Vous êtes sur la page 1sur 18

UNIVERSITE PRIVEE IIPEA - ABIDJAN – Année académique : 2023-2024

Faculté de Droit - Licence 2 – Droit Administratif

Chargé de Cours : Dr ETEKOU BEDI


Chargés des Travaux Dirigés : M. SAFFOU - M. GNEKEIE

FICHE PRELIMINAIRE : METHODOLOGIE JURIDIQUE :


L’EXEMPLE DU COMMENTAIRE DE TEXTE ET DE LA DISSERTATION
JURIDIQUE

Cette fiche sur la Méthodologie juridique est principalement consacrée à la


méthodologie du commentaire de texte (et d’articles de textes de loi) et à la
méthodologie de la dissertation juridique. Elle constitue une séance de révision sur
la méthodologie. Un accent particulier sera mis sur la fiche d’arrêt. Cette fiche
préliminaire vise à apporter aux étudiants de licence 2 les techniques et méthodes
juridiques en vue d’une maîtrise à court et moyen terme du raisonnement
juridique. Il s’agira de permettre aux étudiants d’apprendre à construire non
seulement un plan, mais bien au-delà, à rédiger l’introduction dans un souci de
clarté, de précision, de cohérence et surtout d’équilibre.

1er exercice : METHODOLOGIE DU COMMENTAIRE DE TEXTE


Le commentaire de texte est un exercice auquel les étudiants de droit sont
appelés à se confronter, au même titre que le commentaire d’arrêt, la dissertation
juridique et le cas pratique. Son objectif est de procéder à l’explication d’un texte
(texte de loi, texte de doctrine ou la pensée d’un homme politique…), de le faire
parler pour en faciliter la compréhension au lecteur, en exposant, au besoin, les
éléments de critiques.
Quel que soit le texte soumis à commentaire, il s’agira toujours de faire preuve de
connaissances théoriques, d’un certain savoir-faire dans l’analyse des textes, de
savoir établir le lien entre le texte à commenter et les connaissances théoriques
acquises.
Si le support du commentaire reste le texte proposé, il reste que l’étudiant doit
éviter la paraphrase. Par ailleurs, au titre des considérations générales, on peut lui
encore indiquer cette maxime comme guide pratique pour le commentaire : « tout
le texte mais rien que le texte ».

