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Méthodologie pour l’apprentissage du droit Dr Thomas DIATTA

Dr Thomas DIATTA
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REVUE DE LA METHODOLOGIE DES DIFFERENTES


EPREUVES EN DROIT
Titre I- Les épreuves théoriques
Chapitre Unique- La dissertation juridique
Il s’agit d’un exercice où vous allez démontrer vos talents de synthèse, en organisant vos
connaissances afin d’exposer de manière réfléchie et logique, et éventuellement critique, l’état
du droit sur une question.
Il est impératif de respecter une méthodologie rigoureuse, sous peine de passer à côté du sujet.
Dans un premier temps, vous devez étudier les termes du sujet mot à mot afin de comprendre
la problématique du sujet, c’est à dire la question qui vous est posée. On peut par exemple de
réfléchir sur une notion, ou de mener une comparaison entre deux institutions juridiques.
Une fois la problématique dégagée, il convient de rassembler tous les éléments nécessaires à
la construction de votre raisonnement. Vos connaissances doivent venir comme des supports à
la démonstration que vous organisez. Il faut bien avoir conscience que le seul exposé des
connaissances ne vaut rien et qu’elles doivent intervenir comme des arguments au service
d’un raisonnement.
A partir de là, vous devez construire votre plan. C’est une étape essentielle. Il doit être clair
dans son déroulement et dans ses intitulés qui doivent être en parfaite adéquation avec ce qui
sera développé dans les parties. Attention à ne pas avoir des intitulés qui sont très éloignés de
ce que vous allez traiter. Il n’existe pas de plan type qui s’adapte à toutes les situations, mais
il existe des armatures classiques :
I Conditions - II Effets ;
I Notion II - Régime juridique

I Principe - II Exceptions ;
I Notion textuelle - II Interprétation jurisprudentielle
Lors de l’examen, vous n’aurez pas le temps de rédiger tous vos développements au brouillon,
seuls l’introduction et le plan doivent être travaillés au brouillon.
L’introduction est un moment clé, elle doit séduire votre, donc il faut lui donner envie de
découvrir votre devoir. L’introduction doit respecter ce que l’on dénomme la technique des
trois entonnoirs :
- le premier entonnoir amène le sujet, le resitue dans son contexte juridique, donne les
définitions ;
- le deuxième entonnoir resitue le sujet dans son contexte méta-juridique, c’est à dire qu’il
convient de donner la dimension historique, sociologique, économique ou philosophique ;
- le troisième entonnoir est l’annonce de plan qui expose la problématique à laquelle le plan
doit répondre de manière très logique.
Concrètement dans l’introduction il faut respecter ces étapes :
1- Amener et poser le sujet
2- Définir les termes du sujet
3- Délimiter le sujet
4- Faire ressortir les intérêts du sujet
5- Soulever la problématique
6- Justifier du plan
7- Annoncer le plan

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Méthodologie pour l’apprentissage du droit Dr Thomas DIATTA

Titre II- Les épreuves pratiques


Chapitre I- Méthodologie du commentaire
d’article
Les normes juridiques contenues dans les textes de lois quelle sont souvent présentées sous
la forme d’articles. Ces articles sont appelés à être exploités par tout juriste (avocat, magistrat,
notaire, juriste d’entreprise, enseignant…). Celui-ci doit être capable de les interpréter.
Justement, c’est le commentaire d’article qui lui permet de s’initier et de s’aguerrir au travail
d’interprétation. Ce travail permet d’analyser et d’apprécier une disposition textuelle.
Le commentaire d’article ne consiste pas à trouver une solution comme dans un cas pratique.
De même, il ne s’agit de formuler un problème juridique comme dans un commentaire
d’arrêt. Tout doit être fait pour éviter de glisser vers un autre type d’exercice juridique
(commentaire d’arrêt ou dissertation).
Le commentaire d’article un exercice essentiel qui comporte un travail d’analyse,
d’explication et d’appréciation d’une disposition normative en la replaçant dans son
contexte. La paraphrase doit être évitée. Pour ce faire, il faut répondre à certaines questions :
1. Le Pourquoi de l’article ?
2. Le problème réglé par l’élaboration d’un tel article ?
3. La réponse apportée est-elle satisfaisante ? Les réactions suscitées par l’article ?
Pour réussir un commentaire d’article, il faut une bonne préparation, méthodique,
c’est-à-dire une bonne connaissance de l’environnement de l’article à commenter. Il faut aussi
respecter la méthodologie de la rédaction du commentaire.

