Vous êtes sur la page 1sur 72

Cours Fonction publique

Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit


public FSJP/UCAD.

ECOLE NATIONALE D’ADMINISTRATION DU SENEGAL

E.N.A

COURS

FONCTION PUBLIQUE

CHARGE DE COURS

Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences


Assimilé, Enseignant chercheur au Département
de droit public FSJP/UCAD

ANNEE 2019-2021

1
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

PRESENTATION GENERALE
Il importe de faire certaines observations quant à l’objectif et les difficultés de l’enseignement
du cours du droit de la fonction publique au Sénégal.
1) L’objectif du cours :
Le cours « fonction publique » permetd’analyser les aspects généraux du droit de la fonction
publique de l’Etat et des collectivités territoriales au Sénégal.
L’accent sera mis principalement sur les fonctionnaires et les agents non fonctionnaires au
Sénégal.
Les autres questions relevant du droit administratif général peuvent servir de références sans
les détailler.
S’il est vrai que le cours constitue le principal instrument de travail, il doit toutefois être
complété et approfondi par des lectures personnelles. L’apprenant, au demeurant, doit
s’efforcer de savoir prendre des notes surtout avec une discipline en perpétuelle mutation dans
notre système institutionnel.
2) Le développement du cours
Les développements que nous proposons dans le cadre de ce cours seront plutôt pratique que
théorique. Nous essayerons, tout le long de nos développements, de mettre l’accent sur les
aspects pratiques qui aiderons les apprenants à comprendre le contenu des règles écrites et
jurisprudentielles qui fondent ce.
A ce propos, il faut retenir que le droit de la fonction publique dans le système sénégalais est
un droit relativement jeune et normatif.
3) Introduction du cours
Pour accomplir sa mission d’intérêt général, l’Etat dispose d’une administration composée
d’un ensemble de services publics, sans lesquels, on ne peut parler de fonction publique. Pour
assurer le fonctionnement de ces services, l’administration utilise un personnel nombreux et
divers, généralement appelés agents publics.
 La notion de fonction publique réserve plusieurs significations :
 Au plan organique
Elle désigne l’ensemble des personnels de l’administration soumis à un ou plusieurs régimes
juridiques.

2
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 Au plan matériel
La fonction publique est conçue comme une activité de nature originale par rapport à d’autres
activités.
 Deux définitions du concept de fonction publique
 Une conception restreinte
Sous ce rapport la fonction publique comprend les seuls fonctionnaires régis par les statuts
généraux.
 Une conception large
Dans ce cas la fonction publique est constituée de l’ensemble des agents publics de
l’administration, et des régimes juridiques qui leurs sont applicables. Cette conception est plus
proche de la notion de droit de la fonction publique au sens large.
 Le droit de la fonction publique
Par droit de la fonction publique, on peut entendre l’ensemble des règles et principes qui
régissent tout le personnel de l’administration.
 Le système sénégalais de fonction publique avant 1961
Le système est basé sur la loi n° 59-64 du 6 novembre 1959 portant statut général des
fonctionnaires du Mali. Ce texte s’applique à la fois aux agents des Etats membres de la
fédération et aux agents recrutés par la fédération.
 Le système sénégalais de fonction publique à partir de 1961
A travers la loi n° 61-33du 15 juin 1961 portant statut général des fonctionnaires, le
législateur sénégalais a élaboré une véritable charte de la fonction publique. Un texte ayant
vocation à régler les problèmes juridiques de la fonction publique.
Mais sa mise en œuvre a révélé des insuffisances qui ont poussé le législateur soit à prendre
d’autres textes complémentaires, soit a procédé purement et simplement à des modifications
pour l’adapter.
 Ainsi, le 18 janvier 1966 le législateur a pris deux textes :
- L’une pour soustraire du champ d’application du statut général, les magistrats,
les militaires et d’autres catégories d’agents.
- L’autre pour instituer le statut particulier dérogatoire du statut général
 La loi du 12 mars 1971, précise le champ d’application du statut général. La notion de
statut spécial est évoquée pour la première fois dans ce texte.

3
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 La loi n° 83-53 du 18 février 1983 introduit une grande réforme en vue de


l’amélioration de la gestion de la fonction publique.
Le cumul est ainsi interdit afin de moraliser la fonction publique, et le système de la notation
est amélioré. Les positions statutaires sont aussi aménagées en vue de l’efficacité du travail
administratif.
A ces dispositions s’ajoutent s’autres textes notamment le Décret n°74-347 du 12 avril 1974
portant statut des agents non fonctionnaires de l’Etat, les textes relatifs aux statuts spéciaux et
particuliers.

Aujourd’hui le législateur sénégalais est entrain de poser les base d’un droit de la fonction
publique locale à travers la loi n°2011- 08 du 30 mars 2011portant statut général des
fonctionnaires des collectivités locales et le Décret n° 2012-284 du 17 février 2012 fixant le
régime spécial applicable aux agents non fonctionnaires des Collectivités locales.

 Les grands systèmes de la fonction publique (la carrière et l’emploi)


 Le système de la carrière

C’est le système français de la fonction publique repris dans les pays d’Afrique noire
francophone. Dans un tel système, les fonctionnaires sont recrutés pour faire carrière dans
l'administration. Ils sont régis par un régime de droit différent de celui applicable aux
travailleurs du secteur privé.

 Les avantages
 bonne connaissance de l'administration
 expérience à la fonction
 le respect de la hiérarchie
 la stabilité de l'emploi.
 Les inconvénients
 L’installation de la routine
 La lenteur et lourdeur dans le traitement des affaires
 Absence d’efficacité

4
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 Le système de l’emploi

C’est le système qui est d’application dans les pays Anglo-saxon et repris dans beaucoup de
pays européens. C’est un système dans lequel l’administration ne compte pas sur un personnel
qui lui est propre et qui doit faire carrière. Le système est basé sur une administration ouverte
sur la société. Il n'y a pas de différence entre gestion de l'administration et celle des autres
secteurs. Le fonctionnaire n'est pas recruté pour occuper un emploi précis mais pour en
occuper un qui correspond à ses compétences.

 Les avantages
 Absence de lourdeur dans la gestion de la fonction publique
 Absence de complexité
 Plus de rendements
 Accumulation d’expérience

 Inconvénients
 Absence de culture de l’intérêt général
 La notion de subordination très limitée
 La mobilité grandissante des agents
 La recherche de profil

Toutefois, la différence entre le système de la carrière est celui de l’emploi n’est pas absolue.
Par soucis d’efficacité, de rapidité et de rentabilité, les Etats ne peuvent plus faire une
application rigoureuse d’un seul système.

Le professeur René CHAPUSaffirme qu’il existe de plus en plus « unetravaillisation » du


système de la carrière et une « carrièrisation » du système de l’emploi. Autrement dit, dans la
plus part des systèmes de carrière, il existe des pratiques assimilables au système de l'emploi.

De la même manière, dans le système de l'emploi, on recrute certains emplois importants des
agents appelés à faire carrière dans l'administration et le respect de certains principes dans le
recrutement que l’on retrouve généralement dans le système de la carrière.

5
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Première partie
Le système sénégalais de la fonction publique

TITRE I : Les sources du droit de la fonction publique

Le droit de la fonction publique, comme toutes les autres branches du droit, tire
fondamentalement sa source de la Constitution. Toutefois, il nécessite l’intervention du
législateur et du pouvoir règlementaire pour détermineret préciser les règles régissant les
fonctionnaires. Les fonctionnaires sont soumis à un statut constitué de textes législatifs et
réglementaires.

Chapitre I : Les sources constitutionnelles

La Constitution est un acte fondamental qui organise le service, fixe les principes
fondamentaux et les règles de compétences.

Section I : Les principes constitutionnels

De nombreuses dispositions de la Constitution et du préambule constituent une source directe


des règles du droit de la fonction publique sénégalaise.
Ces règles mettent plus l’accent sur le principe d’égalité qui est le principe fondateur du droit
de la fonction publique. Le principe d’égalité a été pris en charge par le constituant dans le
corpus et dans le préambule de la Constitution.
 Le corpus constitutionnel

L'article premier de la Constitution du 22 janvier 2001 modifiée précise que « la République


du Sénégal assure l'égalité de tous les sénégalais devant la loi ».

L'article 7 « Tous les êtres humains sont égaux devant la loi. Les hommes et les femmes sont
égaux en droit.

6
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions.

Il n'y a au Sénégal ni sujet, ni privilège de lieu de naissance, de personne ou de famille ».

L’article 25 prévoitle droit syndical et le droit de grève.

 Le préambule
 Le préambulefait référence aux droits fondamentaux qui sont d’application
directe en matière de fonction publique.

Il s’agit notamment du principe d’égalité contenu dans la Déclaration de 1789, dans la


Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948, dans la Convention
sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes du 18
décembre 1979 ainsi que dans la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples
du 27 juin 1981 ;

L'article 6 de la Déclaration de 1789 dispose que « tous les citoyens étant égaux sont
également admissibles à toutes dignités, places et aux emplois publics ».

L’article 21 alinéa 2 Déclaration 10 décembre 1948 stipule que « toute personne a droit
à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays ».1

L'article 23 de cette Déclaration prône le principe « à travail égal, salaire égal ».

 Le préambule a expressément mention ce principe à certains égards : par exemple


l'accès de tous les citoyens, sans discrimination, à l'exercice du pouvoir à tous les
niveaux et l'égal accès de tous les citoyens aux services publics.

Section II : Les règles de compétences

 Les compétences constitutionnelles du législateur


La Constitution est le statut qui détermine la répartition des compétences entre la loi et le
règlement : articles67 et 76 ainsi que la répartition des pouvoirs entre le Président de la
République, le Premier ministre et les ministres.
L'article 67 de la Constitution énumère les matières qui relèvent du domaine de la loi.
Le législateur est compétent pour fixer les règles relatives aux garanties fondamentales
accordées aux fonctionnaires civiles et militaires.

7
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Le législateur prévoit les principes fondamentaux concernant le droit syndical, le droit de la


sécurité sociale, le droit du travail ainsi que le régime de rémunérationdes agents de l'Etat. Les
lois de finances créent ou suppriment les emplois. Cette compétence du législateur permet
d'expliquer la présence de textes de nature législative dans le statut des fonctionnaires.
 Les compétences constitutionnelles du Président de la République
La Constitution donne compétence au Président de la République de nommer aux emplois
civils (article 44)et à tous les emplois militaires(article 45).

Chapitre II : Les sources législatives et règlementaires

Il s’agit des différents textes législatifs et règlementaires applicables aux fonctionnaires et aux
agents non fonctionnaires du Sénégal.

Section I : Les sources législatives

Les sources législatives du droit de la fonction publique concernent notamment le statut


général des fonctionnaires, les statuts spéciaux et d’autres textes législatifs applicables en
matière de fonction publique.

 Le statut général de la fonction publique

Selon le professeur Jean Marie Auby« la notion de statut renvoie à l’ensemble des règles
juridiques qui s’appliquent à l’activité professionnelle des fonctionnaires ».

Mais, le terme de statut peut désigner aussi les seuls textes législatifs.

Au Sénégal le statut est déterminé par la loi n° 61-33 du 15 juin 1961 portant statut
général de la fonction publique, modifiée.

 Le statut met un accent particulier sur :

- les obligations et les droits

- la subordination hiérarchique et les garanties reconnues aux fonctionnaires.

 Le statut détermine de manière générale :

8
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

- la notion de fonctionnaire

- les conditions générales de recrutement et le déroulement de la carrière

- la procédure disciplinaire.

 Les statuts spéciaux

Certains fonctionnaires sont soumis à des statuts dits spéciaux, en raison de la spécificité des
missions qui leurs sont confiées. La notion de statut spécial est généralement évoquée par
rapport au statut généal. Les statuts spéciaux sont des textes particuliers, auxquels on
applique à des fonctionnaires qui sont totalement ou partiellement en dehors du champ
d’application du statut général. Ils peuvent donc déroger totalement ou partiellement le
statut général.

Les statuts spéciaux prévoient des obligations qu’on impose aux fonctionnaires, qui
bénéficient en contrepartie d’avantages relatifs à la carrière et à la rémunération. Parmi les
fonctionnaires soumis à des statuts spéciaux on peut citer entre autres les enseignants des
universités, les inspecteurs généraux d’Etat, les militaires, les magistrats etc.

 Les autres textes législatifs en matière de fonction publique

Il s’agit principalement de la loi portant Code des pensions civiles et militaires de retraiteloi
n° 81-52 du 10 juillet 1981 modifiée par la loi n° 90-11 du 26 juin 1990, J. O. n° 5357 page
322 ; et par la loi n°2002-08 du 22 février 2002, J. O. n° 6038 page 1014 et enfin par la loi
n° 2003-23 du 20 août 2003.

Les fonctionnaires régis par le statut général sont en outre soumis à des statuts particuliers,
qui sont des textes de nature règlementaire.

9
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Section II : Les sources règlementaires

La constitution sénégalaise dispose expressément en son article 76 que « les matières


qui ne sont pas du domaine législatif en vertu de la présente Constitution ont un
caractère réglementaire ».

Sous ce rapport, le pouvoir règlementaire peut intervenir pour fixer des règles intéressant
la fonction publique.

En effet, l’autorité administrative a compétence pour prendre un décret précisant les


modalités d'application des dispositions du statut général ou pour appliquer le statut aux
différents cadres de fonctionnaires.

 Les statuts particuliers

La notion de statut particulier, ne doit pas être confondue avec celle de statut spécial, ou
de statut dérogatoire.

 Le statut particulier c’est le décret qui :


- organise un cadre de fonctionnaires ;
- précise les modalités d’application du statut général ;
- prévoie aussi le nombre de corps dans chaque cadre de fonctionnaires ;
- précise les catégories hiérarchiques dans lesquelles les corps sont classés ;
- fixe les dispositions particulières concernant chaque corps de
fonctionnaires.

Il existe au Sénégal plus d’une quarantaine de statuts particuliers.

 Illustrations
- Le statut particulier du cadre des fonctionnaires de l’administration
générale ;
- le statut particulier du cadre des fonctionnaires des affaires étrangères.

Le décret portant statut d’un cadre de fonctionnaires peut déroger au statut général si
celui-ci le prévoit.

10
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 Les décrets d’application du statut général


 Nature et réalité des décrets d’application

La loi peut subordonner l’application de certaines de ses dispositions par l’adoption de textes
règlementaires sans lesquels ces dispositions ne peuvent pas s’appliquer.

Nous retrouvons le même schéma dans la loi portant statut général des fonctionnaires dont
certaines dispositions renvoient à des décrets d’application.

Ces décrets déterminent les modalités d’organisation et fonctionnement de certains organes de


la fonction publique.

 illustrations

- Le décret n° 84-104 du 18 septembre 1984 relatif au Conseil supérieur de


la fonction publique ;
- le décret n° 73-737 du 7 août 1973portant dérogation au statut général sur
le principe de l’interdiction à tout fonctionnaire d’activités lucratives ;
- le décret du 19 février 1962 qui organise les commissions administratives
paritaires (C. A. P.) et les conseils de discipline (C. D.) ;
- le décret du 21 juin 1971 qui régit les stagiaires.

TITRE II :Les agents publics

L’administration, dans l’accomplissement de la mission d’intérêt général, emploie des


personnels divers et soumis à des régimes juridiques variés. Ce personnel est appelé « agent
public ».

Chapitre I : La notion d’agents publics


Le terme « agents public» désigne l’ensemble des personnels employés par une personne
morale de droit public.Au Sénégal, deux critères permettent de définir la notion d'agents
publics :
- critère organique l'emploi par une personne publique. Il s’agit ici de l’Etat, d’une
collectivité locale ou d’un établissement public.
- critère matérielpour l’accomplissement d’une mission d’intérêt général.

11
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Chapitre II : Les différentes catégories d’agents publics


Il existe deux catégories d’agents publics au niveau de l’administration:
- les agents fonctionnaires,
- les agents non fonctionnaires

L’étude du droit de la fonction publique renvoie aux agents fonctionnaires et aux agents non
fonctionnaires recrutés et gérés sous la responsabilité de l’Etat. La distinction entre ces
catégories statutaires implique une différence de régime juridique.

12
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Deuxième partie
La structuration de la fonction publique

TITRE I : Les agents du droit de la fonction publique

On distingue généralement les agents soumis au droit public et au droit administratif, et les
agents soumis au code du travail, donc au droit privé.

