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DROIT CONSTITUTIONNEL

Section 2 : le régime présidentiel


Ce régime a une application plus restreinte, moins massive sur le plan historique. Son origine
est américaine, il a été copier mais sans réel succès. Un certain nombre de pays, notamment
en Amérique du Sud parfois même sur le continent africain ou de manière périodique en
France ont voulu l’adopter mais aucune n’a abouti.

I- L’origine du régime présidentiel


Le régime présidentiel américain s’est constitué de manière empirique. En 1787, les
constituants ont essayé de négocier un compromis constitutionnel qui soit de nature à
satisfaire le plus grand nombre sans qu’il y ait de modèle de référence. Les américains ont
essayé de transposer le modèle britannique déjà existant mais il y avait également le
sentiment qu’il fallait éviter de la copier entièrement sans quoi l’indépendance aurait servi à
rien. Il s’agissait moins de renforcer le pouvoir aux mains d’un homme que de l’affaiblir, le
pouvoir doit arrêter le pouvoir. Il fallait donc diviser le pouvoir et éviter qu’il y ait un titulaire
unique. En réalité malgré la forme présidentielle de l’exécutif, la volonté des constituants
était plutôt au départ de s’orienter vers un régime congressionnel. Ceci s’explique avec le
caractère fédéral des Etats-Unis, ils se méfiaient d’un régime où le pouvoir serait
entièrement dans les mains de la fédération. Cependant il fallait un gouvernement effectif
de l’Etat donc ils ont été contraints de renforcer l’exécutif, c’est ce qui explique la forme
présidentielle/monocéphale du régime. Ce n’est qu’ultérieurement que l’on s’est orienter
sur un régime totalement présidentiel.

II- Les caractéristiques du régime


Il faut y dissocier la théorie de la pratique. Le régime américain est issu d’une interprétation
abusive du principe de séparation des pouvoirs. On y évoque une séparation rigide des
pouvoirs. C’est une vue totalement théorique car en réalité le système fonctionne de
manière plus souple. C’est ce qui explique qu’il se soit maintenu dans le temps
A- La théorie du régime présidentiel
Il y a dans la Constitution américaine une distribution assez tranchée des pouvoirs. Du point
de vue de l’analyse théorique, les constituants ont conçu les différents pouvoirs comme des
fractions de la souveraineté. Chacun des organes doit exercer sa fonction en toute
indépendance. Il doit l’exercer sans entrave, dans sa totalité, sans aide ni collaboration.
Le pouvoir exécutif est détenu par le président qui est élu au suffrage universel, article 2 de
la Constitution américaine. Il est le seul titulaire du pouvoir exécutif et il est aidé dans son
travail par les secrétaires d’Etat qu’il nomme et qui sont responsables devant lui. L’exécutif
ne repose donc que sur une tête, monocéphale, caractéristique même du régime
présidentiel.
Le pouvoir législatif est attribué au congrès qui est composé de la chambre des
représentants et du sénat. On a donc affaire à un Parlement dénommé congrès qui est
bicaméral. On constate par ce biais que le bicamérisme n’est pas une caractéristique
uniquement du régime parlementaire. La réalité du pouvoir législatif du congrès dans le
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régime présidentiel n’est pas abaissée. Le congrès a la possibilité d’exercer ses compétences
dans leur intégralité. Conformément à la théorie de Montesquieu des moyens d’action
réciproque sont prévus. D’un côté le véto présidentiel sur les lois et de l’autre l’approbation
par le sénat des traités internationaux ainsi que l’approbation des nominations des
fonctionnaires fédérales. Il existe une très forte spécialisation. Ceci limite les moyens
d’action réciproque entre les organes à la différence du régime parlementaire. Le congrès
n’a pas la possibilité d’obliger le président ou ses secrétaires à démissionner, sauf procédure
spéciale, impeachment. De son côté le président n’a pas la possibilité de dissoudre son
congrès. Dans ce système on retrouve une subordination de l’exécutif à l’égard du pouvoir
législatif dans la mesure où le président est toujours tenu d’agir dans le cadre des lois et du
budget votés par le congrès.
B- La réalité américaine du régime
Contrairement à la vue théorique, la réalité est très différente. Derrière la stricte séparation
des pouvoirs il y a en réalité une collaboration des pouvoirs. De façon concrète on constate
que le président participe de manière indirecte mais déterminante à la fonction législative, il
a la possibilité d’influer sur le pouvoir législatif grâce à des membres du congrès en amenant
des véritables projets de lois dans ses messages annuels. Le président a obtenu un droit
d’initiative législative. Il existe des négociations, des pressions officieuses qui permettent de
détourner le caractère rigide de la Constitution, on parle de diplomatie de couloir. Le
président peut empêcher l’application d’une loi en revoyant le texte conformément à
l’article 7. Il demande alors une nouvelle lecture du texte. Ce véto peut être surmonté par
une majorité des 2/3 dans chaque chambre. Le Pocket véto : lorsque le projet de loi est
présenté moins de 10 jours avant la fin de la session. S’il ne siège pas le congrès devra
reproduire cette loi au début de la session suivante.
A l’inverse, on remarque que le congrès participe de manière nette à la fonction exécutive,
par exemple en donnant son avis sur le choix des hauts fonctionnaires de l’administration
qui sont nommés. C’est bien à cette réalité de collaboration des pouvoirs que le régime
présidentiel doit sa survie.
Cela permet d’expliquer que les autres expériences hors d’Amérique n’ont pas été probante.
En France, on a essayé de l’appliquer avec un système de séparation rigide des pouvoirs
(1791-1795-1848). Pareil en Suède et en Norvège. 
C- Les variantes du régime présidentiel
A partir du régime présidentiel américain, on a pu assister à la naissance de nouveaux
régimes que l’on a appelé présidentialiste mais qui ne fonctionnent pas à l’identique du
régime américain. Le régime présidentialiste concerne un nombre varié de régimes. On
observe certaines formes de ce régime dans les pays d’Amérique latine, il s’agit de régime
très déséquilibré au profit du chef de l’Etat. Ce type de régime est également rencontré sur
le continent africain, c’est un régime de concentration des pouvoir aux mains du chef de
l’Etat. Il n’y a aucun partage des pouvoirs. Dans la doctrine française, ce régime caractérisé
comme du présidentialisme constitue une forme dégénérée du régime présidentiel pur
comme il existe aux Etats-Unis.

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En France, certains auteurs ont pu considérer que la 5 ème République est un régime
présidentialiste mais nouveau. Il l’est au sens classique du terme dans la mesure où il s’agit
d’un régime dans lequel le chef de l’Etat est élu au suffrage universel. Toutefois il se
différencie des autres dès lors que le parlement conserve d’importantes prérogatives.
Maurice Duverger a évoqué une présidentialisation du régime. Il convient de souligner que
c’est Valéry Giscard d’Estaing qui en 1974 a franchi le pas en qualifiant la 5 ème République de
régime présidentialiste. Un certain nombre de juriste ont pu préciser la nature de la 5 ème
république en qualifiant ce régime, de régime présidentialisme majoritaire. La fonction
présidentielle ne s’épanouie qu’en raison de la concordance de la majorité présidentielle et
de la majorité parlementaire.
On a pu recourir à d’autres expressions pour la 5ème République :

 Régime semi-présidentiel, expression utilisée par le fondateur du quotidien « Le


Monde », expression reprise par Maurice Duverger. Appellation critiquable car la 5 ème
a aussi les caractéristiques d’un régime parlementaire.
 Régime mixte, idée émise par certains auteurs, André Hauriou.

Section 3 : les régimes mixtes


On évoque les régimes mixtes pour un certains nombres de pays européens, mais cette
catégorie est très hétérogène, le recours à cette nouvelle catégorie permet de dépasser le
point de fixation sur le régime parlementaire et présidentiel. On constate en Europe à côté
des Constitutions qui adopte un régime parlementaire (Italie, Allemagne, Espagne) qu’il
existe certains états qui adoptent une forme mixte de régime. Comme en France, en
Autriche, au Portugal, en Roumanie.

I- Les emprunts au régime parlementaire et au régime présidentiel


On emprunte au régime parlementaire le mécanisme de la responsabilité gouvernementale
et au présidentiel le principe d’un président élu au suffrage universel direct. C’est par ces
deux éléments que Maurice Duverger définit le régime semi-présidentiel. Cela permet donc
de décrire la nature des régimes démocratiques actuels où il existe un dualisme au sein de
l’exécutif, ainsi qu’une dualité forte entre l’exécutif et le pouvoir législatif. Deux pouvoirs
disposent d’une légitimité populaire identique, à savoir d’un côté le président de la
République et de l’autre côté, l’assemblée nationale (élu de manière collégiale). Les deux
organes étant élu au suffrage universel direct.
La principale critique adressée à cette catégorie est qu’elle ne constituerait pas une
catégorie. Il existe bien une différence nette entre les régimes bipartis (Grande-Bretagne) et
les régimes parlementaires multipartis (Allemagne, Italie) avec ou sans stabilité
gouvernementale.
S’il y a une unité d’application dans le cadre des régimes présidentiels cela s’explique par le
fait qu’il n’en existe qu’un véritable, celui Américain.

II- Les exemples

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Les régimes mixtes sont apparus au début du 20 ème en Finlande et en Allemagne (1919). Ce
régime a été plus ou moins adopté par l’Autriche (1929), par l’Irlande (1937), l’Islande
(1944), la France (1962, réforme constitutionnelle, élection du président au suffrage
universel direct), au Portugal (1976). Outre ces 7 modèles constitutionnels, il faut ajouter à la
suite les nouveaux états issus de l’effondrement du bloc de l’est qui ont adopté les
mécanismes propres aux régimes mixtes (Roumanie, Pologne).
En Finlande, Allemagne et Autriche, le principe d’un président élu au suffrage universel
repose sur la même population. Il s’agit de renoncer à un souverain héréditaire, ou à un
empereur et de corriger les défauts du régime parlementaire en renforçant les pouvoirs du
chef de l’Etat. C’est cette logique qui a été suivi en France en « institutionnalisant » la place
du Général de Gaulle en 1962 par l’élection du président de la république au suffrage
universel direct. En raison de son rôle dans la résistance, il est connu que me Général de
Gaulle n’avait pas besoin de cette légitimité mais elle devait bénéficier à ses successeurs. En
Irlande et en Islande on a aussi voulu donner une légitimité aux chefs de l’Etat qui n’auraient
rien à envier à la légitimité propre à la Couronne royale (comme en Angleterre et au
Danemark). Il faut envisager cette même lecture pour les états sortis du communisme en
déplaçant l’autorité d’un dictateur vers un président élu.
Cependant, même si les chefs de l’Etat disposent d’une légitimité populaire il faut constater
que leurs pouvoirs varient en fonction de la pratique d’institution. En Irlande, comme en
Islande, le président est assez faible alors que la Constitution confère des pouvoirs
importants. Le président français apparaît par comparaison comme le plus puissant dans les
différents régimes mixtes alors même que sur le papier ce n’est pas forcément celui qui
dispose des plus importantes prérogatives.
Il est nécessaire dans les régimes mixtes de tenir compte de d’autres paramètres pour
définir la réalité du pouvoir. Il faut tenir compte de la logique d’ensemble institutionnel, de
la logique partisane et du système électoral.

Chapitre 2 : les convergences institutionnelles


Le regard jeté sur les différentes Constitutions peut donner le sentiment qu’il est difficile de
déterminer des points de convergences entre les différents systèmes. Il reste que malgré le
caractère très hétéroclites des Constitutions, la plupart des Etats ont choisi de se soumettre
à des principes/valeurs qui font converger dans le même sens leur pratiques
institutionnelles. Elles peuvent être résumé en interne en une notion : l’Etat de droit. Cette
notion débouche sur le développement de la justice constitutionnelle comme gage de la
protection des droits fondamentaux.

Section 1 : la commune référence à la notion d’Etat de droit


La notion d’Etat de droit « est devenue depuis les années 80 une des références majeures du
discours politique. Tous les acteurs politiques sont tenus de sacrifier au culte de l’Etat de
droit » pour Jacques Chevalier. Il n’est pas un Etat sur la scène internationale qui ne se part
des vertus de l’Etat de droit. De manière significatif, les états de la décolonisation (Russie)
ont affirmé leur allégeance à l’Etat de droit. La Constitution de Russie fait d’elle un Etat de
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droit ayant une forme républicaine de gouvernement. L’Etat de droit est donc un mot
d’ordre mondial.

I- Les origines doctrinales de l’Etat de droit


A partir de la seconde moitié du 19ème apparaît dans la doctrine allemande le concept d’Etat
de droit qui constitut la traduction du mot Rechtstaat. On trouve cette notion chez des
juristes comme Bärh, Von Geist, Von Mahl ou encore Stahl. La notion sera véritablement
développée à la fin du 19ème par des auteurs comme Jhering, Laband ou Jellinek.
La doctrine française s’emparera à la suite de cette notion avec Carré de Malberg à la suite
de l’école strasbourgeoise.
A- La théorie de l’Etat de droit
Le terme d’Etat de droit n’avait pas pour objet de désigner une forme de gouvernement ou
un système politique particulier. C’est sous l’Allemagne impérial que cette notion s’est
développée mais elle pouvait concerner la monarchie et les régimes républicains. Le terme
désignait en conséquence plutôt une structure juridique, un système conçu
indépendamment de toutes formes de gouvernement, c’est pourquoi la notion est
adaptable à différents régimes. La notion repose sur 3 niveaux d’analyses qui se succèdent et
interfèrent ensemble.

 Le principe renvoie en premier lieu à une certaine conception de l’ordre juridique


étatique qui repose sur la hiérarchie des normes. L’Etat de droit suppose l‘existence
d’un pouvoir limité car assujetti à des règles. Il faut des compétences pour agir.
 Trouver le principe qui permet de limiter l’Etat par le droit. De façon à interdire tout
arbitraire étatique. Pour éviter l’arbitraire étatique, la doctrine considère que l’Etat
de droit implique à la fois la soumission au droit et la sanction des règles de droit par
un juge indépendant.
 Le 3ème découle des deux autres. La soumission de l’Etat au droit et l’existence d’un
juge contraignant charger de faire respecter à l’administration étatique des règles qui
lui sont extérieures mais aussi supérieures va permettre la garantie effective des
droits des citoyens contre l’Etat. L’Etat de droit va permettre la défense et la
protection des droits de l’Homme.
B- Le passage en France de l’Etat légal à l’Etat de droit
On fait ressortir la particularité de la France, en mettant en évidence le fait que la
suprématie de la loi faussait tout. La loi en pratique étant incontestable il paraissait difficile
de prétendre que le parlement était soumis à des normes supérieures et donc à la
Constitution. Ce qui était vrai pour l’administration n’était pas vrai pour le pouvoir législatif.
En remarquant cela, Carré de Malberg notait que la France n’appliquait pas le régime de
l’Etat de droit mais plutôt le système de l’Etat légal. La primauté de la Constitution sur la loi
n’était pas en effet assurée puisque aucun recours contre la loi n’était possible. Cela était
dangereux pour les libertés individuelles. L’absence de contrôle de constitutionnalité ne
permettait aucune sanction contre la loi. Le système français, faute de recourt, ne s’est pas
élevé jusqu’à la perfection de l’Etat de droit. C’est ce constat unanime qui a conduit la

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doctrine à préconiser un contrôle de constitutionnalité par les tribunaux sur la base du


modèle américain. En 1958, la France introduit sur le papier ce contrôle. Il faudra plus de
temps pour que ce contrôle se traduise dans les faits.

II- Les exigences de l’Etat de droit


Le principe de l’Etat de droit vient compléter l’idée de constitutionnalisme développé au
18ème siècle. Le constitutionnalisme affirmait la suprématie de la Constitution et le respect
des droits fondamentaux. L’Etat de droit reprend ces principes mais les complète par une
opération de structurations du droit, en généralisant le contrôle juridictionnel, en le
formalisant ce qui donne une plus grande effectivité à la suprématie de la Constitution.
Les Etats qui ont opté pour l’Etat de droit partage en commun deux principes :
- Le principe d’élection libre et pluraliste gage d’une démocratie libérale.
- Le principe de la protection des droits fondamentaux symbole de la généralisation du
contrôle juridictionnel ou de constitutionnalité.
A- Le principe d’élections libres et pluraliste ou l’imposition de la démocratie libérale
Il est affirmé dans la plupart des Constitutions que la légitimité du pouvoir réside dans le
suffrage universel. Le pouvoir de décider des règles sociales n’appartient pas à un homme ou
à un collège d’individu mais au peuple. Le suffrage universel apparaît comme une procédure
technique et comme l’expression de la souveraineté populaire. L’élection apparaît comme
un thème majeur de l’Etat de droit, encore faut-il que les modalités d’élection soient
conformes à l’état de droit (selon des règles qui en garantissent l’authenticité). Les élections
doivent avoir lui selon une périodicité raisonnable et que la population soit en mesure de
choisir entre plusieurs candidats et plusieurs partis qui défendent des opinions différentes.
C’est la raison pour laquelle les Constitutions prévoient que l’organisation des élections doit
permettre l’égale accès des candidats aux moyens de propagande, une liberté d’information
et de réunion politique.
Sur le plan institutionnel, sur les conséquences de ce principe il faut noter que le principe
d’élection libre, démocratique à des effets sur les systèmes politiques. Quelques soient les
régimes existant (parlementaire ou mixte), quelques soient les modalités concrètes de
séparation des pouvoirs, on constate qu’en raison du recours systématique aux élections
politiques, le pouvoir à tendance, partout, à se reconstituer autour de l’exécutif. Car c’est lui
qui dispose de la légitimité. La logique électorale accorde au camp victorieux et à son chef la
maitrise du pouvoir normatif (régimes parlementaires, mixtes ou semi-présidentiels). Quel
que soit la dénomination (chancelier ou 1 er ministre ou président de la République) s’impose
celui qui est directement ou indirectement désigné par le suffrage universel. La logique des
élections démocratiques réduit de manière considérable les différences entre les régimes
politiques.
B- La protection des droits fondamentaux ou la généralisation d’un contrôle
juridictionnel
L’affirmation de l’Etat de droit aboutit à un constat formulé depuis plusieurs décennies, à
savoir que le droit constitutionnel intéresse de plus en plus les dispositions relatives à la
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protection des droits de l’homme. Ce développement de l’Etat de droit s’explique par le fait
qu’à la différence des années 1930 à 1950, les régimes totalitaires qui gouvernaient se sont
effacés pour laisser place à de véritables démocraties libérales (Espagne, Italie, Portugal,
Allemagne, France). Sans compter le grand mouvement de libéralisation à la chute du mur
de Berlin à la fin des années 80. La plupart des Constitutions consacrent les mêmes libertés.
Il en résulte une approche commune des droits de l’homme en référence aux textes
internationaux mais aussi au regard des textes constitutionnels. C’est cette convergence
globale vers la protection des droits fondamentaux qui expliquent que des Etats ayant des
passés très différents consacrent en définitive les mêmes droits. Il reste que l’affirmation de
la suprématie constitutionnelle n’aurait aucun sens si cela n’était pas accompagné par une
sanction juridique c’est au développement de la justice constitutionnelle que l’on doit
l’effectivité des droits fondamentaux.

Section 2 : le développement de la justice constitutionnelle


Dès lors que la suprématie de la Constitution est affirmée il est logique de recourir à un juge
pour sanctionner les violations qui sont faites. Cette idée va de soit et personne ne la remet
en cause. Pour autant le principe d’un contrôle de constitutionnalité ne s’est imposé que
très tardivement dans l’histoire. Il coïncide avec les premières constitutions.

I- L’affirmation progressive de la justice constitutionnelle


Au début du 19ème siècle, est apparu le contrôle de constitutionnalité grâce à une
interprétation audacieuse puisqu’il n’était pas prévu expressément par le texte
constitutionnel. Ce contrôle s’est propagé dans l’Europe mais avec une logique différente
sous l’impulsion de Hans Kelsen. On a alors affaire à deux modèles.
A- La naissance du contrôle de constitutionnalité aux Etats-Unis
1. Les origines du modèle américain
Il est globalement entendu que l’origine réel du contrôle ne remonte pas aux Etats-Unis mais
à l’Angleterre. En effet, à une époque où la loi ne rencontrait aucun obstacle, le juge Coke au
début du 17ème siècle soutient la thèse selon laquelle la Common Law avait une valeur
supérieure à la loi royale. Cette approche a été rapidement abandonnée mais elle a influencé
les colonies anglaises d’Amérique du Nord. Celles-ci sont restées fidèles, et comme le
système colonial britannique imposait strictement une hiérarchie des règles et un contrôle
judiciaire de celles-ci on peut considérer que les nord-américains étaient préparés à l’idée
d’une justice constitutionnelle.
Après la déclaration d’indépendance en 1776, la justice constitutionnelle n’a pas été
formellement prévue dans le texte constitutionnel. Cela n’était pas prévu dans la
Constitution fédéral de 1787, mais cela ne l’était pas plus dans les Constitutions des Etats
fédérés. Cependant les habitudes qui ont été prise, l’idée même de Constitution et l’idée de
séparation stricte des pouvoirs ont agit en profondeur pour que s’établisse un contrôle de
constitutionnalité. Dans une certaine lecture de la Constitution on pouvait considérer que ce
contrôle était induit par l’article 6 de la Constitution fédéral. Cette disposition imposait aux

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lois des Etats fédérés de respecter la Constitution fédéral. Ce n’est pas la justice
constitutionnelle qui est imposé mais plus le principe de suprématie du droit fédéral.
Après que la thèse de la suprématie de Constitution fédéral a été développée par les auteurs
du « fédéralist paper », la conclusion va que les cours devaient subordonnées la loi à la
Constitution fédérale. En conséquence les lois ordinaires comme les lois constitutionnelles
des Etats fédérés doivent respecter la Constitution fédérale. Il est du ressort des juges de
faire respecter ce principe.
Suivant les idées exprimées par Hamilton, c’est la volonté du peuple qui a accepté la
Constitution qui s’impose et non pas la volonté des juges, des cours. Les juges ne sont que
des commis du peuples qui ne font qu’appliquer la Constitution telle qu’elle a été exprimée
et voulu par le peuple. Raisonnement repris par le juge Marshall dans la décision Marbury vs
Madison de 1803. Décision qui écarte l’application de la loi fédérale contraire à la
Constitution fédérale.
John Marshall, président de la Cour suprême des Etats-Unis d’Amérique, fédéraliste
convaincu nommé par le président Adams. Il eut à résoudre un problème : en 1800, les
élections qui furent organisé consacrèrent la victoire des anti-fédéraliste et amenèrent
Jefferson à la présidence favorable aux pouvoirs des Etats fédérés. Pour éviter que l’appareil
tombe dans les mains des anti-fédéralistes, le président Adams, profita des derniers
moments de sa présidence pour nommer comme juge inamovible des juges fédéralistes. La
décision fut prise si rapidement que l’administration ne prit même pas le temps de la notifier
à un de ses destinataires, Marbury (juge de paix dans le district de Washington). Madison
(ministre nommé par Jefferson) profita de cette erreur pour ne pas donner suite à la décision
de nomination. C’est de cette manière que débute l’affaire devant la justice. Marbury saisi la
cour suprême pour obtenir son installation dans ses fonctions, il invoque la loi judiciaire de
1789 qui donne à la cour suprême ce pouvoir. Le juge Marshall déclara que la loi de 1789,
accordant à la cour suprême était contraire à la Constitution fédérale. La cour de pouvait pas
examiner la demande de Marbury. Sa décision est opportune sur le plan politique puisqu’elle
donne entière satisfaction au président élu, le juge Marbury n’est pas nommé. Sur le plan
juridique, elle pose un nouveau principe : un contrôle judiciaire de constitutionnalité des
lois.
C’est par cette décision que la cour suprême s’est attribué une compétence nouvelle : celle
du contrôle de constitutionnalité, qui va se développer, se diffuser.
2. Les caractéristiques du modèle américain
Le modèle américain de contrôle correspond à un contrôle décentralisé, dans la mesure où
ce n’est pas une cour unique qui est charger d’effectuer ce contrôle mais l’ensemble des
tribunaux du pays.
C’est aussi un contrôle concret, incident des lois. Dans la mesure où le juge statut
principalement par voie d’exception. Il statut à l’occasion de l’application d’une loi à un
particulier. C’est un contrôle a posteriori car il intervient après que la loi ait été promulgué.

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Il faut souligner ici que le contrôle de constitutionnalité des Etats-Unis est un contrôle
général, il concerne les actes du législateur mais aussi de l’exécutif.
De façon plus concrète, c’est le citoyen qui déclenche la procédure de contrôle mais celle-ci
peut être déclenché selon 3 modalités différentes.

 Le citoyen peut contester la constitutionnalité de la loi que l’on veut lui appliquer en
soulevant l’exception de la constitutionnalité lorsqu’il est en procès. La décision prise
par le juge est revêtue de l’autorité relative de la chose jugée. La décision ne vaut
que pour l’affaire, que pour les parties au procès. Le juge n’annule pas l’acte
inconstitutionnel.
 Le citoyen sans attendre le procès relatif à l’application d’une loi peut contester
directement la constitutionnalité de la loi. Si le tribunal estime la requête fondée, il
prononce une injonction à l’encontre de l’administration en lui défendant d’appliquer
la loi.
 Un particulier peut lorsqu’une loi s’avère difficile à appliquer, demander à un tribunal
de se prononcer par un jugement déclaratoire sur la constitutionnalité de cette loi. Le
juge interprète le droit applicable. Le tribunal apprécie la conformité de la loi à la
Constitution en s‘appuyant sur différente technique de contrôle.
Dans ce système de contrôle, la cour suprême des Etats-Unis ne joue pas le même rôle que
celui jouer par les cours constitutionnelles européennes. En Europe, on a adopté un modèle
de justice constitutionnelle basé sur une juridiction constitutionnelle spéciale. La cour
suprême n’est pas seule compétente pour connaître des litiges de constitutionnalités, tous
les tribunaux ordinaires peuvent le faire. Mais il ne faut pas minimiser son rôle, il est
important et il est placé au sommet de la hiérarchie judiciaire, il régularise et unifie par la loi
d’appel la jurisprudence des cours inférieures.
La cour suprême a une compétence générale qui lui donne la possibilité de statuer sur les
fiats comme sur le droit sur chaque affaire.
La cour suprême des Etats-Unis est constituée de 9 juges inamovibles, nommés à vie par le
président. Le Sénat doit approuver ces nominations. Le positionnement de la cour suprême
varie en fonction de sa composition. Actuellement la majorité est conservatrice.
B- Le développement du modèle européen
1. Le développement historique du contrôle de constitutionnalité en Europe
La justice constitutionnelle a été mise en place plus tardivement en Europe. C’est d’abord la
Suisse qui a importé le système américain de contrôle. Cependant assez rapidement, elle a
révisé son modèle de contrôle car il ne semblait pas bien adapté aux besoins et mentalités
du pays. D’autres pays ont été influencé par le contrôle incident des lois, la Grèce, la
Norvège et le Portugal. Avec l’Autriche à partir de 1920, va s’organiser un modèle de justice
constitutionnelle européen différent de celui prévu aux Etats-Unis avec une organisation et
des techniques de contrôle différentes. La Constitution autrichienne reprend les idées de
Kelsen sur la hiérarchie des normes. Le contrôle de constitutionnalité constitue selon lui le
garant de la validité de l’ensemble du système juridique, « c’est la clef de voute sans laquelle

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la pyramide s’effondre ». Dans sa perspective, ce contrôle permet de vérifier que la loi est
faite dans les formes et les procédures prévues par la Constitution. Il s’agit d’un contrôle
purement formel. Le contrôle n’a pas une nature politique c’est une opération technique qui
permet aux juges de dénoncer une incompétence.
La Constitution autrichienne innove sur deux points par rapport au modèle américain :

 Mettre en place une cour constitutionnel, pour montrer la spécificité du juge


constitutionnel.
 La possibilité de la cour d’annuler des lois et règlements non conforme à la
Constitution par une décision ayant une portée générale. Les décisions n’ont pas une
autorité relative de la chose jugée mais absolue de la chose. La cour peut connaître
les litiges entre les pouvoirs publics ou acteurs publics.
Ce nouveau modèle influence les autres pays, mais il faut attendre la sortie de la seconde
guerre mondiale pour voir apparaitre en Europe une seconde génération d’états adoptant le
contrôle de constitutionnalité selon le modèle de Kelsen. C’est le cas pour l’Italie et de
l’Allemagne.
Dans les années 1970, ce contrôle va se propager dans les pays qui se libèrent des dictatures
(Espagne 1978, Grèce 11/06/1975, Portugal 02/04/1976). Les nouvelles Constitutions qui
sont élaborés contiennent un énoncé des droits et libertés qui doivent être garantit
juridictionnellement par un contrôle de constitutionnalité des lois. La France a prévu dès
1958, le contrôle de constitutionnalité dans sa Constitution, celui-ci ne sera réel qu’a partir
des années 1970 avec la décision du 16/07/1971 relative à la liberté d’association.
La Belgique, s’étant doté après la révision de 1980 d’une cour d’arbitrage, c’est
pratiquement toute l’Europe occidental avec quelques variantes qui était acquise au
système du contrôle de constitutionnalité hérité du modèle de Kelsen.
Au Royaume-Uni le contrôle de constitutionnalité ne pouvait pas exister si on considère qu’il
n’y a pas de Constitution. La situation a évolué puisqu’une cour suprême a été mise en place
avec le « constitutionnal reform act » de 2005.
Une 4ème et dernière vague apparait dans les années 1990, à la faveur de la chute du mur de
Berlin. La technique de contrôle s’étant à l’Europe centrale et de l’est. Les nouvelles
Constitutions adhèrent à ce système (Pologne, Bulgarie, Russie, Roumanie).
Au total, on observe un réel succès du contrôle de constitutionnalité proposé par Kelsen.
Néanmoins il ne faut pas négliger l’influence des Etats-Unis qui sont les premiers à avoir
imposé cette idée que les lois et les libertés doivent être garantit par le juge et que ce
contrôle ne doit pas être confié qu’au pouvoir législatif. Passage d’une démocratie
parlementaire à une démocratie constitutionnelle.
A partir de ces 2 influences les pays européens ont élaboré des systèmes de contrôle
adaptés à leurs histoires, traditions. Le modèle européen n’est pas un modèle unique, il est
marqué par la diversité.
2. Les caractères généraux du modèle européen

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Dans l’extrême majorité des Etats, le contrôle effectué est un contrôle centralisé, il est
effectué par un juge unique, spécial qui est établit à ce seul rôle à la différence du modèle
américain au contrôle diffus et décentralisé. Les Etats-Unis en raison de leur dimension
peuvent difficilement garantir la supériorité du droit fédéral sur les Etats fédérés qui seraient
centralisé. Le risque serait celui d’un engorgement de la cour suprême, il a semblé plus
fonctionnel de permettre à chaque juge d’exercer un contrôle.
En Europe la logique ne pouvait pas être identique, en raison de la dimension moindre des
états mais aussi et surtout en raison des critiques qui pouvaient être formulé à l’encontre du
modèle américain et que Kelsen a mis en évidence.
Il note que le système de contrôle américain laisse planer un doute sur la constitutionnalité
des lois, ce doute est préjudiciable à la sécurité juridique. Les lois peuvent être mise en
doute à chaque procès quand les décisions n’ont qu’une autorité relative de la chose jugée.
Il voit également dans l’établissement d’un juge et d’une cour unique, le meilleur moyen de
renforcer l’autorité. Les états européens sont traditionnellement respectueux des lois et des
parlements alors qu’aux Etats-Unis le système fédéral est acquis à l’autonomie des entités
fédérées, les juges n’ont aucune difficulté à condamner des lois fédérales.
L’institution d’un juge unique, spécialisé présente de nombreux avantages dans la mesure ou
il évite des interprétations constitutionnelles divergentes. Le principe de juge unique permet
de livrer une vérité constitutionnelle et d’assurer une unité jurisprudentielle. La décision
rendue par la cour constitutionnelle n’a pas une autorité relative de la chose jugée mais une
autorité absolue ce qui permet de rejeter définitivement la loi qui n’est pas conforme à
l’ordre du jour. La loi qui a partir de ce moment n’est pas promulguée ne produira aucun
effet juridique.
L’une des principales caractéristiques est qu’il s’agit d’un contrôle a priori. Le contrôle va
porter dans la logique initiale sur une loi qui n’est pas encore promulguée. L’incidence de ce
modèle de contrôle est que le contrôle effectué est indépendant de tout procès ou litige. Le
contrôle est abstrait (le juge ne statut pas sur un cas particulier) et exercer par voie d’action
(le requérant porte directement la loi devant un juge spécial).
C’est une approche schématique, en Europe de plus en plus d’états ont adopté un contrôle a
posteriori, on peut même considérer aujourd’hui que c’est la grande majorité des états.
Mouvement initié par l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal, l’Espagne ou encore la
Belgique. Contrôle déclenché par des responsables de l’exécutif, des parlementaires, des
organes diverses, et aussi par les individus eux même. La France a rejoint tardivement ce
contrôle avec la réforme constitutionnelle du 23/07/2008. On assiste à un rapprochement
des modèles.

