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Fsjes-Salé

Pr. ELANEBRI Hasna

Méthodologie de recherche

Introduction :
La méthodologie de recherche porte sur la manière, la façon, la technique et la
méthode avec laquelle un processus de réflexion, d’analyse, de rédaction et de
déduction peut être effectué dans une discipline donnée.
Il s’agit de ce fait, d’une matière qui est applicable à tous les domaines qu’ils soient
académiques ou non1. Étant à signaler que cette méthodologie de recherche se
distingue d’une discipline à une autre et même parfois d’une branche, d’une matière à
une autre.
- Rapport de la méthodologie de recherche au droit :
Ainsi, et en matière des études juridiques, cette méthodologie de recherche s’intitule
méthodologie juridique et elle se caractérise par certains éléments particuliers.
En effet, force est de constater que le droit nécessite une méthode parfois technique
qui le différencie des autres disciplines (littéraires, philosophiques, scientifiques ou
autres). Le droit est animé par des méthodes spécifiques qui le particularisent au sein
de l’ensemble des activités sociales. Cela justifie l’existence d’une méthodologie
juridique, science dont l’objet est d’étudier ces méthodes originales.

Dans ce sens, un texte juridique n’est pas rédigé, ne peut pas être transcrit comme un
texte littéraire. La terminologie juridique est une terminologie précise et exacte. En sus,
un texte juridique n’est pas expliqué de manière aléatoire, il doit être lu et compris dans
l’esprit dans lequel son auteur a bien voulu l’écrire. C’est pour cela qu’un texte juridique
est mis dans son contexte afin de pouvoir situer la volonté de son ou de ses auteurs.
Il faut disposer d’une culture juridique pour pouvoir aborder la matière de la
méthodologie juridique. Ainsi, cette matière peut comprendre un cours magistral, des
exercices pratiques et des présentations explicatives.
Qu’est-ce que la méthodologie juridique ?

Selon le dictionnaire Larousse la méthodologie est l’ensemble des méthodes et des


techniques d’un domaine particulier. La méthodologie juridique c’est l’ensemble des
méthodes et des techniques relatives au droit.
Ainsi, aux côtés des cours de « l’introduction à l’étude du droit », les étudiants en droit
se voient enseigner le cours de « méthodologie juridique » ou « méthodologie de
recherche en droit ». Il en ressort que si la première matière s’intéresse au fond du
droit, la deuxième quant à elle a pour objet la technique, la forme du droit.

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Scientifique, littéraire, mathématique, philosophique, technique …etc.

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Objectifs et importance du cours :

La méthodologie de recherche a pour objectif de permettre aux étudiants d’utiliser les


différentes informations dont ils disposent au niveau académique d’une manière
adéquate, d’une manière organisée, d’une manière juridique. En effet, il a pour objet
de faire disposer les étudiants de la méthode, la manière, la façon avec laquelle seront
exploitées les données juridiques qu’ils acquièrent au niveau des études en droit.
En outre, elle va lui permettre de s’initier à la terminologie juridique, la rédaction
juridique et d’autres exercices au niveau du droit qui n’existent dans aucune autre
discipline. A titre d’exemple, la synthèse d’un texte juridique répond à des critères qui
lui sont spécifiques, en sus, la rédaction d’un texte juridique doit être faite d’une façon
qui le distingue des autres textes littéraires ou scientifiques par exemple.
Dans le même sens, le cours de méthodologie de recherche en droit met à la
disposition des étudiants, des exercices pratiques. En effet, seront étudiés les études
de cas, les commentaires d’arrêt, la synthèse, la rédaction d’un travail juridique
(dissertation, mémoire de fin des études, thèse etc.).
Avant de commencer la présentation du plan du cours, il y a lieu de mettre l’accent sur
des remarques bien particulières au domaine juridique que l’étudiant devra prendre en
considération durant toutes ses études de droit :
 Importance de la terminologie ;
 Importance de la problématique ;
 Importance de l’historique ;
 Importance du plan ;
 Importance de la schématisation et de la technique des tableaux.