Chapitre I : Les agents fonctionnaires et les agents non


fonctionnaires
Selon Maurice HAURIOU « le fonctionnaire est un citoyen spécial soumis à un corps de
règles particulier qui le différencie des autres citoyens et des agents non fonctionnaires.

Section I : Les agents fonctionnaires

Paragraphe I : Définition du fonctionnaire


Aux termes de l’article 1 du Statut général « le fonctionnaire est toute personne nommée
dans un emploi permanent et titularisée dans un grade de la hiérarchie des corps de
l’Administration ».
 La nomination dans un emploi permanent
 L’acte de nomination
Le fonctionnaire est recruté par voie de nomination, c’est-à-dire, par un acte unilatéral de
l’autorité de nomination.
 La permanence de l’emploi
L’emploi occupé par le fonctionnaire est un emploi permanent.La permanence est un critère
essentiel. C’est la première condition de la qualité de fonctionnaire.
13
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Le fonctionnaire participe à l’exécution du service public, qui est une activité


permanente. En principe, le fonctionnaire doit occuper à titre permanent, un emploi lui-même
permanent.
Remarques
S’il est vrai que le fonctionnaire est nécessairement nommé dans un emploi
permanent, cela ne signifie pas que l’agent qui occupe un emploi permanent est
nécessairement un fonctionnaire. Les statuts peuvent prévoir des dérogations qui
permettent de pourvoir des emplois permanents par des non fonctionnaires.

 La titularisation.
 L’acte de titularisation
La titularisation est l’acte juridique (décret ou arrêté) qui attribue un grade à un fonctionnaire.
Elle confirme l’aptitude du fonctionnaire à occuper l’emploi. Elle permet au fonctionnaire
d’intégrer un corps de la fonction publique.
 La valeur de la titularisation
La titularisation est ainsi l’élément essentiel de distinction entre fonctionnaires et agents
publics non fonctionnaires. C’est l’intégration dans la hiérarchie d’un corps par la
titularisation qui confère la qualité de fonctionnaire.Conseil d’Etat français, 3 décembre
1971, Branger Dalloz 1978.
Après titularisation, le fonctionnaire est alors automatiquement soumis aux règles applicables
à ce corps.
Paragraphe II : La situation juridique du fonctionnaire
Au Sénégal, le fonctionnaire est à l’égard de l’administration dans une situation statutaire et
réglementaire. Cette situation juridique entraîne un certain nombre de conséquences.
 Le statut corps de règles pour le fonctionnaire
- Il s’applique d’autorité à l’agent fonctionnaire, il ne se discute pas ;
- Il est le même pour tous les agents occupant le même emploi ;
- Il ne peut y êtredérogé, ni par des mesures individuelles, ni avec le
consentement de l’intéressé.

14
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 Le pouvoir unilatéral de modification du statut par


l’administration
- L’administration peut modifier unilatéralement le statut à tout moment. Il n’y a
pas de droits acquis à son maintien.Ce pouvoir découle du principe
d’adaptabilité ou de mutabilité du service ;
- Le statut particulier peut aussi être modifié, mais seulement après avis du
conseil supérieur de la fonction publique, lorsque les dispositions modifiées
dérogent au statut général Conseil d’Etat français,22 avril 1966, Fédération
nationale des syndicats de Police.
 La violation du statut entrainant une sanction
Tout manquement aux obligations statutaires entraîne des mesures disciplinaires à l’égard du
fonctionnaire, qui peut le cas échéant, intenter un recours pour excès de pouvoir.
Si le fonctionnaire est alors dans une situation statutaire et réglementaire assez
particulière, les stagiaires qui sont des fonctionnaires en devenir, bénéficient eux aussi
d’une situation qui leur est propre.
Paragraphe III : Le cas des stagiaires
 Définition
Aux termes de l’article 26 du statut général« les stagiaires sont des agents de
l’administration nommés à un emploi permanent…, mais dont la titularisation dans un grade
donnant vocation définitive à occuper cet emploi n’a pas encore été prononcée ».
Cette définition est une reprise du décret français n° 49-1 239 du 13 septembre 1949
déterminant les dispositions communes aux fonctionnaires stagiaires de l’Etat.
Les stagiaires sont recrutés pour devenir des fonctionnaires, mais ils n’ont pas encore la
qualité de fonctionnaire.
 Les règles juridiques applicables aux stagiaires
C’est le décret n° 71-669 du 21 février 1971, J. O. du 17 juillet 1971 qui fixe les
dispositions applicables aux stagiaires.

15
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Section II : Les agents non fonctionnaires

Paragraphe I :Les catégories d’agents non fonctionnaires


 Avant le décret de 1974
Avant l’interventiondu décret n° 74-347 du 12 avril1974les agents non fonctionnaires au
Sénégal étaient répartis en trois catégories :
- Les auxiliaires ;
- les contractuels, liés à l’administration par un contrat écrit à durée
déterminée ou indéterminée ;
- les décisionnaires engagés sur simple décision du ministre de la fonction
publique.
 Avec le décret de 1974
 Tous les agents non fonctionnaires de l’Etat régis par le
Code du travail sont désormais soumis audécret n° 74-
347 du 12 avril1974 ;
 Les agents non fonctionnaires comprennent désormais
deux catégories :
- Des agents engagés par référence à un corps de fonctionnaires ;
- Des personnels de secrétariat, c’est-à-dire, les secrétaires dactylographes,
sténodactylographes, les secrétaires de direction.
 Les dérogations au décret 74-347
- Dudécret n° 99-908 du 13 septembre 1999 fixant les conditions générales
d’emploi et de rémunération des maîtres contractuels.
- Dudécret n° 2002-78du 29 janvier 2002 fixant les conditions générales
d’emploi et de rémunération des professeurs contractuels de l’enseignement.

16
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Paragraphe II : La situation juridique des agents non fonctionnaires


 L’existence d’un véritable statut
En droit sénégalais, les agents publics non fonctionnaires sont, contrairement à la France dans
une situation juridique plus homogène.
Autrement dit, leur situation juridique est celle de n’importe quel salarié vis-à-vis de son
employeur. Ils sont liés à l’Etat ou à leur collectivité d’appartenance par un contrat de travail.
 Le contenu du statut
- les conditions de recrutement sont plus souples ;
- la rémunération est un peu moins intéressante pour les avantages familiaux et
la retraite ;
- la stabilité de l’emploi n’est pas garantie.
 Un contentieux de droit privé
Les litiges pouvant les opposer les agents non fonctionnaires à leur employeur, relèvent en
principe des tribunaux du travail.

Chapitre II : L’entrée dans la carrière

La fonction publique est non seulement une construction juridique, mais aussi une réalité
sociologique, c’est-à-dire, un ensemble d’agents qui participent à la gestion des services
publics. Ces agents sont appelés à faire une carrière qui commence depuis leur recrutement
jusqu’à leur sortie dans la fonction publique.
Le recrutement des fonctionnaires obéit à un certain nombre de conditions et de principes qui
trouvent leur fondement dans les constitutions, les déclarations et les lois.

Section I: Les conditions d’entrée

Paragraphe I : Les conditions statutaires à remplir


Le statut général prévoit en ses articles 11, 20, 21 les conditions générales pour l’entrée dans
la fonction publique.
17
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Il peut y avoir des conditions particulières prévues par les statuts particuliers, mais les
conditions communes exigées des futurs fonctionnaires sont celles qui sont prévues par le
statut général.
 La nationalité
Pour être recruté, il faut être de nationalité sénégalaise. Il s’agit d’une condition classique qui
peut faire l’objet de dérogation. Il en est ainsi de la législation sur l’enseignement supérieur
qui permet le recrutement d’enseignants ressortissant d’un Etat africain francophone.
 La moralité
 La bonne moralité
Le statut emploi l’expression bonne moralité sans la préciser. Toutefois, on dit d’un agent
qu’il est de bonne moralité si sa moralité n’est pas douteuse. Pour cela une enquête de
moralité doit être menée avant l’accès à la fonction publique.
 La jouissance des droits civiques et politiques
Le fonctionnaire doit aussi jouir de ses droits civiques, c’est-à-dire avoir le droit de voter, le
droit d’être élu, ou même celui de pouvoir être choisi comme juge ou témoin devant une
juridiction. Le candidat qui aspire à entrer dans la fonction publique doit selon l’article 20
alinéa 3 du statut général être en position régulière vis-à-vis de l’armée.
 La capacité
La notion de capacité s’apprécie par la satisfaction de trois autres conditions :
 La capacité physique
Le candidat doit être physiquement apte pour l’exercice des fonctions, et doit être en bonne
santé pour éviter un congé de longue durée après son recrutement.
Remarques
Le juge sénégalais a décidé qu’un candidat qui se déplace à l’aide des béquilles ne
souffre pas d’une infirmité avérée incompatible avec la fonction d’enseignant.
Conseil d’Etat 29 juin 2000 Association nationale des handicapés moteurs du
Sénégal

18
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 L’âge du candidat
Le candidat doit être âgé de dix (18) ans au moins et trente-cinq (35) au plus depuis la loi n°
2002-09 du 22 février2002.
 La capacité intellectuelle et technique
Paragraphe II : Le principe de l’égale admissibilité auxemplois publics
C’est l’article 6 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui pose le
principe d’égale admissibilité de tous aux emplois publics. Ce principe interdit toute
discrimination autre que celle fondée sur les vertus et les talents.
Les hommes et les femmes sont à égalité pour l’accès à la fonction publique. De même des
considérations sociales (appartenances à une ethnie, à une race ou à une catégorie sociale
donnée) ne peuvent justifier l’exclusion d’un candidat de l’accès à la fonction publique. Mais
cette question est liée à l’interprétation que l’on donne au principe de laïcité. Toute personne
dont le recrutement risquerait de porter atteinte au principe de laïcité ou au principe de
neutralité de l’Etat peut être exclue de l’accès aux emplois publics. L’accès aux emplois
publics se fait sur la base de certains procédés.

Section II : Les procédés de recrutement

Le recrutement vise à pourvoir à des emplois budgétaires vacants, ou à des emplois


nouvellement créés. Le recrutement peut être un recrutementinterne lorsque par exemple
l’administration veut promouvoir des agents qui sont déjà dans la fonction publique. Il peut
être un recrutement externe, lorsqu’il est destiné à des personnes étrangères ou en dehors de
la fonction publique. Le recrutement peut être fait sur concours ou sur titre.

19
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Paragraphe I : Le concours
Le concours est un procédé qui permet d’opérer une sélection par ordre de mérite pour
pourvoir un nombre limité de places. Il est considéré comme le moyen technique le plus
approprié pour prévenir l’arbitraire et le favoritisme.
Au Sénégal, le concours est un mode de recrutement parmi tant d’autres. Il est dominé par le
principe d’égalité.
On distingue :
- les concours directs ou externes des concours professionnels ou internes ;
- les concours par épreuve du concours sur titre ou travaux.
 Organisation du concours
L’organisation du concours comporte différentes étapes prévues par le décret n° 63-293 du
11 mai 1963 qui fixe le régime commun des concours. J. O. du 1er juin 1963.
 l’ouverture du concours
L’administration apprécie librement l’opportunité d’ouvrir un concours. Elle a un pouvoir
discrétionnaire qui lui permet de décider librement d’organiser ou non un concours.Dans
l’arrêt Momar Diop et autres, Conseil d’Etat du Sénégal, 27 juillet 2000, le juge s’est
prononcé à l’occasion d’un pourvoi en cassation sur le pouvoir discrétionnaire de
l’administration qui apprécie l’opportunité d’organiser un concours.
L’arrêté portant ouverture d’un concours doit être publié au moins quatre mois avant la date
prévue pour le concours.
 le dépôt des candidatures et la liste des candidats
autorisés à concourir
Les candidats doivent remplir les conditions prévues par le statut général et le statut
particulier du corps de fonctionnaires auquel le concours donne accès. Le dossier de
candidature doit être déposé avant la clôture des inscriptions. L’administration procède à la
vérification de toutes les pièces des dossiers de candidature.
Les candidats dont les dossiers sont incomplets ou qui ne remplissent pas les conditions
statutaires sont écartés. Pour savoir si une candidature est recevable, l’administration vérifie
l’aptitude générale du candidat à occuper un emploi et sa capacité à exercer les fonctions
concernées.

20
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Après vérification d’usage, l’administration établit la liste des candidats autorisés à concourir.
Il n’appartient pas à l’administration d’apprécier les compétences des candidats. Ce travail
relève de la compétence du jury.
 Le déroulement des épreuves et du classement des
candidats
C’est au jury, organe collégial dont les membres doivent présenter des garanties d’impartialité
qu’il appartient de superviser les épreuves du concours, et de proclamer les résultats.
Le jury est désigné par l’autorité de nomination. Les membres du jury doivent être présents
jusqu’à la fin des épreuves. Le jury apprécie de façon souveraine la valeur des candidats.
Remarques
- L’administration n’a pas la possibilité de modifier les modalités d’un
concours après le début des épreuves. L’organisation du concours devient
intangible sauf si un texte prévoit le contraire. Cour suprême, 28 avril
1971, Issaga KEITA « dans cette affaire l’administration avait procédé
à la modification du nombre de places initialement prévues. Le juge
annula l’arrêté attaqué.
C. S. 20 mars 1985, SeydinaThiam, il s’agissait d’un recours pour excès e
pouvoir contre un arrêté portant modification d’un autre arrêté qui fixait le
nombre de places à un concours mais le recours était tardif.
- L’administration ne peut exclure un candidat après l’ouverture du
concours, parce que le candidat autorisé à concourir a des droits.

C. S. 13 février 1980, Sidy ArdoSow, le requérant invoquait la violation des textes


régissant les notes que le jury devait prendre en compte. Le juge a rappelé que
l’appréciation du jury sur la valeur des épreuves était discrétionnaire.
La liste des candidats admis est établie par ordre de mérite.
Le jury n’est pas toutefois obligé de pourvoir tous les postes en compétition. Il n’a pas non
plus à motiver ses délibérations Conseil d’Etat français 29 juillet 1973 Siban, Revue de
droit administratif n° 350.

21
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Le jury met la liste des candidats admis à la disposition de l’administration qui est tenue de
respecter le classement effectué. Cela signifie que les nominations devront suivre l’ordre de
classement effectué par le jury.
Remarques
Si un candidat est admis alors qu’il ne répondait pas aux conditions prévues,
l’administration ne procédera pas à sa nomination.
Cour suprême, 1er juillet 1987, MandickouKassé « Dans cette affaire le requérant avait
réussi le concours d’accès à la douane, alors qu’il ne remplissait pas les conditions de
moralité exigées puisse qu’ayant été radié de la gendarmerie pour faute lourde et
l’autorité avait refusé sa nomination ».
Cour suprême,15 juillet 1973, Yoro KANDE. « Dans cette affaire, les requérants avaient
réussi à un concours professionnel, mais ne remplissaient pas les conditions prévues par
les textes applicables. L’administration n’a pas procédé à leur nomination .