II- L’harmonisation progressive de l’organisation de la justice


constitutionnelle
Les deux systèmes possèdent de plus en plus d’éléments communs aussi bien en ce qui
concerne l’organisation des juridictions qu’en ce qui concerne les attributions des juges et

11
DROIT CONSTITUTIONNEL

l’emploi des techniques de contrôle sans oublier les politiques jurisprudentielles développé
par les cours. Les cours sont généralement traversées par le problème de la légitimité.
A- Le rapprochement des modalités de désignation et des règles statutaires
1. La désignation des juges
En France, la doctrine oppose les règles de désignations des juges constitutionnelles des
juges. En Europe et les règle de désignation de la cour suprême. En Europe la désignation
des juges par des autorités politiques faisait obstacle à leur caractère de juridiction. Ce
problème est résolu aux Etats-Unis. Il apparaît que mes autorités qui procèdent à la
nomination des juges sont des autorités politiques dans la plupart des états, qu’il s’agisse
d’autorités appartenant au pouvoir exécutif ou au pouvoir législatif.
Canada, Japon : juges nommés par le 1er ministre
En Allemagne, les juges sont nommés pour moitié par le Bundestag et par le Bundesrat.
En Autriche, 8 membres sont choisis par le gouvernement et les 4 autres par chaque
assemblée.
En France, 3 membres sont nommés par le Président, 3 autres par le Président du Sénat et 3
par le Président de l’Assemblée nationale.
Le pouvoir juridictionnel participe à l’élection des juges, ainsi en Italie 3 sont nommé par le
président, 3 par le parlement et 3 par les instances judiciaires (conseil d’Etat, cours de
cassation et la cour des comptes).
On constate que les procédures de nomination peuvent être diverses néanmoins, il existe
dans chaque pays une volonté de rechercher un équilibre au sein des juridictions. Dans
chaque pays il existe une volonté de rechercher un équilibre des forces politiques au sein des
juridictions (Autriche et Allemagne car les deux forces politiques principales sont
représentées au sein des cours constitutionnelle). Au Portugal on utilise la représentation
proportionnelle.
En ce qui concerne les membres nommés, il y a une idée selon laquelle ce sont des juristes
magistrats mais en réalité ce ne sont pas forcément des juges professionnels qui ont la
qualité de magistrats. Les cours constitutionnelles peuvent compter parmi leurs membres
des professeurs d’université, des avocats, des fonctionnaires, dans tous les cas ils doivent
avoir de solide connaissance juridique. Certains états ont fait le choix d’exiger un niveau
d’étude précis ou un certain nombre d’années d’exercice en temps de professeur, magistrat
ou avocat pour être désigné à la cour constitutionnelle. Il faut noter qu’aux Etats-Unis la
Constitution dans son article 3 ne pose aucune exigence de formation.
2. Le statut des juridictions et des membres
Le point commun des cours constitutionnelles et cour suprême c’et le fait que le statut des
membres des juridictions est inscrit dans la Constitution, cela permet de préserver les
membres des tentatives d’intimidation et donc de garantir leur indépendance par rapport au
pouvoir politique. Les juridictions bénéficient d’une autonomie d’organisation, elles sont

12
DROIT CONSTITUTIONNEL

indépendantes des pouvoirs législatif et exécutif et parfois pour mieux marquer cette
autonomie on les situe dans une ville différente de la capitale (Allemagne). Les juridictions
disposent également d’une autonomie financière en ayant un budget qui leur est propre. Le
caractère long du mandat mais aussi le caractère non renouvelable du mandat met à l’abri
des influences politiques (9 ans en France, Italie, Portugal ; 12 ans en Allemagne). Il ne peut
pas y avoir de tentative de séduction. Dans le principe, le mandat ne peut prendre fin qu’a
l’échéance normale ou par le biais d’une démission, d’un décès, ou d’une déchéance
prononcée par la juridiction constitutionnelle elle-même.
B- Le rapprochement des modalités de contrôle
On s’intéresse ici au procès constitutionnel. Celui-ci présente un grand nombre de
caractéristiques
1. Le déclenchement du contrôle ou les auteurs de la saisine
La saisine des juges et est déclenché par des autorités politiques mais elle est aussi parfois
prévue pour d’autres autorités publiques. Elle peut aussi être déclenché par les individus
a) Saisine pas les autorités politiques et publiques
Elle est déclenchée par des parlementaires dont le nombre minimum est déterminé à
l’avance en termes de chiffre fixe (France : 60 députés, Espagne : 50 députés), ou en
application d’un pourcentage (Allemagne : 1/3). Les autorités exécutives peuvent également
saisir le juge constitutionnel, c’est le cas pour le chef de l’Etat.
Pour les états avec un structure fédéral, la saisine par les autorités locales est souvent
prévue (Allemagne, Autriche, Italie, Espagne).
Dans certains cas la saisine est prévue par des autorités publiques indépendantes (AAI), c’est
le cas en Espagne et au Portugal. Dans la mesure où ces autorités sont un relais entre l’état
et les administrés. En France on pense naturellement aux défenseurs des droits mais il est
notable que le constituant n’a pas pensé à donner à cette autorité ce pouvoir.
b) La saisine par les individus
Afin de mieux protéger les droits fondamentaux, un certain nombre de pays ont prévu une
saisine par les individus (Autriche peut saisir la cour constitutionnelle à la condition que
toutes les voies de recours est été épuisée, Allemagne peut saisir le tribunal constitutionnel
de toutes actes qui porteraient une atteinte « personnelle actuelle et immédiate à leurs
droits », Espagne c’est le recours Amparo, depuis 1989 cette possibilité est ouverte en
Belgique pour les individus. Enfin, en France, depuis la révision de 23/07/2008, cette
possibilité est ouverte depuis la mise en application le 1er mars 2010.)
Mais on ne peut pas parler d’une saisine directe : il y a un mécanisme de filtrage qui est posé
et qui permet aux Hautes juridictions d’intervenir pour soumettre la question au Conseil
constitutionnel. La saisine purement directe est très difficile à mettre en œuvre.
2. Le moment du contrôle : le contrôle a priori et le contrôle a posteriori

13
DROIT CONSTITUTIONNEL

La distinction entre le contrôle a priori et a posteriori constituait une ligne de démarcation


très claire entre le modèle américain et le modèle européen. Cette distinction s’est
estompée puisque la plupart des pays européens ont également adopté un contrôle con
constitutionnalité a posteriori.
a) La raréfaction du recours au seul contrôle a priori
Ce contrôle est celui qui s’exerce immédiatement après le vote des lois mais avant que celle-
ci soit promulgué. Dans cette hypothèse, il n’est pas possible de contesté la
constitutionnalité d’une loi. La France a traditionnellement utilisé de manière exclusive cette
modalité de contrôle qui s’applique aussi bien pour les lois ordinaires que pour les lois
organiques et les règlements d’assemblée. Ces deux derniers types d’actes, doivent faire
l’objet d’un contrôle obligatoire de constitutionnalité devant le Conseil Constitutionnel.
Avant la révision constitutionnelle de 2008, il faut remarquer que ce principe d’un contrôle
préventif pouvait être relativisé pour 3 raisons :
- Exception prévue dans la Constitution, qui donne la possibilité au Premier ministre de
saisir le Conseil Constitutionnel pour qu’il déclare qu’une loi ou une partie de la loi en
vigueur relève de la compétence règlementaire. C’est la procédure de délégalisation
prévue à l’article 37 alinéa 2 de la Constitution. Il pourra modifier ce texte juste par
un règlement.
- Assouplissement apporté à la règle du contrôle préventif. Le Conseil Constitutionnel
a posé dans sa décision du 23/01/1985 a propos de la Nouvelle-Calédonie le principe
suivant lequel : « la régularité au regard de la Constitution d’une loi promulguée peut
être utilement consté à l’occasion de l’examen de disposition législatif qui la modifie,
la complète ou affecte son domaine ». Le Conseil Constitutionnel pose cette règle
mais n’en fait pas usage immédiatement, la 1 ère application a été faite par la décision
du 15/03/1999 relative à la loi organique concernant la Nouvelle-Calédonie. C’est
indéniablement un progrès une évolution vers un contrôle a posteriori mais le
Conseil Constitutionnel reste limité ici dans son contrôle. Il n’a pas le moyen de
défendre aux autorités publiques ou aux tribunaux de recourir à la loi ancienne
valablement promulguée. Le juge ne peut pas écarter une loi qui a été promulgué. Il
peut simplement inciter les autorités publiques et les juges à ne pas l’appliquer.
- Le Conseil Constitutionnel dans le contexte particulier de l’examen obligatoire des
règlements d’assemblées a pu s’affirmer compétent pour examiner a posteriori les
lois organiques et les mesures législatives prises pour la mise en place des
institutions, décision du 24/06/1999.
Avant 2008 la question de l’exception de l’inconstitutionnalité et du contrôle a
posteriori avait été débattu au Parlement, en 1990 un projet de loi constitutionnel
avait été discuté. Il organisait une procédure qui était semblable à celle qui existe adj
avec un système de filtrage pour déterminer les questions sérieuses du Conseil d’Etat
et de la Cour Cassation préalable au contrôle du Conseil Constitutionnel. Cette
modalité a échoué en 1990. Le débat relancé en 1993 dans le cadre des propositions
du comité Vedel mais ce fut aussi un échec. Cette possibilité est maintenant ouverte
avec la loi constitutionnelle de 2008.

14
DROIT CONSTITUTIONNEL

b) La généralisation du recours au contrôle a posteriori


Aujourd’hui, le contrôle de constitutionnalité a posteriori est devenu la généralité dans la
plupart des pays européens (Autriche, Allemagne, Italie, Espagne, Portugal, Belgique,
Pologne). Le contrôle préventif existe toujours mais il a un caractère plus limité. En Autriche,
le contrôle a priori est prévu uniquement pour résoudre le problème de résolution des
compétences entre l’état fédéral et les états fédérés.
Le contrôle apriori est pratiquement supprimé dans des pays comme l’Espagne qui ne
s’exerce plus que pour l’examen des traités internationaux, il en va de même en Allemagne.
En Pologne il s’exerce que lorsqu’il y a un désaccord entre la chambre des représentants et
le sénat.
Avant la révision de 2008, en France, le seul état qui connaissait un contrôle préventif
étendu coexistant avec le contrôle a posteriori était le Portugal, car tous les textes peuvent
être soumis au contrôle du tribunal constitutionnel. Mais dans l’ensemble des pays le
principe demeure d’un contrôle a posteriori de constitutionnalité.
Le contrôle a posteriori permet d’assurer une meilleure protection des droits et libertés
fondamentales, il permet de saisir au moment où les atteintes se produise le juge
constitutionnel et pas seulement de manière abstraite avant que la question ne se pose
concrètement comme c’est le cas avec le contrôle a priori.
En second lieu, il permet de faire participer les individus à la protection de leurs droits. Dans
la mesure où la saisine n’est plus réservée aux seules autorités publiques. La pouvoir de
saisir la cour constitutionnelle peut dans certains états être possible pour les individus sans
même qu’un litige soit invoqué ou que l’application d’une loi soit en cause. Ces modalités de
saisines individuelles connaissent un grand succès (Espagne, Allemagne). C’est la raison pour
laquelle des filtrages de plus en plus sévères sont organisés, ainsi des formations de 3 juges
sont chargés de filtrer les recours. Il en rejette un très grand nombre.
Malgré tous ces avantages le contrôle a posteriori connaît des détracteurs qui font
remarquer que les juges ont souvent du mal à censurer une loi qui a déjà connu des effets,
cela pose des problèmes en ce qui concernent la réparation et la question des droit acquis.
Pour éviter cela, les juges se contentent de formuler de simple conseil à l’administration. Par
ailleurs, les litiges qui sont occasionnés par les recours a posteriori sont extrêmement
nombreux et difficile à gérer pour les tribunaux, ce qui est source de lenteur dans les procès.
Néanmoins quelques soient les critiquent émissent il est indisputable que le contrôle a
posteriori permet de mieux sanctionner les atteintes aux droits fondamentaux. Tout cela
explique la solution en définitive choisi par le constituant dans le cadre de la révision du
23/07/2008 il a ainsi été décidé de mettre en place l’article 61-1 de la Constitution :
« Lorsqu’à l’occasion d’une instance en cours devant un tribunal il est soutenu qu’une dispo
législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantie, le Conseil
Constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d’État ou de la Cour de
cassation qui se prononce dans un délai déterminé ».

15
DROIT CONSTITUTIONNEL

L’intérêt de cette disposition n’est réel que dans la mesure où la disposition qui est déclarée
inconstitutionnelle fait l’objet d’une abrogation. C’est ce que prévoit l’article 62 alinéa 2 de
la Constitution.
c) La question prioritaire de constitutionnalité (QPC)
Avec la mise en place de la QPC tout justiciable peut donc sur la base de l’article 61-1
soulevé une exception de constitutionnalité au cours d’un procès dès la première instance
pour demander que soit vérifié la conformité à la Constitution d’une loi déjà promulguée. La
loi organique du 10/12/2009 ainsi que le décret du 16/02/2010 ont précisé les modalités
d’application de cette QPC. Si la question soulevée est jugée recevable, elle doit être
transmise à la plus haute juridiction de l’ordre saisi (conseil d’Etat ou Cour de cassation). Ils
servent d’organes de filtrage. Il reste que la question de constitutionnalité peut également
être soulevé pour la première fois devant le Conseil d’Etat statuant comme juge de
cassation, d’appel ou comme juge de premier et dernier ressort ou à l’identique devant la
Cour de cassation. Il appartient au conseil d’Etat ou à la Cour de cassation de saisir ou non le
Conseil Constitutionnel aux vues d’un examen en 3 points :
- La disposition contestée commande-t-elle l’issue du litige ?
- La loi contestée n’a-t-elle pas déjà été déclarée conforme à la constitution par le
Conseil Constitutionnel ?
- Est-ce que la question est nouvelle ou présente une difficulté sérieuse ?
Dès qu’une question de constitutionnalité est renvoyé par le conseil d’Etat ou la Cour de
cassation, le Conseil Constitutionnel en avise le président de la République, le Premier
ministre et les présidents du Sénat et de l’Assemblée National de telles sortes que ces
autorités aient la possibilité d’adressé si elles le souhaitent leurs observations au Conseil
Constitutionnel.
La procédure devant le Conseil Constitutionnel est contradictoire, elle est, sauf cas
exceptionnel, publique. Les modalités de l’instruction sont précisées par le règlement
intérieur du Conseil. Le Conseil Constitutionnel doit rendre sa décision dans un délais de 3
mois. Cette décision est notifiée aux parties et communiquée au Conseil d’Etat ou à la Cour
de cassation ainsi qu’à la juridique devant laquelle la question de constitutionnalité a été
soulevé. Elle est aussi notifiée au président de la République, au Premier ministre et aux
présidents du Sénat et de l’Assemblée National, de plus elle est publiée au Journal Officiel. La
QPC rencontre un succès énorme.
3. La procédure et le jugement
Les modalités de saisine d’une cour constitutionnelle sont souvent prévues dans la
Constitution en revanche il est rare que le déroulement de la procédure soit déterminé dans
le texte fondamental. Ce sont donc généralement les lois ou les règlements de procédure qui
prévoient ces modalités. Comme les cours constitutionnelles ont une autonomie statutaire
ce sont normalement elles qui déterminent les règlements. En dépit donc de quelques
éléments de diversités la procédure suivie obéit à des caractéristiques communes.

 Le caractère essentiellement écrit de la procédure

16
DROIT CONSTITUTIONNEL

 Le caractère contradictoire
 Les affaires sont jugées sans audience publique (sauf en France avec la QPC)
En ce qui concerne la phase de jugement, les jugements ne portent pas dans tous les pays la
même dénomination. En doctrine on parle de jugement.

 Aux Etats-Unis, on évoque les opinions qui sont délivrer par la cour suprême.
 Décisions en France.
 En Italie, en Espagne on parle de sentences.
Pour arrêter leur jugement les juges délibères à huis clos après avoir entendu le projet de
décision établi par un rapporteur, un vote a alors lieu mais celui-ci n’est pas rendu public
dans tous les pays. Il est rendu public en Espagne, Allemagne, mais est gardé secret en Italie,
en France, en Autriche. En cas d’égalité, la voie du président est prépondérante. Par rapport
aux juridictions de droit commun, les décisions rendues sont longues car elles sont motivées
et détaillées.
En ce qui concerne la conséquence de la décision rendue, il existe un clivage. On oppose
généralement l’autorité relative des déclarations d’inconstitutionnalité aux Etats-Unis et
l’autorité absolue des décisions rendues par les cours constitutionnelles européennes.
Néanmoins il faut relativiser ce clivage car, lorsque la cour suprême des Etats-Unis se
prononcent le jugement a valeur de précèdent et les cours inférieures le suive.
C- Le rapprochement des politiques jurisprudentielles
Les décisions des cours constitutionnelles ont des conséquences sur les systèmes politiques,
ces effets varient en fonction des système politique et aussi de l’approche circonstancié des
cours constitutionnelles mais si on résonne de manière globale, il apparait clairement que les
politiques jurisprudentielles des cours obéissent à une même logique : celle de conservé
l’ordre constitutionnel existant. Les cours agissent comme des organes conservateurs
chargés de maintenir les choses en l’état et elles sont aussi susceptible de faire évoluées les
équilibres constitutionnels en fonction des évolutions politiques et des changements de
mœurs. A travers leurs contentieux, les cours constitutionnelles jouent un rôle essentiel au
moins dans 3 domaines :
- La protection de la répartition des pouvoirs
- Le contrôle des élections et de référendums
- La protection des droits et libertés fondamentaux
1. La protection de la répartition des pouvoirs
La Constitution organise la répartition des pouvoirs et il revient en conséquence alors de
veiller à l’équilibre entre ses pouvoirs. Ainsi que d’éviter des conflits de compétences. Ceci
intéresse la répartition des compétences entre les organes centraux que la répartition des
compétences entre les organes centraux et les autorités locales.
a) La répartition des compétences entre les organes étatiques

17
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le plus souvent, les Constitutions prévoient une procédure de règlement des conflits afin de
trancher les litiges lorsqu’ils peuvent apparaître. Cette procédure est prévue dans les
Constitutions espagnole, allemande, italienne et portugaise. En France, elle n’est pas
strictement prévue, retenue, même si des propositions ont été émises. Le Conseil
Constitutionnel intervient quand même pour trancher certains litiges entre les pouvoirs
publiques en particulier dans le cadre de la répartition des compétences du pouvoir législatif
et du pouvoir exécutif (articles 34 et 37 de la Constitution). Il reste que le Conseil
Constitutionnel n’a pas une compétence générale pour intervenir dans les conflits entre les
organes. Sa compétence est limitée. La mission de gardien des frontières des compétences
fait partie des attributions des cours constitutionnelles, elles essayent systématiquement
d’assurer un rééquilibrage des compétences. Cette attribution existe également aux Etats-
Unis.
b) La répartition des compétences entre les instances nationales et locales
Le règlement des conflits est prévu dans cette hypothèse qui concerne les états fédéraux,
c’est une mission constante dans les structures fédérales. Cette mission existe également
dans les états régionaux ou autonomes. A un moindre degré cette recherche d’équilibre
entre le centre et la périphérie existe également dans l’état unitaire. En France, le Conseil
Constitutionnel s’efforce de concilier les principes d’indivisibilité de la république et de libre
administration ou de décentralisation.
2. Le contrôle des élections et des référendums
a) Le contrôle des élections
Dans des hypothèses limitées, le juge des votations politiques est le Parlement lui-même
(Italie). Cela peut parfois être aussi le juge ordinaire, mais la grande tendance est de confier
ce rôle aux cours constitutionnelles (France : le Conseil Constitutionnel est compétent pour
le contentieux des élections nationales, députés, sénateurs et président de la république. De
même pour l’Allemagne, le Portugal même si les tribunaux constitutionnels interviennent en
appel des décisions du Bundesrat ou des tribunaux judiciaires).
Ce contrôle est important, car il permet d’assurer la régularité et la sincérité des élections.
b) Le contrôle des référendums
Les compétences sont variables en fonction des modalités de consultations prévues par les
états. En France et en Roumanie, la cour constitutionnelle doit veiller sur le respect des
opérations du référendum. En revanche, elle ne contrôle pas la constitutionnalité du projet
de loi soumis au référendum, ni la loi référendaire votée par le peuple.
Ailleurs, les cours constitutionnelles peuvent avoir d’autres compétences, ainsi en Italie, la
cours est compétente pour juger l’admissibilité des référendums abrogatifs. Le Conseil
Constitutionnel en France a la capacité de juger l’admissibilité des référendums d’initiative
partagé.
3. La protection des droits et libertés fondamentaux

18
DROIT CONSTITUTIONNEL

C’est le domaine d’élection des cours constitutionnelles, le domaine far du contentieux


constitutionnel. La convergence des cours est facile à évoquer car les Constitutions énoncent
les mêmes droits et libertés. Mais les modalités de contrôle font encore objet de divergence.
Dans certains pays, le contrôle de constitutionnalité est décentralisé et dans d’autre il est
centralisé. Dans certains pays il est exercé essentiellement a posteriori ou encore a priori.
Dans certains pays, il est fait une application rigoureuse des principes juridiques dans une
logique déductive des principes alors que dans d’autres pays, on adopte une démarche
inductive en partant de la pratique, des données concrètes pour affirmer un principe
applicable en tenant compte des effets de la décision. On observe ici une distinction entre
les pays de civil law (tradition romano-germanique) et les pays anglo-saxons de Common
law, dans ces derniers
pays le raisonnement est inductif et empirique. On tient d’avantage compte des
conséquences de la décision dans la société.
Le regard global amène néanmoins à relativiser de plus en plus cette distinction qui existe
toujours, en considérant qu’il s’opère un rapprochement des modèles de justice
constitutionnelle. Même en France le juge est de plus en plus à l’écoute des conséquences
pour la société. On évoque le conséquentialisme dans la jurisprudence du Conseil
Constitutionnel.

Partie 2 : les systèmes constitutionnels français et leurs pratiques


institutionnelles
Titre 1 : l’histoire constitutionnelle de la France
Pour décrire cette histoire certains auteurs ont adopté une vision civique es Constitutions
comme si l’histoire était rythmée par une certaine logique. Cette approche développée par
des auteurs modernes n’est pas nouvelle, déjà Aristote affirmait que c’était la lutte entre les
pauvres et les riches qui expliquait la succession des différents régimes. Le passage de la
monarchie à l’aristocratie puis à la démocratie et enfin à la tyrannie. Au début du 20 ème le
doyen Hauriou à élaboré une théorie des cycles constitutionnelles. Il pensait qu’à partir de
1789 l’histoire constitutionnelle était régi par deux logiques essentielles. L’une
révolutionnaire caractérisée par le régime d’assemblée. L’autre réactionnaire qui se
caractérisait par un gouvernement consulaire dans lequel était concentré tous les pouvoirs
dans les mains de l’exécutif. Il décrivait 3 cycles :

 Celui qui commençait en 1789 avec la révolution et se terminait en 1830 avec une
autre révolution.
 Le second débutait en 1848 avec une révolution et se terminait en 1870 avec
l’établissement de la 3ème République.
 Le dernier cycle débutait en 1870
On peut simplement se contenter de découper l’histoire constitutionnelle en période

 1ère de 1789 à 1870/1875 : période marqué par l’instabilité constitutionnelle.

19
DROIT CONSTITUTIONNEL

 2ème de 1875 à 1958 qui correspond à une certaine stabilité constitutionnelle


marquée par l’affirmation des Républiques parlementaires

Chapitre 1 : la période d’instabilité constitutionnelle


Cette première période commence en 1789 avec la transformation progressive des Etats-
Généraux en assemblée nationale puis en assemblée constituante. Elle se termine après une
succession de régime avec la 3ème République. Cette période à l’évidence est une période
d’instabilité constitutionnelle. 9 Constitutions ont été adopté. Ces différents textes
réorganisent les pouvoirs dans le cadre des pouvoirs impériaux. L’instabilité est évidente sur
le plan strict des Constitutions mais aussi sur le plan social et économique dans la mesure où
on assiste à 4 révolutions.
- La Révolution de 1789
- La révolution de juillet (27/29 juillet 1830)
- La révolution libérale (22 et 24 février 1848)
- L’insurrection populaire à Paris (23 et 26 juin 1848)
On assite à deux coups d’état
- 18-19 brumaire celui de Napoléon Bonaparte
- Celui de louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1858
Il y a 3 interventions étrangères
- Valmy
- Traité entre Louis XVII et les alliées en 1814
- Défaite de Sedan en 1870
Cette instabilité s’explique par le conflit entre la légitimité monarchique et la légitimité
démocratique. La bourgeoisie puis les classes populaires ont contribué à l’installation
définitive de la démocratie. Dans cette période d’instabilité générale institutionnelle et
politique on peut distinguer

 Une phase de forte instabilité entre 1789 et 1814


 Une phase de relative instabilité de 1814 et 1870

Section 1 : la phase de forte instabilité (1789-1814)


Cette phase correspond à la période révolutionnaire avec une courte phase de monarchie
limitée à laquelle succède la 1ère république et l’ensemble des gouvernement révolutionnaire
jusqu’à la dictature de Napoléon.

I- La monarchie limitée (1789-1792)


Dans les tous premiers temps, les révolutionnaires ont conservé la forme monarchique du
pouvoir. Pour l’essentiel, ils étaient monarchiques. La monarchie qui s’exerçait de manière
absolue jusque-là fût très vite limitée par l’assemblée puis en droit par la Constitution.

20
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le processus suivit pour l’organisation des nouveaux pouvoirs est le suivant : sous la pression
populaire Louis XVI convoqua les Etats-Généraux à compter du 05/05/1789. Ceci se
transforma le 17/06/1789 en assemblée nationale, puis le 09/07/1789 en assemblé
constituante. Le 1er acte élaboré par les constituants dut la Déclaration du Droit de l'Homme
et du Citoyen du 26/08/1789. C’est la première pierre de l’édifice constitutionnelle achevée
en 1791. Ce texte est inspiré des idées des Lumières en particulier des idées de Montesquieu
et de Rousseau. Ils posent de nouveaux principes sur le plan idéologique et politique. Suivant
la déclaration tous les hommes sont titulaires dès leur naissance de droit équivalent qui
apparaissent comme les attributs naturels de l’homme. 4 droits sont à ce titre
solennellement affirmer. Ils apparaissent à l’article 2.

 La liberté
 La propriété
 La sureté
 La résistance à l’oppression
Dans son ensemble la déclaration se veut universelle et intemporelle, elle est d’inspiration
libérale. Elle se situe en réaction aux abus de l’Ancien régime et développe une conception
très individualiste de l’homme en le plaçant au centre de toutes les préoccupations. Ce texte
cherche à limiter le pouvoir par le pouvoir.
La Constitution du 03/09/1791 essaye de son côté de réaliser un équilibre entre la
monarchie et les nouvelles idées affirmées en 1789, à savoir la souveraineté nationale et la
séparation des pouvoirs.
La souveraineté nationale est affirmée par le caractère représentatif des institutions, il s’agit
du corps représentatif à travers le législateur mais il s’agit aussi que le roi est considéré
comme représentant de la nation et donc comme expression de la souveraineté nationale.
La séparation des pouvoirs, entre l’exécutif et le législatif elle est quasi absolue. Les ministres
nommés par le roi ne sont responsables que devant lui et ne peuvent pas être membres du
Parlement. Ils peuvent néanmoins y entrer et y être entendu. La séparation des pouvoirs
n’est pas absolue puisque le roi dispose d’un droit de véto suspensif cette arme fait parti de
la séparation des pouvoir car elle constitue un mécanisme ultime et unique d’opposition au
pouvoir législatif.
La Constitution de 1791 établissait un régime politique comparable au régime présidentiel
avec cette différence essentielle que c’est un roi et non un président qui était chef d’état.
Mais ce régime ne va pas durer le roi doit céder successivement ses pouvoirs et le régime
prend fin le 10/08/1792. Lorsque l’assemblée décide la suspension de la Constitution et
écarte le roi du pouvoir. C’est l’abolition de la royauté. L’assemblée nomma un exécutif de 6
membres et décida de faire élire une convention nationale ayant pour mission de préparer
une nouvelle Constitution cette convention va constituer la première assemblée élue au
suffrage universel direct à deux degrés.

II- La 1ère République de 1792 à 1799

21
DROIT CONSTITUTIONNEL

La première république va être consacré le 21/09/1792 après que la convention ait aboli la
royauté, la république pris fin avec le coup d’état du 18 brumaire an VIII après une période
de grande instabilité. Sous la 1 ère république deux Constitutions furent élaborées étant
entendu que la première ne fut jamais appliquée.
La 1ère Constitution de la 1ère République, c’est la Constitution du 24/06/1793 également
connu sous le nom de Constitution montagnard ou Constitution de l’an I. comme pour la
Constitution de 1791 elle est précédée d’une déclaration de droit, cette nouvelle déclaration
est différente de la précédente. Son inspiration est égalitariste et non plus individualiste. Elle
reconnaît aux individus le droit d’obtenir certaines prestations de la société (droit au travail,
au secours publique), elle va plus loin que la déclaration de 1789 en affirmant non pas
simplement un droit mais un devoir d’insurrection en cas d’oppression. Sur le plan politique
elle tente de mettre en œuvre un régime d’assemblée et la souveraineté devient populaire.
On retrouve ici la marque des idées de Rousseau dans la référence qui est faire au peuple
souverain et non plus à la nation. Ce texte fut scellé par référendum. Mais en raison des
circonstances, les insurrections en Vendée et dans les grandes villes, l’invasion du territoire
par les monarchies étrangères, cette Constitution ne fut jamais appliquée. Dans un décret du
10/10/1793, on décida que le gouvernement sera révolutionnaire jusqu’à la fin. Cette
Constitution a conservé un prestige considérable on l’évoque régulièrement au moment de
l’élaboration de nouvelles Constitutions. Les hommes politiques de gauche s’y réfèrent en
raison de l’inspiration très socialisante.
Jusqu’à la chute le 17/07/1794 de Robespierre, le pouvoir fut exercé par le comité de
services publics et surtout par lui. A sa chute la convention prépara une nouvelle
Constitution. La deuxième Constitution établis sous la 1 ère est celle du 22/08/1795. Cette
Constitution fut élaborée en réaction contre les excès précédents. Adoptée par référendum
le 23/09/1795 elle est précédée d’une déclaration. Elle est assez traditionnelle. Elle a une
particularité, elle met en évidence autant les droits que les devoirs. Le pouvoir législatif est
confié au deux chambres (conseil des 500 et le conseil des anciens). Quant au pouvoir
exécutif, il est confié à un directoire de 5 membres, élu par les deux autres conseils. Ce
régime sera émaillé de grave troubles politiques. Cette forme de gouvernement directorial
restera en place jusqu’à 1799. Dans ce régime la séparation des pouvoirs est absolue, il n’y a
pas de mise en jeu de la responsabilité de l’exécutif ni du pouvoir de dissolution.

III- La dictature napoléonienne


Phase qui début au 18 brumaire an VIII, elle est sanctionnée par l’adoption de la Constitution
du 15/12/1799, 22 frimaires an VIII qui est l’œuvre de Sieyès et de Bonaparte.
Sur la plan politique, elle donne le sentiment de se situer dans la continuité révolutionnaire
puisque c’est une démocratie qui semble établie. Mais c’est le pouvoir d’un homme qui
s’impose même si le pouvoir est attribué à trois consuls nommés pour 10 ans et irrévocables.
En réalité seul le premier consul a un pouvoir de décision et c’est Bonaparte, il a seul
l’initiative de la loi, il conduit la politique étrangère et dispose du pouvoir exécutif. Les deux
autres Sieyès et Ducos ont le pouvoir consultatif. Ce consulta est provisoire, il sera remplacé

22
DROIT CONSTITUTIONNEL

par 3 consuls définitif à savoir Bonaparte, Cambacérès et Lebrun. On évoquera à la suite le


fait que cette Constitution ait été adopté par plébiscite.
Sur le plan juridique, la première république s’achève quand Bonaparte sera sacré
empereur, le 02/05/1804 et qu’interviendra à la suite la Constitution du 28 floréal an XII,
18/05/1804. Il est affirmé que « le gouvernement de la république est confié à un empereur
qui prend le titre d’empereur des français ». Cette Constitution sera adoptée par plébiscite le
06/11/1804.

Section 2 : la phase d’instabilité relative (1814-1870)


C’est la période marquée par la naissance du régime parlementaire, c’est la période où on
assite à l’opposition classique entre les classes possédante et le prolétariat.

I- Les monarchies limitées (1814-1848)


Cette période de restauration de la monarchie ne maque pas la fin de l’instabilité
constitutionnelle car elle est chaotique.
Le sénat qui avait destitué napoléon appelle au pouvoir Louis XVIII, celui-ci n’accepte pas la
Constitution proposé par le Sénat. Dans une déclaration du 02/05/1814, il pose les
conditions de sa venue au pouvoir et octroie lui-même le 04/06/1814 une Constitution qui
entre en application. Cette Constitution va connaître une parenthèse en raison du retour de
Napoléon dans le cadre des 100 jours. Après avoir débarqué le 01/03/1815 il entreprend une
marche à Golfe-Juan vers Paris et promulgue le 23/04/1815 l’acte additionnelle aux
Constitutions de l’empire. Ce texte est accepté par plébiscite le 01/06. Mais ce régime ne va
pas durer la défaite de Waterloo en juin 1815 précipite la chute de Bonaparte et maque la
fin de sa tentative de restauration de l’empire. Louis XVIII retrouve sa place et règne dans le
cadre de la monarchie limitée, « seconde restauration » (1815-1840). Louis XVII règne
jusqu’en 1824 puis son frère Charles X de 1824 à 1830, puis Louis Philippe d’Orléans (1830 à
1848) dans le cadre de la monarchie de juillet.
C’est un retour à la monarchie mais le roi apparaît comme un chef suprême mais sans les
pouvoirs qui étaient ceux de l’Ancien Régime, il n’y a pas de rétablissement des droits
féodaux. Le roi propose la loi, la sanctionne et la promulgue. Il a le pouvoir de convoquer et
dissoudre la chambre des députés. Il peut prendre des règlements et des ordonnances.
Malgré le rétablissement de la monarchie il s’agit bien d’une monarchie constitutionnelle
limitée. Le roi est tenu de respecter les lois, tout comme les sujets. Le Parlement est
bicaméral puisqu’il est composé de la chambre des pairs et de la chambre des députés des
départements. Le mode de désignation est particulier, la chambre des pairs comprend des
pairs nommés à vie par le roi et des pairs héréditaires. En ce qui concerne les députés ils
sont élus par un corps électoral censitaire. Il faut avoir la capacité de payer un impôt pour
être électeur. Ils exercent le pouvoir législatif avec le roi.
Le gouvernement est composé de ministres choisis par le roi mais qui sont indépendants de
lui. Toutefois du fait de leur nomination et de l’irresponsabilité du roi, les ministres eurent

23
DROIT CONSTITUTIONNEL

tendance à assumer une responsabilité devant le roi mais aussi une responsabilité devant le
Parlement. Le régime se caractérise par l’apparition des bases d’un régime dualiste.
Un conflit va éclater lorsque Charles X choisi un gouvernement auquel la majorité
parlementaire était opposé il décida de dissoudre la chambre mais les élections qui suivirent
aboutir à un renforcement de l’opposition parlementaire. Le roi fut contraint d’abdiquer à la
suite des mouvements révolutionnaires de juillet 1830. C’est donc Louis Philippe d’Orléans
qui va assurer la succession dans le cadre d’une charte constitutionnelle révisée. Cette
charte est émise sous la proposition des chambres, elle n’apporte que de légère modification
par rapport au régime établi. Le roi conserve l’essentiel de ses pouvoirs, à l’exception du
droit de modifier les lois et de disposer d’un véto suspensif. Le caractère non démocratique
des chambres va être atténuer par le caractère non-héréditaires des pairs. Le
fonctionnement du régime va donc être concrètement celui d’un régime parlementaire
dualiste. Le roi et les chambres sont placés sur un pied d’égalité. C’est ce régime qu’on
appellera régime parlementaire orléaniste. Comme en 1830, le roi fut contraint d’abdiquer
sous le fait des mouvements révolutionnaire en février 1844.

II- La Seconde République (Constitution du 4 novembre 1848)


La révolution de 1848 fut moins une lutte politique qu’un combat de place. Ce fut la
première des révolutions sociales et la Constitution traduit effectivement cette doctrine. La
Constitution de 1848 essaye de concilier la poussée démocratique avec un gouvernement
fort. Le 23/01/1848 une assemblée nationale constituante est élu au suffrage universel
direct, elle met du temps à élaborer un nouveau texte qui consacre un retour à la république
une et indivisible. La Constitution est influencée par l’œuvre de Tocqueville et met en place
un régime présidentiel. Une déclaration de droit est incorporée à la Constitution, elle
invoque Dieu et vise à protéger les citoyens et à mettre à leur portée l’instruction qui est
indispensable. La Constitution affirme le principe de la souveraineté populaire en disposant
dans l’article 1er que la souveraineté réside dans l’universalité des citoyens français. Elle est
inaliénable et imprescriptible. Aucun individu, fraction du peuple ne peut s’en attribuer
l’exercice.
La dimension démocratique est clairement affirmée par l’établissement du suffrage
universel, c’est un progrès indéniable. Le pouvoir législatif est confié à une assemblée unique
de 170 membres élus pour 3 ans au suffrage universel direct. Les députés ont l’initiative des
lois concurremment avec le président de la république. Le pouvoir exécutif est attribué à un
président de la république élu pour 4 ans au suffrage universel direct sans pouvoir être réélu
directement. Le chef de l’état détient l’intégralité du pouvoir exécutif, il nomme et révoque
l’intégralité des ministres. On a affaire dans son apparence à un régime présidentiel. Mais le
président ne peut pas dissoudre l’assemblée, mais participe au législatif, la séparation n’est
donc pas stricte. Le président à un droit d’initiative et chaque année il présente à la manière
du président américain, un message à l’assemblée. Il promulgue les lois et peut demander
une nouvelle élaboration des lois.
Il a des caractéristiques de régime parlementaire et présidentiel notamment dans le droit
d’entrée des ministres au Parlement, la responsabilité politique des ministres de même que

24
DROIT CONSTITUTIONNEL

le contre seing des actes du président de la République. La Constitution est difficile à lire et à
décrypter ce qui est source d’opposition entre les pouvoirs. L’assemblée souhaite un régime
parlementaire, tandis que le prince président souhaite détenir l’essentiel des pouvoirs. Ce
régime se finit quand Louis Napoléon Bonaparte profite de la date d’anniversaire de la
bataille d’Austerlitz 02/12/185 pour dissoudre l’assemblée et prendre le pouvoir par un coup
d’état.

III- Le second empire


Très rapidement Louis Napoléon Bonaparte met en place les principes plébiscitaires. Il
proposa donc au peuple de lui déléguer le pouvoir constituant sur la base de 5 principes,
indiqués le 02/12.

 Un président de la République élu pour 10 ans.


 Des ministres choisis par lui.
 Un conseil d’Etat préparant les lois.
 Un corps législatif élu au suffrage universel.
 Un Sénat conservateur.
Ces propositions furent intégrées dans la nouvelle Constitution du 14/01/1852. Cette
Constitution est copiée sur le modèle du 1 er empire puisque comme le pouvoir est
nommément attribué à Louis Napoléon Bonaparte qui conserve néanmoins le titre de
« président de la république », il nomme aussi les ministres responsables devant lui. Le
président participe largement au pouvoir législatif, convoque le corps législatif, l’ajourne, le
provoque et le dissout. Il a le monopole de l’initiative des lois, il les sanctionne et les
promulgue. A côté, 3 assemblées exercent le législatif :

 Le conseil d’Etat : composé de fonctionnaire qui préparent les projets de loi.


 Le corps législatif élu pour 6 ans au suffrage universel direct qui discute et vote les
lois.
 Le Sénat, nommé à vie par le président chargé du contrôle de constitutionnalité des
lois.
C’est le sénatus-consulte du 07/12/1852 qui fit du prince président un empereur.
L’empire se déroula en deux périodes

 De 1852 à 1860 : période autoritaire comme Bonaparte gouverne sans partage, les
autres organes lui sont soumis. Cela correspond à ce qu’il voulait.
 De 1860 à 1870 : période libérale, le pouvoir législatif retrouve une part de ses
prérogatives normales grâce à différentes réformes qui font réapparaître un régime
parlementaire de type orléaniste. 
Le régime prend fin avec l’invasion russe et la défaite de Sedan du 02/09/1870, le 04/09 la
république fût proclamée.

