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L'épreuve de PECOS aux concours administratifs, élément de méthodologie ENA 2016

UP PECOS
LISTE DES ENSEIGNANTS AYANT PARTICIPE A
L’ELABORATION DU DOCUMENT DE METHODOLOGIE PECOS

GNOLEBA MARTIN
KPAN DRO MICHEL
DJIBRILA OUMAR
KOUASSI DJEDJE ERIC
ABOU POKOU EDOUARD
L'épreuve de PECOS aux concours administratifs, élément de méthodologie ENA 2016

AVANT PROPOS

Les présents éléments de méthodologie relatifs à la préparation aux différents concours

d’entrée dans cette prestigieuse école nationale d’administration de Côte d’Ivoire attendent

combler un vide ; celui de fournir aux postulants des repères pour une juste appréciation d'une

épreuve assez singulière aux concours administratives en Côte d'ivoire. En effet, l'épreuve de

Problèmes Economiques et Sociaux (PECOS) présente un caractère quelque peu hybride au

sens où pour ce qui est de la forme, elle reste assez proche de l'épreuve du Sujet d’Ordre

Général (SOG) ; par contre pour ce qui est du fond, elle emprunte à la dissertation économique

académique ou universitaire sa démarche d'argumentation reposant sur la mise en évidence

des relations et des faits empiriques, abstraction étant ici faite des fondements théoriques du

problème soumis à analyse.(Zokou, 2010)

Bénéficiant et capitalisant plusieurs années d'expérience dans l'encadrement pédagogique

des candidats aux concours d'entrée à l'ENA, tant au sein de cette illustre institution que dans

l'encadrement personnalisé, les auteurs des présents éléments de méthode ci-dessous

proposent dans ce module une démarche en trois étapes pour mieux appréhender les

contours de l'épreuve de PECOS dans l'optique de maximiser les chances de mieux la réussir.

En effet, le premier point porte sur les considérations générales de forme afin de faire la

différence entre l’épreuve de PECOS et l’épreuve d’économie.

Le second point met en évidence la typologie des sujets de PECOS et la technique de

conduite de l’analyse afin de permettre aux candidats d’augmenter leurs chances de réussite de

cette épreuve.

Le point trois se focalise sur la présentation typographique de la dissertation de l’épreuve de

PECOS.
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

PREMIERE PARTIE :
CONCEPTS FONDAMENTAUX ET ENJEUX
CONTEMPORAINS
Cette deuxième partie se penche sur une série de concepts fondamentaux en sciences
économiques et sociales. Pour chaque concept, une définition est proposée ainsi qu'un ensemble
d'enjeux et les évolutions actuelles.

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

THEME I : ETAT PROVIDENCE


Etat intervenant largement dans les domaines économique et social, en particulier dans le
domaine de la protection sociale.
Définition
Expression qui désigne l'extension de l'intervention de l'Etat dans le domaine
économique et social. Celui-ci est responsable de la croissance économique qu'il doit réguler
(politique conjoncturelle) et du bien-être social qu'il doit assurer (assurances sociales). Dans un
sens plus restreint, cette expression désigne uniquement l'intervention de l'Etat dans le domaine
de la protection sociale (l'Etat intervient pour protéger les individus contre les risques liés à
l'emploi, la vieillesse, la santé et à la famille).
Selon Robert Musgrave, l’apport principal de Richard Musgrave à l’économie publique a
été de synthétiser les différents apports de ces prédécesseurs et de proposer une typologie des
trois fonctions principales de l’Etat: la fonction d’allocation des ressources, celle de la
répartition et celle de la stabilisation.
 Une fonction d'allocation des ressources (avec la politique structurelle et la prise en
compte des externalités).
Musgrave répertorie les cas où le marché ne permet pas l'allocation optimale des ressources et
l’intervention subsidiaire de l’Etat efficace. L’intervention de l’Etat dans l’allocation des
ressources se justifie dans cinq situations.
Tout d’abord, l’Etat intervient pour régler le jeu du marché lorsque la libre concurrence n'est pas
assurée (c'est le cas lorsque existent des barrières à l'entrée) et pour assurer les contrats, c’est la
fonction de justice. Le deuxième cas d'intervention est la présence de rendementscroissants dans
la production. L’Etat doit alors soit contrôler le monopole qui produit le bien soit assurer lui-
même la production. Le troisième cas concerne l'apparition d'externalités positives ou négatives.
Musgrave cite le cas de l'influence de la création d'entreprises ou de commerce sur le prix des
logements du quartier. La présence d’externalité justifie l’intervention de l’Etat en ce que les
agents prennent en compte le coût privé d’une production et non le coût social. Dans l'ensemble
de ces cas l'intervention de l'Etat est un substitut marginal et secondaire à l'intervention des
règles du marché, reprenant ainsi l’approche de Smith. Musgrave répertorie néanmoins deux
domaines où l'intervention de l'Etat est primordiale : la gestion des biens collectifs purs (ceux
déjà définis par Samuelson, comme biens non rival et non exclusifs (on ne peut exclure un
consommateur de la consommation) et celle des biens tutélaires. Le cinquième cas
d’intervention est nouveau et s’inscrit dans une approche de bien-être: les biens tutélaires sont
des biens librement produits et consommés sur le marché mais trop ou pas assez, suivant des