1- Importance de la terminologie :
La terminologie en droit est l’ensemble des termes, des mots et des expressions qui
sont utilisés de manière précise par les juristes. Il y a lieu de constater que l’utilisation
par le juriste des mots doit être une utilisation précise, exacte et bien fondée. En effet,
le droit est une science exacte, par exemple en droit pénal, les termes crimes et délits
ne doivent pas être confondus. Il y va de l’interprétation de la loi et de la peine qui sera
prononcée par le juge.
La terminologie suppose également les définitions. Ainsi, tout travail juridique, dans
sa partie introductive, s’intéresse aux définitions des termes en rapport avec le thème
choisi.
2- Importance de la problématique :
La problématique se présente comme une question que tout chercheur ou étudiant en
droit doit se poser avant d’aborder une matière juridique.
La problématique va permettre d'orienter le cheminement du travail, d'approfondir la
réflexion tout en démontrant et en articulant ses connaissances. C'est à cette

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problématique que le plan devra répondre et c'est à elle que l'introduction doit mener.
Elle a également pour objet de délimiter le sujet.
Dans le cadre du commentaire d'arrêt, il s'agit bien souvent de la question qui aura été
posée à la Cour de cassation et à laquelle la solution donnée répond. Dans le cadre
d'une dissertation, elle sera le fil conducteur de la réflexion pour aboutir à une réponse
ferme, nuancée ou ouverte, selon le sujet.

3- Importance de l’historique :
L’histoire fait partie intégrante du droit, ainsi tout travail juridique fait référence à
l’historique. En effet, l’historique d’une discipline, d’une terminologie, d’un fait juridique
doit être rapporté dès l’introduction de tout travail juridique. Il permet d’éclairer sur
l’évolution de la question et les étapes par lesquelles elle est passée.
Ainsi, parmi les étapes essentielles d’une introduction doit obligatoirement figurer
l’historique.
En ce qui concerne notre cours, il y a lieu de signaler que la méthodologie de recherche
est une discipline relativement récente. Elle a été intégrée dans les cours de droit pour
parer à une lacune des cours en droit. En effet, le droit utilise une quantité
d’informations très importante. De ce fait, une technique très particulière a été
instaurée pour maitriser cette quantité d’informations importante. Il s’agit de la
méthodologie de recherche en droit qui fait l’objet de ce cours.

4- Importance du plan :
Selon le dictionnaire Larousse, le plan est une organisation générale des différents
éléments de quelque chose, des principales parties d’un texte, d’une œuvre 2. Le plan
montre qu’en droit, la forme est aussi importante que le fond.
En droit, élaborer le plan d’une dissertation diffère beaucoup de celui d’un écrit en
littérature. En effet, le plan en droit va montrer le cheminement du travail, il va
permettre au lecteur de connaitre l’évolution de l’écrit depuis l’introduction jusqu’à la
conclusion.
Dans le même sens, le plan vient comme une réponse à la problématique posée et il
a notamment pour objectifs d’organiser les idées de les articuler selon une organisation
précise.
Il est de coutume, en récit juridique, que le plan comporte deux parties –un plan
binaire-. En effet, toutes les œuvres juridiques (dissertation, mémoire, thèse) sont
constituées en deux parties. Rares sont les juristes qui dérogent à cette règle, sous
peine de voir qualifier leur travail d’anticonformiste.

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Définition du plan selon le dictionnaire Larousse. www.Larousse.fr.

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5- Importance de la schématisation et de la technique des


tableaux/matrices :

- La schématisation :
La schématisation consiste à expliquer, souvent par un dessin, un concept, un objet
un sujet donné.
Il s’agit de l’illustration des données dont on dispose et qu’on veut faire expliquer à
travers des dessins, pyramides, triangles, carrés qui sont liés par un réseau de flèches
pour expliquer la relation de cause à effet, le lien d’origine et de chute entre les
différents éléments qui constituent le sujet objet de l’étude.
Schématiser, c’est mettre les données dont on dispose sous forme géométrique.
C’est l’illustration ultime de l’utilisation de la technique du PowerPoint, logiciel qui
permet, en utilisant les couleurs et les graphiques de mettre devant les étudiants ou
les lecteurs, des défilés d’images munies de textes afin de pouvoir être ancrés dans la
mémoire.

