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UNIVERSITE GASTON BERGER


UFR DE SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

DROIT CONSTITUTIONNEL ET
INSTITUTIONS POLITIQUES

1ère Année du 1er cycle


Cours du Professeur Babaly SALL

Textes, documents et exercices à l’usage des travaux dirigés


réunis et élaborés par Madame Marième Sy TALL et
Messieurs Abdou Fatah NIANE et Lamine SAMBs

ANNEE UNIVERSITAIRE 2004-2005


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REGLEMENT DES ETUDES ET DES EXAMENS

1. L’affectation d’un étudiant dans un groupe de travaux dirigés (T. D.) est
irrévocable, sauf autorisation accordée pour le Directeur de l’UFR, dans des
conditions exceptionnelles, sur proposition du chef de section.1

2. La présence des étudiants aux séances de T. D est obligatoire. Nul ne peut se


présenter aux épreuves écrites terminales de juin-juillet ou d’octobre s’il n’a
satisfait à cette condition.

- Tout étudiant ayant totalisé quatre absences non justifiées ou huit


même justifiées, sur l’ensemble des séances de T. D de l’année ne
pourra se présenter aux épreuves terminales écrites de juin-juillet et
d’octobre.

- Sont admises comme pièces justificatives des absences :

a) - dans le cas de maladie, un certificat médical adressé au


service pédagogique, dans les trois jours de la première absence ;

b) - dans le cas d’absence pour d’autres motifs, une pièce


officielle envoyée au service pédagogique, dans un délai d’une semaine.

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Livret de l’étudiant.
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PLAN DE COURS

DROIT CONSTITUTIONNEL ET INSTITUTIONS POLITIQUES

INTRODUCTION GENERALE

Section 1. - Les notions de base du Droit constitutionnel

§1. - La notion de droit


A. Définition et caractères
B. Droit et pouvoir

§2. - La notion de pouvoir politique


A. Le phénomène du pouvoir dans la sphère politique
B. L’évolution du phénomène

Section 2. - Le droit constitutionnel et les institutions politiques

§1. - Le droit constitutionnel ressortit au droit public


A. - Les origines de la notion de droit public
B. - La définition et les caractères du droit public
C. - Les autres branches du droit public

§2. - Le droit constitutionnel transcende le droit public


A. - La matière
B. - L’évolution
C. - L’objet de la matière

PREMIERE PARTIE

THEORIE GENERALE DU DROIT CONSTITUTIONNEL


ET DES INSTITUTIONS POLITIQUES

TITRE 1. - LES ELEMENTS FONDAMENTAUX DU DROIT CONSTITUTIONNEL :


L’ETAT ET SON POUVOIR

CHAPITRE 1. - LE PHÉNOMÈNE ÉTATIQUE : NOTION, ORIGINES ET FORMES

Section 1. - La notion d’Etat

§1. - L’approche sociologique


A. - Le territoire
B. - La population
C. - Le gouvernement
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§2. - L’approche juridique


A - La personnalité
B - La souveraineté
Section 2. - Les origines de l’Etat

§1. - Les théories du contrat


A - Exposé
B - Critiques

§2. - La théorie du conflit


A - Exposé
B - Critiques

§3. - La théorie de la fondation


A - Exposé
B - Critiques

Section 3. - Les formes de l’Etat

§1. L’Etat unitaire


A - La signification du principe d’unité
B - La mise en oeuvre du principe d’unité
1 - La déconcentration
2 - La décentralisation
3 - La régionalisation : L’Etat régional

§2. - Le fédéralisme
A - Les unions d’Etats
B - Les confédérations d’Etats
1 - La notion d’association
2 - L’intérêt de l’association

C - Les fédérations d’Etats

1 - Le principe d’autonomie
2 - Le principe de participation

CHAPITRE 2. - LE POUVOIR DE L’ETAT : JUSTIFICATION ET DÉVOLUTION

Section 1. - La justification du pouvoir

§1. - Les théories de la souveraineté


A - Les souverainetés de droit divin
B – les théories démocratiques de la souveraineté
a – La souveraineté nationale
b – La souveraineté populaire
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§2. - La mise en oeuvre des théories de la souveraineté

A - L’utopie et le réalisme
B - La synthèse ou l’amalgame des théories démocratiques
de la souveraineté

Section 2. - La dévolution du pouvoir

§1. - Le mode de dévolution normale du pouvoir : les élections

A- Le droit de suffrage
1 - L’étendue du droit de suffrage

2 - Les différentes modalités du droit de suffrage


B - Les modes de scrutin
1 - Présentation
a - Les scrutins majoritaires
b - Les scrutins proportionnels
c - Les scrutins mixtes

2 - Répercussions sur les modes de gouvernement

§2. - La dévolution exceptionnelle du pouvoir : les modes de transmission


violente du pouvoir

A - Les révolutions
1 - Causes explicatives
2 - Conséquences

B - Les coups d’Etats militaires


1 - Les causes
2 - Les conséquences institutionnelles de l’irruption des
militaires dans la sphère politique

CHAPITRE III. - L’EXERCICE DU POUVOIR DE L’ETAT : FONDEMENT


JURIDIQUES ET MANIFESTATIONS POLITIQUES

Section 1. - Le fondement juridique du pouvoir dans l’Etat :


la Constitution

§1. - La notion de constitution


A- Les constitutions matérielles et les constitutions formelles
B - Les constitutions souples et les constitutions rigides
C - Les constitutions écrites et les constitutions coutumières
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§2. L’établissement et la révision des Constitutions


A - L’établissement des constitutions
B - La révision des constitutions

Section 2. - Les manifestations politiques du pouvoir


§1. Les principales fonctions de l’Etat
A - La fonction législative
B - La fonction exécutive
C - La fonction juridictionnelle

§2. Les forces politiques


A - les partis politiques
1 - Notion
2 - Fonctions
B - Les groupes de pression
1 - La Notion
2 - Typologie

TITRE II - LES PRINCIPES DIRECTEURS DU DROIT CONSTITUTIONNEL

CHAPITRE 1. - LE PRINCIPE DE LA CONSTITUTIONNALITÉ DES NORMES

Section 1. - Le sens du principe de la constitutionnalité

§1. Le contrôle de constitutionnalité des lois et les controverses doctrinales


A - L’admission du principe
B - Le rejet du principe

§2. Les principes généraux du contrôle de constitutionnalité des lois

A - Les organes de contrôle

1 - Le contrôle assuré par un organe politique


2 - Le contrôle assuré par un organe juridictionnel

B - Les sources du contrôle : le bloc de constitutionnalité


C - Le champ du contrôle d’application
1 - Le contrôle obligatoire
2 - Le contrôle facultatif

D - La sanction attachée à la déclaration d’inconstitutionnalité


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Section 2. - La portée du principe de constitutionnalité


§1. Les différentes techniques de contrôle et leurs conséquences
A- le contrôle par voie d’action
1 - Caractères fondamentaux
2 - Autorités compétentes
3 - Procédure et délai du contrôle
4 - Organes compétents pour connaître du contrôle
5 - Effets de la décision du Juge constitutionnel
B - Le contrôle par voie d’exception
1 - Particularités de ce type de contrôle
2 - Effets

§2 - Les hypothèses d’échec des techniques de contrôle de constitutionnalité


A- Les causes de l’échec du contrôle de constitutionnalité des lois
1 - Les causes structurelles
2 - Les causes conjoncturelles

B - Les conséquences de l’échec du contrôle de constitutionnalité


des lois
1 - La défiance politique
2 - La justification de la défiance politique

CHAPITRE II : LE PRINCIPE DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS

Section 1. - Les origines et la signification du principe

§1. Les origines du principe


A- Les précurseurs de Montesquieu
B - Montesquieu et son oeuvre

§2. La signification du principe


A- Le sens classique du principe
B - Le sens classique contemporain du principe

Section 2. - La mise en oeuvre du principe

§1. La portée contemporaine du principe


A- Les différentes formes de séparation des pouvoirs
1 - La séparation des gouvernants
2 - La séparation des gouvernants et des juges

B - Les principales implications du principe


1 - La technique souple de séparations des pouvoirs
2 - La technique rigide de séparation des pouvoirs

§2. Les déviations dans la mise en oeuvre du principe


A - Confusion du pouvoir au profit de l’exécutif : le césarisme
B - Confusion du pouvoir au profit du législatif : le régime d’assemblée
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DEUXIEME PARTIE

PRINCIPAUX REGIMES DEMOCRATIQUES CONTEMPORAINS

CHAPITRE 1. - LE RÉGIME POLITIQUE BRITANNIQUE

Section 1. - L’organisation institutionnelle

§1. Le pouvoir exécutif


A- La couronne britannique
B - Le gouvernement ou cabinet britannique

§2. Le pouvoir législatif


A- La chambre des communautés
B - La chambre des lords

Section 2. Le fonctionnement du système britannique

§1. Les origines du bipartisme


§2. L’influence du bipartisme sur le fonctionnement du système

CHAPITRE II. - LE RÉGIME POLITIQUE FRANÇAIS

Section 1. - Aperçu historique


§1. - L’Ancien régime
A- Les fondements de l’Ancien régime
B - Les institutions de l’Ancien
C - La consolidation de l’apport révolutionnaire

§2. - La Révolution de 1789


A - Son sens
B - Son apport

§3. - La maturation du régime parlementaire

A- Les conditions de naissance du régime


B - Les éléments constitutifs du régime
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Section 2. - L’organisation des pouvoirs publics en France

§1. - Le pouvoir exécutif


A- Le Président de la République
B - Le premier ministre et le gouvernement

§2. Le pouvoir législatif


A- Le statut du parlement
B - Les fonctions parlementaires
1 - Le vote de la loi
2 - Le contrôle du gouvernement
Section 3. - Les rapports entre les pouvoirs publics en France

§1. La lecture présidentialiste du régime


A- La France sous de Gaulle
B - La France sous Mitterrand

§2. La lecture parlementariste du régime


A- Le sens de la cohabitation
B - Les conséquences de la cohabitation

CHAPITRE III. - LE RÉGIME POLITIQUE DES ETATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Section 1. L’organisation du pouvoir

§1. - Le pouvoir exécutif


A- Le Président de la République
B - La main mise du Président sur l’exécutif

§2.- Le pouvoir législatif


A- La chambre des Représentants
B - Le Sénat

§3. - Le pouvoir judiciaire


A- La Cour Suprême
B - Les autres juridictions

Section 2. - Le fonctionnement du pouvoir

§1. - Les relations exécutif-législatif


A- En théorie, une séparation des pouvoirs
B - En pratique, une collaboration

§2. - Le couple président-congrès


A- Le parlementarisme de couloirs
B - L’arbitrage de la Cour Suprême

CHAPITRE IV. - LA DEMOCRATISATION À L’EST ET EN AFRIQUE


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Section 1. - Le régime politique Russe

§1. L’organisation du pouvoir politique russe


§2. Le fonctionnement du pouvoir politique

Section 2. - Les régimes politiques africains

§1. - L’importance de l’Exécutif


§2. - Déclin ou renaissance des parlements ?

CALENDRIER DES SEANCES DE TRAVAUX DIRIGES

I ère séance : Présentation générale de la matière et méthodologie, autre document


distribué : la nouvelle constitution du Sénégal ;

2ème séance : Réflexions sur le droit constitutionnel. La méthodologie du commentaire de


texte ;

3ème séance : L’Etat ;

4ème séance : L’Etat et la Nation ;

5ème séance : L’Etat unitaire ;

6 ème séance : L’Etat fédéral ;

7ème séance : Les théories de la souveraineté ;

8ème séance : Les systèmes électoraux ;

9 ème séance : La révision des Constitutions ;


ème
10 séance : Bilan du semestre et préparation du galop d’essai ; quelques
recommandations de travail - Méthodologie ;

11 ème séance : La procédure législative ;

12 ème séance : La séparation des pouvoirs ;

13 ème séance : Le régime parlementaire ;

14 ème séance : Le régime présidentiel ;

15 ème séance : Le contrôle de Constitutionnalité des lois ;

16 ème séance : La Vè République ;


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17 ème séance : Bilan du semestre et préparation de la première session d’examen.

INTRODUCTION GENERALE
Les mots qui composent la matière paraissent très familiers aux citoyens
des Etats démocratiques. L’explication se trouve dans l’importance de la notion
de constitution dans les Etats modernes. En effet la Constitution occupe une
place fondamentale dans l’Etat contemporain parce qu’elle en est effectivement
la base. Il s’y ajoute que la notion revêt aussi une dimension médiatique assez
forte dans la mesure où tout ce qui se rapporte à la constitution fait aujourd’hui
l’objet d’une sollicitation intense par l’actualité.
Mais derrière cette impression première, il y a une réalité qu’il nous faut
découvrir. Pour ce faire, il y a lieu de revisiter un certain nombre de notions de
base de la discipline.

SECTION I - LES NOTIONS DE BASE DU DROIT


CONSTITUTIONNEL
Le droit constitutionnel est le droit de la Constitution. La Constitution est
à la base de l’Etat. Donc le droit constitutionnel est le droit de l’Etat. S’il y a
deux notions qui symbolisent le mieux l’Etat dans la réalité de tous les jours ; ce
sont bien le droit et le pouvoir. Nous allons les envisager tour à tour.

La notion de droit :
A - Sens et caractère du mot droit
Le mot droit renvoie, dans une approche générale, à un ensemble de
règles juridiques applicables à une structure sociale donnée. Mais cette approche
générique de la notion ne rend pas exactement compte de tous les sens qu’elle
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peut revêtir en fonction de la diversité des situations à couvrir. Il en est ainsi par
exemple de la situation où la personne dispose de la possibilité d’agir d’une
certaine manière ou de ne pas le faire. Cette situation recouvre une faculté, un
pouvoir que le droit (mode d’organisation sociale) reconnaît à la personne et qui
est appelée prérogative. Chaque société reconnaît à ses membres une pluralité de
prérogatives, c’est-à-dire des possibilités quasi infinies de réaliser leur volonté
dans le cadre de leurs rapports mutuels sous réserve de conformité au droit.
L’ensemble de ces possibilités sont désignées par le terme « droits subjectifs » ;
ce sont des droits qui s’exercent sur des choses où à l’encontre d’autres
personnes. Le sens du mot droit ainsi décliné renvoie à la prérogative reconnu à
un individu à l’encontre d’un autre individu. Mais la marque de ce premier type
de droit est la pluralité parce que non seulement il est conféré à tous les
membres du groupe social mais aussi il implique différentes possibilités d’être
ou d’avoir au profit de ceux-ci. Il s’agit donc ici de la première situation dans
laquelle on peut envisager la notion de droit. Mais il en est une autre où un autre
type de comportement est en cause, celui à caractère général qui serait exigible
de toute personne dans une hypothèse donnée. C’est le second sens du mot
droit : celui que l’on appelle le droit objectif et qui nous retiendra dans le cadre
de ce cours.

Le sens de ce mot est le même que celui qu’on a donné à prime abord
avec la précision qu’ici les règles s’appliquent sous l’autorité d’une institution
collective. Il s’en suit une définition plus précise du droit objectif, à savoir : un
ensemble de règles qui ordonnent, défendent ou imposent quelque chose sous
l’autorité d’une institution commune, soit à tous les membres du groupe soit à
certains d’entre eux seulement, lorsqu’ils se trouvent dans une situation
particulière.
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De cette définition se dégagent deux choses qui requièrent notre


attention : la première est l’obligation qui ressort des termes « ordonner,
défendre et imposer », la seconde est l’autorité qui découle des notions
d’obligation, de contrainte et d’autorité. Celles-ci sont inséparables du mot
sanction qui est la première marque du droit.

La sanction est une institution juridique, un instrument du droit qui permet


de différencier les règles juridiques des autres règles sociales ; la morale et la
religion ont vocation aussi à régir les individus dans leur comportement.
Contrairement à la sanction religieuse ou morale, la sanction juridique n’est pas
seulement hypothétique, virtuelle, mythique ou intime elle est à la fois
extérieure et sociale, donc collectivisée. Elle est donc socialisée car elle relève
d’une autorité spécialement revêtue du pouvoir d’intervenir pour la faire
appliquer à chaque fois que la prescription juridique n’a pas été respectée.

La création par les hommes d’institutions représentatives de leur volonté


et dotées d’un pouvoir de répression est une chose à la fois ……… et quasi
naturelle. En effet, l’émergence des règles juridiques munies de sanction est une
conséquence logique de la détermination par les communautés humaines d’un
certain nombre d’objectifs à atteindre sous la conduite d’une autorité collective.
Il y a donc une relation étroite entre les notions de droit et de pouvoir.

B - Droit et pouvoir
Si l’on reprend la définition précédente, on en déduit que le droit en soi
n’a aucun sens ou ne revêt aucune réalité s’il n’est pas fondé sur la notion de
Pouvoir ; c’est d’ailleurs ce qui apparaît dans la notion elle-même. En effet avoir
le droit de faire quelque chose : c’est le pouvoir d’accomplir cette chose
conformément à sa volonté, c’est avoir la capacité de se comporter d’une
certaine manière. Ce pouvoir d’accomplir la chose ne sera effectif que si elle
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n’est pas entravée par quelqu’un d’autre ou par quelque chose d’autre.
Autrement dit la liberté n’existe dans le groupe que si une institution puissante
est capable d’en garantir la viabilité. Cette institution puissante est représentée
aujourd’hui sous la forme institutionnelle : c’est l’Etat. L’étroitesse de la relation
entre ces notions de droit, Pouvoir et Etat va produire différents concepts
aujourd’hui à la mode comme l’Etat de droit, le droit de l’Etat ou le pouvoir du
droit. Ce qu’on peut donc retenir c’est que l’Etat est à l’origine du droit parce
que c’est lui qui, soit le sécrète directement soit le reconnaît. Mais le pouvoir de
l’Etat ne naît pas ex nihilo ; il se fonde sur le groupe qu’il entend régir et dont il
assure la direction ; toutes raisons qui font qu’il est appelé pouvoir politique.

2 - La notion de pouvoir politique.


Cette notion est une composition de deux mots : pouvoir et politique que
nous allons envisager tour à tour.

a- La notion de pouvoir dans la sphère politique. Le mot pouvoir revêt


plusieurs sens dont un seul nous intéresse ici : c’est celui qui évoque soit
l’emprise de quelqu’un sur quelqu’un d’autre, soit l’emprise d’une chose sur une
autre. Le lieu de réalisation par excellence de la notion est le monde animal ou
humain.

Dans la sphère animale, l’emprise est fondée sur la contrainte alors que
dans la sphère humaine, elle emporte parfois le consentement. C’est
essentiellement cette deuxième sphère qui recouvre notre champ d’intérêt parce
que c’est en son sein que la notion de pouvoir renvoie au phénomène d’autorité.
Le phénomène du pouvoir dans la sphère humaine est dominé par le couple
commandant obéissance.
La meilleure illustration en est l’image du policier qui règle la circulation.
Derrière ses injonctions, il y a autre chose que la simple force répressive que sa
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fonction emporte : c’est l’objectif ou l’idéal d’une vie en mouvement bien réglée
qui réunit à la fois agents de circulation et automobilistes.
Cet idéal est conçu ou à tout le moins formalisé par le pouvoir politique.
On peut définir celui-ci comme étant l’institution représentative du groupe
chargée de traduire en actes la volonté de vie commune de ses membres. En
d’autres termes, le pouvoir politique est un ensemble d’individus ou
d’institutions choisis et mis en place par la communauté pour donner corps à la
solidarité, par l’encadrement des activités et des hommes. Dans cette
perspective, l’institution est dotée du pouvoir de commandement qui est la
faculté de poser les règles et de se faire obéir en ayant recours, en cas de besoin
à la contrainte. Dans les sociétés contemporaines, le pouvoir politique prend le
visage de l’Etat. C’est donc l’Etat qui représente les sociétés humaines et qui est
investi de l’autorité de décider ou d’agir en leur nom. Toutefois, la confusion
entre l’Etat et le Pouvoir n’est pas totale dans la mesure où l’Etat bien qu’étant
émanation du groupe peut parfois poursuivre d’autres objectifs et même entrer
en conflit avec le groupe. Voilà pourquoi, la notion de pouvoir très souvent
confondu avec celle de gouvernant ou de dirigeant, renverrait plutôt chez
certains auteurs aux gouvernés (pouvoir populaire). La réunion des deux notions
: gouvernants et gouvernés donne le Pouvoir National.

L’expression symbolise l’entité humaine qui se trouve à l’intérieur des


limites géographiques d’un Etat. Le pouvoir national renvoie donc au pouvoir
politique appliqué à un territoire donné. Cette notion a évolué dans le temps.

B - L’évolution du phénomène de pouvoir


Le phénomène de pouvoir revêt quand il s’exerce dans le cadre de l’Etat
une dimension politique. Le pouvoir ainsi qualifié revêt essentiellement trois
caractères : il est contraignant, parce que reposant sur la force qu’il fait
intervenir en cas de besoin ; il est global, dans la mesure où il régit toute la
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société ; il est enfin initial, étant à la base de l’organisation sociale. Mais ce


pouvoir politique n’a pas toujours revêtu les mêmes caractères, pas plus qu’il
n’eût pas la même nature tout le long de l’histoire des sociétés humaines. Ce
pouvoir a varié dans le temps et dans le sens d’un plus grand raffinement. A ce
propos, les anthropologues ont établi la typologie suivante : les hommes ont tout
d’abord connu un pouvoir diffus, ensuite un pouvoir individualisé et enfin le
pouvoir institutionnalisé que l’on retrouve dans les Etats modernes. S’agissant
tout d’abord du pouvoir diffus ou anonyme, c’est le type de pouvoir qui existe
dans toutes les sociétés anti-étatiques de sociétés dites primitives ou archaïques.
On parle à ce propos de pouvoir diffus ou anonyme parce qu’il y a une
indifférenciation entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés ;
autrement dit tout le monde obéit et commande à la fois. Le ressort de
fonctionnement de ce type de société réside pour l’essentiel dans les croyances
et coutumes et la seule préoccupation de ses membres est la survie. Mais ce type
de rapports politiques se complique à mesure qu’augmentent et se diversifient
les besoins sociaux. D’où l’instauration d’un pouvoir plus raffiné.

- Le pouvoir individualisé
Il caractérise les sociétés féodales c’est-à-dire des structures
correspondant à des entités géographiques appelées seigneuries ou fiefs au sein
desquelles s’établissent des relations hiérarchisées entre des seigneurs (chefs
religieux ou militaires) et des vassaux qui représentent tout le reste de la
population. Les seigneurs font eux-mêmes acte d’allégeance à l’égard un roi à
qui ils doivent obéissance et aide en échange de sa protection. Dans ce type
d’organisation sociale, le pouvoir politique est dit individualisé parce qu’il se
confond avec la personne de celui qui l’exerce. Le chef compte sur sa force, son
prestige ou la crainte qu’il inspire pour perpétuer son règne. Seulement ce type
de pouvoir est par nature instable, fragile dans la mesure où le jour où l’élément
qui le structure disparaît, le chef lui-même tombe. Le rapport politique disparaît
17

avec le chef, c’est pourquoi les hommes vont imaginer un autre type de rapports
plus sereins. C’est l’avènement du pouvoir institutionnalisé.

- Le Pouvoir institutionnalisé
C’est le modèle de structuration par excellence des Etats modernes. Le
vocable Etat moderne, recouvre le type d’organisation politique qui apparaît à la
fin du 15ème et au début du 16 ème siècle et qui permet aux hommes de stabiliser
leurs rapports sociaux. Derrière ce concept il y a une réalité, c’est le processus
qui a conduit à l’unification des anciennes seigneuries par la création d’un
certain nombre d’institutions royales (armée, administration fiscale…). Ce qu’il
faudrait retenir dans le cadre de ce processus d’avènement de l’Etat, c’est le
mode d’organisation de la transmission de pouvoir. On a institutionnalisé la
façon d’accéder et de demeurer au pouvoir. Le processus a commencé au sein
même des familles régnantes dans la mesure où la succession d’un chef n’était
plus synonyme de période d’instabilité, de guerres de rivalité.