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critères politiques ou moraux: alcool; drogue, hygiène.


 Une fonction de redistribution des revenus (prélèvements et ré affectations) en
fonction d’une idée de la justice sociale. La définition de la juste répartition est reléguée
hors du champ de l’économie: l’économiste se charge uniquement de mettre en œuvre
cette juste répartition. La fonction de redistribution vise à corriger l’allocation des
ressources, en fonction d’une idée de la justice sociale.
 Une fonction de stabilisation de la conjoncture (croissance équilibrée et lutte contre
l'inflation et le chômage par la politique conjoncturelle). On parle aussi d'une fonction de
régulation. La troisième fonction de stabilisation de l’économie est dans la lignée de
l’approche keynésienne (l’Etat doit assurer le plein emploi, la stabilité, des prix1. On peut
y ajouter l’objectif de croissance et d’équilibre extérieur).
On le voit, on peut parler d'interventionnisme (dans la vie économique et sociale) à propos de
l'Etat providence.
On oppose souvent la notion d'Etat providence à celle d'Etat gendarme, terme qui désigne un
Etat qui n'assure que la sécurité (police, armée, justice), le fonctionnement des administrations
et la prise en charge des infrastructures non rentables (les routes par exemple ou les ponts, etc.).
Cette conception reste cependant très théorique, l'Etat étant intervenu fréquemment et de plus en
plus dans l'activité économique et sociale et ce même dans les pays les plus libéraux (Grande
Bretagne, Etats-Unis).

Enjeux
L'Etat providence est actuellement soumis à trois crises qu'il doit dépasser :
une crise financière, puisque le déficit et la dette ne permettent plus à l'Etat d'assurer de
manière pérenne (c'est - à - dire durable) ses fonctions traditionnelles,
 Une crise d'efficacité, puisque l'on constate que l'intervention publique volontariste n'a
pas permis d'améliorer durablement la situation de tous les bénéficiaires de l'Etat
providence (et notamment des plus démunis),
 une crise de légitimité enfin, puisque cet Etat providence est critiqué au nom de son
"injustice" ou de son "égalitarisme" néfaste aux yeux des économistes libéraux.
L'Etat providence doit donc se transformer, ce qui nécessite un débat dans la société à son sujet.