I- La préparation du commentaire
La préparation du commentaire comporte quatre étapes : identification de l’article (A),
analyse (B) et appréciation de l’article (C) et élaboration du plan (D).

A- L’identification de l’article

Pour identifier l’article il faut connaître : sa date d’élaboration, son auteur et son support.
La connaissance de la date d’élaboration de l’article permet de le rapprocher d’autres textes
ou décisions, antérieurs, simultanés ou postérieurs, susceptibles d’éclairer sur le contexte de
son adoption. Cela permet aussi d’attribuer à certains mots leur véritable sens, passé et actuel,
lorsque le texte est ancien, et de comprendre les motivations de son auteur.
La connaissance de l’auteur de l’article renseigne sur son objectif et les circonstances de son
élaboration.
Le support de l’article, c’est-à-dire la loi, la réforme, le code dont il est issu permet de
connaître sa valeur et son importance. Un article issu d’une réforme d’envergure ou de fond
est plus important qu’un article issu d’une réforme de circonstance.
Attention ! Commenter un article issu d’une loi n’est pas commenter cette loi ! De même,
commenter un article issu d’un code ne doit pas vous conduire à commenter le chapitre dont il
fait partie. Après avoir déterminé le support originel de l’article, il faut penser à indiquer son
support final, s’il a été inséré dans un code, un traité… Cela peut également renseigner sur
son importance et sur l’intention de son auteur.

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B- L’analyse de l’article

C’est qui s’en suit après l’identification de l’article. Ici, il faut analyser les termes et la
structure grammaticale et logique de l’article.
Chaque terme du texte doit être défini dans son sens courant et juridique, on parle de
glose. S’il existe plusieurs sens ou un risque de confusion, on doit expliquer les termes en
recherchant l’intention de l’auteur et l’interprétation de la jurisprudence.
La structure grammaticale de l’article est utile pour élaborer le plan du commentaire.
Il faut relever les propositions principales et subordonnées, les articles définis (le / la / les) ou
indéfinis (un / une / des), les conjonctions de coordination : « et » (accumulation / énumération) ;
« ou » (indifférence / alternative).
Il ne faut pas oublier en principe que dans le langage juridique, l’indicatif vaut impératif !
La structure logique de l’article correspond au mode de raisonnement de son auteur ainsi qu’à la
méthode législative qu’il a utilisée c’est-à-dire ce qu’il a dit et comment il l’a dit. Cette
connaissance aide à la construction du plan. L’auteur peut fixer un principe, une exception, une
limite ; dresser une liste de personnes ou de situations… L’auteur peut aussi permettre, interdire,
suggérer, utiliser un modèle de référence, des notions précises ou floues, laisser une marge
d’appréciation au juge. L’analyse du texte est indispensable mais ne suffit pas. Le commentaire
d’article suppose également de l’interpréter, de l’apprécier.

C- L’appréciation de l’article

Ce travail intervient après détermination du contenu et du sens de l’article. Ici, il faut faire appel à
aux connaissances relatives au thème visé et répondre aux questions suivantes :

1. Avant l’adoption de l’article

Pourquoi cet article a-t-il été écrit ? Pourquoi l’a-t-il été à ce moment-là ? Quelles situations,
quelles personnes ont nécessité son élaboration ? Quel était le but de son auteur ? Consacre-t-
il une évolution jurisprudentielle ou sociale ? Sanctionne-t-il une dérive des tribunaux ou des
comportements ?

2. L’article adopté

Quelle solution l’article a-t-il apporté au problème posé à son auteur ? Quel est son sens, son
apport ? L’auteur a-t-il atteint son but ? Quelles situations, quelles personnes sont effectivement
visées ?
S’agit-il d’un nouveau principe, d’une précision, d’une exception ?

3. Après l’adoption de l’article

Comment ont réagi la jurisprudence, la doctrine, les professionnels ? La doctrine l’a t-elle
approuvé ? Critiqué ? La jurisprudence l’a-t-elle strictement appliqué ? A-t-elle du
l’interpréter ? Y a-t-il unanimité ou divergence entre les juges ? Les professionnels l’ont-ils
strictement appliqué ? Ont-ils essayé de le contourner ? Quel est l’avenir probable du texte
(abrogation, pérennité) ?