Dans ce cas précis, on a parlé de pouvoir institutionnalisé pour signifier


l’établissement de règles claires et stables qui non seulement aménagent la
procédure d’accession au pouvoir mais aussi et surtout différencient celui qui
exerce le pouvoir de celui qui en est le détenteur originel. Le pouvoir appartient
au peuple et celui qui gouverne n’en est investi que pour une période
déterminée, et pour les besoins d’une cause précise. La conséquence directe et
immédiate de ce processus fera la stabilité dans la succession et dans la gestion
du pouvoir. Cette conséquence se reflète dans les écrits des historiens de la
royauté française par la mise en exergue de deux concepts : l’indisponibilité de
la Couronne royale et la continuité de son exercice. D’où le terme « le Roi est
mort ! Vive le Roi ! Indisponibilité et continuité deviennent deux
caractéristiques majeures du pouvoir politique que la matière de droit
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constitutionnel va recueillir et enrichir pour en faire le fondement des


institutions politiques modernes.

SECTION II - L’ETUDE DE DROIT CONSTITUTIONNEL.


L’enseignement du droit constitutionnel découle de l’apparition de règles
stables et claires pour la conquête et la gestion du pouvoir public. Le droit
constitutionnel, comme tel est inséparable de la notion de droit public.
L’évocation de celles-ci renvoie nécessairement à une autre catégorie du droit,
qu’on lui oppose trait pour trait. C’est le droit privé dont il ne sera pas question
dans ce cours. Il en est ainsi pour deux principales raisons :
………………………………………….
2 - c’est un droit qui sous-tend une relation fondée sur un accord de
volontés libres.
1 - c’est un droit qui postule l’égalité entre les protagonistes de la règle de
droit ;
Mais à la vérité, l’opposition entre droit public et droit privé n’est fondée
que sur des raisons pratiques et pédagogiques. C’est pourquoi au fur et à mesure
que les sociétés évoluent et se complexifient, la différenciation s’estompe. Il
n’empêche qu’il faut toujours essayer d’étudier le droit constitutionnel au regard
de cette distinction principale (Droit-privé). L’étude de notre matière révèle
aujourd’hui que le droit constitutionnel appartient au droit public, mais
cependant dans bien des aspects, il le dépasse largement.

Parag. 1 - Le droit constitutionnel appartient au droit public.


Avant d’en arriver à la définition de ce droit, il est nécessaire de parler de
ses origines.
A- Les origines de la notion de droit public.
On s’accorde dans la doctrine pour faire remonter l’apparition du droit
public à l’époque romaine notamment lorsque deux légistes Ulpien et Paul
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remplissaient auprès du roi un rôle de consultance et de conseil juridique. Cette


activité les amena pour des raisons méthodologiques et pédagogiques à inventer
un mode d’archivation des demandes qui leur étaient soumises par le roi lui-
même. Ils distinguèrent entre deux types de demandes, celle qui se rapportaient
à l’institution royale (elle-même) et les autres qui concernaient les sujets entre
eux, dans leurs rapports mutuels. C’est de là qu’est née la distinction droit public
et droit privé.
B - Définition et caractères de la notion de droit public
La notion de droit public renvoie à cette partie du droit qui traite de tout
ce qui est relatif aux institutions publiques (du groupe) à la fois dans leurs
rapports intrinsèques et avec d’autres personnes (physiques ou morales). De
cette définition emporte trois remarques qui sont autant de marques distinctes de
la notion de droit public :
1 – celle-ci ne recouvre en principe dans son acceptation que les seules
personnes publiques ;
2 - le droit public ne s’intéresse qu’aux choses qui touchent l’ensemble
du groupe ; et à elles seules en principe (la notion d’intérêt général)
3 - Dans la mesure où il se rapporte qu’à l’intérêt général, le droit public
postulerait nécessairement l’existence de rapports inégalitaires entre acteurs
publics et acteurs privés. Le droit public postulerait nécessairement l’existence
de rapports inégalitaires entre acteurs publics et acteurs privés. Le droit public
tout an régissant les premiers cités leur confèrent en même temps des « moyens
exorbitants du droit commun » : exemples : la possibilité d’imposer aux autres
acteurs des décisions sans leur aval préalable.

C - D’autres branches du droit public


A côté du droit constitutionnel, on retrouve deux principales branches ou
sous branches qui ont vocation aussi, comme le droit constitutionnel, à régir
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certains aspects des activités publiques : il s’agit du droit administratif et du


droit financier.

Le droit administratif recouvre l’ensemble des règles publiques qui


régissent l’action de l’administration. Celle-ci est définie comme étant
l’ensemble des structures qui sont mises au service du gouvernement pour
exécuter ses décisions quotidiennes. Il y a ensuite le droit financier (finances
publiques) qui est l’ensemble des règles juridiques qui se rapportent aux
activités financières des collectivités publiques. Droit constitutionnel, droit
administratif et finances publiques constituent des sous-branches du droit
interne (ensemble des règles relatives aux activités de l’Etat à l’intérieur de ses
frontières). A ce droit interne, on oppose le droit international. Le droit
international se rapporte aux relations entre Etats ou entre Etats et Organisations
Internationales ou entre Organisations Internationales elles-mêmes. Cette
subdivision du droit public en branches et sous branches est à la fois quelque
chose de subtil et relatif.

Parag. 2 - Le droit constitutionnel transcende le droit public


Un constant s’impose d’emblée : l’importance du droit constitutionnel est
telle aujourd’hui qu’il irrigue et vivifie le droit public qui l’a pourtant fondé.
L’explication de cet état de chose réside à la fois dans l’objet de la matière et
dans son évolution en rapport avec celle de la vie politique contemporaine.

A - La matière du droit constitutionnel


D’un point de vue sémantique, le droit constitutionnel se confond avec
son objet, c’est-à-dire la Constitution. La constitution représente l’ensemble des
normes contenues ou qui se rapportent au texte fondamental placé au sommet de
la hiérarchie des règles juridiques dans l’Etat et dont la modification intervient
21

par une procédure spéciale. Le droit constitutionnel a pour vocation d’étudier


ces normes. Mais ainsi défini, le droit constitutionnel suscite relativement à son
rôle et à sa nature deux positions opposées. La première position tendrait à voir
dans le droit constitutionnel une activité d’interprétation et de systématisation
des normes constitutionnelles. On serait alors en présence d’une science : celle
du droit constitutionnel. A l’opposé de cette première position, il y a celle qui dit
que le droit constitutionnel renvoie à une simple activité de description des
normes constitutionnelles. Le droit constitutionnel équivaudrait alors à la
dogmatique juridique, avec comme principal fondement la neutralité. La
seconde position a prévalu pendant longtemps parmi les auteurs et les hommes
politiques, mais elle est aujourd’hui totalement dépassée sous l’influence d’un
certain nombre de facteurs.

B - L’évolution du droit constitutionnel


L’insuffisance et la fragilité de la seconde position est apparue très tôt
dans le milieu des années 50, lorsqu’on s’est rendu compte que le cantonnement
de la connaissance des normes constitutionnelles à leur seule production, sans
tenir compte des conditions de celle-ci, représentait une vaine entreprise. Le
droit constitutionnel est né vers 1834, lorsqu’une ordonnance royale créa la
faculté de droit à Paris, avec une Chaire de droit constitutionnel conférée à un
certain : Pelligrino Rossi. En effet, ce que l’expérience allait relever c’est que
non seulement les règles atteignaient rarement leur but (structurer totalement le
pouvoir) mais aussi et surtout elles ignoraient les ressorts non apparents de ce
pouvoir politique, à savoir les hommes et les stratégies de pouvoir. Cette faille
commence à être comblée seulement à partir du moment où le droit
constitutionnel se donne comme ambition d’étudier scientifiquement, c’est-à-
dire de façon rigoureuse et constante, l’organisation et le fonctionnement des
Institutions politiques de l’Etat.
22

Dès lors, il a pu englober dans un même mouvement à la fois les normes,


la façon de les produire et l’incidence de cette production sur les dirigeants et
dans leurs rapports mutuels. Dès lors le droit constitutionnel fait corps avec la
science politique pour mériter l’appellation de science sociale. Depuis lors le
droit constitutionnel n’a plus perdu cette dimension qu’on lui connaît
aujourd’hui, même si la science politique s’en est détachée pour acquérir le titre
de discipline autonome.

Certes la rivalité entre les deux tend à se rétrécir pour confiner à l’aspect
strictement juridique des rapports politiques. Mais ce que le droit constitutionnel
a tendance à perdre dans ses rapports avec la science politique, il le récupère sur
les autres disciplines du droit par le canal de deux choses :
- la première est la recherche de la légitimation des comportements
politiques dans les normes constitutionnelles ;
- la seconde est l’activité débordante et le prestige nouveau dont bénéficie
le Juge constitutionnel.

En conclusion, nous dirons que plus qu’une simple référence à la


Constitution, le droit constitutionnel apparaît comme une discipline globalisant,
seule apte à rendre compte des multiples enjeux notamment politiques qui
secouent les sociétés contemporaines ; d’où son caractère central dans l’Etat
moderne.
23

PREMIERE PARTIE :

THEORIE GENERALE DU DROIT CONSTITUTIONNEL

L’objet du droit constitutionnel est de rendre compte des fondements du


jeu politique ou de l’ordre politique. Mais pour atteindre cet objectif, il est
nécessaire de commencer par déblayer le terrain pour une tentative
d’identification des notions de base. Cela nous mène à évoquer dans un titre 1er
les éléments fondamentaux du droit constitutionnel à savoir l’Etat et son
pouvoir.

TITRE I – LES ELEMENTS FONDAMENTAUX DU DROIT


CONSTITUTIONNEL : L’ETAT ET SON POUVOIR

L’Etat apparaît comme étant un cadre singulier d’établissement et de


développement des rapports humains. Et plus précisément, l’Etat est
l’institution de représentation du groupe ou de la société et en tant que telle il
bénéficie de la POTESTAS (terme qui renvoie à la puissance ou à la
souveraineté) que l’on peut définir comme le pouvoir de décider et d’agir au
nom et pour le groupe. L’importance de ce qui est sous-entendu ici commande
d’aller successivement à la rencontre dans un premier temps du phénomène
étatique lui-même et dans un second temps du pouvoir dont il bénéficie et des
modalités de son exercice.

CHAPITRE I – LE PHÉNOMÈNE ÉTATIQUE : NOTIONS, ORIGINE


ET FORMES

La singularité de l’institution étatique peut être établie à trois égards. En


considération de la notion d’Etat tout d’abord, par rapport aux origines de l’Etat
ensuite, et eu égards aux différentes formes que l’Etat peut emprunter enfin.
24

SECTION I - LA NOTION D’ETAT


Parag. 1 – L’approche sociologique
L’approche sociologique de l’Etat renvoie à la démarche qui vise à
identifier à travers un certain nombre d’éléments qui, à chaque fois qu’ils sont
présents, permettent de dire que l’Etat est constitué. C’est pourquoi d’ailleurs on
les appelle les éléments constitutifs de l’Etat. Il s’agit du territoire, de la
population et du pouvoir politique. On peut définir l’Etat comme étant un
groupement humain, établi sur un espace géographique délimité, et soumis à une
seule autorité politique.
A – Le territoire
Le territoire est le lieu sur lequel s’établit une population. On peut dire
aussi que c’est le cadre de détermination géographique de l’Etat. Il est donc cette
portion de terre qui sert à délimiter géographiquement ce dernier. Sans territoire
il ne saurait y avoir d’Etat. Le territoire occupe une place primordiale dans la
reconnaissance de l’Etat. Il est composé de trois espaces : l’espace terrestre,
maritime et aérien.

1 – L’espace terrestre
Il est déterminé par le tracé de frontières. Celles-ci peuvent être de deux
types : les frontières naturelles et celles artificielles. Les premières sont
représentées par les montagnes ou par le tracé des cours d’eau. S’agissant des
montagnes, la ligne de partage entre les espaces des différents Etats passe par le
sommet de celles-ci. C’est ce que l’on appelle la ligne des crêtes. S’agissant des
cours d’eau, le tracé de la ligne frontalière passe par le milieu du cours ou des
cours. Ce type de tracé est appelé Thalweg. Quant aux secondes, (les frontières
artificielles), le tracé de la frontière se fait sur la base d’un accord de volonté
entre les Etats concernés ou avec eux et se faisant, l’on peut retenir qu’il n’y a
aucune condition particulière relative à la taille ou à la forme du territoire. En
25

d’autres termes, il n’y a aucun chiffre requis en la matière pour l’identification


d’un Etat. De la même façon, s’agissant de la forme, aucune exigence
particulière n’est de mise pour la reconnaissance d’un Etat.

2 – L’espace maritime
La notion d’espace maritime est une notion relativement récente dans la
mesure où, pendant longtemps, la doctrine des Etats (position qui exprime une
idée de l’Etat sur un problème donné) était fondée sur le principe selon lequel la
mer comme l’air ne saurait constituer des territoires, car on ne pouvait être
propriétaire de la mer ou de l’air. Mais au fur et à mesure que les conquêtes
territoriales se faisaient et que des conflits de plus en plus nombreux en
découlaient, il a fallu s’entendre sur la délimitation de ces espaces d’évolution
de la souveraineté. En ce qui concerne l’espace maritime, cela s’est fait par
pallier : dans un premier temps, on a admis que la souveraineté de l’Etat pouvait
se déployer en partant de ses côtes vers le large jusqu’à la portée d’un coup de
canon : c’est ce qu’on appelle 3 miles marins (1,6 km). Mais par la suite, cette
distance a été portée à 12 miles et cela, depuis la convention sur le droit de la
mer de Montego Bay en Jamaïque en 1982. A côté de la mer territoriale, on
reconnaît à l’aide d’une zone d’exercice de droit économique de 200 miles
marins. Cette zone économique exclusive repose sur le plateau continental. Au-
delà de ces 200 miles marins, c’est la haute mer qui est régie par le principe de
la liberté à la fois de navigation et d’exploitation.

3 – L’espace aérien
On peut le définir comme étant la zone qui surplombe le territoire de
l’Etat, en-deça de l’espace atmosphérique. Cet espace revêt pour l’Etat une
grande importance pour des raisons de sécurité et pour autant, il est tout aussi
important sinon capital pour les Etats enclavés, de pouvoir traverser l’espace
aérien d’autres Etats, pour ne pas être coupés du monde, d’où de nombreux et
26

incessants conflits par le passé. C’est ce type de conflits que la convention de


Chicago de 1944 a entendu éviter depuis cette date. Cette convention réglemente
le survol des espaces aériens en distinguant entre les périodes de guerre et les
périodes de paix. En période de paix, le principe de liberté de survol est
largement admis et consacré ; en période de guerre cette liberté est restreinte.

B – La population
La population est l’élément fondamental au même titre que le territoire
dans la constitution de l’Etat ou d’un Etat. Sans sujets ou objets des normes de
l’Etat, il ne saurait y avoir d’Etat. Cet élément essentiel qu’est la population peut
être définie comme étant l’entité qui regroupe l’ensemble des individus qui se
trouvent à l’intérieur des limites territoriales que l’on retrouve sur le territoire
de l’Etat. L’idée de composantes humaines renvoie à la consistance de la
population de l’Etat. Mais celle-ci n’est pas homogène du point de vue de sa
structuration.

1 – La structure de la population
Ce que l’on appelle la population de l’Etat se subdivise entre étrangers et
nationaux. Ces deux composantes se différencient autant du point de vue
conceptuel que des statuts qui leur sont conférés par le droit. En effet, ceux que
l’on appelle les nationaux de l’Etat, ce sont les individus qui en ont la
nationalité, c’est-à-dire ceux qui sont unis à cet Etat par un lien à la fois
politique et juridique. S’agissant des étrangers, ce sont les personnes qui se
trouvent dans le territoire de l’Etat mais qui relèvent de la nationalité d’un autre
Etat. Il y a lieu de distinguer entre les étrangers ordinaires et les diplomates qui
revêtent un statut particulier. Les premiers sont redevables d’un certain nombre
de droits et de devoirs à l’égard de l’Etat d’accueil. Ils bénéficient notamment de
ce que le droit unitaire appelle le « Standard minimum », c’est-à-dire d’un
27

minimum de droits qui sont mis à la charge de l’Etat d’accueil vis à vis des
étrangers. Mais globalement, ils sont soumis au droit commun du pays hôte.

En revanche les seconds c’est-à-dire les diplomates, bénéficient, compte


tenu de leur statut de représentants d’un autre pays, d’un certain nombre de
textes notamment internationaux (convention de Vienne). Ces textes prévoient
notamment une immunité de juridiction et un privilège d’exécution au profit de
ces représentants diplomatiques.

2 – Le concept de nation
A – Définition et éléments constitutifs de la nation
Les auteurs s’entendent pour définir la nation comme étant un
regroupement de tous les individus qui ont avec l’Etat un lien politique que
certains fondent sur des éléments divers. Il y a donc une définition consensuelle
de la nation. Cependant deux positions s’y ajoutent quant aux éléments
constitutifs de la nation.

La première soutient que ce sont des éléments d’ordre subjectif qui


fondent le lien avec l’Etat. Exemple : la position de Edmond Michelet qui a écrit
au milieu du 19ème siècle un ouvrage sur l’histoire de la France. Il décrit la nation
comme étant une communauté spirituelle. Autrement dit, pour Michelet, la
nation apparaît comme une volonté de vivre ensemble qui découle d’une
communion d’esprit.

Pour d’autres auteurs ces éléments seraient plutôt d’ordre objectif (et c’est
la deuxième position). Parmi ces auteurs, on retrouve des italiens comme
Mancini ou l’Allemand Fichte qui définit la nation comme étant une
composition d’éléments liés à la race, à la langue, au territoire c’est-à-dire à tout
élément qui relève du déterminisme. De fait, ces deux positions doctrinales
28

reflètent des positions politiques nationales des Etats européens qui, tout au long
du 19ème siècle, se sont affrontés dans le cadre d’une expression de leur identité
nationale. A cet égard, on peut dire que l’Allemagne et l’Italie furent
considérées comme les tenants de la thèse objective de la nation tandis que la
France était censée incarner la thèse subjective. La thèse objective a abouti à une
conception restrictive de la nation parce qu’elle est basée sur l’idée selon
laquelle la nation serait exclusivement fondée sur une conjonction d’éléments
……… la langue, la race, la religion, la culture. S’agissant de la thèse
subjective, elle débouche sur une conception extensive de la nation. C’est
d’ailleurs elle qui va prévaloir parce qu’elle fait appel au volontarisme et à la
communion spirituelle pour fonder la nation. C’est cette conception qui porte sur
le commun vouloir de vie commune des membres du groupe. En vérité, la
perception que l’on a aujourd’hui de la nation serait plutôt mixte dans la mesure
où l’on associe toujours les éléments subjectifs aux éléments objectifs pour
expliquer le lien qui unit l’Etat à ses nationaux et cette position contemporaine
est demeurée presque invariable depuis la fameuse conférence que, Ernest
Renan avait donnée à la Sorbonne en 1882 et à l’occasion de laquelle il
définissait la nation comme étant un groupe humain dont les individus se sentent
unis les uns aux autres par des liens à la fois matériels et spirituels. Cette
position de Renan, si elle connaît une aussi grande postérité, c’est parce qu’elle
recèle un certain humanisme qui permet l’adaptation des positions nationales à
l’évolution des idées et des hommes : il s’agit aujourd’hui des grands flux
migratoires.

B – Les rapports entre l’Etat et la Nation


Sur ce point précis, il y a deux thèses différentes qui s’affrontent, la thèse
de la coïncidence d’un côté et la thèse de la non-coïncidence de l’autre.
S’agissant de la première thèse, elle a longtemps prévalu dans les pays d’Europe
Occidentale notamment en France ou en Allemagne. L’idée qui la sous-tend est
29

la suivante : l’existence d’une formation sociologique antérieure qui, compte


tenu de son individualité, doit déboucher sur la constitution d’un Etat. Ici, l’Etat
apparaît comme la consécration (juridique notamment) de l’idée nationale.
L’Etat a donné raison en France à la doctrine de la souveraineté nationale ou
principe de souveraineté nationale qui revêt une double portée du point de vue
interne ou du point de vue externe.

Au plan interne, cette thèse de la coïncidence entre l’Etat et la Nation a


permis, substituer notamment ; sous la révolution de 1789, de l’idée de
collectivité humaine (nation ou peuple) à celle de divinité comme fondement du
pouvoir.

Au plan externe, la thèse a favorisé l’indépendance de communautés par


rapport à d’autres qui les englobaient. Cette interprétation est reflétée par deux
principes que l’on rencontre fréquemment dans le droit interne : ce sont d’abord
les principes de nationalité et ensuite le principe du droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes qui se traduit dans les faits par le droit à l’autodétermination. La
thèse de la coïncidence postule un certain dialectique dans les rapports
Etat/Nation. Il en est ainsi parce qu’elle implique que chaque Nation doit donner
naissance à un Etat et que chaque Etat suppose nécessairement l’existence d’une
nation. C’est la théorie de l’Etat- nation. Mais cette théorie d’Etat-nation s’est
révélée tout autant fausse que dangereuse. Fausse, parce qu’elle ne s’est pas
traduite dans les réalités, dangereuse car elle a eu des conséquences graves sur
l’humanité. C’est pourquoi elle a été dominée par la thèse de la non-coïncidence.
Cette dernière a été retrouvée bien après dans la tradition anglo-saxonne. On la
justifie par la nécessité de désolidariser l’Etat de la Nation en se fondant sur
deux arguments précis : le premier repose sur l’idée selon laquelle, en posant
l’identité sur l’Etat-nation on confond deux choses différentes : une réalité c’est-
à-dire le gouvernement et une idée c’est-à-dire la nation et le deuxième
30

argument qui suppose ……. la césure entre l’Etat et la Nation, ferait disparaître
la cause des conflits entre Etats en dépolitisant la question de la nationalité. Le
triomphe de la thèse de la non-coïncidence serait fondé sur la nécessité de
pacifier les relations internes. C’est ce qui explique la création de l’ONU à
éclater.

Mais si on considère les autres continents comme l’Afrique par exemple,


on peut dire qu’il n’y a jamais eu de coïncidence entre l’Etat et la Nation. On
serait plutôt en présence d’une antériorité de l’Etat qui, du fait des circonstances
particulières de sa formation (legs colonial) n’a jamais pu déboucher sur une
nation. En Afrique, on parle plutôt d’Etats plurinationaux qui reflètent l’échec
de nos dirigeants politiques qui, au moment des indépendances, misaient sur la
formation progressive de la nation africaine. Cet échec est aujourd’hui reflété
par des exemples de conflits qui découlent de l’existence d’un renouveau
national.

Finalement, on peut dire que le renouveau de l’idée ou du fait national ne


constitue pas pour autant une remise en cause de la thèse de la non-coïncidence.
Il implique seulement l’idée selon laquelle le concept de nation demeure une
projection qui recouvre une meilleure harmonie dans la vie en communauté. En
attestent d’ailleurs aujourd’hui les grandes nations qui sont à l’œuvre dans les
regroupements inter-étatiques. On peut d’ailleurs se demander si ces moments
n’impliquent pas à terme la disparition des gouvernements.

C – Le gouvernement ou la puissance publique


On peut définir le gouvernement comme étant l’institution centrale qui,
dans une société, prend en charge la réalisation des objectifs définis. Son
importance se mesure à la discipline qu’il assure dans la vie du groupe, par
l’exercice d’un commandement. Le gouvernement joue un rôle primordial dans
31

les sociétés contemporaines. Ceci apparaît nettement à travers ses caractères et


ses moyens.
1 – Les caractères du pouvoir politique
Le premier caractère du gouvernement c’est d’être un pouvoir public et
neutre c’est-à-dire exercé au profit de tous. Il n’y a pas d’exclusion dans la
répartition de ses bienfaits (on ne tient compte ni de la naissance, ni de
l’appartenance politique). Le deuxième caractère du gouvernement, c’est d’être
un pouvoir civil et temporel. Cela signifie que la base de cette organisation
politique est la société elle-même ; et la préoccupation de ce pouvoir politique
tourne essentiellement autour de la vie matérielle du groupe. Le troisième
caractère c’est que le gouvernement est un pouvoir exclusif et irrésistible. Son
exclusivité se rapporte à ses ambitions par rapport au groupe et aussi à sa place
dans la société. Quant à son irrésistibilité, elle est relative à sa force
contraignante. Dans sa fonction de représentant du groupe, il est porteur des
décisions à prendre au nom du groupe. A cette fin, le pouvoir politique dispose
de moyens particuliers.

