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AE-FSJP/UD

By Boom Angel
696378913
DROIT CONSTITUTIONNEL II
NIVEAU 2
Département : Droit Public
Filière : Droit Public
FSJP
DROIT CONSTITUTIONNEL II
Cours de Monsieur le Pr. Issa ABIABAG (2019-2020)
Assisté du Dr. ESSOMBA Ambroise Louison

PLAN DU COURS

INTRODUCTION GENERALE
La notion de régime politique
La classification des régimes politiques

PARTIE I : LES REGIMES POLITIQUES D’AILLEURS

Chapitre 1 : Les régimes politiques d’occident

Section 1 –en occident


Section 2 – les principaux régimes politiques occidentaux

Chapitre 2 – les régimes politiques d’Afrique

Section 1 : le constitutionnalisme en Afrique


Section 2 - Les grandes tendances du renouveau constitutionnel

PARTIE II – LE REGIME POLITIQUE CAMEROUNAIS

Chapitre 1 : Histoire politique et constitutionnelle du Cameroun

Section 1 – Des origines à la réunification du Cameroun


Section 2 – de la réunification à nos jours

Chapitre 2 – Les institutions politiques et constitutionnelles actuelles

Section 1 : La constitution et ses institutions


Section 2 - La constitution et ses lectures

Conclusion générale
INTRODUCTION GENERALE

L’étude des régimes politiques appelle deux séries de considérations : les premières portent sur la conceptualisation d’une
notion renvoyant à des expériences extrêmement variées, et partant diversifiées. Comment ramener à l’unité du concept
la pluralité des agencements institutionnels observés à travers la scène politique mondiale ?

La seconde série de considération porte sur les classifications. Comment rendre compte par de là l’unité de concept du
régime politique, de la variété des expériences institutionnelles et politiques des Etats ?

La notion de régime politique

Qu’entend-on par régime politique ?

Stricto sensu (sens stricte), le régime politique s’entend du mode des rapports entre les pouvoirs dans un Etat, plus
spécialement l’agencement entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif dans leur rapport à la théorie de la séparation
des pouvoirs. Cette définition qui met en avant les rapports entre l’Exécutif et le Législatif correspond à l’approche juridico-
institutionnelle considérée comme pro-respective dont ont dit que l’inconvénient majeur est d’ignorer l’environnement
sociologique et les données factuelles d’exercice du pouvoir pourtant déterminant dans la vie de tout Etat.

Au sens large du terme, le régime politique s’entend de tous les éléments de droit et de fait qui permettent de rendre
compte du mode d’organisation et de fonctionnement du pouvoir politique dans un Etat donné.

Les éléments structurant à prendre en compte dans la définition du régime politique sont ainsi la structure juridique du
pouvoir politique (la constitution) en relation avec la séparation des pouvoirs et les principales institutions
constitutionnelles, exécutive, législative et judiciaire etc. Sont à prendre en compte également : le régime électoral, le
règlement des Assemblées et la jurisprudence constitutionnelle, etc. A tout ceci, s’ajoutent les faits et pratiques politiques
sur divers plans notamment : le système des parties politiques, les pratiques gouvernementales, les pratiques
parlementaires, et le régime de liberté. Tous ces éléments s’ajustent les uns et les autres dans une synthèse qui confèrent
des traditions et une identité à la vie politique d’un Etat donné, caractérisant en définitive son régime politique.

La classification des régimes politiques

Existe-t-il un critère pertinent de classification de régimes politiques tel qu’observé à travers le temps et l’espace ? Telle
est la problématique qui fonde l’entreprise de la classification des régimes politiques.

De nombreux auteurs ont proposé tout au long de l’histoire, une variété de critères qui se sont avérés tantôt limités, tantôt
insuffisants. On a ainsi parlé des classifications de formes de gouvernement avec des auteurs comme Platon et Aristote,
distinguant sur la base du critère moral des bonnes formes de gouvernement des mauvaises. Ainsi pour Aristote, la
monarchie peut dériver en tyrannie. L’aristocratie (gouvernement des meilleurs) peut dériver en oligarchie. La démocratie
(pouvoir du peuple), quant à elle, peut dériver en démagogie. Machiavel au 16e siècle distingue la principauté de la
République.

Montesquieu, quant à lui, au 18e siècle propose comme gouvernement de vertu la République, la monarchie, la
démocratie. Il propose également le despotisme et l’oligarchie comme forme de gouvernement condamnable dans leurs
natures et dans leurs principes. Il dit sa préférence pour les formes modérées de gouvernement notamment la monarchie
et l’aristocratie.

Il existe d’autres propositions de classifications beaucoup plus récentes fondées sur les régimes politiques et non plus les
formes de gouvernement. On a ainsi distingué les régimes politiques de type totalitaire, les régimes politiques de types
libéraux sur la base du critère de liberté accordé aux individus. Mais les classifications les plus actuelles sont nées de
l’interprétation de la théorie de la séparation des pouvoirs telle que mise en exergue par John Locke et Montesquieu,
principalement par ce dernier. C’est la classification juridique que privilégient les constitutionnalistes. Le critère retenu ici
étant le degré de séparation des pouvoirs. Ce critère permet de distinguer entre les régimes de séparation et d’équilibre
des pouvoirs d’une part et les régimes de confusion de pouvoir d'autre part. Les uns et les autres présentant une multitude
de variantes.

Au titre des régimes de séparation et d’équilibre du pouvoir, on distinguera :

- le régime parlementaire ou régime de séparation souple encore dit régime de collaboration des pouvoirs ;
- le régime présidentiel ou régime séparation stricte et d’équilibre des pouvoirs ; les pouvoirs dont il s’agit ici sont
essentiellement le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire étant considéré comme un pouvoir plus
technique et en retrait par rapport à la théorie des régimes politiques

Les régimes de confusion de pouvoir sont caractérisés par l’absence de distinction claire entre le pouvoir exécutif, le
pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif.

L’un dominant et étouffant les autres. La confusion peut se faire au profit du Chef de l’exécutif ; si ce dernier est le
Président, on parlera de régime présidentialiste. Elle peut se faire aussi au profit du Parlement, on parle alors du régime
d’Assemblée, caractérisé par la dictature du Parlement sur toutes les autres institutions. Quoi qu’il en soit, les régimes de
confusion des pouvoirs se caractérisent toujours par un déséquilibre prononcé au profit de l’un des pouvoirs.

Cette classification, elle-même, est à relativiser et doit être particulièrement nuancée. Les critères invoqués sus haut
permettent tout au plus d’identifier les tendances mais ne renseignent pas suffisamment sur la vie concrète desdits
régimes politiques. C’est pourquoi le Professeur Michel Troper concluait sur la question « qu’il n’existe de nos jours aucune
classification qui soit vraiment satisfaisante, chaque auteur essayant de formuler une nouvelle sans pour autant échapper
à la critique ». Autant le dire, toute tentative de classification scientifiquement irréfutable s’apparenterait à un véritable
travail décisif.

Le pragmatisme recommande de rendre compte de l’expérience historique des Etas, en se servant de ses critères de
classification à titre indicatif voir tendanciel. C’est aussi pourquoi nous aborderons l’étude des régimes politiques à travers
l’expérience vécue ailleurs (Première Partie) et l’histoire politique et constitutionnelle camerounaise en référence aux
régimes politiques d’ici (Seconde Partie).

PREMIERE PARTIE : LES REGIMES POLITIQUES D’AILLEURS

Parler de régimes politiques d’ailleurs, revient à émettre l’idée d’une division du constitutionnalisme et d’une certaine
manière d’organiser la vie politique. Cette organisation et les principales institutions politiques qui la caractérisent bien
que largement partagée à l’échelle universelle, apparaissent d’un certain point de vue comme un héritage politique et
culturel venu d’ailleurs et fruit d’un certain mimétisme constitutionnel, ces institutions portant certainement la marque
du monde occidental. Elles se sont diffusées à travers une longue histoire de civilisation, histoire marquée par l’adhésion
volontaire ou violente, la réception, l’appropriation mais parfois aussi le rejet et le travestissement d’un ensemble de
principes générateurs d’un Etat limité et finalisé par la Constitution, un Etat ayant pour finalité la réalisation du bien
commun. Ce constitutionnalisme trouve historiquement son origine en Occident, d’où l’intérêt de l’étude des régimes
politiques occidentaux (chapitre 1). Il a connu une réception et une mise en œuvre progressive sur le continent africain à
la faveur du double mouvement de colonisation et de décolonisation, d’où l’intérêt de l’étude de régimes politiques
africains (chapitre 2).

CHAPITRE 1 - LES REGIMES POLITIQUES D’OCCIDENT

Les régimes politiques d’occident portent aujourd’hui la marque indélébile du constitutionnalisme libéral, c’est-à-dire la
doctrine politique et constitutionnelle affirmant la primauté des droits et des libertés fondamentales de l’individu dans la
société. Ce constitutionnalisme libéral triomphant est néanmoins le résultat d’une longue tradition de lutte et de conquête
de la liberté face à l’autoritarisme des monarchies, datant d’il y a longtemps. L’idée qui prévaut est celle de la primauté de
l’individu, de l’égalité de tous, de la garantie de l’initiative individuelle, de l’égalité des chances et des opportunités, et de
l’organisation politique qui n’a pour but ultime que son affirmation. C’est l’idée du primat de l’individu sur la société. La
Constitution et la garantie constitutionnelle des droits fondamentaux par des juges indépendants imposant leurs décisions
au pouvoir politique, est le reflet de ce constitutionnalisme libéral, caractéristique des régimes politiques d’Occident. Il
convient dès lors d’analyser l’évolution et l’actualité de ce constitutionalisme occidental, avant d’évoquer dans leurs
principaux traits les principaux régimes politiques du monde occidental.

SECTION 1 – LE CONSTITUTIONNALISME EN OCCIDENT

Pour une bonne appréhension du constitutionnalisme en occident, il importe d’en souligner les caractéristiques principales
avant d’analyser les grandes tendances de son évolution.

Paragraphe 1 – les caractéristiques du constitutionnalisme en occident


Le constitutionnalisme en occident est d’abord et avant tout le produit de l’histoire politique d’Europe et d’Amérique du
Nord. Son affirmation est relativement récente notamment à partir du 16e et 17e siècles avant l’évolution de la pensée
politique libérale des auteurs comme John Locke, Benjamin Constant, Voltaire, Rousseau, Montesquieu et bien d’autres.
Mais surtout avec les guerres civiles au Royaume uni qui auront permis de consacrer des textes fondamentaux de garantie
des droits de l’homme (Magna carta, Bill of Rights, Petition of Rights).

Les guerres d’indépendance aux USA aboutissent dès la fin du 18e siècle à l’indépendance des anciennes colonies
britanniques d’Amériques avec l’élaboration des constitutions écrites accompagnées des déclarations des droits de
l’homme (Etat de Philadelphie, Etat du New Hancher, Etat de Virginie, etc.), l’avènement de la constitution fédérale
américaine de 1787 précédée une décennie plus tôt de la Déclaration d’indépendance des USA. La révolution française de
1789 accompagnée de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (DDHC) ; cette révolution aura l’ambition
d’exporter les valeurs constitutionnelles et libérales nouvelles à travers l’Europe et aux quatre coins du monde. Cet
environnement du constitutionnalisme en occident repose sur trois facteurs principaux à savoir :

- une certaine conception de l’homme et de la liberté fondée sur une conscience poussée de l’individu doué de liberté et
de raison, intelligent et réactif, qui ne demande qu’un cadre approprié pour épanouir son potentiel à l’image du « Dieu
créateur », d’où la nécessité de garantir ses droits inaliénables et sacrés, mais également le caractère fondamental de la
liberté, celle-ci devant être garantie au triple plan : économique, politique et social. Le constitutionnalisme occidental
s’accompagne du libéralisme politique et économique théorisé par les auteurs tels que John Adams, Benjamin Constante,
etc.