- La technique des tableaux/matrices :


La question qui se pose, est celle du pourquoi de l’utilisation des tableaux dans un
travail qui n’est pas mathématique.
La matrice est une technique de présentation de certains éléments à travers un
tableau. Il s’agit d’une technique qui est notamment utilisé en mathématiques pour
réaliser les calculs, mais elle peut également être utilisée par les juristes pour organiser
les éléments de compréhension, de réflexion et de synthèse dans un sujet proprement
dit.
Le tableau a enfin, pour objectif de regrouper l’ensemble des informations organisées
de manière coordonnée.
Enfin, reste à signaler à la fin de cette introduction que la méthodologie juridique est
valablement applicable à toutes les branches de droit confondues ; droit public et
droit privé.

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Présentation du plan

Parties Intitulé

Première partie Les sources du droit

Deuxième partie La dissertation juridique

Troisième partie La note de synthèse

Quatrième partie Le commentaire d’arrêt (présentation relative à l’organisation


judiciaire)
Cinquième partie Le cas pratique/ étude de cas

Sixième partie Le travail de fin d’études (mémoire, thèse selon les niveaux des
études)

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Première partie : Les sources du droit

Pourquoi aborder les sources du droit dans une discipline dédiée à la méthodologie et
à la recherche ?
Au fait, c’est parce que cette méthodologie de recherche s’applique principalement
auxdites sources. Il est, de ce fait, primordial de les connaitre afin de pouvoir leur
appliquer les méthodes juridiques adéquates.
Les sources du droit sont très importantes à connaitre pour tout juriste. Si leur ordre et
leur classement se distinguent d’un auteur à un autre. L’on va se contenter de passer
en revue les sources qui ont un lien direct avec la méthodologie de recherche. Seront
ainsi écartées le droit musulman et le droit coutumier qui sont soumis à des principes
de méthodologie et de rédaction, particulières. Le droit musulman étant basé sur le
« FIQH », fait l’objet d’enseignement à part, tandis que la coutume exclue toute vision
écrite.
Seront passées en revue, les sources suivantes :
 La législation,
 La doctrine ;
 et enfin la jurisprudence.

Section I : La
législation

L’étudiant doit être familiarisé avec certaines techniques législatives, comme la


légistique, la codification ; il doit pouvoir exploiter, avec tout le discernement
nécessaire, les différentes parties d'un texte législatif afin de déterminer avec précision
l'état du droit applicable : pensons, par exemple, aux dispositions transitoires ou
abrogatoires.
Comprendre un texte juridique passe d’abord par une bonne connaissance du
contexte dans lequel il a été adopté. Ainsi, chaque texte juridique est accompagné
d’une note de présentation, laquelle est destinée à éclairer sur les circonstances et les
raisons de son adoption. Elle a également pour objectif de donner un aperçu sur les
objectifs du texte de loi.
En ce qui concerne la législation au Royaume du Maroc, il y a lieu de relever certaines
spécificités particulières, à savoir, le bilinguisme de la législation marocaine (utilisation
de deux langues l’arabe et le français). D’où la nécessité et l’obligation de la traduction.
En ce qui concerne les techniques de rédaction de la législation, il y a lieu d’aborder
les techniques juridiques suivantes : la légistique, la codification, la légifération
(abondance des textes de loi) et enfin le bilinguisme.

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Auparavant, il y a lieu d’aborder l’importance pour un juriste de connaitre la différence


entre le système civiliste et le système de Comman Law. En effet, il existe deux
traditions juridiques majeures dans le monde, la « Common Law » et le « système de
droit civil ».
 L’expression « Common Law » désigne les principaux aspects suivants :

 Le système juridique de l’Angleterre et des pays qui ont reçu le droit anglais (les
pays anglo-saxon) par opposition aux systèmes juridiques civilistes,
principalement ceux qui tirent leur origine du droit romain (pays de droit civil) ;
 L’ensemble des règles d’origine jurisprudentielle à l’intérieur d’un régime de
« Common Law », par opposition aux règles créées par des dispositions
législatives (textes écrits).