2 – Les moyens du pouvoir politique


Le gouvernement est le siège d’un déploiement de forces de divers ordres.
De ce point de vue, on peut d’abord dire du pouvoir politique qu’il est une force
de contrainte ou un pouvoir de répression ou de coercition. Cela signifie que le
pouvoir politique est un ensemble de moyens physiques qui permettent de venir
à bout d’une existence individuelle de la part des membres du groupe. Seul le
pouvoir politique a le monopole de la contrainte légale ou légitime.

En second lieu, on peut dire que le pouvoir est une force de persuasion en
ce que le gouvernement est une institution qui suscite l’adhésion du groupe. En
d’autres termes, eu égard à sa mission d’intérêt général, l’institution emporte la
reconnaissance ou le consentement des membres du groupe.
32

Troisièmement, le pouvoir politique est un instrument d’allocation de


ressources. En effet, il est une institution de distribution ou des ressources
nationales. En d’autres termes, la mission du pouvoir politique est de rechercher
et de trouver les moyens de survie du groupe. L’ensemble de ces moyens font
ainsi du pouvoir politique et de l’institution qui le porte à savoir l’Etat, un
instrument à triple dimensions : symbolique, rationnelle et institutionnelle.
Ainsi, on peu dire que l’Etat est une institution particulière au sens juridique du
terme.

Parag.2 – L’approche juridique de l’Etat


L’Etat n’est pas seulement une chose matérielle c’est-à-dire un territoire,
une population et un gouvernement, mais aussi un phénomène intellectuelle à
nul autre pareil. Cette idée est bien synthétisée par Raymond Carré de Malberg
qui disait de l’Etat que c’est un être de droit qui se résume la collectivité
nationale. Il faut cependant aller plus loin pour essayer de donner une idée plus
précise de l’Etat par l’identification par exemple d’un certain nombre de
caractères qui lui seraient propres. Mais ces derniers découlent d’une certaine
définition de l’Etat.

A – Définition de l’Etat
L’Etat est une institution qui conçoit le droit pour le mettre en œuvre au
nom et au profit de la société toute entière. En ce sens, il constitue l’unité
organisationnelle et intellectuelle du pouvoir du groupe. En d’autres termes, ce
que l’on appelle Etat se confond avec le statut juridique de la direction politique
du groupe. C’est dans cette perspective que Léon Duguit et Maurice Hauriou
assimilaient respectivement l’Etat aux gouvernants et à l’idée d’entreprise
publique. Mais dire que l’Etat est à la fois créateur de droit et droit lui-même
33

c’est-à-dire statut juridique, c’est reconnaître qu’il entretient avec le droit des
relations équivoques. Et cette ambivalence des rapports entre l’Etat et le droit a
suscité de nombreuses positions doctrinales ou différents courants de pensée. On
en évoque généralement trois (03) : d’abord l’école qui soutient que l’Etat ne
crée pas le droit. Selon les tenants de cette pensée, le droit s’impose à l’Etat.
Cette école de pensée comporte 3 variantes doctrinales : la première est appelée
la théorie du droit spontané, la deuxième variante c’est la théorie du droit
naturel et la troisième, la théorie du droit objectif.
La deuxième école de pensée, l’Etat et le droit se confondent. Ici, nous
avons deux variantes doctrinales : la première c’est la théorie de la pyramide
normative (selon Hans Kelsen qui conçoit l’Etat selon un être agent de normes)
et la deuxième correspond à la théorie marxiste du droit qui appréhende celui-ci
comme étant le reflet de la domination des bourgeois sur les prolétaire.
La troisième école de pensée est celle qui soutient que l’Etat crée le droit.
Ce courant de pensée est appelé aussi l’école du droit positif. Il repose sur le
postulat que le droit n’est envisageable que dans et avec l’Etat. Cette école
comprend deux variantes : le positivisme sociologique (le droit provient du
peuple) et le positivisme étatique (l’Etat a une grande maîtrise dans l’élaboration
du droit).

B – Les caractères de l’Etat


Deux caractéristiques fondamentales fondent la spécificité de l’Etat : c’est
tout d’abord sa personnalité et ensuite sa souveraineté.

1°/- L’Etat est une personne (au sens du droit)


De nombreux auteurs ont eu recours à différentes formules pour essayer
de saisir l’Etat dans ses rapports avec le groupe. C’est d’abord Jean Jacques
Rousseau qui a dit de l’Etat qu’il représente la somme des intérêts individuels
(théorie du contrat social). C’est aussi Charles Eisenmann qui assimile l’Etat à la
34

personnification juridique de la nation. C’est enfin Raymond Carré de Malberg


pour qui l’Etat est un être de droit en qui se résume la collectivité nationale.

De ces différents propos émerge une seule idée qui fait de l’Etat un être à
part, une entité douée de vie et son existence sera consacrée par le droit avec la
reconnaissance de statut juridique d’où le concept de personnalité morale que
l’on accorde à l’Etat et duquel découle un certain nombre de conséquences ou
caractéristiques majeures.

La première caractéristique, c’est la permanence et la continuité de


l’institution. Celle-ci est permanente parce que l’Etat, en tant que symbole de la
volonté du groupe à vivre en commun, a vocation à l’éternité. Mais l’Etat est
aussi une institution continue car l’institution étatique est un cadre investi par
des organes, par des hommes donc pour servir de relais entre deux moments ou
deux phases de son existence.

La deuxième caractéristique de l’Etat, c’est qu’il dispose d’un patrimoine


qui est une universalité de grande maîtrise dans l’élaboration du droit. La
personnalité juridique en droit est un centre d’intérêt juridiquement protégé.
Donc l’Etat a la possibilité de s’exprimer dans la continuité et la permanence. Le
patrimoine, c’est l’existence d’un certain nombre de moyens qui permettront à
l’institution d’exister. L’on distingue deux sortes de souveraineté : la
souveraineté interne qui, l’Etat est l’institution la plus importante dans une
société et la souveraineté externe (calque souvent l’importance de l’Etat, il est
considéré sur le même pied d’égalité d’un autre Etat.
Dire que l’Etat a un patrimoine va signifier deux choses essentielles : la
première c’est que le biens de l’Etat ne doivent pas être confondus avec eux des
gouvernants. La seconde, c’est que ce sont des biens qui lui permettent de
vivre et de faire face à ses propres responsabilités. La notion de personnalité de
35

l’Etat a fait l’objet de critiques dont la plus importante a consisté à dire que la
personnalité de l’Etat est une fiction parce qu’on ne peut dire de l’Etat que c’est
‘un être doué de vie car il n’existe que des émanations de l’Etat.

2 – La souveraineté de l’Etat.
Pour comprendre l’importance de la souveraineté dans la vie de l’Etat, il
faut remonter aux combats des légistes qui, dans les temps d’émergence et
d’affirmation de l’Etat, voulaient libérer les rois de la triple tutelle qui pesait sur
eux et qui émanait de l’Eglise, de la féodalité et de l’empire romano-
germanique. Tutelle que les légistes symbolisaient par l’adage suivant : Omni
potestas nissi a deo (il n y a de point de pouvoir qui ne vienne de Dieu). Le
pouvoir de décider et d’agir découlait alors de ce pouvoir divin.

Mais après la révolution de 1789, c’est le peuple qui devient le dépositaire


de ce pouvoir. Cette notion de souveraineté revêt un double sens en tant qu’elle
se rapporte soit au fondement du pouvoir c’est-à-dire à la souveraineté dans
l’Etat soit au statut du pouvoir de l’Etat : c’est ce que l’on appelle la
souveraineté de l’Etat.

Dire que l’Etat est une entité souveraine, signifie qu’il n’est subordonné à
aucune autre institution. Cela renvoie à une chose simple et immédiate : l’Etat
définit lui-même ses règles d’organisation et de compétence : « l’Etat a la
compétence de ses compétences » comme le dit Laband. Cette signification
revêt deux aspects : un aspect interne et un autre externe.

Au plan interne, il y a lieu d’évoquer la plénitude et l’exclusivité des


compétences de l’Etat, cela veut dire qu’à l’intérieur de sa sphère nationale, la
liberté de l’Etat est totale (mais en droit, la notion de liberté totale est relative).
En ce sens, l’Etat a des attributions qu’il exerce seul sans se référer à d’autres
36

pouvoirs. Ces attributions impliquent en principe tout ce qui est nécessaire à


l’accomplissement de sa mission. En somme, on note une concentration des
pouvoirs qui renvoie elle-même, à la possibilité pour l’Etat d’édicter ses règles
de droit dont il va fixer les conditions de mise en œuvre et garantir dans le
respect au besoin par la force. Cette concentration des pouvoirs au profit de
l’Etat implique un pouvoir qui soit à la fois absolu, initial, exclusif et suprême.

La non-subordination de l’Etat au plan externe renvoie à un principe


d’égalité souveraine. Elle postule l’existence d’un pouvoir suprême et
indépendant sur la scène internationale. Cette notion de souveraineté a été
magnifiée par Jean Bodin qui l’a systématisé théoriquement dans son ouvrage
intitulé : « De la République ». Mais cette suprématie et cette indépendance de
l’Etat revêtent une signification précise et un certain nombre d’implication.

En premier lieu, l’indépendance postule la liberté et la capacité de l’Etat à


conduire les relations internationales de la communauté qu’il représente, avec
d’autres collectivités.

En second lieu, cette non subordination postule l’égalité des Etats dans cet
ordre juridique. En troisième lieu, la liberté implique néanmoins un devoir de
coopération qui est seul à même de réaliser l’équilibre nécessaire dans la
confrontation ou l’articulation entre de nombreuses souveraineté, d’où
l’importance des accords et traités internationaux. Le droit international que ces
accords internationaux véhiculent, peut donc limiter la souveraineté de l’Etat.
Mais il ne s’agit pas toujours une simple qui plus est résulté de la volonté de ces
mêmes Etats. Dès lors le droit international constitue parfois une entrave à
l’indépendance et à l’existence même de l’Etat en tant qu’institution
représentative des groupements sociaux. C’est donc ….., lui qu’il faudrait agir
pour préserver les idéaux de paix et de justice internationales.
37

SECTION II – LES ORIGINES DE L’ETAT


Les écrits sur les origines de l’Etat constituent le plus souvent une sorte de
réponse globale à deux types de question :
1 – D’où vient l’Etat ?
2 – De quoi procède-t-il ?
Les réponses à ces questions revêtent une certaine importance dans la
mesure où elles sou-tendent des positions idéologiques des Etats sur le problème
de leurs rapports avec les citoyens. Aujourd’hui, toutes ces réponses s’articulent
autour d’un dénominateur commun qui est  la nécessité d’inscrire le fondement
sociopolitique de l’Etat dans un acte positif, c’est-à-dire qu’on s’intéresse sur ce
qui fonde l’Etat. Donc ici, il importe de préciser que l’Etat repose sur un acte qui
est le / un produit des hommes. Deux types de réponse que peuvent être
envisagée dans ce cas. La première consiste à dire que l’Etat procède d’un fait
naturel : c’est la théorie de l’émergence naturelle de l’Etat et la deuxième
consiste à dire que l’Etat est le fruit d’un contrat entre les individus : c’est la
fameuse théorie du contrat social.

Parag. 1 – Les théories de l’émergence naturelle


L’idée de base ici, est que l’Etat est le résultat d’un processus naturel qui
s’inscrit dans le cadre de l’évolution de l’espèce humaine. En guise
d’illustration, on peut choisir deux écoles : l’école du marxisme-léninisme et
celle de la fondation.

A – L’école marxiste-léniniste ou la thèse du conflit


Le marxisme-léninisme soutient que l’apparition de l’Etat est dans l’ordre
normal des choses parce que celui-ci représente l’instrument de domination d’un
groupe d’individus sur une autre ou d’une classe sociale sur un autre. Autrement
dit, l’Etat serait le résultat d’un processus historique qui reflète l’état des
38

rapports de forces sociales différentes à un moment donné de l’histoire. Cette


conception de l’origine de l’Etat peut être rapprochée à une autre théorie qui
apparaît dans les écrits de Léon Duguit dont le fondement réside dans la
distinction entre gouvernants et gouvernés. Dans cette théorie duguiste de l’Etat,
celui-ci est appréhendé comme étant une puissance de contrainte irréductible
dans le groupe que l’on place entre les mains des gouvernants (pour le bien de
tous). L’école de la fondation se décline autrement.

B – La conception de l’école de la fondation


A chaque fois qu’on évoque la théorie de la fondation, on pense à Maurice
Hauriou qui a enseigné dans la première moitié du 20 ème siècle à l’Université de
Toulouse. L’idée majeure de cette théorie consiste à dire que l’Etat repose en
grande partie sur la coutume. La coutume pour Hauriou, c’est la conjonction
d’un certain nombre d’éléments qui conduisent à l’émergence d’une institution
sociale commune à plusieurs hommes. Ainsi, pour lui, l’Etat est une institution
fondé sur l’accord coutumier. La fondation selon Hauriou est un processus
articulé autour de deux éléments précis que sont un gouvernement organisé ou
en voie de l’être qui assure la direction du groupe et une comite permanente
nationale désireuse de se réaliser sous la forme d’un Etat. Selon Hauriou, la
construction de l’Etat s’articule historiquement autour d’une succession
d’événements comme la constitution d’une communauté nationale qui conduit à
la création d’un gouvernement central et à l’entreprise d’une chose publique.
Cette chose publique c’est l’existence de l’Etat, c’est aussi un ensemble de
moyens affectés à cette entreprise. Cependant, une partir de la doctrine
s’accorde sur le fait que l’origine de l’Etat est à chercher dans les contrats.

Parag. 2 – Les théories du contrat


L’idée de base, c’est le contrat social qui est un pacte autour duquel des
hommes se sont unis, en confiant leur sort à une seule autorité commune. Mais
39

la nature, la consistance comme la portée de ce pacte différent selon les auteurs.


Précisément, on note trois type de contrat ou de pacte : il y a le contrat civil, le
contrat politique et le contrat social.

- Le contrat civil
Il lie les individus entre eux à l’effet de constituer une société politique.
Cette idée de contrat civil a été exposée pour la première fois par Thomas
Hobbes. On en trouve des développements substantiels dans son ouvrage, le
Léviathan, qui date de 1651. Les termes du contrat civil sont les suivants : il y a
une renonciation totale de la part des individus à leur liberté, au profit d’une
autorité sociale communément reconnue qui, en retour, assure protection de
bonheur. La portée de ce pacte civil, selon Hobbes, c’est ce que l’on appelle
aujourd’hui le totalitarisme c’est-à-dire l’émergence d’un mode de
gouvernement tyrannique. La thèse de Thomas Hobbes de la société politique va
séduire jusqu’à faire des émules (disciples). Parmi ceux-ci, on peut citer John
Locke qui va s’employer à polir les excès de la thèse « du Maître ». Il va le
faire dans le cadre d’une nouvelle théorie, celle du contrat politique.

- Le contrat politique
Cette thèse se trouve exposée dans son ouvrage : Essai sur le
gouvernement civil qui date de 1960. John Locke va partir de l’enseignement de
Hobbes relatif à l’existence d’un accord des membres du groupement autour de
la constitution d’un organe politique qui sera chargé de les représenter. C’est
précisément cette fonction de représentation politique qui fait la puissance de
l’autorité centrale commune (le gouvernement). Toutefois, ce caractère
n’implique nullement, comme dans la thèse de Hobbes, l’absence d’une
alternative à l’obéissance pour les citoyens. En effet, John Locke va envisager
la possibilité pour ces citoyens de se retrouver contre le pouvoir si celui-ci
40

devenait tyrannique (c’est la raison pour laquelle on considère John Locke


comme étant le père du libéralisme).

La portée de ce contrat, c’est l’implication de la possibilité de contrôle


politique du pouvoir. C’est ce qui va donner naissance au libéralisme politique.
Mais, de toutes les thèses du contrat, celle de Jean Jacques Rousseau apparaît
comme la mieux élaborée et la plus approfondie parce qu’il va s’employer à
construire une base théorique beaucoup plus large et plus affinée à la société
politique.

- Le contrat social
Cette notion se trouve exposée dans l’œuvre de J. J. Rousseau intitulées :
Du contrat social ou principe de droit politique (1762). Le postulat de base,
c’est que la vie en société résulte d’un accord de volonté entre des individus qui,
auparavant, vivaient dans une situation de totale anarchie qu’il appelle l’état de
nature. Mais pour Rousseau, il s’agit tout simplement d’une hypothèse de travail
(hypothèse d’école) de laquelle il est parti pour élaborer sa théorie sur le
gouvernement des hommes et des choses. Cette thèse du contrat social postule la
rencontre entre plusieurs citoyens, lesquels seraient porteurs, chacun, d’un
liberté qui serait différente de celle de toutes les autres libertés et cette liberté ne
saurait être fondue dans une autre. Cette thèse sur le fondement contractuel de la
société politique, va connaître une grande postérité car elle va permettre
l’éclosion de l’idée de liberté dans les rapports entre l’Etat et le peuple.

L’origine de l’Etat était objectivée, il importe maintenant d’étudier les


formes de l’Etat.
41

SECTION III – LES FORMES DE L’ETAT


On appelle forme de l’Etat, le modèle d’organisation sur lequel il repose,
de façon à répondre aux attentes qu’il suscite dans les rapports avec les citoyens.
Ce modèle va varier en fonction des préoccupations de l’Etat ou des gouvernants
du moment. En la matière, on évolue de la forme la plus simple à la forme
composée. La forme simple donne lieu à l’Etat unitaire et la forme composée à
l’Etat composé.

Parag.1 – L’Etat unitaire


Actuellement, l’Etat unitaire est la forme la plus répandue, notamment sur
notre continent. Dans le cadre de l’Etat unitaire il y a une articulation du pouvoir
politique autour des principes d’unité et de centralisation. Mais ce pouvoir
politique va connaître pour sa mise en œuvre, des variantes qui tendraient à
assouplir le degré d’unité et de centralisation. S’agissant tout d’abord du
principe d’unité, on lui connaît une signification et plusieurs justifications
possibles.

A – Le principe de l’unité
1 – Signification du principe d’unité
Le principe d’unité de l’Etat renvoie à la notion de centralité de la
production et de la diffusion de la décision politique. En conséquence, l’Etat
unitaire, c’est l’Etat centralisé au sein duquel règne un seul pouvoir politique qui
se situe au centre et chargé de produire et de diffuser la volonté de l’Etat vers la
périphérie. Cette notion d’unicité du pouvoir politique emporte des
conséquences précises du point de vue de l’organisation et du fonctionnement
des institutions publiques. En effet, dans cette perspective, il n’existe qu’un seul
parlement, qu’un seul gouvernement, qu’une seule organisation judiciaire du
territoire. Ici pour l’ensemble, on ne reconnaît pas les spécificités locales. En
somme l’Etat unitaire, c’est l’Etat au sein duquel la mise en œuvre du pouvoir
42

politique obéit à une relation univoque entre un centre (initiateur des décisions)
et une périphérie (réceptacle des décisions).

2 – Justification du principe d’unicité


Il y a diverses justifications. Cependant, on peut en dresser un catalogue
qui serait fondé sur l’histoire des communautés politiques, plus particulièrement
celle de la société française. D’un point de vue historique, la centralisation de
l’Etat monarchique a coïncidé avec la période où le pouvoir royal cherchait à
asseoir son autorité à l’égard d’un certain nombre d’institutions concurrentes
comme les seigneurs locaux ou les féodalités locales. L’héritage de cette
centralisation sera entretenue et raffermie par les successeurs du pouvoir royal
c’est-à-dire les révolutionnaires, pour des raisons liées à des principes de
cohésion nationale, de solidarité et de générosité entre les différents membres.
Aujourd’hui, le principe d’unité se justifie essentiellement par l’efficacité et la
sécurité qu’il est censé procurer dans la production et l’exécution de la décision
politique.

A raison ou à tort, on pense aujourd’hui que le notion de république se


déploie mieux dans le cadre de l’Etat unitaire que dans le cadre de l’Etat
composé. Mais la question que l’on continue de se poser c’est de savoir si le
rendement politique est réellement plus élevé dans une situation de
centralisation du pouvoir. Dans l’optique de donner une réponse plus ou moins
précise, il faudrait étudier le déploiement de ce principe d’unité.

B – La mise en œuvre du principe d’unité


L’assouplissement de la mise en œuvre du principe d’unité va donner lieu
à deux formes d’aménagement technique du pouvoir : la déconcentration et la
décentralisation.
43

1 – La déconcentration
C’est la forme d’aménagement typique de la centralisation. Elle conduit à
la création de relais territoriaux par le déploiement de l’action publique. C’est la
définition habituelle de la déconcentration. Il s’agit d’une technique consistant à
placer des agents publics à différents niveaux du territoire, en leur conférant un
pouvoir de décision qui reste néanmoins subordonné au pouvoir central. De cette
définition se dégagent trois éléments qu’on peut considérer comme étant
constitutifs de la déconcentration ou du pouvoir déconcentré.

- L’existence d’agents locaux du pouvoir central


- La dotation d’un pouvoir de décision à ces agents.
Un pouvoir de décision subordonnée au pouvoir central. C’est un pouvoir
hiérarchique lequel implique la possibilité à une personne de donner des ordres et le
devoir pour une autre d’y obéir. Cette technique de gestion est exclusivement
tournée vers la satisfaction des besoins de l’administration. Il s’agit précisément de
l’efficacité de l’action administrative. Autrement dit, la technique permet certes de
désengorger le pouvoir central mais elle ne résout nullement le problème du
nécessaire pris en compte de l’avis des destinataires de la décision publique. C’est
pourquoi dans la plupart des Etats, la déconcentration est associée à la
décentralisation, comme c’est le cas au Sénégal. Du reste, elles sont toutes deux des
types–idéaux et dans la pratique l’on ne rencontre pratiquement que des situations
intermédiaires, mais à présent précisons le contenu de la décentralisation.

2 – La décentralisation
Cette technique suppose l’institutionnalisation d’un certain nombre
d’entités ou de groupements fonctionnels au profit desquels est reconnu un
pouvoir de gestion sur lequel ne pèse qu’un simple contrôle. Ce système de
gestion participe de la philosophique démocratique, de la répartition du pouvoir
dans l’Etat. En effet, le pouvoir de décision est confié aux intéressés eux-
44

mêmes par la conception et la mise en œuvre du bien public. C’est pourquoi, on


distingue d’une part la décentralisation fonctionnelle qui suppose la création
d’établissements publics tels que les hôpitaux, les Universités etc.… et d’autre
part la décentralisation locale ou territoriale (collectivités locales) qui signifie la
création par l’Etat de collectivités locales en leur conférant une autonomie de
gestion de leurs propres affaires. Toutefois, cette autonomie de gestion va de
pair avec le contrôle de l’Etat qu’on nomme contrôle de tutelle. Formellement,
on peut identifier quatre éléments qui sont constitutifs de la décentralisation :
1. L’existence d’une personnalité juridique propre, différente de celle
de l’Etat.
2. Cette personnalité juridique repose sur des affaires propres à la
collectivité. En d’autres termes, on peut, dans le cadre de cette
collectivité, identifier un intérêt local différent de l’intérêt national.
3. La prise en charge de la réalisation de cet intérêt local grâce à la
mise en place d’organes propres (C’est le contrôle de tutelle).

Mais la satisfaction de cet intérêt doit passer par le maintien d’un droit de
regard du pouvoir central.
4. . Cette technique de gestion administrative revêt une certaine
dimension politique dans la mesure où une importante liberté de
manœuvre est reconnue à la collectivité locale. Cette liberté
politique relative est fondée sur le souci de satisfaire l’exigence de
la diversité que constitue le moteur de toute société.

