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Les limites de la séparation des pouvoirs

Durant l’Ancien Régime, le Roi disposait de tous les pouvoirs : de l’exécutif, du législatif et du
judiciaire. En effet, il décidé les lois, les faisait appliquer et la justice était rendue en son nom. La France
était donc dans un régime absolutiste puis la Révolution est venue bouleverser tout cela. Afin d’éviter
d’être dans un régime absolutiste. Montesquieu, philosophe des Lumières, est venu remédier à cela
en élaborant les prémices de la théorie de la séparation des pouvoirs afin de les distinguer, de les
équilibrer et de mieux les distribuer. Le fait de séparer les pouvoirs permet donc d’éviter le plein
pouvoir. Cependant cette théorie qui a évolué au cours des siècles connait des limites importantes.

Selon le vocabulaire juridique de Henri Capitant, la séparation vient du latin separatio, de separare qui
signifie séparer, qui est une distinction organisée, un régime destiné à garantir l’indépendance
respective des composantes qu’il distingue tel que le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.

Quant au pouvoir, c’est la capacité donnée à une autorité d’user des moyens propres à exercer les
compétences qui lui sont attribuées. Il y a trois pouvoirs constituant de l’Etat : le législatif qui créer les
lois, l’exécutif qui fait appliquer les lois et le judiciaire qui contrôle l’application des lois et sanctionne
en cas de non-respect de ces lois.

La théorie de la séparation des pouvoirs propose que chacun des pouvoirs soient exercées par des
organes différents, indépendants les uns des autres et compétents. Ainsi, le pouvoir législatif est
attribué à des assemblées représentatives du peuple comme l’Assemblée nationale en France, le
pouvoir exécutif est exercé par le chef d'Etat et son gouvernement et le pouvoir judiciaire par des
juridictions.

Au fil des années, suite à l’apparition des sociétés contemporaines, on s’est aperçu que ce que désirait
Montesquieu n’était pas toujours respecter et avait des limites. Mais alors quelles sont les principales
limites de la séparation des pouvoirs ? Dans l’étude de ce sujet nous nous concentrerons sur les
pouvoirs en France.

Les principales limites sont la confusion des pouvoirs dans certains cas (I) et les évolutions politiques
modernes (II).

I – La confusion des pouvoirs

La confusion des pouvoirs peut être invoquer du fait de la supériorité du pouvoir exécutif sur les autres
pouvoirs dans certains cas (A), cela s’illustre notamment avec la grâce présidentielle (B).

A/ La supériorité du pouvoir exécutif

La confusion des pouvoirs est une expression signifiant qu’un des trois pouvoirs est supérieur à l’autre.
En temps normal, les trois pouvoirs doivent être indépendant l’un de l’autre même si chaque pouvoir
peut détenir des moyens de contrainte sur les autres et faire office de contrepoids.

Concernant la France, la confusion des pouvoirs est évoquée lorsque le pouvoir exécutif propose un
projet de loi qu’il veut à tout prix faire appliquer mais que le législatif, donc le Parlement, n’est pas
forcément pour. Le Parlement est parfois soumis face aux pressions de l’exécutif pour faire adopter
des lois. De plus, lorsque le chef d’Etat n’a pas la majorité à l’Assemblée, il sait que tous ces projets de
lois peuvent ne pas être adopter donc il a le pouvoir, en tant qu’exécutif, de dissoudre l’Assemblée
nationale afin de procéder de nouveau à l’élection des députés en espérant retrouver la majorité. Cela
a été fait plusieurs fois au cours de la Vème République, notamment le 30 mai 1968, après les troubles
civiles de mai 68 contestant le pouvoir du président De Gaulle, il dissout l’Assemblée nationale où il ne
dispose que d'une très courte majorité. Et il veut par cette dissolution, retrouver une majorité de
députée plus forte dans une nouvelle Assemblée. Cela démontre, en effet, que le pouvoir exécutif
peut, dans certains cas, être supérieur au pouvoir législatif.

Cette supériorité du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif n’est pas la seule. En effet, lors de
certaines affaires nous pouvons remarquer une soumission du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif,
notamment avec la grâce présidentielle.

B/ La grâce présidentielle

Selon le site officiel du service public : « la grâce présidentielle permet au Président de la République
de supprimer ou de réduire la peine d'un condamné. »

Sous l’Ancien Régime, cette grâce était accordée par les rois de France. Ils avaient le pouvoir de
suspendre ou d’adapter les jugements décidés par les tribunaux mais aussi de gracier des condamnés,
c’est-à-dire que sa condamnation était supprimée. Cela se faisait principalement au XIVème siècle avec
les lettres de justice.