1
Nombreux sont les textes dont le commentaire est fourni par les cours et manuels.
L’exercice se rapproche alors de l’exposé d’une question de cours et l’on
demande seulement au candidat un effort de mise en forme et de construction.
En tout état de cause, en vue d’assurer un bon commentaire de texte, deux
phases sont essentielles : la phase de la préparation et celle de la construction.
I- La préparation du commentaire de texte
La préparation du commentaire comporte principalement trois étapes qui méritent
d’être suivies :
- L’analyse extérieure et descriptive du texte ;
- L’analyse intérieure du texte ;
- La recherche des éléments de rattachement extérieur au texte.
A- L’analyse extérieure et descriptive du texte
Elle vise à répondre à un certain nombre de questions qui ont pour objet de
renseigner sur des éléments qui entourent le texte, sans encore rentrer en lui. De
façon générale, ces questions touchent :
- La nature du texte (loi, règlement, texte de doctrine, discours politique…) ;
- Les origines du texte (auteur, ouvrage d’origine, sa situation dans l’ouvrage…) ;
- La date de publication ;
- Comment se présente-t-il dans ses grandes divisions (nombre de paragraphes
ou d’alinéas…).
B- L’analyse intérieure du texte ou de fond
Son but est d’entrer au fond du texte, de quitter les apparences extérieures. Cette
étape suppose une première attitude qui, partout, est fondamentale : la lecture du
texte. A cet égard, plusieurs lectures sont recommandées, crayon en main, pour
faire les annotations utiles. Ces différentes lectures permettent de saisir la
structure du texte, son sens.
La structure vise d’abord les divisions en paragraphes ou alinéas (cela est surtout
utile si l’on a affaire à un texte bref). Cerner celles-ci peut aider à trouver le plan
du commentaire, ses principales articulations, c’est-à-dire les idées autour
desquelles le texte a été construit. C’est la structure typographique qui renvoie, en
quelque sorte à l’analyse formelle et descriptive.
Mais, concernant l’analyse de fond ou intérieure, la structure vise ici l’organisation
des idées ou la façon dont les idées sont mises en œuvre. Par exemple l’auteur
peut avoir adopté une démarche historique, parlant d’abord du passé et faisant
ensuite des développements sur le présent. S’il s’agit d’un article de loi, celui-ci
peut d’abord poser un principe et ensuite dégager les exceptions, poser les
2
conditions de fond et de forme pour la mise en œuvre d’une règle et informer
ensuite sur ses effets…A ce niveau, il peut être intéressant aussi de s’attacher à
l’analyse des connecteurs logiques, de la ponctuation et de tous les autres
éléments d’ordre syntaxique ou grammatical qui permettent de saisir l’articulation
de la pensée de l’auteur ou l’articulation du texte.
La détermination de cette structure peut également aider à trouver le plan qu’il
faut pour le commentaire.
Mais avant, elle sera utile pour la compréhension du texte et des idées essentielles
qui y sont contenues. Ainsi, on saura de quoi parle le texte, les idées principales
qu’il défend, les thèses qu’il récuse. A cette étape de la démarche, il faut
s’attacher à découvrir les expressions clefs ou les phrases clefs et s’y arrêter.
Cette étape achevée, il faut aller hors du texte y rechercher les éléments extérieurs
auxquels il pourrait être rattaché.
C- La recherche des éléments de rattachement extérieurs au texte
Certes le commentaire a un support qui demeure le texte. Mais, le commentateur
doit s’obliger à sortir de celui-ci car un texte n’est jamais isolé. Il s’insère toujours
dans un environnement. On ne peut souvent l’expliquer et l’exploiter qu’en le
remettant dans son contexte politique, intellectuel, juridique et social…
Ainsi, à titre indicatif, on pourrait se poser ces quelques questions :
-Est-il en rupture avec des idées précédentes ? Les idées qu’il propose sont-elles
défendues par d’autres auteurs ou plutôt contredites ? Quelle est sa portée ?
-S’il s’agit d’un texte constitutionnel ou législatif, on pourra s’interroger sur son
fondement, sa finalité. On pourra se demander par ailleurs si d’autres pays ont
adopté des dispositions comparables, quelle application les juges en ont fait,
quelles sont les critiques de la doctrine… ?
Tout ce travail de préparation doit s’opérer au brouillon. Une fois qu’il est achevé,
l’étudiant devrait disposer des matériaux pour la construction du plan.
II- La construction du plan du commentaire
Sous quelle forme le commentaire doit-il se présenter ? Comment trouver le plan ?
A- La forme du plan
Le plan du commentaire doit comporter une introduction et deux ou plusieurs
parties, la conclusion n’étant pas obligatoire.
1. L’introduction
L’introduction d’un commentaire devrait comprendre plusieurs éléments parmi
lesquels :
3
- La nature du texte ;
- Son auteur et son origine ;
- La date de publication ;
- La matière à laquelle le texte s’intéresse ;
- Le ou les problèmes de droit dont il traite ;
- Son intérêt ;
- Son actualité ;
- L’annonce du plan
2. Le développement
Le développement est structuré autour de deux parties ou plusieurs parties en
fonctions des idées ou des articulations du texte. Toutefois, au-delà de trois
parties, cela pourrait signifier qu’il se pose au candidat un problème
d’organisation des idées du texte. Les parties doivent s’efforcer de comporter des
subdivisions internes. Au surplus, le candidat doit assurer, autant que possible, le
respect de l’équilibre formel. Néanmoins, il est vrai que cette exigence est ici
moins forte, comparée à la dissertation juridique.
B- L ’élaboration du plan ou comment trouver le plan du
commentaire
S’il s’agit d’un texte bref, il est possible de prendre appui sur la structure
grammaticale du texte ou la division en alinéa ou en paragraphe. Ces éléments
peuvent en effet être des indices permettant de percer les deux ou trois
mouvements ou articulations du texte.
S’il s’avère impossible de trouver un plan dans la structure formelle ou
grammaticale du texte, il importe de construire un plan d’idées à partir des idées
qu’on aura préalablement dégagées et mises ensuite en ordre pour donner une
dynamique au texte.
En tout état de cause, l’on ne devrait pas oublier la maxime déjà citée : « tout le
texte mais rien que le texte ». Et il faut absolument éviter de faire comme ces
étudiants qui, dans leurs plans, proposent, d’un côté ce que l’auteur dit, et, de
l’autre, le commentaire des idées préalablement exposées par celui-ci. Les deux
éléments doivent être mêlés.
2ème exercice : METHODOLOGIE DE LA DISSERTATION
La dissertation est un exposé généralement écrit qui rend compte d’une réflexion
méthodiquement menée sur un sujet donné.