Chapitre 2 : la 3ème République


Régime le plus long qu’est connu la France.
25
DROIT CONSTITUTIONNEL

Dans les faits politiquement ce régime a débuté en 1870, du point de vue formelle il est né
officiellement en 1875 avec l’adoption des lois constitutionnelles. La 3 ème République a pris
fin le 10/07/1940 quand les pleins pouvoirs sont donnés au Maréchal Pétain pour élaborer
une nouvelle Constitution à moins de considérer que la 3 ème a pris fin en 1946 avec la
Constitution de la 4ème République.

Section 1 : la mise en place de la 3ème République


Après la signature de l’armistice le 26/01/1871, les électeurs furent convoqués pour élire
une nouvelle assemblée constituante. Elle est créée dans l’urgence et se réunit à Bordeaux
pour élaborer une nouvelle Constitution et prendre des mesures d’urgence. L’assemblée
commence par établir un gouvernement provisoire à la tête duquel est mis Adolph Thiers qui
est élu comme chef du pouvoir exécutif, formule provisoire. Le gouvernement est dépendant
juridiquement de l’assemblée qui à tout moment peut le révoquer. Dans les faits, le
gouvernement dispose d’une grande autorité, car aucune majorité n’arrive réellement à
s’imposer dans l’assemblée. Il paraît difficile de substituer un nouveau gouvernement. Pour
affirmer son autorité, l’assemblée établit des règles c’est ainsi que fut adopté la loi du
31/08/1871, loi de Constitution Rivet. Elle conféra à Thiers le titre de Président de la
République mais lui retira un certain nombre de pouvoir à l’encontre de l’assemblée. La loi
du 13/03/1873, œuvra encore dans ce sens, Constitution de Broglie. Elle interdit au
président de participer aux travaux de l’assemblée sauf pendant les séances spéciales. Il fut
contraint de démissionner et fut remplacé le 24/05/1873 par le Maréchal de Mac Mahon.
L’élaboration de la nouvelle Constitution se trouve compliqué en raison du rapport de force
au sein de l’assemblée constituante. La composition est la suivante : sur 644 députés les plus
nombreux sont des monarchistes (400) mais qui était diviser entre légitimiste (favorable au
retour des Bourbons) et orléaniste. Ensuite venait les républicains (200) et enfin les
bonapartises (30) et enfin des indécis. La volonté de l’assemblée de rétablir la monarchie
paraissait évidente mais ce n’est pas la solution qui fut adopter.
La difficulté était que les légitimistes souhaitaient voir au pouvoir le comte de Chambord, les
orléanistes se montraient favorable au comte de Paris. Un consensus fut temporairement
établi au profit du comte de Chambord mais ses exigences n’ont pas permis l’accès au
pouvoir. Il souhaitait le rétablissement du drapeau blanc. A défaut de trouver un souverain,
l’assemblée décida d’accorder à Mac Mahon un septennat personnel pour permettre de
trouver un prétendant susceptible d’officier comme monarque. De manière global, il fallait
organiser le pouvoir du moins ce pouvoir provisoire qui durait. Pour se faire une commission
de 30 membres fut désigné pour l’examen des lois constitutionnelles.

I- Les lois constitutionnelles


L’orientation définitive vers le régime républicain fut prise à la suite de l’amendement
Wallon du 29/01/1875 qui proposa que le président fût élu à la majorité des suffrages par la
chambre des députés et le Sénat réunit en assemblée nationale. Le président nommé pour 7
ans devait selon cet amendement être rééligible, l’amendement fût voté. Le septennat
personnel de Mac Mahon était donc institutionnalisé, la république a vraiment vu le jour.

26
DROIT CONSTITUTIONNEL

Quelques jours plus tard, furent voté les lois qui organisent la république, ce qu’on appelle la
Constitution de la 3ème république est la conséquence de 3 lois :

 24/02/1875 : relative au Sénat


 25/02/1875 : relative à l’organisation des pouvoirs publics
 16/07/1875 : relative aux rapports entre les pouvoirs publics
Ces lois sont brèves, 11 articles pour la première loi, 9 pour la seconde et pour la dernière 14
articles. Ces lois sont le résultat d’un compromis entre les républicains et les monarchistes.
Est mis en place un régime parlementaire avec un président qui dispose de pouvoirs très
étendus. Il suffisait de remplacer le terme de président par roi pour changer de régime et
avoir affaire à une monarchie. Un Sénat très conservateur fat à lui seul l’objet d’une loi
constitutionnelle.
Ce texte, ces lois constituent le régime qui a le plus duré dans les institutions française (65
ans).

II- Les organes constitutionnels


A- Le pouvoir exécutif
Il est composé du président de la république et d’un gouvernement. Les attributions du chef
de l’Etat sont fixées par la loi du 25/02/1875. Le président est élu pour 7 ans par les deux
chambres à la majorité absolue et au scrutin secret. Le caractère long du mandat permet
d’assurer la permanence de l’Etat. Cette durée convenait aux monarchistes qui
envisageaient le président comme un monarque républicains. Il est rééligible et n’est
responsable qu’en cas de haute trahison. Cette irresponsabilité emporte en revanche la règle
du contreseing par les ministres des actes du président de la république et également la
règle de l’accompagnement.
Le président de la république a des pouvoir nominaux très importants.
- Convocation et ajournement des chambres
- Droit de messages aux assemblées
- Droit de dissolution de la chambre des députés
- Droit d’initiative des lois
- Promulgation et pouvoir d’exécution de la loi
- Pouvoir règlementaire
- Nomme aux emplois civils et militaires
- Dispose de la force armée
- Dispose de compétences en matière international
- Négocie et ratifie les traités
Dans le cadre de la loi du 25/02/1875 peut de disposition sont consacré aux compétences
des ministres. Ils sont responsables devant le président de la république puisque c’est lui qui
les nomme, l’article 6 de la constitution de la loi du 25/02/1875 est significative à cet égard. Il
prévoit « les ministres sont solidairement responsables devant les chambres de la politique
générale du gouvernement et individuellement de leurs actes personnels ». Le Conseil des
ministres est présidé par le président de la république et il convient de noter que dans les
27
DROIT CONSTITUTIONNEL

lois constitutionnelles n’est nullement évoquer la présence d’un président du conseil ou d’un
chef de gouvernement. Les ministres sont chargés de collaborer avec le président de la
république.
B- Le pouvoir législatif
Deux chambres = députés et Sénat. Le pouvoir législatif repose sur le principe du
bicamérisme. La chambre des députés est la plus importante, elle est élue au suffrage
universel directe. Elle bénéfice de pouvoir large et entendu avec le Sénat elle contribue à la
fonction législative, donc elle vote les lois qui doivent néanmoins être voté en terme
identique par le Sénat avant d’être promulguer par le président de la république. En lien
avec le Sénat, elle dispose d’un pouvoir constituant dans le cadre de l’assemblée nationale.
La révision de la Constitution est possible si chacune des assemblées votent à la majorité
absolue une résolution en faveur d’une révision. A la suite est procédé à un vote des deux
chambres réunis en assemblée nationale qui statue à la majorité absolue des membres la
composant.
Le Sénat fit l’objet d’une loi particulière, c’est dire son importance. Dans sa composition
initiale le sénat n’est pas véritablement démocratique puisque à côté des membres élus au
suffrage universel indirect il y a 75 sénateurs inamovibles élus par l’assemblée et ensuite
recruté au fur et à mesure des décès par cooptation au Sénat. Cette institution de 75
sénateurs inamovible sera supprimée par la loi du 14/08/1884.
La Constitution établit un bicamérisme égalitaire puisqu’elle attribue au Sénat les mêmes
prérogatives qu’à la chambre des députés. Cette égalité va très loin, le Sénat a la possibilité
comme la chambre des députés de renverser le gouvernement. Ils partagent le pouvoir
législative avec pour nuances que les lois des finances soient discutées et votées en premier
lieu par la chambre des députés.
Sur d’autres points, on peut aller jusqu’à considérer que les pouvoirs sont même
inégalitaires au profit du Sénat. A la différence de la chambre des députés, le Sénat ne peut
pas être dissout par le président de la République. Lorsque le président décide de dissoudre
la chambre des députés, il doit avant obtenir l’avis conforme du Sénat.
Au total, les lois constitutionnelles mettent en place un régime parlementaire, les pouvoirs
doivent collaborer, on peut donc considérer qu’on a donc tous les mécanismes du régime
parlementaire en place (responsabilité du gouvernement devant les chambres et dissolution
possible de la chambre des députés). Cependant, comme les procédures de mise en jeu de la
responsabilité du gouvernement ne sont pas précisées le parlement était libre d’en organiser
le fonctionnement. Risque d’appropriation des compétences par le parlement. Le président
lui dispose de pouvoirs nominaux importants, le tout fait que tous les ingrédients du régime
parlementaire dualiste sont présents ainsi que ses difficultés (conflit chef de l’Etat et
parlement).

Section 2 : la pratique constitutionnelle


Le régime va changer de naturel lorsque le maréchal de Mac Mahon décide de dissoudre la
chambre des députés.
28
DROIT CONSTITUTIONNEL

I- La transformation des équilibres constitutionnelles (crise du


16/05/1877)
La crise qui s’ouvre n’a rien d‘étonnant, Mac Mahon élu par les monarchise afin de conserver
la présidence dans l’éventualité d’un retour de la monarchie. Ce n’était pas dans ses
intentions de renoncer à ses prérogatives et de s’effacer face au parlement. La première
assemblée élu en 1876 était à majorité républicaine (360 républicains contre 200
conservateurs). Le conflit paraissait inévitable surtout face à des présidents du conseil
républicains (Jules Du Fort, Jules Simon). Mac Mahon qui souhaitait fonctionner dans la
logique d’un régime parlementaire dualiste avec une double responsabilité du
gouvernement décida malgré l’opposition de mettre en œuvre ses prérogatives. Le
16/05/1877, il obligea Jules Simon à démissionner et nomma à la tête du ministère
conservateur, le duc de Breuil qui avait les mêmes opinions que lui. Ce gouvernement fut
mis en minorité devant la chambre des députés. Le 18/05 Mac Mahon décida d’ajourner les
chambres jusqu’au 16/06, les députés marquèrent leurs désaccords par le manifeste de 363
en dénonçant ce qu’ils considéraient comme un coup de force. Les 16/06 les chambres se
réunirent de niveau et votent la défiance envers le gouvernement considérant « que le
ministère a été appelé aux affaires contrairement à la loi des majorités qui est le principe du
régime parlementaire ». La crise était au plus haut quand Mac Mahon sollicite l’accord du
Sénat et obtient effectivement la possibilité de dissoudre la chambre des députés. Il revient
alors aux électeurs de trancher le conflit entre le chef de l’Etat et le parlement (chambre des
députés). Si les électeurs reconduisent la majorité parlementaire en place, ils désavouent le
maréchal de Mac Mahon. Si au contraire la composition de la chambre change, cela revient à
approuver Mac Mahon. Le résultat de l’élection n’est pas favorable à Mac Mahon, le
ministère de Breuil doit démissionner, Mac Mahon essaye de se maintenir mais il est ensuite
contraint de démissionner, le 30/01/1879.
Jules Grévy qui le remplace fit le 06/02/1879 un message dans lequel il affirma qu’il
n’entrerait plus jamais en conflit avec le parlement. C’est le Constitution Grévy qui
transforme entièrement la 3ème république en un régime d’assemblée. « Soumis avec
sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je n’entrerais jamais en lutte contre la
volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnelles ».

II- Les autres causes politiques du déséquilibre


La crise du 16/05 démontre en réalité l’irréalisme dont ont fait preuve les constituants en
mettant en place un régime parlementaire dualiste.
L’une des premières conséquences de la crise est la désuétude du droit de dissolution. La
mauvaise utilisation de Mac Mahon ne permet pas à ses successeurs de l’utiliser. Cela a un
fait d’importance car la disparition de la crainte de l’utilisation de cette arme explique
l’abaissement de l’exécutif et le passage d’un régime parlementaire dualiste à un régime
parlementaire moniste.
On peut ajouter d’autres éléments au déséquilibre, le passage du régime équilibré à un
régime d’assemblée s’explique aussi par le multipartisme. L’impossibilité d’obtenir une

29
DROIT CONSTITUTIONNEL

majorité stable dans les chambres. Il y a une division dans les différents plans. Les
républicains (gauche) et les monarchistes sont divisés en tendance qui s’affrontent. La
gauche se compose de tendance socialistes, radicaux, avec des variations, des républicains
modérés et aussi l’apparition progressive d’opinion communiste. La droite est divisée entre
le royaliste (orléaniste ou de légitimiste ou bonapartiste), conservateur avec des évolutions
et variations dans le temps. Il n’y a aucune discipline à l’intérieur des groupes ce qui rend
impossible la composition d’une majorité stable sur laquelle le gouvernement pourrait
s’appuyer. On a donc une instabilité ministérielle chronique. Entre 1871 et 1940, on a affaire
à 104 gouvernements.il convient de remarquer que si les gouvernements se succèdent à
grande vitesse, les personnes changent très peu. Il y a parallèlement une stabilité
ministérielle (poste). A titre d’exemple Henri Queuille fut ministre à 19 reprises entre 1920
et 1940. Les gouvernements n’ont pas la possibilité de se défendre face au champ et font
l’objet de contrôle excessif. La responsabilité du gouvernement est constamment engagée
devant les 2 chambres. Même s’il faut observer que le Sénat n’est qu’a l’origine de 9
renversements. Une commission pour chaque assemblée est désignée pour contrôler le
ministère, elles convoquent les administrateurs et les ministres pour les interrogés, ces
enquêtes peuvent aboutir à des démissions et engagement de responsabilité.
Le parlement est dans l’incapacité de remplir ses fonctions, il ne peut pas prendre par le voie
législative les mesures qui s’imposent. De faits, il est contraint de déléguer ses pouvoirs à
l’exécutif pour permettre la prise de décision. Or les domaines délégués relèvent de la
compétence législative. On voit apparaître les décrets-lois, ces textes sont utilisés dès 1929
et seront utilisés jusqu’à la fin de la 3 ème. Le législateur autorise le gouvernement à intervenir
dans son domaine mais il autorise aussi le gouvernement à modifier par décret les textes
législatifs qui ont déjà été pris. La délégation de pouvoir est accordée pour un délai limité de
3 à 4 mois dans un domaine précis. Cette pratique douteuse sur le plan de la logique
constitutionnelle, un décret n’est normalement qu’un acte d’exécution d’une loi, il ne peut
pas normalement violer ou modifier une loi. Le législateur n’est pas propriétaire de ces
compétences. Il demeure que les décrets-lois ont été utilisé et se sont avéré utiles pour
permettre la prise de décisions. La plupart des grandes réformes entre 1934 et 1939 ont été
adopté par décret-loi. Il en résulte un rééquilibrage constitutionnel. Le gouvernement et le
président du conseil retrouve une partie de leurs pouvoirs. Les présidents du conseil vont
être institutionnalisé par la loi du 03/12/1934 qui crée un ministre chargé de la présidence
du conseil.
Au bout du compte, on constate que le régime était absurde on avait un parlement qui
empêchait l’exécutif d’agir et dans le même temps qui s’avérait incapable d’assurer ses
compétences.
La troisième république s’achève dans les faits avec la prise de pouvoir du maréchal Pétain.
Pour de nombreux auteurs et hommes politiques se sont les défaits de la 3 ème qui n’ont pas
permis de préparer la guerre contre l’Allemagne, c’est dans un contexte de faiblesse que les
pleins pouvoirs vont être donné au vainqueur de Verdun.
Le maréchal Pétain décide en raison de l’incapacité des instituions a fonctionné de réunir
l’assemblée nationale pour qu’il soit procédé à une révision de la Constitution. Le

30
DROIT CONSTITUTIONNEL

10/07/1940, l’assemblée nationale vote sans débat, 559 contre 80 une loi qui confit les
pleins pouvoirs au maréchal Pétain, elle lui fournit le pouvoir constituant, « la loi confère
tous pouvoirs au gouvernement de la république sous l’autorité et la signature du maréchal
Pétain à l’effet de promulguer par un ou plusieurs actes une nouvelle Constitution de l’état
français ». Le 11/07/1940, le maréchal promulgue les 12 actes Constitution qui supprime la
république et lui confit tous les pouvoirs. Pendant ce temps, la résistance s’organise à
l’initiative du Général de Gaulle qui dirige à Londres un gouvernement d’exil. Deux
légitimités s’affrontent, celle de Vichy et celle de Londres, à l’issu de la guerre, une
ordonnance du 03/06/1944 crée le GPRF qui rétablit la république. Le GPRF proclame que la
li du 10/07/1940 est inexistante sur le plan juridique. Par conséquent, la 3 ème république est
toujours en vigueur.

Chapitre 3 : la 4ème République


La sortie de la 3ème est compliquée. La question posée à la sortie de la guerre était de
v=savoir s’il fallait simplement modifier la Constitution ou au contraire profiter de la
circonstance pour établir un nouveau régime et donc changer de Constitution. Le général de
Gaulle souhaitait un changement de Constitution, e mode de fonctionnement de la 3 ème ne
lui plaisait pas. Pur déterminer la solution le GPRF invita le peuple à choisir par référendum
parmi 3 solutions :

 Retour à la Constitution de 1875.


 L’élection d’une assemblée constituante disposant de pouvoirs illimités.
 Election d’une assemblée dont les pouvoirs seraient limités à l’avance.
La 3ème solution obtient une majorité. Il s’agissait de changer de régime mais avec une
mentalité qui était celle des parlementaristes de la 3 ème république. Le résultat est que la 4ème
ressemble beaucoup à la 3ème avec également des disfonctionnements.

Section 1 : la mise en place de la 4ème République


Les électeurs furent convoqués lors du referendum du 21/10/1945 pour élire une assemblée
et répondre à deux questions.
- Voulez-vous que l’assemblée élue à ce jour soit constituante ? retour à la 3ème ou
établissement d’un nouveau régime.
Si réponse négative : la chambre élue devait faire office de chambre des députés.
En cas de réponse positive, la 3ème était abolie et on devait changer de régime car la
chambre serait constituante.
- Si le corps électoral a répondu oui à la première question, approuvez-vous que les
pouvoirs publics soient jusqu’à la mise en vigueur de la nouvelle Constitution
organiser conformément au projet de loi ci-contre ?
Une réponse négative : la constituante est une assemblée au pouvoir constitutionnel
illimité. On ne reconnait pas l’autorité du projet et l’assemblée pouvait choisir les
éléments de sa Constitution
Un oui limite les pouvoirs constituants de l’assemblée.

31
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le Général de Gaulle était favorable à une double réponse positive, nouveau régime mais
avec des pouvoirs constituants limités à l’avance.
Les socialistes et les démocrates-chrétiens voulaient la même chose.
Les communistes appelaient un oui et un non pour la deuxième question. Pour une
assemblée constituante mais avec des pouvoir illimité.
La droite appelait un non pour la première question et oui à la seconde, ils souhaitent le
maintien de la 3ème république mais au cas cette solution n’était pas choisie ils souhaitaient
que l’assemblée constituante dispose de pouvoir limité.
Les résultats furent largement favorables à la mise en place d’une nouvelle Constitution. En
revanche la limitation des pouvoirs de l’assemblée ne fut obtenue qu’à la majorité des 2/3.
Le projet de Constitution annexé devint la loi du 02/11/1945, elle faisait office de
Constitution provisoire avec des institutions allégées puisqu’elle organisait un régime
parlementaire avec une assemblée unique et une seule personne à la tête de l’exécutif. Au
bout de 6 mois, un projet de Constitution fût élaboré par l’assemblée constituante. C’est le
projet de Constitution du 16/04/1946. Ce projet reprenait les grandes lignes de la loi du
02/11/1945 et innovateur sur quelques points. Concrètement, le projet organisait un régime
d’assemblée avec une assemblée unique, le président de la république comme celui du
conseil devaient être choisi par l’assemblée national qui approuvait également la nomination
des ministres. Dès la fin de février le général a marqué son opposition. Il se retira. Il
démissionne le 21/01/1946. Le général fût suivi par les électeurs, le 05/05/1946 le corps
électoral refusa ce projet. Il fallait procéder à une nouvelle élection d’une assemblée, fait le
02/06, le 16/06/1646 le Général de Gaulle prononça son discours où il énonce ses idées
constitutionnelles. Cela n’a pas eut de véritable incidence sur les travaux. L’assemblée
modifie l’ancien projet dans le sens souhaité et cette nouvelle Constitution fût approuver le
13/10/1946. L’adhésion ne fût pas très forte. La Constitution est promulguée le 27/10/1946.

I- Les principes constitutionnels


La Constitution qui entre en vigueur le 16/01/1947 avec l’élection du premier président
Vincent Auriol.
La Constitution est composée d’un préambule il est fait référence à la Déclaration du Droit
de l'Homme et du Citoyen ainsi qu’à de nouveaux principes économiques et sociaux.
L’énonciation de ces principes n’est pas vraiment construite mais pour l’essentiel il est
question de la légalisation des avancé de la libération. Se trouve en conséquence consacré
dans ce qui est les PPLT :
- L’égalité entre les sexes
- Le droit à la sécurité social
- Le droit de grève
- Le droit des travailleurs à participer à la détermination collective des conditions de
travail
- Le principe des nationalisations

32
DROIT CONSTITUTIONNEL

Un hommage est fait à l’œuvre législative de la 3 ème république à travers la référence au


PFRLR. Aucune précision n’est apportée sur le contenu de ces principes.
Ce préambule a aujourd’hui acquis la valeur de droit positif.
La Constitution de 1946 contient 106 articles, il met en place un régime parlementaire
rationnalisé en essayant de remédié aux difficultés rencontrées sous la 3 ème (instabilité
ministérielle, règlementant la procédure législative et les rapporte entre le gouvernement et
le parlement), à travers le mécanisme de mise en jeu de la responsabilité et le droit de
dissolution. Ce texte à l’épreuve des faits a été très critique. Jean-Jacques Chevalier nous dit
que si la Constitution est rationnelle et n’était pas raisonnable. Pour d’autres c’est la plus
mauvaise qu’à jamais connu la France, on a voulu faire du neuf avec du vieux.

II- Les organes constitutionnels


Il y a des différences dans la répartition des compétences mais malgré toute la 4ème
république s’avère proche de la 3ème.
A- Le pouvoir législatif
Comme sous la 3ème république le parlement est bicaméral mais on y change des
dénominations. A la place des chambres des députés et du sénat on a affaire à l’assemblée
nationale et au conseil de la République.
La grande différence réside dans le fait que contrairement au bicamérisme égalitaire de la
3ème République on a affaire à un bicamérisme inégalitaire. L’article 13 de la Constitution de
1946 est explicite à cet égard « l’assemblée nationale vote seule la loi, elle ne peut déléguer
ce droit ». Cela désigne la primauté de l’assemblée nationale et l’interdiction des décrets.
L’assemblée nationale est élue pour 5 ans au suffrage universel direct à la représentation
proportionnelle. Elle a la maitrise de la loi mais elle peut aussi renverser le gouvernement en
refusant la confiance quand celui-ci la demande ou en votant la censure.
Le conseil de la République est élu pour une durée de 6 ans, il participe au choix du chef de
l’Etat ainsi qu’à la désignation des membres de certains corps (CSM, comité constitutionnel,
assemblée de l’union française). Cependant le conseil de la république n’a pas la possibilité
de voter la loi et il n’a pas davantage la possibilité de mettre en jeu la responsabilité
politique du gouvernement. C’est une chambre de réflexion qui ne dispose pas de pouvoir
réelle.
Le 07/12/1964, une réforme modifie la situation existante en permettant la participation de
la chambre haute, le conseil de la république à la confection de la loi. Néanmoins,
l’assemblée nationale conserve le dernier mot.
B- Le pouvoir exécutif
Il n’y a pas de changement fondamental, l’exécutif reste bicéphale comme sous la 3 ème
République, on a un président de la République et un Président du conseil à la tête du
gouvernement.

33
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le président de la république est élu pour 7 ans par les deux chambres, il est politiquement
irresponsable et peut être mis en accusation que pour haute trahison. Il a peu de pouvoir, il
représente seulement l’Etat en signant des textes, promulguant des lois et nommant des
fonctionnaires. Il ne dispose pas réellement du pouvoir de dissolution car il appartient au
Président du conseil. Son seul vrai pouvoir réside dans la nomination du président du
conseil.
Il y a eu 2 présidents entre 1946 et 1958 : Vincent Auriol (1947-1953) puis René Coty (1953-
1958).
Le président du conseil est le personnage le plus important de la république, il exerce une
triple fonction
- Chef de l’exécutif
- Chef du gouvernement
- Chef de la majorité parlementaire
Il dispose du pouvoir réglementaire, il contresigne tous les actes du chef de l’Etat.

Section 2 : la pratique constitutionnelle


Le rapport de force entre le pouvoir public est déséquilibré. Le parlement a davantage de
pouvoirs et moyens d’action que n’en a le pouvoir exécutif.

I- Le dysfonctionnement des institutions


A- Des rapports de force déséquilibrés entre les pouvoirs
Le parlement peut procéder à des interpellations des ministres pour mettre toujours sous
pression le gouvernement. Dans le cadre de la procédure, les ministres sont convoqués par
l’assemblée qui leur demande des explications sur leur politique engagée dans leur secteur.
Les réponses des ministres sont suivies d’un débat et d’un vote qui ont pour conséquence de
déstabilisé le gouvernement. Comme sous la 3 ème République, les commissions
parlementaires jouent un rôle important car elles ont la possibilité de bloqué le vote des
textes. L’assemblée dispose la possibilité d’engager la responsabilité du gouvernent mais des
mécanismes ont été prévus contrairement à la 3ème.
Lorsque la Question de confiance est posée par le Président du conseil, le vote ne peut
intervenir que dans un délai 24 heures. Le gouvernement peut être renversé uniquement à
la majorité absolue des membres composants l’assemblée nationale. Les mêmes règles sont
applicables lorsqu’il concerne la motion de censure.
A l’inverse le pouvoir exécutif ne dispose pas de réel moyen d’action contre le parlement. Le
pouvoir de dissolution existe mais il semble d’un usage difficile. Deux conditions sont
requises :

 Aucune dissolution n’est possible dans les 18 premiers mois de la législature.


 Il faut 2 crises ministérielles en 18 mois pour la dissolution puisse s’exercer.

34
DROIT CONSTITUTIONNEL

La dissolution n’est réellement possible que si la confiance a été refusé à la majorité absolue,
les moyens d’action des gouvernements étaient d’autant plus limités que juste après la
formation de ceci, il demandait à l’assemblée nationale la confiance alors que rien dans la
Constitution l’y obligeait.
La Constitution avait prévu que le Président du conseil était choisi par le chef de l’Etat puis
celui-ci devait être investi personnellement par l’assemblée nationale à la majorité absolue
de ses membres. Une fois investi, le Président du conseil était nommé par le Président de la
République. Cependant les coalisions étaient fragiles donc les président du conseil qui
étaient investis ont pris l’habitude que pour obtenir la confiance du parlement de soumettre
leur gouvernement à l’assemblée pour solliciter un vote de confiance à la majorité des
suffrages exprimés. Cette procédure pas prévue par la Constitution débouche sur le système
de la double investiture. Elle est initiée par Paul Ramadier, président du conseil le
28/01/1947, cette pratique n’a fait qu’accroitre la dominance de l’assemblée nationale.
Avec la réforme du 07/12/1954, la pratique est modifiée. Désormais le président du conseil
doit présenter à l’assemblé nationale son programme et son gouvernement en sollicitant
l’investiture (la sienne et celle du gouvernement à la majorité simple). Réforme inutile qui
n’a pas changé les pratiques. Les négociations furent constantes, l’assemblée nationale
conservait sa main mise sur le gouvernement.
B- L’instabilité gouvernementale
La rationalisation qui a été préconisé n’a eu aucun effet, cela n’a pas empêcher l’instabilité
ministérielle puisque la 4ème République a connu 24 gouvernements. 2 causes l’expliquent :

 Les gouvernements prirent l’habitude de se retirer quand ils étaient mis en minorité
sur des projets alors même qu’un vote de défiance n’était pas adopté par l’assemblée
nationale.
 La rationalisation du régime reposait sur l’existence de coalisions solide et stable. La
situation postérieure à la guerre avait pu nourrir le sentiment que l’on aurait affaire à
une coalisions stable. Les communistes vont partir du gouvernement en raison du
désaccord des alliées avec l’URSS. La survenance de la 3 ème force (radicaux +
modérés) va modifier cette logique car ils sont nostalgiques de la 3 ème République.
Dès ce moment la 4ème a les mêmes difficultés que la 3ème, une impossibilité à obtenir
des majorités stables.
Le régime correspond en tous points à la 3ème République. En therme constitutionnelle on
peut dire que on a affaire à un régime d’assemblée avec une emprise générale de
l’assemblée nationale sur le gouvernement. On recourt alors à la délégation du pouvoir
législatif au pouvoir exécutif. Cela parait contraire à la Constitution puisque l’article 13
dispose que le pouvoir législatif appartient uniquement à l’assemblée nationale et qu’il ne
peut déléguer ce pouvoir. Pour le contourner, une loi va être adopté, loi André Marie du
14/08/1948, elle va initier la pratique de la loi « cadre », l’article 6 de cette loi dresse une
liste des matières qui ont par nature « un caractère réglementaire ». Si le législateur
intervient dans ces domaines, le pouvoir exécutif peut abroger librement ou modifier les
dispositions concernées par simple décret en conseil des ministres. Ce procédé est donc

35
DROIT CONSTITUTIONNEL

contraire à la Constitution, les délégations dans le principe devaient être limité dans le
temps et intervenir que dans des domaines précis. Cela pouvait sembler acceptable mais si
ces délégations étaient générales et illimité dans le temps, cela était contraire. C’est ce
qu’affirme le conseil d’Etat dans son avis du 06/02/1953.

II- L’échec de la IVe République


C’est la crise algérienne qui porte le coup décisif à la 4ème république.
Le 15/04/1958 le gouvernement de Félix Gaillard donne sa démission en raison de la
politique menée en Algérie. Il fallait trouver un autre président du conseil mais un
gouvernement de gauche était exclu, il ne restait que la possibilité d’un gouvernement de
droite. George Bidault fut pressenti pour présider le gouvernement mais il refuse. Puis Rene
Pleven fut proposé mais il n’y parvient pas. Pierre Pflimlin qui avait la réputation d’être un
homme autoritaire fut proposer, il pouvait défendre une politique libérale face à l’Algérie.
Mais le 13/05, une insurrection est atteinte en Algérie, le pays est plongé dans une crise
politique, des comités de saluts publics se constituaient et des grèves furent déclenchés. Le
gouvernement fût contraint de renoncer. Il démissionna le 28/05.
Le président de la république René Coty, fit appel au Général de Gaulle pour la présidence
du conseil. Mais il ne souhaitait pas être soumis à la procédure de l’investiture. Après sa
déclaration devant l’assemblée nationale, et une discussion à laquelle il refusa de participer
il fut investi par l’assemblée nationale avec 329 voix contre 224. La plupart des députés
étaient favorables au général de Gaulle, sauf les communistes étaient opposé à sa venue au
pouvoir. Dès son investiture le Général de Gaulle demanda au parlement les pleins pouvoirs.
C’est ce qui fût fait avec la loi du 03/06/1958. C’est la fin de la 4ème République.

Titre 2 : le système constitutionnel actuel


La longévité de la 5ème intrigue et dérange car il y a parfois des prémisses de 6 ème république
et qu’elle n’était pas appelé à durer. Cependant, la Constitution de 1958 a subsisté malgré
les alternances politiques nombreuses malgré la crise de 1968, et les cohabitations. Sa
caractéristique est de s’inscrire dans une rupture marquée par un déséquilibre profond des
anciennes républiques. On a affaire à un rééquilibrage des pouvoirs au profit du pouvoir
exécutif. Elle a des éléments du régime parlementaire mais elle apparait comme un régime
présidentialiste. Sa grande force est sa souplesse. La Constitution de 1958 est adaptable. Le
général de Gaulle est son principal inspirateur. Mais le principal opposant a également été
président sous cette 5ème République : François Mitterrand. Il avait dénoncé ce régime dans
un ouvrage « le coup d’Etat permanent ». En 1981 quand il accède au pouvoir il explique
« les institutions n’étaient pas faites à mon intention mais elles sont bien faites pour moi ».

Chapitre 1 : L’établissement de la 5ème République


Le point de départ de l’élaboration de la Constitution de 1958 c’est la fameuse loi
constitutionnelle du 03/06/1958. Elle porte révision de l’article 90 de la Constitution de
1946. Elle autorise à élaborer une nouvelle Constitution. Le Parlement accorde par cette loi
les pleins pouvoirs au gouvernement pour une durée de 6 mois. Il faudra simplement 4 mois

36
DROIT CONSTITUTIONNEL

pour la confection de la Constitution. Le nouveau texte élaboré est approuvé par


référendum le 26/09/1958 et est promulgué le 04/10/1958. En réalité quand le
gouvernement transmet son projet de Constitution au comité consultatif le 29/07/1958, on
peut considérer que l’essentiel de la Constitution est élaboré. La rapidité peut étonner, elle
tranche avec les difficultés connues auparavant notamment avec la 3 ème. Cela s’explique
facilement :
- Grande confidentialité qui a entouré l’élaboration de la Constitution. On a pris soin
d’éviter les fuites et les discussions inutiles. En 1958, dès le début du mois de juin
jusqu’à la fin juillet les délibérations du gouvernement, les conseils
gouvernementaux, les réunions d’experts et du commissaire du gouvernement
respectent le principe du secret des délibérations. En 1987, l’ensemble des travaux
préparatoires sont diffusés.
- Les constituants avaient déjà une idée de ce qu’ils voulaient mettre en place. Ce
n’est pas le fruit du hasard. C’est la conséquence d’un long mouvement de réformes
initié depuis les années 1930 avec pour objectifs la restauration du pouvoir exécutif.

Section 1 : L’établissement de la 5ème république


La Constitution de 1958 relève de plusieurs inspirations qui peuvent être contradictoire, il y a
un mélange des intentions qui rend la lecture de la Constitution assez difficile. Les
constituants veulent rompre avec le passé en établissant un pouvoir stable et un Etat plus
fort. Mais dans le même temps, ils restent attachés à la tradition libérale parlementaire. Loi
du 03/06/1958 marque cette double intention.

I- Les fondements constitutionnels et doctrinaux de la 5ème République


A- La base juridique : la loi constitutionnelle du 3 juin 1958
Cette loi a été adopté par l’assemblée nationale à la majorité des 3/5, puis par le conseil de
la République (260 voix contre 30). Elle comporte un article unique qui pose un certain
nombre de conditions de formes et de fonds. 5 principes doivent être respecté par les
organes constituants :
1. Le suffrage universel
Il est considéré comme la seule source du pouvoir.
2. La séparation des pouvoirs
Entre l’exécutif et le législatif.
3. La responsabilité du gouvernement
Aspect du régime parlementaire. « Le gouvernement doit être responsable devant le
parlement ».
4. L’indépendance de l’autorité judiciaire
Respect des libertés essentiels définies par le préambule de la Constitution de 1946 et par la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

37
DROIT CONSTITUTIONNEL

5. Les rapports de la République avec les peuples qui lui sont associés
La Constitution doit permettre d’organiser les rapports de la République avec les peuples
associés.
En ce qui concerne les conditions de formes :
- ll est prévu en premier lieu que le pouvoir constituant est attribué au gouvernement
investi le 01/06/1958.
- Il est prévu en deuxième lieu que pour établir le projet, le gouvernement doit
recueillir l’avis d’un comité consultatif où siège les membres du parlement. Ce comité
est composé de 16 députés, 10 sénateurs élus par chaque assemblée. Il comprend
également 13 personnalités nommées par décrets (juristes, gomme politiques). Il est
présidé par Paul Reynaud.
- La troisième condition est que la réforme constitutionnelle doit être arrêté en conseil
des ministres avec l’avis du conseil d’Etat.
- La dernière condition est que le projet doit être soumis au référendum et la
Constitution doit être promulguée dans les 3 jours qui suivent son adoption.
La question de la régularité de la procédure peut être posée, car l’article 90 de la
Constitution de 1946 faisait du parlement le seul maître des révisions constitutionnelles,
mais cette disposition ne permettait pas de délégué le pouvoir constituant au
gouvernement, or c’est que qui a été fait. La procédure était étonnante car dans un régime
représentatif il est admis que le texte constitutionnel doit être élaboré par une assemblée
élue à cet effet.
Une comparaison a été effectuée entre la loi du 3 juin 1958 et la loi du 10 juillet 1940. Cette
comparaison a pour but de délégitimer la 5ème république. Cette comparaison est abusive.
- La délégation du pouvoir était en 1940 faite au seul Maréchal Pétain, alors qu’en
1958, sur le plan formel, elle fût faite au gouvernement et non pas au Général de
Gaulle.
- Contrairement à ce qui s’est produit pour la mise en place du gouvernement de
Vichy, la procédure de référendum a été respecté.
- La nullité de la loi du 10/06/1940 a été affirmé par le GPRF le 09/08/1944. La loi du
03/06/1958 n’a jamais été annulée.
B- Les inspirateurs de la Constitution
La Constitution est le résultat d’un compromis entre 3 logiques qui se sont dessinés lors des
travaux préparatoires.