 Le système civiliste : Issu du droit français, c’est le système qui est adopté par
le Royaume du Maroc. Le système de droit civil est un régime juridique codifié
qui tire son origine du droit romain.
Les caractéristiques du système de la Les caractéristiques du système civiliste
Common law

- Il n'existe pas toujours de constitution écrite - Il existe généralement une constitution


ou de lois codifiées ; écrite ainsi que des codes et lois particulières
(par ex. Code civil, Code pénal et codes qui
- Les décisions judiciaires ont force couvrent le droit des sociétés, le droit
exécutoire : les décisions de la plus haute administratif et le droit fiscal) qui inscrivent
instance judiciaire peuvent généralement les droits et devoirs fondamentaux ;
être invalidées par cette même instance
uniquement ; - Seuls les textes législatifs sont considérés
comme obligatoires pour tous. La
- Liberté contractuelle étendue : quelques jurisprudence a moins d’importance que la loi
dispositions sont implicites au contrat en bien que, dans la pratique, les juges ont
vertu de la force obligatoire (bien que des tendance à suivre les décisions judiciaires
dispositions visant à protéger les antérieures. La cour constitutionnelle peut
consommateurs privés puissent être déclarer certains textes inconstitutionnels
implicites) ; (contraires à l’esprit de la constitution) et
partant demander leur abrogation ou leur
- En règle générale, tout ce qui n'est pas modification ;
interdit par la loi est autorisé.
- Dans certains systèmes de droit civil,
comme en Allemagne, la doctrine influe de
manière significative sur la prise de décision
des tribunaux;

- La liberté contractuelle est moins


importante que dans un système de «
Common law » : de nombreuses dispositions
sont imposées dans le contrat conformément
à la loi et les parties ne peuvent les écarter.

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Ainsi, il ressort de la définition des deux systèmes juridiques dans le monde que la
principale différence entre les traditions juridiques de « Common Law » et de droit civil
repose sur la source principale du droit. Alors que les systèmes basés sur la «
Common Law » considèrent les décisions judiciaires comme la source la plus
importante de la loi, les systèmes basés sur le droit civil mettent particulièrement
l'accent sur le droit codifié.

Définition de la législation
La législation peut être considérée comme l’ensemble des lois dans un pays
déterminé. Elle désigne un corps de lois et de décrets, spécifique à un pays déterminé.
Ainsi, la législation est un terme qui s’utilise uniquement sur le plan national. On dit
législation nationale relative au droit de la concurrence, au droit des sociétés, au statut
du personnel … etc.
Contenu de la législation : Au Royaume du Maroc, la législation est principalement
constituée par les textes suivants : Constitution, lois organiques, lois cadres et lois.

Tableau présentant les textes juridiques composant


la législation nationale du Royaume du Maroc

Les textes Définitions et Caractéristiques


juridiques

La Constitution Est la loi fondamentale du pays, elle est adoptée par


référendum, elle fixe le régime politique applicable ainsi
que les principaux droits et libertés des citoyens. Toute
modification pouvant impacter le texte de la constitution
est soumise aux mêmes règles que celle de son
adoption. La constitution actuelle au Royaume du Maroc
a été adoptée en 2011.

La loi organique Une loi organique est une loi relative à l’organisation et
au fonctionnement des pouvoirs publics. Elle précise ou
complète les dispositions de la constitution. C’est la
constitution elle-même qui détermine les domaines qui
seront régis ou fixés par une loi organique. Dans la
hiérarchie des normes, une loi organique vient après la
constitution, mais avant une loi ordinaire (article 85 et 86
de la constitution).