4
Cet exercice connu en littérature, en philosophie ou en science économique se
rencontre également en faculté de droit, mais avec ses particularités que nous
examinerons. La réussite de cet exercice nécessite un cheminement qui prend en
compte différentes étapes : la préparation, la construction du plan et la rédaction.
I : La préparation
La préparation de la dissertation juridique comporte deux aspects : la préparation
lointaine et la préparation immédiate.
A- La préparation lointaine
La dissertation en plus d’être un exercice qui répond a des prescriptions formelles
(le plan) exige surtout des connaissances théoriques acquises durant les cours
magistraux, les Travaux Dirigés ou encore à les lectures personnelles. Comme le
dit Mme Isabelle DEFRENOIS-SOULEAU « le meilleur étudiant ne peut exposer
que des notions qu’il possède, la fameuse inhibition (la tétanisation) devant la
page blanche provient toujours de ce que l’on ne sait pas clairement ce que l’on
veut dire. Lorsque vous connaitrez une question, que vous en aurez bien compris
les facettes, il vous deviendra facile de l’exposer ». L’acquisition de ces
connaissances passe par la préparation lointaine qui permet en principe au
candidat d’être prêt le jour de l’épreuve. Pendant cette phase donc, l’étudiant doit
rechercher l’assimilation ou l’acquisition des connaissances théoriques. Ce qui
facilitera bien évidemment le travail de préparation immédiate le jour de la
composition.
B- La préparation immédiate
Elle se fait le jour - j, celui de la composition. Elle comporte plusieurs phases :
- La lecture du sujet ;
- La détermination du sens du sujet ;
- L’inventaire du contenu ;
- L’orientation à donner au sujet.
*La lecture
Cette phase est souvent négligée par le candidat et pourtant c’est une étape
extrêmement importante qui détermine la compréhension du sujet. Parce qu’elle
est d’une grande importance, le candidat doit s’imposer plusieurs lectures (au
moins trois). Ces nombreuses lectures doivent permettre de découvrir selon les cas,
le sens caché du sujet et d’en confirmer le sens apparent.
*La recherche du sens du sujet
5
Que dit le sujet ? De quoi parle-t-il ? Cela est important à savoir pour la
compréhension du sujet, pour relever les questions qu’il pose et pour leur trouver
des réponses. Pour bien répondre à ces questions, il importe comme déjà indiqué
de lire, relire et relire encore le sujet. Ces différentes lectures doivent se faire en
tenant le crayon de façon à déterminer et souligner les mots clés auxquels il
faudra ensuite trouver signification.
Si cette étape est bien conduite et qu’on a bien compris le sens de l’énoncé, on
peut maintenant faire l’inventaire de tous les éléments qui se rapportent au sujet
et qui seront utiles pour la réponse aux questions qu’il sous-entend.
*L’inventaire du contenu du sujet ou la recherche des éléments de réponse
Ce qui est demandé au candidat ici, c’est de produire un effort de mémoire et de
se rappeler les aspects du cours auxquels se ramène le sujet ou la question posée.
On en revient à la préparation lointaine. Au niveau licence 1 & 2, les sujets de
dissertation ne s’éloignent jamais beaucoup de la question de cours, mais les
enseignants on parfois la malice d’en déguiser l’intitulé pour susciter un petit
effort de réflexion. Ne vous laissez pas désorienter. Si vous connaissez votre
programme et surtout le plan détaillé du cours, il vous suffira d’un peu de sang
froid pour reconnaitre et restituer la ou les questions dont on vous demande de
parler.
*L’orientation à donner au sujet
Une fois en possession de tous les éléments qui précédent, l’étudiant peut penser
maintenant à l’orientation définitive du sujet. A la faveur de l’examen du sens et
du contenu du sujet, l’on avait peut-être déjà perçu une première orientation ou
un ensemble de questions devant guider d’orientation. C’est l’occasion d’y revenir
et de vérifier leur pertinence. Si le candidat n’avait perçu aucune orientation,
l’heure est au choix, à la détermination. Bien souvent, cette orientation est la
réponse à la question ou aux questions suscitées par le sujet, ce que l’on appelle
la problématique. Après avoir dégagé la problématique et l’orientation, il s’agira
d’ordonner vos éléments de réponse en dégageant deux parties pour le
développement. Nous sommes maintenant prêts pour la construction du plan et la
rédaction.
II. La construction du plan et la rédaction
La rédaction d’une dissertation juridique est toujours précédée de la phase
d’élaboration du plan.
A- Le plan
6
Il n’y a pas en droit de dissertation qui ne soit construite autour d’un plan visible.
Ce plan est la traduction des réponses données à la problématique. Ce plan est
précédé d’une introduction et comporte presque toujours deux parties dans le
développement.
*L’introduction
Elle commence le devoir. Il faut y mettre un grand soin car c’est la porte d’entrée
du devoir. Sa construction fait appel à la méthode de l’entonnoir, c’est à dire il
faut aller du général au particulier. Plusieurs éléments peuvent s’y retrouver : la
situation du sujet, la définition des termes, la mention des textes légaux (pas
obligé), l’historique de la question s’il y a lieu (rappeler l’histoire), l’intérêt de la
question, la problématique (que voulez-vous démontrer ?) et l’annonce du plan. Il
est souhaitable que l’annonce du plan ne tombe pas de but en blanc. Autrement
dit, on doit la sentir venir.
*Le développement
Il est presque toujours construit autour de deux grandes parties. Celles-ci doivent
être subdivisées en sous-parties équilibrées. Les parties et les sous parties doivent
comporter des intitulés. Ceux-ci doivent éviter d’être long et embrasser le contenu
de l’idée défendue dans chaque partie ou dans chaque sous-partie.
I-
A-
B-
II-
A-
B-
*La conclusion est facultative mais pas interdite.
B- La rédaction
Elle n’obéît pas à des règles particulières. Le candidat doit donc suivre les règles
classiques de la dissertation littéraire. Quelques règles méritent d’être rappelées :
-Le souci de la clarté
- La simplicité
- Il faut éviter les formules péjoratives ou familières.
- Il faut assurer une rédaction qui tienne compte de la nécessité d’annoncer les
sous-parties, d’assurer la transition sinon les transitions entre les parties, et entre