D. - L’élaboration du plan

Comme le commentaire d’arrêt, le plan du commentaire d’article doit comporter deux parties
et quatre sous-parties de longueur et d’intérêt équivalents. Il faut, autant que possible,
s’appuyer sur la structure de l’article pour construire votre plan. Chaque sous partie doit

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correspondre à l’analyse et à l’appréciation d’un passage de l’article. Il ne faut, en aucun cas,
identifier et analyser l’article dans la première partie et l’apprécier dans la seconde.
Pour élaborer votre plan, il faut être attentif :
- à la structure typographique : phrase, alinéa, virgule…
- à la structure grammaticale : proposition principale, subordonnée(s), mots ou concepts
clés…
- à la structure logique : changement d’idée, de situation, énoncé d’un principe, d’une
exception, d’un cas particulier…
Cette structure logique, visant deux situations différentes, peut correspondre au plan
du commentaire d’article.
Lorsque l’analyse de l’article est terminée et le plan fixé, la part la plus difficile du travail a
été accomplie. La seconde étape du commentaire d’article peut être abordée : la rédaction.

II- La rédaction du commentaire


Présentation de la copie
La rédaction du commentaire appelle à soigner autant la forme que le fond. Alors, la copie
doit être bien présentée avec une marge, des retours à la ligne et, si nécessaire, des ratures «
propres »! De même, il faut maîtriser l’orthographe, la grammaire et le langage juridique.

A- L’introduction
Représentant le tiers du devoir, elle consiste en une présentation du sujet. Sa rédaction appelle
à respecter les étapes suivantes :
1. Annonce du thème visé par une ou deux phrases « d’attaque » ;
2. Indication de l’article à commenter : on peut le citer intégralement ou en rappeler la
substance s’il est trop long (trois ou quatre lignes) ;
3. Situation de l’article : nature du texte, extrait de tel Code, dans telle partie, date l’identité
de son auteur, la date d’élaboration et le lieu d’insertion (code, chapitre, section) ;
4. Le contexte juridique de l’article : évoquer les autres textes environnant sans les
commenter et préciser s’il s’agit d’un texte issu du Code original, ou bien s’il fait partie d’un
ajout au code (à quelle période ?).
5. La structuration de l’article qui, en général, commande le plan, sa logique interne.
6- L’idée Générale de l’article, idée maîtresse véhiculée par l’article
7. Justification et annonce du plan (seulement les deux parties, les sous-parties doivent être
annoncé dans les chapeaux).

B- Le corps du commentaire
Développer le commentaire consiste à ordonner les remarques inscrites sur le brouillon et à
les insérer dans le plan en enchaînant ses propos. Pour cela, on doit penser aux chapeaux sous
les titres de vos parties pour annoncer les sous-parties et à la transition entre les deux grandes
parties.
Les intitulés doivent être précis, de préférence courts, sans verbe conjugué et correspondre
parfaitement au contenu de la partie ou de la sous-partie. Il est d’ailleurs conseillé de
compléter les titres après avoir rédigé les sous-parties.
Dans le fond, il faut faire l’exégèse du texte : revenir physiquement en permanence sur le
texte, le saucissonner, l’exploiter. En outre, il faut commenter chaque mot, sans paraphraser :
en fait comme on l’a précédemment dit, l’interprétation doit être plus rationnelle que littérale.

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Le contexte de l’article doit être repris. Par exemple, ne pas oublier un thème central : droit du
contrat, des personnes. Enfin, il faut montrer que l’on maîtrise ce thème ; ce dernier doit être
ramené aux sources textuelles, jurisprudentielles, doctrinales.
Un dernier effort : il faut relire la copie avant de la rendre. Il serait dommage qu’un bon
travail de fond soit dévalorisé par une orthographe désastreuse ou que certains passages
effacés ne soient jamais complétés !

