Vous êtes sur la page 1sur 214

1

Aimé BANZA ILUNGA


Docteur en Droit
Professeur associé
Avocat à la Cour d’appel

Manuel de méthodologie de la recherche juridique

Université de Lubumbashi

Faculté de Droit, 2023


2

INTRODUCTION GENERALE

A. De l’intitulé de la matière

L’enseignement de « Méthodologie de recherche (1) » constitue l’une des innovations à côté de


certaines autres qui ont accompagné la réforme des programmes des Enseignements Supérieurs et
Universitaires en RD Congo et dont le processus a abouti en 2022.

La recherche est une activité ou des activités intellectuelles qui tendent à la découverte des
connaissances ou à l’étude d’une question. La scientificité d’une recherche repose dans la conformité du
travail accompli aux exigences d’objectivité, de précision, de méthode, fondées sur des relations
objectives vérifiables. Le chercheur ne traite que des faits, à l’intérieur d’un canevas défini par la
communauté scientifique : c’est la méthodologie dont il est question ici.

La recherche juridique est donc l’ensemble des travaux menés méthodiquement par les
spécialistes du Droit afin de faire progresser la connaissance du Droit, l’ensemble des études et des
activités scientifiques et intellectuelles portant sur les normes, les institutions, les comportements et les
opinions juridiques et visant à approfondir le savoir juridique. Apparaît immédiatement combien cette
recherche juridique est plurielle, parce que le Droit qui constitue son objet peut se comprendre comme
phénomène juridique, comme notion de Droit, comme Droit positif ou même comme recherche, tel est
le cas au sein de ce cours.

En clair, le Droit n’est pas seulement un savoir, il est d’abord un ensemble de rapports et pratiques
que l’on rencontre dans presque toutes les formes de sociétés. C’est pourquoi il a toujours donné lieu à
la fois à une littérature de juristes chercheurs et professionnels, produisant le savoir juridique, et à une
littérature sur le Droit, produite par des philosophes, des sociologues ou des économistes notamment.
Parce que le domaine du Droit s’étend sans cesse et rend de plus en plus souvent nécessaire le recours
au savoir juridique spécialisé, même dans des matières où il n’avait jadis qu’une importance secondaire.
Certes, les travaux académiques et ouvrages juridiques à caractère professionnel ou pédagogique
dominent les éditions, et ils tendent parfois à réduire la recherche juridique à sa seule dimension positive
(ou analyse du Droit positif). Pourtant, la tendance actuelle est d’orienter la recherche juridique à toutes
les dimensions du Droit et c’est par une méthodologie qui suit une approche interdisciplinaire.

B. Des objectifs du cours

1. Objectifs généraux

Le présent cours vise à former l’étudiant pour qu’il maîtrise les règles et les exigences
scientifiques et universitaires de recherche en vue de la rédaction et de présentation d’un travail. La
recherche est caractérisée par des exigences d’ordre scientifique, moral et intellectuel auxquelles le
chercheur est soumis s’il veut réaliser un travail scientifique digne de ce nom. Ainsi, à titre illustratif, ce
cours va décrire et expliquer les multiples règles conventionnelles régissant la manière dont il convient,
dans une étude juridique, de se référer aux sources du Droit. Rechercher une source et s'y référer ne se
conçoivent pas si la source n'est pas lue et comprise correctement. Il convient donc d'apprendre à
l'apprenant à restituer aux sources du Droit et plus spécialement aux plus ésotériques d'entre elles leur
juste portée. Il s'agit également de fournir à l'apprenant une gamme étendue de conseils et de consignes
destinés à l'éclairer sur la dynamique d'une recherche juridique.
3

2. Objectifs spécifiques

L’étudiant- chercheur doit montrer qu’il maîtrise les disciplines étudiées, qu’il est capable
d’en discuter, d’en cerner une question, de la décrire, de l’analyser et de l’expliquer, de soulever
des questions pertinentes et d’y répondre sous forme d’un travail écrit, original, personnel et
scientifique. Il doit utiliser les connaissances et les méthodes enseignées pour enrichir un thème
ou un domaine en apportant de nouvelles connaissances, de nouvelles théories, de nouvelles
applications, par une réflexion constructive. Il s’agit donc pour l’apprenant de :
- D’exploiter systématiquement ses connaissances en vue de mieux comprendre la
démarche de recherche en sciences juridiques
- Maîtriser les différentes étapes de la recherche scientifique pour aboutir à des résultats
probants ;
- Traiter un sujet neuf et d’élaborer une problématique novatrice
- Concevoir un projet de recherche et le traduire en ses composantes pour le rendre
utilement scientifique ;
- Collecter et traiter les données utiles à la rédaction d’un travail scientifique dans le
domaine juridique (à travers des paradigmes, méthodes et techniques adéquats) ;
- Utiliser minutieusement la méthodologie du raisonnement juridique qui initie le
juriste à la problématique juridique, au syllogisme judiciaire ou juridictionnel, aux
méthodes les plus usuelles de l’interprétation du droit (ou de rechercher, d'interpréter
et d'utiliser les sources juridiques documentaires);
- Maîtriser les règles de de la recherche juridique en ligne, etc.

C. Compétences
A l’issue de l’enseignement, l’étudiant sera capable :
- De faire de la recherche juridique (concevoir un objet d’étude ou sujet, chercher les
donner, analyser les données) ;
- Projeter la rédaction d’un travail de recherche, avec les données recueillies.

D. Méthodologie d’enseignement et calendrier

Ce cours recourt à la méthode interactive, qui suppose d’une part que l’enseignant expose la
matière et d’autre part, l’étudiant participe ou réagit à travers les questions, préoccupations et échanges
avec l’enseignant (facilitateur). Cette méthode se justifie pour autant qu’il s’agit d’un Cours magistral
interactif (CMI) de 20 heures (et 15 heures de TD, 15 heures de TP et 25 heures de TPE soit un total de
75 heures ou 3 crédits) dans le cadre de l’application du système LMD (Licence-Master-Doctorat), dans
lequel l’enseignant n’est pas seul, maître du savoir.

Le cours étant aligné au premier Semestre de l’année 2022-2023, les étudiants sont censés être
présents dans l’auditoire chaque fois que le cours est programmé à l’horaire. Il s’agit donc d’un
enseignement présentiel et non à distance. C’est pourquoi, les présences au cours seront régulièrement
prélevées soit au début de la séance, soit à la fin et elles seront cotées.
4

E. Des activités d’apprentissage et d’évaluation

Dans le cadre de ce cours, trois stratégies d’évaluation sont de mise au départ : - l’Evaluation
Formative et l’Evaluation Sommative et enfin l’évaluation certificative. Ainsi, il sera organisé des
travaux pratiques, travaux dirigés, des interrogations et examens qui détermineront l’adaptation et la
compréhension de chaque enseigné. Précisons que pour les interrogations et examens, les étudiants
seront prévenus d’avance. Les questions d’évaluation seront en style traditionnel ou en QCM (Question
à Choix Multiples) selon le cas. Les travaux pratiques et de descente à la bibliothèque seront réalisés
individuellement ou en groupe selon le cas.

F. Des Lectures recommandées

Le lecteur trouvera dans la bibliographie de ce cours, les ouvrages de référence ainsi que les
cours, articles et documents divers en rapport avec cet enseignement. Toutefois, le recours à la
webographie (internet) est aussi recommandé.

G. Annonce du plan

Le contenu substantiel de l’enseignement est scindé en trois chapitres qui retrace le processus de
recherche. Ils partent des prolégomènes à la recherche scientifique, passant par la rédaction du travail de
recherche jusqu’à sa défense publique :

1. Chapitre 1er de la recherche scientifique en Droit : notions, typologies et défis ;


2. Chapitre 2e trois étapes cruciales de la recherche juridique ;
3. Chapitre 3e Méthodes et techniques de collecte et d’interprétation des données dans la
recherche juridique et aperçu sur la présentation des sources dans le travail universitaire.
5

CHAPITRE I

DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE EN DROIT : NOTIONS, TYPOLOGIES ET DEFIS

Ce chapitre s’attèle à analyser d’abord les notions et typologies de la recherche scientifique en


général (Section1), ensuite celles de la recherche juridique (Section 2) et en fin celles liées
particulièrement aux enjeux et défis de cette dernière (Section 3 et 4).

SECTION 1. NOTIONS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE, DE SCIENCE ET DE


METHODOLOGIE

§1. Considérations sur la recherche scientifique en général

A. Portée de la notion

La recherche scientifique est un processus dynamique ou une démarche rationnelle qui permet
d’examiner des phénomènes, des problèmes à résoudre, et d’obtenir des réponses précises à partir
d’investigations. Ce processus se caractérise par le fait qu’il est systématique et rigoureux et conduit à
l’acquisition de nouvelles connaissances1.

Les fonctions de la recherche sont de décrire, d’expliquer, de comprendre, de contrôler, de prédire


des faits, des phénomènes et des conduites, en l'occurrence des faits sociaux2.

Quant au niveau d’approfondissement de recherche, il y a trois niveaux essentiels dans la


recherche en sciences sociales et sciences humaines au sein desquelles fait partie le Droit. Il y a le niveau
de description, de classification et celui d’explication et de compréhension.

Quant aux modes d’investigations et de raisonnement, ils sont déterminés par les paradigmes
de recherche et les objectifs du chercheur. Ce dernier a le choix entre trois modes d’investigation :
l’approche quantitative, l’approche qualitative3 et l’approche mixte. En ce qui concerne le type de
raisonnement ou d’inférence, la démarche peut être déductive ou inductive.

Le chercheur, quant à lui, est la personne ou le savant qui se consacre à la recherche scientifique.
Il est le scientifique ou le spécialiste d’une science versé dans la recherche4. Le chercheur c’est aussi un
rédacteur d’une littérature : auteur d’un ouvrage ou d’un article, rédacteur d’un travail universitaire, etc.

1
La recherche scientifique est définie aussi comme « un ensemble d'études et de travaux menés méthodiquement par un
spécialiste et ayant pour objet de faire progresser la connaissance ».
2
NDA, P., Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines Réussir sa thèse, son mémoire de master ou
professionnel, et son article, Harmattan, Paris, 2015, p.17.
3
Sur l’approche qualitative et l’approche quantitative en Droit, v. BERNHEIM, E et al., « L’approche empirique en Droit :
prolégomènes », in La recherche empirique en Droit, méthodes et pratiques (dir. GESUALDI-FECTEAU, D. et
BERNHEIM, E.), éd. Thémis, 2021, pp. 15-20.
4
Ou le chercheur est toute personne réalisant des études en respectant une méthodologie rigoureuse en vue d’apporter des
connaissances nouvelles.
6

B. Typologies de recherche

Il convient ici de dégager une typologie de recherche selon certains critères et c’est sans souci
d’exhaustivité. Ainsi, les recherches sont classées en fonction de l’objectif, du niveau de profondeur
avec lequel un phénomène est étudié, du type de données utilisées, du temps nécessaire pour étudier le
problème5, etc.

1. Selon le critère de l'objectif poursuivi ou but

On distingue la recherche fondamentale ou théorique et la recherche appliquée. On insistera aussi


sur leur implication sur le progrès technique ou technologique actuel.

a. La Recherche fondamentale

La recherche fondamentale (ou pure) est celle qui a vocation à produire de nouvelles
connaissances indépendamment de leur application situationnelle concrète ou pratique, elle est plutôt
théorique et universelle (par exemple, les lois physiques) 6. Dans ce cas, la collecte de données est faite
pour générer des nouveaux concepts généraux.

b. La recherche appliquée

La recherche appliquée a pour objectif de trouver des stratégies pouvant être utilisées dans la
résolution d'un problème spécifique. La recherche appliquée s'appuie sur la théorie pour générer des
connaissances pratiques. Elle est pratique et circonscrite.

Autrement, il s’agit des travaux ou études utilisant les découvertes de la recherche fondamentale
dans un domaine et visant leur application pratique7.

Par exemple :

- La recherche en ingénierie ou en biomécanique (exemple l’analyse de mouvement) ;

- La recherche clinique en médecine (exemple : recherche d’un nouveau moyen


thérapeutique meilleur que les soins usuels) ;

- La recherche en sciences sociales humaines et sociales (exemple : recherche des


méthodes efficaces d’apprentissage pour les étudiants en Droit et dans les auditoires
pléthoriques ; recherche des mécanismes de protection de des enfants victimes de
violences sexuelles).

5
V. https://www.definitions360.com/rechercher/ (8 mars 2023).
6
Un autre exemple : une thèse philosophique a pour objectif de générer de nouvelles approches à partir de données existantes,
sans prendre en compte une éventuelle application dans la réalité.
7
A ce niveau on peut encore distinguer deux types de recherche : 1. La recherche commerciale : recherche dont l’objectif
principal est le profit plutôt que l’intérêt public. Elle comprend normalement des frais pour l’utilisateur, qui couvrent le coût
de la recherche ainsi que sa diffusion, en incluant une marge de profit. 2. La recherche scientifique : type de recherche non
commerciale dont l’objectif principal est l’intérêt public plutôt que le profit privé et/ou le recouvrement des coûts de la
recherche.
7

c. Recherche fondamentale et appliquée source du progrès technique (invention et


innovation)

Les inventions et innovations les plus significatives se fondent le plus souvent sur des
découvertes issues de la recherche fondamentale8. Autrement dit la recherche scientifique est la
principale source du progrès technique9.

Les deux aspects de la recherche, le fondamental et l’appliqué, loin de s’opposer, sont


complémentaires l’un de l’autre. La recherche fondamentale crée le socle de connaissances à partir
duquel naissent les applications et, inversement, les avancées technologiques procurent les outils
d’investigation de plus en plus perfectionnés qui conduisent à approfondir et améliorer nos
connaissances fondamentales10.

En général, la recherche effectuée dans le cadre des travaux universitaires (mémoires, thèses,
recherches des enseignants) fait partie de la recherche fondamentale. En revanche, les travaux de
recherche qui sont réalisés au profit ou sur commande du secteur industriel, économique ou politico-
administratif, constituent la recherche appliquée (Microsoft, Airbus, Google et l’intelligence artificielle,
Tesla et les batteries électriques, NASA pour les déplacements spatiaux, Total Energy pour les énergies
décarbonées du futur, les machines intelligentes pour l’industrie du futur, etc.).

Le progrès technique est d’abord une invention qui est par la suite utilisée à des fins industrielles
ou commerciales11. Ainsi, il y a une nuance à faire entre invention et innovation.

Principalement, la technique s’alimente dans la science, qui s’alimente elle-même dans la


curiosité désintéressée, compagne inséparable de la culture12. La technique devient ici une pratique,
donc un art, fondée sur la science ; une action dépendant de la connaissance.

La conception moderne de l’entreprise s’est forgée dans un lien étroit avec le progrès technique
et les technologies de la fin du XIXe siècle : l’électricité, la chimie, la mécanique, la métallurgie. «
L’entreprise moderne naît de ce souci d’organiser l’activité inventive et de domestiquer l’innovation
13
». Pour savoir exploiter, accélérer, maîtriser le progrès technique, il a ainsi fallu organiser l’activité
inventive, productive avec des ingénieurs, des ouvriers, des machines, au sein de lieux, où les outils de
production étaient privatisés.

8
Par exemple, sans les études sur les mécanismes fondamentaux de l’immunologie, l’immunothérapie n’aurait pas vu le jour.
Or cette stratégie thérapeutique a changé la donne dans la prise en charge de certains cancers. Autre exemple : c’est en
s’appuyant sur les résultats de travaux fondamentaux et théoriques sur la résonance magnétique nucléaire qu’il a été possible
de développer l’IRM, une technique d’imagerie médicale aujourd’hui couramment utilisée.
9
Pour approfondir, v. BANZA ILUNGA, A., Manuel de progrès technique et responsabilité civile, Lubumbashi, 2022, pp.10-
19.
10
IBANDA KABAKA, P., « Méthodologie juridique. Méthode de recherche en Droit », in https://hal.science/hal-03939590,
Preprint submitted on 15 Jan 2023, p.5.
11
Le progrès technique regroupe les innovations permettant l’accroissement de la productivité des facteurs de production. Il
représente l’amélioration des techniques y compris organisationnelles, qui sont utilisées dans le processus de production des
biens et des services (PIRIOU, J-P, Lexique de sciences économiques et sociales, La Découverte, Paris, 1996, v. Progrès
technique).
Par exemple, l'introduction dans une entreprise de machines-outils à commandes numériques (c’est-à-dire de
machines-outils classiques couplées à un micro-ordinateur) facilite et accélère les réglages, et leur permet de s'adapter à des
productions différentes : il s'agit bien de progrès technique.
Mais, le progrès technique s'inscrit aussi dans les différentes formes d'innovations mises en œuvre par l'entrepreneur,
lesquelles peuvent concerner aussi la fabrication d'un produit nouveau, la mise en œuvre d'une nouvelle méthode
d'organisation de la production, ou l'ouverture de nouveaux débouchés.
12
SIEGFRIED, A. et alii, Progrès technique et progrès moral, t. II, Rencontres internationales, Genève, 1947, p.13.
13
SEGRESTIN, Bl. et HATCHUEL, A., Refonder l’entreprise, éd. Du Seuil, 2012.
8

À cette époque le progrès scientifique et technique était réincorporé dans l’entreprise, les outils
étaient la propriété de celle-ci et le capital lui appartenait. L’innovation prenait corps dans le travail des
équipes de R&D (Recherche et Développement) au sein des entreprises. C’est au début du XXe siècle
seulement que le contrat de travail se généralise, avant cela les ouvriers maintenaient des relations de
fournisseurs ou prestataires de services avec leurs employeurs : « que ce soit à domicile ou à l’intérieur
des usines, les ouvriers se considèrent alors comme des entrepreneurs d’ouvrage : ils louent leurs services
au moyen de contrats de louage14 ».

Joseph Schumpeter divise le processus qui conduit à l’adoption d’une nouvelle technologie en
trois étapes15 : l’invention d’abord (phase de développement technique), la transformation de l’invention
en innovation ensuite (phase de commercialisation), la diffusion de l’innovation enfin.

Il ressort que :

1) Une invention est la découverte d’un principe ou d’un produit nouveau qui n’est pas toujours
susceptible d’application pratique. L’invention part de la recherche fondamentale pour
arriver à la recherche appliquée : c’est souvent le résultat de la recherche scientifique, mais pas
toujours. D'autres facteurs peuvent entrer en jeux.

On précise que la première grande invention qui a transformé profondément le monde, c’est la
machine à vapeur. Elle a permis à l’homme de disposer d’une énergie considérable et donc
d’améliorer toutes ses techniques de production. Les coûts de production ont chuté fortement. Des
gains colossaux ont été réalisé et cela a conduit à l’essor du capitalisme et des entreprises
commerciales et industrielles. La machine à vapeur est à l’origine de la révolution industrielle qui a
suivi autour de 1780.

2) Une innovation quant à elle, est la mise en application industrielle et commerciale d’une
invention. L’innovation reprend les étapes de la recherche scientifique de l’invention et ajoute
les stades de développement et de commercialisation : c’est la mise en valeur économique des
inventions. La période sur laquelle s’étend le processus d’innovations peut être assez longue : le
téléphone a mis 56 ans, la télévision en a mis 10. De nombreuses inventions ne donnent pas des
innovations. Il faut de plus compter le temps de déploiement de l'innovation sur un marché
significatif.

Aujourd’hui, l’innovation est au cœur du développement économique. Elle est maintenant


considérée comme un facteur endogène de la croissance. Dans la théorie de la croissance endogène, le
progrès technique est l’un des piliers de l’expansion de l’économie. Pour mesurer le progrès technique,
il suffit de regarder l’évolution du nombre de brevets obtenus. On peut aussi comparer les différents
acteurs économiques et voir qui est le plus innovant.

Outre la catégorie d’innovations majeures ou radicales (tel que : Joseph Schumpeter et la rupture) et
d’innovations mineures ou incrémentales (tel que : Diesel/essence), on peut proposer d’autres
typologies : les innovations de produits, les innovations des services et celles de procédés.

Pour faire respecter les droits de la propriété, la loi a mis en place le système de brevet. Le brevet
est un titre de propriété accordé par l’État avec un droit d’exploitation pendant un certain temps. Le
brevet peut être vendu ou loué sous forme de licence : les licences d’exploitations.

14
AMANDINE BRUGIÈRE et AURIALIE JUBLIN, Les transformations du travail à l’ère du numérique, Fing, Synthèse
du programme Digiwork, 2017, p. 16.
15
SCHUMPETER, J. A., Capitalisme, Socialisme et démocratie, Payot, Paris, 1942.
9

Naturellement, le brevet reste un produit plus caractéristique de la recherche privée que de la


recherche publique. Le monde académique développe cependant la forme de publication de ses travaux
qui sont protégés comme des œuvres de l’esprit.

2. Selon le critère lié au type d'inférence ou de raisonnement

Ce critère renvoie à la démarche scientifique utilisée. La démarche scientifique est un


cheminement intellectuel qui organise l'activité scientifique. Aussi c’est l’ensemble des étapes à
suivre pour réaliser une recherche scientifique (c’est la façon de progresser vers le but ou le sujet
tracé). L’objectif fondamental de toute démarche scientifique est l’élaboration ou construction
de théories (une théorie est un ensemble de concepts « moyen de connaissance incontournable à
toute recherche » organisés plus ou moins inter reliés et propre à une discipline ; elle traduit la
réalité ou une partie de la réalité d’une manière abstraite et spéculative : c’est une structure
organisée).
On cite trois types ici : la démarche déductive, la démarche inductive et la démarche hypothético-
déductive.

a. Recherche inductive (ou démarche inductive)

Elle est basée sur la collecte de données spécifiques afin de créer de nouvelles théories.
Elle consiste à tenter des généralisations à partir de cas particuliers (ou la connaissance est
générée à partir du particulier pour arriver à une généralisation). On observe des caractéristiques
précises sur un ou plusieurs individus (objets) d'une classe et on essaie de démontrer la possibilité
de généraliser ces caractéristiques à l'ensemble de la classe considérée. C'est la succession
observation — analyse — interprétation — généralisation16. Elle est très usitée en sciences
sociales et s'appuie beaucoup sur les techniques d'inférence statistique (tests qui permettent de
mesurer le risque d'erreur et l'étendue des possibilités de généralisations-extrapolations).

Exemple :
- Prémisse 1: Le Husky sibérien marche à quatre pattes et est un chien.
- Prémisse 2: le chow chow marche à quatre pattes et est un chien.
- Prémisse 3: le chien de berger marche à quatre pattes et est un chien.
- Conclusion: tous les chiens marchent à quatre pattes.

En d’autres termes, la démarche inductive, à l’inverse de la démarche déductive,


consiste à formuler une théorie tirée directement des données empiriques fournies par la
recherche. Alors que la démarche déductive se déroule en entonnoir, passant d’un sujet
général vers des questions et des hypothèses précises inspirées d’une théorie déjà établie,
la démarche inductive procède en entonnoir inversé, partant d’un sujet précis pour
proposer une théorie et ainsi monter en généralité théorique. La démarche inductive est donc
beaucoup moins dirigiste et laisse beaucoup plus de place à des initiatives spontanées – quoique
méthodologiquement rigoureuses – que la démarche déductive.

La démarche inductive de recherche s’écarte des principes suivant lesquels une


recherche fiable n’est fondée que sur des résultats pouvant être répliqués et vérifiés par plusieurs
chercheurs qui arriveraient invariablement aux mêmes résultats. Le débat sur sa fiabilité et sa

16
AKTOUF, O, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations. Une introduction à la
démarche classique et une critique, Presses de l'Université du Québec, Montréal, 1987, p.29.
10

validité est fondé sur le postulat de la nécessaire objectivité scientifique et sur la conception de
l’objectivité en tant que « neutralité axiologique ».
La démarche inductive de recherche est, dans sa version la plus « pure », ce qu’on
appelle la « théorisation ancrée » (ou théorisation enracinée17). Proposée par les auteurs
Barney Glaser et Anselm Strauss en 1967, elle prévoit une démarche empirique séquencée et de
grande ampleur. Comme pour la démarche déductive de recherche, le sujet de recherche est au
départ général, mais sera précisé non pas au fil de la revue de la littérature, mais au fil du terrain
de recherche. C’est par exemple en menant des entretiens sur le consentement aux soins qu’il
sera possible de préciser les enjeux pertinents à étudier, donc directement à partir des discours,
opinions, perceptions des participants à la recherche. L’objet de recherche se précisant tout au
long de la collecte des données, les outils méthodologiques doivent être ajustés à plusieurs
reprises. Au contraire de la démarche déductive qui permet une collecte des données intensive,
sur un temps relativement court, la théorisation ancrée requiert une longue présence sur le terrain,
le temps de préciser l’objet de recherche. C’est seulement à la fin de ce processus, alors que les
données empiriques sont analysées et que des pistes théoriques sont dégagées, qu’intervient une
revue de la littérature ciblée en fonction des éléments de théorisation déjà identifiés. Cette revue
de la littérature sert essentiellement à approfondir les pistes ouvertes par la recherche
empirique18. Le sondage d'opinion, l'étude de marché... relèvent de cette méthode. On précisera
aussi que la majeure partie des études en Droit sont de nature inductive et qualitative.

b. La recherche ou l’enquête déductive (ou démarche déductive)

Dans ce type de recherche, la réalité est expliquée à partir de lois générales qui pointent vers
des conclusions particulières. Les conclusions devraient faire partie des prémisses du problème,
par conséquent, si les prémisses sont correctes et la démarche déductive est appliquée
correctement, la conclusion sera également correcte.
Par exemple :

17
Qu’est-ce que la méthodologie de la théorisation enracinée ? La MTE est une approche inductive dont la finalité est de
générer des théories. Elle vise un résultat bien défini et propose un ensemble de procédures pour y parvenir.
La MTE a pour principal objectif de générer des théories ; pas n’importe quelles théories, mais bien des théories «
enracinées » dans les données de terrain et en croissance à partir de celles-ci. La démarche comporte donc un volet de collecte
de données, de même qu’un ensemble de procédures générales pour en guider l’application, comme c’est le cas pour toute
forme de recherche. Là où l’approche diffère de celle qu’utilisent les types de recherche plus conventionnelles, c’est qu’elle
repose sur un postulat selon lequel il n’existe pas de vérité unique, en ce sens qu’il n’y a pas qu’une seule façon de voir le
monde. Plutôt, il existe de multiples vérités selon les définitions que font les personnes d’un phénomène donné, définitions
qui varient et évoluent en fonction du temps, du lieu, du point de vue de l’observateur et de la situation. Des événements
incontestablement réels comme la tragédie du 11 septembre sont perçus et vécus différemment par chacun. Le monde est
d’une complexité inouïe, et bien qu’il existe certains modèles prévisibles de réponse aux événements (attribuables à une
culture commune et, pourrait-on dire, à la nature humaine), on observe une énorme variation au sein même de ces modèles
Il existe une autre distinction de la MTE sur le plan de sa fonction en science. Elle ne cherche pas à prouver quoi
que ce soit. Elle vise plutôt l’exploration de situations, l’identification de concepts pertinents et la génération d’hypothèses.
Sa finalité est de saisir la variabilité et la complexité du comportement humain. L’aboutissement du travail d’exploration ne
constitue pas tant un ensemble de découvertes ou la reconnaissance d’une « vérité », mais plutôt l’élaboration d’une
interprétation théorique qui permette de mieux saisir et de mieux comprendre les phénomènes humains quotidiens, et qui
montre comment le comportement humain change au fil du temps.
À première vue, il semble y avoir une divergence importante entre les postulats, les buts et les processus respectifs
de l’approche quantitative et de la MTE mais, à y regarder de plus près, les deux approches sont beaucoup plus
complémentaires qu’elles ne sont opposées. D’aucuns diraient que chaque approche se pose à une extrémité différente du
continuum scientifique. L’une est déductive et vise à tester des hypothèses, l’autre est inductive et vise à générer des concepts
et des hypothèses. La théorie ainsi développée peut se présenter comme une « nouvelle théorie » et les hypothèses pourront
être utilisées dans le cadre d’études futures fondées sur une approche plus conventionnelle (LUCKERHOFF, J. et
GUILLEMETTE, Fr.(dir.), Méthodologie de la théorisation enracinée. Fondements, procédures et usages, Presses de
l’Université du Québec, 2012, pp. VII – IX : préface de Juliet Corbin).
18
v. BERNHEIM, E., art. cit., pp.13-14.
11

- Prémisse générale : tous les chiens ont quatre pattes.


- Prémisse mineure : le chow chow est un chien.
Conclusion : le chow chow a 4 pattes donc c'est un chien.

c. La recherche ou l’enquête hypothétique-déductive (démarche hypothético-déductive)

C’est aujourd’hui la démarche « classique » de la science moderne. Elle découle de la


méthode expérimentale. Le chercheur se pose une question, formule une réponse provisoire,
élabore des conjectures théoriques et les soumet à des tests empiriques dont le but est de vérifier
la véracité de la réponse provisoire. Avec les chercheurs en sciences de la nature qui recourent à
l’aise à la méthode expérimentale, les chercheurs en sciences de l’homme et de la société utilisent
différents instruments de collecte des données que sont par exemple l’analyse de contenu et
l’analyse statistique pour s’engager dans la démarche déductive19
En clair, c'est une recherche basée sur l'observation de la réalité pour générer une hypothèse
qui sera suivi d'une déduction pour tirer une conclusion permettant de vérifier ou d'exclure
l'hypothèse par l'expérience.

3. Selon le critère lié au type de données utilisées

On distingue ici la recherche qualitative, la recherche quantitative et la recherche mixte20.

a. La recherche qualitative

Fréquemment utilisée en sciences sociales, notamment en Droit, la recherche qualitative ne


cherche pas à quantifier ou à mesurer, elle consiste le plus souvent à recueillir des données (verbales)
pour une démarche interprétative. Il s'agit d'une forme de recherche avec une tendance à la subjectivité,
car toutes les données ne peuvent pas être entièrement contrôlées.

Pour être explicite, dans la recherche qualitative, le chercheur part d’une situation concrète
comportant un phénomène particulier qu’il ambitionne de comprendre et non de démontrer, de prouver
ou de contrôler. Il veut donner sens au phénomène à travers ou au-delà de l’observation, de la description
de l’interprétation et de l’appréciation du contexte et du phénomène tel qu’il se présente. Son analyse
plutôt souple et davantage inductive s’inspire de l’expérience de la vie quotidienne et du sens commun
qu’elle essaie de systématiser. Si elle ne rejette pas les chiffres ni les statistiques et les graphiques, elle
ne leur accorde pas la priorité ; elle se concentre plutôt sur l’analyse des processus sociaux, sur le sens
que les personnes et les collectivités donnent à l’action, sur la vie quotidienne, sur la construction de la
réalité sociale. Elle rime plus avec la démarche inductive, voire hypothético-déductive. Par exemple, les
études anthropologiques sont encadrées par une recherche qualitative.

La recherche qualitative, par observation, par entretien, (etc.) permet de récolter énormément
d’informations. Elles font progresser la recherche. Cependant la durée d’une enquête qualitative limite
son recours à des sujets de recherche pour lesquelles on dispose de peu d’informations. L’enquête
qualitative sera choisie dans une phase exploratoire d’un nouveau sujet de recherche. Elle permet de
développer une théorie et relève donc d’un processus inductif. Cependant ce qui fait la force de la

19
NDA, P., op. cit., p.16.
20
Pour approfondir, v. CORBIÈRE, M et LARIVIÈRE, N. (dir.), Méthodes qualitatives, quantitatives et mixtes
Dans la recherche en sciences humaines, sociales et de la santé, Presses de l’Université du Québec, Montréal, 2014, 690 p.
12

recherche quantitative (profondeur des entretiens) est source de faiblesses (durée de l’entretien) : on ne
peut interroger qu’une faible partie des individus.

Nous reprendrons ci-dessous les éléments de J.S. Taylor et R. Bogdan, qu’ils considèrent comme
étant les dix caractéristiques essentielles des méthodes de recherche qualitative. Selon eux 21:

1. la recherche qualitative est inductive : les chercheurs tentent de développer la compréhension des
phénomènes au départ des patterns de données plutôt que de recueillir des données pour évaluer
un modèle théorique préconçu ou des hypothèses a priori ;
2. dans la méthodologie qualitative, les sujets ou les groupes ne sont pas réduits à des variables
mais sont considérés comme un tout : le chercheur qualitatif étudie le contexte écologique dans
lequel évoluent les personnes ainsi que le passé de ces derniers ;
3. le chercheur qualitatif est attentif à l’effet qu’il produit sur les personnes qu’il étudie : cet effet
d’interaction ne peut être éliminé et doit être pris en compte dans l’interprétation des données ;
c’est l’observation participante ;
4. le chercheur qualitatif essaie de comprendre les sujets au départ de leur jeu de référence : la
perspective phénoménologique est centrale ; il s’attache à la signification sociale attribuée par
les sujets au monde qui les entoure ;
5. le chercheur qualitatif ne met pas en avant ses propres croyances, perspectives et prédispositions
: rien n’est pris pour avéré ; rien n’est pris d’emblée comme « vérité » ;
6. pour le chercheur qualitatif, tous les points de vue sont précieux, que ce soit celui de l’adolescent
délinquant ou celui du juge : on donnera la parole au pauvre comme au « déviant », bref, à tous
ceux qu’on a l’habitude de n’entendre que très rarement ;
7. les méthodes qualitatives relèvent du courant humaniste qui implique l’ouverture à l’autre et au
social ; les méthodes utilisées pour étudier les sujets affectent nécessairement la nature des
connaissances ; quand on approche « qualitativement » les personnes, c’est leur expérience de
tous les jours qui est examinée, c’est la façon dont elles conçoivent les concepts tels que la beauté,
la souffrance, l’amour, etc., qui est recherchée ;
8. les chercheurs qualitatifs insistent sur la qualité de validité de leur recherche : en observant les
sujets dans leur vie quotidienne, en les écoutant parler de leurs souvenirs, en analysant les
documents qu’ils produisent, ils obtiennent des données non filtrées et donc non tronquées par
des concepts a priori , des définitions opérationnelles ou des échelles de mesure et de niveau ;
dès lors, ils accroissent la validité de leurs données contrairement aux chercheurs quantitatifs
plus axés sur la fidélité et la réplicabilité des recherches ;
9. pour le chercheur qualitatif, tous les sujets sont dignes d’étude : tous sont égaux mais restent
uniques ;
10. la recherche qualitative est, à côté de l’utilisation de techniques, la mise en œuvre d’une habileté
: elle n’est pas standardisée comme une approche quantitative et les voies pour y accéder sont
flexibles ; le chercheur qualitatif est donc un artisan en ce sens qu’il crée lui-même sa propre
méthodologie en fonction de son terrain d’investigation.

b. La recherche ou l’enquête quantitative

La recherche quantitative est un moyen structuré de recueillir, d’analyser et de mesurer des données
provenant de différentes sources, dans l'étude d'un phénomène. La recherche quantitative implique

21
TAYLOR J.S. et BOGDAN R., Introduction to Qualitative Research Methods. The Search for Mening, New York, A.
Wiley – Interscience Publication, 2 e édit., 1984 in MUCCHIELLI, A., Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences
sociales, Armand Colin, Paris, 2009, v. Epistémologie des méthodes qualitatives.
13

l’utilisation d’outils informatiques, de statistiques et de mathématiques pour obtenir et analyser des


résultats.

Elle essaie de mesurer un phénomène, elle utilise des chiffres pour exprimer les paramètres étudiés
dans une population.

Selon Bernheim, la recherche quantitative vise à recueillir des données observables et


quantifiables. Ce type de recherche consiste à décrire, à expliquer, à contrôler et à prédire en se fondant
sur l’observation de faits et événements positifs, c’est-à-dire existant indépendamment du chercheur, des
faits objectifs. Elle est souvent mécaniquement associée à des études de nature déductive, fondée sur
la mise en relation entre des causes et des effets. Elle favorise une approche centrée sur la validation
empirique d’hypothèses préétablies. Dans cette perspective l’approche quantitative est plus souvent
associée à des stratégies d’analyse de nature plus explicative que compréhensive22. Elle recourt aux
statistiques descriptives (les tableaux de distribution de fréquence ou tableaux de distribution des
données, les représentations graphiques des données, les mesures de tendance et les mesures de
dispersion) et inférentielles ou explicatives pour analyser les données.

L’approche quantitative repose sur un corpus théorique qui permet de poser des hypothèses. La phase
empirique d’une telle recherche se réalise souvent en conduisant une enquête par questionnaires. Le
questionnaire permet d’interroger un beaucoup plus grand nombre d’individus. Mais le format de
l’enquête ne permet de recueillir que les informations relatives aux questions23.

Les deux approches de recherche ne s’opposent donc pas, elles se complètent, d’où la typologie
suivante.

c. La recherche mixte (RM)

La recherche mixte est une combinaison des deux précédentes. Elle permet au chercheur de
mobiliser aussi bien les avantages du mode quantitatif que ceux du mode qualitatif. Cette conduite aide
à maitriser le phénomène dans toutes ses dimensions. Et on parle actuellement de méthodologie mixte
(MM) ou de la recherche par des méthodes mixtes (RMM) 24.

Selon Tashakkori et Teddlie 25, le terme anglais couramment utilisé est mixed methods research
(MMR), que nous avons traduit par « recherche par méthodes mixtes » (RMM), et le terme
méthodologie mixte est utilisé pour souligner le fait que le domaine évolue vers une approche générale
impliquant les grandes composantes du processus de recherche.

Johnson, Onwuegbuzie et Turner ont fait une large recension des écrits méthodologiques et ont
consulté quelques chefs de file du domaine afin de connaître les critères qu’ils utilisent pour définir la
RMM. Ils ont recueilli 19 définitions qui ont été soumises à une analyse par comparaison (Glaser &
Strauss). Cinq thèmes s’y sont dégagés : 1) les types de données susceptibles d’être mélangées ; 2) l’étape
de la recherche où le mélange a lieu ; 3) l’ampleur de la recherche avec des méthodes mixtes ; 4) les
raisons qui orientent le mélange ; 5) l’orientation de la RMM.

22
BERNHEIM, E., art. cit., p.15.
23
ASSIE G. et KOUASSI, R., Cours d’initiation à la méthodologie de recherche , Ecole pratique, Abidjan, 2016, p.6., en
ligne.
24
v. ANADON, M., « Les méthodes mixtes : implications pour la recherche « dite » qualitative », in Recherches qualitatives,
vol. 38(, n°1, 2019, pp. 105 et s. https://doi.org/10.7202/1059650a. (08 mars 2023).
25
Tashakkori, A., & Teddlie, C. (2010), “Epilogue : Current developments and emerging trends in integrated research
methodology”, in A. Tashakkori, & C. Teddlie (Éds), Sage handbook of mixed methods in social and behavioral research
(pp. 803-826). Thousand Oaks, CA : Sage, cité par ANADON, M., p.106.
14

Ces auteurs, à partir de l’analyse des définitions des interviewés, proposent une définition synthèse
:

« La recherche par méthodes mixtes est le type de recherche dans lequel un chercheur ou une équipe
de chercheurs combine des éléments des approches de recherche qualitative et quantitative (par
exemple, l’utilisation de points de vue qualitatifs et quantitatifs, la collecte de données, l’analyse, les
techniques d’inférence) avec l’objectif général d’assurer l’ampleur et la profondeur de la
compréhension et de la corroboration 26».

Cette définition décrit la RMM comme un type de recherche qui peut se placer en plein centre d’un
continuum quantitatif-qualitatif, alors que plus on s’approche des extrémités plus il s’agira de méthodes
mixtes à dominante quantitative ou à dominante qualitative, et chacune va s’appuyer sur une vision
particulière du monde (post positiviste pour la première ; constructiviste, poststructuraliste et critique
pour la deuxième).

4. Selon le critère lié au degré de manipulation des variables

On distingue :
a. La recherche expérimentale ou interventionnelle
Il s'agit de concevoir ou de reproduire un phénomène dont les variables sont manipulées par le
chercheur ou l’investigateur dans des conditions contrôlées (en laboratoire par exemple). Le
phénomène à étudier est mesuré par des groupes d'étude et de contrôle, et selon les directives de
la méthode scientifique. On cite à titre d’exemple, des recherches sur l'industrie pharmaceutique
pour créer de nouveaux médicaments.
b. La recherche non expérimentale ou non interventionnelle (ou observationnelle)
Contrairement à la recherche expérimentale, ici les variables ne sont pas contrôlées et l'analyse
du phénomène est basée sur l'observation dans son contexte naturel (le chercheur observe la
nature se faire). Par exemple, une étude des effets de l'utilisation de certains produits chimiques
sur un groupe de population donné peut être considérée comme une recherche non expérimentale.
Les études en Droit sont généralement non expérimentales (mais une certaine doctrine est
favorable à une recherche expérimentale en Droit27).
c. La recherche quasi expérimentale
La recherche quasi expérimentale ne contrôle que certaines variables du phénomène à étudier,
elle n'est donc pas totalement expérimentale. Dans ce type de recherche, les groupes d'étude et
de contrôle ne peuvent pas être choisis au hasard, mais ils sont choisis parmi les groupes ou
populations existants. Par exemple, un programme de prévention des accidents de voiture pour
les travailleurs du transport de charges lourdes.

5. Selon le critère lié au niveau d'approfondissement

On distingue :
a. La recherche ou l’enquête exploratoire
Cette recherche est utilisée lorsque l'objectif d'étude est de faire une première approche d'un
problème inconnu ou qui n'a pas été suffisamment étudié. Cela permettra de décider si de
nouvelles investigations peuvent être menées plus en profondeur. Ce type d'enquête est basée sur

26
Johnson, R. B., Onwuegbuzie, A. J., & Turner, L. A. (2007). Toward a definition of mixed methods research. Journal of
mixed methods research, 1(2), 113 cité par ANADON, M., op. cit., p. 107.
27
v. GAMALEU KAMENI, C., « Réflexions sur la méthode expérimentale dans la recherche juridique », in Revue libre de
Droit, 2015, pp.12-24, in : http://www.revue-libre-de-droit.fr (07/04/2023).
15

l'étude de phénomènes peu étudiés et ne repose pas tant sur la théorie que sur la collecte de
données permettant de détecter des schémas permettant d'expliquer ces phénomènes. Par
exemple, des enquêtes pour mesurer la perception d'une personnalité publique.
b. La recherche descriptive
C’est celle qui est chargée de décrire les caractéristiques de la réalité à étudier pour mieux la
comprendre. Dans ce type de recherche, les résultats n'ont pas d'évaluation qualitative, ils ne sont
utilisés que pour comprendre la nature du phénomène. Par exemple, les recensements de la
population sont des recherches descriptives.
c. La recherche explicative et compréhensive
Expliquer, c’est répondre à la question pourquoi ? C’est faire voir comment un phénomène est
né et comment il est ce qu’il est. L’explication consiste à clarifier les relations entre des
phénomènes et à déterminer pourquoi ou dans quelles conditions tels phénomènes ou tels
événements se produisent.
La recherche explicative est la typologie la plus courante, elle est donc chargée d'établir des
relations de cause à effet qui permettent des généralisations pouvant être étendues à des réalités
similaires. C'est une étude très utile pour vérifier les théories.
Par exemple, une étude de marché réalisée après un lancement de produit, effectuée pour
comprendre les raisons de son succès ou de son échec ; une étude sur l’efficacité et l’effectivité
de la loi portant protection de l’enfant (causes et perspectives).

6. Selon le critère lié au temps dans lequel la recherche est effectuée

On distingue la recherche longitudinale de la recherche transversale.

a. La recherche longitudinale
Il s'agit de suivre un événement, individuel ou collectif pendant une période clairement définie.
L'objectif est de pouvoir observer l'évolution des variables analysées. Par exemple, une étude
consacrée à l'analyse des changements sur la perception de la loi pénale dans une population
rurale spécifique sur 10 ans.
b. La recherche transversale
C’est celle qui est appliquée pour observer les changements intervenus dans les phénomènes,
individus ou groupes à un moment précis. Par exemple, une enquête sur les changements
émotionnels subis par un groupe d'adolescents de 18 ans dans une école publique donnée, alors
qu'ils se préparent pour les examens d’Etat.

C. Postulats et objectifs d’une recherche scientifique

1. Les postulats nécessaires de la recherche scientifique

Il s’agit des principes ou des axiomes qui guident toute démarche scientifique.

On peut donc épingler les axiomes suivants :

- Le déterminisme : la recherche vise à repérer les constantes qui déterminent la


régularité des choses, elle s’appuie sur le principe de causalité.

- L’empirisme : la recherche s’appuie sur le recueil des faits ou des expériences qui
organisent un phénomène, ce qui permettra établir des modèles.
16

- L’intégration théorique28 : elle vise à déterminer les lois qui gèrent le


fonctionnement des choses. Une loi est réfutable jusqu’à preuve du contraire.

- La dimension dynamique : elle s’appuie sur le principe de la perpétuelle évolution


et la progression. Il n’y a jamais de résultats stables et définitifs, il y a toujours des
perspectives de promotion.

- L’évolution paradigmatique29 : il s’agit d’un modèle, d’une loi dont le


fonctionnement est attesté ou accepté par la communauté scienctique. L’objectif est
de faire évoluer ses modèles en déterminant les causes et les conséquences.

- La dimension publique : la science vise à rendre ses résultats publics.

2. Des objectifs de la recherche scientifique

Parmi les objectifs d’une recherche scientifique, on cite généralement ce qui suit:

- Faire avancer la science et les connaissances ;


- Faire de nouvelles découvertes ;
- Apporter des solutions innovatrices (améliorations) des problèmes complexes,
- Investiguer les lois de la nature (causes/effets) qui s’exercent sur tous les
phénomènes) ;
- Développer de nouveaux produits ;
- Répondre aux désirs des hommes.

D. Phases de recherche

La méthode de recherche emprunte généralement un cheminement ordonné qui part de


l’observation à la discussion des conclusions scientifiques en passant respectivement par un problème
de recherche, une question de recherche, une hypothèse, et une méthode de résolution. Ce processus ou
ce parcours peut être scindé en autant des phases30, mais nous retenons le modèle de trois grandes phases
consécutives31, lequel semble être pratique :

1° Phase de conception et de construction de l’objet d’étude

Il s’agit ici de :

- choisir et formuler un problème de recherche ;

28
- La théorie est la réunion d'un ensemble de lois concernant un phénomène donné en un corps explicatif global et
synthétique. Par exemple, l'ensemble des lois newtoniennes sur la mécanique constitue la théorie mécanique classique.
L'ensemble des lois du marché, offre-demande, rareté, avantages comparatifs, profit ... constitue la théorie économique
classique. Les lois de fonctionnement du psychisme inconscient forment la théorie psychanalytique et ainsi de suite ...
(AKTOUF, O., op. cit., p. 24).
- Relation : Théorie-Recherche-Pratique :  La théorie : émane de la pratique et une fois validée par la recherche, elle retourne
à la pratique.  La pratique : Oriente la recherche qui elle, va permettre le développement ou la vérification de la théorie qui
aidera la pratique.  La recherche : établit un pont entre la théorie comme champ de connaissance et la pratique
professionnelle comme champ d’intervention.
29
Le paradigme de recherche est une méthode, un modèle ou un schéma pour mener des recherches. Il s’agit d’un ensemble
d’idées, de croyances ou de compréhensions au sein desquelles les théories et les pratiques peuvent fonctionner. On peut citer
par exemple le positivisme juridique comme paradigme de recherche en Droit.
30
Certains, par exemple, préfèrent grouper ces phases en ces points successifs : La revue de littérature, - La conceptualisation,
- La problématisation, - La collecte des données et le traitement des données.
31
Ibidem, p.10.
17

- Énoncer les questions, les objectifs, les hypothèses de recherche, définir les variables - Recenser les
premiers écrits pertinents, observer les faits pertinents ;

- Élaborer un cadre de référence

2° Phase méthodologique ou de découverte et de collecte de données

Il s’agit ici de :

- choisir les méthodes et les instruments de collecte des données ;

- Définir la population et l’échantillon d’étude ;

- Décrire le déroulement de la collecte des données ;

- Présenter le plan d’analyse des données recueillies ;

- Collecter les données ;

3° Phase de traitement : analyse/ présentation des données et interprétation/ discussion

Il s’agit principalement ici de :

- Analyser/présenter les données collectées (ordonner, classer, comparer, mesurer la force du lien entre
les variables) ;

- Interpréter/discuter les résultats (vérifier l’authenticité des résultats obtenus, les hypothèses, interroger
les théories, en élaborer, tirer des conclusions…).

§2. Science et sciences du Droit

A. Notions de science en général

La langue française, pour sa part, définit la science comme la « connaissance approfondie des
choses en ce qu’elles sont », ce qui est synonyme de savoir, et surtout comme tout « ensemble structuré
de connaissances qui se rapportent à des faits obéissant à des lois objectives et dont la mise au point
exige systématisation et méthode ». Suivant ce dernier sens, une activité est d’autant plus scientifique
qu’elle obéit à des méthodes rigoureuses, objectives et empiriques et qu’elle exclut toute subjectivité et
toute immixtion de la personnalité du chercheur (Voir « Science », in Trésor de la langue française).

La science est connaissance, mais connaissance jamais achevée. C'est un processus constant de
construction-questionnement de nos savoirs. Mais toute connaissance n'est pas science et ne peut l'être
d'après l'acception classique d'une connaissance qui est :

- Objective : démontrable, vérifiable... (rapport d'extériorité totale entre l'observateur


et l'objet d'observation) ;
- Exacte : subissant avec succès toute mise à l'épreuve, conforme aux normes et règles
de mesure et d'observation de la discipline mise à l'œuvre.
- Communicable établie dans des normes telles que l'ensemble de la : communauté
scientifique puisse en prendre connaissance et l'évaluer.
18

- Évolutive : portant en elle-même ses propres conditions de progrès et


d'approfondissements : un savoir n'est jamais fini, ni bouclé, aussi partiel et aussi local
soit-il...

On voit vite que par exemple un commentaire ou un compte-rendu d’arrêt, textes purement
descriptifs, prises de position « politiques » … ne sont pas scientifiques.

Et les différentes typologies de sciences généralement connues sont :

- Les sciences fondamentales ou exactes : mathématiques, physique, biologie, chimie,


médecine, architecture, …
- Les sciences de la nature : géologie, géographie, zoologie, botanique, astronomie,
écologie, science de la terre et environnement …
- Les sciences humaines qui étudient l’homme en tant qu’individu : anthropologie,
histoire, démographie.
- Les sciences sociales : un ensemble de disciplines académiques ayant en commun
l'étude du social humain, et des interactions sociales entre les individus, les groupes
et leurs environnements. Font partie des sciences sociales : la sociologie, la science
politique, l’économie, la linguistique, la criminologie, la santé publique, le Droit…
- Les lettres.

B. Sciences du Droit

Il ressort que les sciences humaines et sociales, si elles sont qualifiées de « sciences », sont aussi
qualifiées de « molles » par opposition aux sciences « dures » ou « exactes » que sont les mathématiques,
la physique, la chimie, la biologie, la géologie ou encore l’informatique.

Les sciences du Droit sont classiquement rattachées aux sciences sociales qui, en ce qu’elles ont
pour objet d’étude les sociétés organisées, sont opposées aux sciences humaines, lesquelles s’attachent
davantage aux cultures, notamment à l’histoire et à la littérature. Et, parmi ces sciences sociales, les
sciences du Droit comptent sans doute au nombre des plus rigoureuses, aux côtés de la sociologie. Elles
obéissent à des méthodes, par exemple en matière d’interprétation ou en matière d’enseignement,
précisément fixées et relativement stables.

Partant, il serait erroné d’affirmer que les sciences juridiques connaîtraient aujourd’hui de
profondes carences en termes de scientificité. Elles se révèlent relativement évoluées et, si une certaine
marge de progression scientifique existe toujours, celle-ci s’avère plutôt ténue comparativement à celle
que connaissent d’autres sciences humaines et sociales.

Karl Popper définissait la science, de façon large, comme « l’explication satisfaisante de tout ce
qui étonne et paraît exiger une explication. Par explication, on entend un ensemble d’énoncés dont l’un
décrit l’état de choses à expliquer, alors que les autres, les énoncés explicatifs, forment l’explication au
sens strict du terme32». La science ainsi comprise, il n’est guère douteux que la science du Droit positif,
l’histoire du Droit, le comparatisme juridique, la sociologie du Droit, l’anthropologie du Droit, l’analyse
économique du Droit, la linguistique juridique et la méthodologie juridique puissent constituer et, le plus
souvent, constituent des sciences du Droit.

Par ailleurs, la plupart des chercheurs en Droit considèrent qu’ils s’adonnent à des activités
scientifiques et qu’il n’est pas usurpé de parler de « sciences du Droit ». Il faut donc définitivement

32
POPPER, K., Le réalisme et la science, vol.1. : post-scriptum à la logique de la découverte scientifique, trad. D. Andler et
A. Boyer, Hermann, Paris, 1990, p. 15.
19

affirmer la scientificité d’une grande part de la recherche juridique. Mais, en même temps, il importe de
ne pas ignorer les nombreux « obstacles épistémologiques » qui freinent ou malmènent les démarches
des scientifiques du Droit. D’aucuns peuvent considérer que les chercheurs en Droit ne contribueront
toujours, quels que soient les efforts entrepris, qu’à l’art juridique et nullement à quelque science
juridique. Et il se trouve très certainement des degrés de scientificité ; or aucune science du Droit ne
saurait se situer au faîte de l’échelle de scientificité 33.

S’il est utopique d’imaginer atteindre le plus haut niveau de scientificité, il ne l’est pas d’aspirer
à atteindre le plus haut niveau de scientificité possible eu égard aux spécificités ontologiques de la
recherche juridique. Les sciences du Droit ne peuvent pas être des « sciences au microscope 34» ; seul le
statut de « sciences à la cuillère » leur est accessible35. Positivement, il importe de spécifier des méthodes
rigoureuses et indiscutables, axées sur l’objectivité et l’empirisme ; et peut-être de recourir aux
mathématiques.

Aussi est-il loisible d’opposer les sciences du Droit, objectives et empiriques, et les pensées du
droit, personnelles et critiques36.

C. Epistémologie juridique

La recherche scientifique juridique s’inscrit dans le cadre d’une épistémologie juridique37,


elle, qui est une discipline consistant à étudier les connaissances juridiques et, plus particulièrement, les
modes de formation des connaissances juridiques38. L’épistémologue du Droit procède à l’examen
critique des intentions, des principes, des hypothèses, des méthodes et des résultats des sciences et des
pensées du Droit, cela afin d’évaluer leurs légitimités respectives et d’envisager leurs évolutions
possibles (Epistémologie = une réflexion analytique et critique sur les sciences…).

Contrairement à la dogmatique juridique, à la philosophie ou à la théorie du Droit, l’objet de


l’épistémologie juridique n’est pas “le droit” (quelle que soit la définition que l’on retienne de ce
concept). Son objet est la connaissance sur le droit, ou, dans une acception plus stricte, la connaissance
de la science du Droit. En clair, l’épistémologie des sciences du droit peut être définie comme une
réflexion analytique et critique sur l’élaboration des connaissances juridiques scientifiques et des
modalités de justification et de validation de ces connaissances 39. Rapportée au domaine du Droit,

33
v. CHAZAL, J-P, « Philosophie du Droit et théorie du Droit, ou l’illusion scientifique », Arch. Phil. Droit, 2001, p. 310.
34
La question de l’avènement d’une science du Droit devenue science expérimentale, à l’heure où l’intention de procéder à
des expériences scientifiques en droit n’est peut-être plus aussi détonante qu’autrefois, lorsque Carbonnier faisait œuvre
iconoclaste en affirmant qu’« il faut bien nous habituer à cette idée qu’un jour viendra où, dans les Facultés de droit, les codes
et les recueils de jurisprudence cèderont, au moins pour partie, la place à des instruments de laboratoire. Enfin nous pourrons
faire des expériences ! ».
35
BARRAUD, B., La recherche juridique. Sciences et pensée du Droit, Harmattan, Paris, 2016, p.502.
36
IBIDEM, pp. 9 et s.
37
Pour approfondir sur l’épistémologie juridique, v. ATIAS, C., Épistémologie juridique, Dalloz, Paris, 2002, 231 p. ;
DUBOUCHET, P., Droit et épistémologie. L'Organon du Droit, Harmattan, Paris, 2008 ; GESLIN, A., « L ’importance de
l’épistémologie pour la recherche en Droit », in La recherche juridique vue par ses propres acteurs (Dir. SERGUES, B.),
Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, Toulouse, 2016, pp. 81-130.
38
Selon la tradition anglo-saxonne, l’épistémologie s’intéresse aux conditions d’élaboration de la connaissance – en tant
que croyance vraie et justifiée –, quel que soit le statut, “ordinaire” ou “scientifique”, de cette connaissance. La tradition
continentale adopte une conception plus restrictive, assimilant l’épistémologie “à une réflexion analytique et critique sur les
sciences… Cependant, par-delà cette diversité, on s’-accorde pour reconnaître qu’adopter une démarche épistémologique
conduit à poser trois questions : une Question gnoséologique – qu’est-ce que la connaissance ? qu’y a-t-il à connaître ?; une
Question méthodologique – comment la connaissance est-elle constituée ? ; une Question axiologique – comment apprécier
la valeur ou la validité de la connaissance produite ? (v. BERTHELOT, J-M(dir.), L’épistémologie des sciences sociales,
PUF, Paris, 2012, p. 14 ; LE MOIGNE, J-L, Les épistémologies constructivistes, Que sais-je ?, PUF, Paris, 2007, p. 6;
GESLIN, A., « L ’importance de l’épistémologie pour la recherche en Droit », in La recherche juridique, op. cit., p. 81 ;
BARRAUD, B, op. cit., p.9 ; OST, Fr. et KERCHOVE, M., De la pyramide au réseau ? Pour une théorie dialectique du
droit, Presses de l’Université Saint-Louis, Bruxelles, 2010, p.344).
39
GESLIN, A., « L ’importance de l’épistémologie pour la recherche en Droit », in La recherche juridique, op. cit., p. 88.
20

l'épistémologie devient l'étude de la connaissance juridique, la « connaissance de la connaissance


juridique » en posant d'emblée le problème central, celui de savoir si le Droit, domaine par excellence
de la pratique, fait l'objet d'une science de la pratique (de la « raison pratique ») ou d'une science de la
théorie (de la « raison théorique 40»). Cependant, en prenant pour objet d'étude le domaine juridique,
l'épistémologie ne fait pas irruption dans un monde qui lui est totalement étranger dans la mesure où elle
s'est toujours posé des questions «de Droit » au sens le plus général du terme. En effet, déjà dans
l'Organon qui peut donc être considéré comme le premier grand traité d'épistémologie (et même comme
sa première « encyclopédie» selon le mot de Thionville), c'est toujours la seule forme de la connaissance
comme condition indispensable de son contenu que considère Aristote, ce qui veut dire qu'il fait passer
les questions de Droit avant les questions de fait, qu'il s'interroge avant tout sur les conditions de
possibilité de la connaissance, sur le pouvoir légitime de la raison. C'est pourquoi l'épistémologie du
Droit apparaît comme la connaissance de droit de la connaissance juridique41. Si l'épistémologie est
à l'évidence une discipline du deuxième degré, l'épistémologie du Droit est deux fois une discipline du
deuxième degré, ce qui montre que le droit est certainement la plus épistémologique des disciplines
comme l'épistémologie en est la plus juridique - à cette différence près que, prétendant statuer sur toutes
les sciences, l'épistémologie a parfois tendance à oublier son problème central qui est de fixer d'abord
son propre statut, à oublier de s'appliquer à elle-même la maxime medice, curate ipsum.

§3. Travail de recherche scientifique et typologie

A. Notions du travail de recherche scientifique


1. Portée, préalables et exigences

Omar Aktouf définit le travail de recherche scientifique classique comme étant « un effort
analytique, rigoureux, progressif et systématique d'éclaircissement d'une situation, d'un fait ou d'un
ensemble de faits à l'aide d'outils et de techniques spécifiques. Cet effort va de l'identification et la
définition du problème jusqu'à l'aboutissement à une ou plusieurs solutions ou possibilités de
dépassement de la situation initiale (meilleure connaissance, correction, amélioration, transformation
...). C'est donc ainsi un travail qui peut prendre de quelques heures à plusieurs années, voire plusieurs
décennies avant d'aboutir »42.

Il ressort de cette définition que le travail de recherche scientifique consiste en une investigation
sur un thème spécifique que l’auteur (étudiant ou chercheur) doit développer à partir de son point de
vue, en tenant compte des sources d’information nécessaires, pour la réalisation d’un objectif
scientifique.

Ainsi, le travail de recherche est donc la construction d’un « objet scientifique ». Il permet à l’auteur
de :

- explorer un phénomène,

- résoudre un problème,

- questionner ou réfuter des résultats fournis dans des travaux antérieurs ou une thèse,

- expérimenter un nouveau procédé, une nouvelle solution, une nouvelle théorie,

- appliquer une pratique à un phénomène,

40
DUBOUCHET, P., Droit et épistémologie, op. cit., p.9.
41
Ibidem.
42
AKTOUF, O., op. cit., p.15.
21

- décrire un phénomène,

- expliquer un phénomène,

- expérimenter un nouveau procédé, une nouvelle pratique, une nouvelle théorie,

- ou une synthèse de deux ou plusieurs de ces objectifs, etc.

Précisons qu’un travail de recherche c’est aussi tout document servant un travail universitaire
(Mémoire, thèse) ou toutes les autres littératures (articles, livres, rapports, communications scientifiques,
résumés…).

Il sied de mentionner qu’en dehors des universités, des instituts et écoles supérieurs relevant
du Ministère de l’enseignement supérieur et universitaire, la recherche scientifique peut se faire aussi
sous d’autres cadres à l’instar de la recherche dans les centres ou institut de recherche43, les sociétés
savantes44, les académies45, les laboratoires privés de recherche, la participation au colloque ou
congres46, la recherche de manière indépendante (chercheur indépendant) ; etc.

Ce travail requiert certains préalables et exigences47, qu’il convient d’épingler ci-dessous.

a. Les préalables

On peut citer entre autres :

- Maîtrise d'un ensemble de connaissances liées à un champ précis de la science (ex. :


la science juridique) ;
- Maîtrise des plus importantes théories explicatives (même contradictoires) propres au
champ en question (ex. : la théorie ou paradigme du positivisme juridique ou
dogmatique juridique, celle du droit comme phénomène social, celle de
l’herméneutique ou droit comme interprétation) ;
- Maîtrise d'un certain nombre d'outils propres à recueillir de façon rigoureuse les
données à étudier ;

43
Un centre de recherche (ou institut) est un établissement, laboratoire ou organisme de recherche et d’enseignement
spécialisé dans les domaines de la recherche scientifique, de la recherche historique ou dans le domaine des sciences sociales.
Les instituts de recherche peuvent se spécialiser dans la recherche fondamentale ou peuvent être orientés vers la recherche
appliquée. Ils peuvent être liés en partenariat à des universités, des musées, des entreprises et des ministères.
Les instituts de recherche sont à la pointe de la production mondiale d’articles scientifiques et publient des comptes rendus
de leurs travaux, exposés et conférences scientifiques dans de nombreuses publications.
On peut citer en RDC : l’Institut national de recherche biomédicale (INRB). ; le Centre de Recherches et d’Etudes sur l’Etat
de Droit en Afrique (CREEDA) ; l’Institut national pour l’étude et la recherche agronomiques (INERA) ; le Centre de
Recherche et de Diffusion juridiques (CRDJ) ; le Centre de Recherche et d’Etudes pour le développement du droit en Afrique,
(CREDDA ASBL) ; le Centre de Recherche en Droit de l’Homme et Droit international, (CERDHO) , le Centre de recherche
de YANGAMBI ; le CRAA , centre recherche agroalimentaire de l’UNILU ; le centre de recherche pédagogique de
Kinshasa ; le Centre de recherche interdisciplinaire en développement : Economie, Santé et Société, CRIDESS, de l’UPC, le
centre de recherche sur l’Anti-corruption ; l’Institut de recherche de Statistique Appliquée (IRSA) ; le Centre Arrupe pour la
Recherche et la Formation (CARF, à Lubumbashi) etc.
44
Les sociétés savantes sont des groupements des scientifiques qui se donnent comme but de solliciter et de promouvoir
l’activité scientifique, par l’organisation de séances régulières pour les membres, la publication des travaux originaux et de
collections d’ouvrages, l’institution de concours, etc. Elles peuvent être locales, nationales et internationales. Souvent, elles
sont constituées selon les domaines scientifiques ( ex. Association internationale de méthodologie juridique fondée en 1989
par le professeur Jean-Louis Bergel, Association international de Droit pénal, Union internationale de chimie pure et
appliquée…)
45
Une Académie est une société scientifique, littéraire ou artistique. Son but est de développer de toutes manières, en premier
lieu en encourageant les recherches et les travaux personnels des académiciens eux-mêmes, un domaine déterminé de la
culture humaine. Le nombre des membres dont elles se composent est limité.
46
Les colloques ou les congrès sont des conférences-débats organisées entre les spécialistes d’une discipline donnée et cela
soit au niveau national, soit au niveau international.
47
AKTOUF, O., op. cit., pp.15-16.
22

-Maîtrise d'instruments de vérification et de collecte de données non directement


observables ;
- Maîtrise de certains outils de traitement et d'analyses de données aussi bien
qualitatives que quantitatives...
b. Les exigences
Sans souci d’exhaustivité, on peut citer :
- L’unité et la clarté du sujet traité : ce qui est soumis à l'étude ou à l'analyse doit être
bien individualisé et identifié ;
- La rigueur de la démarche : méthode et techniques conformes aux normes
scientifiques ;
- La logique de la démarche : la rigueur ne suffit pas toujours, encore faut-il que les
différentes étapes et parties de la recherche s'articulent les unes aux autres selon une
logique explicite et évidente ;
- La justification des outils, techniques, instruments ... qui sont retenus ;
- La justification de la pertinence des types de données recueillies par rapport au
problème traité ;
- La justification du choix des lieux, personnes ... auprès de qui ces données sont
recueillies ;
- Les preuves des résultats avancés, de leur authenticité, leur exactitude ...
- Les preuves de généralisations possibles des principaux résultats, dans des conditions
équivalentes à celles de la recherche entreprise ;
- La justification des interprétations données aux résultats obtenus et précision des
cadres de références scientifiques ayant conduit à ces interprétations.

Nous allons essayer tout au long de ce manuel d’enseignement de développer ces préalables et
ces exigences, afin de respecter au mieux les critères d'une recherche.

2. Lieux de la recherche

Le travail de recherche scientifique est généralement fait ou pratiqué dans des lieux particuliers
surs, qui offrent aux chercheurs les moyens d'exercer leur activité. Ces lieux peuvent être des laboratoires
et bien d’autres lieux :

- Les laboratoires de recherche, qui peuvent aussi bien être publics que privés, sont les lieux privilégiés
où se déroule l'activité de recherche. Y sont rassemblés des chercheurs, des techniciens et des
administratifs qui, dans l'idéal, collaborent autour d'un ou de plusieurs projets ou sujets de recherche.
Ces chercheurs y partagent les ressources et les moyens rassemblés dans le laboratoire.

Il existe des laboratoires tant pour les sciences exactes que pour les sciences humaines et sociales.

La taille et la structure des laboratoires peuvent considérablement varier. Certains peuvent rassembler
une poignée d'individus autour d'un instrument, le tout rassemblé dans quelques pièces d'une université.
D'autres peuvent associer des milliers de collaborateurs, physiquement éparpillés sur toute la planète en
différents lieux qui eux-mêmes peuvent constituer un laboratoire, ou des antennes du laboratoire
principal48.

48
D. VINCK, « Du laboratoire aux réseaux : Le travail scientifique en mutation. Politique de la science et de la technologie »,
Rapport de recherche FAST, 1992 cité par IBANDA KABAKA, P., art. cit., p.12.
23

-Recherche hors du laboratoire : Pour de nombreuses disciplines, en particulier celles des sciences
humaines et sociales, l'activité de recherche peut se dérouler hors des murs du laboratoire. C'est évident
pour le juriste et c’est le cas pour le sociologue, le mathématicien, l’historien, le criminologue, etc.

Mises à part des situations particulières où l'activité de recherche peut accompagner le chercheur où qu'il
soit, certaines disciplines se distinguent par leurs propres lieux de recherche49 : les centres d'archives
pour l'historien, le chantier de fouille pour l'archéologue, le terrain pour le sociologue ou l'anthropologue,
l'observatoire pour l'astronome, ...

On ajoutera que les bibliothèques sont des lieux incontournables de recherche pour tout chercheur
indépendamment de sa discipline. C’est à ces lieux qu’on trouve des documents en rapport avec les
connaissances antérieures à la recherche actuelle (théories, paradigmes, principes… nécessaires à la
revue de la littérature).

3. Produits de la recherche

Le travail de recherche est une clef aux mains de l’homme qui non seulement ouvre les portes du
changement, de la prospective et de l’innovation, mais également aide à optimiser ses outils et techniques
de production et à améliorer ses conditions de vie (voir les notions de progrès technique sus
développées).

La recherche vise évidemment à produire des connaissances scientifiques. Mais ces connaissances
peuvent prendre des formes diverses : il peut s'agir de publications, de rapports, de brevets, de
communications orales, etc... Enfin, ces connaissances peuvent être incorporées dans de nouvelles
machines, de nouveaux instruments ou dispositifs. Ce sont tous ces produits qui, en étant diffusé au sein
de la communauté scientifique et des entreprises, permettent au chercheur d'être reconnu par ses pairs,
et de recevoir en retour les moyens nécessaires à la poursuite de son travail.

B. Types de travaux de recherche universitaire dans le cadre du LMD (Licence -Master -


Doctorat)

La recherche scientifique dans le cadre universitaire aboutit à la rédaction de certains travaux.

Un travail universitaire est celui présenté par l’impétrant (étudiant) pour l’obtention du titre
sanctionnant la fin d’un cycle.

Le premier jalon à poser est celui de bien s'entendre sur la nature du produit auquel doit aboutir
le futur chercheur lors des premiers pas dans sa carrière. Ce produit, généralement un rapport de
recherche sanctionnant des études de Licence ou de Master (ou spécialisation), porte le nom de Mémoire,
par distinction avec thèse, terme qui, lui, est réservé aux travaux plus ambitieux, dits de troisième cycle.
Telle est la typologie des travaux dans le système actuel du LMD. Mais dans l’ancien système, on

49
M. HUBERT, « Partager des expériences de laboratoire : La recherche à l’épreuve des réorganisations. », in Archives
contemporaines, 2014 cité IBANDA KABAKA, P., art. cit., p.13.
24

comptait le Travail de fin ce cycle (TFC)50, le Mémoire de licence51, le Mémoire de DEA (Diplôme
d’études approfondies)52 et la thèse.

On évoquera aussi l’article scientifique au regard de son caractère incontournable en milieu


académique et universitaire.

1. Le Mémoire de Licence ou de Master


Si le mémoire n’est pas un récit, un rapport, un compte rendu ; mais il est bien une dissertation
scientifique.

Dissertation implique, en tant que genre littéraire, de traiter un sujet précis, d'en parler en
connaissance de cause (avoir une certaine connaissance préalable sur le sujet), d'appliquer des
connaissances pour développer le sujet traité et émettre des idées originales, personnelles, plus «
avancées »...

Scientifique quant à lui, implique (au sens classique toujours) : la connaissance des règles et
normes scientifiques, l'application de ces normes et règles au sujet traité, la rigueur et l'exactitude dans
le traitement, les preuves et la démonstration de ce qui est affirmé ou avancé...

Retenons l’essentiel dans ces deux cycles :

- En général, au niveau du premier cycle, l’objectif majeur est l’acquisition d’un


ensemble de connaissances, qui n’exclut pas bien entendu l’acquisition de méthodes
et la capacité de penser par soi-même. A ce niveau, l’évaluation traditionnelle se
concentre sur le contrôle des savoirs livrés par la voie des cours magistraux et des
travaux dirigés ou acquis (aujourd’hui) par la voie de la recherche sur Internet et des
activités menées de lecture et autres. Un Mémoire de licence, un mini-mémoire vaut
sa peine pour une initiation à la recherche du débutant53.
- En principe, au second cycle, le rapport au savoir évolue en même temps que le
rapport aux enseignants. L’étudiant doit entrer dans la démarche d’une quête qui le
pousse à vouloir conduire un travail par soi-même. Et les exigences de lire beaucoup
et de mener des activités de recherche visent à développer une attitude réflexive et à
permettre de tester la capacité d’intégration des connaissances acquises dans une
démarche de recherche par soi-même. Le mémoire de master pourra emprunter
beaucoup de la méthodologie de recherche appropriée ; mais personne n’attend que
son niveau soit celui de la thèse de doctorat. Ce sera déjà heureux que le Mémoire
parvienne à faire une bonne analyse des résultats.

Ce faisant, le Mémoire, est, une application d'un ou de plusieurs champs de connaissance (par
exemple, la science juridique) à un aspect de la réalité (sujet précis du mémoire) pour en comprendre les

50
Un travail présenté en Graduat s’appelait un Travail de Fin de Cycle (T.F.C.), celui de Licence s’appelle Mémoire (différent
de la mémoire, faculté mentale…). Le travail du Diplôme d’Etudes Supérieures (D.E.S.), ou Diplôme d’Etudes Approfondies
(D.E.A.) s’appelle Mémoire, celui de doctorat est une thèse de doctorat.
A la fin de son cycle de Graduat, l’étudiant devait être capable de choisir un sujet, de le développer et de le présenter
scientifiquement après avoir fait des recherches.
51
Cela vaut également pour le Mémoire de Licence où l’étudiant devait arriver à prouver qu’il devient un « petit » spécialiste
dans ce domaine et sur un thème précis. L’étudiant jouit ici d’une grande liberté dans le choix du sujet et fait preuve de
maturité scientifique. Il doit montrer qu’il a bien assimilé le thème qu’il étudie et doit pouvoir l’exposer de façon claire et
personnelle.
52
Le mémoire de DEA ou DES porte sur une question spéciale ou approfondie. Il est rédigé au troisième cycle. Le chercheur
doit faire montre de la maitrise du sujet et de la méthodologie, car à la fin de ce travail, l’on devient spécialiste dans le
domaine de sa discipline scientifique. Le Mémoire de DEA est aujourd’hui l’équivalent du Mémoire de master.
53
NDA, P., op. cit., p.27.
25

mécanismes, caractéristiques, dysfonctions, difficulté ... et suggérer par voie d'analyse et de


démonstration une ou plusieurs possibilités d'amélioration, de correction, de meilleure utilisation... selon
la nature du sujet traité.

En clair, c’est un exercice au bout duquel le candidat doit manifester qu’il a acquis un minimum
de compétences dans les domaines de l’investigation, de l’analyse et de la présentation des résultats.

En ce qui concerne le format général, le mémoire de licence en Droit en RD Congo pourrait


comprendre au minimum 50 pages et le mémoire de master (ou de DEA) 100 pages.

Si la direction d’un Mémoire de licence est confiée à un professeur, celle d’un Mémoire de master
à deux professeurs spécialistes du domaine (directeur et codirecteur).

2. La Thèse de Doctorat

La thèse de doctorat est un travail de recherche à caractère original qui est rédigée et soutenue
par un doctorant en vue d’obtenir le grade de docteur dans un domaine précis de la science. Par une telle
œuvre, le doctorant veut montrer sa capacité à promouvoir la science. Et le doctorat de recherche est le
grade qui confère chez nous, la compétence d’enseigner comme titulaire à l’université (bien sûr, c’est
après nomination du docteur comme professeur associé par arrêté ministériel). A côté, il y a aussi le
doctorat professionnel, il s’agit d’une nouveauté apportée par les articles 10 et 11 de l’arrêté du 13 février
2023 portant normes d’opérationnalisation des enseignements du 3-ème cycle dans les établissements
d’enseignement supérieur et universitaire en RD Congo 54.

En troisième cycle, l’aventure de la thèse de doctorat veut conduire à une véritable spécialisation
par-delà une culture générale et construit un profil de carrière dans la recherche ou l’enseignement.

Quant à l’aspect méthodologie, l’élaboration d’une thèse de doctorat « est conçue comme un
témoignage de la maîtrise globale de la méthodologie de recherche. Elle est un exercice qui, en principe,
permet à son auteur d’acquérir l’essentiel de la compétence exigée en matière de recherche scientifique
55
». L’impétrant se confirme donc comme un chercheur prouvant sa capacité de produire un travail
scientifique de haute facture promouvant d’autres recherches scientifiques.

Les caractéristiques de la thèse sont de concourir à l'avancement des sciences. C'est un travail
dont l'aboutissement doit être marquant non seulement par sa rigueur, mais aussi par son originalité ; il

54
Article 10 et 11 de l’arrêté n°101/MINESU/CABMIN/MNBMBLB/2023 du 13/02/2023 modifiant et complétant l’arrêté
n° 175/MINSEU/CABIN/TMF/EBK-RK3 du 22 /12/2015 portant normes d’opérationnalisation des enseignements du 3-ème
cycle dans les établissements d’enseignement supérieur et universitaire en RD Congo : « Il est institué un doctorat de
recherche et un doctorat professionnel. L’ouverture d’un doctorat professionnel du 3 e cycle est conditionnée par une
demande préalable du Ministre de tutelle, suivie d’une mission de contrôle d’opportunité, sanctionnée par un arrêté
ministériel… ». Et l’article 11 (quant à l’admissibilité), « pour le doctorat professionnel : les candidats bénéficiant d’une
lettre de recommandation de leur employeur et dont les profils et dossiers auront été jugés admissibles pour une formation
de 3e cycle ».
55
Pierre N’DA, pour sa part, écrit : « Contrairement au Mémoire, qui est un travail d’initiation à la recherche ou l’œuvre d’un
apprenti-chercheur, la Thèse de doctorat est un travail de recherche scientifique de haut niveau ; c’est une étude minutieuse,
rigoureuse de long souffle (3 à 4 ans), une analyse approfondie d’une question donnée, une recherche murie permettant un
discours consistant et original, une critique nouvelle et enrichissante ». Il poursuit : « En un mot, il s’agit d’un travail
scientifique et d’un exercice académique exigeant qui, non seulement mettent en valeur les qualités et les capacités
intellectuelles du doctorant, sa culture scientifique, sa compétence dans un champ d’investigation et son domaine de
spécialisation, mais aussi consacrent son aptitude à la recherche et à l’enseignement supérieur ». C’est un travail qui doit
manifester une part d’originalité certaine, un apport personnel à l’avancement des connaissances dans un domaine spécifique
(N'DA Pierre, Méthodologie et guide pratique du mémoire de recherche et de la thèse de doctorat en Lettres, Art, Sciences
humaines et sociales : Informations, normes et recommandations universitaires, techniques et pratiques actuelles, Paris,
L’Harmattan, 2007, p.75 cité par NDA Paul, op. cit, p. 28).
26

doit contribuer à l'édifice scientifique. C'est une sorte de découverte personnelle que devrait avoir
effectuée le chercheur dont la tâche sera alors essentiellement de la faire admettre par la communauté
scientifique. Et, pour prétendre à cette découverte personnelle, le chercheur devra avoir couvert
l'ensemble de l'état des connaissances sur son sujet. Il doit, selon la formule consacrée, prouver qu'il en
sait autant que n'importe qui dans le monde sur son domaine avant de se lancer dans des apports
particuliers...56

Le docteur est donc un chercheur, « un savant », un détenteur avéré de connaissances, un


spécialiste d’une question soigneusement étudiée dans le champ d’une discipline précise. En d’autres
termes, par ce titre de docteur, il devient en quelque sorte « maître » et « incontournable » dans son
domaine.

A la différence d’un Mémoire de Master qui s’intéresse sur une question et qui montre ce dont
l’impétrant est capable en ce qui concerne la maîtrise du sujet et de la méthodologie, une Thèse examine
une question pointue dans sa discipline et se veut une contribution originale pour le progrès de la science.
On l’évalue notamment à l’aide des éléments suivants : pertinence du sujet, niveau d’érudition,
documentation appropriée, enquête fouillée, analyse critique des données, interdisciplinarité affirmée,
conclusions applicables, etc.

En ce qui concerne sa rédaction, la thèse de doctorat en Droit suit les mêmes règles de forme et
de fond que celles énoncées pour le mémoire. La seule grande différence réside dans la volumétrie : en
effet, une thèse de Droit est constituée de plus de 300 pages en moyenne. Il y a même de thèses de plus
de 1000 pages pour les doctorants prolixes et bien inspirés. Sa rédaction est faite entre 3 à 5 ans et sa
direction est confiée un comité d’encadrement composé de 3 professeurs spécialistes du domaine (un
promoteur, un co-promoteur et un membre) et le jury pour son évaluation est composé de 7 professeurs.

3. L’article scientifique
L’article scientifique est un écrit rédigé par un chercheur dans lequel il traite d’un sujet sur lequel
il veut faire un état de lieu, donner des recommandations ou simplement réfléchir.

Dans sa rédaction, au niveau de la forme, l’article sera composé d’une introduction, d’un
développement et d’une conclusion. L’introduction va épingler la problématique du sujet analysé, définir
les différents concepts-clés ainsi que l’annonce du plan de l’article.

Dans la recherche juridique, de manière générale, le développement de l’article est constitué de


deux parties ou sections subdivisées en paragraphes chacune. C’est le modèle du plan binaire. Toutefois
il n’est pas exclu qu’un article ait un plan analytique (plusieurs titres et chaque titre correspondant à une
idée ou matière à développer).

En termes des pages, un article en droit nage généralement autour de 15 pages au minimum (ça
peut donc aller à 20 pages, 25 ou 35 pages, tout dépend des exigences de la revue de publication).

En milieu universitaire, les articles sont devenus incontournables :

- Ils sont exigés pour la promotion en grade des enseignants congolais (professeurs ou
Chef de travaux57) ;

56
AKTOUF, O., op. cit., p.12.
57
v. les articles 102, 103 et 108 de la loi n°18/038 du 29 décembre 2018 portant Statut du personnel de l’enseignement
supérieur et universitaire et de la recherche scientifique (en RD Congo).
27

- Ils sont exigés comme conditions préalables à la soutenance d’une thèse de doctorat
(deux articles dont l’un publié dans une revue internationale58).

§4. Méthodologie

Pour que les règles de la recherche scientifique soient transmissibles et connues par la masse des
chercheurs, il a fallu les codifier : ainsi apparut la méthodologie59.

La démarche scientifique se caractérise par l’usage des méthodes relatives à chaque discipline.
La méthodologie quant à elle, intervient pour discourir sur les différentes approches scientifiques
choisies par un chercheur pour étudier un phénomène. Elle n’est pas dans ce cas, une épistémologie ni
une histoire des sciences, ni une sociologie des sciences ni encore une philosophie des sciences même
si ces branches du savoir éclairent toujours d’un regard neuf l’univers méthodologique. De ce fait, la
méthodologie constitue une partie essentielle de la logique car cette dernière depuis Aristote permet sur
base des principes bien établis, de raisonner. La méthodologie étudie donc a posteriori les méthodes des
divers ordres de connaissance. Elle se veut donc la méthode des méthodes à l’instar de la
« métalinguistique » qui est la linguistique des linguistiques et de la « mathématique », mathématique
des mathématiques. La méthodologie se présente comme la cartographie des méthodes ou tout
simplement comme la métaméthode60.

Pour situer l'extrême importance de la méthode en science, il nous suffira de rappeler que toute
discipline qui se veut autonome doit obligatoirement se définir un objet (quel est l'objet spécifique qu'elle
étudie et dont elle rend compte) et une méthode (comment elle procède pour étudier cet objet61).

Le premier traité systématique et complet de méthode que l'on connaisse est celui de René
Descartes, Le discours de la méthode, paru en 163262. Dans cet ouvrage, l'auteur invite à respecter un
certain nombre de règles pour s'assurer du caractère objectif de ce qu'on étudie et surtout, de ce qu'on
élabore à partir de cette étude. Notamment la défiance des préjugés et des idées « adventices » (à l'avance,
non prouvées) et la non acceptation d'une idée avant qu'elle ne s'impose avec clarté et évidence à la
raison.

Comme base de méthode, Descartes préconise le doute (doute cartésien). Il faut douter de toute chose
avant d'en avoir fait la preuve évidente et irréfutable. Cela est demeuré, jusqu'à nos jours, le souci majeur
de toute approche scientifique positiviste qui se respecte. Et l'outil dont on se sert pour satisfaire à cette
exigence fondamentale est précisément la méthode.