- L’acceptation de la contestation du pluralisme politique, ceci suppose tolérance, le fair-play, le dialogue et


l’aménagement institutionnel de la contestation…

Non seulement le pouvoir doit accepter la contestation mais il doit aménager un cadre pour son expression en vue du bon
fonctionnement des mécanismes et de la vie politique, d’où la garantie du statut de l’opposition notamment au Parlement.
Il s’en suit un jeu de dialogue politique arbitré par des électeurs à travers les élections pluralistes, équitables et
transparentes. Le pluralisme qui caractérise les régimes politiques occidentaux suppose la pluralité des partis politiques,
des opinions, des lieux d’expression, mais aussi et surtout la pluralité des lieux de compétitions notamment la Présidence
de la République ; le Parlement : le Sénat, l’Assemblée nationale ; les Communes, etc. Ce pluralisme doit se manifester à
plusieurs niveaux : Associations, Syndicats, religions, médias…

Il n’y a pas de vérité officielle, mais seulement une opinion majoritaire appelée à être contestée par d’autres courants
d’idées avec l’arbitrage du peuple. Une autre caractéristique du constitutionnalisme occidental est la prédominance des
valeurs chrétiennes dans la société. Celle-ci est liée à l’histoire propre de cette partie du monde qui a connu le règne durant
des siècles de l’empire chrétien. Celui-ci ayant considérablement influencé l’Etat, son mode d’organisation et les valeurs
qu’il porte.

Le constitutionnalisme occidental est bâti autour d’un ensemble d’équilibres qui caractérisent également le monde
occidental, il ne s’agit pas d’équilibre numérique, mais d’équilibre tendanciel assurant la dynamique et la vitalité de la
société. Equilibre entre les partis politiques, ce qui signifie qu’aucun parti ne peut se prévaloir d’une plus grande légitimité
officiellement consacrée que les autres formations politiques.

Equilibre entre le pouvoir constitutionnel garantit par la séparation des pouvoirs ; équilibre entre le secteur public et le
secteur privé ; équilibre entre le pouvoir laïc et le pouvoir religieux traduisant le principe de neutralité de l’Etat, d’où le
principe de libre exercice des cultes ; équilibre entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire ; équilibre entre l’autorité et la
liberté, enfin l’équilibre entre l’ordre et le mouvement.

Paragraphe 2 – L’évolution tendancielle du monde occidental

Cette évolution est principalement marquée par une crise de plus en plus prononcée du modèle étatique classique qui
semble confirmer d’une part la construction d’un édifice communautaire européen de plus en plus réintégré et la poussée
du régionalisme et des autonomies locales. La construction de l’union européenne consacre le développement du suffrage
étatique, ensemble cohérents d’Etat transférant des compétences à des institutions européennes communes sur la base
d’un projet politique bâti autour des valeurs communes. Ces valeurs communes ont pour motivation, l’éradication des
grandes guerres qui ont marqué l’histoire des nations de ce continent, les valeurs communes quant à elles, sont consacrées
par des textes de références dont l’aboutissement aurait pu être l’entrée en vigueur des constitutions européennes. La
charte européenne des droits fondamentaux énonce les principes, les droits et les libertés à garantir par tout Etat membre
de l’Union européenne. Sont ici mises en exergue le respect de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, la non-
discrimination, la solidarité, le pluralisme et la justice constituent le socle de ces valeurs, valeurs qui structurent les
principales institutions qui gouvernent l’union européenne. Celle-ci repose sur quelques principes simples et sur les
institutions complexes. Ces principes sont :

- la primauté du droit de l’union sur celui des Etats membres ;

- l’applicabilité directe du droit de l’Union Européenne ;

- la répartition et l’exercice des compétences sur la base du principe de la subsidiarité ;

- le respect de la double légitimité de l’union européenne.

S’agissant de l’évolution des institutions européennes, elle est marquée par une politisation et démocratisation renforcée.
Ainsi, l’union européenne s’est progressivement dotée des institutions et des symboles qui caractérisent classiquement
l’Etat et notamment :

- un drapeau européen ;

- un hymne européen ;

- une devise européenne ;

- une monnaie européenne ;

- une journée de l’union européenne.

Quant à ses institutions, leur caractère démocratique est considérablement renforcé. Il s’agit du Parlement européen, du
Conseil des ministres, la Commission européenne, la Cour de Justice de l’Union européen, la présidence de la commission
européenne, la banque centrale de l’union européenne, la cour des comptes de l’union européenne, un ministre des
affaires étrangères de l’union européenne et la présidence de l’union européenne.

Autant le dire, la construction européenne se caractérise par un transfert progressif de compétences des Etats vers l’union
en prélude à ce qui pourrait devenir dans un avenir lointain une fédération européenne. A l’exemple de l’expérience
américaine qui consacra le passage de la confédération des USA vers la fédération des USA avec la constitution du 17
septembre 1787 encore en vigueur de nos jours.

SECTION 2 – LES PRINCIPAUX REGIMES POLITIQUES EN OCCIDENT

Par-delà l’extrême variété de régimes politiques d’occident, il peut être intéressant de mettre en évidence ceux dont les
institutions politiques ont influencé le plus significativement l’organisation politique des nations à travers le monde. Celles-
ci ayant tenté avec plus ou moins le succès de les reproduire. Il s’agit par ordre d’émergence historique des régimes
parlementaires dont la première et principale incarnation est le Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord
(PI) du régime présidentiel dont l’expérience la plus significative est le régime constitutionnel politique des USA (PII), et le
régime parlementaire ou présidentiel ou encore le régime mixte, inauguré par la France dans sa constitution du 04 octobre
1958 (PIII).

Paragraphe I – Le Régime parlementaire du Royaume Uni et Irlande du Nord

L’étude de ce régime parlementaire est emblématique à plus d’un titre. D’abord, parce que le Royaume Uni est considéré
comme la plus vieille démocratie du monde. Il est la terre d’émergence de nombres catégories devenues classiques en
droit constitutionnel, tel que le régime parlementaire, les déclarations des droits de l’homme, le parlement, le député, le
régime représentatif, le scrutin majoritaire à un tour, le bipartisme, l’Habeas corpus, les partis politiques, la tolérance
politique, l’opposition et le statut de l’opposition, etc. Ce régime qui est le plus ancien des régimes politiques occidentaux
apparaît à bien des égards comme une curiosité, voire une contradiction en ce que la stabilité politique et constitutionnelle
cohabite avec l’absence de Constitution écrite. Ce régime est une expérience particulière fondée sur un mélange durable
de tradition, d’archaïsme et de pragmatisme lui permettant de s’adapter au temps, aux circonstances et aux défis de la
modernité. Il s’agit d’un royaume dans lequel s’exerce une démocratie des plus dynamiques. Il a connu des évolutions
récentes vers une forme d’Etat unitaire complexe, régional, largement décentralisé avec des entités à statuts complexes,
voire quasi étatique tel que l’Ecosse ou l’Irlande du Nord. Bien que n’ayant pas de constitution formelle, on y retrouve de
nombreux textes à valeur constitutionnelle, dont certains découlent de l’adhésion de l’union Européenne. Pour toutes ces
raisons et pour bien d’autres, l’intérêt de l’étude de ce régime semble évident. On le présente comme l’archétype du
régime parlementaire classique. Cette étude mettra en évidence d’une part les principales institutions politiques
britanniques et d’autre part sa vie politique.

D’abord les principales institutions politiques britanniques : le régime politique britannique, à l’image des régimes
parlementaires classiques, repose sur un agencement d’institutions de mécanisme assurant une séparation souple ou une
collaboration des pouvoirs. Les institutions à l’œuvre dans la collaboration des pouvoirs : il s’agit d’une part d’un Exécutif
bicéphale et d’un Parlement bicamérale.

L’Exécutif ou alors les deux têtes de l’Exécutif sont : le monarque et le

Gouvernement présidé par un Premier Ministre, Chef de gouvernement. Les deux chambres du Parlement sont : la
Chambre des Communes ou Chambre basse et la Chambre des Lords ou Chambre haute. Examinons d’abord l’Exécutif
britannique à prépondérance gouvernementale.

L’Exécutif britannique est caractérisé par un bicéphalisme essentiellement déséquilibré au profit du premier ministre et
de son cabinet.

La Couronne britannique fait office au Chef d’Etat. Elle exerce un pouvoir héréditaire dont le prestige apparent n’a d’égal
que la vacuité du pouvoir respectif de son titulaire. La tradition monarchique impose en effet un ordre de succession à la
tête du trône. Ce monarque n’a qu’une fonction de représentant de l’Etat. Le monarque n’exerce aucun pouvoir réel dans
la vie politique, et lorsqu’il prononce annuellement le discours du trône devant le Parlement, c’est le discours de politique
générale du gouvernement rédigé par le Premier ministre, Chef de gouvernement. De ces diverses analyses, il ressort que
tout le pouvoir exécutif réel est exercé par le Premier ministre et son cabinet. Rien ne manifeste autant la prééminence du
cabinet que le qualificatif gouvernement de cabinet qu’on donne au droit constitutionnel au régime britannique.

En effet, le gouvernement britannique est une structure archaïque et pléthorique au sein de laquelle seul le cabinet assure
la maitrise du pouvoir exécutif.

Le cabinet est en fait l’organe le plus important, essentiel de l’appareil gouvernemental. C’est le véritable gouvernement
du Royaume Uni. Il exerce la totalité des fonctions exécutives sous la direction de son chef qu’est le Premier ministre. C’est
ce dernier qui décide de la composition du gouvernement. Il réunit son cabinet dont les membres sont les titulaires des
principaux postes ministériels au moins deux (2) fois par semaine pour décider des affaires intéressant l’Etat.

Le statut du Premier ministre s’est très lentement forgé par la tradition. Il fait du Chef du parti majoritaire au Parlement,
la personne la plus importante au Parlement. Il est l’interlocuteur privilégié entre le Gouvernement et la Couronne ; entre
le Gouvernement et le Parlement, notamment la Chambre des Communes. Il fait et défait le gouvernement à sa guise, tant
qu’il demeure le Chef incontesté de la majorité au Parlement. Il nomme les hauts fonctionnaires de l’Etat, dirige le
gouvernement et administre l’Etat. La concentration des pouvoirs entre ses mains est si forte que de nombreux
observateurs parlent de personnalisation du pouvoir, faisant de lui le monarque non élu du royaume. Il n’existe cependant
pas de risque de dérive dictatoriale, car la tradition britannique repose essentiellement sur la tolérance, le fair-play et le
gouvernement modéré.

Par ailleurs, le Premier ministre est tenu d’appliquer le programme politique des partis majoritaires sur lequel il s’est fait
élire, parti majoritaire dont il est le chef. Il doit à tout moment disposer de la confiance du Parlement bicamérale dominé
par la Chambre des Communes.

Le Parlement britannique est l’institution la plus vénérée et la plus ancienne après la Couronne. Son importance est telle
qu’elle prête son nom pour qualifier le régime de ce pays. Son institution date du 12e et 13e siècle et depuis l’année 1330.
Ce Parlement comprend deux chambres : la Chambre des Lords qui est le reflet de noblesse et d’une aristocratie décadente
et la Chambre des Communes qui est la chambre basse du Parlement. La Chambre des Lords est constitué d’un ensemble
hétéroclite de dignitaires religieux, de dignitaires traditionnels, de personnes honorées par la couronne et de quelques
hauts magistrats. Elle n’exerce que les pouvoirs honorifiques, symboliques en matière législative et fait office de cours de
cassation des décisions de justice. Dans sa formation judiciaire, ne siège que des Lords offices. La quasi-totalité des
pouvoirs de législation et de contrôle de l’action gouvernementale relève de la compétence de la Chambre des Communes.
La chambre des Communes est l’institution la plus basse du Parlement, cœur et reflet de la démocratie britannique. Elle
est uniquement composée des Députés élus au suffrage universel uninominal à un tour. Cette chambre est présidée par
un speaker, considéré comme l’une des autorités les plus respectées du Royaume. La chambre des communes détient les
pouvoirs les plus étendus en matière de législation, de contrôle de l’action gouvernementale et de sanction de ce dernier,
à tel point qu’un auteur a pu écrire : « le Parlement britannique peut tout faire sauf changer un homme en femme ». Ladite
chambre est organisée en commissions dont les principales sont la commission de la chambre entière, les commissions
permanentes ou " standing commities ‘’ et les commissions spécialisées. On y retrouve également des commissions
d’enquête et commission ad-hoc (c’est-à-dire établie à l’effet).