Chapitre II- Le cas pratique


La résolution d’un cas pratique consiste à rechercher, à présenter et à résoudre les problèmes
juridiques soulevés dans le cas qui est exposé. Il s’agit dans un premier temps de traduire
juridiquement ces situations de faits puis de donner un avis argumenté sur une question
juridique.
1. Analyser la situation
Identifier les faits à l’origine du problème
Il faut repérer les informations importantes qui permettent de comprendre ce qui s’est passé et
ce qui pose problème. On résume, de manière neutre et dans l’ordre chronologique, les
informations nécessaires à la compréhension de la situation.
2. Qualifier les faits juridiquement
La qualification juridique consiste à donner aux faits concernés la traduction juridique
qui leur convient et qui doit permettre l’application de la règle de droit.
3. Identifier le problème juridique
Il faut identifier le problème de droit (la question juridique), soulevé par la situation. On le
présente de manière générale & abstraite (sans référence concrète à la situation étudiée),
éventuellement de manière interrogative.
4. Déterminer la ou les règles de droit applicable
De la qualification juridique des faits résultent les règles de droit qui paraissent les plus
adaptées à la résolution du cas. Il faut énoncer de manière générale la ou les règles de droit
qui doivent être appliquées à la situation afin de pouvoir ensuite proposer une solution. Il sera
fait appel au cours et éventuellement aux connaissances personnelles.
5. Proposer une solution argumentée
Cette phase va s’attacher à tirer les conséquences de l’analyse précédente. Il s’agit d’appliquer
concrètement les règles de droit aux faits et de proposer une solution argumentée et concrète
au problème, justifiée par l’application de la règle aux événements et/ou éventuellement une
alternative :
- lorsque plusieurs solutions sont possibles, le choix de l’une d’elles doit être justifié;
- la solution n’est fondée que s’il est démontré que, dans le cas d’espèce, les
conditions d’application de la règle sont réunies.
Il conviendra d’utiliser le syllogisme juridique comme méthode de raisonnement. C’est
une démarche permettant d’appliquer à une situation de fait la solution prévue par une règle
de droit. Cette démarche se déroule en trois étapes : 1- la Majeure est la règle de droit
applicable ; 2- la Mineure est constituée par les faits constatés et qualifiés ; 3- La conclusion
est la confrontation de la Majeure et la Mineure qui permet de donner la solution.

Chapitre III- Le commentaire d’arrêt


Il concerne le commentaire d’une décision de jurisprudence, ce qui explique que cet
exercice soit spécifique à la science juridique et n’existe pas dans les autres sciences
humaines. Il s’agit de comprendre une situation en mettant en évidence la solution apportée à
un problème juridique survenu à l’occasion d’un litige.
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L’objectif de l’exercice est de vérifier que l’étudiant est capable de :
– situer la décision de justice étudiée (juridiction, date, procédure, droit concerné) ;
– dégager le problème juridique posé et le raisonnement de la juridiction pour le résoudre ;
– mettre en œuvre une démarche méthodique et rigoureuse pour répondre aux questions
posées.
Les séances de TD ont justement pour but de vous apprendre à décortiquer
correctement un arrêt.

ÉTAPE 1 : Lire la décision de justice


Cette étape du travail suppose une bonne maîtrise des termes juridiques spécifiques, ainsi
qu’un minimum de connaissance des étapes de la procédure et du système judiciaire.
• Maîtriser la terminologie, par exemple les termes suivants :
Appel : voie de recours par laquelle une partie porte le procès devant une juridiction du
second degré.
Arrêt : décision d’une juridiction supérieure : Cour d’appel, Cour suprême ou CCJA.
Arrêt confirmatif : arrêt de la Cour d’appel confirmant le jugement des premiers juges.
Arrêt infirmatif : arrêt de la Cour d’appel contraire au jugement des premiers juges.
Arrêt de principe et arrêt d’espèce :
On parle d’arrêt de principe lorsque celui-ci concerne une jurisprudence générale, qui
formera un précédent et pourra être appliquée postérieurement aux litiges présentant des faits
similaires. On parle au contraire d’arrêt d’espèce lorsque la solution de la Cour ne peut pas
être généralisée en dehors du présent litige, lorsqu’elle ne s’explique que par les faits du litige.
Attendu : mot introductif des paragraphes d’une décision de justice (faits, arguments du
demandeur).
Défendeur : personne contre laquelle la procédure est engagée.
Demandeur : personne qui engage la procédure.
Dispositif : partie d’un jugement ou d’un arrêt qui énonce la décision de la juridiction.
Grief : reproche (faire grief : reprocher).
Jugement : décision d’une juridiction du premier degré (tribunal d’instance, tribunal de
grande instance, tribunal de commerce, tribunal du travail).
Juges du droit : magistrats de la Cour Suprême (par extension, la Cour Suprême elle-
même).
Juges du fond : juges des premier et second degrés (par extension, les juridictions des
premier et second degrés).
Motifs : arguments de la juridiction.
Moyens : arguments présentés contre la décision de justice contestée. Un moyen peut être
divisé en plusieurs branches.
Parties : personnes qui s’opposent dans un litige.
Pourvoi en cassation : recours contre une décision en dernier ressort porté devant la Cour
Suprême. La Cour Suprême rejette (arrêt de rejet) ou casse et annule l’arrêt contesté.