7
les subdivisions internes aux parties ou aux sous- parties.
- Ne traitez que les parties que l’on a annoncées…

8
THÈME N° 1 : DEFINITION ET CARACTERES DU DROIT ADMINISTRATIF

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
- WEIL Prosper, POUYAUD Dominique, Le Droit administratif, Paris, PUF, 2015, pp. 3
-5.
- CHAPUS René, Droit administratif général, 15e édition, Paris, Montchrestien, 2003.
- DÉGNI-SÉGUI René, Droit administratif général. L’Action administrative, Tome 2,
4édition, Abidjan, NEI-CEDA, 2003, pp. 751-761.
- BLEOU Djézou Martin, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative
ivoirienne, CNDJ, 2012, 484p.
- LATH Yédoh Sébastien, Droit administratif Général, Abidjan, Les éditions abc, 2017.
- MORAND-DEVILLER Jacqueline, Droit administratif, Paris, LGDJ, 14èmee éd., 2015, 8.
- Bertrand SEILLER, Droit administratif. Les sources et le juge, 5 édition, Paris,
Flammarion, 2013.
- Anne GEOFFROY, Droit administratif général en tableaux, Paris, Ellipses, 2017, pp.
46-67.
- N. CHIFFLOT P. CHRETIEN et M. TOURBE, Droit administratif, Paris, Sirey, 14e
édition, 2014.
- P.-L. FRIER et J. PETIT, Précis de droit administratif, Paris, Montchrestien, 8e
édition, 2014
- P. GONOD, F. MELLERAY et Ph. YOLKA, Traité de droit administratif, Paris, Dalloz,
2 tomes, 2011
- LOMBARD M., DUMONT G. et SIRINELLI J., Droit administratif, Dalloz, 10e édition
2013.
- MAMBO Paterne, Cours de droit administratif, polycopié