 Le contentieux du concours
Le contentieux du concours est un aspect important du droit de la fonction publique. On peut
le définir comme l’ensemble des règles juridiques qui régissent la solution par voie
juridictionnelle des litiges relatifs aux opérations du concours.
Dans ce type de contentieux le juge veille au respect des différentes règles de droit écrites
et non écrites auxquelles sont soumises les opérations du concours.
 Le contentieux du rejet de la candidature
Le juge de l’excès de pouvoir peut alors être saisi par un candidat dont la candidature a été
rejetée.
En l’espèce, le juge de l’excès de pouvoir exerce un contrôle sur la qualification
juridique des faits. Il se pose la question de savoir si le motif invoqué par
l’administration est de nature à justifier le rejet de la candidature ? Il s’agit d’un
contrôle normal. C’est le même type e contrôle que le C.E a utilisé le 29 juin, 2000, dans
l’affaire Association nationale des handicapés moteurs du Sénégal moteurs du Sénégal;
Voir aussi C. E. français 18 mars 1983, Mulsant AJDA 1983, p. 371 ; C.E 1O juin 1983
Raoult

22
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 Le contentieux de la composition du jury


Le juge peut également être saisi par un candidat qui conteste la composition du jury ou qui
met en cause l’impartialité d’un membre du jury.
Dans l’arrêt MagatteThiam rendu par la Cour suprême le 12 janvier 1977 le requérant
contestait la présence dans le jury d’une personne dont la désignation n’aurait pas été
régulière. La C. S. a annulé les opérations du concours pour irrégularité de la composition
du jury.
En principe, il n’y a pas de contrôle juridictionnel sur l’appréciation de la valeur des
candidats, et les résultats d’un concours. L’appréciation faite par le jury est discrétionnaire,
mais il peut arriver que le jury commette une erreur de droit ou de fait ou procède à un
détournement de pouvoir.Dans ce cas, le juge peut se prononcer.
 Le contentieux de l’illégalité des décisions liées au
concours
Un candidat qui a participé au concours peut en demander l’annulation en invoquant
l’illégalité d’une décision prise dans le cadre de ce concours.
En cas de recours juridictionnel, le juge peut annuler tout le concours pour s’intéresser à la
situation individuelle d’un candidat.
Les mesures qualifiées de mesures d’ordre intérieure ne sont pas susceptibles de recours pour
excès de pouvoir, mais peuvent être invoquées comme argument dans un recours ; C. S. 6
juillet 1979 Meissa Diouf.
Paragraphe II : Les autres modes de recrutement
 La constitution initiale d’un corps
En dehors du procédé de concours, l’administration peut utiliser d’autres procédés
conformément au statut général. Aux termes de l’article 24 alinéa 1, il peut être dérogé pour
la constitution initiale d’un corps, aux conditions normales de recrutement précitées.
Cependant, l’article indique que les fonctionnaires du nouveau corps doivent remplir les
conditions d’âge et de formation professionnelle équivalentes à celles exigées des
fonctionnaires du même grade. Parmi les autres procédés de recrutement il y a principalement
le tour extérieur.

23
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 Les autres cas


 Le tour extérieur
C’est un procédé d’accès direct à la fonction publique et pour lequel le gouvernement dispose
d’un large pouvoir d’appréciation. Il permet de recruter certains hauts fonctionnaires.
L’article 25 de la loi n° 87-18 du 3 août 1987 portant statut des inspecteurs généraux d’Etat
dispose en effet que le recrutement par tour extérieur s’effectue par décision du Président de
la République qui dans la limite des 2/5è de l’effectif du corps, peut nommer dans le corps des
inspecteurs généraux, des fonctionnaires, des magistrats ou officiers supérieurs des armées.
 Les emplois à la discrétion du gouvernement
Ces emplois permettent le recrutement de personnes à des postes sur la base d’un pouvoir
discrétionnaire de l’autorité de nomination. Les emplois dont il est question ont un régime
juridique spécifique. Il s’agit d’emplois sans grade ou statut. La nomination à ces emplois est
laissée à la discrétion de l’autorité compétente qui peut se fonder sur des critères politiques.
Généralement ces emplois imposent une obligation de loyalisme à l’égard du pouvoir. Les
agents susceptibles d’être nommés peuvent être des fonctionnaires ou non.
Les emplois laissés à la discrétion du Gouvernement sont des emplois pour lesquels, l’autorité
peut nommer une personne et la révoquer quand elle veut et pour tout motif.
C. S. 4 mai 1976, Amadou Lamine Diallo « le juge avait considéré que les fonctions
d’ambassadeur ne constituent pas un grade d’un cadre de la fonction publique, mais
un emploi à la nomination discrétionnaire du Président de la République ».

 Les emplois réservés


Pour des raisons tenant à des considérations sociales on réserve certains emplois à certaines
catégories de personnes qui auront une priorité ou qui bénéficient d’une priorité de
recrutement. Il peut en être ainsi pour les anciens militaires, pour les anciens combattants
ou pour les personnes vivant avec le handicap.

24
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Chapitre III: Le déroulement de la carrière

Le déroulement de la carrière d’un fonctionnaire débute avec la titularisation intervenue après


l’accomplissement de la formalité de stages d’une année dans l’administration.

Section I : Les préalables au déroulement de la carrière


Après le recrutement des futures fonctionnaires, l’administration procède généralement à leur
formation avant de procéder à leur nomination ou après les avoir nommés.
Paragraphe I : La formation
 La formation dans les écoles
La formation dans les écoles peut se dérouler dans les écoles nationales ou dans les écoles à
vocation internationale. Il peut arriver aussi que cette formation soit assurée dans le cadre des
écoles étrangères. Au Sénégal les écoles qui assurent la formation des fonctionnaires sont
surtout des écoles d’administration générale ou des écoles spécialisées. L’E.N. A. qui forme
de hauts fonctionnaires est une école d’administration générale. Les établissements de
formation spécialisée assurent une formation dans différents domaines comme l’économie,
l’agriculture, le développement social, les arts, e t c.
Dans certaines de ces écoles comme l’E.N.A. ou le C.F.J., les élèves sont considérés comme
des fonctionnaires stagiaires. Ils sont rémunérés et se voient attribués un numéro matricule.
Dans d’autres écoles les élèves sont considérés comme des boursiers. Le statut de l’élève qui
est un simple boursier et de l’élève qui est assimilé à un fonctionnaire stagiaire n’est
évidemment pas le même.
La formation dans les écoles ne semble pas suffire puisqu’après leur nomination, les futurs
fonctionnaires sont considérés dans l’administration comme des stagiaires.
 Les stages
C’est le décret n°71-669 du 21 juin 1971 qui fixe les règles applicables aux stagiaires de la
fonction publique. La durée du stage est d’une année, sauf cas particulier prévu par les statuts.
La durée peut faire l’objet de prolongement si l’administration après préavis de la
commission administrative paritaire estime que le fonctionnaire peut ne pas être encore
titularisé.

25
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

La Cour suprême a, dans l’arrêt Dame Yaye Katy Dieng du 6 avril 1973, précisé que la
décision, de prolonger un stage, ne pouvait pas être motivée par la participation du
stagiaire à une grève.

Le décret de 1971 fixe les dispositions concernant la durée du stage, la fin du stage, les
sanctions disciplinaires applicables aux stagiaires la rémunération, et les congés que le
stagiaire peut obtenir.
Paragraphe II : La nomination et la titularisation.
La nomination peut être entendue comme l’acte par lequel l’autorité compétente désigne
une personne dont les conditions légales et réglementaires ont été respectées, à occuper
un emploi public,alors que la titularisation est le titre juridique qui confère vocation à
occuper un emploi public.
La nomination et la titularisation sont donc deux actes non dépourvus de liens, mais ils se
distinguent dans leur signification.
 La nomination
L’acte de nomination émane de l’autorité compétente en la matière
 Les conditions de la nomination
- Conditions de forme
La publication au journal officiel
Notification, notification et publication dans la mesure où la nomination intéresse les tiers.
- Conditions de fond
Elles concernent essentiellement le ou les motifs de l’acte. L’autorité de nomination doit
pourvoir à un emploi vacant. La nomination ne doit être possible que s’il existe un emploi
vacant. Lorsque l’autorité de nomination nomme un agent dans le seul but de lui conférer un
grade auquel il n’a pas droit, la nomination est considérée comme un acte inexistant. Il en est
de même lorsque la nomination n’entraîne aucune affectation de l’agent à un emploi et
lorsque la nomination ne répond pas à un besoin de l’administration.

26
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Les nominations anticipées ou rétroactives sont irrégulières. La nomination joue pour l’avenir.
Aux termes de l’article 25 alinéa 2 du statut général, sauf dérogation spéciale constatée dans
l’acte de nomination… les nominations prennent effet à compter du jour de la signature.
Pour que la nomination soit effective, il faut que la personne nommée l’accepte dès l’édiction
de la décision. Elle emporte des conséquences.
 Les implications juridiques de la nomination
Les effets de la nomination commencent à se produire si l’agent ne rejoint pas son poste.
L’administration n’a pas à le révoquer ou à exiger de lui une démission. Le refus
d’acceptation est considéré comme une condition résolutoire. L’acte de nomination est un acte
créateur de droit. C’est un acte susceptible d’un recours pour excès de pouvoir pouvant être
introduit par toute personne proposée par un jury de concours ou par toute autre personne
remplissant les conditions légales de nomination. Le refus de nomination est un acte qui fait
également grief C. E. 26 janvier 1994 Alla Ngom ; Cour Suprême, 22 janvier 1975 Ousmane
Diallo. Une nomination irrégulière peut être retirée par l’administration conformément aux
principes et règles de retrait des actes illégaux.
Lorsque la nomination est une nomination pour ordre, c’est à dire ayant pour seul but de
donner un titre à son bénéficiaire, titre qu’il utilisera sans occuper l’emploi correspondant,
cette nomination est considérée comme un acte nul ou inexistant, et, le retrait peut intervenir
à tout moment.
Il en est de même lorsque la nomination est provoquée par des manœuvres frauduleuses de
l’intéressé. Les nominations irrégulières peuvent être annulées par le juge de l’excès de
pouvoir, mais les actes pris par l’agent dont la nomination a été annulée sont considérés
comme valables en application de la théorie du fonctionnaire de faite.
Lorsqu’un agent occupe un emploi sans avoir fait l’objet de nomination, l’administration peut
prononcer son éviction.
 La titularisation
La titularisation est l’attribution d’un grade dans la hiérarchie des corps de l’administration
donnant la qualité de fonctionnaire. L’acte de titularisation est un acte créateur de droit. Il
est contrôlé par le juge. Le refus de titularisation peut être attaqué devant le juge de l’excès
de pouvoir. Les mêmes règles de retrait sont applicables à l’acte de titularisation.

27
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Section II : La rémunération
La rémunération est considérée comme un avantage matériel pour le fonctionnaire. Il s’agit
d’un ensemble complexe qui obéit à un certain régime juridique.
Paragraphe I : Les éléments constitutifs de la rémunération
L’article 27 du statut général énumère les différents éléments qui constituent la
rémunération du fonctionnaire. Il s’agit :
 du traitement indiciaire,
 de l’indemnité de résidence,
 des suppléments pour charges familiales.
On peut ajouter au traitement des indemnités justifiées par des sujétions ou risques liés à
l’emploi, des indemnités différentielles selon la fonction occupée. Le législateur précise que
le régime de la rémunération ainsi que celui des indemnités est fixé par décret.
Parmi les différents éléments qui composent la rémunération nous avons :
 Le traitement indiciaire
Il dépend de l’emploi et du grade du fonctionnaire, il est calculé sur la base d’un indice.
Les indices de la fonction publique sont fixés par le décret n° 92-1196 du 19 août 1992.
Pour obtenir la solde indiciaire, on multiplie l’indice par la valeur du point indiciaire.
 L’indemnité de résidence
L’indemnité de résidence qui est la même pour tous les fonctionnaires et qui représente 14 %
de la solde indiciaire quel que soit le lieu d’affectation du fonctionnaire. Cette indemnité de
résidence doit être distinguée de l’indemnité de logement à laquelle certains fonctionnaires
n’ont pas droit.
 Le supplément spécial
Le supplément spécial représente 20% de la solde indiciaire. Cette indemnité est liée à
l’exercice de la fonction publique. Les suppléments pour charge de famille sont également des
éléments constitutifs de la rémunération.
A cela s’ajoute les heures supplémentaires, les primes de rendement ou de risque, les
compléments de cherté de la vie et toutes autres indemnités ou primes justifiées par la
fonction. Les différentes augmentations de salaire s’ajoutent à la rémunération.
28
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Mais il faut enfin tenir compte dans le calcul de la rémunération nette des retenues telles que
la cotisation au fond national de retraite, l’impôt sur le revenu ou le remboursement de prêts et
des avances perçues. Les rémunérations des fonctionnaires représentent une charge
importante dans les pays en voie de développement, pourtant les fonctionnaires sont rarement
satisfaits. La détermination du niveau des rémunérations, de la valeur du point indiciaire et
l’écart entre l’indice le plus bas et l’indice le plus élevé relève de la compétence de
l’administration.
 Le régime juridique de la rémunération
La rémunération du fonctionnaire présente dans une large mesure les mêmes caractères que la
pension de retrait. Ces caractères découlent en partie de sa nature juridique et de la règle du
service fait.
 Le caractèrestatutaire de la rémunération
- elle résulte de la situation légale et réglementaire du fonctionnaire ;
- elle ne donne pas lieu à une discussion,
- elle n’est pas négociée entre le fonctionnaire et l’administration ;
- elle est fixée de manière unilatérale et peut être unilatéralement modifiée.
La rémunération ne dépend pas du comportement du fonctionnaire ou de l’importance du
travail qui lui est confié. C’est pour cette raison qu’elle est considérée comme ayant un
caractère impersonnel.
 Le caractère hiérarchique de la rémunération
- elle est fonction de la place de l’agent dans la hiérarchie ;
- les avancements d’échelon et les avancements de grade entraînent une augmentation
de la rémunération.
Les problèmes posés par la rémunération sont sur le plan contentieux de la compétence du
tribunal régional.
 L’application de la règle du service fait
Le premier alinéa de l’article27du statut général précise que le fonctionnaire a droit à une
rémunération après service fait. Le fonctionnaire ne perçoit son traitement que pour le mois
écoulé. Il s’agit d’une dépense publique qui ne peut être liquidée qu’après engagement, c’est-

29
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

à-dire, qu’après vérification de la réalité de la liquidité et de la détermination du montant à


payer.
L’exécution du service fait du fonctionnaire un créancier de l’administration. En cas
d’absence sans autorisation préalable ou en cas de cessation de travail, le traitement peut être
suspendu. Lorsque le fonctionnaire fait l’objet d’une incarcération, son traitement peut être
également suspendu.

Section III :L’avancement des fonctionnaires

L’avancement est un avantage qui permet au fonctionnaire de progresser dans sa carrière et


d’améliorer sa situation à l’intérieur d’un corps. Le fonctionnaire est appelé à gravir les
différents degrés de la hiérarchie. C’est grâce à leur évaluation que l’administration apprécie
la valeur des fonctionnaires pouvant lui permettre certains avancements.
Paragraphe I : L’évaluation du fonctionnaire
C’est l’article 29 du statut général qui détermine les règles en matière d’évaluation.
 Le but de l’évaluation
L’évaluation qui a pour but de donner à l’administration les moyens de juger de la qualité des
fonctionnaires et de leur efficacité se traduit annuellement par une appréciation et une note
chiffrée attribuée à tout fonctionnaire en activité ou en détachement.
Jusqu’en 1997, l’appréciation générale était considérée comme un critère.La réforme de
1997 a distingué l’appréciation de la note chiffrée. Cette réforme qui visait la promotion du
professionnalisme était destinée à corriger le manque d’objectivité constaté dans la notation
des fonctionnaires.
 Les modalités de l’évaluation
L’article 29 du statut général répartit les fonctionnaires en trois groupes pour leur
évaluation. Il y a le groupe des personnels assurant des fonctions de direction ou de
supervision, le groupe des personnels exerçant des fonctions d’étude, de conseil ou de
contrôle et celui des personnels dont les fonctions sont des fonctions opérationnelles.
Cette répartition repose sur la nature des fonctions des agents. La note chiffrée est déterminée
sur la base d’un certain nombre de critères. Les critères relatifs aux qualités professionnelles,
au comportement au travail, et au rendement sont exigés des trois groupes de personnels.

30
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Concernant le premier groupe, il faut ajouter le critère tenant à l’aptitude à diriger. Pour le
deuxième groupe le critère de la créativité, et pour le troisième groupe, le critère de la
capacité d’initiative.
L’évaluation de chaque agent est effectuée par son chef de service. La note et l’appréciation
sont communiquées à l’agent par le chef de service direct. L’article 3, décret n°98-286 du 26
mars 1998, fixant les modalités d’évaluation des agents de l’Etat, J.O du 2 mai 1998, a
prévu un droit de recours du fonctionnaire auprès du chef de service qui relève de
l’autoritédirecte du ministre.
Remarques
C. E. français, 23 novembre 1962, Camara « le fonctionnaire la possibilité de contester la
notation devant le juge de l’excès de pouvoir, mais il doit le faire dans les deux mois
suivant sa notification. Passé ce délai, il ne pourra la contester pendant une autre instance
relative à une autre note.
L’évaluation du fonctionnaire qui figure sur une fiche d’évaluation est portée à son dossier
personnel. L’évaluation permet de statuer sur l’avancement du fonctionnaire.
Paragraphe II : Les différents modes d’avancement
L’avancement équivaut à une promotion qui permet aux fonctionnaires d’améliorer
constamment leur situation financière. Selon l’article 31 du statut général, l’avancement
comprend l’avancement d’échelon et l’avancement de grade.
 L’avancement d’échelon
L’avancement d’échelon qui se traduit par une augmentation de traitement est fonction de
l’ancienneté du fonctionnaire. Au Sénégal, l’avancement d’échelon est automatique. Dans
d’autres pays il peut être combiné avec l’avancement au mérite. C’est dans les statuts que son
précisés le nombre d’échelons dans chaque grade et le nombre d’années à passer dans chaque
échelon. L’avancement d’échelon est constaté par l’autorité administrative qui a pouvoir de
nomination.
Pour les agents non fonctionnaires engagés par référence à un corps de fonctionnaires,
l’avancement d’échelon se fait en suivant l’ancienneté exigée pour les fonctionnaires du corps
de référence. Pour le personnel de secrétariat ou les autres agents non fonctionnaires, le
passage d’un échelon à un autre se fait en respectant les conditions posées par les décrets qui
leurs sont applicables.