La chambre des Communes exerce d’importantes fonctions financières notamment le vote et contrôle du budget y compris
des dépenses de la Couronne. Le Premier ministre et son cabinet sont membres du Parlement, et de ce fait participent
pleinement et entièrement aux débats.

Le contrôle de l’action du gouvernement apparaît comme l’une des fonctions les plus importantes dès lors que le
gouvernement dispose en général d’une majorité des députés pour soutenir et voter ses projets de lois. A travers la
fonction de contrôle, le parlement convoque devant la chambre des Communes, le Premier ministre, les ministres et hauts
fonctionnaires pour s’expliquer devant les députés sur la conduite de leur action et la gestion des ressources à eux confiées.
La chambre des Communes peut mener également les enquêtes, des auditions et si elle le juge nécessaire, révoquer soit
le gouvernement, soit un ministre ou un haut fonctionnaire. Elle peut également mettre en jeu la responsabilité politique
du gouvernement à travers une motion de censure. La mise en jeu de la responsabilité politique du gouvernement, est un
mécanisme de collaboration des pouvoirs caractéristiques du régime parlementaire.

En, effet, dans ce type de régime, ni le Gouvernement, ni le Parlement ne sont jamais sûrs de parvenir au terme de leur
mandat. Le Gouvernement détient toujours la capacité de dissoudre le Parlement. Par ailleurs, le Parlement peut toujours
renverser le gouvernement par un vote de censure. Ces mécanismes de collaboration des pouvoirs sont constitués des
droits de dissolution, de la chambre qui est reconnu au Premier ministre.

Celui-ci peut à tout moment demander à la Couronne de prononcer la dissolution de cette chambre auquel cas de nouvelles
élections législatives sont immédiatement organisées en vue de la constitution d’une nouvelle majorité au Parlement.
Comme pendant à ce droit de dissolution, la responsabilité politique du cabinet britannique peut être mise en jeu à tout
moment soit par une motion de censure du gouvernement introduite par un groupe de député, soit par le refus de la
confiance accordée au Premier ministre et son cabinet par la chambre des Communes. En cas de censure du gouvernement
ou en cas de rejet de la confiance, celui-ci doit démissionner. Ces mécanismes dans le régime britannique s’accompagnent
d’un système réparti par l’émergence de deux partis principaux : c’est le « two party system (Travailliste et conservateur)
» cher à la tradition britannique. Un trait caractéristique du Parlement britannique est ce statut particulier réservé d’une
part au Speaker et d’autre part à l’opposition qualifiée ici d’opposition à sa Majesté.

La vie politique au Royaume Uni est marquée par un attachement à la liberté politique et à la tradition. Les syndicats et
associations sont extrêmement puissants de même que la presse. Celle-ci assure une fonction de contrôle du jeu politique
extrêmement apprécié. Les britanniques sont autant plus attachés à la liberté qui est la résultante de plusieurs guerres
civiles à l’occasion de chaque campagne électorale. La liberté d’expression ou le choix est d’autant simplifié dans son
expression que chaque circonscription est uninominale. Les britanniques demeurent par ailleurs extrêmement attachés à
la tradition monarchique reflétée par le maintien de la Chambre des Lords dont l’archaïsme et le coût financier sont
critiqués. La couronne est critiquée pour ces dépenses, elle demeure en vigueur de droit apparaissant aux yeux de l’opinion
publique comme le principal gage de la stabilité politique. Le royaume uni apparaît de ce point de vue comme un paradoxe
politique.

Le régime parlementaire britannique par son rayonnement et sa stabilité aura servi de modèle à de nombreux Etats en
Europe et à travers le monde qui ont à leur tour adopté le choix des monarchies parlementaires. Exemple : Suède, Pays
Bas, Belgique, Espagne, soit des républiques parlementaires exemple : Portugal, Australie, Nouvelle-Zélande,

Canada. A côté de ce régime parlementaire classique est apparu le régime parlementaire rationalisé : Allemagne, Portugal
et Turquie. L’expression la mieux achevée de ce régime rationalisé est la République fédérale d’Allemagne dont les deux
chambres du Parlement voire leur pouvoir en matière de contrôle de l’action politique du gouvernement et de mise en jeu
de la responsabilité politique de celui-ci tempère par un ensemble de mécanismes stabilisateurs qui assurent l’efficacité
dans la durée des majorités politiques.
Ceci avec le jeu des coalitions partisanes.

Paragraphe 2 : Le régime présidentiel aux Etats Unis d’Amérique

Les Etats Unis d’Amérique sont nés d’une guerre d’indépendance à l’issue de laquelle 13 colonies britanniques se sont
émancipées par une déclaration d’indépendance depuis 1776. La confédération d’Etats qui en est issue a rapidement
évolué vers une fédération d’Etats garantit par la constitution fédérale signée le 17 septembre 1787 et ratifiée
progressivement par une cinquantaine d’Etats de nos jours.

Le régime politique de cet Etat est d’une importance théorique certaine. D’abord, parce qu’il concerne la plus grande
puissance économique, militaire, scientifique et technologique. Et ensuite, parce qu’il a généré la civilisation la plus
fascinante du monde contemporain avec Coca-Cola, Hollywood, etc. Enfin de par son originalité qui donne à voir la
Constitution la plus ancienne encore en vigueur, la première expérience d’Etat fédéral et la première expérience de régime
présidentiel, entre autres originalités.

L’un des traits dominants du régime politique présidentiel des Etats Unis d’Amériques est l’attachement à la Constitution
au constitutionnalisme, c’est-à-dire à l’idée de la primauté du texte constitutionnel sur la loi et sur toute autre autorité
garantie par les juges indépendants. Un autre trait dominant est l’importance du fédéralisme dont l’agencement est
retracé par l’existence d’un pouvoir fédéral sans cesse grandissant, renforcé par la jurisprudence de la cour suprême
fédérale protégeant la clause de la suprématie du droit fédéral.

L’autonomie des Etats fédérés ne demeure pas moins fondamentale avec un système de décentralisation de la
gouvernance unique au monde.

A- L’organisation des rapports entre les pouvoirs constitutionnels aux USA

Le régime politique des USA est le reflet par excellence de la mise en œuvre de la théorie de la séparation des pouvoirs tel
que construit par Montesquieu, au terme de la constitution fédérale américaine. Cela dit, tout le pouvoir législatif
appartient au Congrès, tout le pouvoir exécutif appartient au président et tout le pouvoir judiciaire appartient à la Cour
Suprême Fédérale de même qu’aux cours des tribunaux mis en place par le Congrès. Il importe par conséquent d’examiner
les trois pouvoirs mis en exergue par la constitution en insistant sur les rapports entre le législatif et l’exécutif.

D’abord, le Président des USA, chef de l’exécutif : son importance dans le mouvement constitutionnel et politique est tel
qu’il qualifie le régime de cet Etat. Il incarne à lui tout seul le pouvoir exécutif aux USA : il s’agit d’un exécutif monocéphale,
il n’existe pas de gouvernement aux USA. Les ministres sont des secrétaires d’Etat, pour mieux souligner leur caractère
subordonné au Chef de l’Etat, celui-ci est secondé par un vice-président élu sur un même système que lui, pour un mandat
de 4 ans renouvelable une seule fois. Le vice- président, préside par ailleurs le sénat. Le Président des Etats Unis est élu au
suffrage universel indirect, c’est-à-dire élu par les citoyens mais au second degré à travers les Grands Electeurs qui
désignent formellement le Président sur la base d’un mandat impératif. L’élection des 50 électeurs se fait par voie de
suffrage ou scrutin majoritaire à un tour. La campagne pour l’élection du Président est une campagne ouverte.

Le choix des candidats se présente pour chacun des 200 partis par un processus complet que constitue l’élection primaire.
Une fois élu, le président exerce la plénitude de la fonction exécutive. Il est à la fois chef de l’Etat, chef du gouvernement
et chef des armées.

Il concentre entre ses mains de nombreuses prérogatives, notamment l’exécution des lois, le pouvoir de nomination aux
endroits fédéraux. Il dispose d’une organisation gouvernementale simplifiée constituée autour des secrétaires et des
conseillers. Il dispose également d’une administration coordonnée par un Secrétaire Général de la Maison Blanche. Sont
également placés sur sa coordination des services de renseignements et des polices (FBI, CIA, NSA, etc.)

Les attributions du Président des Etats Unis recouvrent une triple dimension : il exerce un important pouvoir réglementaire
dans le cadre de l’application des lois, il est le chef de l’administration fédérale, nomme aux fonctions civiles et militaires
et aux hautes fonctions fédérales. Il est responsable de la politique étrangère, dispose des pouvoirs de guerre en tant que
commandant en chef des armées et dispose d’un droit de grâce en matière judiciaire. Toutefois, ces importants pouvoirs
du Président demeurent limités et quelques fois concurrencés par la grande influence du congrès des Etats Unis, détenteur
du pouvoir législatif. En effet, aux termes de la constitution, le pouvoir législatif appartient au congrès qui l’exerce à travers
deux champs qui sont : le sénat encore dit chambre haute représentant les Etats fédérés, et la chambre des représentants
ou chambre basse qui est celle des représentants du peuple. L’organisation du pouvoir législatif traduit ainsi un
bicamérisme fédéral et équilibré. Cet équilibre est le reflet de la ventilation des compétences entre la chambre
démocratique c’est-à-dire celle des représentants qui traduit l’idéal démocratique américaine et le sénat représentant une
base égalitaire : la construction fédérale.

En effet, au sein du Sénat, chaque Etats membre de la fédération et quel qu’en soit l’importance économique est
représenté par deux élus. Les Sénateurs sont élus pour un mandat de 6 ans. La chambre étant renouvelée au tiers tous les
2 ans. Ils jouissent d’un statut très confortable intégrant de nombreuses garanties matérielles et statutaires. La Chambre
des Représentants, quant à elle, est constituée de membres élus au suffrage universel pour un mandat de 2 ans. Le vote
se fait dans chaque Etat au prorata de la population. La Chambre des Représentants est dirigée par un Speaker élu par l’un
des membres de la majorité. A ce titre, il dirige les débats, participe aux travaux et prend part au vote. Les projets de lois
sont ventilés, discutés et adoptés dans l’une ou dans l’autre chambre sur une base égalitaire. Le travail se fait dans chaque
chambre à travers les commissions parlementaires. On y distingue comme au Royaume Uni des commissions permanentes,
spéciales, des commissions ad-hoc. Le congrès détient outre le vote des lois, un important pouvoir de contrôle du
gouvernement. Il peut convoquer et entendre les secrétaires, les conseillers, les hauts fonctionnaires à l’issue des enquêtes
et auditions. Le congrès peut obtenir la révocation ou la démission des fonctionnaires mis en cause. Le Président et le vice-
Président peuvent subir la même procédure lorsque dans la conduite du travail parlementaire, il y a désaccord entre les
deux chambres. En plus, il est constitué une commission de conférence composée également des sénateurs et des
représentants.