Exercice à faire : Commentaire de texte + Méthodologie juridique du


commentaire de texte
Texte 1 : Exercice : Commentaire de texte :
Les étudiants sont invités à rédiger une introduction et à proposer un plan cohérent
« Le droit administratif a é té qualifié de « droit prétorien » pour signifier
qu’il était forgé , pour l’essentiel – en son prétoire –, par le juge, souvent auteur
exclusif et toujours interprète souverain de ce droit. La raison en est la relative
jeunesse d’une discipline qui est réapparue au début du XIXe siècle. Au contraire
du droit civil ou du droit pénal ou commercial, qui sont les héritiers d’une tradition
pluriséculaire ininterrompue et qui ont pu aisément trouver leur aboutissement
9
plénier dans d’admirables codifications préparées par les Domat et les Pothier, le
droit administratif a dû se reconstruire progressivement, au gré́ des contentieux
comme des besoins sociaux. Face à un relatif désert juridique et conceptuel, le
Conseil d’État s’est autoinvesti d’une fonction proprement créatrice, soit comme
conseiller juridique du pouvoir exécutif, soit comme juge administratif suprême. Le
caractère prétorien est ainsi doublement manifesté : par le rôle actif du juge
dans la « découverte » et la promotion de règles juridiques administratives, par le
rôle à la fois éminent et incontesté́ de celui-ci dans l’exercice de ce pouvoir
proprement normatif, créateur de règles nouvelles. C’est d’ailleurs ce deuxième
trait qui explique que, même à l’époque récente, où l’intervention du lé gisla
-teur en matière d’administration s’est faite plus fréquente et plus dense, le juge a
gardé́ l’essentiel de son rôle prééminent ; de plus, la législation se borne
souvent à reprendre les solutions jurisprudentielles, au risque, parfois, de les
figer et de les priver de leur souplesse. Ce caractère encore largement – mais plus
exclusivement – prétorien présente des inconvénients.
Ce phénomène est apparu à partir des années 1970 : un rôle moindre semblait
joué par le juge et par la jurisprudence administratifs. Les signes de cette
situation étaient divers. Le droit administratif étant de plus en plus régi par des
lois et des décrets et ce, parfois, jusque dans les moindres détails, il pouvait
sembler que le juge avait moins souvent l’initiative, appliquant des règles forgées
par d’autres que lui et en créant moins souvent. Un net déclin de l’État
interventionniste est désormais en marche, ce qui conduit à revenir aux canons
du libéralisme classique, d’où un affaiblissement des interventions étatiques,
une diminution corrélative du champ couvert par le droit public et l’adoption des
règles de droit privé pour régir nombre d’activités de la puissance publique. Ceci
restreint le domaine de compétence du juge administratif et, du même coup, sa
fonction prétorienne.
Même si le Conseil d’État a é té souvent, au cours de son histoire bicentenaire,
un défenseur des individus face à la puissance publique, il a é té aussi perçu
– non sans quelque raison – comme une institution de légitimation a posteriori de
l’action publique. D’une certaine façon tout un aspect de sa jurisprudence a pu
être interprété́ comme étant d’abord destiné à favo-riser l’acceptation des
décisions publiques. Enfin, le juge administratif est aujourd’hui, manifestement, en
concurrence avec d’autres juges car est apparu un véritable marché de la justice
et du droit où se rencontrent, s’ajustent et se confrontent une offre de droit et
une demande de solutions juridiques ».
Jean-Claude RICCI, Droit administratif général, 5ème édition, Paris, Hachette, 2013,
pp. 5-6.

Texte 2 : Exercice à faire


« Tout change et pourtant rien ne change. Telle pourrait être la réaction d'un
lecteur lisant aujourd'hui successivement la célèbre étude consacrée par Georges

10
Vedel au caractère jurisprudentiel du droit administratif (Le droit administratif
peut-il être indéfiniment jurisprudentiel ? EDCE, 1979-1980, n° 31, p. 31). Le droit
administratif français serait encore « fondamentalement », « essentiellement »
jurisprudentiel. Cette analyse quasiment unanime se concilie en apparence
malaisément avec un autre constat fait par tous les auteurs : celui de la
spectaculaire transformation des sources du droit administratif ces dernières
années, spécialement depuis les années 1970. L'heure est depuis cette époque
notamment au « rééquilibrage des sources écrites et jurisprudentielles internes du
droit administratif » Ainsi, nous espérons ne pas trahir la pensée de la doctrine
dominante en énonçant les deux propositions suivantes. Le droit administratif est
de plus en plus un droit écrit. Le droit administratif est toujours un droit
fondamentalement jurisprudentiel. Deux possibilités sont alors ouvertes à
l'interprète. Soit il considère que l'expression « droit administratif » est utilisée
exactement dans le même sens dans les deux affirmations. Et l'on peut alors
raisonnablement soutenir que ces dernières sont quelque peu contradictoires. Soit
il admet, et telle est notre position, que cette expression revêt des significations
légèrement différentes dans l'un et l'autre cas. Il nous semble, en effet, qu'elle
désigne dans la première formule l'ensemble des normes spéciales applicables à
l'administration, le droit positif. En revanche, elle vise dans la seconde formule les
notions de base, les cadres essentiels d'appréhension et de compréhension de la
matière. Et l'apparent paradoxe se dissipe alors. Le droit administratif est de plus
en plus écrit, au sens où l'on y use dans la pratique de plus en plus de textes et de
moins en moins de constructions jurisprudentielles autres que d'interprétation du
droit écrit et il est pourtant toujours jurisprudentiel dans la mesure où, pour le
comprendre, pour l'enseigner et en appréhender la logique il convient encore de
se plonger sans modération dans la lecture des grands arrêts et autres grandes
décisions. S'opposent ainsi en quelque sorte une logique quantitative et une
démarche plus qualitative et l'amateur de droit administratif se doit aujourd'hui
comme hier d'être « arrestophile ». Ainsi, à partir du moment où le droit
administratif commence à conquérir son indépendance académique, la
codification est tenue pour impossible. Les membres du Conseil d'État n'en veulent
pas, craignant soit que cette codification soit parcellaire donc vaine, soit qu'elle
soit complète mais restreigne alors d'autant leur pouvoir créateur et fige leur
œuvre, la cristallise et menace de la scléroser. Ainsi, à l'analyse d'Édouard
Laferrière, on pourrait affirmer que le droit administratif n'est, à l'inverse du droit
civil, pas codifié et qu’« il est douteux qu'il puisse l'être ».
Fabrice MELLERAY, « Le droit administratif doit-il redevenir jurisprudentiel ?
Remarques sur le déclin paradoxal de son caractère jurisprudentiel », AJDA 2005
p. 637.