58
v. l’article 24 de l’arrêté n°101/MINESU/CABMIN/MNBMBLB/2023 du 13/02/2023 modifiant et complétant l’arrêté n°
175/MINSEU/CABIN/TMF/EBK-RK3 du 22 /12/2015 portant normes d’opérationnalisation des enseignements du 3-ème
cycle dans les établissements d’enseignement supérieur et universitaire en RD Congo
59
La méthodologie de la recherche, comme objet d’enseignement, est récente et son origine montre en même temps sa
nature : de manière large, elle est une codification des pratiques considérées comme valides par les chercheurs séniors d’un
domaine de recherche.
60
KIZOBO OBWENG, Méthodologie de la recherche scientifique, éd. Mes, Lubumbashi, 2016, pp. 2 et s.
61
Il sied de préciser que :
- La méthode scientifique désigne l’ensemble des démarches nécessaires pour obtenir des connaissances valides par
le biais d’instruments fiables. La méthode scientifique est basée sur la reproduisibilité (la capacité de répéter une
expérience donnée n’importe où et par n’importe quelle personne) et la falsifiabilité ou la fiabilité (toute proposition
scientifique est susceptible d’être refusée).
- La méthodologie scientifique permet la mise en œuvre des exigences théoriques et opératoires de l’observation
conférant aux résultats un fondement légitime. Ce sont donc les façons de procéder, les modes opératoires mis en
jeu du travail de recherche (recherche selon les postulats, les typologies de recherche et démarches scientifiques).
62
DESCARTES, R., Discours de la méthode. Pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences (1637),
Librairie des bibliothèques, Paris, in www.books.google.cd
28

A. Méthodologie de recherche

Pour bien cerner cette notion, il convient de préciser les termes qui arpentent autour d’elle :

1. La méthode

a. Portée de la méthode en général

Le dictionnaire définit la méthode comme la marche, l’ensemble de démarches que suit l’esprit
pour découvrir et démontrer la vérité (dans les sciences). Ou encore, c’est une démarche de l’esprit
propre à une science63.

On peut dire que c’est la procédure logique d'une science, c'est-à-dire l'ensemble des règles
particulières qu'elle met en œuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations
soit clair, évident et irréfutable.

Ce qui n’est pas totalement différent de la définition d’un auteur 64: « la méthode est constituée
d'un ensemble de règles qui, dans le cadre d'une science donnée, sont relativement indépendantes des
contenus et des faits particuliers étudiés en tant que tels ; elle se traduit, sur le terrain, par des procédures
concrètes dans la préparation, l'organisation et la conduite d'une recherche ».

Mais de manière générale, on peut aussi retenir que la méthode, est « une manière de conduire la
pensée »65.

➢ Procéder avec méthode, renvoie exactement à66 :

- Déterminer clairement l’objectif à atteindre ;

- Etablir la somme des opérations à accomplir et des matériaux et instruments nécessaires ;

- Réaliser ces opérations dans un ordre raisonné.

➢ Pourquoi procéder avec méthode ?

En premier lieu, pour accroître ses chances de résoudre le problème posé. Celui qui procède sans
méthode trouvera peut-être la réponse à la question qui lui est posée, mais ce sera par hasard ; or le
hasard fait rarement bien les choses. Celui qui agit avec méthode a plus de chances de résoudre
correctement ce qui lui est soumis.

En second lieu, il faut procéder avec méthode par souci d’économie. Comme on le sait, il y a économie,
lorsqu’avec des moyens X, on obtient une production optimum ou lorsqu’on arrive à produire Y avec le
minimum de moyens. Celui qui procède sans méthode aboutit presque nécessairement à des gaspillages
d’instruments, de matière, de temps, etc.

b. Portée de la méthode en Droit

63
Le petit Robert de la langue française, 2014, v. Méthode.
64
AKTOUF, O., op. cit., p.27.
65
MOTULSKY, H., Principes d’une réalisation méthodique du Droit privé, Dalloz, Paris, 1991, p. 4.
66
DELNOY, P., Eléments de méthodologie juridique. 1. Méthodologie de l’interprétation juridique, 2. Méthodologie de
l’application du Droit, 3e éd., Larcier, Bruxelles, 2008, p.21.
29

Pour notre part, dans un travail de recherche en Droit, la méthode n’analyse comme un procédé
de raisonnement qu’il convient de mettre en œuvre pour diriger sa raison à la connaissance de la
vérité, lorsque cette raison se penche sur un questionnement juridique. Elle est donc une voie qui
guide le raisonnement juridique.

Ainsi en est-il de l’interprétation, de la motivation, de l’argumentation67, de la qualification68 ou


encore de la technique du standard69. Dans tous ces cas, la méthode agence des moyens purement
intellectuels et non normatifs (en eux-mêmes, ces procédés sont dépourvus de la portée normative).

La méthode juridique, second objet d’étude du positivisme juridique, est constitué des modes
de raisonnement et d’argumentation propres aux juristes (elle n’est pas à confondre avec la méthode
exégétique, ou herméneutique). Elle relève de ce qu’on nomme parfois la « méthodologie juridique ».
La méthode juridique représente l’attitude intellectuelle ou psychologique des juristes qui, dans leur
pratique, appliquent aux cas concrets qui leurs sont soumis le Droit – tel que représenté par la théorie
du Droit jugée valable. En vertu du positivisme, le Droit est donc distinct des processus méthodologiques
des juristes. Le Droit est une chose, la méthode en est une autre : ce sont deux objets d’études séparés.70

Comme l’écrit Jean-Louis Bergel, « il paraît nécessaire, à une époque de surrèglementation, de


dirigisme pointilleux, de bouleversements techniques, humains et sociaux et, plus spécialement, à l’heure
de l’informatique, de rappeler qu’il vaut mieux pour un juriste une tête bien faite qu’une tête bien pleine
et que la connaissance pure, pour laquelle la mémoire humaine est supplantée par l’ordinateur, n’est rien
sans une conception générale du Droit, un raisonnement et une méthode appropriés 71».

En Droit, le choix de la méthode et des techniques de recherche ne procède pas du hasard ni de


l’arbitraire du chercheur. En effet, c’est la nature de la recherche qui détermine le choix de la méthode
et des techniques.

Les méthodes dans la recherche juridique sont (pour la plupart) les mêmes que celles couramment
utilisées en sciences sociales. Ce qui les différencie c’est le fait qu’en Droit ; ces méthodes ont pour
objet : l’étude des règles juridiques existantes (les méthodes : exégétique juridique, herméneutique,
téléologique…) ; l’étude des organisations juridiques (les méthodes : structurelle, fonctionnelle, la
systémique, …) et l’analyse des situations à implication juridique (les méthodes : dialectique,
historique, génétique, comparative, …). En outre, la méthode statistique (statistique descriptive ou
statistique inférentielle) peut aussi être utilisée dans la recherche juridique lorsqu’il s’agit d’analyser des
données chiffrées collectées.

On reviendra sur la portée de chacune de ces méthodes au chapitre troisième.

67
La méthode de l’argumentation regroupe les procédés permettant de justifier une décision et de susciter l’adhésion chez
l’auditeur.
68
La qualification juridique est « une technique juridique au service des acteurs du Droit pour mettre en œuvre les catégories
juridiques » (VAUTROT-SCHWARZ, Ch., La qualification juridique en droit administratif, LGDJ, Paris,2009, p. 6).
69
« Le standard est une technique de formulation de la règle de Droit qui a pour effet une certaine indétermination a priori
de celle-ci. Souvent d’origine jurisprudentielle, et en principe dénoté par l’utilisation de certaines formes, le standard vise à
permettre la mesure de comportements et de situations en termes de normalité. » (RIALS, St., Le juge administratif français
et la technique du standard. Essai sur le traitement juridictionnel de l’idée de normalité, LGDJ, Paris, 1980, p. 120).
70
TREMBLAY, L,. B., « Le positivisme juridique versus l’herméneutique juridique », in Livre RJT46-2, 2012, p.260, en
ligne : https://www.canlii.org
71
BERGEL, J.L, Méthodologie juridique fondamentale et appliquée, P.U.F., Paris, 2018, p.19.
30

2. La technique

C'est un moyen précis pour atteindre un résultat partiel, à un niveau et à un moment précis de la
recherche. Cette atteinte de résultat est directe et relève du concret, du fait observé, de l'étape pratique
et limitée.

Les techniques sont, en ce sens, des moyens dont on se sert pour couvrir des étapes d'opérations
limitées (alors que la méthode est plus de l'ordre de la conception globale coordonnant plusieurs
techniques). Ce sont des outils de collecte des données et qui restent momentanés, conjoncturels et
limités dans le processus de recherche : sondage, interview, jeu de rôle, analyse documentaire...

3. L’approche (ou le paradigme)

L’approche est la manière avec laquelle le chercheur aborde sa recherche, c’est-à-dire la


conception ou la vision théorique qu’il adopte pour sa recherche : « l'approche est à considérer comme
une démarche intellectuelle qui n’implique ni étapes, ni cheminement systématique, ni rigueur
particulière. C'est à peu près un état d'esprit, une sorte de disposition générale qui situe l'arrière-fond
philosophique ou métathéorique du chercheur ou de la recherche. Dans ce sens, on parle d'approche
marxiste, fonctionnaliste, culturaliste, structuraliste, systémique72 ».

Et dans la recherche juridique , on peut citer aussi comme approches : le positivisme juridique
(positivisme normativiste pur, le positivisme légaliste, le positivisme souple appliqué en vertu de
l’équité, le positivisme fondé sur la justice-équité, le positivisme flexible,…), l’idéalisme juridique ( le
droit appelé le juste, la loi naturelle, le rationalisme juridique, le volontarisme et naturalisme juridique..)
, le transpositivisme, l’institutionnalisme, l’humanisme juridique, l’éclectisme juridique, la
phénoménologie juridique, le syncrétisme juridique, l’approche post-positiviste du Droit, etc.

4. Méthodologie de recherche

La notion de méthodologie peut donc s’entendre comme étant le discours, la science qui porte
sur la méthode, les démarches, les approches, les procédés et autres instruments auquel le chercheur
devra recourir dans le cadre d’une étude73.

Pour Benoît Gauthier, la méthodologie de la recherche englobe à la fois la structure de l’esprit


et de la forme de la recherche et les techniques utilisées pour mettre en pratique cet esprit et cette forme
(méthode et méthodes)74.

C’est ce qui fait dire à Omar Akouf, que la méthodologie est l'étude du bon usage des méthodes
et techniques. Il ne suffit pas de les connaître, encore faut-il savoir les utiliser comme il se doit, c'est-à-
dire savoir comment les adapter, le plus rigoureusement possible, d'une part à l'objet précis de la
recherche ou de l'étude envisagée, et d'autre part aux objectifs poursuivis75. Autrement dit, les méthodes
et techniques retenues dans une recherche donnée doivent être les plus aptes à rendre compte du sujet
étudié et à mener le chercheur vers les buts qu'il s'est fixés en termes d'aboutissement de son travail. Il
est inutile de préciser que cela doit faire l'objet de justifications et d'argumentations serrées de la part du
chercheur : pourquoi choisir telle méthode, telles techniques, tels instruments...

72
BERGEL, J.L, Méthodologie juridique, op. cit., p.19.
73
En d’autres termes, la méthodologie est la science qui étudie l’ensemble des méthodes et des démarches d’un domaine
particulier, adoptées par des spécialistes tels que des chercheurs, des éditeurs, des enseignants, etc., pour faire une recherche
scientifique.
74
GAUTHIER, B.(dir.), Recherche sociale. De la problématique à la collecte des données, Presse de l’Université du Québec,
2009, p.9.
75
AKTOUF, O., op. cit., p.28.
31

Ainsi, un travail de recherche est évalué au triple plan de la méthodologie d’investigation, de la


méthodologie d’analyse et de la méthodologie d’exposition ou de présentation des résultats. Ces trois
types de méthodologies constituent l’essentiel de la formation de l’esprit scientifique avec ses
implications.

B. Méthodologie juridique

Dans son acception la plus stricte, la méthodologie est l’étude systématique des méthodes utilisées
par une science pour l’investigation de la réalité. Elle consiste donc en l’ensemble des méthodes
qu’emploie une science. A ce titre, la méthodologie juridique renferme les techniques ou méthodes
tendant à initier le juriste à raisonner, argumenter et s’exprimer en Droit, autrement dit l’initiation à la
recherche, à l’analyse et à l’application du Droit. Friedrich Muller d’affirmer que « la méthodologie
juridique conceptualise les modalités du travail quotidien des juristes 76».

En outre, la méthodologie juridique est purement formelle et n’a aucun égard pour le fond du
Droit. Sa fonction est d’observer et d’expliquer la « mécanique du Droit », quels que soient les résultats
que celle-ci produit. Ce qui importe d’un point de vue méthodologique n’est pas le contenu de la norme
mais les modes d’édiction, d’application et de sanction de la norme.

La consultation de plusieurs ouvrages consacrés à la méthodologie juridique révèle que


l’enseignement de cette matière s’articule principalement autour des éléments suivants : la théorie des
sources du Droit, l’appréhension des faits par le Droit, les catégories et la qualification juridiques77,
les procédés d’interprétation des textes normatifs et les modes de raisonnement et d’argumentation en
Droit78.

Ainsi, au sujet de la méthodologie du raisonnement juridique, Paul Delnoy se pose la question :


Comment un juge, un avocat, un notaire, un juriste d’entreprise, un juriste fonctionnaire, un juriste
d’université procède-t-il lorsqu’il pratique son métier ? Lorsqu’on lui soumet un problème juridique,
selon quelle méthode raisonne-t-il pour le résoudre ?79 »

Envisagée dans un sens strict, la méthodologie juridique a pour objet l’étude des techniques de
recherche et de rédaction juridique (recherche juridique, dissertation juridique, commentaire d’arrêt,
résolution du cas pratique ou casus, ...). Et dans le présent enseignement on s’arrêtera à la méthodologie
de recherche juridique.

C’est avec raison que le Professeur Jean Louis Bergel, alors Président de l’Association
internationale de méthodologie juridique, qualifie la méthodologie de recherche en Droit comme une
méthodologie appliquée. Cet auteur distingue la méthodologie juridique fondamentale de la
méthodologie juridique appliquée. La méthodologie juridique fondamentale est constituée de l’étude
des concepts et des catégories juridiques, celle des raisonnements juridiques, celle des méthodes de
coordination des règles juridiques, d’interprétation du Droit ou de qualification juridique. Il en est de

76
MULLER, Fr., Discours de la méthode juridique (trad. De l’allemand par O. JOUANJAN), éd. Léviathan PUF, Paris,
1996, p.37.
77
Par ex. BONET, D., L’essentiel de la méthodologie juridique, Ellipses, Paris, 2020 : l’auteur s’arrête à analyser la
méthodologie des Épreuves théoriques (• Dissertation • Fiche de jurisprudence • Commentaire d’arrêt • Commentaire d’article
• Test de connaissances • Oral) et des Épreuves pratiques ( • Cas pratique • Rédaction de conclusions • Rédaction de jugements
• Rédaction de contrats • Note de synthèse • Rapport de stage). Donc, l’auteur ne touche pas vraiment la question de la
méthodologie de recherche juridique et telle est la tendance dans beaucoup d’ouvrages qui ont pourtant des titres évocateurs
de « méthodologie juridique ».
78
Pour approfondir utilement sur la méthodologie juridique, v. BERGEL, J.L, Méthodologie juridique fondamentale et
appliquée, op. cit. ; DELNOY, P., Eléments de méthodologie juridique, op. cit., 447 p. ; etc.
79
DELNOY, P., Eléments de méthodologie juridique, op. cit., p.21.
32

même de l’étude des instruments techniques de la science juridique, comme par exemple, le formalisme,
les fictions ou la publicité… La méthodologie juridique appliquée est la mise en œuvre de ces moyens
et de ces méthodes dans les différentes activités et cette mise en œuvre varie selon l’objet de l’activité
en question. Il peut s’agit de la méthodologie de recherche, de la méthodologie de l’élaboration des
règles de Droit ou de méthodologie de l’application du Droit80. Ce sont les conditions, les modalités et
les fins de l’utilisation de mêmes concepts, de mêmes mécanismes, de mêmes instruments et les mêmes
méthodes qui varient selon ces diverses activités.

Par exemple, l’application de divers procédés d’interprétation de la loi, de la jurisprudence ou


des contrats, la science de la législation, l’informatique juridique ou l’analyse du processus de la décision
juridictionnelle relèvent de la méthodologie appliquée et notamment de la méthodologie de l’application
du Droit.

SECTION 2. RECHERCHE JURIDIQUE : NOTIONS ET TYPOLOGIES

§1. Notions basiques


Il s’agit des concepts comme la recherche juridique, la recherche en Droit, l’épistémologie
juridique, etc.

La recherche juridique est l’ensemble des travaux menés méthodiquement par les spécialistes
du Droit afin de faire progresser la connaissance du Droit, l’ensemble des études et des activités
scientifiques et intellectuelles portant sur les normes, les institutions, les comportements et les opinions
juridiques et visant à approfondir le savoir juridique81. Apparaît immédiatement combien cette recherche
juridique est plurielle, en premier lieu parce que le Droit qui constitue son objet peut se comprendre
comme phénomène juridique, comme notion de Droit, comme Droit positif ou même comme recherche
juridique. De plus, elle n’est pas l’apanage de seuls juristes. C’est pourquoi il serait mieux de parler de
« recherche juridique » et non de « recherche en Droit ». La recherche juridique est plus vaste que la
recherche en Droit82, laquelle ne concerne que les juristes et exclut les sociologues, les anthropologues,
les philosophes, les économistes, les politologues, etc. Elle comprend tout un pan de recherche sur le
Droit83 extérieure au droit.

Au plan méthodologique, la recherche juridique utilise des approches théoriques et


méthodologiques allant de l'analyse exégétique, définie comme étant la recherche en Droit qui prend le
Droit pour sujet, à la recherche interdisciplinaire, dite recherche externe sur le Droit, qui prend le Droit
comme objet.

80
BERGEL, J-L, « Ebauche d’une définition de la méthodologie juridique », in R.R.J- Cahier de la méthodologie juridique,
n°5, 2005, pp.2649-2659, p. 2658.
81
BARRAUD, B., La recherche juridique. Sciences et pensée du Droit, Harmattan, Paris, 2016, p.9.
82
La Recherche en Droit a des éléments suivants : - Sa perspective est interne ; les acteurs et chercheurs en droit sont :
législateur, juges, professeurs ou auteurs de doctrine, praticiens et justiciables ; - l’auteur ou l’interprète d’un texte juridique
révèle ce que dit ou veut dire le Droit.
83
La Recherche sur le Droit a des éléments suivants : - Sa Perspective est externe ou interdisciplinaire ; - les Chercheurs
sur le Droit sont des théoriciens du droit, sociologues, économistes, psychologues, etc. ; -le chercheur révèle ce que dit,
mais aussi ce que fait le Droit et ce que font ses acteurs. v. Figure 3 : Les modèles empirique -logique et herméneutique
appliqués à la recherche en Droit et sur le Droit dans CUMYN, M. et SAMSON, M., « La méthodologie juridique en quête
d'identité », in Revue interdisciplinaire d'études juridiques (R.I.E.J), Vol. 71, 2013/2, p.22., DOI 10.3917/riej.071.0001 ;
GOHIN O., « Recherches en Droit et recherches sur le Droit », in Y. AGUILA et alii, Quelles perspectives pour la recherche
juridique ? PUF., Paris, 2007, pp. 280 et s.
33

Cependant, la recherche juridique ne se présente pas comme la recherche scientifique entendue


comme la recherche de lois scientifiques. Il peut souvent s'agir de recherche de faits et de données. Très
souvent, il s'agira d'efforts afin d'identifier les lignes de cohérence d'un corpus de règles ou de décisions.
Dans une tentative de mieux situer les divers types de recherche juridique, Paul Amselek84 distingue
deux grands types de recherche juridique : la recherche « épistémologique85 » et la recherche
« opératoire86 ».

La recherche en Droit est certes connaissance. Mais ce qui caractérise cette recherche comme
juridique est sa forme, plus précisément le fait qu’elle tente de connaître son objet en traitant les cas
semblables de façon identique (= la justice formelle), précise Fréderic Rouvière. Il renchérit en disant
que « la règle de justice est la forme du connaître juridique87 ». Il est bien évident qu’elle ne suffit pas à
doter la recherche juridique d’un statut théorique complet. Il faudrait encore s’interroger notamment sur
l’objet de la recherche (loi, coutume, jurisprudence etc.), sur ses modèles théoriques, les concepts qu’elle
produit, ses méthodes d’investigation ou de rationalisation.

En outre, la recherche juridique se distingue de la science juridique en ce qu’elle inclut des


travaux ne se conformant pas aux canons de la scientificité, à l’instar des travaux des philosophes du
Droit. La recherche juridique intègre en son sein la science du Droit, qu’il faut strictement séparer de la
science du Droit positif, qui n’est qu’une forme de science du Droit parmi d’autres, tout en la dépassant
en différents points, lorsqu’elle poursuit l’ambition de faire progresser la connaissance du Droit sans
faire progresser la connaissance scientifique du Droit.

Comme on le voit, ce manuel de Méthodologie de recherche juridique s’inscrit dans le cadre


d’une épistémologie juridique, elle, qui est une discipline consistant à étudier les connaissances
juridiques et, plus particulièrement, les modes de formation des connaissances juridiques ou simplement
une réflexion analytique et critique sur les sciences juridiques.

§2. Typologies en recherche juridique et différentes doctrines

A. Typologies des travaux de recherche juridique

L'inventaire de la littérature juridique couramment produite permet de repérer quatre types de


travaux de recherche juridique qui sont :

1. L’Analyse exégétique dans la recherche juridique de type dogmatique

84
AMSELEK, P., « Éléments d'une définition de la recherche juridique », in Archives de philosophie du Droit, 1979, p. 297.
85
Est celle qui est vouée à la recherche sur la recherche juridique elle-même. "Elle se déploie dans une double direction, en
vue de fonder à la fois le statut de l'objet de recherche et le statut de l'activité de recherche tournée vers cet objet. Ce type de
recherche est assez peu répandu.
86
La recherche juridique "opératoire" est celle qui se situe sur le terrain, au premier degré et visent à proposer des réponses
aux questions qui interpellent le Droit.
Et il existe ici encore deux ordres assez spécifiques de recherche que l'on peut distinguer en fonction du type de
préoccupation du chercheur. Dans certaines démarches, la préoccupation du chercheur sera toute orientée vers les
phénomènes, les faits d'activité humaine et les comportements humains en relation avec le Droit. L'on sera alors justifié de
parler de recherche juridique anthropologique. Dans d'autres démarches, le domaine juridique sera abordé, non pas comme
un ensemble de phénomènes ou de manifestations de l'histoire humaine, mais surtout comme un ensemble d'instruments,
d'outils, telles les règles de Droit, les autres règles de conduite émanant des pouvoirs publics ou les techniques de direction
des conduites (la recherche juridique de type dogmatique).
87
ROUVIERE, Fr., « Qu’est-ce qu’une recherche juridique ? », in L’évaluation de la recherche en Droit : enjeux et méthodes,
Bruylant, 2014, p.117 et s.
34

C’est une recherche qui vise à recueillir et agencer des données juridiques, à interpréter le Droit
positif, et à faire l'analyse ou l'exégèse de sources juridiques fiables.

Dans ce type de recherche, la technologie juridique peut se donner pour mission de rationaliser
la technique juridique constituée, c'est à dire les normes édictées. C'est le domaine de la "dogmatique
juridique", ‘’de la recherche juridique dogmatique ‘’; ce type de recherche, nettement et de loin le plus
manifestement dominant dans la production publiée des juristes, consiste comme l'écrit Paul Amselek :
« à envisager les différents instruments juridiques émis par les pouvoirs publics à la manière d'un dogme
et à tâcher de mettre de l'ordre, de la cohérence à l'intérieur de ce dogme en établissant des corrélations
entre les différentes parties qui le constituent, en s'efforçant d'éliminer par un commentaire rationnel
des textes, les défauts, les diverses contradictions qui peuvent paraître, mais aussi en dénonçant le cas
échéant les imperfections irréductibles et en proposant d'autres solutions 88 ».

Concrètement, ce type de recherche juridique vise à établir l'état du Droit relativement à une
question ou à établir la conformité d'une situation juridique à une ordre juridique supérieur, soit le Droit
constitutionnel, parfois, la conformité du Droit interne à des préceptes du Droit international.

Les résultats de la recherche juridique se présentent le plus souvent comme de l'argumentation.


La recherche est destinée à identifier la règle de Droit applicable à une situation juridique donnée ou à
prédire le résultat d'un litige devant le tribunal. Le plus souvent, cette recherche juridique sert à fonder
une argumentation susceptible de convaincre un tribunal de la conformité d'une prétention avec le Droit
positif; c'est pour cela qu'on affirme souvent que la démarche des juristes n'est pas de la recherche au
sens ou l'entendent les scientifiques89.

➢ Etapes de la recherche juridique dogmatique

D’abord, la dogmatique juridique peut être définie comme le domaine de la science du Droit
consacré à l’interprétation et à la systématisation des normes juridiques pour déterminer les solutions
qui doivent être appliquées. La dogmatique est donc l’étude savante, raisonnée et construite du Droit
positif sous l’angle du « devoir être », de la solution souhaitable et applicable90. Notons qu’actuellement
une certaine doctrine distingue dogmatique classique et dogmatique éthique91. Cette dogmatique se

88
AMSELEK, P., art. cit., p. 299.
89
Laramée et Vallée expliquent que « La démarche scientifique repose sur des postulats et des règles strictes. Elle vise à
expliquer et à valider nos hypothèses dans le but de les filtrer et de les mettre ainsi à l'épreuve. Elle pourra alors vérifier les
théories anciennes et en créer de nouvelles. La démarche scientifique, contrairement au sens commun, se base sur des lois et
des principes généraux. Elle vise donc globalement à décrire, à expliquer, à comprendre et à prédire l'évolution des
phénomènes de notre environnement. Cette compréhension objective de l'environnement permet d'orienter et de planifier nos
actions en vue d'intervention dans l'environnement »( LARAMEE, A et VALLÉE, B., La recherche en communication-
Eléments de méthodologie, Montréal, P.U.Q., p. 25 cité par TRUDEL, P. « La recherche sur les rationalités des règles de
Droit et les techniques de réglementation- Éléments d'un modèle d’analyse », Étude inédite réalisée à la demande de la
Commission de réforme du Droit du Canada, 1993, p.10).
90
BERGEL, J-L, Théorie générale du droit, op. cit., p.3.
91
v. KOUAM, S. P., « La définition du juriste et la redéfinition de la dogmatique juridique (à propos du syncrétisme
méthodologique) ». Les Cahiers de droit, 55(4), 2014, pp.877–922, en ligne : https://doi.org/10.7202/1027853ar : cet auteur
distingue deux types de dogmatique juridique, la dogmatique classique( visant l’interprétation et la systématisation des
règles juridiques ) et la dogmatique éthique (Celle qui demande au juriste de cultiver dans l’exercice de la dogmatique, le
sens de l’éthique, par un recours constant à des disciplines telles que la philosophie, l’histoire, l’anthropologie, la sociologie,
la culture ou la biologie, bref, mobiliser tous les outils pouvant lui permettre de mieux éclairer et défendre les valeurs
poursuivies par la règle de Droit dans une société donnée. Il s’agit d’apporter une réponse au problème le plus fondamental
pour la science du droit contemporaine qui consiste à se demander si le juriste doit être animé d’une éthique humaniste dans
l’exercice de son travail, p.106).
L’auteur note avec Alain OLINGA qu’« On ne peut, lorsqu’on est juriste, se permettre d’être un pur normativiste
dans un environnement social où le Droit est encore fortement «saisi» par le politique, un contexte où le respect de la culture
du Droit est encore à construire. Dans un tel contexte, une dogmatique d’explication, d’éclairage ne saurait suffire au juriste
pour se sentir quitte de ce que la société attend de lui : il faut nécessairement aller vers une dogmatique de discussion et
d’évaluation de la qualité intrinsèque du contenu substantiel des normes produites en vigueur. Dès lors, par le référent
35

présente donc comme une approche ou un paradigme de recherche juridique et pas comme une méthode
de recherche (méthode d’interprétation).

Ainsi, la recherche juridique de type dogmatique se déroule généralement suivant trois étapes92 :

- La première étape consiste à repérer les règles et principes générateurs de droits et


d'obligations en ce qui a trait à l'activité étudiée. De tels principes sont énoncés non
seulement dans les textes constitutionnels et législatifs mais découlent d'autres principes et
standards utilisés dans les textes des lois.
- La seconde étape concerne l'interprétation des règles juridiques : la recherche ou
l'établissement de leur sens, de leur signification. Cette étape suppose généralement le recours
conjugué à deux démarches. D'abord, la méthode exégétique permet de s'attacher au sens que
le législateur a voulu attribuer au texte. Deux moyens sont traditionnellement utilisés. D'une
part, la référence aux précédents historiques est nécessaire lorsque la loi ou la règle
jurisprudentielle sont anciennes. Les travaux ou discussions ayant mené à l'adoption de la loi
peuvent être éclairants même s'ils ne sont pas, comme tels, reconnus sans hésitation comme
une source pertinente d'interprétation devant les tribunaux. D'autre part, par le recours à
l'induction et à la déduction, il est possible d'envisager les solutions particulières données
par le législateur, les tribunaux et les organismes de réglementation dans un certain nombre de
situations. Cela peut permettre d'induire un principe général constituant le fondement à toutes
ces solutions. De ce principe, l'on déduira de nouvelles applications particulières qui n'ont pas
été formellement prévues par les textes, mais qui peuvent être considérées comme découlant
de la règle.
- La troisième étape s'attache à l'identification des facteurs de structuration des règles dont
la détermination des limites est laissée aux interprètes judiciaires et administratifs.
L'harmonisation des libertés et des droits fondamentaux est l'une des tâches principales du
système juridique. C'est à partir de standards, notions floues ou "tests" que sont mis en balance
les divers intérêts divergents que les activités humaines mettent en cause. Ces standards
peuvent être proposés par le législateur, construits de toutes pièces par les tribunaux ou les
organismes de réglementation ou encore empruntés au langage courant. L'analyse juridique
doit alors viser à identifier à partir de quels facteurs les juges en viennent à résoudre un conflit
mettant en cause les droits et valeurs mis en cause par une activité réglementée.

Il sied de bien noter (NB) que la recherche juridique de type dogmatique est une composante
essentielle de toute démarche de recherche en Droit et sur le Droit; on ne peut donc s'en
dispenser ou s’en départir. Elle doit toutefois être intégrée dans une démarche plus large
lorsqu'il s'agit de réfléchir sur le Droit existant et identifier les pistes de changement.
En outre, il est permis de gager que la recherche juridique requiert la capacité de s’émanciper
du « dogmatisme ambiant » afin de s’intéresser de manière libre et indépendante au Droit,
quel que soit l’aspect sous lequel il est étudié.

éthique, la dogmatique juridique devient un instrument constant de recherche de la qualité du système juridique » ( Alain
DIDIER OLINGA, Qu’est-ce être juriste ? Éléments pour une dogmatique éthique, Yaoundé, Éditions CLÉ, 2013, pp.96-97
cité par KOUAM, SP., art. cit., p.912).
Pour notre part, ce que OLINGA et KOUAM appellent ‘’dogmatique éthique’’ n’est autre que cette manière de voir
le Droit comme un phénomène social qu’il faut analyser suivant une approche interdisciplinaire.
92
TRUDEL, P., art. cit., pp.10-11.
36

2. La théorie du Droit dans la recherche juridique

C’est une recherche visant à présenter une théorie ou une perspective unificatrice permettant de
mieux comprendre le Droit positif et d'évaluer et de contrôler son application dans des cas particuliers ;
dans la tradition du Droit civil, ce type de recherche comprend également les commentaires approfondis
qu'on appelle communément doctrine.

C’est une recherche qui a aussi comme paradigme : la dogmatique juridique.

3. Des propositions de réforme du Droit dans la recherche juridique

Cette recherche vise à apporter des modifications au Droit, soit pour corriger certaines anomalies,
rehausser son efficacité ou assurer un changement d’orientation. Des travaux de recherche s'attachent ici
« à rationaliser la technique juridique constituante, c'est à dire les modes de fabrication et de diffusion
des normes juridiques ». C'est en quelque sorte une démarche axée sur la rationalisation des modes de
création du Droit.

Dans bien de cas, la recherche permet de mettre au jour certaines imperfections du Droit et
appelle à des modifications de celui-ci. Mais cette recherche n'est pas conçue et encore moins menée
suivant une méthodologie qui permet de dépasser les prémisses du régime juridique étudié et encore
moins d'en relativiser les a-priori.

C’est aussi une recherche qui a comme paradigme : la dogmatique juridique.

4. La recherche juridique fondamentale


Cette recherche vise à assurer une connaissance plus approfondie du Droit en tant que phénomène
social, y compris la recherche sur les implications historiques, philosophiques, linguistiques,
économiques, sociales ou politiques du droit. Ce type de recherche est souvent rare.

➢ Commentaire

Après l’énumération susvisée, l'on peut cependant soutenir que les activités de recherche sont
celles où un élément de nouveauté ou d'innovation permet de les considérer comme frayant une voie
nouvelle. Il devrait en être ainsi pour toute recherche juridique. Mais il en est souvent autrement pour
les travaux d’enseignement et de formation professionnelle juridique, si souvent considérés n’étant pas
vraiment de recherche scientifique93. Il se constate que, dans le domaine de la connaissance juridique,
fortement marquée par une logique de formation professionnalisante et fort peu cognitive, les disciplines
se sont structurées moins en fonction de méthodologies différentes qu’autour de corpus distincts souvent
lus par une juridiction spécialisée. Encore faut-il isoler la question de l’identification du Droit par le
prisme de la summa divisio (Droit public et Droit privé) laquelle a été elle-même structurée selon un
double critère politique et académique. Cette connaissance du Droit a également ses finalités. La
démarche cognitive est motivée par l’intérêt de savoir mais surtout par le pouvoir du savoir pour
comprendre et agir : savoir et savoir-faire. Les deux sont interdépendants. C’est avec raison que Xavier
Bioy plaide pour « une formation de nos chercheurs à l’épistémologie du Droit, à celle des sciences
humaines et sociales. La valorisation de la recherche en Droit ne passe pas seulement par son

93
Une certaine doctrine considère que les activités d'enseignement et de formation professionnelle, qui ont dominé et
dominent encore la production doctrinale des juristes, ne sont pas considérées en tant que telles, comme des activités de
recherche. Cependant, il arrive souvent dans le domaine juridique que l'enseignement offre une occasion privilégiée de faire
de la recherche et d'en diffuser les résultats (v. TRUDEL, P. « La recherche sur les rationalités des règles de Droit et les
techniques de réglementation- Éléments d'un modèle d’analyse », op. cit., p.7 et le Rapport cité).
37

asservissement aux métiers du Droit ; elle passe par une réelle professionnalisation de ses chercheurs
en vue de leur reconnaissance par la communauté scientifique universelle 94».

B. Quelques typologies de doctrine dans les travaux juridiques

De manière générale, la doctrine, c’est le fait de commenter, interpréter, expliquer, clarifier,


analyser et synthétiser.

Ainsi, on énumère ici quelques types de doctrine que le chercheur en Droit peut lire ou réaliser
dans le cadre de son travail95, même s’il y a d’autres typologies. La plupart des travaux de doctrines qui
sont épinglés ci-dessous se réalisent en fait, dans bien de cas, dans le cadre de la recherche juridique du
type dogmatique.

1. La doctrine de législation, de jurisprudence et d’enseignement


La doctrine de législation porte généralement sur des textes particulièrement récents, n’ayant pas
encore fait l’objet d’applications jurisprudentielles.

Alors que la doctrine de jurisprudence consiste à commenter une décision jurisprudentielle. Ce


commentaire peut prendre la forme de « note ou observation » » et celle « d’examen ou chronique de
jurisprudence ».

La note ou l’observation est une étude par laquelle un auteur, dénommé « arrêtiste » passe au
crible une seule décision de jurisprudence. Dans les revues juridiques, la note figure généralement en
dessous de la décision commentée.

La chronique de jurisprudence fournit une vue synthétique et critique d’un ensemble de décisions
publiées pendant une période déterminée, qui toutes tranchent des litiges à propos d’un même thème.
Pareil examen révèle l’uniformité ou la cohérence de la jurisprudence relative au thème en question ou
au contraire, sa division ou son revirement.

La doctrine d’enseignement consiste en un commentaire synthétique des matières d’une branche


(par exemple Droit civil des obligations) ou d’une subdivision (droit des contrats) de la branche du Droit
(civil en l’espèce). Un tel commentaire est conçu dans une occurrence pédagogique : seuls les principes
généraux et les lignes de force de la matière enseignée sont mis en exergue.

2. La doctrine de lege lata et doctrine de lege ferenda


La doctrine de lege lata est celle qui se borne à expliciter les textes et à rendre compte de la
manière dont ceux-ci sont appliqués.

La doctrine de lege ferenda est celle qui se veut critique et propose des enrichissements
jurisprudentiels, voir même législatives. Ici, les spécialistes suggèrent des modifications de la loi dans
un sens donné et cela est parfois pris en compte par le législateur.

Mais il convient de préciser que dans le cadre de la recherche en Droit, il est généralement
conseillé de faire de la doctrine de lege ferenda car elle aboutirait à des conclusions concrètes que le
chercheur-juriste va suggérer au législateur en termes de réforme.

94
BIOY, X., « La signification du terme “recherche”, dans le champ de la science juridique », in La recherche juridique vue
par ses propres acteurs, op.cit., pp.26, 29.
95
Pour plus de détails, v. DE THEUX, A., KOVALOVSZKY, I et BERNARD, N. (dir.), Précis de méthodologie juridique :
Les sources documentaires du Droit. Nouvelle édition [en ligne]. Bruxelles : Presses de l’Université Saint-Louis, 1995,
pp.131-14, (généré le 04 juin 2019). Disponible sur Internet, DOI : 10.4000/books.pusl.4061.
38

SECTION 3. QUELQUES ENJEUX ET DEFIS ACTUELS DE LA RECHERCHE JURIDIQUE

Il s’agit d’expliquer et de discuter certaines des problématiques qui touchent tout


particulièrement la recherche juridique à l’ère contemporaine. Sans souci d’exhaustivité, ces quelques
défis actuels auxquels les scientifiques et les penseurs du Droit sont confrontés sont les suivants96.

§1. La question de l’interdisciplinarité et de recherche juridique empirique


Cette problématique se pose à l’heure où la science du Droit est, parmi les sciences humaines et
sociales, celle qui tarde le plus à s’y ouvrir, peut-être pour de bonnes raisons.

A. De l’interdisciplinarité

L’interdisciplinarité peut se concevoir comme le genre qui regroupe la pluridisciplinarité (lorsque


plusieurs matières sont mobilisées à tour de rôle, sans se confondre jamais, l’analyse restant divisée en
autant de parties distinctes qu’il y a d’approches différentes) et la transdisciplinarité (quand l’observateur
relie ou mélange les apports de plusieurs sciences, lesquelles s’effacent alors pour laisser place à un
commentaire original et unitaire.

Ou techniquement, il y a interdisciplinarité lorsque la recherche s’opère à partir du choix


théorique d’une des disciplines en présence qui développent des problématiques et hypothèses qui
recoupent partiellement celles qu’élabore, de son côté, l’autre discipline97.

« Cela revient à dire que les hypothèses théoriques mobilisées en vue d’expliquer les phénomènes
juridiques doivent nécessairement être empruntées à d’autres champs du savoir : l’histoire, l’économie,
la psychologie, la pédagogie, la statistique ou la sociologie. Comment peut-on, par exemple, mener des
recherches sur les causes de pickpocket des mineurs si l’on n’entre pas en contact soit avec les mineurs,
soit avec les lieux de leur détention pour dégager les causes de cette délinquance et les moyens pour y
mettre fin ? L’étude d’un tel cas peut-elle se limiter à analyser les textes légaux qui répriment les actes
de pickpocket par les mineurs ? Pareille recherche peut vouer en échec si le chercheur ne prend pas soin
d’interviewer les concernés, les organismes qui les encadrent ou les responsables des maisons de garde
ou de rééducation. L’apport de la psychologie, de la pédagogie ou de la criminologie est donc utile pour
la réalisation de pareille recherche : c’est l’interdisciplinarité 98».

Ainsi, les normes juridiques peuvent être étudiées en tenant compte considérations politiques,
philosophiques, sociologiques, psychologiques, religieuses, économiques…99

Rien n’interdit au juriste de recourir, lorsque cela peut servir à éclairer son propos, à l’une ou
l’autre bribe de savoir ajuridique. L’exigence fondamentale garante de la qualité du discours et de son

96
v. BARRAUD, B., pp. 427 et s.
97
KANDOLO ON’UFUKU WA KANDOLO, P-F., Guide Kandolo. Méthodes et règles de rédaction d’un travail de
recherche en Droit, EUD, Beau Bassin, 2018, pp.257-253. v aussi TACHE, P., ZIMMERMANN, H. et BRISSON, G.,
« Pratiquer l’interdisciplinarité en Droit : l’exemple d’une étude empirique sur les services de placement », in Les Cahiers
de droit, 52(3-4), 2011, pp. 519–550 ; GARCIA, M., « De nouveaux horizons épistémologiques pour la recherche empirique
en Droit : décentrer le sujet, interviewer le système et « désubstantialiser » les catégories juridiques », in Les Cahiers de
Droit, 52(3-4), 2011, pp.417- 459.
98
KANDOLO UN’UFUKU WA KANDOLO, P-F, op. cit., p.262.
99
Contra : L’interdisciplinarité est par contre interdite par le « purisme » kelsénien (KELSEN, H., Théorie pure du Droit, 2e
éd., trad. Ch. Eisenmann, Dalloz, 1962, p. I et p. 257). Au sens de la doctrine normativiste kelsénienne, l’œuvre du légiste se
concentre essentiellement sur la norme, sur sa forme et sur son contenu, loin de tous éléments de compréhension extérieurs,
moraux, sociologiques ou historiques, quand bien même ils pourraient expliquer les raisons de l’édiction de cette norme et
permettre d’envisager son avenir. Ce qui importe est la reconnaissance par le système juridique de la juridicité des
compétences, faits, règles, concepts ou arguments en cause. La science du Droit des juristes s’attache ainsi à une
connaissance de son objet qui est non seulement interne et formelle, mais aussi fermée. Nulle donnée externe au système
juridique ne saurait pénétrer l’analyse et y prospérer.
39

caractère scientifique consiste simplement à toujours souligner explicitement quel point de vue est
adopté ainsi que lorsqu’il en est changé. Il appartient moins au juriste de ne jamais déborder le domaine
strictement juridique que de préciser, lorsqu’il le fait, qu’il le fait et pourquoi il le fait. Mais il faut
certainement savoir se garder, même en prenant ces précautions, des excès. Le juriste est, en conséquence
de sa formation et de son expérience, spécialiste du Droit et de la méthode juridique ; il lui sera difficile
de tenir, dans le même temps, un propos scientifique cohérent, novateur et porteur en sociologie ou en
économie, comme il est difficile pour un sociologue ou un économiste de tenir un propos scientifique
cohérent, novateur et porteur en Droit. De même, au sein de la science des juristes, il peut y avoir
pluridisciplinarité juridique lorsque sont convoquées plusieurs matières juridiques.

En clair, le constat est que de nombreux travaux des juristes ne font pas grand cas de
l’interdisciplinarité, pourtant ils devraient davantage y recourir à ce jour. Il paraît qu’à l’aube du XXIe
siècle, les bonnes recherches ou thèses sont celles qui tiennent compte du décloisonnement, de
l’ouverture et de l’interdisciplinarité.

B. De la recherche juridique empirique


1. Contour général de la question de recherche empirique en Droit

Le terme empirique renvoie à l’observation et à l’expérience. De façon précise, la méthode


empirique s’entend comme un ensemble de techniques qui permettent de recueillir et d’analyser de
manière critique des données tirées de la recherche.

En sciences sociales et humaines, le recours à la recherche empirique, de nature qualitative ou


quantitative, va de soi. En sciences juridiques, ces méthodes de recherche demeurent peu utilisées et
leurs pratiques, peu documentées en langue française. Pourtant, pour rendre compte de l’articulation des
rapports entre le Droit et les activités sociales, la diversification des méthodes de recherche est un allié
précieux, voire indispensable. De plus, la recherche empirique est également fort utile pour mieux
comprendre la nature et la portée des acteurs intervenant directement ou indirectement dans le champ
juridique. Il appert également que le dialogue avec d’autres disciplines (sociologie, criminologie,
anthropologie, ergonomie, etc.) intéresse un nombre croissant de juristes. Un tel dialogue ne semble
possible que dans la mesure où les juristes connaissent et maitrisent les méthodes de recherche
mobilisées par ces disciplines.

Les juristes souhaitant explorer de telles pratiques de recherche sont susceptibles de faire face à
plusieurs interrogations pratiques : Comment parvenir à élaborer une problématique de recherche dont
le point de départ n’est pas nécessairement l’état du Droit ? Comment recourir à certaines sources
formelles du Droit, comme la jurisprudence, autrement que dans une perspective exégétique ? Pourquoi
et dans quelles circonstances convient-il de recourir à une approche méthodologique qualitative ou
quantitative ? À quelles fins et avec quels partenaires fait-on de la recherche empirique ?

Ainsi, la recherche empirique permet d’étudier le Droit et ses institutions dans leur contexte
social et politique, établissant une différence entre le « Droit dans les livres » et le « Droit en action 100».

C’est aux États-Unis, au début du XXe siècle qu’on retrace les premières initiatives en matière «
d’empirisme juridique », dans les travaux de l’École du réalisme juridique101. C’est cependant, depuis
les années 60, dans la foulée des recherches associées au courant Droit et Société que les recherches
100
Roscoe Pound, «Law in Books and Law in Action », (1910) Am. Law Rev. 12-36 cité par BERNHEIM, E et
al., « L’approche empirique en droit: prolégomènes », in La recherche empirique en droit, méthodes et pratiques, op. cit., p.
5 ; GARCIA, M., « De nouveaux horizons épistémologiques pour la recherche empirique en Droit : décentrer le sujet,
interviewer le système et « désubstantialiser » les catégories juridiques », in op. cit., pp.417 et s.
101
v. TRACEY G., «An Empirical Study of Empirical Legal Scholarship: The Top Law Schools», in Indiana Law J. , N°
81-1, 2006, pp. 141-161.
40

empiriques, de nature sociojuridique, ont connu leur véritable déploiement. D’après Harris, toutes
approches sociojuridiques de la recherche, qu’elles portent sur le Droit ou ses institutions, sont
susceptibles de mobiliser une approche empirique, du moment qu’elles sont inspirées par l’une ou l’autre
discipline des sciences sociales102.

La recherche empirique peut mobiliser une approche qualitative ou quantitative et faire intervenir
différentes techniques ou méthodes, qu’il s’agisse de l’observation directe ou indirecte, de l’enquête
avec questionnaire et sondage103, de l’enquête ethnographique104, de l’analyse statistique ou qualitative
des sources formelles du Droit105 ou de documents pertinents tels que les dossiers judiciaires, les travaux
parlementaires...

On peut toutefois, se demander dans quel contexte est-il opportun de recourir à une approche
empirique ? L’approche empirique et interdisciplinaire est nécessaire pour répondre à toute question
de recherche se rapportant au contexte social du Droit, que ce soit à son élaboration, à son
interprétation, sinon à sa mise en œuvre, qu’on pense à l’étude du discours sur le Droit ou l’expérience
juridique elle-même, etc. Il est à noter que le concept de « Droit » est lui-même sujet à différentes
théorisations qui influent sur les choix méthodologiques.

La recherche empirique peut ainsi s’avérer pertinente dans une pluralité de contextes de recherche
et pour documenter diverses problématiques 106:

- Elle permet de cartographier le contexte d’adoption des règles de Droit ou la mise en place
d’institutions juridiques ; il s’agit souvent alors de combiner l’analyse des travaux
parlementaires qui ont mené à l’adoption de normes juridiques avec des entretiens permettant
de documenter le contexte social et politique de l’époque ;
- Elle est indispensable pour documenter l’effectivité et l’efficacité de normes juridiques ; il
importe parfois de mieux comprendre « la manière dont une règle est appliquée ou non, évitée
ou dévidée, ce qui suppose [...] d’analyser leur contenu autant que la représentation qu’en ont
tous ceux qui y ont recours107 » ;
- Elle permet de réfléchir sur les effets indirects, indésirés ou imprévus du Droit, la perception
qu’en ont les justiciables et les pratiques et stratégies d’acteurs intervenant dans l’arène
judiciaire, dont les praticiens du Droit. Ces recherches auront notamment pour objet de
documenter les conditions d’accès à la justice pour différents groupes de justiciables.
- Elle est utile pour saisir la place du Droit dans la vie quotidienne, ou améliorer les processus
de réforme. Elle est particulièrement utile pour mesurer le fossé souvent observé entre la loi et
sa mise en œuvre, etc.

2. Nécessité des études empiriques d'exploration en Droit (par l’étude des cas et l’usage
des méthodes statistiques)

De nombreuses études en Droit visent à l'exploration ou à la formulation du problème.


Lorsque les théories sont trop générales ou trop restrictives, la recherche d'exploration devient
nécessaire à l'acquisition de l'expérience qui aidera à élaborer des hypothèses appropriées en vue

102
HARRIS, D.R., « The Development of Socio-legal Studies in the United Kingdom», in Leg. Stud., 88- 3, 1983, pp.315 et
s.
103
NOREAU, P., « Le sondage : mesure de fait, d’attitude et d’opinion », in La recherche empirique en Droit, op. cit., pp.105-
130.
104
FORTIN, V., « L’ethnographie en Droit », in La recherche empirique en Droit, op. cit., pp.29-56.
105
v. VALLEE, G, « La jurisprudence, les archives institutionnelles et les entrevues : des sources utiles pour une étude
empirique du Droit ? L’exemple de recherches en Droit du travail », in La recherche empirique en Droit, pp. 57-80.
106
BERNHEIM, E et al., « art. cit. », pp.6-8.
107
AGUILA, Y. (dir.), op. cit., p. 186
41

d'études plus définitives. C'est ainsi que dans la recherche juridique, la plupart de nos
recherches pourraient tomber dans la catégorie d'études d'exploration, si elles se donnaient la
peine de dépasser la phase descriptive de la loi108. L'inventaire de la littérature est certes
nécessaire, mais il faut aller plus loin, au moyen "d'études de cas" par exemple, c'est-à-dire par
l'étude approfondie d'occurrences choisies du phénomène qui intéresse le chercheur. La méthode
porte sur l'examen de dossiers complets, et non seulement sur la décision consignée dans les
rapports judiciaires. Cette approche permet d'obtenir assez d'information pour identifier et
expliquer à la fois les caractéristiques propres du cas à étudier et celles qu'il partage avec d'autres
cas. Cette méthode d'analyse de cas peut donner naissance à une abondance de nouvelles
intuitions, alors que l'étude d'une foule d'autres cas ne susciterait que très peu de nouvelles idées.

Pour les chercheurs en Droit, l'analyse de cas109 plus poussée et plus rigoureuse au moyen de
méthodes quantitatives peut faire surgir des questions intéressantes. Par exemple, l'application
systématique des méthodes d'analyses statistiques aux cas rapportés d'indemnisation de parents pour
la perte d'un enfant permet à un chercheur110 de conclure que l'augmentation des dommages-intérêts
octroyés par la Cour québécoise n'est pas causée par des lois plus favorables, mais que 95% de cette
variable est expliquée par des facteurs autres qu'une loi plus favorable.

Dans de telles études, outre l’analyse des documents en présence, les enquêtes avec
questionnaire, les entretiens directifs, l’enquête ethnographique, l’échantillonnage, etc. s’inviteront
d’office comme moyens de collecte des données.

§2. La question de la longueur excessive des travaux en Droit et de la polysémie des concepts
A. De la longueur excessive des travaux

Cette question se pose à l’heure où le temps que les lecteurs sont prêts à consacrer à chacune de
pages diminue à mesure qu’augmente leur nombre. Contrairement à d’autres Facultés (économie,
médecine, agronomie, pharmacie, etc.), nous avons signalé qu’une thèse en Droit (à l’Université de
Lubumbashi) devra compter au minimum 250 pages (d’autres vont à 500, 700 voir 1000 pages).

Le principal intérêt des travaux courts est que leur brièveté favorise la clarté des exposés qu’ils
contiennent. Il conviendrait, surtout si l’intention est scientifique, de toujours suivre la consigne
exprimée par Nietzsche : « Simplifier ce qui est compliqué ; ne pas compliquer ce qui est simple »111,
car « qui se sait profond s’efforce à la clarté ; qui veut paraître profond s’efforce à l’obscurité ». « Si
vous ne pouvez pas expliquer un phénomène de manière simple, disait pour sa part Einstein, c’est que
vous ne le comprenez pas 112». Par suite, qui peut expliquer un phénomène de manière simple se doit de
l’expliquer de manière simple, ce qui implique de le faire de la façon la plus directe et explicite, loin des
excès et des abus sous toutes leurs formes.

108
Les études descriptives tentent de décrire les caractéristiques de certains ensembles. De nombreuses recherches en droit
visent à regrouper les caractéristiques et les facteurs importants pour qu'un client ait gain de cause, par exemple en matière
de responsabilité délictuelle. L'étude traditionnelle de la jurisprudence est malheureusement intuitive et non systématique.
L'analyse portant sur des cas de jurisprudence, devrait s’accompagner de l’application des méthodes quantitatives et
statistiques.
109
v. aussi ROUVIERE, Fr. « La méthode casuistique : l’apport des cas critiques pour la construction des
catégories juridiques », in Cahiers de méthodologie juridique, Revue de la Recherche Juridique, PUAM, 2018, p.1981-1995.
110
M.O. FINKELSTEIN, Quantitative Methods in Law, Studies in the Application of Mathematical Probability and Statistics
to Legal Problems, New York, The Free Press, 1978, c. 8, pp. 249-262 cité par POIRIER, D., « Quelques éléments d'une
méthodologie juridique scientifique », in R.D.U.S., n°15, 1984, p.192.
111
F. NIETZSCHE, Le gai savoir (1882), trad. A. Vialatte, Gallimard, coll. Idées, 1950 cité par BARRAUD, B., op. cit.,
p.473.
112
Ibidem
42

B. La question de la polysémie des concepts dans les travaux

Cette question se pose à l’heure où se développent les modes terminologiques telles que celle
consistant à utiliser le nom « gouvernance » afin de désigner des objets divers et variés, ce qui malmène
la scientificité des travaux. On peut citer d’autres concepts polysémiques, voire flous : volonté politique,
Etat de droit, etc.

Il incombe aux jus-chercheurs de recourir à un langage monosémique et non polysémique, c’est-


à-dire que, en contexte au moins, les signifiants employés doivent s’attacher à des signifiés uniques et
non à des signifiés potentiellement multiples. Les descriptions et explications construites à partir de mots
qui ont la « propriété de renvoyer à plusieurs signifiés présentant des traits sémantiques communs »
portent une moindre scientificité que celles qui se composent d’ « unités significatives, lexicales ou
grammaticales, qui n’ont qu’un seul sens ».

Si la présence de quelques concepts polysémiques est naturelle et inévitable, car s’attacher à


l’évolution d’un Droit positif qui lui-même s’attache à l’évolution de la société et de son environnement
oblige à édifier « dans l’urgence » de nouveaux concepts, il semble néanmoins qu’il soit, actuellement,
fait un usage déraisonnable des termes et expressions plurivoques. Le début du XXIe siècle ne peut
qu’être, pour les sciences du droit, une période de transition paradigmatique par conséquent caractérisée
par l’instabilité du sens ; mais les scientifiques du Droit ne doivent pas voir en cela un prétexte pour ne
pas, malgré tout, chercher à attacher à leurs travaux le plus haut niveau de scientificité qu’il soit permis
d’envisager dans le contexte théorico-épistémologique actuel.

§3. La question de l’obsolescence rapide des recherches

Cette question se pose à l’heure où les normes et, plus encore, les objets que les normes doivent
régir changent chaque jour un peu plus rapidement et radicalement, à tel point qu’on s’interroge sur la
capacité de la doctrine à suivre la mutation du Droit.

A ce sujet, Guy Thuillier écrit « Personne n’ose trop parler de l’obsolescence des travaux
juridiques : c’est un sujet tabou et pourtant chacun sait d’expérience que le déclassement des études est
rapide, que la durée de vie « probable » d’un livre est de plus en plus brève. L’obsolescence est chose
cruelle : la mort de l’œuvre renvoie à ma mort, ce qui explique sans doute qu’on fasse silence sur le jeu
de l’obsolescence ; pourtant, combien de livres de 1930 ou 1960 lit-on, cite-t-on encore aujourd’hui ?
L’obsolescence est certaine, prévisible : mais on ne cherche pas à réfléchir sur les conditions de cette
obsolescence, à prendre les contre-mesures nécessaires, on ne met pas en garde les jeunes contre la
cruauté du jeu ; or on n’écrit peut-être pas de la même façon quand on saisit clairement le rôle de
l’obsolescence113 ».

Effectivement, la prise de conscience de la réalité de cette obsolescence rapide, parfois même


instantanée, des travaux juridiques est, ou devrait être, un enjeu important pour tout jus-chercheur,
spécialement en matière de science du droit positif.

113
THUILLIER, G., « Obsolescence des travaux juridiques », in Dictionnaire de la culture juridique ( D. ALLAND, S.
RIALS, dir.), Lamy-Puf, Paris, 2003, pp. 1102 -1103.
43

A. Recherches micro-juridiques et recherches macro-juridiques (il se constate une


pérennité de plus en plus chaotique des recherches micro-juridiques)

En particulier quant au choix du sujet d’une thèse ou d’un livre appelé à comporter plusieurs
centaines de pages, sujet qui, au contraire de celui d’un article, va être fréquenté par l’auteur durant une
ou plusieurs année(s) et non durant quelques semaines, quelques jours ou le temps d’une soirée, on relève
à quel point le danger afférent aux thèmes d’actualité est leur évolutivité et leur contingence , à l’inverse
des problématiques touchant à la philosophie du Droit, à la théorie du Droit, à l’épistémologie juridique
ou encore à l’histoire du Droit.

En outre, les études à portée micro-juridique (interrogeant une norme précise ou un régime
juridique précis) deviennent beaucoup plus rapidement désuètes que les études à portée macro-juridique
(interrogeant une branche du Droit, un ordre juridique, un système juridique, une pensée juridique ou
tout élément appartenant à la culture juridique). Un chercheur qui travaille pendant de longs mois sur le
régime juridique spécifique à un objet particulier risque, à tout instant, de voir une intervention du
législateur ou du juge rendre caduques ses analyses et ses propositions. Pire encore est l’hypothèse dans
laquelle un acte officiel viendrait modifier l’ordre existant peu de temps après la publication de l’étude,
celle-ci ne pouvant alors plus être modifiée.

Ainsi, l’étudiant qui entreprend une thèse ou un mémoire d’ordre micro-juridique autour d’un
régime juridique relevant d’une branche du droit mouvante et mal fixée aura tout au long de son aventure
doctorale au-dessus de la tête une épée de Damoclès fort perturbante, si ce n’est fort démotivante. Or,
au XXIe siècle, de plus en plus de branches du Droit sont ainsi mouvantes et mal fixées, spécialement
parmi les branches du Droit au sein desquelles on recherche des sujets inédits à étudier.

Quant à la distinction entre recherche micro-juridique et macro-juridique, il sied de dire ceci :

3. Dans la recherche micro-juridique (que privilégie, par exemple, la « méthode pragmatique de


l’École de Bruxelles114) il s’agit d’étudier un régime juridique spécifique ou, plus finement
encore, un(e) ou plusieurs norme(s), institution(s) ou principe(s) juridique(s) particulier(s).
Avec le macro-droit, l’intention est d’éclairer la réflexion sur les caractéristiques, la structure
et les tendances générales du Droit, en interrogeant une branche du Droit, un ordre juridique,
un système juridique, une pensée juridique ou tout élément appartenant à la culture juridique.
4. Les recherches touchant à la théorie du Droit, à la philosophie du Droit ou à l’épistémologie
juridique se situent par définition au niveau macro-juridique. Celles qui relèvent de la science
du Droit positif, de la méthodologie juridique, de la légistique ou de la politique juridique
sont nécessairement micro-juridiques. Quant à l’histoire du Droit, le comparatisme juridique,
la sociologie du Droit, l’anthropologie du Droit, l’analyse économique du Droit et la
linguistique juridique, ils peuvent donner lieu à des études macro-juridiques comme à des
études micro-juridiques.

114
FRYDMAN, B., LEWKOWICZ, G., et VAN WAEYENBERGE, A., « De l’étude à l’enseignement du Droit global »,
2013, en ligne : www.philodroit.be : Les auteurs expliquent, notamment, que cette méthode pragmatique « privilégie une
approche “micro-juridique” du droit au départ des cas pratiques et de la perspective des acteurs, par opposition aux approches
“macro-juridiques” qui préconisent l’étude du droit au départ des concepts, du catalogue des sources ou de l’ordre juridique
» (ibid.). Et de noter également que « là où une perspective macro-juridique observe une société globale bien ordonnée,
divisée en États qui s’accordent sur des règles de droit international public et privé, une approche micro-juridique laisse
apparaître, au contraire, dans la perspective des acteurs, un marché des ordres juridiques au sein duquel ceux-ci peuvent faire
leur shopping » (ibid., p. 9), ce avec quoi il est difficile de s’accorder puisque la question des ordres juridiques intéresse
logiquement le macro-droit et non le micro-droit, tandis qu’une étude macro-juridique peut au moins autant qu’une étude
micro-juridique permettre de révéler quelque cacophonie au sein du monde du droit. Sur l’« École de Bruxelles », v. B.
FRYDMAN et G. LEWKOWICZ, (dir), Le Droit selon l’École de Bruxelles, Académie Royale de Belgique, Bruxelles,
2015.
44

5. Par ailleurs, le caractère macro- ou micro-juridique d’une étude peut sans doute être
déterminé grâce à l’observation de ses notes de bas de page : une réflexion macro-juridique
amène à citer principalement des sources doctrinales quand une réflexion micro-juridique
amène à citer principalement des sources normatives, c’est-à-dire le Droit positif, ainsi que,
néanmoins, les commentaires de ce Droit positif115.

En clair, plus le Droit évolue et se complexifie, plus le rôle des commentateurs et penseurs du
Droit devient vital, car il importe de comprendre, ordonner et expliquer ces mutations. Cela est l’affaire
de la recherche macro-juridique. Aussi, alors que « l’heure n’est plus à la stabilité mais à la souplesse, à
la créativité, au pluralisme 116 » et à l’interdisciplinarité, appel est-il lancé à de « puissantes synthèse
autour des sujets théoriques fondamentaux 117». Les travaux macro-juridiques seraient dès lors opportuns
à double titre à l’ère contemporaine : en soi et comparativement aux pierres d’achoppement que
rencontre la recherche micro-juridique.

B. La légitimité du choix de la recherche macro-juridique

Une étude ou un ouvrage relevant d’une approche macro-juridique peut, lui, espérer rester actuel
et pertinent quand bien même les jurislateurs en viendraient à faire évoluer plus ou moins profondément
le contenu du droit positif.

Ainsi, Guy Thuillier cite, parmi les sources ou causes de l’obsolescence rapide des travaux juridiques
esprits118 :

1. la qualité insuffisante du produit : travaux peu accessibles (écriture dans le langage des pairs,
avec des sous-entendus et des arrière-pensées difficiles à décoder),
2. études trop spécialisées, trop limitées, qui ne donnent pas à réfléchir, qui ne remontent pas
aux principes, qui « n’apportent rien »,
3. travaux trop liés à l’actualité, à durée de vie brève, ou biaisés par l’idéologie, les engagements
politiques, ou par le « politiquement correct », qui prêtent à soupçons de partialité ou de
manipulation des esprits ;
4. travaux avec qualités formelles insuffisantes : les qualités formelles jouent un rôle important
dans le déclassement, on donne souvent des produits peu réfléchis, négligés, illisibles (on
emploie un jargon à la mode), ennuyeux (on ne songe pas assez à l’ennui du lecteur, qui est
facilement découragé par les abstractions ou la sècheresse du discours) ; etc.

Pour contourner ces écueils, il est souhaitable :

1. De choisir des sujets importants, éviter les travaux « à la mode », faire des « théories
générales », à longue durée de vie, plutôt que des manuels ou des écrits « de commande
», rapidement déclassés, étudier les principia rationis plutôt que commenter des arrêts,
s’intéresser aux méthodes (l’art de juger, l’art de dire le droit, l’art d’administrer) plus
qu’aux commentaires des commentaires : chacun doit avoir une stratégie lisible en ce
domaine119.
2. Autrement dit, au lieu de rechercher, en concurrence avec les législateurs et les magistrats,
des solutions à des problématiques juridiques très terre-à-terre, et donc au lieu de

115
BARRAUD, B., La recherche juridique, op. cit., p. 483.
116
THIBIERGE, C., « Le Droit souple – Réflexion sur les textures du droit », RTD. civ. 2003, p. 602.
117
BARRAUD, B., « Droit public-droit privé : de la summa divisio à la ratio divisio ? », RRJ , 2014, p. 1101 s.
118
THUILLIER, G., art. cit.
119
Ibidem
45

s’intéresser au micro-droit, à la science du Droit positif et à la politique juridique, il est


commode, en tant que chercheur, de « se tenir sur les épaules des géants et voir plus loin
», de s’élever au-dessus du Droit positif pour bénéficier d’un panorama sur toute la carte
du Droit, de préférer le droit au Droit. Partant, le choix d’un objet d’étude devrait se
justifier en premier lieu par le souhait de produire un ensemble littéraire et scientifique
relativement indépendant de l’état du Droit positif à l’heure où celui-ci rime de plus en
plus avec instabilité et frénésie normatives.

Et c’est avec raison que René David précise que « ce qu’il est fondamental d’enseigner en Droit
n’est pas la connaissance de règles en vigueur en un temps donné, souvent fluctuantes, mais celle de la
structure du Droit, des classifications qu’il admet, de son vocabulaire, des concepts en usage, des types
de règles sur lesquelles il est fondé et du mode de raisonnement qui en découle, toutes choses stables
qui n’évoluent qu’avec une extrême lenteur, au point qu’elles subsistent parfois après avoir cessé d’être
utiles. En d’autres termes, le but des études de Droit ne peut qu’être de dispenser une culture juridique,
c’est-à-dire la formation d’esprit pour comprendre le Droit120 ».

3. On doit songer, en écrivant, au lecteur de 2050 ou de 2080 (ce papier pourra-t-il être
encore lu dans cinquante ans ?) ; ce qui incite à se détourner de l’actualité, à construire
une prospective assez fine de son sujet ; mais tous les esprits ne sont pas aptes à écrire
pour 2080.

Il apparaît ainsi légitime de chercher à contribuer à la recherche macro-juridique plutôt qu’à la


recherche micro-juridique.

C. L’innovation, secret des travaux ou études à longue durée de vie

Peut-être le secret des « grands » travaux, des rares études qui restent quand la plupart passent,
réside-t-il dans ce « taux d’innovation » ; mais, évidemment, à condition que l’innovation soit jugée
pertinente et utile. C’est pourquoi il est compréhensible que nombre de chercheurs privilégient l’écriture
d’essais à l’écriture de manuels dans lesquels, par définition, l’auteur doit s’effacer afin de restituer de
manière brute la réalité momentanée du Droit positif.

Sur ce dernier point, Guy Thuillier écrit encore qu’« on doit mettre en garde les jeunes
(chercheurs) contre l’obsolescence, leur apprendre à inventer les contre-mesures nécessaires, à se
méfier de l’idéologie qui abrège la durée de vie des écrits, mais aussi de leur propension à imiter ou à
vivre à louage, à se soucier de leurs lecteurs, à ne travailler que sur des choses importantes ; ce n’est
pas le nombre de livres ou d’articles qui assure une certaine durée de vie, mais le taux d’innovation 121».

§4. La question de l’évolution des critères de la « bonne » recherche en Droit

Cette problématique se pose à l’heure où, notamment, la quête de l’exhaustivité paraît ne plus
pouvoir être un élément déterminant tant, d’une part, les outils numériques et internetiques rendent aisée
la consultation de la plupart des documents et, d’autre part, la multiplication exponentielle des normes
et des commentaires des normes rend le travail de recension à la fois pénible pour l’auteur et rébarbatif
pour le lecteur.

Pour faire de la bonne recherche juridique (voire la bonne thèse), il est donc conseiller ce qui
suit:

120
DAVID, R., Les grands systèmes de Droit contemporains, Dalloz, Paris, 1972, pp. 347-348.
121
THUILLIER, G., art. cit., p.1103.
46

- La hiérarchisation des sources plutôt que leur exhaustivité ;


- De préférer le macro-juridique, le théorique, le pensé et l’abstrait au micro-juridique, au
concret, au pratiqué et au factuel ;
- De dépasser le Droit positif (La « bonne » recherche en Droit ne serait donc pas celle qui
décrit des régimes juridiques ou, du moins, pas celle qui se borne à cela. Le Droit positif n’est
utile que s’il sert de « prétexte » ou s’il permet d’illustrer des apports conceptuels, des
propositions théoriques ou de nouvelles classifications. La « bonne » recherche devrait préférer
la pensée à la technique ; elle devrait redonner toute sa place à la réflexion et chercher à
contredire la « défaite de la pensée » qui caractériserait l’époque contemporaine).
- De produire une œuvre originale (« Recherche originale » signifie avant tout « première
recherche », « recherche pionnière », « recherche novatrice ». « Une bonne thèse, enseigne le
professeur Frédéric Rouvière, est un discours qui unifie la diversité et comble les vides du
savoir »122. Partant, il conviendrait de traiter principalement, si ce n’est exclusivement, des
sujets neufs ou des sujets à propos desquels il reste beaucoup à dire et à écrire. Et de poursuivre
: « Une bonne thèse est une thèse novatrice, qui trouve quelque-chose de nouveau, une position
originale sur le Droit ». La « bonne » recherche serait donc la « recherche libre », la « recherche
indépendante », capable de répondre au besoin de « ne pas céder aux modes et aux mots d’ordre
». Au moins le chercheur doit-il s’attacher à une « filiation intellectuelle revendiquée sans
affiliation ». En somme, une recherche serait remarquable à proportion de son « taux
d’innovation », lequel dépend autant de l’originalité du sujet abordé que de l’originalité de la
façon de le traiter et que de l’originalité des réponses apportées 123).
- Produire une œuvre qui constitue une contribution au progrès épistémique ( 1°. Alors
que sont dénoncés les travaux jus-universitaires « qui virent au journalisme juridique en ce
qu’ils se limitent à la simple description de faits 124», la « bonne » recherche en Droit paraît
être celle qui comporte des apports théoriques et, plus spécialement, des apports conceptuels
: « Le vrai progrès est l’avancée conceptuelle, l’innovation par les concepts, la proposition
d’outils pour mieux expliquer et mieux interpréter le Droit 125». Une recherche en Droit, pour
être remarquable, se devrait donc d’identifier et de proposer de nouveaux instruments de
compréhension des phénomènes juridiques, permettant de distinguer, d’ordonner et de classer
en différentes catégories les normes et les institutions qui composent le Droit. Elle devrait, de
la sorte, concourir à la clarification du Droit, spécialement en « inventant un métalangage
126
».
2°) Partant, une recherche juridique pertinente devrait bel et bien s’inscrire dans l’espace
macro-juridique de la culture, de la pensée et de la théorie juridiques plutôt que dans l’espace
micro-juridique du Droit positif sur lequel elle ne peut avoir, de toute manière, aucune prise.
Cela ne signifie pas qu’elle devrait se tenir loin à l’écart dudit Droit positif ; il lui appartient de
se situer juste au-dessus de lui. 3°) Où réapparaît à nouveau l’importance du « taux
d’innovation ». Peut-être même la qualité d’un travail de recherche en Droit se mesure-t-elle
au nombre de ses apports conceptuels. Mais encore faut-il que ceux-ci se révèlent pertinents et
utiles127. 4°) Et peut-être la « bonne » recherche en Droit est-elle aussi celle qui parvient à
éviter le piège de l’« obsolescence programmée » à travers l’étude d’un sujet très précis dans

122
ROUVIÈRE, Fr., « Itinéraire de la recherche en Droit – Qu’est-ce qu’une bonne thèse ? », conférence à la Faculté de droit
et de science politique d’Aix-en-Provence, 10 janv. 2012.
123
BARRAUD, B., La recherche juridique, op. cit., pp. 493-494.
124
ROUVIÈRE, Fr., art. cit.
125
Ibidem
126
Ibidem.
127
En témoignent ces propos que l’on attribue à différents professeurs lors de différentes soutenances de thèses : « Cher
monsieur, il y a dans votre thèse des choses nouvelles et des choses bonnes. Malheureusement, ce qui est nouveau n’est pas
bon et ce qui est bon n’est pas nouveau ».
47

le cadre de la micro-juridique. Indirectement, revient la nécessité, non pas d’éviter le Droit


positif qui demeure la matière première de toute étude juridique, mais de ne pas s’y fixer, de
ne pas en dépendre, d’être capable de s’en échapper à travers ses conclusions et ses
propositions). Cette dernière phrase nous permet de passer aisément à la section suivante.

SECTION 4. POUR UNE RECHERCHE JURIDIQUE PROSPECTIVE : LA RECHERCHE


TOURNEE VERS LA REFORME DU DROIT

D’abord, notion de réforme juridique, consiste en l’examen de la règlementation et de la


législation pour déterminer les lacunes et les moyens d’y remédier, et ainsi apporter des modifications
visant à renforcer le cadre réglementaire et législatif128. Il sied de préciser que le meilleur chantre de la
méthode de réforme du Droit fut Jeremy Bentham, le philosophe de l’utilitarisme. Et Graveson de dire
« à Bentham, tout au moins, « nous devons une partie du vocabulaire de la réforme du Droit, ainsi le mot
‘’codification’’129 ».

De ce fait, la recherche juridique peut être conçue de manière prospective : elle est alors destinée
à servir à la conception d'une nouvelle loi ou d'une nouvelle approche à un problème comportant des
dimensions juridiques. La démarche suivie s'attache alors "à mieux comprendre et traiter de manière
raisonnée la technique juridique constituante, c'est à dire les modes de fabrication et de diffusion des
normes juridiques." C'est en somme une démarche axée sur la rationalisation des modes de création du
Droit.

L'un des principaux obstacles à la réforme du Droit en plusieurs domaines tient à la croyance
souvent non fondée et postulée généralement de façon implicite que la réforme ne peut passer que par
une intervention législative. Ce postulat néglige le rôle pourtant capital de la communauté juridique dans
la formulation, l'application et l'évolution du Droit. Un autre obstacle découle de l'absence de prise en
compte des dimensions juridiques dans la manière dont sont formulées la plupart des demandes
d'élaboration des politiques.

Pour constituer une démarche orientée vers la réforme et la revue critique du Droit existant, par
opposition à une démarche orientée vers la prédiction des résultats des recours judiciaires 130:

- La recherche juridique devrait s'effectuer suivant un modèle qui tient compte des
caractéristiques du Droit tout en relativisant la place que tient ce dernier par rapport aux autres
normativités. Un tel modèle doit toutefois conserver une place à la prise en compte des raisons
et caractéristiques propres à la normativité juridique. L'analyse juridique vouée à la réforme
du Droit ne peut donc se limiter à la seule description des normes juridiques et de leur logique
interne, mais doit porter sur une problématique plus vaste qui inclut les normes péri-juridiques
dont l'observation est essentielle à la compréhension du Droit et à l'évaluation de son
adéquation. Elle doit également porter sur ceux qui, dans notre société, définissent ces normes
péri-juridiques, notamment pour comprendre et expliquer les interactions entre le Droit et ces
normes (autrement dit, il faut procéder par une approche à la fois dogmatique, empirique et
interdisciplinaire).

128
https://impacttransform.org: réforme réglementaire et législative-impact (8 mars 2023).
129
GRAVESON, R.H., « Les méthodes de réforme du Droit », R.I.D.C, N°19-2, 1967, pp.356, in https : //www.persee.fr/do
130
v. TRUDEL, art. cit., pp. 12 et s.
48

- Une première démarche d'observation de l'émergence des normes demeure toujours nécessaire
afin de rendre compte du Droit applicable à un secteur donné. Il faut, dans un premier temps,
identifier l'ensemble des normes qui ont un effet sur le fonctionnement d'un secteur d'activité.
Cette démarche passe obligatoirement par l'analyse descriptive, selon la méthode juridique
classique (celle qui est du type de la dogmatique juridique) du contenu des normes à caractère
juridique. Il ne s'agit pas de remplacer cette démarche mais plutôt d'y ajouter à fin de mettre
en place un modèle d'analyse juridique susceptible de contribuer à des analyses susceptibles
de donner prise à des hypothèses de réforme du Droit.

Dans des démarches axées sur une approche prospective du Droit :

- Les limites de la méthode exégétique sont bien connues ; il faut s'y livrer dans le cadre d'une
démarche évolutive et interdisciplinaire. Le Droit étant une création continue de la société, l'on
admet aisément que la loi ou la politique réglementaire ou jurisprudentielle suivie n'est que
l'expression provisoire de la règle adaptée au milieu social. Il est souvent nécessaire de
conclure que la question n'est pas entièrement tranchée par les décideurs. Alors, la recherche
de solutions offertes par le Droit des autres pays permet d'identifier la règle qui est la plus
susceptible d'être reçue dans notre système juridique.
- Le recours à la méthode comparative : dans ce cas, la recherche s'attache alors à comparer une
pluralité de situations juridiques à en dégager les constantes et les divergences. Cette démarche
propre au Droit comparé ne doit pas être confondue avec une démarche de recherche dans
laquelle on fait appel aux solutions dégagées dans des Droits étrangers afin d'éclairer la
signification du droit national131.

Les études orientées vers la réforme du Droit procèdent en somme d'une démarche en deux temps :
- On fait, d'une façon ou d'une autre le bilan des raisons d'être de la règle de Droit ou du système
de réglementation étudié ;

- Puis on passe ensuite à la mise au point ou aux ajustements des instruments réglementaires qui
contribuent à matérialiser la mise en œuvre de la politique.

Si tous les phénomènes sociaux ne sont pas que des phénomènes juridiques, il importe de
comprendre aussi la part du juridique et du normatif dans ces phénomènes sociaux. Faute d'une
telle approche, on se condamne à des analyses du Droit et de la réglementation qui demeurent
purement formelles et détachées des analyses plus globales132.

Le Droit congolais, à l'instar d'ailleurs de celui produit dans la vaste majorité des Etats du
systèmes romano-germanique, s'est développé selon le mode sédimentaire qu'imposent les
objectifs de permanence et de sécurité juridique133 qui lui sont assignés. Il est, en effet, le produit
d'actions successives, lois, règlements, décisions individuelles, qui s'inscrivent dans une trame
de principes fondamentaux, de pratiques, de refontes et de réformes. Il faut donc étudier ce Droit
suivant une méthode permettant de tenir compte de ce fait. Le Droit n'est pas, le plus souvent, un
produit spontané. Modifier une loi, adopter ou abroger un règlement exigent des processus

131
Pour approfondir, voir CADERE, V., « Quelques réflexions sur les études de science juridique comparative », in R.I.D.C,
Vol. 23 N°4, Octobre-décembre 1971. pp. 849-855, http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-
3337_1971_num_23_4_16106
132
TRUDEL, art. cit., p. 13.
133
Sur la sécurité juridique pour une bonne réforme, v. BERGEL, J.-L., « La sécurité juridique », in Revue du notariat, Vol.
110, n°02, 2008, pp. 271–285; CARCASSONNE, G., « Penser la loi », Pouvoirs n° 114, septembre 2005, p.39 ; CASTRIES,
H. et MOLFESSIS, N., (dir.), Sécurité juridique et initiative économique, Rapport, Editions mare & martin, Paris, 2015 ;
MUSAFIRI NALWANGO, P., Pièges symboliques et violation des droits humains en Droit positif congolais, contribution
critique à l’élaboration du Droit praxéologique, éd. La dialectique, Lubumbashi, 2014, p.45.
49

relativement lents. Lorsqu'on parle de reformuler des principes juridiques fondamentaux, tel le
droit de propriété, le temps de réaction exigé par les systèmes juridiques est encore accru. Dans
une large mesure, ces processus sont inhérents à la norme juridique, de telle sorte que la société,
ou des groupes de celle-ci, façonnent des instruments normatifs auxquels ils assignent une partie
des objectifs traditionnellement dévolus au Droit en souhaitant éviter l'apparente rigidité du
Droit.

En clair, il faudrait songer à la mise au point d'une méthode d'analyse se situant aux
confins de l'analyse externe (celle qui prend le Droit pour objet) et de l'analyse positiviste
traditionnelle. L'analyse juridique qui intègre à sa démarche la prise en compte des rationalités
sous tendant les réglementations et les techniques par lesquelles on met en œuvre les politiques
offre un cadre d'analyse répondant à ces impératifs. Ce modèle présente l'avantage de capter les
dimensions juridiques d'une question en même temps qu'un bilan des autres dimensions qui se
trouve intimement intégré à la démarche d'élaboration des techniques de réglementation.

Autrement dit, il a donc lieu d'intégrer à la recherche juridique un modèle qui tienne
compte, dans l'analyse juridique, les raisons d'agir au lieu de maintenir une frontière entre la
recherche sociale et l'instrumentation juridique.
50

CHAPITRE II

TROIS ETAPES CRUCIALES DE LA RECHERCHE ET LEUR APPLICATION DANS LE


RECHERCHE JURIDIQUE

La recherche est une activité intellectuelle extraordinairement passionnante et


enrichissante, mais également difficile, souvent ingrate, déstabilisante, aux moments de doute
fréquents, aux pièges nombreux. Si l’on veut éviter qu’elle se transforme en une pénible épreuve
et aboutisse au découragement du jeune chercheur, il importe que, le plus tôt possible, celui-ci
définisse les éléments d’une organisation rigoureuse et qu’il se dote rapidement de solides
méthodes de travail.

Ainsi, le processus de la recherche académique en RD Congo s’effectue en trois étapes


selon les instructions du Ministère de l’ESU134 : la phase de conception de l’objet d’étude
(premier staff seminar) ; la phase méthodologique (deuxième staff seminar) et la phase de
résultats (traitement des données et présentation des résultats : troisième staff seminar). Excepté
l’étudiant chercheur en licence, celui en Master ou au doctorat est donc obligé de suivre ce
cheminement.

SECTION 1. ETAPE DE DE L’OBJET D’ETUDE ET DE LA PROBLEMATISATION

Il va de soi qu’avant d’entreprendre un travail, on doit savoir sur quoi on va travailler. Ainsi,
l’objet de recherche est le phénomène ou le fait, tel que le chercheur le construit pour pouvoir
l’étudier135. Il s’agit autrement du problème de recherche formuler à un sujet généralement vague et non
arrêté.

Sous-section 1. De l’objet d’étude

§1. Recherche et conception de l’objet d’étude ou du sujet

134
v. art. 4, point b) de l’arrêté n° 175/MINSEU/CABIN/TMF/EBK-RK3 du 22 /12/2015 portant normes
d’opérationnalisation des enseignements du 3-ème cycle dans les établissements d’enseignement supérieur et universitaire
en RD Congo : « Le candidat en DEA/DES ou Thèse, est obligé de présenter lors des séminaires méthodologiques
ou journées doctorales, son travail trois fois au moins avant son dépôt et sa défense. De façon concrète, chaque instance
de la recherche (agrément du sujet ; cadre théorique et méthodologique, protocole d’ enquête ; résultats
préliminaires) devra être exposée et discutée avant et/ou après sa réalisation. C’est lors de ces séances que
sera évalué l’état d’avancement de chaque projet de recherche ». V. aussi l’art. 17 de l’article 24 de l’arrêté
n°101/MINESU/CABMIN/MNBMBLB/2023 du 13/02/2023 modifiant et complétant l’arrêté n°
175/MINSEU/CABIN/TMF/EBK-RK3 du 22 /12/2015 portant normes d’opérationnalisation des enseignements du 3-ème
cycle dans les établissements d’enseignement supérieur et universitaire en RD Congo.
Et le point 11 de la Note de service N°024/2023 aux Doyens des Facultés et Directeurs d’écoles signé par le
Secrétaire Général chargé de la Recherche/UNILU en date du 17/02 /2023, est explicite à ce sujet, lorsqu’il renseigne que le
nombre minimum des séances de staff seminar pour tout projet de recherche est à 3 ( la première séance est en rapport
avec la validation du sujet et de la revue de la littérature, la deuxième traite de la méthodologie et du terrain, la
troisième porte sur les résultats obtenus).
135
DAVALLON, J., « Objet concret, objet scientifique, objet de recherche », in Hermès, 38, 2004, p.32.
51

Tout chercheur est conditionné par la société et la culture auxquelles il appartient. Il observe
les individus, les institutions et les sociétés, et ce dans l’espace et le temps. De cette observation
préliminaire et des lectures (lecture des cours, des questions de TP, des ouvrages, des articles,
participation des conférences, colloques, séminaires, audiences des procès…) il parvient à avoir une
« idée ». C’est cela la conception136, ou l’étape où le chercheur formule un problème de recherche, c’est-
à-dire qu’il développe et articule par un enchaînement d’arguments la traduction d’une préoccupation
majeure, l’expression de “ce qui pose problème”, de “ce qui fait problème”, et qui mérite d’être étudié,
élucidé.
Si cette conception de l’objet d’étude part d’un terrain de l’observation et de la lecture, mais, il
n’est pas toujours facile de déterminer le sujet que l’on veut traiter.
Dès l’abord d’une recherche, le chercheur se sent souvent, perdu en ce qu’il a parfois une idée
vague sur le sujet ou le thème de son étude. Dans ce cas, il devra travailler sur ses critères personnels,
mais aussi compter aussi sur l’aide de son directeur. Pour bien choisir son thème de travail, le chercheur
doit tenir compte de sa propre situation et de l’opportunité du sujet à étudier.