Cependant, dans les faits, il est toujours apparu que la participation


effective des intéressés à la gestion de leurs propres affaires est insuffisante. Les
raisons en sont diverses et variées. Il serait trop long de les énumérer et il suffit
de s’arrêter sur deux constats qui pourraient résumer toutes les autres
insuffisances. En effet, une des limites des systèmes de décentralisation, c’est la
45

faiblesse des moyens financiers de toutes collectivités locales. Egalement la


lourdeur du contrôle de tutelle que le pouvoir central exerce généralement ; mais
pas exclusivement sur les actes des collectivités décentralisées fragilise le dit
système. On peut mesurer le poids de ces deux insuffisances dans le cas de
l’expérience sénégalaise. Celle-ci est chapelet bâtie sur trois niveaux : le niveau
régional qui repose sur le chapelet de lois prises le 22 mars 1996 portant code
des collectivités locales (loi 96-06 du 22 mars 1996), le niveau communal qui
repose sur le code de l’administration communale (loi du 30 juin 1966) et au
niveau rural qui découle de la loi du 17 juin 1964 dite loi sur le domaine
national. Chacun de ces niveaux est géré par un organe délibérant (qui prend des
décisions) et un organe exécutif (chargé de les exécuter).

C’est peut-être l’insuffisance des systèmes de décentralisation qui pousse


aujourd’hui dans plusieurs Etats à élargir le champ de la décentralisation à la
région. Cet élargissement est devenu un phénomène à la mode en Afrique
notamment, mais qui reste malgré tout sur ce plan, très en retrait par rapport à
l’Europe ; laquelle connaît des expériences qu’on peut qualifier d’anciennes et
très diversifiées, citons simplement un exemple de régionalisation ou de
décentralisation poussée : l’Italie. En Italie c’est la constitution du 27 octobre
1947 qui fonde l’adhésion à la philosophie de l’autonomie locale et de la
protection des minorités géographiques et culturelles. Cela se traduit notamment
par l’aménagement d’un titre entier consacré à la mise en place de régions, de
provinces et de communes, chacune de ces entités étant dotée d’un exécutif et
d’un législatif locaux. Cette forme de miniaturisation est surtout remarquable
dans le cadre des régions autonomes (--«  des mini Etats). Ce sont des régions de
taille plus ou moins vastes qui ont donné naissance à l’Etat régional.

L’Etat régional est un système d’organisation de l’Etat unitaire au sein


duquel les collectivités territoriales disposent d’une autonomie réelle organisée,
46

garantie par les textes fondamentaux (la constitution nationale par exemple)
comme c’est le cas en Espagne et en Italie. On ne peut escompter donc une
réelle prise en compte des spécificités locales ou une vraie participation à la
base, dans le cadre de l’Etat unitaire simple. C’est pourquoi d’ailleurs, la
formule de l’Etat régional bien qu’elle soit très limitée, connaît un grand succès.
Pourtant, ces dernières années ont vu les Etats régionaux connaître à des
revendications régionalistes tellement fortes qu’elles ont été relayées par les
forces politiques. C’est dire que ce système l’Etat régional comporte des limites
qui sont inhérentes à la technique de la décentralisation elle-même. En effet, la
décentralisation, si approfondie soit-elle, reste une simple variante du principe
unitaire qu’il est nécessaire de remettre en cause à chaque fois qu’il y a de fortes
tensions entre les communautés qui composent l’Etat. Cela a été le cas de la
Belgique qui, en 1992 –93, est passée d’un Etat unitaire à la qualité d’Etat
composé.

Parag. 2 – Les Etats composés


L’expression « Etats composés » est choisie pour rendre compte des
nombreuses situations où deux ou plusieurs Etats sont regroupés pour réaliser
une certaine unité politique. Cependant, celle-ci, peut se manifester diversement
par la soumission de leurs populations et territoires respectifs, soit à un seul, soit
à plusieurs pouvoirs politiques. Cette diversité de formes d’association se traduit
aujourd’hui par l’existence de deux types d’Etats composés : il s’agit d’une part
de la confédération d’Etats et d’autre part de la fédération d’Etats.
A – La confédération d’Etats
On appelle confédération d’Etats, une association d’Etats, qui, pour
fortifier leurs relations, créent sur la base d’un accord international, des organes
communs auxquels ils confient certaines de leurs compétences. Elle est fondée
sur le désir de se prémunir quelque part de quelque chose.
47

De cette définition, se dégagent plusieurs éléments qui font la spécificité


de la confédération d’Etats :
- Il s’agit d’une association d’Etats. Celle-ci renvoie à une rencontre
entre entités pourvues de la personnalité juridique internationale désireuses de
faire quelque chose ensemble ex : confédération de la Sénégambie créée en 1982
et la confédération helvétique en Suisse du 14ème siècle à la fin de la première
moitié du 19ème siècle (1848) lorsque cette confédération s’est transformée en
fédération.
- Le but de l’association : la fortification des relations. Dans le cadre de
la confédération : il s’agit le plus souvent d’une volonté d’intensification des
courants d’échange économique ou politique entre plusieurs Etats. Mais cela
peut être aussi une volonté commune de se préserver mutuellement d’attaques
extérieures. On peut citer le cas des cantons suisses qui se sont regroupés pour
assurer leur sécurité au 14ème siècle contre l’invasion d’armées voisines. Mais
cette volonté de fortification des relations entre deux ou plusieurs pays est
toujours articulée à des liens historiques de voisinage, de communauté de culture
ou de langue.

- Il s’agit également d’une rencontre qui se réalise au plan du droit en se


traduisant par la signature d’un accord international. A la base de toute
confédération, il y a un traité parce que les Etats sont formellement
indépendants les uns des autres.

- La réalité de l’association se traduit par la mise en commun d’un


certain nombre de compétences. Celles-ci vont être confiées à des
organes communs : il s’agit d’une harmonisation de politiques
sectorielles pour pouvoir faire front ensemble devant certains
événements : c’est d’onc l’idée de fortification dans certaines
domaines qui fonde la confédération, laquelle n’est pas stable parce
48

que d’un point de vue naturel ou logique, l’une des parties arrivera à
prendre le dessus sur l’autre ou les autres.

B – La fédération d’Etats
Il est un constat majeur que l’on peut faire aujourd’hui : c’est l’actualité et
la primauté de la forme fédérale des Etats sur la forme unitaire. On peut prendre
l’exemple de la Belgique qui en 1993 est devenue un Etat fédéral. La question
qu’on peut se poser dès lors est de savoir qu’est-ce qui justifie cet engouement
autour de la forme fédérale de l’Etat. La réponse peut être simple et immédiate.
C’est parce que cette forme de l’Etat est censée pouvoir mieux résoudre les
préoccupations qui sous-tendent les regroupements d’Etats. On en a une
confirmation de la Suisse et des Etats-Unis, qui tous deux, ont évolué de la
confédération à la fédération d’Etats. Dans ce type d’organisation fédérale de
l’Etat, il y a le souci de la performance des collectivités politiques de l’Etat
notamment par la mise en œuvre d’une philosophie, d’une association plus
intégrée et plus poussée. C’est ce que traduit le concept de fédéralisme. Il
importe cependant d’étudier la manière par laquelle les Etats en arrivent à ce
type d’association ou encore les processus de réalisation du fédéralisme. Il y a le
fédéralisme par association, intégration ou agrégation que l’on peut qualifier
comme étant un ensemble d’Etats désireux de mettre en commun leurs moyens
tout en conservant leur indépendance. En guise d’exemple, on peut citer les
treize premières colonies britanniques d’Amérique du Nord qui se sont
rassemblées à la fin du 18ème siècle pour former les Etats-Unis. Autre exemple
historique : les 10 cantons suisses qui vont unir leur volonté à partir du 14 ème
siècle pour donner naissance à la fédération helvétique. A cette forme de l’Etat
fédéral s’oppose le fédéralisme par dissociation, désintégration ou désagrégation
qui évoque l’idée d’un Etat unitaire qui se décompose en plusieurs entités
auxquelles est confiée l’autonomie politique et juridique. On peut citer comme
exemple l’ancienne URSS qui était auparavant un empire appelé : la Russie et
49

que l’on va décomposer en plusieurs Etats après le révolution d’octobre 1910.


On peut donc considérer que la fédération est une concrétisation d’une idée de
rencontre ou de séparation. Mais, il y a lieu de considérer d’autres éléments que
l’on peut regrouper sous la notion de fédéralisme tendant à conférer plus de
liberté aux intéressés.

On peut essayer de comprendre ce qu’est la fédération d’Etats en partant


de l’idée de fédéralisme qui en est la notion de base. Ceci permet de ne pas
confondre fédération d’Etat et fédéralisme.

1 – La notion de fédéralisme
Le mot lui-même renvoie à la philosophie de l’association entre plusieurs
Etats ayant en commun un certain nombre de caractéristiques et désireux de
réaliser quelque chose ensemble. De ce point de vue, on ne trouve pas de
différence fondamentale entre la confédération et la fédération d’Etats. Ce qui
permet plutôt de différencier les deux, c’est le mode de réalisation ou de
concrétisation de cette idée de fédéralisme.

A ce propos, on pourrait définir l’Etat fédéral sous la forme d’une


technique d’association d’entités politiques en une entité de même nature mais
beaucoup plus vaste parce que dotée de compétences générales. De manière plus
synthétique on peut dire que l’Etat fédéral est un ensemble d’Etats fédérés qui
ont consenti un transfert de leur souveraineté internationale au profit de leur
regroupement unitaire. On est alors en présence d’un Etat composé d’entités
politiques secondaires qui participent à son organisation et à son fonctionnement
par des procédures garantissant au plus haut niveau, leur autonomie. A travers
ces différentes définitions on saisit la substance de l’Etat qui est l’association de
volontés pour produire une nouvelle volonté politique. Ce qui se traduit au plan
juridique et politique par l’existence de deux sphères d’organisation politique et
50

juridique constitutionnellement garanties mais néanmoins intrinsèquement liées.


C’est ce qui inspire l’évocation d’un principe de superposition que l’on ajoute
aux autres principes (autonomie et participation) et qui est à la base du
fédéralisme.

En définitive, on pourrait n’évoquer qu’un seul ordre juridique dans la


mesure où la constitution fédérale impose aux entités fédérées un certain nombre
de limites censées pouvoir concrétiser leur autonomie. Cette prééminence de
l’ordre juridique fédérale est illustrée par le principe de répartition des
compétences entre les deux types d’entités. A ce propos, retenons qu’il y a
différentes formes de répartition des pouvoirs dans les rapports entre l’Etat
fédéral et les Etats fédérés.

La première forme c’est


cel5
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6868686868686868686868686868686868686868ormale du pouvoir.

Parag.1 – La dévolution normale du pouvoir politique : l’élection


Les élections, c’est le procédé par lequel le citoyen est invité à participer à
la désignation de ses représentants politiques ou à prendre une décision qui est
relative à la vie du groupe. Ainsi définie, l’élection apparaît comme étant le
fondement de la légitimité politique des gouvernants. Par l’élection donc, le
citoyen exerce son droit de suffrage qui toutefois peut se réaliser de diverses
manières.

A – Le droit de vote
Le droit de suffrage est synonyme du droit de vote et il revêt deux sens
principaux. La première signification est d’être un acte par lequel on donne son
opinion sur un problème donné ou sur une solution donnée. La deuxième
signification du droit de vote est le statut que revêt l’acte de voter lui-même et le
statut en droit renvoie toujours à un régime juridique.

Dans le cadre du régime juridique du droit de vote, on va s’intéresser de


près à l’étendue de ce droit de vote et à ses différentes variétés.

1° - L’étendue du droit de suffrage


Le principe de base du fonctionnement du système démocratique est le
suffrage universel. C’est un suffrage qui se définit surtout de façon négative par
opposition au suffrage restreint. C’est un système de gouvernement dans lequel
le droit de suffrage ne serait pas limité par des considérations liées soit à la
69

naissance de l’individu, à sa classe et à sa fortune, donc à son statut social, soit à


son niveau d’instruction. Exemple : comme aux USA, dans les pays du Sud,
jusqu’à l’avènement du 15ème amendement (1870) où on refusait de reconnaître
le droit de vote aux noirs américains. Autre exemple : Sous la restructuration en
France où une loi conditionnait le droit de vote (1833) dans les colonies
françaises au paiement d’une somme de 300 F de l’époque (c’est le suffrage
censitaire). Le suffrage universel est aujourd’hui le système politique dans
lequel le droit de suffrage subit le moins de restriction possible car il n’existe
pas de suffrage totalement universel. Exemple : Dans la constitution sénégalaise,
il est dit à l’article 3 in fine : « Tous les nationaux sénégalais âgés de 18 ans et
jouissant de leurs droits, sont électeurs dans les conditions fixées par la loi ».
Mais il y a lieu de noter que l’évolution du droit de suffrage se fait dans le sens
d’un élargissement constant. Aux Etats-Unis, c’est le 26 ème amendement (1971)
qui abaisse la majorité électorale à 18 ans.

2° - Les différentes variétés du droit de suffrage


Le droit de suffrage ou droit de vote revêt des formes variables. Il y a le
suffrage direct et le suffrage indirect. Le suffrage direct c’est le système de
votation (comme on dit en Suisse) qui permet à l’électeur de choisir directement
c’est-à-dire sans intermédiaire, les représentants du groupe. A contrario, le
suffrage indirect est le système dans lequel cette désignation se fait par
l’intermédiaire de personnes spécialement choisies à cet effet : ce sont les
notables politiques ou les grands électeurs qu’on retrouve toujours par exemple
en France dans la désignation des membres du Sénat français, ce fut également
le cas au Sénégal sous l’ancienne constitution.

Il y a ensuite une deuxième distinction entre le vote individuel et le vote


plural. Dans le cadre du vote individuel, chaque homme ou chaque individu
correspond à une voix alors que dans le système de vote plural on permet à
70

l’individu de disposer de plusieurs voix sur la base de conditions fixées par la loi
et généralement à son statut social ou fonctionnel. Dans cette hypothèse de vote
plural, le suffrage s’entend d’un vote social et il correspond à un système de
gouvernement dans lequel l’individu vote en fonction de sa situation ou de sa
place dans le groupe. On distingue aussi contre le vote facultatif et le vote
obligatoire. Dans le vote facultatif, le citoyen est libre de participer ou non aux
consultations électorales. Ce vote est en adéquation avec le système de
gouvernement direct où l’électorat est un droit. Dans le système de vote
obligatoire, la participation du citoyen aux consultations électorales est requise
sous peine de sanction. Ici l’électorat est une fonction comme dans le cadre du
système de gouvernement représentatif : Exemple de la Belgique. En la matière,
il faut toujours faire la différence entre le vote public et le vote secret. Le vote
public est un système dans lequel le choix de l’électeur se manifeste au vu et au
su de tout le monde tandis que le vote secret est un système qui permet au
citoyen de faire son choix sans que celui-ci soit révélé au public. Dans le
système de gouvernement démocratique, ce procédé constitue une garantie de la
liberté de l’électeur et par voie de conséquence, de la sincérité du scrutin quel
qu’il soit.

B – Les modes de scrutin


Le mode de scrutin peut être défini comme étant un système, ou une
technique ou l’ensemble des techniques qui permettent de déterminer les élus à
partir du vote des électeurs. Le choix d’un mode de scrutin revêt une grande
importance dans la mesure où il est révélateur dans un régime politique de la
façon dont un pays est gouverné et mais aussi des rapports que ce système de
gouvernement entretient avec la démocratie. Le choix et le déroulement d’un
mode de scrutin, on en convient aujourd’hui largement dans les Etats
démocratiques, doit être articulé autour de trois principes majeurs que sont la
liberté du vote, la sincérité du scrutin et enfin l’égalité du vote. L’importance de
71

ces trois principes dans l’évaluation d’un scrutin ou d’un mode de scrutin à
l’aune de l’exigence démocratique, implique deux choses. La première c’est
qu’il faut veiller à la consécration théorique des trois principes par tout système
qui se veut démocratique. La deuxième c’est de veiller à ce que dans
l’organisation matérielle du scrutin, ces trois principes ne soient dénaturés par
des données techniques. Exemple : le gerrymandering qui consiste à tailler ou à
découper sur mesure des circonscriptions électorales par les candidats qui
auraient la majorité au pouvoir. Il est aussi appelé la technique de la salamandre.

1° - Présentation des modes de scrutin


On oppose généralement dans l’étude de ces modes de scrutin, le scrutin
majoritaire et le scrutin proportionnel. Entre ces deux pôles, s’intercalent de
nombreux systèmes, de vote qui sont qualifiés de mixte parce qu’ils empruntent
à l’un et à l’autre leurs avantages respectifs en essayant de les cumuler. Dès lors,
il importe de préciser les contenus de ces trois modèles.

a – Le scrutin majoritaire
Il se définit comme étant la technique de représentation ou le procédé de
répartition qui permet d’attribuer les sièges mis en compétition aux candidats ou
à la liste ayant reçu à l’issue des confrontations le plus grand nombre de voix.
Ce type de scrutin peut se réaliser de différentes façons. Il est uninominal
lorsqu’il oppose plusieurs candidats qui se présenteraient individuellement
devant les électeurs. C’est là un mode de scrutin qui ne se réalise généralement
que dans le cadre de petites et moyennes circonscriptions. Mais il peut aussi
opposer plusieurs candidats regroupés des différentes listes sur la base d’une
affinité idéologique ou politique. D’où son appellation de scrutin de liste ou
scrutin pluri nominal. Dans le cadre de ce type de scrutin, des possibilités sont
offertes aux électeurs de procéder eux-mêmes à différentes combinaisons entre
les listes.
72

Dans ce cas là on dit que le panachage et le vote préférentiel existent.


Lorsqu’on les refuse, on est en présence d’un scrutin de liste bloqué. Le scrutin
majoritaire peut être à un ou à deux tours. Il est à un tour lorsque la majorité
relative suffit pour être élu. En d’autres termes, le (s) siège (s) sont attribués aux
candidats en tête quelle que soit son avance sur les autres. Il est à deux tours
quand l’élection n’est acquise du 1er coup qu’à la majorité absolue ou à la
majorité qualifiée. On parle de la majorité absolue lorsqu’il s’agit de considérer
la moitié des votants plus une voix ; tandis que dans le cadre de la majorité
qualifiée, il est question d’un pourcentage plus important de la majorité des voix
que l’on combine généralement avec l’autre pourcentage des inscrits. A défaut
de ce type de majorité, il est procédé à un second tour entre les candidats arrivés
en tête soit en fonction de leur rang ou du pourcentage de voix qu’ils ont
recueilli (ballottage).

b – Le scrutin proportionnel
C’est une technique qui consiste à répartir des sièges en compétition entre
les différentes listes en présence au prorata des voix que chacune d’elles a
recueillies dans le cadre de cette compétition. D’un point de vue historique, ce
mode de scrutin serait né en Belgique, à la fin du 19 ème siècle (créé par Hondt).
C’est un mode de scrutin qui est loin d’être simple. Il pose en effet, de
nombreux problèmes dont deux sont d’une grande acuité. Il s’agit
respectivement de la détermination du chiffre où nombre de référence c’est-à-
dire un nombre uniforme et identique qui permet d’envisager où d’accepter
l’élection de tout candidat (c’est le quotient électoral) et d’autre part la
répartition des restes de voix après la première opération de distribution. Le
quotient électoral c’est le nombre de voix qui donne droit à un siège. Autant de
fois ce chiffre est contenu dans le total de voix recueillies par une liste autant de
73

candidats élus obtient cette liste. On recense trois variétés de quotient électoral :
quotients uniforme, local et national.

Le quotient est dit uniforme ou fixe lorsqu’il désigne la quantité de voix


pré-déterminées au plan national et qui serait nécessaire pour avoir droit à un
siège. On parle par ailleurs de quotient local lorsqu’on divise le nombre total de
suffrages exprimés par le nombre de sièges à pourvoir au plan local. Enfin le
quotient est dit national lorsqu’on vise le quotient qui est obtenu en divisant le
total des suffrages valablement exprimés au plan national, par le nombre de
sièges à pourvoir. Ce quotient dit national est réputé plus conforme à l’esprit de
justice qui fonde le système de la représentation proportionnelle. Mais le choix
du quotient national ne remplit réellement cette fonction que dans le cadre de la
représentation proportionnelle intégrale. Celle-ci est un système de répartition
dans lequel, les restes sont distribués sur la base d’un nouveau quotient
déterminé après division du nombre de voix non utilisés au plan national par le
nombre de sièges restants. Mais, il s’agit d’un procédé qui est rarement utilisé.

Le plus courant, c’est la représentation proportionnelle approchée qui


postule la mise en œuvre de trois techniques principales de répartition des restes.
Ce sont les techniques de la répartition au plus fort reste, à la plus forte
moyenne. Selon la méthode du plus fort reste, elle consiste à attribuer les sièges
restants aux listes ayant le plus grand nombre de suffrages utilisés. Cette
technique de répartition est réputée favorable aux petits partis.

S’agissant de la technique de répartition à la plus forte moyenne, elle est


réalisée comme son nom l’indique sur la base de la plus forte moyenne. Celle-ci
est le résultat du rapport entre un nouveau chiffre répartiteur et le nombre de
suffrages obtenus par chaque liste. Le nouveau chiffre répartiteur correspond au
74

nombre de sièges recueillis par chaque liste après la première répartition, plus un
siège fictif.

Par ce procédé, on attribue à la distribution des sièges restants, un par un,


jusqu’à épuisement. Ce système de répartition est réputé plus favorable aux
grands partis.
Il y a ensuite la technique d’Hondt qui permet de déterminer, grâce à une
seule opération, le nombre de sièges auxquels chaque liste aurait droit en
divisant ces suffrages obtenus par chaque liste par 1,2,3,4 ou plus selon le
nombre de siéges en compétition. Les résultats ainsi obtenus sont rangés par
ordre décroissant jusqu’à concurrence du nombre de sièges à pourvoir. C’est le
dernier suffrage que constitue le chiffre de répartiteur ou le quotient (système-
belge). Il existe d’autres techniques qui permettent de répartir par ailleurs les
sièges restants mais elles sont moins utilisées parce que plus compliquées. A
côté des scrutins majoritaire et proportionnel il y a le système mixte.

c – Le système mixte
C’est l’ensemble des systèmes électoraux fondés sur le combinaison du
système majoritaire avec le système proportionnel. La finalité des systèmes
mixtes c’est la maximisation des avantages que comportent le scrutin
proportionnel et le scrutin majoritaire. L’exemple type des systèmes mixtes,
c’est la technique de vote qui est en vigueur en République Fédérale
d’Allemagne de laquelle nous nous sommes inspiré. En Allemagne, l’électeur
dispose de deux voix, la première sert à désigner la moitié des députés du
Bundestag au suffrage uninominal majoritaire dans le cadre des Landers., l’autre
permet d’élire la moitié de ces députés à la représentation proportionnelle sur
une liste nationale présentée par chaque parti politique. Au Sénégal, c’est la
même logique qui prévaut sauf que l’électeur ne dispose ici que d’une voix.
Mais la grande question qu’on n’arrête pas de se poser dans les grandes
75

démocraties, c’est de savoir : qu’est-ce qui fonde le choix d’un mode de scrutin
donné ?

2 – Répercussion des modes de scrutin sur le système politique


Chaque mode de scrutin comporte des avantages et des inconvénients
perceptibles à certains niveaux dont celui du nombre de partis existants et celui
du système politique lui-même. D’impressionnants travaux de recherche ont été
consacrés à la question mais c’est surtout l’étude de Maurice Duverger au début
des années 50 sur : « l’influence des systèmes électoraux sur la vie politique »
qui retient l’attention. Il a dégagé ce que d’autres auteurs appelleront par la suite
les lois sociologiques de Maurice Duverger. Celui-ci relativisera cette
appellation. Ces lois sociologiques sont au nombre de trois. La première suggère
que l’adoption du scrutin majoritaire uninominal à un tour conduit
« nécessairement » à un système bipartisan (Système politique au sein duquel ce
sont deux grandes formations qui se partagent le pouvoir en s’y succédant
comme en Grande-Bretagne ou aux USA par exemple).