11
UNIVERSITE PRIVEE IIPEA - ABIDJAN – Année académique : 2023-2024
Faculté de Droit - Licence 2 – Droit Administratif

Chargé de Cours : Dr ETEKOU BEDI


Chargés des Travaux Dirigés : M. SAFFOU - M. GNEKEIE

THÈME N° 2 : L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE : L’ADMINISTRATION LOCALE

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE :
- WEIL Prosper, POUYAUD Dominique, Le Droit administratif, Paris, PUF, 2015, pp. 3-5.
- CHAPUS René, Droit administratif général, 15 édition, Paris, Montchrestien, 2003.
e
- DÉGNI-SÉGUI René, Droit administratif général. L’Action administrative, Tome 2, 4édition,
Abidjan, NEI-CEDA, 2003, pp. 751-761.
- BLEOU Djézou Martin, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative ivoirienne,
CNDJ, 2012, 484p.
- LATH Yédoh Sébastien, Droit administratif Général, Abidjan, Les éditions abc, 2017.
- MORAND-DEVILLER Jacqueline, Droit administratif, Paris, LGDJ,ème14e éd., 2015, 8.
- Bertrand SEILLER, Droit administratif. Les sources et le juge, 5 édition, Paris, Flammarion,
2013.
- Anne GEOFFROY, Droit administratif général en tableaux, Paris, Ellipses, 2017, pp. 46-67.
- N. CHIFFLOT P. CHRETIEN et M. TOURBE, Droit administratif, Paris, Sirey, 14e édition, 2014.
- P.-L. FRIER et J. PETIT, Précis de droit administratif, Paris, Montchrestien, 8e édition, 2014.
- P. GONOD, F. MELLERAY et Ph. YOLKA, Traité de droit administratif, Paris, Dalloz, 2 tomes,
2011
- LOMBARD M., DUMONT G. et SIRINELLI J., Droit administratif, Dalloz, 10e édition 2013.
I – Contrôle de connaissances :
1) Déterminer et distinguer les procédés d’organisation administrative
2) Après avoir déterminé les techniques de contrôle de l’organisation
administrative, les étudiants sont invités à les analyser à partir des
différents arrêts de principe tant en France qu’en Côte d’Ivoire.
3) Que vous inspire cette affirmation du Professeur Jean-Louis AUSTIN
extraite de son article « Autorités administratives indépendantes », Juris-
Classeur administratif, Fascicule, 75, 1997 : « Les autorités administratives
sont une rupture dans la tradition administrative française, fondée sur le
principe hiérarchique et la dépendance de l’administration vis-à-vis de
l’autorité politique. »
II- Dissertation : Méthodologie de la dissertation juridique

12
1) L’évolution du statut du district en Côte d’Ivoire
2) La déconcentration et la décentralisation
UNIVERSITE PRIVEE IIPEA - ABIDJAN – Année académique : 2023-2024
Faculté de Droit - Licence 2 – Droit Administratif