31
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 L’avancement de grade
L’avancement de grade implique une progression plus importante que l’avancement
d’échelon. Le fonctionnaire bénéficie certes d’une augmentation de son traitement, mais le
passage d’un grade au grade supérieur lui donne vocation à un emploi, à des responsabilités
plus grandes et à changer d’emploi.
L’avancement de grade n’est pas considéré comme un droit. A la différence de
l’avancement d’échelon, l’avancement de grade se fait après sélection. Plusieurs techniques
peuvent être utilisées, mais dans tous les cas l’administration doit tenir compte du mérite des
agents.
Au Sénégal, c’est la procédure du tableau d’avancement qui permet de procéder aux
avancements de grade. Cette technique introduit des mécanismes de garantie dans la
promotion des fonctionnaires en faisant participer les représentants des fonctionnaires dans le
cadre des commissions administratives paritaires appelées à siéger comme commission
d’avancement.
L’avancement de grade n’est possible que pour les fonctionnaires inscrits au tableau
d’avancement. Ce tableau doit être établi avant le 15 décembre de chaque année après avis
de la commission administrative paritaire siégeant en commission d’avancement. Le
tableau qui est arrêté par l’autorité de nomination prend effet à partir du 1er janvier de
l’année suivante et n’est plus valable à la fin de l’année.
L’établissement du tableau d’avancement suppose un examen approfondi de la valeur
professionnelle des agents susceptibles d’être proposés compte tenu des notes obtenues et des
propositions émanant de l’autorité de nomination. Le classement des fonctionnaires se fait par
ordre de mérite. La promotion doit suivre l’ordre du tableau. Les tableaux d’avancement font
l’objet d’une publication au Journal Officiel dans les quinze jours suivant leur établissement.
L’épuisement du tableau d’avancement avant la fin de l’année entraîne l’établissement d’un
tableau supplémentaire.
Le fonctionnaire qui bénéficie d’un avancement de grade et qui refuse le nouvel emploi
qui lui est proposé peut être radié du tableau d’avancement. Si le fonctionnaire peut ainsi
bénéficier d’avancement durant sa carrière, il peut être placé dans différentes positions
conformément aux statuts généraux.

32
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Section IV :Les positions statutaires du fonctionnaire

La position est une situation qui permet de caractériser le lien existant entre l’administration
et le fonctionnaire. Le statut prévoit quatre principales positions. Il s’agit selon l’article 55 de
la position en activité, en service, détaché, en disponibilité, et sous les drapeaux. Le
fonctionnaire est obligatoirement placé dans une position donnée, c’est-à-dire dans une
situation juridique précise.
La position sous les drapeaux est celle du fonctionnaire qui demande à suivre une formation
militaire ou qui désire accomplir une période de réserve ou d’investiture. Dans le premier cas,
le fonctionnaire ne reçoit plus son traitement d’activité. Il a droit à une solde militaire. Dans le
second cas, le fonctionnaire bénéficie d’un congé rémunéré. Les positions les plus courantes
sont l’activité, le détachement et la disponibilité.
Paragraphe I : La position d’activité
C’est la position de principe, c’est-à-dire la position normale ou celle occupée habituellement
par le fonctionnaire. Le statut général définit la position d’activité en son article 56 comme la
position du fonctionnaire qui régulièrement titulaire d’un grade exerce effectivement les
fonctions de l’un des emplois correspondants, soit qu’il soit affecté dans un service relevant
de l’autorité ayant pouvoir de nomination, soit qu’il soit mis à la disposition d’une autre
autorité administrative. La mise à disposition consiste alors pour le fonctionnaire à demeurer
dans son corps d’origine ou cadre d’emploi dans lequel il occupe un emploi et continue à
percevoir la rémunération correspondante, tout en effectuant son service dans une autre
administration que la sienne.
Remarques
Le fonctionnaire en activité peut faire l’objet de mutation en fonction des besoins du service. Conseil d’Etat
Sénégal, 30 juillet 1997, Tidiane DRAME. Dans cette affaire, le requérant a introduit un recours pour excès
de pouvoir contre une note de service d’une autorité administrative portant affectation. Le juge a rappelé que
la mesure prise dans le cadre de l’organisation générale du service portant affectation de cent seize (116)

33
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

agents dont le requérant est un acte non susceptible de recours pour excès de pouvoir ».

Le fonctionnaire dans le cadre de sa position d’activité a droit à des congés. L’article 58 du


statut général assimile les congés ainsi que certaines situations à la position d’activité. C’est
le décret n° 63-116 du 19 février 1963 J o n° 3591 du 30 mars 1963, modifié par le décret
n° 65-346 du 20 mai 1965 qui fixe le régime des congés des fonctionnaires.
Les congés avec rémunération sont :
1° Le congé annuel de trente jours,
2° Le congé de maternité,
3° Le congé de maladie,
4° Le congé de longue durée,
5° Le congé pour examen qui ne peut dépasser deux mois.
Les cas de congé sans rémunération sont :
- le congé de viduité,
- le congé pour affaire personnelle qui peut durer six mois.
Le fonctionnaire en activité peut bénéficier d’autorisation spéciale d’absence lorsqu’il exerce
une fonction publique élective ou des fonctions de représentation syndicale ou lorsqu’il se
présente à une élection politique.
Le fonctionnaire peut également bénéficier de permissions exceptionnelles pour absences
justifiées par des raisons d’ordre social. Un décret doit déterminer les cas dans lesquels un
fonctionnaire peut être exceptionnellement maintenu par ordre sans affectation. La seconde
position prévue par le statut général est la position en service détaché.
Paragraphe II : Le détachement
Le détachement est l’une des positions statutaires à typiques des fonctionnaires qui participe
plus que d’autres à l’amélioration de leur situation durant leur carrière. Il leur permet
généralement de percevoir une rémunération supérieure à celle que leur accorde leur corps
d’origine. Il peut même bénéficier d’avancement dans le corps où il est détaché. C’est ce qui
ressort de l’article 62 du statut général qui définit le détachement comme la position du
fonctionnaire placé hors de son cadre d’origine, mais continuant à bénéficier dans ce cadre de
ses droits à l’avancement et à la retraite. Le statut général prévoit différents cas de
détachement et précise le régime juridique du détachement.

34
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 Les cas de détachement


Un fonctionnaire peut selon l’article 64 du statut général être détaché auprès d’un
établissement public ou semi public de l’Etat, auprès d’une collectivité locale, auprès d’une
autre administration pour exercer des fonctions différentes de celles qu’il exerçait dans son
cadre d’origine.
Un fonctionnaire peut faire l’objet de détachement pour exercer des fonctions de membre du
gouvernement ou pour assumer une fonction publique élective.
Le détachement peut également être prononcé lorsqu’un fonctionnaire exerce des fonctions
syndicales qui l’empêchent d’assumer correctement ses missions. Enfin les fonctionnaires
peuvent être détachés pour servir dans une organisation extérieure ou auprès d’un Etat
étranger.
 Le régime juridique du détachement
Le détachement est toujours révocable dans l’intérêt du service. Le détachement est prononcé
soit sur demande du fonctionnaire, soit d’office par l’autorité administrative compétente. Le
détachement est prononcé d’office dans le cas où le fonctionnaire est appelé à servir auprès
d’une autre collectivité publique. Le détachement peut être un détachement de courte durée,
ou un détachement de longue durée. Le détachement de courte durée ne peut dépasser un an,
et n’est pas renouvelable.
Le détachement de longue durée ne peut dépasser cinq ans. Il peut être renouvelé une fois s’il
a été prononcé sur la demande du fonctionnaire. Il est indéfiniment renouvelable s’il est
prononcé à l’initiative de l’administration. Il existe donc un détachement qui peut être
prononcé sur demande du fonctionnaire, et un détachement qui est prononcé d’office par
l’administration dans certains cas.
Le fonctionnaire qui est placé en position de détachement est soumis aux dispositions
législatives et réglementaires qui régissent l’emploi du détachement. Il est rémunéré par
l’organisme qui gère le nouvel emploi. Cette rémunération dépend du grade du fonctionnaire
dans son cadre d’origine. On peut y ajouter éventuellement des indemnités de fonction. Mais
lorsque le fonctionnaire est détaché auprès d’un Etat étranger ou d’une organisation

35
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

internationale, ou pour devenir membre du gouvernement, sa rémunération et ses indemnités


sont conformes à la rémunération et aux indemnités en vigueur dans le nouvel emploi.
Le détachement est accordé au fonctionnaire qui a déjà effectué au moins cinq (5) années de
service effectif dans son corps. Echappe à cette condition le fonctionnaire détaché pour être
membre du gouvernement, député ou ambassadeur.
Le statut général précise que le nombre de fonctionnaires détachés ne doit pas dépasser 10%
de l’effectif du corps. Le détachement est révocable dans l’intérêt du service, mais le
fonctionnaire en position de détachement peut demander à l’administration de mettre fin à son
détachement.
Dans le cas du détachement de courte durée, le fonctionnaire sera réintégré dans son emploi
d’origine à la fin du détachement. S’il avait déjà été remplacé, il sera affecté à un emploi
similaire.
En cas de détachement de longue durée, le fonctionnaire sera réintégré dans son
administration d’origine dès la première vacance de poste. Le fonctionnaire dont le
détachement est révoqué est intégré immédiatement à condition de n’avoir commis une faute
entraînant la fin anticipée de son détachement.
Paragraphe III : La disponibilité
La disponibilité est définie par l’article 76 du statut général de la fonction publique comme
la position du fonctionnaire qui, placé hors cadre de son administration d’origine cesse de
bénéficier dans cette position de ses droits à l’avancement et à la retraite. Il existe différents
cas de disponibilité.
 Les cas de disponibilité
Le statut général a prévu un seul cas de disponibilité d’office pour le fonctionnaire qui, à la
suite d’un congé de maladie de longue durée, n’est pas en mesure de reprendre son service à
la fin de son congé. Il est mis d’office en disponibilité.
La disponibilité peut aussi être prononcée sur la demande du fonctionnaire. Un fonctionnaire
peut demander une disponibilité en cas d’accident ou de maladie grave de son conjoint, ou de
son enfant, pour entreprendre des études, ou des recherches dont l’intérêt général est reconnu,
pour s’engager dans une formation militaire, pour exercer une activité dans une entreprise
publique ou privée, et pour toute raison jugée valable par l’administration à condition que le
fonctionnaire respecte les motifs qui ont fondé sa mise en disponibilité.

36
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Une disponibilité spéciale est prévue pour la femme fonctionnaire qui souhaite suivre son
époux dont la profession s’exerce ailleurs ou qui souhaite s’occuper d’un ascendant âgé de
soixante-dix (70) ans accomplis. La femme fonctionnaire qui a au moins deux enfants dont,
l’un est frappé d’infirmité et l’autre a moins de dix ans peut demander une disponibilité.
La disponibilité demandée par le fonctionnaire pour exercer une activité dans une entreprise
publique ou privée est soumise à une condition. Le législateur exige en effet que la
disponibilité soit compatible avec les nécessités du service, que l’activité présente un
caractère d’intérêt général, que le fonctionnaire ait accompli au moins cinq années de service
effectif. On peut ajouter la condition qui interdit au fonctionnaire concerné d’avoir au cours
des cinq dernières années exercé un contrôle sur l’entreprise ou passer des marchés avec cette
entreprise dans le cadre de ses fonctions.
 Le régime juridique de la disponibilité
La durée de la disponibilité est variable. La disponibilité d’office peut durer un an
renouvelable une ou deux fois. La disponibilité prononcée en faveur de la femme
fonctionnaire peut être renouvelable autant que nécessaire. Dans tous les cas, la durée
maximale de la disponibilité est de trois ans renouvelable une fois, deux fois, trois fois selon
les cas.
Le fonctionnaire mis en disponibilité d’office pour raison de santé continue à percevoir la
moitié de son traitement pendant six mois. Après cette période, il n’aura droit qu’au
supplément pour charges familiales. Le fonctionnaire en position de disponibilité doit
demander sa réintégration deux mois au moins avant la fin de la disponibilité. S’il ne respecte
pas cette condition, il sera considéré comme démissionnaire.
Le fonctionnaire en disponibilité pour raison de santé sera licencié ou mis à la retraite s’il
n’est pas en mesure d’être réintégré à la fin de sa disponibilité.

Section V :La fin de la carrière du fonctionnaire

37
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

La carrière des fonctionnaires s’achève avec la cessation définitive de leurs fonctions. La


cessation définitive des fonctions marque la sortie dans la fonction publique qui se traduit
selon plusieurs modalités prévues par les statuts qui les régissent.
Le statut général de la fonction publique prévoit les différents cas de cessation définitive des
fonctions. Il s’agit de la démission, du licenciement, de la révocation, de l’admission à la
retraite, et de la perte de la nationalité. Mais la nationalité étant une condition d’accès à la
fonction publique, sa perte entraîne la radiation de la personne considérée des cadres de la
fonction publique. La carrière du fonctionnaire peut prendre fin avant l’âge de la retraite ou
avec la retraite.
Paragraphe I : La fin de la carrière avant l’âge de la de la retraite
Même si le fonctionnaire est appelé à rester dans l’administration durant toute sa carrière
professionnelle, on ne peut pas imposer à l’administration de garder un fonctionnaire qui fait
preuve d’insuffisance professionnelle ou d’incapacité physique. Le fonctionnaire qui commet
une faute grave peut également faire l’objet de radiation. Le statut général permet au
fonctionnaire qui souhaite quitter la fonction publique de le faire en respectant les dispositions
applicables à la démission.
 La cessation des fonctions sur demande du fonctionnaire
Le fonctionnaire peut décider de mettre fin à sa carrière en adressant à l’administration une
demande de démission.
La demande doit être acceptée de manière régulière, autrement dit, le fonctionnaire doit
présenter sa démission par écrit uniquement, et celle-ci ne sera effective qu’après que
l’administration l’aura acceptée.Aux termes de l’article 88 du statut général « la démission
ne peut résulter que d’une demande écrite de l’intéressé marquant sa volonté non
équivoque de quitter les cadres de son administration ou service ».Toujours selon
l’article 88 la démission n’a d’effet qu’autant qu’elle est acceptée par l’autorité investie du
pouvoir de nomination, et prend effet à la date fixée par cette autorité. L’article 88 dégage
donc des conditions et des effets de la démission.
Le fonctionnaire qui veut démissionner adresse une demande écrite à l’administration qui
doit accepter la démission, mais qui peut la refuser. L’autorité saisie doit se prononcer
dans le délai d’un mois. Elle tient compte de l’intérêt du service. Son pouvoir est
discrétionnaire. En cas de refus implicite ou explicite de l’administration, la personne

38
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

concernée peut s’adresser à la commission administrative paritaire dont l’avis motivé sera
soumis à l’autorité administrative compétente. La démission n’est effective qu’à compter de la
date fixée par l’administration.
Le fonctionnaire qui cesse ses fonctions, avant l’expiration du délai de réponse imparti à
l’administration, sera licencié. Dès son acceptation, la démission devient irrévocable. Le
fonctionnaire est immédiatement radié des cadres.
Le code pénal interdit les démissions concertées. La démission ne met pas le fonctionnaire à
l’abri de poursuites disciplinaires si les faits à sanctionner sont découverts après l’acceptation
de la démission.
 La cessation des fonctions à l’initiative de l’administration
Il existe plusieurs cas de cessation des fonctions à l’initiative de l’administration.
 Le licenciement
C’est une mesure administrative. Le statut général prévoit dans différents articles la
possibilité de licencier des fonctionnaires. L’article 91 du statut général évoque le
licenciement pour suppression d’emploi. En effet, les fonctionnaires occupant des emplois
permanents supprimés peuvent être licenciés sur la base d’un décret de dégagement de
cadres. Ce décret prévoit les conditions de préavis et d’indemnisation des intéressés.
L’article 92 du statut général est relatif au licenciement pour insuffisance professionnelle.
Le fonctionnaire n’est pas véritablement sanctionné. L’autorité administrative compétente
constate que l’agent ne peut plus servir, qu’il n’en a plus la capacité, il sera soit reclassé, soit
mis à la retraite, soit licencié. Le licenciement doit être précédé des formalités prévues en
matière disciplinaire. C’est un décret qui détermine les conditions d’indemnisation du
fonctionnaire licencié pour les fonctionnaires de la hiérarchie A.
L’article 79 du statut général porte sur le licenciement pour incapacité physique.Le
fonctionnaire qui n’est pas en mesure de reprendre son service après une disponibilité justifiée
par des raisons de santé, est licencié ; et s’il a droit à une pension de retraite, il peut être mis à
la retraite. En définitive, le licenciement n’est jamais une sanction disciplinaire.
 La révocation
C’est une sanction disciplinaire.Elle intervient qu’après le respect de la procédure
disciplinaire. La révocation peut être prononcée avec ou sans suspension des droits à pension.