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Dans une approche néo-classique, la stabilité des revenus satisfait à la fois le consommateur (argument de
lissage) et le producteur (les anticipations stables favorisent l’investissement).
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Evolutions
On assiste aujourd'hui à 2 évolutions principales:
 Les fonctions de l'Etat providence ne sont désormais plus du seul ressort de l'Etat central.
Dans le cadre de l'intégration européenne, elles sont aussi assurées, soit par l'échelon
européen avec la mise en place des politiques économiques concertées de l'UE (stratégies
de Lisbonne par exemple), soit par les niveaux décentralisés comme les régions ou
départements, avec la prise en charge de fonctions sociales (par exemple, le RMI n'est
plus géré par l'Etat mais par les Départements).
 Il y a une remise en cause libérale de l'efficacité de l'action publique et de la protection
sociale, et notamment de la prise en charge des plus démunis, au nom des "méfaits"
supposés de l'assistance... Ce qui est bien sûr à discuter.
Indicateurs
 Il n'y a pas d'indicateur précis pour traduire l'importance de l'Etat providence. On peut
toutefois s'en faire une idée à travers l'évolution du budget de l'Etat, notamment en
étudiant l'évolution des dépenses par fonctions. On utilise aussi souvent le poids des
dépenses publiques, ou aussi le poids des dépenses de protections sociales, dans le PIB,
ce qui permet de comparer les pays.
La notion d'Etat providence ne se limite pas à la seule protection sociale, comme le
précise bien la définition.

Sujet d’application : Le désengagement de l’Etat de l’économie tel que souhaitées par les
institutions de Bretton Woods peut – il selon vous contribuer au développement
économique des PED ?

THEME II : POLITIQUE BUDGETAIRE


C'est l'ensemble des mesures ayant des conséquences sur les ressources ou les dépenses inscrites
au budget de l'Etat et visant directement à agir sur la conjoncture.
Définition
Le budget de l'Etat est une loi (la "Loi de Finances") votée chaque année et autorisant l'Etat à
prélever certaines ressources (impôts et taxes) et à dépenser ces ressources d'une manière
prévue précisément par la loi.
Le montant de ces ressources est très élevé : près de 1600 milliards de francs en 1998, par
exemple, soit un peu moins de 20% du PIB. Avec de telles ressources, on comprend que l'Etat

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pense à utiliser ses dépenses pour atteindre certains objectifs de politique conjoncturelle.
La politique budgétaire est l'ensemble des mesures ayant des conséquences sur les ressources
ou les dépenses inscrites au budget de l'Etat et visant directement à agir sur la
conjoncture. L'Etat utilise le Budget comme un instrument pour agir sur la conjoncture.
Exemples:
 la suppression de la vignette automobile est une mesure de politique budgétaire : elle
contribue à diminuer les prélèvements sur tous les propriétaires de véhicules et, ce
faisant, elle contribue à diminuer le poids global des prélèvements obligatoires.
 créer une prime à l'embauche pour les travailleurs non qualifiés d'un certain âge, par
exemple, c'est augmenter les dépenses budgétaires, pour tenter d'augmenterl'emploi de
cette catégorie de travailleurs, et donc diminuer le chômage. C'est une mesure de
politique budgétaire.
Contre-exemples :
 Alléger les cotisations sociales ne relève pas de la politique budgétaire. C'est une action
réglementaire (modification de la réglementation) qui va agir sur les prélèvements
obligatoires, mais les cotisations sociales ne sont ni des taxes, ni des impôts, elles ne sont
pas des recettes de l'Etat mais de la Sécurité sociale.
 Augmenter le montant du SMIC relève également de la réglementation, pas de la
politique budgétaire. Ce n'est pas l'Etat qui paie le SMIC ...
Enjeux
Comme toutes les mesures politiques, la politique budgétaire traduit des choix et une analyse de
la situation économique et sociale de la Nation à un moment donné de son histoire. Derrière
les mesures de politique budgétaire, on doit toujours se demander ce qui se cache : est-ce
une analyse plutôt libérale ou plutôt keynésienne, le choix fait est-il de privilégier la lutte contre
le chômage ou la compétitivité des entreprises, etc. ? Le maintien d'un déficit budgétaire élevé
est a priori keynésien, une lutte pour la réduction de ce déficit est plutôt libérale. La politique
budgétaire a toujours des conséquences espérées (ce sont ses objectifs), mais, dans la réalité, elle
peut avoir des effets inattendus ou, même, pervers (les effets vont alors à l'encontre de l'objectif
poursuivi).
Evolutions
Globalement, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les dépenses publiques (et donc les
recettes...) ont beaucoup augmenté, ce qui correspond à la montée de l'Etat providence. Depuis
1980, la plupart des pays développés ont remis en cause cette orientation et tenté, avec plus ou