Cette commission est chargée de rechercher un consensus autour du projet à travers la nouvelle parlementaire. Les
questions relatives à la politique internationale à la défense étant prioritairement réservée au Sénat tandis que les
décisions budgétaires et d’intérêt local ou propres aux entités relevant prioritairement de la Chambre des Représentants.

La prépondérance du Sénat lui permet d’avoir le dernier mot en cas de désaccords.

L’importance de la fonction parlementaire n’occulte cependant pas la classe spécifique réservée au pouvoir judiciaire aux
Etats Unis. Les Etats Unis sont souvent représentés comme l’empire du droit. Les juristes y sont vénérés. La Cour Suprême
Fédérale, incarnant le pouvoir judiciaire, apparaît comme l’institution la plus prestigieuse. Elle est constituée de 9 juges
inamovibles, retenus parmi les juristes les plus brillants des USA. Ils sont nommés par le Président des USA après
consultation des associations d’avocats et de juristes après enquête et audition sur la personnalité des candidats et vote
confirmatif du Sénat.

La Cour Suprême Fédérale a les pouvoirs les plus étendus et affirme sa compétence sur toutes les affaires qu’elle veut bien
connaître. Elle a affirmé son prestige dès le 19e siècle en se reconnaissant compétente en matière de contrôle de
constitutionnalité des lois par voie d’exception. Dans l’affaire MARBURY Vs MADISON en 1808. Elle est à la fois juge du
droit et des faits, tranchant en dernier ressort des affaires préalablement connues par les juridictions des ordres fédérés
autant que de l’ordre fédéral. Elle a eu un rôle particulièrement important en matière d’affirmation des droits civiques,
d’interdiction de l’esclavage, d’avortement, et de la non-discrimination. Sa puissance est telle qu’on l’a qualifié aux USA
de « gouvernement des juges ».

B- Les rapports entre les pouvoirs Exécutif et Législatif

Il convient d’examiner les rapports entre le Président des USA et le Congrès d’une part et ceux entretenus entre le pouvoir
exécutif et le pouvoir judiciaire d’autre part.

Abordant les rapports entre les pouvoirs législatif et exécutif américains, il serait intéressant d’envisager successivement
les moyens d’action du Président sur le Congrès et les moyens d’actions du Congrès sur le Président.

S’agissant des moyens d’action du Président sur le Congrès, il importe de mettre en relief le droit de véto du Président sur
les actes du Congrès. On entend par droit de véto, la possibilité offerte par la Constitution au Président de s’opposer à la
publication d’une loi déjà adoptée par le Congrès. Cette possibilité peut transiter par plusieurs modalités notamment un
message explicatif du Président, le refus par le Président de promulguer une loi votée et le refus de publier certaines
dispositions de la loi, le discours sur l’état de l’union qui est un discours programme au cours duquel le Président expose
le projet de lois qu’il estime fondamental pour son programme politique. Dans la pratique, il peut y joindre les projets de
lois préparés à cet effet. Le Président a également le droit de convoquer ou d’ajourner les travaux du congrès, mais bien
souvent il procède par la négociation en associant les membres de sa majorité à des démarches de l’opposition à travers
le parlementarisme de couloir. Quant aux moyens d’action du Congrès sur le Président, il se résume pour l’essentiel au
refus de voter les textes de lois ou les crédits sollicités par le Président. Le Congrès procède également par la mise sur pied
des commissions de contrôle, d’enquêtes et des auditions. Il a tout aussi, à travers le Sénat, d’un pouvoir d’approbation
considérable sur les actes du Président, surtout en matière de nomination des hauts fonctionnaires.

C- Les rapports entre le pouvoir judiciaire et les deux autres pouvoirs

Ces rapports sont structurés principalement par le contrôle de constitutionnalité exercé par les juridictions par voie
d’exception sur les lois négociées et votées par le Congrès. Le dernier mot en la matière revient à la Cour Suprême Fédérale
qui se charge de vérifier la conformité des lois, les actes du président et de toutes sortes de questions à la Constitution
fédérale des USA. La cour suprême fédérale, par cet arbitrage, assure un contrôle sur l’action des principaux acteurs de la
vie politique fédérale que sont les Présidents et le Congrès des USA.

La vie politique aux USA

Elle est dominée par trois principaux facteurs à savoir : le bipartisme (Républicains et Démocrates) dominant, le libéralisme
politique et économique et la démocratie constitutionnelle.

-S’agissant du bipartisme américain, deux principaux partis dominent la vie politique aux USA : le parti républicain et le
parti démocrate. Il existe cependant plus d’une centaine de petits partis aux USA : parti du travail, etc. Ces deux partis ont
une organisation très peu structurée tant au plan national qu’au plan local. On en ressent l’influence au moment des
élections. Leurs références idéologiques sont assez proches légalement même si le parti républicain semble plus
conservateur que le parti démocrate beaucoup plus libéral. Ce sont des partis sans chef véritable, le Président des USA
apparaissant comme le principal leader de son parti. Il s’agit également des partis attrapant tout « catch all party ».

- S’agissant du libéralisme politique économique, les américains sont extrêmement attachés à l’égalité et à la liberté. La
liberté des individus, des élus, par rapports à leur parti, des communes qui s’auto-organisent comme bon leur semble, des
Etats fédérés dont chacun se dote de sa constitution et de ses droits des différents consacrés sur la constitution. La liberté
est ainsi la valeur suprême défendue par les pères fondateurs de la liberté aux USA. Cette liberté se traduit au plan
économique par la liberté d’entreprendre, l’égalité de chances et d’opportunité, l’Etat n’existant que pour assurer la
sécurité d’où le refus de toute intervention économiques selon la doctrine du « laisser passer - laisser faire » consacrée
par la jurisprudence de la Cour Suprême Fédérale.

- La démocratie constitutionnelle régule la vie sociale et souligne l’importance donnée à la société, à la constitution, aux
juges en tant que régulateur des problèmes de société. Il s’agit d’une démocratie sur les équilibres de poids et de
contrepoids telle qu’enseignée par Montesquieu. Le respect des droits de l’homme est consigné dans les dix premiers
amendements de la Constitution américaine. Ce qu’on appelle le « Bill of Rights » est la valeur référentielle de la
démocratie et de la justice. Celle-ci se doit d’être l’image des justes qui participent de la cité des dieux : d’où l’immortalité
des juges élus et vénérés par les citoyens.

Paragraphe 3 – Le régime politique français de la Vème République

L’étude du régime politique de la Vème république est essentielle à plus d’un titre.

D’abord, il s’agit d’un Etat dont les institutions de la vie politique ont le plus influencé les régimes politiques africains
francophones notamment.

Ensuite, il s’agit d’un véritable laboratoire expérimental qui vise à opérer les synthèses au plan institutionnel entre le
régime parlementaire classique et le régime présidentiel, d’où le qualificatif de régime mixte ou de régime mi-
parlementaire, mi-présidentiel qui lui est souvent accolé.

Il revêt enfin un intérêt historique et constitutionnel, car inspirant profondément la mise en place des institutions
constitutionnelles camerounaises. Il s‘agit d’un régime héritier de l’histoire politique et constitutionnelle française,
particulièrement mouvementée. Laquelle histoire a connu la révolution et la chute de la monarchie absolue, reflétant les
compromis quant au fondement de l’autorité légitime entre tradition et monarchie d’une part, et démocratie populaire
d’autre part et souveraineté nationale. Il est également le reflet d’un désaccord permanent quant à la hiérarchie des
pouvoirs au sein de l’Etat notamment entre les Assemblées Parlementaires et les autorités décisives notamment le
Président de la République.
Le régime politique de la Vème République français est enfin la résultante d’une recherche de l’efficacité et de la stabilité
politique, matérialisé ici par le recours au septennat ou au quinquennat pour la fonction présidentielle.

L’affirmation du parlementarisme rationalisé,

Le recours à la tradition parlementaire dans la IVème et la Vème République, la capitalisation de l’héritage du 18e siècle à
travers la consécration d’une Constitution (Charte jurisprudentielle des droits de l’homme et des libertés) en référence à
la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Il convient dès lors de rendre compte de l’institution de la
Vème République et de son influence sur la vie politique française.

A- Les institutions de la Vème République française

La première est tout d’abord la Constitution française du 04 octobre 1958. Elle est assurément un texte de compromis
entre les idées constitutionnelles du Général De gaulle centrées sur un Etat fort et un Président de la République se situant
au-dessus de la mêlée des partis politiques et d’autre part la tradition parlementaire française issue de la IIIème et la IVème
République. La référence à ce compromis a permis de mettre en place des institutions qui soient le reflet d’un exécutif fort
mais politiquement responsable devant un Parlement bicamérale.

D’abord, l’Exécutif français est un Exécutif bicéphale. Cet exécutif est constitué d’un Président de la République élu au
suffrage universel pour un mandat de 7 ans désormais ramené à 5 ans. Elu de la nation toute entière, il assure par son
arbitrage le fonctionnement régulier des institutions ; il veille au respect de la constitution ; il exerce des prérogatives
propres en temps normal et dans les circonstances exceptionnelles.

En temps normal, le Président de la République exerce le pouvoir réglementaire, nomme le premier ministre et sur
proposition de ce dernier, les autres membres du gouvernement et nomme aux hautes fonctions.

En période exceptionnelle, les pouvoirs du Président de la République sont définis par l’art 16 de la constitution qui lui
donne les pouvoirs exceptionnels lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la nation, l’intégrité de son
territoire ou l’exécution de son engagement international sont menacées ; que le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics est interrompu, le Président prend des mesures exigées par les circonstances en vue d’un retour normal des choses.

Le Premier ministre, chef du gouvernement et son gouvernement

Le gouvernement est placé sous l’autorité d’un Premier ministre qui en est le chef.

Les membres du gouvernement sont nommés par le Président de la république sur proposition du Premier ministre. Celui-
ci dirige l’action du gouvernement, exerce le pouvoir réglementaire. Responsable de la défense nationale, il nomme aux
emplois civils et militaires sous réserve des compétences reconnues au Président. Ce gouvernement détermine la conduite
de la politique de la nation. Il dispose de l’administration, de la force armée, il est responsable de la politique du
gouvernement devant le parlement qui peut le renverser.

Un parlement bicamérale

Le Parlement français est composé de deux chambres : une haute ou le Sénat, chambre haute et une Assemblée Nationale
comme chambre basse. L’Assemblée nationale est élue au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans au scrutin
uninominal à deux tours. Elle est constituée de 577 députés.

L’assemblée nationale exerce une triple fonction :

-elle est la représentation de la nation

-elle assure le vote des lois

-elle contrôle l’action du gouvernement.

Elle peut mettre en jeu la responsabilité politique du gouvernement et le renverser soit par le vote d’une motion de
censure, soit par le rejet d’une question de confiance. En revanche, elle peut être dissoute par le Président de la
République, ce qui met fin au mandat de député et provoque une élection anticipée.
Le Sénat, quant à lui, assure la représentation des collectivités territoriales. Il est élu au suffrage universel indirect par un
collège de grands électeurs constitué des députés, de conseillers régionaux, de conseillers généraux et de conseillers
municipaux. Douze (12) Sénateurs sont élus par le Conseil Supérieur français à l’étranger.

Le Sénat et l’Assemblée nationale partagent le pouvoir législatif. Ils collaborent dans le vote de la loi et de contrôle de
l’action gouvernementale. En cas de désaccord à l’occasion du vote des lois, il est mis en place une commission paritaire
chargée d’élaborer un texte consensuel, lequel sera adopté par chaque chambre ; ceci dans le cadre de ce qu’on appelle
la navette parlementaire. En cas de désaccord persistant, il arrive bien souvent que le dernier mot revienne à l’Assemblée
nationale.

Les autres institutions prévues par la Constitution sont :

-le conseil économique et social,

-le conseil d’Etat qui opère également comme une juridiction administrative suprême

- l’autorité judiciaire dont l’indépendance est garantie par le Président de la République assisté par le conseil supérieur de
la magistrature ; l’immobilité des magistrats de siège est garantie par la constitution.