 Logique du Général de Gaulle, favorable à un pouvoir exécutif fort.


 Logique de Debré qui apparait comme un fidèle du général de Gaulle mais qui
s’inscrit dans une logique de rationalisation du parlementarisme.
 Logique des ministres d4etAt qui étaient favorable à des reformes modérés
comparés au régime précédent.
1. L’influence du Général de gaulle

38
DROIT CONSTITUTIONNEL

Les idées du Général de Gaulle résulte de son discours du 16/06/1946, ces idées étaient
connues en 1958. Les thèmes sont les suivants :
- Il faut restaurer l’autorité de l’Etat, l’Etat doit avoir un chef qui doit seul être en
capacité de faire prévaloir la volonté générale. Il est au-dessus des partis, des intérêts
partisans et particuliers. Il doit préserver l’unité de l’Etat et la continuité du pouvoir.
Dans le discours de Bailleul, il doit être élu par un collège plus large que le parlement
pour préserver son indépendance.
- Le premier ministre et les ministres doivent être nommés par le chef de l’Etat, il s’agit
de restaurer une séparation des pouvoirs qui n’existait plus dans la mesure où
l’entrée en fonction des membres du gouvernement dépendait de l’investiture du
parlement.
- Le chef de l’Etat doit être en mesure d’exercer une dictature temporaire en période
de circonstances exceptionnelles (article 16 de la Constitution de 1958).
C’est une constitutionnalisation de l’appel du 18/06/1940. Ou c’est une influence allemande
des thèses.
D’une manière générale De Gaulle veut restaurer le pouvoir exécutif pour assurer son
indépendance. L’Etat fort doit pouvoir s’incarner dans la personne du président de la
République. Ses idées sont formulées dans le discours de 1946 de Bailleul.
2. L’influence du Michel Debré
Ses idées ont été affirmé dans son discours du 17/08/1958 devant le Conseil d’Etat, deux
idées fortes ressortent dans sa volonté :
- Il estimait dans sa logique de rationalisation parlementaire qu’il était nécessaire de
procédé a une règlementation du travail législatif en plaçant le travail des assemblées
sous le gouvernement (article 39). Cela devait se faire en limitant la discussion
budgétaire, en réglementant la question de confiance ainsi que la motion de censure.
- Délimitation des domaines de compétence de la loi et du règlement. La répartition
des tâches entre le pouvoir réglementaire (article 37) et celui législatif (article 34).
Cette délimitation devait selon Michel Debré, être mieux respecté grâce à la mise en
place du conseil constitutionnel qui aurait cette tâche de faire respecter la
délimitation.
3. L’influence des ministres d’Etat
Participaient au travaux préparatoire Guy Mollet, et Pierre Pflimlin, ils avaient été nommés
ministres d’Etat pas le Général de Gaulle. Leurs intentions :
- Dans l’hypothèse d’une question de confiance, ou dans celle d’une motion de
censure, lorsque cela n’était pas déposé dans les 24 heures, cela devait avoir pour
conséquence une adoption implicite de la loi.
La Constitution est un compromis entre les 3, tantôt c’est al thèse présidentialiste qui
l’emporte mais aussi parallèlement, la thèse de Michel Debré plus parlementaire a pu

39
DROIT CONSTITUTIONNEL

l’emporter. La cohabitation a pu illustrer que cette thèse parlementariste avait sa place.


Celle des ministres est plus négligeable.

II- L’adoption et les modalités de révision de la Constitution


La procédure prévue étant respecté, le projet définitif fût présenté le 04/09/1958, il restait à
la soumettre à l’approbation populaire. Ce qui fût fait le 28/09/1958 (80% des électeurs ont
voté en faveur de cette Constitution).
A- Les caractères généraux de la Constitution
La Constitution ne consacre ni la thèse Général de Gaulle ni véritablement les idées de
Michel Debré. Il paraissait difficile d’imposer les seules idées du Général de Gaulle qui allait
dans le sens d’un renforcement de l’exécutif et d’une primauté du président sans donner le
sentiment qu’on lui accordait un pouvoir personnel. Des retouches paraissaient nécessaires
pour mieux définir les pouvoir présidentiels et préserver la tradition parlementaire. Malgré
ces retouches, il faut observer que le texte constitutionnel a été au début très peu apprécier
par les constitutionnalistes. Ils considéraient que la Constitution était faite sur mesure pour
le Général de Gaulle.
La Constitution hésite, oscille entre continuité et innovation. Elle débute par un préambule
qui fait référence à

 La Déclaration du Droit de l'Homme et du Citoyen de 1789


 Au préambule de la Constitution de 1946
Cela ne marque pas de rupture, les constituants font remarquer dans l’article 1 de la
Constitution initiale l’égalité devant al loi de tous les citoyens sans distinction.
La Constitution reprend par ailleurs les traits traditionnels républicains en mentionnant le
principe d’indivisibilité de la république et plus loin dans l’article 89 en interdisant de
réformé la forme républicaine du gouvernement.
La Constitution énonce également le principe de laïcité, démocratique. En conséquence est
également reconduite la formule d’Abraham Lincoln « le gouvernement du peuple, pour le
peuple et par le peuple ».
La Constitution ne déroge pas à la tradition en valorisant les emblèmes nationaux : drapeau
tricolores, hymne national (la marseillaise), puis la langue avec la loi Constitution du
25/06/1992.
S’agissant de la souveraineté qui est évoquée à l’article 3, le texte reprend la formule de
compromis déjà admise en 1946 à savoir que « la souveraineté nationale appartient au
peuple ».
On peut remarquer que on glisse d’une démocratie directe vers l’affirmation d’une
démocratie semi-directe. La notion de souveraineté n’est pas elle-même définit par le
constituant, on peut s’en étonner mais est-il facile de la définir ? Compétence ou autrement.
L’absence de définition est favorable à la construction européenne et a permis les
développements consécutifs au traité de Maastricht.
40
DROIT CONSTITUTIONNEL

Sur le registre des innovations il faut évoquer les rapports relatifs aux différents pouvoirs, la
Constitution constitut un régime parlementaire rééquilibré et rationnalisé. C’est un régime
parlementaire sans souveraineté du parlement. L’exécutif demeure bicéphale mais il y a un
réaménagement à l’intérieur de l’exécutif. Les compétences du chef de l’Etat sont sans
commune mesure avec celle de la 3ème et 4ème République.
Cela paraissait nécessaire pour permettre au Général de Gaulle de régler le problème
Algérien. On peut constater que le chef de l’Etat s’émancipe du parlement à partir de 1962
lorsqu’il ne sera plus élu par lui. Il s’émancipe aussi du gouvernement dans la lettre puisqu’il
dispose d’un certain nombre de pouvoirs qui sont dispensé du contre seing ministériel. Il a
des pouvoirs propres (article 19 de la Constitution).
Le Premier ministre est chargé de conduire la politique de la nation, il dispose donc d’une
autorité qui ne peut être contester mais il ne peut être situé sur le même plan que le Chef de
l’Etat car c’est ce dernier qui le nomme. C’est la pratique constitutionnelle qui a
progressivement réparti la répartition des rôles.
Le Parlement a un abaissement de son rôle qui s’observe à plusieurs niveaux :

 Il ne dispose plus d’un monopole d’édiction de la loi, le domaine de la loi est en


théorie confiné dans certaines matières. Une répartition des compétences est opérée
à travers les articles 34 et 37 de la Constitution entre le pouvoir législatif et
réglementaire.
 La création du Conseil Constitutionnel permet d’exercer un contrôle de
constitutionnalité sur la loi. La loi n’est plus aussi souveraine qu’auparavant.
 L’exécutif détermine la procédure législative. Il détermine l’ordre du jour et en
conséquence oblige le Parlement à débattre sur les textes qu’il choisit en priorité.
 La rationalisation du régime a pour conséquence de rendre plus difficile la mis en jeu
de la responsabilité du gouvernement. A la différence des régimes précédents, les
questions des parlementaires ne peuvent plus débouchées sur des interpellations
permettant la mise en jeu du gouvernement par le biais des commissions.
On observe une rupture par rapport aux régimes précédents. Le Sénat se trouve revalorisé
par rapport à la Constitution de 1946. Le bicamérisme est réellement égalitaire, on le
constate au niveau constituant car le Séant a la possibilité de bloquer les révisions
constitutionnelles. La 5ème république se donne comme enjeu de trouver une solution dans
les rapports avec les anciennes colonies, de régler le problème de l’Union Française en
instituant la communauté. Mais la communauté va disparaître à partir de 1960 avec le
mouvement de décolonisation.
B- La révision de la Constitution
Dans son principe, la Constitution est rigide puisque l’exercice du pouvoir constituant est
difficile. La Constitution prévoit en effet une procédure spéciale pour réviser la Constitution.
Un titre spécial est réservé à la Constitution (titre XVI) qui contient juste l’article 89. Ceci
laisse à penser que la procédure valable de révision constitutionnelle est bien celle de
l’article 89 de la Constitution, cependant la pratique constitutionnelle va démontrer qu’une

41
DROIT CONSTITUTIONNEL

autre disposition a pu être utiliser pour la réviser : l’article 11. Il faut distinguer la procédure
normale et celle exceptionnelle contestables
1. La procédure régulière : l’article 89 de la Constitution
En matière de révision constitutionnel, l’initiative est partagée entre le Président de la
République et les membres du parlement. Quand elle vient de l’exécutif on parle de projet
de révision constitutionnelle. Quand elle vient du Parlement, on parle de proposition de
révision constitutionnelle.
S’agissant des projets de révisions, le Président ne peut pas engager seul la procédure de
révision, elle ne peut se faire que moyennant la proposition du Premier ministre, ce qui
implique que la Président doit soit attendre la proposition du Premier ministre, soit la
solliciter pour engager une procédure de révision. La question ne soulève pas de difficulté
dès lors que le Président et le Premier ministre comme c’est le cas dans l’essentiel de la 5 ème
République sont de même bord politique. Le président sollicitera le Premier ministre pour
initie une révision constitutionnelle. Mais la précision apporter par le texte constitutionnel a
une incidence dans le cadre de la cohabitation. Dans cette hypothèse il peut y a voir une
neutralisation de la révision constitutionnelle puisque le Président ne pourra pas agir sans
l’accord du Premier ministre et inversement, le Premier ministre ne ferra pas de proposition
s’il sait que le Président n’est pas d’accord.
Les membres du parlement peuvent déposer une proposition de révision. Cela était monnaie
courante dans le cadre de la 5 ème cependant dans la mesure où le gouvernement est maître
de l’ordre du jour, il inscrit uniquement les propositions qui lui conviennent. En période de
cohabitions on peut considérer que c’est la seule voix qui permette réellement une révision
constitutionnelle.
Quelques soient les autorités à l’initiative de la révision, les projets comme les propositions
de révision doivent être voter en termes identiques par les deux assemblées. Vote qui se fait
à la majorité simple des membres présents car aucune précision n’est ajoutée. La procédure
diffère de la législative ordinaire dans la mesure où le Premier ministre ne peut pas
convoquer la réunion de la commission mixte paritaire pour aboutir à l’élaboration d’un
texte commun ou en cas de désaccord donner le dernier mot à l’Assemblée nationale. Dans
le cadre de la révision constitutionnelle, les deux assemblées disposent d’un pouvoir égal.
Cela a une importance dès lors que la majorité au Sénat est différente de la majorité à
l’Assemblée Nationale. On pourra constater que le Séant a effectivement été en mesure de
bloquer un certain nombre d’initiative de révisions constitutionnelles (1984 sur l’extension
du champ du référendum, 1990 a propos de la possibilité des individus de provoquer un
contrôle de conformité des lois par rapport au droit fondamental).
En ce qui concerne l’adoption définitif il faut distinguer deux situations
Quand les parlementaires sont à l’origine de la révision, la ratification de la révision doit se
faire par le référendum. C’est la procédure de droit commun. Elle est ensuite promulguée
par le Président de la République.

42
DROIT CONSTITUTIONNEL

Quand l’initiative provient de l’exécutif, la procédure de droit commun requiert de recourir


au référendum, cependant dans le cadre des projets de révisions une autre option est
ouverte. Le Président à la possibilité de décider de soumettre au Congrès le vote du texte de
révision. LE président peut choisir cette modalité pour contourner les dangers d’un vote par
la voix référendaire s’il considère que la population est susceptible de s’opposer à cette
révision. Dans cette hypothèse, le projet de révision est adopté par les sénateurs et les
députés réunis en Congrès à Versailles à la majorité qualifié des 3/5.
La différenciation s’explique par le fait que la Général de Gaulle craignait que les
parlementaires prennent trop souvent l’initiative de révision.
Il existe des limites à la révision constitutionnelle, on ne peut faire de révision :

 Lorsque selon les termes de l’article 89 alinéa 4 de la Constitution « il est porté
atteinte à l’intégrité du territoire ».
 Pendant une période de vacance de la président, article 7 de la Constitution.
 Pendant l’application de pouvoir de crise, article 16 de la Constitution.
Limite préciser par le Conseil Constitutionnel 02/09/1992.
2ème catégorie de limite :

 Lorsqu’il s’agit de porter atteinte à la forme républicaine du régime, article 89 alinéa


5. Un recours a été effectué sur ce point dans le cadre de la révision constitutionnelle
de 2003 sur l’organisation décentralisée de la république. Le Conseil Constitutionnel
n’a pas donné suite à ce recours en considérant qu’il n’en a pas le pouvoir d’exercer
un contrôle de constitutionnalité sur une révision. Ce qui laisse entendre que le
pouvoir constituant dériver est souverain.
2. La procédure contestable de l’article 11
En 1962 et 1969, de Galle utilise l’article 11 de la Constitution essentiellement pour éviter de
passer par le Parlement, ce recours à l’article 11 a débouché sur une grave crise politique en
1962 avec une motion de censure contre le gouvernement dirigé par Pompidou plus une
dissolution de l’Assemblée nationale décide par De Gaulle. La doctrine s’accorde à
considérer que la procédure de l’article 11 est irrégulière pour procéder à une révision
constitutionnelle. Plusieurs arguments plaident en ce sens :
- Il faut constater que l’article 11 concerne les projets et propositions de loi alors que
l’article 89 intéresse les projets de propositions de révisions. Ordinaire vs révision
constitutionnelle.
- L’article 11 de la Constitution est inclus dans un titre relatif au Président de la
République alors que le 89 est inscrit dans un titre « de la révision ». Ces éléments
formels plaident sans conteste pour l’usage exclusif de l’article 89.
On peut se demander pourquoi le constituant aurait adopter une version rigide de la
Constitution avec l’article 89 en considérant qu’il n’est pas possible de s’abstraire de l’accord
du Sénat ou même de l’Assemblée nationale et dans le même temps aurait admis que la
révision puisse être effectuer sans que le Parlement se prononce véritablement.

43
DROIT CONSTITUTIONNEL

Un certain nombre d’argument plaide l’utilisation de l’article 11 de la Constitution


- A l’article 11 on précise que peut être soumis au référendum « tout projet de loi
portant sur l’organisation des pouvoirs publics », les révisions intéressent l’ordre
public le recours à l’article 11 serait défendable. Certains auteurs ont admis la
constitutionnalité du recours à l’article 11.
Si cette thèse peut être défendu sur le plan formel elle paraît difficile à défendre au regard
de l’esprit de la Constitution. C’est pour les motif politique que le Général de Gaulle a décidé
de recourir à l’article 11, or cela met à l’écart le Parlement. En effet, lorsque le projet de
révision est décidé par le président de la République, l’examen du texte dans ce cas de figure
ne fait l’objet d’aucun vote par le Parlement. La seule obligation qui est faite à l’exécutif, est
de faire la proposition pendant la durée de session parlementaire et de l’accompagné d’une
déclaration suivie d’un débat dans chacune des assemblées mais ce débat n’est sanctionné
par aucun vote. Le désaccord éventuel du parlement n’a aucune incidence sur l’adoption ou
pas de la révision constitutionnelle. C’est pour cette raison que le Parlement s’est opposé à
l’initiative du Général de Gaulle et son gouvernement en décidant de voter une motion de
censure. La thèse de l’inconstitutionnalité de l’article 11 a été relayer par la plupart des
Présidents de la République qui on succéder au général de Gaulle (Pompidou en 1973
propose une réforme constitutionnelle en faveur du quinquennat). Mitterrand a changé de
point de vu, dans une interview de la revue « pouvoir » en 1988, il a estimé que « l’usage
établit et approuvé par le peuple, permettait de considérer que l’usage de l’article 11 était
possible concurremment avec l’article 89 », reprise de thèse développé par le Doyen Vedel
sur la formation d’une coutume constitutionnelle en raison de l’acceptation implicite de la
population du recours à cette procédure en 1962.
Au-delà de l’affirmation de l’existence d’une coutume constitutionnelle, il faut aussi
remarquer que la possibilité de recourir à un référendum peut sembler être justifier au
regard de l’article 3 de la Constitution. Cette disposition affirme que la souveraineté
nationale appartient au peuple qu’il exerce par ses représentants ou par la voie de
référendum. Sur la base de cette disposition on pourrait penser que le pouvoir constituant
est réservé aux représentants sur la base de l’article 89 mais le peuple pourrait intervenir sur
la base de l’article 11 de la Constitution si on considère qu’il est totalement souverain.
On peut s’en tenir plus simplement à une logique descriptive, en considérant que l’article 11
de la Constitution a aboutit a une révision effective en 1962 que son usage n’a pas permis
une révision en 1969 et le plus souvent c’est l’article 89 qui a été utilisé.
3. Les révisions constitutionnelles intervenues depuis 1958
24 révisions sont intervenues à ce jour depuis 1958. Une seule révision effective est
intervenue par le biais de l’article 11 de la Constitution en 1962, les autres sont intervenues
dans le cadre de l’article 89 de la Constitution. Cependant, il faut préciser qu’une autre
révision est intervenue par le biais d’une autre disposition en 1960 : révision relative à la
communauté française par le biais de l’ancien article 85 de la Constitution.

44
DROIT CONSTITUTIONNEL

- Loi constitutionnelle du 04/06/1960 sur la révision de la communauté. Par le biais de


traité il est possible pour ces territoires d’appartenir à la communauté mais en étant
indépendants.
- Loi constitutionnelle du 06/09/1962 sur l’élection au suffrage universelle du
Président de la République.
- Loi constitutionnelle du 30/12/1963 sur le calendrier des sessions parlementaires.
- Loi constitutionnelle du 29/10/1974 qui ouvre la possibilité à 60 sénateurs ou
députés d’initier un contrôle de constitutionnalité.
- Loi constitutionnelle du 18/06/1976 qui a permis de résoudre le problème soulevé
par le Conseil Constitutionnel après le décès de Pompidou.
- Loi constitutionnelle du 25/06/1992 qui apporte les modifications nécessitées par le
traité de Maastricht.
- Loi constitutionnelle du 29/07/1993 relative au CSM.
- Loi constitutionnelle du 25/11/1993 relative au droit d’asile.
- Loi constitutionnelle du 04/08/1995 qui opère plusieurs révisions, une relative à la
communauté, une session parlementaire unique, aménage les immunités
parlementaires et procède à l’élargissement de la procédure du recours au
référendum.
- Loi constitutionnelle du 22/02/1996 relative au financement de la sécurité sociale.
- Loi constitutionnelle du 20/07/1998 sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie/
- Loi constitutionnelle du 25/01/1999 sur les dispositions qui ratifie le traité
d’Amsterdam.
- Loi constitutionnelle du 08/07/1999 sur la cour pénale internationale qui est reconnu
- Loi constitutionnelle du 08/07/1999 sur les révisions relatives à l’égalité entre les
hommes et les femmes.
- Loi constitutionnelle du 02/10/2000 relative à la durée du mandat du président de la
République.
- Loi constitutionnelle du 25/03/2003 sur le mandat d’arrêt européen.
- Loi constitutionnelle du 28/03/2003 relative à l’organisation décentralisé de la
République.
- Loi constitutionnelle du 01/036/2005 modifiant le titre X de la Constitution.
- Loi constitutionnelle du 018/03/2005 relative à la charte de l’environnement qui est
intégré au bloc de constitutionnalité.
- Loi constitutionnelle du 23/02/2007 modifiant l’article 77 de la Constitution.
- Loi constitutionnelle du 23/02/2007 modifiant le titre IX de la Constitution sur la
responsabilité pénale du Président de la République devant la Haute Cour.
- Loi constitutionnelle du 23/02/2007 sur l’interdiction de la peine de mort.
- Loi constitutionnelle 04/02/2008 qui modifie le titre XV relatif à l’Union Européenne
avec le traité de Lisbonne.
- Loi constitutionnelle du 23/07/2008 sur la modernisation des institutions de la 5 ème
République qui modifie de nombreuses institutions constitutionnelles.
Il semble illogique d’opérer une gradation entre les révisons sui sont toutes importantes.
Mais les lois constitutionnelles n’ont pas toutes la même importance sur le plan

45
DROIT CONSTITUTIONNEL

institutionnel. Certaines sont plus importantes car modifient la nature de la Constitution


(révision de 1962, traité de Maastricht de 1992 en raison de la construction européenne).
Certaines révisions sont importantes car elle constitut un apport démocratique (révision
1994, révision du 23/07/2008 pour la mise en place de la QPC).
Certaines remarques s’imposent à la lecture des révisions constitutionnelles mais aussi de la
pratique développée,

 On observe à partir de 1992, une augmentation importante de la fréquence des


révisions, ce qui dévalorise une procédure qui est considéré comme solennelle et
exceptionnelle, la Constitution rigide devient eu regard de la pratique souple.
 On peut constater qu’on assite à un phénomène d’accaparement du pouvoir
constituant dans les mains des hommes politiques, la plupart des révisions sont
effectuées par le congrès et non par la voie référendaire.
Le temps d’abstention dans le cadre de la révision constitutionnelle de 2000 sur le
quinquennat à été de 69.81 % donc 18.55% des électeurs ont réellement approuvé la
révision constitutionnelle soit 73.21% des suffrages exprimés.
Toutes les initiatives de révisions n’ont pas abouti, deux ont échoué :
- Projet de révision de 1979 sur la régionalisation et la modification du Sénat en
recourant à l’article 11 a échoué.
- Révision de 1884 avec Mitterrand qui propose de réviser l’article 11 de la
Constitution pour autoriser un référendum dans le domaine des libertés publiques.
Trois autres n’ont pas été mené à termes :
- Initiative de Pompidou en 1973 à propos du quinquennat, la majorité obtenue dans
le cadre des deux chambres a semblé trop faible pour qu’il s’aventure à un vote au
sein du congrès.
- Révision projetée de 1974, qui n’intéressait pas que la saisine ouverte aux
parlementaires mais aussi le régime de la suppléance pour les parlementaires +
révisions de l’article 25. Comme pour les mêmes raisons qu’en 1973 ses propositions
n’ont pas été examiné par le congrès.
- Révision de 1990 à propos de la saisine du Conseil Constitutionnel par la voie de
l’exception de la constitutionnalité.
Le comité consultatif pour la révision de la Constitution présidé par le doyen Vedel a émis le
15 février 1993 un rapport proposant certaines modifications de la procédure de révision
constitutionnelle. Il a proposé en ce sens d’aligner la proposition de révision sur le projet de
révision. Dans l’hypothèse d’une proposition de révision la possibilité soit donnée de
recourir également à une adoption du texte par le congrès en dehors de la procédure du
référendum. Ce qui aurait pour avantage un rééquilibrage de la procédure. Dans la mesure
où un certain nombre de proposition n’ont pas abouti sauf celle relative au quinquennat.
Le comité a proposé une autre modification de l’article 89 de la Constitution en proposant
d’ajouter le texte suivant : « Lorsque le projet ou la proposition n’a pas été voté en terme

46
DROIT CONSTITUTIONNEL

identique après deux lectures par chaque assemblée, le Président de la République, peut
soumettre au référendum le texte adopté à la majorité des 3/5 des suffrages exprimés par
l’une ou l’autre des assemblées ». Cette proposition permettrait d’éviter le blocage par le
Sénat des réformes constitutionnelle lorsque l’accord de l’Assemblée Nationale est assez
massif. Cependant, il n’a pas été donné suite à cette proposition.
La loi constitutionnelle de 2008 a révisé l’article 11, il permet qu’un référendum peut être
mis en place à l’initiative 1/5 du Parlement et 1/10 des électeurs

Section 2 : Les évolutions politiques de la 5ème République


La Constitution est une chose vivante qui a subi des évolutions politiques en fonction de la
pratique constitutionnelle. Les évolutions ont nourri le texte constitutionnel en nécessitant
des relectures, des réinterprétations de la Constitution. Certaines de ces évolutions
consacrent une mutation du rôle et des rapports de la France avec les autres Etats. D'autres
évolutions sont plus strictement internes à la France.

I- Les évolutions institutionnelles dans les rapports avec les autres états
On peut remarquer que dans un temps historique assez court, une communauté s’est
substituée à une autre (communauté franco-africaine qui a échoué et laisse place à l’union
européenne).
A- La disparition de la communauté franco-africaine
En 1958, la communauté franco-africaine avait pour objet de contenir les états qui faisaient
partie de la France d’outre-mer sans faire partie de la France métropolitaine. Sans être
indépendant les états qui devaient en faire partie disposaient d’une large autonomie qui leur
permettait de gérer leurs propres affaires (discours du général de gaulle en 1944 à
Brazzaville). La communauté franco-africaine avait vocation à se substituer à l’union
française de 1946 avec une plus grande latitude d’action. Le référendum de 1958 (28/09)
avait un double enjeu :

 Faire accepter la nouvelle Constitution au peuple français.


 Faire accepter la nouvelle Constitution par les populations coloniales.
Dès lors qu’elles l’acceptaient cela voulait dire qu’elle faisait partie de la communauté
française.
Les états acceptèrent d’adhérer aux institutions et d’être membre de la communauté
française sauf la Guinée. Ont adhéré le Congo, le Gabon, le Tchad, la République centre-
africaine, le Soudan, le Sénégal, la Mauritanie, le Bénin, le Burkina-Faso, le Niger,
Madagascar. Les autorités françaises souhaitaient que d’autres pays s’y joignent. Dans la
mesure où ces territoires étaient sous mandat international (Marco, Tunisie). Les états
contenus dans la communauté ne disposaient pas véritablement d’une indépendance alors
même qu’il semblait inéluctable que ceux-ci obtiennent l’indépendance à la vue du
mouvement de décolonisation à l’œuvre. Le premier pas en ce sens, fut engagé lorsque la
fédération du Mali (Soudan et Sénégal) demanda d’accéder à l’indépendance en restant

47
DROIT CONSTITUTIONNEL

dans la communauté. Sur le plan institutionnel cela était impossible car l’article 86 de la
Constitution écartait toutes possibilité de lien entre l’idée de communauté et
d’indépendance. Il fallait une révision de la constitution. La révision fut opérée dans ce sens
par le biais de l’article 85 de la Constitution. C’est la loi constitutionnelle du 04/06/1960, elle
permet le passage d’une communauté constitutionnelle à une communauté
conventionnelle. Ces territoires ne sont plus régis par le pouvoir constitutionnel mais par un
cadre conventionnel, par le biais de rapport entre états indépendants. La fédération du Mali
en profite pour proclamer leur indépendance tout en demeurant intégré a la communauté
franco-africaine. Mais les autres états désenchantés par la tournure des événements
décidèrent sous l’impulsion du dirigeant de la côte d’Ivoire veulent devenir indépendants et
quitter la communauté franco-africaine, en août la Cote D’ivoire, le Bénin, le Niger, le
Burkina-Faso, le Congo et le Gabon, en novembre la Mauritanie. La communauté franco-
africaine apparaissait comme une coquille vide à partir du 01/01/1961. On peut s’étonner
qu’il ait fallu attendre 1995 pour que l’ancien titre XIII soit abroger sur les communautés.
En 2008, on opère une révision constitutionnelle en insérant un titre XIV relatif à la
francophonie (article 87à et on a maintenu la disposition relative aux accords d’association
(article 88).
B- La construction européenne
La construction européenne, c'est faire mention des traités initiaux, aux traités de base mis
en place sous la 4ème République et qui s'imposent aux lois internes.

 Le Traité CECA signé à Paris le 18 avril 1951


 Le traité CEE signé à Rome le 25 mars 1957
 Le traité CEEA signé à Rome le 25 mars 1957
Cet ensemble constitue les communautés européennes. Outre ces traités ce sont les traités
mis en place sous la 5ème qui nous intéresse.
Les traités adoptés sous la 5ème République :

 L'acte unique européen : Signé le 14 février 1986 qui s'est donné pour objet la
réalisation de l'Union Européenne et l'achèvement du marché intérieur
(préconisation d'un libre espace sans frontières permettant la circulation des
marchandises, des personnes, des services et des capitaux) au 31 décembre 1992.
Cet acte unique étend la compétence communautaire à de nouveaux champs
d’activités, à opérer des modifications institutionnelles et a prévu la réalisation de
l’union économique et monétaire. Début d’une coopération politique.
 Traité de Maastricht : 7 février 1992 qui fonde L'Union Européenne.
 Traité d'Amsterdam : 2 octobre 1997 et ratifié en 1999 qui transforment de manière
substantielle les prérogatives de l'Etat dans le cadre international.
Le traité de Maastricht crée l’Union européenne l’intérêt est de donne une personnalité
juridique comparé aux communautés qui n’en avait pas. C’est une nouvelle étape dans le
processus créant toujours une union plus étroite entre les peuples de l’Europe dans
lequel les décisions sont prise au plus près des citoyens.
48
DROIT CONSTITUTIONNEL

L'union étant fondée sur les communautés européennes (3 premiers traités), complétée
par les politiques et formes de coopération insérées par le traité de Maastricht. Le but
est d'organiser de façon cohérente et solidaire les relations entre les Etats membres.
Pour leur application, le Conseil constitutionnel ayant constaté la non-conformité à la
Constitution de certains traités a précisé qu'il était nécessaire conformément à l'article
54 de procéder une révision de la constitution afin que les Traités soient ratifiés. C'est ce
qui fut fait notamment par la loi constitutionnelle du 25 juin 1992 pour permettre la
ratification du Traité de Maastricht.
Se trouve alors constitutionnalisé, l'appartenance de la France aux communautés
européennes et à l'Union européenne. Cela signifie que la France ne peut sortir de
l'Union Européenne qu'à la condition de procéder à une révision de la Constitution. La
révision constitutionnelle modifie l'article 88-1 par lequel la France accepte de faire
partie de l'Union Européenne. « La République participe à l'Union européenne constituée
d'Etats qui ont choisi librement d'exercer en commun certaines de leurs compétences en
vertu du traité sur l'Union européenne et du traité sur le fonctionnement de l'Union
européenne, tels qu'ils résultent du traité signé à Lisbonne le 13 décembre 2007 »
A la suite de cette révision, la France a consenti à des transferts de certaines
compétences, notamment en ce qui concerne l'union économique et monétaire, mais
aussi la détermination des règles relatives au franchissement des frontières intérieures
et extérieures des Etats Membres de la communauté européenne, article 88-2 de la
Constitution. Cela a permis la création de l'€ qui s'est substitué au Franc français en 2002.
La France se trouvant en conséquence dessaisie d'une de ses compétences régaliennes
qui est celle de la monnaie. Désormais, c'est la BCE (Banque Centrale Européenne) en
collaboration avec toutes les banques centrales des pays qui déterminent la politique
monétaire.
En ce qui concerne le contrôle aux frontières, une politique de VISA a été mise en place
destinée à organiser la sécurité à l'intérieur de l'Union.
Conformément à ce que préconisait le traité de Maastricht la France, a été conduite à
accorder le droit de vote et d’éligibilité aux étrangers dans le cadre des élections
municipale (article 88-3 de la Constitution)
Le traité d'Amsterdam de 1997 a modifié les traités précédents pour être intégré dans
l'ordre constitutionnel. Il a fallu également procéder à une révision de la Constitution
intervenu le 25 janvier 1999. Ils intéressent le pouvoir de contrôle du Parlement (article
88-4 de la Constitution)
Au total, on constate une évolution de la notion de souveraineté qui ne peut plus être
conçue de manière absolue. Par le fait des traités, la souveraineté devient relative. Cette
évolution se constate à travers la jurisprudence constitutionnelle.
Auparavant le conseil constitutionnel opérait une distinction dans sa décision du 30
décembre 1976 entre les limitations de souveraineté qui étaient autorisées et les
transferts de souveraineté interdits. La possibilité qu'a un Etat de souscrire à des Traités

49
DROIT CONSTITUTIONNEL

est de nature à limiter ses compétences, mais pas à remettre en cause sa souveraineté.
C'est ce qu'affirme la règle pacta sunt servanda. Le fait de limiter sa souveraineté fait
partie intégrante de ce que constitue un état indépendant. Mais on ne peut pas la
transmettre de façon définitive sans possibilité de retour.
Le Conseil constitutionnel a évolué dans sa terminologie. Au fur et à mesure du
développement de la construction européenne, il adopte maintenant une lecture plus
souple de la souveraineté. On le constate dans la décision du 9 avril 1992 relative aux
traités sur l'Union Européenne où le conseil constitutionnel utilise la notion de transfert
de compétence. Si les transferts de souveraineté sont interdits selon le Conseil
Constitutionnel les transferts de compétences sont autorisés. Mais quand y a-t-il
réellement transfert de souveraineté ? Qu’est-ce que recouvre l’un et l’autre termes ?
On ne peut y réfléchir qu’en ayant la définition de la souveraineté qui dit qu’elle est la
compétence de sa compétence. Le traité établissant une Constitution pour l’Europe
29/09/2004 a conduit une révision constitutionnelle pour opérer de nouveau transfert
de compétence. C’est ce qu’a jugé nécessaire le Conseil Constitutionnel dans sa décision
du 19/11/2004.
Le Conseil constitutionnel affine sa terminologie en évoquant par ailleurs les conditions
essentielles d'exercice de la souveraineté.
Le traité établissant une Constitution pour l’Europe, celui-ci aboutit à un vote négatif
dans le cadre du référendum du 29/05/2005 il a fallu pour les intégrer recourir à un
traité plus simplifié, le traité de Lisbonne (13/12/2007) qui a abouti à une nouvelle
révision constitutionnelle avec la loi du 04/02/2008 et ce à la suite de la décision du
Conseil Constitutionnel du 20/12/2007.
Le droit de l’Union Européenne s’impose sur la seule réserve du respect des règles
constitutionnelle qui relève de l’identité nationale (valeur historie de la France) ou de
l’identité constitutionnelle française (cadre constitutionnelle).
Cette notion d’identité constitutionnelle apparait comme une sorte de verrou qui serait
fait à l’adresse d’évolution encore plus grande de la construction européenne. Cette
notion apparait dans la décision du 27/07/2006 sur la loi relative aux droits d’auteur et
au droit voisin dans la société d’information. Le Conseil Constitutionnel n’invente pas
cette terminologie. Il dit que dans l’ordre juridique français, ce qui est placé au sommet
c’est la Constitution cela ne peut pas être un traité. C’est à la seule Constitution de
décider. Mais l’Union Européenne est intégrée dans les règles Constitution donc quel
statut établir entre ce qui relève du droit Constitution communauté et ce qui relève de
l’identité constitutionnelle française ? Il y aurait une dualité de Constitution :
- Constitution franco-communautaire
- Constitution franco-française typique de l’identité national et constitutionnelle
française.
Du fait que le droit communautaire est constitutionnalisé et qu’il s’impose à l’ensemble
du droit interne cela laisse à penser qu’il y a un certain nombre de disposition spécifique

50
DROIT CONSTITUTIONNEL

à la France qui échappe au droit communautaire donc qui dérogerait à l’idée d’une
primauté du droit de l’Union Européenne.
A travers le propos de l’ancien président du Conseil Constitutionnel, Pierre Mazeaud le
3/01/2005 il explique qu’il faut voir dans l’identité constitutionnelle, l’essentiel de la
République. On peut penser que la notion est un moyen de ménager la souveraineté
nationale face à la logique d’intégration européenne.
A la suite de la décision de 2006, le Conseil Constitutionnel a recouru à cette notion dans
les décisions du 30/11/2006, 19/06/2008, 12/05/2010, QPC du 17/12/2010, 09/06/2011.