39
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Si la carrière du fonctionnaire peut prendre fin exceptionnellement avant l’âge de la retraite,


elle cesse en général avec l’âge de la retraite.

Paragraphe II : La fin de la carrière pour cause de retraite


L’admission à la retraite est le mode normal de cessation des fonctions pour un fonctionnaire.
L’admission à la retraite place le fonctionnaire dans une situation déterminée.
 L’admission à la retraite
Lorsqu’un fonctionnaire atteint la limite d’âge fixée par les textes, il est obligatoirement
admis à la retraite. La limite d’âge est fixée par la loi n° 81-52 du 10 juillet 1981 et modifié
par la loi n° 2002-03 du 10 janvier 2002 portant code des pensions civiles et militaires de
retraite. Aux termes de l’article 2 de cette loi, l’admission à la retraite intervient d’office le
premier jour du mois suivant celui au cours duquel les intéressés atteignent la limite d’âge qui
leur est applicable.
Le lien qui unit l’agent à la fonction publique est automatiquement rompu. La compétence de
l’administration est une compétence liée. Elle doit prendre une décision qui met l’agent à la
retraite. Ce dernier ne sera plus soumis aux dispositions qui régissent le corps auquel il
appartient.
 La situation du retraité
Le fonctionnaire retraité a en principe droit à une pension de retraite. Il est également soumis
à certaines obligations.
 Le droit à une pension de retraite
La pension de retraite est un revenu que perçoit le fonctionnaire admis à la retraite.
Le fonctionnaire admis à la retraite pour ancienneté de service à droit à une pension
d’ancienneté si en plus de la condition d’âge, il totalise trente années de service effectif.
Condition réduite à vingt-cinq années de service pour les fonctionnaires qui ont passé au
moins quinze années dans un emploi présentant un risque particulier ou de fatigue
exceptionnelle.
 Les obligations du retraité
Le fonctionnaire admis à la retraite n’est plus en activité, mais il reste soumis à certaines
obligations pesant sur les fonctionnaires. Il en est ainsi de l’obligation de réserve pour les

40
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

fonctionnaires ayant assuré d’importantes responsabilités ou pour les fonctionnaires qui ont
pu détenir des informations sensibles.
Le fonctionnaire admis à la retraite est soumis à l’interdiction d’exercer certaines activités.
Les activités ainsi que les délais d’interdiction doivent être précisés par décret.
Le retraité qui ne respecte pas les interdictions qui lui sont faites peut subir des retenues sur sa
pension ou perdre ses droits à pension. Ces sanctions seront prononcées après avis de la
commission administrative paritaire du corps auquel appartient le fonctionnaire

Chapitre IV : Les libertés, les obligations et les droits du fonctionnaire

Si le fonctionnaire est avant tout un citoyen, il est comme l’a dit Hauriou un citoyen spécial.
Il bénéficie d’une situation juridique propre qui détermine dans une large mesure ses libertés,
ses droits et ses obligations.

Cette situation qui se justifie par le fait que le fonctionnaire participe à l’exécution du service
public, explique que celui-ci soit soumis à des contraintes particulières. Il s’agit de contraintes
particulièrement lourdes qui tiennent des nécessités du service public. Il a fallu équilibrer ces
contraintes et obligations par la reconnaissance de certains droits et avantages aux
fonctionnaires. Le fonctionnaire peut se voir reconnaître les mêmes droits et libertés que les
citoyens, mais pour éviter un conflit entre l’exercice de ces droits et libertés et les exigences
du service public, il est parfois nécessaire de prévoir un aménagement des droits et libertés du
fonctionnaire.

Section I :Les libertés individuelles du fonctionnaire

Les libertés individuelles du fonctionnaire sont reconnues et juridiquement protégées. Les


textes constitutionnels, les déclarations universelles relatives aux droits de l’homme et aux
libertés publiques ne font pas de distinction entre les fonctionnaires et les autres citoyens dans
la définition des libertés. Les deux libertés individuelles sur lesquelles l’accent sera mis sont
la liberté d’opinion et la liberté d’expression.
41
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Paragraphe I : La liberté d’opinion

Le principe de la liberté d’opinion trouve son fondement juridique dans la déclaration des
droits de l’homme et du citoyen de1789. Aux termes de l’article 10 le fonctionnaire
comme tout citoyen, ne doit être inquiété pour ses opinions. Aujourd’hui la liberté d’opinion
politique, religieuse, philosophique est reconnue aux fonctionnaires par les textes qui
régissent la fonction publique.

La Constitution sénégalaise fait référence à la déclaration de 1789. L’article 17 du statut


général interdit dans son dernier alinéa de faire mention dans le dossier du fonctionnaire de
ses opinions politiques, philosophiques ou religieuses. L’administration ne peut prendre
aucune mesure en considération des opinions du fonctionnaire. Le fonctionnaire doit en
contrepartie faire preuve de neutralité dans l’exercice de ses fonctions. La liberté d’opinion ne
peut vraiment exister sans la liberté d’expression.

Paragraphe II : La liberté d’expression

La manifestation de la liberté d’opinion, ou encore l’expression pratique des opinions qui met
en cause la liberté d’expression est un problème délicat en matière de fonction publique.
Certains se sont demandé si le fonctionnaire a le droit d’exprimer ses opinions ? C’est cette
question qui est à la base du problème de la liberté d’expression du fonctionnaire.

Dans le cadre du service, le fonctionnaire est soumis à une obligation de neutralité. Il lui
est interdit de manifester ses opinions. Le principe de neutralité du service public est
étroitement lié au principe d’égalité. Le fonctionnaire doit faire preuve de discrétion et de
réserve dans le cadre du service. L’extériorisation des opinions risque de porter atteinte au
principe de subordination hiérarchique, et entraîner des difficultés dans le fonctionnement du
service.

En dehors du service, le fonctionnaire est en principe libre d’exprimer ses opinions comme
n’importe quel citoyen. Il a le droit de participer à des manifestions autorisées. Il a le droit de
prendre la parole au cours d’une réunion. Mais le fonctionnaire est soumis à une obligation de
réserve dans l’expression de ses opinions. Il est soumis à une obligation de réserve parce qu’il

42
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

doit éviter tout ce qui pourrait mettre en cause la neutralité du service ou l’autorité de son
supérieur hiérarchique.

L’obligation de réserve qui a été très tôt consacrée par la jurisprudence française est définie
par certains auteurs comme l’obligation faite au fonctionnaire d’user de la mesure et de
la retenue à l’occasion de l’expression publique de ses opinions.

La liberté d’expression est donc limitée par l’obligation de réserve. L’obligation de réserve est
sérieusement appréciée dans le service. C’est une obligation qui varie selon le poste occupé,
selon la nature des fonctions et selon le degré de responsabilité.

Les hauts fonctionnaires sont soumis à une obligation de réserve très forte. L’obligation est
ainsi très forte pour tous ceux qui participent à l’action gouvernementale, pour les
militaires, les magistrats, les diplomates. Elle est relativement faible pour d’autres
fonctionnaires. Les responsables syndicaux ne sont pas inquiétés pour certains de leurs
comportements.

Un acte contraire à une obligation de réserve peut entraîner une sanction disciplinaire. On
critique souvent la notion d’obligation de réserve dans la mesure où elle entraîne une certaine
autocensure chez les fonctionnaires.

La Cour suprême avait rendu le 23 mars 1966,BabacarLô et Abdou Salam Diallo une
décision très intéressante sur l’obligation de réserve.

Le juge avait estimé que les faits reprochés à BabacarLô, c’est-à-dire une activité
politique soutenue dans le service constituait un manquement grave à l’obligation de
réserve.

Concernant Abdou Salam Diallo, la Cour a considéré que compte tenu de


l’ensemble du dossier et du grade modeste de l’intéressé auquel aucune activité
politique dans le service n’est reprochée, il n’apparaît pas qu’Abdou Salam Diallo ait
manqué à l’obligation de réserve qui s’imposait à lui

43
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Section II :Les droits du fonctionnaire

Le statut général soumet aux fonctionnaires à des obligations tout en leur accordant de
nombreux droits individuels et collectifs ; Parmi ces droits, il y a des droits collectifs tels le
droit syndical, le droit de grève et d’autres droits comme le droit à la protection, le droit
au traitement.

Paragraphe I : Les droits collectifs

Parmi les droits collectifs des fonctionnaires, le droit syndical et le droit de grève sont les plus
importants.

L’article 25 de la Constitution reconnaît aux fonctionnaires le droit syndical et le droit de


grève. Le statut général réglemente le droit syndical et le droit de grève.

 Le droit syndical

La Constitution permet au travailleur d’adhérer à un syndicat et de défendre ses droits par


l’action syndicale. C’est l’article 7 du statut général qui vient préciser la réglementation du
droit syndical.

 La réglementation du droit syndical.

Aux termes du deuxième alinéa de l’article 7 du statut général, les syndicats de


fonctionnaires sont tenus de déposer dans les deux mois de leur création leurs statuts ainsi que
la liste de leurs administrateurs auprès de l’autorité qui dispose du pouvoir de nomination sur
les fonctionnaires concernés.

Les organisations syndicales qui doivent faire une déclaration préalable doivent respecter la
même procédure en cas de modification de leurs statuts, ou de la composition de leurs
bureaux. Le ministre de la fonction publique peut se voir communiquer les statuts et la liste
des administrateurs.

44
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

 Le rôle des syndicats de fonctionnaires

Une fois reconnu, un syndicat de fonctionnaires peut intervenir de différentes manières pour
défendre les intérêts professionnels de ses membres. Le syndicat peut former des recours
contentieux contre de actes réglementaires portant atteinte au statut de ses membres.

En France, le Conseil d’Etat a posé le principe depuis 1906 dans l’arrêt syndicat des
patrons coiffeurs de Limoges du 28 décembre 1906 qu’unsyndicat de fonctionnaire
peut former des recours contentieux contre les actes individuels portant violation des
intérêts collectifs pris en charge par l’association.

Mais un syndicat de fonctionnaires n’a pas intérêt à attaquer un acte qui ne porterait atteinte
qu’aux intérêts de l’un de ses membres. Le syndicat ne pourrait agir que s’il reçoit
mandat dans ce sens ; C. S. 25 mai 1981, S.U.D.E.S.

Les syndicats de fonctionnaires jouent un rôle sur un autre plan. Ils participent à la gestion de
la fonction publique en envoyant des représentants au sein des organismes administratifs à
caractère paritaire. Les syndicats négocient avec les autorités. Ils peuvent décider d’un
mouvement de grève.

 Le droit de grève

La notion de grève est intimement liée au mouvement syndical. C’est pour cela qu’elle a
toujours suscité beaucoup d’appréhensions et de controverses. Définie comme une
interruption collective et concertée du travail en vue de satisfaire des revendications
professionnelles, la grève a pendant longtemps été considérée comme illicite parce que
contraire au principe de continuité du service public, et à la hiérarchie administrative. Le
droit de grève a été reconnu par la Constitution française de 1946. Le juge administratif
français a aussi reconnu le droit de grève. C’est dans l’arrêt Dehaène du 7 juillet 1950 que
le C. E. a posé les principes jurisprudentiels d’exercice du droit de grève.

45
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Avant l’arrêt Déhaene, la grève était caractérisée par une illicéité. L’arrêt Winkell
du 7 août 1909 exprime un rejet vigoureux du droit de grève.Considérant la grève
comme un acte illicite incompatible avec la continuité essentielle de la vie nationale, le
juge en déduit que le fonctionnaire gréviste ne commet pas seulement une faute
individuelle, mais il prend l’initiative de se mettre hors – la – loi administrative, de
rompre le contrat de droit public qui le lie à l’administration.

Dans l’arrêt Delle Minaire du 22 août 1937 le juge a supprimé toute référence à la
rupture d’un pseudo contrat. L’évolution a consisté à ne plus considérer la grève
comme un acte illicite.

Dans l’arrêt Déhaène du 7 juillet 1950, le C.E a décidé le droit de grève reconnu
depuis 1946, peut être limité en raison des exigences des services publics. Mais il
précise que dans l’attente d’une réglementation il appartient au gouvernement
responsable du fonctionnement des services publics de fixer sous le contrôle du juge
la nature et l’étendue des limitations.

L’article 25 de la Constitution sénégalaise reconnaît le droit de grève tout en précisant ‘’qu’il


ne peut en aucun cas porter atteinte à la liberté du travail’’. Il ajoute qu’il appartient au
législateur de prendre les dispositions destinées à régir le droit de grève. C’est l’article 7 du
statut général qui réglemente le droit de grève.

 La réglementation du droit de grève

La réglementation du droit de grève telle que fixée par l’article 7 du statut général tourne
autour de différents points. C’est dans le cadre de la réglementation qu’on interdit à certains
fonctionnaires de faire la grève. Certaines catégories de fonctionnaires sont privées du droit
de grève par leur statut. Les interdictions prévues par la réglementation concernent ensuite
certaines formes de grève.

Le législateur sénégalais interdit l’occupation des lieux de travail ou de leurs abords en cas de
grève. L’article 7 du statut général précise les motifs d’une grève. La grève ne peut avoir
lieu que pour des motifs professionnels, jamais pour des motifs politiques.

Après les interdictions, la réglementation du droit de grève porte sur la procédure de


préavis. La grève n’est possible qu’à l’expiration du délai d’unmois après notification d’un
préavis à l’autorité compétente. Les fonctionnaires qui vont en grève sans préavis s’exposent

46
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

à des sanctions disciplinaires sans consultation de leur conseil de discipline.

Le préavis doit être écrit et motivé. La motivation doit préciser la durée de la grève
envisagée. Le non-respect du délai de préavis peut faire l’objet de sanction, tout comme
l’absence de préavis. Le préavis permet en réalité à l’administration d’ouvrir des négociations
avec les fonctionnaires concernés, et de prendre les dispositions nécessaires pour éviter
toute perturbation préjudiciable au fonctionnement du service public.

La réglementation porte enfin sur la possibilité qu’à l’administration d’utiliser son droit de
réquisition. L’article 7 du statut général prévoit que les fonctionnaires dont les fonctions
sont indispensables à la sécurité des personnes et des biens à la continuité des services
publics ou au maintien de l’ordre public peuvent faire l’objet de réquisition. C’est le décret
du 11 janvier 1972 qui fixe la liste des fonctionnaires pouvant être réquisitionnés. Cette liste
concerne notamment des emplois du secteur de l’électricité, des emplois du secteur aérien.

La réquisition doit être notifiée aux intéressés par un ordre de service. Tout agent
réquisitionné qui ne se présente pas sur le lieu de travail s’expose à des sanctions
disciplinaires et pénales.

 Les conséquences du droit de grève

En cas de grève, le service confié aux fonctionnaires concernés n’est plus effectif. Cette
situation entraîne normalement une retenue sur le traitement du gréviste. Cette retenue doit
en principe être proportionnelle à la durée de la grève. L’administration en effectuant
cette retenue ne fait que se conformer aux règles de la compétence, puisque le traitement
du salaire du fonctionnaire est une dépense qui n’est due qu’après l’accomplissement du
service.