Ce mode de scrutin est généralement caractérisé par ce que l’on appelle le


vote utile des électeurs (l’électeur pense qu’il n’est pas utile de donner sa seule
voix à un parti qui a peu de chance d’accéder au pouvoir). Ce mode de scrutin
comporte des avantages à savoir la clarté et la simplicité qui sont les gages d’une
stabilité gouvernementale et qui ouvrent la possibilité à l’alternance. Cependant
ces avantages sont contrebalancés par l’injustice et l’inéquité notamment à
l’égard des petits partis qui sont de fait privés de représentation parlementaire.
La deuxième loi de Duverger enseigne que le système majoritaire à deux tours
favoriserait contrairement au premier, un multipartisme modéré en ce qui qu’il
permet au premier group de se compter au premier tour c’est-à-dire de voter par
leur sensibilité politique réelle avant de voter utile au second tour. D’où une
chance pour les petits partis de subsister grâce à la logique des alliances qu’ils
76

pourraient essentiellement nouer au second tour. Exemple : la France, sous la


Vème République, lors des scrutins législatifs, système électoral sénégalais. Les
avantages attendus ici c’est qu’il y aura une stabilité gouvernementale du fait
d’une bipolarisation de la vie politique (Exemple : la gauche et la droite). Mais
ces avantages sont contrebalancés par des inconvénients qui tiennent aux
tractations (alliances) politiques et qui conduisent à des alliances contre nature
du point de vue idéologique.

La 3ème loi c’est celle qui dit que l’instauration de la représentation


proportionnelle permettrait de déboucher sur le multipartisme. L’explication ici
c’est que dans la mesure où les électeurs seraient assurés de voir effectivement
leurs suffrages au décompte final du nombre de siège devant revenir à leur liste
préférée, ils donneraient libre cours à leurs préférences idéologiques ou
partisanes. Le principal avantage est le renforcement de la présence des partis
notamment au sein du Parlement. Les inconvénients résident en ce que ce mode
de scrutin entraîne le dispersion de l’électorat et par voie de conséquence
l’éclatement de la représentation parlementaire, d’où le risque d’instabilité
politique c’est-à-dire des situations où les partis politiques exercent une emprise
sur le système, ce qui se traduit par des tractations politiciennes permanentes.
Exemple : 3ème ou 4ème République en France.

Mais il y a lieu de nuancer ces enseignements de Duverger en ce que tout


d’une part, les conséquences du choix d’un mode de scrutin ne sont jamais
uniformes ou linéaires, et que d’autre la tendance dans les faits est au
rééquilibrage entre les effets induits des principaux modes de scrutin par le
succès grandissant des scrutins ou systèmes mixtes. Cependant la dévolution du
pouvoir ne se fait pas toujours de manière pacifique.
77

Parag.2 – Les modes de transmission violente du pouvoir : les


révolutions et les coups d’Etat

a – les révolutions
La révolution comme mode d’accession au pouvoir est aujourd’hui une
forme surrannée, dépassée, bien que certains dirigeants continuent à qualifier
leur coup de force de révolutionnaire. C’est pourquoi nous n’étudierons cette
modalité que de façon rapide.

La révolution signifie le renversement par la violence de l’ordre politique


établi et son remplacement par un nouvel ordre (révolutions 1789 ou de 1917).
Ce renversement a des causes et des conséquences.

1 – Les causes explicatifs des révolutions


Elles sont généralement de trois ordres : politique, économique et parfois
culturel. En effet, les révolutions politiques sont souvent fondées sur une
revendication de la liberté politique. Les causes économiques évoquent
généralement la paupérisation des populations rurales, la famine ou de façon
générale l’état de récession économique dont serait victime l’Etat de façon
générale. Les causes sont enfin culturelles, lorsque la révolution a pour objet de
mettre fin à un phénomène d’acculturation qui frapperait les populations. Ces
causes donnent lieu à un certain nombre de conséquences.

2 – Les conséquences des révolutions


Elles peuvent être résumées à l’établissement d’un ordre politique
nouveau. Dans cet établissement, il y a en fait deux choses : l’action de table
rase que l’on fait en détruisant tout ce qui était là et qui symbolisait l’ordre
ancien (les organes et les textes) et la mise en place de nouvelles institutions
78

(organes et textes). Il s’agit donc véritablement de l’avènement d’un nouveau


pouvoir politique qui s’entend de nouvelles classes politiques, d’un nouveau
pouvoir local et de nouvelles mentalités. Mais le phénomène le plus courant et le
plus fréquent aujourd’hui notamment en Afrique, ce sont les coups d’Etat
militaires.

b – Les coups d’Etat


D’un point de vue sémantique on serait tenté d’en faire la distinction entre
les coups d’Etat civils et coup d’Etat militaire. Celui-ci est un renversement par
la violence du pouvoir civil et son remplacement par l’autorité militaire. Les
coups d’Etat ont des causes et des conséquences.

1 – Les causes exploratives des coups d’Etat


On en recense deux : causes économiques ou politiques.
S’agissant des causes économiques, on peut évoquer des situations de
marasme économique pouvant donner lieu au déclenchement des révolutions
militaires. Le marasme économique c’est le décalage que l’on note souvent entre
la faiblesse des performances économiques de l’Etat et à la fois l’urgence et
l’ampleur des besoins économiques en matière de nourriture par exemple. Dans
ces causes économiques, les auteurs de ces coups d’Etat s’élisent en justiciers
venant sanctionner la faillite des élites politiques. A côté des causes
économiques, il y a les causes politiques. Ce sont des revendications à titre
libertaire dans la mesure où les interventions sont motivées par la volonté de
libérer le peuple de l’oppression politique. En certaines occasions, les militaires
interviennent en assumant une fonction arbitrale pour éviter, soutiennent-ils, le
chaos politique ou pour rompre l’immobilisme politique comme ce fut le cas au
Niger avec le Colonel Baré Maynassara (janvier 1996). Mais derrière ces
revendications, il y a en réalité le dessein inavoué de prendre la place des civils.
79

Evidemment, l’entrée en scène politique des militaires donne lieu à des


conséquences d’ordre institutionnel et politique.

2 – Les conséquences des coups d’Etat


Elles sont surtout institutionnelles dans la mesure où elles se traduisent
par la mise en place de mécanismes et procédés permettant le plus souvent aux
nouveaux venus d’asseoir et de consolider leur place. On voit ici un scénario se
dérouler en trois phases : la première c’est la table rase des organes politiques et
des textes. La deuxième correspond la mise en place des institutions provisoires
de substitution. La troisième phase c’est l’adoption d’actes fondateurs des
nouveaux régimes politiques qui suivent l’arrivée au pouvoir des militaires
(c’est l’avènement de nouvelles constitutions). Cette adoption s’accompagne le
plus souvent de la création de nouveaux partis politique et de l’organisation de
nouvelles élections. On peut donc dire de façon générale que cette dernière
phase de normalisation politique n’est qu’un leurre, une simple façade
démocratique dans la mesure où ce sont en général des régimes monocratiques
qui sont souvent incapables de densifier à la fois leur assise et leur pratique
politique. Il y a donc ici un risque d’instabilité politique c’est-à-dire une
situation dans laquelle l’exercice du pouvoir politique normal est affecté tant
dans ses assises que dans ses formes classiques de manifestation populaire.

CHAPITRE III – L’EXERCICE DU POUVOIR DE L’ETAT :


FONDEMENT JURIDIQUE ET MANIFESTATIONS
POLITIQUES

Le pouvoir de l’Etat signifie la faculté ou la prérogative qui serait


conférée par le souverain (peuple) à l’Etat pour gérer les affaires de la société.
Cette prérogative est assurée par des organes publiques dont les tâches qui leur
80

sont imparties font l’objet d’une répartition suivant un certain nombre de


principes ou de règles à caractères soit politique ou juridique, soit les deux à la
fois. Ces textes qui fondent le pouvoir sont contenus dans la constitution qui
servirait ainsi de référence à ce même pouvoir dans ses différentes formes de
manifestation. Il y a lieu de s’intéresser donc tout d’abord à la Constitution.

SECTION I – LE FONDEMENT JURIDIQUE DU POUVOIR : LA


CONSTITUTION

Parag.1 – La notion de constitution


Pour bien mesurer l’importance de la Constitution dans l’Etat, il faut se
reporter à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui est une œuvre
majeure que les révolutionnaires français ont voulu dédier à l’humanité tout
entière notamment en son article 16 qui dispose que l’objet de la Constitution est
d’assurer la garantie des droits des citoyens dans l’Etat en assignant des limites
au pouvoir de cet Etat par une certaine disposition des organes ou pouvoirs
publiques. Au regard de ces dispositions, ce qui est énoncé c’est plus qu’un
principe ou une philosophie politique, c’est véritablement un mode d’existence
de l’Etat moderne sur droit. C’est à ce propos que les auteurs ont pu établir un
lien entre les notions de constitution, de contitutionnalisme et d’Etat de droit.

S’agissant du constitutionnalisme, c’est une notion qui serait née dans la


Grèce antique et qui se rapportait alors au corps des lois anciennes qui servaient
de fondement à l’action de l’Etat et qui ne pouvaient de ce fait être modifiés par
les lois ordinaires.

Quant à l’Etat de droit, c’est la philosophie politique selon laquelle l’Etat


serait fondé sur le respect des règles de droit articulées selon le principe
hiérarchique sur la base duquel il y aurait une pyramide dont le sommet serait la
81

constitution. Pour ce qui est enfin de dernière, d’un point de vue historique, elle
désignait l’ensemble des règles fondamentales dont l’objet était de limiter les
prérogatives du pouvoir royal. Cette différence de contexte va donner lieu à
différentes formes de constitution que l’on peut en fonction des contextes et des
réalités, opposer entre elles.

a – Les constitutions matérielles et les constitutions formelles


Au sens matériel, la constitution s’entend du contenu des règles qui ont à
la fois pour objet l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publiques, les
normes qui leur sont applicables notamment dans leurs rapports avec les
particuliers. C’est une définition large de la constitution matérielle dans la
mesure où les règles dont il est question peuvent être écrites ou non, contenues
dans un texte unique ou éparpillées dans plusieurs textes.

Au sens formel, la constitution c’est l’ensemble des règles qui obéissent


pour leur adoption et leur révision à une procédure spécifique.

b – Les constitutions souples et les constitutions rigides


Les constitutions souples sont les constitutions dont les règles n’obéissent
pour leur adoption ou modification à aucune procédure particulière différente de
celle-ci, exemple : les Constitutions de la Grande-Bretagne, de l’Israël, de la
Chine (Constitution de 1782). Les constitutions rigides désignent celles qui
aménagent une procédure spécifique, solennelle pour l’adoption et la
modification des règles qu’elles contiennent (art. 89 de la constitution française
et article 103 de la Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001.

c – Les constitutions écrites et les constitutions coutumières


A prime à bord, la notion de constitution renvoie toujours aux règles
fondamentales qui régissent dans l’Etat, l’organisation et le fonctionnement des
82

pouvoirs publiques et qui se trouvent consignés par ailleurs dans un document


solennel et unique : c’est la constitution écrite. Or toutes les Constitutions ne
sont pas écrites. En effet dans certains pays comme la Grande-Bretagne, les
règles essentielles d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics ne
sont écrites nulles part. Elles font simplement l’objet d’une convention entre les
acteurs du pouvoir politique. Mais il y a lieu de préciser pour ce pays que les
conventions dont il s’agit sont des conventions vieilles de plusieurs siècles. Par
ailleurs, toutes les constitutions ne sont pas qu’écrites car même dans les pays à
constitution écrite, des règles constitutionnelles importantes peuvent naître
parfois de façon coutumière. Ici, le plus souvent, la coutume vient se greffer sur
la règle écrite. Tout comme on peut noter dans les pays à constitution
coutumière, la subsistance de règles constitutionnelles écrites à côté d’une
majorité de règles coutumières. La place de la coutume dans la constitution revêt
une grande importance pour les auteurs au point de susciter parfois de larges
débats doctrinaux. Mais ce débat est lui-même induit par la mise en parallèle des
avantages et inconvénients des modèles écrits ou coutumiers de constitution.

Parag.2 – L’établissement et la révision des constitutions


Au moment de la création ou de la refondation de l’Etat, on procède à
l’élaboration d’une constitution. Il s’agit d’un acte inédit qui est l’œuvre du
pouvoir constituant originaire (le PCO). Mais une fois qu’on juge nécessaire de
changer les règles d’organisation ou de fonctionnement de l’Etat au cours de son
Existence, on fait alors appel à un pouvoir constituant dérivé (le PCo).

a – L’élaboration des constitutions


Elaborer ou établir une constitution c’est mettre en place à la fois des
institutions et les règles fondamentales devant régir la vie du groupe. C’est
l’œuvre du PCO qui se situe soit avant ou après les révolutions ou coups d’Etat.
Cette œuvre du PCO peut prendre diverses formes notamment selon trois
83

modalités : l’octroi des constitutions (chartes royales), élaboration de la nouvelle


constitution par un individu ou un groupe d’individus, l’élaboration par une
assemblée ad-hoc avec ou sans référendum.

- L’octroi des constitutions.


Ce système consiste de le part du monarque à élaborer lui-même une
constitution pour l’octroyer à ses sujets. Il s’agit ici d’une modalité autoritaire
d’élaboration de la constitution dans la mesure où la celle-ci est le fait d’un
homme qui l’impose par la suite aux citoyens, mais cet homme n’est rien d’autre
que le dirigeant que la providence a donné à un groupe. L’exemple type se
trouve dans la charte de 1814 que le Roi français Louis XVIII a octroyé à ses
sujets au moment où il a fallu restaurer la monarchie après la révolution de
1789.

- L’élaboration de la constitution par un individu ou à un groupe


d’individus
Il s’agit d’un processus en deux étapes : la première c’est l’élaboration de
la constitution par les gouvernants (l’exécutif : on peut confier au ministère de la
Justice le soin de mettre en place une nouvelle constitution). La deuxième étape
verra l’approbation de ce projet par le peuple lui-même par voie référendaire. Il
s’agit certes ici d’une modalité démocratique mais qui peut renfermer une
dimension plébiscitaire assez dangereuse pour le système démocratique lui-
même.

En effet, ce risque de manipulation apparaît nettement dans la mesure où


la rédaction de la constitution s’est faite en dehors du peuple alors que pour son
adoption, son association étroite avec son promoteur conduit à plébisciter
beaucoup plus celui-ci qu’a notifier le texte en tant que tel. Exemple :
84

Ratification de la constitution sénégalaise de janvier 2001 et celle napoléonienne


de l’an 8.

- L’élaboration de la constitution par une Assemblée Ad-hoc avec ou


sans référendum final

Cette modalité comprend deux variantes. La première correspond à la


désignation d’une Assemblée spécialement chargée d’élaborer la constitution.
Exemple : les conventions américaines dont il est fait état dans la constitution de
1789. La deuxième variante est celle qui débouche sur la mise sur pied d’une
Assemblée chargée d’élaborer un texte qui sera ensuite soumise au référendum.
Exemple : constitution de la IVème République française (celle d’octobre 1946).

b - La révision des constitutions


Les constitutions sont certes faites pour durer mais elles n’en doivent pas
moins faire l’objet de révision, autrement dit il y a nécessité de réviser
périodiquement la constitution pour adapter le droit aux faits sociaux. Toutefois
le problème se pose de savoir quel type d’organe mettre en place pour procéder
à cette opération et aussi quelles sont les limites qu’on devrait lui poser ? Les
réponses à ces questions tiennent lieu de préalable dans l’étude de la révision
des conditions. Le premier préalable est relatif au principe de la modification :
cette constitution est-elle révisable ou modifiable ? La question mérite d’être
posée dans la mesure où on peut être confronté à une situation dans laquelle une
constitution interdit la modification de façon générale ou la modification de
certaines de ses dispositions. Tout comme il est possible par ailleurs qu’il n’y ait
aucune indication sur le caractère modificatif ou non d’une constitution ou de
certaines de ses dispositions. Dans ce cas là que faut-il faire ? Doit-on s’interdire
de modifier cette constitution ou non ? Dans ce cas précis on va être confronté à
un blocage qui pourrait se régler par la violence comme ce fut le cas lorsque
Napoléon Bonaparte organisa le coup d’Etat du 18 Brumaire An 8 pour faire
85

tomber le pouvoir. Autrement dit si aucune disposition n’est prévue par la


révision du texte fondamental, le peuple ou ses représentants pourraient y
pourvoir. Mais cette thèse de non-révision des constitutions a rarement prévalu
dans les faits. Aujourd’hui, la révision est largement prévue et mise en œuvre
par un organe spécifique et selon une ou des procédures (s) préalablement
indiquée (s). Mais il y a aussi un certain nombre de limitations qui sont
apportées à l’action de ce P.C.D.. Elles sont de nature diverse et peuvent tenir au
temps comme à l’objet de la révision. Mais à part ces limitations, la révision est
largement consacrée par un certain nombre de voies ou procédures. A ce propos,
on parle de procédure de révision. Celle-ci comprend deux grandes phases :
l’initiative et l’approbation ou la modification. S’agissant de la phase de
l’initiative, elle fait l’objet d’une détermination de celles parmi les autorités
publiques et politiques qui doivent prendre la décision d’initier la procédure de
révision. S’agissant de l’approbation, elle fait intervenir le souverain, le
détenteur de la prérogative finale dans le groupe, c’est-à-dire le peuple mais
entre la décision de réviser et la révision définitive, peuvent s’intercaler d’autres
actes. C’est l’association de ces différentes phases qui fonde la procédure de
révision proprement dite. Mais cette procédure doit obéir à deux paramètres : le
premier est de devoir éviter une grande complication de cette procédure de
modification. Le deuxième est de se garder d’une trop grande facilité dans la
mise en œuvre de cette procédure de révision. En d’autres termes, la procédure
de révision doit être fondée sur un juste milieu qui va assurer la pérennité de la
constitution. Cela étant la procédure de révision comporte trois modalités
principales. Mais dans la détermination de ces trois modalités : il n’y a pas
nécessité de faire distinction entre la phase de la discussion sur la révision et
l’approbation de ce texte à proprement parler. La première modification
consisterait à faire appel au parlement avec ou sans formation spécifique et avec
ou sans procédure de révision spéciale. La deuxième modalité tient à la mise sur
pied d’une association spécialement désignée à cet effet (Ad hoc) comme cela
86

peut être le cas dans la système américain. La troisième modalité est


l’intervention du peuple par voie référendaire. S’agissant du Sénégal, on peut
dire qu’il y a une combinaison dans les 1 ère et 3ème modalités dans le cadre de
l’article 103. Pour conclure cette interrogation sur l’élaboration et la révision des
constitutions, on peut dire qu’elles constituent des moments essentiels où le
peuple se réapproprie sa prérogative de souverain dans le cadre des systèmes de
gouvernement représentatif. Autrement dit, aujourd’hui, on a des systèmes de
gouvernement dans lesquels le pouvoir qui est exercé par les gouvernants n’est
que délégué. Mais il l’est dans un but précis qui est d’atteindre les objectifs qui
sont définis par le peuple lui-même. Reste maintenant à connaître les modalités
d’organisation concrètes du pouvoir politique ou des gouvernants de façon
générale, pour y arriver. La réponse à cette question se trouve dans les
manifestations politiques du pouvoir.

SECTION II – LES MANIFESTATIONS POLITIQUES DU


POUVOIR
Le pouvoir politique n’existe donc que par et pour le peuple. Il découle de
cette considération générale une nécessité ou un devoir d’organisation
conséquente et à la mise en œuvre efficiente de ce pouvoir. L’organisation du
pouvoir politique va se rapporter à la répartition des tâches de l’Etat en termes
de fonction alors que la mise en œuvre efficiente de ce pouvoir va être possible
grâce à l’appui d’un certain nombre de forces organisées.

Parag. 1 – Les fonctions de l’Etat


Il est classique depuis Montesquieu de distinguer trois catégories de
fonctions dans l’Etat : la fonction législative, la fonction exécutive et la fonction
juridictionnelle.

a - La fonction législative
87

Elle a trait à la conception et à la mise en forme des décisions générales


qui intéressent le devenir du groupe. S’agissant de leurs modalités de réalisation,
ces décisions générales et abstraites font l’objet d’actes-règles par lesquels
l’organe formule une disposition normative propre à modifier le droit objectif.
C’est grâce à cette fonction législative que l’on crée les lois. Comme nous
l’avons vu précédemment la loi peut être définie suivant deux conceptions :
organico-formelle et matérielle. Par ailleurs on rencontre différents types de lois.

b - La fonction exécutive
Cette fonction se confond avec la fonction administrative qui est assurée
par le gouvernement et qui se matérialise dans la mise en œuvre de la règle
générale et abstraite. Elle consiste dans l’exercice d’un certain nombre
d’attributions générales tenant à la mise en œuvre de la force armée et à la mise
en œuvre du pouvoir réglementaire, de même que dans la gestion et le contrôle
de l’appareil administratif. Toutefois, dans la cadre de son exercice, la fonction
pose le problème classique de l’autonomie du gouvernement par rapport au
parlement. Ce problème est résolu de façon tout aussi classique par le recours à
la classification des régimes politiques. C’est ainsi que le régime parlementaire
postule une relation de dépendance entre les deux alors que le régime
présidentiel est censé être fondé sur un rapport d’indépendance entre les deux.
Mais en la matière il y a lieu de distinguer entre la théorie et la réalité.

c - La fonction juridictionnelle
Outre la question liée à sa définition, cette fonction pose essentiellement
le problème de ses rapports avec la fonction exécutive. S’agissant de la
définition, on peut dire que la fonction juridictionnelle est le fait d’un certain
nombre d’organes de l’Etat qualifiés de judiciaires, de trancher les litiges qui
surviennent entre les personnes dans le groupe. Cette action d’arbitrage revêt
une importance capitale dans la mesure où elle conditionne la présentation de la
88

liberté politique dans le groupe d’où la question fondamentale de savoir


comment organiser l’exercice de cette fonction de façon à garantir à son organe
la neutralité nécessaire ? La réponse à cette question a été formulée suivant deux
niveaux. A un premier niveau il s’est agi de consacrer par la constitution ou par
la loi l’existence du pouvoir ou de l’autorité qui en aurait la charge et à un
deuxième niveau, il a fallu garantir à cette autorité ou aux organes bénéficiaires,
un statut. Une fois les fonctions de l’Etat précisées, il importe d’étudier les
forces politiques en présence.

Parag. 2 – Les forces politiques


Ce sont respectivement les partis politiques et les groupes de pression et il
n’est pas sans intérêt de préciser leurs contenus pour éviter les confusions.

a - Les partis politiques


Il y a lieu de voir la définition, les modes de structuration et
éventuellement leurs origines. S’agissant de la définition, on s’accorde
aujourd’hui largement dans la doctrine pour identifier le ou les partis politiques
sur la base de quatre critères qui ont été dégagés par des auteurs américains du
nom de Lapalombara et Wiener : le critère de l’organisation durable, de la
structuration nationale comme locale, la volonté de prendre le pouvoir et le
soutien populaire par le canal des élections notamment.

S’agissant de leurs modes de structuration, on évoque gratuitement la


démarche classique qui fut proposée au début des années « 50 ». Maurice
Duverger tendant à distinguer entre les partis de masse et les partis de cadre. Les
premiers se caractérisent par la centralisation des organes et du mode de
fonctionnement alors que les seconds seraient articulés autour d’une
organisation très souple ou très large. Mais cette approche est très fortement
remise en cause dans les faits. En effet, aujourd’hui, le constat est que tous les
89

partis politiques sont organisés de façon rationalisés avec une liaison certaine
entre la base et le sommet. Concernant enfin l’origine des partis politiques, on
peut là aussi se rapporter au premiers résultats des recherches de Duverger
consistant à distinguer entre les partis d’origine parlementaire (Angleterre) et
ceux d’origine extraparlementaire. Les partis d’origine étant ceux nés en
Angleterre à la suite de l’extension du suffrage universel et de la mise sur pied
des premiers comités électoraux devant constituer les intermédiaires entre les
élus et leurs électeurs. Les partis d’origine extra parlementaire sont ceux qui
sont nés en dehors de cette relation avec le Parlement.

Les fonctions des partis politiques


Il y a lieu de distinguer les fonctions classiques des fonctions dites
modernes. S’agissant des premières, elles sont au nombre de trois : la fonction
de formation de l’opinion, la fonction de sélection de candidats que devrait
opérer le parti politique et enfin la fonction d’encadrement des élus que doivent
remplir tous les partis politiques. Ces trois fonctions correspondent aux tâches
qui sont imparties aux partis politiques. S’agissant des fonctions modernes, on
peut les résumer en deux tendances : celle d’intégration politique et sociale que
remplissent les partis politiques de façon générale et celle de redistribution
sociale (le rôle du parti politique est de procurer des avantages à ses militants et
de promouvoir une meilleure répartition sociale des biens de la communauté).