Montesquieu avait le désir de conserver ce droit de grâce. Dans De l’esprit des lois, il écrit que « c'est
un grand ressort des gouvernements modérés que les lettres de grâce. Ce pouvoir que le Prince a de
pardonner, exécuté avec sagesse, peut avoir d’admirables effets. »

Cependant durant la Révolution française, la grâce accordé est vue comme une dérogation du pouvoir
judiciaire. En effet, la Constitution française du 3 septembre 1791 précise que « le pouvoir judiciaire
ne peut, en aucun cas, être exercé par le corps législatif ni par le Roi », car le pouvoir exécutif empiète
sur le pouvoir judiciaire et annule ses actions.

Malgré cela, le droit de grâce à été réintroduit, et sous la Vème République il est inscrit dans l’article 17
de la Constitution. Au fil des années, le champ de cette grâce, accordé individuellement et non
collectivement comme l’amnistie qui est un acte du pouvoir législatif par lequel sont suspendues des
sanctions, s'est peu à peu réduit. La grâce présidentielle concerne surtout les quelques affaires qui
auraient choqué l'opinion public.

L’exécutif a donc une force supérieure par rapport aux autres pouvoirs qu’il peut mettre en place. Cela
limite donc la théorie de la séparation des pouvoirs qui s’accentuent avec les évolutions politiques
modernes, particulièrement avec le développement du concept de parti politique.

II – Les évolutions politiques modernes

Les évolutions politiques modernes viennent limiter la séparation des pouvoirs avec le développement
du phénomène partisan (A), ce qui fait que le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif deviennent
solidaires (B).
A/ Le développement du phénomène partisan

Dans Le Savant et le politique, le sociologue allemand Max Weber indique que « les partis politiques
sont les enfants de la démocratie, du suffrage universel, de la nécessité de recruter et d'organiser les
masses. »

Le phénomène partisan apparaît dans le courant du XIXème siècle avec la transformation des
mouvements peu structurés qu’il y avait auparavant, tel que les clubs politiques, avec une structure et
une organisation forte et durable, l’objectif étant de parvenir au pouvoir. Cette émergence des partis
politiques est liée au mode désignation du gouvernement, c’est-à-dire avec l’institution du suffrage
universel.

L'intérêt de tout parti est donc de s'emparer du pouvoir : accéder au gouvernement en tant que
président afin d’avoir le pouvoir exécutif et d’exercer le pouvoir législatif en étant présent au
Parlement. Les partis politiques présentent des projets de lois et ont une conception de la société qu’ils
voudront mettre en place. Ils veulent d’abord défendre l’intérêt des citoyens ayant la même
conception et qui défendent les mêmes intérêts qu’eux. Ils doivent donc représentant le peuple.

Donc à l’origine, un parti politique est une organisation durable présente au niveau national et local
visant à conquérir et à exercer le pouvoir législatif au Parlement et le pouvoir exécutif en tant que
président de la République. Et afin d’accomplir cette mission, il doit trouver un soutien populaire
solide. Ainsi, avec les partis politiques, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ne sont plus
indépendant et distinct mais solidaire.

B/ Solidarité du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif

Avec l’apparition des partis politiques, le chef d’Etat élu appartient à un parti politique précis. Le peuple
ayant voter pour lui, vont logiquement voter majoritairement pour les députés appartenant au même
parti politique que le Président. Le problème étant que le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont
contrôlé par un seul et même parti politique. Les autres partis politiques peuvent constituer un contre-
pouvoir mais ne seront pas assez lourd pour faire balancer les choses en leurs faveurs et ainsi effectuer
leur travail de contrebalance en cas de désaccord.

De plus, le pouvoir exécutif a des moyens d’actions sur le pouvoir législatif. En effet, le pouvoir exécutif
peut adopter un projet de loi sans avoir recours au pouvoir législatif : le président peut mettre de côté
le Parlement pour faire un référendum afin que ce soit le peuple qui vote pour l’adoption d’un projet
de loi. Il ne laisse pas le Parlement accomplir son pouvoir législateur. Donc, l’exécutif a le pouvoir de
promulguer une loi et il peut fixer l’ordre du jour, c’est-à-dire que c’est l’exécutif qui classe la liste des
sujets qui doivent être abordés, examinés et votés au cours de la séance du jour.

Le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif deviennent solidaires, ils dépendent l’un de l’autre et l’un
peut agir à la place de l’autre. Cela remet en cause la théorie de la séparation des pouvoirs et montre
qu’elle porte des limites importantes.

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