II- Les évolutions du système politique


A- Le tournant de 1962 : L'élection du Président de la République au suffrage universel
direct
Beaucoup considèrent que c'est en 1962 qu'est entrée en vigueur la 5ème République. Selon
ce mode de pensée, la révision du 6 novembre 1962 constitue une étape essentielle dans
l'évolution de la 5ème république. Le principe d'un nouveau mode de désignation du président
de la République figurait déjà dans le discours de Bayeux du Général de Gaulle du 16 juin
1946. Il préconisait en effet l'élargissement du corps électoral. Cette idée prend forme
concrète en mettant en place l'élection du président de la République au suffrage universel
direct. C'est là la conséquence de la révision de l'article 6 de la constitution opérée par le
référendum du 28 octobre 1962 par le biais de l'article 11 de la constitution.
Le président de la République est élu pour 7 ans au suffrage universel direct. Le texte initial
prévoyait que le président était élu par un collège électoral comprenant les membres du
Parlement, des conseils généraux, des assemblées, ainsi que les représentants élus des
conseils municipaux.
L'article 7 précise les modalités de l'élection du président de la République, l’élection
renforce l’autorité du Président de la République en lui donnant une légitimité populaire. On
peut considérer que sa légitimé est plus grande que celle de l’Assemblée nationale dans la
mesure où elle est personnelle alors que celle des députés est collective. Le président de la
République apparaît en comme le représentant du peuple français dans sa totalité.
En 1962, sur le plan juridique, l'élection au suffrage universel ne change rien dans les
pouvoirs du président. C'est juste une affaire de prestige. La révision ne modifie rien
s'agissant de la définition constitutionnelle des pouvoirs. C’est uniquement la légitimité qui
est renforcée.
La lecture de l’article 5 de la Constitution peut nous faire considérer que le Président, arbitre
des institutions devenait par le fait de cette élection le véritable meneur du jeu
constitutionnel. Il n'est plus une personnalité neutre qui surplomberait les institutions, il
deviendrait un véritable acteur.
Le conseil constitutionnel a précisé que ce n'était pas pour De Gaulle qu'il était nécessaire de
réviser la constitution parce qu'il bénéficiait « d'une légitimité historique ». Cette révision
était nécessaire pour ses successeurs dont l'indépendance et la fonction pourraient être

51
DROIT CONSTITUTIONNEL

menacées si la révision n'était pas faite. C'est ce que De Gaulle explique dans son message
au Parlement du 2 Octobre 1962 « il s’agit maintenant de faire en sorte que nos institutions
demeurent. (…). L’état doit continuer d’avoir un garant effectif du destin de la France, or un
tel rôle implique (…) la confiance directe et explicite de l’ensemble des citoyens ». Du fait de
cette révision, on s'est orienté vers un régime où il y a une prépondérance du Président de la
République. Le régime présidentialiste.
Le président de la République n'apparaît plus comme un homme neutre au-dessus des partis
politiques, il devient le véritable chef de la majorité parlementaire. Cependant cette révision
ne se suffit pas à elle-seule, il est nécessaire d'envisager la pratique institutionnelle qui va
avec. C'est donc ce qu'observe le Général de Gaulle dans sa conférence de presse du 31
Janvier 1964 : « concurremment avec l'esprit et avec le texte, il y a eu la pratique ». Il
explique cette pratique par l'équation personnelle du chef de l'Etat (charisme du chef de
l’Etat), par le fait des premiers ministres (le rapport du 1er ministre par rapport au chef de
l’Etat d’infériorité) mais aussi par le changement de comportement opéré par le parlement
par rapport au régime antérieur (le parlement n’a plus toute la latitude de celle des
parlementaires sous la 3ème ou 4ème République).
Le principe de l’élection au suffrage universel fait que ce sont les Français qui choisissent la
personne qui va les gouverner. Etant entendu que les présidents disposent du temps
nécessaire pour mettre en œuvre leur politique et de la légitimité pour en faciliter
l'application.
B- Les implications politiques du fait majoritaire
La constitution de 1958 est la première à avoir constitutionnalisé en France l'existence des
partis politiques travers l'article 4 de la constitution. Précisément, l'un des faits essentiels
sous la 5ème République est la transformation du système des partis politiques. Il y a une
rupture nette avec la 4ème République. Cela s'explique par la bipolarisation du système
politique. Il y a désormais une prépondérance de 2 pôles essentiels dans le débat politique. Il
a remplacé le multipartisme instable de la 4ème République.
Cette modification a joué un rôle dans la pratique constitutionnelle elle détermine les
rapports qui se nouent entre le président et le gouvernement et de l’autre côté le président
et le parlement. En aboutissant à une stabilité politique des gouvernements, à la différence
de la stabilité ministérielle chronique des 3 ème et 4ème République. Les constituants n'avaient
pas véritablement prévu cela. A partir de 1962 on observe le phénomène majoritaire. On
désigne ainsi par fait majoritaire que désormais l'exécutif peut compter au Parlement sur
une majorité fidèle le temps de la législature. C'est là la caractéristique essentielle de la vie
politique de la 5ème République. Les électeurs vont choisir les députés en fonction de la
couleur politique du Président et vont envoyer au parlement des députés qui peuvent
soutenir le Président.
Le fait majoritaire a été favorable à la droite dans la période de 1962 à 1981 même si on a pu
observer un affaiblissement de ce fait majoritaire sous la Présidence de Valery Giscard
d’Estaing en raison de la rivalité avec Chirac et la démission de celui-ci en 1976 en tant que
premier ministre.

52
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le fait majoritaire a été favorable à la gauche entre 1981 et 1986. Après la parenthèse de
1997-2002, le fait majoritaire a de nouveau été favorable à la droite avec les élections
présidentielles de 2002 jusqu'à 2007. Du fait de la suprématie de l'UMP, puis de 2007 à
2012 : l'élection de Sarkozy.
Depuis 2012 : Le fait majoritaire est favorable à la gauche avec François Hollande.
Aujourd’hui on constate une rupture de cet axe avec Emmanuel Macron.
L'évolution n'est pas linéaire, à partir des élections de mai 1981 (1ère grande alternance
politique) et particulièrement avec les évolutions relatives à 1986. Le régime qui se
caractérisait par une forte stabilité entre dans une période de stabilité relative jusqu'à
l'élection présidentielle de 2002. Les élections législatives qui se sont déroulées ont été
l'occasion de sanction à l'encontre du Président de la République et des partis qui le
soutienne. Cela a multiplié les alternances politiques accompagnées de cohabitions. Cela a
réduit les durées d'existence.
A partir de mars 1986, il y a une cohabitation, la situation change lorsque le peuple français,
les électeurs décident de choisir une assemblée nationale d'une couleur politique différente
que celle du président de la République. C'est un schéma inédit. Le prédisent de la
République qui est irresponsable sur le plan politique décide de se maintenir. Il se trouve
néanmoins contraint de nommer comme premier ministre qui correspond aux couleurs de
l’assemblée national sans quoi il n’y a pas la possibilité d’établir un nouveau gouvernement.
C’est ce que fait Mitterrand en 1986 en nommant Jacques Chirac. L'expérience de la
cohabitation sera renouvelée en 1993 avec François Mitterrand et Balladur, puis de 1997-
2002 le temps d'une législature avec Chirac et Jospin.
C- Les cohabitations
Le terme de cohabitation n'est pas à proprement parlé un terme constitutionnel. Ce terme a
été utilisé en premier lieu par Mitterrand. Le président qui est désavoué sur un plan
politique se maintient dans la mesure où il est légitimement élu et se trouve confronté à un
premier ministre qui dispose de la majorité au Parlement.
C'est dire qu'on est dans le cas de figure de cohabitation institutionnelle. Les rapports
politiques entre des camps politiques opposés : tel n'est pas la situation comme étant
caractérisée comme une fausse cohabitation mettant en prise un Président de la république
et un premier ministre du même plan politique, mais ayant des personnalités et des opinions
basées sur une logique de conflit. L’opposition n’est pas toujours synonyme de cohabitation,
comme par exemple entre Pompidou et Jacques Delmas-Marsalet.
La cohabitation institutionnelle a pu être considérée comme un moindre mal, elle n'a pas
inquiété puisqu'elle était censée durer dans un temps réduit. Les 2 premières cohabitations
n'ont duré que deux ans.
- La première dans la période 1986-1988
- La seconde : 1993-1995

53
DROIT CONSTITUTIONNEL

A ce titre, elles pouvaient apparaître comme des périodes transitoires, étant entendu que
l'échéance présidentielle était de nature à rétablir le fait majoritaire.
La 3ème cohabitation a eu à cet égard, un caractère différent, celle-ci a duré le temps d’une
législature. On assite à une normalisation de la cohabitation, le caractère temporaire
s’efface.
La cohabitation a modifié la logique du système politique, la conséquence principale est que
le Président perd sa primauté dans les institutions et que cette primauté semble plutôt
revenir au premier ministre.
Avec la cohabitation, le paradoxe est que l'on retourne vers une certaine rigueur. En effet,
en période de fait majoritaire, le président dispose de tous les leviers politiques, alors qu'en
période de cohabitation, il voit ses pouvoirs politiques limités aux strictes dispositions
constitutionnelles lui reconnaissant expressément certaines attributions. En revanche, le
premier ministre dans le cadre d'une lecture beaucoup plus stricte de la constitution voit sa
fonction valorisée. Il est en effet précisé à l'article 20 de la constitution que le gouvernement
détermine et conduit la politique de la nation. L'article 21 précise que le Premier ministre
dirige l'action du gouvernement. A partir de ces deux dispositions, le chef du gouvernement
apparait comme le principal dépositaire de l’action gouvernemental et qu’il est en mesure
d’assurer ses prérogatives.
Le premier ministre :
- Dirige sur la base de ses dispositions l'ensemble de l'administration à qui il impose sa
politique.
- Dirige les ministres et les préfets.
- Dispose du pouvoir règlementaire, et assure l'exécution des lois conformément à
l'article 21 de la constitution.
- C'est sur les instructions du gouvernement que le budget est préparé.
- Dispose des moyens de mettre en œuvre sa politique puisqu'il a une majorité
parlementaire qui le suit.
Il a les moyens de mettre en œuvre sa politique car il a l’appui de la majorité parlementaire
Suivant cette analyse, il y a une suprématie du chef du gouvernement sur celle du Président
dans le domaine de l'action gouvernementale.
Le rôle du chef de l'Etat est donc diminué. Le premier ministre n'est plus placé dans une
relation de subordination par rapport au président. La relation n'est plus verticale, c'est une
relation plus horizontale.
Cela ne signifie pas que le président est sans pouvoir. Il conserve tout de même des
prérogatives. Sur la base de l'article 5 de la constitution, il apparaît comme le garant des
institutions, leur arbitre. Ces dispositions le charge de veiller au respect de la constitution,
d'assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat.
L’article 5 laisse au président de la République une marge d'intervention sur l'ensemble du

54
DROIT CONSTITUTIONNEL

champ politique. Cependant il ne peut en user que si le fonctionnement des institutions est
menacé. Il est garant des traités.
Outre l'article 5, le président de la République dispose d'autres pouvoirs propres. Mais ceux-
ci pendant la cohabitation restent limités :
- Selon l'article 8 : Il est en effet compétent pour nommer le premier ministre, mais
durant cette période ce choix est nécessairement limité. Il est contraint de nommer
comme premier ministre une personne appartenant à la majorité parlementaire, et
plus spécifiquement celui qui apparaît comme le chef de cette majorité.
- L'article 11 dispose également de la possibilité de recourir au référendum. Mais cette
compétence devient très difficile puisqu'il est nécessaire d'obtenir formellement la
proposition du premier ministre.
- Article 16 : Il peut délivrer des messages dans le cadre de l'article 18 de la
constitution. Saisir le conseil constitutionnel aussi, soit sur la base de l'article 54 de la
constitution, soit sur la base de l'article 61.
Le conseil constitutionnel a été saisi conjointement par le Président de la République et le
Premier ministre pour vérifier en 1997 la conformité du Traité d'Amsterdam à la
constitution.
Le président de la République a également la possibilité de procéder à la nomination de 3
membres au conseil constitutionnel.
Le Président de la République partage avec le premier ministre un certain nombre de
compétences :
- En matière législative :
Ils peuvent faire la promulgation des lois, même si l'intervention a un caractère très formel.
Le président a la possibilité de demander une nouvelle délibération de la loi s'il le souhaite
sur la base de l'article 10 alinéa 2 de la constitution. Mais dans ce cas il lui faut le contreseing
du premier ministre.
Le Président signe certains actes tels que les décrets délibérés en conseil des ministres et les
ordonnances. Cette prérogative a posé des problèmes pendant la première cohabitation.
Le président a aussi sur la base de l'article 13 de la constitution des compétences pour
procéder à la nomination de hauts fonctionnaires.
Le domaine où le président semble disposer du rôle le plus important est celui de la politique
étrangère. Il est précisé à l'article 52 de la constitution que le Président négocie et ratifie les
traités. Cependant, ce qui est apparu longtemps comme un domaine réservé apparaît
également comme un domaine partagé. Puisque le gouvernement a la possibilité
d'intervenir dans ce domaine par le biais des accords en forme simplifiée.
Même dans le domaine de la défense, les compétences sont partagées. Le Président sur la
base de l'article 15 est le chef des armées. Mais suivant les articles 20 et 21, le Premier
ministre dispose de la force armée. Au total, il apparait que les prérogatives du président de

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DROIT CONSTITUTIONNEL

la République ne peuvent être négligées dans la période de cohabitation, mais son rôle est
néanmoins diminué.
Cela amène forcément à évaluer les différentes autorités en tenant compte des situations de
cohabitation. Les cohabitations à cet égard ont semblé très différentes :

 La première cohabitation de 1986-1988 ne ressemble pas à la deuxième, qui elle-


même est très différente de la troisième. C'est une cohabitation conflictuelle. Les 2
étaient candidats à la prochaine élection présidentielle. C’est celle de Jacques Chirac
et François Mitterrand. C'est peut-être la cohabitation qui a le plus marqué.
 La deuxième cohabitation entre Mitterrand et Balladur : 1993-1995, beaucoup plus
paisible. Balladur a pris soin d'éviter une confrontation directe, et aussi car
Mitterrand il accomplissait son deuxième mandat, il fallait empêcher tout conflit
entre les deux.
- Balladur n'apparaissait pas comme le chef de la majorité. C'était à l'époque Chirac qui
lui avait laissé sa place. Il n'avait donc pas de visée présidentielle.
- Caractère paisible : L'aspect politique a largement évolué, François Mitterrand ne
bénéficiait plus du soutien du parti socialiste comme ça avait été le cas dans le passé.
Mitterrand était très malade, affaibli. Cela a eu des conséquences dans son rapport
au pouvoir. Il n'était pas particulièrement présent. Ce qui laissait les mains libres à
Balladur.
 La troisième cohabitation est différente en raison de sa durée. Elle a opposé d’un
côté Jacques Chirac et de l’autre Lionel Jospin. Elle résulte d’une dissolution décidée
par le président et dont les conséquences ont été catastrophiques pour la droite qui
était majoritaire. C’est une dissolution ratée car elle va amener la gauche en
majorité.
Cette situation a été bénéfique au chef de l’Etat qui s’est trouvé dans une situation
d’attente qui n’était pas désagréable pour lui. Cela lui a permis d’être réélu par la
suite
La cohabitation présente un certain nombre d'inconvénients :
- On critique le plus souvent la lenteur que cette situation impose à l'action politique. Il
semble en effet impossible, difficile de réaliser pleinement les objectifs politiques
sans bénéficier de l'accord du camp adverse pour prendre des précautions par
rapport au camp adverse. Le Président de la république à la possibilité de critiquer le
Premier ministre soit de manière directe soit par l’intermédiaire des députés qui se
font le relais de sa critique au près du Premier ministre.
- Le Président a aussi la possibilité d'utiliser les armes, François Mitterrand en 1986
lorsqu'il refusa de signer un certain nombre de mesures prises par Chirac.
Confrontation entre les 2 protagonistes.
La cohabitation présente aussi des avantages :
- Evite la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul parti politique.
- Permet une sorte d'alternance politique immédiate et quasi simultanée au sommet
de l’Etat. Alternative politique constante.

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DROIT CONSTITUTIONNEL

Fallait-il accepter que cette situation puisse se reproduire ? Ni Jospin, ni Chirac ne l'ont
souhaité. Les 2 hommes se sont mis d'accord pour réformer les institutions en préconisant la
mise en place du quinquennat. Leur objectif étant d'insister sur l'importance présidentielle.
Encore fallait-il pour se faire ne pas modifier la durée du mandat. Au regard de la situation
existante, il était nécessaire de procéder à inversion du calendrier électorale en faisant de
telle sorte que les élections législatives soient placées après les élections présidentielles
prévues pour 2002.
La révision du 2 Octobre 2000 : a été accompagnée d'une loi organique en date du 15 mai
2001 qui a eu pour effet de modifier la date d'expiration des pouvoirs de l'Assemblée
nationale. Loi courte, et peu significatif, « les pouvoirs de l’assemblée nationale expire le
troisième mardi de juin de la 5ème année qui suit son élection ».
Le Conseil Constitutionnel dans sa décision du 09/05/2001 a considéré que cette loi est
conforme à la Constitution (quinquennat + inversion du calendrier électorale).
Le but de cette modification est d’assurer la primauté des élections présidentielles dans les
institutions. Eviter le retour à la cohabitation en espérant que l'élection présidentielle aura
nécessairement un effet d'entraînement sur l'élection législative. Il doit s'agir pour le peuple
de donner au nouveau président les moyens d'accomplir sa politique.
Toutefois, cette réforme ne suffit pas à éviter tout retour à la cohabitation. Il n'est pas
impossible selon différents scénarios que la cohabitation revienne à l'ordre du jour.
L'exemple américain démontre qu'il est toujours possible d'avoir une majorité parlementaire
qui ne concorde pas avec la majorité présidentielle même si c'est une cohabitation d'une
autre nature.

Chapitre 2 : La judiciarisation du système politique


On assiste à une judiciarisation croissante du système politique. On peut en ce sens
reprendre la formule de Louis Favoreu : « La politique saisie par le droit ». C'est reprendre la
vieille thématique qui consiste à savoir si la vie politique fonctionne selon ses propres règles
ou si elle régit par le droit.

Section 1 : La politique saisie par le droit

L'apparition du Conseil constitutionnel en 1958 contribue sans conteste à l'essor du droit


politique. Depuis l'époque révolutionnaire, le droit français n'a jamais véritablement connu
de Cour constitutionnelle même si des tentatives ont été faites. La dernière tentative était
celle du comité constitutionnel sous la 4ème République. Mais ce comité n'était pas doté de
compétences.
La mise en place du conseil constitutionnel va permettre progressivement de mettre fin au
légicentrisme. L'idée s'impose désormais que le législateur n'est pas infaillible. Il peut
élaborer des textes contraires à la Constitution.

57
DROIT CONSTITUTIONNEL

Ce faisant, on passe de la logique de l'Etat légal à la logique de l'Etat de droit en admettant


que le législateur puisse être censuré. Il y a aussi une mutation de la perspective juridique et
politique. Désormais on peut dire que les rapports institutionnels s'analysent moins comme
des conflits politiques que comme des conflits juridiques.

I- L'émergence du Conseil Constitutionnel


On observe une généralisation du recours au Conseil constitutionnel. Les hommes politiques
toutes tendances confondues n'hésitent plus à se référer à la jurisprudence
constitutionnelle.
Dès la 1ère cohabitation, ce phénomène de juridisation du système politique est apparu
nettement, en particulier à travers un mot de Mitterrand, « La constitution rien que la
constitution, toute la constitution ». C'était reprendre le mot de Donau.
Cette logique amène désormais les hommes politiques à considérer que la constitution
constitue l'alpha et l'oméga du système politique, ainsi que la jurisprudence du conseil
constitutionnel.
A- Les membres du Conseil Constitutionnel
Le Conseil Constitutionnel qui siège dans l’aile Montpensier du palais royal, comprend 2
séries de membres :

 Les membres nommés


 Les membres de droit
Ni les uns ni les autres n'ont véritablement le statut de magistrat. C'est une juridiction
particulière.
1. Les membres nommés
Ils sont au nombre de 9 désignés par les autorités politiques : 3 par le Président de la
République, 3 par le Président du Sénat, 3 par le Président de l'Assemblée nationale.
Ils siègent collégialement. Il s'opère un renouvellement par tiers tous les 3 ans, et la durée
de mandat est de 9 ans.
Le mandat des membres du Conseil Constitutionnel n'est pas renouvelable. Les conseillers
sont soumis à une obligation de réserve. Le principe du secret de la délibération s'impose
aux membres du Conseil Constitutionnel comme il s'impose à toutes les juridictions
françaises.
Cela implique également qu'il n'est pas possible de formuler des opinions dissidentes
comme cela existe aux USA au sein de la Cour suprême.
S'agissant des nominations. On a déploré que les personnes nommées ne soient pas
essentiellement des juristes. La situation a changé par rapport au début de l'institution, en
observant que la plupart d'entre eux ont une formation juridique soit parce qu'ils ont été
avocat, professeur d'université, ou encore membre du Conseil d'Etat, certains ont présidé les
Hautes Juridictions : Guy Canivet, Louis Jox, René Cassin (ancien président de la CEDH).
58
DROIT CONSTITUTIONNEL

Cette critique est essentiellement formulée par les universitaires sur la base du droit
comparé. On observe que dans les autres constitutions des exigences sont formulées quant
à la réalité de la formation juridique des membres de la juridiction. Il faut qu'ils aient un
certain nombre de diplômes, etc... Ce n'est pas le cas en France.
Il faut observer que les hommes politiques qui siègent au Conseil Constitutionnel ont eux-
mêmes très souvent des compétences juridiques parfois parce que c'est là leur profession
d'origine, ou car ils ont véritablement accompli des études juridiques : Pierre Mazot (ancien
docteur en droit).
Cette compétence est souvent d'ordre pratique en raison des postes ministériels : Michel
Charriés. En réalité, il importe qu'il y ait un équilibre entre les spécialistes du droit et les
praticiens, entre les juristes et les politiques. Dans la mesure où les questions à trancher,
sont souvent politico-juridiques. Elles nécessitent aussi bien une connaissance de la pratique
que du droit.
Les femmes ont très longtemps été écarté de ce conseil, la première femme à être nommée
est Mme Noëlle Lenoir-Fraud en février 1992 par le président de l’Assemblée nationale.
Aujourd’hui elles font parti de l’institution, elles sont 4 sur 9 :

 Claire Bazy Malaurie


 Nicole Maestracci
 Dominique Lottin (la plus jeune, 61 ans)
 Corinne Luquiens
On a aussi critiqué l'âge des conseilleurs, sur le plan textuel il n’y a pas de condition d’âge. Il
faut juste être apte à exercer ces droits civiques. Les conseillers sont âgés, mais rapportée à
l'âge moyen de la politique, cette critique tombe.
Aujourd'hui la moyenne d'âge se situe autour de 72 ans, avant elle était de 70 ans (1991).
Dans certains états, la nomination se fait à vie et on constate que certains membres restent
très tard dans les institutions pour éviter un changement de majorité au sein de la cour
suprême.
Il en va de dire que l'on a beaucoup critiqué la politisation des nominations. La nomination a
évidemment un caractère politique. Le fait que les membres aient une couleur politique
n'implique pas automatiquement que l'institution ait la même orientation et que les
individus s'expriment de manière partisane. C'est une affaire de conscience personnelle dans
chaque affaire qui est jugée. L'idée que chacun se fait de sa fonction. Robert Badinter
(ancien président du Conseil Constitution) qui avait été nommé par François Mitterrand a pu
dire de manière assez juste « nous avons un devoir d'ingratitude envers ceux qui nous ont
nommés ».
Il est assez difficile au regard des décisions jurisprudentielles de véritablement considérer
que les membres du Conseil Constitutionnel prennent des décisions à raison de leur
orientation politique. La jurisprudence constitutionnelle a pu se montrer défavorable aussi
bien à la droite qu'à la gauche. Les critiques des pouvoirs en place à l'égard de l'institution

59
DROIT CONSTITUTIONNEL

ont été régulières, même s'il est aujourd'hui de bon ton d'insister sur la séparation des
pouvoirs et d'affirmer le respect nécessaire du Conseil Constitutionnel.
Le président du Conseil constitutionnel est nommé par le Président de la République. Une
critique est formulée sur ce point sur la base d'autres constitutions, beaucoup souhaiteraient
que le président soit choisi au sein même du Conseil Constitutionnel. Cela éviterait un
soupçon de partialité qui existe toujours.
Les président du Conseil Constitutionnel ont été :

 Léon Noël : 1959-1965


 Gaston Paleswki : 1965-1974
 Roger Frey : 1994-1983
 Daniel Mayer : 1983-1986
 Robert Badinter : 1986-1995
 Roland Duma : 1995-2000 (démission)
 Yves Guena : 2000-2004
 Pierre Mazot : 2004-2007
 Jean-Louis Debré : 2007--2016
 Laurent Fabius : depuis le 19/02/2016
Ce rôle est important et le président du Conseil Constitutionnel dispose de prérogatives :
- Il nomme le rapporteur pour chaque décision.
- Il convoque le Conseil Constitutionnel.
- Il est l'ordonnateur des dépenses, en cas de partage des voix : il a voix prépondérante
conformément à l'article 56-3 de la constitution.
Le conseil constitutionnel statue normalement au complet, le partage des voix est alors
exceptionnel. Les membres actuels du Conseil Constitutionnel :

 Laurent Fabius (président du Conseil Constitutionnel)


 Claire Bazy Malaurie
 Nicole Maestracci
 Dominique Lottin
 Jacques Mézard
 François Pillet
 Alain Juppé
 Valery Giscard d’Estaing
 Michel Pinault
 Corinne Luquiens

2. Les membres de droit


D'après l'article 56 alinéa 2 de la Constitution, ce sont les anciens présidents de la
République. Ces membres sont extrêmement contestés. Il semble que le principe de

60
DROIT CONSTITUTIONNEL

membre de droit ait été adopté en 1958 pour donner une place à René Cotty, le dernier
président en exercice. Vincent Auriol y a aussi siégé (jusqu'en 1960 car il estimait que le rôle
de l'institution était insuffisant).
L'institution est contestée car le Conseil Constitutionnel a un certain temps été dépourvu de
membres de droits et donc d'anciens présidents de la République. Cela s'explique pour des
raisons factuelles. De Gaulle n'y a pas siégé après son échec au référendum de 1969. Par la
force des choses, ni Pompidou ni Mitterrand n'y ont siégé. Valéry Giscard d’Estaing n'y a pas
siégé non plus après son échec à l'élection présidentielle de 1981.
Ces défections expliquent que le comité consultatif pour la révision de la Constitution
présidé par le Doyen Vedel ait proposé en 1993 que cette catégorie de membres soit
supprimée.
La présence des anciens présidents soulève des difficultés juridiques. En tant que membres
de droit, ils sont soumis à certaines obligations et incompatibilités qui les empêchent d'avoir
une vie politique engagée.
C'est précisément ce qui explique que Valéry Giscard d’Estaing n’a pas souhaité siéger. Il a
donc choisi ou préféré être député puis exercer les fonctions de conseiller régional. Il a
finalement décidé en 2004 de siéger au Conseil Constitutionnel.
Jacques Chirac, en revanche, a siégé au Conseil Constitutionnel dès la fin de son mandat
présidentiel. Il n'y siège plus pour des raisons de santé, mais il apparaît néanmoins comme
un membre de droit. On est toujours membre du Conseil Constitutionnel puisqu'on est
membre de droit.
Nicolas Sarkozy y siège en mai 2012. Mais depuis 2013 il n’y siège plus.
François Hollande a décliné cette possibilité.
Les anciens présidents sont membres à vie. On peut remarquer que la prestation de serment
en ce qui les concerne n'est pas exigée. Est-ce en raison de la dignité de leurs fonctions
passées ? On peut présumer qu'ils ont le sens de l'intérêt général et qu'ils n'ont pas besoin
de réaffirmer cela dans le cadre d'un serment. Considère-t-on qu'en raison de leur statut ils
ont la possibilité de s'exprimer comme ils le souhaitent ?
C'est la première branche de l'alternative qui doit être retenue, car il est difficile de penser
que même les anciens présidents ne sont pas soumis. Les anciens présidents ne peuvent pas
démissionner donc ils peuvent revenir siéger quand ils veulent.
B- Les compétences du Conseil Constitutionnel
1. Le contrôle des normes
a) Le contrôle par voie d'action
Le conseil constitutionnel examine en principe la loi par voie d'action, c'est à dire avant sa
promulgation. La saisine du Conseil Constitutionnel est ici facultative. C'est le contrôle qui
effectué dans le cadre de l'article 61 de la constitution. Toutes les lois ordinaires votées
peuvent faire l'objet d'un contrôle à priori.

61
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le président de la République, le premier ministre, les 2 présidents d'assemblée, 60 députés


ou 60 sénateurs (réforme de 1947) peuvent saisir le Conseil constitutionnel. Ces saisines
obéissent à des saisines différentes.
Il est notable que le Président de la République ne saisit pas le Conseil Constitutionnel
lorsqu'il estime que cette saisine est de nature à occasionner un conflit avec le Conseil
constitutionnel, ce qui pourrait porter préjudice à sa propre autorité. Il est le gardien des
institutions donc il saisit le Conseil Constitutionnel quand il a un doute sur un traité.
Le Premier ministre saisi également rarement l'institution, dans la mesure où il a la
possibilité de faire passer les projets qu'il souhaite mener à bien, autrement que par la voie
législative, la voie réglementaire. Par ailleurs, dans la mesure où il est le chef de la majorité
parlementaire, il peut sembler inutile de saisir le Conseil constitutionnel puisque c'est la
majorité parlementaire qui est le maître d'œuvre dans l'initiative. On peut penser
notamment à Michel Rocard qui après la création de la CLG a décidé de saisir le Conseil
constitutionnel pour s'assurer de la conformité à la Constitution.
Le président de l'Assemblée nationale ne peut pas en principe contester une loi votée par
l'assemblée. Il est notable cependant qu'il a pu le faire à plusieurs reprises notamment en
1976 et 1979 s'agissant des lois de finance.
Le président du Sénat a surtout saisi le Conseil Constitutionnel jusqu'en 1971 dans la mesure
où il s'agissait du seul pouvoir opposé au Général de Gaulle. Il convient de souligner que
c'est de là qu'est venue la saisine à propos de la liberté d'association qui a abouti à la
décision du 16 Juillet 1971. La saisine a été effectuée par Poher.
En pratique, les saisines les plus nombreuses sont effectuées par les députés et les sénateurs
de la minorité parlementaire. C'est eux qui saisissent le conseil constitutionnel.
Avant la réforme constitutionnelle de 2008 (avant la QPC), le Conseil constitutionnel ne
pouvait être saisi qu'entre le vote et l'application de la loi. Il est remarquable qu'avant même
cette réforme que le contrôle a posteriori des lois était possible dans 3 hypothèses.
b) Les 3 hypothèses de contrôle a posteriori déjà ouvertes avant la révision de 2008
Un recours demeure ouvert après la promulgation d'une loi dans le cadre de l'article 37-2
concernant la procédure de délégalisation. Le gouvernement demande à ce qu'un texte
ayant une forme législative perde ce caractère, et qu’il soit donc délégalisé car il estime que
le contenu de ce texte relève en réalité du domaine réglementaire.
Le contrôle effectué par le Conseil Constitutionnel peut intervenir après la promulgation
d'une loi lorsqu'il est amené à contrôler une nouvelle loi qui modifie ou complète une
disposition législative antérieure. Dans cette hypothèse, le Conseil constitutionnel se
reconnait la possibilité de déclarer contraire à la constitution la disposition législative de la
loi antérieurement promulguée. Cela résulte de la position de principe du Conseil
Constitutionnel dans sa décision du 25 Janvier 1985. Mais le Conseil Constitutionnel en fait
application à partir de décision du 15 mars 1999 relative à la loi organique concernant la
Nouvelle Calédonie.

62
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le conseil constitutionnel peut être amené à effectuer à un contrôle sur les lois organiques,
lorsqu'un nouveau texte modifie, complète ou abroge certaines des dispositions.
c) La Question Prioritaire de Constitutionnalité
Avec la mise en place de la QPC, tout justiciable sur la base de l'article 61-1 de la constitution
peut soulever une exception d'inconstitutionnalité au cours d'un procès ou plus précisément
poser une QPC. Il peut le faire dès la première instance, pour demander que soit vérifier la
conformité à la constitution d'une disposition législative déjà promulguée.
La loi organique du 10 décembre 2009 ainsi que le décret du 16 février 2010 ont précisé les
modalités de la QPC. Si la question soulevée est jugée recevable, elle doit être transmise à la
plus haute juridiction correspond à l'ordre saisi, le Conseil d'Etat ou la Cour de Cassation. Ces
deux organes de juridiction servant d'organes de filtrage.
Il est notable que la QPC peut également être soulevée pour la première fois devant le
Conseil d'Etat ou devant la Cour de Cassation.
Il appartient au Conseil d'Etat ou à la Cour de cassation de saisir ou non le Conseil
Constitutionnel au vu d'un examen en 3 points :
- Est-ce que la disposition contestée commande l'issue du litige ?
- Est-ce que la loi contestée n'a pas déjà été déclarée conforme à la Constitution par le
Conseil constitutionnel, sauf changement de circonstances ?
- Est-ce que la question est nouvelle ou présente un caractère sérieux ?
Dès que la Question est renvoyée devant le Conseil Constitutionnel, celui-ci en avise le
Président de la République, le premier Ministre et les présidents d'Assemblée. Ceci permet
aux différentes autorités de faire leurs observations si cela semble utile au Conseil
Constitutionnel.
La procédure devant le Conseil constitutionnel est contradictoire, elle est publique sauf cas
exceptionnel. Les modalités sont précisées par le règlement du Conseil constitutionnel.
Le Conseil constitutionnel doit rendre sa décision dans un délai de 3 mois. Cette décision est
notifiée aux partis, aux Conseil d'Etat et la Cour de cassation, et à la juridiction dans laquelle
le litige a été soulevé. La décision est également notifiée aux 4 autres présidents et publiée
au Journal Officiel.
d) Le Conseil Constitutionnel se prononce obligatoirement sur les lois organiques et les
règlements d'Assemblée
Au terme des articles 61 et 46 de la Constitution le Conseil constitutionnel est saisi par le
Premier ministre, il contrôle le contenu des lois organiques. Etant entendu que la loi
organique porte sur une matière que la constitution a expressément prévue.
Lorsque ce n'est pas le cas, le conseil constitutionnel fait un contrôle mais remet en place les
dispositions dans chaque catégorie.

63
DROIT CONSTITUTIONNEL

e) Le contrôle du Conseil Constitutionnel s'étend également aux engagements


internationaux dans le cadre de l'article 54 de la constitution
Le contrôle du Conseil Constitutionnel s'étend également aux engagements internationaux
dans le cadre de l'article 54 de la constitution sur recours facultative des autorités politiques.
Il s'agit ici de s'assurer qu'un traité est conformé à la constitution. Si tel n'est pas le cas, le
Conseil constitutionnel préconise une révision de la Constitution afin de permettre
l'intégration de ce traité.
2. Les autres attributions du Conseil Constitutionnel
En dehors du contrôle des normes, le Conseil constitutionnel émet un avis simple dans le
cadre de pouvoirs de crise du Président de la République en ce qui concerne la mise en
œuvre de l'article 16 de la constitution. C'est une hypothèse rare, il convient de remarquer
que la révision constitutionnelle de 2008 a apporté quelques innovations sur ce point
puisque le Conseil constitutionnel peut désormais être sollicité au cours de l'application de
l'article 16 pour dire si les conditions de la mise en œuvre de l'article 16 sont toujours
présentes.
Il convient aussi de remarquer que le Conseil Constitutionnel intervient en matière
électorale et en référendum. L'article 58 de la constitution prévoit en effet que le Conseil
constitutionnel doit veiller à la régularité de l'élection du Président de la République. Pour
cela le gouvernement lui communique l’ensemble des textes relatifs à l’organisation du
scrutin.
La compétence du Conseil constitutionnel est très large puisqu'il intervient :
- Dans la préparation d'élections.
- Dans le déroulement des opérations électorales.
- Dans le cadre de la proclamation des résultats.
Le contrôle du Conseil Constitutionnel est essentiel, car il permet de rendre incontestable
l'élection du Président de la République.
De manière plus nette, l'intervention du conseil a permis d'améliorer le système de
présentation des candidatures. En effet le Conseil Constitutionnel a été à l'origine de la
révision du 18 juin 1976 à propos de la question de la survenance de difficultés entre le
premier et le second tour en cas d'empêchement ou de décès des candidats les mieux
placés.
Conformément à l’article 59 de la Constitution, le Conseil Constitutionnel statu en cas de
contestation sur la régularité de l’élection des députés et des sénateurs. Auparavant c'était
les chambres elles-mêmes qui effectuaient ce contrôle ce qui aboutissait à de très
nombreuses irrégularités. Cela paraît d'autant plus important, que le contentieux des
élections parlementaires et un contentieux important. Cependant, il convient de noter que
les invalidations qui ont été prononcées n'ont jamais abouti à des changements de majorité.

64
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le Conseil constitutionnel est également compétent pour les contentieux de référendum.