Une autre conséquence tient au fait que l’administration peut procéder à la réquisition des
grévistes, même dans l’hypothèse d’une grève régulière.

Enfin, en cas de grève irrégulière, l’administration peut user de sanctions pouvant


s’ajouter à celles déjà évoquées, mais en respectant les règles de droit disciplinaire sauf s’il
s’agit des personnes auxquelles le droit de grève n’est pas reconnu. En définitive, la continuité
du service public et le droit de grève étant des principes de valeur constitutionnelle, les
autorités sont souvent à la recherche de meilleurs moyens permettant de les concilier.

47
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Paragraphe II : Le droit à une protection

Si on tient compte des fonctions qu’il exerce et de son rôle dans la société, Le fonctionnaire
peut être considéré comme un citoyen spécial. Il bénéficie de ce fait d’une protection que
n’ont pas les autres citoyens. Le fonctionnaire a besoin d’être protégé dans ses rapports avec
l’administration, ainsi que dans ses rapports avec les administrés.

 Vis-à-vis de l’administration

La situation dans laquelle se trouve le fonctionnaire par rapport à l’administration justifie


l’existence de certaines garanties qui lui permettent de protéger ses droits. Cette protection
peut être assurée grâce à des recours devant les juridictions compétentes, ou, grâce à des
mécanismes internes à l’administration.

 Les moyens de protection internes à l’administration

Les dispositions statutaires applicables aux fonctionnaires ont permis l’institution


d’organismes paritaires consultatifs tels le conseil supérieur de la fonction publique, les
commissions administratives paritaires et les conseils de discipline. Ces organismes qui
participent à la gestion de la fonction publique doivent être consultés avant toute décision
intéressant les fonctionnaires. Ces organismes jouent également un rôle en matière de
titularisation, d’avancement.

Le fonctionnaire dont la carrière est régie par des décisions unilatérales a la possibilité de
former des recours administratifs gracieux ou hiérarchiques. Les statuts des fonctionnaires
prévoient des garanties disciplinaires, par exemple la communication du dossier peut
permettre à un fonctionnaire qui fait l’objet d’une procédure disciplinaire de préparer sa
défense. Lorsqu’une mesure doit être prise contre un fonctionnaire, les syndicats de
fonctionnaires jouent un rôle dans la protection de leurs membres en prenant en compte leurs
revendications d’ordre professionnel.

 La protection juridictionnelle

Parmi les moyens dont dispose le fonctionnaire pour défendre ses droits ou se protéger contre
des mesures qui lui portent préjudice, le recours juridictionnel est le plus important.

48
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Sa situation étant fixée de manière unilatérale et pouvant en plus être modifiée de la même
manière, le fonctionnaire doit donc pouvoir saisir le juge s’il ne réussit pas à faire revenir
l’administration sur une décision qui lui porte préjudice.

En effet, l’administration peut dans l’exercice du pouvoir réglementaire porter atteinte aux
droits et libertés des fonctionnaires ou à leurs droits acquis. Le recours pour excès de
pouvoir et le recours de plein contentieux permettent aux fonctionnaires de saisir un juge.

Le recours pour excès de pouvoir est ici dirigé contre les décisions administratives
réglementaires ou individuelles violant les statuts des fonctionnaires. Le recours pour excès
de pouvoir est un recours qui ne peut être formé que contre des actes administratifs
unilatéraux entachés d’illégalité.

Lorsque le fonctionnaire veut attaquer une décision relative à ses avantages pécuniaires ou
statutaires, il doit saisir le juge de plein contentieux conformément.Le tribunal régional est
compétent dans tous les cas de litiges portant sur le traitement ou les indemnités des
fonctionnaires. Exemple ; une demande de rappel de traitement, de reclassement ou une
contestation d’un montant d’une pension de retraite. Si un fonctionnaire veut faire engager la
responsabilité de l’administration, c’est le juge du plein contentieux qui est compétent.

 La protection des fonctionnaires face aux administrés

Le fonctionnaire fait partie intégrante de l’appareil administratif. Il agit au nom de


l’administration. L’administration doit par conséquent le protéger s’il est attaqué dans
l’exercice de ses fonctions. La protection est assurée aussi bien sur le plan pénal que sur le
plan civil.

 la protection pénale

Aux termes de l’article 16 du statut général de la fonction publique, les fonctionnaires ont
droit conformément aux règles fixées par le code pénal et les lois spéciales à une protection
contre les menaces, outrages, injures ou diffamations dont ils peuvent faire l’objet.
L’administration est tenue en outre de les protéger contre les menaces, attaques de quelque
nature que ce soit dont ils peuvent être l’objet à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.

49
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Le code pénal et les lois spéciales permettent de poursuivre les personnes coupables de
corruption ou de tentatives de corruption, de diffamation, de violences physiques ou
verbales contre les fonctionnaires.

L’administration peut déclencher des poursuites pénales avec constitution de partie civile.
Elle peut également apporter son assistance aux fonctionnaires qui choisissent une procédure
judiciaire pour se défendre.

 La protection sur le plan civil

L’article 15 du statut général dispose dans son deuxième alinéa que lorsqu’un fonctionnaire
est poursuivi par un tiers pour faute de service, la collectivité publique doit couvrir le
fonctionnaire des condamnations civiles prononcées contre lui. C’est la responsabilité de
l’administration qui est recherchée en cas de faute de service.

Dans le code des obligations de l’administration C. O. A, le législateur met l’accent dans


l’article 145 sur la faute personnelle. Cette faute personnelle commise à l’occasion de
l’exercice des fonctions engage la responsabilité personnelle de son auteur. Le législateur
précise qu’il doit s’agir d’une faute détachable du service public.

L’article 145 du code des obligations de l’administration (C. O. A.) est intéressant sur ce
point. Le législateur prévoit que c’est l’administration qui doit être mise en cause pour
répondre de la faute personnelle de son agent en dehors de toute substitution de
responsabilité. Cela signifie que la responsabilité de l’Etat n’est pas substituée à celle de
l’agent auteur de la faute personnelle détachable du service. Mais dans tous les cas, c’est
l’administration qui répare les conséquences dommageables de la faute personnelle, et le
législateur lui permet de demander à l’agent concerné la réparation des dommages qui
lui sont causés par son fait.

Section II :Les obligations et la responsabilité disciplinaire du fonctionnaire.

Le fonctionnaire bénéficie d’un certain nombre de droits auxquels sont attachés des
obligations prévues pour assurer le bon fonctionnement du service. Les obligations qui
figurent dans le statut général sont des obligations professionnelles générales pour l’ensemble
50
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

des fonctionnaires.

Il existe par ailleurs des obligations spéciales pouvant découler de la nature de certaines
fonctions. La violation des obligations professionnelles des fonctionnaires peut être
sanctionnée sur le plan disciplinaire.

Paragraphe I : Les obligations professionnelles statutaires

Ce sont les articles 9 et suivants du statut général qui énumèrent les obligations des
fonctionnaires. Certaines de ces obligations sont relatives au fonctionnement du service,
d’autres touchent la déontologie du fonctionnaire.

 Les obligations relatives au fonctionnement du service


 L’obligation de service

L’obligation de service est prévue par l’article 12 du statut général. Le fonctionnaire doit
concourir au fonctionnement de l’administration. Il est responsable de l’exécution des tâches
qui lui sont confiées quel que soit sa place dans la hiérarchie. L’obligation de service signifie
deux choses. Elle signifie dans un premier temps que le fonctionnaire doit remplir
personnellement ses fonctions, et qu’il doit les remplir de façon continue dans un second
temps.

Le fonctionnaire ne peut par conséquent confier l’exécution des tâches qui lui sont dévolues à
un autre agent en dehors d’une délégation de compétence régulière. Le fonctionnaire est
astreint au respect de la continuité du service public. C’est cela qui explique l’obligation de
résider dans un endroit qui lui permet d’assurer sa mission dans de meilleures conditions.

 L’obligation d’obéir

Cette obligation est prévue par l’article 13 du statut général. Le fonctionnaire est responsable
à l’égard de ses chefs de l’autorité qui va lui être conférée… et de l’exécution des ordres qu’il
a donnés. L’article 13 poursuit en précisant que le fonctionnaire n’est dégagé d’aucune des
responsabilités qui lui incombent par la responsabilité propre de ses subordonnés.

L’obligation d’obéir est une obligation qui permet d’assurer le respect de la hiérarchie,
puisque l’administration est organisée de bas en haut, et des ordres sont donnés à tous les
niveaux. L’obligation d’obéissance hiérarchique impose aux fonctionnaires le respect des
ordres individuels ou des instructions générales émanant de son supérieur.
51
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

S’il s’agitd’un ordre manifestement illégal, pouvant compromettre l’ordre public, le


fonctionnaire doit refuser d’obéir selon la jurisprudence …..Langneur C. E. 10
novembre 1944, D. 1945.

 L’obligation de se consacrer exclusivement à la


fonction

Selon l’article 9 du statut général, il est interdit au fonctionnaire d’exercer à titre


professionnel une activité privée lucrative de quelque nature que ce soit. L’obligation de se
consacrer exclusivement à la fonction est une interdiction du cumul d’activités. En effet,
l’intégralité de l’activité professionnelle du fonctionnaire doit consister à exécuter les tâches
de sa fonction.

Le décret n° 73-737 du 7 août 1973 portant application de l’article 9 du statut général


modifié par le décret n° 75-373 du 7 avril 1975, J. O. du 25 août 1975 et J. O. du 10 mai
1975 admet quelques dérogations à l’interdiction du cumul d’activités. Le décret précise que
l’interdiction du cumul d’activités n’est pas applicable aux œuvres scientifiques, littéraires ou
artistiques. Le décret précise également que le cumul d’activités ne peut exister que s’il est
autorisé par le « Premier Ministre ».

On peut envisager un cumul d’emplois publics. Un fonctionnaire peut exercer certaines


fonctions publiques à titre secondaire sur autorisation de son chef de service. Le cumul peut
être un cumul d’emplois publics et privés. C’est ce cumul qui sauf dérogation est interdit. En
dehors des dérogations autorisées par le Premier Ministre, le décret de 1973 prévoit que pour
les expertises ou consultations demandées par une autorité administrative ou judiciaire aucune
autorisation n’est exigée.

 Les obligations déontologiques

La déontologie implique d'abord une somme de devoirs et d'obligations à l'égard du service et


en particulier de son chef. Il s'agit avant tout d'une éthique qui joue vis-à-vis de l'institution.
Mais précisément parce que cette institution est au service de l'intérêt général, l'impératif
déontologique recouvre également un ensemble de bonnes pratiques tournées vers l'extérieur :
les usagers du service public, la collectivité des citoyens. Mais cette double exigence envers
52
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

l'institution comme envers ceux qu'elle sert ne doit pas occulter la troisième dimension de la
déontologie : il s'agit aussi, et peut-être même d'abord, d'une exigence envers soi-même.
Comme son nom l'indique, le fonctionnaire doit s'effacer derrière sa fonction, savoir
neutraliser ses convictions personnelles sans perdre sa vocation.

Les obligations déontologiques sont liées à l’attitude et au comportement du fonctionnaire à


l’égard du service et à l’égard des usagers du service. Des impératifs précis justifient
l’existence de ces obligations déontologiques. Le fonctionnaire doit en effet avoir un
comportement conforme aux besoins du service et doit être doté d’une morale professionnelle
certaine.

Parmi les obligations déontologiques les plus essentielles, on peut citer les obligations de
désintéressement, de discrétion et de neutralité professionnelle.

 L’obligation de désintéressement

Elle est prévue par l’article 10 du statut général qui interdit au fonctionnaire de détenir des
intérêts pouvant mettre en cause son indépendance dans une entreprise qui est en relation avec
son service et qui est placée sous le contrôle de son service. Un conflit d’intérêts est une
situation d’interférence entre une mission de service public et l’intérêt privé d’une personne
qui concourt à l’exercice de cette mission, lorsque cet intérêt, par sa nature et son intensité,
peut raisonnablement être regardé comme étant de nature à influencer ou paraître influencer
l’exercice indépendant, impartial et objectif de ses fonctions.

Il est également interdit aux fonctionnaires d’accepter ou de demander une récompense pour
service rendu. Le fonctionnaire ne peut accepter des cadeaux en promettant d’accomplir ou de
ne pas accomplir un acte relevant de ses fonctions. Le fonctionnaire coupable de corruption
passive ou de trafic d’influence ou de concussion, peut être sanctionné sur le plan pénal ainsi
que sur le plan disciplinaire.

 Les obligations de discrétion et de neutralité


professionnelle

L'obligation de discrétion est souvent distinguée du secret professionnel. Celui-ci protégerait


53
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

l'administré tandis que celle-là préserverait les intérêts de l'administration.

Il ressort pourtant de l'observation du droit positif que l'obligation de discrétion vise autant à
protéger l'un que l'autre, puisqu'elle interdit au fonctionnaire de révéler les secrets de
l'administration et ceux des administrés. Un fonctionnaire qui les trahit commet une
indiscrétion et s'expose à des sanctions disciplinaires.

C’est l’article 14 du statut général qui prévoit ces obligations. Le secret professionnel est
imposé à certains fonctionnaires qui sont amenés à détenir des renseignements confidentiels,
que seuls certains agents habilités à cet effet peuvent recueillir. On peut citer des
données médicales ou des données purement privées.

L’obligation de discrétion professionnelle concerne les documents, les faits, et les


informations dont le fonctionnaire a connaissance dans le cadre de ses fonctions. Le
fonctionnaire ne peut échapper à cette obligation que dans des cas exceptionnels prévus par la
réglementation ou sur l’autorisation de son ministre. La violation de l’obligation de discrétion
professionnelle n’entraîne pas de sanctions pénales, mais peut entraîner une sanction
disciplinaire.

Mais l'indiscrétion n'est pas toujours une action proscrite. La révélation d'un secret est parfois
un droit, voire une obligation, et avec les nouvelles obligations de transparence, elle tend à
devenir, dans certains cas, un devoir. La théorie des lanceurs d’alerte.

L’obligation de neutralité professionnelle du fonctionnaire est liée au principe d’égalité. Le


fonctionnaire doit faire preuve d’impartialité et de neutralité dans l’exercice de ses fonctions.
Toutes ces obligations professionnelles du fonctionnaire peuvent faire l’objet de violation.
Des sanctions existent dans de tels cas. La responsabilité du fonctionnaire peut être
recherchée en suivant les procédures de droit commun. Il s’agit de la responsabilité pénale ou
de la responsabilité civile ou en suivant une procédure disciplinaire.

Paragraphe II : La responsabilité disciplinaire

Selon l’article 15 du statut général, toute faute commise par un fonctionnaire dans l’exercice
ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, l’expose à une sanction disciplinaire, sans
préjudice le cas échéant des peines prévues par la loi pénale.
54
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Dans cette disposition, le législateur emploie les notions de faute et de sanction disciplinaire.
Il est évident qu’il s’agit de faute professionnelle ou disciplinaire. Entre la faute et la sanction
nous avons une procédure disciplinaire très réglementée par les textes applicables aux
fonctionnaires.

 La faute disciplinaire

Le statut général ne donne aucune définition de la faute disciplinaire. Il n’existe


également pas de liste légale de faute disciplinaire. On peut simplement retenir que le droit de
la fonction publique conçoit la faute disciplinaire de manière très large, et qu’il s’agit d’une
faute autonome, distincte de la faite civile et de la faute pénale.

 La notion de faute disciplinaire

La faute est généralement considérée comme un manquement à une obligation (par action
ou par omission). Le juge de l’excès de pouvoir exerce son contrôle sur la matérialité des
faits, sur leur qualification juridique et sur l’adéquation entre les faits et la sanction. Des
arrêts intéressants ont été rendus par la Cour suprême et le Conseil d’Etat en matière de
sanction de l’exactitude matérielle des faits, de qualification juridique des faits, et de
proportionnalité de la sanction.

Dans l’arrêt Ismaïla FALL, Cour suprême 4 mai 1977, le requérant avait été radié des
cadres de la police parce qu’il se serait rendu coupable d’une tentative de corruption en
interpelant un charretier transportant des sacs d’arachides alors qu’il n’était pas en
service.

Par un jugement rendu au paravent le 18 septembre 1975, le tribunal correction de Dakar


avait jugé que le requérant n’était pas coupable de tentative de corruption. La Cour suprême
confirme le jugement et décide que la décision de radiation reposait sur des faits
matériellement inexacts.