A. Astuces en vue d’un choix judicieux du sujet

1. Du côté du chercheur
- Le sujet doit être conforme aux goûts et aux aspirations du chercheur. Il est plus aisé de travailler
sur un thème qui rejoint ses propres centres d’intérêt plutôt que sur un sujet ennuyant. Ce critère
tient donc compte de la préférence personnelle du chercheur. On choisit ainsi un sujet dans son
domaine de prédilection : fera-t-on du Droit privé, du Droit judiciaire, du Droit public interne,
du Droit économique, du Droit social, du Droit de la santé? On précise, puis on resserre ensuite
encore ses choix en focalisant un champ territorial (Droit congolais, Droit OHADA, Droit
comparé, Droit français, Droit africain, etc.) et des limites du sujet. Il peut aussi s’agir d’une
préférence personnelle pour un domaine ou une discipline affirmée à l’occasion de vos études
antérieures ou de lectures plus récentes ou encore de suggestions faites par un enseignant ou des
camarades.
- Le sujet à traiter doit être proportionné aux capacités du chercheur. Le thème à choisir ne doit
pas seulement être intéressant, encore faut-il qu’il réponde aux aptitudes du chercheur.
- Le sujet doit être accessible au chercheur. Avant de choisir un thème, il faut savoir si l’on aura
suffisamment de documentations pour le mener à bien. L’accès à la documentation est-il aisé
ou pas ? Une rapide recherche sur internet permet de se faire une idée de la documentation en
ligne ou papier disponible, gratuitement ou non. Par ailleurs, il faut également prendre en compte
les plus ou moins grandes facilités de déplacement et d’accès aux lieux intéressants. Par exemple
: un sujet sur l’ONU doit s’appuyer sur une possibilité d’accès aux documents publiés et diffusés
par l’ONU et même (et surtout) à ceux qui ne font pas l’objet d’une publication ; un sujet à forte
dominante historique ne peut se réaliser sans un accès aux archives pertinentes…
- Le thème à choisir doit être adapté à la science faite par l’étudiant. Sinon, on risque de choisir
un sujet trop éloigné de sa discipline avec comme conséquence de dépenser d’énormes énergies
pour le cerner, sans toutefois réussir à l’assimiler correctement. Ce critère renvoie encore au
choix préalable de son domaine de recherche.

2. Du côté du sujet à traiter et état de la question

136
MPALA MBABULA, L. et NGANDU MUTOMBO, M., Guide méthodologique pour doctorant, éd. Mpala, Lubumbashi,
2016, p.41.
52

a. Qualités du sujet à traiter

- Le sujet doit être original ou neuf. Ceci ne vaut pas seulement pour la thèse de doctorat. Même
pour un Mémoire de licence, l’étudiant doit choisir un thème qui, à sa connaissance tout au
moins, n’a pas encore été étudié comme tel. En effet, un travail scientifique doit être un travail
personnel et doit apporter une certaine contribution à la science. Sans quoi, on va reprendre ou
répéter ce que d’autres avaient déjà fait.
- Le thème à choisir doit être utile, soit pour le chercheur lui-même, soit pour sa société dans la
mesure où il doit servir à quelque chose.
- Le sujet doit être bien délimité. Si l’on prend un thème trop vaste, on risque bien de ne pas
pouvoir en cerner tous les aspects et par conséquent, de verser dans les platitudes.

A ces qualités, s’ajoutent aussi une appréciation de l’objectif que le chercheur propose de
donner au travail qu’il veut entreprendre. À cet égard, trois cas peuvent être envisagés :

- Si le travail (thèse) a pour objectif de vous permettre de vous orienter vers l’enseignement et la
recherche, elle doit être un travail de haut niveau : le sujet doit dépasser la simple présentation
de mécanismes ou institutions juridiques, et, au contraire, mettre en évidence la réflexion
théorique et l’analyse juridique. En un mot, il doit permettre de constituer un apport à la doctrine
juridique.
- Si le travail (thèse) a pour objectif de vous permettre de vous orienter vers le secteur privé : le
travail à réaliser aura sans doute moins d’ambition théorique et sera vraisemblablement plus
pratique et plus technique dans la présentation et la réflexion sur les mécanismes étudiés.
Certaines disciplines sont alors plus “porteuses” (Droit du travail, Droit pénal, Droit processuel,
Droit minier... ou spécialisations en Droit des assurances, Droit de la construction, Droit agricole,
Droit de la santé, Droit de l’environnement...).
- Si le travail (thèse) a pour objectif de vous permettre de vous orienter vers le secteur public et
politique : les remarques sur le type de travail à envisager sont les mêmes et le Droit administratif
ou les finances publiques peuvent être plus faciles à “rentabiliser” (dans le cadre de concours ou
d’accès à certains emplois publics sur dossier) que le Droit constitutionnel ou le Droit
international public. Mais, inversement, un travail dans l’un de ces derniers domaines peut être
un atout utile pour une intégration dans une organisation internationale, gouvernementale ou non
gouvernementale.

Pour que son sujet ait les qualités susvisées, le chercheur devra en outre consulter la littérature
existante sur la thématique et voir comment il peut dégager son originalité.

b. Mise en relation du sujet choisi avec les théories et les recherches déjà faites sur ce thème
(la revue de la littérature ou l’état de la question)

Le chercheur doit savoir qu’il y a des « anciens » dans son domaine ou thématique de recherche
et qu’il est bon de savoir ce qu’ils ont dit et ce qu’ils n’ont pas dit en vue de ressortir son originalité et
se démarquer d’eux137.

137
La connaissance de l’état actuel de la recherche sur le sujet s’impose pour trois raisons principales suivantes :
- Elle permet d’avoir une vue plus large sur le sujet et d’approfondir les informations que nous avons déjà à ce propos ;
- Elle est une étape importante comme préparation à une collecte judicieuse et profitable du matériel. Elle permet de
mieux choisir les documents à consulter, de bien les comprendre et les interpréter ;
- Grâce à cette information, on peut savoir si le thème a déjà été traité par d’autres et sous quels aspects.
53

Autrement, le chercheur devra répertorier les théories, les écrits et autres ressources audiovisuels
portant sur la thématique faisant l’objet de la recherche en vue de leur exploration, de leur exploitation.
S’il est vrai que l’exploration consiste en une activité de découverte d’information, l’exploitation vise
quant à elle à collecter des informations circonstanciées aux fins de démonstration. Il est bon d’indiquer
que la revue de littérature n’est point un simpliste passage en revue de sources écrites et non-écrites,
bien au contraire elle renvoie à un minutieux travail de regroupement et de croisement de ces sources
aux fins de dresser l’état de l’art138.

L’état de l’art peut indifféremment se dénommer état de la recherche ou état de la question et


consiste à restituer le stade actuel de la controverse scientifique sur la thématique faisant l’objet de la
recherche. Cet exercice requiert du chercheur qu’il procède à une analyse critique de ces sources afin de
faire ressortir aussi bien les avancées (les acquis) que les insuffisances (limites).

C’est justement ces limites qui lui permettent de justifier la pertinence scientifique et sociétale de sa
recherche. En effet, toute recherche scientifique a vocation à combler un gap et par la même répondre à
un vrai besoin spécifique de la société. Ce travail permet, à la vérité, au chercheur d’indiquer son input,
sa contribution au débat scientifique sur la thématique faisant l’objet de la recherche.

Revenons donc sur les spécimens définitionnels donnés à l’état de l’art.

c. Retour sur la notion de l’état de la question et son rôle

Nous définissons l’état de la question comme la partie dans laquelle l’auteur analyse de
manière pertinente les travaux antérieurs de recherche de ses devanciers dans le domaine tout en
mettant l’accent sur son originalité. Il cherchera donc à se démarquer des prédécesseurs en
insistant sur la particularité ou la nouveauté de son sujet.

L’état de la question n’est pas à confondre avec un simple alignement des opinions des auteurs
sur le sujet, il est plutôt une synthèse critique des écrits existants qui permet au chercheur de tracer sa
ligne de démarcation entre ceux-ci et la littérature qu’il se propose de produire.

Pour être capable de cela, l’étudiant doit beaucoup lire, il doit faire montre d’un esprit
d’ouverture, un esprit de synthèse, un esprit de curiosité au risque de se contenter à une répétition des
choses déjà dépassées.

Victor Kalunga Tshikala, dans « son guide pratique relatif à la rédaction des mémoires en droit
» définit l’état de la question comme un relevé des publications antérieures qui, de manière directe ou
indirecte, ont porté sur le même thème et non sur le même sujet que celui abordé par l’auteur. Il permet
ainsi de faire un état de niveau des recherches et des réflexions dans le domaine139.

De même le Journal le Parisien définit l’état de la question comme « un produit documentaire


établissant le bilan critique des travaux effectués sur un sujet donné pendant une période déterminée et
pouvant se présenter sous forme écrite ou orale. Il définit le sujet dans le temps et dans l’espace, en
précise les acteurs et les différents aspects, les sources et ressources d’information. Il s’appuie sur une
importante bibliographie de la littérature du domaine 140».

Ce qui est visé par la connaissance générale du sujet est d’avoir une information sur ce que d’autres ont dit concernant le
thème, afin que le chercheur puisse mieux situer sa propre approche.
138
BOTIAGNE MARC ESSIS, Méthodologie de la Recherche, Master 1 Droit, Université méthodiste de Côte d’ivoire, sd.,
en ligne, p. 3.
139
KALUNGA TSHIKALA, La rédaction des mémoires en droit. Guide pratique, éd. COL, Lubumbashi, 2012, p.15.
140
A l’adresse : http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/état de la question/fr
54

Précisons que dans les habitudes de certaines universités le concept « état de la question » est
remplacé par celui de « revue de littérature » ou « analyse de la littérature ».

En clair, l’originalité d’une question de recherche se dégage selon certains critères :

a. Effectuer un « état de l’art » ou « un bilan de la littérature scientifique antérieure » :

-Une question déjà résolue de manière satisfaisante n’est évidemment plus problématique.

b. L’originalité du projet de recherche peut découler notamment

- du matériau analysé, ex. nouvelle jurisprudence ou loi ; dépouillement systématique d’une partie de
la jurisprudence ;

- d’un point de vue théorique nouveau, ex. réexamen de la jurisprudence de la Cour de cassation sur
le lien de causalité à la lumière de la notion de causalité adéquate ;

- d’une nouvelle méthode d’analyse, ex. recours au droit comparé ;

- de nouvelles applications soulevant des questions inédites, ex. droit de la filiation par procréation
médicalement assistée.

c. Objet unique —> pluralité de problématiques possibles141.

B. De l’aide du Directeur (choisi)


L’étudiant recevra de son Directeur le guide en qui il fait confiance, les directives utiles pour
bien cheminer vers la vérité. Ainsi, le Directeur doit se sentir coresponsable, en sens qu’il est invité à
« diriger » le travail en le suivant sous le contenu et la forme, en rappelant l’étudiant à l’ordre sur les
citations, les notes infrapaginales, en l’exhortant à être rigoureux, précis, honnête et travailleur. De son
travail bien fait, le Directeur doit être fier car, le travail dirigé marquera toujours l’étudiant dans ses
premiers pas.

Par ailleurs, l’étudiant doit avoir certains critères d’ordre scientifique et humain dans le choix
de son Directeur. Ce dernier, scientifiquement, doit être compétent dans la matière choisie par l’étudiant.
Il y va de la formation intellectuelle de l’étudiant. Celui-ci doit profiter, au maximum, du savoir de son
Directeur. Voilà pourquoi la sensibilité tribale ne doit pas prédéterminer le choix du Directeur.

Du point de vue humain, il est bon de choisir un Directeur qui a du temps matériel pour ses
étudiants.

Le choix du Directeur n’est pas facile et demande, de la part de l’étudiant, la connaissance de


ses professeurs et un réalisme pratique, c’est aussi une qualité intellectuelle.

Ainsi, sans entrer dans des hypothèses trop personnalisées, on peut avancer que le Directeur
de recherche « idéal » est la personne :

- Compétente (c’est évidemment un point essentiel !) ;


- Ayant une certaine expérience en matière de direction de recherche ;
- Que l’étudiant connait déjà, pour l’avoir eu comme enseignant ;
- Dont l’étudiant apprécie la tournure d’esprit et l’approche des problèmes ; – disponible ;
- Et, pourquoi ne pas le dire, à l’égard de qui l’étudiant éprouve une certaine sympathie.

141
R. JAFFERALI, Méthodologie de la recherche et de la rédaction en droit civil, Université Libre de Bruxelles, 2014-2015,
p.64.
55

C. Formulation du sujet et exemples dans les domaines de spécialisation en Droit

Suivant la maquette des formations du nouveau système LMD, le chercheur dans la Filière des
Sciences juridiques en RD Congo devra choisir son sujet de Mémoire de Master parmi les départements
de spécialisation suivants142 :

1. Droit Privé (Parcours Droit privé et du patrimoine et Parcours professions judiciaires) ;

2. Droit notarial ;

3. Droit Public interne (Parcours Droit administratif et Parcours Droit constitutionnel) ;

4. Droit international public et africain ;

5. Droit Economique et des affaires ;

6. Droit social ;

7. Droit de la santé et bioéthique (parcours Droit du système de santé et Parcours Droit de la


bioéthique) ;

8. Droit de l’environnement et développement durable.

Mais l’ancien programme ne retenait que trois départements (le Droit privé et judiciaire, le Droit
public et le Droit économique et social).

En Droit Privé ( Parcours de Droit civil et du patrimoine et Parcours de Professions


judiciaires) , le chercheur peut puiser un sujet en rapport entre autres avec les matières suivantes : le
Droit civil des personnes, la famille et les relations familiales ; le Droit civil des biens, le Droit civil des
obligations, l’administration de la justice, l’organisation des compétences juridictionnelles (juridictions
de l’ordre judiciaire, juridictions de l’ordre administratif et la juridiction de l’ordre constitutionnel) ; la
répression des infractions contre les personnes et biens ( comme les violences sexuelles, le meurtre, le
vol ou autres), les successions, les grandes questions du Droit de la responsabilité civile, le Droit des
contrats classiques et électroniques ; les conflits fonciers et immobiliers ; le Droit de l’enfant, le Droit
et la procédure militaires, le Droit procédural tant civil que pénal ; le Droit des suretés et des libéralités ;
le Droit de l’urbanisme et de la construction, le Droit de la preuve ; le Droit de la consommation, le
Droit des mineurs et personnes vulnérables, l’éthique et la déontologie des professions judiciaires
(avocats et magistrats), le Droit approfondi des contrats, le Droit du contentieux civil et commercial,
Droit du contentieux administratif et fiscal, le Droit de contentieux constitutionnel et électoral ; le Droit
des assurances, le Droit de la concurrence, le Droit des société approfondi, le Droit administratif des
biens, le Droit des entreprises en difficulté, le Droit de la propriété intellectuelle, les instruments de
paiement, le Droit international privé, les libertés et droits fondamentaux, le Droit des transports
terrestres et aériens, le Droit pénal attaché aux personnes (infractions contre les personnes et les biens),
la rédaction de jugement, les Droit et voies d’exécution civiles et pénales, la théorie du Droit, le Droit
de protection des communautés locales, le Droit minier, le Droit forestier, le Droit coutumier, le Droit
privé comparé, etc.

142
v. Maquette des formations, Domaine des sciences juridiques, politiques, administratives, Filière de sciences juridiques,
mention Droit, Kinshasa, 2022.
56

En Droit notarial, le chercheur peut puiser un sujet en rapport avec les questions spéciales : de
Droit des suretés immobilières en rapport avec le notariat, du nouveau régime juridique du notaire en
RDC, l’organisation et le fonctionnement d’un office notarial, du Droit de la propriété intellectuelle, du
Droit des assurances, le Droit de l’urbanisme et de la construction, de Droit des sociétés, de Droit
d’exécution des décisions judiciaires, de Droit des contrat, du Droit de la responsabilité civile, de la
procédure civile, du Droit des transport terrestre et aérien, de Droit des biens et Droit immobilier, de la
responsabilité civile du notaire, de la fiscalité des entreprises, du Droit approfondi des succession et
libéralités, etc.

En Droit public interne (Parcours de Droit administratif et Parcours de Droit


constitutionnel), le chercheur peut, entre autres, choisir un sujet en rapport avec le Droit administratif
approfondi, le Droit constitutionnel approfondi, le Droit administratif des biens, le Droit de l’urbanisme,
le Droit de la construction, le Droit électoral, le Droit de l’aménagement du territoire, les finances
publiques nationales et locales , le Droit de contrôle des finances et des biens publics, le Droit de
l’environnement, le Droit de l’enseignement, le Droit des marchés publics, le Droit administratif
comparé, le Droit constitutionnel comparé, les droits et libertés fondamentaux, les questions de l’ordre
public, le Droit du contrôle parlementaire l’administration des entreprises de l’Etat, le contentieux
administratif, le Droit de la fonction publique, le contentieux constitutionnel, la légistique, le
normativisme et Etat de Droit ; les régimes et systèmes politiques ; la décentralisation; l’organisation et
la gestion des services publics ; les droits humains, , les accords politiques, le Droit parlementaire, etc.

En Droit international public et africain, il peut choisir un sujet en rapport avec le Droit
international public, le Droit des organisations internationales, le Droit et constitutionalisme régional
africain, le Droit international économique, le international des espaces, le Droit international de l’eau,
le Droit unisien des droits de l’homme, la responsabilité internationale, le Droit international et africain
des aires protégés, le Droit africain des droits de l’homme, la procédure des contentieux devant les
juridictions africaines, le Droit international africain des déchets, le Droit international du travail, le
droit international des investissements, la procédure judiciaire internationale, la procédure devant la
CPI , le Droit de la transition écologique, le Droit international humanitaire, le Droit de la sécurité
internationale, le Droit international du sport, le Droit international des groupes vulnérables, le Droit
international des changements climatiques, le Droit communautaire économique africain, la légistique
internationale, le Droit parlementaire international, le Droit de la mer, le Droit fluvial et maritime
africain, le Droit international de l’aviation civile, les relations internationales africaines, les questions
de géopolitique international et de l’Afrique centrale, le fonctionnement des institutions internationales,
le Droit de la fonction publique, le Droit diplomatique et consulaire, le Droit international de la santé
publique et de la bioéthique, le Droit international des télécommunications, le Droit africain des affaires
(OHADA), etc.

En Droit Economique et des affaires, il peut choisir un sujet en rapport avec le Droit financier
et institutions financières, le Droit des sociétés commerciales, le Droit des entreprises en difficultés, le
Droit de la concurrence et de la consommation, le Droit fiscal international, le Droit du commerce
international, les mécanismes alternatifs de règlement des différends commerciaux, le Droit et
l’économie des assurance, les instruments de paiement et de crédit, les sûretés, le Droit international
économique, le Droit douanier, la législation en matière économique, le Droit commercial, le Droit
minier, le Droit pénal économique, le Droit financier ; le Droit internationale du travail, la déontologie
des affaires, le Droit de la sécurité sociale, le Droit des investissements ; l’ordre public écologique, le
droit économique de l’environnement, les normes de gestions des risques économiques, comptables et
financiers (analyse des bilans, gestion des entreprises, audit fiscal), le Droit fiscal d’exception : fiscalité
57

minière , forestière et législations particulières ; le Droit douanier ; les procédures contentieuses en


matière fiscale, parafiscale et douanière, les droits traditionnels des communautés locales, etc.

En Droit social, il peut recourir aux questions spéciales de : Droit approfondi du travail , Droit
de la sécurité sociale, Droit de l’entreprise, Droit administratif du travail, Droit pénal du travail, Droit
social international, Droit du bien-être au travail, théories et pratiques des négociations, Droit des
relations collectives de travail, modes alternatifs des règlements des conflits en matière du travail,
gestion des ressources humaines, droit social et droit de l’homme, droit pénal des affaires, fondements
économiques du travail, organisation et compétences des conseillers en matière du travail, organisation
et compétences du chargé de contentieux en matière du travail, organisation et compétences des
juridictions de travail, organisation et compétences de l’inspection du travail, etc.

En Droit de la santé et bioéthique (Parcours de Droit du système de santé et Parcours de


Droit de la Bioéthique), il peut choisir un sujet en rapport avec le régime général du Droit de la santé,
le Droit de la bioéthique, le Droit international de la bioéthique, le Droit communautaire africain de la
bioéthique ; le Droit pénal de la bioéthique, les droits fondamentaux et bioéthique, le Droit de la santé
publique, le droit médical, le droit hospitalier, le droit pharmaceutique, la gestion des risques
hospitaliers, l’organisation et fonctionnement du système de santé, la gouvernance des établissements
de santé, le Droit de la responsabilité du fait des activités de santé, les questions spéciales de Droit de
la concurrence, le Droit de la sécurité sociale, la déontologie médicale, le Droit des mutuelles de santé,
la réglementation sanitaire internationale, l’organisation et fonctionnement de l’OMS, le big data, santé
et droit ; la télésanté, la télémédecine et droit ; le Droit des personnes malades et des usagers du système
de santé ; la médecine légale et administration de la preuve ; le Droit des entreprises de la
biotechnologie, les progrès biomédicaux et responsabilité civile ; le Droit pénal de la bioéthique, le Droit
des biens appliqués au vivant, le Droit de la recherche biomédicale, le Droit des biotechnologies, le Droit
des contrats appliqué au vivant, etc.

En Droit de l’environnement et développement durable, il peut choisir un sujet en rapport


avec le Droit de la biodiversité, le Droit de l’environnement, le Droit pénal de l’environnement, le Droit
de tourisme, le Droit de la pollution, le Droit des déchets, le Droit des télécommunications et du
numérique, le Droit de la chasse et de la pêche, le Droit pénal de l’aménagement du territoire et de
l’urbanisme, le Droit minier, le Droit de la santé publique appliqué à l’environnement, la philosophie du
Droit de l’environnement, le Droit de la conservation de la nature, le Droit africain et comparé de la
conservation de la nature, le Droit forestier, le Droit des transports, le Droit et la politique
d’aménagement du territoire et de l’urbanisme, le Droit du changement climatique, les Droit
international du patrimoine mondial, le Droit du commerce international des espèce sauvages, le Droit
de la sécurité alimentaire, le Droit de la biotechnologie, le Droit des hydrocarbures, le Droit des
propriétés intellectuelles, le Droit d’accès aux ressources génétiques et partage des avantages, le Droit
d’usage forestier et foresterie communautaire ; le Droit humains appliqué à l’environnement,
développement durable et ressources naturelles ; le Droit d’installations classées, le Droit et
géopolitique de l’eau, le Droit d’évaluation environnementale, le Droit phytosanitaire et vétérinaire, le
Droit de la responsabilité environnementale, le Droit international du désarment, le Droit congolais de
déminage humanitaire, le Droit international humanitaire appliqué à l’environnement, etc.

Et comme on ne cesse de le dire, certains sujets peuvent être interdisciplinaires en dépit de cette
compartimentation des enseignements à la Faculté en termes de départements de spécialisation. On sait
que le Droit s’est introduit dans plusieurs secteurs de la vie. C’est pourquoi les juristes actuels sont allés
à la rencontre des sociologues, des économistes, des psychologues, des anthropologues, des
criminologues, des historiens, etc. On assiste aujourd’hui à une demande de régulation suite matières
telles que la corruption, la bioéthique, l’environnement, l’ingérence humanitaire, la mutation du travail,
58

le réchauffement climatique, la migration, les technologies de l’information et de la communication, les


droits de l’homme, etc. A l’heure actuelle, les analyses juridiques constituent un champ en pleine
effervescence. On s’interroge tant sur la nature du Droit lui-même comme système de régulation sociale
que sur les enjeux de phénomènes sociaux.

Voici quelques exemples des sujets des travaux scientifiques (tous départements confondus) :

- Du licenciement irrégulier du salarié en Droit congolais et ses effets juridiques ;


- De l’indépendance du pouvoir judiciaire en RDC : état des lieux et perspectives ;
- De la libéralisation du secteur de l’électricité en Droit congolais : état des lieux et suggestions ;
- Portée et étendue du principe « pollueur payeur » en Droit international de l’environnement ;
- Du règlement des contentieux électoraux en RDC de 2006 à ce jour : tendances et perspectives ;
- L’expropriation de la concession perpétuelle pour cause d’utilité publique en Droit congolais :
analyse empirique de quelques cas à Lubumbashi ;
- La question de poursuite pénale d’un ancien premier ministre en Droit congolais pour des faits
commis lors de l’exercice de ses fonctions ;
- Le régime juridique du contrat de sous-traitance dans le secteur privé en RDC. Forces, faiblesses
et propositions idoines.
- Le phénomène « marchés pirates à Lubumbashi » : étude empirique des causes et mécanismes
juridico-administratives de solution ;
- Création et fonctionnement des mutuelles de santé en Droit congolais. Défis et propositions de
réforme.
- Pour un régime de responsabilité environnementale dans le CCC LIII ;
- Inexécution des obligations dans le bail civil par une partie et ses effets ;
- Du régime matrimonial primaire dans le code congolais de la famille ;
- La responsabilité civile et assurance des activités biotechnologiques ;
- La dépénalisation de la transmission volontaire du VIH/SIDA en Droit congolais et son incidence
sur la propagation de la pandémie ;
- Pour une protection efficace des malades et usagers des hôpitaux publics et privés en RDC ;
- Impact du verrouillage de certaines dispositions dans les Constitutions africaines sur l’Etat de
droit : cas des Etats de l’Afrique centrale ;
- Liberté d’association (et de religion) face aux tapages des Eglises de réveil en RDC. Recherche
d’un régime juridique conciliateur et protecteur de droits subjectifs de ces ASBL et de tous les
citoyens ;
- La gestion maritale du ménage face au principe d’égalité homme-femme en Droit congolais ;
- Du régime du divorce par consentement mutuel en Droits congolais et belge ;
- Incidence du mandat de la MONUC à la MONUSCO et son incidence sur le maintien de la paix
en RDC ;
- La substitution de l’employeur et ses conséquences sur le contrat de travail : analyse empirique
au sein de quelques entreprises congolaises ;
- Question de l’adoption des enfants en rupture familiale ;
- Analyse du régime de gestion des hôtels, bars et restaurants en RDC ;
- Les dommages écologiques et leur réparation en Droits congolais et comparé ;
- Du respect des droits et libertés des citoyens en RDC : cas de la liberté d’expression ;
- Des successions des clercs et réguliers catholiques et incidences en droit civil congolais ;
- De la responsabilité civile des médecins dans l’exercice de leur profession ;
59

- De la validité du contrat d’adhésion en Droit congolais, cas de la police d’assurance et des autres
contrats de consommation ;
- Mécanismes de protection de l’enfant né hors mariage ;
- De la protection des consommateurs des denrées alimentaires en RDC ;
- La cybercriminalité et son impact sur la cyberconsommation en Droit congolais ;
- Droits des veuves et orphelins en Droit congolais : analyse empirique en Droit des successions.
- Organisation et fonctionnement des Tribunaux de commerce en RDC. Etat des lieux et
perspectives ;
- Analyse des délais de procédure : cas de l’appel et de l’opposition en matière civile
- De la répression des crimes contre la législation économique congolaise : cas de la vente illicite
des minerais ;
- Du contrat de crédit -bail en Droit congolais : lecture du régime juridique à l’aune de la pratique ;
- Etude praxéologique de la garde des enfants après le divorce en Droit congolais ;
- Le fédéralisme et sa contribution au développement socioéconomique de la RDC ;
- De la réparation des victimes des viols en Droit congolais ;
- Le régime de répression de l’adultère des époux en droit congolais. Critiques et suggestions ;
- La responsabilité civile des clubs sportifs du fait de leurs supporteurs en Droit congolais ;
- La non déclaration de naissance à l’état civil et ses effets juridiques : étude empirique menée aux
bureaux communaux de la ville de Lubumbashi ;
- Analyse de la forme de l’Etat en RDC au regard de la constitution du 18 février 2006 ;
- Prescription extinctive en matière de poursuite de l’infraction et de l’exécution de la peine dans
un Etat de Droit. Impunité ou besoin de paix sociale ?
- De la constitutionalité des accords politiques en Droit congolais ;
- Le commerce électronique au regard du droit positif congolais ;
- Etude critique du régime juridique de travail de la femme mariée ;
- Etude du régime des sociétés anonymes en droit OHADA ;
- Du régime de l’avortement issu du Protocole de MAPUTO : critiques et suggestions ;
- Etude des modes de saisine de Cour pénale internationale ;
- Organisation et fonctionnements des juridictions judiciaires à l’heure du découpage territorial en
RDC ;
- Des obligations du commerçant : cas de l’immatriculation au Registre de commerce et de crédit
mobilier ;
- Recherche du régime juridique adéquat à la médecine traditionnelle en RDC ;
- Du rôle de la société civile dans l’émergence de l’Etat de droit en RDC ;
- De la limitation des fraudes fiscales et douanières en Droit congolais ;
- De la question de limitation des mandats des parlementaires dans la Constitution du 18 février
2006. Enjeux et perspectives politico-juridiques ;
- La justice transitionnelle et droits des victimes des crimes de guerre en RDC ;
- La pérennité de l’impôt foncier et son impact sur la contribution au budget des provinces ;
- Du régime congolais de la libre administration des ETD ;
- La théorie de précaution dans la responsabilité civile : analyse d’un nouveau fondement ;
- Saisine et procédure devant la Cour africaine de droits de l’homme et des peuples ;
- Du licenciement irrégulier d’un délégué syndical et ses conséquences juridiques ;
- Organisation et compétences de l’inspection du travail en Droit congolais ;
- Le régime du commerce des espèces sauvages ;
- Exploitation minière et droits des communautés locales ;
- Le mariage homosexuel à l’aune du code de la famille ;
- Régime de gestion des déchets et eaux usées en milieux urbains ;
60

- Du respect de la vie privée du salarié en milieu du travail ;


- Les progrès biomédicaux et responsabilité civile en Droits congolais et français ;
- Etc.

§2. Problématisation

Pour concevoir et problématiser l’objet de la recherche, on a besoin à la fois de construire cet


objet à partir du problème identifié, de questions et d’hypothèses qui l’explicitent davantage, et de
l’approfondir encore à partir de tout ce qui a été écrit (état de la question) ou fait à son propos143.

La problématique contextualise l’objet et lui donne sa profondeur conceptuelle. Par exemple, la


même question de recherche sur le lien entre immigration et travail peut être problématisée à partir d’une
réflexion sur les transformations du travail, et sur la place de la migration dans ces processus, ou alors à
partir d’une réflexion sur la migration, et la place des modalités de l’emploi et de l’accès à l’emploi dans
le processus migratoire. La perspective sera différente. Le type de réponse qu’on fera, les liens qu’on
établira entre processus sociaux divers seront différents selon qu’on énonce la question à partir d’une
problématique du travail ou de celle de la migration.

C’est à cet effet que la problématique est définie par Edith Jaillardon et Dominique Roussillon
comme « un ensemble cohérent, organisé, des questions et concepts relatifs à un sujet déterminé,
permettant d’ouvrir sur des hypothèses dont la démonstration constitue le cœur de la recherche144 ».

Pour notre part, la problématique c’est l’étape dans laquelle l’auteur construit clairement
les problèmes constatés par rapport au sujet et les reformule en questions scientifiquement
pertinentes. Pour une recherche en Droit, la problématique devra consister à dégager les constats
des problèmes liés au sujet et ensuite formuler quelques questions y relatives au regard des
théories juridiques en présence.

A. La construction du problème

La position du problème consiste donc pour le chercheur à restituer ce qui pose problème c’est-
à-dire le décalage, le gap, le vide, le manque ou le disfonctionnement qu’il constate et qui l’intrigue en
tant que scientifique. Il s’agit à la vérité pour lui de lever le voile sur les facteurs déclencheur de la
recherche. Il peut s’agir entre autres d’une énigme, d’un mystère, d’un scandale, d’un choc qui suscite
sa curiosité scientifique.

En Droit, particulièrement, il peut s’agir du problème d’inefficacité ou ineffectivité de la norme


juridique en vigueur ; de résistance au Droit en vigueur, de l’absence des normes dans un domaine, de
régime juridique incomplet ou inapproprié, de l’excès des textes, des textes et jurisprudences
contradictoires, des principes juridiques dépassés et inadéquats, de l’élargissement ou la remise en cause
des théories et notions juridiques, du changement d’une théorie ou paradigme juridique, etc.

B. Le questionnement

On dit d’un phénomène qu’il suscite notre curiosité scientifique lorsqu’il ne nous laisse pas
indiffèrent mais bien au contraire nous emmène à nous poser des questions quant au comment du
pourquoi de sa survenance. Cet exercice de questionnement s’appuie sur une question principale
dénommée question de recherche. Cette question peut prendre la forme d’une phrase interrogative simple

143
Dans cette étape, on peut autrement : énoncer les questions, les objectifs, les hypothèses de recherche, éventuellement la
position de la thèse, définir les variables avec leurs indicateurs.
144
JAILLARDON E. et ROUSSILLON, D., Outils pour la recherche juridique, Editions des archives contemporaines, Paris,
2010, p.40, 154.
61

ou complexe (composite). Dans la première configuration il s’agit d’une seule phrase interrogative tandis
que dans la deuxième nous avons affaire à une interrogation composite structurée autour de plusieurs
questions. Quoi qu’il en soit, la question de recherche peut se décliner en question subsidiaire, secondaire
ou subséquente145.

On devra préciser que les questions ne sont nécessairement pas posées en forme affirmative, elles
peuvent l’être sous la forme affirmative. Mais, est-il que la forme interrogative est généralement
conseillée et suivie parce que qu’elle permet au lecteur ou à l’évaluateur du travail de voir facilement
les questions de la recherche et peut facilement juger leur pertinence et opportunité.

Ainsi, traduire un projet de recherche sous la forme de question de recherche n’est utile que si
cette question est correctement formulée. Elle doit être cruciale, centrale, essentielle par rapport au sujet
choisi ; elle doit réunir les conditions d’être claire, faisable et pertinente. Les qualités de clarté
concernent la précision et la concision de la formulation de la question de recherche ; celle de faisabilité
portent essentiellement sur le caractère réaliste ou non du travail que la question laisse entrevoir.146

De manière brève :

1) La problématisation d’une question originale de recherche suggère les précisions suivantes :

a. Un thème non problématisé ne suffit pas à faire un projet de recherche ;

b. Problématiser = identifier les éléments qui posent problème ;

c. Vise à justifier un examen plus approfondi, elle permet de démontrer l’intérêt de l’étude
pour les tiers ;

d. Résulte de l’insuffisance des solutions existantes, ex. :

- incomplètes, ex. pas de solution claire en jurisprudence ;

- incertaines, ex. controverse persistante en jurisprudence ;

- insatisfaisante ou inefficace, ex. difficulté théorique ou pratique subsiste

e. Le problème n’est pas donné à l’avance, il doit être construit par le chercheur. C’est un point
de vue original appliqué à l’objet de recherche.

2) Quelques exemples de questions de la problématique, selon différentes approches :

a. L’auteur peut procéder à l’Affinement d’une théorie juridique (théorie juridique connue est
précisée ou nuancée), ex. : quelle est la loi applicable en droit international privé aux différentes facettes
des droits et devoirs des époux ? Quel est le régime applicable en cas de conflit de leadership dans les
églises de réveil au Congo ?; Quelle est la réelle forme de l’Etat congolais au regard de la Constitution
de 2006 ?; le Magistrat du parquet (OMP) est -il réellement indépendant en Droit congolais ?

b. Confirmation (théorie connue appliquée à un nouvel objet), ex. : comment les droits de
l’homme s’appliquent-ils en Droit commun des contrats ? ; les droits de la défense sont-ils respectés

145
BOTIAGNE MARC ESSIS, Méthodologie de la Recherche, Master 1 Droit, Université méthodiste de Côte d’ivoire, sd.,
en ligne, p. 5.
146
v. KANDOLO ONUFUKU WA KANDOLO, op. cit., p.60 ; VAN CAMPENHOUDT L. et QUIVY R., Manuel de
recherche en sciences sociales, Dunod, Paris, 2006, pp. 19 et s.
62

dans le procès pour enfant ? Comment rendre effectif le principe d’égalité homme femme dans le
ménage ?

c. Elargissement (théorie juridique connue suscite une théorie plus large), ex. : les différentes
institutions du droit privé (force obligatoire du contrat, responsabilité civile, …) ne sont-elles pas
l’expression d’un principe plus général de respect dû aux anticipations légitimes d’autrui ? ; Une bonne
administration de la justice pourra-t-elle consolider l’Etat de Droit en RDC ?; L’installation effective
des tribunaux de paix n’est-il pas une solution efficace à la question de justice de proximité en RDC ?

d. Rupture (remise en cause d’une théorie connue), ex. : La théorie de l’équivalence des conditions ne
doit-elle pas être abandonnée en distinguant explication et imputation ? ; le principe de la hiérarchie de
preuve en matière contractuelle ne peut-il pas être abandonné à ce jour au profit du principe de la
liberté de la preuve ?, Que faire au regard des limites de la théorie de vices de consentement afin de
protéger les contractants ? ; Comment est-ce que la responsabilité du débiteur défaillant peut être
techniquement engagée envers les tiers-victimes par ricochet ?; etc.

e. Recherche d’un nouveau régime efficace (nouvelle théorie efficace) : ex. : Comment sauvegarder
efficacement les droits des consommateurs des denrées alimentaires en RDC ? Quel est le cadre
juridique protecteur des victimes des violences sexuelles ? Comment remédier efficacement aux cas de
justice populaire ? ; Quels sont les modes modernes de protection de consentement des parties dans un
contrat ?; Comment résoudre de manière efficiente les conflits générés par la multitude des
régimes d’accès aux terres en République Démocratique du Congo, dans une perspective de réforme
foncière, comment celle-ci doit-elle se concrétiser ?; Comment faut-il doter à la médecine traditionnelle
de santé un statut juridique adéquat qui puisse garantir aux consommateurs une protection efficace de
leurs droits ?, dans quelle mesure peut-on formaliser et intégrer la médecine traditionnelle de santé
dans le système sanitaire formel et réglementaire congolais ?; Comment peut-on garantir et parvenir à
la réparation adéquate des préjudices subis par des tiers-victimes par ricochet de l’inexécution ou de la
rupture brutale du contrat en Droit congolais ; etc.

Ainsi, outre ces exemples, les approches peuvent être variées, c’est à l’auteur du travail de choisir
l’approche de la question qu’il traite.

On précisera enfin que si la problématisation est étape cruciale dans la conception de la recherche,
la problématique reste un point obligatoire à relever (à apparaitre expressément) dans l’introduction du
travail rédigé, bien sûr, selon les exigences de notre université.

§3. Formulation de l’hypothèse


Elle consiste pour le chercheur en un effort de réponse aux questions posées en amont. Cet
exercice s’articule autour d’une hypothèse générale dénommée indifféremment hypothèse de recherche,
hypothèse principale. Celle-ci n’est rien d’autre que la réponse intuitive et provisoire que le chercheur
apporte à la question de recherche. Elle peut à son tour se décliner en hypothèses explicatives qui, elles,
ne sont que les réponses intuitives et provisoires aux questions secondaires.

Ainsi, Van Compendhoudt et Raymond Quivy définissent l’hypothèse comme une proposition qui
anticipe une relation entre deux termes qui, selon les cas, peuvent être des concepts ou des
phénomènes147. Elle est donc une proposition provisoire, une présomption qui demande à être vérifiée.
Dès lors, l’hypothèse sera confrontée, dans une étape ultérieure de la recherche, à des données
d’observation.

147
VAN COMPENDHOUDT, L. et QUIVY, R., Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod, Paris, 2006, p.127.
63

Ainsi, démontrer une hypothèse, c’est montrer sa cohérence avec les données observées et sa
valeur heuristique, c’est-à-dire qui aide à faire des découvertes et à mieux comprendre les phénomènes
observés. Les épistémologues distinguent les hypothèses de recherche (formelles, et à démontrer ou
rejeter) des hypothèses de travail, qui se développent sur la base des données recueillies et qui ont une
valeur heuristique pour l’interprétation.

Toute hypothèse peut, selon le cas, être confirmée ou infirmée à l’issue du traitement des
données. Une hypothèse confirmée dans plusieurs endroits devient une thèse ou une loi scientifique et
dans le cas contraire, l’hypothèse est remise en question ou rejetée.

Dans la recherche quantitative, la formulation des hypothèses et leur vérification suivent des
règles très précises. Leur invalidation a une plus grande valeur de savoir (nous avons trouvé de bonnes
raisons de les rejeter) que leur validation (nous n’avons pas de preuves). Mais dans la recherche
qualitative, les hypothèses sont des pistes de recherche.

Nous devons reconnaître, qu’en général (en recherche qualitative et inductive comme en Droit),
il est rarement possible de formuler une hypothèse sous sa forme définitive prête à être vérifiée. Le
chercheur se rend souvent compte qu’il faut, au préalable, réaliser une grande partie des travaux
préliminaires ; au mieux, l’hypothèse provisoire deviendra définitive souvent quand les données
concordent avec l’hypothèse provisoire ou de départ.

Certaines nouvelles hypothèses surgissent au cours de l’analyse des données. Ceci étant,
l’étudiant écrira dans son travail scientifique l’hypothèse qui sera confirmée par ses recherches après le
dépouillement ou l’exposition de ses résultats de recherche. En d’autres mots, il est bon de formuler son
hypothèse définitive après le dépouillement des données empiriques ou de la documentation recueillis
sur le sujet.

L’expérience de la direction des travaux de recherche en Droit montre que quand le problème
n’est pas clair et que les questions sont mal posées, la formulation de l’hypothèse devient un casse-tête.

Le chercheur doit justifier sa réponse provisoire à la question de la problématique en s’appuyant


sur la loi, la jurisprudence, la doctrine, les principes de droit, les théories juridiques, voire sur d’autres
considérations sociologiques, économiques, philosophiques, politiques, administratives, etc.

En clair, il sied de retenir que l’hypothèse de travail :

a. La réponse anticipée que le chercheur donne à la problématique qu’il a formulée ;

b. Evite que la recherche demeure purement descriptive, par exemple ne pas se contenter de
résumer le dernier arrêt de la Cour de cassation, mais vérifier s’il est conforme / non
conforme au Droit antérieur ;

c. L’hypothèse de recherche doit remplir certaines conditions :

- susceptible de faire l’objet d’une argumentation (ex. pas opinion purement subjective) ; -
précise (ex. pas simplement il faut légiférer) ; - plausible.

d. A l’issue de la recherche, elle peut être : confirmée, infirmée, nuancée.

e. Mais l’hypothèse est souvent implicite dans certains écrits juridiques (par ex. dans un article
scientifique).
64

Sous-section 2. Du projet ou protocole de recherche

Certaines recherches (voir le cas des recherches doctorales) sont précédées d’un projet de
recherche bien rédigé et à soumettre à la Faculté, au département ou à une institution de financement de
recherche. En ce qui concerne les travaux de recherche des étudiants débutants, il ne s’agit pas vraiment
du projet de recherche mais simplement une planification de travail entre l’étudiant et son directeur en
tenant compte du calendrier académique.

§1. Portée

Le mot « projet » suggère l'idée de recherche à entreprendre. Le projet indique ce qu'on veut
faire comme recherche et la méthode qu'on utilisera pour arriver à ses fins; en fait, ce sont les étapes
préliminaires de la recherche au cours desquelles on établit les limites de l'objet d'étude, précise la
manière de réaliser chacune des étapes du processus et indique les stratégies et les techniques retenues.
Il s'agit donc d'un travail préparatoire qui permet de déterminer dès le départ ce que le chercheur veut
démontrer à propos de son objet d'étude et la manière de procéder pour effectuer sa démonstration.

Le projet de recherche n'est donc pas un simple plan de travail, il est plus explicite, car on y
justifie et présente systématiquement les choix méthodologiques faits à chaque étape du processus. Il
peut comporter selon le cas, 10 à 50 pages. Généralement, il inclut les éléments suivants : l'analyse de
la situation, l'analyse critique des écrits pertinents, la population et l'échantillon, l'instrument de
recherche, le déroulement de la recherche, le traitement et l'analyse des données, le financement, le
timing.148 Il est aussi appelé protocole149.

A côté du Projet de recherche, on retrouve bien d’autres notions proches :

- Le Rapport de recherche : c’est un document écrit dont la fonction principale consiste à


présenter les résultats de la recherche une fois terminée. Il reprend bien entendu les principales
composantes d'une recherche telles que le problème, l’hypothèse, la méthodologie. En général,
le rapport de recherche comprend : une introduction, une description de la méthodologie, une
analyse des résultats et une discussion des résultats suivie d’une conclusion et des références
bibliographiques.
- Le plan de recherche ou plan de travail : c’est un document qui permet, en fonction de la
question principale, des hypothèses, de la démarche adoptée, d’organiser les différentes étapes
du travail d’investigation. Quel que soit le rythme de travail du chercheur, il faut savoir que c’est
dans la longue persévérance, dans la ténacité, dans les découragements, dans les essais longtemps

148
N’DA, P., op. cit., p.42. Le Protocole de recherche est un document rédigé par le chercheur où il décrit les différentes
phases d’une étude de recherche. Ce document doit décrire aussi les règles qui seront observées dans les relations entre le
chercheur, les pouvoirs publics et la population concernée par l’étude. Ainsi, le protocole de recherche est un engagement,
un cahier de charges, une convention, un guide qui dicte les règles de conduite du chercheur pendant tout le processus du
travail de recherche.
149
BOSSALI, F. et alii, « Le protocole de recherche : étape indispensable du processus de recherche garantissant la validité
des résultats », in Hegel, vol. 5, n°1, 2015, p.25, DOI : 10.4267/2042/56336 : « Le Protocole de recherche est document
rédigé par le chercheur où il décrit les différentes phases d’une étude de recherche. Ce document doit décrire aussi les règles
qui seront observées dans les relations entre le chercheur, les pouvoirs publics et la population concernée par l’étude. Ainsi,
le protocole de recherche est un engagement, un cahier de charges, une convention, un guide qui dicte les règles de conduite
du chercheur pendant tout le processus du travail de recherche ».
65

improductifs, bref dans l’effort, que le travail avance et sera de qualité150. On conseille de noter
dans un agenda les heures de travail, fixer un horaire, prévoir les loisirs et des temps de détente.
C’est en quelque sorte, un calendrier des étapes à franchir lors de la recherche151.

§2. Fonctions du protocole de recherche

Le protocole joue certaines fonctions, entre autres :


- Aider le chercheur à mieux préciser l’objet d’étude ;
- Rendre facile et claire la planification des étapes de la recherche ;
- Eclairer le chercheur dans la sélection des méthodes et techniques de recherches appropriées.

§3. Eléments du protocole et leurs fonctions

Il existe plusieurs plans types ou modèles du projet de recherche.

A. Modèle d’un protocole

Le plan que nous retenons regorge les éléments suivants :


1. Le titre : Plus important qu’on ne le pense, le titre doit aider à voir tant l’objet que
l’orientation. Un titre spécifique est généralement une bonne chose.
2. L’objet de la recherche : Il permet de circonscrire un objet, soit un ensemble de processus
sociaux sur lesquels on souhaite se pencher. La dimension sociologique de la recherche doit
déjà émerger, par la façon utilisée pour délimiter l’objet de la recherche.
3. La revue de la littérature (ou l’état de la question) : Elle vise à faire le bilan de ce que l’on
sait déjà sur la question de recherche. Elle est analytique dans la mesure où elle ne consiste
pas à faire une liste des auteurs et de leurs idées, mais plutôt à identifier des tendances, des
orientations, et discutant les conséquences des choix qui fondent ces orientations, en mettant
les auteurs en dialogue entre eux, et en soumettant leurs idées et leurs travaux à la critique.
Elle démontre que l’on sait ce qui a déjà été fait, de façon à aller un peu plus loin.
Évidemment, dans un projet de mémoire la revue de littérature est plus limitée que lorsqu’il
s’agit d’un projet de thèse de doctorat. Dans ce dernier cas elle est plus poussée, plus pointue.
4. La problématique : Elle répond à la question : où est le problème ?
5. Les hypothèses : Ce sont des réponses temporaires, à vérifier, aux questions de recherche
posées; elles orientent la recherche dans leur direction.
6. La méthodologie préconisée : Cette composante du projet est plus concrète : comment
allons-nous nous y prendre pour répondre à la question de recherche ? Quel type
d’informations documentaires ou empiriques allons-nous chercher ? Où allons-nous les
chercher ? Auprès de qui ou de quoi ? En posant quelles questions ? Sous quelle forme ?
Questionnaires ou entretiens dirigés ou semi-dirigés ? Données d’archives ou d’enquête ?
Quel échantillon ? Analyse de discours ? Comment ? Analyse d’un courant intellectuel, d’un
auteur ? Selon quelles perspectives ? Bref, tout ce qu’on met en place avant de se lancer dans
la recherche de l’information qu’on souhaite interpréter, et quelques indications sur la façon
de s’y prendre pour analyser et interpréter ce que nous aurons trouvé.

150
GUY JUCQUOIS, Rédiger, présenter, composer : l’art du rapport et du mémoire, Editions universitaires, Bruxelles,
1992, p.18 cité par KANDOLO O’NUFUKU WA KANDOLO, P.F., op. cit., p.52.
151
Cependant, le plan de recherche est différent du Plan de rédaction : celui-ci doit structurer les différent ses étapes de
l’exposition du travail, il doit armer le raisonnement qui va sous-tendre l’ensemble du texte à rédiger. En clair, c’est une
structure comme la présentation d’un plan cartésien (par appellation ou par numérotation) ou du plan analytique (une idée
constituant un point ou chapitre).
66

7. La bibliographie : la liste des ouvrages, articles et des pages web consultés ou cités.
8. Le plan provisoire : Il s’agit ici de prévoir les diverses parties du mémoire ou de la thèse,
pour être sûr que rien n’aura été oublié, et pour prévoir aussi l’étendue et l’importance des
diverses parties qui le composent. Ce plan changera fort probablement lors de la réalisation
du mémoire ou de la thèse.
9. L’échéancier ou le chronogramme : Il vaut mieux le faire sur le mode du compte à rebours :
pour remettre un travail rédigé à telle date, quelles sont les opérations nécessaires ? (Ne pas
oublier le temps dont le directeur ou la directrice ont besoin pour le lire…).

B. Exemple du modèle du Projet de recherche de l’UNILU 152

Les éléments ou données concernant le projet de recherche dans le cadre de la formation :


1. Identification : Nom et prénom, adresse du candidat ; projet du thème de la thèse….
2. Contexte général de la thématique (dix lignes maximum)
3. Les aspects originaux ou novateurs recherchés par le sujet
4. Objectifs (10 lignes)
5. Question centrale et questions dérivées de la recherche
6. Hypothèse principale et hypothèses dérivées de la recherche
7. Méthodologie
8. Acteurs du projet (inclure les partenaires concernés et les acteurs impliqués. Indiquer les
taches et les activités spécifiques à chaque acteur dans la réalisation du projet)
9. Chronogramme et plan de travail
10. Développement futur et retombées (scientifiques et socio-économiques) du projet (10 lignes)
11. Bibliographie et webographie.

C. Un autre modèle

Ce modèle comprend les éléments suivants :


1. L’objet et limites de la recherche
2. La problématisation de l’objet de recherche
3. Le choix d’une approche de traitement
4. L’énoncé d’une hypothèse de travail
5. Le choix des sources
6. L’élaboration du plan de la recherche.

Disons qu’en pratique, les différentes étapes sont intimement liées. Certaines étapes sont parfois
implicites dans les études publiées. Comme on l’a dit, le projet de recherche est exigé dans les travaux
de grande envergure (Mémoire de master ou Thèse de doctorat)., mais généralement pour les travaux
des chercheurs débutants (mémoire de licence) on peut juste exiger un plan de recherche.

Sous-section 3. Présentation de l’objet d’étude en première séance staff seminar

Il ressort de 4 de l’arrêté n° 175/MINSEU/CABIN/TMF/EBK-RK3 du 22 /12/2015 portant


normes d’opérationnalisation des enseignements du 3-ème cycle dans les établissements d’enseignement

152
v. MPALA MBABULA, L. et NGANDU MUTOMBO, M., op. cit, pp.61 et s.
67

supérieur et universitaire en RD Congo, tel que modifié à ce jour et du Guide de Staff seminar procédant
de la Note de service N°024/2023 aux Doyens des Facultés et Directeurs d’écoles signé par le Secrétaire
Général chargé de la Recherche/UNILU en date du 17/02 /2023, ce qui suit.

§1. Notion, objet et finalité du Staff Seminar


Pour ces matières, il sied de référer utilement aux point 2, 3 et 4 du Guide de Staff seminar
susvisé.

A. Notion

1. Pour le Mémoire de DEA(Master) et Thèse de doctorat

Le staff Seminar est un mécanisme de la formation doctorale consistant en des séminaires


méthodologiques ou des journées doctorales où est exposé et discuté avant et/ou après sa réalisation tout
projet de recherche scientifique en vue :

a) de le valider ;
b) d’évaluer l’état de son avancement ;
c) de statuer de sa qualité.

C’est autrement une séance de travail où se réunissent les professeurs du domaine (du
département concerné et autres) autour du candidat chercheur. C’est une séance au cours de laquelle ce
dernier expose son projet de recherche et les professeurs invités, interviennent par des observations et
remarques en vue de bien orienter la recherche du candidat.

2. Pour tout autre projet de recherche

Le Staff seminar est un espace d’échanges autour d’un projet de recherche, d’une publication
scientifique ou de toute autre activité scientifique en vue d’en apprécier le contenu, la finalité et la
pertinence.

B. Objet

Le Staff seminar a pour objet soit de présenter le projet d’un travail scientifique en vue de récolter des
remarques, des suggestions et des orientations, soit de recadrer le projet.

C. Finalité

Le Staff Seminar permet à l’environnement scientifique du candidat de prendre connaissance de


ce qu’entreprend ce dernier et à quel niveau il se trouve dans la réalisation de son projet.

D. Participants aux séances du Staff seminar (point 6 du Guide)

1. Tout chercheur (professeur, chef de travaux, assistant) ayant un projet de recherche à exposer ou
à défendre passe devant le Staff seminar. Précisons que dans la pratique seuls les doctorants ou
mémorants passent en ces séances (Chef de travaux, assistants et chercheurs indépendants).
2. Le participant à une séance de Staff seminar est une personne invitée au regard de son expertise
ou de sa spécialité scientifique.
3. L’invitation doit tenir compte de l’approche d’interdisciplinarité du projet concerné.
4. La personne à inviter peut provenir d’un département, d’une Faculté et même d’une institution
de l’ESU autre que celui/celle d’appartenance du candidat.
68

E. Interactions dans les séances (point 10 du Guide)

1. Les membres du staff se soumettent aux exigences de l’éthique et de la déontologie académiques


dans leurs interventions ;
2. Le staff n’est pas un lieu où les professeurs exposent leurs connaissances respectives n’entrant
pas dans la ligne de compte de la finalité du projet.
3. Les membres du Staff s’adressent exclusivement au candidat.
4. En cas de désaccord entre les membres du Staff, les objectifs du projet priment sur les logiques
différentielles des membres.
5. Le Staff Seminar ne se substitue pas au Comité d’encadrement, ni au jury de Mémoire de
spécialisation ou de la Thèse de doctorat ; il aide à la maturation du projet de recherche dans un
contexte de transparence.
6. A l’exception des membres invités pour la cause, les autres personnes présentes dans la salle,
quel que soit leur statut, n’ont pas de voix délibérative.

§2. Eléments du projet du premier staff seminar


Dans la pratique au sein de notre Faculté de Droit, les départements exigent que le projet de staff
seminar lié à la validation (ou l’invalidation) de l’objet d’étude du candidat ait les éléments suivants :

1. La Présentation de l’objet d’étude


2. Les motivations personnelles, scientifiques et sociales (choix et intérêt de l’étude)
3. La revue de la littérature (ou l’état de la question)
4. La problématisation de l’objet d’étude (position du problème et questionnement pertinent)
5. La formulation des hypothèses de recherche.
6. Les références légales et bibliographiques

SECTION 2. ETAPE METHODOLOGIQUE ET DE COLLECTE DES DONNEES

Au cours de cette phase, le chercheur explique et justifie les méthodes et les instruments qu’il
utilisera pour appréhender et collecter les données, en réponse aux questions posées et aux hypothèses
formulées. Il décrit enfin le déroulement de la collecte des données, indique le plan d’analyse des
données et procède à la collecte.

Sous-section 1. Les sources pertinentes et techniques de collecte

§1. Sources ou données pertinentes

Les sources se subdivise en deux (2) catégories que sont les sources primaires et les sources
secondaires.
La notion de source primaire renvoie à des informations de première main c’est-à-dire
directement collectée sur le terrain par le chercheur à cette fin il lui faudra identifier le terrain adéquat,
la cible adéquate, l’échantillon pertinent, ainsi que la matière adéquate. Ici, le gage de succès c’est la
mobilisation de l’arsenal adéquat. Toute la question étant de savoir qu’elle est la logistique adéquate il
peut s’agir d’un questionnaire, d’une caméra, d’un vidéo projecteur, d’un télescope...
69

Par sources secondaires il faut entendre tous les supports et autres ressources à partir
desquelles le chercheur peut tirer des informations à même de l’aider à tester ces hypothèses. Il peut
s’agir d’ouvrage, de rapports, de supports audiovisuels…

Parmi les sources utiles au juriste, on signale traditionnellement les traités, les monographies,
les articles, la jurisprudence et, enfin, la règlementation.

§2. Méthodes et Techniques de collecte

À cette étape, le chercheur présente ou expose les méthodes et les paradigmes auxquels il
recourt, puis décrit les instruments ou techniques qui seront utilisées. Divers instruments servent à
mesurer les variables d’étude.
Ces techniques de recherche sont elles-mêmes liées à la nature de la source et le chercheur ne
pourra pas les choisir au hasard.
Des développements détaillés au sujet des paradigmes, méthodes et techniques dans la
recherche juridique sont faits au chapitre III.

A. Techniques de collecte à partir des sources primaires

On cite les enquêtes, entretien, observation directe. Entre autres moyens de collecte nous avons
le guide d’entretien et le questionnaire et le visionnage. Le chercheur indiquera aussi la population153
en établissant les critères de sélection pour l’étude, en précisant l’échantillon154 et en en déterminant la
taille.

B. Technique de collecte à partir de sources secondaires

On cite principalement la recherche documentaire qui elle-même peut prendre la forme d’une
recherche bibliographique, d’une recherche webographie.

Sous-section 2. Identification des documents et collecte des données nécessaires pour le juriste
chercheur

Outre les textes légaux et jurisprudentiels régissant le thème étudié, les informations sur ce
thème s’acquièrent aussi par la consultation de certains ouvrages tels que les encyclopédies, les manuels
scientifiques, les monographies, les articles, les résumés, etc. Il s’agit clairement d’accéder aux sources
documentaires du Droit (la loi, la jurisprudence et la doctrine). Rappelons qu’une s’agit juste des
sources primordiales, rien n’empêchera à un chercheur de scruter la coutume, les principes généraux de
Droit et autres sources formelles.

153
La population cible réfère à la population que le chercheur désire étudier et à partir de laquelle il voudra faire des
généralisations. La population accessible est la portion de la population cible qui est à la portée du chercheur. Elle peut être
limitée à une région, une ville, une entreprise, une agence, un département, …
154
L’échantillon est un sous-ensemble d’éléments ou de sujets tirés de la population, qui sont sélectionnés pour participer à
l’étude.
70

§1. Identification des documents nécessaires

A. Identification des textes de loi et instruments juridiques internationaux relatifs au sujet

Connaître le Droit, c'est, dans notre système juridique, d'abord connaître « la loi 155». Cette vérité
élémentaire est trop souvent perdue de vue, et pas seulement par les étudiants... Toute étude juridique
suppose la recherche et la lecture attentive des textes relatifs à la matière examinée.

La préoccupation fondamentale du juriste est de retrouver, à propos du sujet étudié, le ou les


textes en vigueur : le danger est grand de se fonder sur des dispositions modifiées ou abrogées...

1. Les sources normatives (ou textes de base)

Par « législation », on entend ici l'ensemble des règles générales de conduite édictées par les
autorités auxquelles l'ordre juridique reconnaît cette compétence.

On observera qu'à côté de telles règles existent des normes dont l'expression originaire ne résulte
pas d'une formulation par l'autorité compétente, et qui ne relèvent pas de ce qu'il est convenu d'appeler
le Droit écrit. Leurs sources, dont l'importance varie en fonction des matières et de l'époque, sont la
coutume et les principes généraux du Droit.

La recherche législative n'est pas seulement l'étape la plus fondamentale de la démarche


heuristique du juriste ; elle est également celle qui présente le plus de difficultés, en raison de la «
surproduction normative » et de l'instabilité qui caractérisent notre système juridique ; facteurs auxquels
s'ajoute le morcellement des compétences législatives.

Ainsi, les sources normatives sont ordonnées selon le principe de hiérarchie, un principe
fondamental de l'ordonnancement juridique congolais.

a) En Droit interne, on distingue les sources suivantes :


- Le niveau de la Constitution ;
- Le niveau « législatif » : les lois organiques et les lois ordinaires ;
- Le niveau réglementaire : on voit plus ici les arrêtés. Les circulaires ministérielles ne sont, en
principe, pas des règlements. Qu'elles se présentent sous la forme de commentaires d'une
législation ou d'instructions données par le ministre aux agents soumis à son autorité, elles ne
revêtent généralement aucune force obligatoire à l'extérieur de l'administration.
- A ce tableau, il convient d'ajouter les normes trouvant leur origine dans la rencontre de volontés.
On évoque ici, essentiellement, les conventions collectives de travail et les accords de
coopération.
b) En Droit international, il y a des sources importantes (les conventions internationales) et, plus
particulièrement, du Droit communautaire africain à l’instar du Droit africain des affaires (traité
de l’OHADA et le Droit communautaire dérivé : actes uniformes).

Il sied de préciser en dessous de ce tableau que le principe de hiérarchie des normes qui préside
à l'ordonnancement des multiples normes que comporte le système juridique, permet de déterminer leur
validité et d'assurer la cohérence du système. En Droit interne, d’une part, la Constitution l'emporte sur
les normes de niveau législatif qui, quant à elles, priment sur les dispositions réglementaires. D'autre

155
Sans qu'il soit besoin de rappeler la différence entre « loi formelle » et « loi matérielle », précisons qu'on entend ici la «
loi » au sens large et matériel d'acte normatif. Le sens strict du mot « loi » désigne l'acte, pris sous la forme de loi, par le
pouvoir législatif. Sauf indication contraire, le mot « loi » est pris ici dans son sens large et matériel. v. DE THEUX, A.,
KOVALOVSZKY, I et BERNARD, N. (dir.), Précis de méthodologie juridique, op. cit., p.19.
71

part, la Constitution congolaise proclame la supériorité des traités sur les lois nationales (lois votées au
parlement)156. Plus délicate est la question de savoir si la norme internationale l'emporte également sur
la Constitution157.

Le principe de hiérarchie doit guider la démarche heuristique. Il va de soi, en effet, que la


recherche normative portera d'abord sur les textes de niveau supérieur (Constitution, lois, décrets, ...) et,
ensuite seulement, sur les dispositions réglementaires.

2. Les documents ou instruments de la recherche normative

a. Le journal officiel de la RD Congo (J.O. R.D.C.)

En général, un Journal officiel est un recueil qui publie les textes législatifs et règlementaires
d’un Etat. Autrement dit, c’est un quotidien officiel de la république, dans lequel sont consignés toutes
les lois, ordonnances, décrets ainsi que les textes réglementaires, les déclarations officielles et les
publications légales.

Techniquement, le Journal officiel de la RDC158, est un service spécialisé de la Présidence de la


république qui publie et diffuse les textes législatifs et réglementaires, les actes de procédure, les
décisions judiciaires, les actes des sociétés, d’association et des statuts des partis politiques, des dessins,
des modèles industriels, des marques de fabrique, de commerce et de service ainsi que tout autre acte
visé par la loi. Il s’occupe également de la mise à jour et la coordination des textes législatifs et
réglementaires. Il tient un fichier constituant une banque de données juridiques et est le seul organe établi
par la loi pour conférer le caractère obligatoire aux actes publics.

Le Journal officiel est donc l’instrument privilégié de mise à la connaissance du public des textes
de loi (voir art 141 de la constitution159). C’est le support de publication des textes nouveaux qui marque
le point de départ de l’application effective des règles nouvelles. Le législateur attache à cette démarche
une certaine présomption exprimée par l’adage (devenu principe constitutionnel depuis 2006, art.62160)
« nul n’est censé ignoré la loi ». C’est dire qu’à partir de la publication de la loi dans le Journal officiel,
les citoyens sont supposés la connaître.

156
L’article 215 de la Constitution énonce que « Les traités et accords internationaux régulièrement conclus ont dès leur
publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son application par l’autre
partie ». Il ressort de cette disposition que le système juridique congolais est moniste en ce que la ratification d’un traité
international permet de procéder à l’intégration des normes internationales dans le Droit interne. On observe ainsi de la part
du constituant congolais, une certaine volonté d’unification du Droit interne et du Droit international.
- En clair, Selon la théorie moniste, le Droit interne et Droit international sont deux aspects d’un seul et même Droit.
Les traités et accords internationaux s’appliquent en Droit interne dès lors qu’ils ont été régulièrement conclus et dûment
ratifiés. Dans ce cas, leur force demeure inférieure à la Constitution, mais elle est supérieure à celle des lois et règlements.
- Or, selon la théorie dualiste, le Droit international et le Droit interne sont deux Droits distincts au point que pour
qu’un traité s’applique en Droit interne, il faut qu’en plus de sa ratification, le parlement adopte une loi particulière qui lui
permet de produire des effets juridiques ou d’être invoqué comme source formelle obligatoire en Droit interne. Et même dans
ce cas, le traité ou l’accord est inférieur à la Constitution et à la loi. Les pays anglo-saxons sont généralement dualistes.
157
Si la question suscite des débats en Droit comparé, en Droit congolais par contre, en ce qui concerne les rapports entre les
traités et la Constitution, l’article 216 institue un contrôle préalable des traités avant leur ratification et entrée en vigueur en
Droit interne congolais. Et donc la hiérarchie des normes, en Droit congolais, se présente comme suit : Constitution, traités
et accords internationaux, lois, règlements, etc.
158
v. les articles 3 et 4 du Décret n°046-A/2003 du 28 mars 2003 portant création, organisation et fonctionnement d’un
service spécialisée dénommé « Journal officiel de la RDC ».
159
Article 141 « Les lois sont revêtues du sceau de l’Etat et publiées au Journal officiel ».
160
Article 62 « Nul n’est censé ignorer la loi. Toute personne est tenue de respecter la Constitution et de se conformer aux
lois de la République ».
72

En Droit congolais, il serait préférable pour l’instant qu’il en soit décidé autrement. En effet, la
diffusion des lois publiées au Journal officiel à travers les provinces se fait avec un tel retard ou avec
une telle lenteur que beaucoup de citoyens ne sont pas informés à temps utile.

Cependant, il convient de signaler qu’une certaine avancée est à signaler dans ce domaine car
aujourd’hui il est possible de retrouver de récentes lois publiées dans le site officiel du Journal Officiel
de la république et dans d’autres banques données (à l’adresse : www.leganet.cd ; www.glin.com;
www.journalofficiel.cd ; www.presidentrdc.cd ; www.assemblée-nationale.cd ;
https://Juriafrique.com ; etc.)

Il sied de noter que si la recherche porte sur des anciens textes encore en vigueur (de l’époque
coloniale ou l’époque du Zaïre), le chercheur peut aussi consulter le Bulletin officiel (B.O), le Moniteur
congolais (M.C), le Journal officiel du de la république du Zaïre (J.O R.Z).

Enfin, pour un chercheur qui veut retrouver des textes de Droit comparé, il se référera au Journal
officiel de la République française (J.O. R.F.), pour le cas de la France et au Moniteur belge (M.B) pour
le cas de la Belgique. Et pour les textes de l’Organisation des Nations Unies, il sied de consulter le
Recueil des Traités.

b. Les recueils non officiels

Axel de Theux et ses compagnons notent que « le maniement difficile des sources documentaires
officielles a incité quelques éditeurs à rassembler en des ouvrages officieux, mais plus pratiques,
l'essentiel des dispositions de niveau législatif et, dans une mesure variable selon les cas, des textes
réglementaires. C'est dire qu'une sélection plus ou moins sévère est opérée. Ne sont retenues que les
dispositions de nature à recevoir, dans la pratique, une application relativement fréquente. De plus, seules
les règles d'intérêt vraiment général sont publiées in extenso ; des dispositions de caractère plus limité
peuvent ne faire l'objet que d'une simple mention 161».

Parmi les sources documentaires officieuses, il est d'usage de distinguer les recueils
chronologiques qui reproduisent, plus ou moins largement, la législation telle qu'elle est publiée dans
les recueils officiels, et les recueils permanents qui procèdent à une mise à jour continuelle des textes
qu'ils publient : ils omettent les règles qui ne sont plus d'application et intègrent les modifications
survenues.

Et de manière concrète, on peut retenir pour le cas de la RD Congo : les Codes Larcier ; le Code
Judiciaire Congolais, textes compilés et actualisés jusqu’au 28 Fév. 2013 ; le Code Piron, le site :
www.droitcogolais.info (qui est un site non officiel), etc.

c) Exemples de présentation bibliographique

De manière non exhaustive on cite les exemples suivants (en tenant compte tout de même compte
du principe de la hiérarchie des normes, de l’intitulé et date exacts du texte et de sa source de publication)
:

- Traité du 17 oct. 1993 relatif à l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique, J.O. OHADA,
n°4, 01/11/97, p. 1, tel que révisé à Québec le 17 oct. 2008.
- Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale, Rome, 17 juil. 1998, Nations Unies, Recueil
des Traités, vol. 2187, n° 38544.

161
DE THEUX, A., KOVALOVSZKY, I et BERNARD, N. (dir.), Précis de méthodologie juridique, op. cit., p. 56.
73

- Loi Organique n°13/011-B du 11 avr. 2013 portant Organisation, fonctionnement et compétences


des juridictions de l’ordre judiciaire, J.O. RDC, N° spécial, 11 avr. 2013.
- Loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier
et régime des sûretés telle que modifiée et complétée par la loi n°008 du 18 juillet 1980, Codes
Larcier, RD Congo, T1, Droit civil et judiciaire, De Boeck et Larcier, Bruxelles, 2010.
- Loi n° 15/005 du 17 mars 2015 portant Codes des Assurances, J.O.RDC, N° Spécial, 30 Avr.
2015.
- Décret du 19 janv. 1920, sur le transport terrestre, B. O, 19 janv.1920.
- Décret du 7 Mars 1960 portant Code de procédure civile, Code Judiciaire Congolais, textes
compilés et actualisés jusqu’au 28 Fév. 2013, Kinshasa, 2013.
- Arrêté Min. n°409/CAB/MINIT.V.C/0080/2010 du 16 déc. 2010 portant Réglementation du
transport par motocyclette, J.O.RDC, N° spécial, 18 déc. 2010.
- Circulaire n° HCM/206/2009 du 15 oct. 2009 portant allocation d’office des dommages et
intérêts en droit pénal militaire, Code judiciaire congolais, textes compilés et actualisés jusqu’au
28 fév. 2013.

Nous reviendrons plus loin sur la présentation de la fiche bibliographique d’une disposition
tirée de la loi.

B. Identification de la jurisprudence relative au sujet de recherche

1. Jurisprudence comme source du Droit

Dans le sens actuel, on désigne habituellement par jurisprudence, l’ensemble des décisions
rendues par les cours et tribunaux à propos d’une institution, d’une même règle, d’une même question
de Droit controversée.

On a parfois défini la jurisprudence comme le phénomène traduisant la tendance du juge à donner


habituellement à un problème la même solution.

Si la jurisprudence est, dans certains pays de Droit anglo-américain, source de Droit incontestable
puisque la règle générale de Droit se dégage de l’ensemble des jugements précédents, il n’en est pas de
même dans le pays où la loi constitue la règle de Droit la plus importante.

En effet, le jugement limite sa portée à la sphère individuelle des parties en cause. D’ailleurs, le
juge n’est jamais lié par les jugements rendus par d’autres tribunaux qui sont similaires aux cas
particuliers qu’il est en train de juger.

Il est cependant certain que la jurisprudence constitue une autorité dans le Droit puisqu’elle
exerce une influence sur le juge qui doit trancher les litiges et les praticiens du Droit qui vont régler leur
attitude de l’enseignement qu’ils tireront de l’ensemble des jugements rendus dans une cause similaire
à celle qu’ils doivent étudier.

Mais l’autorité de la jurisprudence a une valeur variable. Son intensité dépend, en principe de deux
éléments.

• La répétition : ce qui veut dire que sur tel problème juridique, la jurisprudence aura autant de
poids qu’elle aura pour assises de nombreuses décisions.
74

• La hiérarchie du tribunal constitue le second élément ; plus le rang du tribunal est élevé, plus
forte sera son autorité jurisprudentielle162.

On peut donc en déduire que la jurisprudence est une autorité de valeur différente. A cet égard,
on parle de jurisprudence divisée, c’est-à-dire, qu’un certain nombre de tribunaux adaptent une
interprétation que ne partage pas d’autres tribunaux hiérarchiquement aussi importants et ce, à propos
d’un même texte légal discuté dans différents cas concrets.

La jurisprudence peut être constante, c’est-à-dire, celle qui ne varie point dans l’interprétation
d’un texte légal.

On parlera aussi de jurisprudence isolée, ce qui signifie qu’un ou plusieurs tribunaux inférieurs
ont adopté une interprétation que ne partagent pas les tribunaux supérieurs les plus importants.

2. Importance et faiblesse de la jurisprudence

Dans la vie du Droit, la jurisprudence joue un rôle considérable. Son objet premier est de fixer le
Droit positif d’un pays soit qu’elle précise le sens de la loi soit qu’elle en modifie la portée.

Il ne faut pas oublier que la jurisprudence provient du troisième pouvoir de l’Etat. Nul ne pourra
connaître le Droit d’un pays s’il n’étudie en même temps la jurisprudence du lieu.

La jurisprudence joue aussi un rôle prépondérant dans la préparation des lois futures. Très
souvent, c’est la jurisprudence qui est à la base des modifications législatives, soit que le législateur
veuille entièrement à entériner la pratique judiciaire soit qu’il veuille mettre fin à une querelle
jurisprudentielle en substituant à une disposition légale ambiguë ou contradictoire, une autre règle de
Droit plus appropriée.

Mais la jurisprudence a aussi ses faiblesses. En effet, elle se forme lentement et il faut souvent
des décennies pour aboutir à un principe jurisprudentiel clair. En outre, le juge, jaloux de son
indépendance, se refusera d’adopter la règle du précédent et tâchera d’apporter à propos d’un procès qui
lui est soumis une solution originale.

3. Recensement de la jurisprudence publiée et jurisprudence inédite

a. Consultation de la jurisprudence publiée ou non

La jurisprudence est généralement publiée dans les documents appelés « recueils de


jurisprudence » et qui sont de précieux instruments de travail. En RD Congo, on peut citer le Bulletin
des arrêts de la Cour suprême de justice, la revue juridique du Congo (considérée ici comme Revue de
jurisprudence) ; le site https://juricaf.org ; le site de la cour constitutionnelle congolaise : www.cour-
constitutionnelle.cd ; le site : www.cass.be et la Pasicrisie (Pas.) en Belgique et en France, le bulletin
civil de la Cour de cassation, bulletin criminel, le bulletin social, etc.

On devra préciser que la jurisprudence congolaise n'est pas intégralement publiée, loin s'en faut.
Les inédits foisonnent. En l'absence d'un système national officiel de publication, la mission de
reproduire les décisions de jurisprudence a été prise en charge par les éditeurs de revues juridiques
(comme la Revue juridique du Congo) et autres organismes et ASBL (ex. avocat sans frontières). Guidés
par le souci de rendre les meilleurs services à leurs lecteurs, ces intervenants opèrent une sélection. Ils
publient certes une bonne partie, voire l'essentiel des arrêts de nos hautes juridictions. En revanche, la

162
DELNOY, P., Eléments de méthodologie, op. cit., p.172.
75

majorité des décisions rendues par les autres juridictions (notamment les juridictions inférieures)
demeurent inédites.

Clairement, le nombre de juridictions, la quantité de décisions rendues et l'absence de toute


publication officielle font que la connaissance que l'on a de la jurisprudence congolaise demeure toujours
relative et partielle.

Le chercheur peut toujours se servir de la jurisprudence publiée et de celle non publiée ou inédite.
Mais, par la force des choses, c'est évidemment la jurisprudence publiée qui fait « autorité ».

Pour procéder à la bonne recherche personnelle de la jurisprudence, le chercheur devra consulter


d’abord les recueils de jurisprudence officiels et ensuite, les autres recueils officieux. Il peut aussi
consulter les jugements et arrêts aux greffes des cours et tribunaux.

b. Les commentaires d’arrêts

Les décisions de justice font l’objet de commentaires, de notes, de chroniques ou encore


d’observations de la part de la doctrine. Commentaires et notes sont généralement tenus pour
équivalents. Il s’agit d’études explicatives et analytiques d’une décision. Quant aux observations, il s’agit
de remarques doctrinales très brèves. Les frontières entre ces trois types de documents sont souvent
poreuses.

Ces études éclairent la décision étudiée, elles n’ont d’intérêt que rapporté à l’arrêt ou au jugement
dont elles éclairent la compréhension. Par conséquent, elles sont le plus souvent ajoutées à la suite de la
référence de la décision de justice. On peut qualifier l’auteur d’une note de jurisconsulte, de
commentateur ou encore d’arrêtiste. Ces termes permettent d’éviter de recourir trop souvent au mot
auteur, renseigne Gaétan Marain 163.

Parfois, on peut vouloir citer la note seule, c’est-à-dire indépendamment de la décision à laquelle
elle se rapporte. Dans ce cas, on cite la note comme on citerait un article en indiquant simplement la
décision de référence164.

c. Quelques recueils de jurisprudence et autres documents de commentaires d’arrêts

Nous pouvons citer sans souci d’exhaustivité :


- Le Bulletin des arrêts de la Cour suprême de justice qui publie les décisions de la haute
juridiction aux éditions du Service de documentation et d’études du Ministère de la Justice et
droits Humains (document de couleur jaune publié suivant des périodes, par ex. de 1990-2000,
2003, 2010-2013, ... Ex : Bulletin des arrêts de la Cour Suprême de Justice, années 2010 -2014,
Ed. Service de Documentation et d’Etudes du Ministère de la Justice et Droits Humains,
Kinshasa, 2014, 402 p.).
- Edition critique des jugements et arrêts des juridictions des ressorts des Cours d’appel de
Bukavu, Goma, Kananga, Kindu et Kisangani, Avocats Sans Frontière RD Congo, Kinshasa,
2005, 498 p., en ligne.
- DIBUNDA KABUNDJI, Répertoire Général de la Jurisprudence de la Cour Suprême de justice
1969 à 1985, Ed. Centre de Publication du Droit Zaïrois, Kinshasa, 1990, 379 p.

163
MARAIN, G, Méthodologie et aspects formels de la recherche, petit manuel à l’usage des juristes, Harmattan, Paris,
2015, p.41.
164
Par exemple : LECOURT, A, « Défaut d’ajustement d’obligations convertibles en actions : maintien du monopole du
représentant de la masse pour agir en réparation », note sous Cass. com., 10 déc. 2013, Rev. Sociétés 2014, pp. 503-506.
76

- TAKIZALA MASOSO, Recueil de jurisprudence des Cours et Tribunaux du Congo, P.U.L.,


Lubumbashi, sd., 312 p. ; Jurisprudence de la Cour d’appel de Lubumbashi en matière de travail
de 1990 à 2000, P.U.L., Lubumbashi, 2005, 393 p.
- CAPITANT, H., TERRE, Fr., LEQUETTE, Y. et CHENEDE, Fr., Les grands arrêts de la
jurisprudence civile, t. 2, Obligations, Contrats spéciaux, Sûretés, 13e éd., Dalloz, Paris, 2015
- KATUALA KABA KASHALA, Jurisprudences des Cours et Tribunaux, Presses Offset
IMPRI/ONATRA 93, Kinshasa, 1992, 99 p.
- KATUALA KABA KASHALA, LUMBALA ILUNGA et MWANZA KATUALA, Arrêts de
principe et autres principales décisions de la Cour suprême de justice, Ed. Batena Ntambua,
Kinshasa, 2008, 321 p.
- Etc.

C. Identification de la doctrine relative au sujet de recherche

Le terme « doctrine » recouvre l'ensemble des publications, quelles que soient leurs formes, par
lesquelles les auteurs commentent une matière juridique déterminée. La doctrine, c'est le Droit
commenté, explicité, interprété, clarifié, analysé et synthétisé. Dans la vie professionnelle, les auteurs
sont soit praticiens (magistrats, avocats, notaires, juristes d'entreprise, fonctionnaires, conseils
juridiques, etc.), soit théoriciens (enseignants, chercheurs), soit cumulent ces deux qualités. Quant à la
forme des études doctrinales, elle varie en fonction du thème choisi et de l'ampleur des développements
que l'auteur entend y consacrer : contribution à une encyclopédie ou à un autre ouvrage collectif ; traité,
manuel ou précis ; monographie ; article dans une revue ; note ou examen de jurisprudence165.

Au sujet de la doctrine, il y a une abondance des sources et c’est pourquoi on va s’attarder à ce


point.

1. Les documents papier

L’information juridique se trouve encore, pour une large part, sur support papier.

a. Les encyclopédies

Les encyclopédies sont des ouvrages collectifs de grande envergure qui traitent de manière
analytique une branche ou un secteur du Droit. Éminemment pratiques, ces documents donnent une idée
générale du thème abordé en analysant – de façon systématique – la législation, la jurisprudence et la
doctrine qui s’y rapportent. Elles font l’objet de mises à jour fréquentes.

Par exemple :

- HÉRAIL, J., Rép. civ. Dalloz, juin 2011, v. Acte de notoriété.


- JCl. Propriété littéraire et artistique, fasc. 1265, « Droits des auteurs. Droits patrimoniaux. Droits
de reproduction par reprographie (CPI art. L. 122-10 et L. 122-12) ».

L’encyclopédie diffère d’un dictionnaire ordinaire qui est plutôt analytique et qui se limite à la
définition des mots et à l’indication de leur usage.

Les répertoires et encyclopédies existent aujourd’hui pour la plupart sous forme électronique.
Par Exemple : l’encyclopédie Dalloz (différents répertoires) existe sous forme de cédérom, le
jurisclasseur (www.lexisnexis.fr/ droit-jurisclasseur.lnf) également.

165
DE THEUX, A., KOVALOVSZKY, I et BERNARD, N. (dir.), Précis de méthodologie juridique, op. cit., p. 131.
77

b. Les Manuels, précis et traités (ouvrages généraux)

Ce sont des ouvrages complets traitant d’un sujet ou d’une branche de Droit166. Ils ne se
contentent pas de rendre compte de l’état du Droit positif, mais consacrent une large place aux réflexions
critiques et à l’exposition des controverses qui animent le sujet traité.

Ils sont indispensables dans chaque domaine scientifique, car ils initient l’étudiant dans un
domaine précis et lui permettent de connaître certains auteurs indispensables dans son domaine de
recherche.

Parlant du Droit civil, par exemple, Sylvio Normand précise que « 167le traité porte sur
l'ensemble ou une partie du Code civil. Il cherche à expliquer la loi et à présenter les différentes
interprétations jurisprudentielles données par les tribunaux. Son intérêt vient surtout du fait qu'il s'efforce
de donner une vue synthétique du Droit. Il acquiert une autorité qui le place au premier plan de la
production doctrinale. Cette autorité, il la tient de son auteur qui pour entreprendre un tel travail, doit
posséder une connaissance approfondie du Droit civil ».

Voici des exemples tirés des titres de certains ouvrages : - Manuel de Droit des obligations (il
s’agit d’un ouvrage général) ; - Traité de Droit civil des obligations (il s’agit d’un ouvrage général) ; -
La réparation du préjudice écologique (il s’agit d’ouvrage spécifique).

Les Mémentos ou présentations synthétiques de cours sont aussi à lire.