Pour cette matière, le Conseil constitutionnel est contacté par le gouvernement en ce qui
concerne les textes sur l'organisation des référendums, il veille à la régularité de la
campagne. Il examine et tranche les réclamations qui peuvent être formulées, enfin il
proclame les résultats. Les contrôles qui ont été effectués n'ont jamais eu d'incidence sur les
résultats, et jamais eu d'annulation des consultations référendaires.
Il convient de rappeler qu'il y a eu 9 référendums :
- Le 8 janvier 1961 : à propos de l'autodétermination des populations algériennes et
l'organisation des pouvoirs publics en Algérie avant l'autodétermination.
- 8 avril 1962 : Loi référendaire approuvant les accords d'Evian.
- 28 octobre 1962 : Loi constitutionnelle relative à l'élection du président de la
République au suffrage universel direct.
- 27 avril 1969 : La révision sur la régionalisation.
- 23 avril 1972 : L'adhésion de la Grande-Bretagne et de 3 autres pays (Irlande,
Norvège et le Danemark) à la communauté européenne.
- 6 novembre 1988 : Loi relative à l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie.
- 20 septembre 1992 : Traité de Maastricht, l'autorisation de ratification de ce traité
- 24 septembre 2000 : relatif au quinquennat.
- 25 mai 2005 : Traité établissant une constitution pour l'Europe.
Le Conseil constitutionnel ne se reconnaît pas compétent pour statuer sur la loi référendaire
par rapport à la Constitution dans la mesure où il s'agit pour lui de l'expression de la
souveraineté nationale. Cela est assis sur les fameuses décisions du 6 novembre 1962 et 23
septembre 1992.
Il y a là un paradoxe dans la mesure où lorsque le référendum intéresse seulement
l'adoption d'une loi ordinaire, il est possible de modifier le texte de cette loi référendaire par
le vote d'une nouvelle loi. La loi référendaire dans le cadre de la hiérarchie des normes n'est
pas située au-dessus de la loi adoptée par les représentants de la nation. Il y a donc bien ici
un paradoxe : au nom de la souveraineté nationale, il n'est pas possible de contrôler la loi
référendaire, alors qu'il est tout à fait possible de modifier sans disposition la loi
référendaire.
Cette limite au contrôle de constitutionnalité, ne l'a pas empêché de devenir une véritable
Cour constitutionnelle qui joue un rôle essentiel dans les institutions politiques et qui assure
de ce point de vue un équilibre institutionnel. Avant 1958, le système français ne
reconnaissait pas la possibilité de contrôler la vie politique.
Les critiques de gouvernement des juges subsistent, mais il est sans doute préférable de
considérer comme Michel Rocard « il faut vieux un gouvernement des juges, qu'un
gouvernement sans juges ».

II- La fonction de régulation de l'activité normative des pouvoirs publics


Le Conseil constitutionnel intervient à plusieurs reprises au moment de la prise de décisions
des pouvoirs publics. Plusieurs modalités possibles :
65
DROIT CONSTITUTIONNEL

- Lors de la mise en œuvre de l'article 16 de la constitution. Le président de la


République demande une consultation du Conseil Constitutionnel avant la mise en
place des dispositions de cet article. Son intervention a un caractère limité, puisqu'il
n'émet qu'un avis, qui n'est pas de nature à lier le président.
- Fonction première : S'assurer de la bonne répartition des compétences entre le
pouvoir législatif et le pouvoir réglementaire (mis en place en 1958). Il doit s'assurer
du respect des articles 34 et 37 de la constitution. C'est comme ça qu'il apparaît
comme un régulateur.
Il s'agit pour le conseil constitutionnel d'empêcher les empiètements du pouvoir
législatif dans le domaine règlementaire. On a souvent dit que le Conseil
constitutionnel était une « sorte de canon braqué sur le Parlement », qu'il
apparaissait comme le « chien de garde du pouvoir règlementaire ».
Si l'on suit la constitution, plusieurs dispositions confirment cette analyse : 3 procédures en
particulier donnent la possibilité au Conseil Constitutionnel de faire respecter le domaine
des pouvoirs règlementaires :

 Article 37 alinéa 2 de la constitution : permet au premier ministre de demander au


Conseil constitutionnel qu'il soit procédé à une délégalisation de textes qui ont une
forme législative, alors qu'ils ont normalement un caractère règlementaire.
 Article 41 de la constitution permet au gouvernement au cours de la procédure
législative de s’opposer à un amendement ou a une proposition de loi parlementaire
qui n’est pas du domaine parlementaire ou qui est contraire à une délégation qui est
accordé dans le cadre de l’article 38 de la Constitution.
 Article 61 alinéa 2 de la constitution : permet de saisir le conseil constitutionnel pour
vérifier la conformité d'une loi à la constitution. Etant entendu que cela sera fait ici.
Elle n'a que très peu joué pour la préservation du domaine règlementaire.
La procédure de l’article 37 alinéa 2 a souvent été utilisé au début de la 5 ème, la deuxième
procédure est tombée en désuétude avec la révision de 2008, car elle permet que la
président puisse également intervenir, il s’agirait de mieux préserver les prérogatives des
parlements, de mieux s’assurer que le travail législatif soit mené à terme. La 3 ème, n'est plus
utilisée depuis décision constitutionnelle du 30 janvier 1982 qui précise que l'intervention du
législateur dans le domaine règlementaire ne constitue pas nécessairement ou forcément
une inconstitutionnalité. Il est en effet possible pour le législateur d'intervenir dans le
domaine règlementaire dès lors qu'il bénéficie de l'accord du gouvernement.
Il n’y a plus réellement de délimitation réelle du domaine de la loi. Les effets restrictifs de
l’article 34 ont été effacé. Au départ on voulait s’assurer que le parlement n’empiète pas sur
le domaine réglementaire mais progressivement on a constaté que le domaine de la loi ne
cessait de s’étendre. On peut donc dire que la compétence du législateur s’est renforcée et
le Conseil Constitutionnel contrôle de plus en plus l’attribution et le travail législatif du
Parlement. C‘est ainsi qu’il va sanctionner les incompétences négatives du législateur quand
il a omis de détailler de manière précise le contenu de ses lois et qu’il a laissé trop de marge
de manœuvre, de liberté au pouvoir réglementaire pour prendre des mesures d’application.

66
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le rôle du Conseil Constitutionnel apparait différent de celui prévu à l’origine, le Conseil


Constitutionnel n’est pas un organe de contrôle et de régulation de l’ensemble des activités
des pouvoirs publics mais est un organe de contrôle et de régulation de l’activité législative
du Parlement.

Section 2 : La constitutionnalisation et la garantie des libertés


C’est la consolidation juridique des libertés cela s’explique par leur place dans la hiérarchie
des normes et par les mécanismes de contrôle. D’un statut législatif, les libertés sont
devenues constitutionnelles.
On assite a une constitutionnalisation des libertés sous la 5ème République.

I- Les normes de référence des libertés


Il y a une diversité de sources relatives aux libertés. Lorsque l'on observe la constitution de
1958, il est évident qu'il n'existe pas beaucoup de normes relatives aux libertés. Le but était
de savoir si tous les textes auxquels se référait la constitution avaient une valeur
constitutionnelle.
A- La valeur incontestable des libertés contenues dans le corps de la Constitution
Un certain nombre de libertés sont mentionnées clairement dans la constitution de 1958 :
- Le principe d'égalité devant la loi qui figure aujourd'hui à l'article premier de la
constitution.
- L'égalité devant le suffrage à l'article 3.
- La libre formation des partis politique de l’article 4.
- L'indépendance du pouvoir judiciaire à l'article 6.
- L'article 66 : la liberté individuelle, c'est le juge judiciaire qui garantit la liberté
individuelle.
- La libre administration des collectivités territoriales : Articles 34 et 72.
Le préambule de 1958 présente l’intérêt de faire référence à la fois à Déclaration des Droits
de l'Homme et du Citoyen et au préambule de la constitution de 1946 et depuis 2004 à la
charte sur l’environnement. Le préambule de 1946 réaffirme lui-même la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen, et il fait également référence en les explicitant, aux
principes politiques, économiques et sociaux particulièrement nécessaire à notre temps.
Le préambule fait référence aux PFRLR. Si l'on tient compte de l'ensemble de ces textes, le
préambule apparaît extrêmement dense, riche en potentialité de normes de références
relatives aux libertés. Ces normes étant susceptibles de guider le législateur dans son
intervention.
B- Les thèses sur la valeur de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
3 thèses essentielles ont été soutenues :
La première thèse est celle de la valeur morale et philosophique de la Déclaration, c'est la
thèse qui a notamment été soutenue lors des travaux préparatoires de la constitution de

67
DROIT CONSTITUTIONNEL

1958. Les constituants, notamment par la voix de Raymond Janneau, ont pu préciser que
pour eux ce texte n'avait pas de valeur normative. C’était là reprendre la thèse soutenue par
les auteurs classiques : Carré de Malberg et Esmein qui considéraient que l'on avait à faire
seulement avec une déclaration de principe dépourvue de principes.
La deuxième thèse a été soutenue, celle de la valeur supraconstitutionnelle, il y a 2
explications :
- C’est considérer qu'il s'agit de l'énoncé de droits naturels inaliénables et
imprescriptibles. Ces droits en tant que tels transcendent toutes les règles sociales
positives. Ils sont au sommet de la hiérarchie des normes. C'est là une thèse qui a été
soutenue par la doctrine que l'on appelle sociologiste ou réaliste. Notamment
Duguit, Burdeau, Georges Scelle.
- En faisant référence à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen dans le
préambule, le pouvoir constituant originaire a entendu s'autolimiter. Il s'agirait là
d'une manière de se soumettre aux principes développés dans la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen. Thèse défendue principalement par Stéphane Rials.
La troisième thèse démontre la valeur législative de la déclaration. Avant la mise en place de
la Constitution de 1958, il est notable que le Conseil d'Etat avait déjà eu l'occasion de se
prononcer à deux reprises sur la valeur de la Déclaration de 1789, dans l’arrêt Guieysse du
04/02/1944, arrêt Roubeau 09/05/1913. On constate que l’orientation était que le conseil
d’Etat affirme que ce ne sont pas les déclarations qui ont valeur juridique mais les principes
contenus.
C- Les thèses sur la valeur juridique du préambule de 1946
La question s’est posée dans les mêmes termes que la Déclaration des Droits de l'Homme et
du Citoyen. Certains ont considéré que l’on avait affaire à de simples déclarations
d’intentions : point de vue développé par les constituants de 1958. D’autres en reprenant les
positions du Conseil d’Etat ont considéré que le préambule n’a certes pas en lui-même une
valeur juridique mais qu’ils énonçaient des principes qui pouvaient être reconnus comme
étant des principes généraux du droit tel est le cas notamment du droit de grève que le
Conseil d’Etat n’a pas hésité à reconnaitre comme un principe général du droit dans l’arrêt
Dehaene du 7 juillet 1950. C’est cette thèse qui s’est imposée dans l’ordre juridique.

II- Les étapes de la consécration constitutionnelle des libertés par le


Conseil Constitutionnel
La soumission de la loi à un contrôle de constitutionnalité est sans conteste la grande
nouveauté de la 5ème République. Toutefois, à l’orée de la 5 ème République on n’imaginait pas
que le conseil constitutionnel :
- Développerait un contrôle substantiel de la loi en censurant les atteintes qui sont
faite aux libertés par le législateur, alors même qu’il était simplement prévu qu’il se
contente d’effectuer un contrôle formel.

68
DROIT CONSTITUTIONNEL

- Développerait de nouvelles normes de références en faisant appel tout à la fois au


préambule de Constitution de 1946 et à la Déclaration des Droits de l'Homme et du
Citoyen.
Plusieurs étapes rythment cette évolution.
A- La décision du 16 juillet 1971
C’est par cette décision sur la liberté d’association que le Conseil Constitutionnel a attribué
valeur constitutionnelle au préambule de la Constitution de 1958 et préambule de celle de
1946.
A l’origine, il y a création d’une association, les amis de la cause du peuple, association créée
par Simone de Beauvoir et Michel Lérice. En l’occurrence, le préfet de Paris refusa de refuser
le récépissé. Il y a un recours devant le tribunal administratif par l’association. Le préfet
agissait sous l’ordre du Ministère de l’Intérieur qui se méfiait de cette association et proposa
qu’une réforme soit mise en place en adoptant un projet de loi qui permettait de soumettre
certaines associations à un contrôle a priori. Il serait effectué devant l’autorité judiciaire à
l’initiative du préfet. Tel serait le cas pour les associations poursuivant des buts illicites,
contraire aux bonnes mœurs ou menaçant l’ordre public. Le président du Sénat décida de
saisir le Conseil Constitutionnel et invoqua l’inconstitutionnalité de la loi.
Le conseil constitutionnel censura effectivement la loi en considérant que le texte
méconnaissait le principe qui veut que toute association puisse se constituer librement sans
contrôle préalable administratif ou judiciaire. Selon le conseil constitutionnel, la liberté
d’associations constitue un principe garantit par la Constitution en tant que le préambule de
la Constitution de 1958 fait référence au préambule de la Constitution de 1946 lequel fait
référence aux principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.
Cette décision du conseil constitutionnel est doublement audacieuse :

 Elle consacre la valeur constitutionnelle de la liberté d’association.


 Elle admet que les libertés peuvent être protégées contre la loi elle-même.
En conséquence que certaines libertés se situent au-dessus de la loi. Il importe ici de
souligner que l’inconstitutionnalité de la loi a été affirmé au regard du préambule de la
Constitution de 1946 et notamment au regard des principes fondamentaux des lois de la
République et non pas sur la base de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. A
partir de ce moment, la voie est ouverte à la reconnaissance constitutionnelle de
nombreuses lois et libertés sur la base du préambule de 1946 mais aussi sur la base de la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
B- La réforme de la saisine du Conseil constitutionnel
Cette 2ème étape est franchie par le constituant avec la loi constitutionnelle du 29 octobre
1974 résultant de l’initiative de Valery Giscard d’Estaing, avant cette réforme le conseil
constitutionnel ne pouvait être saisit que par 4 autorités avant la promulgation d’une loi :
- Le Président de la République

69
DROIT CONSTITUTIONNEL

- Le Premier ministre
- Les deux Présidents des Assemblés.
Avec la réforme il est admis qu’outre ces autorités, le Conseil Constitutionnel peut être saisit
par 60 députés ou 60 sénateurs de l’inconstitutionnalité d’une loi. Cette réforme est
essentielle du point de vue démocratie que. Elle permet à l’opposition et donc la minorité
parlementaire de faire valoir ses arguments juridiques devant le Conseil Constitutionnel. Il
est ainsi admis qu’il est possible d’avoir raison sur le plan juridique quand bien même on est
politiquement minoritaire.
Cette loi est essentielle également du point de vue des libertés. Elle permet d’augmenter les
cas de saine du Conseil Constitutionnel en cas d’atteintes supposés aux libertés
fondamentales. Cette loi opère une double mutation :
- Quantitative : en augmentant le nombre de saisine.
- Qualitative : en modifiant la nature du contrôle du Conseil Constitutionnel qui
désormais assume de manière reconnus la fonction de protecteur des libertés qu’elle
s’est attribué depuis 1972.
C- L’extension et le renforcement de la garantie des droits et libertés
Les droits affirmés depuis près de 2 siècles, prennent forme avec les fonctions du Conseil
Constitutionnel. Le conseil constitutionnel à partir de la décision de 1971 a vu son activité
accroitre de manière spectaculaire. 180 décisions ont été prises par le Conseil
Constitutionnel contre 40 au cours des 13 premières années. Il est souvent saisi sur des
libertés, il a pu dégager le bloc de constitutionnalité
1. L’extension des libertés par l’approfondissement du bloc de constitutionnalité
Le Conseil Constitutionnel a ainsi consacré la valeur constitutionnelle de tous les grands
principes contenus dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
Il a en premier lieu reconnu le principe d’égalité et ce dans la décision du 27/12/1973. Dans
cette décision le Conseil Constitutionnel a censuré une disposition législative au motif qu’elle
portait atteinte au principe d’égalité devant la loi, contenu dans la déclaration et réaffirmer
dans le préambule de la Constitution de 1958. Il en dégage après des corolaire égalité devant
la justice.
Il est reconnu à partir du principe de liberté, la liberté d’aller et venir décision du
11/07/1979.
Le Conseil Constitutionnel a consacré la valeur constitutionnelle du droit de propriété dans
sa décision du 16/01/1962.
En 1983 dans sa décision du 29/12, il a consacré la valeur constitutionnelle de l’article 13 de
la Constitution relatif à l’impôt.
Il consacre des libertés à partir du préambule de 1946, en consacrant certains principes
politiques, économiques et sociaux nécessaire à notre temps (droit de grève 25/07/1979, le
droit au travail 05/01/1982, droit à la santé 18/01/1978).

70
DROIT CONSTITUTIONNEL

C’est également à partir du préambule de 1946 que le Conseil Constitutionnel a dégagé les
PFRLR.
2. L’extension des libertés par de nouvelles normes de référence.
Outre la DDHC et le préambule de 1946, le conseil constitutionnel se réfère également à la
notion de principe à valeur constitutionnelle, qu’il dégage de l’ensemble de la tradition
juridique sans faire référence à un texte précis. Il a utilisé cette notion pour dégager un
principe important : le principe constitutionnel de sauvegarde de la dignité de la personne
humaine, décision du 27 juillet 1994. Le conseil constitutionnel recourt à d’autres notions :
celles d’objectifs de valeur constitutionnelle. Il en est ainsi de la sauvegarde de l’ordre public,
le respect de la liberté d’autrui et la préservation du caractère pluraliste des courants
d’expressions socioculturels (décision du Conseil Constitutionnel du 27 juillet 1982).
Dans ce même registre, on peut mentionner la transparence des entreprises : le pluralisme
des quotidiens d’informations politiques (article 11 de la DDHC – décisions des 10 et 11
octobre 1984). Enfin il a dégagé la notion d’exigence constitutionnelle s’agissant par exemple
de la limitation des concentrations de presse pour affirme le principe de pluraliste (18
septembre 1986).
3. La garantie sans parti pris des libertés
Le conseil constitutionnel a souvent censuré des lois, il a invalidé de nombreuses dispositions
législatives. Il se montre vigilant à l’égard du législateur en censurant aussi bien les lois de
droites que les lois de gauches.
L’exemple typique est donné au moment de la grande alternance politique de 1981
s’agissant de la droite peu avant les élections présidentielles il a invalidé certaines
dispositions de la loi des 19 et 20 janvier 1981 : loi sécurité et liberté. Il a utilisé une nouvelle
technique qui elle est celle de la conformité sur réserve, il a considéré que certaines
dispositions sont conformes moyennement une interprétation conforme à la Constitution.
Ces censures ont choqué. Il a invalidé 4 dispositions.
Peu de temps après les élections présidentielles qui ont vu l’accession au pouvoir de
Mitterrand donc la gauche, il a censuré les dispositions relatives à la nationalisation en
obligeant le législateur à revoir sa politique. Une nouvelle loi a été examiné celle du 12
février 1982 qui a été jugé conforme à la Constitution.
Ces exemples montrent que le Conseil Constitutionnel dans les grandes lignes n’a pas
véritablement de parti pris. Il sanctionne sans exclusives. Cela n’empêche pas certains
hommes politiques de penser que le conseil constitutionnel dispose de trop de pouvoirs
discrétionnaires notamment dans la détermination des règles constitutionnelles mais aussi
dans leur application.
Le conseil constitutionnel en tout état de cause par sa jurisprudence a élaboré une véritable
charte jurisprudentielle des libertés. On peut regretter qu’il ne donne pas toujours le
fondement juridique de certains droits et libertés qu’il consacre. On peut considérer de ce
point de vue qu’il démontre d’un certain pouvoir normatif mais il est impossible de

71
DROIT CONSTITUTIONNEL

considérer que le Conseil Constitutionnel pourra être encadré dans un cadre juridique trop
stricte qui serait de nature a limité son interprétation des normes constitutionnelles. De ce
point de vue l’évocation d’une charte exhaustive des libertés n’est certainement pas
souhaitable car aucune charte ne peut tout prévoir à l’avance.

Il y a des effets négatifs :


- Cela prive le législateur de toute autonomie dans l’élaboration de nouvelles règles de
droits
- Cela prive les autorités constitutionnelles de liberté qui n’aurait pas été énoncé dans
la charte et que on aurait oublié.
Il faut remarquer que les Constitutions de certains pays comportent des exposés qui se
veulent relativement complet des droits et libertés individuels, c’est le cas de la Loi
fondamental allemande, de la Constitution italienne, espagnole ou encore portugaise. Mais
dans le même temps, elles sont obligées de faire des interprétations qui ont un caractère
assez constructif qui procède à la déduction de nouveaux principes qui ne sont pas
formellement inscrit.
Il ne faut pas exagérer le pouvoir normatif du Conseil Constitutionnel, le plus souvent on
observe qu’il se contente de rectifier les lois plutôt que de les censurer. Il rectifie les lois sans
remettre en cause les grandes orientations générales du législateur. De ce point de vue
certains ont critiqué la prudence excessive du Conseil Constitutionnel. Dans un article, Jean
Rivero à propos de la décision relative à la nationalisation « ni lu, ni compris » observe que le
conseil constitutionnel fait référence à l’article 17 de la DDHC sur le droit de propriété pour
autant il ne remet pas en cause le principe des nationalisations en indiquant que le principe
de droit de propriété a connu des évolutions et qu’il ne s’applique pas de manière générale
et absolue mais il ne doit pas être dénaturé. Pour Jean Rivero le conseil constitutionnel s’est
contenté « de laisser filtrer le moustique et laisser passer le chameau ». Le conseil
constitutionnel a d’ailleurs répété à plusieurs reprises qu’il ne dispose pas « d’un pouvoir
général d’appréciation identique à celui du Parlement ». C’est une manière pour lui
d’affirmer qu’il n’entend pas se substituer au Parlement et que sa fonction est simplement
de contrôler la constitutionnalité des lois qui lui sont soumises.

Chapitre 3 : Les attributions des institutions de la République


Section 1 : l’exécutif
La 5ème république présente les caractères d’un régime parlementaire car le pouvoir exécutif
est bicéphale, le gouvernement est responsable devant la Parlement et il existe un droit de
dissolution de l’Assemblée nationale.
Il est incontestable que c’est l’exécutif est le pouvoir qui a le plus bénéficier par les
constituants d’un rééquilibrage. Le renforcement du pouvoir exécutif était depuis longtemps
une préoccupation des chefs d’Etat. Ce n’est qu’avec la 5 ème que l’on est parvenu a renforcé

72
DROIT CONSTITUTIONNEL

les pouvoirs du président de la République. Dans la Constitution on opère à un changement


dans l’ordre des titres. Elle place le président de la République au titre II avant la titre III
consacré au Gouvernement et le IV au Parlement (avant c’était le Parlement qui venait en
tête). Il y a une volonté de valorisé l’exécutif et en particulier le Président de la République.

I- Le Président de la République
Tout dans la Constitution démontre la volonté de restauré la fonction présidentielle on le
voit à travers le mode de désignation qui a été choisi. A travers le statut particulier qui fait
de lui le garant de la Constitution et via les pouvoir dont dispose le président de la
République.
A- La désignation du Président de la République
Les constituants de 1958 ont souhaité mettre fin la dépendance du Président de la
République par rapport au Parlement. C’est ce qu’avait souhaité le Général de Gaulle dans
son discours de Bayeux. Pour autant, ils n’ont pas été jusqu’à instaurer le suffrage universel
direct en 1958. Depuis 1875, le Président de la République été désigné par le Parlement au
scrutin majoritaire avec autant de tour qu’il était nécessaire pour obtenir la majorité
absolue. René Coty fut ainsi désigné au 13ème tour de scrutin. Ce mode d’élection était de
nature à nuire à l’autorité du Président de la République, à la fonction présidentielle mais
cela était volontaire. On souhaitait des personnalités assez effacées et dans ce sens on
mentionne le mot de Georges Clemenceau qui put dire « Moi je vote pour le plus bête ». Le
Président apparaissait comme l’élu des partis politiques, son indépendance était en
conséquence extrêmement réduite. En 1958, on décida de suivre à la lettre la formulation
prononcée par De Gaulle dans son discours. Il souhaitait en effet que « Le président soit
placé au-dessus des partis et élu par un collège qui englobe le Parlement mais beaucoup plus
large et composé de manière à faire de lui le président de l’Union française en même temps
que celui de la République ». En suivant cette proposition, on ne suit pas véritablement
l’esprit du propos de De Gaulle qui souhaitait en réalité une élection au suffrage universel.
Peu d’hommes politiques l’avaient compris, Léon Blum en revanche dès 1946 l’avait exprimé
dans le journal « Le Populaire ».
1. Le refus initial d’une élection au suffrage universel
Plusieurs raisons expliquent que l’on n’ait pas instauré le principe de l’élection du suffrage
universel en 1958.
La première raison tient à la peur de l’installation d’un régime autoritaire. On avait en
mémoire le coup d’Etat de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851.
La deuxième raison était que l’élection au suffrage universel paraissait compliquée au point
de vue pratique. Elle n’aurait pas été limitée à la métropole mais étendue à toute l’Union
française. Or l’électorat des territoires coloniaux étaient nettement plus élevé que celui de la
métropole. Ce qui posait problème.

73
DROIT CONSTITUTIONNEL

Dernière raison : le recours au suffrage universel ne paraissait pas urgent pour De Gaulle car
il considérait qu’il disposait d’une légitimé historique qui le dispensait d’une élection au
suffrage universel.
Ce n’est qu’avec la révision constitutionnelle du 6 novembre 1962 qu’a véritablement été
institué le suffrage universel direct. Il ne s’agit pas de revenir sur les conséquences mais on
peut rappeler que le projet de révision a occasionné une grave crise politique et c’est en
profitant de l’attentat du Petit Clamart (22/08/1962) que de Gaulle pris l’initiative
d’annoncer par communiqué des ministres le 12 septembre 1962, son désir d’organiser un
referendum sur l’élection du Président de la République au suffrage universel direct.
La circonstance était bien choisie puisque l’attentat posait le problème de la succession de
De Gaulle. Le 20 septembre il annonça lui-même sa décision de recourir au référendum par
une allocution radio télévisé.
La plupart des formations politiques mais aussi la plupart des juristes s’opposèrent à ce
référendum. Cependant, cette opposition concernait moins le fond que la forme. Pour
l’essentiel, c’est l’utilisation de l’article 11 qui était critiqué. Une motion de censure fut
déposée à l’Assemblée Nationale peu de temps après le message présidentiel au Parlement.
Elle fut adoptée le 5 octobre 1962 par 280 voix alors que 241 voix étaient nécessaires. La
motion de censure avait pour but de renverser le Gouvernement mais le texte visait le
Président de la République. A la suite de cette motion de censure, le Gouvernement de
George Pompidou présenta sa démission conformément à l’article 50 de le Constitution. Le
président de la République demanda au 1 er ministre de rester en fonction et décida de
dissoudre l’Assemblée Nationale. Le référendum prévu se déroula le 28 octobre en sachant
que le Président de la République avait mis son mandat en jeu. Il devait en effet
démissionner si le referendum était défavorable à une révision de la Constitution. Le
referendum fut favorable à 62,25 %. La loi constitutionnelle fut promulguée le 6 novembre
1962. A la suite de la dissolution, il restait à élire une nouvelle Assemblée Nationale. Ces
élections se déroulèrent les 18 et 25 novembre 1962 et consacrèrent la victoire des
gaullistes qui l’emportèrent avec 268 sièges soit 27 sièges de plus que la majorité absolue, ce
qui renforça l’autorité de De Gaulle et par là même, orienta d’avantages la 5 ème République
vers un régime présidentialiste.
2. Les modalités de l’élection du Président de la République
La loi constitutionnelle 1962 a eu pour conséquence de modifier l’article 6 de la Constitution
en mettant en instituant le suffrage universel direct. Elle a aussi modifié l’article 16 en
précisant une nouvelle modalité de l’élection. Cet article fut modifié par la suite pour mettre
de nouvelles précisions.
a) La date de l’élection
Elle est en fonction des circonstances. Logiquement elle est prévue au terme du mandat,
dans ce cas, elle est prévue dans les 20 jours au moins et 35 jours au plus tard avant le terme
du mandat. Lorsque le mandat prend fin de manière prématurée, les élections ont lieu 20
jours au moins et 35 jours au plus tard après la date de la vacance ou la déclaration de

74
DROIT CONSTITUTIONNEL

l’empêchement définitif constaté par le Conseil Constitutionnel. Ce sont les règles posées
après la révision de 1962 dans l’article 7 alinéa 3 de la Constitution.
b) Les candidatures
Elles font l’objet d’un règlement strict. Il y a d’abord la condition d’âge qui a évolué (23 ans
supprimé, en 2011 puisqu’il faut 18 ans révolue). En 1958, il était prévu que chaque candidat
devait recevoir 100 signatures de parrainage en provenance des personnes ayant des
mandats électifs ou qui étaient conseillers économiques et sociaux. L’objectif des
parrainages étaient d‘éviter les candidatures fantaisistes mais cela n’a pas suffi puisque de
nombreux candidats ont obtenu un faible nombre de voix tout en bénéficiant des mêmes
droits que les candidats les plus importants tout au long de la campagne électorale. Exemple
en 1969, Barbu, recevait moins de 2% des voix. En 1974 Mr Héraut, Muller, Le Pen
recevaient moins de 1% des voix. René Dumont dépassait à peine 1% des voix.
Des mesures s’imposaient pour éviter de déprécier l’élection. Le Conseil Constitutionnel a
l’occasion de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 24 mai 1974 a
attiré la nécessité d’une réforme. La réforme intervient à travers une loi organique du 18 juin
et un décret du 4 aout 1976. Désormais, 500 signatures sont requises pour parrainer les
candidats. Ces 500 signatures doivent provenir d’au moins 30 départements ou collectivités
d’outre-mer et les parrains doivent être titulaires d’un mandat électif. Il peut s’agir de
parlementaires, de conseillers généraux, de conseillers de Paris, de membres des assemblées
d’outre-mer, des maires. Il faut ajouter les conseillers régionaux depuis 1988. Les listes des
parrains sont contrôlées par le Conseil Constitutionnel et publiées au Journal Officiel. Cette
mesure garantit la dimension nationale des candidats et une certaine représentativité des
opinions qu’ils incarnent.
La loi du 5 février 2002 a complété la législation la liste des parrains des candidats. Cet
élargissement concerne plus de 2500 nouveaux élus dont près de 750 maires, délégués de
communes associées. De même les conseillers de l’Assemblée de Corse et les maires
d’arrondissement des villes de Paris, de Marseille et Lyon. Cette réglementation prévue par
la loi constitutionnelle de 06/11/1962 à l’article 3 a encore été actualisé le 28 février 2012
pour tenir compte des nouvelles collectivités territoriales. Cette loi a été actualisé par la loi
organique du 25/04/2016 de modernisation des règles applicables à l’élection présidentielle
Ce sont les partis politiques qui bénéficient du monopole de présentation des candidats. On
cite en ce sens la candidature de Coluche pendant les élections présidentielles de 1981. Les
partis politiques donnèrent en effet comme consigne aux maires en particulier de refuser de
parrainer le comique pour une candidature alors qu’il bénéficiait à l’époque dans les
sondages de 15% d’intentions de vote. On peut regretter la sévérité des conditions d’accès
dans la mesure où cela prive l’élection présidentielle de candidature originale. On peut au
contraire considérer que c’est le meilleur moyen d’éviter des candidatures qui n’apportent
rien au débat et il convient de privilégié les personnes les plus sérieuses, cela est subjectif. Le
Conseil Constitutionnel a bien évidemment maintenu la règle du parrainage en considérant
qu’elle est conforme à la Constitution malgré la requête formulée par Marine Le Pen,
décision dans le cadre de la QPC du 21 juillet 2012.

75
DROIT CONSTITUTIONNEL

L’effet de la réglementation a semblé probant puisqu’après une période d’inflation des


candidatures le chiffre a diminué. Ainsi en 1962 il y avait au 1 er tour 6 candidats, on est passé
en 1969 à 7 candidats puis 12 en 1974. Après la réforme, la tendance s’est inversée, 10
candidats en 1981, 9 candidats en 1982 et 1995. Ceci démontre que la barrière du
parrainage n’est pas simple à franchir. Ainsi de façon tout à fait notable, Jean Marie Le Pen
n’a pas pu être candidat en 1995. Cependant, cela n’a pas empêché 16 candidatures en 2002
sans doute en raison de la volonté exprimée par beaucoup de voir les élites politiques se
renouvelés. C’est ce qui explique aussi la catastrophe du 21 avril. En 2007, on a eu 12
candidatures on est redescendu à 10 candidatures en 2012 et 11 en 2017.
La loi constitutionnelle du 18 juin 1976 a quand même réglé le problème des cas
d’empêchement ou de décès survenant à proximité des élections. La situation est désormais
la suivante :

 En cas de décès ou empêchement d’une personne ayant clairement manifesté son


intention d’être candidat moins de 30 jours avant la date limite de dépôt des
présentations et moins de 7 jours avant la clôture des présentations, le Conseil
Constitutionnel peut décider de reporter l’élection pour une durée de 35 jours au
maximum.
 Dans le cas d’un décès ou empêchement intervenant juste avant la clôture définitive
de la liste des candidatures, le Conseil Constitutionnel dans ce cas décide de reporter
l’élection.
 S’il y a un décès ou empêchement d’un des deux candidats les plus favorisés au 1 er
tour, le Conseil Constitutionnel intervient pour décider qu’il y a lieu de reporter les
élections présidentielles.
c) La campagne électorale
La campagne électorale officielle est extrêmement réglementée. Il s’agit dans la philosophie
de principe s’assurer une égalité entre les différents candidats.
- La propagande électorale :
L’autorité administrative indépendante qui chargé de veiller à la bonne utilisation de la radio
et la télévision est le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Elle s’assure que tous les candidats
bénéficient du même temps d’antenne pour s’exprimer. Lorsque la campagne est lancée, il
s’assure d’une équité entre les candidats puis une égalité aussi stricte autant que possible.
Depuis 1974, les candidats qui arrivent au second tour se livrent à un face à face télévisée
qui est strictement minutée dans le temps de paroles. Mais il s’agit ici que d’une coutume. Il
n’est pas empreint d’un caractère obligatoire. Il est ainsi remarquable que ce débat télévisé
n’ait pas eu lieu en 2002 entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Chirac ayant refusé de
débattre contre le Pen. Malgré les mesures prises, une certaine inégalité subsiste. Il est
évident que la campagne électorale commence bien en amont de la campagne officielle.
Pendant la période de pré-campagne, il est impossible de faire respecter l’égalité entre les
candidats. De plus, pendant la période de la campagne officielle, il est impossible de faire
respecter une égalité parfaite entre les candidats. L’autorité administrative indépendante
n’a pas de pouvoir. Les moyens financiers peuvent permettre de faire la différence.

76
DROIT CONSTITUTIONNEL

- Les sondages électoraux :


C’est une autre autorité administrative qui est compétente, à savoir la commission des
sondages qui est chargé de faire respecter les règles de déontologie relatives aux organismes
de sondages. Il s’agit pour l’essentiel d’éviter que les sondages n’influencent trop les
électeurs les plus indécis. Pour se faire, on a décidé d’interdire la veille de chaque tour de
scrutin et le jour du vote la publication des sondages électoraux, loi du 19 juillet 1977. Cela
est apparu difficile à mettre en œuvre en pratique. Il est en effet toujours possible pour ceux
qui le souhaitent de s’informer sur l’évolution des intentions de vote en lisant la presse
étrangère et sur Internet. Cette suspension des sondages se heurtent à une difficulté
juridique qui est le respect des libertés d’expressions. Auparavant, l’interdiction était d’une
semaine, le tribunal correctionnel de Paris dans une décision du 15 décembre 1998 a estimé
que cette interdiction était contraire à la liberté d’expression. Mais aussi contraire aux
instruments internationaux. La chambre criminelle de la Cour de cassation a également
statué dans ce sens dans une décision du 4 septembre 2001. Il faut remarquer que l’arrêt
Meyet : Conseil d’Etat 2 juin 1999 estimait que l’interdiction de publié les sondages dans la
semaine qui précédait les élections est compatible avec la liberté d’expression. La décision a
été prise finalement de réduire à un jour avec la loi 19 février 2002. Le problème majeur qui
se pose est le financement de la campagne électoral.
- Le financement de la campagne :
Le législateur est intervenu sans satisfaire. Plusieurs lois se sont succédées : loi organique du
11 mars 1988, 19 janvier 1995 qui est celle d’établir une transparence des ressources des
candidats et la loi organique du 5 février 2001. Le texte en vigueur est le décret du 30
novembre 2011 qui fixe les plafonds de dépense national. Les dépenses des campagnes sont
fixées à 16 851 000 € par candidats au 1er tour et à 22 509 000 € au second tour . La loi
organique du 28 février 2012 relative au remboursement des frais de campagne apporte des
précisions et des modifications pour tenir compte de la nécessité d’équilibre budgétaire. Elle
prévoit que le plafond des dépenses ne sera plus actualisé jusqu’au retour de l’équilibre
budgétaire. Par ailleurs, il est prévu que pour les candidats ayant obtenu 5% ou moins des
suffrages exprimés, le taux de remboursement des dépenses passe de 5% à 4,75%.
Pour ceux ayant obtenu plus de 5%, le taux de remboursement est passé de 50% à 47,5%.
Depuis la loi organique du 5 avril 2006, les comptes doivent être déposés à la commission
nationale des comptes de campagnes et des financements politiques et non plus devant le
Conseil Constitutionnel. La commission nationale de contrôle de la campagne électorale a
été installée en vue de l’élection présidentielle de 2012. Elle a été chargée de veiller à ce que
les candidats bénéficient des mêmes facilités de la part de l’Etat pour leur campagne.
d) Mode de scrutin et résultats des élections
Le mode de scrutin simple et efficace : le scrutin uninominal majoritaire à deux tours. C’est
un mode de scrutin simple dans la mesure où sont présents au second tour les candidats qui
ont obtenus le plus de voix. Est élu le candidat qui a obtenu la majorité absolue des suffrages
exprimées. C’est un mode de scrutin efficace dans la mesure où il a permis d’assoir l’autorité
en lui conférant une légitimité. Les résultats peuvent parfois être discutés en raison de

77
DROIT CONSTITUTIONNEL

l’importance des abstentions. On peut reprendre les différentes élections les plus
significatives sur ce point. Pompidou fut élu avec une majorité confortable en 1969 soit
58,21% des suffrages exprimés. Mais le taux d’abstention était important. Les suffrages
exprimaient réalité 37,51% des inscrits. On comptabilisait 31,15% d’abstentions et dans les
bulletins blancs et nuls 4,42%.
Il convient ici de distinguer la distinction des bulletins blancs et nuls.