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moins d'efficacité, de limiter l'utilisation du Budget de l'Etat, et en particulier du déficit


budgétaire, comme moyen d'orientation de la croissance économique.
Il faut ajouter que des contraintes grandissantes pèsent sur le Budget de l'Etat, en particulier
dans les pays européens : d'une part, une contrainte financière du fait de la montée de
l'endettement, d'autre part des contraintes imposées par l'UEMOA (limitation des déficits
publics à 4% du PIB, par exemple).

Indicateurs
Il n'y a pas réellement d'indicateurs pour mesurer la politique budgétaire. Cependant, le montant
total des dépenses de l'État, le déficit ou l'équilibre du budget, la structure des dépenses et leur
évolution peuvent donner des indications sur les choix politiques opérés.
Erreurs Fréquentes
 Confondre Budget de l'État et recettes des Administrations publiques : l'État est une
Administration publique, en effet, mais il y en a d'autres, les collectivités locales (les
Communes, les Départements, les Régions, qui ont, chacun, un budget propre) et la
Sécurité sociale (qui a un budget d'un montant équivalent à celui de l'État).
 Confondre déficit budgétaire et déficit commercial : ces deux notions n'ont
strictement rien à voir et leur confusion vient souvent d'une distinction approximative
entre Nation et État. Le déficit commercial est souvent défini comme le solde négatif de
la balance commerciale : cela signifie que, pour un pays donné (une Nation, pour la
Comptabilité nationale), les importations sont supérieures aux exportations. On dira
volontiers que "la Côte d’Ivoire a plus acheté à l'extérieur qu'elle ne lui a vendu". Mais "
Côte d’Ivoire", ce n'est pas "l'État ivoirien" au sens politique du terme, c'est l'ensemble
des agents économiques exerçant habituellement leur activité sur le territoire national,
c'est-à-dire les ménages, les entreprises, les institutions financières, les Administrations.
Quand il y a un déficit commercial, ce n'est pas l'État qui le finance, ni qui en est le
responsable. Ce sont les agents qui ont importé qui doivent trouver les moyens de payer
leurs achats (par exemple en empruntant à l'étranger). Le déficit budgétaire, lui, traduit
simplement le fait qu'une année donnée, le budget de l'État était en déficit, c'est à dire
que l'État a plus dépensé qu'il n'a eu de recettes (ce qui est possible, par exemple s'il
emprunte). Confondre ces deux deficits est une très grosse erreur.
 En face d'une situation conjoncturelle précise, on a parfois tendance à dire "yaka" (il n'y
a qu'à ...) : par exemple, devant la montée de l'insécurité ressentie par les ivoiriens,
"yaka" recruter davantage de policiers. Les "yaka" ont pratiquement tous comme

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conséquence d'augmenter les dépenses de l'État, sans qu'on ne précise jamais le


financement de ces dépenses, ou alors en disant qu'il "yaka" supprimer tous les
gaspillages de l'État, mais sans dire lesquels. Il faut être prudent car les choses ne sont
pas simples et l'État ne fait pas toujours ce qu'il veut (par exemple, les pactes
d'intégration limitent la liberté d'action de l'État).

Sujet d’application : La politique budgétaire d’obédience Keynésienne peut-elle constituer


une source de croissance économique et sociale dans les pays de l’UEMOA ?

