forme
d'articles ou de chroniques les opinions d'auteurs avisés. Les plus répandues dans la profession
ont pour nom Recueil Dalloz Sirey, Semaine juridique (ou J.C.P., qui se décline en plusieurs
éditions spécialisées), Gazette du Palais, Revue Trimestrielle de Droit Civil (et ses petites
soeurs, les nombreuses Revues Trimestrielles Sirey toutes plus spécialisées les unes que les
autres), Revue du droit public et de la science politique, Actualité juridique de droit
administratif.... Ce sont des centaines de revues qu'il y aurait lieu de citer si l'on voulait présenter
un catalogue exhaustif de ces cornues d'un genre particulier. A chacun de découvrir au fil de
ses recherches et de ses besoins la revue qui contient la manne espérée. De fait seule une
découverte personnelle et souvent empirique peut faire découvrir à l'apprenti juriste les joies de
la compulsion de ces gros volumes pas toujours faciles à manipuler, parfois endommagés par
un chercheur indélicat, mais qui procurent toujours autant de joie à celui qui a enfin trouvé la
référence tant convoitée. Alors attention, dans ce laboratoire le virus de la recherche s'attrape
vite et on a bien du mal à s'en défaire ; les premiers symptômes apparaissent lors du déchiffrage
des signes cabalistiques : RTDC, D., TGI 24 oct. 1987, RDP, C.E. 11 sept. 1996, Rec. 436.,
Civ. 1° 3 juil. 1985, Bull. n° 165, G.P., AJDA, J.O., BOEN.... Ce monde est en mutation, là
comme ailleurs l'outil informatique a fait son apparition et envahit le domaine juridique. Le
papier qui nous était si cher se transforme en recueils virtuels de textes législatifs ou de

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jurisprudence à travers des banques de données ou des CD Rom, et voilà notre savant fou qui
se met à surfer sur l'Internet pour dialoguer avec le monde entier.

2. L’approche sociologique et les techniques d’enquêtes


Si la casuistique permet de qualifier les faits par rapport au droit, elle ne peut aborder les
facteurs explicatifs des phénomènes. La méthode juridique n’a pas pour objet de déterminer les
facteurs explicatifs des phénomènes antinomiques, c'est-à-dire qu’elle ne peut dire pourquoi tel
fait est contraire à la loi, elle ne peut dire non plus pourquoi tels phénomènes s’observent dans
telle société et non dans telle autre. L’explication de ces facteurs relèvera des méthodes
sociologiques au premier rang desquelles figure l’observation. Par exemple, pour déterminer
pourquoi les voleurs à mains armées préfèrent opérer en tenues militaires ou de la police, la
méthode juridique et la technique documentaire n’offriront pas le meilleur outil. Il faudra
recourir à la méthode sociologique et aux techniques qui lui sont appropriées ;
Plusieurs techniques permettent la mise en oeuvre des méthodes sociologiques et d’observation.
Parmi ces techniques, il convient de retenir la technique d’enquête, d’interview, des sondages,
des échantillons, etc.
3. La méthode historique
La méthode historique permet de situer un texte législatif ou normatif dans le contexte de son
adoption en vue d’en appréhender tous les paramètres. Cette méthode est proche de la méthode
sociologique. Cependant si les méthodes sociologique et d’observation concernent plus les faits
sociaux présents, la méthode historique s’intéresse aux faits situés dans le passé, récent ou
lointain. Par exemple, pour expliquer les contradictions législatives dans le régime juridique de
la nationalité au Zaïre entre 1967 et 1987, l’on se référera à l’histoire politique et des institutions
ainsi qu’aux différents animateurs de ces institutions de l’époque.
Comme on peut le constater, cette méthode fait recours aux techniques documentaire (collecte
et exploitation des archives), d’enquêtes (témoignages oraux), etc.
4. La méthode comparative
En règle générale "méthode comparative" ne signifie pas juste "comparaison", mais c'est une
approche (méthodologie) pour étudier une certaine catégorie des sujets mettant face à face deux
situations, deux ou plusieurs institutions, deux ou plusieurs phénomènes, etc. Cette méthode est
utilisée dans des domaines aussi variés que la sociologie, la linguistique, l’ethnologie, le droit
et la biologie. Avant les années quatre-vingts, les biologistes s’en servaient principalement pour
examiner l’interdépendance de deux caractères anatomiques, morphologiques, physiologiques,
comportementaux et même écologiques.
Le chercheur qui veut recourir à une méthode comparative doit se poser ces questions de départ
: Que comparer? Pourquoi comparer? Comment comparer? Ces trois questions sont capitales
parce qu’elles permettent au chercheur de ne pas traiter plusieurs sujets en même temps. La
démarche comparative répond à des préoccupations d'ordre épistémologique. Elle autorise à
classer les phénomènes à partir d'un certain nombre de variables pour se donner ensuite les
moyens d'en déduire des constantes, des invariants dégagés de toute considération : on peut
ainsi comparer la loi congolaise du mariage à celle rwandaise et finir par dégager les

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convergences et les divergences entre ces deux législations géographiquement proches. Mais
comme le précise Edmond de Lisle dans un numéro de la Revue Internationale des Sciences
Sociales consacré aux comparaisons internationales, il faut se méfier d'une distorsion
possible: l'attitude du chercheur, produit d'une culture donnée face à un contexte qui lui est
étranger.
Un principe à retenir est que l’on ne peut comparer que des choses de même nature : on
comparera une loi à une autre loi, une institution à une autre institution (le divorce par exemple),
etc.
Les techniques seront variées suivant que l’approche est sociologique ou juridique.

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