 Il y a abstention lorsqu’il y a une personne régulières inscrites sur les listes


électorales ne se déplace pas pour voter. Cela peut s’expliquer par une indifférence à
l’égard de l’élection mais aussi par le sentiment de ne pas se reconnaître à travers les
candidatures proposées.
 Il y a bulletin blanc lorsque la personne s’est déplacée pour voter mais elle n’a pas
souhaité choisir entre les candidats en ne mettant aucun bulletin dans l’urne. Ce qui
traduit un sens civique évident mais aussi un mécontentement à l’égard des
candidats.
 Il y a un bulletin nul lorsqu’une rature ou une inscription a été faite sur le bulletin qui
rend nul le vote.
L’élection est parfois contestée dans la mesure où la majorité absolue a été obtenu de
justesse ce qui alimenté les discussions sur les taux d’abstentions. Pour exemple,
- En 1974, Valery Giscard d’Estaing a obtenu 50,81% des voix contre 49,19% en faveur
de Mitterrand.
- En 1981, la majorité acquise pour Mitterrand fut un peu plus importante : 51,76% des
voix contre 48,24% à Valery Giscard d’Estaing.
On s’est interrogé sur le niveau d’abstention et sur ce que cela pouvait changer. La dernière
illustration dans ce sens se constate :
- En 2012 dans la mesure où Hollande avait obtenu 51,62% des voix contre 48,38%. Le
taux de participation est de 80,34% des voix.
Les élections de 1965, de 1988, de 2002, de 2007, de 2012 et de 2017 et dans une moindre
mesure celle de 1995 ont donné une majorité confortable au président élu.
- Le 19 décembre 1965 le général de Gaulle a obtenu 55,20% des voix contre 44,80% à
Mitterrand. Tout est relatif dans la mesure où c’est un bon score pour Mitterrand.
- Le 8 mai 1988, Mitterrand obtint pour son 2 ème mandat une majorité confortable avec
54,02% des voix contre 45,98% à Chirac.
- En 1995, Chirac élu pour la 1ère fois obtint au second tour 52,64% des voix contre
47,36% à Jospin. Le score est important mais on est dans des élections post-
mitterrandiennes.
- Les élections de 2002 ont été marquées par la défaite surprise de Jospin au 1 er tour
en raison des multiples candidatures. Chirac avait obtenu 19,88% des voix l’a
emporté au second tour avec 82,21% des voix face à Le Pen qui a obtenu 16,79%.
- Les élections de 2007, ont vu la victoire de Sarkozy de manière confortable : 53.06%
des voix contre 46,94% des voix à S. Royale.

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DROIT CONSTITUTIONNEL

- En 2017, Emmanuel Macron a obtenu 63,90% des voix.

B- Le statut juridique du Président de la République


Son statut doit assurer la permanence des institutions c’est ce qui est dit à l’article 5 de la
Constitution, d’où son irresponsabilité. Il doit se consacrer entièrement à son mandat, il ne
lui est pas permis d’exercer d’autres activités. Il doit abandonner tous ses mandats électifs
s’il en dispose au soir de son élection.
3 éléments essentiels doivent être évoqué :

 La durée du mandat présidentiel


 La vacance et l‘intérim
 La responsabilité présidentielle
1. La durée du mandat présidentielle
La règle du septennat, qui a prévalu auparavant, est apparu sous la 3 ème République avec la
loi du 20 novembre 1873. Ce mandat donné à Mac-Mahon avait pour but de permettre aux
monarchistes de reprendre le pouvoir.
Le président George Pompidou avait initié un projet de quinquennat en 1973, projet voté
par l’Assemblée Nationale mais avec une majorité nationale mais insuffisante. La question
est revenue souvent devant le débat. Finalement le débat a été relancé avec la loi
constitutionnel du 2 octobre 2000 faisant suite à un référendum.
Des éléments plaident en faveur de cette réduction :
- Si on compare avec d’autres états, on remarque que la durée de 7 ans paraissaient
beaucoup (USA : 4 ans, Allemagne : 5 ans, Suisse : 1 ans).
- Le mandat long amoindrit les possibilités d’intervention du chef de l’Etat dans la vie
politique.
En 2000, plusieurs thèses s’affrontaient :
Certains ont défendu et défendent encore, le septennat. Ils estiment qu’il est nécessaire de
dissocier l’élection présidentiel de celle législative pour préserver l’indépendance du
président face à l’assemblée nationale. La durée de 7 ans permettrait de mieux assurer la
continuité de l’état, que le chef de l’état n’est pas bousculé par les évènements. Cela lui
permet de dessiner de grand projet.
Pour les défenseurs du septennat, la durée de 5 ans aurait changer la nature du régime. La
réduction du mandat aurait de circonstances autres :
- Modifier la logique du régime dans le sens d’une affirmation forte des pouvoirs du
Président de la République, l’article 21 de la Constitution ne pourrait plus s’exercer.
- Le Président serait soumis à l’Assemblée Nationale
Les thèses des défenseurs du quinquennat :

79
DROIT CONSTITUTIONNEL

Ils considèrent qu’il serait fâcheux pour les institutions, que le Président de la République
soit affranchi d’une certaine forme de responsabilité politique. La quasi simultanéité des
élections législative et présidentielle suite à l’inversion du calendrier électoral (loi organique
du 15/05/2001) devait avoir pour effet de d’avantage responsabiliser le Président de la
République.
Enfin, un mandat de 5 ans pour eux, devait être de nature à résoudre les problèmes de
cohabitation. Le Président pourrait bénéficier d’un appui solide au près du Parlement qui
aurait la même couleur politique. Cette réforme était souhaitée par l’ancien Président Valery
Giscard d’Estaing. Mais aussi par l’ancien Premier ministre Edouard Balladur. Mais surtout
par 5 professeurs de droit et de sciences politiques dans une tribune remarquée dans le
Journal Le Monde en date du 7 mai 1997. Il s’agissait du Doyen Georges Vedel, Olivier
Duhamel, Guy Carcassonne, Hugues Portelli et Yves Mény. Reste que rien ne garantit que le
quinquennat mette fin de manière automatique à la cohabitation.
Une autre voie a été proposé pour permettre que le mandat du Président de la République
assure une continuité de la fonction présidentielle sans pour autant qu’il devienne trop
lourd. C’est la solution du septennat non renouvelable. Cette solution a trouvé chez certains
hommes politiques un certain nombre de partisans (Raymond Barre et Edouard Balladur).
Des juristes se sont aussi montrés favorable à cette hypothèse comme François Lucher. Lui
en particulier a considéré dans un article de la revue juridique « pouvoir », que « le
quinquennat n’arrange rien et complique tout alors que le septennat non renouvelable
arrange beaucoup ». Il estime que la perspective d’une réélection donne toujours au
Président un objectif qui est personnel et qui n’est pas toujours compatible avec l’intérêt de
la nation. Le septennat non renouvelable donnerait au chef de l’Etat une plus grande liberté
d’esprit et d’initiative. Il assurerait mieux sa fonction d’arbitre. Cela ne mettrait sur le peuple
aucune pression.
La réduction sèche du mandat à 5 ans n’amène pas à ce que le Président de la République
assume totalement sa responsabilité. Si cela a été le cas dans une certaine mesure pour
Nicolas Sarkozy, cela n’a pas été le cas pour Jacques Chirac qui ne s’est pas totalement
investi dans les fonctions gouvernementales. Tout cela dépend de la relation du Président
avec son Premier ministre.
2. L’intérim et la suppléance de la présidence
a) L’intérim
L’intérim de la présidence est assuré dans deux cas de figure :

 En cas de vacance
Cette hypothèse se produit quand il n’y a plus de président (démission, décès ou
destitution). C’est le Conseil Constitutionnel qui constate la vacance et ouvre le délai pour
une nouvelle élection présidentielle.

 En cas d’empêchement

80
DROIT CONSTITUTIONNEL

C’est quand le président de la république n’est plus dans l’état d’exercer ses fonctions, soit
en raison de maladie soit en raison de captivité en période de guerre. C’est le Conseil
Constitutionnel qui constate l’empêchement.
Dans ces deux cas, l’intérim de la présidence est confié au Président du Sénat conformément
à l’article 7 alinéa 4 de la Constitution. Cette solution a été choisi dans la mesure ou
l’élection du président du Sénat était proche de celle du chef de l’Etat en 1958.
On a eu recours à l’intérim a deux reprises :
- Suite à la démission du Général de Gaulle en 1969
- En 1974 après le décès de George Pompidou
C’est Alain Poher qui a assumé cet intérim présidentiel les deux fois. Pendant l’intérim, le
président du Sénat a pour objectif d’assurer une forme de continuité de l’Etat et d’organiser
des élections présidentielles. Le président du Séant exerce tous les pouvoirs du chef de l’Etat
mais avec l’idée qu’il les exerce de manière temporaire, il ne peut donc pas prendre de
mesure importante (référendum, dissoudre l’Assemblée Nationale, entamer de révision
constitutionnel). Et le gouvernement ne peut pas engager sa responsabilité
b) La suppléance
La suppléance obéit à un autre régime puisqu’il ne s’agit pas de constater la cessation
définitive des fonctions du président de la République mais de la remplacer temporairement
pour une raison ou une autre sur une petite durée. C’est le cas pour une maladie non-grave
ou un voyage à l’étranger. Dans ces cas, une suppléance est organisée et c’est le Premier
ministre qui supplée le Président de la République notamment en présidant le conseil des
ministres. Cette situation s’est produite
- 2 fois sous le Général de Gaulle en 1964 pour son opération de la prostate et son
voyage en Amérique.
- En 1973 à raison de la maladie de George Pompidou.
- Sous François Mitterrand pour une opération de la prostate en 1992 et en 1994.
- En 2005 pour Jacques Chirac après son léger accident vasculaire.
3. La responsabilité présidentielle
Il existe une irresponsabilité politique traditionnelle du Président de la République mais cette
irresponsabilité connait des limites. La question de la responsabilité civile et pénale est
posée à l’article 68 de la Constitution.
a) La responsabilité politique
Le président de la République est irresponsable politiquement. Son origine s’explique avec le
fait que le roi ne pouvait pas le faire et par la logique parlementaire des 3 ème et 4ème
République qui ont transféré la responsabilité des actes du Président au Parlement. La
nécessité d’un contreseing ministériel le prouve. Cette technique est destinée à rendre
compatible l’existence d’une chef d’Etat irresponsable et un régime parlementaire qui a pour
caractéristique la responsabilité du gouvernement devant le Parlement.

81
DROIT CONSTITUTIONNEL

A la mise en place du quinquennat l’idée d’une responsabilité politique est évoquée au


moment des élections législatives pendant la durée du mandat présidentiel. Cela aurait
permis de vérifier sur la politique présidentielle était acceptée ou pas. On a régulièrement
évoqué l’idée d’un troisième tour présidentiel. Aujourd’hui, on l’évoque à propos des
élections locales.
L’idée d’une responsabilité politique peut être soutenue, en particulier si on considère
depuis 1962 que le Président est élu directement par le peuple, qu’il est donc le
représentant du peuple, ce qui peut aboutir à l’idée, qu’ils doivent rendre compte à d’autres
périodes que l‘élection présidentielle. Il s’agit d’une analyse qui est plus politique que
juridique. Cette logique d’une responsabilité politique n’est pas stupide en effet, et a encore
moins été institutionnalisée. A part le Général de Gaulle, ses successeurs n’ont jamais
manifesté la volonté de démissionner. Ce ne fut pas le cas de Mitterrand en 1986 malgré la
cohabitation qui se profilait et pas davantage en 1993. On s’est posé la question à propos de
Valéry Giscard d’Estain, qui pouvait être exposé au milieu de sa mandature à une
cohabitation. Dans un discours à Verdun sur le Doux, le 19 janvier 1978, il a clairement
indiqué qu’il ne démissionnerait pas. En droit, rien n’oblige le Président a démissionné dès
lors qu’il dispose d’une légitimité populaire acquise par l’élection. Cette légitimité dans le
principe ne l’expose pas aux évènements durant son mandat. Reste que des désaveux
successifs, une dissolution intempestive, peuvent être de nature à conduire le Président à
démissionner : réalisée avec Mac Mahon et Charles X.
b) La responsabilité pénale et civile
Le point de départ, le texte constitutionnel, lorsque on évoque cette question on se fonde
sur l’article 68 de la Constitution, « Le Président de la République n'est responsable des actes
accomplis dans l'exercice de ses fonctions qu'en cas de haute trahison. Il ne peut être mis en
accusation que par les deux assemblées statuant par un vote identique au scrutin public et à
la majorité absolue des membres les composant ; il est jugé par la Haute Cour de justice ».
On entend par haute trahison, l’indiligence avec l’ennemi, les atteintes à la défense
nationale, les violations graves de la Constitution. Dans ce cas de figure la procédure était
lancée par les deux assemblées. Si les deux chambres étaient d’accord, la Haute Cour de
Justice était saisie pour statuer. Mais dans cet article de 1958 il y avait des incertitudes en ce
qui concerne les actes qui ne serait pas commis dans l’exercice des fonctions présidentielles.
En cas de faute du Président de la République dans sa vie privée on pouvait se demander s’il
pouvait être poursuivi devant les juridictions civiles ou pénales ? Pour des actions
postérieures et antérieures ?
Saisi de l’examen de la comptabilité de la Constitution avec le traité instituant la Cour pénal
international, la Conseil Constitutionnel s’est exprimée dans une décision le 22/01/1999 en
dissociant les deux phrases de l’article 68. Au regard de la première phrase, il affirme une
immunité de fond du Président de la République qui le rend responsable que pour les cas de
Haute Trahison. Dans la deuxième phrase, il desselle une immunité de juridiction, quel que
soit les délits ou crimes commis en dehors de ses fonctions présidentielles ou avant il ne
peux être justiciable que devant la Haute Cour de Justice.

82
DROIT CONSTITUTIONNEL

La solution pouvait paraitre contestable et elle a été très contesté. La question s’est posée
de manière très concrète pour Jacques Chirac en raison des poursuites relatives au problème
de financement du RPR et des activités illégales lorsqu’il était maire de Paris. La solution
était critiquable sur le plan juridique car il paraissait plus logique de lire l’article 68 en un
seul bloc. Il y aurait dans cette lecture une immunité de juridiction pour les actes accomplis
pendant les fonctions présidentielles mais pour le reste il en irait autrement. La Cour de
cassation est intervenue dans une décision du 10/10/2001 elle a écarté l’autorité de chose
jugée de la décision du Conseil Constitutionnel à l’égard du juge pénal. La Cour de cassation
a estimé que la Haute Cour de Justice était incompétente pour les actes étrangers à la
fonction présidentielle et aux actes antérieures aux mandats. Il y a des divergences entre
la Cour et le Conseil Constitutionnel quant à la fonction de la Haute Cour de Justice. Le
Conseil Constitutionnel estime que le Président de République ne peut être poursuivi que
devant la Haute Cour de Justice pendant la durée de son mandat. La cour exclue cette
possibilité sauf pour le cas de haute trahison. Dans sa décision la Cour de cassation écarte la
compétence de la Haute Cour de Justice pour les actes extérieures à la fonction
présidentielle et règle le problème de la prescription. En dehors des actes commis dans
l’exercice des fonctions et qui relèvent de la Haute Cour de Justice, le délai de prescription
de l’action public est suspendu pendant le mandat présidentiel. Il est précisé par qu’il ne
peut pas être entendu comme témoin dès lors que l’obligation est assortie d’une mesure de
contrainte par la force publique. En revanche, rien de l’empêche d’accepter de témoigner
par lui-même.
Contenu des lectures contradictoires, le Président Jacques Chirac a demandé à une
commission présidée par le constitutionnaliste Pierre Avril, de faire des propositions pour la
réforme du titre IX de la Constitution. La commission a remis le 12/12/2002 au chef de l’Etat
un rapport. Un projet de loi constitutionnelle a été élaboré à la suite qui reprend les
propositions émises par la commission Avril. Ce projet de loi a débouché sur une révision
constitutionnelle en date du 23/02/2007 portant modification du titre IX de la Constitution.
L’irresponsabilité du président de la République pour les actes commis dans l’exercice de ses
fonctions demeurent suivant cette révision.
Les discussions ont mis l’accent sur le fait que le Président de la République ne peut pas être
considéré comme un citoyen lambda durant le temps de ses fonctions. Au cours de son
mandat, seuls les manquements manifestement incompatibles avec l’exercice des fonctions
présidentielles peuvent être sanctionnés suivant une procédure spécifique. Ce qui signifie
concrètement que s’il y a une immunité de responsabilité du président de la République
celle-ci n’est cependant pas totale. La réforme constitutionnelle opère une substitution
terminologique. Le terme haute trahison est éliminé à la place est évoqué le principe de
manquement à ses devoirs manifestement incompatibles avec l’exercice de son mandat.
En cas de manquement c’est le Parlement réunit en haute cour qui est compétent pour
connaitre le cas échéant des actes accomplis par le Président de la République dans
l’exercice de ses fonctions. Le Parlement est alors habilité à prononcer la sanction de
destitution du président de la République si les faits qui lui sont reprochés sont avérés. Ainsi
c’est le Parlement tout entier qui se réunit, qui se prononce à la majorité des 2/3 composant

83
DROIT CONSTITUTIONNEL

la haute cour. Cela se rapproche de la procédure adoptée aux Etats-Unis, l’impeachment.


Dans ce cas c’est la chambre des représentants qui décide de la mise en accusation et le
président est jugé par le Sénat.
Au final la responsabilité du président durant l’exercice de ses fonctions est limitée à deux
cas de figures :
- L’hypothèse déjà prévu de l’article 63-2 de la Constitution pour laquelle la cour
pénale internationale est compétente.
- En cas de manquement grave à ses devoirs manifestement incompatibles avec
l’exercice de son mandat (article 68 nouveau tel que cela a été adopté en 2007).
C- Les pouvoirs du Président de la République
La 5ème République se caractérise par son extrême souplesse et sa malléabilité. C’est ce qui
explique que les pouvoirs reconnus dans le texte constitutionnel au Président de la
République soit sensiblement différent dans la pratique institutionnelle. La fonction
présidentielle peut se définir :
- De manière tout à fait général en notant qu’il remplit des fonctions très classiques de
représentation de la France à l’intérieur comme à l’extérieur de l’état.
- Il assure également une fonction de garant de l’indépendance nationale, de
l’intégrité du territoire, du respect des traités.
- Il est le garant du respect de la Constitution.
L’article 5 de la Constitution définit encore mieux la fonction du président en précisant « qu’il
assure par son arbitrage le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la
continuité de l’Etat ». Le terme arbitrage est ambiguë. Mais il faut souligner que la fonction
présidentielle ne se limite pas à ce qui est énoncé à l’article 5 de la Constitution.
Le président de la République possède de nombreux pouvoirs que l’on peut distinguer
suivant qu’ils soient assortis d’un contreseing ministériel ou pas. C’est ce que précise l’article
19 de la Constitution sur lequel on peut s’appuyer pour distinguer ces deux types de
pouvoirs.
1. Les pouvoirs assortis d’un contreseing
a) Les nominations
Il s’agit des pouvoirs traditionnels dans les régimes parlementaires.
C’est en premier lieu le cas pour les nominations, il est précisé à l’article 8 alinéa 2 que le
Président de la République nomme et révoques les ministres sur proposition du Premier
ministre. Ainsi le Premier ministre émet des propositions au président de la République sur
l’organisation et la composition du gouvernement, le président de la République les nomme
par décret et procède de même en ce qui concerne les révocations.
Le président de la république nomme également dans le cadre de son pouvoir
réglementaire, dans l’hypothèse de l’article 13 les emplois civils et militaires les plus
importants. L’ordonnance du 29/11/1958 définit la liste de ces emplois. Ces nominations

84
DROIT CONSTITUTIONNEL

sous soumisse au contreseing ministériel ce qui implique l’accord du gouvernement. La


révision de 2008 prévoit d’autres nominations (article 13 alinéa 5).
b) La présidence
Il préside le conseil des ministre (article 9) mais la nouveauté dans le cadre de la 5 ème
République est que ce rôle n’est plus formel. On en a la confirmation avec l’article 21 alinéa
4 de la Constitution, il est précisé que le Premier ministre « peut à titre exceptionnel le
supplée pour la présidence d’un conseil des ministres en vertu d’une délégation express et
pour un ordre du jour déterminé ».
Il préside aussi un certain nombre d’organisme comme les conseils et comités supérieurs de
la défense nationale (chef des armée), en revanche il ne préside plus le conseil supérieur de
la magistrature depuis la révision de 2008 (mais le 1 er président de la Cour de cassation).
c) Le pouvoir réglementaire
Il dispose d’un pouvoir réglementaire parce que puisqu’au terme de l’article 13 de la
Constitution, il signe les ordonnances et les décrets décidés en conseil des ministres. Ce
pouvoir est confirmé a contrario par l’article 21 relatif au pouvoir réglementaire du Premier
ministre. Les décrets en conseil des ministres sont prévus par la Constitution ainsi que
certaines lois organiques mais rarement. La plupart résulte des lois ordinaires. Ces actes sont
signés par la chef de l’état et le Premier ministre, ce qui nécessite un accord entre les deux
partis. Les ordonnances sont délibérées en conseil des ministres, le chef de l’Etat doit en
principe les signer mais la pratique constitutionnelle a pu montrer que cela n’était pas
toujours nécessaire.
d) Les rapports avec le Parlement
Le chef de l’Etat dispose ici de prérogatives importantes puisqu’il a la possibilité de
convoquer le parlement notamment pour le réunir en congrès pour une révision de l’article
89 de la Constitution ou pour une cession extraordinaire dans la cadre de l’article 29. La
lecture de ce dernier article peut paraitre simple « Le Parlement est réuni en session
extraordinaire à la demande du Premier ministre ou de la majorité des membres composant
l'Assemblée nationale, sur un ordre du jour déterminé ». Le président a priori doit déférer
cette demande mais en pratique il n’en ait pas toujours ainsi.
Suivant l’article 10 de la Constitution, le Président de la république promulgue les lois dans
les 15 jours qui suivent leur adoption. En revanche le président de la République, de sa
propre initiative a la possibilité de demander une nouvelle délibération de la loi. C’est une
incitation que peut faire le président de la République à la modification. Mais il peut quand
même saisir le Conseil Constitutionnel.
e) Les prérogatives régaliennes
Le président de la république dispose du droit de grâce. C’est une sorte de pouvoir
d’arbitrage suprême qu’il exerce à l’égard du pouvoir judiciaire. L’ordonnance du
22/12/1958 prévoit néanmoins la consultation préalable du CSM, cette prérogative a été
critiqué dans la mesure où elle permet d’amoindrir les peines prononcées par la justice.

85
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le droit de grâce à un intérêt spécifique, il peut se justifier pour des raisons médicales.
Il ne s’agit pas de déjuger le juge il s’agit simplement de tenir compte de paramètre
particulier qui sont de nature à réduite la peine sans remise en cause de la décision de
justice.
f) La ratification des traités
Le Président de la République négocie et ratifie les traités à l’exception de ceux qui sont
énoncés à l’article 53, c’est évoquer l’article 52 de la Constitution. Ceux de l’article 53
doivent être ratifié en vertu d’une loi parlementaire. Ce sont ces derniers qui sont les plus
importants. Mais le Président de la République dispose de la possibilité de prendre
l’initiative puisqu’il peut demander par le biais d’un référendum (article 11) l’autorisation de
ratifier un traité. Dans ce cas, une fois l’autorisation accordée c’est lui-même qui ratifiera le
traité. Mais généralement ce sont les autorités gouvernementales qui négocient. Le
gouvernement peut décider de recourir a des accords en forme simplifié.
2. Les pouvoirs propres du président ou les pouvoirs non contresignés
L’article 19 de la Constitution fait la différence entre les pouvoirs qui sont dispensés d’un
contreseing ministériel et ceux qui n’en nécessite pas. Il dispose que Les actes du Président
de la République autres que ceux prévus aux articles 8 (1er alinéa), 11, 12, 16, 18, 54, 56 et
61 sont contresignés par le Premier ministre et, le cas échéant, par les ministres
responsables. Il y a la liste des actes dispensés d’un contreseing donc les autres n’en
nécessite pas. Néanmoins dans ces pouvoirs qui ne sont pas contresigner, il y a lieu de
distinguer :

 Ceux qui constitue des pouvoirs discrétionnaires purs.


 Ceux sont assortie de consultations, de propositions préalables bien que
discrétionnaires.
a) Un certain nombre de pouvoir apparaissent comme discrétionnaires
Un pouvoir est discrétionnaire dès lors que l’autorité à la possibilité de choisir entre deux ou
plusieurs solutions qui sont également conforme à la légalité. Le choix se fait par la volonté
et décision du Président de la République.
Ces pouvoirs prennent en compte des dispositions :
- Nomination du Premier ministre (article 8 alinéa 1er).
- Droit de message au Parlement (article 18). Ce droit a été utilisé par le Général de
Gaulle en 1962 pour expliquer quelle était sa conception des rapports avec le
Parlement. Il est utilisé par François Mitterrand en 1986 pour annoncer sa décision
de se maintenir à la suite des élections législatives. Avec la révision de 2008, le
Président de la République peut prendre la parole devant la Parlement réunis en
Congrès (Sarkozy en 2009, Hollande suite aux différents attentats, Macron en juillet
2017 pour fix les priorités de son mandat et en juillet 2018 pour une révision de la
Constitution).
- La demande que la compatibilité d’un traité soit vérifiée (article 54).

86
DROIT CONSTITUTIONNEL

- La demande que la Conseil Constitutionnel statut sur la constitutionnalité d’une


disposition législative (article 61).
b) Les pouvoirs propres assorties d’une consultation préalable
Bien que soumis à une consultation préalable ces pouvoirs demeurent discrétionnaires dans
la mesure où si la consultation est obligatoire, le Président de la République n’est pas lié par
les avis qui sont émis. Il en ait ainsi pour :
La décision de dissolution de l’assemblée nationale, qui est soumise à une consultation
préalable du Premier ministre et des présidents des deux chambres. Ce droit a longtemps
été inutilisé sous la 3ème et la 4ème. Ce pouvoir connait des limites puisqu’il ne peut pas être
utilisé pendant l’application de l’article 16, pendant l’intérim présidentiel et également dans
l’année qui suit des élections consécutives à une dissolution. Il est utilisé avec prudence. On
sait que dans la logique du régime parlementaire ce droit est conçu comme une arme pour
contrebalancer la responsabilité du gouvernement devant le parlement. C’est précisément
l’usage qui en a été fait le 9 octobre 1962 par le Général de Gaulle en décidant de dissoudre
l’Assemblée nationale suite à la motion de censure voté par le Parlement le 4/10. La
dissolution peut aussi revêtir un aspect plébiscitaire comme une sorte de substitue à un
référendum populaire. C’est dans cette logique qu’il a été procédé à la dissolution de
l’Assemblée National le 30 mai 1968 après les événements de 68 pour renforcer le pouvoir
en place. Le Général de Gaulle prononce la dissolution sur la proposition de George
Pompidou. La dissolution peut être utilisé pour permettre dans un moment opportun
Président de la République soit de renforcer sa majorité au Parlement soit pour s’en donner
une. C’est l’option choisit par François Mitterrand à deux reprises. Le 22 mai 1981 et le 14
mai 1988 en décidant de dissoudre l’Assemblée Nationale juste après les élections
présidentielles pour se donner une majorité au Parlement. En 1981 la majorité était de
droite donc il était évident de le faire, mais en 1988 après la période de cohabitation il a
retrouvé une majorité relative. C’est le cas aussi pour Jacques Chirac qui en 1997 décide de
dissoudre l’Assemblée nationale pour avoir une meilleure majorité mais ce fût un désastre.
La dissolution est aussi parfois présentée comme une arme qui est susceptible de renforcer
par sa seule menace de son utilisation la cohésion de la majorité parlementaire. Tel est le cas
quand une partie de la majorité fait défaut, on pense au cas qu’à rencontrer Valéry Giscard
d’Estaing à la fin de son septennat en 1974-1981.
Les pouvoirs exceptionnels dans le cadre de l’article 16. En effet, avant la mise en œuvre de
l’article 16, le Président de la République doit consulter le Premier ministre, les deux
présidents d’assemblée et le Conseil Constitutionnel. Mais une fois les avis rendus c’est le
président de la république qui décide seul si les circonstances permettent la mise en œuvre
de cet article. Il reste que les avis qui sont rendus ne sont pas dénués d’intérêt, notamment
celui rendu par le Conseil Constitutionnel qui doit être publié par le Journal Officiel. Le
Président de la république doit rendre public par un message à la nation sa décision de
mettre en œuvre l’article 16. Des conditions sont requises pour la mise en place de cet
article, il y en a 2 catégories.

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DROIT CONSTITUTIONNEL

 Les cas de menaces graves et immédiates (contre les instituions de la nation,


l’indépendance de la nation, l’intégrité du territoire ou l’exécution des engagements
internationaux).
 Le cas de l’interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs publics
constitutionnelles.
On a critiqué les risques de dictature que permet cette disposition d’autant que l’article 16
ne précise pas la fin de l’exercice des pleins pouvoirs. Le Président François Mitterrand avait
proposé en réunissant le comité consultatif pour la révision de la Constitution qu’il y ait une
suppression pure et simple de cette disposition. Mais le doyen Vedel qui présidait le comité
de l’entendait pas vraiment ainsi il considérait que cette proposition était importante et
essentielle dans un état de droit. Un usage unique a été fait dans le cadre de l’article 16 sous
la 5ème République, cette disposition a été utilisé du 23/04/1961 au 29/09/1961 par le
Général de Gaulle en raison putsch des généraux en Algérie. Le temps d’application de cette
disposition a été considéré comme un peu long car cela a duré pratiquement 6 mois.
Il est a noté qu’une révision de la Constitution a été adopté en 2008 qui apporte un certain
nombre de modification et garantie contre les dérives ainsi après 30 d’exercice des pouvoirs
exceptionnels, le Conseil Constitutionnel peut être saisi par le Président de l’Assemblée
Nationale ou du Séant ou 60 députés ou sénateurs pour savoir si les conditions de l’article
16 sont toujours réunies. 60 jours après le début de la mise en œuvre, il se prononce de
plein droit et au-delà de cette période il peut être amené à se prononcer.
c) Les pouvoirs propres assorties d’une proposition préalable
Cela concerne l’article 11 de la Constitution qui conformément à l’article 3 prévoit un
référendum législatif. Pour qu’il soit possible au Président de la République de recourir au
référendum il faut qu’il y ait une proposition préalable émanant du gouvernement ou bien
une proposition conjointe des deux assemblées. Ensuite le président est libre d’y donner
suite ou pas. Le référendum législatif est limité dans son objet puisqu’il ne peut porter que
sur des projets de loi concernant l’organisation des pouvoirs publics ou tendant à la
ratification de certains traités. En 1984 des tentatives d’élargissement ont été abordées puis
en 1993 en ce qui concerne le domaine des libertés mais ces propositions ont échoué. En
revanche la loi du 04/08/1995 a élargit le domaine de l’article 11 en ajoutant les réformes
relatives politiques, économiques ou sociales aux services de la nation et au services publics
qui y conçurent. La voie référendaire est donc désormais utilisable pour ce type de réformes.
Il faut ajouter que la révision de 2008 élargit le contenu des référendums au domaine de la
politique environnementale et donne la possibilité d’organiser référendum à l’initiative d’1/5
des membres du Parlement dès lors que cette organisation est soutenue par 1/10 de la
population.
L’article 11 a été utilisé à 8 reprises sous la 5ème République.

 8 janvier 1961 : pour l’autodétermination des populations algériennes.


 8 avril 1962 : l’approbation des accords d’Evian.
 28 octobre 1962 : pour l’élection du président de la République au suffrage universel
direct.

88
DROIT CONSTITUTIONNEL

 27 avril 1969 : création des régions et rénovation du Sénat.


 6 novembre 1988 loi référendaire portant disposition statutaire de la Nouvelle
Calédonie.
3 autres référendums ont été mis en place avec le recours à l’article 11 pour autoriser la
ratification d’un traité :

 23 avril 1992 : pour le traité relatif à l’adhésion de la Grande-Bretagne et de 3 autres


pays à la communauté européenne.
 20 septembre 1992 : pour le traité du l’Union Européenne.
 29 mai 2005 : pour le traité établissant une Constitution pour l’Europe.
Le taux de participation est fort réduit quand on recourt au référendum ce qui explique la
rareté du recours à la procédure. Cela suppose que la population veuille se déplacer pour la
question.
Des propositions de réformes ont été régulièrement faite, ainsi le comité Vedel pour la
révision de la Constitution, a proposé de mettre en place un référendum d’initiative
populaire. Un référendum peut être organisé à l’initiative d’1/5 des membres du Parlement
soutenu par 1/10 des électeurs inscris sur les listes électorales. Il a fallu attendre 2008 pour
qu’elle soit présente dans la Constitution. Il convient de parler de référendum d’initiative
partagé, ou d’initiative minoritaire.
d) La nomination de 3 des 9 membres du Conseil Constitutionnel
C’est l’article 56 alinéa 1 de la Constitution. La procédure a été un peu modifié avec la
réforme de 2008, puisque la pouvoir de nomination s’exerce après l’avis de la commission
permanente compétente de chaque assemblée. Cela reste en temps que tel un pouvoir
discrétionnaire si on considère l’article 19 de la Constitution et parce que même si la
commission se prononce cela ne change rien au fait que le président de la république émet
ce choix au départ.
Au total on constate que les pouvoirs du Président de la République sont importants mais
malgré tout il reste limité dans la mesure où ce ne sont pas en tant que tels les pouvoirs qui
lui viennent du gouverné. Tantôt on s’est tourner sur un régime présidentiel et tantôt vers
un régime parlementaire.
Plusieurs éléments on permit la suprématie du Président de la République dans les
institutions, le suffrage universel direct depuis 1962, la coïncidence entre la majorité
présidentielle et la majorité parlementaire qui ont permis au président de la République
d’avoir des pouvoirs constitutionnels réels. C’est ainsi qu’on a pu développe la théorie du
domaine réservé pour caractériser les premières années de la 5 ème République pendant
lesquels le Général de Gaulle s’est consacré aux questions de la place de la France dans la
société internationale. Il en était ici du domaine de la politique étrangère, de la défense
nationale.
Au début de la 5ème République, la suprématie présidentielle s’étendait bien au-delà de ces
domaines. Le président de la République se donnant la possibilité d’intervenir dans tous

89
DROIT CONSTITUTIONNEL

domaines y compris dans le domaine économique. Progressivement le Président de la


République s’est donné cette possibilité selon les compétences de certains présidents
(Valéry Giscard d’Estaing). Les présidents qui ont succédés au Général de Gaulle ont pour la
plupart exercé un pouvoir personnel dès lors que les conditions politiques le permettaient.
En d’autres termes, il s’est produit un véritable transfert des pouvoirs gouvernementaux
entre les mains du chef de l’Etat. C’est la cohabitation qui modifie cette lecture car cela
oblige à revenir à une approche plus stricte de la Constitution et on restitue au
Gouvernement son autorité et ses pouvoirs.