Dans une autre affaire Ousmane SY jugée le 5 mars 1969, un problème d’exactitude et de
qualification juridique des faits était posé au juge. Le requérant, un agent de la douane était
intervenu en faveur de son frère pris en flagrant délit de contrebande au port autonome de
Dakar, et arrêté par les douaniers. Le requérant avait obtenu du tribunal correctionnel de
Dakar un jugement qui avait établi que le véhicule ayant servi à la commission de

55
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

l’infraction n’appartenait pas à Ousmane SY, mais à sa sœur.

Selon la Cour suprême, il n’y a pas eu violation de la chose jugée parce qu’Ousmane
Sy a été sanctionné à la suite de son intervention en faveur de son frère. Pour la Cour,
ces faits constituent à eux seuls, une faute suffisamment grave pour justifier qu’une
sanction disciplinaire dont l’appréciation incombe à l’administration soit prise à
l’encontre de l’intéressé.

Le Conseil d’Etat est intervenu également dans plusieurs décisions où les requérants
contestaient la légalité de la sanction disciplinaire. Dans l’arrêtCheikh Tidiane Mbengue
du 26 avril 1995, la sanction infligée aux requérants est disproportionnée. Le juge
s’intéresse alors au contrôle de la proportionnalité.

Conseil d’Etat 27 avril 1998, Salif Fall. Il est reproché au requérant des faits de contrebande
alors qu’il travaillait à l’ambassade du Sénégal à New Delhi. Il se rendait à Hong-Kong sans
l’autorisation de son supérieur hiérarchique.

Le juge a retenu que même si le fait de contrebande n’est pas établi, le requérant en se
rendant dans un autre pays, sans la permission de son supérieur hiérarchique a commis
une faute professionnelle de nature à justifier une sanction disciplinaire. Selon toujours
le juge la sanction est disproportionnée.

 L’autonomie de la faute disciplinaire

La faute disciplinaire est autonome par rapport à la faute pénale, même s’il est vrai que dans
certains cas un même fait peut être constitutif de faute disciplinaire et de faute pénale
(corruption, détournement de deniers publics, etc.) Un fonctionnaire peut faire l’objet de
poursuites sur le plan pénal et disciplinaire.

Mais il faut préciser que les deux procédures sont distinctes.

La faute disciplinaire est plus large que la notion de faute pénale du fait de l’absence de
définition de la faute disciplinaire contrairement à la faute pénale.

S’il y a deux procédures, des interactions peuvent cependant exister entre l’action
disciplinaire et l’action pénale. L’autorité administrative est liée par la constatation des

56
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

faits effectuée par le juge pénal, mais elle n’est pas liée par l’appréciation du juge pénal
sur la qualification juridique des faits. Ainsi l’administration n’est pas obligée de prendre
une sanction disciplinaire à l’égard de la personne qui a fait l’objet d’une sanction pénale.

Mais si le juge pénal se prononce avant l’autorité administrative, cette dernière est
soumise à une obligation de non contradiction. Et si le juge pénal se prononce après
l’autorité administrative, la décision administrative peut être modifiée en cas d’absence
de faute.

 La procédure disciplinaire

Il s’agit d’une procédure administrative, mais pour certains fonctionnaires soumis à des statuts
spéciaux comme les magistrats ou les enseignants du supérieur, la procédure est
juridictionnalisée. Les principales étapes de la procédure sont :

 la suspension du fonctionnaire ;
 la communication du dossier ;
 la convocation devant le conseil de discipline ;
 la prise de la décision portant sanction.

La responsabilité disciplinaire repose donc en grande partie sur le respect d’une procédure qui
se déroule en quatre étapes.

 La suspension du fonctionnaire

La suspension du fonctionnaire est facultative. Elle est prévue par l’article 52 du statut
général. Le fonctionnaire qui commet une faute grave peut être immédiatement suspendu par
l’autorité disposant du pouvoir disciplinaire.

La suspension d’un fonctionnaire doit être immédiate et non rétroactive Cour suprême
25 juillet 1975, El Hadji Omar Fall. C’est une mesure conservatoire, mais, qui fait grief et
le juge de l’excès de pouvoir peut être saisi C. S. 27 mai 1981 Amadou Lamine Ba. La
décision portant suspension d’un fonctionnaire doit préciser les conséquences financières qui
en découlent pour l’intéressé (suspension de tout le traitement du fonctionnaire ou d’une
partie de ce traitement). Le fonctionnaire suspendu doit être fixé sur sa situation dans un délai
de quatre mois.

 La communication du dossier
57
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Elle est prévue par l’article 48 du statut général de la fonction publique, mais cette règle
aurait pu jouer sans texte puisqu’il s’agit d’un principe général du droit. Voire Cour
suprême du Sénégal 28 janvier 1981, Ndiogou Sall. L’article 48 précise que le fonctionnaire
a le droit de se voir communiquer l’ensemble de son dossier aussitôt que l’action disciplinaire
est engagée.

La communication du dossier ainsi que celle de tous les documents annexés doit être faite
quinze jours au moins avant la réunion du conseil de discipline. L’administration doit mettre
le fonctionnaire en demeure de prendre connaissance de son dossier. Elle doit s’assurer que le
dossier et les motifs de la sanction ont bien été communiqués. Au cas contraire il y a vice de
procédure. Elle doit même obliger le fonctionnaire à prendre connaissance de son dossier.

 La convocation devant le conseil de discipline

La convocation devant le conseil de discipline est obligatoire avant toute sanction de 3e


degré. Ce sont les sanctions les plus sévères. Le Conseil n’est pas consulté pour les sanctions
de premier et de second degré, mais, même si le conseil n’est pas consulté, le fonctionnaire
doit être en mesure de s’expliquer par écrit sur les faits qui lui sont reprochés.

En cas de suspension, le conseil est immédiatement saisi. C’est par un rapport de l’autorité
investie du pouvoir disciplinaire que le conseil est saisi. Le conseil peut demander une
enquête en cas de nécessité, après avoir entendu le rapport préparé par le rapporteur désigné à
cet effet.

 La décision de l’administration

En effet, le fonctionnaire est autorisé à faire des observations. Après l’audition du


fonctionnaire, le conseil délibère en secret, rend son avis et le communique à l’autorité
administrative. Il n’est pas possible de requérir contre l’avis du conseil car il participe
justement à la prise de la décision.

 La sanction disciplinaire
 la nature de la sanction

Le statut général de la fonction publique en son article 43 classe les sanctions en trois
catégories :
58
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

1° Les sanctions du 1er degré sont : l’avertissement et le blâme.

2° La sanction 2e degré est la réduction d’ancienneté ne pouvant excéder deux ans.

3° Les sanctions du 3e degré sont :

- la radiation du tableau d’avancement pour deux ans,

- la rétrogradation,

- l’exclusion temporaire pour une durée maximale de six mois.

-La révocation sans suspension des droits à la pension et la révocation avec suspension
des droits à la pension.

Ces sanctions de troisième degré qui sont les plus sévères concernent soit la situation
pécuniaire du fonctionnaire, soit le lien qui unit le fonctionnaire à l’administration.

 Le régime juridique de la sanction

La décision de sanction est de la compétence de l’autorité qui dispose du pouvoir de


nomination dont le pouvoir est discrétionnaire quelque soit l’avis du conseil de discipline.
L’administration est libre de sanctionner ou de ne pas sanctionner. Le choix de la sanction lui
appartient, mais elle doit éviter une disproportion flagrante entre la sanction et la faute
commise.

La sanction doit être motivée. Elle peut disparaître en cas de retrait par l’administration ou
d’annulation par le juge.

D’après l’article 54 du statut général, la sanction disciplinaire autre que la révocation peut
être effacée si l’on tient compte du comportement du fonctionnaire depuis le prononcé de
cette sanction. La réhabilitation est une procédure administrative. Elle est différente de
l’annulation qui est législative.

59
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

TITRE II : La gestion et l’organisation des fonctionnaires

Chapitre I : La gestion de la fonction publique

L’expression gestion de la fonction publique peut être comprise de deux manières. Elle peut
concerner les actes d’administration qui sont du ressort du ministre de la fonction
publique, et les actes de gestions qui relèvent de la compétence des ministres dont dépendent
les fonctionnaires concernés. Mais en définitive, ce sont là deux activités complémentaires.

Dans le système administratif sénégalais, la gestion de la fonction publique est fortement


influencée par l’aménagement du pouvoir exécutif qui est presque entièrement dévolue au
Chef de l’Etat, ce qui explique le caractère centralisé du mode de gestion des fonctionnaires
en dépit de l’existence de mécanismes de participation.

Section I : Une gestion centralisée

La gestion de la fonction publique relève pour l’essentiel des autorités détentrices du pouvoir
réglementaire, c’est-à-dire, du pouvoir d’édicter des règlements. Il s’agit donc du point de vue
organique d’actes édictés par des autorités exécutives ou administratives et non par le
législateur.

Paragraphe I : La place du Président de la République


Le Président de la République détient un important pouvoir réglementaire qu’il tire de la
Constitution. L’article 67 de la Constitution qui doit être combiné avec l’article 76 énumère
limitativement les matières qui relèvent de la compétence du législateur. L’article 76 pose le
principe que toutes les autres matières ont un caractère réglementaire, et relèvent donc, du
Président de la République.

C’est sur cette base que le Président de la République responsable de la politique de la nation,
signe les ordonnances et les décrets, article 43 ; nomme aux emplois civils article 44.

60
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

En tant que Chef suprême des armées, il nomme à tous les emplois militaires article 45. Mais
si important que soit ce pouvoir, il serait illusoire de penser que le Président de la République
prend lui seul, la totalité des actes d’administration.

Le décret n° 95-264 du 10 mars 1995portant délégation de pouvoir du Président de la


République en matière d’administration et de gestion du personnel, distingue les actes
d’administration, et ceux qu’il délègue. Les actes directement pris par décret concernent les
fonctionnaires de la hiérarchie A et sont les suivants : nomination, détachement,
disponibilité, cessation temporaire de fonction, sanction de 3ème degré, licenciement ou
acceptation de fonction.

Paragraphe II : Les attributions du ministre de la fonction publique


Les ministres ne disposent en général que du pouvoir de gestion de leurs administrations
respectives. Mais, certains d’entre eux administrent en outre, le personnel sous statut spécial
(magistrats, militaires, forces de police, douaniers etc.).

Il revient alors au ministre de la fonction publique, la gestion de l’administration des


fonctionnaires relevant du statut général, objet de la loi n° 61-33 du 15 juin 1961, et tout le
personnel non fonctionnaire de l’Etat soumis au décret du 12 avril 1974. Si donc on tient
compte des nombreux actes d’administration qui lui sont délégués par le Président de la
République à travers le décret du 10 mars 1995, Il est évident que son rôle est tout aussi
essentiel. Il s’agit en principe de tous les actes concernant les hiérarchies autres que la
hiérarchie A (nomination, titularisation, avancement d’échelon, sanction de 3ème degré,
etc.).

Cette déconcentration du pouvoir réglementaire en matière de personnel objet des décrets du


14 décembre 1965, et du 10 mars 1995 est fondée non seulement sur une logique de
proximité, mais aussi de participation.

61
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Section II : Une gestion participative

La gestion participative caractérise toute administration transparente et démocratique. En


matière de gestion de la fonction publique, la participation se traduit avant tout par
l’institution de commissions ou de conseils appelés à donner au préalable des avis à caractère
consultatif dans la décision finale prise par le ministre de la fonction publique.

Parmi ces organismes, le choix sera porté sur le conseil supérieur de la fonction publique, les
commissions administratives paritaires et les commissions de discipline.

Paragraphe I : Le conseil supérieur de la fonction publique


Le conseil supérieur de la fonction publique a été institué par la loi n° 61-33 du 15 juin 1961
en son article 18. Le conseil est un organisme consultatif dont les avis sont obligatoires,
c’est-à-dire qu’il doit être obligatoirement consulté, même si l’administration n’est pas tenue
de prendre une décision conforme à l’avis. C. S. 23 juillet 1975 Souleymane Sidibé et
amical des administrateurs civils du Sénégal.

Le rôle consultatif du conseil supérieur de la fonction publique consiste aux termes de


l’article 8 du décret n° 84-1046 du 18 septembre 1984 à donner des avis et à formuler des
recommandations sur toutes les questions de caractère général intéressant les fonctionnaires et
la fonction publique. L’article 9 du même décret ajoute aussi que le conseil émet un avis sur
toutes les questions particulières ayant trait notamment aux statuts particuliers des cadres de
fonctionnaires ; à l’interprétation des dispositions du statut général, et des statuts particuliers,
à la détermination des éléments constitutifs du régime de rémunération des fonctionnaires.

La composition, les attributions, l’organisation et le fonctionnement du conseil sont fixés par


le décret n°84-1046 du 18 septembre 1984, J. O. du 13 octobre 1984 modifié par le décret
97-692 du 2 juillet 1997, J. O. du 2 août 1997.

Présidé par le ministre chargé de la fonction publique, le conseil comprend dix huit membres
titulaires dont une moitié représente l’administration et l’autre moitié le personnel, et est élue
par les organisations syndicales. Le conseil est saisi par son Président ou par un tiers de ses
membres.

62
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Il existe d’autres organismes de participation des fonctionnaires, mais contrairement au


conseil supérieur de la fonction publique n’ont pas de compétences nationales. Ce sont des
organismes déconcentrés au sein des cadres et des corps.

Paragraphe II : Les commissions administratives paritaires et les conseils


de discipline
Ces organismes déconcentrés sont prévus par la loi n° 61-33 en son article 19. En application
de cette disposition, le décret 62-051 du 13 février 1962 est venu préciser les attributions et
les modalités de fonctionnement des commissions administratives paritaires et des conseils de
discipline (J. O. du 10 mars 1962).

Dans chaque corps de fonctionnaires, il peut être créé une commission administrative
paritaire. Elles sont composées de quatre représentants de l’administration et de quatre
représentants du personnel. Les commissions administratives paritaires connaissent de toutes
les questions d’ordre individuel, notamment, la titularisation, la notation, l’avancement, le
détachement ou la mutation, etc.

Les conseils de discipline prévus également par le statut général en son article 19 sont
composés de deux représentants de l’administration, et de deux représentants du personnel
choisis parmi ceux qui font déjà parti des commissions administratives paritaires. Les conseils
de discipline donnent des avis sur toutes les questions disciplinaires intéressant les
fonctionnaires du corps concerné. Ils sont consultés avant l’intervention de sanction de 3ème
degré, de licenciement pour insuffisance professionnelle, de licenciement d’un fonctionnaire
refusant le poste proposé, à la suite d’une période de disponibilité.

Si la gestion de la fonction publique incombe essentiellement aux organes centraux et


déconcentrés, son efficacité suppose au demeurant, une organisation adaptée de ses structures
internes.

63
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Chapitre II : Les structures internes de la fonction publique

A l’instar de la fonction publique française, la structure interne de la fonction publique


sénégalaise est fortement marquée par le système de la carrière. Son organisation est
déterminée en fonction de la gestion et de la réglementation de la carrière des personnels.
L’article 22 du statut général évoque un certain nombre de notions sur lesquelles repose la
structure interne de la fonction publique. Il s’agit notamment des notions de :

- emploi,

- cadre,

- corps,

- grade,

- hiérarchie.

Le cadre, le corps et la hiérarchie, constituent des modalités de regroupement des


fonctionnaires. L’emploi est la notion de base en matière de gestion de la fonction publique,
tandis que le grade est un titre juridique attribué au fonctionnaire, et qu’i donne vocation à
occuper l’emploi correspondant.

Section I : Les notions d’emploi et de grade

Le système de la carrière repose sur un principe qui est la distinction du grade et de l’emploi.
Mais cette distinction n’est pas absolue, en ce sens que la nomination dans un grade suppose
nécessairement l’occupation d’un emploi. Il existe donc un minimum de relation entre le
grade et l’emploi.

64
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Paragraphe I : Deux notions différentes


La notion d’emploi n’a fait l’objet d’aucune définition dans le statut général. On peut
pourtant constater que le statut a défini les notions de cadre et de corps. La doctrine a
néanmoins essayé de définir l’emploi comme une fonction administrative exercée par le
fonctionnaire. Autrement dit, l’emploi est un poste de travail qui est à la disposition de
l’autorité administrative. L’emploi se traduit par des crédits ouverts par le budget et
correspond à l’attribution d’un poste de travail.