Certes les groupes de pressions sont moins bien connus que les partis
politiques mais sont tout aussi présents dans la vie politique nationale.

b - Les groupes de pression


1 – La notion de groupe de pression
Cette notion revêt une caractéristique majeure qui est son élasticité. Celle-
ci n’exclue pas cependant toute tentative de définition. En effet, on peut voir
90

dans le groupe de pression une structure composée d’individus ayant en


commun certains intérêts qu’ils entendent faire prévaloir à la fois par des
relations suivies et une action de pression sur les autorités habilitées à prendre
des décisions à leur égard. Mais il existe différents types de groupes de pression.

2 - La typologie des groupes de pression


Pour avoir une idée de ces types de groupes de pression, on peut envisager
les différentes façons grâce auxquelles on peut les distinguer. La première pour
ce faire c’est de s’intéresser tout d’abord à la nature des intérêts qu’ils défendent
(matériels, idéologiques ou spirituels). La deuxième ce serait en fonction du
nombre et de la position sociale détenue par les membres du groupe de pression
(groupe de pression de masses et groupe de pression de cadres). Une troisième
variété est de s’intéresser à la nature des activités qui sont entreprises par le
groupe de pression et qui peuvent être publiques ou privées. La quatrième façon
consiste à s’intéresser aux stratégies qu’ils déploient ou aux types d’action de
pression qu’ils mettent en œuvre. Une cinquième et dernière possibilité est
d’investir les types de rapports qu’ils développent avec les pouvoirs publics,
c’est-à-dire en fonction de l’audience qu’ils ont avec les pouvoirs officiels
(groupes de pressions consultés et groupe de pressions ignorés).
91
92

T I T R E II 
LES PRINCIPES DIRECTEURS
DU DROIT CONSTITUTIONNEL

Pour les révolutionnaires de 1789, le but de toute association politique,


c’est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme (cf :
article 2 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen).
Cette idée fait écho à la position des pionniers américains qui déclaraient dans
leur constitution que l’association politique n’a de sens que par rapport à la
conservation de ces droits naturels de l’homme or celle-ci n’est possible que s’il
existe une constitution susceptible de pouvoir garantir, par une procédure
adéquate de contrôle les actes des gouvernants et assurer l’équilibre des
pouvoirs par une séparation effective. Ce sont là les deux piliers fondamentaux
des systèmes démocratiques modernes.

CHAPITRE I – LE PRINCIPE DE LA CONSTITUTIONNALITE DES


NORMES DANS L’ETAT

Le principe réside dans l’idée toute simple qu’il existe une Constitution
qui sert de référence à toutes les règles juridiques dans l’Etat. Cela signifie
précisément que la validité de ces règles se mesure à leur conformité à la
Constitution. Pourtant, cette idée à la fois simple et logique a eu beaucoup de
mal à s’imposer dans la majorité des Etats modernes. En effet, son acceptation a
été graduelle. C’est aux Etats-Unis que pour la première fois l’idée a été admise
comme principe de fonctionnement de l’Etat à l’occasion de la décision rendue
par un Juge nommé Marshall en 1803 dans une affaire qui opposait un ancien
Président des USA à un fonctionnaire (Madison contre Marbury). On en viendra
à cette position beaucoup plus tard s’agissant de l’Europe, précisément au
lendemain de la deuxième guerre mondiale. Mais pour cela il a fallu refuter
l’argument majeur selon lequel, censurer la loi équivalait à remettre en cause la
décision du peuple. Il s’y ajoute que pendant longtemps, on a entretenu au sein
du Parlement une méfiance certaine à l’égard des Juges qui, en tant qu’un
symbole d’une institution indépendante, étaient les seuls à pouvoir assurer ce
contrôle de la régularité des lois à l’égard de la constitution. La question qui se
pose dès lors est de savoir jusqu’à quel point on reste attaché à ce principe et par
ailleurs selon quelles modalités devrait-on le mettre en œuvre ?

SECTION I – LA SIGNIFICATION DU PRINCIPE DE LA


CONSTITUTIONNALITE DES LOIS
93

Assurer ou garantir le principe de la constitutionnalité des lois dans l’Etat,


c’est appliquer le système du contrôle effectif de la conformité des lois au texte
de la constitution suivant un certain nombre de principes généraux consacrés
aujourd’hui par les Etats démocratiques.

Parag.1 – Les principes généraux du contrôle de constitutionnalité


L’exercice de ce contrôle fait l’objet d’un certain nombre de règles qui se
rapportent à la fois aux organes et aux sources du contrôle.

a – Les organes du contrôle de constitutionnalité


On répertorie deux types d’organes qui revêtent soit la nature politique
soit la nature juridictionnelle. Dans le premier, on parle d’organe politique et
dans le second cas d’organe juridictionnel.

1 - Contrôle assuré par un organe politique


Rares sont aujourd’hui les démocraties où les Etats qui consacrent ce type
de contrôle. Il est symbolisé par un certain nombre de cas ou d’exemples
relevant plutôt du passé. En effet, le cas le plus récent est celui de la Chine
Populaire dont la constitution de 1982 consacre le type de contrôle politique.
Les autres exemples que l’on peut citer, en remontant le passé, sont
respectivement celui de l’ex-URSS où c’est le Présidium du Soviét Suprême qui
assurait le contrôle de constitutionnalité des lois et celui de la France où, sous
l’influence des idées de l’Abbé Sièyés le constituant mit pour la première fois en
place un type de contrôle des lois mais de nature politique parce qu’assuré par
un Sénat conservateur auquel il revenait de sanctionner les lois
inconstitutionnelles. Ce précédent va inspirer par la suite le constituant du
second empire qui confia la même tâche au Sénat. Mais cette fonction ne fut
jamais réellement exercée par ces organes parce qu’on était en présence d’une
institution qui était à la fois juge et parti. Aussi, ce type de contrôle était d’une
efficacité douteuse compte tenu du fait par ailleurs que non seulement
l’indépendance des membres n’était pas garantie mais aussi et surtout qu’il y
avait une confusion entre le contrôle de légalité et celui de l’opportunité. Ce type
de contrôle conduit donc à une sorte de néant juridique en la matière ou à tout le
moins à des solutions inefficaces. En ce qui concerne la France, c’est cette
situation qui va durer jusqu’au début de la IV ème République, moment à partir
duquel, on va adopter la solution ou formule juridictionnelle.

2 – Le contrôle assuré par un organe juridictionnel


Ce contrôle postule deux possibilités. La première consiste à confier ce
contrôle de la régularité des lois au Juge ordinaire alors que pour la deuxième
possibilité, la préférence irait vers un organe spécial. Dans le premier cas (le
contrôle est assuré par un Juge ordinaire), on est en présence du prototype ou de
94

logique américaine de contrôle de la constitutionnalité des lois. C’est un système


dans lequel les justiciables peuvent se référer au Juge de droit commun en cas de
doute sur la constitutionnalité d’une loi. S’il est saisi, le Juge ordinaire peut soit
trancher lui-même soit faire remonter le problème au Tribunal qui est situé au-
dessus dans la hiérarchie. Dans le cadre de la seconde possibilité, on se retrouve
avec la logique du modèle européen qui reste caractérisée par la mise en place
d’un tribunal spécial appelé Cour Constitutionnelle ou Conseil constitutionnel
chargé d’assurer ce contrôle. Exemples : France, Autriche, République Fédérale
d’Allemagne. Il revient à ces tribunaux le soin de contrôler la conformité des
lois à la constitution et de procéder, le cas échéant, à l’annulation de celles qui
se révéleraient inconstitutionnelles. Dans ce cas précis, le déclenchement de la
procédure de contrôle peut être confié soit aux organes politiques soit aux
organes juridictionnels soit aux deux à la fois. C’est cette logique de
combinaison de plusieurs organes de saisine qui a été adoptée par le Sénégal.
Mais, la question que l’on se pose est de savoir sur la base de quelles normes le
juge va apprécier l’ampleur de la violation.

b – Les sources du contrôle


Par source du contrôle de constitutionnalité des lois, il faut comprendre
toutes les règles juridiques qui vont servir de fondement à ce type de contrôle :
bloc de constitutionnalité. Dans ce bloc, on trouve généralement trois, quatre à
cinq types de règles ou d’actes selon les systèmes juridiques et les Etats.
S’agissant de la France, par exemple, on parlerait de quatre, le doute existerait
sur le cinquième, au Sénégal on en était à quatre mais maintenant on est à trois.
Le premier acte qu’on trouve c’est le texte de la constitution lui-même. Ce texte
comprend toutes les dispositions qui sont contenues dans les articles de la
constitution. Autrement dit, la loi doit se conformer à la constitution tant dans sa
forme que dans son fond. Le deuxième type de règles est celles qui sont
contenues dans le préambule de la constitution, c’est ce qu’il y a avant les
articles, c’est-à-dire l’ensemble des dispositions qui revêtent un caractère
juridique selon certains auteurs et qui sont placés au début des textes
constitutionnels et expriment l’adhésion d’un groupement politique à une
philosophie donnée ou à un mode de vie déterminé. Ce type de règles est apparu
très récemment c’est-à-dire au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Mais
il pose un problème particulier : celui de savoir si le contenu du préambule
revêtait réellement ou non une valeur contraignante c’est-à-dire est-ce que c’est
du droit ou non ? Depuis la décision du conseil constitutionnel français du 16
juillet 1971 sur la liberté d’association, il est convenu que les dispositions
contenues dans le préambule peuvent revêtir un caractère contraignant. Ce que
l’on trouve dans le préambule en France notamment, ce sont les droits et libertés
qui sont consacrés dans le texte de 1789 et ce que l’on appelle les principes
fondamentaux reconnus par les lois de la République (PFRLR) et en troisième
lieu ce que le juge lui-même appelle les principes économiques et sociaux
95

particulièrement nécessaires à notre temps. Au Sénégal aussi, le Juge


constitutionnel fait du préambule une source effective et pertinente du contrôle
de constitutionnalité. Le troisième acte ce sont les ordonnances qui sont les actes
législatifs qui ont servi notamment en France-et l’appellation nous vient de là-
bas - à mettre en place des institutions de la République au sortir de la deuxième
guerre mondiale. Aujourd’hui, ces ordonnances sont prévues par l’article 106 de
la Constitution de janvier 2001, titre 13 se rapportant aux dispositions
transitoires ou passagères. Par ailleurs, il y a d’autres types d’actes qu’on appelle
les lois organiques sur la base desquelles on peut apprécier parfois la régularité
d’une loi par rapport à la constitution. Ce sont des actes législatifs relatifs à
l’organisation et au fonctionnement des pouvoirs publics et qui font l’objet
d’une procédure d’adoption spécifique et / ou de contrôle. Selon les
circonstances, il peut arriver que cette régularité par rapport à la Constitution
soit mesurée sur la base d’autres textes : c’est le cas des traités. Les rapports
entre le traité et la loi ont pendant longtemps préoccupé les commentateurs,
notamment en France qui se sont toujours demandés s’il fallait intégrer, au
regard de la position fluctuante du Juge, le traité dans le bloc de
constitutionnalité. Aujourd’hui avec l’intégration de l’Euro, on penche de plus
en plus vers une réponse positive. Mais, il n’y a pas que la loi comme acte
susceptible d’être soumis au contrôle.

Parag.2 – Le champ d’application et la sanction du contrôle de


constitutionnalité

a – Le champ d’application du contrôle de constitutionnalité des lois


Le champ d’application du contrôle de constitutionnalité des lois, c’est le
domaine d’exercice de ce contrôle ou encore les actes qui sont l’objet de ce
contrôle. Il y a lieu ici de distinguer entre les actes qui sont soumis à contrôle
obligatoire et les actes qui n’y sont pas soumis, c’est-à-dire ceux qui sont soumis
à un contrôle facultatif.

1 – Les actes soumis à contrôle obligatoire


Avant l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution de janvier 2001, on
avait au Sénégal, deux types d’actes soumis au contrôle obligatoire. Avec la
nouvelle constitution, on n’en a plus qu’un, il s’agit du règlement intérieur de
l’Assemblée nationale article 62 in fine.

2– Les actes soumis à contrôle facultatif


Il y en avait deux avant la nouvelle constitution. Ils sont maintenant au
nombre de trois : la loi organique article 78, la loi ordinaire article 74 et le traité
article 97 et article premier de la loi organique du 30 mai 1992 qui organise le
conseil constitutionnel. Cela signifie que le Conseil Constitutionnel peut vérifier
96

la régularité des engagements internationaux par rapport à la constitution sur la


base d’une saisine des dispositions de l’article 74.

b – La sanction du contrôle de constitutionnalité.


Il y a précisément deux types de sanction qui peuvent découler du
contrôle de constitutionnalité des lois. La première peut être qualifiée de radicale
et définitive qui … porté à une deuxième forme de sanction qui serait quant à
elle à la fois relative et provisoire. S’agissant du premier type de sanction, il
équivaut à l’annulation de la disposition contestée et effectivement jugée
contraire à la constitution. L’annulation en droit, est un terme qui est consacré à
l’élimination d’une disposition ou d’un ensemble de dispositions du circuit
normatif ou du système juridique. On parle d’annulation ab-initio (à l’origine) et
erga omnès (à l’égard de tous) des dispositions contestées.

On fait comme si la chose contestée n’a jamais existé. Mais, s’agissant


d’une disposition déjà existante, l’annulation peut n’être que partielle c’est-à-
dire n’affecter qu’une partie de cette disposition. Le deuxième type de sanction
c’est celui qui concerne l’exception de constitutionnalité ou de légalité (par
excès de langage car ces deux termes sont différents en réalité). L’exception de
constitutionnalité correspond à la situation où l’annulation ne vaudrait que pour
les protagonistes et relativement au fait qui les ont opposés devant le Juge tel
que cela advient parfois aux USA. Mais à l’instar de la plupart des principes, la
constitutionnalité des lois a une portée qu’il convient d’apprécier.

SECTION II – LA PORTEE DU PRINCIPE DE LA


CONSTITUTIONNALITE DES LOIS

Il y a lieu de distinguer d’emblée entre les techniques de contrôle elles-


mêmes et la portée qu’elles peuvent avoir notamment en cas d’échec.

Parag.1 – Les différentes techniques de contrôle


Il y a le contrôle par voie d’action et le contrôle par voie d’exception que
l’on oppose généralement.

a – Le contrôle par voie d’action (CVA)


Il peut être défini comme étant une voie de droit ouverte au profit de
certaines autorités, pour contester la validité constitutionnelle de certaines lois
auprès d’un juge qui, le cas échéant, pourrait procéder à l’élimination radicale
du texte mis en cause. Cette définition englobe plusieurs éléments qui fondent
les spécificités de cette modalité de contrôle et les effets que celles-ci induisent.

1 - Les spécificités du contrôle par voie d’action


97

Elles se rapportent à un certain nombre de caractéristiques principales. La


première c’est que le CVA est un procédé direct en ce sens que l’action qui est
reconnue à ces organes se rapporte directement aux dispositions mises en cause.
Le deuxième c’est que le CVA est un procédé offensif dans la mesure où il
permet de s’attaquer directement à la disposition mise en œuvre. C’est enfin un
procédé immédiat en ce sens qu’il peut produire des résultats qui seraient
simultanés à l’attaque. Mais les particularités du CVA résident par ailleurs dans
les organes ou autorités qui en sont bénéficiaires. Il s’agit d’un nombre
généralement limité. Seulement, dans cette restriction, on peut parler de système
fermé, restreint ou semi-restreint. En d’autres termes, le mode de saisine du juge
qui doit prendre la décision finale peut être fermé ou restreint. En fait, la
fermeture ou semi-fermerture est souvent fonction de la nature des autorités de
saisine. En réalité, la plupart du temps, il appartient aux organes politiques, les
élus (ex : France et Sénégal) d’enclencher le contrôle par voie d’action. Les
particularités du CVA se rapportent ensuite à la procédure et au délai ouvert par
ce type de contrôle. S’agissant des modalités de saisine du Juge, elles sont
généralement déterminées dans les textes qui organisent l’instance
juridictionnelle elle-même. S’agissant du CC sénégalais, c’est la loi du 30 mai
1992 qui en parle. Elle précise que la saisine du Juge se fait par lettre faisant
l’objet d’un dépôt auprès du greffe du CC. Cette procédure concerne aussi le
moment du dépôt qui se situe après le vote législatif avant la promulgation et la
publication. S’agissant du délai c’est-à-dire le moment auquel le CVA doit
s’exercer, il est prévu dans les dispositions de l’article 74 de la Constitution, un
délai de six jours avant la promulgation. Les particularités du CVA se rapportent
enfin à l’organe compétent pour juger. Il s’agit le plus souvent d’un Juge spécial
qui est dénommé soit Cour, soit Conseil Constitutionnel. Il s’agit donc de créer
l’organe avec une composition spécifiée pour délibérer les conflits d’ordre
constitutionnel.

2 – Les effets du CVA


Les effets se résument tout simplement dans la portée de la décision de
sanctionner la non-conformité d’une disposition ou d’un ensemble de
disposition à la constitution. Ici, dans la mesure où on a défini le CVA comme
étant un procédé énergique, il va de soi qu’il va conduire à des résultats à la
dimension de ce caractère. Il s’agit d’une disparition ab-initio (totale) et erga-
omnés (définitive). Le CVA est donc un procédé direct et immédiat. Il s’oppose
à un autre type de contrôle appelé par voie d’exception.

b – Le Contrôle par Voie d’Exception (CVE)


Contrairement à la modalité précédente, le CVE est une voie de droit
ouverte à tout citoyen ou justiciable, pour demander dans le cadre d’un procès,
l’arbitrage du Juge constitutionnel au sujet de l’application d’un texte dont il
98

conteste la validité. Il s’agit d’une action contingente avec à la fois des


particularités et des effets limités.

1 – Les particularités du CVE


Contrairement au CVA, le CVE est un procédé de contrôle indirect,
médiat, défensif et ouvert. Il est indirect ou médiat parce qu’il intervient à
l’occasion d’un autre litige ou contestation. Il concerne seulement une action
relative à une disposition de la loi. Ce qui est donc en cause ici c’est une
disposition ou un ensemble de dispositions qui ont fait l’objet d’une mise en
œuvre dans le cadre de laquelle elles sont contestées. En d’autres termes, il peut
s’agir d’une situation révélatrice de dysfonctionnement d’un instrument
juridique. Il va s’agir au cas échéant, d’une action de correction de la défaillance
d’un élément du système juridique. Mais cette action de correction a comme
pendant une autre action défensive, celle-ci émane de la victime du
dysfonctionnement juridique. En l’occurrence, tout citoyen qui serait confronté à
la situation en cause. Il y a aussi des effets qui découlent de la décision du juge
constitutionnel. La reconnaissance de la non-conformité des dispositions ou du
texte contesté a pour principal effet de les tenir en échec à l’égard du demandeur
et dans le cadre du litige pendant.

2 – Les effets du CVE


A la vérité, une telle décision donne lieu à des conséquences aux effets
élargis compte tenu du rôle de la jurisprudence dans le règlement des conflits.
Parag.2 - L’echec des techniques du CCL
Le CCL est un moyen qui est conçu pour garantir la finalité de la
constitution dans l’Etat de droit. Aussi est-il rare aujourd’hui de trouver un Etat
qui ne le consacre pas dans le texte fondamental. Pourtant sa bonne mise en
œuvre n’est pas toujours assurée pour diverses raisons, ce qui donne parfois lieu
à des conséquences graves pour la stabilité de l’Etat.

a – Les causes de l’échec des techniques du CCL


Il y a des causes structurelles et des causes conjoncturelles.

1 – Les causes structurelles


En la matière, c’est surtout le type de contrôle politique qui retient
l’attention. On peut rappeler la consistance de ce contrôle politique qui se
déroulerait selon le scénario suivant : lorsqu’un organe législatif qui a voté la
loi est chargé lui-même d’en vérifier la conformité par rapport à la constitution,
ou bien ce contrôle est confié à un organe de même nature que celui qui a voté la
loi, c’est la consécration de l’adage : « Qui se ressemble s’assemble » ou bien
lorsque cet organe qui a voté la loi est chargé en même temps de mettre en place
une structure qui émanerait de surcroît de lui pour assurer le contrôle de
constitutionnalité. Le résultat ici est l’existence d’un contrôle vain qui serait en
99

même temps sélectif et discriminatoire. Il en sera ainsi la plupart du temps parce


que tout simplement l’organe de contrôle ne censurera en fait que les
dispositions qu’on voudrait bien le voir censurer. Les autres dispositions
essentielles seront toujours à l’abri parce que constituant un enjeu pour l’organe
législatif et qui se retrouve ici dans une situation de Juge et de partie. Les
exemples historiques c’est le jury constitutionnaire que l’Abbès Sièyès avait mis
en place en 1795 ou le Conseil de la République sous la IV ème République et
enfin le présidium du Soviét Suprême dans l’ancienne URSS.

2 – les causes conjoncturelles


Ce sont les blocages occasionnels qui découlent d’un contexte déterminé.
On en dénombre principalement deux. La première cause ou blocage c’est
l’offensive médiatique contre les juges et les décisions qu’ils rendent (l’affaire
du New Deal aux USA) ; on appelle cela le spectre du gouvernement des Juges
(c’est quand le juge en fait plus qu’on lui en demande) ce qui a un effet
psychologique démobilisateur et qui aboutit à un phénomène d’auto-censure des
Juges eux-mêmes. La deuxième cause ou blocage, ce sont les réactions
négatives des autorités politiques qui mettent en œuvre les prérogatives qui leur
sont légalement conférées pour anéantir les décisions juridictionnelles. Ce sont
là des attitudes qui pourraient emporter des conséquences politiques.

b – Les conséquences de l’échec du CCL


Il y a une conséquence majeure qui découle généralement des situations
d’échec dans la mise en œuvre des techniques de contrôle : c’est la défiance
politique à l’égard des pouvoirs publics. Défiance qui trouve parfois, de temps
en temps aujourd’hui et beaucoup plus souvent par le passé, une consécration
doctrinale chez de grands auteurs.

1 – La défiance politique
C’est une action de contestation ou de désapprobation politique du
gouvernement dans sa façon de conduire les affaires publiques. C’est de la part
du titulaire originel de la souveraineté une attitude qui consiste à faire remarquer
le décalage entre ses aspirations et ses modalités de prise en charge par ses
représentants. Théoriquement, cette action de contestation publique du pouvoir
n’est pas admise aujourd’hui pour la bonne raison qu’il existe dans les Etats
modernes des instances et des procédures grâce auxquelles le débat s’instaure
soit par la prise de la décision soit par sa mise en œuvre. Mais, dans les faits, ce
type d’action est toujours consécutif à une situation d’échec ou d’inefficacité des
procédures formelles ou officielles de contrôle. Dès lors, tout se passe comme si
le mandant reprend ou tente de reprendre l’initiative c’est-à-dire son pouvoir
souverain y compris parfois de façon violente. Cette action de révolte politique
peut trouver grâce, aux yeux de certains théoriciens.
100

2 – Les justifications doctrinales de la défaillance politique


L’intervention du peuple est appréhendée comme étant la forme ultime de
sanction de la violation du droit de la part des gouvernants. On parle ici de
« sanction inorganisée » que l’on oppose aux sanctions organisées. Parmi les
sanctions inorganisées, on a le droit à la résistance à l’oppression qui est un
droit fondamental si l’on considère le concept des droits de l’homme en y
intégrant les droits civils et politiques, en d’autres termes, si on fait perpétuer la
tradition politique des révolutionnaires de 1789. En effet l’article 2 de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen dispose : le but de
toute association politique est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et
la résistance à l’oppression » De même, le Constituant de 1793 fait état des
mêmes préoccupation, (cf. article 4 de la Constitution de 1793).

En outre, la Séparation des Pouvoirs est, à bien des égards, un rempart


contre l’oppression.
101

CHAPITRE II – LE PRINCIPE DE LA SEPARATION DES


POUVOIRS.