- La haute cour de justice chargée de juger les présidents en cas de haute trahison (la haute cour créée pour connaître les
crimes et délits commis par les membres du gouvernement dans l’exercice de leur fonction.

- Le conseil constitutionnel, innovation de la Vème république investie de la mission de contrôle de constitutionnalité des
lois ; il est constitué de neuf membres désignés pour un mandat de 9 ans non renouvelable. 3 membres sont désignés par
le Sénat et 3 membres désignés par l’Assemblée nationale.

B- La pratique de la Vème République et de vie politique française

Instaurée en 1958, la Vème République a généré au fil des années une pratique riche en événements :

- une succession de 7 Présidents de la République ;

- une succession de 19 Premier Ministres ;

- 05 dissolutions de l’Assemblée Nationale ;

- une dizaine de référendums dont 3 portant sur l’Europe.

La vie politique animée par de nombreux partis politiques donc sa structure pratique un clivage entre la Gauche et la Droite
reposant sur deux alliances de partis politiques qui ont longtemps dominé la scène politique réalisant l’alternance
démocratique à plusieurs reprises. Ces partis sont structurés autour de l’UMP (Union pour un mouvement populaire), le
gauche dominé par le parti socialiste. On retrouve également des partis communistes, des partis Ecologistes et des partis
de l’extrême droite, le front national (FN) en pleine progression. L’innovation majeure de la Ve république mieux que la
pratique du référendum, est certainement le développement de la justice constitutionnelle, œuvre du Conseil
Constitutionnel. Il a ouvert la voie à partir de 1971 à un contrôle de constitutionnalité des lois, particulièrement protecteur
des droits et des libertés individuelles. La 5e république c’est surtout le fait majoritaire, le parlementarisme rationalisé et
la cohabitation.

Le fait majoritaire s’entend de l’existence d’une majorité politique stable à l’Assemblée Nationale en soutien au
gouvernement. Cette majorité politique au sein de l’Assemblée Nationale assure la stabilité des gouvernements successifs
et un fonctionnement régulier du gouvernement qui a les moyens de réaliser la politique plébiscitée par le peuple à
l’occasion des élections. Dès lors que le gouvernement est issu du groupe majoritaire au parlement, cette stabilité
gouvernementale est renforcée par le parlementarisme rationalisé.

On entend par parlementarisme rationalisé l’ensemble des techniques ayant pour objet une réglementation minutieuse
et contraignante des rapports entre l’exécutif et le législatif dans le but de permettre au gouvernement d’exercer son
autorité dans de bonnes conditions.

Apparue en Allemagne après la première guerre mondiale, puis en Europe centrale et introduite en France à l’occasion de
l’adoption de la constitution de 1958, cette technique permet de stabiliser le gouvernement en l’absence d’une majorité
confortable. On peut citer comme exemple l’irrecevabilité pour des raisons financières, les propositions ou les
amendements de lois introduites au sein du parlement. On peut citer également le vote bloqué des lois qui est une
procédure permettant au gouvernement de s’opposer à la discussion et aux amendements par les députés des textes de
lois qu’il a proposés. On peut aussi faire mention de la rationalisation de la procédure de motion de censure. Il en va de
même de l’adoption des textes de lois sans vote sur proposition du gouvernement. La maitrise de l’ordre du jour des
assemblées parlementaires. Enfin la maîtrise de la navette parlementaire par le gouvernement. Ce mécanisme assure la
stabilité du gouvernement et une maîtrise par ce dernier des travaux parlementaires. Le parlementarisme rationalisé va
de paire avec la cohabitation initiée dans la Ve république.

Cette cohabitation est rendue possible par l’existence potentielle d’une majorité présidentielle et d’une majorité
parlementaire.

La majorité présidentielle est celle qui se dégage de l’élection du Président au suffrage universel direct sur la base d’un
programme politique. Celle-ci peut cohabiter avec une " majorité parlementaire" qui se dégage à l’issue des élections
législatives.

Lorsque le même parti ou la même coalition de partis rassemble la majorité parlementaire et présidentielle, l’exécutif est
caractérisé dans son exercice par la prééminence du pouvoir présidentiel, la majorité présidentielle l’emportant sur la
majorité parlementaire : dans ce cas, un même parti ou le même groupe de partis apporte son soutien à la fois au Président
et au gouvernement. Le Premier ministre apparaissant comme un chef de gouvernement chargé de l’application du
programme présidentiel. Il en va différemment lorsque la majorité présidentielle et la majorité parlementaire relève de
parti ou de coalition de partis distincts ou opposés. C‘est ce qu’on appelle la « cohabitation ». Le Président de la République
étant appelé à cohabiter avec une majorité parlementaire qui lui est politiquement opposée. Le gouvernement étant issu
de la majorité parlementaire, le Président se voit obligé de nommer un Premier ministre et un gouvernement qui lui sont
politiquement opposés.

Dans ce cas de cohabitation, le régime fonctionne comme un régime parlementaire avec prépondérance du gouvernement
fondé par le Premier ministre. En cade conflit entre le Président de la République et son gouvernement, le Président de la
République doit se soumettre ou le cas échéant, dissoudre l’Assemblée Nationale auquel cas de nouvelles élections
législatives ont lieu et, si le peuple appelé à arbitrer le conflit entre le Président et son gouvernement renvoie la même
majorité d’opposition, alors le Président de la République doit soit se soumettre, soit se démettre (démissionner). Depuis
la révision constitutionnelle du 5 octobre 2009, le mandat du président a été ramené à 5 ans et l’élection présidentielle se
tient désormais chronologiquement avant les élections législatives, ceci en vue de rendre la cohabitation plus improbable,
renforçant ainsi la dimension présidentielle du régime.

Cette présidentialisation du régime rapproche par sa pratique le régime politique français aux nombreux régimes africains
(francophones) qualifiés de " présidentialistes négro-africains".

SECTION 1- LE CONSTITUTIONNALISME EN AFRIQUE

Le constitutionnalisme africain est illustratif à bien des égards de la situation des Etats en développement : c’est-à-dire
fortement influencé par son environnement économique et social. Longtemps aux antipodes du droit constitutionnel
occidental avec lequel ils entretiennent un rapport de domination coloniale et dont ils ont hérité de l’essentiel des
institutions, la plupart des Etats africains ont connu au cours du dernier quart de siècle, une évolution notoire marquée
par l’adhésion formelle aux valeurs du constitutionnalisme occidental et de l’Etat de droit. Pour rendre compte de
constitutionnalisme, cela impose qu’on mette l’accent sur l’idée de singularité du phénomène étatique en Afrique,
singularité qui justifie les caractéristiques et l’évolution, mais également les tendances du renouveau constitutionnel
africain.

Paragraphe 1- singularité du phénomène étatique d’Afrique

L’Etat africain est assurément un Etat ambigu. La transposition du modèle européen d’Etat a produit sur le continent les
Etats semblables à ceux que l’on connait en Occident. Le modèle importé se différencie cependant fondamentalement
dans sa pratique de l’Etat métropolitain ou européen qui l’a engendré. Ce qui emporte plusieurs conséquences du point
de vue du constitutionnalisme. L’Etat africain et son droit constitutionnel porte aussi les marques de la colonisation d’une
part, et d’une quête d’unité et d’identité nationale d’autre part, autant qu’ils sont marqués par la problématique du sous-
développement.

A- La marque de la colonisation
La Constitution prise dans l’acception matérielle n’est pas une nouveauté introduite par la colonisation en Afrique. En
effet, les travaux d’anthropologues, historiens, politologues nous apprennent que les Etats et Royaumes d’Afrique
précoloniale avaient une loi fondamentale définissant les règles d’accession au pouvoir, exercice, de contrôle et
transmission du pouvoir politique. Il en fut ainsi en Afrique de l’Ouest avec les Royaumes MOSSI, le Royaume d’ABOMEY
(Bénin), du RWANDA-BURUNDI, de l’empire MANDINGUE du Mali, l’empire SONGHAÏ, etc. Ces Etats dont la superficie était
parfois très étendue, avaient su dégager les règles de répartition et d’exercice du pouvoir sur la base des principes et des
décentralisations d’autonomie assorties des mécanismes de poids et contrepoids au pouvoir monarchique. L’empire
Madengue par exemple était fondé sur la base d’une déclaration de droit, Déclaration de KOUROUKAN, datant du XIVème
siècle servant de pacte fondateur de l’Etat et garantissant les droits fondamentaux de la communauté, de l’individu, de la
femme, de l’esclave et du guerrier…

Le pouvoir colonial, dans son entreprise hégémonique d’assujettissement des peuples africains a profondément
déstructuré et disloqué ces Etats pour recomposer les unités territoriales nouvelles sur la base des principes établis par la
Conférence de Berlin de 1875. A l’issu des processus de décolonisation, de nouveaux Etats ont été hérités, sur la base du
principe de l’immutabilité des frontières issues de la colonisation. Ces Etats ont connu et idéalisé le modèle occidental
d’Etat-Nation édifié sur la base de l’héritage politique et juridique du constitutionnalisme occidental. L’Etat africain
nouveau est institué à l’image de l’Etat colonisateur, qu’il soit français, anglais, Belge ou Portugais. Il est fortement inspiré
de ces doctrines, de son mode d’organisation, de ses institutions et de son système juridique. Autant dire que le
colonisateur a transmis au colonisé africain son idée d’Etat. La greffe a pour autant pris une forme ? Il semble que cette
idée d’Etat soit tombée dans un concept spécifique générant ainsi un Etat nouveau en cours de spécialisation et en quête
d’un équilibre au plan social, économique et institutionnel, partagé entre la culture africaine et la « quête de modernité »
mais surtout obsédé par la quête de son unité en tant que Etat-Nation.

B- La quête de l’unité nationale

Tandis qu’en occident la formation de la nation a généralement précédé celle de l’Etat, d’où l’expression Etat-Nation, il en
va différemment en Afrique où de nombreux obstacles retardent la formation de la collectivité nationale, même si les
manifestations du nationalisme sont ici présentes, justifiant la formule nationalisme sans action (Jean PUSCHMANN). Ces
obstacles sont nombreux : frontières arbitraires dérivées de la colonisation écartelant ainsi les communautés et parfois les
familles dans les Etats différents. La multiplicité des groupes ethniques aux réactions parfois très excitées, l’absence de
parenté ethnique, linguistique et religieuse, flux de migration et d’exode, d’où le brassage de populations hétérogènes,
l’archaïsme de certaines structures sociales (villages enclavés, déficit de communication, analphabétisme), pauvreté,
autarcie de certaines communautés. La mauvaise répartition des ressources ou la mauvaise gestion de celle-ci, source de
mécontentement, d’exacerbation des clivages, de tensions sociales et parfois de guerres civiles. Celles-ci sont du reste
favorisées par la pauvreté et le sous-développement.