Les ouvrages généraux sont insuffisants pour une recherche de niveau mémoire de master ou
thèse, ils permettent cependant d’aborder une question totalement inconnue pour s’en faire une idée et
de déterminer s’ils entrent ou non dans le champ du sujet.

c. Les ouvrages spécifiques (Monographies)

Une monographie est une étude scientifique menée de façon approfondie et complète sur un sujet
bien déterminé. Il s’agit d’ouvrages commentant une matière juridique bien circonscrite. L’ampleur
restreinte du thème, du concept ou de l’institution envisagée permet un examen approfondi. On aligne
ici les travaux universitaires (Mémoire, thèse, etc.).

Les ouvrages spécialisés, tels que les thèses et monographies sur des sujets voisins ou analogues, seront
probablement une source très féconde d’information, c’est pourquoi ils doivent être fichés avec beaucoup de soin.

d. Les périodiques
Les périodiques sont les publications qui apparaissent en fascicules ou en tomes distincts,
plusieurs fois par an, irrégulièrement ou à la date fixe. Nous retenons ici les revues, les journaux et les
magazines :

166
On retient généralement que les manuels sont des ouvrages rédigés en vue de l’enseignement, ils sont une préoccupation
pédagogique.
167
NORMAND, S., « Une analyse quantitative de la doctrine en Droit civil québécois », in Les Cahiers de Droit, Vol 23,
n°4, 1982, p.1013, en ligne : https://doi.org/10.7202/042522ar
78

1°) Les revues juridiques


Une revue comprend des articles, des études critiques, de compte-rendu, des bulletins, des
chroniques, de fois, un répertoire de bibliographie courante.

Dans un article, l’auteur y décrit ses recherches et en signale les résultats. Un article peut être
une prise de position sur un thème donné ou une proposition d’une théorie que l’on expose en attendant
les réactions. L’article provoque un échange des vues. L’étudiant, en lisant un article, doit se poser la
question de savoir si le prochain numéro de la revue contiendra une réaction. Ainsi, il peut suivre
l’évolution d’une problématique. En République Démocratique du Congo, le culte des débats semble
être absent au rendez-vous de chaque numéro de la revue.

L’étude critique analyse plus en détails un travail et en discute les conclusions. En la lisant,
l’étudiant apprendra à acquérir l’esprit critique et ainsi, il sera initié à une lecture personnelle.

Les comptes-rendus et bulletins fournissent une vue d’ensemble sur l’état actuel de la branche
étudiée.

Une chronique se propose de renseigner au lecteur les évènements de la vie scientifique. Ainsi,
en la parcourant, l’étudiant saura qui est nommé tel dans tel centre d’enseignement et sera au courant du
décès de tel ou tel professeur. Il apprendra où, quand et sur quoi un congrès est organisé, etc. En un mot,
la chronique donnera à l’étudiant les informations nécessaires ayant trait à la vie scientifique.

Les revues sont généralistes ou spécialisées. Bon nombre d’entre elles ont aujourd’hui une
version électronique. On peut citer le Recueil Dalloz, la Gazette du Palais, la Semaine Juridique, la
Revue justitia de la Faculté de Droit/UNILU, la Revue de la Faculté de Droit/UNIGOM, la Revue
Internationale de Droit comparé (RIDC), la Revue juridique du Congo (RJC), la Revue internationale
de Droit et de science politique (RIDSP), la Revue africaine de réflexions juridiques et
politiques(RARJP), la Revue générale de Droit et interdisciplinaire de Likasi (RGDIL), la Revue libre
Droit (RLD), le Cahier de Droit, le Point, la Librairie africaine d’études juridiques ( Kas african Law
study Library), the International Journal of Innovation and applied studies, the Harvard Human Rigth
Journal, la Revue de Droit de McGill à Montréal, the International journal of social sciences and
scientific studies (IJOSSAS), etc.

Les revues présentent un double intérêt : outre leur contenu, elles proposent généralement une
bibliographie systématique ou critique.

➢ Précisons que les articles scientifiques sont des textes de dimension plus restreinte qu’un
ouvrage et qui sont recueillis dans une revue en comportant plusieurs168. Ils paraissent
dans les revues juridiques, des cahiers de recherches, les contributions aux mélanges (et
liber amicorum), aux ouvrages collectifs et aux colloques. Une place sera également faite
aux sites Internet :
- Les articles de revues juridiques scientifiques (voir ci-haut) ;

- Les articles des cahiers de recherche : Souvent appelés working papers, il s’agit d’articles
d’auteurs qui ne sont pas encore parus ou qui ne feront tout simplement pas l’objet d’une
publication. Les auteurs choisissent alors de diffuser librement leur travail afin d’en faire
bénéficier l’ensemble de la communauté scientifique et participer ainsi du débat doctrinal.
Plusieurs banques de données se sont spécialisées dans l’hébergement de ces documents 169. On

168
L’expérience de la direction des travaux de recherche montre que les étudiants confondent les articles scientifiques et
les articles des codes et lois (dispositions légales et règlementaires). Cette confusion est désormais à éviter !!!
169
MARAIN, G, Méthodologie et aspects formels de la recherche, op. cit., p. 32.
79

peut citer à titre d’exemple, le Social Science Research Network (http://www.ssrn.com/en/), ainsi
que Papyrus qui est le dépôt institutionnel numérique de l’Université de Montréal
(https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/).
Exemples : CROZIER, N., « Responsabilité des parties à l’égard des tiers - L’arrêt Myr’ho, 10
ans après », in http://www.village-justice.com ;
DESHAYES, O., « Contrat et tiers », in http://www.googleschoolar.fr

- Les contributions aux mélanges ( ou écrits en l’honneur de, Liber amicorum, In memoriam,
Miscellanea ou encore études offertes) : Les mélanges sont des ouvrages collectifs dédiés à une
personnalité (du monde juridique). Ils réunissent les contributions de plusieurs auteurs. Ces
sources sont précieuses, car les contributeurs y abordent une question qui leur tient à cœur et
qu’ils traitent en général avec brio. Le thème des contributions est laissé à la discrétion des
auteurs qui rendent généralement compte du dernier état de leurs recherches. Nous vous
conseillons de consulter systématiquement la table des matières des mélanges que vous croiserez
au cours de vos recherches.
Exemples : - BINON, J-M., « La responsabilité extracontractuelle de la communauté
européenne : régime propre ou reflet d’un ‘’ius commune’’ », in Mélanges offerts à Marcel
Fontaine, Larcier, Bruxelles, 2003, pp.339-357.
- CANIVET, G., « Les fondements constitutionnels du Droit de la responsabilité
civile, Essai de pragmatique jurisprudentielle » in Liber Amicorum : Etudes offertes à Géneviève
VINEY, L.G.D.J., Paris, 2008, pp.213-226.

- Les contributions aux ouvrages collectifs : Les ouvrages collectifs réunissent les contributions
de divers auteurs. La réalisation d’un tel ouvrage est encadrée par un ou plusieurs directeurs
d’édition qui veillent à la cohérence intellectuelle d’ensemble. Les contributions sont généralement
des déclinaisons du thème général abordé.
Exemples : -BOUCARD, H., « Les effets de l’inexécution contractuelle envers les tiers », in L’effet
relatif du contrat (dir. BOUDOT M., FAURE-ABBAD M., et VEILLON, D.), L.G.D.J., Paris,
2015, pp.57-65
- BRUN, Ph., « La réparation du dommage », in Le dommage et sa réparation dans la
responsabilité contractuelle et extracontractuelle. Etudes de Droit comparé (dir. DUBUISSON,
B. et JOURDAIN, P.), Bruylant, Bruxelles, 2015, pp.127-143.
-AUROY, N., « La protection du dénonciateur dans l’alerte professionnelle », in BEHAR-
TOUCHAIS, M(dir.), La dénonciation en Droit privé, Economica, Paris, 2010, pp. 117-129.

- Les contributions aux colloques, congrès, conférences ou journées d’étude : Il s’agit de


rassemblements de chercheurs autour d’un thème commun où ils exposent leurs travaux. Parfois, les
actes de ces journées font l’objet d’une publication. La parution se présente alors classiquement sous
la forme d’un ouvrage. Dans ce cas, le document est assimilé à un ouvrage collectif et il est référencé
de la même manière.
Exemples : - MERGEY, A., « La résistance des juristes face à la loi. Perspectives historiques », in
Association Henri CAPITANT (dir.), La place du juriste face à la norme. Journées nationales
Tome XVI/Rennes, Dalloz, 2012, pp. 27-44.

La tâche est plus ardue lorsque les actes n’ont pas été publiés. Plusieurs situations se présentent
alors. Soit l’étudiant a participé directement au colloque et a pris des notes sur place, soit les actes,
c’est-à-dire les contributions des auteurs, ont simplement été diffusés à l’occasion de ces journées
sans donner lieu à parution.
80

Exemples : -BIQUET, M., « Les peines privées », in Actes des colloques de l’Association H.
CAPITANT, Journées québécoises, Montréal, 11 - 18 septembre 2004.
-BANZA ILUNGA, A, « De l’objectif de sécurité juridique dans la réforme législative dans
un Etat de Droit. Cas de la réforme du Droit congolais des obligations », in l’Etat de Droit en RDC :
principes, application et perspectives, 62 ans après l’indépendance, Journées scientifiques, Faculté
de Droit/UNILU, 05-06 septembre 2022.
-MARTINI, M., « Paternalisme à petite échelle. Récits et pratiques entrepreneuriales en France
pendant les Trente Glorieuses », in Évolution du rôle sociétal de l’entreprise en Europe du XIXe au
XXIe siècle. Dialogues interdisciplinaires, colloque Université Paris VII, CIST et LADYSS (dir.),
28-29 novembre 2012.

2°) Les journaux et magazines

Les journaux publient régulièrement des articles. Les magazines publient le plus souvent de
manière mensuelle, trimestrielle ou semestrielle. Ils sont illustrés d’images et abordent des thèmes variés.

Des journaux tels que Le Potentiel, Forum des As, La référence plus, le Phare, Le révélateur,
Salongo, Magazine le Temps, Journal Congopress, Jeune Afrique, Le Monde, etc., peuvent présenter un
intérêt quand ils concernent des débats sur des réformes en cours ou à venir, ou encore être utilisés pour
des thèmes pluridisciplinaires. Toutefois, il faut être conscient qu’à eux seuls, ils ne peuvent en aucun
cas être les supports d’une réflexion scientifique approfondie.

e. Les rapports

Ces documents sont généralement le fait d’institutions ou bien des auteurs. Ils décrivent une situation
ou un phénomène et comportent régulièrement un volet prospectif relatant un certain nombre de
propositions ou d’intentions.

Citons à titre d’exemples :

- Le Rapport d’étude sur les pratiques d’expropriation, d’indemnisation, de


délocalisation/réinstallation des communautés affectées par les projets miniers, publié par la
POM (Plateforme des Organisations de la société civile intervenant dans le secteur Minier) ,
Lubumbashi, Déc. 2015, 60 p., en ligne : https://congomines.org
- Le Rapport sur les données relatives à la réponse judiciaire aux cas de violences sexuelles à
l’Est de la RDC, Monitoring judiciaire 2010-2011, Ministère de la justice, 68 p. ;
- Le Rapport sur la responsabilité et réparation des dommages nucléaires, Publications de
l’OCDE, Paris, 1994, 219 p.
- Le Rapport sur l’indemnisation du dommage par la Cour européenne des droits de l’homme ( S.
dir. FLAUSS J-F et LAMBERT-ABDELGAWAD, L.), Institut International des droits de
l’homme, Strasbourg, 2009, 382 p.
- RUGGIE, J., Promotion et protection de tous les droits de l’Homme, civils, politiques,
économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au développement. Les notions de «sphère
d’influence» et de «complicité», Rapport pour le Conseil des droits de l’Homme des Nations
Unies, 15 mai 2008, 22 p. [en ligne],
http://www.refworld.org/cgibin/texis/vtx/rwmain/opendocpdf.pdf?reldoc=y&docid
=48f88ae92.
81

f. Les dictionnaires et lexiques juridiques

Le chercheur doit toujours se soucier de définir les termes qu’il emploie. Pour cela, il doit
fréquemment se recourir aux dictionnaires et lexiques juridiques. Le terme défini peut apparaître en
fin de référence après l’abréviation v° pour verbo (mot) qui indique l’entrée sélectionnée dans le
dictionnaire (ou v. qui veut dire voir).

Citons à titre d’exemples :

- CORNU, G., (dir.), Vocabulaire juridique, 14e éd., P.U.F., Paris, 2022, v°. Préjudice par ricochet
- GUINCHARD, S. et DEBARD, Th (S. dir.), Lexique des termes juridiques, 25e éd., Dalloz, Paris,
2017, v° Indemnisation.
- PUIGELIER, C., Dictionnaire juridique, 1eéd., Larcier, Bruxelles, 2015, v° Responsabilité
civile.
- THUILLIER, G., « Obsolescence des travaux juridiques », in Dictionnaire de la culture juridique
(dir. ALLAND, D. et RIALS, St.), Lamy-Puf, Paris, 2003, pp. 1102 -1103.

g. Les codes et lois annotés

Les codes et les lois annotés sont des ouvrages utiles analysant des dispositions légales avec des
commentaires doctrinaux et des cas jurisprudentiels y relatifs.

Clairement, ils présentent le texte intégral du code ou de la loi. Sous chaque article de loi, il y a
des références (ou des résumés) et des décisions émanant de tribunaux ou des articles publiés dans les
revues juridiques ayant interprété ces dispositions. C’est ainsi qu’on peut consulter le Code civil livre
III annoté, le code pénal annoté, le code de la famille annoté, le code du travail annoté…

Par exemples :

- KATUALA KABA KASHALA, Le Code civil congolais annoté : Des contrats ou des
obligations conventionnelles, Ed. Batena Ntambua, Kinshasa, 2009, 375 p.
- CHANTEPIE, G. et LATINA, M., La réforme du Droit des obligations. Commentaire théorique
et pratique dans l’ordre du Code civil, Dalloz, Paris, 2016, 1093 p.
- HEMEDI BAYOLO, Code du travail congolais référencé de ses mesures d’application, CPNS,
Kinshasa, 2016, 126 p.
- KALONGO MBIKAYI, Code civil et commercial, mis à jour jusqu’au 31 mars 1997, Ed. Centre
de Recherche et Diffusion Juridique, Kinshasa, 1997, 346 p.
- MWANZAO IDIN AMINYE, E., Que dit le Code de la famille de la RDC ? Commentaire article
par article, Harmattan, Paris, 2019.
- NDOMBA KABEYA, Nouveau Code de la famille, Ed. VmrPress, Kinshasa, 2017, 332 p.
- PIRON, P. et DEVOS, J., Codes et Lois du Congo-Belge, 8e éd., Larcier, Bruxelles, 1960.
- YAV KATSHUNG et BAMBI KABASHI, Le régime de la Sous-Traitance dans le secteur privé
en RD Congo, Presses Universitaires de Kolwezi/RA-Publishing, Sandton- RSA, First edition,
2017, 244 p.
- etc.
82

2. Les documents numériques ou électroniques

Un document numérique se définit comme un « ensemble cohérent d’objets numériques (textes,


graphiques, photos, images animées et sons) stockés sur des machines informatiques interconnectées,
ou stockés sur des supports informatiques amovibles et transportables170 ».

Un document numérique se qualifie essentiellement par son support : il importe peu qu’il
s’agisse d’un document « papier » numérisé ou d’un document virtuel, créé directement sur un support
numérique (ce document pouvant d’ailleurs être imprimé ultérieurement).

3. La documentation internet

a. Notion, avantages et inconvénients

L’internet est aujourd’hui une source inépuisable de renseignements ou des documents


(webographie). L’internet s’est imposé aujourd’hui comme un formidable outil de la recherche de
l’information. Il se veut comme une sorte de « Bibliothèque de Babel ». C’est pourquoi, Michel Beaud,
affirme que « comme l’ordinateur, internet prend une part de plus en plus importante dans l’activité des
chercheurs. On y trouve de la littérature scientifique (certaines revues ne sont disponibles qu’en ligne,
les catalogues des grandes bibliothèques sont désormais en ligne…), des informations en tous genres
(statistiques, analyses, témoignages, images, son et vidéo, etc.), des réseaux scientifiques (listes de
diffusion, newsletters d’associations scientifiques, annonces de colloques et de publications), etc. 171 »

C’est donc un outil précieux, capable du meilleur ou du pire.

Les avantages ne sont plus à démontrer : localisation des informations grâce à de nombreux
sites, accès virtuel aux plus grandes bibliothèques du monde, commande de documentation par courrier
électronique, etc.

L’éloignement, voire l’isolement géographique, n’est plus un frein à la recherche ; le réseau offre
l’accès à une documentation inédite, gratuite pour une large part.

Toutefois, il ne faut pas en ignorer les inconvénients ou les dangers :

– Le premier est l’abondance de l’information ; un mot clé tapé grâce à un moteur de recherche
peut engendrer des milliers de réponses, dont la pertinence est souvent très douteuse ;

– Le plus grave est l’absence de fiabilité du contenu ; chacun est libre de créer son site ou ses
pages et d’y mettre ce qui lui convient ; les développements doctrinaux, aussi intéressants qu’ils
paraissent, peuvent être l’œuvre d’un illustre inconnu, n’ayant jamais fait de Droit, ou d’un étudiant de
première année.

b. Recours aux moteurs de recherche et banques de données

. Le chercheur ne doit pas se laisser submerger par la masse d’informations récoltées en ligne,
il devra sélectionner celles qui sont pertinentes. Il est donc recommandé de consulter des moteurs de
recherche et sites pertinents à la recherche à l’instar de : google dans www.googlescholar.fr ; Ask
dans www.ask.com; Live search dans www.live.com ; www.worlccat.org, http://repec.org;

170
Gérard Dupoirier, Techniques et management des documents électroniques, 1995 cité par JAILLARDON, E. et
ROUSSILLON, D., Outils pour la recherche juridique, op. cit., p. 25.
171
BEAUD, M., L’art de la thèse, La découverte, Paris, 2006, p.88.
83

www.refeek.com ; https://link.springer.com ; www.bioline.org.br ; www.science.gov ; www.base-


search.net ; www.drive.com; etc. (donc à part google, il y a bien d’autres moteurs de recherche fiables).

D’autres sites pertinents peuvent être consultés par le chercheur juriste : sites des revues et
articles en ligne, les sites des grandes bibliothèques avec des documents consultables en ligne ou
imprimable ; des sites des cours en ligne (comme la France université numérique (FUN) , le Mooc ou
Clom dans le edx :hhtps//www.edx.org , coursera :htpps// :coursera.org ; le Moodle 2020, etc. ), les
sites des mémoires et thèses en ligne, …

A titre indicatif, les sites à l’adresse : www.pdfdrive.com ; https://z-library.fr;


www.freebooks.com ; www.ligen.io ; www.b-ok.org ; www.gutenberg.org ; www.allitebooks.com ;
www.bookrix.com , … sont utiles pour la recherche des ouvrages généraux et spécifiques dans
plusieurs domaines. Ces ouvrages peuvent être téléchargés gratuitement.

Il convient de préciser qu’un Moteur de recherche est un outil automatique, destiné à collecter
et à indexer un grand nombre de pages web. Un moteur de recherche est constitué de plusieurs éléments.

Il convient aussi de rappeler dix conseils de la recherche d’information sur l’Internet :

1) Savoir questionner ou interroger

2) Maitriser des outils de navigation (gestion des signets, récupération des données, ...

3) Choisir des mots clés,

4) Trouver de bons points de repère : annuaires et bons sites,

5) Toujours analyser l’information et faire preuve d’esprit critique,

6) Utiliser en cours de recherche son répertoire de signets,

7) Rester clair sur ses objectifs et sa stratégie,

8) Savoir se limiter dans le temps,

9) Conjuguer harmonieusement la recherche dans les outils classiques,

10) Être agile : développer une lecture rapide.

L’adresse URL (Uniform Resource Locator) du site ou le DOI (Digital Objet Identifier) devra
nécessairement être indiquée :

- L’URL c’est l’adresse d’un site ou d’une page hypertexte sur internet.
- Le DOI est un code d’identification attribué aux ressources numériques. Le DOI a été créé pour
pallier à l’obsolescence des URL. Grâce aux DOI, c’est possible de retrouver l’emplacement
d’une source électronique même si elle est déplacée. Autrement dit, il s’agit d’un identifiant
pérenne et unique, qui permet de référencer, citer et fournir un lien stable vers un fichier en ligne.
84

§2. Organisation des lectures : Où trouver les documents, comment lire ? comment ranger les
lectures ?
Cette étape est celle de la recherche proprement dite. Il s’agit ici du travail de recherche des
documents. C’est ici que les bibliothèques sont incontournables. Le chercheur apprendra à exploiter les
catalogues et fichiers.
Laconiquement, nous dirons qu’il s’agit d’inventorier les écrits ou documents indispensables,
les auteurs dont nous avons besoin, afin de les dépouiller, les ordonner pragmatiquement, c’est-à-dire,
selon leur utilité.

A. Des fichiers et catalogues des bibliothèques (= où trouver les documents ?)

Pour avoir une idée sur ce que la bibliothèque possède comme documents de Droit intéressant le
chercheur, ce dernier devra consulter les fichiers ou catalogues de cette bibliothèque.

1. Quelques bibliothèques physiques et numériques

a. Quelques bibliothèques physiques locales

La recherche scientifique s’effectue généralement dans les bibliothèques publiques et privées.


Dans la Ville de Lubumbashi, nous pouvons énumérer les bibliothèques suivantes :

- La bibliothèque Centrale de l’Université de Lubumbashi ;


- Les bibliothèques facultaires de l’Université de Lubumbashi ;
- La bibliothèque du cinquantenaire à la Faculté des Sciences sociales ;
- La bibliothèque Don Bosco (Saint François de Sales) ;
- La bibliothèque de la Halle de l’Etoile, Chaussée Mzee Laurent Désiré KABILA ;
- La bibliothèque de l’Alliance Franco-Congolaise ;
- La bibliothèque de l’Institut Supérieur Interdiocésain Monseigneur Mulolwa ;
- La bibliothèque de l’UPL (Université protestante de Lubumbashi)
- La bibliothèque de l’Institut Supérieur Pédagogique ;
- La bibliothèque de l’Institut Supérieur des Etudes Sociales ;
- La bibliothèque de la Gécamines ;
- Le campus numérique (Faculté de Médecine);
- La bibliothèque CARF/ARRUPE, etc.

Plus précisément dans le domaine juridique, on ne manquera pas de citer la bibliothèque de la


Cour d’appel de Lubumbashi, la bibliothèque de la Maison du barreau de Lubumbashi, les bibliothèques
des cabinets d’avocats à l’instar du Cabinet JPK (situé au quartier Golf /Route/Kabulamenji) qui dispose
autant d’ouvrages de Droit à la disposition des chercheurs.

b. Bibliothèques en ligne et banques des données

Il existe aussi des bibliothèques en ligne, par exemple la Bibliothèque Nationale Numérique de
l’ESU en RD Congo (le portail d’accès : www.bnn.ac.cd.) qui a été lancé le 11 novembre 2022 par le
Ministre de l’ESU (Enseignement Supérieur et Universitaire), la Bibliothèque nationale de France (BNF)
www.bnf.fr.; le site gallica pour des d’ouvrages classiques dans www.gallica.fr…
85

La banque des données (ou base) : est un « ensemble d’informations se rapportant au même
domaine d’intérêt et formant un tout organisé, dont les références sont conservées et gérées par des
moyens informatisés172. Une banque des données nécessite un producteur173, un serveur174 et un
distributeur175.

➢ Quelques outils de recherche propres au domaine juridique

Ce sont des annuaires ou portails recensant les sites juridiques (ou des banques des données).
On peut trouver une liste d’annuaires, avec leur description et une appréciation sur le site :
www.indicateur.com/thematique/droit.

Parmi les plus connus :

- Banques des données du Journal officiel de la RDC : www.journalofficiel.cd ; www.leganet.cd


- Banques des ordonnances présidentielles : www.presidentrdc.cd
- Assemblée nationale : www.assemblée-nationale.cd
- Senat : www.senat.cd
- Informations sur le Droit congolais : www.droitcongolais.info ; www.droitcongolais.be ;
www.cobelco.info
- Droit-Afrique : www.droit-afrique.com
- Journaux officiels payant : https://Juriafrique.com
- OHADA : www.ohada.com
- Vente des lois : www.éditionlarcier.com
- Banques de données de la jurisprudence congolaise : https://juricaf.org ; www.cour-
constitutionnelle.cd
- Données doctrinales congolaises diverses : www.la-constitution-en-afrique.org ; www.grip.org ;
www.congoforum.be ; www.rc-ong.be ; www.memoireonline.com (publications des travaux
universitaires) ; www.grama.uquam.ca ; www.cobelo.info ; www.grandslacs.net ;
- Avocats sans frontières : https://asf.be;

– Autres banques de données de Droit comparé : Cyber droit www.cyberdroit.org ; – Droit.org :


www.droit.org ; – Droit belge www.droitbelge.be ; – Répertoire de l’association « Droit en ligne »
www.droitenligne.com ; – E-droit : www.endroit.com/edroit ; – Juriguide : www.juriguide.com (en
lien avec le village de la justice) ; – Juriscope : www.juriscope.org ; – Justice : www.e-justice.fr ; –
la porte du Droit : www.laportedudroit.com ; – Village de la Justice : www.village-justice.com; etc.

➢ Technique générale de recherche juridique en ligne :

- La recherche informatisée en Droit consiste à INTERROGER un système documentaire juridique


informatisé (banque des données par exemple) de façon à chercher dans un ensemble de
documents législatifs, jurisprudentiels ou doctrinaux et à retenir ceux où on retrouve le ou les

172
LOUBET DEL BAYLE, J-L, Initiation pratique à la recherche documentaire, Harmattan, 1997, p. 45.
173
Il crée et met à jour la banque, il a un rôle fondamental. Au départ, ce sont souvent des centres de documentation
d’organismes scientifiques (ex : CNRS, NASA…) très variés, publics (ex : le Journal officiel) ou privés (grandes entreprises,
sociétés d’édition...). Le producteur choisit : – la conception générale de la banque (par source du Droit, ou encyclopédique
– le traitement des documents (texte intégral ou simples références).
174
C’est-à-dire une société de services en informatique. Le serveur saisit les données, les indexes, élabore le logiciel
d’interrogation... Le producteur peut être aussi serveur de ses propres banques.
175
Il commercialise la banque de données. C’est parfois le serveur lui-même qui remplit cette dernière fonction ; ce peut être
également le producteur, l’éditeur par exemple.
86

MOTS-CLES représentant des CONCEPTS qu’on a identifié dans le contexte d’une analyse d’un
problème de Droit ou des noms de personnes physiques (Juges, parties, etc.) ou de personnes
morales (Organisations, parties, cours, tribunaux, etc.). Ces mots-clés peuvent avoir été reliés
entre eux pour former une structure logique décrivant une situation et/ou une problématique. On
peut se servir d’un thesaurus (ou dictionnaire des mots-clés)176 pour bien cerner les mots-clés.

- Autrement dit, une fois le genre de documents identifié ainsi que le système documentaire et les
banques de données choisis, il s’agit maintenant d’identifier les mots-clés (par exemple :
Responsabilité, Divorce, contrat, blessure) ou les expressions (par exemple : bonne foi, abus de
droit) et leurs synonymes qui expriment le mieux les concepts juridiques à l’intérieur de la
problématique sur laquelle on veut faire une recherche et, dans un deuxième temps, à mettre ces
mots-clés en relation entre eux.

➢ On peut aussi procéder de manière spéciale à la Recherche booléenne :

Il est rare qu’un seul mot-clé suffise pour effectuer une recherche complète sur un sujet. De
plus, il est nécessaire de préciser la recherche dans la mesure du possible de façon à éviter la
consultation d’un trop grand nombre de documents.

Il est préférable donc que la recherche dans une banque de données soit structurée et qu’on
puisse préciser à l’ordinateur quels mots il doit trouver et comment il doit les agencer.

C’est à partir d’une logique de recherche, à savoir la recherche binaire ou booléenne (du
nom de George Boole, mathématicien britannique, inventeur de l’algèbre logique à deux valeurs),
que tous les systèmes documentaires informatisés développent leurs recherches177.

La recherche booléenne est donc une technique qui consiste à l’établissement d’une relation
entre deux termes ou concepts à partir de connecteurs ou opérateurs logiques, qui sont : ou, et, pas ;
afin de trouver rapidement le document recherché dans la banque des données.

La recherche informatisée consistera donc, d’abord à déterminer les mots-clés qui feront l’objet
de la recherche dans les banques de données et ensuite à établir des liens entre ces mots-clés de façon
à réaliser une recherche plus ou moins exhaustive selon les connecteurs choisis. Ces connecteurs ou
opérateurs deviennent des instructions transmises à l’ordinateur pour qu’il relie les termes choisis et
précise ainsi la recherche.

A titre d’exemples :
On veut faire une recherche dans une banque de données de jurisprudentielles avec les mots-clés
séparation, divorce, enfant.

On veut donc ici que l’ordinateur fasse une recherche dans les documents où les mots
séparation, divorce, enfant apparaîtront.

176
Le thesaurus : Le mot vient du latin : trésor. C’est le dictionnaire des mots clés, accessible par l’interrogateur. Il peut
être manuel (papier à l’origine ou électronique de nos jours). Il peut être une simple liste alphabétique (index de base dévoilé).
Son seul intérêt est alors le gain de temps constaté lors de l’interrogation en ligne : on peut préparer la question avant la
connexion, en étant sûr d’utiliser les mots convenables. Il est souvent plus élaboré, structuré grâce à l’arborescence (C’est
la relation qui unit deux mots clés, le premier étant le « générique », le second le spécifique. Un mot clé est le générique d’un
autre (qui, lui, est spécifique) si tous les documents indexés par le spécifique doivent être également indexés par le générique
et si l’inverse n’est pas vrai. Ex : générique = « bail » ; spécifique = « bail civil », « bail commercial ».). Enfin, il peut être
automatique.
177
v. Manuel des techniques de recherche documentaire en Droit, Automne, 2008, pp.27-28, en ligne
www.legalresearchprinciples.pbwork.com
87

Mais selon l’information que l’on recherche, on voudra peut-être effectuer une recherche très
vaste ou très limitée.

C’est alors qu’on utilisera les Connecteurs ou opérateurs.


Les connecteurs ou opérateurs logiques sont essentiels au repérage de l’information pertinente
dans les banques de données parce qu’ils définissent la relation logique particulière entre les
termes qui entrent dans la recherche. Selon l’opérateur choisi, l’ordinateur fera une recherche
plus large ou plus restrictive. Les opérateurs booléens sont le « ou/ et/pas » ou le « et/ou/sauf
»178

-Le « OU » : c’est l’opérateur le moins restrictif. Lorsqu’un des deux mots est identifié dans le
texte, le document est retenu par l’ordinateur. Il est surtout utilisé pour chercher des synonymes.
Exemple : on écrira dans le site de recherche : Séparation OU Divorce.
- Le « ET » : il s’agit d’un opérateur plus restrictif, parce qu’ici, les deux mots-clés choisis
doivent être présents pour que l’ordinateur retienne le document. Exemples : Divorce ET Pension
alimentaire.
- Le « PAS » ou le « NON » : c’est un connecteur le plus restrictif, puisque son but est justement
d’exclure des documents qui contiennent un ou des termes ou expressions qu’on ne veut pas
retenir pour la recherche.
Ainsi dans l’exemple susvisé :
Divorce et Pension alimentaire, on pourrait vouloir exclure toute allusion à l’enfant.
Dans ce cas, tous les documents contenant les termes divorce et pension alimentaire mais
contenant aussi le mot-clé enfant ne seront pas retenus par la machine (ordinateur, téléphone...)
- L’exemple de recherche booléenne s’effectuera finalement sur : Séparation ou divorce et
pension alimentaire pas enfant.

➢ Pour récupérer de l’information trouver sur internet « (ou sur ces banques de
données) :

- La première méthode consiste à utiliser le « copier-coller », comme dans du traitement de texte.


Sélectionnez le texte, en tout ou partie, grâce au curseur, copiez (dans « Édition »), coller dans
une page Word (ou un fichier).

- La seconde consiste à enregistrer la page web entière dans le navigateur Internet explorer : «
Fichier » : « Enregistrer sous », « page web complète », souvent inutile (seul le texte est
intéressant) et occupant beaucoup de mémoire.

➢ Les pages consultées sont conservées dans la « mémoire cache » de l’ordinateur sur le
disque dur. On gagne du temps à consulter des pages déjà visitées (historique de la
recherche). On peut purger l’historique.

➢ L’usage des favoris (signets ou marque-pages)

178
JAILLARDON, E. et ROUSSILLON, D., op. cit., p. 96 et s.
88

On peut mémoriser ses adresses favorites dans le dossier appelé « favoris » (Internet explorer),
« signets » (Netscape) ou marque-pages (Firefox). Ce sont des fichiers sous « Windows » (raccourcis
internet), accessibles hors connexion. Cela présente un double intérêt179 :

- Ne pas avoir besoin de l’adresse exacte d’un site ou d’une page ;

- Accéder plus vite à cette adresse puisque le chemin est déjà connu de l’ordinateur. Il n’est pas
rare qu’une page paraisse inaccessible en tapant son adresse, alors qu’elle sera atteinte en
quelques instants en utilisant l’adresse mémorisée dans le dossier « favoris » ou « signets ».

2. Modes de classement des ouvrages

Les documents de la bibliothèque sont rangés (classés ou catalogués) dans les rayons de la
bibliothèque de diverses manières :

a. La classification par format : ce classement obéit à la grandeur de l’ouvrage


- In octavo : moins de 25 cm,
- In quarto : de 25 à 35 cm,
- In folio : au-dessus de 35 cm.
-
b. La classification par ordre d’entrée (de l’ouvrage)
c. La classification analytique : c’est celle qui classe les ouvrages par thème ou mot en suivant
l’ordre alphabétique. Elle donne lieu au Fichier analytique.

d. La classification onomastique : c’est classification des ouvrages en suivant les noms des
auteurs dans l’ordre alphabétique. Cette classification donne lieu au Fichier onomastique.
e. La classification topographique : est celle qui attribue une cote à chaque ouvrage, d’une
cotation à une autre, le système de cotation varie, mais le plus usuel est celui de l’indice
décimal universel de Dewey. Cette classification donne lieu au Fichier topographique.

f. La classification Décimale de Dewey (CDD) : conçue par Dewey Melvil (grand


bibliothécaire de New York) en 1876, c’est une classification décimale qui est utilisée dans
beaucoup de bibliothèques à travers le monde. Ce classement consiste à cataloguer ou coter
les ouvrages en chiffres selon leurs disciplines, ainsi :

- 000 : ouvrages de Généralités


- 100 : ouvrages de Philosophie et disciplines connexes
- 200 : ouvrages de Religion
- 300 : ouvrages de Sciences sociales (Droit, économie, sociologie, etc.)
- 400 : ouvrages de Langage
- 500 : ouvrages de Sciences pures
- 600 : ouvrages de Techniques (sciences appliquées)
- 700 : ouvrages des Arts (beaux-arts et arts décoratifs)
- 800 : ouvrages de Littératures (belles-lettres)
- 900 : ouvrages de Géographie, histoire et sciences auxiliaires.

179
JAILLARDON, E. et ROUSSILLON, D., op. cit., p. 33.
89

C’est donc un classement qui facilite à manier les catalogues et à retrouver les ouvrages cotés
qui sont dans les rayons. A titre d’exemples, les catalogues de la bibliothèque Mgr. Muzihiwa du
Centre Arrupe et ceux de la Halle de l’étoile de Lubumbashi sont en style Dewey.

3. Usage de la fiche de commande

C’est fiche qui permet au lecteur de commander un document dans une bibliothèque.

Le lecteur devra la remplir en tenant compte des ouvrages sollicités et de leurs cotations ou codes de
classification. Le code permet au bibliothécaire de retrouver facilement l’ouvrage sollicité.

B. Astuces quant à l’ordre et à la manière de lire (Comment lire ?)


On ne lit pas de n’importe quelle manière. Lire un texte est une chose, le comprendre et en
retenir l’essentiel en est une autre.

L’intensité de l’application à investir dans la lecture des documents dépend de l’importance de


l’œuvre que l’on a sous les yeux.

En outre, il est souhaitable de :

• Aller du général au particulier : commencer par les ouvrages généraux pour avoir une vue
d’ensemble de la matière afin de bien la situer dans son contexte, d’en percevoir les articulations
et de ne pas s’écarter. Il est donc recommandé de lire en premier lieu, à propos de son thème de
recherche, les encyclopédies ; l’on passera ensuite aux traités, précis et manuels, puis aux
monographies, articles, examens de jurisprudence et notes180.
• Aller de l’enseignement à la thèse : il est indiqué de lire les études décrivant le Droit applicable
(lega lata) avant celles qui le critiquent et suggèrent de la modifier (lege ferenda).
• Les écrits particuliers et superficiels soient lus en diagonale, en choisissant grâce à la table des
matières les parties qui touchent au sujet que l’on veut étudier.
• Lire littéralement les études ou ouvrages de base (ou ouvrages spécifiques) : Il faudra chercher
à comprendre la problématique principale de l’auteur d’une monographie, son but principal ou
sa thèse, ses arguments, les motivations implicites de ses prises de position.
• Faire la lecture accompagnée d’annotations et de réflexions personnelles. L’élaboration de la
fiche bibliographique peut être faite dès que l’on a l’ouvrage à sa disposition, avant même de
procéder à la lecture.

• Pour une Recherche documentaire en ligne (sur www.scholar.google.fr par exemple), on peut
procéder à la recherche en fonction d’un sujet ou par mots clés, ou encore recherche par termes
(il faudra bien identifier son sujet, Préparer sa requête en identifiant des mots-clés et Rechercher
dans les ressources documentaires du site) ou en fonction de la référence du document recherché
(recherche par critères). Les enseignements sur la recherche booléenne valent aussi bien ici.

Une lecture attentive et critique des sources et des auteurs ne manquera pas de susciter des idées
et des réflexions allant dans le sens de l’accord ou de la désapprobation de ce qu’on lit.

180
MWANZAO IDIN AMINYE, E., Cours de méthodologie juridique. Instruments de recherche, Rédaction scientifique,
Dissertation juridique, UNIKIN, UNIGOM, UPC, UNIKIK, ULK, 2015, p.14.
90

Ces réflexions personnelles doivent être émises au fur et à mesure qu’elles surgissent, elles
seront annotées à part, sur des fiches (de contenu autres que celles des sources et des auteurs).

C. Création des fiches (ou fichiers) ou dossier de recherche

La mémoire, dit-on, est une faculté qui oublie.

Le chercheur ne peut se fier à sa mémoire, quelle que fidèle qu’elle soit, pour retenir tous les
points importants qui se seront dégagés de la lecture des sources, des travaux ou même de ses propres
réflexions personnelles. Il faut qu’il les consigne par écrit (c’est la technique de prise des notes). Mais,
cette annotation doit-elle se faire dans un cahier, sur des fiches ou sur un dossier de recherche181 ?

Donc, toute recherche d’une certaine importance suppose l’élaboration de fichiers, c’est-à-
dire de lieux, réels (des papiers classés dans des fardes chemises, des boîtes ; carnets, bloc-notes…) ou
virtuels (des dossiers informatiques dans son ordinateur), où vous allez stocker l’information recueillie
(et ce, quelle qu’en soit la nature : idées, références, textes publiés ou non, suggestions, faits, statistiques,
entretiens…).

L’objectif de cette organisation minutieuse est, bien entendu, d’essayer, autant que possible, de
ne pas avoir à revenir au document source lors de la rédaction et donc d’épuiser le contenu d’un
document dès sa première consultation. Ce n’est cependant pas toujours possible, c’est pourquoi il est
utile de conserver parallèlement les documents sources, sous forme de photocopies ou imprimés.

Afin que l’usage des fiches soit vraiment opérationnel, il faut pouvoir s’en tenir à certaines
règles que voici :

- Chaque idée provenant des sources, des auteurs ou des réflexions personnelles doit avoir sa fiche
à part, et chaque œuvre (livre, article) doit avoir sa propre fiche bibliographique ;
- Si possible, les fiches doivent être écrites d’un seul côté ;
- L’annotation doit être minutieusement complétée, précise et claire ;
- Les fiches doivent avoir respectivement les mêmes dimensions afin que leur manipulation soit
aisée ;
- Ces fiches peuvent être manuscrites (et classées en sous-chemises) ou informatisées. Dans ce
cas, il faut prévoir de créer des fiches manuelles lorsqu’on travaille hors de portée de son
ordinateur. On les reproduit ensuite dans son fichier. Cela permettra au cours de la rédaction de
pouvoir citer très précisément toutes les sources.

En clair, la liste des fiches n’est pas exhaustive. On peut citer : les fiches bibliographiques, les fiches
documentaires, les fiches de résumé, les fiches de commentaires, les fiches d’idées ou de réflexion
personnelle, etc…

1. Fiche ou fichier documentaire (ou fiche de contenu)

La fiche documentaire permet facilement à l'apprenant/chercheur qui a utilisé plusieurs


bibliothèques de retrouver les ouvrages/articles précédemment consultés et qui au cours de la rédaction
finale nécessite une nouvelle consultation. En effet, durant le processus de rédaction,
l'apprenant/chercheur peut éprouver le besoin de consulter à nouveau un ancien ouvrage dans le but de

181
Le « dossier de recherche » comporte l’ensemble des références que le chercheur doit trouver et compulser. Nous
conseillons au doctorant de se munir d’un cahier ou un fichier sur lequel il indiquera les références à trouver.
91

mieux étoffer une discussion. Dans ce cas, le fichier documentaire, qui est l'ensemble des fiches
constituées pour les ouvrages consultés, est d'une grande utilité.

La fiche documentaire comporte les informations suivantes : - nom de l'auteur/ auteurs, titre
de l'ouvrage ou de l’article scientifique, date de publication, - références de l’article/ouvrage, -
résumé de l’article ou du chapitre de l’ouvrage (ou le contenu). On donne un exemple plus loin.

2. La fiche bibliographique (ou la fiche de recherche)


La fiche bibliographique est un document écrit contenant les indications extérieures aptes à
identifier une œuvre de façon précise et complète. Les indications essentielles que doit contenir une fiche
bibliographique portent sur l’auteur, le titre, l’adresse bibliographique de l’œuvre (la maison
d’édition, le lieu d’édition (la ville), la date de publication). On y ajoutera, selon le conseil de Michel
Beaud, la formule abrégée du document (noms de l’auteur et la date), la localisation du document
(ouvrage personnel, dans quelle bibliothèque, quel centre de documentation, quel site ?), l’appréciation
personnelle du chercheur et tout avis ou remarque utile pour son propre usage du document, et la
date d’établissement de la fiche182.

Outre ces données indispensables, la fiche bibliographique personnelle devrait aussi contenir
toutes les informations que le chercheur trouve utile pour son travail.

Autrement dit, quand une fiche ou un fichier bibliographique est considéré comme fichier de
recherche, « il contient les références à chercher. Il sert à relever toutes les références rencontrées au
cours de vos lectures ou de vos recherches. Il doit être assez précis pour permettre d’accéder au document
concerné. Si l’on souhaite ensuite se reporter au document, il importe de pouvoir le retrouver facilement.
De plus, s’il se révèle utile, il devra figurer parmi les références mentionnées dans le travail final, dans
les notes de bas de page et dans la bibliographie finale : il n’y a rien de plus énervant que de courir après
des références au moment où le temps presse pour achever son travail. Autant vous épargner du temps
et de l’énergie en agissant dès le début avec méthode et rigueur ! 183».

Un cahier ou fichier bibliographique peut être réservé à votre bibliographie.

Dans ce domaine l’initiation personnelle ou l’autoformation sont vivement conseillées pour


maitriser les outils informatiques disponibles afin de gérer et écrire la bibliographie : Endenote, Latex,
Lexmatter, Mendeley (www.mendeley.com), ZOTERO (www.zotero.org),...

Voyons ci-dessous quelques manières de présenter les éléments dans les fichiers.

A)) La fiche bibliographique des ouvrages et monographies.

1. Le nom de l’auteur :

- L’auteur est soit un seul individu ou institution, soit plusieurs travaillant en équipe et tous
responsables de l’ensemble.
On écrira le nom principal de l’auteur en haut et à gauche de la fiche entièrement en petites
majuscules ou, à défaut, en majuscules pour le distinguer de prénoms et post noms donnés.

182
BEAUD, M., L’art de la thèse, op. cit., p.63.
183
JAILLARDON, E. et ROUSSILLON, D., op. cit., p. 34.
92

On écrira le nom d’auteur comme présenté par l’auteur lui-même sur la page du titre, dans cet
ordre et avec les prénoms ou post noms donnés.
Les titres civils, professionnels ou honorifiques sont omis : Monsieur, Professeurs, Révérends,
Père, Recteur, Son Excellence, etc.

-L’auteur

NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms)

- Pour deux auteurs :


Lorsqu’il n’y a que deux auteurs pour un ouvrage ou une monographie, on met généralement la
conjonction latine « et » entre le premier et le second.

NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms) et NOMS DE L’AUTEUR


(Prénom-Noms et Post noms)

(Pour deux auteurs)

- Pour plus de deux auteurs :


Si plus de deux auteurs existent, on se limite au nom du premier, suivi par l’expression latine et
alii qui veut dire et les autres, souvent abrégée et al. ou e.a.

NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms (1)- NOMS DE L’AUTEUR


(Prénom-Noms et Post noms) (2)- NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms)
(3) - NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms(4).
(Pour plus de deux auteurs)

NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms (1) et al.


Ou bien NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms (1) et a.e
(Pour plus de deux auteurs)

2. Le titre de l’ouvrage
Le titre du livre sera écrit après le nom de l’auteur. Si l’ouvrage a aussi un sous-titre, celui-ci
viendra à la suite du titre et il en sera séparé par un point (.). Certains mettent un double (:) au lieu du
point. Le titre ainsi que le sous-titre seront écrits en caractères italiques (c’est-à-dire inclinés vers le côté
droit) ou, pour le manuscrit, soulignés une fois.
93

Le titre (et le sous-titre) doit être transcrit tel qu’il se trouve sur la page du titre (= la page qui
porte le titre en grand) et non pas tel qu’il est donné sur la couverture.

Si d’autres indications sur l’ouvrage sont signalées (ex. : traduction, commentaire, anthologie,
thèse de doctorat, etc.), on les notera, entre parenthèses, en dessous du titre.

Titre de l’ouvrage ou de la monographie


(en italique)

3. L’adresse bibliographique

L’adresse bibliographique se compose de la maison d’édition, du lieu d’édition (la ville), et


de la date de publication de l’ouvrage (l’année). Il est important d’indiquer la maison qui a édité
l’ouvrage, le lieu où le livre a été édité c’est-à-dire la ville, ensuite et enfin, l’année de publication.

- 1° La maison d’édition est l’organisme ou la personne qui assume en exclusivité le droit de


publier l’ouvrage. Elle n’est pas à confondre avec l’atelier où le livre a été imprimé. Si la page
du titre présente deux ou plusieurs maisons d’éditions, on les écrira à la suite l’une de l’autre, en
les séparant par une barre (/).
Le plus souvent, l’indication de la maison d’édition est reprise au verso de la page du titre et
identifiée par le symbole © qui renvoie à l’anglais copyright.
Les indications de certaines maisons d’édition bien connues peuvent se faire en abréviations, par
exemple, P.U.F. pour « Presses Universitaires de France », P.U.L. pour « Presses Universitaires
de Lubumbashi », L.G.D.J. pour « Librairie Générale de Droit et de Jurisprudence », etc.
Il est à noter que certains livres ont connu plusieurs éditions. Dans ce cas, il faut mentionner
l’année où a été publié le livre que l’on a sous la main et indiquer à quelle édition il appartient.
Cette indication viendra juste après le titre de l’ouvrage et avant la ville.
- 2° Le lieu d’édition est la ville où se trouve la maison qui a édité l’ouvrage.
Si la page du titre présente plusieurs villes pour la même maison d’édition, la première citée
suffit.

- 3° La date de publication
L’année de publication de l’ouvrage ou de la monographie figure en bas de la page du titre. Si
elle n’existe pas, on peut employer la date du droit d’auteur, souvent au verso de la page du titre
et identifié par le symbole ©.
- 4° Autres indications utiles pour la fiche bibliographique
Outre la maison d’édition, le lieu ‘édition et l’année de publication, l’on peut également y
adjoindre d’autres indications qui peuvent être utiles telles que le numéro de la page, le tome, le
volume, et le sigle. Les abréviations p., t. et v. sont invariables pour le singulier et le pluriel.

Voici des exemples des fiches bibliographiques finies pour un auteur, pour deux
auteurs, pour plus de deux auteurs et pour des ouvrages anonymes :
94

- Pour un auteur

Exemples :

- M. BEAUD, L’art de la thèse, Ed. La découverte, Paris, 2006, p.88.


-G. KATAMBWE MALIPO, La dualité de juridictions sous la constitution du 18
février 2006, Ed. Médiaspaul, Kinshasa, 2018, p. 16.

A., BANZA ILUNGA, Limitation des victimes par ricochet en Droit moderne de
réparation, éd. UE, Beau-Bassin, 2019, p.24.

Pour deux auteurs :

Y. LAMBERT-FAIVRE, Y. et S. PORCHY-SIMON, Droit du dommage corporel, 8e


éd., Dalloz, Paris, 2015, p.36.

Pour plus de deux auteurs :

- CAPITANT, H. et alii., Les grands arrêts de la jurisprudence civile, t. 2,


Obligations, Contrats spéciaux, Sûretés, 13e éd., Dalloz, Paris, 2015 ( les 4
auteurs de cet ouvrage sont : Henri CAPITANT, François TERRE, Yves
LEQUETTE et François CHENEDE)
- KATUALA KABA KASHALA et alii, Arrêts de principe et autres principales
décisions de la Cour suprême de justice, Ed. Batena Ntambua, Kinshasa, 2008.
(les 3 auteurs de cet ouvrage sont : KATUALA KABA KASHALA, LUMBALA
ILUNGA et MWANZA KATUALA).

- MALAURIE, Ph. et al., Droit des contrats spéciaux, 10e éd., L.G.D.J., Paris, 2018
(les 3 auteurs sont : Philipe MALAURIE, Laurent AYNES et Pierre-Yves
GAUTHIER)

B)) La fiche bibliographique des articles d’une revue


Les articles peuvent être en support papier ou support électronique.

1. Morphologie des articles en support papier.


95

Il s’agit des articles publiés dans des revues et journaux (imprimés). Parfois ces articles peuvent
être publiés dans des Mélanges et des Liber amicorum, comme on l’a si bien dit précédemment.

Les éléments nécessaires sont le nom de l’auteur, le titre de l’article, la préposition « dans »
ou « in » avec le titre de la revue, et la référence (le volume, le numéro de la revue, l’année entre
parenthèse, les pages sur lesquelles s’étendent l’article). Nous pouvons dire quelque chose au sujet de
ces éléments :

a. Le nom de l’auteur :

L’inscription du nom de l’auteur suivra les mêmes indications données à propos de l’ouvrage
ou de la monographie.

b. Le titre de l’article

Le titre de l’article se présente entre guillemets pour la simple raison que l’on ne peut pas
acheter un seul article de la revue, plutôt tout le numéro de la revue ; en outre, ce qui est vendu, publié
n’est pas un seul article de la revue, mais bel et bien tout le numéro de la revue.

S’il y a un sous-titre, il sera écrit dans les mêmes modalités que le livre.

Le titre de l’article doit être recopié tel qu’il se trouve sur la page du titre et non tel qu’il se
trouve sur la couverture.

c. La préposition « dans » ou « in »

Les guillemets qui ferment le titre de la revue sont suivis d’une virgule (,). Après celle-ci suivra
la préposition « dans » qui va introduire le document concerné.

d. Le titre de la revue

Immédiatement après la préposition « dans », suivra le titre du document où l’article a été tiré.

Le titre de la revue est écrit en caractères italiques (inclinés vers le droit) ou, pour le manuscrit
ou document de machine à écrire, soulignés une fois. Le titre de la revue est suivi d’une virgule (,) après
la virgule suit la référence.

e. La référence de la revue

Cette référence est constituée des éléments suivants : le volume (en chiffre romain), le numéro
(en chiffre arabe), la date et enfin les pages sur lesquelles s’étendent l’article.

Parfois le volume n’existe pas ou le numéro est indiqué par une date plutôt que par un chiffre ;
parfois on rencontre d’autres divisions matérielles. On n’exige pas ici la présentation de la maison et le
lieu de l’édition.

La date aide le lecteur en montrant si la source est vieille ou récente (dans un domaine où les
publications sont abondantes et régulières, généralement les articles de moins de 10 ans sont
préférés).
96

NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms)

« Titre de l’article »
(Au milieu de la page et entre guillemets)

La préposition « dans ou in », le titre de la revue (en italique), la référence :


volume, Numéro de la revue (Année : entre parenthèses), pagination.

Exemples :
- BANZA ILUNGA, A., « Problématique de la libéralisation du secteur de l’électricité en RDC,
perspectives de la loi de novembre 2013. Question de la satisfaction des besoins en électricité du
pays », in JUSTICIA, Revue de la Faculté de Droit de l’UNILU, n°3, Mars 2014, pp 50-62.

- DEUMIER, P. et GOUT, O., « La constitutionnalisation de la responsabilité civile », in Les


Nouveaux Cahiers du Conseil Constitutionnel, n°2/31, 2011, pp. 21- 33.
- JACQUES, Ph., « La relativité de la faute contractuelle devant l’Assemblée plénière », in Revue
Lamy Droit des Affaires, n°11, déc.2006, pp.25-42.

- KIFWABALA TEKILAZAYA, « Les droits fonciers chez les indigènes du Congo Belge », dans
Analyses Juridiques, n°27, Novembre 2013, pp.9-19.

- KANGULUMBA MBAMBI, V., « Les droits originellement africains dans les récents mouvements
de codification : le cas des pays d’Afrique francophone subsaharienne », in Cahiers de Droit, Vol. 46,
n° 1-2, 2005, pp. 315-338.

2. Morphologie des articles en support électronique et autres documents publiés en


ligne
Actuellement plusieurs articles sur support papier sont également offerts gratuitement en
version électronique. Dans ce cas, la présentation est la même que pour les articles sur format papier
telle que présentée ci-haut. Certains articles sont disponibles sur les bases de données payantes, d’autres
sont offerts gratuitement sur internet par l’auteur sans avoir nécessairement été publiés. Dans ce cas, il
est important de mentionner l’adresse URL ou le code DOI. Il faut tenir compte de l’information
disponible lors da consultation du document. C’est pourquoi la mention de cette date de consultation est
importante.

Exemples :

- BANZA ILUNGA, A. et NDJEKO KALUME, A., « Les conditions d’exercice du transport par
Taxi-moto à Lubumbashi », in Kas African Law study Library-Librairie africaine d’études
juridiques, n°3, 2016, pp. 237-254, en ligne à l’adresse https://www.nomos-elibrary.de/10.
5771/2363-2016-2-237 (12/03/2023 à 23h54’)
- BANZA ILUNGA, A., « Des principes moteurs régissant les effets du contrat à l’égard des
tiers-victimes par ricochet », in Revue de la Faculté de Droit de l’Université de Goma, N°4, Juin
2020, pp.157-186, en ligne in https //:pugoma.com/index.php/RFD/article/view/98.
- DUBUISSON, B., « Le concours de la responsabilité contractuelle et extracontractuelle. Ultime
tentative de conciliation… », 2006, p.1-19, en ligne : www.280032-B-Dubuisson.pdf (consulté
le 13/01/2023)
97

- CADERE, V., « Quelques réflexions sur les études de science juridique comparative », in RIDC,
Vol. 23 N°4, Octobre-décembre 1971, pp. 849-855. DOI : 10.3406/ridc.1971.16106,
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_00353337_1971_num_23_4_1610
6.
- -NIKONOFF, J., « D’autres mondes sont possibles », en ligne :
www.reseauvoltaire.net/article11161.htm (page consultée le 04/08/2012);
-
- - BELLA Françoise, Les choses dangereuses dans les contrats privés, Thèse, Université de
Versailles, 2015, en ligne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01240015/document(consulté le
12/09/2022).
-
- - MASAMBA MAKELA, « L’impossible et le contrat », publié dans les Mélanges POUGOUE,
2015, en ligne : www.daldewolf.com (consulté le 20/02/2023).

C.)) La fiche bibliographique des articles ou chapitres des ouvrages collectifs


1. Le nom de l’auteur de l’article ou chapitre

Le nom de l’auteur se présente comme pour les monographies et les articles des revues

2. Le titre de l’article ou du chapitre

Le titre de l’article ou du chapitre se présente comme dans une revue, entre guillemets, car il
n’est pas publié, vendu seul.

3. La préposition « dans » ou « in »

Se présente de la même manière comme pour les articles des revues

4. Le nom du compilateur et le titre de l’ouvrage de l’ouvrage collectif

Après la préposition dans, on met le nom de l’auteur qui a compilé les articles, ensuite, le titre
qu’il a donné à cette compilation.

5. La référence de l’ouvrage

La référence se termine comme pour le livre et donc l’adresse bibliographique (Maison


d’édition, Lieu d’édition (Ville), Année de publication, pagination).
98

NOMS DE L’AUTEUR, « Titre de l’article »,


(Au milieu de la page et entre guillemets)

La préposition « in », le nom du compilateur, le titre de l’ouvrage


(en italique), l’adresse bibliographique (Maison d’édition, Lieu d’édition (Ville), Année de
publication, pagination.

Exemples :
- AMRANI-MEKKI, S., « Actions préventives et principe de précaution : vers un
Droit processuel de l’environnement », in HAUTEREAU-BOUTONNET, M. et
SAINT-PAU, J-C. (dir.), L’influence du principe de précaution sur le Droit de la
responsabilité civile et pénale comparé (S. dir., Ed. Mission de recherche Droit et
Justice, Paris, 2016, pp. 149-173.
- BENOIST, M., « Eclairage de Droit anglais sur l’effet relatif », in L’effet relatif du
contrat (dir. BOUDOT, M., FAURE-ABBAD, M. et VEILLON, D.), L.G.D.J.,
Paris, 2015, pp. 149-170.
- DELPLANQUE, C., « Jean-Etienne Portalis, un philosophe des droits de l’homme
» in Le Code civil et les Droits de l’homme (dir. CHABOT, J., DIDIER, Ph. et
FERNAND, J.), Harmattan, Paris, 2005, pp.115-127.
-

D. La fiche bibliographique des travaux inédits


Les travaux inédits sont des documents non publiés, non vendus tels que les travaux
scientifiques présentés comme épreuves pour un titre académique, les notes des cours etc.

• Dans les travaux scientifiques présentés comme épreuves pour un titre académique, les
éléments se présentent de la manière suivante : le nom d’auteur, le titre du travail, le titre
académique sollicité et le domaine de recherche (Ex. : Mémoire de Licence en droit privé et
judiciaire, thèse de doctorat en Droit public), suivi du nom de l’université ou institution
académique et la ville ( au cas où elle serait différente du nom de l’Université), la date (année)
de l’épreuve, et la référence ( page précédée éventuellement du volume ou du tome).
99

NOMS DE L’AUTEUR (Prénom-Noms et Post noms)


(A recopier fidèlement tel qu’il se trouve sur la page du titre et non pas se référer au nom telle qu’il
est repris sur couverture)

Titre du travail (entre guillemets)

Le titre académique sollicité et domaine de recherche, nom de l’université


ou institution académique, la ville (au cas où elle serait différente du nom de l’Université), Année
de l’épreuve, page, la mention inédit (s’il échet).

Exemples :

- AMISI HERADY, De la responsabilité civile du transporteur aérien pour dommages


corporels subis par les usagers en Droit congolais. Contribution pour une garantie
d’indemnisation adéquate, Thèse de doctorat en Droit, Université de Kinshasa, 2011-2012,
inédit.
- FUMBWE LUBASHA, Etude des principes moteurs de la responsabilité contractuelle du fait
d’autrui en Droit congolais, Mémoire de licence en Droit, Université de Lubumbashi, 2016-
2017, inédit.
- MUSANGAMWENYA WALYANGA Gilbert, De la succession en Droit civil congolais :
problématique de la survivance des coutumes, Thèse de doctorat en Droit, Université de
Lubumbashi, 2008-2009.
- BANZA ILUNGA Aimé, La réparation des préjudices réfléchis des accidents de circulation
en Droit, Mémoire d’Etudes approfondies en Droit, Université de Lubumbashi, 2014-2015.
- KYABOBA KASOBWA, L., La prévention des atteintes à la sécurité des consommateurs de
denrées alimentaires. Etude comparée des Droits Congolais et belge et de l’Union
européenne, Thèse, Vol. 1 et 2, Université Libre de Bruxelles, 2000-2001, inédit.
-

• Dans les cours, nous avons les éléments ci-après : le nom d’auteur, le titre du cours (entre
guillemets) : si le cours n’a pas de titre, la promotion et le domaine de recherche (Ex. L2 droit),
suivi du nom de l’université ou institution académique et la ville (au cas où elle serait
différente du nom de l’Université), la date (année). Il est aussi accepté d’ajouter à la fin, la
mention « inédit ».

Nom de l’auteur,

Titre du cours (entre guillemets)

La promotion et le domaine de recherche (Ex. G2 droit), nom de


l’université ou institution académique, la ville (au cas où elle serait différente du nom de
l’Université), L’année de l’épreuve.

Exemple :

- TSHIBASU PANDAMADI, Cours de Droit pénal général, Licence II, Droit, Université de
Lubumbashi, 2022-2023.
100

E.)) La fiche bibliographique des articles contenus sans les textes légaux et instruments juridiques
La loi se définit comme l’œuvre du pouvoir législatif c’est- à-dire du Parlement ou de
l’Assemblée Nationale. Les Instruments Juridiques englobent l’ensemble des décisions du pouvoir
exécutif et des autorités administratives. Exemples : les décrets, les arrêtés ministériels, provinciaux, les
circulaires etc. Il convient de préciser que ces textes peuvent être aussi internationaux (nous l’avons déjà
dit).

Il faut donc citer la norme (loi, règlement, etc.), puis son numéro de référence, ensuite sa date
de création, son titre et, enfin, sa localisation dans un journal officiel.

Par exemple :

- Art. 12 de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 Février 2006, (ou


bien la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 Février 2006, art.70), J.O.
RDC, N° Spécial, 5 fév. 2011.
- Art. 10 du Traité de l’OHADA (ou Traité de l’OHADA, art. 10), J.O. OHADA, n°4, 01/11/97.
- Art. 96 de la Loi n° 15/005 du 17 mars 2015 portant Codes des Assurances, J.O.RDC, N°
Spécial, 30 Avr. 2015.
- Art. 10 de Loi Organique n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant Organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, J.O. RDC, N° spécial, 11 avr. 2013.
- Art. 2 de la Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant (ou Loi n° 09/001
du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant, art. 2), …
- Art 48 de la Loi n° 87-010 du 1er Août 1987 portant Code de la famille telle que modifiée par la
Loi n° 16/008 du 15 juillet 2016 (ou Loi n° 87-010 du 1er Août 1987 portant Code de la famille
telle que modifiée par la Loi n° 16/008 du 15 juillet 2016, art. 48), …
- Art. 33 du Décret du 30 juillet 1888 portant contrats ou obligations conventionnelles, …

Il convient de préciser que dans la page de la bibliographie, les textes de lois sont toujours
présentés suivant l’ordre d’importance ou de la hiérarchie des normes (Constitution, loi, ordonnance,
arrêté…). En même temps sous d’autres cieux (en France, Belgique, etc.) les textes de lois ne sont
mentionnés à la page de bibliographie.

F.)) La fiche bibliographique pour la Jurisprudence.


Cette fiche peut se présenter comme suit : d’abord la juridiction qui a rendu le jugement ou
l’arrêt, ensuite vient la date à laquelle l’arrêt a été rendu, le lieu de publication dudit arrêt, l’année de
publication et la page du lieu de publication. Les parties en causes peuvent parfois être citées. Mais pour
les arrêts et jugements inédits, il faudrait encore ajouter cette mention à la fin.

Exemples :

- C.S.J, 28 déc.1979, Bull. arr., 1984, 357 : signifie arrêt de la Cour suprême de justice, rendu le
28 décembre 1979, publié dans les Bulletins des arrêts de la cour suprême, à la page 357.
101

- Cass. Civ.2e, 20 mars 1996, Bull.civ.II, n°67, p.47 : signifie, arrêt de la Cour de cassation
française, deuxième chambre civile, rendu le 20 mars 1996, publié au Bulletin civile de la cour
de cassation, numéro 67, page 47.
- Cass, 27 juin 2013, Pas., 2013, n°402 : signifie arrêt de la cour de cassation de Belgique du 27
juin 2013 publié aux pasicrisies belges.
- C.S.J., 18 févr. 1998, R.P., 1884 en cause LUBAMBA NZENGA c/MP., YODI SIFUNGU et
YAMFU MAYALA, inédit
- C.S.J., 15 Avril 1979, Bull.1984, p.194.
- Cass. Com., 18 mai 2010, n°08-21.681 SAS PLANETE PROD-SAS PRESSE PLANETE c/
FRANCE TELEVISION, inédit : il s’agit d’une jurisprudence inédite de la cour de cassation
française, chambre commerciale
- L’shi, 7 août 1974, RJZ, 1974, n° 1, pp.74-75 : arrêt de la Cour d’appel de Lubumbashi publié à
la Revue juridique du Zaïre.
- Léo., 11 sept. 1958, R.J.C.B 1958, p. 223 : arrêt de la Cour d’appel de Léopoldville de la date
sus indiquée publié à Revue de Jurisprudence du Congo Belge.
- Elis., 26 mai 1964, R.J.C.B 1964, p. 176 : arrêt de la Cour d’appel d’Elisabethville rendue à la
date susvisée et publié à la Revue de Jurisprudence du Congo Belge.

3. La fiche de contenu (ou la fiche documentaire)

Les éléments indispensables pour l’établissement d’une fiche de contenu sont les suivant : le
titre à donner au contenu tiré du texte, le contenu ou l’extrait du texte en question (à mettre entre
guillemets en cas de citation), la référence bibliographique comprenant les éléments dont on a parlé
précédemment selon qu’il s’agit d’un ouvrage, d’un article des revues, d’un article du document collectif
ou d’un travail inédit ou non publié ou d’un document tiré de l’internet.

a. Le titre du contenu
La fiche de contenu (texte copié ou réflexions personnelles) doit avoir un titre qui résume le
contenu de la fiche et qui renvoie à la partie du travail à laquelle la fiche est destinée.

Titre donné au contenu tiré du texte


(Ex. La méthodologie de recherche en droit)

b. Le contenu tiré du texte


Le contenu principal de la fiche de contenu est le texte que l’on veut conserver.

Les fiches de contenu contiennent des informations exactes extraites des documents. Il est bon
de ne pas écrire sur le dos. Elles servent de référence et on en aura besoin lors de la rédaction du travail
proprement dit.

Les passages provenant des sources et des travaux doivent être transcrits littéralement et
clairement lorsqu’il s’agit des citations. On doit également les mettre en guillemets : « … ». Ces
passages ne peuvent jamais être l’objet d’une correction au moment de leur transcription ; s’ils
contiennent une faute manifeste, on transcrira la forme présumée fautive et l’on mettra juste après et
entre parenthèses la formule latine (sic) qui signifie « ainsi », pour dire que la forme fautive a été trouvée
telle quelle dans le document consulté.
102

« Contenu tiré du texte » (A mettre entre guillemets pour les citations et sans
guillemets pour les paraphrases) : Ex. « Il convient de rappeler que c’est à tort que l’on croit
faire usage des méthodes dites juridiques. En effet, l’herméneutique et l’exégèse qui sont les
principales méthodes de recherche en droit ne sont vraiment utiles que si la démarche concerne
l’appréhension d’un problème inhérent à l’interprétation d’un texte »

c. La référence bibliographique

La référence est une indication qui renvoie au document d’où provient le texte, de telle façon
que toute autre personne qui pourra lire ce texte en connaîtra la provenance exacte. Dans la référence,
on trouvera les indications sures : l’auteur, le titre de l’œuvre, la référence, la page.

Voici un exemple de fiche de contenu dans le tableau ci-dessous.

- Titre donné au contenu tiré du texte :


La méthodologie de recherche en droit
- « Contenu tiré du texte » (A mettre entre guillemets pour les citations et sans guillemets
pour les paraphrases) :
« Il convient de rappeler que c’est à tort que l’on croit faire usage des méthodes dites
juridiques. En effet, l’herméneutique et l’exégèse qui sont les principales méthodes de
recherche en Droit ne sont vraiment utiles que si la démarche concerne l’appréhension
d’un problème inhérent à l’interprétation d’un texte ».
- Référence bibliographique (de ce contenu) : Victor KALUNGA TSHIKALA, Rédaction
des mémoires en Droit. Guide pratique, éd. Du COL, Lubumbashi, 2012, p.22

Forme abrégée :
KALUNGA, « Rédaction », p.22.

4. La fiche de rédaction

C’est une fiche qui contient les idées du lecteur (fiche-idées), entre autres ses débuts de
raisonnements, ses comparaisons, ses analyses personnelles etc. Tous ces éléments peuvent être la
matière d’autres réflexions ou idées confortant tel ou tel aspect de ses analyses, nourrissant la future
introduction générale ou initiant d’autres développements.

Ce fichier peut être :

– manuel et prendre la forme d’un simple carnet, bloc-notes ;

– informatisé, ce qui vous permet ensuite de le dupliquer facilement.


103

SECTION 3. ETAPE DE TRAITEMENT DES DONNEES ET PRESENTATION DES


RESULTATS

Il se veut un travail d’organisation et d’hiérarchisation et des classifications des données


recueillies. Il s’agit généralement d’un travail qui suit le plan d’un travail retenu par le chercheur. Ainsi,
va-t-il procéder au regroupement des informations recueillies en fonction des parties et des sous parties
au fin de démonstration. Ce travail de traitement peut prendre la forme d’élaboration de graphique et
autres tableaux. Ici, comme ailleurs la motivation du chercheur est celle de démontrer que cette
hypothèse s’avère ou a contrario se falsifie sur la base des données recueillies184. À l’évidence, le travail
de traitement permet d’ordonnancer la matière en vue de la rédaction du développement du travail de
recherche.

Sous-section 1. Phase proprement dite de traitement des données et des résultats

§1. L’analyse et la présentation des données

L’analyse des données est fonction du type d’étude et de son but, selon qu’il s’agit d’explorer ou
de décrire des phénomènes et de comprendre ou de vérifier des relations entre des variables185. Les
statistiques permettent de faire des analyses quantitatives. L’analyse qualitative réunit et résume, sous
forme narrative, les données non numériques. Elle peut par exemple faire des catégorisations.

§2. L’interprétation et discussion des résultats

L'interprétation est la recherche du sens plus vaste à accorder aux résultats de l'étude. Il y a
d'abord effort de continuité de la recherche, en reliant les résultats d'une étude à ceux d'une autre.
L'interprétation mène en second lieu à la création de concepts explicatifs186.

Ainsi, les données étant analysées et présentées à l’aide de textes narratifs, de tableaux, de
graphiques, de figures et autres, le chercheur les explique dans le contexte de l’étude et à la lumière des
travaux antérieurs. En partant des résultats qu’il discute en vérifiant leur authenticité, en revenant sur les
hypothèses, en convoquant justement les théories et les auteurs qui ont abordé la question étudiée, il
pourra faire des inférences, tirer des conclusions ou élaborer une théorie et faires des propositions.

➢ Particulièrement dans la recherche en Droit :

Le juriste dogmatique connaît bien cette phase de la recherche. Le chercheur dogmatique en


Droit expose longuement, sur des cinquantaines de pages, les arguments, les ressemblances, les
analogies. Il fait ressortir les distinctions, les contradictions. Il interprète et réinterprète les arrêts de
jurisprudence et les textes de lois à la lumière des données qu'il a recueillies.

Si le juriste dogmatique ou exégétique maîtrise bien l'art de l'interprétation, il oublie cependant


trop souvent de s'efforcer de créer des concepts explicatifs qui vont au-delà de l'exposé pur et simple de
ce qu'est ou devrait être l'état du Droit. Le chercheur "juriscientifique" cherche plutôt à créer des

184
BOTIAGNE MARC ESSIS, op. cit., p.8.
185
ASSIE, G., op. cit., p. 13.
186
POIRIER, D., « art. Cit “, p.164.
104

concepts qui expliquent les données (la loi et la jurisprudence) et permettent de prédire le résultat de
données semblables187. Le chercheur "juriscientifique" essaie de rattacher les résultats de sa recherche à
ceux des autres chercheurs. En rattachant ses résultats à une théorie, il essaie d'expliquer soit les effets
du Droit sur la société, soit l'effet de la société sur l'émergence d'un Droit ou d'une loi. Lorsque le
chercheur "juriscientifique" travaille sur le droit lui-même en vase clos, il essaie alors d'élaborer une
théorie permettant de rendre compte des faits (loi ou jurisprudence) qu'il a trouvés.

Donald Poirier précise dans son article au titre évocateur sur « Quelques éléments d'une
méthodologie juridique scientifique » que le juriste dogmatique ou exégétique se distingue nettement du
chercheur "juriscientifique" dans la façon de rédiger le compte rendu de la recherche188 :

- La longueur du texte des deux chercheurs saute aux yeux. Le chercheur exégétique ou
dogmatique expose le produit de ses recherches dans un long discours se rapprochant plus de la
' philosophie et de la rhétorique que de la science. Arguments, analogies, distinctions et
contradictions s'entremêlent à l'exposition des résultats de la recherche et à l'exposition de l'état
du Droit. Les revues scientifiques arbitrées énoncent des limites précises quant à la longueur des
textes, au style et au format.
- Le chercheur "juriscientifique" doit organiser la présentation de sa recherche succinctement et
de façon très méthodique. Premièrement, la définition du problème et les objectifs de la recherche
sont exposés. Deuxièmement, une recension des écrits théoriques permet de situer la recherche
et d'identifier les théories en présence. Troisièmement, la méthodologie suivie par le chercheur
est décrite avec suffisamment de détails et de précision pour qu'un autre chercheur puisse répéter
et vérifier la recherche. Quatrièmement, les résultats de la recherche sont présentés brièvement.
Cinquièmement, des données sont analysées en relation avec les diverses théories. Enfin, des
conclusions sont tirées et des recommandations sont faites pour atténuer les limites de la
recherche et proposer de nouvelles pistes de recherches.
- La rédaction du texte diffère de plusieurs façons selon que l'approche est soit scientifique, soit
dogmatique ou exégétique. Contrairement au juriste dogmatique, le chercheur "juriscientifique"
présente ses données sous forme de tableaux, et l'analyse statistique est de rigueur dans la
majorité des cas. Les périodiques en Droit suivent traditionnellement une méthode relativement
aux références, qui se distingue de celle à laquelle ont recours les périodiques en sciences
sociales.

Ces divergences dans la manière de rédiger le texte oblige le chercheur "juriscientifique"


à travailler en trois étapes. Premièrement, faire la recension des écrits et déterminer l'objectif, la théorie,
la méthodologie. Deuxièmement, ne commencer la cueillette des données qu'après avoir élaboré la
théorie et la méthodologie puisque la cueillette de données dépend de ces dernières. Troisièmement, ne
pas analyser les données ou les interpréter avant d'en avoir fait la cueillette. La rédaction du texte au fur
et à mesure que la recherche progresse n'est pas possible pour le juriste scientifique contrairement à
l'approche, hélas trop souvent utilisée, par les juristes exégétiques ou dogmatiques.

Nous reviendrons sur les méthodes d’analyse et d’interprétations des données au chapitre suivant.

Il sied de rappeler que les données (documentaires ou empiriques) sont toujours traitées sur des
fichiers manuels ou informatisés, d’où l’importance d’organiser ou rassembler ces fichiers pour la
rédaction du travail.

187
POIRIER, D., art. cit.
188
Ibidem, pp.195-196.
105

Sous-section 2. L’organisation des fichiers (ou des données recueillies et traitées) avant la
rédaction proprement dite

À partir du plan adopté et dans l’ordre qu’il détermine, il faut placer les éléments nécessaires
pour la rédaction de chaque développement, c’est-à-dire les fiches préalablement constituées lors des
lectures et de traitement des données, dans un dossier spécialement constitué pour chacun. Et c’est à ce
moment qu’on apprécie de posséder des fiches bien faites : leur contenu va, en effet, permettre au
chercheur de rédiger sans avoir à faire appel à sa mémoire ni à courir à la bibliothèque pour retrouver
telle ou telle analyse, contrôler telle statistique ou vérifier si telle formule est de l’auteur de l’ouvrage
consulté (si donc, c’est une citation à faire figurer comme indiqué plus loin) ou non …
106

CHAPITRE III

METHODES ET TECHNIQUES DE COLLECTE ET D’INTERPRETATION DES DONNEES


DANS LA RECHERCHE JURIDIQUE ET APERCU SUR LA PRESENTATION DES
SOURCES DANS LE TRAVAIL UNIVERSITAIRE

Il est question dans ce chapitre de revenir avec forces détails sur les paradigmes, méthodes et
instruments de cueillette et de traitement des données dans la recherche juridique, pour autant qu’aux
chapitres précédents, il n’a été question que de les citer sans dégager leur portée exacte (section 1).
Ensuite, un aperçu sera fait sur la structuration de principales parties d’un travail universitaire (section
2) et la manière fiable de présenter les sources des données (section 3).

SECTION 1. DES CONSIDERATIONS D’ORDRE METHODOLOGIQUES

Un travail scientifique est jugé d’abord et avant tout sur ses méthodes et ses techniques. Une fois
la méthodologie évaluée positivement, on accorde plus de crédibilité aux résultats trouvés. C’est
pourquoi, on exige d’un chercheur, quand il rend compte de ses résultats, qu’il dévoile sa méthodologie.

Il s’agit essentiellement de la méthodologie d’investigation, de la méthodologie de traitement


des données et de la méthodologie d’exposition ou de présentation des résultats.

Ces trois types de méthodologies constituent l’essentiel de la formation de l’esprit scientifique


avec ses implications. La valeur des instruments de découverte que sont l’investigation et l’analyse se
complètent par la valeur didactique de l’exposition.

Les considérations d’ordre méthodologique ont pour but de permettre de recueillir toutes les
informations utiles afin de résoudre le problème à l’étude grâce à une vérification (empirique).

Et le travail de l’observation ou de recherche passe par la réponse à trois questions, comme


l’indiquent Luc Van Campenhoudt et Raymond Quivy 189 : Observer quoi ? Observer qui ? Observer
comment ?

Sous-section 1. Les questions : observer quoi ? et observer qui ou sur qui ?


§1. Observer quoi ?

De quelles données le chercheur aura-t-il besoin pour tester ses hypothèses ? Sur quoi portera
l’observation des tests empiriques ? Quels sont les faits auxquels seront confrontées les hypothèses ou
qui sont susceptibles de mettre à l’épreuve les suppositions formulées face aux questions posées ?

Observer quoi ? La réponse : la définition des données pertinentes par rapport au problème posé,
donc les données utiles à la vérification des hypothèses, à l’exclusion des autres.

189
VAN CAMPENHOUDT, L. et QUIVY, R., op. cit., pp.143 et s. ; v. aussi GAUTHIER, B.(dir.), Recherche sociale, op.
cit., pp.269 et s.
107

§2. Observer qui ou sur qui ?

On peut collecter des informations auprès de personnes individuelles, auprès de groupes, de


collectivités grâce à des instruments appropriés. On peut aussi rassembler des documents de diverses
sources pour en faire un support d’étude, pour constituer un corpus. Ainsi, avant de procéder au choix
d’un mode d’investigation, il faut au préalable déterminer qui va être observé. Quelle entité concrète ?
Un ensemble social (un Etat, une société, une religion, une juridiction…) ? Des individus, des groupes
? Des textes ? Des œuvres ? Bref, sur qui ou sur quoi portera l’observation lors des tests empiriques.

A. Du corpus (ou support d’étude)

Le chercheur doit être en mesure d’indiquer la qualité et la quantité d’informations ou de


matériaux collectés qui feront l’objet de son analyse. Il constitue un corpus, c'est-à-dire un support
d’étude ou encore la matière, le matériau, l’objet sur lequel porteront son investigation et son analyse. Il
ne s’agit pas des résultats directs de la recherche documentaire qui vise à collecter le maximum
d’informations, de documents disponibles en rapport avec un sujet donné ou même avec un domaine de
connaissance. Il s’agit de corpus constitué à l’effet d’être un support d’étude.

Le corpus désigne l’ensemble des œuvres, des textes et des écrits sur lesquels porte précisément
la recherche, l’étude. Autrement c’est le support d’étude, la matière qu’on travaillera, qu’on fouillera ou
fouinera190. Il peut s’agir de textes écrits, de textes oraux, de documents sonores, de documents
audiovisuels, de documents iconographiques, de documents numérisés dont le chercheur extirpe ce qui
doit en être retiré ou soutiré pour être dévoilé et porté à la connaissance de tous, après l’avoir bien sûr
analysé, organisé, structuré.

Ce corpus, en tout état de cause, doit être pertinent (par rapport au sujet choisi), cohérent ou
homogène (un ensemble de textes ou de documents ayant des points communs et pouvant être analysés
ensemble), consistant (contenant assez d’éléments intéressants pour la recherche projetée).

A titre illustratif, les études en Droit s’attachent à analyser des corpus de lois organiques et
ordinaires, de traités et accords internationaux, de décrets, d’ordonnances, d’arrêtés, de la jurisprudence,
d’œuvres d’auteurs, etc. Et les études littéraires s’attachent à analyser des corpus de contes, de
proverbes, d’œuvres d’auteurs mais aussi d’œuvres non littéraires, des articles de journaux, des cassettes
d’artistes chanteurs et compositeurs, des BD (bandes dessinées), etc.

B. Le champ d’étude et la sélection des unités d’observation (description du milieu, de


la population, de l’échantillon)
En général, on ne peut pas observer tous les phénomènes désignés par une hypothèse générale.
Il faut par conséquent recourir à la technique d’échantillonnage pour déterminer qui sera observé lors
des tests empiriques. L’étude devra circonscrire le champ des analyses empiriques dans l’espace
géographique et social et dans le temps. Epinglons successivement les questions du milieu d’étude, de
la population et de l’échantillon d’étude.

190
NDA, P., op. cit., p. 98.
108

1. Le milieu ou le champ d’étude

Les recherches qui se font en dehors du laboratoire prennent le nom d'études en milieu naturel
ou sur le terrain. Le chercheur doit alors préciser les caractéristiques du milieu où l'étude sera conduite.
Lorsqu'il ne s'agit pas de l'étude d'un phénomène ou d'un événement singulier, bien localisé et circonscrit
dans un espace (cas de l'étude de l'échec d'une conférence à tel endroit X) mais de processus sociaux de
caractère plus ou moins universel (tels que les violences sexuelles, la protection de l’enfant, le suicide,
la délinquance, le mariage, les élections, les conflits fonciers... ), il est indispensable de faire le choix
raisonné d'espaces en précisant par exemple le pays, la région, la zone ou les zones, etc., et leurs
caractéristiques (économiques, culturelles, géographiques, historiques, etc.) mises en exergue en
fonction du problème de recherche.

En bref, c’est l’espace et le lieu où l’étude doit se dérouler. Le chercheur délimite dans l’espace
la portée et l’étendue de l’étude et en donne les raisons.

2. La population

C'est une collection d'individus (humains ou non), c'est-à-dire un ensemble d'unités élémentaires
(une personne, un groupe, une ville, un pays) qui partagent des caractéristiques communes précises par
un ensemble de critères. Les critères peuvent concerner par exemple l'étendue de l'âge, le sexe, la
scolarité, le revenu, etc.

3. L’échantillon

L'échantillonnage permet au chercheur de tirer des conclusions au sujet d'un tout, en examinant
qu’une partie. Les chercheurs ne s'intéressent pas à l'échantillon lui-même, mais à ce qu'il est possible
d'apprendre à partir de l'enquête et à la façon dont on peut appliquer cette information à l'ensemble de la
population. A la différence d’un recensement où tous les sujets de la population sont « examinés », dans
l’échantillonnage, une partie des sujets de la population est étudiée. Plusieurs échantillons peuvent être
constitués.

L’échantillon en lui-même n’est pas intéressant, ce sont les conclusions idoines sur la population
que l’on peut tirer de son observation qui en font l’intérêt : c’est l’induction, mieux l’inférence.

Le principe de base de la théorie de l’échantillonnage est simple : si l’on procède au tirage au


sort d’un certain nombre d’éléments d’une population, par exemple, le sous-ensemble ainsi constitué
(échantillon), on peut extrapoler les résultats obtenus sur l’échantillon à la population-univers. La
validité de ce raisonnement inductif peut être démontrée en recourant à une théorie scientifique. Il s’agit
de la théorie statistique. La technique d’échantillonnage permet ainsi de ne pas observer la population
dans son ensemble mais de faire une généralisation des résultats obtenus probabiliste191. L’échantillon
représentatif peut être défini selon plusieurs méthodes192. On cite par exemple, la méthode des quotas et
la méthode aléatoire ou probabiliste. Et les erreurs peuvent aussi exister193.