Il n’y a pas d’Etat aujourd’hui qui ne se réclame dans son organisation et


dans son fonctionnement du principe de la séparation des pouvoirs. Depuis
1789, (avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) en son
article 16), c’est ce principe qui fonde la distinction entre les Etats dits libéraux
et les Etats dictatoriaux ou autoritaires. Ce principe, on le doit à Montesquieu
qui, lors de son séjour en Angleterre rapporta un certain nombre
d’enseignements après l’observation du fonctionnement de la société politique
anglaise. Ces enseignements consignés dans son ouvrage majeur « De l’Esprit
des Lois … » peuvent être résumés de la façon suivante : les gouvernements
modérés n’existent que là ou le pouvoir est partagé entre des organes rivaux.

De Montesquieu à nos jours, on a conféré une signification théorique


précise au principe. Cependant, dans sa mise en œuvre, on va voir apparaître un
décalage important par rapport à l’idée de base.

SECTION I – LA SIGNIFICATION DU PRINCIPE


Le principe revêt un double sens à la fois classique et contemporain.

Parag.1 – Le sens classique


Au regard de la finalité que Montesquieu assignait au principe, c’est-à-
dire la préservation de la liberté politique dans la société, il s’agissait de
neutraliser la capacité de nuisance du pouvoir politique, seul à même de pouvoir
porter gravement atteinte aux droits et libertés du Citoyen. La justification ici,
c’est que la fonction de représentation politique qu’assure l’Etat lui procure des
moyens sans commune mesure avec ceux qu’une autre institution sociale peut
détenir sur la base de sa fonction de représentation politique. L’Etat est le
détenteur exclusif ou principal du pouvoir de légitimation et de contrainte
sociale. Il en découle qu’il pourrait dans certaines circonstances porter atteinte à
la liberté même du citoyen. Comment faire alors pour l’en empêcher ? La
réponse, c’est le recours au procédé ou mécanisme de la division de la force de
l’Etat (ou principe d’éclatement du pouvoir) et sa répartition entre différents
organes concurrents, parce que chargés chacun en ce qui le concerne d’une tâche
ou fonction précise (il s’agit de l’organe législatif et de l’organe exécutif ;
Montesquieu tenait le pouvoir juridique pour nul parce qu’il n’intervient que
rarement dans les affaires politiques). Mais l’acceptation du principe a connu
une évolution.

Parag.2 – Le sens contemporain


102

Aujourd’hui, l’opposition de principe (ou la rivalité) qui avait été suscité


entre les organes politiques n’est pas tout à fait adéquate, à cause de
l’importance accrue du rôle des partis politiques. Cet élément introduit une
nouvelle situation qui est la subordination d’un organe à un autre organe pour
les nécessités et la pérennisation du pouvoir. C’est ce que l’on appelle le
phénomène majoritaire. Le résultat en est un déséquilibre persistant susceptible
de porter atteinte à la garantie dont le citoyen peut bénéficier dans la situation
normale de concurrence entre les deux pouvoirs (comme le pensait
Montesquieu). D’où la nécessité de trouver un nouveau contre pouvoir
susceptible de rétablir l’équilibre. Celui-ci se trouverait du côté de l’instance
judiciaire. On peut avancer trois arguments pour soutenir cette position.
- Le premier consiste à dire que la fonction judiciaire a pris de
l’importance au fil du temps. En effet, il était aussi important de juger que de
prendre des décisions pour le groupe et de les exécuter.
- Le second argument c’est que cette fonction de juger ne se limitait pas
à la société civile mais elle s’étendait aussi au pouvoir politique lui-même. Il en
était ainsi parce que la rivalité qui était suscitée entre les deux principaux
organes politiques allait donner lieu à des conflits parfois graves dont le
règlement devient impératif pour ne pas bloquer le fonctionnement de l’Etat.
C’est en tenant compte de l’importance de la fonction de juger que l’on a mis en
place dans les systèmes démocratiques, un statut indépendant qui fera émerger
alors le juge ou les tribunaux au niveau des autres pouvoirs et on l’a fait pour
garantir la stabilité sociale. Cette logique fonctionnelle va combler le
dysfonctionnement qui serait consécutif à une entente entre le législatif et
l’exécutif au détriment du citoyen.

SECTION II - LA MISE EN ŒUVRE DU PRINCIPE DE LA


SEPARATION DES POUVOIRS

Affirmer la nécessité d’éclater le pouvoir de l’Etat c’est poser le problème


de son organisation concrète ou de sa distribution entre différents pouvoirs.

Parag.1 – La portée du principe de la séparation des pouvoirs


a – Les différentes formes de séparation des pouvoirs
On peut envisager deux formes de séparation du pouvoir de l’Etat. Il y a
une première forme de séparation qui se réalise au sein du politique c’est-à-dire
entre les gouvernants proprement dits et il y a une deuxième forme de séparation
qu’on envisagerait entre le politique et le judiciaire.

1 – La séparation des gouvernants


Son fondement théorique réside dans les enseignements de Thomas
Hobbes sur le contrat politique qui serait à la base de toute société politique.
Hobbes distinguait entre ces représentants directs du groupe dont le rôle consiste
103

à prendre des décisions générales et d’autres représentants de même nature


chargés quant à eux de mettre en œuvre ces décisions. La différence entre ces
deux types de représentant politique réside dans le fait que les premiers siègent
par intermittence alors que les seconds sont au contraire organisés en formation
quotidienne pour résoudre les besoins naturels et immédiats du groupe. Donc,
chez Hobbes, la séparation des fonctions ou pouvoirs est sous-tendue par la
technicité, par l’impératif matériel, par l’idée d’opportunité. C’est la même
logique de séparation des gouvernants qui va prévaloir chez Montesquieu, mais
le fondement va différer car chez cet auteur, la séparation entre ceux qui
décident et ceux qui mettent en œuvre ces décisions est une nécessité absolue si
on veut garantir la liberté du citoyen. Des deux conceptions de la séparation des
pouvoirs, c’est celle de Montesquieu qui va finir par triompher. L’idée de
séparation des pouvoirs en elle-même connaîtra, d’ailleurs par la suite, un
nouvel approfondissement avec les modalités de séparation d’organes relevant
d’un même pouvoir. C’est ainsi qu’on aura dans certains Etats, deux organes
législatifs ou deux têtes au sein de l’exécutif. (Exemple : Etat-Unis et Grande-
Bretagne).

2 – La séparation entre les gouvernants et les Juges


L’idée de cette séparation réside dans la proclamation de l’indépendance
du Juge par rapport au pouvoir politique. Cette proclamation existe dans tous les
textes fondamentaux des Etats. Elle est consécutive à la nécessité de
spécialisation du Juge. Dans le fonctionnement des Etats, cependant, il y a
parfois un grand décalage entre cette affirmation et sa réalisation effective. Il en
est ainsi parce que le pouvoir judiciaire y est conçu comme étant un succédané
du pouvoir exécutif. En effet on relève le plus souvent une dépendance étroite
du Juge à l’égard de l’exécutif du point de vue de ses moyens et de son statut, ce
qui va entraîner comme conséquence majeure l’enlèvement au principe de toute
sa valeur originelle.

b – Les implications du principe de la séparation des pouvoirs


La mise en œuvre du principe de la séparation des pouvoirs va donner
lieu à deux modalités de gestion des rapports politiques au sein du groupe, c’est-
à-dire à deux principales techniques de gestion des relations entre l’exécutif et le
législatif. Il s’agit d’une part de la technique souple de séparation des pouvoirs
et d’autre part de la technique rigide de séparation des pouvoirs. Chacune de ces
techniques comporte un certain nombre d’éléments qui lui sont propres.

1 – La séparation souple des pouvoirs


Elle correspond au régime parlementaire. Le régime parlementaire est ce
type de régime qui permet de réaliser une collaboration étroite entre les
principaux organes politiques de l’Etat mutuellement dépendants par
l’institution d’un cabinet ministériel. Le régime parlementaire trouve ses
104

origines dans l’Angleterre de la fin du 17 ème siècle au début du 18ème siècle,


période pendant laquelle on va procéder à la limitation progressive de
l’intervention du roi dans les domaines législatifs et la gestion quotidienne du
pouvoir. Mais pour identifier ce type de régime, il faut nécessairement faire
recours aux quatre éléments suivants : le dualisme de l’éxécutif (deux pôles de
mise en œuvre des décisions : un Chef de l’Etat et un chef de gouvernement),
l’irresponsabilité du chef de l’Etat (on ne peut pas mettre en cause la
responsabilité du chef de l’Etat devant les tribunaux), la responsabilité
ministérielle (les fautes du chef de l’Etat son endossées par l’équipe
ministérielle) et le droit de dissolution (le Parlement peut mettre fin à l’existence
du gouvernement mais le Chef de l’Etat peut lui aussi renvoyer le Parlement).
La combinaison de ces différents éléments va donner lieu à la mise en place
d’une équipe gouvernementale autonome, qui gouverne en rapport avec le
Parlement. Chacun de ces organes a le cas échéant et en cas de conflit, les
moyens de mettre fin à l’existence de l’autre.

2 – La séparation rigide des pouvoirs


Cette technique donne lieu au régime présidentiel. Celui-ci est défini
comme étant le régime qui réalise l’indépendance entre les différents organes
politiques sur la base d’une stricte égalité entre eux. A certains égards, on peut
dire que le Régime présidentiel se présente comme étant l’antithèse du Régime
parlementaire. Du point de vue de ses origines, le régime présidentiel serait le
finit d’une démarcation (d’une révolte même) des premiers colons américains à
l’égard du modèle qu’ils avaient connu dans leur patrie qu’est l’Angleterre.
Concrètement, le régime présidentiel reste à la fois un anti modèle du juge
parlementaire de peu à la fois ses modalités de fonctionnement et en même
temps son imitation du point de vue de ses principes d’organisation. C’est
pourquoi, il y a eut une reproduction de l’institution royale anglaise avec
l’institutionnalisation du Président de la fédération américaine qui a « tous les
aspects d’un monarque élu ». Le Régime présidentiel présente les principaux
traits de caractères suivants : le premier : c’est la consécration d’une
spécialisation fonctionnelle de chacun des organes politiques (l’idée consiste à
cantonner chaque organe théoriquement dans un domaine d’activité précis, d’où
l’incorporation d’une incompatibilité entre les fonctions parlementaire et
exécutive ; le deuxième l’inexistence d’une prérogative de destruction
spécifique permettant à chacun des organes de mettre fin à l’autre, le troisième
et dernier élément : c’est l’élection du Chef de l’Etat au suffrage universel
direct. Au regard de ces différents éléments, on peut dire qu’on est en présence
d’un régime présidentiel lorsque l’articulation des rapports entre les pouvoirs
tend à réaliser l’équilibre politique et plutôt en présence d’un Régime
parlementaire, lorsque cette articulation tend à réaliser l’égalité entre les
pouvoirs. De fait dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agit que de simples
principes qui peuvent être infirmés dans les faits.
105

Parag.2 – Les déviations dans la mise en œuvre du principe


La mise en œuvre du principe de la séparation des pouvoirs peut parfois
donner lieu à un certain nombre de déviations tantôt favorables à l’exécutif
tantôt au législatif.

a – La confusion des pouvoirs au profit de l’exécutif : le césarisme


Le césarisme est un régime politique dont l’organisation et le
fonctionnement rappellent la gestion napoléonienne. C’est un régime de type
populaire avec la mise en œuvre de mécanismes de consultation exclusivement
tournés vers la célébration du culte de la personnalité du principal dirigeant de
l’Etat. Ainsi, l’essentiel des pouvoirs va être concentré entre les mains du chef
de l’Etat. La conséquence qui en découle c’est une subordination de l’organe
législatif par divers mécanismes fondés sur la personnalisation du pouvoir et sur
le phénomène majoritaire. A titre d’exemple, on peut citer l’Espagne sous le
Général Franco. Ainsi, s’agissant de la portée de ce type de régime, on n’a plus
qu’un seul pouvoir en réalité : le pouvoir exécutif.

A l’opposé et comme le note Georges Burdeau, « si la collaboration des


pouvoirs est marquée par la suprématie des Chambres législatives, on tend à une
forme adoucie de gouvernement d’assemblée.

b – La confusion des pouvoirs au profit du législatif : le Régime


d’Asemblée (RA)
Le Régime d’Assemblée est celui dans lequel l’essentiel des pouvoirs est
exercé par l’Asemblée, directement ou indirectement. L’exemple type de ce
système se trouve dans la Troisième ou la Quatrième République française, en
Italie jusqu’à une période relativement récente avant qu’on y ait introduit une
dose de système majoritaire. Dans les troisième et quatrième Républiques, les
chutes ministérielles étaient tellement fréquentes qu’on en était arrivé à une
instabilité politique permanente. Pour caractériser la puissance parlementaire de
l’époque, les auteurs utilisaient la notion de souveraineté parlementaire.
L’explication réside dans un contexte où l’exécutif en arrive à perdre
l’utilisation de ses moyens de défense à cause d’un certain nombre de faits.
106

DEUXIEME PARTIE

Jusqu’à la fin des années 80, on pouvait parler de deux types de régime
démocratique opposés quant à leurs visions des rapports politiques à la fois
internes et internationaux. L’idée était tellement ancrée dans la doctrine que des
auteurs éminents comme Maurice Duverger leur consacraient des
développements substantiels. Dans ce cadre là, on était en présence de deux
modèles opposés de philosophie et de pratiques politiques. Ce sont d’une part le
modèle libéral (Occident) à et d’autre part le modèle socialiste ou démocratique.

Aujourd’hui le triomphe du 1er modèle est largement acquis à tel point


qu’il n’existe plus de prototype du 2ème modèle. Nous ne nous intéresserons ici
donc qu’à la démocratie libérale, le modèle socialiste ou démocratique marxiste.

La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, c’est à dire le pouvoirs de


plusieurs personnes que l’on peut opposer au pouvoir d’une seule personne. Et
ce rapport au pouvoir donne lieu à différentes classifications des régimes
politiques. La notion de régime politique elle-même tend à rendre compte de la
manière dont les pouvoirs publics sont organisés dans un Etat.

Toutefois, il y a une ligne de partage qui n’est pas toujours bien dessinée
et qui donne lieu à bien des variantes dans le cadre d’un même modèle. C’est
pourquoi on parle de démocratie réelle, de démocratie fictive ou encore de
démocratie pluraliste et démocratie de autoritaire.

TITRE UNIQUE – LE MODELE TRIOMPHANT : LA


DEMOCRATIE LIBERALE

La démocratie libérale est fortement marquée par ses origines occidentales


et comme telle, elle est structurée autour d’un certain nombre de valeurs que
sont l’affirmation de prérogatives et de droit reconnus aux individus qui doivent
être sauvegardés en face de l’Etat, l’existence du pluralisme et enfin la nécessité
d’une équilibre des pouvoirs. Ce sont ces valeurs que partagent les principaux
107

régimes politiques occidentaux comme le régime américain, le régime français


et le régime britannique.

CHAPITRE I – LE REGIME POLITIQUE FRANÇAIS

Pour bien comprendre ce régime tant dans son organisation que dans son
fonctionnement, il est nécessaire de remonter le cours de l’histoire.

Section I – Rappel historique


Il ne s’agira pas ici de rendre compte du débat doctrinal qui a opposé de
grands auteurs français sur les cycles constitutionnels ou politiques qui affectent
l’histoire de la France mais beaucoup plus modestement de découper cette
histoire en trois grandes phases, en essayant de coller de plus près deux
principaux tournants dans l’évolution de ce régime politique.

Parag.1 – L’Ancien régime


On appelle Ancien Régime toute la période d’avant 1789. Cette
appellation est à dessein parce qu’elle tend à rendre compte de la rupture qui est
intervenue en 1789. L’Ancien Régime a fait l’objet de beaucoup d’études
relative notamment à son avènement et à sa disparition.
A – Les fondements de l’Ancien Régime
Depuis le 16ème siécle avec la fédération des Seigneuries, les rois de
France étaient parvenus méthodiquement à étendre leur autorité sur ce qu’il
conviendra d’appeler plus tard le royaume de France composé de différentes
seigneuries proches du pouvoir et à la tête desquelles il y avait ces Chefs
féodaux.

De façon corrélative, la royauté était aussi arrivée à asseoir son autorité


aux plans philosophique et politique. Elle était devenue une monarchie de type
héréditaire et de droit divin. Cela signifie que le Roi tenait son pouvoir de Dieu
lequel l’a définitivement confié à la famille régnante. Cette position revêtait un
intérêt double dans la mesure où elle permettait au roi non seulement de
s’affranchir de l’autorité ecclésiastique pour laisser libre cours à sa recherche
d’absolu mais aussi de s’imposer définitivement aux seigneurs locaux.

B – Les institutions de l’Ancien Régime


En théorie, dans un système féodal, il y a au sommet de la pyramide un
souverain, un roi qui se subordonne plusieurs autres autorités, les seigneurs qui
lui font allégeance.
Cette logique était aussi de mise entre les seigneurs et leurs vassaux. La
loyauté reposait donc sur une organisation intellectuelle rationnelle qui
permettait d’assurer un fonctionnement harmonieux des institutions politiques et
sociales à différents niveaux.
108

Dans les faits, le système va finir par reposer sur la confusion des
pouvoirs au profit du roi dans la mesure où celui-ci concentrait tout entre ses
mains à savoir le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et même le pouvoir
judiciaire, grâce à son droit d’évocation de plus en plus fréquent des décisions
rendus par les Parlements.

Cette concentration du pouvoir n’était contrebalancée par aucune action


positive dans le fonctionnement de l’Etat. Au contraire, la population
(notamment dans sa troisième composante le Tiers était confronté à toutes sortes
de privations. Et c’est le conjonction entre les forces du tiers état et celles des
deux autres composantes (la bourgeoisie et la noblesse) qui fera tomber le Roi.

Parag. 2 – L’avènement et la consolidation de la Révolution


Pour trouver les bases de la Révolution de 1789, il faut remonter au siècle
des lumières et plus précisément aux théoriciens de l’époque qui se sont
employés tout au long du XVIII° siècle à dégager une nouvelle orientation
politique du pouvoir. Et ce sont ces idées là qui ont joué le rôle de fervent de La
révolution de 1789.

A – La Révolution et son apport


L’origine immédiate et événementielle de la Révolution correspond à la
décision prise par le Roi le 05 mai 1789 de réunir les Etats Généraux pour
réfléchir sur les problèmes de l’époque et leur trouver des solutions. Le Roi va
être rapidement débordé parce qu’assailli de demandes à la fois nombreuses et
variées émanant des Etats généraux qui vont se transformer rapidement en
assemblée libérale.
Cela a été favorisée par la coalition entre la bas-clergé et le Tiers-Etat.
Cette coalition va donner naissance à une nouvelle constitution porteuse d’idées
qui animaient le peuple. A partir de ce moment, il y a eu assimilation entre
Constitution et garantie des droits et libertés du Citoyen. Et le résultat apparaît
sous la forme de deux textes : la Déclaration de 1789 et la Constitution de 1791.

L’apport de ces deux textes peut être résume comme suit :


Pour la Déclaration :
1 - Déclaration de droit civile et de liberté politique de l’homme : un
certain nombre de prérogatives intemporelles et universelles accordées par la
nature à l’homme et qu’il faudrait défendre ;
2 – Principes devant structurer les gouvernements : le premier est celui de
la souveraineté nationale c’est-à-dire l’affirmation d’une autorité provenant de la
nation caractérisés par son inaliénabilité, son imprescriptibilité est son
indivisibilité et qu’on oppose à la royauté. Le deuxième principe c’est celui de la
séparation des pouvoirs (cf. art. 16) de la déclaration.
109

Pour la Constitution de 1791


Elle est relative à la mise en œuvre des principes qui viennent d’être
déclarés d’une part et d’autre part d’une mise en place d’instituions tendant à
limiter la puissance de la Monarchie. Avec le Déclaration des droits et leur mise
en œuvre, les citoyens cessaient d’être soumis à l’arbitraire royal en même
temps qu’ils étaient mis à l’abri d’une répression qui pourrait provenir de l’Etat.
Désormais, la liberté est la règle.

B – La consolidation du processus révolutionnaire


On peut dire que de fait, la nouvelle dynamique libertaire s’accommodait
de l’institution symbolique de l’oppression de par la passé (la royauté). Mais
celle-ci allait être rapidement éliminée et la République proclamée au 20
septembre 1792. A partir de cette date, une ère nouvelle s’ouvrait et allait se
poursuivre avec la mise en place d’une autre Constitution porteuse d’un régime
beaucoup plus conforme aux idées prônées naguère par Jean Jacques Rousseau.

On est en présence d’un régime d’assemblée qui permettait au peuple de


s’exprimer de façon beaucoup plus directe dans l’exercice du pouvoir. Mais
cette période est surtout caractérisée par le chaos dans la mesure où prédominait
un mouvement d’alternance entre un suffrage généralisé et un suffrage restreint
et ceci jusqu’en 1814 avec la chute de Napoléon 1er.

Mais curieusement, c’est sous le règne de Napoléon 1er que l’essentiel des
textes qui fondent l’ordre libéral fut adopté. Parmi ces textes, on retient par
exemple le code civil de 1804.
Malheureusement, ce mouvement ne va s’enraciner qu’à partir de sa chute
et la restauration de la Monarchie avec cependant de fortes limitations
constitutionnelles. Celles-ci étaient contenues dans une charte au terme de
laquelle le gouvernement était soumis au roi tout en fonctionnant sur la base du
pluralisme. Autrement dit, c’est un régime parlementaire à l’anglaise qui était
mis en place. Mais en vérité, jusque-là, dans la pratique, on évoluait encore hors
norme parlementaire, en deçà des principes structurant ce type de régime.

En effet, le peuple n’était souverain que de nom car le droit de suffrage


était très restreint. Ceci précipitera d’ailleurs la fin du régime. Avec la
Révolution prolétarienne de 1848 et la seconde proclamation de la République le
20 février 1848, de nouvelles institutions vont apparaître avec le rétablissement
du suffrage universel et l’avènement d’une autre constitution le 04 novembre
1948 qui va organiser le pouvoir sur le modèle américain mais dépourvu de ses
principes philosophiques c’est-à-dire l’équilibre et la collaboration des pouvoirs.
Il s’agit d’un Gouvernement de stricte répartition des pouvoirs tendant à leur
immobilisation. C’est ce qui est à l’origine du coup d’Etat de Louis Napoléon
110

Bonaparte le 08 décembre qui va mettre en place un nouvel empire caractérisé


par un pouvoir exécutif et à tendance populaire dans la mesure où c’est un type
de régime qui est fondé sur le plébiciste.

Il en sera ainsi jusqu’en 1870 avant que ne s’instaure la seconde


République à la suite de laquelle l’Empereur capitulera pour laisser place à son
gouvernement provisoire, qui va signer l’Armistice sous le Commandement de
Tiers chargé de conduire la pays jusqu’à la mise en place de nouvelles
institutions. Cet intermédiaire durera de 1872 à 1875 et sera marqué à la fois par
une sorte d’instabilité, d’attente et de maturation d’un certain nombre de
principes qui donneront naissance au régime parlementaire.

Parag. 3 – La maturation du régime parlementaire

A – Les conditions de naissance du régime parlementaire


D’un point de vue historique, ce qu’il faut retenir dans le cas de la France,
ce sont deux faits marquants : la défaite de Sedan et la capitulation de
l’empereur, l’empire se retrouvait orphelin et désemparé, (tout le pouvoir entre
les mains de l’Empereur). Toutefois, la réaction des députés parisiens sera à la
fois prompte et dommageable. Dans le contexte de l’époque, on allait mettre en
place un gouvernement provisoire mais non représentatif, ce qui engendre le
chaos politique.

Dans cette situation de chaos, il y avait un deuxième fait marquant, c’est


la querelle qui opposait différentes branches royales prétendant au trône sous
l’arbitrage des députés. La non-entente a abouti à la politique de la terreur, c’est-
à-dire une solution d’attente consistant à confier le pouvoir à des régents et en
l’aménageant plus précisément par deux textes : celui de 1871 et celui de mars
1873, textes qui confiaient le pouvoir exécutif pour sept (7) ans, au Maréchal
Mac mahon. Mais avant ces 7 ans un amendement allait transformer la destinée
de ce régime.