La loi-cadre Dite également loi d’orientation est un texte législatif au


contenu très général qui sert de cadre à des textes
d’application (des décrets). Elle décrit un programme
avec des objectifs et des engagements.
La loi-cadre pose les principes généraux d’une réforme
ou les grandes orientations d’une politique à suivre dans

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un domaine donné (la charte de l’investissement au


Maroc est adoptée par une loi-cadre).
La loi Il s’agit d’un texte juridique adopté par le parlement et
dont le domaine d’intervention est réglementé par la
constitution. D’après l’article 6 de la constitution, la loi est
l'expression suprême de la volonté de la Nation.

A- La légistique
La légistique ou la technique de rédaction des textes de droit (tous les textes
présentés dans le tableau susvisé).
Selon Boris BARRAUD, la légistique a deux sens, un sens étroit et un sens large :
 Le sens étroit considère que la légistique désigne l’étude des modes de
rédaction et de formulation des lois ;
 Au sens large, la légistique correspond à la branche de la recherche juridique.
La légistique dans son sens large est l’analyse et la réflexion relatives aux
modes de création et d’application du droit.
Elle est alors triplement plus large : en ce qu’elle ne se borne pas à l’étude mais
amène à faire aussi œuvre propositionnelle et œuvre prospective ; en ce qu’elle
inclut dans son objet non seulement la rédaction des textes mais aussi tous les
autres éléments qui participent de la création du droit ; en ce qu’elle s’intéresse,
au-delà de la création de la loi, à toute la création et à toute l’application du
droit.
On ne rédige pas un texte juridique n’importe comment. La légistique déborde donc
du cadre de la loi pour concerner tout le droit et, par exemple, un enjeu important qui
la concerne réside dans l’amélioration de la qualité formelle des décisions de justice.
D’aucuns débattent de l’art et de la manière de rédiger les jugements, du « style
judiciaire »
B- La codification
L’idée de codification est à mettre en relation étroite avec la place accordée à la loi. Le
XIXème siècle est le temps de son « siècle d’or ». La codification est devenue un sujet
de débat au sein de la science juridique en particulier allemande au XIXème siècle. A
partir de la seconde moitié du XXème siècle, la méthode évolue avec la codification à
droit constant.
La codification qui est dérivée du terme -code- est l’action de codifier, de réunir en un
code, des textes de lois d’un même niveau juridique, dans l’objectif de créer un
système cohérent de règles.
En droit, la codification est l'action qui consiste à regrouper, à consolider et à structurer
en un seul recueil, appelé code, des éléments épars de normes juridiques existantes
concernant une matière ou un domaine donné. Elle est motivée par la volonté de
rendre plus accessibles et plus intelligibles les règles de droit en les organisant de
manière cohérente et en suivant un plan logique.

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Outre la création d'un document unique dans un domaine du droit, la codification


permet :
 L'actualisation du droit par l'abrogation des textes obsolètes, incompatibles
avec la Constitution ou avec des traités internationaux ;
 La mise en évidence des lacunes dans le système juridique et de préparer les
réformes visant à les combler.
On distingue trois catégories de codification : La codification officielle, la codification
officieuse et la codification privée.
 La codification officielle est celle qui est initiée par le pouvoir législatif. Cette
forme de codification est sous-entendue lorsqu’un texte dans sa dénomination
officielle telle qu’il est adopté et tel qu’il est promulgué est expressément utilisé.
 La codification officieuse, réalisée aussi par l'autorité, mais qui ne donne pas
officiellement le nom de "code" à un regroupement de textes réunissant les
dispositions juridiques d'un même domaine.
 La codification privée, réalisée par la doctrine, par des juristes ou des éditeurs
afin de faciliter le travail des professionnels du droit et des justiciables.
C- La légifération
La légifération qui est issue du verbe légiférer, renvoie à l’action de créer des textes
juridiques, des lois en l’occurrence.
Selon le dictionnaire Larousse, la légifération est l’action par laquelle sont élaborées,
adoptées et édictées les lois d'un pays.
En ce qui concerne la méthodologie de recherche, la légifération interpelle sur la
nature, la consistance et la finalité de cette légifération.
 La nature de la légifération : Quel texte juridique on va créer, une loi
organique, une loi cadre, une loi ordinaire ou un décret ou encore une circulaire.
 La consistance de la légifération : Par consistance, est entendu le contenu
de la législation. Sera-t-il question d’une législation d’ordre général qui ne
s’intéresse qu’aux grands principes laissant le soin à des textes de moindre
importance pour la fixation des détails ; ou encore, il sera créé une législation
qui fixe elle-même les moindres détails ne laissant pas à d’autres textes le soin
d’apporter d’autres précisions.
 La finalité de la légifération : C’est la raison pour laquelle on veut créer un
texte juridique dans un domaine déterminé. Pourquoi créer un texte juridique
dans un domaine particulier ? Pour attirer les investissements, pour libéraliser
un secteur, pour encadrer un domaine particulier, pour protéger des catégories
jugées vulnérables… etc.
La légifération pose enfin, la problématique de l’abondance des textes juridiques et de
leur utilité. En effet, la légifération suppose la question suivante : Est-ce qu’on a besoin
d’avoir une législation dans chaque secteur, dans chaque domaine d’activité ?
Pour répondre à cette question, il y a lieu de passer en revue l’abondance des textes
législatifs et leur utilité.