191
KIZOBO OBWENG., op. cit., p. 17 et s.
192
On parle d'échantillon représentatif lorsqu'il est question de recueillir une image globalement conforme à celle qui serait
obtenue en interrogeant l'ensemble de la population. L'échantillon représentatif est en quelque sorte une réplique en miniature
de la population cible, avec ses caractéristiques. Il existe des moyens statistiques de définir un échantillon représentatif sur
lesquels nous ne nous arrêterons pas (NDA, P., op. cit., p. 101).
193
Sources d’erreurs dans l'échantillonnage :
- La solution de facilité : pour recueillir une opinion sur un problème général, un doyen de faculté par exemple interroge de
préférence les professeurs avec lesquels il a des affinités particulières ou qu'il peut joindre facilement. Il est évident qu'un tel
échantillon n'est pas correct.
- L'attitude de l’enquêteur : tendance à ne s'adresser qu'aux personnes qu'il croit particulièrement bien informées du
problème.
109

Il ressort que l’échantillon n’est pas en soi une technique de collecte des données, mais une
manière (procédé, technique) utilisée dans les techniques d’enquête (entretien, questionnaire, sondage).

Après cette précision, il convient d’analyser les typologies dans l’échantillonnage à savoir
l’échantillon probabiliste (ou aléatoire) et l’échantillon non probabiliste (ou empirique) :

- L’échantillonnage probabiliste ou aléatoire est celui dans lequel chaque unité de la population a
une probabilité connue d’être choisie et de faire partie de l’échantillon194. Autrement, les
techniques d'échantillonnage probabiliste sont celles qui impliquent un véritable tirage au hasard,
c'est-à-dire qui donnent à chaque élément de la population une chance égale d'être choisi.
- L’échantillonnage non probabiliste : est celui dans lequel il n’est pas possible d’estimer la
probabilité pour chaque élément de figurer dans l’échantillon ou lorsque l’on n’a aucune
assurance que chaque élément peut faire partie de cet échantillonnage.

a. Types d’échantillon probabiliste ou aléatoire

On classe ici l’échantillon aléatoire simple, l’échantillon stratifié, l'échantillon aléatoire stratifié
proportionnel, l’échantillon par grappes, l’échantillon aréolaire195, l’échantillon systématique,
l’échantillon probabiliste à plusieurs degrés...

1°. L’échantillon aléatoire simple

On procède ici par :


- Constituer la liste de toutes les unités de la population ;
- Numéroter les unités ;
- Calculer la taille de l’échantillon (n) ;
- Choisir au hasard une unité de la liste globale, ce choix peut s’opérer par tirage au sort ou par
l’utilisation d’une table de nombres aléatoires.

A titre d’exemple : pour constituer un échantillon aléatoire de 50 prisonniers sur un total de 400
prisonniers, on procèdera comme suit :
- Constituer la liste de 400 prisonniers ;
- Numéroter les noms des prisonniers et écrire les numéros sur des bouts de papier ;
- La taille de l’échantillon étant de 50 ;

Introduire les 400 bouts de papiers dans une boite (ou urne) et bien mélanger. Tirer au sort les
numéros. Les prisonniers (50) dont les noms correspondent au numéro tiré vont constituer
l’échantillon.

- La dispersion géographique insuffisante : en limitant par exemple une enquête à toutes les écoles d'un même quartier ou
d'une même ville, on néglige les différences qui peuvent exister entre le milieu rural et le milieu urbain, entre quartiers
résidentiels et quartiers populaires.
- Le rétrécissement de l'échantillon en cours de travail : L'échantillon auquel on adresse un questionnaire peut être valable
au départ mais le petit nombre de répondants peut entraîner le rétrécissement de l'échantillon et rendre toute généralisation
contestable (NDA, P., op. cit., p.102).
194
J-M, FIRDION, Construire un échantillon, dans S. PAUGAN (dir), L’enquête sociologique, Puf, Paris, 2012, p.71 cité par
MPALA MBABULA, L. et NGANDU MUTOMBO, M., op. cit., p.126.
195
Lorsqu’on ne dispose pas d’une liste complète des individus composant la population cible mais plutôt d'une carte
géographique, d'une photo, ou d'un plan qui fait office de liste, les éléments de cette liste sont alors des zones (areas) qui, par
tirage systématique, constitueront l'échantillon. Cette méthode aréolaire ou topographique est indiquée pour tirer au sort des
zones à prospecter : villes, villages, quartiers, îlots, immeubles…
110

2°. L’échantillon aléatoire stratifié

La technique de l'échantillon aléatoire stratifié consiste à diviser la population cible en sous-


groupes homogènes ou « strates », puis à tirer de façon aléatoire un échantillon dans chaque strate ;
l'ensemble des échantillons ainsi choisis constitue l'échantillon final qui sera l'objet d'étude.

L'échantillonnage aléatoire stratifié, fonctionne mieux lorsque la variance parmi les éléments de
chaque strate est relativement faible (homogénéité des éléments dans une strate).

Exemple :

Constituer un échantillon stratifié non proportionnel de 100 ménages à partir d’une population de 1000
ménages dont 700 sont ruraux et 300 urbains.

Taille de l’échantillon (n) : 100

-Strate 1, ménages ruraux :700

Proportion :700 = 0.7


1000

Sous-échantillon pour la strate 1 : 0.7 x100 = 70 ménages

-Strate 2, ménages urbains : 300

Proportion : 300 = 0.3


1000
Sous-échantillon 2 = 0.3x100 = 30 ménages

-Parmi les ménages ruraux on tirera au hasard 70 ménages et parmi les ménages urbains, on tirera au
hasard 30 ménages. L’échantillon stratifié sera de 70+30=100 ménages qui seront représentatifs de 1000
ménages constituant la population(N).

3°. L'échantillon en grappes

La technique de l'échantillonnage en groupes ou « en grappes », « par groupes » ou « par


faisceaux » consiste à tirer aléatoirement des groupes d'éléments d'une population au lieu de choisir les
éléments individuellement. L'échantillon par groupes convient dans des situations où les éléments de la
population sont naturellement par groupes ou quand il n'est pas possible d'obtenir une liste de tous les
éléments de la population cible.

Une observation à grande échelle amène à recourir à la technique de l’échantillonnage en


grappes. Celle-ci consiste à choisir aléatoirement une ou plusieurs grappes, puis à observer le
comportement des unités de la ou des grappes choisies.

Exemple :

Constituer un échantillon en grappe pour l’évaluation des comportements et pratiques des chefs des
ménages de la ville de Lubumbashi en matière de gestion maritale.
111

-Déterminer la taille l’échantillon (n) : 500 chefs de ménages ;

-les différents quartiers de Lubumbashi constituent les grappes ;

- on tire au hasard 10 quartiers sur l’ensemble de quartiers de la ville ;

- à l’intérieur de chaque quartier on choisit au hasard 50 ménages (ou chefs de ménages). Chaque chef
de ménage fera partie de l’échantillon.

Donc 10 grappes (ou quartiers) de 50 chefs de ménages donne l’échantillon de 500 chefs de
ménages (ou 10 x 50 = 500).

4°. L'échantillon systématique

L'échantillon est constitué d'individus pris à intervalle fixe dans une liste (par exemple un
individu, tous les cinq, tous les dix). Pour trouver les sujets qui doivent entrer dans l'échantillon et
représenter la population, on subdivise la population en intervalles réguliers (K est le symbole de la
grandeur ou taille de l'intervalle)196.

Techniquement, la procédure est la suivante197 :

- Calculer la taille de l’échantillon (n) ;


- Calculer l’intervalle d’échantillonnage (ou le pas de sondage), c’est le rapport entre la taille de
la population(N) et la taille de l’échantillonnage(n) : I ou K = N
n

-Ranger les éléments de la population dans un ordre donné ;

- Choisir au hasard un nombre compris entre 1 et l’intervalle, l’élément correspondant à ce nombre


constitue le point de départ de sondage ;

- Choisir les éléments suivants en utilisant l’intervalle de sondage. Les éléments choisis vont
constituer l’échantillon.

Exemple1 : constituer un échantillon de 100 prisonniers sur un total de 1200 prisonniers.

-Taille de l’échantillon (n) = 100

Intervalle d’échantillon (I ou K) = 1200 = 12


100
- Le nombre des prisonniers sont rangés dans l’ordre alphabétique et sont numérotés de 1 à 1200
- On tire au hasard un nombre compris entre 1 et 12, par exemple 8. Ce nombre représente le
numéro du premier prisonnier de l’échantillon et constitue le point de départ.
- Utilisant le pas de sondage on choisit les autres éléments de l’échantillon comme suit :
( ) 8 ; 8+12=20 ; 20+12=32 ; 32+12 =44 ; 44+12= 56 ; 56+12 = 78 ; etc.

Exemple 2 : pour une population de 100 sujets si on a besoin de 25 sujets :

Intervalle (I ou K) = 100 (N) = 4


25 (n)

196
NDA, P., op. cit., p.104.
197
MPALA MBABULA, L. et NGANDU MUTOMBO, M., op. cit., p.128.
112

L'intervalle étant 4, ce sont les sujets 1, 6, 11, 16, 21 ... qui constitueront l'échantillon. On peut
préférer un intervalle de 3; les sujets seront 1, 5, 9, 13 ... On peut choisir au hasard un point de
départ, c'est-à-dire le premier élément de l'échantillon. Quand le nombre maximal de sujets est
atteint, soit 25 dans le cas présent, l'échantillon est complet.

b. Types d’échantillon non probabiliste 198

Ces types d’échantillon dits empiriques ne comportent pas le tirage au sort pour la sélection de
l’échantillon. Ceci se fait en cas d’absence de base du sondage fiable à utiliser.

1°. L'échantillon accidentel ou échantillon de commodité ou à l’aveuglette

C'est celui où la population n'est pas définie. Il s'agit de groupe dont les caractéristiques n'ont pas
été établies en fonction d'une recherche et que l'on doit accepter comme tel dans la recherche parce que
disponible, présent à un endroit déterminé, à un moment précis. C'est l'exemple d'une classe d'étudiants,
d'un groupe de journalistes, d'un groupe modulaire. Bien plus, il s'agit d'échantillon constitué par les
premières personnes rencontrées fortuitement, accidentellement. Dans ces conditions, tous les individus
n'ont pas la même chance d'être choisis. C’est un échantillon de commodité puisqu’il est entièrement
basé sur la disponibilité des répondants.

2° L'échantillon par quotas

Dans l'échantillonnage par quotas, on dégage un certain nombre de caractéristiques propres à une
population. L’échantillon se construit en veillant à y retrouver ces caractéristiques.

En clair, on détermine des strates (ou sous-groupes) en fonction de certaines caractéristiques pour
être représentées dans l'échantillon, dans les mêmes proportions qu'elles apparaissent dans la population.
Les principales caractéristiques utilisées dans cette technique par quotas sont le sexe, l'âge, l'origine
sociale, l'origine ethnique, etc.

Par exemples :

1) S’il y a 75 % de femmes dans la population, l'échantillon comprendra 75 % de femmes, ce qui


donne dans un échantillon de 1000 individus un quota de 750 femmes et 250 hommes.
2) Pour interviewer les étudiants à la Faculté de Droit de l’UNILU, le chercheur décide de choisir
dans chaque promotion 10% des étudiants. Mais le choix de ces 10% ne se fait pas au hasard.

3° L'échantillon de volontaires

Souvent, il est difficile d'interroger des individus sur certains thèmes, qui paraissent délicats voire
tabous, intimes (comportement sexuel par exemple, absorption de drogue, de pilule ...). La technique
consiste alors à faire appel à des volontaires pour constituer l'échantillon. Dans le but d'obtenir une
meilleure représentativité, une sélection est faite en fonction de quotas, parmi les volontaires, ou une «
correction » est apportée à l'échantillon, après coup, pour ajustement.

4°. L’échantillon en boule de neige ou par réseaux

Il consiste à choisir un noyau d'individus (des personnes considérées comme influentes, par
exemple), noyau auquel sont ajoutés tous ceux qui sont en relation (d'affaires, de travail, d'amitié, etc.)
avec eux, et ainsi de suite. Il est possible alors de dégager le système de relations existant dans un groupe

198
NDA, P., op. cit., pp.105-106.
113

qu'un échantillon probabiliste ne peut permettre de découvrir. On se fonde donc sur les réseaux sociaux;
d'où l'expression boule de neige ou l'échantillon par réseaux.

5° L'échantillon typique ou par choix raisonné ou intentionnel

Il s'agit de la technique utilisée pour le choix des sujets ou des phénomènes présentant des
caractéristiques typiques, les distinguant des autres, comme dans l'étude des cas extrêmes ou déviants,
ou des cas typiques, etc. La sélection des cas particuliers permet d'étudier des phénomènes rares ou
inusités. Il s’agit de choix raisonné ou intentionnel car la technique repose sur le jugement du chercheur
qui fait le tri des cas à inclure dans l’échantillon répondant de façon satisfaisante à sa recherche. Il peut
faire par exemple un choix raisonné de cantines scolaires ou de groupes scolaires qui ont quelque
expérience particulière à montrer. Le choix raisonné amène à sélectionner des individus « moyens » que
l'on déclare représentatifs d'un groupe. Représentatif signifie ici « typique », « exemplaire ».

6° L’échantillon de convenance

L’échantillon est constitué ici d’unités ou d’éléments qui sont à la disponibilité du chercheur.
C’est le cas d’échantillon des patients fréquentant des institutions des soins ou le cas des victimes devant
les juridictions.

Sous-section 2. Paradigmes, méthodes et techniques de recherche (Comment observer ?)

§1. Paradigmes (ou approche)

L’observation ou mieux la recherche ne se fait pas à partir de rien, avec des yeux nus mais avec
des yeux pleins de l’expérience, d’ensemble de règles implicites ou explicites orientant la recherche.
Elle se fonde sur des connaissances généralement reconnues, sur des façons de voir et de poser les
problèmes, d’effectuer des recherches et de trouver des solutions. L’observation pénètre et puise dans
un univers théorique, autant dire dans un paradigme ou une approche.

C’est pourquoi, au niveau de la méthodologie de la recherche, ne peut pas être éludée


volontairement la question du paradigme pour sauter directement à l’application d’instruments de
collecte des données. Tout comme l’impasse ne peut être faite sur le problème des stratégies de
vérification empirique. Il faut, en effet, savoir clairement le choix qu’on fait quant au nombre de cas à
utiliser et quant au type de recherche à réaliser pour assurer la vérification la plus complète possible de
l’hypothèse.

A. Notion du paradigme et son usage dans la recherche juridique

Un paradigme est constitué par ce que les membres d'une communauté scientifique possèdent en
commun et qu'on identifie communément à la théorie ou à l'ensemble des théories qu'un groupe de
scientifiques partage. Dire que les recherches réalisées par les membres d'une communauté scientifique
se fondent sur un même paradigme, signifie que dans leur pratique scientifique, ils adhèrent aux mêmes
règles et aux mêmes normes, ce qui permet par ailleurs une relative unanimité des jugements
professionnels (la communauté scientifique produit et valide la connaissance scientifique).
114

Thomas Kuhn (physicien, historien et philosophe des sciences, percusseur de la notion de


paradigme en science199) considère qu'un paradigme permet de définir les problèmes et les méthodes
légitimes d'un domaine de recherche. Il utilise également la notion de paradigme pour désigner les
solutions concrètes apportées à des énigmes, solutions qui deviennent par la suite des modèles pour
solutionner d'autres énigmes200.

Le paradigme correspond donc à une modalité particulière d’organisation de la pensée


scientifique.

Il y a par exemple le positivisme, le structuralisme, la théorie des jeux, la théorie de la décision,


le fonctionnalisme, l’analyse systémique, etc. comme paradigme dans la recherche en sciences sociales.

L’utilisation de la notion de paradigme dans la recherche juridique sert à cerner l’accord


général sur la manière de poser et de résoudre les problèmes dans le domaine du Droit.

En d’autres termes, à l'instar de certains auteurs201, la notion de paradigme est utilisée ici pour
délimiter le champ et les procédures d'investigation sur lesquels s'accordent les juristes et qui définissent
la science juridique.

B. Paradigmes de la science juridique


Si plusieurs paradigmes sont susceptibles d’être évoqués, mais deux semblent faire écho
actuellement en science juridique : il s’agit du positivisme juridique (qui va de pair avec la dogmatique
juridique), il est, en effet, possible d'envisager la naissance d'un autre paradigme que Binet tente
d’appeler « paradigme du Droit comme phénomène social202 » ou de « l’interdisciplinarité 203».

1. Le paradigme dominant du positivisme juridique

a. Portée et étendue du paradigme (ses 4 dimensions)

Le positivisme juridique204 comme paradigme repose sur un consensus à quatre dimensions :

199
T.S. KUHN, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1970 (éd. revue et augmentée), traduction de
The Structure of Scientific Revolutions, Chicago, The University of Chicago Press, 1962 cité par BINET, L. « La thématique
des transformations du droit et le paradigme du droit-phénomène social », in Les Cahiers de droit, 31(3), 1990, pp 917–931,
https://doi.org/10.7202/043042ar
200
En science, ces modèles ou exemples peuvent remplacer les règles explicites. Une illustration est apportée avec l'énigme
du casse-tête. Pour résoudre cette énigme, il ne s'agit pas simplement de produire un dessin, mais il faut faire un tableau qui
respecte des règles ; il faut utiliser toutes les pièces, il faut qu'elles soient toutes sur la même face et qu'elles s'encastrent les
unes les autres sans intervalles. La solution de l'énigme du casse-tête oblige à se référer à un exemple déjà solutionné qui
définit des principes à respecter pour arriver à la solution.
201
Parmi les auteurs qui utilisent la notion de paradigme dans la recherche en Droit on retrouve : AMSELEK, P., « Lois
juridiques et lois scientifiques, in Cahiers de philosophie politique et juridique, 1987, n°12, pp. 91-107 ; BINET, L. « La
thématique des transformations du droit et le paradigme du droit-phénomène social », in Les Cahiers de Droit, 31(3), 1990,
pp 917–931, https://doi.org/10.7202/043042ar; ATIAS, C., Épistémologie juridique, Dalloz, Paris, 2002, pp.45 et s. ; OST,
Fr. et KERCHOVE, M., Jalons pour une théorie critique de droit, Publications des Facultés Universitaires St-Louis,
Bruxelles, 1987 ; « De la bipolarité des erreurs ou de quelques paradigmes de la science du droit », in Archives de philosophie
du droit, n°33, 1988, p. 177 ; De la pyramide au réseau ? Pour une théorie dialectique du Droit, op. cit., pp.196 et s. ; etc.
202
BINET, L. « art. cit. », p. 921.
203
v. KANDOLO WA KANDOLO UNUFUKU, op. cit., pp.257-253.
204
Sur la notion du Positivisme juridique (qui s’oppose à l’idéalisme juridique),
v. : - Hans Kelsen (1881-1973) qui a formulé la Théorie pure du Droit et qui propose une épistémologie positiviste et une
étude exclusive du Droit positif (KELSEN, H., La théorie pure du Droit, trad.fr. Ch. Eisenmann, Dalloz, Paris, 1962 ; Théorie
pure du Droit. Introduction à la science du Droit (traduit de l’allemand par H. Thevenaz), Ed. de la Baconnière, Neuchâtel,
1953).
- De manière générale, le positivisme est une réaction antirationaliste et antinaturaliste. Il est né, il y a trois siècles. Il
fonde le droit sur des données extérieurs à la raison : il revêt plusieurs acceptions, selon que l’accent est mis sur les
faits comme dans les doctrines d’inspiration sociologique (positivisme factualiste : Montesquieu, Léon Duguit,
Gurvitch, …), ou sur les règles posées, comme dans les diverses variétés de positivisme légaliste, formaliste ou
115

- Premièrement, on s'entend pour reconnaître que le Droit positif, c'est-à-dire l'ensemble des
règles de Droit en vigueur dans un lieu donné, constitue l'objet d'étude de la science juridique.
- Deuxièmement, dans ce paradigme, on ne considère que les règles produites par la volonté
constitutionnellement habilitée, règles par ailleurs susceptibles d'être appliquées par les
tribunaux. La réalité du Droit est ainsi délimitée par le Droit positif considéré comme seul Droit
authentique. On ne s'occupe donc pas des axiomatiques méta-juridiques ou des faits sociaux,
mais uniquement de la norme s'inscrivant dans l'ordre juridique étatique considéré, comme l’a si
bien enseigné Kelsen205.
- Troisièmement, on s'accorde pour reconnaître comme valide la théorie des sources du Droit. Ces
sources (lois, jurisprudence, coutume, etc.) renvoient au critère de validité juridique.
- Quatrièmement, les règles méthodologiques utilisées et reconnues servent à interpréter et à
systématiser les règles de Droit. Ainsi, on accepte un certain nombre de principes comme celui
de la hiérarchie des normes.

b. Le débat épistémologique autour de ce paradigme

Le débat épistémologique actuel interroge le sens et les limites de la rationalité scientifique qui
s'inscrit dans le paradigme du positivisme juridique.

Les débats et controverses sont axés autour :

- De la validité des assertions sur lequel il se fonde, à savoir la croyance en la souveraineté et la


rationalité du législateur. La remise en cause de ces assertions fait apparaître le Droit comme une
instance qui légitime l'autorité d'où il émane.
- Du caractère scientifique de la connaissance produite à partir de ce paradigme. Elle ne pourrait
être qualifiée de scientifique parce qu'elle ne rencontre pas les conditions de possibilité de la
science.

Ces conditions exigent une autonomie par rapport à l'objet d'étude, rendue possible par une mise
à distance théorique. L'adhésion à l'objet a comme conséquence qu'on explique le Droit par le Droit (ce
qu'il doit être) et qu'on est incapable, par exemple, d'expliquer comment la réalité juridique se structure.

Il faudrait alors que l'activité scientifique produite dans le cadre du paradigme du positivisme
juridique puisse permettre de renforcer la cohérence du Droit positif en participant à sa rationalisation et

logique (Hans Kelsen, Chaïm Perelman, Paul Roubier..). Ce courant rejette donc l’abstraction et l’irréalisme des
théories idéalistes, conteste l’universalité et la pertinence de l’idée de justice comme fondement du droit au spectacle
de la diversité des systèmes juridiques et de la contingence de leurs règles. Le positivisme n’entend fonder le droit
que sur les données qui sont extérieurs à la raison : de la raison, il ne peut connaître que la raison expérimentale
et, de la nature observable et causale.
205
Si Kelsen a été le défenseur d’un Droit positif formaliste avec rejet de l’équité (pour lui le Droit n’était que
l’expression d’un vouloir. Pour Kelsen, le Droit positif : est une création de la volonté humaine. Il a un fondement
complètement étranger au droit naturel car celui-ci en tant qu’ordre naturel n’a pas été créé par l’homme et par définition
n’a pas été créé par un acte humain), les choses cependant devaient changer et ce après la seconde guerre mondiale et la
décolonisation et notre post-modernité vit précisément à l’heure de la redécouverte en quelque sorte de l’équité. Ainsi,
Léo Strauss, Michel Villey et John Rawls, par exemple sont défenseurs d’un Droit positif fondé sur l’équité et Jean
Carbonnier, défenseur d’un Droit positif flexible qui devait se concevoir tel qu’il était (de lege lata) et tel qu’il devait
être (de lege ferenda). V. STRAUSS, L Droit naturel et histoire, édition champs Flammarion, Paris, 1953, p. 14 ;
RAWLS, J, Théorie de la justice, Trad. C. Audart, éd. Point Seuil, 1987 ; VILLEY, M, seize essais sur la philosophie
du droit, Ed. Dalloz 1969, p 36 ; VILLEY, M, Philosophie du droit. Définition et fins du Droit. Les moyens du Droit,
Dalloz. 2001 p 326 ; CARBONNIER J., Flexible Droit, 10e éd, LGDJ, Paris, 2001, p. 17 et s. ; SARFATI, J-J, Le Droit
: un espace pour l’un et pour l’autre. Plaidoyer pour une approche post-positiviste du droit, éd. Connaissances et
Savoirs, Parsi, 2017, pp.149 et s. ; BANZA ILUNGA, A., Manuel de philosophie du Droit, L2, UPL, 2023, pp.70 et s.
116

à sa systématisation (c’est une sorte de solution au débat !). Des auteurs comme Hans Kelsen206,Van de
Kerchove et François Ost207 tentent d’envisager cette cohérence du Droit positif dans leur écrits.

Le positivisme juridique est dit dogmatique dans la mesure où il ne peut fonctionner qu'en ne
contestant pas et en ne remettant pas en cause les présupposés de sa science. Ces présupposés deviennent
des dogmes lorsqu'ils se constituent comme des vérités fondamentales et incontestables208. En outre, le
positivisme juridique instaure une science normative, par son objet (ensemble des normes juridiques) et
par sa fonction (interpréter, systématiser et critiquer son objet de l'intérieur). C’est ce qu’on appelle
dogmatique juridique.

En dernier lieu, l'étude du Droit positif ramène à l'étude du Droit à partir d'un point de vue interne.
On tente alors de situer, de comprendre et d'expliquer le Droit essentiellement à partir de ses facteurs
internes. Au contraire, un point de vue externe conçoit le Droit comme le produit de facteurs qui lui sont
externes intrinsèquement.

2. Le paradigme du Droit comme phénomène social (et voué à l’interdisciplinarité)

Nous avons précédemment dit que si tous les phénomènes sociaux ne sont pas que des
phénomènes juridiques, il importe de comprendre aussi la part du juridique et du normatif dans ces
phénomènes sociaux. En d’autres termes, le Droit est un phénomène social.

a. Portée et étendue du paradigme

Le paradigme du Droit comme phénomène social permet d'ouvrir le champ des recherches
juridiques à des questions qui, dans le paradigme précédent, n'auraient pas pu être posées et n'auraient
pu recevoir de réponse209. La pertinence des questions que la science juridique peut dorénavant poser se
rapporte à des aspects tels : l'origine des normes, les facteurs sociaux qui les conditionnent, leur
signification objective et subjective pour ceux et celles à qui elles s'adressent, le Droit comme effet et
reflet de la société, le Droit comme forme instituante, le Droit comme discours, expression et choix de
valeurs, les autres formes de régulations sociales et économiques, la mobilisation du Droit par diverses
catégories de la population, le Droit comme expression et limite du pouvoir d'État, le Droit comme
expression de rationalité, l'explication de la légitimité et de l'efficacité du Droit, etc.

On affirme également la nécessité de distinguer le Droit comme technique (ou art) et comme
discipline scientifique. Cette distinction demande également de ne pas confondre objet réel ou objet
donné (Droit positif) et objet de science ou objet construit.

Dès lors qu'elle porte sur un objet qui paraît directement analysable, l'étude est avant tout
descriptive et non explicative. Mais, l'étude qui porte sur le Droit positif (objet donné) permet des études

206
« La connaissance du Droit cherche, comme toute connaissance, à concevoir son objet comme un tout pleinement
intelligible et à le décrire en propositions non contradictoires » (KELSEN, H., Théorie pure du droit, Dalloz, 1962, 2e éd., p.
274. Autrement Kelsen prétend décrire le phénomène juridique mais « En dehors de sa construction, il n'y a pas de juridique
donc celle-ci « prescrit » la juridicité ; elle ne la décrit pas ».
207
« Et c'est bien ainsi que la doctrine et en particulier la dogmatique juridique ont conçu leur rôle : en poursuivant la
systématisation d'un ordre juridique déterminé, ces disciplines ont traditionnellement prétendu faire œuvre de science, en
paraissant développer une connaissance systématique de leur objet » (VAN DE KERCHOVE, M. et OST, Fr., Le système
juridique entre ordre et désordre, P.U.F., Paris, 1988, p. 27)
208
v. la notion de la « dogmatique juridique » ou de la recherche juridique dogmatique, (AMSELEK, P., « Éléments d'une
définition de la recherche juridique », op. cit., p. 302.)
209
Précisons que le paradigme du Droit comme phénomène social ne s'appuie pas pour le moment sur une matrice
disciplinaire clairement identifiable. On remarque cependant, une pratique de recherche qui, en se développant, ouvre le
système auto-référentiel où était maintenue l'étude du Droit effectuée dans le paradigme précédent. Si on ne peut se référer à
une seule ligne directrice pour cerner cette nouvelle pratique de recherche, on peut cependant dégager des points de
convergence et identifier des orientations qui se dessinent (BINET, L. « art. cit. », p. 922).
117

descriptives, mais aussi des analyses conséquentes aux problématiques théoriques du positivisme
juridique, problématiques qui permettent d'interroger l'objet210.

Par contre, la construction de l'objet nécessite d'aller au-delà des apparences, pour découvrir
derrière elles d'autres faits qui sont liés, par un réseau de relations, au secteur étudié (on suppose que si
le Droit positif constitue une réalité sociale, qu'il existe bel et bien sous la forme de textes, d'appareils,
etc. il ne se réduit pas à cet aspect). Clairement, en Droit, le nouveau paradigme envisage son objet
d'étude sans cesse en construction, en fonction de la problématique retenue et de la question posée211.

b. Nécessité d’une interdisciplinarité et d’une nouvelle méthodologie

La référence au nouveau paradigme entraîne aussi des conséquences quant à la méthodologie et


aux techniques à utiliser et on affirme la nécessité de l'interdisciplinarité212. Le processus de recherche
qui nécessite un ensemble d'opérations pour produire et valider les connaissances (la méthodologie au
sens général) reflète alors un échange de méthodes, de concepts et de points de vue entre le Droit et
d'autres disciplines. Afin d'obtenir des données et de construire des variables, l'échange doit également
avoir lieu au niveau des techniques (enquête sur le terrain, échantillonnage, entretien, etc.).

Disons, enfin que ce paradigme de Droit comme phénomène social tente de résoudre l’un des
défis de la recherche juridique comme on l’a si bien analysé au chapitre 1er.

§2. Les techniques ou instruments de recherche

Les techniques de recherche sont des outils ou des instruments dont se sert le chercheur pour
récolter les données nécessaires (on l’a déjà dit).

Le choix des techniques tient compte des particularités de la problématique et des autres
contraintes de recherche. Ce choix est aussi fondamentalement commandé par la nature des
renseignements à rassembler et à leur mode de traitement.

De ce fait, les techniques dites qualitatives (observation, entretien, étude documentaire, analyse
de contenu qualitative ...) recueillent des données non chiffrées, qualitatives, qu'il faut traiter pour
dégager et organiser les éléments de signification. Les techniques dites quantitatives (questionnaire,
sondage, échelles d'attitude, analyse de contenu quantitative...) fournissent des données numériques
descriptives ou explicatives.

210
Pour que le Droit positif puisse être considéré comme objet d'étude, il faut nécessairement que, préalablement, on ait établi
l'équation Droit = Droit positif. Cette équation n'est logiquement possible que parce que les énoncés théoriques l'ont ainsi
construite.
211
Voici deux exemples qui illustrent ce que signifie la construction de l'objet (le premier en sociologie et le second en Droit).
E. GOFFMANN, qui étudie l'institution asilaire (Asiles, Minuit, 1969), découvre qu'à côté du règlement de l'asile et de son
but thérapeutique, il s'est établi une organisation parallèle. « Pour assurer le fonctionnement de l'institution, s'était créé (chez
les malades et les gardiens) un ensemble de coutumes, de règles, de hiérarchies, plus réelles et efficaces que l'organisme et
le règlement affichés et qui en fait modifiaient les objectifs apparents de ceux-ci. Goffmann, a ainsi construit un objet
sociologique : le système de relations à l'intérieur de l'asile. » (M. GRAWITZ, op cit., p. 383). À partir d'une interrogation
que l'on peut résumer par « Quel est le rôle du Droit dans les sociétés libérales ? », plusieurs représentants du mouvement
des Critical Legal Studies américain ont, en utilisant entre autre les concepts d'idéologie et de légitimation, formulé une
critique du Droit qui englobe une critique du libéralisme et du formalisme (voir à ce sujet R. UNGER, Law in Modem Society,
Free Press, 1976 et A. HYDE « The Concept of Legitimation in the Socioly of Law » (1983) Wisconsin Law Review, 379.
212
v. TACHE, P., ZIMMERMANN, H. et BRISSON, G., « Pratiquer l’interdisciplinarité en Droit : l’exemple d’une étude
empirique sur les services de placement », op. cit., pp. 519 et s. ; GARCIA, M., « De nouveaux horizons épistémologiques
pour la recherche empirique en Droit : décentrer le sujet, interviewer le système et « désubstantialiser » les catégories
juridiques », op. cit., pp.417 et s.
118

Les techniques varient aussi selon qu’il s’agit de comprendre un comportement individuel ou
collectif (techniques d’observations diverses), de récolter les opinions (technique d’enquête par sondage,
d’interview etc.), de recenser les faits et des personnes (technique d’enquête avec questionnaire… ),
d’interpréter un document écrit (technique d’analyse documentaire…).

Nous allons analyser successivement les points ayant trait à la technique d’observation, à
l’analyse documentaire, de l’enquête (avec questionnaire, sondage et entretien), de complément de
phrases, de groupe de discussion, de récit ou histoire de vie, de l’enquête ethnologique ou de terrain.

A. La technique d’observation
1. L’observation directe

Est celle qui met l’enquêteur en face de son informateur sans passer par un intermédiaire. Elle
est basée sur une observation visuelle qui consiste à recueillir les comportements au moment où ils sont
produits sans intermédiaire d’un document ou d’un témoignage.

Selon Van Campenhoudt et Quivy, dans l’observation directe, le chercheur procède directement
lui-même au recueil des informations sans s’adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à
son sens de l’observation213. Les sujets observés n’interviennent pas dans la production de l’information
recherchée.

Par exemple, pour comparer le public du théâtre à celui du cinéma, un chercheur peut compter
les gens à la sortie, observer s’ils sont jeunes ou vieux, comment ils sont habillés, etc. Autre exemple :
pour étudier la structuration spatiale et sociale d’un quartier, un chercheur peut observer les types
d’immeubles d’habitation (des maisons unifamiliales ou des immeubles à appartements), la place
occupée par les bâtiments publics par rapport aux bâtiments privés et le soin apporté aux uns et aux
autres, l’espace public laissé accessible à tous sans condition d’accès par rapport à l’espace privatisé,
etc. La particularité et l’avantage de l’observation directe sont que les informations recueillies par le
chercheur sont « brutes » dans le sens où elles n’ont pas été spécialement aménagées voire arrangées
pour lui. Les sujets observés (par exemple les amateurs de théâtre et de cinéma, ou les personnes qui
fréquentent le quartier) n’interviennent pas dans la production de l’information recherchée214.

Par cette technique, le chercheur observe le groupe en train de vivre, l’action qui naît, les
processus pendant qu’ils se déroulent et non après coup.

L’observation directe peut être soit libre, soit dirigée, soit participante, soit non participante ;

a. Observation libre et observation dirigée

- L’observation libre ou spontanée se fait sans plan d’observation précis. Elle est utilisée soit pour
fonder les affirmations théoriques sur des faits, soit pour connaître un sujet ou une situation dans
leur complexité.
- Une observation est dite dirigée quand elle se fait selon un plan, une grille d’observation. Elle
permet de noter rapidement des faits recherchés et facilite le travail d’élaboration des résultats.

b. Observation non-participante, observation participante et observation participante

- L’observation non participante : Il s'agit d'observation de visu ; le chercheur est présent sur
le terrain : il perçoit, mémorise, note. Elle concerne des comportements au moment où ils se

213
VAN CAMPENHOUDT, L. et QUIVY, R., op. cit., p.150.
214
Ibidem.
119

produisent, tels que les conduites des étudiants et des enseignants dans un auditoire. Une
observation consiste à regarder se dérouler sur une période de temps donné des comportements
ou des événements et à les enregistrer215.
- L’observation participante a lieu quand l’observateur, ici le chercheur y participe, y est accepté
jusqu’à se faire intégrer au groupe et à être oublié comme observateur. Cependant, l’observateur
doit éviter de se faire impliquer dans les problèmes du groupe, faute de quoi, ses observations en
souffriront. Paul Nda est plus explicite quand il dit que « Dans cette observation, le chercheur est
amené à participer à la vie du groupe qu'il étudie. Le chercheur se lie à un groupe social concret
pour essayer de l'observer comme « de l’intérieur ». Il ne peut être un simple voyeur mais bien
un observateur qui étudie une communauté durant une certaine période, en participant à la vie
collective. Le chercheur en étudie les modes de vie, de très près, en essayant de ne pas les
perturber. La validité de son travail repose sur la rigueur avec laquelle il observe et cherche à
vérifier ses hypothèses. L'observateur, parce qu'il est chercheur, parce qu'il a des hypothèses à
vérifier, percevra de l'expérience qu'il fait avec le groupe des choses que les autres ne verront
peut-être pas216. Il s’agit d’une véritable observation de visu et in situ, par soi-même, des
informations à partir de situations, de comportements ou d'événements observés en train de se
produire.
- La participation observante : concerne le cas où le chercheur (qui observe) adopte une posture
pour entrer de plain-pied dans une réalité, il pose des actes concrets et réels de pratique effective,
au lieu de se contenter de regarder la situation en observateur 217.
Une observation participante (ou une participation observante) peut donner lieu à une recherche-
action218, qui est une autre technique.
Qu’il s’agisse d’observation participante (ou non) ou de participation observante, l’observation
présente à un titre ou à un autre les caractéristiques d’une observation inductive, servant à
produire des théories ancrées dans la réalité.

c. Nécessité des grilles d’observation

Il faut noter que, de manière générale, l'observation pose problème en sciences humaines et
sociales. En effet, dès qu'un être humain observe ouvertement un autre, des interactions psychologiques
s'engagent inévitablement entre eux (chacun se sent ou se sait vu et eu). Dans cette situation, il n'y a pas
un observateur et un observé mais bien deux observateurs qui se découvrent et interprètent ce qu'ils
voient l'un de l'autre en fonction de ce qu'ils sont, et adaptent en conséquence leur conduite à la situation.
La subjectivité entre en ligne de compte dans l'observation. C'est pourquoi, en plus d'une observation
flottante (à l'œil nu) on a souvent besoin d'une observation armée (à l'aide d'instruments, de grilles, c'est-
à-dire des catégories préétablies). Les grilles sont élaborées de manière sélective en prévoyant les
différentes catégories de comportements à observer. Les fréquences et les distributions des différentes
catégories de comportement peuvent être calculées pour permettre d'étudier les corrélations entre ces
comportements et d'autres variables mises en jeu par les hypothèses. Autrement dit les pourcentages
d'apparition des comportements sont parlants et éclairants.

215
NDA, P., op. cit., p. 125.
216
Ibidem, p. 126.
217
v. Robert Jaulin dans Le cœur des choses en 1983, cité par NDA, P., op. cit., p. 126.
218
La recherche-action est un type d’observation participante dont les objectifs sont plus ambitieux. Ici le chercheur ne se
contente pas de s’intégrer au groupe étudié et de l’observer, il entend le transformer. Non seulement il veut savoir et
comprendre mais ambitionne aussi de transformer le groupe, objet d’étude. S’il participe à la vie d’un groupe social (un
village, une entreprise, un parti politique, etc.), c’est pour observer et pour aider à résoudre un problème ou un conflit qui
accable ce groupe ou encore pour réaliser un projet, un changement de comportement. C’est un chercheur-acteur.
120

2. L’observation indirecte et ses instruments

Dans l’observation indirecte, le chercheur s’adresse au sujet pour obtenir l’information


recherchée. En répondant aux questions, le sujet intervient dans la production de l’information. Celle-ci
n’est pas prélevée directement et est donc moins objective. En fait, il y a ici deux intermédiaires entre
l’information recherchée et l’information obtenue : le sujet à qui le chercheur demande de répondre et
l’instrument constitué des questions à poser. Ce sont là deux sources de déformations et d’erreurs qu’il
faudra contrôler pour que l’information apportée ne soit pas faussée, volontairement ou non.

Dans l’observation indirecte, l’instrument d’observation est soit un questionnaire soit un guide
d’interview. L’un et l’autre ont comme fonction de produire ou d’enregistrer les informations requises
par les hypothèses et prescrites par les indicateurs219.

B. L’analyse documentaire (étude documentaire ou observation documentaire)


1. Portée de la technique

La technique documentaire met le chercheur en présence des documents supposés contenir les
informations recherchées. L’observation sur la réalité transite par la lecture des œuvres aussi bien
matérielles qu’immatérielles produites par l’homme vivant en société.

Autrement dit, l’étude documentaire (ou observation documentaire ou étude de documents) porte
sur des objets dont l’observation est indirecte, et ce grâce aux traces qu’ils ont laissées.

Mis à part l’aspect de collecte des données du travail, la recherche documentaire en général est
utile dans une recherche pour l’élaboration de la problématique et du cadre théorique, pour la
conceptualisation, pour la rédaction de l’état de la littérature, pour la discussion des résultats. Raison
pour laquelle, la recherche documentaire a fait l’objet d’un long commentaire au chapitre deuxième (voir
identification des documents papier et document internet).

2. Typologie des documents

Le terme « document » renvoie à toute source de renseignements déjà existante à laquelle le


chercheur peut avoir accès. Ces documents peuvent donc être sonores (disques), visuels (dessins), audio-
visuels (films), écrits (textes), ou des objets (insignes, vêtements, monuments...)220.

L’on retiendra qu’en pratique il est fait distinction entre documents en support papier (issus de
l’écriture et de l’imprimerie221) et documents technologiques. Les documents technologiques sont des
documents sur des supports faisant appel aux technologies de l’information (c’est-à-dire électronique,
magnétique, optique, sans fil ou autres ou faisant appel à une combinaison de technologies).

La typologie générale des documents servant à cette technique est longue, nous nous contentons d’en
citer ce qui suit.

219
VAN CAMPENHOUDT, L. et QUIVY, R., op. cit., p.150.
220
NDA, P., op. cit., p. 130.
221
On peut critiquer le caractère arbitraire de cette distinction, parce que l’écriture et l’imprimerie, sont également des
technologies produites par le génie humain. Il apparaît donc inadéquat d’exclure les documents issus de ces technologies des
documents technologiques.
121

a. Les documents écrits (en version papier)

Par documents écrits, on entend tous ceux dont l’information peut être puisée par la lecture du
texte écrit et imprimé. Parmi ces documents, on trouve, les livres, les revues, les journaux, les documents
officiels et les documents privés, des documents publiés et les documents inédits, les archives publiques
ou privées et judiciaires, les correspondances administratives ou privées, les discours, les relevés
statistiques, les archives, les œuvres littéraires, etc.

b. Les documents visuels

Ce sont les images et les dessins. Les images sont porteuses des messages susceptibles de
renseigner sur des situations précises même lorsqu’elles ne sont pas accompagnées d’un texte. On
distingue à ces sujets deux genres des documents : les documents dessinés et les documents
photographiés ou filmés.

Ces types de documents peuvent être qualifiés de technologiques au regard des supports qui les
contiennent.

c. Les documents phonétiques

Le développement de la technologie actuelle permet non seulement l’enregistrement de l’image,


mais également celui du son. Celui-ci se fait graver sur une bande magnétique, sur disque, sur cassette,
sur CD et DVD. On peut, à cet effet, enregistrer divers faits relevant de la vie en société. Il peut s’agir
des querelles, de procès, de la prédication, de messages, etc.

Les documents phonétiques peuvent être qualifiés des documents technologiques au regard des
supports qui les contiennent.

d. Les documents non écrits, artistiques et culturels

Ces instruments relèvent de la culture matérielle d’un peuple. Il s’agit de tous les objets fabriqués
et utilisés par l’homme et dont l’examen minutieux permet de se faire une idée sur le niveau de vie atteint
par un peuple et sur leurs usages pratiques. Ces objets se recrutent dans les immobiliers, dans le secteur
de divertissement, dans le paysage politique, dans les domaines économique, religieux, etc. Comme
exemples, on peut citer : les temples, les monuments, les instruments musicaux, les drapeaux, les
symboles, les armes, les œuvres d’art plastique, etc. Le musée est un terrain de recherche par excellence
dans ce contexte.

Nombreux de ces documents sont sous le régime juridique de protection des biens culturels.

e. Les documents électroniques ou de webographie (ou de sitographie)

Ce sont des documents numériques issus de la fouille à travers l’internet. L’internet s’est imposé
aujourd’hui comme un formidable outil de la recherche de l’information, comme on l’a si bien dit dans
le chapitre précèdent (voir les règles de la recherche en ligne : mots-clés à travers une recherche
booléenne, composition préalable du thesaurus, maitrise des banques de données en ligne, précision de
leur l’URL ou le DOI, etc.).
122

3. Particularité de l’ensemble documentaire dans la recherche juridique

On vient d’énumérer les documents écrits, les documents technologiques, les documents visuels, les
documents phonétiques, documents numériques ou électroniques, etc.

Une particularité est qu’en Droit, l’ensemble documentaire est composé de sources imprimées et
de sources informatisées ou électroniques, chacune de ces deux catégories ayant une méthodologie de
recherche qui lui est propre. La recherche documentaire revêt donc une importance particulière en Droit.
La recherche en bibliothèque fait partie intégrante de l’activité professionnelle du juriste. Les textes de
lois et de règlements sont des documents qui doivent être publiés pour avoir un effet juridique et un très
grand nombre de décisions des tribunaux judiciaires et administratifs sont publiés, plus particulièrement
celles qui font jurisprudence. Quant à la doctrine, l’ensemble des textes écrits par des spécialistes
reconnus et publiés sous forme de livres et d’articles, est une source de Droit qui, bien que secondaire,
n’en demeure pas moins une source essentielle. Il est évidemment nécessaire que cette masse
documentaire soit rapidement et facilement accessible. A cette fin, on doit connaître les sources
documentaires pertinentes et pouvoir utiliser efficacement les instruments de recherche pouvant mener
à l’information dont on a besoin (voir les commentaires au chapitre II, section 2).

4. L’analyse des données documentaires en deux étapes

L'attention porte ici sur les documents écrits, encore que les autres documents puissent bénéficier du
même traitement.

L’analyse des documents comprend habituellement deux étapes : celle de l’analyse préliminaire et
celle de l’analyse proprement dite.

- L’analyse préliminaire est une analyse critique du document par rapport à son contexte, à
l’identification de l’auteur ou des auteurs, à l’authenticité et la fiabilité du texte, à la nature du
texte, et enfin par rapport à l’identification des concepts clés et la logique interne du texte.
- L’analyse à proprement parler se fait à partir de la problématique et de son hypothèse de départ.
Cette forme d’analyse est à la vérité un mouvement de déconstruction/reconstruction des données
recueillies.
D’où la nécessité de la fiche bibliographique et de la fiche documentaire.

C. L’enquête

L’enquête s’analyse ici au sens strict comme la cueillette ou la quête d’informations réalisée par
interrogation systématique de sujets d’une population déterminée (une démarche méthodologique)222.
L’enquête peut être qualitative ou quantitative.

Dans l'enquête qualitative, les sujets sélectionnés par le chercheur sont invités à s'exprimer de
façon libre et approfondie sur des expériences vécues, sur des phénomènes les concernant ; ils subissent
des entretiens ou interviews.

L’enquête quantitative, quant à elle, est conduite à l'aide de questionnaires conçus pour être
administrés à un grand nombre de sujets puis traités statistiquement. Dans ce cas, les personnes
interrogées peuvent être choisies de façon à constituer un échantillon représentatif de la population

222
Le terme « enquête » ne signifie pas simplement quête d'informations, collecte de témoignages, d'avis, recherche de
documents, comme en réalisent les journalistes (enquête reportage). v. NDA, P., op. cit., p.136 ; KIZOBO O’BWENG-
OKWESS, op. cit., pp.15 et s.
123

étudiée. L'enquête devient un sondage quand les résultats obtenus auprès d'un échantillon statistiquement
bien défini pour être représentatif du public cible sont généralisés selon des règles mathématiques
définies.

Quelle que soit la technique retenue, l'enquête permet d'obtenir des données très variées relatives
aux opinions, aux perceptions et aux attitudes sociales qui resteraient le plus souvent inaccessibles par
d'autres moyens d'investigation. À la différence de l'observation, l'enquête, au sens restreint, est une
procédure d'enregistrement indirecte de la réalité ; elle ne porte pas sur les faits constatés par un
observateur, mais sur des déclarations sollicitées par un enquêteur. L'information obtenue est donc
entièrement tributaire des questions posées et des réponses fournies.

Les outils de collecte utilisées ici sont : le questionnaire, le sondage, l’entretien.

1. L’enquête par questionnaire

L'enquête par questionnaire consiste à poser, par écrit, à des sujets une série de questions relatives
à une situation, à leur opinion, à leurs attentes, à leur niveau de connaissance ou de conscience d'un
problème, ou de tout autre point qui intéresse le chercheur. Elle nécessite des réponses écrites.

En d’autres termes, le questionnaire est une série de questions structurées, claires, précises et
relatives à la question de départ, posées méthodiquement à un ensemble de gens pour récolter des
données de terrain lors de l’enquête. Le questionnaire s’arrête à l’objet de l’enquête.

De ce fait, l'enquête par questionnaire se distingue d'un simple sondage d'opinion par le fait
qu’elle vise à vérifier des hypothèses.

Le questionnaire convient à l'étude d'une population en tant que telle, à l'analyse de phénomènes
sociaux qu'on veut cerner à partir d'informations fournies par des individus.

Quant à son utilité, le questionnaire, technique de l'enquête quantitative convient quand on a une
population (ou un échantillon) de taille importante et qu'on s'attache à obtenir un fort taux de réponses
et précisément des données chiffrées. L'enquête quantitative est adaptée à l'étude de relations entre
variables, grâce aux données chiffrées explicatives. L’intérêt principal de l’enquête par questionnaire
réside dans le fait qu’elle permet de dévoiler les facteurs sociaux qui contribuent à produire un
phénomène (elle n’a pas pour fonction de recréer une image précise du réel étudié)223.

Ainsi, quant à la typologie et aux conseils pratiques en rapport avec le questionnaire et ses
questions, il sied de préciser les points ci-dessous.

a. Le questionnaire est dit d’administration directe lorsque le répondant le remplit lui-même.

b. Le questionnaire est dit d’administration indirecte lorsque le chercheur ou l’enquêteur le complète


lui-même à partir des réponses qui lui sont fournies par le répondant ou l’enquêté.

c. Le questionnaire écrit sera soit avec questions ouvertes, soit fermées :

i. Le questionnaire fermé veut que les questions précises reçoivent les réponses précises. Autrement,
une question fermée donne le choix entre deux modalités de réponses (questions dichotomiques =

223
NDA, P., op. cit., p.141.
124

oui/non ; vrai/Faux) ou propose un nombre d'éventualités plus important. L’enquêté devra opérer un
choix entre des réponses proposées224.

Exemple : De quel système juridique relève le Droit positif congolais ?

a) Droit anglo-saxon ; b) Droit romano-germanique ; c) Droit communiste.

ii. Une question est ouverte quand la réponse à donner est libre, proposée par le répondant lui-même225.
Exemple : « pourquoi les enfants sont-ils dans la rue ? ».

Ici, le sujet enquêté a la liberté de s'exprimer avec ses propres mots et de développer sa pensée à
sa guise. Le questionnaire ouvert a donc des questions rangées et précises. L’enquêté y répond librement.
Il évolue en dehors de l’influence du chercheur.

d. Les questions semi-ouvertures et semi-fermées sont celles où les principales réponses


possibles sont prévues, mais on laisse au sujet la possibilité d’ajouter d’autres réponses en dehors
de celles proposées. Généralement, il est indiqué d’ajouter à la liste des items (ou assertions de
réponse) la proposition « Autre réponse » (avec indication entre parenthèses : prière de spécifier,
ou mieux : avez-vous autre chose à ajouter ?).

e. Les catégories de questions et leurs caractéristiques

Les questions se présentent avec des caractéristiques précises. Il est aisé d’en constituer plusieurs
catégories. Ainsi, peut constituer :

- Des questions de comportement226 ;


- Des questions d'opinion227 ;
- Des questions d'intention ou d'anticipation228 ;
- Des questions de connaissance229 ;
- Des questions d'identification230 ;
- Des questions directes et des questions indirectes231, etc.

224
Les inconvénients du questionnaire à réponses fermées : Les réponses étant fermées, le chercheur se prive
d'informations qui pourraient être utiles. Aussi est-il indiqué d’ajouter à la liste des items la proposition « Autre réponse »
(avec indication entre parenthèses : prière de spécifier, ou mieux : avez-vous autre chose à ajouter ?).
225
- Les inconvénients du questionnaire à réponses ouvertes : Le dépouillement des réponses ouvertes est long et soulève
des problèmes de classement, de catégorisation. Par ailleurs, parfois les personnes interrogées ont du mal à répondre ; d'où
les réponses vagues ou hors sujet.

- Les avantages du questionnaire à réponses ouvertes : La possibilité pour le sujet de s'exprimer en toute liberté et
de donner beaucoup d'informations riches et diversifiées (en particulier pour étudier les représentations).
226
Ces questions décrivent les pratiques des répondants. Par exemple : « Etes-vous inscrit à un Barreau ? »
227
Ces questions portent sur les manières de penser ou de juger (opinion, attitude, préférence, ...). Exemple : « Qu'avez-vous
à dire sur la résurgence de l’insécurité à Lubumbashi ? »
228
Ces questions projettent dans l'avenir ou dans une situation qui n'existe pas encore. Elles permettent d'observer la variation
de pourcentages d'un groupe à un autre : par exemple les jeunes étudiants en Droit peuvent être moins enthousiastes que les
praticiens du Droit, par rapport à cette question : « Comment envisagez-vous l'avenir de la justice dans notre pays ?»
229
Ici on veut être informé de ce que les enquêtés savent réellement. Exemple : « Avez-vous entendu parler du Fonds
d’indemnisation des victimes des violences sexuelles en RDC ? »
230
Ces questions ont pour objet de décrire les enquêtés. Généralement, elles correspondent à des hypothèses et interviennent
comme explication des conduites ou des opinions. Elles sont donc importantes pour l'analyse. Ces questions de
renseignements signalétiques portent sur des variables socio-démographiques ou parfois géographiques comme le sexe et
l'âge, le niveau social mesuré classiquement par la profession et la catégorie socio-professionnelle (PCS), le niveau
d'instruction et le revenu, le statut matrimonial, la taille du ménage, la commune d'habitation, le type d'habitat, etc.
231
On peut poser directement une question, sans en cacher l'objet. Mais parfois, il est nécessaire de poser des questions
n'abordant pas de plein fouet le thème étudié. Exemple : Au lieu de demander directement à des jeunes : « Te lances-tu dans
les actes de vol à la tire ?», on peut aborder ce problème à travers des personnages de leur entourage : « Y a-t-il dans tes
125

Aussi, il faut éviter :


- Les termes ambigus, vagues dans les questions ;
- La question double, car elle provoque une réponse équivoque232 ;
- Les questions tendancieuses ou « chargées233» ; les questions gênantes234.

f. Pour une présentation proprement dite du questionnaire (des conseils pratiques)

Sans souci d’exhaustivité, il est souhaitable de tenir compte des éléments suivants :

- Tout questionnaire devra avoir une petite introduction ou accroche ou annonce dont le but est
de motiver le sujet en lui expliquant qui sollicite et pourquoi on sollicite sa collaboration, en lui
précisant l'intérêt de l'enquête et en lui donnant des garanties de discrétion nécessaire.
- En général, le contenu d’un questionnaire comporte deux types d’items : --Le premier item est
lié à l’identification du sujet interrogé. Par le mot talon on désigne l'ensemble des questions qui
résument l'origine sociale, la trajectoire et la situation de l'enquêté. Elles sont essentielles dans la
mesure où elles permettent d'expliquer les variations observables dans les réponses. Ce sont des
variables actives ou indépendantes par hypothèse. --Le second item est réservé aux questions
proprement dites.
- Le questionnaire sera bref : on évitera de demander par le questionnaire des informations qui
peuvent être obtenues par un autre moyen, par exemple en consultant un dictionnaire.
- Le questionnaire devra être adapté au niveau intellectuel des personnes qui y répondent. par
conséquent, le questionnaire d’administration directe ne peut être soumis aux analphabètes.
- Les questions doivent être pertinentes ou acceptables pour le sujet, c'est-à-dire ne pas le gêner,
ni le dévaluer.
- Le questionnaire devra être essayé, testé, sur un groupe restreint avant d'être répandu sur le(s)
groupe(s) d'étude. Ce pré-test permet de percevoir les défauts du questionnaire (incompréhension
de termes, mauvaise disposition ...) et d'avoir une petite idée de la population sur laquelle sera
menée l'étude.

2. Le sondage

a. Portée générale

Sonder, c'est prélever un échantillon à des fins d'analyse. Technique de rapports individuels, le
sondage est une enquête d'envergure réalisée auprès de plusieurs centaines de personnes afin de recueillir
de façon systématique un ensemble d'informations pertinentes concernant un objet d'étude235.

connaissances beaucoup de jeunes qui volent à la tire ? ». Cette approche est utile pour neutraliser les effets de valorisation
de soi ou les effets de crainte d'originalité ou de culpabilisation.
232
Exemple : « Pensez-vous que les étudiants qui redoublent une promotion doivent être regroupés dans une même section
et recevoir un enseignement individualisé ? Oui, Non ». La question double provoque une réponse équivoque. On peut en
effet être d'accord avec la première proposition (être regroupés ...) et rejeter la seconde (enseignement individualisé).
233
Exemple : « Êtes-vous pour la monogamie ou la polygamie qui est le type de mariage conforme à nos coutumes ?». Les
deux termes de cette question ne sont pas classés sur un pied d'égalité, et la question impose un jugement de valeur et suggère
une préférence sur le terme « polygamie ». Il faut éviter les « leading questions », celles qui induisent le répondant à donner
une réponse plutôt qu'une autre.
234
Par exemple demander à un juge, à un avocat, à un pasteur : « Vous est-il arrivé de tricher ? » peut être brutal. Pour être
délicat, on pourra dire : « Rares sont les êtres humains qui, pris au dépourvu par un problème, n'ont pas été amenés à tricher
au moins une fois dans leur vie. Cela vous est-il déjà arrivé ? Si oui, dans quelles circonstances ? ».
235
NDA, P., op. cit., p. 141.
126

Pour André Blais et Claire Durand le sondage est « un instrument de collecte et de mise en
forme de l’information, fondé sur l’observation de réponses à un ensemble de questions posées à un
échantillon d’une population 236».

Le sondage est habituellement réalisé à partir d'un ensemble de questions posées à une partie
prédéterminée de la population (échantillon techniquement sélectionné) par le biais de rencontres
personnelles, d'envois postaux ou parfois d'appels téléphoniques. Les réponses sont attendues sur un
point ou des points précis et peuvent être mises rapidement en forme. Le résultat d'un sondage se traduit
par des chiffres, par une série de pourcentages par exemple. En cela, le sondage est un instrument de
mesure. Les données chiffrées descriptives, (telles que 71% des personnes interrogées déclarent que ...),
permettent d'avoir une vision instantanée de la perception d'un groupe à un moment précis. Au-delà de
la description, le sondage de type analytique permet de déterminer s’il existe des liens de concomitance
ou des relations entre les opinions, les valeurs, les croyances, les attitudes, les comportements affichés
par les individus sondés. Par exemple, cette question pourrait constituer le point de départ d’un sondage
analytique : La recrudescence des divorces est-elle en lien avec les comportements des conjoints à
vouloir trop s’émanciper ?

Pour que la procédure de collecte d’information au moyen d’un questionnaire de sondage soit
valide, quatre conditions doivent être satisfaites237 :

- La disponibilité des informateurs : Il importe que l’échantillon cible soit disponible et


coopératif, c’est-à-dire qu’il puisse être rejoint et qu’il accepte de répondre au questionnaire.
- La capacité de répondre : Il faut que les gens soient en mesure de répondre au questionnaire,
c’est-à-dire qu’ils puissent saisir le sens des questions (la compréhension) et qu’ils possèdent
l’information qui leur est demandée (la pertinence).
- La transmission fidèle de l’information : Les gens doivent vouloir et pouvoir communiquer
sans distorsion l’information.
- L’enregistrement fidèle de l’information : L’information doit être enregistrée correctement
par le chercheur ou son équipe.

Dans tous les cas, on parlera d’un sondage si un questionnaire est administré auprès d’un
échantillon, d’une fraction, d’une population donnée.

b. Le sondage dans la recherche juridique (quelques particularités)

Dans le domaine des études empiriques en Droit, le sondage constitue un outil puissant. Combiné
à la mesure qualitative, il rend possible l’observation du Droit vivant238.

Ce sondage vise plus particulièrement ici d’enquêtes menées par questionnaire, composé pour
l’essentiel de questions fermées et administrées par voie téléphonique, par courriel, en présentiel ou par
Internet auprès d’une population ou d’un échantillon tiré aléatoirement de cette population : habitants
congolais, justiciables, praticiens, personnel, policiers, politique, juges, etc. Bref, tout type d’acteur

236
BLAIS, A. et DURAND, Cl., « Le sondage », in Recherche sociale. De la problématique à la collecte des données (dir.
GAUTHIER, B.), 4e éd., Presse de l’Université du Québec, 2003, p. 388.
237
BLAIS, A. et DURAND, Cl., art. cit., p. 391.
238
v. NOREAU, P., « Le sondage : mesure de fait, d’attitude et d’opinion », in La recherche empirique en Droit, op cit., p.
107.
127

susceptible de jouer de près ou de loin un rôle dans la définition, dans l’interprétation, l’application ou
la mise en œuvre du Droit (donc auprès des personnes juristes et non juristes).

En tant que technique d’enquête, le sondage n’épuise pas le sujet de la recherche quantitative dans
le domaine du Droit et de la justice. Celle-ci peut en effet emprunter une multitude de formes :

- L’analyse lexicale des lois, des règlements et des jugements ;


- L’analyse systématique de données tirées des dossiers judiciaires,
- La compilation des récurrences comportementales dans la mise en œuvre quotidienne du Droit,
- L’analyse de données tirées des rapports d’événement en matière criminelle,
- La statistique sur l’autoreprésentation au sein de certaines juridictions,
- Les études du profil des usagers du système judiciaire, des bénéficiaires de certains services
publics (par exemple en matière de soutien aux victimes de violences sexuelles), etc.

En bref, la possibilité de mesurer quantitativement un phénomène, un processus ou l’évolution


d’une pratique juridique vient considérablement enrichir le champ de la recherche empirique en Droit.
Le sondage, notamment, ouvre la porte à des analyses très fines, tant dans une perspective inductive que
déductive. Tout comme l’entretien individuel ou l’entretien de groupe, il ouvre la voie à une multitude
d’observations : opinions, attitudes, expériences, etc. Les possibilités offertes par le sondage dépassent
par conséquent très largement la mesure d’opinions à laquelle on la réduit souvent.

c. Analyse des données du sondage

En général, les chercheurs, les institutions intéressées à la réalisation d’enquêtes de ce type


s’arrêtent essentiellement aux tendances centrales, c’est-à-dire à l’étude des fréquences statistiques
(qui sont généralement dégagées dans des tableaux, des graphiques ou des figures pour chaque question).
Ainsi, le fichier une fois pondéré, on se penche spontanément sur les réponses reçues pour chaque
question. On insiste sur « les gros chiffres ». Si par exemple 85% des personnes interrogées affirment
que les coûts des services judiciaires constituent la principale raison qui les pousserai à ne pas saisir les
cours et tribunaux ou à ne pas faire recours à un avocat, on confirme ce que tout le monde suppute
spontanément sans pouvoir vraiment l’affirmer. Il s’agit donc de constats majeurs et validés.

Il est indiqué cependant tenir compte également de données plus nuancées. Pour le chercheur,
constater que 50% des citoyens entretiennent une certaine méfiance à l’égard du système de justice est
une véritable aubaine. La question est alors de savoir « qui dit quoi ? » L’âge ou l’expérience d’un procès
sont-ils des variables indépendantes ou intermédiaires susceptibles d’expliquer ces variations ? Les
femmes et les hommes se distinguent-ils sous cet aspect ?

Les hypothèses de départ du chercheur le guideront dans l’analyse de ses données, d’où la
nécessité d’établir dès le départ les variables et les dimensions, et ce, bien avant de définir les questions.
Un bon plan d’analyse est essentiel à une exploitation systématique des données. Le chercher n’hésitera
pas de recourir aux logiciels informatiques conçus pour l’analyse des données239. Et si le chercheur ne
maitrise pas mieux l’analyse statistique, il ne pourra pas hésiter de se faire adjoindre un spécialiste rompu
à ces opérations.

239
Par ex. les logiciels SPSS (commercial) et R (en libre accès). v. GUAY, J-H., Statistiques en sciences humaines avec R,
2e éd., PUL, Québec, 2014.
128

3. L’entretien (ou l’entrevue ou l'interview)

a. Portée

L’entretien ou l’interview est l’interrogation orale directe d’une personne par une autre. Dans
cette technique, il y a un contact entre l’enquêteur et l’enquêté.

Il s'agit en fait d’un tête-à-tête oral, un contact direct, entre deux personnes ou une personne (ou
plusieurs) et un groupe de personnes dont l'une transmet à l'autre des informations recherchées sur un
problème précis. C'est un échange au cours duquel l'interlocuteur exprime ses perceptions, ses
interprétations, ses expériences, tandis que le chercheur, par ses questions ouvertes et ses réactions,
facilite cette expression, évite que celle-ci s'éloigne des objectifs de la recherche. On parle d'entretien,
d'interview ou d'entrevue comme au Québec. Ainsi, Lorraine Savoie-Zajc, auteure québécoise propose
de considérer l’entrevue comme « une interaction verbale entre des personnes qui s’engagent
volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir d’expertise, et ce, pour mieux dégager
conjointement une compréhension d’un phénomène d’intérêt pour les personnes en présence 240».

Quant à leur utilité, les techniques d’entretien mettent en œuvre des processus fondamentaux de
communication et d’interaction humaine. Ces processus fournissent au chercheur des informations et
des éléments de réflexion très riches et nuancés.

Par rapport à un sondage d'opinion ou à un entretien exploratoire, dans l'interview le chercheur


concentre davantage l'échange autour de ses hypothèses de travail sans interdire bien sûr la possibilité
de développement parallèles susceptibles de les nuancer ou de les corriger. De plus, le contenu de
l'entretien fera l'objet d'une analyse de contenu systématique, pour tester les hypothèses de travail.

b. Typologies des entretiens selon les démarches

On énumère ici :

- L'entretien libre ou l'interview non structurée : À la différence d'une conversation


occasionnelle, cette interview est provoquée dans un but précis d'information. C'est le cas de
l'échange de vues que le chercheur a avec les magistrats, les avocats, les autres chercheurs
devanciers du domaine sur un sujet ( par exemple de l’administration de la justice en RD Congo).
L'entretien libre se prête difficilement à la quantification.
- L’entretien dirigé ou l'interview structurée : Ce type d'entretien sert à recueillir des
informations d'une façon standardisée. Il s'agit d'une sorte de questionnaire présenté
oralement. Les questions sont prévues à l'avance et ont une formulation standardisée. Toutes les
personnes interrogées répondent aux mêmes questions, après avoir reçu les mêmes explications.
L'interview se déroule donc pratiquement dans des conditions identiques pour tous les
interviewés.
- L'entretien semi-directif ou semi-dirigé : C'est certainement l'entretien le plus utilisé en
recherche sociale et juridique et Kaufmann l’appelle « entretien d’étude241 ». Il est semi-directif

240
SAVOIE-ZAJC, L. « L’entrevue semi-dirigée », in Recherche sociale. De la problématique à la collecte des données, op.
cit., p.295.
241
KAUFMANN, J-C, « L’entretien de recherche et son analyse », in L’analyse de contenu, Cahier de recherche, n°6,
CREDOC, dec.1990, pp.9-29, p.12. L’auteur distingue trois types d’entretien : « Le premier aspect est l'entretien
biographique, l'objectif étant ici de reconstituer une logique de vie. Le deuxième est ce qu’on peut appeler l'entretien
d'étude et le troisième, l’entretien de recherche. En fait, le terme générique "entretien" masque souvent une plus ou moins
grande confusion entre ces trois types, qui renvoient pourtant à des méthodologies bien différenciées » (p.10).
129

en ce sens qu'il n'est pas entièrement libre, ni entièrement dirigé par un grand nombre de
questions précises structurées. Habituellement, le chercheur dispose d'un guide d'entretien
(questions guides), relativement ouvert qui permet de recueillir les informations nécessaires.
Mais il ne posera pas forcément toutes les questions dans la formulation et l'ordre prévus. Autant
que faire se peut, il sera souple avec l'interviewé afin que celui-ci puisse parler ouvertement dans
les termes et l'ordre qui lui conviennent. Le chercheur s'efforcera simplement de recentrer
l'entretien sur les objectifs chaque fois que le sujet s'en écarte ; il ajoutera quelques questions de
clarification au moment le plus approprié et de la manière la plus naturelle que possible.
Pour Savoie-Zajc, l’entrevue semi-dirigée consiste en une « interaction verbale animée de façon
souple par le chercheur. Celui-ci se laissera guider par le rythme et le contenu unique de
l’échange dans le but d’aborder, sur un mode qui ressemble à celui de la conversation, les thèmes
généraux qu’il souhaite explorer avec le participant à la recherche. Grâce à cette interaction,
une compréhension riche du phénomène à l’étude sera construite conjointement avec
l’interviewé 242».

Pour Sophie Duchesne, l'entretien dit "semi-directif', la méthode d'entretien la plus couramment
utilisée en sociologie, « est réalisé grâce à un ensemble, une "grille" de questions appelée aussi
"guide d'entretien" - que l'enquêteur pose en adaptant plus ou moins, suivant la liberté qui lui a
été donnée par le chercheur, leur ordre et leur formulation, et en sollicitant un
approfondissement variable des réponses. L'entretien dit "non-directif" a ceci de caractéristique
que l'enquêteur ne pose à la personne qu'il interroge qu'une seule question directe, "la consigne"
; le reste de ses interventions a seulement pour but d'encourager la personne interviewée à
enrichir et approfondir sa réponse 243».

En d’autres termes, dans l’entretien semi-directif l’enquêteur procède aussi par l’entrevue
avec l’enquêté, mais pour ne pas se perdre le chercheur se munit d’un petit guide d’orientation
(quelques questions). Et donc se guide n’est pas en remettre à l’interlocuteur.

- L'interview dynamique ou l'interview en profondeur : C'est une interview non structurée que
la psychanalyse affectionne. Elle est dite non structurée en ce sens qu'il n'y a pas une série de
questions préparées, et puis l'enquêteur garde une liberté dans la manière de conduire l'interview
; de même l'enquêté dans la manière de répondre. On parle d'interview en profondeur parce qu'il
s'agit d'amener l'interviewé à livrer des aspects de lui-même, à faire remonter des choses peut-
être enfouies en lui. L'enquêteur, au lieu de poser des questions, introduit un thème (problème,
incident...) et laisse le sujet parler autant qu’il le désire. L'enquêteur se limite à quelques signes
d’encouragement : «Ah bon !», «C'est intéressant !», «Et alors!», etc. Il veillera cependant à
ramener l'enquêté à l'objectif quand il s'en éloigne trop. À la fin de l'interview, il peut poser
quelques questions destinées à clarifier certains points apparus obscurs. Ce type d'interview est
employé lorsqu'on s'intéresse aux motivations, aux conflits, aux attitudes des sujets qui, une fois
mis en confiance, révèlent petit à petit leurs anxiétés, leurs frustrations, leurs sentiments, leurs
espoirs et leurs préjugés...
-

242
SAVOIE-ZAJC, art. cit., p.296.
243
DUCHESNE, S., « Pratique de l’entretien dit ‘’ non-directif’’ », in CURAPP, Les méthodes au concret, PUF, Paris, 2000,
pp.9-11. L’auteur conseille qu’avant de voir, de la façon la plus concrète possible, les différentes phases du recueil d'entretiens
de ce type, choisir les personnes à interroger (ou définir l’échantillon qui généralement ne dépasse pas une quarantaine de
personnes), prendre contact avec elles, établir la consigne, relancer, conclure l'entretien, préparer le corpus...
130

c. Typologie selon le degré de liberté et de profondeur des réponses

Par rapport à ces critères, on peut énumérer :

- L’entretien centré : Il se fonde sur une liste de thèmes précis à aborder. C’est sur ces thèmes
que l’enquêteur veut obtenir des informations auprès des enquêtés dont la très grande liberté n’est
limitée que par la liste de thèmes. Le chercheur lui-même a la liberté de ne pas être assujetti à un
ordre des thèmes. Très utile dans une recherche hypothético-déductive, il se marie bien avec
l’élaboration préalable d’un cadre théorique et d’une hypothèse de recherche qui déterminent les
thèmes abordés. Les données recueillies sont ensuite soumises à une analyse de contenu qui
permet de corroborer ou de réfuter l’hypothèse formulée. A titre d’exemple, une étude qui porte
sur les causes de la violation de la loi pénale en rapport avec les mariages précoces dans les
milieux ruraux.
- L’entretien à questions ouvertes : ici, le chercheur dispose d’un cadre théorique et d’une
hypothèse de recherche mais souhaite laisser une marge assez grande de liberté à ses enquêtés
tout en les soumettant à des questions précises liées à des conjectures théoriques. Il établit en
conséquence une liste de questions précises et il fait une entrevue à questions ouvertes dont la
liste lui impose l’ordre dans lequel elles sont présentées (Il limite ainsi sa propre liberté pour
s’assurer que sa liste de questions sera abordée). Ce type d’entretien se prête à une démarche
hypothético-déductive mais peut adopter aussi une démarche inductive, tout comme l’entretien
centré. Les réponses de l’enquêté, libres bien qu’en partie orientées par la liste de questions
ordonnées peuvent faire l’objet d’une analyse de contenu.

d. Typologie des entretiens selon le nombre de participants

On distingue l'entretien individuel et l'entretien de groupe :


- L’entretien individuel : Il s'agit d’un entretien avec une personne à la fois. L'intérêt de cette
modalité, c'est que la personne est seule et peut s'exprimer en toute liberté sans craindre d'être
contredite et avec le sentiment de dire la vérité et d'être prise au sérieux parce que sollicitée pour
donner son avis, ses sentiments, etc.
- L’entretien de groupe : Il s'agit de l'entretien avec un groupe de personnes. Il vise à recueillir
une « parole collective » produite en situation de groupe, donc dans une interaction. Il a un enjeu
théorique important, celui de faire parler des personnes qui ne prennent pas souvent la parole par
elles-mêmes, notamment des groupes dominés en situation d'infériorité. La conduite d'un
entretien de groupe n'est pas si simple que cela. Son déroulement manifeste bien souvent une
dynamique qui évolue, faite d'autocensure, surtout au début de l’entretien, de confrontations, de
prises de position négociées. A travers des hésitations, cette dynamique débouche sur la
production d'une « vérité » commune ajustée à la composition sociale du groupe et à la
conjoncture.
Bien conduite, elle apporte des indications et des informations précieuses parce que les
sujets parlent et se délient la langue les uns aux autres du fait qu'ils sont ensemble : il y a un effet
d'entraînement qui amène tout le monde à s'exprimer avec le temps. Les propos des uns
provoquent la réaction et la contradiction des autres et ainsi se complètent, se précisent. Grâce à
la stimulation collective, des critiques, des propositions, des enseignements sont apportés que
l'interview individuelle pourrait ne pas fournir.
131

e. Déroulement de l’entretien et analyse

L’entretien pourra se dérouler en présence ou à distance. À cet effet, les avancées en technologie
de l’information ont ouvert de nouvelles possibilités pour réaliser des entretiens avec des personnes
participantes autrement plus difficiles à rejoindre, compte tenu de leur emploi du temps ou du fait de
l’éloignement géographique. Ainsi, il est désormais tout à fait envisageable de réaliser des entretiens par
téléphone ou par le biais de plateformes vidéo, dont plusieurs sont accessibles gratuitement. L’entretien
doit toutefois se dérouler dans un climat de confiance. L’établissement d’un climat propice à la
réalisation d’un entretien fructueux impose également à la personne qui mène l’entrevue de prendre
conscience du rapport de force découlant de la structure hiérarchique d’un entretien. Ce rapport «
asymétrique » entre les personnes prenant part à l’entretien peut également être amplifié par la différence
d’âge et de position sociale.244

Le style d’animation peut être plus ou moins directif, selon le type d’entretien choisi. Cela étant,
il importe de porter une attention particulière à la façon de poser les questions et de s’assurer que celles-
ci sont comprises par la personne participante afin d’éviter que celle-ci se sente incompétente ou
ignorante.

À la fin de chaque entretien, il peut s’avérer utile, voire nécessaire, de poser une question très
ouverte, en demandant, par exemple, si la personne participante souhaite « ajouter quelque chose ». Une
telle question offre différentes potentialités : elle permet à la personne participante de formuler des
commentaires au sujet de l’entretien en tant que tel, de synthétiser son point de vue sur l’objet de
l’entretien ou d’aborder d’autres enjeux qui n’ont pas été évoqués au cours de l’entretien. C’est parfois
à l’issue de l’entretien, une fois le climat de confiance consolidé, que la personne participante demandera
des précisions sur la recherche ou fera état de craintes ou de préoccupations liées à sa participation. Ce
sera alors l’occasion de s’assurer du consentement réellement libre et éclairé de la personne participante
et de lui rappeler les mesures assurant l’anonymat, le cas échéant.

Quant au traitement, Blanchet et Gotman identifient deux formes d’analyse de contenu, soit
l’analyse par entretien et l’analyse thématique245. L’analyse par entretien suppose que l’on fasse ressortir
de chaque entretien la « logique du monde référentiel décrit » par la personne répondante par rapport à
la problématique de recherche. L’analyse thématique, quant à elle, découle transversalement, d’un
entretien à l’autre, selon les thèmes qui ressortent de ceux-ci.

4. Recours à l’entretien dans la recherche juridique (particularités)

L’entretien est un outil de première utilité dans l’arsenal des chercheurs s’intéressant au Droit
au-delà d’une approche positiviste, notamment en permettant l’étude des interactions entre les groupes
sociaux, les individus et le Droit, ou encore en permettant de mieux comprendre comment le Droit se
déploie dans l’expérience d’une multitude d’acteurs246. Si les entretiens permettent « de rendre explicite
l’univers de l’autre 247», le recours à des entretiens dans des recherches en Droit permet de mettre au
jour la perspective des acteurs endogènes et exogènes du système juridique.

244
GESUALDI-FECTEAU, D. et LAURENCE GUENETTE, L., « Le recours à l’entretien dans la recherche en Droit », in
La recherche empirique en droit, op. cit, p. 93.
245
BLANCHET, A. et GOTMAN, A., L’enquête et ses méthodes : l’entretien, 3e éd., Nathan, Paris, 2015, p.90.
246
GESUALDI-FECTEAU, D. et LAURENCE GUENETTE, L., art. cit., p.96.
247
SAVOIE-ZAJC, L., art. cit., p. 299.
132

Le recours à l’entretien s’avèrera pertinent dans le cadre de recherches portant sur les
représentations façonnées par le Droit et ses institutions ainsi que celles s’intéressant aux pratiques
juridiques et judiciaires. Il en va de même pour les recherches visant à cartographier autant les
représentations que les pratiques, dans une optique qui « délinéarise » le rapport entre le Droit, son usage
et ses effets. Pour tous ces types de recherche, des entretiens pourront être menés auprès de personnes
participantes juristes et non-juristes.

Si le Droit est un savoir, voire une technique, le Droit est aussi une ressource susceptible d’être
mobilisée dans des espaces qui excèdent largement les métiers du Droit. Ainsi, certaines personnes
disposent d’une somme d’expériences avec les institutions juridiques ou judiciaires, et ce que ce soit
dans un contexte personnel ou professionnel. Ainsi, la figure du juriste contemporain n’est plus celle «
d’un personnage confiné dans une dogmatique classique au sens kelsénien, mais de celui qui a
conscience de son rôle dans la société248 ».

a. L’entretien avec de personnes juristes

Lorsque l’entretien est réalisé par un chercheur juriste auprès de personnes participantes juristes,
les deux parties sont susceptibles de partager une connaissance préalable de l’objet et du terrain de
recherche. Afin que l’entretien informe adéquatement les résultats de recherche, il est indispensable que
le canevas d’entretien évite de tenir compte de présuppositions ou des connaissances personnelles de la
personne menant l’entretien.

Lors de l’entretien, il est également plausible que certains thèmes ou enjeux soient spontanément
écartés par la personne participante, laquelle pourra également couper court à une réponse, estimant que
celle-ci est sue et connue de la personne conduisant l’entretien. Il importe d’encourager la personne
participante à poursuivre et ne pas se censurer. Bien que la personne participante et celle conduisant
l’entretien partagent possiblement des connaissances quant à des enjeux de nature technique, ces
entretiens disposent d’un important potentiel d’informer quant aux pratiques et schémas d’action mis de
l’avant par les acteurs du système juridique.

De ce fait, l’entretien avec des personnes participantes endogènes au système juridique revêt un
potentiel certain pour faire émerger des données difficilement disponibles autrement, tout en exigeant
ouverture, flexibilité et rigueur de la part des personnes procédant à la collecte des données.

Il peut ainsi s’agir des entretiens avec des juges des cours et tribunaux, des magistrats du parquets,
des greffiers ; des avocats ; des conseillers juridiques, des juristes chercheurs, ; des OPJ, etc.

b. L’entretien avec de personnes non-juristes

Il est parfois utile, de mener des entretiens auprès de personnes participantes non-juristes : c’est
notamment le cas lors de recherches visant à documenter le rapport qu’entretiennent différents groupes
avec le Droit ainsi que les celles portant sur les consciences du Droit ou visant à documenter les
expériences avec les institutions juridiques et judiciaires.

Bien que le Droit résulte de rapports sociaux autant qu’il en génère, ces recherches sont
essentielles pour les sciences juridiques, car elles permettent de mieux saisir les raisons pour lesquelles
certains groupes mobilisent ou écartent les outils et « ressorts pour l’action » proposés par les normes
juridiques, ou encore les impacts de la judiciarisation que ces groupes subissent. De tels entretiens

248
KOUAM, S-P, art. cit., p.921; GESUALDI-FECTEAU, D. et LAURENCE GUENETTE, L., art. cit., p.97.
133

permettent ainsi de documenter les leviers et les risques qu’entraine la mise en œuvre du Droit. Or, les
non-juristes détiennent un savoir valide et riche au sujet du Droit et de ses institutions.

Mais il est évident que les personnes non-juristes ne parlent pas du Droit comme le font les
juristes. Les termes, les schémas explicatifs ou l’ordonnancement choisi seront susceptibles de varier et
il importe de laisser cours à ceux-ci. Le chercheur juriste conduisant l’entretien devra éviter de faire
interférer son point de vue, lequel est nécessairement informé par la maîtrise de concepts et d’outils
techniques. Dans certains cas, les personnes participantes non-juristes seront d’elles-mêmes portées à
réverbérer le rapport qu’entretient la personne juriste conduisant l’entretien à cet univers.

Il est indéniable que les personnes non-juristes ne parlent pas du Droit comme le font les juristes.
Il est important pour le chercheur juriste conduisant la recherche de ne pas considérer cela comme un
obstacle ou un écueil. Au contraire, le fait que le Droit ne constitue pas l’univers de référence des
personnes participantes peut constituer une richesse et permettre l’accès à des données précieuses.
D’ailleurs, la « nature » proprement externe au Droit des perspectives partagées par les participants est
parfois exprimée d’une façon explicite et assumée. Ainsi, la perception de l’efficacité limitée de certaines
règles de Droit peut parfois être exprimée de manière simple, mais évocatrice. La méconnaissance du
contenu précis des normes substantives ou des voies de recours n’empêche pas les personnes non-juristes
de disposer d’un point de vue éclairant sur les effets de ces normes. Les personnes non-juristes peuvent
également évoquer l’opacité du Droit et de ses institutions tout en ayant un point de vue éclairant sur les
formes que peut prendre une certaine réappropriation de ces outils. La personne conduisant l’entretien
doit accueillir un tel point de vue tel qu’il est, tout en s’assurant d’approfondir les thèmes concernés par
la recherche.

Le savoir « profane » est donc susceptible de faire émerger des données pertinentes ou de
permettre à la personne conduisant la recherche d’offrir un éclairage inédit sur un enjeu sociojuridique
donné. On pourrait aisément aller jusqu’à dire que les personnes non-juristes, mais usagères du Droit
possèdent un savoir unique, potentiellement inaccessible aux personnes juristes en raison même de leur
proximité avec l’univers du Droit249.

En bref, l’entretien est un instrument précieux de collecte des données à la disposition des
chercheurs en Droit, mais ne constitue pas une fin en soi. L’entretien peut être la principale technique
qui sera déployée ou peut être un complément à d’autres techniques, dont l’observation et l’analyse
documentaire. Cette technique permet d’avoir accès à l’univers de référence de la personne participante,
que celle-ci soit juriste ou non-juriste, et d’informer avec saillance et de façon parfois inattendue la
recherche.