B – Eléments constitutifs du régime parlementaire


Cet amendement provenait d’un député M. Wallon et consistait à
légitimer le choix du chef de l’Exécutif par une élection des Chambres réunies
en congrès à la majorité absolue. Et cet amendement av être concrétisé dans ses
différents aspects par trois lois successives qui vont asseoir le régime
parlementaire. Ce sont ces trois lois qui vont être qualifiées de Constitution de
1873.
 La première date de 1873 ;
 La deuxième loi date du 25 février 1875 ;
 La troisième loi date du 16 juillet 1876.
111

Elle se rapporte aux rapports entre pouvoirs publics c’est-à-dire d’une part
un exécutif dual dépendant et d’autre part un parlement composé d’un Sénat et
d’une Chambre des députés. C’est de cette loi que date la responsabilité
politique du gouvernement devant les chambres. La philosophie de ce
gouvernement était fondée sur la modération dans la mesure où les rapports
politiques entre l’exécutif et le législatif étaient équilibrés. Mais on allait être en
présence de deux mouvements plus ou moins contradictoires.

D’une part, on va assister à l’effacement progressif du Président de la


République devant un gouvernement qui prend de plus en plus d’importance et
d’autre part un affaiblissement progressif d’un exécutif au profit du Parlement
par la mise en jeu de la responsabilité politique. Mac Mahon tentera de résister
avant d’être vaincu et démissionné. Prenant la mesure de la puissance du
Parlement, son successeur allait d’emblée déclarer sa soumission au Parlement
affirmant du même coup la nature parlementaire du régime. Et cette soumission
allait de pair avec un effacement dans la mise en œuvre du pouvoir exécutif au
profit d’une équipe gouvernementale de laquelle émergeait un personnage qui
assurait de fait le rôle de Chef. C’est ainsi qu’on verra apparaître un Premier
Ministre ou un Président du Conseil non initialement prévu par la Constitution.
Ce gouvernement est une institution de fait qu’on va transformer en 1934 en un
véritable organe. Mais, il était soumis au Parlement. Et ces rapports entre
l’exécutif et le législatif se fondent sur un certain nombre de moyens permettant
de raffermir la domination du Parlement.

Par ailleurs, le régime était marqué par une certaine incohérence et une
instabilité dans la mesure où il n’existait pas de majorité solide au Parlement.
C’est ce qui va d’ailleurs favoriser en partie la défaite de la France devant
l’Allemagne en 1940. Avec la libération on va installer un régime provisoire qui
va durer jusqu’à l’adoption de la Constitution de la IVè République laquelle va
rétablir la légitimité constitutionnelle. Ce régime durera jusqu’en 1958 lorsque
le Général De Gaulle sera rappelé au Pouvoir. Ce rappel est dû à l’instabilité
politique qui perdurait : 22 cabinets en 12 ans. C’est cette instabilité politique
que va essayer de corriger la nouvelle Constitution de 1958.

SECTION II – L’ORGANISATION DES POUVOIRS PUBLICS


Par pouvoirs, il faut entendre, conformément à la loi constitutionnelle du 3
juin 1958 qui charge le Général De Gaulle de rédiger une nouvelle constitution
pour la France, l’ensemble des institutions issues du suffrage universel et
desquelles dérive le pouvoir souverain (exécutif et législatif).

Parag.1 – Le pouvoir exécutif


Il est composé du Président de la République et du Gouvernement qui
dans la Constitution de 1958 font l’objet de statuts différenciés.
112

A – Le Président de la République
Aux termes de l’article 5, titre II de la Nouvelle Constitution, des
prérogatives importantes lui sont conférées ; sept prérogatives lui sont reconnus
par la constitution ; dispositions qui font de lui la clé de voûte du système
politique. Cette notion de « clé de voûte » est de Michel Debré (ancien Premier
Ministre du Général De Gaulle) et elle rend bien compte de l’importance de son
statut et de ses pouvoirs (Bayeux, 16 juin 1946).

1 – Le statut du Président
Pendant sa traversée du désert, le Président De Gaulle a tenu un discours
dans lequel il souhaitait pour la France un Président au-dessus de la mêlée
politique. Mais ces idées ne triompheront que douze (12) ans après dans la
mesure où c’est dans la Constitution de 1958 que l’on va imaginer un statut
conséquent au chef de l’Etat fondé sur un mode d’élection nouveau et
bénéficiant d’une protection réelle. Pour le mode d’élection, le Président est
désigné dans un premier temps par un collège d’élus nationaux et locaux.
Depuis le référendum du 06 novembre 1962, sa désignation se fait au suffrage
universel direct pour un mandat de 7 ans. Cette durée de mandat est un héritage
de la IIIè République.

Le Président bénéficie d’une protection juridique à la hauteur de sa


stature, au titre de son rôle de garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité
du territoire. Il incarne aussi l’esprit de la République et bénéficie d’une
protection politique majeure en tant qu’institution arbitrale, située au-dessus des
autres institutions et assumant un rôle de neutralité donc d’irresponsabilité
politique sauf dans les hypothèses de haute trahison (article 68 de la Constitution
française).

Cette irresponsabilité signifie que les actes accomplis dans le cadre de ses
activités sont endossés par le Gouvernement qui, au besoin, en répond devant le
Parlement. Quels sont ses pouvoirs ?

2 – Les pouvoirs du Parlement du Président


Ils recouvrent deux choses : un domaine propre partagé.
Le domaine propre : c’est surtout ce qui touche à la garantie de l’unité
politique du peuple et de la suprématie de l’Etat. On peut de manière négative
appréhender ces prérogatives en disant que ce sont celles qui se rapportent à
toutes les matières de la compétence du Président de la république autres que
celles prévues à l’article 19 de la Constitution. Ii s’agit par exemple de la
dissolution de l’Assemblée de la mise en œuvre des pouvoirs en temps de crise,
de l’opportunité d’entrer en contact avec les représentants de la Nation, et enfin
de la saisine du Peuple.
113

Le domaine partagé : il a trait aux matières où s’exercent naturellement


les prérogatives relatives au fonctionnement quotidien de l’Etat, c’est-à-dire tout
ce qu’il incombe à l’Etat de faire pour la continuité du service public, par
exemples : s’agissant de la convocation du Parlement à une assemblée
extraordinaire ou bien lorsque le Président de la République demande une
nouvelle délibération à l’Assemblée. Ce sont-là des prérogatives qu’in enclenche
à la demande du Premier Ministre.
B – Le Gouvernement
Conformément au principe de la séparation des pouvoirs, il appartient à
l’exécutif plus précisément au Gouvernement, de mettre en œuvre les décisions
générales issues du Parlement. Et à ce titre, il engage sa responsabilité devant
l’Assemblée nationale. Dans le cadre de la détermination et de la conduite de la
politique nationale par le Gouvernement, le Premier ministre joue un rôle
fondamental.

Parag.2 – Le Pouvoir législatif


Il est exercé par le Parlement et ses prérogatives sont prévues au titre IV
de la Constitution de 1958. Il est composé d’une part de l’Assemblée nationale
et d’autre part du Sénat. Donc on est en présence d’un bicéphalisme qui n’en
reflète pas pour autant le fédéralisme.

L’assemblée nationale fait l’objet d’une grande considération et c’est ce


qui va se refléter dans son statut et dans son fonctionnement.

A – Le statut du Parlement
Le premier élément, c’est le mode d’organisation. On est en présence d’un
bicéphalisme dans le cadre duquel on veut faire jouer au Sénat un rôle de
modérateur, d’équilibre au profit des collectivités locales. C’est une chambre
fort ancienne dans la mesure où, aussi bien sous le directoire, le premier et
second empire comme sous la première et la deuxième Républiques, il a
toujours eu deux Chambres.

L’Assemblée nationale regroupe des députés élus au suffrage universel


direct sur la base d’un scrutin majoritaire à deux tours et leur chiffre avoisine les
600.

S’agissant des Sénateurs, ils sont au nombre de 322 à raison d’un sénateur
pour 145000 habitants. Ils sont élus pour 09 ans renouvelables au tiers. Ils sont
élus au suffrage universel indirect. Le mode de scrutin est double c’est-à-dire
pour certains départements on applique le scrutin majoritaire à deux tours tandis
que pour d’autres (plus de 5 sénateurs à désigner), on applique le scrutin
proportionnel. Le Parlement français est régi par un règlement intérieur,
114

symbole de l’Autonomie et de la puissance de l’Assemblée. Il a pour objet de


régir l’organisation et le fonctionnement du Parlement à travers notamment de
nombreuses commissions.

B – Le fonctionnement du Parlement
La Constitution de 1958 assigne au Parlement français un double rôle : le
vote des lois et le contrôle du Gouvernement.

1 - Le vote des lois : Le parlement français vote les lois dans les matières
qui sont limitativement énumérées à l’article 34. Cependant son action emprunte
deux modalités différentes : soit fixer dans les détail les règles intervenant dans
une matière déterminée, soit déterminer les principes fondamentaux qui
gouvernent une matière (Défense nationale).

Cependant quelle que soit la modalité, elle laisse place à l’intervention de


l’exécutif. S’agissant de la création de loi, elle obéit à une procédure appelée
processus législatif. Il y a le phénomène de la navette législative qui impose que
toute proposition ou projet de loi fasse l’objet d’un examen successif par les
deux assemblées jusqu’à accord identique. Mais si l’accord ne se trouve pas
facilement le dernier mot est donné à l’Assemblée nationale.

Cette procédure s’étale sur plusieurs phases. Il y a aussi différents types


de lois ordinaires, organiques, ou relatives aux finances, comme au jeu politique
lui-même qui font que le parlement intervient dans les activités du
gouvernement.

2 - Le contrôle du Gouvernement
Dans le cadre des rapports entre le Parlement et l’Exécutif, il y deux
moyens qui sont conférés à celui-là pour contrôler celui-ci : les moyens de
contrôle ordinaire et les moyens de contrôle spécifiques au régime
parlementaire.

Moyens ordinaires
Il y en premier lieu les questions que les parlementaires peuvent adresser
aux membres du gouvernement et qui y répondent oralement lors des séances
hebdomadaires. Il leur est par ailleurs loisible d’adresser des questions écrites au
gouvernement ou à ses membres par l’intermédiaire du Président de
l’Assemblée nationale. Ces procédés de contrôle entrent dans le cadre normal de
la représentation politique. Le Parlement peut aussi constituer des commissions
d’enquêtes ou de contrôle. Il s’agit ici d’un instrument dont la création et la mise
en œuvre sont laissées à la discrétion des parlementaires c’est-à-dire des
commissions peuvent être créées relativement à divers objets. Les commissions
de contrôle proprement dites se rapportent à la gestion administrative, financière
115

ou technique du Gouvernement. Mais quels qu’ils soient, l’utilisation de chacun


de ces moyens peut déboucher sur une situation politique grave pour le
gouvernement, celle qui consiste à son renvoi même si pour la mise en œuvre de
cette prérogative majeure et ultime, il y a des moyens spécifiques plus
adéquates.

Moyens de contrôle spécifiques


L’article 20 établit la responsabilité du gouvernement sur la base du faut
que celui-ci détermine et conduit la politique de la Nation. Les conditions de la
mise en œuvre de cette responsabilité sont prévues aux articles 49 et 50 et sont
le seul fait de l’Assemblée nationale.

Aux termes de l’article 49 alinéas 1, le Gouvernement peut engager sa


responsabilité sur son programme ou sur une déclaration de politique générale.
Cela intervient à la suite d’une délibération du Conseil des ministres et de la
soumission de ce texte par le Premier ministre au Parlement. Si les députés
veulent renverser le gouvernement, ils votent alors la motion de censure à la
majorité des députés présents. Mais l’Assemblée nationale elle-même ne peut
statuer que sous certaines conditions, que sont la signature de la motion par
1/10ème des députés, sa soumission au vote 48 heures après et son adoption par la
majorité composant l’Assemblée.

Quoiqu’il en soit, l’Assemblée nationale détient en dernière instance les


clés de la survie politique du Gouvernement c’est-à-dire en mettant en œuvre la
motion de censure, le Parlement peut amener le gouvernement à démissionner
même si celui-ci doit rester en place jusqu’à la nomination d’une nouvelle
équipe. Mais en retour (art. 12), le président peut dissoudre l’Assemblée
nationale. Cela signifie que le Gouvernement est l’organe intermédiaire entre le
Président de la République et l’Assemblée nationale. Autrement dit peut servir,
selon les cas, d’arme ou de bouclier dans les rapports entre le Parlement et
l’Exécutif.

SECTION III – LES RAPPORTS ENTRE LES POUVOIRS


PUBLICS

Les constituants de 58, lorsqu’ils donnèrent naissance à la Vème


République, voulaient consacrer un régime parlementaire dualiste. L’œuvre de
ces constituants allait revêtir une autre portée après le référendum de 1962. De la
jonction de ces deux choses, il en est résulté deux lectures de la Constitution de
1968 : une lecture présidentielle et une lecture parlementaire.
116

Parag.1 – La lecture présidentielle


Le Général De Gaulle n’a jamais fait mystère de son souhait de voir
conférer à la fonction de Chef d’Etat un statut conséquent, protecteur, éminent, à
la hauteur de sa stature, à la dimension de la République elle-même. Et ses
quelques mois d’expérience gouvernementale, l’en ont plus que jamais
persuadé, il se sentait étroit dans les habits de la Constitution de 1946 ; ce qui
allait conduire à la démission. Commence alors la traversée du désert. C’est
seulement en 1958 que ces idées trouvèrent à se réaliser à trois points de vue.

1. – L’élection du Président de la République dans la mesure où De Gaulle


réclamait que le Président, à défaut d’être élu par le peuple, le soit par un
échantillon suffisamment représentatif de celui-ci.
2. – Les fonctions présidentielles : le Président De Gaulle va les rehausser
par les notions de neutralité et d’arbitrage. Ce qui va lui permettre d’entrer
en contact avec le peuple.
3. - La protection politique dont le président va faire l’objet : ce statut allait
se densifier au sortir de la référendum du 06 novembre 1962 à l’occasion
duquel, le Général De Gaulle réussira à faire admettre la nécessité de faire
élire directement le Chef de l’Etat par le Peuple. Cette réforme a bénéficié
il est vrai de circonstances politiques favorables parce qu’elle coïncida
avec l’attentât du Petit-Clamart.

Ce rapprochement voulu par le Général est qualifié par certains auteurs de


caprices d’un vieillard qui a souvent besoin d’un bain de jouvence populaire.
Mais curieusement ce sont les institutions partisanes qui lui seront à la fois le
maintien au pouvoir et les moyens de sa réalisation politique.

En effet, De Gaulle va bénéficier d’une majorité hétéroclite composée de


son propre parti UNR et de quelques mouvements d’anciens résistants. C’est à
partir de là que commence l’infléchissement du régime politique français. Ce
mouvement va continuer avec les présidents qui lui succéderont. Ce phénomène
est entretenu par des mécanismes comme celui qui consiste à organiser
simultanément les élections législatives et présidentielles.

Parag.2 – La lecture parlementaire


La Constitution du 04 octobre 1958 a mis en place un régime
parlementaire dualiste c’est-à-dire d’un côté un pouvoir exécutif à deux têtes et
de l’autre côté un pouvoir législatif qui a pour rôle de voter les lois et de
contrôler le pouvoir précité. Mais l’importance politique de ce contrôle est telle
que le gouvernement démissionne à chaque fois qu’il fait l’objet d’un désaveu
par l’Assemblée nationale. Cela s’inscrit dans la logique du régime
parlementaire dans la mesure où le Gouvernement en tant qu’émanation de la
117

majorité parlementaire détermine et conduit la politique de la Nation dont la


mise en œuvre engage sa responsabilité. Cette orientation politique est cela que
nous avions en France jusqu’au présidentielles passées.

Jacques Chirac ne pouvait renvoyer L. Jospin que consécutivement à un


désaveu parlementaire. Dans le cadre du régime parlementaire, le gouvernement
et son Premier ministre bénéficient d’un certain nombre de prérogatives qui leur
sont propres sur la base des responsabilités politiques qui leur incombent. C’est
aussi sur la base de ces prérogatives que le gouvernement peut jouir d’une
autonomie vis-à-vis du Président de la République.

Après ces deux périodes de cohabitation et celle plus récente entre 1997,
et 2002, on peut dire que le système politique français est entrain de vivre une
période de maturité et c’est que le Président Chirac lui-même disait après son
élection.

CHAPITRE II – LE REGIME POLITIQUE BRITANNIQUE

Le régime politique britannique bénéfice du Label de société politique la


plus policée et de plus vieille démocratie. Ce label, la Grande-Bretagne le doit à
deux choses : une organisation institutionnelle particulière et surtout un
fonctionnement spécifique de ses instituions politiques.

SECTION I – L’ORGANISATION INSTITUTIONNELLE


L’œuvre majeure sur les instituions politiques écrite par Montesquieu,
« De l’Esprit des Lois » a été occasionnée par l’observation des mécanismes de
fonctionnement du régime politique anglais. De ces mécanismes est tirée une
logique de spécialisation des pouvoirs de l’exécutif d’une part et du législatif
d’autre part.

Parag.1 – Le Pouvoir exécutif


Il englobe deux entités distinctes : la couronne et le gouvernement
proprement dit.

A – La couronne
C’est le symbole du royaume, l’incarnation à la fois du pouvoir exécutif
avec son faste et son protocole et du règne d’une famille à la tête d’un royaume.
Elle matérialise par ailleurs la souveraineté du peuple britannique, représentée
par la Monarchie qualifiée parfois aussi de parlementaire pour souligner son
adéquation avec la majorité au Parlement.
118

Cette incarnation est consacrée par les Parlements anglais depuis 1701
avec le vote d’une loi constitutionnelle. Cette légitimité fut renforcée par les lois
de 1753 et 1757 sous la régence. Mais le roi règne tout en ne gouvernant pas. Il
ne remplit que des fonctions politiques symboliques (nomination du 1 er ministre,
ouverture et fermeture des sessions parlementaires, convocation ou dissolution
de l’Assemblée). Il garde cependant un certain nombre de prérogatives : critique
ou appréciation de la politique gouvernementale, consultation politique,
encouragement …).

B – Le Gouvernement
Il comprend deux organes : le Premier ministre et le Cabinet :

1 – Le Premier ministre 
Il est désigné à la suite des élections législatives et il est toujours le chef
de la majorité sortie des urnes. C’est pour cela qu’il bénéficie d’un soutien quasi
absolu du Parlement. Mais de soutien n’est ni permanent, ni inconditionnel. Il a
aussi un certain nombre de pouvoirs celui de la nomination et de la révocation
des membres du gouvernement choisis parmi les députés de son parti. Il
bénéficie en apparence d’une grande liberté d’action et de choix pour la
désignation des membres de son équipe ; en réalité, il est limité par la logique
partisane.

Il est rempli enfin d’un certain nombre de fonctions comme la


représentation du gouvernement et la direction du cabinet.

2 – Le cabinet
C’est le rouage essentiel de l’Exécutif. Ses ministres sont souvent des
députés issus du parti majoritaire au Parlement. Mais cela n’exclut pas la
possibilité de choisir des membres venant d’autres horizons politiques (cabinet
de coalition). La taille du cabinet varie selon qu’on est en temps de guerre ou de
paix ou en fonction des turbulences politiques ou électorales. Mais en réalité ce
qu’on appelle cabinet en Grande – Bretagne ce sont les ministères-clès dont les
chefs portent le titre de Secretary of State (les finances, les affaires étrangères, la
couronne, la défense) : tous les autres sont des ministères secondaires. Cela
n’affecte nullement cependant l’efficacité du cabinet. Celui-ci se subdivise en
commissions spécialisées dans divers domaines politiques. La coordination entre
ces différentes commissions est assurée par le Secrétariat du cabinet. Les
fonctions principales incombant au Cabinet sont elles aussi allégées. La
première fonction consiste à prendre une décision sur les grands problèmes qui
affectent la politique générale du royaume.
119

La seconde fonction, c’est d’assurer la responsabilité collective du


gouvernement devant le Parlement, c’est l’organe fondamental dans le régime
anglais (Cf. adage : « Parlement peut tout faire sauf changer la Reine en Roi ».

Parag.2 – Le pouvoir législatif


Le Parlement britannique qui siège à Westminster est composé de deux
chambres : la Chambre des communes ou Chambre basse et la Chambre des
Lords ou Chambre haute.

A – La Chambre des communes


Elle reflète dans sa formation, la composition du royaume lui-même dans
ses quatre parties que sont l’Angleterre, l’Ecosse, Irlande du Nord, le Pays de
Galles. Ses députés sont élus pour cinq (05) ans au suffrage universel. Mais le
caractère majeur de ce régime c’est la possibilité de dissolution qui affecte
parfois cette chambre des communes avant l’expiration de ces 5 ans.
Le speaker joue un rôle de porte-parole du Parlement et remplit un certain
nombre de fonctions. Dans leur fonctionnement, les communes tiennent quatre
(04) sessions parlementaires par an mais qui sont tellement longues que le
travail parlementaire en devient permanent. Les principales activités
parlementaires sont : l’élaboration des lois, le contrôle budgétaire et le contrôle
du gouvernement.

Pour l’élaboration des lois, les communes sont organisées en plusieurs


commissions subdivisées entre commissions spécialisées et non spécialisées.
Les commissions spécialisées ont pour vocation d’étudier toutes les propositions
de lois alors que la commission plénière est seule compétente pour l’étude des
projets de budget.

S’agissant de l’activité de contrôle du gouvernement, est institué ce que


l’on appelle la question-time qui est un intermède de 45 mn au début de chaque
séance pendant laquelle des questions sont posées directement aux membres du
gouvernement.

B – La Chambre des Lords


C’est la chambre des nobles et comprend un millier de membre subdivisés
en quatre grandes catégories : les Lords temporels qui sont les plus nombreux
(1171 en 1988). Parmi ceux-ci, il faut faire la différence entre les pairs et
pairesses du royaume (Lords héréditaires) : les pairs à vue et enfin les lords
légistes. De l’autre côté on a les Lods spirituels moins nombreux et qui sont des
hommes d’Eglise. Pour son fonctionnement, la Chambre des Lords travaille de
façon beaucoup moins soutenue que la Chambre des Communes. Elle n’a que
110 sitting days par an. Mais cela ne porte pas à conséquence majeure dans le
120

fonctionnement du régime car elle ne remplit que le rôle d’initiateur des lois
sauf celles ayant trait aux finances.

SECTION II – FONCTIONNEMENT
Le système est désigné sous le terme de régime parlementaire dont la
caractéristique principale est de se fonder sur le principe de la souveraineté
parlementaire. L’usage de ce terme est ici spécifique en ce sens qu’il rend
compte de la toute puissance du Parlement qui est à l’origine du gouvernement
et sui domine toute la vie politique britannique. Il est composé de deux grands
partis. C’est ce que l’on appelle le bipartisme anglais. L’équilibre de ce système
pour la garantie de la liberté politique est tel qu’il a été copié un peu partout
dans le monde. Il faut donc essayer de déterminer ses origines avant de mesurer
son influence sur le système politique lui-même.

Parag.1 – Les origines du bipartisme


On peut définir le bipartisme comme étant le système du parti où deux
grandes formations politiques dominent de façon durable le jeu politique en s’y
succédant de façon régulière. A l’origine de ce système, il y a le scrutin
majoritaire à un tour et son aspect déformant qui permet au parti sorti vainqueur
des élections d’obtenir plus de sièges qu’il n’a eu de voix. Mais ce système est
relativement récent, c’est seulement dans le courant du XIX° siècle qu’il a
commencé à prendre forme. Cela va donner lieur par la suite à une opposition
entre libéraux et travaillistes dans la course au pouvoir. Il faut préciser que la
domination de ces deux grands partis laisse toujours subsister un troisième parti
qui peut prendre de l’importance en fonction des circonstances ou périodes.

Parag.2 – L’influence du bipartisme sur le système politique


La domination du système par les deux grandes formations politiques a de
conséquences majeures sur le système lui-même. Ce sont les suivantes :
- la stabilité politique qui renoue à une entente entre les deux grands
partis sur l’essentiel ;
- l’alternance politique, c’est-à-dire la possibilité pour les électeurs
britanniques de changer de majorité et de gouvernement pour exprimer
leur mécontentement politique (shadows cabinet) ;
- l’homogénéité politique sous-tendue beaucoup plus par des principes
coutumiers que par des dispositions formelles.

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