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THEME III : POLITIQUE CONJONCTURELLE


Ensemble des mesures de politique économique visant à agir sur l'économie à court terme.
Définition
"La politique conjoncturelle est l'ensemble des actions des pouvoirs publics destinées à
régulariser l'évolution globale de l'économie" (M. Cabannes, Les politiques conjoncturelles, A.
Colin, 1998).
Les pouvoirs publics cherchent donc, par un ensemble de mesures, à agir à court terme sur
l'activité économique de manière à rétablir les "grands équilibres" (prix, emploi, solde
extérieur). Les mesures prises sont de nature très variée.
La politique conjoncturelle a toujours un objectif (agir sur l'activité économique dans un sens
jugé souhaitable par les pouvoirs publics).C'est en fonction de l'objectif recherché que l'on
distingue politique de rigueur (ou d'austérité) et politique de relance.
La politique conjoncturelle est mise en place après une analyse de la situation économique du
pays : pour agir sur l'activité économique, il faut bien s'être demandé quelle était l'origine de
cette situation, c'est-à-dire l'interpréter. C'est pourquoi l'on peut dire que certaines politiques
conjoncturelles sont d'inspiration libérale (exemple, lutter contre le chômage en réduisant le
salaire minimum, ce qui signifie que l'on pense que le chômage est dû à un coût du travail trop
élevé, analyse libérale du chômage), que d'autres sont d'inspiration keynésienne (exemple :
lutter contre le chômage en augmentant le SMIC, ce qui signifie qu'on pense que le chômage est
dû à une insuffisance de la demande effective, analyse keynésienne du chômage).
Exemplesdemesuresrelevantd'unepolitiquederelance : hausse sensible du Salaire Minimum,
hausse du traitement des fonctionnaires, hausse du montant des allocations familiales, etc. dans
l'objectif de relancer la demande, en espérant que cela limitera la hausse du chômage.
Exemples de mesures relevant d'une politique de rigueur : hausse des taux d'intérêt,
diminution des dépenses publiques, hausse des impôts et/ou des cotisations sociales. L'objectif
est de freiner la demande et de freiner la création monétaire de manière à limiter l'inflation et à
restaurer l'équilibre extérieur.
Cependant la politique conjoncturelle n'a pas que des effets à court terme : les mesures
conjoncturelles ont souvent aussi une action sur les structures économiques et sociales, et il est
parfois bien difficile de distinguer les deux aspects.

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Enjeux
Connaître la politique conjoncturelle menée par un Etat à un moment donné permet non
seulement de repérer les difficultés reconnues par le pays lui-même, mais aussi de connaître
l'analyse qu'en font les pouvoirs publics, ce qui met en évidence en général des choix politiques
et idéologiques.
Exemple : face à un chômage fort (difficulté reconnue par les pouvoirs publics), l'Etat
décide de diminuer le montant des cotisations sociales patronales (mesure de politique
conjoncturelle).Comment interpréter cette décision ? On peut penser que l'analyse qui est faite
est d'inspiration libérale : en abaissant les cotisations sociales patronales, on abaisse le coût du
travail ; en prenant cette décision, on montre que l'on pense que le chômage est dû au coût du
travail, ce qui est une analyse libérale.
Autre exemple : dans la deuxième moitié des années 80 en Côte d’ivoire, les
déséquilibres portaient à la fois sur l'emploi (chômage élevé), les prix (inflation forte) et le
commerce extérieur. L'Etat a choisi de s'attaquer aux prix (politique de désinflation compétitive)
: cela traduit un choix politique, puisqu'en freinant la hausse des prix, on espérait retrouver une
meilleure compétitivité et donc rétablir l'équilibre extérieur mais au prix, au moins dans
l'immédiat, d'un chômage peut-être croissant.

Evolutions
On peut estimer que jusqu'à la fin des années 70, les politiques conjoncturelles ont été
d'inspiration keynésienne, c'est-à-dire qu'un ralentissement de la croissance économique était
interprété comme venant d'une insuffisance de la demande (demande de biens et services de
consommation et demande de biens de production) ; les pouvoirs publics devaient donc mener
une politique de relance en distribuant des revenus, en augmentant la consommation publique
et/ou en abaissant le taux d'intérêt (politique budgétaire et politique monétaire).
Inversement, quand les entreprises n'arrivaient pas à répondre à l'augmentation de la
demande, l'inflation se développait et rendait nécessaire l'intervention de l'Etat pour freiner la
croissance de la demande, par des mesures conjoncturelles inverses (politique d'austérité ou de
rigueur).
Depuis le début des années 80 devant l'échec des politiques d'inspiration keynésienne
pour résoudre la crise qui s'était développée, les pouvoirs publics ont mis en œuvre des
politiques conjoncturelles d'inspiration plus libérale : les difficultés venant de
dysfonctionnements sur les marchés, il faut, autant que possible, laisser les marchés fonctionner
librement de manière à ce que les prix et la concurrence puissent jouer leurs rôles.
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Dans ce cadre d'analyse, la politique conjoncturelle a surtout pour objectif de rétablir la