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 Abondance des textes législatifs :


La problématique de l’abondance des textes juridiques interpelle le juriste sur la
nécessité de créer des textes juridiques en nombre important. En effet, la doctrine est
en droit de s’interroger sur l’utilité de la création d’un texte de loi.
En effet, chaque texte juridique créé doit répondre aux critères suivants :
 Avoir un champ d’application qui lui est propre : Chaque texte juridique fixe
le domaine auquel il s’applique, c’est ce qui est communément appelé champ
d’application. Le champ d’application précise les frontières du texte juridique, à
savoir, le domaine auquel il va s’appliquer et implicitement les secteurs et les
domaines auxquels il ne va pas s’appliquer ;
 Un texte juridique ne doit pas empiéter sur le champ d’intervention d’un
autre texte juridique : Autrement on sera confronté à un problème de conflits
des lois. Des contradictions entre des textes juridiques qu’il y a lieu d’éviter en
raison des problèmes d’interprétation et d’application qu’elles engendrent pour
le juge.

 Utilité des textes juridiques :


Il sera question de la réforme des textes juridiques et de leurs abrogations :
 La réforme des textes juridiques : Les textes juridiques doivent être en
harmonie avec les domaines auxquels ils s’appliquent. Dans ce sens, il ne doit
pas y avoir de divergences entre la réalité, la pratique et la réglementation
applicable. Un texte juridique doit donc être modifié aussi souvent que le
domaine auquel il s’applique change, évolue ou connait des mutations
importantes.
 L’abrogation d’un texte juridique : A ce titre, il y a lieu de se demander sur
l’utilité de garder certains textes qui sont considérés comme archaïques,
dépassés et qui n’ont aucune application dans la pratique. L’abrogation est
donc la technique juridique qui consiste à supprimer un texte qui ne peut, de ce
fait, plus être appliqué.
D- Le bilinguisme
Il est important de noter dans cette partie consacrée à la législation en tant que source
du droit, une caractéristique spécifique au système juridique marocain, à savoir le
bilinguisme3.
Il y a lieu de noter, de prime abord, que la langue officielle du Royaume est la langue
arabe conformément aux dispositions de la Constitution. Cependant, pour plusieurs
considérations, notamment économiques, la langue française est une langue
omniprésente dans les domaines législatifs, économiques, financiers et autres
domaines en rapport direct avec le monde des affaires.

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Il s’agit d’une caractéristique qu’on trouve dans certains pays comme le Canada ou il y a l’utilisation de deux
langues officielles, à savoir, le français et l’anglais.

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Dans ce sens, il y a lieu d’apporter une précision importante relative au bilinguisme.