II- Le Gouvernement
Dans la Constitution c’est le titre III qui est relatif au gouvernement, il contient 4 articles,
mais les dispositions qui intéressent le gouvernement vont au-delà de ce titre car des
précisions sont apportées dans les titres suivants (IV : parlement, V : relations entre le
parlement et le gouvernement).
On peut définir le gouvernement en disant que c’est un organe collégial qui contient le
Premier ministre et les ministres. Il se réunit en Conseil des ministres sous la présidence du
Chef de l’Etat, et il se réunit en conseil de Cabinet sous la présidence du Premier ministre.
Le titre III attribut au gouvernement une mission essentielle qui l’indique l’article 20 de la
Constitution est de déterminer et de conduire la politique de la nation. L’article 21 précise
que c’est le Premier ministre qui dirige l’action du gouvernement, c’est dire que la
Constitution attribut un rôle essentiel au gouvernement. Place qui a longtemps été négligée
sous la 5ème République en raison de la primauté de la fonction présidentielle.
A- Mise en place du gouvernement et durée de ses fonctions
Jusqu’à la 5ème République, le chef du gouvernement portait le nom de Président du Conseil.
Cette appellation est ancienne car elle avait été accordée au duc de Richelieu (sous Louis
XVIII). Ce n’est pas le fruit du hasard le but était de montrer qu’il ne présidait que le Conseil
et il n’était pas le supérieur des autres ministres. Cependant la pratique des 3 ème et 4ème
République à partir de 1879 a abouti à conférer un rôle prééminent en raison de
l’effacement du Chef de l’Etat au profit du Président du Conseil. Il est devenu la personne la
plus importante de l’exécutif.
L’intention des constituants de 1958 était de se démarquer de cette pratique pour montrer
que le chef du gouvernement n’est qu’un ministre parmi les autres même s’il s’agit du
Premier ministre.
1. La nomination du gouvernement
Il convient de distinguer la nomination du Premier ministre et la nomination des autres
ministres.
a) La nomination du Premier ministre
On se réfère à l’article 8 de la Constitution. La nomination du Premier ministre relève des
pouvoirs propres du Président de la République. Néanmoins, le Président de la République

90
DROIT CONSTITUTIONNEL

doit tenir compte de l’évolution de la majorité parlementaire. Si bien que l’on peut imaginer
que le pouvoir du chef de l’Etat est quand même limité. Il s’agit de tenir compte des rapports
de force politique.
Le problème majeur posé est de savoir si l’investiture de l’assemblée nationale est
nécessaire comme c’était le cas sous les régimes antérieurs ? Pour avoir une réponse il faut
se référer à l’article 49 de la Constitution. Il dispose que le Premier ministre, après
délibération du Conseil des ministres, engage devant l'Assemblée nationale la responsabilité
du Gouvernement sur son programme ou éventuellement sur une déclaration de politique
générale. Cet article prévoit une éventualité et une obligation. Le Conseil Constitutionnel
n’établit pas de différence entre les deux expression (12/01/1977 décision TFAI). La pratique
a pu être variable au début de la 5 ème, les gouvernements ne se sentaient pas juridiquement
tenu de solliciter l’investiture de l’Assemblée nationale dans la mesure où procède d’abord
du Chef de l’Etat. Quand l’engagement se faisait c’était pour montrer que le gouvernement
disposait d’une majorité parlementaire. Le Parlement est là pour appuyer la politique qui est
décidé par le Gouvernement.
L’engagement de la responsabilité dans le cadre de l’article 49 alinéa 1 n’a jamais aboutit à
un vote négatif. En période de cohabitation l’investiture constitue un moyen de pression sur
le président. Pour montrer que la Premier ministre tien sa légitimé plus du Parlement que de
lui.
Pour éviter les hésitations qui ont pu être faite sur l’article 49 le comité Vedel avait proposé
une modification mais elle n’a pas abouti.
b) La nomination des autres ministres
C’est se référer ici à l’article 8 alinéa 2 de la Constitution. Les ministres sont nommés suite à
une proposition du Premier ministre, soumise à l’assentiment du Chef de l’Etat.
Traditionnellement de concordance avec la majorité présidentielle et parlementaire. Ce
pouvoir est apparu comme discrétionnaire (la chef de l’Etat a les mains libres pour choisir les
personnalités qu’il souhaitait voir présente).
On observe que le Général de Gaulle avait tendance à laisse faire son Premier ministre.
Valéry Giscard d’Estaing adressait de directive au Premier ministre, notamment en ce qui
concernait le nombre de ministres à ne pas dépasser. François Mitterrand lors de sa
première élection est apparu très présent car il a presque dans sa totalité décidé la
composition du gouvernement de Pierre Mauroy en 1981. Chirac a semblé peu directif alors
que Nicolas Sarkozy très. François Hollande semble avoir choisit les membres de certains
postes jugés emblématique (économie, intérieur, garde des Sceaux). Emmanuel Macron
semble avoir laissé Edouard Philippe décidé.
Les cas de cohabitations à l’inverse limitent le pouvoir du Chef de l’Etat, en 1986 le président
Mitterrand avait peu latitude pour décider des ministres néanmoins on remarque il a réussi à
s’opposer à certaines nominations dès lors que cela intéressait ce qu’il considérait être son
domaine réservé (défense et affaires étrangères). La logique institutionnelle est simple dans

91
DROIT CONSTITUTIONNEL

le cadre de la cohabitation, le Président est contraint de respecter le verdict des urnes et


laisser le Premier ministre composé le gouvernement à sa guise.
2. La durée du gouvernement
Les gouvernements sont nommés pour une durée qui n’est pas déterminé à l’avance. En
pratique plusieurs raisons expliquent la cessation des fonctions selon que l’on s’intéresse aux
fonctions du Premier ministre ou à celles des ministres.
a) La cessation des fonctions du Premier ministre
Dans l’hypothèse de la cessation des fonctions du Premier ministre, la démission emporte la
démission du gouvernement (ce n’est pas le cas pour la démission d’un ministre).
Plusieurs causes à la cessation sont possibles :

- Le renversement du gouvernement par l’Assemblée nationale dans le cadre de


l’article 49 de la Constitution.
Dans ce cas le Premier ministre est tenu conformément à l’article 50 de la Constitution de
remettre la démission du gouvernement au président de la République. Cette hypothèse est
réalisée quand l’assemblée nationale adopte une motion de censure soit de manière
spontanée (article 49 alinéa 2), soit provoquée en réponse à un texte qu’il ne veut pas voter
alors que le Premier ministre à engager sa responsabilité dessus (article 49 alinéa 3). La
motion ne peut être adopté qu’à la majorité des membres composant l’Assemblée
Nationale.
C’est aussi le cas lors d’une désapprobation par l’Assemblée Nationale d’une question de
confiance sur le programme du gouvernement ou sur une déclaration de politique générale.
Dans cette hypothèse le rejet de la confiance se fait à la majorité des votants.
Dans ces deux hypothèses, le Premier ministre conformément à l’article 50 doit remettre la
démission du gouvernement.
Sous le Général de Gaulle en 1962, le gouvernement de Pompidou se voit voter une motion
de censure, il est chargé d’expédier les affaires courantes avant les nouvelles élections
législatives. Le Général de Gaulle n’a pas hésité à renommer le même gouvernement à la
suite.
- Le Premier ministre est contraint de démissionner après une élection présidentielle.
Le texte ne dit rien sur ce point de vue, mais il parait conforme à son esprit que l’ancien
Premier ministre nommé laisse au nouveau Président de la République la possibilité
d’assurer pleinement ces prérogatives en procédant lui-même à la nomination de son
premier ministre. Il s’agit d’un accord sur l’interprétation du texte constitutionnel.
- Il peut décider de son propre chef de démissionner.
Le 25 août 1976 Jacques Chirac le fait. Il est notable que le Président de la République peut
refuser ce genre de démission. Cela a été le cas à plusieurs reprises. C’est le cas pour Jacques
Chirac qui a refusé la démission de Jean-Pierre Raffarin. Car il ne savait pas par qui le
92
DROIT CONSTITUTIONNEL

remplacer. Il l’a refusé jusqu’à avoir trouver Dominique de Villepin pour les deux dernières
années de son mandat présidentiel.
- Une révocation du premier ministre par le chef de l’Etat.
Si elle est admissible en période de gouvernement présidentielle semble difficile à réaliser en
période de cohabitation. Dans la période de gouvernement présidentielle les hypothèses de
révocation du Premier ministre sont rares on a affaire à des démissions du Premier ministre.
Formellement il faut parler de démission mais on peut considérer que le Premier ministre
soit poussé (1972 s’agissant des rapports qui se sont développés entre George Pompidou et
son Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas).
b) La cessation des fonctions des ministres
Les fonctions des ministres bien évidemment prennent fin avec la démission du
gouvernement mais il existe des hypothèses plus personnelles de cessation des fonctions :
- Des ministres peuvent être révoqués sur accord entre le Premier ministre et le
Président de la République.
Ce fût le cas dans de nombreuses hypothèses dans un passé un peu lointain. Le plus souvent
on profite d’un remaniement ministériel ou d’échéance ministérielle pour écarter des
ministres qui sont devenus géants ou qui sont impopulaires. Sous Chirac et Villepin, cela a
été le cas pour Fillon. Sous Sarkozy et Fillon, cela a été le cas pour Dati au moment des
élections européennes et de Darcos. En théorie, si le Premier ministre ne veut pas proposer
la révocation d’un de ses ministres, il est impossible pour le PDR de le révoquer. Mais la
pratique constitutionnelle ne correspond pas à ça car le Premier ministre défère le plus
souvent au Président De la République. En cas de cohabitation il ne peut procéder à aucune
révocation.
- Les ministres peuvent de leur propre volonté décidée de démissionner.
C’est ce qu’a pu faire pour Jean-Pierre Chevènement à propos de la guerre du Golfe en 1991
afin de marquer son désaccord avec la politique suivit.
- Les ministres peuvent être amener à démissionner pour d’autres raisons que cela.
Pierre Bérégovoy a demandé à Bernard Tapis de donner sa démission en 1992 en raison de
sa mise en cause par le juge. C’est ce qu’on appelle la jurisprudence Bérégovoy qui a aussi
occasionné la démission de Dominique Strauss Kahn à propos de l’affaire relative à la NEF.
Les gouvernements de droite ont choisi cette logique, certains parlent de jurisprudence
Balladur : Carignon et Longuet en 1994.
B- Le statut juridique des membres du Gouvernement
Ce statut repose sur un régime d’incompatibilité originale, et sur un régime d’immunité de
responsabilité qui a connu évolution avec une révision du titre IX de la Constitution.
1. Les incompatibilités

93
DROIT CONSTITUTIONNEL

Le principe des incompatibilités est prévu à l’article 23 de la Constitution qui dispose que «
Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l'exercice de tout
mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère
national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle ». On constate qu’une
partie des incompatibilités a pour but de donner la possibilité aux ministres d’exercer
pleinement leurs fonctions de manière autonome et impartiale, de façon à les mettre à
l’abris de pressions extérieures. Ce qui en pratique dispose une rémunération correcte. Le
salaire avec une loi de 2002 avait été porté à 13 300€ (+70%) alors qu’il était auparavant de
7 800€. Hollande lorsqu’il est arrivé à la présidence a décidé de réduire de 30% le traitement
brut mensuel des membres du gouvernement comme des présidents de la République. Alors
qu’il était auparavant de 14 200€ brut pour les ministres, ce traitement est passé à 9 940€.
L’incompatibilité existe aussi à l’égard des fonctions privés. Elle concerne aussi selon l’article
23 les emplois publics ce qui suppose une mise en congé pour exercer les fonctions
gouvernementales. Le cumul des responsabilités électives est possible parce que dans le
principe on peut être ministre et maire. En revanche il est interdit de cumuler les fonctions
électives nationales. On ne peut pas être ministre et député ou sénateur.
La Constitution de 1958 a entendu innover en instituant cette incompatibilité entre le
Parlement et le Gouvernement. Le ministre apparaît plus dépendant du chef de l’Etat quand
on sait qu’auparavant la quasi-totalité des ministres étaient des parlementaires. On a pu
remarquer aussi que le nombre de ministre qui n’ont jamais eu de mandat parlementaire a
accru pendant 5ème.
En pratique, l’incompatibilité entre les fonctions gouvernementales et parlementaires a
aboutit à ce que chaque candidat se présente avec un suppléant aux élections
parlementaires, qui le remplaçait suite à une possible nomination à une fonction
gouvernementale. Mais cela posait un problème dans la mesure où si suite à une démission
du gouvernement le ministre voulait retrouver son siège au Parlement. Il fallait que le
suppléant démissionne pour lui rendre sa place. C’est pourquoi les ministrables passaient
des accords avec leur suppléant en cas de cessation des fonctions ministérielles il est
entendu que le suppléant démissionne automatiquement. La révision constitutionnelle de
2008 prévoit alors des suppléants qui se retire (article 23 alinéa 2 et 3).
2. La responsabilité des ministres
La question de la responsabilité des ministres s’est posée lors de la célèbre affaire du sang
contaminé qui a abouti à un engagement de la mise en accusation de 3 ministres : Georgina
Dufoix, Edmond Hervé et Laurent Fabius. La réforme de la responsabilité ministérielle était
prévue dans les propositions de révision de la Constitution qui furent proposer en février
1993 par le comité Vedel. Cela a abouti à la révision du 27 juillet 1993 qui a mis en place les
nouveaux articles 68-1 et 68-2 inclut dans le titre X de la Constitution (de la responsabilité
pénale des membres du gouvernement). Cette distinction a eu des incidences concrètes
puisque sur le plan de la responsabilité pénale les ministres ne peuvent être juger que par la
Cour de Justice de la République car en vertu de l’article 68-1, ils « sont pénalement
responsables des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou

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DROIT CONSTITUTIONNEL

délits au moment où ils ont été commis ». Cette disposition signifie que pour les actes qui
sont extérieurs aux fonctions présidentielles, la responsabilité relève des tribunaux
ordinaires. Certains ministres qui ont été condamné au pénal ne sont pas passé devant la
cour de justice de la République car on a estimé que leurs actes étaient détachables de leurs
fonctions ministérielles.
La cour de justice de la République est composée selon l’article 68-2 de quinze juges : douze
parlementaires élus, en leur sein et en nombre égal, par l'Assemblée nationale et par le
Sénat après chaque renouvellement général ou partiel de ces assemblées et trois magistrats
du siège à la Cour de cassation, dont l'un préside la Cour de justice de la République. La
dernière affaire en cour dont elle a eu à traiter est celle qui concerne l’ancien garde des
sceaux, Jean-Jacques Urvoas qui a été jugé coupable de violation du secret professionnel. Au
total 8 ministres ont comparu devant celle-ci.
Les ministres subissent aussi une responsabilité civile pour les fautes commises à l’égard des
tiers. Elle fonctionne selon les règles de droit commun.
C- La structure du Gouvernement
1. La composition du Gouvernement
En dehors du Premier ministre, le Gouvernement comprend des ministres, des ministres
délégués et des secrétaires d’état.
Les ministres sont subordonnées au Premier ministre et au Président de la République qui
sont leurs autorités supérieures. Mais ce pouvoir supérieur est une subordination politique
et non administrative. Cela n’obéit pas au mécanisme du pouvoir hiérarchique. C’est une
conséquence de la notion de solidarité gouvernementale.
Il n’empêche que c’est bel et bien le Premier ministre qui dirige l’action gouvernementale en
adressant des instructions aux différents ministres. C’est lui qui coordonne l’action
gouvernementale et lorsque cela s’avère nécessaire c’est lui qui est chargé d’arbitrer entre
les différents ministres en cas de conflits.
Chaque ministre est chef de son département, de la branche d’administration qui lui est
confié il dispose d’une prédominance importante mais elle est marquée par l’idée de
spécialisation. C’est un point important car cela différencie les compétences qui sont celle du
Chef de l’Etat et du Chef du Gouvernement, celles-ci sont générales alors que celles des
ministres sont justes des compétences spécialisées.
Il faut remarquer que les distinctions sont parfois faites entre les ministres d’états et les
autres dans certains gouvernements. Mais sur le plan juridique aucune distinction ne peut
être faite réellement. L’importance des ministres d’état par rapport aux autres ministres
n’est en réalité que d’ordre protocolaire.
Une distinction peut être faite entre les ministres et les ministres délégués. Les ministres
délégués sont également à la tête d’un groupe et d’une administration. Ils sont placés dans
une relation de subordination avec leur ministre de rattachement. On en voit les effets en ce
qui concerne le contreseing parce que les ministres délégués sont censés contresigner les

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DROIT CONSTITUTIONNEL

textes qui interviennent dans les compétences. Mais en pratique on sait que les ministres de
rattachement contresignent aussi les textes.
Les secrétaires d’état ne sont d’un point de vue administratif que des assistants du Premier
ministre ou des assistants d’un ministre déterminé. Ils ne disposent pas d’un budget propre,
théoriquement ils ne siègent pas au Conseil des ministres sauf si pour des raisons politiques
précises le Président de la République souhaite qu’ils soient présents et qu’ils assistent au
Conseil des ministres.
2. Les formations gouvernementales
Les membres du Gouvernement participent à de nombreuses réunions soit en formation
réduite soit en formation plénière sur des ordres du jour qui sont déterminés à l’avance. Il
convient de dissocier ces différentes formations.
a) Le Conseil des ministres
Le Conseil des ministres se réunit tous les mercredis sous la présidence du Chef de l’Etat. Il
délibère sur les ordonnances et les projets de lois ainsi que sur certains décrets concernant
par exemple les nominations importantes. La décision d’engager la responsabilité du
Gouvernement doit être débattu en Conseil des ministres et accepter par cette formation
collégiale.
b) Le Conseil de Cabinet
C’est une réunion qui ne concerne que le Gouvernement, il rassemble les ministres sans le
Chef de l’Etat. Il a pour but de préparer le Conseil des ministres. On y recourt de façon
inégale suivant le désir des Premiers ministres, qui ont le moyen de transmettre leurs
messages par d’autres biais.
c) Les Conseils restreints
Ils concernent la réunion d’un certain nombre de ministre avec le Premier ministre sous la
présidence du Chef de l’Etat. Une formation de ce type se réunit pour des domaines
particuliers (discussions sur la politique étrangère par exemple), à propos de sujet dont le
Président de la République souhaite évoquer avec certains ministres concernés.
d) Les conseils interministériels
Il s’agit d’une formation réduite car sont réunis que quelques membres du Gouvernement
sous la présidence du Premier ministre à propos d’un problème déterminé.
D- Les attributions du Gouvernement
La Constitution confit au Gouvernement de nombreuses attributions dont la portée
d’effectivité varie selon que le président de la République et le Premier ministre sont ou non
du même bord politique.
Dans le cas où ils appartiennent à la même majorité, le Premier ministre est souvent amené
à concrétiser les choix et orientations politiques décidés du Président de la République.

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DROIT CONSTITUTIONNEL

Dans le cas de la cohabitation, le Premier ministre dispose au contraire d’une plus grande
latitude dans la détermination de la politique conformément à l’article 20 qui dispose que le
Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation.
Néanmoins, on peut de manière plus générale distinguer les attributions suivantes qu’elles
soient collégiales ou propres au Premier ministre.
1. Les pouvoir du Premier ministre
La disposition essentielle est l’article 21 de la Constitution qui précise que le Premier
ministre dirige l’action du Gouvernement.
a) La direction du Gouvernement
C’est lui qui préside les Conseils de Cabinet, adresse des instructions et des directives aux
ministres, arbitres les conflits entre ministres, il est chargé de coordonner et définir l’action
gouvernementale.
b) Les pouvoirs dans les relations avec le Président de la République
Il dispose d’un certain nombre d’attribution dans ses relations avec le Président de la
République puisqu’il lui adresse un certain nombre de propositions :

 La nomination et la révocation des ministres dans le cadre de l’article 8 alinéa 2.


 Le recours au référendum article 11.
 Une révision constitutionnelle article 89.
 Une réunion du Parlement en session extraordinaire avec les articles 29 et 30
 Il est consulté par le Chef de l’Etat pour la mise en œuvre des articles 12 et 16.
 De façon exceptionnelle il peut suppléer la présidence du Conseil des ministre, du
Conseil supérieur de la défense.
 C’est lui qui contresigne les actes du Chef de l’Etat autres que ceux mentionnés dans
le cadre de l’article 19.

c) Le pouvoir réglementaire
Ce pouvoir découle de l’article 21 qui précise que le Premier ministre assure l’exécution des
lois et exerce le pouvoir réglementaire sous réserve des dispositions de l’article 13 de la
Constitution. Ce pouvoir s’exerce sous réserve du pouvoir réglementaire du Président de la
République. La Constitution a prévu un autre pouvoir réglementaire que le pouvoir
d’exécution des lois dans le cadre de l’article 21 de la Constitution, elle prévoit le pouvoir
réglementaire autonome dans le cadre de l’article 37 de la Constitution. Ici c’est le Premier
ministre qui l’exerce. Il concerne toutes les matières autres que celles qui sont strictement
énuméré dans le cadre de l’article 34. Il peut après avis du Conseil Constitutionnel modifié
par décret les lois qui sont intervenus dans les matières qui ont un caractère réglementaire.
d) La direction du travail parlementaire

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DROIT CONSTITUTIONNEL

Le Premier ministre dispose de pouvoir propre, il peut demander la tenue d’une sessions
extraordinaire (article 29). Il dispose de l’initiative des lois (article 39). Le Premier ministre
décide aussi de la convocation de la commission mixte paritaire en cas de désaccord entre
l’Assemblée Nationale et le Sénat. Enfin il peut demander au Séant d’approuver dans le
cadre de l’article 49 alinéa 4 d’approuver une déclaration de politique générale.
e) La direction de l’administration
Cela est mention à l’article 21, le Premier ministre est le chef suprême de l’administration et
il dispose en la matière d’un pouvoir important puisqu’il procède à la nomination de tous les
emplois civils et militaires qui ne relève pas du chef de l’état.
2. Les attributions de l’ensemble du gouvernement
Lorsque les décisions gouvernementales sont prises en Conseil des ministres ou en Conseil
du Cabinet elles ont forcément un caractère collégial. Certes le Premier ministre peut être
amené à prendre des initiatives mais c’est pour le compte du Gouvernement. Le caractère
collégial n’est pas douteux en ce qui concerne le Gouvernement lorsqu’on lit attentivement
le texte. L’article 20 mentionne que c’est le Gouvernement qui détermine et conduit la
politique de la Nation. Ainsi de manière plus stricte, il faut considérer que c’est le Conseil des
ministres qui adoptent les ordonnances, certains décrets et projets de loi. C’est lui qui décide
de la déclaration de guerre qui est autorisé par le Parlement (article 35 de la Constitution). Il
décrète aussi l’état de siège dans le cadre de l’article 36. Le Gouvernement peut dans le
cadre de l’article 41 de la Constitution opposer l’irrecevabilité à une proposition ou à un
amendement parlementaire qui n’est pas du domaine de la loi. Il peut sur la base de l’article
44 demandé un vote bloqué qui oblige le parlement de voté sur tout ou une partie d’un
texte en discussion.
Le gouvernement dispose d’un pouvoir essentiel dans le domaine législatif puisque c’est lui
qui détermine l’ordre du jour des priorité conformément à l’article 48 de la Constitution
mais la révision de 2008 apporte sur ce point une modification importante. Désormais deux
semaines de séance sur quatre sont réservées par priorité à l’ordre du jour fixé par le
Gouvernement. Ce qui veut dire que le reste est décidé par le Parlement maintenant, on a
affaire à un rééquilibrage des compétences entre le Gouvernement et le Parlement. On peut
être septique à la profondeur de ce changement car le fait majoritaire est tel que les
parlementaires ne font que relayer les propositions qui sont celles du Gouvernement.
En outre, le Gouvernement intervient dans les procédures de vote d’examen des lois
ordinaires, organiques ou de finance.
On perçoit donc nettement que le Gouvernement dispose de prérogatives importantes dans
la Constitution ce qui parait tout à fait normal dans un régime parlementaire qui est marqué
normalement par une collaboration entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
Néanmoins il est évident que le rôle du gouvernement en pratique varie selon que l’on est
dans une situation de même appartenance politique entre le Premier ministre et le Chef de
l’Etat ou au contraire dans une situation de cohabitation. Mais au-delà même de cette

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DROIT CONSTITUTIONNEL

dualité il faut tenir compte des équations personnelles, des relations entre le chef de l’Etat
et le Premier ministre (confiance, complicité, entente dictée par la logique majoritaire).

Section 2 : le Parlement
Dans le cadre de ma Constitution de 1958, il est évident que l’on a voulu abaisser les
prérogatives du Parlement comparé aux régimes antérieures dans le souci d’éviter un retour
aux régimes d’assemblée, un retour à l’omnipotence parlementaire.
Cependant on observe en pratique que les compétences du Parlement au moins dans la
détermination de la loi n’ont pas vraiment diminuées.

I- L’organisation du Parlement
Conformément à la tradition de la révolutionnaire le Parlement de la 5ème République est
bicaméral. L’article 24 de la Constitution précise que le Parlement est composé de deux
chambres, l’Assemblée Nationale et le Sénat qui est censé assuré la représentation des
collectivités territoriales mais aussi la représentation des français qui sont établis hors de
France.
A- L’élection des parlementaires
L’Assemblée Nationale est élue au suffrage universel direct alors que le Sénat est élu au
suffrage universel indirect, les députés comme les sénateurs représentent du peuple français
conformément à l’article 3 de la Constitution.
1. L’élection des députés
L’Assemblée Nationale est composée de 577 membres. Généralement c’est l’assemblée qui
représente les différentes tendances politiques du peuple. C’est l’objectif de la traduction de
la réalité politique du peuple qui explique pour l’essentiel que le mandat des députés soit
plus court que celui des sénateurs. Il est en effet de 5 ans alors que celui des sénateurs est
traditionnellement de 9 ans mais aujourd’hui il est de 6 ans.
La condition d’âge pour être éligible pour un député était auparavant de 23 ans elle a été
abaissée à 18 ans depuis la loi organique du 14/04/2011 relative à l’élection des députés et
des sénateurs.
L’élection législative est essentielle puisque c’est elle qui détermine les rapports qui vont se
développer avec le Président de la République. Pour certains hommes politique, c’est
élection législative qui est la plus importante de toutes (Balladur, elle conditionne l’exercice
du pouvoir exécutif).
Le mode de scrutin choisi pour cette élection apparaît tout à fait essentiel. C’est le scrutin
majoritaire uninominal à deux tours. Pour être élu au premier tour un candidat doit obtenir
la majorité des suffrages exprimés et représentant au moins ¼ des électeurs inscrits. Ceci
paraît normal dans la mesure où en temps que représentant du peuple, le député doit
bénéficier d’un minimum de représentativité. Si le siège n’est pas attribué à l’issu du premier

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DROIT CONSTITUTIONNEL

tour, un deuxième à lieu le dimanche suivant. Il a lieu à la majorité relative et seulement les
candidats qui ont obtenu au moins 12.5% des suffrages des inscrits lors du premier tour
peuvent se maintenir.
La désignation des députés à lieu soit à l’expiration des pouvoirs de l’Assemblée Nationale
précédente, soit dans un délai de 20 à 40 jours après une dissolution (mai-juin 1997 après la
dissolution de Jacques Chirac).
2. L’élection des sénateurs
La loi organique du 30/07/2003 a modifié les données en la matière. Il était prévu dans cette
loi que pour 2010 le nombre total de sénateur serait porté de 321 à 346. Mais les chose ont
été un peu bouleversé, la loi organique du 15/12/2005 a modifié la date de renouvellement
du Sénat pour obtenir 2011 au lieu de 2010.
L’augmentation du nombre de sénateurs à l’objectif de réduire la disparité de représentation
entre les départements et ajouter également de nouveaux sièges de sénateurs afin de
permettre une meilleure représentation des territoires ultra-marins.
Au terme de la réforme, en 2011 il y a en définitif 348 sénateurs. Il y a 326 sénateurs élus
dans les départements de métropoles et d’outre-mer. Il faut ajouter à cela 2 en Polynésie, 1
en Walis et Futuna, 2 en Nouvelle-Calédonie, 1 à Saint Pierre et Miquelon et à Saint
Barthélémy, 1 à Saint Martin, 2 à Mayotte et enfin 12 sénateurs doivent représenter les
français à l’étrangers.
La loi organique de 2003 abaisse le mandat des sénateurs de 9 ans à 6 ans. Le Sénat est
désormais renouvelable par moitié tous les 3 ans (disposition appliquée en 2011). Cette loi
avait fixé à 30 ans révolu au lieu de 35 l’âge d’éligibilité. Avec la loi organique du
14/04/2011, l’âge d’éligibilité en définitif a été abaissé à 24 ans.
Parmi les sénateurs un certain nombre représente l’outre-mer et d’autres sont dans le cadre
de la procédure particulière cooptée par leurs collègues pour représenter les français établis
à l’étranger.
Suivant l’article 24 alinéa 3 de la Constitution, le Sénat assure la représentation des
collectivités territoriales (déjà la règle sous la 3ème et la 4ème République). Ce rôle explique
l’originalité du mode de scrutin puisque les sénateurs sont élus au scrutin indirect dans le
cadre de la circonscription départementale. Le collège électoral comprend les députés, les
conseillers régionaux, les conseillers départementaux, et les délégués des conseils
municipaux (qui constituent le plus grand nombre, soit 95% du collège électoral). Le nombre
de sénateur élu dans le cadre de la circonscription départementale varie selon la population
du département. Ces modalités de désignation particulière visent à réduire les contestations
fréquentes en raison des inégalités de représentation qu’il y avait dans les départements. On
estime classiquement que ce mode de scrutin fait la part belle à la population rurale (France
conservatrice au détriment de la gauche). C’est pourquoi le Premier ministre de gauche
Lionel Jospin est chercher à reformer cela.

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DROIT CONSTITUTIONNEL

La loi organique du 14/04/2011 a été soumise au Conseil Constitutionnel comme c’est une
obligation et a été déclaré conforme pour l’essentiel des dispositifs législatifs.
La critique traditionnelle sur les modalités d’élection des sénateurs, s’ajoute la critique du
caractère trop conservateur du Sénat qui constituerait un obstacle au progrès. Même si
d’autres à l’inverse insistent sur le fait que le Sénat apparaisse comme un meilleur gardien
des institutions. Cet organe a raison de son mode d’élection serait moins propice à des
revirements politiques et donc plus soucieux de la conservation des institutions. C’est un
débat ancien on se souvient de la tentative avortée du Général de Gaulle de transformer le
Sénat en une chambre économique et sociale. Ce débat n’est plus d’actualité, on ne veut
plus rompre le bicamérisme.
Le projet le plus récemment formulé est celui de la mise en place d’une 3ème chambre avec
l’institution d’une chambre de la société civile à la place du conseil économique, social et
environnemental.
B- Les statuts des parlementaires
Le statut de représentant de la nation des parlementaires offre une certaine protection. Le
but de cette protection est moins d’établir une différenciation entre le simple citoyen et le
parlementaire que de permettre à ce dernier de se consacrer sans véritable soucis à son
mandat. Les parlementaires doivent en conséquence se sentir protéger contre tout ce qui
serait de nature à les empêcher d’exercer leurs fonctions mais aussi tout ce qui permettrait
de les éloigner des pressions qui pourraient être exercer sur eux. Cependant la protection
dont bénéficie les parlementaires ne doit pas aboutir à des privilèges qui pourraient être
considérer comme excessifs, abusifs.
1. Les inéligibilités
Les cas d’inéligibilités sont nombreux et concernent par exemple les fonctionnaires (qui ont
exercé des fonctions d’autorités dans certaines circonscriptions).
En vertu de l’article LO 136 du Code électoral, le Conseil Constitutionnel constate la
déchéance des parlementaires qui se trouveraient en situation d’inéligibilité
postérieurement à leurs élections.
2. Les incompatibilités
Les règles relatives aux incompatibilités n’ont pas pour objet d’empêcher à être candidats
aux élections parlementaires mais simplement elles signifient que dès lors que les
parlementaires sont élus, ils doivent renoncer à exercer certaines fonctions.
En cas de doutes ou de contestations sur une activité le bureau de leur assemblée peut saisir
le Conseil Constitutionnel. Le Garde des sceaux et le parlementaire concerné peuvent
également saisir le Conseil Constitutionnel pour voir s’il y a incompatibilité. Si le Conseil
Constitutionnel constate une incompatibilité, le parlementaire dispose d’un délai de 30 jours
pour régulariser sa situation. S’il ne le fait pas il est déclaré démissionnaire d’office de son
mandat par le Conseil Constitutionnel.

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DROIT CONSTITUTIONNEL

L’incompatibilité se définit comme l’impossibilité de cumuler certaines fonctions avec le


mandat parlementaire. Il y a plusieurs formes d’incompatibilité selon auxquels on peut
penser.
- Les incompatibilités avec les fonctions publiques électives. Le cumul des mandats de
député et de sénateur est interdit. C’est pareil pour le cumul avec un mandat du
Parlement européen.
- L’incompatibilité avec les fonctions exécutives locales. Le cumul des fonctions
parlementaires avec les fonctions de maire, adjoint au maire, président d’un
établissement public de coopération inter-communale ou tout autre fonction
déléguée par un exécutif local.
- Les incompatibilités avec les fonctions publiques. Les parlementaires ne peuvent pas
cumuler leur fonction avec un mandat de membre du Gouvernement, du Conseil
Constitutionnel, du conseil économique, social et environnemental, les fonctions de
magistrat et de membre supérieur de la magistrature. L’exercice de fonction
publique non-élective est en fait globalement incompatible avec l’exercice du mandat
parlementaire. Il est cependant possible d’exercer des fonctions dans l’enseignement
supérieur. Les fonctionnaires élus parlementaires doivent, en vertu de la loi
organique du 11/10/2013 être placer en position de disponibilité.
Les missions temporaires confiées par le Gouvernement sont compatibles avec le mandat
parlementaire à condition de ne pas excéder une durée de 6 moi. La loi organique de 2013 a
précisé que l’exercice de cette mission ne pouvait donner lieu au versement d’aucune
rémunération.
Il y a aussi des incompatibilités avec certaines activités professionnelles privées. Le cumul
n’est pas possible avec les fonctions de directions dans des entreprises nationales
(organismes qui reçoivent des aides financières spécifiques). Mais toutes les activités privées
ne sont pas incompatibles avec le mandat de parlementaire (médecin, agriculteur), mais des
restrictions importantes sont portées à l’égard de certaines professions (avocat). Il y a une
interdiction de faire certains actes qui pourraient les mettre en conflit avec l’intérêt public.
La loi organique du 15/09/2017 a durcit les restrictions concernant les activités de conseil et
d’avocat.
3. Les immunités
L’article 26 prévoit que les parlementaires bénéficient à la fois d’un régime spécial
d’irresponsabilité et d’inviolabilité.
a) L’irresponsabilité
En ce qui concerne l’irresponsabilité, il est indiqué à l’article 26 que aucun membre du
Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des
opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions. Le parlementaire ne pourra
pas craindre d’être poursuivi pour diffamation à propos d’un discours qui serait tenu dans
son assemblée.

102
DROIT CONSTITUTIONNEL

L’irresponsabilité des parlementaires est absolue (civile et pénale). Il faut ajouter que cette
irresponsabilité ne cesse pas avec la fin des fonctions parlementaires. Celui-ci peut toujours
s’en prévaloir pour ses propos qui sont tenu alors qu’il était en fonction. En revanche
l’irresponsabilité ne couvre pas les actes privés dès lors qu’ils sont commis en dehors de
l’exercice des fonctions. Dans ce cas, le parlementaire peut être poursuivi pour diffamation
ou pour des infractions pénales
b) L’inviolabilité
Des règles ont été formulées pour éviter que les adversaires politiques d’un parlementaire
ne l’empêchent de siéger ou ne le déstabilisent en engageant régulièrement des poursuites
alors que l’infraction pénale n’est pas démontrée. C’est l’inviolabilité parlementaire.
Elle ne concerne que les crimes et délits et non les contraventions et les poursuites.
Concrètement cela signifie qu’en cas de crimes et délits, une procédure spéciale est prévue
pour procéder à une arrestation. Le régime de cette inviolabilité parlementaire a été
réformé par la révision constitutionnelle du 04/08/1995. La philosophie d’ensemble de cette
réforme est de restreindre les privilèges des parlementaires, puisque des poursuites peuvent
être lancé sans qu’il soit nécessaire qu’au préalable d’obtenir une levée de l’immunité
parlementaire.
La situation est donc désormais la suivante : les mesures privatives de liberté ne peuvent
être décider par le juge qu’avec l’autorisation préalable du bureau de l’assemblée dont il fait
partie. En revanche les poursuites contre un parlementaire sont libres. Néanmoins
l’assemblée peut faire cesser aussi bien une mesure privative de liberté que des poursuites.
Une déchéance peut être prononcée par le Conseil Constitutionnel qui peut dans le cadre du
mandat parlementaire lorsque des délits ont été commis ou des actes répréhensibles qui
font l’objet d’une sanction judiciaire. Cela a été le cas dans la décision du 11/07/2019 du
Conseil Constitutionnel s’agissant d’une demande de déchéance de plein droit formulée par
le garde des Sceaux à propos de Robert Navarro dans sa qualité de membre du Sénat. Le
Conseil Constitutionnel a indiqué qu’il n’y avait pas lieu de statuer, puisqu’il a présenté sa
démission le 30/06/2019 après une condamnation par la cour d’appel de Montpellier.

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