C- La marque du sous-développement

Il s’agit d’un trait caractéristique de l’environnement des Etats africains. De suite, la lutte contre le sous-développement
influence la politique de l’Etat et détermine les institutions politiques de l’Etat en Afrique. Comme éléments de ce sous-
développement, on peut citer : un système économique défaillant, la dépendance des Etats vis-à-vis de l’extérieur,
l’endettement de l’Etat et de la mal-gouvernance. De ces différentes influences, il tient à la fois à l’histoire, à
l’environnement physique et humain autant qu’à l’économie. De ces influences, nait et s’édifie en Afrique, un Etat nouveau
dont l’analyse du processus de maturation relève au moins trois caractères principaux. Il s’agit d’abord, d’un Etat en
construction, relativement jeune et en mutation rapide, permanente en quête de sa forme définitive. Bref, un Etat
transitionnel dont la forme actuelle relève des contours de l’Etat libéral à l’image de l’Etat de droit occidental. Il s’agit
ensuite d’un Etat androgyne dans ce sens qu’il réunit deux traits contradictoires : il est un Etat fort en ce qu’il est très
autoritaire et très violent, manifestant une très forte concentration du pouvoir d’Etat, mais aussi un Etat mou en ce sens
qu’il est incapable d’assurer la sécurité de ses frontières, incapable d’assurer ses missions régaliennes et bien souvent
incapable de prendre en charge le devenir collectif, d’assurer le bien-être social. Et il s’agit enfin d’un Etat néo-patrimonial
au sens où l’entendait Jean-François Médard. La richesse du pouvoir ici n’est pas destinée à l’ambition de mettre en œuvre
un programme politique en vue du bien- être de la société. Le pouvoir est recherché pour ce qu’il procure c’est-à-dire la
présence des ressources matérielles. D’où, une tendance marquée par la privatisation du pouvoir d’Etat et à l’utilisation
des biens privés à des fins privées. L’Etat néo-patrimonial est ainsi dominé par deux traits essentiels : la personnalisation
du pouvoir d’une part, son essence économique d’autre part. Les caractéristiques principales de l’Etat en Afrique
influencent l’aménagement des institutions et l’évolution du constitutionnalisme.

SECTION 2 – LES GRANDES TENDANCES DU CONSTITUTIONNALISME EN AFRIQUE

Après avoir connu des tortures diverses, au point de disparaître parfois de la scène officielle, le constitutionnalisme est
entré dans une phase d’intense activité depuis les années 1990. En effet, depuis l’indépendance, les constitutions et autres
textes d’organisation du pouvoir alternent ou se succèdent dans les Etats africain à un rythme accéléré. L’Afrique adopte,
remet en cause, suspend, abroge puis renouvelle la constitution. Elle cherche ainsi sa voie, écrit le Pr. Maurice Glélé. Mais
derrière cette dynamique apparemment chaotique, il est possible de distinguer un mouvement constitutionnel
s’ordonnant autour de trois pôles qui correspondent à trois phases déterminantes de l’évolution des régimes politiques
en Afrique. Il permet de légaliser les tendances majeures du constitutionnalisme africain.

Paragraphe 1 – Les trois phases du constitutionnalisme africain

Une question sur l’histoire du constitutionnalisme en Afrique : Quelle est la voie à suivre pour permettre au continent de
se doter d’Etats modernes, enviables, capable de relever le double défi de l’unité et du développement ?

La première phase du constitutionnalisme correspond à la colonisation et l’accession à l’indépendance de nombreux Etats


africains.

La deuxième phase correspond au règne du présidentialisme négro-africain.

La troisième phase est celle des transitions démocratiques et du retour au constitutionnalisme libéral.

A- Le constitutionnalisme de décolonisation des années d’indépendance

Ce mouvement constitutionnel postcolonial correspond à la première génération des constitutions africaines. Elle part des
années 1958 jusqu’aux années 1964-1965. Elle est marquée par l’octroi des indépendances avec des textes
constitutionnels copiés principalement sur le modèle parlementaire des puissances coloniales britannique et française.

Les institutions politiques telles qu’elles sont mises en place sont caractérisées par une collaboration entre le législatif et
l’exécutif au niveau de l’élaboration des lois, et par une dépendance réciproque de ces deux pouvoirs : droit de dissolution
du parlement par le gouvernement et responsabilité politique ministérielle avec motion de censure et question de
confiance. Ces textes constitutionnels qui conduisent à l’indépendance vont progressivement être remplacés par des
constitutions inspirées du modèle présidentiel américain, teinté du parlementarisme rationalisé sous l’influence de la V e
République française. Dans l’ensemble, les textes constitutionnels de ces premières inspirations sont d’inspirations
libérales et consacrent formellement l’équilibre des pouvoirs séparés, le principe démographique, le multipartisme, la
garantie des droits et libertés.

Il en va différemment de la deuxième génération des Etats postcoloniaux en Afrique.

B- Le constitutionnalisme autoritaire : la consécration du parlementarisme négro-africain

Partant des années 1965 aux années 1990, la seconde période de l’évolution du constitutionnalisme africain est
essentiellement caractérisée par l’abandon du modèle libéral au profit d’un schéma : le gouvernement autoritariste
qualifié de présidentialisme négro-africain par le Pr. Jean GICQUEL. Il est déterminé par un déséquilibre voire une confusion
des pouvoirs au profit d’un Président de la République, chef de l’Etat et chef du gouvernement, dominant totalement grâce
à des techniques de rationalisation exacerbées du parlementarisme et surtout un droit de dissolution non assorti des
responsabilités politiques du Président. Ce présidentialisme négro-africain emprunte quelque peu au constitutionnalisme
soviétique. Il s’appuie sur un parti unique dont le Président de la République est le chef, il est également le chef des armées
dans de nombreux cas à l’exemple de l’ex-Zaïre de MOBUTU ou du Togo du Général EYADEMA. Le parti se confond à l’Etat
et transcende la constitution et le droit qui doivent refléter l’idéologie et l’orientation de celui-là. C’est donc dire que la
confusion des pouvoirs fut préférée à la séparation des pouvoirs, les droits et les libertés même constitutionnellement
proclamés furent relégués aux oubliettes et le monolithisme se substitua au pluralisme. Plusieurs raisons ont été avancées
pour justifier cette évolution. On peut citer entre autres les impératifs d’unité nationale, la lutte contre le sous-
développement, le consensus propre à l’identité culturelle africaine, la nécessité pour les Etats africains de se doter des
régimes politiques conformes au génie culturel africain (affirmation de la négritude juridique de l’authenticité africaine).
Ces idéaux si nobles soient-ils, vont demeurer à l’état du slogan car ils n’ont servi qu’à masquer le développement de la
dictature. Cette période est marquée par le développement des coups d’Etat militaires, par l’exercice de l’autocratie, mais
aussi une véritable relativisation des constitutions qui cessent d’être la norme fondamentale et suprême pour devenir des
instruments soumis aux caprices des dictateurs qui se succèdent au pouvoir généralement à la suite des coup d’Etat et
taillant la Constitution à la mesure de leur ambition égoïste. Ces régimes prônent tantôt une orientation socialiste, tantôt
une orientation communiste et tantôt le retour à l’authenticité.

Les modalités d’organisation du pouvoir et les formes de gouvernements se différencient des types classiques des Etats
n’hésitant pas à créer les institutions sans équivalent ailleurs. Exemple : le conseil supérieur de la révolution. Cette
institution originale vise à tromper sur une réalité beaucoup plus hideuse, faite de violation flagrante et massive de droits
humains, de népotisme, de tribalisme, de gabegie et la de corruption… Le contexte international dominé par la guerre
froide entre les blancs de l’Est et les blancs de l’Ouest, a contribué à consolider les régimes, chacun des blocs périssant et
protégeant ses bons et loyaux dictateurs africains.

Dans la pratique, on assiste à l’unification, à la concentration et à la centralisation du pouvoir judiciaire au profit du PR


Chef de l’Etat, Chef du gouvernement, Chef des armées, seul et parti unique, guide éclairé de la nation assistée d’une
oligarchie qui confisque le pouvoir et les ressources qu’il procure. Avec l’écroulement du mur de Berlin et du bloc de l’Est,
seront omises à partir des années 1989-1990, ces originalités constitutionnelles au profit d’une transition vers le
constitutionnalisme libéral.

C- Le constitutionnalisme libéral de la 3ème génération

La fin de la guerre froide et de la bipolarisation du monde, symbolisée par l’écroulement du mur de Berlin, marquent un
tournant décisif dans l’évolution du constitutionnalisme en général et du constitutionnalisme africain en particulier. En
effet, la bourrasque libérale provoquée par ce qu’on a appelé les vents de l’Est provoque le déclin du système institutionnel
monocratique en Afrique. Les contestations internes et l’influence de la mondialisation vont entraîner des réformes voire
des révolutions aux termes desquelles on assiste au retour des Constitutions libérales, prônant l’adhésion à l’Etat de droit,
à l’idéologie des droits de l’homme et au multipartisme. Dans plusieurs Etats se tiennent des conférences nationales, sorte
de forum réunissant toutes les forces vives de la société avec les partis politiques et les représentants de l’Etat aux fins de
trouver une nouvelle orientation politique et constitutionnelle qui soit le reflet des aspirations profondes du peuple. Au
terme des foras, sont élaborées et adoptées des constitutions nouvelles (Togo, Gabon Congo…), voire avec certaines
nuances au Cameroun, Nigeria, Algérie, Guinée… Dans d’autres Etats, le même type de réforme est conduit par le
gouvernement en place. Quoi qu’il en soit, il en résulte un nouveau constitutionnalisme naissant sur une autre orientation
libérale. Sont désormais consacrés : la primauté de la constitution garantie par les juridictions constitutionnelles, la
séparation des pouvoirs, le renforcement des principes démocratiques, le pluralisme politique et économique, la liberté
de la presse et des associations. Avec ces institutions nouvelles, on assiste à des transitions vers la démocratie pluraliste
et libérale avec dans certains cas comme le bénin, la promotion de la démocratie constitutionnelle, la tendance à l’Etat de
droit, démocratique et libéral, avec garantie de l’alternance par la limitation des mandats présidentiels.

Paragraphe 2 – Les tendances actuelles du constitutionnalisme africain

1- Les grandes tendances du renouveau constitutionnel en Afrique

De la lecture des nouvelles Constitutions africaines et des pratiques politiques dans ce continent, il se dégage actuellement
plusieurs tendances :

La première marque le retour au constitutionnalisme libéral et à la démocratie pluraliste (consécration d’un Etat de droit,
garantie des droits de l’homme, multipartisme politique, décentralisation politique) ;

La deuxième tendance est la persistance d’un certain mimétisme constitutionnel, l’influence des modèles étrangers
demeurent prescrites, mais ce mimétisme est à relativiser à travers la recherche d’un certain syncrétisme. Les nouvelles
institutions politiques empruntent désormais à plusieurs modèles à la fois : on note l’influence de la France, des USA, la
République fédérale d’Allemagne et parfois le régime parlementaire britannique.

La troisième tendance indique que la recherche des solutions androgènes aux problèmes africains est donc : la constitution
africaine qui consacre les droits spécifiques des minorités et des populations autochtones, l’espace d’interpellations
démocratique au Mali, inspiré de l’arbre à palabre.

La quatrième tendance consacre la persistance de syndrome des coups d’Etats qu’ils soient militaires ou constitutionnels.
La cinquième tendance est la persistance de l’instabilité constitutionnelle du fait des mouvements de réforme ou de
mouvement des révisions constitutionnelles dont bon nombre sont consacrées à la suppression de la limitation du nombre
de mandats présidentiels.

La sixième tendance est le rejet de la transcendance de la Constitution en Afrique contrairement à l’Occident où la


Constitution est vénérée, connait une stabilité liée à la transcendance en tant que norme suprême. Le constitutionnalisme
africain se caractérise par une appropriation de la Constitution par les forces politiques notamment les majorités
présidentielles qui les réforment à leur mesure.

La septième tendance est relative à l’instabilité de la vie constitutionnelle : dans de nombreux Etats illustrés par la
résurgence des mouvements insurrectionnels, contestant le pouvoir en place. D’où de nombreuses guerres civiles dont la
cause principale est le partage du pouvoir politique, la contestation du gouvernement et du jeu constitutionnel.

Exemple : RCA, RDC, Madagascar, Burundi dans une certaine mesure le Nigeria, le

Mali, la Lybie … Ces éléments conduisent à tempérer l’optimisme de certains auteurs qui ont conclu au raz-de-marée le
constitutionnalisme libéral, de la démocratie pluraliste, de l’Etat de droit et de la fin de l’autoritarisme en Afrique.