Chargé de Cours : Dr ETEKOU BEDI


Chargés des Travaux Dirigés : M. SAFFOU - M. GNEKEIE

THÈME N° 3 : LE PRINCIPE DE LA LEGALITE

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
- WEIL Prosper, POUYAUD Dominique, Le Droit administratif, Paris, PUF, 2015, pp. 3
-5.
- CHAPUS René, Droit administratif général, 15e édition, Paris, Montchrestien, 2003.
- DÉGNI-SÉGUI René, Droit administratif général. L’Action administrative, Tome 2,
4édition, Abidjan, NEI-CEDA, 2003, pp. 751-761.
- BLEOU Djézou Martin, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative
ivoirienne, CNDJ, 2012, 484p.
- LATH Yédoh Sébastien, Droit administratif Général, Abidjan, Les éditions abc, 2017.
- MORAND-DEVILLER Jacqueline, Droit administratif, Paris, LGDJ, 14èmee éd., 2015, 8.
- Bertrand SEILLER, Droit administratif. Les sources et le juge, 5 édition, Paris,
Flammarion, 2013.
- Anne GEOFFROY, Droit administratif général en tableaux, Paris, Ellipses, 2017, pp.
46-67.
- N. CHIFFLOT P. CHRETIEN et M. TOURBE, Droit administratif, Paris, Sirey, 14e
édition, 2014.
- P.-L. FRIER et J. PETIT, Précis de droit administratif, Paris, Montchrestien, 8e
édition, 2014
- P. GONOD, F. MELLERAY et Ph. YOLKA, Traité de droit administratif, Paris, Dalloz,
2 tomes, 2011
- LOMBARD M., DUMONT G. et SIRINELLI J., Droit administratif, Dalloz, 10e édition
2013.

13
I- Contrôle de connaissances :
1) Définir le principe de la légalité administrative
2) Les sources de la légalité administrative
3) La valeur juridique du préambule
4) Le juge administratif est-il la seule source du droit ?
5) Définir les principes généraux du droit
6) Définir l’acte de gouvernement
7) Distinguer le principe de la légalité ordinaire des circonstances exceptionnelles

II- Commentaire d’arrêt : Faire les fiches des arrêts suivants


- CE 29 Octobre 1945, Arrêt Aramu
- C.E, 5 mai 1948, Arrêt Marion
- CE, 28 fév. 1919, Dames DOL et LAURENT, Rec. 208
(1918-1919.3.33, note Hauriou ; RD pub. 1919.338, note Jèze).

Vu la requête présentée par les dames Isabelle X… se disent fille publique, inscrite sur le
registre de la police des mœurs, à Toulon Var, et Jeanne Y…, inscrite sur le même registre
et demeurant dans la même ville, ladite requête enregistrée au Secrétariat du Contentieux
du Conseil d’Etat le 31 juillet 1916 et tendant à ce qu’il plaise au Conseil d’annuler pour
excès de pouvoir, trois arrêtés, en date des 9 avril, 13 mai et 24 juin 1916, par lesquels, le
Vice-amiral préfet maritime, gouverneur de Toulon a réglementé, dans cette ville, la police
des mœurs ;
Considérant que par ses arrêtés en date des 9 avril, 13 mai et 24 juin 1916, le préfet
maritime, gouverneur du camp retranché de Toulon, a interdit, d’une part, à tous
propriétaires de cafés, bars et débits de boissons, de servir à boire à des filles, tant isolées
qu’accompagnées et de les recevoir dans leurs établissements ; d’autre part, à toute fille
isolée de racoler en dehors du quartier réservé et à toute femme ou fille de tenir un débit
de boissons ou d’y être employée à un titre quelconque ; qu’il a prévu comme sanctions à
ces arrêtés le dépôt au “violon” des filles par voie disciplinaire ainsi que leur expulsion du
camp retranché de Toulon en cas de récidive et la fermeture au public des établissements
où seraient constatées des infractions auxdits arrêtés

Considérant que les limites des pouvoirs de police dont l’autorité publique dispose pour le
maintien de l’ordre et de la sécurité, tant en vertu de la législation municipale, que de la

14
loi du 9 août 1849, ne sauraient être les mêmes dans le temps de paix et pendant la
période de guerre où les intérêts de la défense nationale donnent au principe de l’ordre
public une extension plus grande et exigent pour la sécurité publique des mesures plus
rigoureuses ; qu’il appartient au juge, sous le contrôle duquel s’exercent ces pouvoirs de
police, de tenir compte, dans son appréciation, des nécessités provenant de l’état de
guerre, selon les circonstances de temps et de lieu, la catégorie des individus visés et la
nature des périls qu’il importe de prévenir ;

Considérant qu’au cours de l’année 1916, les conditions dans lesquelles les agissements
des filles publiques se sont multipliés à Toulon ont, à raison tant de la situation militaire de
cette place forte que du passage incessant des troupes à destination ou en provenance
de l’Orient, présenté un caractère tout particulier de gravité dont l’autorité publique avait
le devoir de se préoccuper au point de vue tout à la fois du maintien de l’ordre, de
l’hygiène et de la salubrité et aussi de la nécessité de prévenir le danger que présentaient
pour la défense nationale la fréquentation d’un personnel suspect et les divulgations qui
pouvaient en résulter ; qu’il est apparu que les mesures faisant l’objet du présent pourvoi
s’imposaient pour sauvegarder d’une manière efficace tout à la fois la troupe et l’intérêt
national ;

Considérant que si, dans ce but certaines restrictions ont dû être apportées à la liberté
individuelle en ce qui concerne les filles et à la liberté du commerce en ce qui concerne les
débitants qui les reçoivent, ces restrictions, dans les termes où elles sont formulées,
n’excèdent pas la limite de celles que, dans les circonstances relatées, il appartenait au
préfet maritime de prescrire ; qu’ainsi, en les édictant, le préfet maritime a fait un usage
légitime des pouvoirs à lui conférés par la loi…(rejet).