ÉTAPE 2 : Analyser la décision de justice : fiche d’arrêt


Avant de pouvoir commenter véritablement l’arrêt, il va être nécessaire de l’analyser pour le
comprendre. La méthode d’analyse suppose le respect d’un schéma type pour présenter les
points suivants :

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1. La juridiction et la date de la décision étudiée
Repérer s’il s’agit d’un jugement ou d’un arrêt, quel tribunal ou quelle cour est
intervenu(e). Exemple : arrêt du 24 février 2014 rendu par la 1re chambre civile de la Cour
Suprême.
2. Les parties
Repérer les parties en présence (demandeur, défendeur), sans se contenter d’indiquer leur
nom, mais en les situant l’une par rapport à l’autre, c’est-à-dire en les
qualifiant juridiquement. Exemple : le demandeur est M. Diop, l’acheteur, le défendeur est
M. Sambou, le vendeur.
3. Les faits à l’origine du litige
Ils doivent être résumé, c’est-à-dire comprendre les circonstances ou les événements qui
ont donné lieu au litige, en éliminant les détails et en suivant l’ordre chronologique. Ils sont
déterminants car conditionnant la solution juridique de l’arrêt. On commence l’exposé des
faits dans l’introduction par les expressions « en l’espèce », ou « en l’occurrence ».
4. La Procédure
Il s’agit de retracer « l’histoire judiciaire » de l’affaire. Il convient de mentionner les
demandeurs et défendeurs, la solution donnée en première instance si elle est connue, et la
solution rendue par la cour d’appel lorsque vous commentez un arrêt de la Cour de Suprême.
Si vous voulez être plus léger et que la cour d’appel a adopté la même solution que les juges
de première instance, vous pouvez en venir directement à l’arrêt de la cour d’appel en
précisant qu’il est « confirmatif », ce qui s’oppose à un arrêt « infirmatif » lorsqu’il adopte
une solution différente des juges de première instance.
Attention à être très rigoureux dans l’emploi du vocabulaire de la procédure : un tribunal
rend un jugement, une cour rend un arrêt et le Conseil constitutionnel rend des décisions.
On interjette appel mais on forme un pourvoi en cassation.
5. Prétentions des parties
Il s’agit d’exposer les différents raisonnements juridiques qui ont été soutenus par les
différents acteurs au procès juridique. Attention à ne pas mélanger les discours, et à ne pas
confondre pas exemple ce que soutient le pourvoi en cassation avec ce que va énoncer l’arrêt
rendu par la Cour Suprême. Il faut absolument éviter les contresens, ce qui nécessite une
lecture très minutieuse de l’arrêt.
Si vous commentez un arrêt de la Cour Suprême, vous devez terminer cette phase par
l’exposé du raisonnement développé par le pourvoi en cassation.
6. Question de droit
Si vous avez correctement analysé le raisonnement de la décision critiqué et le
raisonnement du pourvoi, vous pourrez dégager la question de droit qui est la question des
faits de l’espèce posée en termes abstraits, que le pourvoi demande à la Cour Suprême de
résoudre.
7. Solution de la Cour
Il faut dégager la réponse donnée par la Cour Suprême en exposant soigneusement le
raisonnement par lequel elle y parvient.
Une fois que vous avez ainsi décortiqué l’arrêt, il faut rassembler les éléments de
connaissance dont vous disposez pour apprécier la solution dégagée par la Cour Suprême.