En effet, s’il reste applicable au niveau de la législation, il est strictement interdit au
niveau judiciaire. Et en vertu du principe de l’unification et de l’arabisation adoptés
directement après l’indépendance du pays, la langue arabe est la seule langue admise
devant les tribunaux, aussi bien pour les délibérations que pour les prononcés de
jugements.
Il y a lieu de préciser que le bilinguisme implique un élément très important, à savoir,
la traduction. En effet, le fait de disposer de textes juridiques dans deux langues
implique nécessairement une opération de traduction qui doit respecter l’esprit du texte
original et ne pas le dénaturer.
La question qui se pose à ce sujet est lorsqu’on se trouve devant une contradiction
entre deux versions d’un même texte juridique, la version arabe et la version française.
Laquelle des deux versions sera-elle prise en considération ?
Conformément aux dispositions de la constitution4, la langue officielle est la langue
arabe. Dans ce sens, c’est la version arabe d’un texte juridique qui sera prise en
considération en cas de contradictions entre les deux versions.

Section II : La
doctrine

 Définition de la doctrine :
Le mot doctrine désigne les travaux contenant les opinions exprimées par des juristes
comme étant le résultat d’une réflexion portant sur une disposition légale, sur une
situation ou sur une institution.
A cet égard, si elle ne se limite pas au discours pédagogique, la doctrine reste
indissociable de l’enseignement, de la connaissance et du perfectionnement du droit.
 Les caractéristiques de la doctrine :

 La doctrine doit obligatoirement émaner de juristes. En effet, les articles


émanant de non juristes comme des articles de presse ne peuvent être
considérés comme de la doctrine juridique.
 La doctrine doit porter sur le droit. Ainsi sont exclus de la doctrine les
commentaires sur la situation politique, économique ou sociale si elles
n’ont pas pour objet une analyse juridique.

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L’article 5 de la constitution dispose que l'arabe demeure la langue officielle de l'Etat.

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 La doctrine a pour objet de faire de la critique, à savoir, se prononcer


sur une législation ou une jurisprudence.
 La doctrine doit réaliser une construction juridique, effectuer un travail
méticuleux, produire des études comparatives.
 La doctrine, sur la base du travail accompli, peut participer à la création
du droit en faisant une œuvre propositionnelle.

Enfin, reste à signaler que la doctrine peut se limiter au droit national, comme elle peut
s’étendre au droit international. Dans ce sens et à part le droit, la doctrine ne connait
pas de frontières.
 La consistance de la doctrine :
La doctrine est constituée par toutes les œuvres juridiques. Ainsi, font partie de la
doctrine :
 Les ouvrages juridiques ;
 Les articles spécialisés en droit ;
 Les revues spécialisées dans le domaine juridique.

La doctrine n’est qu’une opinion découlant des professionnels du droit, elle n’a pas
force de loi, mais permet, cependant, le perfectionnement du droit et son adéquation
avec l’évolution de la société.
 L’influence de l’informatique sur la recherche bibliographique ou la
méthodologie juridique à l’ère de l’informatique juridique documentaire : Il
est important de noter que chaque travail documentaire doit respecter un certain
nombre de critères juridiques bien précis. En effet, comme on a eu déjà
l’occasion de le préciser, l’analyse juridique est une analyse précise. Avec
l’apparition de nouvelles techniques plus sophistiquées, la recherche
documentaire est devenue en même temps plus facile et plus responsable.
Elle doit être responsable notamment dans le sens que chaque travail exploité doit
être mentionné dans les références.
Dans ce sens, l’informatique juridique documentaire a révolutionné le monde de la
recherche scientifique en droit. L’information est devenue plus disponible, plus
abondante et structurée par thème de recherche et par objet.
 L’apparition de la webographie : La webographie est le corollaire de la
bibliographie mais portant uniquement sur les documents disponibles sur
internet. La webographie est une liste de sites internet et de pages Web se
rapportant à un sujet précis. La webographie est l’équivalent de la bibliographie.
Ainsi, et comme la bibliographie, la webographie, se trouve à la fin du travail et
avant les annexes pour les travaux de recherche tels que les mémoires et
thèses.

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