L’étude du régime politique camerounais dans son évolution historique et dans ses tendances actuelles épouse à bien
d’égard la trajectoire du constitutionnalisme africain.

Seconde Partie : Le régime politique camerounais

Il convient d’évoquer la genèse de l’évolution du constitutionnalisme au Cameroun à travers l’histoire constitutionnelle du


pays (Chapitre I) avant d’examiner les institutions constitutionnelles actuelles (Chapitre II).

CHAPITRE 1 L’HISTOIRE CONSTITUTIONNELLE DU CAMEROUN

Cette histoire constitutionnelle ne coïncide pas avec l’histoire politique du Cameroun. Si l’histoire politique du Cameroun
considérée comme entité territoriale publique débute avec la colonisation, en revanche, la genèse du constitutionnalisme
est ici liée aux mutations du statut territorial du Cameroun à l’approche de l’indépendance. Les conditions d’accession à
l’indépendance vont par conséquent déterminer l’histoire constitutionnelle du pays. L’accession séparée à la souveraineté
internationale de la partie orientale du pays administrée depuis la fin de la première guerre mondiale par la France,
donnera lieu à un constitutionnalisme unitaire et libéral éphémère. Le Cameroun opte en effet pour une République
unitaire de type parlementaire matérialisé par la constitution du 4 mars 1960 qui fut la première constitution de l’Etat du
Cameroun. A la suite de l’autodétermination des populations de la partie méridionale du Cameroun sous administration
britannique en faveur du rattachement au Cameroun oriental, est mise en place la constitution fédérale de 1961, porteuse
d’un Etat fédéral bilingue et biculturel. La parenthèse fédérale née de la réunification le 1er octobre 1961 connaîtra un
terme avec l’unification des deux Etats fédérés en un Etat unitaire décentralisé à forte tendance présidentialiste organisée
par la Constitution du 02 juillet 1972. Ce centralisme présidentiel connaîtra une décongestion avec le courant de
libéralisation et de démocratisation des années 1990 qu’entérinera la réforme constitutionnelle du 18 janvier 1996.

La constitution du 4 mars 1960 et l’aménagement d’un éphémère Etat républicain, unitaire parlementarisé et libéral

Il convient ici d’examiner d’une part les conditions d’élaboration de la première constitution du Cameroun, et d’autre part
les institutions créées par celle-ci.

Elaboration de la constitution du 4 mars 1960

Cette élaboration est un moment décisif de l’histoire constitutionnelle du Cameroun indépendant. Elle marque en effet
l’adoption de la première Constitution de l’Etat du Cameroun. Ce texte fut préparé par le gouvernement du Premier
Ministre Ahmadou Ahidjo et soumis à l’avis d’un comité consultatif parlementaire constitué pour moitié des membres du
parlement camerounais et pour l’autre moitié des personnalités désignées par le gouvernement, ceci en application d’une
loi du31 octobre 1959, accordant à ce gouvernement le pouvoir de légiférer et de préparer la constitution du Cameroun.
Ce projet de loi constitutionnelle après décision et amendement par le comité consultatif parlementaire fut adopté par
référendum le 21 février 1960 et promulgué le 4 mars 1960 ; ainsi naquit la première République d’essence parlementaire
et libérale.
Les institutions mises en place par la constitution du 4 mars 1960

Cette Constitution répartissait le pouvoir d’Etat entre le législatif et l’exécutif.

Elle prévoyait une Assemblée Nationale aux conséquences étendues, elle était constituée de représentants élus au suffrage
universel. Elle était chargée de légiférer et d’édicter les lois, mais également de contrôler l’action du gouvernement. Elle
pouvait renverser le Gouvernement soit par le vote de la motion de censure, soit par le refus de la confiance du
gouvernement en résultat d’un désaccord profond entre l’exécutif et le législatif. La Constitution prévoyait aussi un
exécutif bicéphale constitué d’un Président de la République détenant d’importantes prérogatives, ce qui en faisait le
personnage le plus important de la vie politique. Ensuite, un gouvernement placé sous l’autorité d’un Premier Ministre,
chef du gouvernement. Le gouvernement était chargé d’assurer la gestion des affaires de la République et en était
doublement responsable devant l’Assemblée Nationale et devant le P.R. Le Président pouvait dissoudre l’Assemblée
conformément à la tradition des régimes parlementaire. Ces Constitutions prévoyaient une décentralisation territoriale
poussée avec des régions administratives et des collectivités territoriales décentralisées s’auto-administrant par des
représentants élus. Ladite Constitution prévoyait également une autorité judiciaire incarnée par les tribunaux et les cours.

La Constitution du 1er septembre 1961et l’avènement de la République fédérale

Avec le rattachement au Cameroun francophone de la partie méridionale de l’ex-Cameroun sous domination britannique,
à l’issue du référendum de 1961, devrait être adoptée la loi n° 61/24 du 1er septembre 1961 portant révision
constitutionnelle et tendant à adopter la Constitution actuelle aux nécessités du Cameroun réuni. Ce texte fut appelé
couramment "la constitution de la République Fédérale du Cameroun".

Elle consacrait un fédéralisme des deux Etats : l’Etat fédéral du Cameroun d’une part et l’Etat fédéré du Cameroun d’autre
part. L’un et l’autre était coiffé par l’Etat fédéral. La Constitution de 1961 bouleverse profondément la structure de l’Etat
ainsi que la nature du régime politique. A l’Etat unitaire de 1960, se substitue un Etat unitaire complexe, composé d’une
structure générale et deux Etats fédérés démocratiquement, économiquement et superficiellement inégaux. La
constitution fédérale instaure au niveau de l’Etat un régime présidentiel et au niveau de chaque Etat fédéré des régimes
parlementaires classiques. L’Etat du Cameroun occidental ayant des institutions calquées sur le régime parlementaire
britannique, et l’Etat du Cameroun oriental adoptant un parlementarisme rationalisé à la française.

Dans l’un et l’autre les deux Premiers Ministres sont chefs de gouvernements et responsables devant leurs Parlements
respectifs. Le Parlement du Cameroun occidental était bicaméral. Comportant une chambre des représentants du peuple
et une chambre des représentants des chefs traditionnels. Le Parlement du Cameroun oriental était, quant à lui,
monocaméral comportant une assemblée législative. Chacun des Etats fédérés avait sa propre Constitution. Les institutions
des Etats fédérés étaient supplantées par celles de l’Etat fédéral du Cameroun.

Au niveau fédéral, on retrouvait le PR chef de l’Etat et Chef du gouvernement fédéral, assisté d’un vice PR élu sur le même
critère au suffrage universel direct et secret pour un mandat de 5 ans. L’Assemblée Nationale Fédérale constituée de 40
membres élus au suffrage universel pour un mandat de 5 ans à raison de 30 membres pour le Cameroun oriental et 10
pour le Cameroun occidental. La Constitution de 1960 dérogeait au principe du bicamérisme fédéral qui voudrait que le
Parlement de tout Etat soit constitué de deux chambres : l’une des représentants du peuple et l’autre des représentants
des Etats fédérés. Il était cependant prévu pour toutes les questions intéressant la fédération et concernant la forme
générale de l’Etat, l’institution d’un vote à majorité absolue du Parlement, comprenant nécessairement la majorité de
chaque collège anglophone et francophone. Autrement dit, le projet devait être adopté à la majorité absolue des députés
anglophones et de la majorité absolue des députes francophones.

La cour fédérale de justice

Incarnant l’autorité judiciaire et coiffant tout le dispositif de l’organisation judiciaire du Cameroun fédéral, la Haute Cour
Fédérale de Justice est compétente pour juger le PR., le vice PR, le PM, les Ministres fédéraux et les Secrétaires des Etats
fédérés dans les actes accomplis lors de l’exercice de leurs fonctions ou en cas de haute trahison ; ensuite, le Conseil
économique et social de la fédération.

Il se dégage de cette analyse, une hypertrophie des instructions fédérales traduisant l’importance du pouvoir de la
fédération par rapport au pouvoir des Etats fédérés. Ce pouvoir fédéral allait progressivement se renforcer par
l’instauration et la mise en œuvre d’une législation et des pouvoirs d’exception pour combattre les mouvements de
contestation et de rébellion des nationalistes upécistes. L’avènement du parti unique Union Nationale Camerounaise
(UNC) devait à partir de 1966 aboutir à la neutralisation du jeu politique et démocratique au profit d’une centralisation
des processus décisionnels au profit du Président Fédéral du parti. Cette montée en puissance de l’autoritarisme
présidentielle devrait faire évoluer le régime politique camerounais vers un présidentialisme à forte tendance
centralisatrice. Le fédéralisme inégalitaire mis en place en 1961 devait apparaitre en définitive comme un fédéralisme de
transition puisqu’il devait durer 11 années dès lors que devait intervenir le référendum du 20 mai 1972, consacrant
l’unification du Cameroun, matérialisée par l’adoption au terme du scrutin de la Constitution du 2 juin 1972 : c’est le
passage de l’Etat fédéral à l’Etat unitaire fortement centralisé, revêtant les traits caractéristiques du présidentialisme
négro-africain auquel s’identifie la IIIème République.

La constitution du 2 juin 1972 et la consécration d’un Etat unitaire centralisé et mono-partisan

Il convient d’examiner les circonstances d’avènement de la Constitution de 1972 avant d’en présenter les institutions.

- L’avènement de la constitution de 1972

Le fédéralisme de transition inaugurée avec la Constitution de 1961 devait connaître un terme à l’occasion d’un
référendum organisé le 20 mai 1972. En effet, autant que la fédération s’avérait très coûteuse autant qu’elle constituait
un handicap au développement du pays, le PR Ahidjo entreprit de soumettre au référendum la question du passage à l’Etat
unitaire. Préparée dans le plus grand secret, la Constitution de la République unitaire fut annexée à la question
référendaire sur la forme de l’Etat, question dont la réponse ne faisait point de doute compte tenu du contexte et de la
procédure choisie. Après le plébiscite de l’Etat unitaire, la Constitution du nouvel Etat unitaire fut promulguée le 2 juin
1972. Cette Constitution de la IIIème République consacrait un présidentialisme autoritaire de type absolutiste en même
temps que le retour à la forme unitaire de l’Etat.

- Les institutions prévues par la constitution de 1972

Deux traits principaux caractérisent ces institutions à savoir : le monocentrisme présidentiel d’une part et la vassalisation
des autres organes fonctionnels d’autre part.

S’agissant du monocentrisme présidentiel, il se caractérise par une concentration excessive des pouvoirs en droit et en fait
au profit du PR. Celui-ci est désormais le seul maître du pouvoir exécutif puisque la Constitution ne prévoyait guère de PM
chef du gouvernement. Il réunit donc les compétences traditionnelles de Chef d’Etat et de chef du gouvernement. Le PR
dispose en outre de l’art de pouvoir d’exception que lui confère l’art 11de la constitution. Les prérogatives du PR sont
largement inspirées de la constitution française de la Ve République et de celle des Etats africains à parti unique, ce qui
aboutit à l’absolutisme présidentiel : système dans lequel tout part du Président et revient à ce dernier qui décide et
tranche en dernier ressort. Il est l’alpha et l’oméga du système institutionnel, son pouvoir ne souffre d’aucune remise en
cause dès lors que le gouvernement ne figure pas dans le texte originaire de 1972. En tant qu’organe constitutionnel, le
Président de la constitution de 1972 est plus puissant que le Président des Etats Unis ou que le Président français de la
Vème République. Il est la clé de voute des institutions et incarne, à lui tout seul, les institutions républicaines. Celui-ci
s’appuie pour cela sur un parti unique omniprésent, il veille au respect de la constitution, assure l’unité de l’Etat, garantit
par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs public, définit la politique de la nation et nomme aux emplois
civils et militaires. Il est, en outre, le chef des armées, le chef de l’administration, préside le conseil supérieur de la
magistrature, partage l’exercice de la fonction législative à l’initiative des révisions constitutionnelles et peut soumettre
au référendum toute question qu’il juge importante. L’ensemble de ces pouvoirs en temps normal et en temps de crise
font de lui un véritable Jupiter constitutionnel voire un dictateur de sa République. La subordination des autres pouvoirs
constitutionnels en est que plus renforcée.