ÉTAPE 3 : Rédaction- introduction et développement


- Elaboration du plan (brouillon) et de l’introduction
Structure générale du commentaire
Une fois la fiche d’arrêt rédigée, il faut passer à l’élaboration du plan du commentaire. Il
existe certains impératifs quant à la structure du plan et de l’introduction.
La structure générale du commentaire d’arrêt est la suivante :
 Introduction (approximativement 1/3 du commentaire)
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 Corps (approximativement 2/3 du commentaire)
On ne fait pas de conclusion dans un commentaire d’arrêt. Ce n’est de toute manière pas
nécessaire car, bien que cela puisse paraître étrange, l’introduction fait office de conclusion. Il
ne faut en effet pas faire de « cachoterie » dans l’introduction ; il ne faut pas « faire durer le
suspens ». L’introduction doit énoncer la solution, mais sans donner les éléments du
raisonnement qui permettent de l’atteindre. Ces éléments feront l’objet du corps du
commentaire.
Elaboration du plan
Vous devrez notamment la mettre en perspective avec les raisonnements juridiques,
les normes juridiques, la jurisprudence, les opinions doctrinales, ce qui vous permettra de
construire une argumentation. Il est notamment important d’apprécier la portée de la solution,
c ‘est à dire son importance. Il peut s’agir d’un arrêt de principe qui pose une solution
générale qui est appelée à être respecter dans le temps, les indices en seront notamment qu’il
s’agit d’un arrêt de cassation, que la solution est rendue par une formation spéciale de la Cour
Suprême (formation plénière, chambre mixte, formation plénière de chambre), que l’arrêt est
largement diffusé (notation P+B+R+I). Ou alors, ce peut être un simple arrêt d’espèce qui
vient répéter une solution largement posée.
Vous devrez alors construire le plan de votre commentaire, qui reprend comme la dissertation
deux parties et deux sous parties. En général, il faut être très proche de l’arrêt dans le 1B et le
II A. Vous pouvez vous éloigner un peu plus de l’arrêt et notamment développer une réflexion
prospective dans le II B.
Structure de l’introduction
La structure de l’introduction est la suivante :
 Paragraphe d’accroche
 Fiche d’arrêt (v. ci-dessus).
 Enoncé du plan
Le paragraphe d’accroche doit être court. Bien souvent, une seule phrase suffit.
Rédaction du corps
Une fois que vous avez trouvé votre plan et rédigé votre introduction, vous devez
rédiger le corps du commentaire.
Le corps du commentaire représente généralement les deux tiers de son contenu (le tiers
restant étant l’introduction). Si le plan est en deux parties, chaque partie occupera un tiers du
devoir. Les parties doivent être équilibrées ; on admet habituellement un écart de 30% au
maximum.
Le plus important, dans la rédaction du corps, réside dans les transitions et les annonces de
plan intermédiaires (que l’on appelle des chapeaux). Vous devez ainsi annoncer les sous-
parties (A et B) comme vous avez annoncé, à la fin de l’introduction, le plan général (I et II).
Vous devez également terminer chaque partie et sous-partie par une transition. La transition
n’est ni une conclusion ni une introduction. Elle doit simultanément conclure la partie qui se
termine et annoncer la partie à venir. En d’autres termes, la transition doit énoncer le lien
logique qui unit les deux parties.
La structure du corps est donc la suivante :
 Partie 1
 Annonce du plan
 Sous-partie 1
 Développements
 Transition
 Sous-partie 2
 Développements
 Transition

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 Partie 2
 Annonce du plan
 Sous-partie 1
 Développements
 Transition
 Sous-partie 2
 Développements
On constate qu’il n’y a en principe pas de conclusion après la sous-partie B. Vous
pouvez cependant écrire une conclusion rapide en quelques lignes, mais elle devra concerner
la sous-partie B. Faites attention de ne pas écrire de conclusion trop générale qui reprendrait
des éléments des autres sous-parties. Gardez à l’esprit que les conclusions sont dangereuses :
les étudiants ont souvent tendance à reprendre dans leurs conclusions des éléments de la
question posée dans l’introduction… c’est une erreur fatale à ne surtout pas commettre : le
commentaire est censé avoir répondu à cette question, il se suffit donc à lui-même.
Les citations
Comme dans tout devoir juridique, il est nécessaire, dans un commentaire d’arrêt,
d’appuyer chacune de ses affirmations par un élément de fait ou de droit. Il faut considérer
que toute affirmation qui n’est pas appuyée par un élément de fait ou de droit est sans aucune
valeur : c’est comme si elle n’existait pas, puisqu’il est impossible d’en vérifier la véracité

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