Quant au grade, il est défini par le statut général en son article 32commeletitre qui confère à
ses titulaires vocation à occuper l’un des emplois qui leurs sont réservés. En droit sénégalais,
les notions de grade et de classe ont la même signification. Le fonctionnaire se voit attribuer
un grade à titre personnel. C’est le grade qui définit la position dans la hiérarchie.

Les grades sont subdivisés en échelon. L’échelon sert à déterminer l’ancienneté du


fonctionnaire dans son grade, ainsi que son niveau de rémunération. Il correspond donc à une
différence de rémunération. Dans un corps de fonctionnaires, il y a autant de grades qu’il est
possible de procéder à une différenciation hiérarchique.

Le grade ne se confond pas avec l’emploi. Il ne dépend pas de l’emploi. Le fonctionnaire peut
occuper un emploi supérieur ou inférieur tout en restant dans son grade. Il peut aussi
conserver son grade et voir son emploi supprimé. Il peut changer de grade sans changer
d’emploi.

Mais dans le principe, l’emploi auquel le fonctionnaire est affecté doit être en rapport avec
son grade, sauf bien entendu si l’intérêt du service fait obstacle au respect de ce principe. Si
les notions de grade et d’emploi ne se confondent pas, elles ne sont pas sans lien.

Paragraphe II :Une distinction relative


La distinction qui vient ainsi d’être faite entre les notions de grade et d’emploi n’est pas
absolue.

En effet, l’article 32 du statut général de la fonction publique sénégalaise définit le grade


comme le titre qui confère à son titulaire vocation à occuper un des emplois qui lui sont
réservés. Cette disposition se fonde sur le principe selon le quelle, un fonctionnaire ne peut
être affecté qu’à un emploi correspondant à son grade.
65
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Le lien entre l’emploi et le grade est encore établi par l’article 56 du statut général qui
définit la position d’activité comme la position du fonctionnaire qui régulièrement titulaire
d’un grade, exerce effectivement les fonctions de l’un des emplois correspondants. La relation
entre l’emploi et le grade implique que tout fonctionnaire titulaire d’un grade doit occuper un
emploi. Les emplois ainsi occupés forment ce qu’on appelle cadre, qui est une modalité de
regroupement des fonctionnaires.

Section II : Le regroupement des fonctionnaires

Au Sénégal, le statut général consacre les notions de cadre et de corps qui caractérisent
l’organisation verticale des fonctionnaires dont la hiérarchisation des corps en est une parfaite
illustration.

Paragraphe I : Les cadres et les corps : (regroupement vertical)


Le cadre est défini par le statut général comme l’ensemble des emplois concourant au
fonctionnement d’un même service administratif, ou relevant d’une même technique
administrative, allant de l’emploi le plus bas au plus élevé, article 22.

Constituent alors des cadres : le cadre des fonctionnaires de l’administration générale, le cadre
des fonctionnaires des impôts et domaine, le cadre des fonctionnaires des affaires étrangères,
le cadre des fonctionnaires du trésor etc.

Les cadres sont subdivisés en corps. Selon l’article 22 du statut général, le corps est
l’ensemble des emplois qui sont réservés, par les textes en réglementant l’accès à des agents
soumis aux mêmes conditions de recrutement et ayant vocation au même grade. A titre
d’exemple, on peut citer le cadre des fonctionnaires du trésor qui est constitué du corps des
inspecteurs, du corps des inspecteurs adjoints ; du corps des contrôleurs, et du corps des
agents de recouvrement.

En définitive, on peut dire que les notions de cadre et de corps ne sont pas sans lien car leur
création ne se justifie que par rapport à un ensemble d’emplois à pourvoir.

66
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

Paragraphe II : Les hiérarchies : (les regroupements horizontaux)


Les fonctionnaires appartenant à un corps sont répartis en hiérarchie, cinq au total. Ce sont les
hiérarchies A, B, C, D et E. Mais cette hiérarchisation n’est plus d’actualité, car depuis 1983,
les corps des hiérarchies D et E étaient érigés en corps d’extinction, c’est-à-dire que
l’administration ne devait plus recruter dans ces corps.

On définit la hiérarchie par le niveau de recrutement ou le degré de qualification des emplois


concernés. Autrement dit par la corrélation entre le niveau de recrutement et le degré de
responsabilité dans les fonctions exercées.

Ainsi depuis le décret n° 92-1196 du 19 août 1992 relatif au classement et aux indices
correspondant aux grades et échelons des corps de fonctionnaires, les corps de la
hiérarchie A recrutent parmi les titulaires d’une maîtrise de l’enseignement supérieur ou d’un
diplôme équivalent.

L’emploi correspondant à cette hiérarchie est une fonction de direction et de conception. Les
corps de la hiérarchie B recrutent parmi les titulaires du baccalauréat qui sont appelés à des
fonctions d’exécution. Les corps de la hiérarchie C parmi les titulaires du Brevet de fin
d’études moyennes (BFEM).

Les regroupements en hiérarchies sont qualifiés de regroupements horizontaux du fait qu’à


l’intérieur de chaque hiérarchie, nous avons des fonctionnaires appartenant à différents corps.
Pour la hiérarchie A, on peut citer les administrateurs civils, les inspecteurs du travail, les
inspecteurs du trésor. Pour la hiérarchie B, les secrétaires d’administration, les contrôleurs du
trésor, les contrôleurs du contrôle économique.

67
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

BIBLIOGAPHIE INDICATIVE

ABY (J.M.), AUBY (J.B.), droit de la fonction publique, der. éd. -

BRARE (Y.), Droit administratif des biens et de la fonction publique. PUF Memento Thémis
der. .ed.

- BRETON (J.M.), Droit de la fonction publique. Des Etats d’Afrique francophone. Paris FDI
CEF 1990. -

PANTEY (A), Traité théorique et pratique de la fonction publique. LGDJ dern. Éd.

- GAZIER (F), la fonction publique dans le monde Paris. Cujas dern.ed. -

LACHAUME (J.F.), la fonction publique – Dalloz der.ed. -

DIARRA (M.), Memento de la fonction publique NEA Dak.2005. -

SILVERA (S.) SALON (S.), la fonction publique et ses Problèmes. Paris Moniteur dern. ed. -

CHAPUS ( R), droit administratif général T2 der. ed. -

DELAUBADÈRE (A), Traité de droit administratif T.5, la fonction publique LGDJ der. ed., -

DE FORGES (J.M.), Droit de la fonction publique PUF (droit fondamental) der. ed. –

b) Textes législatifs et réglementaires –

Loi n° 61-33 du 15 juin 1961, relative au statut de la fonction publique modifiée.

- Décret n° 74-347 du 12 Avril 1974 fixant le régime spécial applicable aux agents non
fonctionnaires de l’Etat. J.O. 27 Avril 1974 modifié par le décret n°87-204 du 18 février 2004
du 18 février 2004.

- Décret n° 2002 –78 du 29 janvier 2002 fixant les conditions générales d’emploi et de
rémunération des professeurs contractuels de l’enseignement JO du 11 mai 2002 modifié par
le décret n° 2004 – 1651 du 30.12.2004.

- Décret n° 99-908 du 13 septembre 1999 fixant les conditions générales d’empli et de


rémunération des maîtres contractuels (JO du 9 octobre 1999 modifié par le décret n° 2004-
1650 du 30 décembre 2004.

68
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

c) Articles :

J.B. AUBY : « Les incidences de la décentralisation sur la fonction publique de l’Etat ». Revue
administratif Mai – Juin 1987, p. 207.

BERTAND (F.): « Les dispositions générale applicables aux agents non titulaires de l’Etat », RFDA,
1987, p. 554.

SAYEGH (I) et LAPEYRE (CH): « Essai d’une théorie générale des statuts des personnes non
fonctionnaires des secteurs publics et parapublics en droit sénégalais » A.A. 1978, p.611.

- TIMSIT (G.) « Essai et établissement d’un modèle de statut de la fonction publique des pays
francophones en voie de développement » RISA 1968, p.203.

- BRAIBANT (G): « Existe-t-il un système européen de fonction publique », RFAP 1993, p. 611.

- G. TIMSIT : « Fonction publique et développement politique : le cas des pays africains francophone
» RISA 1972, p. 2.

- MADIOT (Y): « Les tendances récentes de droit de la fonction publique » D. 1975, p. 227.

- BOURDON (J). : « La fonction publique territoriale » RFDA 1986, p.881.

- BOCKEL (A). : « La condition juridique de stagiaire dans le régime français de la fonction publique
RDP 1966, p. 265.

- BRIMO (A) : « Les fonctionnaires contractuels « RDP 1944, p. 107.

- STIRN (B) :« L’agent public, réflexion sur la jurisprudence » AJDA, 1991, p. 587. -

SA (D) : La sélection par concours dans la fonction publique : un mode de recrutement en crise, RDP,
1997, n°2, p. 235. -

O. GOHIN : Le droit des examens et des concours R.D.P. 1988, p.1647. -

G. MORANGE : Le déclin du principe d’égalité dans les concours, Mélanges Waline, T.2, p.621. -

F. CHEVALIER: La fonction contentieuse de la théorie des opérations administratives complexes,


AJDA, 1981, p.331. -

J.J. GLEIZAL : La démocratie de la formation et du recrutement des agents publics, RFAP, 1983, p.
414. -

J.F. KESLER: Les systèmes de sélection et de formation des hauts fonctionnaires, R.A. 1979, p.433. -

M. WALINE : Les concours de recrutement dans la fonction publique en France, RISA 1957, p.281. -

69
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

COLIN : Les autorités investies du pouvoir de nomination aux emplois civils et militaires, R.P.D.A.
1960, p.81. -

P. DABEZIES : Le problème du droit à concourir RDP, 1967, p.1133 -

CH. DEBBASCH : La femme et la fonction publique D. 1961, chr. p. 139. -

B. LASSERRE et J.M. DEFLARUE : Le degré d’indivisibilité des opérations de concours AJDA, oct. 1983,
p. 535. -

Y. GAUDEMET : « Existe-t-il une catégorie d’agents contractuels de l’administration ? Sur le degré


d’originalité du recrutement par contrat dans la fonction publique » AJDA, 1977, p. 614. -

CHATELAIN : « Le recrutement et la formation des cadres supérieurs de l’administration générale en


France » RISA, 1960, n°3. -

P. BANDET : « La jurisprudence des concours administratifs, Doc. Fr. 1992; -

C. LALUMIERE : « Les concours internes », RDP 1968, p.481; -

BOUTELET P. : « L’émergence jurisprudentielle d’une nouvelle notion » l’agent des services publics »
AJFP, 1996, p.4. -

P. AUVRET : « L’égalité des sexes dans la fonction publique » RDP 1983, p.1571. -

FABRE-ALIBERT : « Le principe d’égal accès aux emplois publics dans la jurisprudence


constitutionnelle » RDP 1992, p.425. -

BERNARD (M) : « Le contrôle par le Conseil d’Etat sur l’appréciation par l’administration de l’aptitude
professionnelle ou physique des fonctionnaires » EDCE 1957, p. 53. - M.C. : « Historique du système
de formation et de recrutement des hauts fonctionnaires », RFAP 1977, p.9. -

SPILIOTOPOULOS : « Les techniques de recrutement dans les systèmes de carrière et d’emploi » RFAP
1983, p.67. -

LAVAU (GE): « Le prétendu pouvoir discrétionnaire d’exclure un candidat d’un concours » JCP 1953,
1128. -

MORANGE : « Le déclin du principe d’égalité dans les concours » Mel. Waline1974, p.621. -

COMTE (A) : Le tour extérieur dans la fonction publique » AJ DA 1977, p.339.

- DE LAUBADÈRE (A), Traité de droit administratif, T.5, la fonction publique, LGDJ, 11e éditions, 1998;

- BRETON (J.M.), Droit de la fonction publique des Etats d’Afrique francophone, Paris, EDCEP-AUPEL-
UREF, coll. Francophone, 1994;

- CHAPUS (R), Droit, administratif général, T.2, 14e édition 2000.

70
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

- AUBY (J.M.) et (J.B.), Droit de la fonction publique, Dalloz, Précis 3e éd. 1997.

- DE FORGES, (J.M.), Droit de la fonction publique, PUF (droit fondamental) 2) éd., 1997.

- PANTEY (A), La fonction publique. Traité général Litec 1992.

- AYOUB (E), La fonction publique en vingt principes éd. Frison-Roche, 2eéd. 1998.

- LACHAUME (J.F.), La fonction publique, Dalloz (du droit, 1992).

- ROUVIÈRE (J.M.), Droit pratique de la fonction publique, Encyclopédie Delmas, 1991.

-BALDOUS (A) ET NEGRIN (J.P) : « A propos du principe de mobilité : la procédure de changement de


corps, une garantie fondamentale mort-né ? » RFDA 1958, p.432.

- LEBIGOT (C), « Un double contentieux pour les fonctionnaires détachés » Gaz palais 10 – 11 mars
2000, p.2.

- MÉDEYLLET (M), « Les emplois à la discrétion du gouvernement » AEA 1979, p.447.

- CHEMILLIER-GENDREAU (M), « Le détachement dans la fonction publique » RDP 1967, p.647.

- DEMICHEL (A), « Les frégolis de la fonction publique, D. 1969 chron. P.29. -

CHARLES (V) : « Les fonctionnaires mis à la disposition d’organisme publics ou privés « AJDA 1977
p.607. -

SAVIGNAC « La mise à disposition « Rec.ad.1985 p.580. -

MATHIOT « Le détachement des fonctionnaires » RDP 1938.457. -

LACHAUME « Le détachement d’un fonctionnaire au près d’un organisme privé « Droit soci.1966;
324. -

CHEMILLIER GENDREAU « Le détachement dans la fonction publique » RDP 1967 p.647. -

ARNOLD (J.P.) : « Le détachement des fonctionnaires de la fonction publique de l’Etat français dans
une organisation internationale intergouvernementale » RFDA 1988 p.534. -

CHARLES (H) : »Les fonctionnaires mis à la disposition » AJDA 1977 p.609. -

LAFFITE(J) « La rémunération contractuelle des fonctionnaires détachés » Droit soci.1986 p.435

- BOLLON (P.) : «Le nouveau régime des positons des fonctionnaires de l’Etat » RFDA 1986 p.90.

CHEMILLIER-GENDREAU (M.) : « Le détachement dans la fonction publique » RDP 1967 p.647.

ARNOLD (J.P.): « Le détachement des fonctionnaires de la fonction publique de l’Etat français dans
une organisation internationale intergouvernementale RFDA 1988 p.534.

71
Cours Fonction publique
Dr Nfally CAMARA, Maître de Conférences Assimilé Enseignant chercheur au Département de droit
public FSJP/UCAD.

CHARLES (H) :« Les fonctionnaires mis à la disposition » AJDP 1977 P ; 609.

BOLLON (P) : « Le nouveau régime des positions des fonctionnaires de l’Etat », RFDA 1986 P ; 90.

LACHAUME : « Le détachement d’un fonctionnaire auprès d’un organisme privé » Droit social 1966
p.324.

II. JURISPRUDENCE SÉNÉGALAISE

- C.S. 28 avril 1971Issaga Keita GDJAS p. 458. –

CS 12 janvier 1977 MaguetteThiam GDJA S.P. 438 –

CS 13 février 1980 Sidy ArdoSow GDAB 503 –

CS 18 juillet 1973 Yoro Kanté GDJAS p.389 –

C.S 26 Novembre 1980, Mamadou Moustapha Diop GDJAS p. 597. –

C.S. 26 Novembre 1980; OssySène GDJAS 1980 p.521

- C.S 29 juillet 1981? MagatteThiam GDJAS p. 562.

- C.S 23 NOVEMBRE 1966. Abdel Kader Ndiaye GDJAS 567

- C.S 8 décembre 1971 Sieur Teuw. GDJAS 589.

- CE 28 janvier 2000 Association nationale des Handicapés moteurs du Sénégal Bull. des arrêts du CE
n° 2 2001 p.91.

- CE 30 Août 1995. Senghane Ndiaye Bull.des arrêts du CE n°1 P.96.

- CE 26.01.1994 Alla NGOM et autres, Répertoire de Jurisprudence. Recueil des arrêts du CE 1993-
1994- 1995 p.106.

72

Vous aimerez peut-être aussi