D. La technique de groupe de discussion

Paul Geoffrion définit le groupe de discussion (ou focus group) comme « une technique
d’entrevue qui réunit de six à douze participants et un animateur, dans le cadre d’une discussion
structurée, sur un sujet particulier »250. Ainsi se distingue-t-il d’un simple entretien de groupe.
L’objectif avec le groupe de discussion est d’obtenir des informations concernant les attentes, les
opinions, les attitudes, les perceptions, les résistances, etc. d’un groupe d’individus par rapport à des
idées, un produit ou une problématique251.

249
GESUALDI-FECTEAU, D. et LAURENCE GUENETTE, L., art. cit., p. 101.
250
GEOFFRION, P., « Le groupe de discussion », in Recherche sociale. De la problématique à la collecte des données, op.
cit., p.333.
251
Le perfectionnement des techniques d’animation de groupe et les nombreux avantages qu’offre le groupe de discussion
en ont fait l’une des méthodes de recherche parmi les plus populaires en sciences sociales et en marketing. En fait, le groupe
de discussion se prête à l’analyse d’une vaste gamme de problèmes. Il est aujourd’hui utilisé dans l’étude des comportements,
134

Quant à son utilité, le groupe de discussion est un instrument utile en recherche qualitative, car
il favorise l’émergence d’opinions et d’idées par la confrontation de points de vue. Par rapport à
l’entretien individuel semi-dirigé, il présente l’intérêt de susciter des idées du fait de la dynamique des
interactions qui s’installe entre les intervenants.

Quant aux avantages, on cite généralement le fait que les questions sont ouvertes252 ; l’animateur
peut vérifier si les participants ont une compréhension commune de la question posée253 ; l’animateur a
une compréhension plus approfondie des réponses fournies ; une interaction contrôlée entre les
participants ; d’obtenir des résultats rapidement254.

Quant aux inconvénients, les participants ne sont pas statistiquement représentatifs de l’ensemble
de la population étudiée et le chercheur ne peut extrapoler les résultats à cette population. Aussi, un
animateur peut involontairement influencer les résultats des groupes de discussion par ses opinions
personnelles255.

C’est pourquoi, l’usage de discussion de groupe devra être lié à ces deux aspects,
particulièrement importants : l’utilisation de la technique pour un problème particulier et la rigueur
démontrée dans la réalisation de l’étude.

E. La technique de complément de phrases

Dans la technique de complément de phrases, le sujet révèle comment il assume le début de texte
proposé en lui donnant une signification.

Premier exemple : Depuis qu’il est au chômage, Koffi...

Deuxième exemple :

- Ce qui me pousse à défendre les personnes indigentes, c'est ...

- Je suis sûr que je m'intéresserais davantage à cette défense si ...

Cette épreuve de complément de phrases permet au sujet de livrer quelque chose de lui-même.
À ce titre, il est pour le sujet un moyen plus aisé que l'interview directe de révéler ses pensées, ses
problèmes, ses conflits, de faire ressortir des images ou des pensées aussi bien négatives que positives.

des propensions à l’achat de produits, de concepts publicitaires, de l’image d’une organisation ou d’une entreprise, de
politiques commerciales et sociales, etc. Dans le domaine de la politique, les groupes de discussion peuvent faire la différence
entre une victoire et une défaite.
252
Le rôle de l’animateur est de présenter les sujets de discussion et les questions. Les participants sont ensuite entièrement
libres de formuler leurs réponses et commentaires à leur gré. Ils ne sont pas limités à des catégories précises de réponses ou
à des échelles progressives qui parfois conviennent mal à leur point de vue. Les participants peuvent donc prendre le temps
nécessaire pour nuancer leurs réponses, énoncer les conditions d’un « oui » ou d’un « non », ou expliquer le pourquoi d’un «
peut-être ». Ils peuvent présenter de nouveaux sujets et lancer la discussion sur une nouvelle voie. Cette flexibilité, contrôlée
par l’animateur, génère une richesse de données qu’il est difficile d’obtenir par l’utilisation d’autres techniques.
253
L’animateur peut donc corriger le tir en reformulant la question. Dans un sondage, l’interviewer n’est souvent pas en
mesure de juger du bien-fondé d’une réponse. Cette possibilité est encore plus forte lorsque les choix de réponses sont fournis
au répondant.
254
Lorsqu’une situation urgente se présente, les groupes de discussion peuvent s’avérer la seule méthodologie pratique à
employer.
255
L’animateur a le loisir de poser les questions selon son propre style et dans un ordre qui peut varier d’un groupe à l’autre.
La façon de poser les questions et l’ordre de celles-ci peuvent influencer les réponses des participants. Les préjugés personnels
de l’animateur peuvent aussi avoir un impact sur l’analyse et sur la rédaction du rapport. Un animateur peut, par exemple,
donner plus de poids aux opinions qui correspondent à ses propres vues et minimiser l’importance des opinions contraires.
135

En général, les épreuves de complément de phrases sont classées parmi les techniques
projectives. Le dépouillement dans la technique de complément de phrases est pratiquement le même
que dans le questionnaire à questions ouvertes.

F. L’enquête ethnographique ou l’enquête de terrain

1. Portée et vocation de la technique

Il y a enquête de terrain, lorsque la quête d’informations se fait par une immersion du chercheur
dans le milieu enquêté, se traduisant par « présence longue sur place, établissement de relations de
proximité et de confiance avec certains enquêtés, écoute attentive et travail patient de plusieurs mois ou
de plusieurs années. Et faire le terrain correspond à une véritable implication du chercheur. « Car faire
du terrain, c’est avoir envie de se colleter avec les faits, de discuter avec les enquêtés, de mieux
comprendre les individus et les processus sociaux 256».

L’enquête de terrain ou ethnographique a pour vocation d’aller sur le terrain pour recueillir et
restituer les visions de l’intérieur du milieu, « les visions d’en bas » ; elle ne se contente pas des visions
en surplomb et ne se satisfait pas des catégories déjà existantes de description du monde social. Elle se
réserve le droit d’aller voir de plus près la réalité sociale.

C’est pourquoi Emerson, Fretz et Shaw définissent la recherche ethnographique comme étant
l’étude de groupes de personnes dans leur quotidien257. Pour eux, celle-ci implique deux activités
principales : (1) s’intégrer à un certain milieu social et apprendre à connaître ceux et celles qui le
composent et (2) prendre des notes sur l’expérience. Ces deux activités interconnectées constituent le
cœur de la recherche ethnographique. Il faut une réelle participation dans un monde social initialement
étranger et la production de récits qui s’appuient sur cette participation.

2. Conditions, démarche et pratiques

La condition fondamentale pour qu’il s’agisse d’une enquête ethnographique : il faut enquêter
sur un milieu d’interconnaissance, sur un milieu où les « personnes se connaissent mutuellement de vue,
de nom, d’expérience. Chaque personne est au centre d’une étoile d’interconnaissance. La superposition
dense de ces étoiles constitue un milieu d’interconnaissance 258 ».

Par analyse la technique ethnographique permet de réaliser l’étude des traditions, us, mœurs et
coutumes de populations déterminées et de collecter des données ou informations dans un système
complexe pour comprendre la dynamique autour des objets. Elle est généralement une étude réalisée sur
le terrain qui vise à observer le comportement des tribus ou des groupes sociaux dans leurs usages et
habitudes quotidiens.

L’essentiel en tout cas est que l’observation participante conduise à des enquêtes individuelles
ou de groupes de discussion menées à l’aide de guide d’entretien, de camera, d’appareil photographique,
de magnétophone et de bien d’autres instruments actuels permettant la collecte de données quantitatives
et qualitatives pour constituer les informations – corpus qu’il faudra analyser et interpréter.

256
BEAUD St. et WEBER Fl., Guide de l'enquête de terrain. Produire et analyser des données ethnographiques, La
Découverte, Paris, 1998, p.16.
257
Robert M. Emerson, Rachel I. Fretz et Linda L. Shaw, Writing Ethnographic Fieldnotes, Chicago, University of Chicago
Press, 1995, p. 1 cité par FORTIN, V., « L’ethnographie en Droit », in La recherche empirique en Droit, op. cit., p. 34.
258
Ibidem, p.40.
136

Il s’agit fondamentalement, par l’analyse, d’accéder au sens qualitatif enfoui dans les
représentations, de dégager la teneur ethnographique d’un corpus, de mettre à nu à l’intérieur des
données ethnographiques la vérité des faits d’une culture.

A titre d’exemple : le fait de mener une étude ethnographique sur les pratiques de médecine
traditionnelle dans les milieux péri-urbains et ruraux du Haut-Katanga en vue de leur règlementation259.

Le travail d’analyse au sens plein ne peut être confié sans précaution ni disposition particulière à
des logiciels, qui aident à analyser les données. Le traitement des données par l’outil informatique, par
l’« Epi info » par exemple, est utile à un certain niveau, quand il y a un besoin de quantifier des
informations. Les logiciels sont capables de dépouiller, d’ordonner mais ils ne sont pas encore capables
d’accéder au sens qualitatif des données ; ils ne peuvent ni les expliquer ni les commenter ; ce sont des
techniques pour quantifier et non pour réfléchir sur la teneur ethnographie d’un corpus.

Les résultats d’enquête analysés devront être interprétés, c’est-à-dire expliqués, traduits260.
L’interprétation veut donner sens à partir des théories auxquelles elle a recours.

3. Enquête ethnographique dans la recherche juridique (quelques particularités)

Faire une ethnographie juridique aujourd’hui, c’est se pencher sur le Droit, étudier la réception,
la perception, la mise en œuvre du Droit, étudier les institutions juridiques, étudier le Droit tel que vécu,
subi, mobilisé par les acteurs. L’ethnographie juridique est une ethnographie réellement engagée envers
le Droit. Elle le prend au sérieux, elle étudie les processus juridiques complexes et ne le confine pas à
une boîte noire homogène et uniforme261.

L’ethnographie juridique peut par exemple faire des technicalités du Droit : On les interroge, on
les explicite, on les remet en question, ce qui nous permet de concevoir le Droit non seulement comme
le produit de forces sociales et politiques mais comme faisant partie d’un ensemble plus vaste de
pratiques du savoir.

L’ethnographie juridique se traduira ainsi, par exemple, par des observations en salle de cours
et tribunaux, dans les couloirs du palais de justice, par des discussions informelles ou des entretins plus
formels, par des analyses documentaires où les documents juridiques deviennent des artéfacts (soit des
pièces culturelles à analyser et interpréter, tant sur la forme que sur le fond), et plus encore ; des
analyses juridiques sur des thèmes touchant aux réalités culturelles des peuples ; etc.

Au demeurant, l’ethnographe a le loisir d’expliquer le comment et le pourquoi des choses ainsi


que le sens des expériences, ce qui n’est pas nécessairement possible quand on met en relation deux
variables quantitatives par exemple. Ou quand on fait quelques entretiens avec des personnes ciblées.
Par son immersion prolongée, l’ethnographe acquiert une compréhension fine du sujet et de son
contexte. Lorsqu’elle est juridique l’ethnographie peut grandement contribuer à l’avancement des
connaissances, car elle permet d’apporter un éclairage différent sur les processus juridiques.

259
Sur l’usage de la cette technique, v. NDJEKO KALUME L’AEA, A., Statut juridique de la médecine traditionnelle en
République démocratique du Congo. Contribution à l’étude d’une réglementation appropriée, Thèse en Droit, UNILU, 2022,
pp.261, pp. 267-272 (Section 2 : Cadre empirique).
260
v. par ex. NDJEKO KALUME L’AEA, A., op. cit., pp. 273-296 ( Chapitre 4. Résultats des recherches et discussions,
Section 1. Présentation des résultats, Section 2. Discussion et interprétation des résultats).
261
FORTIN, V., « L’ethnographie en Droit », in La recherche empirique en Droit, op. cit., p. 42.
137

Ainsi, Darian-Smith a souligné la sensibilité de l’ethnographe262. L’ethnographe qui montre un


engagement envers le Droit doit faire preuve de sensibilité : il est attentif à son entourage, attentif au
pouvoir transformateur de sa recherche, attentif aux situations que vivent ceux et celles avec qui il
travaille, attentif aux technicalités du Droit, à sa matérialité. Et c’est sa sensibilité, son intimité avec les
sujets et acteurs du Droit, ainsi que sa capacité à être surpris et à improviser qui lui permettent de parvenir
à une perspicacité et à des intuitions théoriques créatives. Et Mariana Valverde nous invite à « étudier le
Droit qui se présente sans fanfare263, et à le regarder de la perspective de la fourmi plutôt qu’à vol
d’oiseau pour en étudier les recoins qui semblent les plus anodins ». C’est exactement ce que fait le
juriste ethnographe : guidé par la rigueur de l’improvisation et par ses multiples identités, il parvient à
révéler des éléments invisibles au chercheur principalement consacré à la jurisprudence ou à la
législation.

§3. Les méthodes de recherche juridique

A. Retour sur la notion de la méthode dans la recherche juridique

Dans cette étape le chercheur devra expliquer la manière dont il est parvenu au résultat, la voie
qu’il a empruntée pour atteindre son point d’arrivée.

Dans le cadre purement de recherche juridique (et non de l’application du Droit), nous pouvons
dire que « la méthode est une manière de guider le raisonnement juridique dans ce processus
systématique et rigoureux conduisant à l’acquisition de nouvelles connaissances (recherche
scientifique) ».

En recherche juridique, le choix de la méthode ne procède pas du hasard ni de l’arbitraire du


chercheur. C’est la nature ou la typologie de la recherche qui détermine ce choix.

Les méthodes en Droit sont les mêmes que celles couramment utilisées en sciences sociales. Ce
qui les différencie c’est le fait qu’en Droit ; ces méthodes ont pour objet : l’étude des règles existantes ;
l’étude des organisations et l’analyse des situations à implication juridique.

Les règles existantes peuvent porter sur l’efficacité ou l’inefficacité d’une règle, son effectivité,
son efficience, sur la contrariété des jurisprudences, sur les conflits de compétence entre les organes ou
les agents etc.

Les organisations sont des structures publiques ou privées qui interviennent lors de l’exécution
ou l’application des règles de Droit.

Les situations à implication juridique sont d’abord et avant tout des faits sociaux.

Ainsi :

- Pour l’étude des règles existantes, nous avons entre autres, l’herméneutique, l’exégèse
juridique ; la téléologie, …

- Pour l’étude des organisations, les méthodes structurelle, fonctionnelle, la systémique etc.

262
Eve Darian-Smith, Ethnographies and law, Burlington, Ashgate Publishing, 2007, p. xviii cite par FORTIN, V., «
L’ethnographie en Droit », in La recherche empirique en Droit, op. cit., p. 54.
263
Mariana Valverde, Everyday Law on the Street: City Governance in an Age of Diversity, Chicago, University of Chicago
Press, 2012, p. 7 et 8 cité par FORTIN, V., op. cit., p. 54.
138

- Pour l’étude des situations à effets juridiques, les méthodes dialectique, comparative,
historique, etc.

Mais il convient de préciser qu’il s’agit des méthodes d’interprétation des données collectées. La
méthode d’interprétation est celle qui coordonne l’ensemble des outils linguistiques et rationnels
permettant de faire apparaître la signification d’un texte ou d’un fait (ou même d’une partition musicale
ou d’une pièce de théâtre264), etc. Et une triangulation, ou encore, une combinaison de deux ou
plusieurs de ces méthodes dans un travail de recherche est possible.

B. Quelques méthodes dans la recherche juridique

Sans souci d’exhaustivité, voici une description de chacune de ces méthodes :

1. La méthode exégétique ou l’exégèse juridique

a. Portée de la méthode

Etymologiquement, l’exégèse (du latin exegesis = conduire, expliquer), est une interprétation
philosophique et doctrinale d’un texte dont le sens et la portée sont obscurs. Elle est aussi définie comme
une science qui consiste à établir, selon les normes de la critique scientifique, le sens d’un texte
particulièrement de la Bible. L’interprétation d’un texte se fondant notamment sur des bases
philosophiques. Le Droit a donc emprunté cette méthode de l’exégèse canonique, biblique, ou
traditionnelle.

En Droit, la méthode exégétique consiste à l’interprétation et la compréhension des textes par


la recherche de l’intention du législateur. Cette méthode n’est pas à confondre avec la méthode
juridique, qui est vaste et non précise : une méthode est donc juridique quand elle intervient dans
le domaine juridique (la méthode juridique permet de guider le raisonnement juridique, d’orienter la
raison dans les méandres tortueux de la matière juridique265).

En d’autres termes, c’est « une méthode littérale et subjectiviste, elle s'attache à rechercher
l'intention du législateur (conçue comme une donnée empiriquement observable, un fait
psychologique et historique), et ce à l'aide de la formule de la loi 266».

L’interprétation exégétique consiste à expliciter la volonté du législateur qui a été à l’origine de


la norme. Elle est fondée sur le dogme de l’omnipotence du législateur : tout le Droit est contenu dans
la loi.

Et c’est un principe essentiel de la doctrine de l’exégèse : un texte ne vaut rien par lui-même,
mais seulement par la volonté du législateur qu’il est censé traduire.

Cette doctrine a été développée par l’Ecole de l’exégèse qui s’est rendue célèbre au cours du
ème
XIX siècle, principalement entre 1840 et 1890, mais qui, malgré les critiques lui adressées, a toujours
ses partisans aujourd’hui267.

Pour les exégètes, seule compte, en définitive, la volonté du législateur qui a produit la norme.
C’est à cette volonté qu’il faut se plier, aussi sévère soit-elle, aussi contraire même soit-elle aux principes

264
BOUILLON, H., La technique juridique. Essai, Harmattan, Paris, 2016, p. 40.
265
Ibidem, p. 39.
266
OST, Fr. et KERCHOVE, M., De la pyramide au réseau, op cit., p.300.
267
v. REMY, Ph., « Eloge de l’exégèse », in Revue de la recherche juridique, 1982, pp. 254 – 262 cité par DELNOY, P.,
Eléments de méthodologie juridique, op. cit., p.99.
139

généraux du Droit ou à l’équité. A l’inverse, en dehors d’elle, c’est le non-droit. Le législateur étant seul,
habilité à limiter la liberté des individus.

La doctrine de l’exégèse se trouve bien résumée dans le rapport qu’Aubry a fait en 1857 dans un
discours de rentrée de la Faculté de Droit de Strasbourg : « toute la loi, dans son esprit aussi bien que
dans sa lettre, avec une large application de ses principes, et le plus complet développement des
conséquences qui en découlent, mais rien que la loi, telle a été la devise des professeurs du code
napoléon 268».

Selon Charles Demolombe, un des grands noms de l’exégèse, en théorie, l’interprétation, c’est
l’explication de la loi : interpréter, c’est découvrir, c’est élucider le sens exact et véritable de la loi. Ce
n’est pas changer, modifier, innover ; c’est déclarer, c’est reconnaître. L’interprétation peut être plus ou
moins ingénieuse ou subtile ; elle peut même parfois prêter au législateur des vues, des intentions qu’il
n’avait pas… meilleures ou moins bonnes ; mais enfin, il faut qu’elle n’ait pas la prétention d’avoir
inventé ; autrement elle ne serait plus de l’interprétation269 ». A la même époque, les travaux et de
François Laurent270, de Julien Bonnecase271 et de bien d’autres auteurs soutiennent aussi ardemment
cette méthode.

Il y avait donc au XIX -ème siècle une sorte de l’ontologie272 légaliste : le Droit c’est la loi. Il
y avait une confiance aveugle dans le législateur, un culte du Code civil. Mais pour Hans Kelsen au
XXe siècle, le Droit c’est la valeur des règles, le Droit n’est pas dans les faits. La norme c’est une
signification, c’est un sens. C’est une ontologie idéaliste. Pour Kelsen, le sens d’une règle n’est pas
forcément le sens que lui prêtre l’auteur de la règle parce qu’il faut que ça soit le sens qui valle aux yeux
de tout le monde et non pas seulement aux yeux du législateur273.

L’effort exégétique est donc un effort qui vise la compréhension du texte original restitué dans
le contexte au sens large (contexte culturel, géographique, historique, syntaxique, littéraire etc.).

b. Avantages de la méthode exégétique


La méthode exégétique a des aspects positifs274, qu’il sied de citer :
- L’interprétation exégétique se veut respectueuse du principe de répartition des pouvoirs
constitutionnels. C’est au législateur, porte-parole de la Nation, qu’il appartient de faire la loi.
Les cours et tribunaux n’ont pas à créer le Droit ; ils ont seulement à apprécier les faits concernés,
à voir par quelle loi ils sont pris en considération et à énoncer ce qu’elle en dit.
- L’interprétation exégétique des textes assure la sécurité juridique. Elle garantit, certes, la
permanence du sens des lois, en sorte qu’elle garantit que les comportements seront appréciés
demain selon une règle comprise comme elle l’était au moment où ils ont été adoptés.

268
AUBRY cité par BONNECASE, J., L’Ecole de l’exégèse en Droit civil, éd. De Boccart, Paris, 1924, p. 134.
269
DEMOLOMBE, Ch., Cours de Code Napoléon, Paris, Auguste Durand, 1845, t.I, n°155, pp.125-126 cité par DELNOY,
P., op. cit., p.103 ; DEMOLOMBE, Ch., Cours de Code Napoléon, L. III, Titre III, Ed. A. Durand et L. Hachette et Cie, Paris,
1882, pp.125-126.
270
v. LAURENT, Fr., Principes de Droit civil français, t.15, A. Durand, Paris, 1872
271
v. BONNECASE, J., L’Ecole de l’exégèse en Droit civil, op. cit.
272
En général, quand on fait de l’ontologie du Droit on se demande où est le Droit ? Quel est l’être du droit. Est-ce que le
Droit est le discours du législateur ou est-ce que c’est plus subtil que ça ? Est-ce que c’est le phénomène qui n’est que le reflet
d’une réalité cachée à deviner ?
273
KELSEN, H., Théorie pure du Droit. Introduction à la science du Droit, op. cit., p.30.
274
v. DELNOY, P., op. cit., pp.106-107.
140

c. Notions de lecture et d’interprétation des textes

Pour bien interpréter un texte quelconque, la première condition est de bien comprendre le texte.
Cela suppose une bonne connaissance de la langue mais aussi la capacité de saisir les divers aspects du
contexte au sens large.

De ce fait, les textes doivent être lus correctement, compris et interprétés, il s'agit d'un savoir-
faire dont l’acquisition se fait tout au long des études de Droit et de la vie professionnelle.

Notre propos est d'attirer d'emblée l’attention des juristes sur un certain nombre d'aspects relatifs
à la présentation formelle des textes, dont certains s'avèrent utiles pour en saisir toute la portée, d'autres
présentant un intérêt essentiellement heuristique (i). Il s'agit, ensuite, d’introduire à la recherche des
travaux préparatoires auxquels recourent certaines méthodes d'interprétation (ii).

i. Présentation formelle des textes

- Aperçu de différents éléments d’un texte de loi :

a) Le dispositif

Le dispositif est la partie d'un texte qui consacre la volonté de son auteur. Il comporte la
formulation des règles nouvelles, ainsi qu'un certain nombre de dispositions destinées à assurer la
concordance de ces règles avec la législation et la réglementation en vigueur (dispositions modificatives
et abrogatoires et éventuellement, dispositions transitoires), à fixer le moment de l’entrée en vigueur du
texte. L’entrée en vigueur peut être immédiate, avancée ou différée et à déterminer éventuellement par
l’autorité chargée de l'exécution.

Quant à la structure générale du texte de loi, retenons qu'il se compose des articles,
éventuellement divisés en alinéas. Le groupement normal d'articles se fait en chapitres, lesquels peuvent
être divisés en sections, éventuellement subdivisées en sous-sections. Le groupement des chapitres se
fait en titres ; celui des titres, en livres ; celui des livres, en parties.

Les dispositions relatives au champ d'application et aux définitions figurent généralement au


début du texte. Les derniers articles contiennent des dispositions abrogatoires, modificatives et
transitoires, ainsi que celles relatives à l'entrée en vigueur. Les dispositions transitoires sont en principe
placées devant les dispositions abrogatoires.

b) Le protocole

Le protocole est destiné à identifier le texte et leur auteur, à faire foi de leur légalité et de leur
régularité, et parfois justifier leur opportunité ou à renseigner sur f identité de textes cites ou réfères au
dispositif. Il renferme les éléments suivants :

- La date : tout texte est daté. La date d’une loi (au sens stricte) est celle de sa promulgation par le
Président de la république. La date des autres actes réglementaires (ordonnances, décrets) est
celle de leur signature par leurs auteurs.

- L’intitulé : c'est le "titre" qui indique dans la mesure du possible l’objet du texte. Certains intitulés
sont clairs et précis, d'autres sont vagues, voire incompréhensibles.

- Le Préambule : mentionne d'abord, sous la forme de "visa", la base juridique du texte, son
fondement. Quel est l’intérêt d’une telle indication ?
141

Toute disposition légale ou réglementaire doit trouver son fondement dans la "loi". La
connaissance précise du fondement du texte auquel on est confronté permet d'en apprécier la légalité.

La mention, au préambule, de la base juridique présente un autre intérêt, heuristique celui-là. S'il
est bien rédigé, il permet d'éviter de longues recherches.

Le préambule mentionne aussi, toujours sous la forme de "visa", les textes que le règlement tend
à modifier et, parfois, les règlements dont la référence est jugée utile. Il arrive que l'auteur du texte
indique, dans le préambule, une justification d’opportunité, sous la forme de « considérant ».

(ii). Les travaux préparatoires

Outre ce qui est développé ci-haut, une méthode privilégiée d'interprétation consiste dans la
consultation des travaux préparatoires, c'est-à-dire l'ensemble des documents relatant les étapes
d’élaboration du texte275. Cette technique permet de découvrir le ratio legis de la norme ou la raison
d'être de la loi. Pourquoi cette loi ? Quels sont ses objectifs ? Quelles lacunes entend-elle combler ?
Quelles améliorations s'efforce-t-elle d'apporter ? Quelles sont les intentions du législateur lorsqu'il
utilise tel terme ou modifie telle expression ? A-t-il envisagé l'application de cette norme à telle situation,
qu'il ne prévoit pas expressément ? On notera que les réponses fournies éventuellement par les travaux
préparatoires ne revêtent aucune valeur normative ; elles ne constituent qu'un élément d'information et
ne prévalent en tout cas pas sur le texte lui-même.

Cependant, en présence d'un texte clair, il n'y a pas lieu de recourir aux travaux préparatoires en
vertu de l’adage : « Clara non sent interpretanda ». Les opinions exprimées au cours des travaux
préparatoires ne sauraient attribuer à la loi une portée différente de celle résultant du texte ; elles ne
peuvent suppléer à l’absence d'une disposition dans le texte même de la loi.

L'intérêt pratique de la consultation des travaux préparatoires varie en fonction de la matière


étudiée et des questions posées. Cette consultation est indispensable lorsqu'il s'agit des textes récents
n'ayant pas encore fait l'objet de commentaires doctrinaux ou de décisions jurisprudentielles. En
revanche, si le sens et la portée d'un texte ont déjà été dégagés par une jurisprudence et une doctrine
constante, le recours des travaux préparatoires s'avère moins nécessaire, si ce n'est pour contrôler le
travail d'interprétation effectué par les magistrats et les chercheurs. Il n'empêche que, pour les textes
anciens, une nouvelle question peut surgir.

Les travaux préparatoires sont généralement consignés dans les documents suivants : -Les
Documents parlementaires (Doc. Part.) : Il s'agit généralement de documents se croisant en deux parties
: les documents de la Chambre et ceux du Sénat (dans le parlement Bicaméral comme en Droit
Congolais) dans lesquels sont consignées les étapes initiales de l'élaboration des dispositions législatives
ainsi que des dispositions constitutionnelles qui sont distribuées aux parlementaires avant la discussion
en séance publique.

-Les Annales parlementaires (Ann. Part) : A l'instar des Documents parlementaires, les annales sont
aussi, en cas de bicaméralisme divisées en deux parties. Chacune contient le compte rendu authentique
et intégral des discussions en séance publique, ainsi que le résultat des votes. Le classement, par session
est chronologique. On notera que les Annales reproduisent également les débats des réunions publiques
des commissions.

275
v. par ex. FENET, P-A., Recueil complet des travaux préparatoires du Code civil, t.12 (éd. Videcoq, 1836), Rééd.
Hachette, Paris, 2018, 650 p.
142

-Le compte rendu analytique (C.R.A) relatant, sous la forme de résumé, les débats de deux Chambres
(dans le système bicaméral), il tient lieu de procès-verbal provisoire des discussions et votes qui s'y
déroulent.

-Le Bulletin des questions et réponses (Bull. Q. R.) : cette publication reprend le texte des questions
posées par les parlementaires aux membres du gouvernement et les réponses qui y sont apportées.
143

c. Des moyens et procédés de la méthode exégétique

Dans cette recherche de la volonté du législateur, qui confère à la méthode exégétique un


aspect psychologique, le juriste emploiera deux sortes de moyens qui rapprochent son rôle de celui
de l'historien. On se référera aux précédents historiques, lorsque la loi apparaît inspirée de textes
anciens ou de la tradition. On attachera une grande importance aux travaux préparatoires, c'est-à-
dire aux procédés des motifs des projets de lois, aux rapports présentés, aux procès-verbaux des
discussions des commissions et assemblées276. On fera aussi recours à la sémantique : recours à
l’analyse grammaticale et logique du texte, afin de préciser le sens et la portée de la loi (voir méthode
textuelle, méthode historique subjective, etc.).

A ces moyens, on ajoutera des procédés logiques, qui tendent à rapprocher le Droit d'une
science exacte. Des procédés ont été ainsi proposés : l'interprétation analogique, qui est l’opération
intellectuelle de comparaison, qui consiste à étendre la règle proposée pour un cas, à un cas il
analogue. Cette comparaison des cas se fait à la lumière de la raison de la loi, et permet de d'étendre
une solution posée pour un cas, à un autre cas non prévu par la loi. Il s’agit de procéder au
raisonnement a pari ou horizontal.

Dans l’interprétation a contrario, de ce que le législateur a arrêté telle règle pour tel cas,
l’interprète suppose que, dans le cas contraire, la solution opposée doit être adoptée277.

Dans l'interprétation a fortiori, l'interprète tire d'une proposition, une autre proposition qui
doit être à plus forte raison admise parce que la raison qui justifie la première affirmation, se retrouve
avec plus de force dans la seconde. Par exempte lorsqu'une personne est mandatée pour faire des actes
importants comme des actes de disposition, a fortiori est-elle également mandatée pour accomplir
des actes mais graves, comme des actes d'administration. On peut tout aussi recourir à l’interprétation
par l’esprit du texte, par implication, etc.

On voit que ces procédés logiques, sont « simplement » d’arguments à faire valoir pour étayer
un raisonnement et non de théories qui permettent de démontrer de manière irréfutable une conclusion
: en Droit, on ne calcule pas, on juge.

d. Critiques adressées à la méthode exégétique et alternatives proposées

La doctrine de l’exégèse ne pouvait qu’installer chercheurs et juges dans le confort intellectuel


de la certitude du Droit et dont le statisme prenait de l’ampleur, au détriment de son adaptation à
l’évolution de la société. Elle fortifiait l’autorité de l’Etat en annihilant toute velléité de sens critique
des lois au nom du Droit naturel ou de toute autre conception de la justice ; elle se situait ainsi en
dehors du champ habituel de la philosophie du Droit puisqu’elle excluait toute recherche des fins278.
Elle ne permet donc pas de suggérer aux juristes une adaptation plus libérale des textes aux réalités
de la vie moderne, plutôt que de s’en tenir à l’intention du législateur et à l’artifice du postulat d’un
légalisme outrancier, présupposant que tout est dans la loi et qu’il suffit de l’en extraire, fut-ce par
usage abusif des procédés de la logique déductive, érigée en méthode souveraine d’interprétation.

276
MWANZAO IDIN AMINYE, E., Cours de méthodologie juridique, op. cit., p.9.
277
PAPAUX, A. et CERUTTI, D., Introduction au Droit et à la culture juridique, vol. 2, Schulthess Éditions Romandes,
Zurich, 2021, p.173.
278
OPPETIT, B., Philosophie du Droit, Dalloz, Paris, 1999, p.59.
144

Déjà bien d’auteurs ont pu dénoncer l’excès de dogmatisme qui risque d’endormir la
recherche juridique, alors pourtant que le contexte social et culturel au sein duquel s’inscrit son objet
se fait de plus en plus mouvant. Benoit Frydman, par exemple, écrit à ce sujet : « En un mot, la
doctrine de l’exégèse est à la fois flottante quant à la méthode et politiquement ambiguë dans la
mesure où elle privilégie sans discernement une interprétation conservatrice de la règle de Droit, qui
bloque pour ainsi dire le sens de la loi au jour de son élaboration279 ». A son tour, Boris Barraud met
en exergue la différence fondamentale qui existe entre des travaux imprégnés de dogmatisme,
d’aucuns qualifient de manière on ne peut plus symptomatique la science du Droit positif de «
dogmatique juridique » et des travaux reposant sur des études scientifiques et sur des pensées
critiques280.

En bref, les limites et critiques se résument en ce que :

- Spécialement lorsque le texte en vigueur est ancien, il est inutile de rechercher la volonté
du législateur lorsqu'il est acquis que le problème posé est nouveau et n'a pu être envisagé
par le législateur. L’exégèse respecte la volonté du législateur comme si elle était
invariable. Or les courants idéologiques qui traversent le Parlement changent avec le temps.
Faut-il rester fidèle à la volonté originelle du législateur tant qu’il n’a pas modifié le texte des
lois ? Cela parait plus difficile que le législateur met de plus en plus de temps à réformer les
lois et à les adapter aux idées et à la situation du moment. A ce sujet Pescatore écrit que « la
méthode exégétique, s’attachant à la volonté historique (du législateur), a tendance à figer le
Droit et elle le rend peu à peu anachronique281 ».

- Même si te texte est récent, le législateur ne prend pas toujours grand soin à la rédaction
des lois et n'envisagent pas toujours toutes les difficultés juridiques que son texte ne manquera
pas de susciter ;

- De surcroit, le législateur est une entité abstraite et non une personne unique, il est
difficile de déceler la volonté des députés et des sénateurs : il y a rarement une volonté
uniforme et certaine, le texte est souvent le résultat d'un compromis. On sait que le
parlement est traversé par des courants idéologiques divergents et les majorités parlementaires
se forment grâce à la coalition de groupes dont les objectifs sont, sur certains points, opposés.
Et dans ce cas les députés ou sénateurs parviennent à adopter des textes en n’étant qu’en
apparence d’accord sur le sens à leur donner. A ce sujet, Frydman fait une analogie en écrivant
que « Cette technique d’interprétation a pour elle la (fausse) apparence de l’évidence. Elle
pose cependant des difficultés tant dans son principe que dans sa mise en œuvre. Si l’on peut
comprendre qu’un critique littéraire recherche à travers et au-delà d’un texte littéraire
l’intention secrète de l’écrivain, son état d’esprit, une telle recherche de type psychologique
est sujette à caution lorsqu’elle touche le législateur, qui n’est qu’une métaphore commode
pour désigner un processus législatif compliqué, qui associe de multiples acteurs. Comment
un juge, aussi fin psychologue soit-il, pourra-t-il découvrir les intentions secrètes que cet être
mythique a omis de transcrire dans le texte de la loi ? Une telle recherche peut-elle se parer
de l’autorité de la science et supprimer le pouvoir d’appréciation subjectif du magistrat, que
la Modernité dénonce comme arbitraire et liberticide ? 282».

279
FRYDMAN, B., Les transformations du Droit moderne, Fondation Roi Baudouin, Bruxelles, 1998, p.26.
280
BARRAUD, B., La recherche juridique, op. cit., p. 527.
281
P. PESCATORE, Introduction à la science du droit, Luxembourg, office des imprimés de l’Etat, 1960, p.333 cité par
DELNOY, P., op. cit., p.107.
282
FRYDMAN, B., Les transformations du Droit moderne, op. cit., p.25.
145

Face aux critiques formulées contre la méthode exégétique, des idées nouvelles « des Ecoles
scientifiques » ont vu le jour pour faire face à « l’Ecole de l’exégèse ». Le monopole de la
formulation des règles de Droit par la loi est donc contesté. On oppose aux « règles de papier » des
codes, le Droit issu de la pratique tel qu’il se dégage de l’observation de la société et des décisions de
la jurisprudence. On remet en cause « le dogme de la plénitude de la loi écrite », c’est-à-dire sa
vocation à fournir une réponse à l’ensemble des questions juridiques. La loi ne peut prévoir tous les
cas et ne manifeste d’ailleurs guère le souci de régir toutes les situations. « Dans bon nombre
d’espèces, la loi ne prévoit rien. Déterminer dans ces circonstances la volonté du législateur relève de
la fiction. Le plus souvent, les parlementaires n’ont tout simplement pas envisagé le problème, qui ne
se posait sans doute pas au moment de légiférer. Quand bien même ils l’auraient envisagé dans les
travaux préparatoires, la solution ainsi découverte se révélera souvent inadéquate pour les temps
présents 283».

Que faire dans tous ces cas où la loi présente des lacunes ou porte les marques de la
désuétude ? Les diverses alternatives proposées relèvent d’une commune inspiration.

De manière générale, l’interprète devra s’en tenir à quelques principes : - même en présence
des textes nouveaux, tout n’est pas dans la loi et - la loi nouvelle peut intentionnellement utiliser des
lacunes intra legem et notions-cadres qui, par définition attendent de l’interprète un travail créateur.

Pour la doctrine, il faut se détacher des termes de la loi et de l’intention historique pour
considérer le but poursuivi, en adaptant aux circonstances les moyens de l’atteindre, propose Von
Jhering284. Il faut interpréter les termes de la loi à la lumière, non de l’intention du législateur
historique, mais en se figurant la volonté qu’exprimerait le législateur s’il avait à se prononcer
aujourd’hui, dit Raymond Saleilles285. La solution la plus nette est formulée par François Gény, qui
propose de cantonner l’empire de la loi aux cas que ses auteurs ont expressément voulu régler et à
laisser tous les autres à la compétence discrétionnaire du juge, qui trouvera la meilleure solution par
le moyen d’une « libre recherche scientifique ».

Gény a d’abord critiqué, « l’art juridique, limité à la pure et simple interprétation des lois 286»
et contesté ensuite le monopole de la loi, insuffisante par elle-même à satisfaire toutes les exigences
des rapports humains, qui méritent reconnaissance juridique. La loi admet à côté d’elle, d’autres
sources formelles du Droit positif, à défaut des quelles reste encore une place nécessaire à la libre
recherche scientifique. Cet auteur avec qui nous partageons le même point de vue, met l’accent dans
sa méthode d’interprétation sur le principe de l’incomplétude de la loi. De même les tenants du Droit
praxéologique (à l’instar de Dominique Darbon, Jean Du Bois de Gaudusson 287, Boaventura de

283
Ibidem, p. 39.
284
v. VON JHERING, R., Lutte pour le Droit (trad. De l’allemand par O. MEULENAERE), Librairie Marescq Ainé,
Paris, 1890.
285
SALEILLES, R., « Quelques mots sur le rôle de la méthode historique dans l’enseignement du Droit », dans Rev.
intern. de l’enseignement, 1890, 1e , t. XIX, pp.482-503 ; « Fondement et développement du Droit », dans Rev. intern.
de l’enseignement, 1890, 2e, t. XXII, pp.39-46 ; « Droit commercial comparé. Contribution à l’étude des méthodes
juridiques », dans Annales de Droit commercial, 1892, t. V., 2, p.217-227 cité par GENY, Fr., Méthode d'interprétation
et sources en Droit privé positif, t. 1, 1e éd., LGDJ, Paris,1919, p.13.
286
GENY, Fr., Méthode d'interprétation et sources en Droit privé positif, op. cit., p.3.
287
DARBON, D et DU BOIS DE GAUDUSSON, J. (dir.), La création du Droit en Afrique, Karthala, Paris, 1997, 497 p.
146

Soussa Santos288, Samba Thiam289, Musafiri Nalwango290, Shalukoma291, Kambaji wa Kambaji292, ..)
favorables à une législation sociologique, parlent de plus en plus de la méthode praxéo-exégétique.
Pour rappel, Musafiri Nalwango renseigne que « le Droit praxéologique, opposé du droit formaliste
et abstrait, est une science juridique qui puise essentiellement ses sources épistémologiques,
méthodologiques, théoriques et expérimentales de la praxéologie sociologique. Il est fondé sur le vécu
social, les pratiques sociales des peuples et vise la défense et la promotion des libertés et droits
fondamentaux des citoyens293. Comme la sociologie praxéologique, elle se veut une connaissance
existentielle, contingente, interventionniste et prospective ». Autrement dit, le Droit praxéologique,
étant une théorie qui vise à élaborer « une science juridique africaniste qui n’existe pas encore294 »,
est voué à la recherche juridique empirique et interdisciplinaire.

2. La méthode herméneutique
a. De l’herméneutique en général

Etymologiquement l’herméneutique (du grec hermeneutikè) est la théorie de la lecture, de


l’explication et de l’interprétation des textes. Originairement, elle est une science des règles
permettant d’interpréter la Bible et les textes sacrés, d’en expliquer le vrai sens.

L’herméneutique est aussi ancienne que le sont les religions, les spiritualités, et la philosophie.
Pour preuve, Aristote, dans son traité De l’interprétation (Organon II), avait défini des règles
essentiellement logiques d’interprétation des textes. Il y développe notamment sa théorie du jugement
affirmatif et négatif, de la contradiction et de la contrariété.

Les herméneutes médiévaux (Thomas d’Aquin, Averroès, Duns Scot…) que contemporains
(Friedrich Schleiemacher, Paul Ricoeur, Umbero Eco , Gadamer, Dworkin…) se réclament également
de la philosophie aristotélicienne, mais davantage de la Poétique et de la Rhétorique que de l’Organon
à proprement parler, ce dernier étant plutôt vu comme un prélude à l’élaboration du discours
scientifique, que comme un ensemble de traités sur l’interprétation concrète des textes en général.

Au sens classique du terme, herméneutique désignait autrefois l’art d’interpréter les textes.
Cet art s’est surtout développé au sein des disciplines qui ont affaire à l’interprétation des textes sacrés

288
DE SOUSSA SANTOS, B., Vers un nouveau sens commun juridique. Droit, science et politique dans la transition
paradigmatique (tad. de N. Gonzales), LGDJ, Paris, 2004.
289
SAMBA THIAM, Introduction historique au Droit en Afrique, Harmattan, Paris, 2011, 201 p.
290
MUSAFIRI NALWANGO, P., Les Pièges Symboliques et Violation des Droits Humains en Droit Positif Congolais.
Contribution critique à l’élaboration du Droit praxéologique, éd. La dialectique, Lubumbashi, 2014, 302 p.
291
SHALUKOMA NTAHULIGANA MWENE-LARHA, Du Droit africain bantu, TéleEsprit Editions unies, Rome,
2004, 444 p.
292
KAMBAJI WA KAMBAJI (dir.), Dictionnaire critique du Kambajisme. Pour mieux comprendre la société, ses
maîtres oppresseurs et ses peuples opprimés à la lumière de la Praxéologie sociologique, Ed. La Dialectique, Kinshasa,
2006, p.87 et s (cité par Musafiri), v. la praxéologie sociologique (synonyme du Kambajisme) : est une étude sociologique
de la praxis ou pratique sociale considérée dans sa totalité, c’est-à-dire sous ses différentes formes ou manifestations
(politique, économique, religieuse, théologique, culturelle, juridique, idéologique, journalistique, enseignante,
scientifique, philosophique, langagière, etc). Donc, la praxéologie sociologique et la sociologie praxéologique constituent
le fondement du Droit praxéologique.
293
MUSAFIRI NALWANGO, P., Les Pièges Symboliques, op. cit., p.193 .
294
MWAYILA TSHIYEMBE, Etat multinational et démocratie africaine. Sociologie de la renaissance, Harmattan, Paris,
2001, p.37 cité par MUSAFIRI NALWANGO, op. cit., p.195 ; DARBON, D et DU BOIS DE GAUDUSSON, J. (dir.),
La création du Droit en Afrique, op. cit. ; NTAMPAKA, Ch., Introduction aux systèmes juridiques africains, Presses
universitaires de Namur, Namur, 2005 ; KOUASSIGAN, G., Quelle est ma loi ? tradition et modernisme dans le Droit
privé de la famille en Afrique noire francophone, éd. Pédonne, Paris, 1971, pp.302 et s. ( v. § II - MÉTHODE
D’ÉLABORATION DES NOUVEAUX DROITS AFRICAINS).
147

ou canoniques, la théologie (qui a élaboré une hermeneutica sacra), la philologie (hermeneutica


profana) et le Droit (hermeneutica juris). L’herméneutique jouissant alors d’une fonction auxiliaire
en ce qu’elle venait seconder une pratique de l’interprétation, qui avait surtout besoin d’un secours
herméneutique lorsqu’elle avait affaire à des passages ambigus ou choquants.

Au début du XIX eme siecle, le théologien Friedrich Schleiemacher est le premier à proposer
une théorie de l’herméneutique générale qui affirme l’utilité de ce modèle en dehors de ses champs
traditionnels, essentiellement biblique et juridique. D’une part, Schleiermacher considère que
l’herméneutique est valable pour tous les types de textes. D’autre part, il suggère que «
l’herméneutique ne doit pas être simplement limitée aux productions littéraires mais doit aussi
s’appliquer à tous les phénomènes de compréhension 295. Selon cette conception plus large,
l’herméneutique enseigne comment interpréter les textes écrits mais aussi les gestes, les situations et
les symboles sociaux, qui sont considérés comme « analogues à des textes ». En réalité, « tout peut
dorénavant devenir objet d’herméneutique »296.

L’œuvre de Schleiermacher est, par ailleurs, à l’origine de la notion de cercle herméneutique.


Cette métaphore exprime l’idée que le texte ou l’analogue d’un texte doit être compris à la lumière
de son contexte. Pour Schleiermacher, chaque texte se situe dans une relation tout -partie : « un texte
ne se comprend que par recours à l’ensemble des textes et l’ensemble des textes ne se comprend que
par la compréhension de chacun »297.

Enfin, il insiste tout particulièrement sur la dimension psychologique de l’herméneutique.


Selon lui, le sens d’un texte correspond à l’intention germinale de son auteur298, ce qui exige de
l’interprète « d’aller au -delà du donné visible, immédiat, pour atteindre le vrai sens, invisible ».
L’herméneutique vise à « comprendre l’auteur mieux qu’il ne s’est lui -même compris »299.

Dans la seconde moitié du XIX eme siècle, un questionnement s’amorce au sujet de la


méthodologie propre aux sciences humaines. C’est dans ce contexte que Wilhelm Dilthey propose
l’herméneutique « comme canon méthodologique des sciences de l’esprit »300. Alors que
Schleiermacher avait fait ressortir la dimension psychologique de l’herméneutique à travers la
recherche de l’intention de l’auteur, Dilthey insiste davantage sur son caractère historique : « les
textes éclairent l’histoire qui, à son tour, permet d’interpréter les textes ». Dilthey reprend l’image du
cercle herméneutique pour décrire les dimensions historiques et culturelles de l’interprétation. À ses
yeux, c’est le monde qui l’entoure qui donne son sens au texte301.

Bien qu’il ait cherché à écarter le positivisme scientifique, Dilthey aspire à une certaine
objectivité des sciences humaines. Ses travaux témoignent cependant de la difficulté d’évacuer la
subjectivité inhérente au travail de l’interprète. Puisque le sens des textes se forge avec l’histoire,
l’interprète ne saurait rechercher uniquement l’intention de leur auteur. Force est d’admettre qu’il lui

295
F. SCHLEIERMACHER, Herméneutique, trad. par Ch. BERNER, Paris, Cerf, 1989, p. 159 cité par CUMYN, M. et
SAMSON, M., « La méthodologie juridique en quête d'identité », in Revue interdisciplinaire d'études juridiques (R.I.E.J),
Vol. 71, 2013/2, p.12, DOI 10.3917/riej.071.0001, en ligne à l'adresse : https://www.cairn.info/revue-interdisciplinaire-
d-etudes- juridiques-2013-2-page-1.htm
296
J. GRONDIN, L’herméneutique, 3e éd., Paris, P.U.F., 2011, p. 20.
297
J. GRONDIN, op. cit., p. 19
298
Ibidem
299
F. SCHLEIERMACHER, op. cit., p. 34. V. aussi GADAMER, H-G., Vérité et méthode : les grandes lignes d'une
herméneutique philosophique, , trad. par E. Sacré, Seuil, Paris, 1976, p. 211.
300
W. DILTHEY, L’édification du monde historique dans les sciences de l’esprit, trad. par S. MESURE, Paris, Éditions
du Cerf, 1988, p. 105 cité par CUMYN, M. et SAMSON, M., art. cit., p.13.
301
J. MOLINO, « Pour une histoire de l’interprétation : les étapes de l’herméneutique (suite) », Philosophiques, vol. 12,
1985, p. 293.
148

faut déchiffrer « un sens qui n’a pas été déposé intentionnellement dans le texte même »302. Or, cet
exercice peut difficilement prétendre à l’objectivité puisque l’interprète est lui -même le reflet de sa
propre histoire (ses préjugés ou ses conceptions entrent aussi dans son analyse)303.

Après que Dilthey ait cherché une façon de les exclure du processus herméneutique, d’autres
auteurs tels que Gadamer contribueront à faire reconnaître le rôle inéluctable, voire nécessaire, des «
préjugés » de l’interprète304. Ainsi, au cercle herméneutique qui relie le texte à son auteur, il
convient de juxtaposer un deuxième cercle décrivant la relation entre le texte et son interprète. Le
processus herméneutique se déploie donc sous une forme hélicoïdale tournant autour du texte305 :

Texte
Pôle de l’auteur Pôle du lecteur
ou de
l’interprète

FIGURE : Cette figure est le modèle herméneutique. Mais il y a 4 flèches


à placer de part et d’autre : chacun de deux acteurs se tourne sur le texte (une flèche) et sur lui-même
(deuxième flèche).

Force est de constater à partir cette figure qu’« il y a entre l’interprète et l’auteur une différence
insurmontable résultant de la distance historique qui les sépare. Toute époque comprend
nécessairement à sa manière le texte transmis (…). Le véritable sens d’un texte, tel qu’il s’adresse à
l’interprète, ne dépend précisément pas de ces données occasionnelles que représentent l’auteur et
son premier public. Du moins il ne s’y épuise pas. Un auteur ne connaît pas nécessairement le vrai
sens de son texte ; l’interprète par conséquent peut et doit le comprendre plus que lui. Ce qui est d’une
importance fondamentale. Le sens d’un texte dépasse son auteur, non pas occasionnellement, mais
toujours. C’est pourquoi la compréhension est une attitude non pas uniquement reproductive, mais
aussi et toujours productive306.

Ainsi, la compréhension en herméneutique devra être comprise comme une attitude


productive de sens d’un texte, elle exige que l’interprète d’un texte puisse arriver à faire la fusion des
horizons. Il s’agit de l’horizon de l’auteur du texte et l’horizon du l’interprète lui-même.

Il ressort que les travaux de ces auteurs et d’autres (Paul Ricoeur307, Harbemas308, Taylor) ont
contribué à développer l’idée qu’il y a inévitablement une dimension herméneutique dans les sciences

302
J. QUILLIEN, « Pour une autre scansion de l’histoire de l’herméneutique : les principes de l’herméneutique de W. von
Humboldt », in La naissance du paradigme herméneutique : De Kant et Schleiermacher à Dilthey, A. Laks et A. Neschke
(dir.), 2 e éd., Villeneuve -d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p.73.
303
CUMYN, M. et SAMSON, M., art. cit., p.14.
304
GADAMAR, H-G., Vérité et méthode, op. cit., pp. 298 et s
305
Le schéma est inspiré de celui que propose K. MATSUZAWA dans le texte suivant : « Réflexion herméneutique sur
la dualité du texte », en ligne : www.gcoe.lit.nagoya - u.ac.jp/eng/result/pdf/01_Matsuzawa.pdf]
306
GADAMAR, H-G., Vérité et méthode, op. cit., p. 303.
307
P. RICŒUR, De l’interprétation, Le Seuil, Paris, 1965 cité CUMYN, M. et SAMSON, M., art. cit., p.15.
308
J. HABERMAS, Connaissance et intérêt, Gallimard, Paris, 1979.
149

humaines. Le texte de Charles Taylor s’inscrit dans cette même ligne de pensée. Il débute en nous
rappelant qu’« il y a trois traits typiques de l’objet d’une science interprétative : il doit avoir un sens
ou une cohérence, ce sens doit être distinguable de son expression, et il doit être pour un sujet 309».

Pour qu’une science puisse être qualifiée d’herméneutique, il faut d’abord pouvoir la rattacher
à un objet susceptible d’interprétation. L’interprétation aura pour but de « rendre clair » cet objet, «
de lui donner un sens 310». Il peut s’agir d’un texte ou d’un élément analogue à un texte.

En clair, cette méthode est donc utilisée dans la compréhension des textes, écrits et images.
Elle est actuellement utilisée dans plusieurs disciplines (la théologie, la philosophie, la logique, les
lettres, l’histoire, …), en l’occurrence, dans la science juridique.

b. De l’herméneutique juridique

Il est courant de définir l’interprétation juridique comme une opération intellectuelle qui vise
à « élaborer le contenu de sens des textes écrits et autres énoncés langagiers dans lesquels sont
fixées les normes juridiques »311. À première vue, l’objet du Droit, en tant que science
herméneutique, paraît donc se rapporter à ses sources dites « formelles ».

En effet, au départ, la tâche du juriste consiste essentiellement à interpréter, puis à appliquer


les textes ou les éléments analogues à des textes qui constituent les sources premières du Droit.
L’interprétation de ces sources ne peut toutefois « être appréhendée que dans le cadre plus vaste du
processus de connaissance de la réalité sociale »312. Autrement dit, il est nécessaire pour le juriste «
de comprendre le sens non seulement des textes écrits (ou autres énoncés langagiers en lien avec le
droit), mais aussi des actes, des gestes et des symboles sociaux qui leur sont associés. Donc, la
compréhension des seconds est essentielle à la compréhension des premiers. Les contextes
d’élaboration et d’application des sources du droit ne sont « pas seulement un cadre de
l’interprétation juridique » ; ils sont eux -mêmes objet d’interprétation313.

Ainsi, en Droit, l’herméneutique a été, depuis longtemps, la méthode privilégiée par les
praticiens du Droit, notamment les juges, les avocats, professeurs de droit et autres, dans le but de
comprendre ce qu’est le Droit, le sens, l’intention et le contexte dans lequel une loi a été adoptée.

La méthode herméneutique permet l’interprétation et la compréhension des textes


juridiques. Elle sert de modèle non seulement pour l’interprétation, l’explication et la
compréhension de l’esprit et de la lettre de la loi mais également pour l’étude de la fonction du
Droit en tant qu’institution de régulation sociale.

309
C. TAYLOR, « L’interprétation et les sciences de l’homme », in La liberté des modernes, Paris, PUF, 1987, p.148.
310
Ibidem, p.137.
311
PETEV, V., « Herméneutique juridique et herméneutique philosophique », in Aux confins du droit : essais en l'honneur
du Professeur Charles -Albert Morand, A. Auer (dir.), Bâle, Helbing & Lichtenhahn, 2001, p.402. ; P. -A. CÔTÉ , S.
BEAULAC et M. DEVINAT, Interprétation des lois, 4 e éd., Montréal, Thémis, 2009, p. 285 cités par CUMYN, M. et
SAMSON, M. v aussi PIERRON, J-Ph., « Une herméneutique en contexte : le droit », :
//doi.org/10.4000/methodos.3040.
312
PETEVE, V., op. cit., p.407.
313
Ibidem, .405.
150

Cette approche herméneutique ou « interprétative » tend à représenter le Droit, non plus


comme un simple fait social, mais comme un discours normatif sur le juste et le bien314.

Hans-Georg Gadamer, l’un des grands herméneutes du XXe siècle, soutient que
l'herméneutique juridique peut être donnée en modèle à l'interprétation dans les sciences de l'homme
en général. C'est que les juristes ont su conserver l'essentiel de la méthode de l'interprétation qui peut
se définir comme « l'appartenance de l'interprète à son texte 315». Pour le juriste, le texte est érigé en
modèle, il fait autorité - autorité non pas au sens « moderne » de commandement impératif, mais au
sens ancien de ce qui s'impose par sa valeur de vérité. Ainsi le texte définit-il la place que l'interprète
doit occuper, le point de vue qu'il doit adopter pour en tirer le meilleur parti, l'entendre comme il
convient. Il s'accompagne d'une précompréhension qui est déjà une adhésion sur la chose du texte316.

En ce sens, le problème de l’herméneutique s’est posé d’abord dans les reproches ou critiques
faits à l’exégèse, c’est-à-dire dans le cadre d’une discipline qui se propose de comprendre un texte,
de le comprendre à partir de son intention, sur le fondement de ce qu’il veut dire. Associée aux
recherches en Droit, l’herméneutique permet, dans une certaine mesure, l’adaptation de la loi à la
réalité sociale ; « le droit explicable en termes des faits sociaux » comme l’enseignait Hart 317. Dans
cette mission de clarifier les règles juridiques par voie d’interprétation, le juge crée le Droit (le rôle
créateur du juge).

Dans la même perspective, Roland Dworkin s’opposant aux principes du syllogisme


judiciaire318, précise que le Droit est un problème d’interprétation de part en part. Mais pour Dworkin,
contrairement à Hart, l’interprétation n’est pas que la marge de manœuvre laissée au juge par la loi.
L’interprétation est d’abord et surtout l’essence même du Droit dans son ensemble. Ainsi Roland
Dworkin rejette-t-il l’idée courante selon laquelle le Droit serait un système de règles, et le jugement,
l’application d’une règle abstraite à un fait concret (la loi et le cas particulier dans le fameux
syllogisme)319.

Selon l’auteur, le jugement ne peut pas être seulement une question d’application pour deux
raisons principales. Le Droit, pour lui, constitue plus qu’un système de règles et qu’un corpus de
textes. C’est une entreprise politique en cours, qui comporte des normes qui ne sont pas toujours
explicites dans les textes. Par conséquent, le Droit établi et les textes de loi n’épuisent pas le Droit
dans son ensemble. De plus, les faits eux-mêmes ne peuvent être interprétés de manière neutre. Ils
font nécessairement l’objet d’une appréhension, d’une « précompréhension » en termes

314
TREMBLAY, L.B., « Le positivisme juridique versus l’herméneutique juridique », op. cit., p.250, ; v. aussi VIOLA,
Fr., « Herméneutique et Droit », in Archives de philosophie du Droit, t. 37, 1992, pp.331-347 ; GIRARD, F., « Prendre
langue avec l’Étranger. La traduction : un modèle pour l’herméneutique juridique ? » in Sens public, 2015, pp.23 – et s.,
en ligne : https://doi.org/10.7202/1040016ar
315
GADAMER, H-G., Vérité et méthode, op. cit., p. 69.
316
Idem, « Le problème herméneutique », in Archives de philosophie, t. 33, 1970, p. 8.
317
Herbert L. A. Hart, Le concept de droit, trad. par Michel van de Kerchove, Bruxelles, Publications des FUSL, 1976
cité par LENOBLE, J., « Au-delà du juge : des approches herméneutique et pragmatique à une approche génétique du
concept Droit », in EJLS, vol.1, n°2, 2007, p.14, en ligne : https://ejls.eu
318
Ce débat, qui constitue le fondement théorique des positions de Dworkin, oppose en fait deux visions de
l’argumentation juridique : soit une argumentation déductive, calquée sur le raisonnement logique (c’est le syllogisme),
soit une théorie de l’argumentation qui place tous les discours sur le même plan, comme si tous les arguments se valaient.
Selon Dworkin, les deux positions sont inacceptables. Même dans les cas difficiles, on peut espérer trouver une solution
qui soit meilleure que d’autres, car, pour Dworkin, tous les arguments ne se valent pas. Une décision judiciaire, dit
Dworkin, n’est ni un acte de soumission pure à la lettre du texte et à la volonté de son auteur, ni un acte arbitraire par
lequel le juge ferait prévaloir librement ses propres préférences ( DWORKIN, R., L’empire du Droit, trad. Fr.., PUF,
Paris, 1994, pp.41 et s.)
319
v. ALLARD, J., « Interprétation, narration et argumentation en Droit : le modèle du roman à la chaîne chez Ronald
Dworkin », in Approches juridiques, p.71, en ligne : https://dipot.ulb.ac.be
151

herméneutiques, qui est elle-même déjà soumise à nos postulats théoriques. En d’autres termes, nous
n’avons jamais accès aux faits « purs »320.

C’est bien sûr à Hans Gadamer321 que Dworkin doit cette conception de l’interprétation, qui
devient non plus une portion du savoir humain, mais le seul mode d’accès possible au monde. Elle
engendre le cercle herméneutique, que Dworkin applique au Droit : l’interprétation des faits et
l’interprétation de la norme s’enchevêtrent. L’interprétation de la norme influence l’interprétation
des faits, et réciproquement : le juriste interprète toujours la norme à la lumière des faits. L’auteur,
nous contraint ainsi à dépasser la distinction radicale entre fait et Droit, distinction qui remonte à la
rhétorique et qui place normalement la narration du côté des faits, tandis que l’interprétation résiderait
du côté du Droit. Chez lui, le juge (ou le juriste en général) interprète et le Droit, et les faits322.

De ce fait, il devient donc difficile de distinguer dans l’interprétation juridique deux moments,
l’un descriptif, qui relaterait les faits, et l’autre plus normatif, qui prescrirait la solution étant donnés
les faits. Il y a bien un cercle d’interprétation dans lequel, pour Dworkin, on ne peut plus distinguer
d’un côté la pratique rationnelle et descriptive et, de l’autre, la pratique décisionnelle et prescriptive.
Dans les deux cas, il s’agit bien d’interprétation. On voit bien ainsi comment le concept
d’interprétation répond au positivisme juridique : les règles juridiques n’impliquent pas
logiquement, mécaniquement, la décision à prendre en situation concrète. Que le cas soit difficile ou
non, les règles juridiques doivent être interprétées avant d’être appliquées. C’est pourquoi aucune
règle n’échappe à l’interprétation323.

Si les règles n’indiquent pas au juge comment elles doivent être interprétées, les principes,
eux, peuvent guider l’interprète dans son interprétation des règles. Cette distinction entre règles et
principes est logique. D’un côté, les règles forment un système bivalent qui fonctionne selon le
principe du tiers-exclu. Comme dans les systèmes logiques bivalents, une règle juridique est, pour un
cas donné, ou bien vraie ou bien fausse. Autrement dit, si deux règles se contredisent, l’une doit être
valide au détriment de l’autre.

En clair, Dworkin conçoit l’herméneutique ou l’interprétation comme un exercice constructif,


qui fait de l’interprète un agent responsable de ce qu’est le Droit. Quand il interprète une loi,
l’interprète ne se contente pas de rendre compte du sens de la loi, tel que l’avaient autrefois
conçu ses auteurs. Il construit aussi le sens de cette loi grâce à son application concrète. Son
récit articule faits et Droit, description et prescription. Ainsi celui qui interprète la loi la raconte
aussi. Bref, le Droit c’est l’interprétation.

Il s’agit d’une interprétation « constructive » des pratiques sociales. L’interprétation


constructive se préoccupe « essentiellement de but ». Ces buts, finalité ou les biens qui font des
activités juridiques une pratique sociale, ne sont pas ceux de l’auteur, mais ceux de l’interprète. Dans

320
Ibidem
321
GADAMER, H-G., Vérité et méthode, op. cit.
322
L’herméneutique soutient qu’il faut procéder, par interprétation, à une reconstruction du discours juridique dans son
ensemble. Le but, la finalité ou les biens qui donnent un sens à la pratique dépendent tout autant du sens et du poids des
principes et des valeurs juridiques que ces derniers dépendent du sens de la pratique prise comme un tout. L’interprète
doit donc ajuster le sens de chaque principe et de chaque valeur à celui de tous les autres, de manière à faire de la pratique
sociale une forme cohérente d’activité humaine qui a une raison d’être, celle de réaliser certains biens. Le but, la finalité
ou les biens qui font des activités juridiques une pratique sociale dépendent donc de ce qui donne une direction à la
pratique ; de ce à quoi elle sert ; des valeurs qui expliquent pourquoi elle a encore cours aujourd’hui. Ronald Dworkin,
par exemple, a qualifié de « constructive » cette forme d’interprétation des pratiques sociales (DWORKIN, R., L’empire
du Droit, op. cit., p.57).
323
ALLARD, J., art. cit.
152

cette forme d’interprétation, « il s’agit de superposer un but à un objet ou à une pratique pour en faire
le meilleur exemple possible de la forme ou du genre dont on le donne pour représentant 324».

Quant à la différence avec l’exégèse juridique, il est généralement admis que


l’interprétation juridique dans le cadre de l’herméneutique ne se réduit pas à la recherche d’un sens
préexistant, objectif et entièrement déterminé par l’auteur du texte (comme c’est le cas dans l’exégèse
juridique). L’interprète se voit plutôt investi d’une mission consistant à attribuer au texte la
signification qui, tout en respectant certaines contraintes, paraît la mieux à même de résoudre de
manière raisonnable le litige qui justifie son intervention. Le juriste ne découvre pas la solution au
litige dans le texte ; il la construit à partir de ce texte325. En outre, si l’exégèse permet d’interpréter
les textes écrits uniquement326, l’herméneutique permet d’interpréter les textes écrits mais aussi les
gestes, les paroles les situations et les symboles sociaux, qui sont considérés comme analogues à des
textes.

Le virage de l’herméneutique juridique dans l’activité du juriste, permet d’en rendre compte
de façon plus réaliste et favorise une plus grande transparence dans le Droit. De la même façon, le
développement d’une conception herméneutique des sources du Droit et des catégories juridiques
contribuera à dresser un portrait plus fidèle de l’approche méthodologique propre au Droit.

Au regard de ses avantages, la méthode herméneutique est celle qui est recommandée aux
juristes chercheurs. Michelle CUMYN et Mélanie SAMSON se livrent-elles à faire cette recommandation
lorsqu’elles concluent que « Heureusement, cette méthodologie existe déjà. Elle accompagne le Droit
depuis ses origines. Il nous faut simplement apprendre à l’articuler plus clairement, ce qui suppose
d’adhérer résolument au modèle méthodologique qui sied au Droit : le modèle herméneutique327 ».

3. La méthode téléologique

L’interprétation téléologique328 ou finaliste, est celle par laquelle le juriste cherche à


interpréter un texte au regard de sa raison d’être (la ratio legis), c’est-à-dire en fonction de l’objectif
visé par la création de cette règle. Ce type d’interprétation est fondamental.

Autrement dit, cette méthode d’interprétation repose sur la recherche de la finalité de la règle
ou de son but social. Elle conduit, en cas de conflit entre la lettre et l’esprit d’une disposition légale,
à faire prévaloir l’esprit sur la lettre au motif qu’il ne faut se tenir à la lecture rigide des mots.

324
DWORKIN, R., L’empire du Droit, op. cit., p.57.
325
v. FORRAY, V., « La jurisprudence, entre crise des sources du Droit et crise du savoir des juristes », in RTD Civ., n°
3 ; 2009, p. 479 ; CUMYN, M. et SAMSON, M., art. cit., p.41. Ces deux auteurs précisent que « C’est l’herméneutique
qui devrait dorénavant fournir aux juristes les repères d’une recherche et d’un raisonnement rigoureux. Dans la pratique,
ce sont d’ailleurs ses qualités d’interprète qui permettent au juriste de se distinguer. Le bon juriste est celui capable de
proposer une interprétation fidèle au texte, sensible à son histoire et conforme à son objet, qui permette en même temps
d’apporter une solution raisonnable au cas d’espèce, tout en tenant compte du contexte de son application. De fait, c’est
de ce juriste capable de trouver une interprétation harmonieuse, qui intègre toutes les considérations pertinentes, que l’on
dira qu’il est rigoureux : Lorsque l’interprète est aux prises avec des considérations conflictuelles ou incompatibles,
l’interprétation harmonieuse consiste à les hiérarchiser, en expliquant pourquoi certaines doivent avoir préséance sur
d’autres », p.20.
326
v. KANDOLO U’NUFUKU WA KANDOLO, op. cit., p.264.
327
CUMYN, M. et SAMSON, M., art. cit., p.42.
328
Téléologique est composé en effet du mot grec « telos », qui signifie « but », et de « logos », la parole, le discours,
l’argument, le raisonnement, la logique.
153

Le but du législateur ne se justifie pas en soi : il se légitime dans l’esprit de la loi, qui le
transcende et dont il extrait sa propre force juridique et autorité morale. L’esprit de la loi contient
d’une manière synthétique ce but directeur, fixé, par la volonté politique majoritaire, dans la
Constitution, la voie de son accomplissement par l’acte de légiférer, ainsi que les principes qui la
gouvernent.

La finalité d’une norme, d’un acte normatif, en dernière analyse, de tout le système de Droit,
trouve son fondement dans l’esprit de la loi, après tout, dans l’esprit du Droit en tant que réponse
normative aux provocations de l’époque.

L’interprétation téléologique d’un texte normatif ne doit pas, pour autant, considérer occasio
legis comme la liaison causale entre les circonstances extra juridiques et le texte de la réglementation,
ce qui revient à la (charge de la) recherche historique. L’interprétation qui est marquée par le but,
bouleverse, en quelque sorte, ou, du moins, suspend la causalité conjoncturelle, en déchiffrant le but
qui précède l’action humaine, respectivement la norme juridique329.

Sous cet aspect téléologique, nous devons déchiffrer non pas la conjoncture, avec ses intérêts
et ses motivations immédiates, chose acceptée quand même encore, mais la raison dominante d’une
norme et de tout le système juridique normatif, concentrée dans les principes du Droit. Ainsi
seulement, pensons-nous, la raison de la loi ne demeure pas un fétiche, lequel, tel quel, ne fait crypter
la volonté arbitraire du législateur.

Les principes du Droit sont aussi le soubassement du but de la loi. Dans une perspective
ontologique, les principes sont le fondement ou la raison d’être des choses. Au plan de la
compréhension des phénomènes, ils conseillent ou guident, offre la méthode de la connaissance et
celle de l’action humaine formatrice; sur ce plan, les principes incarnent des idées générales qui
aboutissent à l’élaboration des règles de connaissance et à la matérialisation de celles actionnelles,
sans, pour autant, être elles-mêmes, de telles règles.

Analyser le but du législateur, en vue de l’application adéquate de la norme, signifie, le


rapporter au but de la loi, en mesure de mettre en évidence son esprit; ce dernier a un fondement
basé sur la valeur, à défaut de laquelle il ne subsiste pas authentiquement, mais en mimant les formes
vides de quelques fausses constructions, dans lesquelles l’intérêt borné, la justification idéologique
subjectiviste prend la place des valeurs et des idéaux.

La téléologie est une méthode ou technique de l’interprétation parce qu’elle est, tout d’abord,
une vision sur le Droit. Raison pour laquelle l’approche téléologique ne saurait s’exprimer
pleinement en opérant supplémentairement ou complémentairement les autres techniques. C’est une
permanence méthodologique vectorielle, parce qu’elle est sollicitée à surprendre la pérennité de
l’esprit vif de la loi, au-delà de quoi la volonté du législateur échoue dans l’arbitraire 330.

On peut reprendre ici l’exemple de la règle selon laquelle « il est interdit à tout véhicule
d’entrer dans le parc », la question étant d’interpréter les termes « tout véhicule ». On admettra que
la ratio legis de la règle est la suivante : il s’agit de préserver la tranquillité des promeneurs ; les
véhicules sont interdits parce qu’ils sont bruyants et dangereux. Cette remarque va permettre de
résoudre plusieurs problèmes juridiques.

329
HUMA, I., « la technique téléologique et sa raison d’être dans l’interprétation juridique », in Acta universitatis
Danubius, Judicata, n°. 1/2005, p.38, in https://journals.univ-danubius
330
HUMA, I., art. cit., p. 41.
154

Faut-il qualifier de « véhicule » une poussette ? Il n’entre pas dans la raison d’être de la règle
de Droit de prohiber l’entrée du parc aux poussettes ; celles-ci n’étant ni bruyantes, ni dangereuses,
donc la poussette n’est pas un « véhicule » au sens du texte. La raison d’être de la règle permet d’aller
beaucoup plus loin.

Ainsi, à côté de l’interprétation téléologique qui qui recherche la finalité ou le but d’une règle,
on peut associer d’autres méthodes d’interprétations proches mais différentes : la méthode
linguistique (ou textuelle, grammatico-littérale 331), la méthode systémique, la méthode historique, la
méthode sociologique, etc.

4. La méthode historique (diachronique et évolutive)

Cette méthode vise la reconstruction du passé par un examen des événements passés à partir
principalement des documents et archives. Dans un premier temps, le chercheur doit rassembler
divers documents, ensuite la critique ou l’évaluation de ces documents. Cette critique doit être à la
fois interne et externe c’est-à-dire la critique de l’authenticité d’un document, ensuite, la critique
d’interprétation ou de crédibilité : vérifier la signification du contenu d’un document, s’il est crédible
ou pas.

La méthode historique s’appuie sur le temps, révélateur de changements, des métamorphoses,


de créations ou de disparitions.

Spécialement en Droit, la méthode historique peut être envisagée en deux manières :

- La méthode historique statique (ou méthode historique subjective) sert à compléter la méthode
exégétique. Selon Montesquieu, « il faut éclairer les lois par l’histoire et l’histoire par des lois 332».
Certes, pour comprendre une règle de Droit, il est nécessaire de savoir comment elle est née. La
méthode historique statique, permet de saisir la réalité des dispositions légales en saisissant les textes
de loi dans ses sources historiques. Elle enjoint de retrouver la volonté du législateur telle qu’elle a

331
Elle consiste à analyser les éléments constitutifs essentiels du texte à comprendre les substantifs, les verbes, les
adjectifs, les adverbes, … et leur donner un sens littéral ou usuel. Cette méthode suppose un recours fréquent aux
dictionnaires et parfois à la grammaire.
Elle consiste donc à donner aux concepts évoqués par le texte l’extension et la compréhension qu’ils ont habituellement.
Etant donné que la loi est l’expression de la volonté du législateur, on sera particulièrement attentif aux verbes utilisés
par lui. Elle fait l’objet de la critique positive et négative :
- Critique positive :
Le recours à la méthode linguistique se justifie par le fait que, pour exprimer sa volonté, le législateur utilise en général
le langage courant, parce que c’est de cette manière qu’il accroît ses chances de se faire comprendre, ce qui est une des
conditions nécessaires d’efficacité des règles qu’il édicte. Or, tout porte à croire que lorsqu’il exprime sa volonté, le
législateur donne aux mots le sens pour que les personnes qui partagent la même culture linguistique puissent les
comprendre…
- Critique négative :
Il faut cependant utiliser cette méthode avec prudence. D’abord, pour que le recours à la méthode linguistique soit toujours
justifié, encore faudrait-il, premièrement, que le législateur exprime toujours sa volonté explicitement, or, ce n’est pas
toujours le cas et deuxièmement, que le législateur exprime toujours sa volonté en respectant les règles du langage courant,
or, il arrive aussi, comme tout le monde, au législateur d’employer un terme à la place d’un autre (v. par ex. art.2 et art.6
du CCCL III au sujet de la définition du contrat synallagmatique et du contrat à titre onéreux : ces deux contrats sont
définis presque de la même façon, pourtant ils sont des contrats différents), ou de ne pas respecter les règles de la
grammaire.
Donc, la lettre de la loi n’est pertinente qu’en tant qu’elle traduit ou reflète l’esprit « de la loi », en vérité « du
droit ». L’esprit est donc toujours à rechercher ; par conséquent le texte de la loi est toujours à interpréter pour connaître
la norme. v. aussi DELNOY, P., op. cit., pp155-157 ; PAPAUX, A. et CERUTTI, D., op. cit., pp. 152-157.
332
MONTESQUIEU, Esprit des lois, 1748, livre XXX, 1.
155

présidé à la naissance de la norme juridique. Le lecteur-interprète recourt ainsi aux travaux


préparatoires.

La méthode historique statique postule que l’écoulement du temps et les changements de la


société ne doivent avoir aucune incidence sur la signification de la norme juridique à interpréter333.

La méthode statique est dite subjective en tant qu’elle prétend respecter la personne du
législateur, le sujet (subjectum) auteur de la norme, au rebours de la méthode historique objective,
reconnaissant la primauté du contexte actuel dans la détermination du sens de la norme.

- La méthode historique évolutive (ou méthode historique objective) consiste à reconnaître à


l’interprète le droit d’adapter le texte aux nécessités sociales de son époque. Il doit rechercher ce que
serait la pensée des auteurs de la loi s’ils devaient légiférer aujourd’hui. Par exemple, quelle serait
aujourd’hui l’intention du législateur s’il devait légiférer sur un problème résolu par un texte de
1888 ? Cette méthode conduit à donner au même texte des sens variables suivant les moments de son
application. « Avec la méthode historique objective, l’interprète se voue aussi à la circonscription
de la volonté du législateur. Mais au lieu de s’arrêter à son expression originaire et statique telle que
reconstruite sur la base des travaux préparatoires, notamment, il cherche à actualiser la finalité légale
arrêtée par le législateur historique dans le contexte contemporain de l’acte d’interprétation.
L’interprétation suit donc l’évolution de la société, de ses buts et de ses valeurs en particulier ; une
manière d’herméneutique (plus modestement de sociologie) ‘’objectivante’’ 334».

Constatons que dans une veine métaphorique, le texte une fois voté se détache de la pensée
du législateur historique et mène une vie propre. La loi est alors interprétée selon les conceptions
prévalant à l’époque de son application, interprétation qualifiée parfois d’« actualisante ».

Il sied de préciser que la méthode historique s’appelle aussi méthode génétique335.

5. La méthode sociologique (de libre recherche scientifique et de l’induction sociale


fondée sur la balance des intérêts)
Cette méthode consiste à éclairer le texte à partir du contexte sociologique de leur naissance
et celui de leur application. Le terme « sociologique » est pris ici dans une acception très large,
comme désignant tout ce qui fait l’état d’une société à un moment donné : les courants idéologiques,
les besoins sociaux, l’état des mœurs et de la culture, la conception des rapports économiques, etc.336.
Elle peut exiger au chercheur de faire recours aux enquêtes sociologiques, révélatrices de l’état actuel
de la société. Par exemple, on peut chercher à savoir dans quel contexte la loi de 2006 sur les violences
sexuelles faites est née et interpréter ses dispositions en fonction de ce contexte.

Même si certains auteurs considèrent encore que les sciences du Droit ne sauraient être que
des sciences normatives et non des sciences empiriques et causales 337 , il est aujourd’hui plutôt

333
PAPAUX, A. et CERUTTI, D., op. cit., p. 161.
334
PAPAUX, A. et CERUTTI, D., op. cit., p. 162.
335
La méthode « génétique » suggère que l’interprète est obligé de focaliser sur un fait historique, autrement dit, de
chercher l’intention de celui qui produit la norme, en l’occurrence le législateur. Elle est également « positiviste » dans la
mesure où elle réduit l’objet de l’interprétation aux actes intentionnels du législateur ( MATE PAKSY, « Passé
décomposé»? deux critiques de la méthode «génétique» de l’interprétation », in Foro, Nueva época, vol. 16, núm. 1 2013,
p. 112, in http://dx.doi.org/10.5209/rev_FORO.2013.v16.n1.42550
336
DELNOY, P., op. cit., p.178.
337
v. HABIB, L., « L’impur objet de la science du droit », Droits 1990, n° 11, p. 102 ; PFERSMANN, O., « Monisme
revisité contre juriglobisme incohérent », in J.-Y. CHÉROT, B. FRYDMAN, (dir.), La science du Droit dans la
globalisation, Bruylant, Bruxelles, 2012, p. 64 ; GOYARD-FABRE, S., Critique de la raison juridique, PUF, Paris, 2003,
p. 20 ; TROPER, M., « Kelsen, Ross et la validité », Dr. et société 2002, p. 57 ;
156

ordinaire de plaider en faveur de l’empirisme au sein de la recherche jus-scientifique et beaucoup de


chercheurs en Droit en viennent à soutenir que « l’utilisation par le Droit de la méthode sociologique
est devenue une nécessité impérative 338». Ils suivent ainsi la méthode préconisée en son temps par
Duguit339.

➢ Les méthodes dites sociologiques en Droit procèdent par la balance des intérêts.

La balance des intérêts est en soit une technique qui tend à se substituer à la technique de
l'interprétation, lorsque le texte a perdu sa centralité dans le raisonnement juridique340.

En même temps que se modifiait la façon de légiférer, se transformait l'office du juge ou du


chercheur. C'est que se multiplient aujourd'hui les dispositions qui, plutôt que de régler a priori une
situation en fonction d'un choix de valeur préétabli, se contentent d'identifier les intérêts pertinents,
renvoyant pour le surplus au juge la tâche de déterminer au cas par cas la hiérarchie à établir entre
ceux-ci. Dans ces conditions, le magistrat n'opère plus comme un « juge arbitre » qui tranche des
conflits de droits subjectifs par application de la loi ; c'est à la manière d'un « juge-entraîneur » qu'il
intervient, investi de la mission de gérer au mieux les intérêts confiés à sa garde 341. Il peut recourir
même au test de proportionnalité.

La méthode ou la technique de balance des intérêts fonctionne avec un principe de relativité


générale qui est alors l'opportunité de la protection de telle ou telle valeur fondamentale, plus que le
souci de la stricte légalité, qui inspire son action342. Au juge des référés, on demandera d'apprécier,
dans l'urgence, l'opportunité de décider une mesure susceptible de sauvegarder tel intérêt menacé. De
la Cour africaine des droits de l'homme, on sollicitera la censure d'un État accusé d'avoir porté atteinte
à une liberté par une mesure jugée non nécessaire dans une société démocratique. De la Cour
constitutionnelle (ou du Conseil d’Etat), on attendra la mise à néant d'une loi, d'un décret ou d’un acte
administratif censés provoquer une rupture d'égalité. Dans ces diverses hypothèses, le juge ne dispose
plus guère du fil conducteur du texte écrit ainsi que du secours des méthodes traditionnelles
d'interprétation : entre le principe très général dont il a la garde et le cas, toujours très particulier, les
médiations lui font défaut.

338
BERGEL, J-L., Théorie générale du Droit, 5e éd., Dalloz, Paris, 2012, p. 200 ; ROUVIÈRE, Fr. « Les règles de la
méthode sociologique d’Emile DURKHEIM : des leçons méthodologiques pour la recherche juridique », in
Jurisprudence, Revue critique, 2011, pp.329 et s
339
« Il faut constater les faits, n’affirmer comme vrai que ce que l’on constate par l’observation directe et bannir du
domaine juridique tous les concepts a priori, objets de croyance métaphysique ou religieuse, qui prêtent à des
développements littéraires, mais qui n’ont rien de scientifique. […] Je persiste à penser que l’observation et le
raisonnement sur les données de l’observation sont les seuls instruments d’investigation que l’homme possède pour arriver
à découvrir la petite part de vérité qu’il lui est permis de connaître. Je persiste à penser que dans le domaine du Droit on
ne peut arriver à des solutions à la fois pratiques et justes qu’en écartant tous les concepts a priori et toute la vaine
dialectique que l’on prétend y rattacher. […] J’ai un profond respect pour les croyances religieuses sincères ; j’admire les
rêveries métaphysiques traduites en un beau langage ; mais les unes et les autres n’ont que faire pour la découverte de la
vérité positive. […] Dans le siècle par excellence des sciences positives, le domaine du Droit est resté encombré de notions
d’ordre purement métaphysique ; on n’a pas su apporter à l’étude du problème juridique une méthode véritablement et
exclusivement réaliste. […] L’intuitionnisme d’un Bergson, l’immanentisme d’un Blondel, le mysticisme d’un Hauriou,
me laissent totalement indifférent. J’admire leur talent ; j’aime les sonorités poétiques de la philosophie bergsonienne ; je
m’incline devant l’obscurité transcendantale de Blondel et d’Hauriou ; mais je persiste à penser qu’on ne peut arriver à la
connaissance de la petite part de réalité qu’il nous est permis d’atteindre que par l’observation directe des faits qui tombent
sous la prise des sens. Tout le reste c’est de l’imagination, du mysticisme, du sentiment, de la poésie, ce n’est pas de la
connaissance du réel » (DUGUIT, L., Traité de Droit constitutionnel, t.1 : La règle de Droit, le problème de l’État, 3e
éd., De Boccard, Paris, 1927, pp. XVI, 3 et 77.
340
OST, Fr. et KERCHOVE, M., De la pyramide au réseau, op cit., p.300. v. aussi FRYDMAN, B., Les transformations
du Droit moderne, op. cit., pp.39-41.
341
Ibidem, p.312.
342
Ibidem
157

Est-il qu’à la fin du XIXe siècle dernier, les excès du modèle classique d'interprétation,
philologique ou exégétique, avaient suscité de nombreuses réactions de rejet, tant aux États-Unis
qu’en Europe. On rejetait désormais ce que François Gény qualifiera le « fétichisme de la loi écrite
et codifiée » et le « culte superstitieux de la volonté législative 343» ; on prétendait s'émanciper de
la tutelle du législateur et s'affranchir des contraintes de la logique abstraite : c'est de « Droit libre »
qu'il sera question (initié par Ehrlich et Kantorowicz), c'est à une « libre recherche scientifique »
(Fr. Gény) qu'on s'attachera.