Exercice à rendre :
Les circonstances exceptionnelles constituent-elles un frein à la légalité
administrative ?

15
UNIVERSITE PRIVEE IIPEA - ABIDJAN – Année académique : 2023-2024
Faculté de Droit - Licence 2 – Droit Administratif

Chargé de Cours : Dr ETEKOU BEDI


Chargés des Travaux Dirigés : M. SAFFOU - M. GNEKEIE

THÈME N° 4 : LE SERVICE PUBLIC

16
BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE
- Prosper WEIL, Dominique POUYAUD, Le Droit administratif, Paris, PUF, 2015, pp. 3
-5.
- CHAPUS René, Droit administratif général, 15e édition, Paris, Montchrestien, 2003.
- DÉGNI-SÉGUI René, Droit administratif général. L’Action administrative, Tome 2,
4édition, Abidjan, NEI-CEDA, 2003, pp. 751-761.
- BLEOU Djézou Martin, Les grands arrêts de la jurisprudence administrative
ivoirienne, CNDJ, 2012, 484p.
- LATH Yédoh Sébastien, Droit administratif Général, Abidjan, Les éditions abc, 2017.
- MORAND-DEVILLER Jacqueline, Droit administratif, Paris, LGDJ, 14èmee éd., 2015, 8.
- Bertrand SEILLER, Droit administratif. Les sources et le juge, 5 édition, Paris,
Flammarion, 2013.
- Anne GEOFFROY, Droit administratif général en tableaux, Paris, Ellipses, 2017, pp.
46-67.
- N. CHIFFLOT P. CHRETIEN et M. TOURBE, Droit administratif, Paris, Sirey, 14e
édition, 2014.
- P.-L. FRIER et J. PETIT, Précis de droit administratif, Paris, Montchrestien, 8e
édition, 2014
- P. GONOD, F. MELLERAY et Ph. YOLKA, Traité de droit administratif, Paris, Dalloz,
2 tomes, 2011
- LOMBARD M., DUMONT G. et SIRINELLI J., Droit administratif, Dalloz, 10e édition
2013.
Exercice 1 : Terminologie juridique
1. Définissez la notion de service public.
2. Distinguez les SPA des SPIC.
3. Citez et définissez les lois du service public.
4. Une activité de service public est également une activité d’intérêt général :
Vrai ou faux. Justifiez votre réponse.

Exercice 2 : Commentez l’extrait suivant en rédigeant l’introduction et en


construisant un plan
L’histoire du service public a été marquée par l’élargissement des objets du
service public et le développement corrélatif des modes d’organisation de celui-ci.
Cette évolution a brisé l’uniformité de la théorie du service public ; elle a, sur le
plan juridique, conduit à distinguer le service public proprement administratif et le
17
service public industriel ou commercial. Sans doute certaines règles restent-elles
communes aux deux catégories, l’une et l’autre regroupant des services publics et
fonctionnant selon les principaux communs à tous les services publics. Mais elles
comportent aussi des différences juridiques profondes. Nous connaissons déjà la
plus importante : soumission du service public industriel ou commercial au régime
de droit privé, au moins pour ses activités de fonctionnement, tandis que le service
public administratif est organisé et fonctionne dans les conditions du droit public.
Yves GAUDEMET, Droit administratif, Paris, LGDJ, Lextensio Éditions, 20ème éd.,
2012, pp. 393-394.

- Exercice à faire : Faire les fiches des arrêts suivants :

- T.C 22 janvier 1921, Société Commerciale Ouest africain


- Arrêts Centaures Routiers
- C.E, 28 juin 1963, Arrêt Narcy
- C.E, 13 mai 1938, Caisse primaire « Aide et protection »
- CSCA, 27 Avril 2016, Compagnie aérienne Turkish Airlines C/ Etat de Côte
d’Ivoire
- T.C, 16 octobre 2006, Caisse centrale de réassurance

18

Vous aimerez peut-être aussi