S’agissant donc de la subordination des autres pouvoirs, il se traduit dans la Constitution de 1972 par un réel
amenuisement de la fonction parlementaire, réduisant le Parlement monocaméral en une chambre d’enregistrement des
volontés présidentielles et de leur transformation en texte de lois. Toutes les lois adoptées sont d’initiative
gouvernementale, le PR assurant la maitrise de l’ordre du jour des travaux parlementaires. Cette Assemblée nationale est
constituée de 120 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans renouvelable. Ces députés doivent
être investis par le parti unique contrôlé par le PR. Les candidatures indépendantes ne sont pas admises. L’autorité judicaire
est également assujettie au PR, celui-ci maîtrise la composition du conseil supérieur de la magistrature dont il en est le
président. Il est également le garant de l’indépendance de la magistrature ; il exerce une emprise réelle sur la cour suprême
et sur toutes les juridictions inférieures à travers le pouvoir de domination, d’affectation et de sanction des magistrats sur
proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature. Les magistrats ne bénéficient d’aucun régime particulier de
protection, qu’il s’agisse de l’inamovibilité ou d’autres garanties fonctionnelles. La Cour Suprême, quand elle, connait en
matière constitutionnelle, est composée des personnalités désignées par le PR. Autant le dire sous l’emprise de la
Constitution originaire de 1972, le PR est titulaire d’un pouvoir extrêmement étendu et personnalisé dans un régime de
centralisation de la fonction présidentielle. Le parti unique dont il est le Chef aura été une institution décisive dont se
seront servis les Président Ahidjo et Biya pour asseoir l’absolutisme d’un présidentialisme autoritaire jusqu’à ce
qu’interviennent les transitions démocratiques et le retour au multipartisme.

CHAPITRE 2 - LES EVOLUTIONS RECENTES DES INSTITUTIONS POLITIQUES ET CONSTITUTIONNELLES DU CAMEROUN

La transition démocratique que connaît le Cameroun à partir des années 1989

1990 a conduit à :

- La mise en place d’une nouvelle législation sur les libertés publiques et à l’écoulement de l’édifice monolithique et ultra-
répressif qui avait prévalu jusqu’alors avec comme symbole de l’ère nouvelle l’adoption de la loi du 19 décembre 1990 sur
les partis politiques.

- Le rejet par le président Paul Biya de la conférence Nationale souveraine réclamée avec insistance par l’opposition
renaissante dont il avait estimé qu’elle était sans objet ;

- La décongestion constitutionnelle du présidentialisme absolutiste au terme d’une révision constitutionnelle du 23 avril


1991 restaurant le poste de Premier Ministre Chef du gouvernement et les mécanismes de responsabilité politique du
gouvernement devant l’Assemblée Nationale qui réintroduisent ipso facto un parlementarisme ultra rationalisé. On
enregistre également le droit de dissolution de l’Assemblée Nationale qui échoit au Président de la République ;

- L’organisation d’une conférence tripartite (parti au pouvoir, de l’opposition, représentation de l’administration publique)
et la proclamation d’élection multipartisane en 1992 (élection législative, élection présidentielle).

Autant dire que la mutation constitutionnelle en vue de l’adaptation des institutions politiques camerounaises à la nouvelle
donne démocratique, libérale et pluralistes s’est faite par touche et retouche successive. La première touche aura été le
réaménagement déséquilibré de l’Exécutif qui s’opère à travers la loi du 23 avril 1991. La seconde va correspondre à la
réforme constitutionnelle du 18 janvier 1996 articulée autour de l’Etat de droit. La troisième est celle du 14 avril 2008 dont
l’objectif principal semble avoir été la suppression et la limitation du nombre de mandats présidentiels.

La loi du 23 avril 1991 et la décongestion du présidentialisme autocratique

La loi constitutionnelle adaptée par le Parlement et promulguée le 23 avril 1991 introduit une innovation majeure dans le
régime institué par la Constitution de 1972. Elle établit un Premier ministre, chef du gouvernement et politiquement
responsable devant l’Assemblée Nationale. Toutefois, le Président demeure le véritable chef de l’Exécutif. Il définit la
politique de la nation dont le Premier ministre chef du gouvernement en est chargé de la mise en œuvre. Le gouvernement
a un champ d’action extrêmement limité dès lors qu’il ne fait qu’exécuter la politique définie par le PR. Le Premier Ministre
et son gouvernement en sont doublement responsables : d’abord à l’égard du PR qui peut les nommer ou les révoquer à
sa guise, et ensuite à l’égard de l’Assemblée Nationale qui peut lui refuser sa confiance ou le renverser par une motion de
censure, ceci par un vote à la majorité des 2/3 des membres composant l’Assemblée. Toutefois, le PR peut reconduire
dans ses fonctions le Premier Ministre qui vient d’être renversé ainsi que son gouvernement. Le PR peut dissoudre
l’Assemblée Nationale, il s’agit là d’une arme fatale mise à sa disposition. Manifestement le Premier Ministre restauré en
1991 a été conçu comme un fusible du Chef de l’Etat face au Parlement dès lors qu’il doit lui rendre compte d’une politique
dont il n’est pas l’auteur et peut en être durement sanctionné. Le chef de l’Etat, quant à lui, voit ses pouvoirs renforcés par
la possibilité de dissoudre à tout moment l’Assemble Nationale. Un tel régime ne peut véritablement fonctionner que si le
PM et son gouvernement appartiennent à la même majorité politique, sinon les risques de crise constitutionnelle sont
nombreux.
Sans doute, est-ce le caractère instable et toujours autoritariste des institutions rédigées en 1991 qui a suscité une réforme
beaucoup plus profonde en 1996 ?

La réforme constitutionnelle du 18 janvier 1996 et l’aménagement ambiguë de l’Etat de droit

L’adoption de la loi constitutionnelle du 19 janvier 1996 répond à double souci.

D’abord d’ancrer les institutions camerounaises dans la modernité démocratique en proposant un cadre institutionnel
susceptible d’accompagner voire de devancer les mutations importantes que connait la société camerounaise, l’objectif
étant donné de consolider l’option démocratique et libéral prise par le Cameroun.

Ensuite, prendre en compte « les aspirations et les préoccupations du peuple camerounais telles qu’elles se sont exprimées
ces dernières années ». Il s’agit « d’assurer la promotion d’une société plus libérale, plus démocratique et plus
respectueuses des droits et libertés du citoyen et minorités. »

Deux questions fondamentales doivent être mises en exergue : la nature de la réforme constitutionnelle du 18 janvier 1996
et la nature du régime politique camerounais d’autre part au regard notamment de l’ampleur des aménagements
constitutionnels nouveaux.

S’agissant du premier point c’est-à-dire celui sur la nature de la réforme constitutionnelle, on observera l’ambigüité des
discours politique et d’une procédure constitutionnelle qui mène indifféremment le recours à des comités et des
commissions techniques constitutionnelles, à un comité consultatif constitutionnel avant le débat parlementaire suivi de
l’adoption après discussion du projet de loi portant révision de la constitution du 2 juin 1972. Ce texte d’initiative
présidentielle vu et adopté par le Parlement en application de l’article 36 de la Constitution originaire du 2 juin 1972 sur la
révision de la Constitution. La question demeure toutefois de savoir s’il s’agit d’une révision partielle ou d’une révision
totale du texte de 1972 dès lors que de nombreux articles de la Constitution de 1972 ont été reconduits tels quel dans le
texte de 1996. On en déduira toutefois que la révision parlementaire et l’adoption de la loi constitutionnelle de 1996 ont
porté sur tout le texte de la Constitution, du préambule aux dispositions finales et s’il est constant que l’ancienne
disposition du texte de 1972 demeure sans changement dans le texte de 1996 qui les ont reconduits tels qu’aux termes
d’un vote constituant d’où la révision totale de la constitution de 1972.

S’agissant du second point, relatif à l’ampleur de la réforme et à la nature du régime politique qui en a découlé, il y a lieu
d’observer :

- Un réaménagement moins déséquilibré entre les rapports caractérisés par une innovation majeure à savoir l’institution
d’un pouvoir judiciaire en rupture avec l’autorité judiciaire que prévoyaient les précédents textes constitutionnels.

Paradoxalement, ce nouveau pouvoir judiciaire voit son indépendance être garantie par le PR u terme de l’art 37 de la loi
constitutionnelle du 18 janvier 1996. La Cour Suprême fait l’objet d’une réorganisation conséquente, il en va de même des
cours et tribunaux avec l’avènement d’une chambre des comptes ou encore des cours régionales des comptes. Les ordres
administratifs et judiciaires font également l’objet d’une réorganisation subséquente.

- La création des institutions nouvelles telles que le conseil constitutionnel et le Sénat en tant que deuxième chambre d’un
parlement désormais bicamérale.

- L’institution d’un régionalisme constitutionnel consacrant le renforcement de la décentralisation territoriale ;

- L’obligation pour le Président de la République, les membres du gouvernement, les membres du Parlement, les hauts
fonctionnaires et les gestionnaires du crédit public, les magistrats et tous les agents habilités à manipuler les deniers
publics, de déclarer leurs biens et avoirs aux termes de l’article 66 de la Constitution. Avec l’entrée en vigueur de la réforme
constitutionnelle de 1996, on a assisté à un réaménagement profond de la loi fondamentale du Cameroun, passée de 39
articles en 1972 à 69 articles en 1996.

Les institutions constitutionnelles connaissent également un réaménagement conséquent dans un contexte de


libéralisation et démocratisation progressive dans la vie politique avec désormais : plus de 200 partis politiques, de
nombreux syndicats et associations, de nombreux organes de presse, consacrant le pluralisme de la société politique
camerounaise. L’organisation à périodicité déterminée des élections municipales, sénatoriales, législatives et
présidentielles de plus en plus compétitives est un signe de renforcement de la démocratie pluraliste. La nature
présidentialiste du régime politique camerounais a-t-elle pour autant changée ?
On pourrait répondre en indiquant que le présidentialisme demeure une constance, l’environnement politique et le
contexte en ont modifié les attributs. Le présidentialisme despotique et absolutiste semble avoir cédé le pas à un
présidentialisme de type démocratique et libéral, un présidentialisme déconcentré baptisé de parlementarisme rationalisé
à l’excès. Ce qui a conduit certains auteurs à mettre l’accent sur un parlementarisme progressif du régime présidentialiste
camerounais voire à une déprésidentialisation dudit régime. Autant de qualificatifs qui sont à revérifier à la lumière des
partis politiques dont on observe le vécu au quotidien.

A l’évidence, la Constitution au Cameroun comme dans le reste de nombreux Etats africains, demeure ambiguë. Elle ne
semble guère s’émanciper des caprices des Chefs d’Etat qui la manipulent sans cesse ainsi que le relève la révision
constitutionnelle, objet de la loi du 14 avril 2008 modifiant certains articles de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996.
A en croire son exposé des motifs, l’objectif de cette révision consistait à « corriger les impertinences » de la loi
constitutionnelle de 1996 pour affermir la démocratisation de notre pays « renforcer et préserver sa stabilité politique ».
Cette nouvelle loi supprime la limitation des mandats présidentiels, renforce son immunité juridictionnelle, réaménage le
régime de la vacance à la tête de l’Etat, retouche la durée des membres du Conseil Constitutionnel de 9 ans non
renouvelable à 6 ans éventuellement renouvelable.

Cette ultime révision conclut l’évolution constitutionnelle du Cameroun à ce jour ainsi que l’histoire constitutionnelle de
ce pays.

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