A ce sujet, dès 1872, Rudolf Von Jhering avait donné le ton dans un essai au titre évocateur :
La lutte pour le Droit, dont les thèses sont développées dans son ouvrage majeur, L'évolution du
Droit. Loin de procéder d'un système logique et abstrait de règles générales et préétablies, le Droit,
explique Jhering, résulte du conflit des intérêts en vue de leur reconnaissance : « le Droit ne se
reconnaît pas comme la vérité, il s'établit par la lutte des intérêts, non par la vertu de raisonnements
et de déductions mais par l'action et l'énergie du vouloir en général 344». Le Droit n’est pas une pure
théorie, mais une force vive345. Aussi « la justice, tient-elle d’une main la balance au moyen de
laquelle elle pèse le Droit, et de l’autre l’épée au moyen de laquelle elle le défend. L’épée sans la
balance est la force brutale, la balance sans l’épée est l’impuissance du Droit. L’une ne peut aller
sans l’autre, et il n’y a d’ordre juridique parfait que là où l’énergie avec laquelle la justice porte l’épée
est égale à l’habileté avec laquelle manie la balance 346». Dans la brèche ainsi ouverte, il a été proposé
bientôt de substituer une « jurisprudence des intérêts » à la « jurisprudence des concepts » : il
s'agira, pour le juge, de réaccomplir pour son compte la pesée des intérêts opérée à l'époque par le
législateur, quitte, le cas échéant, à compléter son œuvre ou à la corriger en prenant en compte des
intérêts qui avaient été négligés.

On mesure bien le décentrement qui s'amorce : le Droit écrit se réduit à « quelques règles »
qui ne fournissent au juge, selon la formule de Gény, qu'une « information très limitée 347». C'est que
le centre de gravité de la jurisdictio s'est déplacé du Code en direction du social : « la société est le
sujet final du Droit », affirmera Von Jhering348. Quant à l'École réaliste américaine, qui fait écho à
ces analyses, elle délaissera les « paper rules », ou lois codifiées, pour s'attacher aux « real rules »
consacrées par les juges349.

S'il s'affranchit ainsi de la volonté historique du législateur et des sujétions de la méthode


logique, le juge n'est cependant pas « libre » au sens où il pourrait donner libre cours à sa subjectivité
(ça serait de l’arbitraire). Le modèle des intérêts entend au contraire l'inviter à faire œuvre
scientifique en s'inspirant des méthodes des sciences sociales, et particulièrement de la sociologie.
Aux États-Unis, le mouvement de Sociological jurisprudence prend le relais de l'École réaliste. R.
Pound, un de ses fondateurs, qualifiera le Droit d'« ingénierie sociale » (social engineering). En

343
GÉNY, Fr., Méthode d'interprétation et sources en droit privé positif, 1e éd., LGDJ, Paris, 1919, t. I, p. 70.
344
VON JHERING, R., L'évolution du droit, trad. de la 3e éd. Paris, Chevalier-Maresq, 1901, p. 173-174.
345
Von Jhering dans son ouvrage au titre évocateur « lutte pour le droit » précise que « la paix est le but poursuit le Droit,
la lutte est le moyen de l’atteindre. Aussi longtemps que le Droit devra s’attendre aux attaques de l’injustice et cela durera
tant que le monde existera, il ne sera à l’abri de la lutte. La vie du Droit est une lutte : lutte des peuples, de l’Etat, des
classes, des individus. Tous les droits du monde ont été acquis en luttant ; toutes les règles importantes du droit ont dû
commencer par être arrachées à ceux qui s’y opposaient, et tout Droit, Droit d’un peuple ou Droit d’un particulier, suppose
que l’on soit constamment prêt à le soutenir » ( VON JHERING, R., Lutte pour le Droit (trad. De l’allemand par O.
MEULENAERE), Librairie Marescq Ainé, Paris, 1890, p.1).
346
VON JHERING, R., Lutte pour le Droit, op. cit., pp.1-2.
347
GENY, Fr., 1e éd., op. cit., p.221.
348
VON JHERING, L'évolution du Droit, op. cit., p. 306.
349
LLEWELLYN, K., “A realistic jurisprudence. The next step”, in Jurisprudence. Realism in theory and practice,
University of Chicago Press, 1962, p. 21.
158

France, François Gény, concepteur de la méthode dite de la « libre recherche scientifique » présente
le Droit comme une branche de la sociologie appliquée350. En Belgique, Henri De Page s'avère
partisan de la méthode de « l'induction sociale »351

-Méthode de libre recherche scientifique

Pour Gény, la méthode de libre recherche scientifique est conçue en réaction à la méthode
exégétique appliquée aux textes du code civil déjà ancien. Cette méthode part du constat que les autres
méthodes rationnelles ont leurs limites : à partir d’un certain point, il faut reconnaître qu’il n’y a plus
de loi, le législateur n’ayant manifestement pas résolu le problème. Rien ne sert de solliciter les textes.
On passe alors de l’interprétation à la libre recherche scientifique. L’interprète, c’est-à-dire le juge ou
le chercheur, doit élaborer une solution, comme s’il avait à faire œuvre de législateur, en s’aidant de
toutes les données historiques, utilitaires, rationnelles, sentimentales, sociales, etc.

Pour l’auteur, l’interprétation du Droit est fonction des besoins de la société (balance des
intérêts) et non attachée rigoureusement à la lettre de la loi. Ainsi, pour lui, le Droit doit rester chose
vivante c’est-à-dire lutter en vue d’une parfaite et constante adaptation aux exigences de la vie
sociale352. Raymond Saleilles va aussi dans ce sens : « le Droit est avant tout une science sociale, la
science sociale par excellence, c’est-à-dire qui doit s’adapter à la vie de la collectivité pour laquelle
elle est faite, et donner satisfaction à toutes les exigences des nécessités pratiques et à tous les
desiderata qui en ressortent, et qui se traduisent en conceptions juridiques 353».

La méthode se veut à la fois libre, au sens de dégagée des extrapolations logiques, voire
fictives, construites à partir des fragments de texte (lesquels, ne livrent qu'une information très
limitée), et scientifique à raison de l'attention qu'elle porte aux éléments objectifs tirés de la réalité
sociale : complexe des faits et lois d’organisation sociale. C'est à une balance directe des intérêts que
le juge est convié, soit en vue de réaliser, dans la ligne du calcul utilitariste benthamien, la
maximisation de ceux-ci, soit dans le but de garantir l'équilibre social optimal entre forces
antagonistes selon le modèle de « gouvernement scientifique » prôné par Auguste Comte dans sa
sociologie positiviste354.

En d’autres termes, la recherche par le juge ou le chercheur de la meilleure solution en droit


sera « libre » car non contrainte par le commandement des sources et au premier chef de la loi. Elle
sera « scientifique » car elle ne se fondera ni sur l’intuition ni sur l’équité, mais sur une véritable
méthode garantie par la science.

-Méthode d’induction sociale

C’est une méthode d’interprétation qui consiste à partir du fait pour construire la solution
juridique. Elle a été proposée par Henri De Page qui invitait les juges « à traiter la loi comme une
chose et non comme une volonté divine ou humaine » - c’est que, « la solution ne doit pas être
cherchée dans le Droit mais alentour du Droit, dans des sphères plus larges et plus profondes 355».

350
GÉNY, Fr., 1e éd. op. cit., p.19.
351
DE PAGE, H., De l'interprétation des lois, Bruxelles-Paris, 1925, p.10.
352
GENY, Fr., Méthode d'interprétation et sources en Droit privé positif, 2e éd., Paris, LGDJ, 1954, t. I, pp. 28-40.
353
SALEILLES, R., « Fondement et développement du Droit », dans Rev. intern. de l’enseignement, 1890, 2e, t. XXII,
p.42.
354
OST, Fr. et KERCHOVE, M., De la pyramide au réseau, op cit., p.314.
355
DE PAGE, H., De l'interprétation des lois, op. cit., pp. 18 - 26.
159

Qu'il nous suffise de relever que cet auteur et bien d’autres de son époque assument
ouvertement un rôle politique pour le juge, investi d'un pouvoir égal, sinon supérieur, à celui du
législateur. Ainsi, mentionne-t-il : « Si le règne de la loi s'atténue, celui du juge, par la force même
des choses, augmente. L'évolution des faits, seule source de vérité, nous a fait sortir de la chimère
politique pour reprendre pied dans la réalité sociale356 »; et de conclure, : « Il est permis de parler de
gouvernement des juges 357». Quant à Paul Vander Eycken, défenseur de la méthode d’interprétation
positive, il n'hésite pas à engager le juge à juger la loi : « Il peut être utile de rechercher dans une
espèce s'il est plus pernicieux de violer la loi que de laisser violer l'intérêt que la loi sacrifie358 ».

6. La méthode systémique (ou l’interprétation systémique)

Appelée également logique ou structuraliste, cette méthode consiste à interpréter et


comprendre le sens du texte (texte constitutionnel, législatif ou règlementaire) en le plaçant dans sa
structure. Elle consiste à prendre en considération d’autres articles d’un texte ou éventuellement
d’autres règles de Droit pour qu’ils s’éclairent les uns les autres. Pour interpréter la règle, on se réfère
cette fois au système auquel elle appartient (les autres articles du texte, le texte dans sa globalité,
l’ensemble des textes et/ou des principes s’imposant dans telle manière ou à l’ensemble du Droit).

Cette méthode se caractérise à la fois par les éléments qui le composent et par leurs interactions
et les liens qui les rassemblent. Au-delà de la simple structure logique, la méthode systémique peut
consister à comprendre un texte d’après l’économie générale de la loi dans laquelle il se trouve c’est-
à-dire d’après d’autres textes de la même loi, voire d’après les idées sur la base desquelles la loi a été
adoptée. Plus largement, l’interprétation systémique détermine le sens d’un texte en fonction de sa
compatibilité avec d’autres textes de la même matière ou de matières différentes (telle que la
Constitution), avec des principes généraux du Droit, voire avec les valeurs fondamentales qui
régissent une société, ou encore avec les dispositions des traités internationaux ou les principaux
fondamentaux de la société internationale359.

En clair, la fidélité au système établi conduit à l’adapter aux besoins actuels, en brisant le
carcan d’un texte trop étroit ou ambigu pour l’éclairer par les réactions du Droit positif aux
phénomènes du présent.

356
IDEM, À propos du gouvernement des juges, Bruylant-Sirey, Bruxelles-Paris, 1931, p. 18 ; FRYDMAN, B., Les
transformations du Droit moderne, op. cit., p.22.
357
Ibidem
358
VANDER EYCKEN, P., Méthode positive de l'interprétation juridique, Falk, Bruxelles, 1906, p. 228.
359
En d’autres termes, cette méthode d’interprétation repose sur l’idée qu’un texte constitutionnel, législatif ou
règlementaire, ne peut être interprété en lui-même, en lui seul, mais, doit être rapproché de l’ensemble de la législation,
de tout le Droit du moment. Il s’agit alors d’interpréter les règles de Droit dans le sens qui découle de la nécessaire
coordination et harmonisation des innombrables lois et principes du Droit, dans le but et la nature des institutions
juridiques. On prend alors en considération non seulement l’ensemble des dispositions constitutionnelles, législatives et
règlementaires en vigueur, mais également les principes et les valeurs qui dominent le système juridique.
La méthode système part de l’hypothèse que le Droit est ordonné et interdépendant et que les règles de Droit
peuvent être interprétées en fonction du contexte dans lequel elle se situent. Cela consiste au minimum à dégager le sens
d’une disposition particulière à partir de la structure du texte dont elle fait partie, en fonction de sa place dans ce texte et
de la structure de ce dernier. Par exemple, une loi commence par déterminer un domaine d’application et édicter un
principe pour n’y apporter qu’ensuite des exceptions, si bien que selon la place où se trouve une disposition, on peut
savoir si elle constitue une règle générale ou une disposition particulière, si elle est relative au domaine d’application du
texte ou au régime qu’il instaure (v. « Définition de l’interprétation systémique », in https://www.ipeut.com , 15 mars
2023 ; KANDOMO U’NUFUKU, op. cit., p.314).
160

7. La méthode comparative

Elle se fonde sur la comparaison, c’est une opération qui consiste à étudier parallèlement deux
systèmes juridiques en vue d’en dégager des similitudes ou des dissemblances. Pour comparer, il faut,
au préalable, décrire les systèmes en place, puis le mettre en parallèle, au besoin, en faire une
confrontation pour en dégager les conséquences recherchées. En principe, le législateur ne vote pas
les intitulés des lois, des parties, sections, paragraphes.

Ainsi, David René enseigne que « les juristes d’un pays donné, ne peuvent pas ignorer tout ce
qui se passe en dehors des frontières de leur pays ». Certes, dans le cadre de la méthode comparative,
en Droit congolais nous recourons généralement aux Droits Français et Belge, et ce, pour plus d’une
raison. Il suffirait d’analyser la doctrine et la jurisprudence congolaises qui dans plusieurs cas
n'hésitent pas à lire, voire à interpréter le Droit congolais à la lumière des Droits français et belge.
Pareille attitude nous paraît très défendable et peut être réconfortée par la formule de René David et
Camille Jauffret-Spinosi, selon laquelle « la loi peut bien avoir un caractère national ; le Droit, lui, ne
s'identifie jamais en fait à la loi. La science du Droit a, par sa nature même de science, un caractère
transnational. Ce qui est édicté, écrit, jugé dans un autre pays, de même structure et de même tradition
que le nôtre, peut influer sur la manière dont le Droit de notre pays sera expliqué, interprété et parfois
renouvelé en dehors même de toute intervention du législateur 360».

Et Marcel Fontaine de renchérir, les systèmes juridiques issus des pays colonisateurs ont été
importés il y a plus d’un siècle, et ils ont largement été maintenus après les indépendances. Les juristes
contemporains des pays de l’OHADA raisonnent comme des juristes français, espagnols, portugais,
ou anglais. Il n’est certainement pas inexact de dire que la “spécificité” de pays comme le Sénégal,
le Togo ou le Gabon est d’appartenir à la tradition juridique française, celle de la Guinée-Bissau est
de relever de la sphère du droit d’inspiration portugaise, etc.361

Pour preuve, le Droit civil écrit congolais procède en ligne droite du Droit civil belge dont la
jurisprudence et les principes généraux inspirent, à ce titre, les juridictions congolaises. Il en est de
même des autres branches du Droit. Les systèmes belge et français se trouvent à l’origine du Droit
congolais qu’ils influencent encore aujourd’hui. Toute recherche prend forcement une dimension
comparatiste. Du moins, lorsqu’il porte sur le Droit moderne d’inspiration occidentale.

Affirmons aussi avec Kyaboba Kasobwa qu’il existe effectivement, entre le Congo et la
Belgique, une certaine tradition législative, plus particulièrement une parenté entre leur Droit
respectif362. Ainsi, l’identité des textes amène forcement l’identité des solutions, la doctrine et la
jurisprudence seront très souvent celles qui prévalent devant les juridictions coloniales. De par
l’histoire, peut-être plus que le Droit français, les Droits belge et congolais se complètent parce qu’ils
se connaissent. Et, tous les deux droits appartiennent à la famille dite romano-germanique.

En outre, une raison plus pratique oblige, une fois de plus, le juriste congolais d’avoir un
regard sur les Droit belge et français; en effet au-delà de toute controverse, l’article 118 de la loi
organique du 11 avril 2013 sur l’Organisation, le Fonctionnement et compétences des juridictions de

360
DAVID, R. et JAUFFRET-SPINOSI, C.., Les grands systèmes juridiques contemporains, Dalloz, Paris, 2002, pp.5-6.
v. aussi SACCO, R., La comparaison juridique au service de la connaissance du droit, Economica, Paris, 1991.
361
FONTAINE, M., « Le projet d’Acte uniforme OHADA sur les contrats et les Principes d’UNIDROIT », in Rev. dr.
unif., 2004-2, p. 259. v. aussi KANGULUMBA MBAMBI, V., « Les Droits originellement africains dans les récents
mouvements de codification : le cas des pays d’Afrique francophone subsaharienne », in Cahiers de droit, Vol. 46, n° 1-
2, Québec, 2005, p. 325.
362
KYABOBA KASOBWA, L., La prévention des atteintes à la sécurité des consommateurs. Etude comparée des Droits
Congolais et belge et de l’Union européenne, P.A.F., Saarbrücken, 2013, p. 2.
161

l’ordre judiciaire précise qu’« en cas d’absence de coutume ou lorsque celle-ci n’est pas conforme
aux lois, à l’ordre public et aux bonnes mœurs, les Cours et tribunaux s’inspirent des principes
généraux de Droit ». Ces principes généraux sont pour la plupart tirés du Droit français. Et l’on peut
constater que cet article 118 est en fait qu’une copie améliorée de l’article 1 er de l’ancienne
Ordonnance du 14 mai 1886 qui énonçait que : « quand la matière n’est pas prévue par un Arrêté ou
une Ordonnance déjà promulguée, les contestations qui sont de la compétence des tribunaux du
Congo seront jugées d’après les coutumes locales, les principes généraux du Droit et de l’équité ».

La démarche comparatiste se révèle de plus instructive. La recherche peut être centrée sur le
Droit congolais, tout en étant menée à la lumière des Droits étrangers. L’objectif poursuivi aura été
de faire bénéficier au Droit congolais, dans la perspective de sa progression certes, les aspects positifs
de ces Droits. Encore, dans la mesure où le Droit peut trouver ses assises dans la culture qui le fonde,
la prise en compte de cette culture est bien importante afin de résoudre les différents problèmes
juridiques relatifs à l'application des règles du Droit. Dans cette perspective, nul ne verra logiquement
d’un mauvais œil que le Droit congolais écrit actuel puisse trouver ses assises dans la culture de la
famille romano- germanique, plus précisément dans la culture juridique belge et française dont il se
trouve finalement en grande partie être l’émanation363.

Toutefois, le recours au Droit coutumier est par moment fait dans les recherches en Droit et
cela de façon comparative. En effet, les « spécificités africaines », font aussi allusion au Droit
coutumier des pays africains en cause, tel qu’il existait avant la colonisation et tel qu’il trouve encore
certains domaines d’application.

8. Les méthodes d’analyse ou d’interprétation des données chiffrées (généralement


issues du questionnaire ou du sondage) : la statistique descriptive et la statistique
inférentielle

On fait recours ici principalement à la méthode statistique364 ou d’analyse statistique.

La méthode statistique est celle qui procède à l’analyse des données chiffrées, d’où elle tire
son nom. Elle conditionne une certaine façon de traiter les données pour les quantifier (cette méthode
est utilisée en économie, en démographie, dans les sciences exactes, en sociologie, en médecine, en
sciences politiques, en Droit, etc.…).

Précisons que la statistique est un mélange de techniques (tableaux croisés, notions de


probabilités, notions mathématiques, …) d'interprétation mathématique appliquées à des phénomènes
(ex: faits sociaux) pour mesurer la variable dans un échantillon de la population365. Une statistique
peut être calculée.

On peut dire que la méthode statistique est une méthode qui tente de concilier les démarches
qualitatives et quantitatives, le rationnel et le sensoriel, le construit et l'observé.

On prétend pouvoir, grâce à la méthode statistique, quantifier le qualitatif et le rendre ainsi


accessible à des traitements mathématiques rigoureux (par exemple, il suffit de donner un code ou un

363
VANDERLINDEN, J., Comparer les Droits, Ed. Story-Scientia, Bruxelles, 1995, p.421.
364
v. AKOUF, O., op. cit., p.30.
365
Il faut faire la distinction entre les statistiques (au pluriel) et la statistique (au singulier). Le premier sens signifie :
l'étude méthodique des faits sociaux qui définissent un État, par des procédés numériques (dénombrements, inventaires,
recensements, ...) : « « Les statistiques sont l’art et la science de collecter, analyser, présenter et interpréter des données
» (Anderson, Sweeney, Williams, Statistiques pour l’économie et la gestion, de Boeck, Bruxelles, 2007.)
162

score à diverses qualités et attributs tels que le sexe, la nationalité, le statut social... pour en faire des
données chiffrées et manipulables mathématiquement). Notons bien cependant que, contrairement à
des préjugés bien installés, quantité, mesure et mathématique ne signifient ni automatiquement ni
exclusivement « scientifique ».

On distingue, les statistiques descriptives des statistiques inférentielles.

a. La statistique descriptive

Elle procède par de calculs statistiques qui vont servir avant tout à décrire, à visualiser les
caractéristiques particulières d'une collection d'objets sur laquelle on dispose de données chiffrées366.
Ces données (chiffrées) peuvent être soit à caractère qualitatif, soit à caractère quantitatif :

- Caractère qualitatif : non mesurable mais que l'on peut ranger en catégories, alternatives...
(couleur des cheveux, sexe, groupe sanguin ...).
- Caractère quantitatif : mesurable ou dénombrable (par exemple la taille des individus, le
nombre d'enfants, le revenu mensuel, le poids ...). La statistique descriptive permet, à partir
de ces données, de réaliser des classes, des effectifs cumulés, des fréquences, des fréquences
cumulées...

On aboutit alors à des distributions (histogrammes, courbes de fréquences ...) représentant


graphiquement la répartition des effectifs par classes ou par niveaux de la variable considérée.

Sur ces distributions, on peut dégager, par calcul, des indices ou paramètres caractéristiques
qui sont des valeurs particulières donnant une vue synthétique de la distribution considérée.

On distingue deux types de paramètres : les paramètres de regroupement (ou de tendance


centrale) et les paramètres de dispersion.

➢ Les paramètres de regroupement (ou tendance centrale) sont destinés à fournir une idée
générale quant à l'ordre de grandeur des mesures se répartissant dans la série dont on dispose.
Ils donnent aussi les positions vers lesquelles tendent à se rassembler les mesures de la série.
Ils comprennent :
- La moyenne arithmétique c'est le fait de résumer en un nombre : l'ensemble des mesures
observées. Ce nombre (quotient de la somme arithmétique des valeurs observées par le
nombre d'observations) donne une idée plus précise de la valeur autour de laquelle l'ensemble
des observations se répartissent.
- La médiane : ce n'est pas comme la moyenne arithmétique une moyenne de grandeur, mais
une moyenne de position. Elle donne la valeur qui occupe la position centrale dans la série
des valeurs observées, lorsque ces valeurs sont classées (score du sujet occupant le 50, rang
sur 100 par exemple).
- Le mode : c'est la valeur de la variable correspondant à la fréquence la plus élevée. La classe
modale est la classe dont la fréquence est supérieure à celle des autres classes. C'est la mesure
la plus fréquemment observée dans la série.

366
Autrement, elle consiste à transformer les données initiales (représentations graphiques) pour en faire une synthèse
statistique facilitant ainsi les traitements statistiques suivants. Le chercheur procède au regroupement des données, au
calcul des effectifs et à la construction de graphiques, ce qui permet l’émergence d’un premier résumé visuel du caractère
statistique à étudier. Il est parfois nécessaire de faire un classement, un résumé et d'opérer une compression et une
transformation de données.
163

➢ Les paramètres de dispersion fournissent, de façon quantifiée, les variations des mesures
autour de la position occupée par la mesure centrale. Ils donnent donc une idée du degré
d'étalement de l'ensemble de la série de mesures. En d'autres termes, ils permettent de se
rendre compte jusqu'à quel point les mesures établies s'écartent des valeurs centrales d'une
part, et s'écartent les unes des autres, d'autre part.
Ce sont :
- La variance (moyenne des carrés des écarts entre les valeurs observées et la moyenne
arithmétique) permet de dégager, avec l'écart type (racine carrée de la variance) l'idée de
variation, de fluctuation des valeurs de la distribution des mesures autour de la valeur centrale
(moyenne arithmétique).

En clair, la statistique descriptive fait recours tableaux de distribution des données, aux
représentations graphiques et schématiques des données (diagramme, histogramme, le
polygone ou courbe de fréquences, schémas), aux mesures de tendances centrales (moyenne,
mode, médiane) ; aux mesures de dispersion (étendue et écart type).

b. La statistique inférentielle (ou mathématique, explicative, estimation statistique)

Elle se base sur le calcul des probabilités et l'extrapolation à partir d'échantillons dits
représentatifs d'une population plus large. Il s'agit alors d'estimer, à partir de la valeur obtenue pour
l'échantillon, quelle sera la valeur que l'on pourra attribuer à la population et avec quelle précision
cette valeur sera fournie367... Il faudra cerner la loi de probabilité définissant le caractère étudié dans
cette population368.

C'est ici également qu'interviennent les tests statistiques qui permettent d'apprécier les limites
de confiance aux paramètres, la conformité aux lois de distribution, l'homogénéité des échantillons,
la possibilité d'accepter ou de rejeter l'hypothèse nulle avec le taux d'erreur qui s'y rattache...

Elle procède par des tests paramétriques et des tests non paramétriques, comme on le verra
plus loin.

En bref, la statistique mathématique nous permet de calculer des coefficients (corrélation,


régression ...) et de dégager des significations, des tendances, à partir de ces mêmes coefficients qui
révèlent les liens de causalité, de covariation...

367
AKTOUF, O., op. cit., p.32.
368
Autrement, la statistique inférentielle consiste à formuler des hypothèses sur la loi qui gère le phénomène général.
L'étude de l'échantillon va alors valider ou non cette hypothèse (les tests d'hypothèses). Ces tests permettent de quantifier
la probabilité avec laquelle des variables vérifient une propriété donnée. On peut modéliser un phénomène. Dans le cas
de la modélisation statistique, le modèle va être construit à partir des données disponibles.
164

9. Autres méthodes

Outre les méthodes précitées, nous pouvons citer d’autres (comme la méthode
fonctionnelle369 ; la méthode dialectique370 ; la méthode analytique371, la méthode clinique372, la
méthode expérimentale373, la dialectique matérialiste, etc.) qui sont plus utilisées en sciences

369
Elle vise à attribuer à la règle une fonction objective qui peut être différente de celle visée par l’auteur. On se demande
non pas ce que l’auteur du texte a réellement voulu, mais, maintenant que la règle doit être appliquée dans une situation
historique différente, quel sens il convient de lui donner si l’on veut obtenir un résultat jugé satisfaisant. Par exemple, on
peut ainsi évaluer les conséquences constitutionnelles d’un refus présidentiel de signer les ordonnances et considérer
qu’en imposant son véto, le président de la République peut empêcher le Gouvernement de mettre en œuvre la politique
qu’il s’est engagé à réaliser devant le Parlement nouvellement élu.
370
C'est une démarche qui part de l'idée de la présence de contradictions dans la réalité elle-même. Elle recherche les
incohérences des choses, les oppositions, les ambivalences qui constituent souvent l'essence de la réalité. Elle se veut
empirique par une certaine façon de recueillir les données concrètes en même temps qu'elle est une tentative d'explication
des faits sociaux.
La méthode dialectique n'a pas le monopole de la recherche concrète; mais elle essaie, à la différence d'autres méthodes,
de construire le lien entre des éléments contradictoires et d'unir ce qui paraissait séparé, éparpillé, incompréhensible. Elle
s'élève contre le fait de considérer des éléments observés de la réalité comme des concepts abstraits, telle par exemple la
notion de valeur d'échange d'un produit (P. NDA, op. cit., p. 111). Cette méthode permet par exemple de voir comment
une discussion a évolué sur le plan critique entre, par exemple, deux auteurs. Elle consiste à exposer l’idée du premier,
c’est cela la thèse, ensuite, la réaction du second, c’est cela l’antithèse. Enfin, l’on prend une position, c’est cela la
synthèse. Cette méthode nécessite un long séjour dans la bibliothèque et une attention soutenue pour suivre le débat.
371
La méthode analytique : C'est la méthode qui consiste à décomposer l'objet d'étude en allant du plus complexe au
plus simple. Tout comme la chimie qui décompose les molécules en éléments simples, indécomposables, on décomposera
toutes les parties élémentaires pour ensuite reconstituer le schéma d'ensemble. Cette méthode (qui recherche le plus petit
composant possible, l'unité de base des phénomènes) est à privilégier en laboratoire, pour l'étude d'objets inertes ou de
phénomènes non susceptibles de transformations rapides. On la retrouve par exemple en linguistique (L’organisation
structurale d'une langue et la grammaire relèvent de l'approche analytique), en histoire dans l'analyse des archives, des
document… ( v. AKTOUF, op. cit., p.29).
372
Elle consiste à observer directement l'objet à étudier et à le suivre pas à pas tout en notant toutes ses modifications, ses
évolutions... C'est une méthode empirique où il n'y a aucune sorte d'intermédiaire entre l'observateur et ce qu'il étudie. On
la retrouve, en dehors de la médecine, dans l'ethnologie, les études de cas, les monographies, les observations
participantes... (AKTOUF, op. cit., p.29).
373
C'est la méthode généralement considérée comme la plus scientifique et la plus exacte. Elle est née en physique et dans
les sciences de la nature. Elle consiste à mener une expérimentation (en laboratoire ou sur le terrain) et à tenter de dégager
des lois généralisables à partir de l'analyse des observations recueillies durant l'expérimentation. Ici, il y a toujours une
préparation, un arrangement préalable de la part du chercheur. Ne serait-ce que l'introduction (ou le contrôle) d'un élément
ou d'une variable qui serviront de « déclencheurs » de conséquences ou de réactions à observer (par exemple, le choc
électrique sur les nerfs d'un animal décérébré, la goutte d'acide sur la langue du chien de Pavlov, l'intensité de l'éclairage
sur le rendement d'un atelier de dessinateurs... (v. AKTOUF, op. cit., p.30).
Pour Christian Gamaleu Kameni, la méthode expérimentale ou l’expérimentation est indispensable au
Droit et à la recherche en droit. Si l’on part de la considération suivant laquelle la recherche juridique contribue à la
création des concepts juridiques, l’admission d’un savoir juridique et dans une certaine mesure l’institution des lois
socialement utiles, la méthode expérimentale apparaît utile au domaine juridique. La méthode expérimentale peut
davantage apparaître indispensable face au phénomène d’inflation législative que connaissent certaines sociétés. Il
apparaît alors qu’au sein d’un certain nombre de sociétés, la méthode expérimentale peut raisonnablement contribuer à
faire émerger des normes prenant en compte l’intérêt de la population dans son ensemble et ayant un caractère permanent
et ferme, c'est-à-dire des normes peu susceptibles de contestations et de révisions régulières. La méthode expérimentale
en Droit, rappelons-le, est à l’origine d’une connaissance juridique acceptée et certaine (GAMALEU KAMENI, C., «
Réflexions sur la méthode expérimentale dans la recherche juridique », in Revue libre de Droit, 2015, pp.12-24, p. 15).
Quant à son objet, la méthode expérimentale est une méthode singulière. Sa singularité par rapport aux autres
méthodes réside dans le fait qu’elle exige un protocole fondé sur une hypothèse, protocole que devra suivre
l’expérimentateur afin de parvenir au résultat. Dans les sciences dites exactes comme la biologie ou la médecine, la
méthode expérimentale a un objet déterminé : obtenir un résultat à partir d’une formule acquise et unique. A titre
d’illustration, on évoque l’expérience permettant d’apprécier la quantité de sucre sur différents patients grâce à une
formule inhérente au taux de glycémie. Dans les sciences sociales et humaines comme le droit, la démarche est différente.
Très concrètement, il n’existe pas par avance une formule prédéfinie en Droit. C’est sur la base de l’observation des
comportements sociaux qu’une recherche peut être menée et des résultats produits. La recherche juridique axera alors son
objet sur la création ou l’émergence des idées, des concepts, des connaissances qui devront demeurer immuables et qui
pourront servir aussi bien le législateur que le juge dans l’élaboration et l’application de la loi.
Sur un tout autre plan, il est nécessaire de noter que bien que la loi ou la jurisprudence constituent des champs
de la recherche juridique, ces dernières, spécifiquement la loi, peuvent aussi être l’objet de la méthode expérimentale. De
ce fait, si l’on part du postulat suivant lequel celle-ci est le processus qui permet la répétition de plusieurs situations afin
165

sociales et d’autres sciences et que les juristes peuvent toujours s’en servir dans le cadre d’une
recherche interdisciplinaire, qui n’exclut pas une triangulation méthodologique.

§4. Techniques de traitement ou de l’analyse des données

A l’issue de sa recherche sur le terrain, le chercheur se retrouve au milieu d’une pléthore des
données. La première étape consiste à passer au crible les informations obtenues, en donnant la
priorité aux sources originales, en scrutant les informations fiables de plus d’une source et en se
concentrant sur les références les plus récentes, que ce soit pour leurs statistiques, leurs chiffres, ou
leur documentation. Il devra écarter les informations qui ne sont pas directement liées au sujet de
recherche afin de ne pas prendre de direction erronée et de gagner du temps et des efforts.

Certains logiciels informatiques ou programmes peuvent être utilisés pour l’analyse


scientifique.

Ainsi : - Pour la recherche quantitative, on peut utiliser Excel, SPSS, STATA, Matlab

- Pour la recherche qualitative, on peut utiliser Nvivo, MAxQDA, Atlas.

A. Analyse des résultats en recherche qualitative

Avant d’aborder les techniques d’analyse on peut rappeler ce qui suit :

- Selon Pierre Paillé, la recherche dite qualitative désigne toute étude empirique en sciences
humaines et sociales répondant à cinq caractéristiques: la recherche est conçue dans une

d’en réduire les incertitudes, l’expérimentation permettra d’éviter la généralisation d’une erreur législative sur tout le
territoire d’un Etat. En d’autres termes, la mise à l’épreuve de la norme dans un espace déterminé va permettre de déceler
ses malfaçons et ses incertitudes. Ceci dit, ayant déjà été appliquée sur une partie ou sur une commune du territoire
national, la norme destinée à être généralisée aura le mérite d’être une norme ayant suscité « une plus grande adhésion
des citoyens ». Cette norme ou loi pourra par conséquent être qualifiée de norme quasi-unanime.
Au regard de ce qui précède, l’on est conduit à s’interroger : une norme quasi-unanime est-elle une norme
efficace ? Bien plus, peut-on conclure que l’efficience de la méthode expérimentale en matière juridique réside
uniquement sur une norme unanime et efficace ? La réponse est négative. En matière juridique tout comme dans d’autres
sciences, la méthode expérimentale doit permettre de rechercher la véracité d’une situation. Cette méthode doit alors
contribuer à générer des concepts de droit certains et légitimes dépourvus de toute contestation (pp.20-21).
La réussite de cette méthode dans la recherche en droit requiert un certain nombre de conditions : l’inexistence
d’un évènement perturbant la réalisation de l’expérience (A) et l’objectivité de l’expérimentateur (B).
(A)Le succès de la méthode expérimentale en Droit requiert alors une condition principale : l’inexistence d’un
événement susceptible de perturber le bon déroulement de l’expérimentation de la loi. De manière concrète, la norme,
destinée à être généralisée ou pérennisée, ne doit, lors de sa mise à l’épreuve dans un cadre temporel et spatial défini par
avance, être influencée par aucun phénomène telles la grève, les tensions ou crises de toute nature. La loi expérimentée
durant une période définie et dans une collectivité déterminée ne pourra comporter des dispositions acceptées de tous que
si durant cette expérimentation, aucune situation n’a bouleversé le comportement des destinataires de la loi. La loi ne sera
alors que son propre reflet. L’unanimité suscitée par la loi conférerait par conséquent aux dispositions et idées contenues
dans la loi un degré notoire de véracité ou de certitude.
(B)Outre l’absence d’événement perturbant l’expérimentation, l’application de la méthode expérimentale peut
réussir si la personne qui réalise cette expérimentation est objective. Il pourra, dans le cadre de la recherche et de
l’expérience diligentée à l’égard d’une loi avant son application définitive, suivre une catégorie de population ou de
personnes déterminée. Cela permettrait la « pérennisation » des lois (réformes) bien pensées. Le sujet qui réalise ou met
en œuvre l’expérimentation en Droit doit se fonder sur l’observation des faits tout en réfutant toutes idées préconçues. Il
est notoire de souligner que l’objectivité requise ici s’applique aux méthodes sociologiques qui supposent une parfaite
neutralité du chercheur libéré de tout préjugé. Il convient alors de noter qu’en définissant au préalable les critères objectifs,
le sujet réalisant l’expérience en matière juridique peut parvenir à la réussite de la méthode expérimentale en Droit (pp.23-
24).
166

approche compréhensive, elle aborde son sujet d’étude de manière ouverte et assez large, elle
inclut une cueillette des données au moyen de méthodes qualitatives, c’est-à-dire en
impliquant, à la saisie, aucune quantification, elle donne lieu à une analyse qualitative des
données, à l’occasion de laquelle les «mots sont analysés par l’entremise d’autres mots, sans
qu’il y ait passage par une opération numérique» et elle débouche sur un récit ou une théorie,
mais non sur une démonstration374.
- Selon Deslauriers, la recherche qualitative, très importante, s’attache à rechercher le sens
et les finalités de l’action humaine et des phénomènes sociaux. Elle s’intéresse avant tout aux
valeurs, intensions, finalités, croyances, idéologies, etc. des êtres humains et peu aux liens de
causalité. Son analyse plutôt souple et davantage inductive s’inspire de l’expérience de la vie
quotidienne et du sens commun qu’elle essaie de systématiser. Si elle ne rejette pas les chiffres
ni les statistiques et les graphiques, elle ne leur accorde pas la priorité ; « elle se concentre
plutôt sur l’analyse des processus sociaux, sur le sens que les personnes et les collectivités
donnent à l’action, sur la vie quotidienne, sur la construction de la réalité sociale »
(Deslauriers1991 : 6375).
- La méthodologie qualitative est plus généralement associée aux recherches de nature
inductive; il ne s’agit pas alors de valider ou d’infirmer des hypothèses en fonction de
variables strictement prédéterminées, mais plutôt d’étudier le « contexte écologique » dans
lequel s’inscrit l’objet de la recherche376

En Droit particulièrement, si l’approche chiffrée peut être utile pour mesurer le niveau
d’application d’une norme juridique, calculer ses effets du point de vue de l’efficience et apprécier
l’amplitude de son impact, les études de nature compréhensive servent à documenter les attitudes
et prédispositions des destinataires lorsque ceux-ci interagissent avec le Droit. En effet, l’approche
chiffrée n’a pas toujours de valeur explicative en soi et l’approche exclusivement compréhensive ne
permet pas de quantifier une réalité donnée.

Le modèle d’analyse qualitative se concentre sur les données recueillies à partir d'entretiens,
d'observations, d’études de cas, de textes, etc. En général le traitement des documents textuels
porte prioritairement sur les thèmes (analyse thématique ou analyse de contenu) ou/et sur les modes
d'expression (mots, expressions, stratégies d'exposition, associations de thèmes, évolution des
manières de dire, etc.).

Ici, le chercheur établit des catégories susceptibles de produire du sens pour la situation.
L’objectif est de mettre en évidence le sens global des données, donc d’identifier des unités de
significations, de développer le contenu des unités de significations et de synthétiser l’ensemble des
unités de significations. Il faut toutefois retenir que les tris peuvent être utilisés dans les études
qualitatives.

Or, certaines recherches en Droit peuvent également mobiliser une analyse qualitative de
sources documentaires diverses. On pense à la doctrine, à la jurisprudence et aux travaux

374
Pierre PAILLE, « Recherche qualitative », in MUCCHIELLI, A. (dir.), Dictionnaire des méthodes qualitatives, op.
cit., p. 218. La recherche qualitative s’inscrit dans un paradigme compréhensif, qui peut être qualifié d’interprétatif ou
d’holistique ; « elle considère la réalité sociale comme une construction humaine, reconnait la subjectivité comme étant
au cœur de la vie sociale et conçoit son objet en termes d’action-significations des acteurs ». Selon cette approche
méthodologique, l’appréhension de la réalité sociale est distincte de l’analyse de faits « physiques et naturels ». En effet,
le paradigme compréhensif consiste à saisir « le sens subjectif et intersubjectif » d’une réalité donné
375
Cité par NDA, P., op. cit., p. 159.
376
COURTOIS, J-P et DEMET, H., « Épistémologie des approches qualitatives », in MUCCHIELLI, A. (dir.),
Dictionnaire des méthodes qualitatives, op. cit., p.71.
167

parlementaires. Dans certains cas, l’analyse documentaire constitue un compromis, notamment


lorsqu’il est impossible de procéder à une observation directe du phénomène étudié. Dans d’autres
cas, le recours aux sources documentaires visera à procéder à une analyse de discours des acteurs, par
exemple. Si l’analyse discursive peut découler d’une mesure de récurrence de certains thèmes, dans
certains cas, il sera indispensable de se pencher sur la nature et la portée du contenu des discours377.

Les outils de collecte et d’analyse des données sont essentiellement l’entretien, le groupe de
discussion, l’observation et l’analyse qualitative de contenu. Les données recueillies sous la forme de
notes manuscrites, d’enregistrements audio ou vidéo sont traitées de façon inductive en les découpant
en unités de sens, en les classant et en les synthétisant dans l’objectif de faire émerger des régularités
et de découvrir des liens entre les faits accumulés. L’essentiel de l’analyse consiste à générer du sens
à partir des données elles-mêmes.

L’analyse qualitative des données est une activité de structuration et de mise en relation logique
de variables et, par conséquent, de catégories de données, pour dégager un sens. Elle cherche à
comprendre et non à prouver. Elle peut aboutir à :

- une construction de typologies pour regrouper des variables qui vont ensemble ;
- une analyse qualitative de contenu, pour mieux saisir le sens ou les messages des textes ou
des entretiens retranscrits ;
- une étude monographique d'un «phénomène social total» au contour circonscrit (un parti
politique, une communauté villageoise, une secte, etc.) pour rendre compte de toute la
complexité de ses rapports sociaux constitutifs ;

Mais il sied de préciser que le recours aux approches qualitatives et quantitatives peut s’avérer
complémentaire. Les hypothèses de départ d’une recherche visant à saisir l’usage du Droit peuvent
découler d’un constat déduit d’une analyse des données chiffrées portant, par exemple, sur l’activité
judiciaire. Ainsi, le constat d’une mobilisation limitée des instances formellement chargées de la mise
en œuvre contentieuse d’une norme peut rendre utile le recours à une enquête, de nature «
compréhensive », qui cherche alors à saisir les motifs de cette désaffection. Inversement, l’enquête
qualitative peut préparer l’étude quantitative en permettant de mesurer un phénomène repéré lors
d’entretiens ou de groupes de discussion.

Si l’analyse du contenu peut être faite manuellement, des logiciels informateurs comme les
CAQDAS, les outils d’analyse lexicale et les outils d’analyse de réseaux peuvent être utilisés pour le
traitement des données textuels. Mais nous insistons ci-dessous sur les outils de CAQDAS.

1. L’analyse manuelle assistée par ordinateur : les logiciels CAQDAS(Computer Assisted


Qualitative Data Analysis Software),

Les données qui se présentent sous forme de textes occupent une place centrale dans la
recherche juridique. Il peut s’agir de l’analyse des sources formelles du Droit ( des textes législatifs
et réglementaires, des décisions des tribunaux judiciaires et administratifs ou les travaux préparatoires
et débats ayant entouré l’adoption d’une loi) que sur d’autres sources pouvant éclairer notre

377
v. VALLEE, G, « La jurisprudence, les archives institutionnelles et les entrevues : des sources utiles pour une étude
empirique du Droit ? L’exemple de recherches en Droit du travail », in La recherche empirique en Droit, op. cit., pp. 57-
80.
168

compréhension des phénomènes juridiques, qu’il s’agisse d’entretiens individuels ou collectifs, de


comptes-rendus d’observations, ou d’autres textes non juridiques.

L’étiquette CAQDAS regroupe un éventail d’outils informatiques qui ont été développés, à
compter des années 1980, par et pour des chercheurs en sciences sociales faisant appel à des
techniques d’analyse qualitative. Le travail réalisé à l’aide de CAQDAS consiste essentiellement à
attribuer des catégories à des textes ou des segments de textes ; il se rapproche ainsi à plusieurs égards
de celui qui peut être réalisé sur papier au moyen de « post-its», de surligneurs ou d’opérations de
«copier-coller», ou par l’utilisation de logiciels de gestion de base de données comme FileMaker 378.

Parmi les CAQDAS les plus connus, on compte les logiciels ATLAS.ti, MaxQDA, NVivo, et
QDA Miner. Il existe également des logiciels libres et gratuits, dont le logiciel Weft QDA.

2. Principes de base et étapes des CAQDAS

L’analyse des données par CAQDAS est conçue comme un processus itératif, faisant appel à
un mode de codage « ouvert » permettant de classifier et de reclassifier les données dans des
catégories au fur et à mesure qu’elles émergent au cours de l’analyse. Cependant, l’utilisation de
CAQDAS n’est pas incompatible avec une approche plutôt déductive, puisque rien n’empêche le
codage initial d’être guidé par des hypothèses de départ, qui seront réévaluées (ou non) au fur et à
mesure que des découvertes inattendues viendront les remettre en question.

Deux étapes sont nécessaires379 :

- La première étape dans l’utilisation de CAQDAS consiste à insérer dans le logiciel les
documents à analyser. Par la suite, deux grands types d’opérations peuvent être effectués. Le
premier concerne la classification des documents en fonction de variables considérées comme
potentiellement pertinentes. Dans le cas d’entretiens, il est courant d’associer à chacun des
attributs liés aux caractéristiques de la personne rencontrée (genre, âge, fonction, etc.). S’il
s’agit d’analyser des décisions judiciaires, on pourrait classer chacune d’elles en fonction
d’attributs tels que la date, le tribunal concerné, des caractéristiques des parties ou de l’affaire,
ou de tout autre élément, potentiellement.
- La deuxième étape concerne le « codage » proprement dit. Le codage consiste à découper les
textes analysés et à associer aux extraits ainsi obtenus une ou plusieurs catégories définies en
fonction des objectifs de la recherche. Par exemple, un chercheur intéressé à la manière dont
les juges appliquent une règle de Droit pourra choisir de classer les fragments du corpus
jurisprudentiel en fonction de chacun des critères prévus par la règle ou de ses diverses
interprétations possibles.

Ces opérations de classification, au terme desquelles chacun des documents et fragments analysés
se voit attribuer un ensemble d’attributs et de codes, permettent par la suite la réalisation d’opérations
de recherche plus poussées. Par exemple, il devient alors possible de faire des recherches limitées à
une partie du corpus analysé (par exemple, les décisions datant d’une période précise, les entretiens
auprès d’une certaine catégorie de répondants, les sources contenant des fragments codés d’une
certaine manière, etc.). Le codage permet également de procéder facilement et automatiquement au

378
PAQUIN, J. et WOLFGANG ALSCHNER, « L’analyse des données textuelles en recherche sociojuridique : l’apport
des outils informatiques », in La recherche empirique en Droit, op. cit., p. 159 ; BRUGIDOU, M. et LE ROUX, D.,
« L’usage des CAQDAS et des logiciels d’analyse textuelle dans l’analyse secondaire », in L’analyse secondaire en
recherche qualitative, Colloque de Grenoble, 2005, pp.1-11.
379
Ibidem.
169

calcul des effectifs dans chaque catégorie (par exemple, le nombre de femmes par rapport au nombre
d’hommes, le nombre de décisions rendues par année, etc.). On pourra ainsi, par de simples requêtes,
comparer différents éléments du corpus au moyen de tableaux croisés indiquant le total des effectifs
dans chacune des catégories considérées. Par exemple, on pourra étudier l’évolution de la longueur
des décisions rendues sur une certaine question au moyen d’un tableau dont les colonnes
représenteront chacune des périodes considérées, et les lignes, le nombre de pages. Chacune des
cellules indiquera, pour chaque catégorie, le nombre de décisions en cause, dont on pourra obtenir la
liste en cliquant simplement dans la cellule en question.

B. Analyse des résultats en recherche quantitative ou statistique

1. Rappel sur la notion de recherche quantitative

Disons dès l’abord que la recherche quantitative est celle qui se rapporte à l’usage de
données qui peuvent faire l’objet d’une forme ou d’une autre de quantification. Elle est souvent
mécaniquement associée à des études de nature déductive, fondée sur la mise en relation entre des
causes et des effets. Elle favorise une approche centrée sur la validation empirique d’hypothèses
préétablies. Dans cette perspective l’approche quantitative est plus souvent associée à des stratégies
d’analyse de nature plus explicative que compréhensive380.

L’analyse quantitative dispose de sources secondaires nombreuses, notamment en matière de


statistique judiciaire. Un certain nombre de grandes enquêtes internationales proposent des
comparaisons statistiques en matière de justice. C’est particulièrement le cas au sein de l’Union
européenne ou d’importants efforts ont été investis dans la production de mesures standardisées et
fiables permettant une comparaison de l’activité juridique et judiciaire entre les juridictions.

Certaines enquêtes permettent la production de données tirées de sources primaires, c’est-à-


dire de sources produites par les chercheurs. C’est le cas lorsque le chercheur produit sa propre banque
de données. On pense ici aux statistiques tirées d’une codification des dossiers judiciaires ou des
plaintes déposées au Parquet par exemple. Mais c’est également le cas du sondage dont il est plus
directement question ici.

L’analyse de données de nature quantitative est favorisée par le recours aux outils développés
par la statistique et peut faire l’objet d’analyses descriptives (variable par variable) ou d’analyses
croisées qui permettent de distinguer les opinions, les aptitudes ou les faits (notamment les
expériences) en fonction de la localisation sociale des citoyens. Les logiciels mis à la disposition des
chercheurs (SPSS, R, Stata, SAS, SPAD, ...) permettent également la réalisation d’un grand nombre
d’analyses différentes, notamment de nature multivariée, qui permettent soit le repérage de grands
profils d’expérience, soit celui de grands profils de représentations. Ces approches facilitent une
démarche plus inductive des données.

Rappelons aussi qu’il existe des statistiques de type descriptif et celles de type explicatif ou
inférentiel.

Il est donc conseillé d’avoir de bonnes notions de base en statistique descriptive, en analyse
multivariée, en initiation aux programmes informatiques de gestion et d’analyse de données.

380
BERNHEIM, E., art. cit., p.15.
170

2. Les instruments des statistiques descriptives

Ces statistiques regorgent les tableaux de distribution de fréquence ou tableaux de distribution


des données, les représentations graphiques des données, les mesures de tendance et les mesures de
dispersion381.

a. Les tableaux de distribution des données

Le dépouillement et l’organisation des données brutes débouchent sur la confection de


tableaux. Les tableaux permettent de déterminer de quelle façon les données relatives à une variable
se distribuent. Il s’agit en fait de préciser la fréquence d’apparition de chaque donnée d’une variable.
Ainsi, à chaque donnée de la variable le chercheur pourra faire correspondre sa fréquence absolue,
c’est-à-dire le nombre de fois où cette même donnée apparait dans la distribution. La fréquence
absolue peut également s’exprimer en termes de proportion ou de pourcentage de données. On réfère
alors à la fréquence relative. La fréquence cumulative se calcule en additionnant chaque valeur de la
fréquence absolue aux valeurs précédentes.

b. Les représentations graphiques des données

-Le diagramme en bâtons pour illustrer une distribution de données porte sur une variable discrète
telle l’appartenance sexuelle.

-L’histogramme est utilisé pour représenter la distribution des valeurs groupées (les classes) d’une
variable continue telle que l’âge qui peut prendre un nombre infini de valeurs (exemple : Trésor
Kapinga a 50 ans ; il a, en réalité, un âge compris entre 50 ans et 0 jour et entre 50 ans et 364 jours) ;
l’histogramme est construit toujours à l’aide de bâtons à la verticale qui, dans ce cas, sont reliés les
uns aux autres, pour illustrer précisément la continuité de la variable.

-Enfin le polygone de fréquences (ou courbe), dérivé de l’histogramme, relie le point milieu de
chacun des intervalles de classes par un segment de droite.

c. Les mesures de tendances centrales

On l’ déjà dit, il s’agit de la moyenne arithmétique. Le mode est la valeur qui revient le plus
souvent dans une distribution. La médiane représente la valeur d’une distribution de données qui
divise cette dernière en deux parties égales, c'est-à-dire qu’environ 50% des données sont inférieures
à la valeur médiane et environ 50% sont supérieures à celle-ci.

d. Les mesures de dispersion : l’étendue et l’écart type

- L’étendue ou la variance permet de déterminer la distance qui sépare les valeurs maximale
et minimale d’une distribution de données. L’étendue est la distance mathématique qui sépare
les points limites d’une distribution de données. Elle se calcule en soustrayant la valeur la plus
faible de la valeur la plus élevée d’une distribution de données, après que les données ont été
ordonnées de façon ascendante, c'est-à-dire de la plus petite valeur à la plus grande.

381
V. NDA, P., op. cit., pp. 160 et s.
171

Exemple : 20 30 40 50 60 70 80 90 90 90 100 100 110.

Etendue= 110 – 20 = 90

- L’écart type est une mesure de dispersion qui reflète le degré de variabilité de toutes et de
chacune des valeurs ou données par rapport à la moyenne. Il reflète le degré de dispersion de
chacune des données par rapport à cette moyenne.

3. Les instruments des statistiques explicatives ou inférentielles

Les statistiques inférentielles (donc de type explicatif) sont des résultats de tests statistiques. Elles
cherchent à vérifier la présence d'un lien de corrélation ou de causalité entre une ou des variables
explicatives (variables actives ou indépendantes) et des variables à expliquer (variables dépendantes),
c'est-à-dire à répondre à la question : « X influence-t-elle le comportement de Y? ». Elles cherchent
donc à vérifier des hypothèses. Pour analyser la relation entre deux variables, on les croise dans un
tableau dit « tableau croisé », ou « tableau de contingence ».

Deux grandes classes d'analyses statistiques explicatives ou inférentielles sont généralement


retenues pour vérifier les liens entre variables :

- Les tests paramétriques pour des variables dont la distribution est normale ou gaussienne (par
exemple le t de Student pour les échantillons indépendants et pour les échantillons appariés,
la corrélation r de Pearson, l'analyse de variance, les analyses de régression, de covariance,
etc.);
- Les tests non paramétriques, c'est-à-dire ceux qui ne correspondent pas aux critères de
normalité, par exemple le test de la médiane, le test du signe, le test de Kendall tau, le test de
Krushal-Wallis, le khi deux (X2).

La statistique inférentielle (relation entre variables) utilisée avec divers types de données
permet donc de tester les hypothèses de liaison, de déterminer les changements observés dans les
comportements des sujets, de voir s'ils sont dus à l'effet du traitement ou de l'intervention ou s'ils sont
dus au hasard.

On précise qu’il existe actuellement des logiciels informatiques pour ces types d’analyses
statistiques.

C. Analyse mixte des résultats (analyse qualitative et quantitative)

L’utilisation de méthodes mixtes (MM), c’est-à-dire l’emploi conjoint des méthodes


quantitatives et qualitatives dans la recherche en sciences humaines et sociales est concevable à ce
jour382 et suscite, depuis les deux dernières décennies, de nombreux débats

382
Mais l’utilisation et le développement des MM (ou de RMM) suscitent, depuis les deux dernières décennies, de
nombreux débats et des controverses notamment sur le plan épistémologique. Pour approfondir ces débats voir Marta
ANADON, qui propose dans son article de séparer les chercheurs en trois groupes selon la posture prise : 1) ceux qui
affirment l’existence de différences incompatibles; 2) ceux qui acceptent de combiner les deux approches dans une même
étude et qui prônent la compatibilité paradigmatique en faisant surtout coïncider MM et triangulation; 3) ceux qui
proposent d’autres bases épistémologiques considérant la RMM comme un troisième mouvement méthodologique qui
complète les traditions quantitative et qualitative (ANADON, M., « Les méthodes mixtes : implications pour la recherche
« dite » qualitative », in Recherches qualitatives, op. cit., p. 105.
172

En termes généraux, les méthodes mixtes (MM) peuvent être considérées comme une approche
à la connaissance (théorie et pratique) qui tente d’envisager plusieurs points de vue et perspectives
Ivankova, Creswell et Stick (2006) les définissent comme une procédure pour collecter, analyser et «
mélanger » ou intégrer des données qualitatives et quantitatives (dérivées de méthodes) à un certain
stade du processus de recherche dans une même étude dans le but de mieux comprendre le problème
de la recherche1383.

Même si nous sommes du courant de la compatibilité paradigmatique : le mélange quantitatif-


qualitatif synonyme de triangulation ; la question qui se pose est de savoir comment intégrer des
données quantitatives et qualitatives. Il a été proposé trois stratégies d’intégration, la
complémentarité, la combinaison et la triangulation :

- La complémentarité fait référence à l’utilisation de deux méthodologies avec l’objectif


d’aborder, avec chacune d’entre elles et séparément, une dimension différente de l’objet
d’étude. Cette stratégie conserve l’indépendance des méthodes et des résultats; on l’appelle
encore l’approche multiméthode séquentielle.
- La combinaison indique l’utilisation d’une méthode de manière subsidiaire par rapport à une
autre afin d’accroître la validité de cette dernière. Il existe une combinaison méthodologique
visant à obtenir un seul type de résultat à partir de la dernière méthodologie utilisée. Par
exemple, étudier l’effet de l’utilisation des nouvelles technologies sur l’aspect cognitif de
l’apprentissage en employant un prétest et un post-test; les résultats seront combinés avec une
entrevue sur la dimension affective de l’apprentissage (motivation, intérêt, etc.). Ici
l’information principale provient des preuves objectives (les tests); celle qui émerge des
entrevues est secondaire, subsidiaire.
- La triangulation implique l’utilisation des deux méthodologies pour aborder le même aspect
de la réalité. Dans ce cas, même s’il existe une indépendance dans l’application des méthodes,
les résultats convergent. Son utilisation suppose l’acceptation que les deux méthodologies
peuvent capturer le même aspect de la réalité.

Pour rappel le terme triangulation a été introduit par Campbell et Fiske (1959) pour référer à
l’opérationnalisation dans laquelle plus d’une méthode est utilisée dans le cadre d’un
processus de validation. Ce type de triangulation est celle que Denzin (1978) appelle « entre
méthodes » (between-method), ce qui implique que des méthodes mixtes devraient utiliser les
résultats d’une composante qualitative d’une étude, convergeant avec les résultats de la
composante quantitative (Bryman, 2007). Denzin (1978) a défini la triangulation comme «
la combinaison des méthodologies dans l’étude du même phénomène 384». Dans une autre
publication l’auteur renvoie au sens original du terme « triangulation385 ».

383
Ivankova, N. V., Creswell, J. W., & Stick, S. L. (2006). Using mixed-methods sequential explanatory design : From
theory to practice, Field Methods, 18(1), 3- 20 cité par ANADON, M., p.105.
384
“the combination of methodologies in the study of the same phenomenon » (tradution libre) : DENZIN, N. K. , The
research act : A theoretical introduction to sociological methods. New York, NY : McGraw-Hill, p. 291
385
Dans son sens original (Denzin, 1970), la triangulation réfère uniquement à l’utilisation de multiples formes de
méthodes de recherche, pas la combinaison de méthodes quantitatives et qualitatives. C’était aussi compris que chaque
méthodologie qualitative – histoire de vie, étude de cas, interview, ethnographie, observation participante – reposait sur
des hypothèses épistémologiques spécifiques et que chaque méthode avait une histoire disciplinaire complexe. Par
conséquent, ces méthodes d’interprétation ne pouvaient pas être facilement combinées avec une autre. L’utilisation de
plusieurs méthodes, ou triangulation, reflète une tentative d’obtenir une compréhension approfondie du phénomène en
question [traduction libre] (DENZIN, N. K., « Triangulation 2.0 », in Journal of mixed methods research, 6(2), 2012, p.
82).
173

De ce qui précède, nous disons que les statistiques et l’expression graphique des données
conviennent à l’étude des corrélations entre des phénomènes susceptibles d’être traduits en variables
quantifiables. Il faut réaliser que les faits qui intéressent le chercheur juriste par exemple ne sont pas
tous mesurables, quantifiables. Si l’outil statistique permet d’élucider autant que possible les postulats
et hypothèses méthodologiques sur lesquels il repose, il ne dispose pas, en lui-même, d’un pouvoir
explicatif. C’est le chercheur qui donne un sens aux relations entre les phénomènes par le modèle
théorique qu’il a construit au préalable et en fonction duquel il a choisi une méthode d’analyse
statistique386.

A vrai dire, bien souvent une recherche concrète se fait sur le plan quantitatif et sur le plan
qualitatif387. La méthodologie mixte (MM), au- delà de tous débats et controverses, combine justement
la recherche qualitative et la recherche quantitative. Elle peut être diachronique, régionale, sur le
terrain, explicative et compréhensive. Ses données qualitatives et quantitatives sont soumises à une
triple analyse, statistique, documentaire (sens et signification des propos) et d’entretien (sens et
signification des propos).

D. Trois niveaux dans la conception de la conclusion générale de la recherche

La conclusion est la partie charnière qui se charge de présenter, aux lecteurs potentiels, un
panorama de la recherche menée, sans qu’il soit obligé de lire la totalité du travail.

De ce fait, il est nécessaire de présenter les informations utiles et, par voie de conséquence, la
conclusion doit être conçu sur trois niveaux :

1. Rappel des grandes lignes de la démarche


- Rappeler la question de départ dans sa dernière formulation,
- Présenter les caractéristiques principales du modèle d’analyse,
- Présenter le champ d’observation, les méthodes appliquées et les observations effectuées,
- Présenter les résultats de la comparaison et les résultats obtenus, plus un rappel comprenant
les explications des écarts constatés.
2. Présentation des nouveaux apports de la recherche : il s’agit de présenter avec détails les
nouvelles connaissances scientifiques découlant de cette recherche, celles en relation avec
l’objet d’étude et leurs bases théoriques.
3. Perspectives de recherche à développer : puisque le chercheur s’attend toujours à des
résultats plus clairs et plus pratiques de ce fait, il ouvrira alors la perspective aux pistes
d’action proposées en fonction des analyses.

SECTION 2. STRUCTURATION ET PRESENTATION FINALE DES DONNEES


RECOLTEES ET TRAITEES OU PARTIES DU TRAVAIL SCIENTIFIQUE

Il est examiné les parties liminaires et les parties proprement dites du travail et c’est
essentiellement les parties d’un mémoire ou d’une thèse.

Normalement, une dissertation scientifique (un mémoire de licence ou une thèse) doit
comprendre trois grandes parties : l’introduction générale, le corps ou le développement du travail

386
VAN CAMPENHOUDT, L. et QUIVY, R., op. cit., p.205, v. limites et problèmes de l’analyse statistique des données.
387
NDA, P., op. cit., p.162.
174

et la conclusion générale. Ces trois éléments constituent ce qu’on peut appeler les parties principales
ou essentielles du travail scientifique.

Avant l’introduction générale, on trouve des éléments qui ne sont pas indispensables dans la
rédaction d’un travail scientifique que certains qualifient des préalables ou préliminaires à la rédaction
du travail scientifique. Il s’agit de : la page du titre, l’épigraphe, la dédicace, in memoriam, les
remerciements, l’avant-propos, la préface dans les ouvrages scientifiques, de la liste des erreurs et
abréviations.

A partir de la dédicace jusqu’à qu’à la liste des erreurs et abréviations, la numérotation est
latine « I, II, III, IV etc. et à partir de l’introduction générale du travail, la numérotation est arabe (1,
2,3 etc.) et ceci pour montrer que le travail proprement dit commence avec cette partie du travail.

Les anglo-saxons ont l’habitude de placer la bibliographie et la table des matières au début du
travail, tandis que les francophones les mettent à la fin. Une fois placées au début du travail, elles font
partie des préliminaires.

Sous-section 1. Des pages préliminaires au travail

Les pages liminaires sont des pages d’un travail de recherche qui, paginées ou non, précèdent
l’introduction ou le travail écrit proprement dît. L’introduction marque le début du texte principal.

A. L’épigraphe
C’est une courte citation que l’on place en tête d’un travail pour indiquer l’esprit et la
conception qui ont présidé à sa conception. L’auteur est le seul juge de l’opportunité de l’épigraphe.
Notons seulement qu’il ne faut pas en abuser et qu’en tout état de cause elle doit être bien choisie,
pas trop longue et être suivie de la référence complète du passage cité.

L’épigraphe est comme le miroir du travail scientifique. L’on doit y mettre des mots qui ont
trait au travail, cependant, beaucoup d’étudiants ont des difficultés pour trouver les phrases à y mettre.
Celle-ci doit être brève.

B. In memoriam
In Memoriam est une expression latine utilisée dans la liturgie de funérailles et signifiant « en
mémoire de », « en souvenir de ». « Il est une dédicace à la mémoire d’un défunt ». Il s’agit d’une
pensée que l’on a envers un membre de famille ou lointain déjà décédé au jour où le travail est déposé.

Par exemple :

A mes parents qui sont morts sans avoir profiter de la réalisation du présent travail.

A ma regretté tante qui a supporté toutes mes études et qui n’a pas pu profiter des fruits de mes études.

C. La dédicace
La dédicace est l’hommage rendu par l’auteur à des personnes de son choix. C’est un
remerciement voilé à des personnes qui ont été les plus importantes soit dans le cheminement du
cursus estudiantin, soit lors de l’élaboration du travail de recherche.
175

Le dédicataire est une personne envers qui l’auteur se reconnaît une dette de reconnaissance
ou encore, éprouve des sentiments d’affection (parents, époux, épouse, enfants ou amis…) ou
d’admiration.

Par exemple :

A toi, ma très chère mère X qui m’a donné la vie et qui a assuré ma formation intégrale jusqu’à ce
jour.

A vous mes parents x et y pour votre amour, votre affection, votre soutien moral ainsi que pour vos
sages conseils pour la réussite de ma vie.

A toi mon épouse x, pour ton amour, ton esprit de sacrifice et tes efforts consentis d’accompagnement
dans ma formation intellectuelle

C. Les remerciements ou reconnaissances

Remercier les personnes qui ont contribué au succès de l’étude, à un titre ou à un autre, relève
de la simple courtoisie et montre que l’on a conscience de l’importance de l’environnement humain
dans lequel on a travaillé.

Elle est une page de reconnaissance envers des personnes ou des organismes pour l’aide
scientifique, morale et matérielle (ou financière).

Pour l’aide scientifique, le Directeur du travail ; pour l’aide morale et matérielle, ce sont les
parents et amis.

Cependant, il faut prendre seulement garde aux formules naïves, mièvres ou grandiloquentes
que les remerciements peuvent contenir ! Quelques années plus tard lors de la présentation de votre
travail dans une autre occasion ou une autre enceinte, elles peuvent être gênantes….

E. L’avant-propos
L’avant-propos, appelé aussi « préambule », est la partie la partie du travail où l’auteur
explique d’abord les raisons qui l’on amené à étudier le sujet et l’approche utilisée pour l’aborder ;
ensuite, il précise son but, situe son travail par rapport à ce qui existe et, enfin, en indique l’ampleur
et les limites. L’auteur peut en profiter pour parler de principales difficultés rencontrées au cours de
sa recherche.

L’avant-propos indique l’orientation à laquelle le lecteur doit s’en tenir pour bien comprendre
les propos du texte qui suivent, prépare le lecteur aux remarques éventuelles. L’avant-propos est ce
qui vient avant les propos du texte.

F. La préface et la postface
La préface est un texte de quelques pages commentant l’étude, son intérêt et ses conclusions.
Dérivée du latin ( proe : avant et fari : parler), la préface est, en littérature, un texte d’introduction et
de présentation.

La préface énonce donc de manière très brève la philosophie de l’ouvrage. Le plus souvent,
l’auteur laisse le soin de l’élaboration de la préface à une autre personne (souvent un auteur éminent
dans le domaine). Dans les ouvrages scientifiques, la préface se substitue à l’avant-propos.
176

On oppose à la préface la postface qui, elle, est un texte ajouté à la fin d’un livre ou d’un écrit
en guise de supplément ou de conclusion, généralement pour émettre un commentaire, une explication
ou un avertissement. La postface peut être rédigée par l’auteur d’un document ou par une autre
personne. Elle est séparée du corps principal de l’ouvrage et est placée dans les pages annexes, c’est-
à-dire à la fin du document. La postface peut présenter une ouverture, c’est-à-dire un élargissement
vers de nouvelles perspectives, de nouvelles problématiques à traiter, vers une question plus générale
en lien avec celle traitée dans l’ouvrage.

G. La liste des sigles, des acronymes et des abréviations

La liste de ces éléments doit être présentée en suivant les règles admises. Cette liste ne doit
être établie que si elle est nécessaire. Les sigles, abréviations et acronymes doivent avoir une
signification technique que tout lecteur n’est pas censé connaître, il faut donc les expliciter.

- Un sigle, du latin « sigla, » est un ensemble d’abréviations. Il constitue la suite des initiales
de plusieurs mots employés comme abréviation et s’écrit toujours en majuscules.

Exemples : - O.N.U, qui signifie Organisation des Nations Unies ; -P.U.L, qui signifie Presses
Universitaires de Lubumbashi ;

- Un acronyme est un sigle qui se prononce comme un mot ordinaire. Lorsqu’on l’écrit, on ne
sépare pas les lettres par des points abréviatifs et, sauf la première lettre, il peut être écrit en
minuscule.

Exemples :- SIDA., qui signifie Syndrome d’Immuno Déficience Acquise ; -Unesco ; -RDC, -
UNILU, CCCL III etc.

- Bien que les termes « sigle » et « acronyme » soient synonymes du terme « abréviation »,
précisons spécialement que le terne « abréviation » signifie un retranchement de lettres dans
l’écriture d’un mot, de mots dans une phrase, pour écrire plus vite ou prendre moins de place.
Le mot n’est pas écrit en entier, il est coupé, retranché ou raccourci. Le but peut être de gagner
l’espace ou de respecter une obligation de l’éditeur, du logiciel ou de l’institution. Il est suivi
d’un point.

Exemples : - Ex., qui signifie exemple ; -Art., qui signifie article ; -Rev., qui signifie Revue ; - Dr.,
qui signifie droit ; -Coll., qui signifie collection ; -Doc., qui signifie document ; O.L., qui signifie
Ordonnance-loi ; - M., qui signifie Monsieur ; -Me., qui signifie Maître ; …

Voici des exemples de quelques abréviations latines courantes dans les travaux scientifiques : - cf. =
confer

- etc = et cetera ;

-ibid. =ibidem

-ad lib. = ad libitum

- id. = idem

-N.B. = nota bene


177

- Quant aux chiffres et les nombres, on compose en toutes lettres les nombres figurant dans un
texte (ne pas écrire : « il y a 5 jugements… », mais : « il y a cinq jugements »), de même que
ceux qui expriment une durée (secondes, minutes, mois, années). Cependant, il est permis
d’utiliser les chiffres arabes pour les nombres traduisant une date (par ex. le 02 novembre
2018) ; les heures (par ex. à 10 heures) ; les poids et mesures (par ex. 120 tonnes de cuivre) ;
les distances (par ex. 56 kilomètres de Kipushi) ; les articles des lois (par ex. art. 258 du
CCCLIII), les sommes d’argent (par ex. le Tribunal a alloué à la victime 200 000 Fc des
dommages et intérêts pour tous les préjudices subis). Par contre, les numéros des siècles et
des tomes d’un ouvrage se composent toujours en chiffres romains (par ex. XX e siècle ; ou
Tome III).

H. La liste des erreurs (errata)


C’est la liste qui reprend les erreurs qui se sont glissées dans le texte par inadvertance. Pour
signaler les erreurs, on donnera la page et la ligne où elles se trouvent.

I. Le Résumé du travail (élément obligatoire pour les travaux de 3e cycle) ;

J. Le Sommaire (élément obligatoire pour les travaux de 3e cycle) :

Ce sommaire reprend éventuellement les éléments ci-après :

a) L’introduction ;
b) Des parties (ou titres) ;
c) Des chapitres avec énumération des intitulés, numérotés avec des chiffres arabes, sans être
précédés des « sections » ;
d) Conclusion ;
e) Annexes ;
f) Bibliographie
g) Glossaire(facultatif) ;
h) Liste des figures ;
i) Liste des tableaux ;
j) Liste des graphiques ;
k) Table des matières.

Sous-section 2. LES TROIS GRANDES PARTIES DU TRAVAIL UNIVERSITAIRE

Le travail scientifique universitaire est constitué de trois grandes parties essentielles. Il s’agit
de l’introduction générale, du corps du travail connu également sous l’appellation du développement
du travail et de la conclusion générale.

§1. De l’introduction générale du travail

L’introduction présente le sujet et cerne le problème en exposant les principales questions


auxquelles l’auteur se propose de répondre et en déterminant les méthodes utilisées pour aboutir aux
résultats. Une introduction bien écrite donne le ton au document, accroche l’intérêt du lecteur et
178

précise les hypothèses ou l’énoncé du travail. L’introduction doit aussi exposer l’état de la recherche
dans le domaine qui concerne le sujet.

Autrement dit, ça nous ramène à la synthèse suivante :

1. Pourquoi écrire une introduction ?

- Vise à préparer le lecteur à l’argumentation qui va suivre ;

- En pratique, à écrire la version finale en dernier (quand l’argumentation est connue) ;

- Forme exacte variable en fonction du sujet.

2. De manière générale :

- Résumer le sujet en quelques mots ;

- Expliquer l’intérêt du sujet ;

- Eventuellement justifier le choix du sujet (anticipe les objections) ;

- En principe déjà annoncer la thèse défendue (facilite la compréhension) ;

- Indiquer les éléments d’accord (ex. les faits constants),

- Annoncer le plan des développements (crée l’effet d’attente).

L’introduction peut être générale si elle englobe l’ensemble du travail et partielle si elle
annonce une partie, un chapitre, une section ou un point à développer.

Dans la pratique de la Faculté de Droit, les éléments essentiels qui constituent l’introduction
générale sont les suivants : la présentation du sujet ou de l’objet d’étude ou encore contexte général,
le choix et l’intérêt du sujet, l’état de la question, la problématique et l’hypothèse, les méthodes et
techniques de recherche, la délimitation du sujet et la division du travail. Il n’est pas exigé de définir
ces éléments dans l’introduction, il faut plutôt laisser le lecteur deviner l’intention du rédacteur à
travers le texte.

A. La présentation de l’objet d’étude (ou objet de recherche)

L’auteur commencera son introduction en annonçant dans quelques phrases l’objet de sa


recherche. Le chercheur devra identifier le problème qui attire sa curiosité, il devra dire de quoi il
s’agit dans son travail Les premières phrases devraient donc donner une idée sur l’étendue du
problème à examiner en détail dans le reste de l’introduction et qui mènera le lecteur aux points précis
de la recherche.

Quant aux éléments de ce titre388, il y a :

- l’annonce ou l’indication du sujet dans un bref exposé : L’auteur doit


annoncer son sujet précédé et suivi des termes attrayants ;

388
v. Rapport de la Commission de recherche de Faculté de Droit sur « L’uniformisation des normes de présentation des
travaux et de la bibliographie au sein de la Faculté », UNILU, 30 mars 2023, p. 4.
179

- la justification de la pertinence scientifique du sujet ;

- l’intérêt social ou objectif (s) du sujet.

Tous ces éléments sont coulés dans le texte (de l’objet d’étude) sans nécessairement être
énumérés.

B. L’état de la question et/ou revue de la littérature

Nous avons dit que l’état de la question est la partie de l’introduction dans laquelle l’auteur
analyse de manière pertinente les travaux antérieurs de recherche de ses devanciers dans le domaine
tout en mettant l’accent sur son originalité. Il cherchera donc à se démarquer des prédécesseurs en
insistant sur la particularité, la nouveauté ou l’actualité de son sujet.

Pour la revue de la littérature, il faut toujours commencer par les publications locales (de
l’UNILU par exemple) avant de s’étendre au reste de la République ou du monde, tant pour les
ouvrages, les articles des revues, les thèses et mémoires ainsi que les autres sources exploitées par
l’auteur389.

D. La problématique et l’hypothèse de travail

1. Problématique

Pour une recherche juridique, la problématique consiste à construire le problème ou dégager


les constats des problèmes liés au sujet et ensuite formuler des questions y relatives au regard des
théories, principes et concepts juridiques en présence.

2. L’hypothèse

En science, l’hypothèse est une série de réponses supposées ou provisoires, mais


vraisemblables au regard des questions soulevées par la problématique et lesquelles réponses peuvent
être confirmées, infirmées ou nuancées au bout de la recherche.

E. Méthodes et techniques
Pour ce point, voir les détails dans la section précédente.

F. De la délimitation du sujet
Toute démarche scientifique procède fatalement par un découpage de la réalité. Aussi, un
chercheur ne peut pas étudier un fait dans ses aspects ou dans le monde entier, ou encore, depuis le
début des temps jusqu’aux extrêmes limites. C’est pourquoi, un sujet doit être limité selon les faits
étudiés, dans le temps et dans l’espace.

Un sujet bien délimité qualifie l’auteur pour mener sa recherche avec suffisamment
d’efficacité et de lucidité. On ne perd rien en délimitant le sujet, car si la recherche est bien menée,
les résultats peuvent être extrapolés à d’autres populations, à d’autres quartiers, etc.

389
v. Rapport de la Commission de recherche de la Faculté de Droit, déjà cité, p.4.
180

Un sujet peut être délimité d’un triple point de vue, à savoir : la délimitation temporelle,
spéciale et typologique. Les travaux en droit se limitent généralement à la délimitation temporelle et
spatiale.

- Du point de vue temporel ou chronologique : on doit préciser la période au cours de laquelle


le phénomène à étudier s’est manifesté ou a pris l’ampleur ;
- Sur le plan spatial : on doit préciser le territoire dans lequel se localisent les faits ainsi que
les agents et les facteurs qui ont suscité la curiosité scientifique du chercheur ;
- Du point de vue typologique ou de la nature des faits : on doit préciser les types des faits
qui font l’objet de la recherche, c’est-à-dire, le domaine de la recherche.
Tout chercheur a l’obligation d’indiquer la manière dont il est arrivé à délimiter son sujet.
Toute délimitation doit être motivée et valablement justifiée.

G. De la division du travail
La division correspond en quelque sorte au plan sommaire du travail. Le chercheur y indique
les principales parties qui constituent son travail. Il n’est pas nécessaire d’élargir des commentaires
sur le contenu de chacune des parties.

§2. Le corps ou le développement du travail

A. Règles générales

Le corps du travail est la partie du travail dans laquelle l’auteur expose sa pensée et illustre
ses idées ; il doit se concevoir comme une réponse aux diverses préoccupations soulevées dans la
problématique. Le chercheur doit aussi s’inspirer des hypothèses et de la méthodologie pour mieux
développer son travail et les résultats escomptés. C’est donc dans le développement, qu’on présente
en version finale les données récoltées, analysées et les résultats de la recherche (autrement on
fait sortir les données ou informations récoltés et traités des fiches et fichiers documentaires et
bibliographiques pour bien les ranger dans le corps du travail proprement dit).

Le corps du travail doit occuper la majorité du volume. Il peut être subdivisé en parties, en
titres, en chapitres, en sections et en sous-sections et en paragraphes.
Dans cette présentation, il est conseillé de commencer de parler avant tout des considérations
générales ou théoriques (cadre conceptuel et théorique des notions ayant trait au sujet), ensuite,
analyser les faits et enfin, confronter les considérations théoriques aux réalités pratiques du terrain (
la présentation des résultats de ses recherches) :
1. Partie des Considérations générales (ou Cadre conceptuel et théorique sur...,
Notions de…, Régime général de…, Règles de base de…) et Présentation des
faits du terrain

Cette partie doit comprendre les chapitres sur la question théorique et des chapitres qui
traitent des données du terrain.

2. Partie de la présentation des données récoltées et traitées

Cette partie doit comporter des chapitres qui confrontent les considérations théoriques aux
réalités pratiques du terrain. Il n’est pas dit que l’un des chapitres de cette partie doit nécessairement
avoir le même intitulé que le sujet du travail.
181

Selon la nature du thème, on peut, entre autres, présenter les idées suivant les plans ci-après :

- Un exposé : Explication-Illustration-Commentaire (E.I.C.) ;


- Une démonstration : Problème (s)-Cause (s)-Solution (s) (P.C.S.) ;
- Une discussion : Thèse-Antithèse-Synthèse (T.A.S.) ;
- Une comparaison : présentation parallèle de deux idées en montrant leurs
caractéristiques, leurs similitudes, leurs dissemblances.
Ainsi, le style peut être descriptif, explicatif, argumentatif, narratif.

Cette présentation permet de confirmer ou d’infirmer les hypothèses émises au début de la


recherche et doit passer à l’étape finale dont nous parlerons dans la conclusion.

Les parties seront équilibrées et reliées par un enchaînement logique, par des transitions ou
des phrases qui annoncent le chapitre suivant.

Par exemple, on ne peut pas concevoir un travail de Mémoire de licence de 50 pages dont le
premier chapitre renferme 10 pages et le second, 40 pages. On voit vite que l’équilibre est rompu. De
même le développement du travail devra suivre un plan de rédaction. Et le système de division par
appellations est souvent utilisé pour un plan cartésien. Il suffit de consulter les tables des matières des
traités et monographies de droit pour s’en rendre compte. Ce système s’illustre par des appellations
telles que : partie, titre, sous-titre, chapitre, section, sous-section, paragraphe, sous-paragraphe et les
points I, II, III ou A, B, C. il se présente en forme des escaliers. On donne un exemple plus loin.

En clair, quant aux aspects pratiques du développement, il est conseillé de :

1. Travailler sur la base d’un plan provisoire évolutif (d’où l’importance des fiches et
fichiers),
2. Découpage des développements en titres

- Intitulé suffisamment concis et expressif

a. Descriptif, (ex. : A. Définition ; A. La condition de bonne foi ; A. Conception classique


de la responsabilité civile, B. Conception moderne de la responsabilité civile ) ;
b. Argumentatif, ex. : La condition de bonne foi n’est pas remplie; Arguments en faveur
de la thèse restrictive

- Subdivision en sous-titres

a. Eviter longs passages sans intertitre (en règle max. 2 pages)


b. Eviter sections trop courtes (en règle min. 1/2 page)
c. Eviter structure trop complexe (ex. 1.1.1.1.1)

- Recours facultatif à des capsules numérotées (éventuellement titrées)

a. Principe : une capsule = une idée

- Annonce du plan et liens logiques.

B. Sur la notion du plan de travail (ou plan de rédaction)


Deux grands types de plan sont généralement retenus : le plan cartésien et le plan
analytique.
182

- Le plan cartésien (ou plan français), est celui dans lequel les idées sont
regroupées en livres, titres, chapitres, sections et paragraphes (voir le modèle du
Code civil). Les idées (ou le raisonnement) sont présentées selon une logique
binaire. Il comporte généralement deux idées principales et deux idées
secondaires (plan cartésien classique). Mais, il arrive que le développement soit
divisé en trois ou quatre idées principales comportant chacune deux, trois ou quatre
idées secondaires. Dans ce cas, il ne s’agit pas du plan cartésien classique, mais
d’un plan cartésien complexe (voir les divisions dans les manuels, traités,
thèses…). Il y a aussi, le plan cartésien historique (celui qui est dicté par la
chronologie des évènements à analyser) et le plan cartésien logique (celui qui
analyse les idées sans considération de la chronologie).
- Le plan analytique (issu du common law) : est celui dans lequel les idées sont
présentées les unes à la suite des autres. Ainsi, s’il y a trois idées, il aura trois
parties, s’il en a sept, il aura sept parties et ainsi de suite. Les idées du
développement n’ont pas à être regroupées sous des idées principales, elles y sont
présentées de façon linéaire. Ce type de plan convient davantage à certains sujets,
à des textes relativement courts, destiné à une publication dans une périodique par
exemple. Tandis que pour les travaux d’envergure, le plan cartésien, qui comporte
un degré supérieur d’organisations, est plus approprié390.

Ainsi, pour les mémoires et les thèses en Droit, il est souhaitable d’opter pour le plan cartésien
logique (classique ou complexe) ou plan par appellations. Ce mode a l’avantage d’être très simple et
prévoit les niveaux de subdivisions suivants :

1. Les parties ;
2. Les titres
3. Les chapitres ;
4. Les sections ;
5. Les sous-sections
6. Les paragraphes (§1., §2, §3, …) ;
7. Les points (A, B, C…) ;
8. Les sous-points (1, 2, 3, …)
9. Les autres sous-points (a, b, c, …)
10. Les autres sous-points (i, ii, iii, iv, …)
11. Les énumérés ou tirets (-).

Voici un modèle de plan cartésien logique (par appellations) à suivre par exemple dans la
rédaction Mémoire de licence, un travail de débutant :

Chapitre I : intitulé
Section 1 (2, ..) : intitulé
§1 (§2,…) : intitulé
A (B, C, D…): intitulé
1 (2, 3, 4...) : intitulé
a (b, c, d…) : intitulé…
Section 2 : Intitulé…
§1(§2, …)

390
KANDOLO ONUFUKU WA KANDOLO, op. cit., pp.44-49, p.49.
183

A(B,…)
etc.
Chapitre II : intitulé
Section 1
§1(§2, …)
A (B, C,…)
1(2, 3,…)
Section 2
§1 ( §2, §3, …)
A(B, C,…)
Etc.
Le plan cartésien avec numérotation en série de chiffres (I, 1.1., 1.1.1.…) est bien entendu très
savant et assez complexe, mais on peut toujours recourir à ce modèle, ça dépend du choix du
chercheur. Par exemple :
Chapitre. I : intitulé
I.1 : intitulé
I.1.1 (2, ,…) : intitulé
I.1.1.1 (2, 3..) : intitulé
I.1.1.1.1 (2,…) : intitulé
I.1.1.1.1.1 (2, 3…) : intitulé
I.2.
I.2.1
I.2.1.1
I.2.1.1
Etc.
Chapitre II : intitulé
II.1 : intitulé
II. 1. 1 (2, …)
II.1.1.1 (2,…)
II.1.1.1.1
II.1.1.1.1.1
II.2
II.2.1
II.2.1.1
Etc.

§3. La conclusion générale du travail

Alors que l’introduction générale doit commencer clairement ce dont il sera question dans
le travail, dans la rédaction de la conclusion générale, l’on présente (en tenant compte de trois
niveaux dans la conception de la conclusion analysés ci-haut) :

- L’objectif de départ et constats majeurs ;


- Ce qui a été fait (résumé synthétique des données présentées) ;
- Comment on y est parvenu (méthodes et techniques utilisées) ;
184

- Les résultats auxquels on est parvenu, l’apport du travail, les propositions et les
perspectives d’avenir pour les recherches ultérieures, les limites lacunes et les
aspects non abordés.

Cette présentation ne doit pas se faire nécessairement de manière concomitante ou


successive, elle peut se faire aussi de manière alternative.

Le style doit être clair, les faits les plus importants doivent se dégager nettement des acquis
moins importants.

La tendance actuelle est de reproduire les conclusions partielles liées à chaque chapitre et
qui seront cumulées pour avoir une conclusion générale.

Ainsi, une conclusion qu’elle soit partielle ou générale se présente comme :

1. Point de convergence de toute l’argumentation


- C’est la dernière impression laissée à l’auditoire,
- Un lecteur pressé se contentera de l’introduction et de la conclusion !
2. Résumé des principales étapes de l’argumentation
- Constitue en soi un argument par la répétition
3. Ne peut en principe contenir aucun élément neuf
- Sinon, risque de susciter de nouvelles objections chez l’auditoire
- Prudence envers les chutes qui ouvrent le débat
4. Forme exacte variable en fonction du sujet
- ex. : dispositif dans les conclusions (des avocats)
-ex. : executive summary dans certaines consultations
-équivalente à la taille de l’introduction dans une travail académique.

De tout ce qui précède, la conclusion générale un bilan des arguments ou articulé ou une
synthèse. Elle donne réponses aux questions posées dans l’introduction, témoigne de la réalisation
des promesses, énonce le résultat final de la recherche. Il est bon d’établir des correspondances entre
le texte de l’introduction et celui de la conclusion.

Après la conclusion générale, nous avons les annexes ou appendices, ensuite la bibliographie
et enfin la table des matières

§4. Les pages après le texte

A. Les annexes, index et appendices


Ces pages contiennent les questionnaires et parfois l’index des mots importants, des images
ou autres photographies, des tableaux et certains documents d’archive.

-Les annexes : sont des documents intéressants (d’information et/ou d’illustration), mais quelque peu
encombrants pour être mis dans le texte, sont regroupés dans un espace précis des annexes. Toute
annexe doit être annoncée et même justifiée dans le texte (exemple : cf. Annexe 8). Les annexes sont
rangées et numérotées selon un ordre raisonné (chronologie du texte, regroupement par thèmes ou
tout autre critère pertinent). Généralement, les pages d’annexes n’entrent pas en ligne de compte du
nombre requis des pages pour un travail scientifique (et sont généralement à présenter après la table
des matières).
185

-Les appendices : sont des textes connexes qu’on n’a pas pu mettre en citation ou en notes
infrapaginales qu’on place à la fin du travail ; elles sont désignées en lettres majuscules. Ce sont donc
des ajouts délibérés qui prolongent le corps du texte. Par exemple : A, Appendice.

-Il y a deux types d’index : l’index thématique (c’est la table alphabétique des notions ou des thèmes
abordés dans l’étude, avec référence aux pages où ils sont traités) et l’index des noms (liste
alphabétique de tous les noms propres, accompagnés de la référence aux pages où ils apparaissent)391.
Les index sont importants, car après la consultation de la table des matières, on peut s’y référer pour
chercher rapidement une information précise contenue dans le texte.

B. La bibliographie

La bibliographie est une partie importante du travail scientifique parce qu’elle permet de juger
du sérieux de la recherche menée. Elle sert aussi d’orienter les recherches futures.

Elle comprend la liste complète et exacte des sources et des travaux d’auteurs que l’on a
consultés et qui sont cités dans le texte (dans ce cas on parle plus de ‘’références
bibliographiques’’392)

La bibliographie doit suivre scrupuleusement l’ordre alphabétique des noms des auteurs et
ouvrages consultés lors de l’élaboration du travail.

Ainsi, le titre des « textes juridiques et références bibliographiques » comprend en


général les éléments suivants :

I. Textes juridiques
II. Références bibliographiques
A. Ouvrages
1. Ouvrages généraux
2. Ouvrages spécifiques
B. Articles, notes de jurisprudence, résumés
C. Rapports et documents divers
D. Thèses et mémoires
E. Webographie

Il n’est pas interdit qu’il y ait d’autres subdivisions au sein de chaque catégorie des
documents.

Au sujet des textes juridiques, nous faisons remarquer que la tendance actuelle au sein de
plusieurs universités à travers le monde est celle de ne pas classer les textes de loi dans la page de la
bibliographie.

391
NDA, P., op. cit., p.205.
392
Certains auteurs enseignent qu’il faudrait distinguer d’une part, la bibliographie et d’autre part, les références
bibliographiques. Pour eux, la bibliographie contient toutes les sources utilisées lors d’une recherche et d’une lecture
de fond, et pas seulement celles mentionnées dans les écrits.
186

On peut aussi recourir à la Bibliographie de référence informatisée (document séparé, outil


Zotero : https://www.zotero.org, etc.). Cet outil permet donc de générer automatiquement la
bibliographie à partir des notes infrapaginales.

C. La table des matières

La table des matières constitue la dernière rubrique de tout travail scientifique. Elle est
donnée à la fin du travail si elle n’a pas été mise dans la partie introductive.

Elle est constituée de l’ensemble des subdivisions essentielles du travail scientifique. Elle
donne aussi toutes les indications sur les pages où se trouvent chaque titre et ses subdivisions.

C’est pourquoi, elle a deux fonctions : -indiquer l’organisation du travail et – guider le


lecteur à la page où se trouve le chapitre ou la partie du travail qui l’intéresse.

Quant à la typologie, une table des matières peut être littéraire, consistant à relever
systématiquement, chronologiquement et fidèlement les titres des chapitres avec les numéros de la
page où ils commencent ; nominative quand elle est faite pour les œuvres collectives ou les comptes
rendus des symposiums où chaque titre d’ article, chapitre ou discours est suivi par les initiales ou du
nom de son auteur ; elle est descriptive quand elle récapitule des en-têtes des chapitres, sous-
chapitres, des points et sous-points dans l’ ordre où ils se trouvent localisés dans le travail après la
saisie ou la dactylographie finale.

Dans notre système, la table des matières vient après la bibliographie et peut être générée
automatiquement dans l’ordinateur (voir la procédure dans page Word, onglet : Références, Table
des matières). Elle n’est donc pas à confondre avec le sommaire qui est présenter avant
l’introduction.

SECTION 3. QUELQUES ASPECTS SUR LA PRESENTATION DES SOURCES DES


DONNEES DANS UN TRAVAIL SCIENTIFIQUE

Pour garantir l’honnêteté scientifique du chercheur, et afin de permettre de circonscrire son


apport à la science grâce à son originalité, il est important que le chercheur indique dans le corps de
son travail scientifique les sources lui ayant fourni les données, les informations ou arguments les y
contenus. Le grave danger qu’on évite en cette matière est le plagiat, repréhensible sur le plan éthique
que juridique.

Ainsi, on s’attardera plus sur les citations tirées des sources documentaires, lesquelles citations
appellent les notes de références en bas de page (selon, bien sûr, le style communément admis dans
la recherche juridique) pour effectivement éviter le plagiat.

§1. Les citations


A. Définition
187

Les citations sont des reproductions littérales des passages tirés des sources ou des auteurs.

On dirait, qu’en matière de recherche scientifique, la citation ici, est un extrait court d’une
œuvre écrite, publication, livre ou recueil, ou d’un discours prononcé, phrase ou réplique de film. Une
citation correcte cite en théorie avec précision sa source, son contexte et de sa date.

En d’autres termes, c’est l’action de citer, de rapporter les mots ou les phrases de quelqu’un ;
paroles, passages empruntés à un auteur ou à quelqu’un qui fait autorité393.

B. Utilité des citations

En général, les citations servent :

- Soit à confirmer sa propre affirmation en s’appuyant sur l’autorité d’un ou des


auteurs compétents ;
- Soit à réfuter l’opinion d’autrui en mettant en évidence son inexactitude, etc.

Certes, une citation nourrit et consolide un argument ; mais il n’y a pas lieu de citer à
tout prix. Il vaut mieux parfois reformuler des idées empruntées sans omettre cependant de
référer à leurs auteurs (afin de ne pas donner l’impression de faire du plagiat). Les citations doivent
être insérées de manière heureuse. En principe, les citations courtes (ou moins de 40 mots) restent
dans le corps du paragraphe, en écriture normale, et introduites entre guillemets. Au-delà de trois
lignes ( ou de 40 mots), il est suggéré que les citations se placent en dehors du paragraphe en style
citation prédéfinie. On tend aujourd’hui à ne pas se soumettre à cette pratique394 (c’est-à-dire que
dans bien de cas, les rédacteurs citent ou copient même de longs passages d’autres auteurs en les
plaçant dans le corps du travail, sans mettre entre guillemets, mais précisent seulement les références
de ces sources).

C. Usage des citations

L’usage correct des citations requiert de la part de l’auteur une certaine sensibilité et doivent
être en nombre suffisant (un travail qui a assez de citations reflète un certain niveau d’érudition).
Lorsque les citations sont trop rares dans un travail scientifique, les affirmations de l’auteur peuvent
perdre de leur pouvoir de conviction (on peut parler dans ce cas d’un travail suspect ou sans
érudition) ; si elles en excès, elles rendent difficiles la lecture du texte et alourdissent inutilement le
travail (ex : vouloir recourir à 7 auteurs pour définir une notion alourdirait le texte inutilement, vaut
mieux s’arrêter à 2 ou 3 auteurs et justifier la préférence aux définitions de ces 2 ou 3 auteurs).

1. Des guillemets dans les citations

Pour savoir qu’il s’agit d’une citation, le passage cité littéralement et tiré d’une source ou
d’un auteur devrait être mis entre guillemets.

2. L’emploi de la majuscule et de la minuscule dans une citation

393
www.larousse.fr (07/04/2023).
394
NDA, P., op. cit., p.197.
188

Dans un discours direct, une citation est précédée de deux points.

Après les points, on ouvre les guillemets et la phrase commence par une majuscule.
Exemple : Kasongo a dit : « La démocratie en RD Congo n’est pas un slogan, mais une réalité ». Elle
commence par une minuscule si elle est insérée dans une phrase à discours indirect. Exemple :
Mobutu a dit que « tout va changer et tout doit changer ».

Elle commence aussi par une minuscule dans une phrase au discours indirect où il y a
l’expression comme pour, selon et ici la virgule précède la citation. Exemple : Pour Joseph
Kabila, « la tolérance zéro doit être d’application dans tous les secteurs régaliens de la République ».

3. Cas d’une citation dans une citation

Il peut arriver qu’une citation contienne une autre citation. Dans ce cas, il faut utiliser
différentes sortes de guillemets pour identifier les différentes citations, ex. : « …’…’… ».

4. Cas des mots intercalés dans une citation

Lorsqu’à l’intérieur d’une citation, on doit intercaler des mots d’explication ou autres. Ces
ajouts seront placés entre crochets […].

5. Cas de faute dans une citation

Si le texte cité pose des doutes dans sa forme originelle (ex. : fautes d’orthographe…), on le
transcrira tel qu’il est et l’on mettra le signe « sic » ou un point d’interrogation, ou un point
d’exclamation.

6. Cas de saut d’une partie du texte dans une citation


Lorsqu’une citation est longue, il peut arriver qu’on saute une partie. La partie sautée devra
être mise entre parenthèse en insérant trois points à l’intérieur de la parenthèse (…).

7. Le renvoi des citations (ou l’appel des notes)

A la fin d’une citation ou d’une paraphrase, il faut mettre un signe qui renvoie à l’indication
bibliographique à donner en note de bas de page. Le signe de renvoi est normalement en chiffres
arabes (1, 2,3,). L’ordre des chiffres de renvoi peut être repris à chaque page ou à chaque chapitre,
mais il est bon d’avoir une numérotation continue de renvoi.

§2. Quelques styles standardisés de citation ou de référence

Un style de citation ou de référence est un ensemble de règles sur la manière de citer les
sources dans l’écriture scientifique. Souvent, les lignes directrices de style sont publiées dans un
manuel officiel contenant des explications, des exemples et des instruments dans chaque institution
ou maison d’édition. Epinglons ci-dessous quelques styles usuels en français.

A. Le style APA (American Psycholgical Association)

C’est un style répandu dans l’écriture scientifique à travers le monde. Il fonctionne avec un
système numérique ou auteur-date dans lequel l’on cite la source dans une forme abrégée dans le
texte lui-même et dans la liste de références bibliographiques. La liste de toutes les références est
189

dressée de manière complète. Pour plus d’informations sur l’APA style veuillez visiter le site
http://www.apastyle.org

Exemples : --Citation dans le texte du travail :

Le Ministère public, organe de répression, a donc le droit et le devoir de


mettre en mouvement l’action publique ( Katambwe Malipo, 2018)
--Dans la bibliographie du travail :

KATAMBWE MALIPO, (2018), La dualité de juridictions sous la constitution du 18


février 2006. Lubumbashi, RDC : PUL.

B. Le style MLA (Modern Language Association)

Ce style recommande un ensemble universel des lignes directives que les écrivains peuvent
appliquer à tout type de source. C’est un style qui est plus utilisé dans les études de langues ou de
lettres. Il emploie le système auteur-numéro de page.

Exemples : -- Citation dans le texte du travail :

Le Ministère public, organe de répression, a donc le droit et le


devoir de mettre en mouvement l’action publique (Katambwe Malipo, 63).

--Dans la bibliographie du travail :

KATAMBWE MALIPO, La dualité de juridictions sous la constitution du 18 février


2006. Lubumbashi : PUL, 2018.

C. Le style OSCOLA (Oxford University Standard for the Citation of Legal Authorities)

C’est un style est utilisé par les Ecoles de Droit. Il est prédominant dans le domaine de la
rédaction académique légale. Il utilise un système de notes incluant une description complète de la
source dans le bas de page, de l’auteur jusqu’au numéro de la page. A ce jour, la dernière publication
du Manuel des normes OSCOLA est la 4e édition du 21 septembre 2022.

C’est ce style qui est adopté même au sein de la Faculté de Droit de l’Université de
Lubumbashi395, pour autant qu’il consiste à placer les notes de références en bas de page (références
infrapaginales) plutôt que de les insérer dans le texte lui-même, ou de le grouper en fin de chapitre
ou en fin de volume, ce qui alourdit le texte et nuit à la continuité de la lecture en obligeant le lecteur
à tourner constamment les pages.

Exemples : --Citation dans le texte du travail :

1) « Le Ministère public, organe de répression, a donc le droit et le


devoir de mettre en mouvement l’action publique1 ».
--Note en bas de page :

395
v. Rapport de la Commission de recherche de la Faculté de Droit, déjà cité, p.5.
190

1
. KATAMBWE MALIPO, La dualité de juridictions sous la constitution du 18
e
février 2006, 2 éd., PUL, Lubumbashi, 2018, p. 63

--Dans la bibliographie du travail :

KATAMBWE MALIPO, La dualité de juridictions sous la constitution du 18 février


e
2006, 2 éd., PUL, Lubumbashi, 2018, 288p.

2) « Mais si la réparation du dommage est subordonnée aux caractères direct et


personnel de celui-ci ; il n’en faut déduire que d’autres personnes que la victime immédiate du
dommage, ne puissent pas elles aussi à titre personnel se prévaloir, à l’égard de l’auteur de l’incident
des dommages qui en résultent pour elles 396»

--Note en bas de page :

1. Aimé BANZA ILUNGA, Limitation des victimes par ricochet en droit moderne de
réparation, Editions Universitaires Européennes, Beau-Bassin, 2019, p.2

--Dans la bibliographie du travail :

BANZA ILUNGA, Aimé, Limitation des victimes par ricochet en droit moderne de
réparation, Editions Universitaires Européennes, Saarbrucken, 2019

On peut citer plusieurs autres styles : le style classique ou de Chicago (à sa 17e édition
actuellement ) qui indique soit la source complète dans une note infrapaginale et dans la bibliographie
ou soit écrit la source dans une forme abrégée, au format auteur-date, dans le texte et liste la source
de manière complète dans la bibliographie, le style AAA (American Anthropological Association) ;
le style NLM (National Library of Medecine) ; le style AMA (Amercican Management Association),
le style Harvard, le modèle de Vancouver, développé par l’International Commitee of Médical
Journal Editors(ICMJE), etc397

Ainsi, c’est cet aperçu sur les styles de citations nous permet d’analyser le point relatif aux
notes infrapaginales, lesquelles notes sont amplement usitées dans les travaux de recherche en Droit.

§3. Des notes et références infrapaginales (ou de bas de page)

A. Notions et fonctions
1. Notions
Les notes de bas de page ont pour but de documenter, d’appuyer ou de prouver ce qui est dit
dans le texte (c’est donc la référence d’une citation).
Elles contiennent des éléments d’information indispensables au travail scientifique. On
trouvera donc en notes les indications bibliographiques et tout ce qui est utile pour rendre le texte
plus complet et plus clair.

2. Fonctions

397
v. KANDOLO ONUFUKU WA KANDOLO, op. cit., pp. 142-150 ; MPALA MBABULA et NGANDU MUTOMBO,
op. cit., pp. 141 e s.
191

Les fonctions des notes et références sont essentiellement les suivantes398 :


- Les notes servent à indiquer la source d’une citation, d’un élément d’analyse, d’un
chiffre, etc.
- Elles servent à des renvois internes dont il ne faut pas abuser
- Elles permettent aussi de présenter des commentaires qui alourdissent le texte,
mais qui peuvent être utiles pour le lecteur,
- Elles servent à élever le degré d’érudition réelle ou apparente du travail
universitaire.
Par rapport à ce dernier point, Michel Beaud distingue trois types de thèse399 ou de
travail universitaire :
a) Le travail érudit ou d’apparence érudite (thèse érudite), celui qui par
exemple, pour quarante lignes (40) lignes de texte rédigées, renferme quarante
(40) lignes de notes de bas de pages ;
b) Le travail suspect d’insuffisante érudition (ou thèse suspecte d’insuffisante
érudition), celui qui, pour trente-trois (33) lignes de texte rédigées, pas une
seule note de bas de page ;
c) Le travail honnêtement érudite (thèse honnêtement érudite), qui pour
vingt-cinq (25) à trente (30) lignes de texte rédigées, regorge cinq(5) à dix (10)
lignes de notes.

B. Où placer les notes et références


- Différents systèmes sont adoptés pour placer les notes. Certains les mettent à la fin
de chaque chapitre, d’autres à la fin de tout le travail, d’autres encore les mettent
dans un volume à part, surtout si elles sont fort abondantes (voir le style Vancouver
par exemple). Ces procédés ont le grand inconvénient d’obliger le lecteur à faire
tout le temps la navette entre le texte et les références. Le système le plus commode
et le plus usité consiste à mettre les notes au bas de la page ; il facilite le passage
du texte aux notes et inversement (cfr. Style Chicago, Style OSCOLA).
- Les notes placées au bas de la page sont normalement séparées du texte par une
ligne allant de gauche à droite, longue d’environ un tiers d’une ligne de texte. Dans
un texte imprimé, la ligne est souvent remplacée par un espace vide. Lorsque l’écrit
est dactylographié ou imprimé, les notes sont normalement plus serrées que le
texte.

C. Appel de notes et notes correspondantes

- L'appel de note est signalé dans le texte par un chiffre entre parenthèses ou placé en exposant d'un
mot. L'appel de note et la note correspondante se trouvent sur la même page. Mais les pratiques de
regroupement des notes en fin de chapitre sont courantes, surtout dans les livres édités.

- La numérotation des appels de note se fait par page ou alors de manière continue, tout au long du
chapitre.

Par exemple : l’appel de note n° 399 (en bas de la page précédente).

398
v. BEAUD, M., L’art de la thèse, op. cit., p. 136.
399
Ibidem, p.137.
192

D. Types des notes


Compte tenu de leur contenu, les notes peuvent se classer en quatre catégories :
1. Notes bibliographiques : qui ne contiennent que l’identification de l’œuvre d’où l’on
a tiré la citation.
2. Notes de renvoi : qui, comme le dit le mot, renvoient le lecteur intéressé à consulter
lui-même les documents que l’auteur se contente de paraphraser, de résumer ou
auxquels il fait allusion. Ces notes sont normalement introduites par le mot latin
« conferratur » (en abrégé : Cfr ou Cf ); par le mot voir (v ou voy) ; …
3. Notes complémentaires : elles contiennent tout ce qui risque d’encombrer le texte et
qui est malgré tout important au travail scientifique ou utile à une compréhension plus
claire du texte. Les notes de ce genre consistent en ces citations ou en des réflexions
de l’auteur.
4. Notes mixtes : qui cumulent des éléments des trois autres sortes.

E. Les abréviations indispensables dans les notes

Les abréviations que l’on trouve le plus souvent dans les notes :

1. Pour l’auteur
-Le mot latin IDEM=ID., signifie « même ». Cette abréviation est utilisée quand il
s’agit du même auteur, mais des livres différents.
On ne peut pas écrire ID suivi de la page. Par ailleurs, on ne peut pas non plus écrite
ID suivi de IBIDEM.
Puisque ID se réfère au nom de l’auteur.
Ex. : (1) KATAMBWE MALIPO, La dualité de juridictions sous la constitution du 18 février
2006, 2e éd., P.U.L, Lubumbashi, 2018
(2) IDEM, Précis de droit civil : les contrats usuels, Lubumbashi, P.U.L.,
2011
ID,… : renvoie à KATAMBWE MALIPO.

- Op.cit. ou o.c. = Opus citatum = (œuvre citée » : cette locution renvoie à l’œuvre qui a été citée en
dernier lieu, sans impliquer nécessairement l’identité des pages.

Ex. : (1) KATAMBWE MALIPO, La dualité de juridictions sous la constitution du 18 février


2006, 2e éd., P.U.L, Lubumbashi, 2018

(2) KYABOBA KASOBWA, Introduction générale au droit privé, 2è éd.,


Editions Feu Torrent, Kinshasa, 2014

(3) KATAMBWE MALIPO, op. cit., p. 63

- Art.cit. ou a.c. = Articulum citatum = « article cité : renvoie à l’article qui a été en dernier lieu
et « Loc.cit. » = in « Loco citato » = « à l’endroit cité ». Cette expression est généralement
précédée de in et elle renvoie au document déjà cité (revue, journal, mélange, encyclopédie,
etc.) qui contient l’article concerné. Loc.cit. peut être souligné ou mis en italique suivant le
document auquel il renvoie et suivant l’usage adopté par l’auteur dans l’écriture de ce genre
de documents.
193

Ex. (1) KANYINDA LUSANGA, « Les institutions traditionnelles luba », dans


Congo-Afrique, n° 34, 1960, pp. 10 – 50.

(2) HENDERSON, E.-H., « Eloge de la justice », in Zaïre-Afrique, n° 29,


1995, pp. 5-18
(3) KANYINDA LUSANGA, « Art.Cit.
On peut facilement remplacer Art.cit. », pp. 10 – 50.
Par Op.cit.
Ce qu’on vient de

2. Pour l’auteur et l’ouvrage : Ib., Ibid.

Cette abréviation est celle de Ibidem. Il s’agit d’une note venant après une autre et
quand on a un même auteur, un même ouvrage et la page peut être la même ou différente.
Ex. (1) KIFWABALA TEKILAZAYA, Droit civil des biens, P.U.L., Lubumbashi, 2004, p.
30.
(2) IBIDEM, p. 50.

3. Pour un auteur et ses plusieurs ouvrages cités dans un même travail

Plusieurs rédacteurs se compliquent quand il faut citer plusieurs ouvrages d’un même auteur
dans un même travail scientifique et surtout lorsqu’il faut
citer pour la unième fois.
A ce sujet, il faut reprendre le nom de l’auteur suivi du titre de l’ouvrage, suivi de op. cit
et de la page.

Ex. : I. Supposons que ça soit la page N°1 du travail :

(1) KALUNGA TSHIKALA, Droit commercial général, CRESA, Lubumbashi, 2013, p.12
(3) KIFWABALA TEKILAZAYA, Droit civil des biens, P.U.L., Lubumbashi, 2004, p. 30
(4) KALUNGA TSHIKALA, Droit des sociétés, CRESA, Lubumbashi, 2014, p.26

II. Supposons que ça soit à la page N°12 du travail


Alors si le rédacteur veut encore citer les ouvrages de KALUNGA TSHIKALA sur d’autres
pages du travail, il ne se contentera pas seulement de placer
« op. cit », il devra le faire précéder du titre de l’ouvrage
pour éviter de confusion entre les deux ouvrages de l’auteur
concernés. Il écrira donc :
(18) KALUNGA TSHIKALA, Droit des sociétés, op. cit., p.78

4. Autres abréviations en rapport avec les notes de bas de pages

- Cf. ou Cfr = « conferratur ». Cette abréviation signifie rapportez-vous à, référez-vous à,


comparez-vous à. Ce terme introduit une note de renvoi. En français, on met aussi voir.
- p. = page au singulier et pp. = pages au pluriel
- col. = colonne ou colonnes.
- éd. = édition
- s.l. = sans indication du lieu d’édition.
194

- s.d. = pour sans indication de la date d’édition.


- s.l.n.d. = sans lieu ni date d’édition.
- t = tome
- v. (ou voy, v°) = voir
-vol= volume
- Contra. : Avis contraire
- s. (ou sv.) : suivant(e)
-Dir. (ou s. dir.) = sous la direction de.

§4. Interdiction du plagiat

L’abondance des informations et l’aisance relative de la recherche documentaire de l’époque


actuelle par rapport à la période précédant la démocratisation d’internet est un des facteurs ayant
promu le plagiat. En effet, actuellement, il n’est plus question de débusquer les données rares pour
lui donner un sens mais plutôt de choisir et de trier les informations à utiliser (avec l’ère du « big data
») sans trop se soucier comment citer les sources de celles-ci400.

La structure du texte présenté ne doit pas faire l’objet du plagiat, autrement le chercheur ne
doit pas s’attribuer des données d’autrui.

A. Le plagiat
Le plagiat c’est l’appropriation d’une idée ou d’un contenu (texte, images, tableaux,
graphiques, etc.) total ou partiel sans le consentement de son auteur ou sans citer ses sources de
manière appropriée401.
Autrement, le plagiat consiste à s’approprier le texte ou le travail d’autrui sans mentionner la
source de l’emprunt. En effet, un plagiat confirmé entraîne l’invalidation de la publication et pourrait
occasionner des poursuites judiciaires.

Sont ainsi considérés comme constitutifs de plagiat :


- Copier le texte de quelqu’un d’autre sans l’indiquer systématiquement comme citation,
- Reproduire des images, des graphiques, des données etc., sans en signaler l’origine,
- Dans les mêmes conditions, la quasi-copie ou reproduction servile,
- La traduction d’une langue dans une autre, sans référence appropriée,
- S’approprier les idées originales de quelqu’un d’autre sans faire référence à celui-ci,
- Le plagiat de contrefaçon : l’appropriation sans droit d’un objet protégé par la propriété
intellectuelle,
- L’auto-plagiat.

Ce plagiat peut être fait sur un document en version papier ou en version électronique.

Ainsi, le plagiat électronique ou le cyber plagiat : c’est le fait de copier ou paraphraser du


contenu électronique, quel qu’en soit le support (web, courriel, vidéo, …) sans en citer la source ;
d’insérer des graphiques, des images, des données (par exemple : fichier Powerpoint ou Excel,

400
BERGADAA, M., « Une brève histoire de la lutte contre le plagiat dans le monde académique », Questions de
communication (26), 2015, pp. 171-188 cité par PAQUET, P., Le mémoire de fin d’études. Méthodes et outils pour une
rédaction à forte valeur ajoutée, ebook, 2018, publié sur www.amazon.com, et sur https://fr.scribd.com
401
Le Guide de la CNRS et de la CPU, « Pratiquer une recherche intègre et responsable : un guide », https://comité-
ethique.cnrs.fr/guide-pratique
195

statistiques et données en ligne) sans en indiquer la source (URL ou DOI); acheter en ligne un travail
clé en main et le soumettre comme le sien, etc.

B. Auto-plagiat et recyclage des textes

5. Notions

L’auto-plagiat c’est le fait de présenter un travail déjà soumis ou de gros morceaux de son
document déjà soumis comme étant complétement nouveau402.

Selon le guide pratique du comité d’éthique de la CNRS (Centre National de Recherche


scientifique) en France403 :

- « L’auto-plagiat, consiste pour son auteur, à recycler tout ou partie d’un contenu déjà publié
sans citer les sources. Cette pratique peut constituer une atteinte à la déontologie dans le cas
où le document ou les extraits réutilisés ont déjà fait l’objet d’une publication, car ils ne
respectent pas l’obligation de ne soumettre que des travaux originaux ».
- Le recyclage de texte est la réutilisation de matériel textuel (prose, visuels ou équations) dans
un nouveau document lorsque (1) le matériel dans le nouveau document est identique à celui
de la source (ou substantiellement équivalent dans la forme et le contenu), (2) le matériel n’est
pas présenté dans le nouveau document comme une citation (via des guillemets ou un bloc
d’indentification), et (3) au moins un auteur du nouveau document est également un auteur du
document précédent.

A titre d’exemple, prendre un Mémoire de master de 240 pages de 2 chapitres et y ajouter un


chapitre de 70 pages, pour en faire une thèse de 310 pages (bien sûr en restant dans la même
thématique) ; vouloir publier un article déjà publié dans une autre revue ; etc.

6. Quelques cas de tolérance ou d’exception

Mais on peut lire dans le même Guide que « la notion d’auto-plagiat est également complexe
et s’apprécie différemment selon les circonstances. La réutilisation par un auteur du contenu de ses
travaux, qu’il fait passer pour nouveaux, fausse son engagement moral implicite avec son lecteur et
contrevient aux bonnes pratiques de la profession. L’auto-plagiat s’apprécie différemment selon les
circonstances et ne constitue pas toujours une pratique répréhensible. Les répétitions de passages
déjà publiés dans des articles successifs peuvent se justifier, par exemple dans un état de l’art, à
l’article, à condition toutefois de faire référence à l’article d’origine. Le découpage d’un même travail
en publications qui se recoupent partiellement (salami sclicing) peut permettre de prendre rang le plus
tôt possible, mais ne doit pas servir seulement à allonger la liste de publications. Le cas de l’auto-
plagiat dans la vulgarisation scientifique fait l’objet d’une réflexion particulière »404.

Il ressort de ceci que :

- La réutilisation de passages déjà publiés dans les introductions d’articles successifs sur le
même sujet peut se justifier lorsqu’ils sont indispensables à la compréhension de l’art ;

402
DEBRET, J., « L’auto-plagiat- Qu’est ce que c’est ? Comment l’éviter ? », Scribbr., in https:/www.scribbr.fr/le-
plagiat/l-auto-plagiat/
403
v. in https://comité-ethique.cnrs.fr/guide-pratique
404
https://comité-ethique.cnrs.fr/guide-pratique
196

- En sciences humaines et sociales, la publication des mêmes résultats en français puis en


anglais dans des revues académiques est tolérée, avec argument qu’on ne touche pas le même
public ;
- La teneur d’un article de recherche peut être reprise dans un journal grand public ou dans
un cours, une conférence peut être recyclée en livre ; ce dernier peut faire l’objet d’un débat
retransmis à la radio ou à la télévision, etc.

C. Conséquences des pratiques de plagiat, tricherie et fraude

L’ensemble de ces pratiques de plagiat de tricherie et de fraude sont répréhensibles :


- Sur le plan de l’éthique
- Sur le plan de la propriété intellectuelle ‣
- Sur le plan académique, tout plagiat entraînera, en fonction de son degré de gravité et/ou de
son caractère délibérément frauduleux, une sanction pouvant aller jusqu’à l’annulation du
travail concerné405.

Ci-après l’extrait d’un article du journal Le Monde sur le sujet qui peut faire réfléchir : « Pour
avoir intégralement copié le "projet personnel" d'une camarade de l'année précédente, M. B. s'est
ainsi fait exclure, en 2003, de son université pour six mois. Pour avoir recopié dans son mémoire des
passages entiers tirés de sites Internet sans utiliser de guillemets, un étudiant a écopé en mars 2004
d'une exclusion avec sursis d'une durée de deux ans. Une étudiante n'ayant écrit que trois pages de
son mémoire de maîtrise a, quant à elle, été condamnée à un an d'exclusion de son université, en juin
2004 406».

C’est pourquoi depuis un certain temps, les universités utilisent de plus en plus des scanners
pour détecter le plagiat. On peut citer les outils anti-plagiat suivants : PlagScan ; scribbr ;
Compliatio Studium ; Plagiarism ckeker; PrePostSEO Plagiarism Checher ( un outil en ligne pour
vérifier le taux de contenu dupliqué) ; etc.

C’est dans la même perspective que l’article 24 de l’arrêté


n°101/MINESU/CABMIN/MNBMBLB/2023 du 13/02/2023 modifiant et complétant l’arrêté du 22
/12/2015 portant normes d’opérationnalisation des enseignements du 3-ème cycle dans les
établissements d’enseignement supérieur et universitaire en RD Congo, exige aux universités de se
doter de la Charte anti-plagiat. L’article est ainsi libellé « tout établissement autorisé à organiser
des études de 3e cycle est tenu de se doter d’une charte de sa politique anti-plagiat dont les exigences
doivent être connues de tous les apprenants dès le début de la formation doctorale ».

§5. Les éléments d’appréciation d’un travail universitaire

Les travaux académiques sont appréciés ou évalués sur base de certains critères qui sont liés
au fond et à la forme.

A. La forme

405
JAFFERALI, R., op. cit., p.22.
406
Bronner, L. « De plus en plus créative, la fraude aux examens est durement punie », page généré en mars 2005, in Le
Monde: http://www.lemonde.fr/ (consulté le 07/04/2023).
197

La forme est la manière dont un travail est présenté et structuré. Elle concerne la clarté du
style et de la langue utilisée, sa simplicité, sa concision, sa cohérence et la progression des idées. Elle
concerne aussi la présentation matérielle du travail : la propreté dans l’écriture, les ratures, les
surcharges, les fautes, la qualité des feuilles, les caractères, la qualité des figures, les cartes, les
tableaux…

B. Le fond

C’est la compréhension approfondie du sujet ou du thème en étude, laquelle compréhension


implique la maîtrise de la question traitée et l’apport scientifique, justifié par une bonne méthodologie
de collecte et traitement des données recueillies.

Et donc le fond d’un travail de recherche universitaire est évalué au triple plan : de la
méthodologie d’investigation, de la méthodologie d’analyse et de la méthodologie d’exposition ou de
présentation des résultats.
198

CONCLUSION GENERALE

Commencer une recherche est, pour un chercheur en Droit, un moment intellectuellement


très excitant. Ce métier de chercheur s’apprend de manière rigoureuse afin que l’esprit scientifique
garde sa spécificité. Il importe d’avoir la formation et l’information qui permettront de se lancer dans
les meilleures conditions. De ce fait, des exigences méthodologiques de la recherche en sciences et
de l’écriture scientifique devraient préalablement être connues par le chercheur. Le présent Cours,
que nous dispensons depuis plusieurs années, se veut être un guide cherchant à accompagner le
chercheur débutant un travail scientifique dans le domaine juridique (Mémoire de licence ou master
voire la thèse). Il vise à livrer aux chercheurs des règles importantes et des fondamentaux en matière
de recherche et à les orienter tout au long de leur processus d’écriture, tant en fonction de leurs projets
de recherche que des canons académiques.

Ainsi, l’identification des différentes étapes que requiert toute recherche juridique
s’accompagne des méthodes, suggestions et conseils pour une bonne organisation du travail et
lesquels éléments ont été amplement développés dans le présent manuel. Ceux-ci concernent aussi
bien les moments de la recherche documentaire ou sur le terrain, que les phases intellectuelles de
formulation ou construction du sujet, de détermination de la problématique ou de structuration du
plan et de l’analyse des données. Une étude en Droit comme toute étude en science, devra suivre de
nouvelles pistes de réflexion et d’action et avoir pour principale hantise la crainte de participer de la
stagnation de la pensée et du savoir. Évidemment, le chercheur ne trouve pas toujours, ou du moins
pas toujours complètement ou pas toujours ce qu’il cherchait. Mais ses efforts, ses propositions et ses
investigations ne sont jamais vains. Repris et complétés plus tard par d’autres, ils contribuent à chaque
fois, dans une plus ou moins grande mesure, au progrès. Une réflexion, dans quelque domaine que ce
soit, peut (et peut-être doit) être risquée, ouvrir de nouvelles voies plutôt que de cheminer le long des
sentiers battus de la connaissance. Si donc, toute activité de recherche comporte des moments de
doute et de remise en cause, il ne s’agit pas de penser qu’ils sont inutiles, mais de se doter des
méthodes et techniques de travail permettant de les dépasser. Tel a été le bien fondé de cet
enseignement crucial pour la formation du juriste chercheur.
199

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET LECTURES RECOMMANDEES

A. Traités, Précis, Manuels, Dictionnaires et Monographies

1. AGUILA, A. et alii, Quelles perspectives pour la recherche juridique ? , P.U.F, Paris,


2007.
2. AKTOUF, O, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des
organisations. Une introduction à la démarche classique et une critique, Les Presses de
l'Université du Québec, Montréal, 1987.
3. ALLAND D. et RIALS St. (dir.), Dictionnaire de la culture juridique, PUF, Paris, 2003.
4. ARNAUD, A-J., Critique de la raison juridique, LGDJ, Paris, 1981.
5. ATIAS, C., Épistémologie juridique, Dalloz, Paris, 2002.
6. BANZA ILUNGA, A., Manuel de progrès technique et responsabilité civile,
Lubumbashi, 2022.
7. BARRAUD, B., La recherche juridique. Sciences et pensée du Droit, Harmattan, Paris,
2016.
8. BEAUD St. et WEBER, Fl., Guide de l'enquête de terrain. Produire et analyser des
données ethnographiques, La Découverte, Paris, 1998.
9. BEAUD, M., L’art de la thèse, La découverte, Paris, 2006.

10. BERGEL J.L., Théorie générale du Droit, 5e éd., Dalloz, Paris, 2012.
11. BERGEL, J.L, Méthodologie juridique fondamentale et appliquée, P.U.F., Paris, 2018.
12. BERTHELOT, J-M(dir.), L’épistémologie des sciences sociales, PUF, Paris, 2012.
13. BLANCHET A. et GOTMAN, L’enquête et ses méthodes : l’entretien, Nathan, Paris,
1992.
14. BONET, D., L’essentiel de la méthodologie juridique, Ellipses, Paris, 2020.
15. BOUILLON, H., La technique juridique. Essai, Harmattan, Paris, 2016.
16. BRUGIÈRE, A. et JUBLIN, A., Les transformations du travail à l’ère du numérique,
Fing, Synthèse du programme Digiwork, 2017.

17. CARBONNIER J., Flexible Droit, 10e éd, LGDJ, Paris, 2001
18. CASTRIES, H. et MOLFESSIS, N., (dir.), Sécurité juridique et initiative économique,
Rapport, Editions mare & martin, Paris, 2015.
19. CHÉROT, J- Y. et FRYDMAN, B. (dir.), La science du Droit dans la globalisation,
Bruylant, Bruxelles, 2012.
20. CORBIÈRE, M et LARIVIÈRE, N. (dir.), Méthodes qualitatives, quantitatives et mixtes
dans la recherche en sciences humaines, sociales et de la santé, Presses de l’Université
du Québec, Montréal, 2014.
21. CORNU, G., Vocabulaire juridique, PUF, Paris, 2022.
22. DARBON, D et DU BOIS DE GAUDUSSON, J. (dir.), La création du Droit en Afrique,
éd. Karthala, Paris, 1997.
23. DAVID, R. et JAUFFRET-SPINOSI, C., Les grands systèmes juridiques contemporains,
Paris, Dalloz, 2002.
200

24. DAVID, R., Cours de droit civil comparé, D.E.S, 1952-1953, Droit privé, Paris, Les
Cours du Droit.
25. DE SOUSSA SANTOS, B., Vers un nouveau sens commun juridique. Droit, science et
politique dans la transition paradigmatique (tad. de N. Gonzales), LGDJ, Paris, 2004.
26. DELNOY, P., Eléments de méthodologie juridique. 1. Méthodologie de l’interprétation
juridique, 2. Méthodologie de l’application du Droit, 3e éd., Larcier, Bruxelles, 2008.

27. DEMOLOMBE, Ch., Cours de Code Napoléon, L. III, Titre III, Ed. A. Durand et L.
Hachette et Cie, Paris, 1882.
28. DE PAGE, H., De l'interprétation des lois, Bruylant-Sirey, Bruxelles-Paris, 1925.
29. DE PAGE, H., À propos du gouvernement des juges, Bruylant-Sirey, Bruxelles-Paris,
1931.
30. DESCARTES, R., Discours de la méthode. Pour bien conduire sa raison et chercher la
vérité dans les sciences (1637), Librairie des bibliothèques, Paris, in
www.books.google.cd

31. DE THEUX, A., KOVALOVSZKY, I et BERNARD, N. (dir.), Précis de méthodologie


juridique : Les sources documentaires du droit. Nouvelle édition [en ligne]. Bruxelles :
Presses de l’Université Saint-Louis, 1995, (généré le 04 juin 2019). Disponible sur
Internet : ISBN : 9782802803683. DOI : 10.4000/books.pusl.4061.
32. DUBOUCHET, P., Droit et épistémologie. L'Organon du Droit, Harmattan, Paris, 2008.
33. DUFFRENOY, P., Précis de droit colonial, Bruxelles, 1946.
34. DUGUIT, L., Traité de Droit constitutionnel, t.1 : La règle de Droit, le problème de
l’État, 3e éd., De Boccard, Paris, 1927.
35. DWORKIN, R., L’empire du Droit, trad. fr.., PUF, Paris, 1994.
36. FENET, P-A., Recueil complet des travaux préparatoires du Code civil, t.12 (éd.
Videcoq, 1836), Rééd. Hachette, Paris, 2018.

37. FRYDMAN, B., Les transformations du Droit moderne, Fondation Roi Baudouin,
Bruxelles, 1998.
38. FRYDMAN, B. et LEWKOWICZ, G., (dir, Le Droit selon l’École de Bruxelles,
Académie Royale de Belgique, Bruxelles, 2015.
39. GADAMER, H-G., Vérité et méthode. Les grandes lignes d’une herméneutique
philosophique, trad. par E. Sacré, Seuil, Paris, 1976.

40. GAUTHIER, B.(dir.), Recherche sociale. De la problématique à la collecte des données,


Presse de l’Université du Québec, 2003.
41. GENY, Fr., Méthode d'interprétation et sources en Droit privé positif, t. 1, 1e éd., LGDJ,
Paris,1919.
42. GENY, Fr., Méthode d'interprétation et sources en droit privé positif, t. 1, 2e éd., LGDJ,
Paris,1954.
43. GERKENS, J-Fr., Droit privé comparé, Larcier, Bruxelles, 2007.
44. GESUALDI-FECTEAU, D. et BERNHEIM, E. (dir.), La recherche empirique en Droit,
méthodes et pratiques, éd. Thémis, Montréal, 2021.
45. GOYARD-FABRE, S., Critique de la raison juridique, PUF, Paris, 2003.
46. GRAWITZ, M., Méthodes des sciences sociales, Dalloz, Paris, 1993.
47. GUAY, J-H., Statistiques en sciences humaines avec R, 2e éd., PUL, Québec, 2014.
48. HAYEK, F. A., Droit, législation et liberté. Une nouvelle formulation des principes
libéraux de justice et d’économie politique, PUF, Paris, 2013.
201

49. JAILLARDON E. et ROUSSILLON D., Outils pour la recherche juridique, Editions


des archives contemporaines, Paris, 2010.
50. KALUNGA TSHIKALA, Rédaction des mémoires en Droit. Guide pratique, éd. Du
COL, Lubumbashi, 2012.
51. KANDOLO ONUFUKU WA KANDOLO P-F., Guide Kandolo. Méthodes et règles de
rédaction d’un travail de recherche en Droit, EUD, Beau Bassin, 2018.
52. KELSEN, H., La théorie pure du droit, (1934, trad.fr. Ch. Eisenmann), Sirey, Paris,
1962.
53. KELSEN, H., Théorie pure du Droit. Introduction à la science du Droit(traduit de
l’allemand par H. Thevenaz), Ed. de la Baconnière, Neuchâtel, 1953.
54. KIZOBO OBWENG-OKWESS, Méthodologie de la recherche scientifique. Retour sur
quelques fondamentaux, éd. Mes, Kinshasa/Lshi, 2016.
55. KOUASSIGAN, G., Quelle est ma loi ? tradition et modernisme dans le Droit privé de
la famille en Afrique noire francophone, éd. Pédonne, Paris, 1971.
56. KYABOBA KASOBWA, L., Introduction générale au droit privé, 2è éd.,
Editions Feu Torrent, Kinshasa, 2014.
57. KYABOBA KASOBWA, L., La prévention des atteintes à la sécurité des
consommateurs. Etude comparée des droits Congolais et belge et de l’Union
européenne, P.A.F., Saarbrücken, 2013.
58. LAMY, E., Le Droit privé zaïrois. Introduction à l'étude du Droit écrit et du Droit
coutumier zaïrois, Vol. I., P.U.Z., Kinshasa, 1975.
59. LAURENT, Fr., Principes de Droit civil français, t.15, A. Durand, Paris, 1872.
60. LE MOIGNE, J-L, Les épistémologies constructivistes, PUF, Paris, 2007.
61. LOUBET DEL BAYLE, J-L, Initiation pratique à la recherche documentaire,
Harmattan, 1997.
62. LUCKERHOFF, J. et GUILLEMETTE, Fr.(dir.), Méthodologie de la théorisation
enracinée. Fondements, procédures et usages, Presses de l’Université du Québec, 2012.
63. MAINGUY, D., Guide de la thèse (en droit), Ecole doctorale de Droit et Sciences
sociales de Montpellier, sd..
64. MARAIN, G, Méthodologie et aspects formels de la recherche, petit manuel à l’usage
des juristes, Harmattan, Paris, 2015.
65. MINGASHANG, I, et ZEGBE ZEGS, F. (dir), Méthodologie de la recherche et de la
rédaction en droit, T1, Introduction générale : Eléments d’initiation à l’intention des
chercheurs en RD Congo, Bruylant, Bruxelles, 2022.
66. MONGEAU, P., Réaliser son mémoire ou sa thèse, Presse de l’Université du Québec,
2008.
67. MOTULSKY, H., Principes d’une réalisation méthodique Du droit privé, Dalloz, Paris,
1991.
68. MPALA MBABULA et NGANDU MUTOMBO, Guide méthodologique pour
doctorant, éditions MPALA, Lubumbashi, 2019.
69. MUCCHIELLI, A. (dir), Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences sociales,
Armand Colin, Paris, 2009.
70. MULLER, Fr., Discours de la méthode juridique (trad. De l’allemand par O.
JOUANJAN), éd. Léviathan PUF, Paris, 1996.
71. MUSAFIRI NALWANGO, P., Les Pièges symboliques et violation des droits humains
en Droit Positif Congolais. Contribution critique à l’élaboration du Droit
praxéologique, éd. La dialectique, Lubumbashi, 2014.
202

72. NDA, P., Recherche et méthodologie en sciences sociales et humaines Réussir sa thèse,
son mémoire de master ou professionnel, et son article, Harmattan, Paris, 2015.
73. NTAMPAKA, Ch., Introduction aux systèmes juridiques africains, Presses
universitaires de Namur, Namur, 2005.
74. OPPETIT, Br., Philosophie du Droit, Dalloz, Paris, 1999.
75. OST, Fr. et KERCHOVE, M., Jalons pour une théorie critique de droit, Publications des
Facultés Universitaires St-Louis, Bruxelles, 987.
76. OST, Fr. et KERCHOVE, M., De la pyramide au réseau ? Pour une théorie dialectique
du Droit, Presses de l’Université Saint-Louis, Bruxelles, 2010.
77. PAPAUX, A. et CERUTTI, D., Introduction au Droit et à la culture juridique, vol. 2,
Schulthess Éditions Romandes, Zurich, 2021.

78. PAQUET, P., Le mémoire de fin d’études. Méthodes et outils pour une rédaction à forte
valeur ajoutée, ebook, 2018, publié sur www.amazon.com et sur https://fr.scribd.com
79. PERELMAN, Ch., Logique juridique. Nouvelle rhétorique, Dalloz, Paris, 1999.
80. POPPER, K., Le réalisme et la science, vol.1. : post-scriptum à la logique de la
découverte scientifique, (trad. D. Andler et A. Boyer), Hermann, Paris, 1990.
81. RAWLS, J, Théorie de la justice, Trad. C. Audart, éd. Point Seuil, 1987.
82. RIALS, St., Le juge administratif français et la technique du standard. Essai sur le
traitement juridictionnel de l’idée de normalité, LGDJ, Paris, 1980.
83. ROMELAER, P. et KALIKA, M., Comment réussir sa thèse, Dunod, Paris, 2011.
84. SACCO, R., La comparaison juridique au service de la connaissance du Droit,
Economica, Paris, 1991.
85. SAMBA THIAM, Introduction historique au Droit en Afrique, Harmattan, Paris, 2011.
86. SARFATI, J-J, Le Droit : un espace pour l’un et pour l’autre. Plaidoyer pour une
approche post-positiviste du Droit, ed. Connaissances et Savoirs, Paris, 2017.
87. SEGRESTIN, Bl. et HATCHUEL, A., Refonder l’entreprise, éd. du Seuil,Paris, 2012.

88. SERGUES, B. (dir) La recherche juridique vue par ses propres acteurs, Presses de
l’Université Toulouse 1 Capitole, Toulouse, 2016.
89. SCHUMPETER, J. A., Capitalisme, Socialisme et démocratie, Payot, Paris, 1942.
90. SHALUKOMA NTAHULIGANA MWENE-LARHA, Du Droit africain bantu,
TéleEsprit Editions unies, Rome, 2004.
91. SIEGFRIED, A. et alii, Progrès technique et progrès moral, t. II, Rencontres
internationales, Genève, 1947.
92. STRAUSS, L, Droit naturel et histoire, éd. Flammarion, Paris, 1953.
93. VAN CAMPENHOUDT L. et QUIVY R., Manuel de recherche en sciences sociales,
Dunod, Paris, 2006.
94. VAUTROT-SCHWARZ, Ch., La qualification juridique en Droit administratif, LGDJ,
Paris,2009.
95. VAN DE KERCHOVE, M. et OST, Fr., Le système juridique entre ordre et désordre,
P.U.F., Paris, 1988.

96. VANDER EYCKEN, P., Méthode positive de l'interprétation juridique, Falk,


Bruxelles, 1906.
97. VANDERLINDEN, J., Comparer les Droits, Ed. Story-Scientia, Bruxelles, 1995.
98. VILLEY, M, Philosophie du Droit. Définition et fins du Droit. Les moyens du Droit,
Dalloz. 2001.
203

99. VILLEY, M, Seize essais sur la philosophie du Droit, Dalloz, Paris, 1969.
100. VILLEY, M., La formation de la pensée juridique moderne, P.U.F, Paris, 2013.
101. VON JHERING, R., Lutte pour le Droit (trad. De l’allemand par O. MEULENAERE),
Librairie Marescq Ainé, Paris, 1890.

B. Articles, cours et documents divers

1. ALLARD, J., « Interprétation, narration et argumentation en Droit : le modèle du roman à la


chaîne chez Ronald Dworkin », in Approches juridiques, pp.67-80, en ligne :
https://dipot.ulb.ac.be
2. AMSELEK, P., « Éléments d'une définition de la recherche juridique », in Archives de
philosophie Du droit, n°24, 1979, pp.302- et s.
3. AMSELEK, P., « Lois juridiques et lois scientifiques, in Cahiers de philosophie politique et
juridique, 1987, n°12, pp. 91-107.
4. ANADON, M., « Les méthodes mixtes : implications pour la recherche « dite » qualitative »,
in Recherches qualitatives, vol. 38(, n°1, 2019, pp 105–123. https://doi.org/10.7202/1059650a
5. ASSIE G. et KOUASSI R., Cours d’initiation à la méthodologie de recherche, Ecole pratique,
Abidjan, 2016, en ligne.
6. BANZA ILUNGA, A., Manuel de philosophie du Droit, L2, UNILU et UPL, 2023.
7. BERGEL, J-L, « Ebauche d’une définition de la méthodologie juridique », in R.R.J- Cahier
de la méthodologie juridique, n°5, 2005, pp.2649-2659.
8. BERGEL, J.-L., « La sécurité juridique », in Revue du notariat, Vol. 110, n°02, 2008, pp.
271–285, https://doi.org/10.7202/1045538ar
9. BERNHEIM, E et al., « L’approche empirique en Droit : prolégomènes », in La recherche
empirique en droit, méthodes et pratiques (dir. GESUALDI-FECTEAU, D. et BERNHEIM,
E.), éd. Thémis, 2021, pp. 3-26.
10. BINET, L. « La thématique des transformations du Droit et le paradigme du droit-phénomène
social », in Les Cahiers de droit, 31(3), 1990, pp 917–931, https://doi.org/10.7202/043042ar
11. BIOY, X., « La signification du terme “recherche”, dans le champ de la science juridique »,
in La recherche juridique vue par ses propres acteurs (Dir. SERGUES, B.), Presses de
l’Université Toulouse 1 Capitole, Toulouse, 2016, pp.19-29.
12. BLAIS, A. et DURAND, Cl., « Le sondage », in Recherche sociale. De la problématique à la
collecte des données (dir. GAUTHIER, B.), 4e éd., Presse de l’Université du Québec, 2003,
pp. 387-429.
13. BOSSALI Firmin et alii, « Le protocole de recherche : étape indispensable du processus de
recherche garantissant la validité des résultats », in Hegel, Vol. 5 N° 1 – 2015, en ligne à
l’adresse : www.aln.editions.
14. BRUGIDOU, M. et LE ROUX, D., « L’usage des CAQDAS et des logiciels d’analyse
textuelle dans l’analyse secondaire », in L’analyse secondaire en recherche qualitative,
Colloque de Grenoble, 2005, pp.1-11.
15. CADERE, V., « Quelques réflexions sur les études de science juridique comparative », in
RIDC, Vol. 23 N°4, Octobre-décembre 1971, pp. 849-855. DOI : 10.3406/ridc.1971.16106,
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_00353337_1971_num_23_4_1
6106.
16. CUMYN, M. et SAMSON, M., « La méthodologie juridique en quête d'identité », in Revue
interdisciplinaire d'études juridiques (R.I.E.J), Vol. 71, 2013/2, pp.1-42, DOI
10.3917/riej.071.0001, en ligne à l'adresse : https://www.cairn.info/revue-interdisciplinaire-
d-etudes- juridiques-2013-2-page-1.htm
204

17. DENZIN, N. K., « Triangulation », in Journal of mixed methods research, 6(2), 2012, pp. 80-
88.
18. DUCHESNE, S., « Pratique de l’entretien dit ‘’ non-directif’’ », in CURAPP, Les méthodes
au concret, PUF, Paris, 2000, pp.9-30.
19. DUMEZ, H., « Faire une revue de littérature : pourquoi et comment ? » in Le Libellio d’Aegis,
2011, pp.15-27, en ligne à l’adresse : https//:www.hal-amu-archives-ouvertes.fr
20. FONTAINE, M., « Le projet d’Acte uniforme OHADA sur les contrats et les Principes
d’UNIDROIT », in Revue de droit. uniforme, 2004-2, pp. 259 et s.
21. FORTIN, V., « L’ethnographie en Droit », in La recherche empirique en Droit, 2021, pp.29-
56.
22. FRYDMAN, B., LEWKOWICZ, G., et VAN WAEYENBERGE, A., « De l’étude à
l’enseignement du Droit global », 2013, en ligne : www.philodroit.be
23. GADAMER, H-G, « Le problème herméneutique », in Archives de philosophie, t. 33, 1970,
pp. 8 et s.
24. GAMALEU KAMENI, C., « Réflexions sur la méthode expérimentale dans la recherche
juridique », in Revue libre de Droit, 2015, pp.12-24, in : http://www.revue-libre-de-droit.fr
25. GARCIA, M., « De nouveaux horizons épistémologiques pour la recherche empirique en droit
: décentrer le sujet, interviewer le système et « désubstantialiser » les catégories juridiques »,
in Les Cahiers de Droit, 52(3-4), 2011, pp.417–459. https://doi.org/10.7202/1006669ar.
26. GEOFFRION, P., « Le groupe de discussion », in Recherche sociale. De la problématique à
la collecte des données (dir. GAUTHIER, B.), 4e éd., Presse de l’Université du Québec, 2003,
pp. 333-356.
27. GESLIN, A., « L ’importance de l’épistémologie pour la recherche en droit », in La recherche
juridique vue par ses propres acteurs (Dir. SERGUES, B.), Presses de l’Université Toulouse
1 Capitole, Toulouse, 2016, pp.81-130.
28. GESUALDI-FECTEAU, D. et LAURENCE GUENETTE, L., « Le recours à l’entretien dans
la recherche en droit », in La recherche empirique en Droit, méthodes et pratiques (dir.
GESUALDI-FECTEAU, D. et BERNHEIM, E., ), éd. Thémis, 2021, pp. 81-104.
29. GIRARD, F., « Prendre langue avec l’Étranger. La traduction : un modèle pour
l’herméneutique juridique ? » in Sens public, 2015, pp.1-28, en ligne :
https://doi.org/10.7202/1040016ar
30. GOHIN O., « Recherches en droit et recherches sur le droit », in Y. AGUILA et alii, Quelles
perspectives pour la recherche juridique ? PUF, Paris, 2007
31. Guilde du doctorant, à l’adresse: http://www.guilde.jeunes-chercheurs.org/Alire/guide/
32. HASSAN ABDEL-RAHMAN, « La place du syllogisme juridique dans la méthode
exégétique chez GAZALI », CNRS, Paris, sd., pp.185-194
33. HUMA, I., « la technique téléologique et sa raison d’être dans l’interprétation juridique », in
Acta universitatis Danubius, Judicata, n°. 1/2005, pp.37-41, in https://journals.univ-danubius
34. HUSSON L., « Analyse critique de la méthode de l’exégèse », in Archives de philosophie du
droit, 1972
35. HUSSON L., « Examen critiques des assises doctrinales de la méthode de l’exégèse », in
Revue Trimestrielle de Droit civil, Paris, 1976
36. IBANDA KABAKA, P., « Méthodologie juridique. Méthode de recherche en Droit », in
https://hal.science/hal-03939590, Preprint submitted on 15 Jan 2023.
37. JAFFERALI, R., « Méthodologie de la recherche et de la rédaction en Droit civil », Université
Libre de Bruxelles, 2014-2015.
205

38. KANGULUMBA MBAMBI Vincent, « Les Droits originellement africains dans les récents
mouvements de codification : le cas des pays d’Afrique francophone subsaharienne », in
Cahiers de droit, Vol. 46, n° 1-2, Québec, 2005, p. 325
39. KEBA MBAYE, « Le destin du Code civil en Afrique », in Le Code civil 1804-2004, Livre
du bicentenaire, 2004.
40. KOUAM, S. P., « La définition du juriste et la redéfinition de la dogmatique juridique (à
propos du syncrétisme méthodologique) », in Les Cahiers de droit, 55(4), 2014, pp.877–922,
en ligne : https://doi.org/10.7202/1027853ar
41. KAUFMANN, J-C, « L’entretien de recherche et son analyse », in L’analyse de contenu,
Cahier de recherche, n°6, CREDOC, Dec.1990, pp.9-29
42. LENOBLE, J., « Au-delà du juge : des approches herméneutique et pragmatique à une
approche génétique du concept Droit », in EJLS, vol.1, n°2, 2007, en ligne : https://ejls.eu.
43. MATE PAKSY, « Passé décomposé »? deux critiques de la méthode « génétique» de
l’interprétation », in Foro, Nueva época, vol. 16, n° 1, 2013, pp. 111-135, in
http://dx.doi.org/10.5209/rev_FORO.2013.v16.n1.42550
44. MWANZAO IDIN AMINYE, E., Cours de méthodologie juridique. Instruments de
recherche, Rédaction scientifique, Dissertation juridique, UNIKIN, UNIGOM, UPC,
UNIKIK, ULK, 2015.
45. NORMAND, S., « Une analyse quantitative de la doctrine en Droit civil québécois », in Les
Cahiers de Droit, Vol 23, n°4, 1982, pp. 1009–102, en ligne :
https://doi.org/10.7202/042522ar.
46. NOREAU, P., « Le sondage : mesure de fait, d’attitude et d’opinion », in La recherche
empirique en Droit, pp.105-130.
47. NYABIRUNGU MWENE SONGA, R., « De l’interprétation en droit » dans Interprétation,
Cassation et Annulation en Droit Congolais, RDC, Parquet Général de la République,
Mediaspaul, Kinshasa, 2013, pp. 24 et s.
48. OST, Fr. et KERCHOVE, M., « De la bipolarité des erreurs ou de quelques paradigmes de la
science du droit », in Archives de philosophie du droit, n°33, 1988, pp. 177 et s.
49. OST, Fr. et M. Van de KERCHOVE, « L’interprétation », in Vocabulaire fondamental du
droit, Archives de philosophie du droit, t. 35, Sirey, 1990.
50. PAQUIN, J. et WOLFGANG ALSCHNER, « L’analyse des données textuelles en recherche
sociojuridique : l’apport des outils informatiques », in La recherche empirique en Droit,
pp.157-182.
51. POIRIER, D., « Quelques éléments d'une méthodologie juridique scientifique », in R.D.U.S.,
n°15, 1984, pp.184-198, en ligne.
52. PERRON, J-Ph., « Une herméneutique en contexte : le droit », :
//doi.org/10.4000/methodos.3040
53. REMY, Ph., « Éloge de l’exégèse », in Revue de la recherche juridique ,1982.
54. ROUVIERE, Fr. « La méthode casuistique : l’apport des cas critiques pour la construction
des catégories juridiques », in Cahiers de méthodologie juridique, Revue de la Recherche
Juridique, PUAM, 2018, pp.1981-1995.
55. ROUVIÈRE, Fr. « Les règles de la méthode sociologique d’Emile DURKHEIM : des leçons
méthodologiques pour la recherche juridique », in Jurisprudence, Revue critique, n°2, 2011,
pp.325 et s., in https://shs.hal.science/halshs-00709878
56. ROUVIERE, Fr., « Qu’est-ce qu’une recherche juridique ? », in L’évaluation de la recherche
en droit : enjeux et méthodes, Bruylant, 2014, pp.117-137.
206

57. SAVOIE-ZAJC, L. « L’entrevue semi-dirigée », in Recherche sociale. De la problématique


à la collecte des données (dir. GAUTHIER, B.), 4e éd., Presse de l’Université du Québec,
2003, pp. 293-316.
58. TACHE, P., ZIMMERMANN, H. et BRISSON, G., « Pratiquer l’interdisciplinarité en droit :
l’exemple d’une étude empirique sur les services de placement », in Les Cahiers de droit,
52(3-4), 2011, pp. 519–550. https://doi.org/10.7202/1006696ar.
59. THUILLIER, G., « Obsolescence des travaux juridiques », in Dictionnaire de la culture
juridique (dir. ALLAND, D. et RIALS, St.), Lamy-Puf, Paris, 2003, pp. 1102 -1103.
60. TREMBLAY, L, « Le positivisme juridique versus l’herméneutique juridique », in Livre
RJT46-2, 2012, pp. 249-292.
61. TRUDEL, P. « La recherche sur les rationalités des règles de Droit et les techniques de
réglementation- Éléments d'un modèle d’analyse », Étude inédite réalisée à la demande de la
Commission de réforme du Droit du Canada, 1993, 38 p.
62. VALLEE, G, « La jurisprudence, les archives institutionnelles et les entrevues : des sources
utiles pour une étude empirique du Droit ? L’exemple de recherches en Droit du travail », in
La recherche empirique en Droit, méthodes et pratiques (dir. GESUALDI-FECTEAU, D. et
BERNHEIM, E.), éd. Thémis, 2021 pp. 57-80.
63. VIOLA, Fr., « Herméneutique et Droit », in Archives de philosophie du Droit, t. 37, 1992,
pp.331-347, en ligne : https://fr.scribd.com
207

TABLE DES MATIERES


Aimé BANZA ILUNGA ................................................................................................................................. 1
Manuel de méthodologie de la recherche juridique ....................................................................... 1

INTRODUCTION GENERALE .................................................................................................2

A. De l’intitulé de la matière ....................................................................................................2

B. Des objectifs du cours ..........................................................................................................2

1. Objectifs généraux ...............................................................................................................2

2. Objectifs spécifiques............................................................................................................3

C. Compétences ......................................................................................................................3

D. Méthodologie d’enseignement et calendrier .........................................................................3

E. Des activités d’apprentissage et d’évaluation .......................................................................4

F. Des Lectures recommandées ................................................................................................4

G. Annonce du plan ............................................................................................................4


CHAPITRE I ............................................................................................................................................... 5
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE EN DROIT : NOTIONS, TYPOLOGIES ET DEFIS ..................... 5
SECTION 1. NOTIONS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE, DE SCIENCE ET DE METHODOLOGIE .. 5
§1. Considérations sur la recherche scientifique en général ..................................................................... 5
A. Portée de la notion .......................................................................................................................... 5
B. Typologies de recherche ................................................................................................................. 6
C. Postulats et objectifs d’une recherche scientifique ...................................................................... 15
D. Phases de recherche...................................................................................................................... 16
§2. Science et sciences du Droit ............................................................................................................ 17
A. Notions de science en général ....................................................................................................... 17
B. Sciences du Droit .......................................................................................................................... 18
C. Epistémologie juridique ............................................................................................................... 19
§3. Travail de recherche scientifique et typologie ................................................................................... 20
A. Notions du travail de recherche scientifique ....................................................................................... 20
1. Portée, préalables et exigences ..................................................................................................... 20
2. Lieux de la recherche ................................................................................................................... 22
3. Produits de la recherche ............................................................................................................... 23
208

B. Types de travaux de recherche universitaire dans le cadre du LMD (Licence -Master -Doctorat)
23
1. Le Mémoire de Licence ou de Master ................................................................................................. 24
2. La Thèse de Doctorat ......................................................................................................................... 25
3. L’article scientifique .......................................................................................................................... 26
§4. Méthodologie .................................................................................................................................. 27
A. Méthodologie de recherche ............................................................................................................. 28
1. La méthode ................................................................................................................................... 28
2. La technique ................................................................................................................................. 30
4. Méthodologie de recherche .......................................................................................................... 30
B. Méthodologie juridique ................................................................................................................ 31
SECTION 2. RECHERCHE JURIDIQUE : NOTIONS ET TYPOLOGIES ............................................... 32
§1. Notions basiques .............................................................................................................................. 32
§2. Typologies en recherche juridique et différentes doctrines ................................................................ 33

A. Typologies des travaux de recherche juridique .............................................................. 33


1. L’Analyse exégétique dans la recherche juridique de type dogmatique ..................................... 33
2. La théorie du Droit dans la recherche juridique ......................................................................... 36
3. Des propositions de réforme du Droit dans la recherche juridique ............................................ 36
4. La recherche juridique fondamentale ............................................................................................. 36
➢ Commentaire ................................................................................................................................ 36

B. Quelques typologies de doctrine dans les travaux juridiques ......................................... 37


1. La doctrine de législation, de jurisprudence et d’enseignement ....................................................... 37
2. La doctrine de lege lata et doctrine de lege ferenda......................................................................... 37
SECTION 3. QUELQUES ENJEUX ET DEFIS ACTUELS DE LA RECHERCHE JURIDIQUE.............. 38
§1. La question de l’interdisciplinarité et de recherche juridique empirique ........................................... 38
A. De l’interdisciplinarité ................................................................................................................. 38
B. De la recherche juridique empirique ............................................................................................ 39
1. Contour général de la question de recherche empirique en Droit .............................................. 39
2. Nécessité des études empiriques d'exploration en Droit (par l’étude des cas et l’usage des
méthodes statistiques) .......................................................................................................................... 40
§2. La question de la longueur excessive des travaux en Droit et de la polysémie des concepts ........ 41
A. De la longueur excessive des travaux ........................................................................................... 41
B. La question de la polysémie des concepts dans les travaux ................................................................. 42
§3. La question de l’obsolescence rapide des recherches ......................................................................... 42
A. Recherches micro-juridiques et recherches macro-juridiques (il se constate une pérennité de
plus en plus chaotique des recherches micro-juridiques) ................................................................... 43
B. La légitimité du choix de la recherche macro-juridique ............................................................. 44
209

C. L’innovation, secret des travaux ou études à longue durée de vie .............................................. 45


§4. La question de l’évolution des critères de la « bonne » recherche en Droit ........................................ 45
SECTION 4. POUR UNE RECHERCHE JURIDIQUE PROSPECTIVE : LA RECHERCHE TOURNEE
VERS LA REFORME DU DROIT ............................................................................................................ 47
CHAPITRE II ............................................................................................................................................ 50
TROIS ETAPES CRUCIALES DE LA RECHERCHE ET LEUR APPLICATION DANS LE RECHERCHE
JURIDIQUE .............................................................................................................................................. 50
SECTION 1. ETAPE DE DE L’OBJET D’ETUDE ET DE LA PROBLEMATISATION .......................... 50
Sous-section 1. De l’objet d’étude ....................................................................................................... 50
§1. Recherche et conception de l’objet d’étude ou du sujet ................................................................ 50
A. Astuces en vue d’un choix judicieux du sujet ..................................................................................... 51
1. Du côté du chercheur.......................................................................................................................... 51
2. Du côté du sujet à traiter et état de la question ................................................................................ 51
B. De l’aide du Directeur (choisi) ........................................................................................................... 54
C. Formulation du sujet et exemples dans les domaines de spécialisation en Droit ........................ 55
§2. Problématisation ............................................................................................................................ 60
A. La construction du problème ....................................................................................................... 60
B. Le questionnement ....................................................................................................................... 60
§3. Formulation de l’hypothèse .............................................................................................................. 62
Sous-section 2. Du projet ou protocole de recherche ............................................................................... 64
§1. Portée.................................................................................................................................................. 64
§2. Fonctions du protocole de recherche ............................................................................................. 65
§3. Eléments du protocole et leurs fonctions ....................................................................................... 65
A. Modèle d’un protocole.................................................................................................................. 65
B. Exemple du modèle du Projet de recherche de l’UNILU ............................................................ 66
C. Un autre modèle ........................................................................................................................... 66
Sous-section 3. Présentation de l’objet d’étude en première séance staff seminar ................................... 66
§1. Notion, objet et finalité du Staff Seminar .......................................................................................... 67
A. Notion ........................................................................................................................................... 67
B. Objet ............................................................................................................................................. 67
C. Finalité .......................................................................................................................................... 67
D. Participants aux séances du Staff seminar (point 6 du Guide) ................................................... 67
E. Interactions dans les séances (point 10 du Guide) ....................................................................... 68
§2. Eléments du projet du premier staff seminar ..................................................................................... 68
SECTION 2. ETAPE METHODOLOGIQUE ET DE COLLECTE DES DONNEES ................................. 68
Sous-section 1. Les sources pertinentes et techniques de collecte ...................................................... 68
§1. Sources ou données pertinentes ..................................................................................................... 68
210

§2. Méthodes et Techniques de collecte ............................................................................................... 69


A. Techniques de collecte à partir des sources primaires ................................................................ 69
B. Technique de collecte à partir de sources secondaires ................................................................ 69
Sous-section 2. Identification des documents et collecte des données nécessaires pour le juriste
chercheur.............................................................................................................................................. 69
§1. Identification des documents nécessaires .......................................................................................... 70
A. Identification des textes de loi et instruments juridiques internationaux relatifs au sujet ......... 70

1. Les sources normatives (ou textes de base) ..................................................................... 70

2. Les documents ou instruments de la recherche normative............................................. 71


B. Identification de la jurisprudence relative au sujet de recherche ............................................... 73

1. Jurisprudence comme source du Droit ........................................................................... 73

2. Importance et faiblesse de la jurisprudence ................................................................... 74

3. Recensement de la jurisprudence publiée et jurisprudence inédite ............................... 74


C. Identification de la doctrine relative au sujet de recherche ........................................................ 76

1. Les documents papier ...................................................................................................... 76

a. Les encyclopédies ............................................................................................................. 76


b. Les Manuels, précis et traités (ouvrages généraux) ............................................................................. 77
c. Les ouvrages spécifiques (Monographies) .......................................................................................... 77
d. Les périodiques .................................................................................................................................. 77
1°) Les revues juridiques............................................................................................................................ 78

2. Les documents numériques ou électroniques.................................................................. 82

3. La documentation internet .............................................................................................. 82


§2. Organisation des lectures : Où trouver les documents, comment lire ? comment ranger les lectures ? 84
A. Des fichiers et catalogues des bibliothèques (= où trouver les documents ?) .......................................... 84

1. Quelques bibliothèques physiques et numériques .......................................................... 84

2. Modes de classement des ouvrages .................................................................................. 88

3. Usage de la fiche de commande ....................................................................................... 89


B. Astuces quant à l’ordre et à la manière de lire (Comment lire ?) ............................................................. 89
C. Création des fiches (ou fichiers) ou dossier de recherche........................................................................ 90
1. Fiche ou fichier documentaire (ou fiche de contenu)................................................................... 90
2. La fiche bibliographique (ou la fiche de recherche) ................................................................................ 91
A)) La fiche bibliographique des ouvrages et monographies. ...................................................................... 91
1. Le nom de l’auteur : ......................................................................................................................... 91
211

2. Le titre de l’ouvrage ........................................................................................................................... 92


B)) La fiche bibliographique des articles d’une revue ................................................................................ 94
1. Morphologie des articles en support papier. ................................................................................... 94
2. Morphologie des articles en support électronique et autres documents publiés en ligne ....................... 96
C.)) La fiche bibliographique des articles ou chapitres des ouvrages collectifs ........................................... 97
D. La fiche bibliographique des travaux inédits .......................................................................................... 98
E.)) La fiche bibliographique des articles contenus sans les textes légaux et instruments juridiques .......... 100
F.)) La fiche bibliographique pour la Jurisprudence. ................................................................................. 100
3. La fiche de contenu (ou la fiche documentaire) ................................................................................. 101
a. Le titre du contenu ............................................................................................................................. 101
b. Le contenu tiré du texte ........................................................................................................................ 101
SECTION 3. ETAPE DE TRAITEMENT DES DONNEES ET PRESENTATION DES RESULTATS .. 103
Sous-section 1. Phase proprement dite de traitement des données et des résultats.................................. 103
§1. L’analyse et la présentation des données ......................................................................................... 103
§2. L’interprétation et discussion des résultats ...................................................................................... 103
Sous-section 2. L’organisation des fichiers (ou des données recueillies et traitées) avant la rédaction
proprement dite .................................................................................................................................... 105
CHAPITRE III......................................................................................................................................... 106
METHODES ET TECHNIQUES DE COLLECTE ET D’INTERPRETATION DES DONNEES DANS LA
RECHERCHE JURIDIQUE ET APERCU SUR LA PRESENTATION DES SOURCES DANS LE
TRAVAIL UNIVERSITAIRE ................................................................................................................. 106
SECTION 1. DES CONSIDERATIONS D’ORDRE METHODOLOGIQUES ........................................ 106
Sous-section 1. Les questions : observer quoi ? et observer qui ou sur qui ? .............................................. 106
§1. Observer quoi ? ............................................................................................................................ 106
§2. Observer qui ou sur qui ?.................................................................................................................... 107
A. Du corpus (ou support d’étude)........................................................................................................ 107
B. Le champ d’étude et la sélection des unités d’observation (description du milieu, de la population, de
l’échantillon)........................................................................................................................................ 107
1. Le milieu ou le champ d’étude ................................................................................................... 108
2. La population ............................................................................................................................. 108
3. L’échantillon............................................................................................................................... 108
Sous-section 2. Paradigmes, méthodes et techniques de recherche (Comment observer ?)........................ 113
§1. Paradigmes (ou approche) .............................................................................................................. 113
A. Notion du paradigme et son usage dans la recherche juridique ......................................................... 113
B. Paradigmes de la science juridique ................................................................................................ 114
1. Le paradigme dominant du positivisme juridique .................................................................... 114
2. Le paradigme du Droit comme phénomène social (et voué à l’interdisciplinarité) .................. 116
§2. Les techniques ou instruments de recherche .................................................................................... 117
212

A. La technique d’observation ........................................................................................................ 118


1. L’observation directe ................................................................................................................. 118
2. L’observation indirecte et ses instruments ................................................................................ 120
B. L’analyse documentaire (étude documentaire ou observation documentaire) ......................... 120
1. Portée de la technique ................................................................................................................ 120
2. Typologie des documents............................................................................................................ 120
3. Particularité de l’ensemble documentaire dans la recherche juridique ................................... 122
4. L’analyse des données documentaires en deux étapes............................................................... 122
C. L’enquête .................................................................................................................................... 122
1. L’enquête par questionnaire ...................................................................................................... 123
2. Le sondage .................................................................................................................................. 125
3. L’entretien (ou l’entrevue ou l'interview) .................................................................................. 128
4. Recours à l’entretien dans la recherche juridique (particularités) ........................................... 131
D. La technique de groupe de discussion ........................................................................................ 133
E. La technique de complément de phrases ................................................................................... 134
F. L’enquête ethnographique ou l’enquête de terrain ................................................................... 135
§3. Les méthodes de recherche juridique .............................................................................................. 137
A. Retour sur la notion de la méthode dans la recherche juridique .............................................. 137
1. La méthode exégétique ou l’exégèse juridique .......................................................................... 138
2. La méthode herméneutique ....................................................................................................... 146
3. La méthode téléologique............................................................................................................. 152
4. La méthode historique (diachronique et évolutive) ................................................................... 154
5. La méthode sociologique (de libre recherche scientifique et de l’induction sociale fondée sur la
balance des intérêts) ............................................................................................................................. 155
6. La méthode systémique (ou l’interprétation systémique) ......................................................... 159
7. La méthode comparative ............................................................................................................ 160
8. Les méthodes d’analyse ou d’interprétation des données chiffrées (généralement issues du
questionnaire ou du sondage) : la statistique descriptive et la statistique inférentielle.................... 161
9. Autres méthodes ......................................................................................................................... 164
§4. Techniques de traitement ou de l’analyse des données .................................................................... 165
A. Analyse des résultats en recherche qualitative .......................................................................... 165
1. L’analyse manuelle assistée par ordinateur : les logiciels CAQDAS(Computer Assisted
Qualitative Data Analysis Software),................................................................................................... 167
2. Principes de base et étapes des CAQDAS .................................................................................. 168
B. Analyse des résultats en recherche quantitative ou statistique ................................................. 169
1. Rappel sur la notion de recherche quantitative ......................................................................... 169
2. Les instruments des statistiques descriptives............................................................................. 170
3. Les instruments des statistiques explicatives ou inférentielles .................................................. 171
213

C. Analyse mixte des résultats (analyse qualitative et quantitative).............................................. 171


D. Trois niveaux dans la conception de la conclusion générale de la recherche ............................ 173
SECTION 2. STRUCTURATION ET PRESENTATION FINALE DES DONNEES RECOLTEES ET
TRAITEES OU PARTIES DU TRAVAIL SCIENTIFIQUE .................................................................... 173
Sous-section 1. Des pages préliminaires au travail .................................................................................... 174
A. L’épigraphe ..................................................................................................................................... 174
B. In memoriam ................................................................................................................................ 174
C. La dédicace ..................................................................................................................................... 174
C. Les remerciements ou reconnaissances...................................................................................... 175
E. L’avant-propos ................................................................................................................................ 175
F. La préface et la postface ................................................................................................................... 175
G. La liste des sigles, des acronymes et des abréviations....................................................................... 176
H. La liste des erreurs (errata) .............................................................................................................. 177

I. Le Résumé du travail (élément obligatoire pour les travaux de 3e cycle) ; ...................... 177

J. Le Sommaire (élément obligatoire pour les travaux de 3e cycle) :.................................... 177


Sous-section 2. LES TROIS GRANDES PARTIES DU TRAVAIL UNIVERSITAIRE ........................... 177
§1. De l’introduction générale du travail............................................................................................... 177
A. La présentation de l’objet d’étude (ou objet de recherche) ............................................................. 178
B. L’état de la question et/ou revue de la littérature ........................................................................... 179
D. La problématique et l’hypothèse de travail ....................................................................................... 179
E. Méthodes et techniques .................................................................................................................... 179
F. De la délimitation du sujet................................................................................................................ 179
G. De la division du travail................................................................................................................... 180
§2. Le corps ou le développement du travail ............................................................................................. 180
A. Règles générales.......................................................................................................................... 180
B. Sur la notion du plan de travail (ou plan de rédaction) ..................................................................... 181
§3. La conclusion générale du travail ....................................................................................................... 183
§4. Les pages après le texte .................................................................................................................... 184
A. Les annexes, index et appendices ..................................................................................................... 184
B. La bibliographie .................................................................................................................................. 185
C. La table des matières ........................................................................................................................... 186
SECTION 3. QUELQUES ASPECTS SUR LA PRESENTATION DES SOURCES DES DONNEES DANS
UN TRAVAIL SCIENTIFIQUE .............................................................................................................. 186
§1. Les citations ...................................................................................................................................... 186
A. Définition ........................................................................................................................................ 186
B. Utilité des citations ......................................................................................................................... 187
C. Usage des citations.......................................................................................................................... 187
214

1. Des guillemets dans les citations .................................................................................................... 187


2. L’emploi de la majuscule et de la minuscule dans une citation .................................................... 187
3. Cas d’une citation dans une citation .............................................................................................. 188
4. Cas des mots intercalés dans une citation ...................................................................................... 188
5. Cas de faute dans une citation ....................................................................................................... 188
6. Cas de saut d’une partie du texte dans une citation ...................................................................... 188
7. Le renvoi des citations (ou l’appel des notes) ................................................................................ 188
§2. Quelques styles standardisés de citation ou de référence ..................................................................... 188
A. Le style APA (American Psycholgical Association) ......................................................................... 188
B. Le style MLA (Modern Language Association) ............................................................................ 189
C. Le style OSCOLA (Oxford University Standard for the Citation of Legal Authorities)...................... 189
§3. Des notes et références infrapaginales (ou de bas de page) .................................................................. 190
A. Notions et fonctions ............................................................................................................................ 190
B. Où placer les notes et références .................................................................................................... 191
D. Types des notes ............................................................................................................................... 192
E. Les abréviations indispensables dans les notes .............................................................................. 192
1. Pour l’auteur .................................................................................................................................. 192
2. Pour l’auteur et l’ouvrage : Ib., Ibid. ................................................................................................. 193
4. Autres abréviations en rapport avec les notes de bas de pages ........................................................ 193
§4. Interdiction du plagiat ................................................................................................................. 194
§5. Les éléments d’appréciation d’un travail universitaire ..................................................................... 196
A. La forme ......................................................................................................................................... 196
B. Le fond............................................................................................................................................ 197
CONCLUSION GENERALE .................................................................................................................. 198

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET LECTURES RECOMMANDEES....................... 199


A. Traités, Précis, Manuels, Dictionnaires et Monographies ............................................................. 199
B. Articles, cours et documents divers.................................................................................................. 203
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................................... 207

Vous aimerez peut-être aussi