concurrence, de remédier à des difficultés ponctuelles, l'Etat devant se désengager le plus
possible. D'où la réduction des dépenses publiques (dans les pays anglo-saxons, par exemple), la
déréglementation. Cependant, on peut noter que les politiques conjoncturelles ont été sans doute
moins libérales que les responsables politiques ne le disaient. Ainsi, aux USA, un déficit
budgétaire élevé a été conservé pendant des années, et il a été un soutien important pour
l'activité économique. Enfin, pour les pays européens, la politique conjoncturelle est aujourd'hui
fortement contrainte par l'existence de l'Union européenne : les Etats ne peuvent plus faire
exactement ce qu'ils veulent, d'abord à cause de la réglementation européenne qui encadre les
réglementations nationales, ensuite à cause de la contrainte budgétaire (les déficits publics ne
peuvent dépasser 3% du PIB). Un bon exemple est celui de "la vache folle" : les agriculteurs
français demandent à être indemnisés des pertes qu'ils subissent du fait de l'épidémie. Cela
supposerait une aide directe, exemple-type de mesures conjoncturelles, que la réglementation
européenne interdit en principe.
Indicateurs
Il n'existe pas d'indicateur unique pour mesurer la politique conjoncturelle. On peut
l'appréhender, par exemple, à travers l'évolution du solde du budget ou des taux d'intérêt.
Erreurs Fréquentes
Ne pas confondre politique conjoncturelle et structurelle : la politique conjoncturelle se
raccroche au court terme par ses objectifs alors que, pour des objectifs à long terme, on parle de
politique structurelle. Mais la distinction n'est pas toujours facile : la succession de mesures
conjoncturelles agit évidemment sur les structures économiques et sociales.
Penser à "qualifier" les politiques conjoncturelles : il faut bien comprendre que l'appellation
"politique conjoncturelle" rassemble des politiques qui peuvent être extrêmement différentes.
Autrement dit, quand vous avez écrit "politique conjoncturelle" dans un devoir, vous n'avez rien
dit de précis. Il faut donc toujours qualifier la politique conjoncturelle dont vous parlez, c'est-à-
dire préciser en quoi elle consiste (politique de rigueur, politique de relance ...), quel équilibre
elle vise à rétablir (puisque c'est le but des politiques conjoncturelles) et éventuellement quel
est son fondement théorique.

Sujet d’application : Dans quelle mesure la politique conjoncturelle peut-elle être


considérée comme un parfait instrument de résolution des crises économiques?

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THEME IV : ECHANGES INTERNATIONAUX


Définition
Les échanges internationaux désignent l'ensemble des transactions transfrontières qui peuvent se
produire, tous les ans, entre les agents résidents d'une nation étudiée et ceux du reste du monde.
Ils regroupent donc les flux de marchandises, de services, de travailleurs, de moyens de
paiement, et de capitaux.
Enjeux
Il subsiste au moins 1 des 2 grandes raisons de prêter une grande attention à la question de
l'équilibre des échanges extérieurs d'un pays comme la Cote d'Ivoire.
Ces 2 raisons étaient aussi les 2 aspects d'une contrainte considérée comme essentielle dans les
années 80 notamment : la "contrainte extérieure" :
- La première raison, ou le premier aspect, était liée à l'activité du pays et à l'emploi (en
économie ouverte). En effet, dans la fameuse égalité des emplois et des ressources,
PIB + Importations = Consommation + Investissement + Exportations ou - Variations
de stocks
Les termes de droite sont considérés comme les moteurs de la croissance (et donc de
l'emploi). Une économie ouverte ne peut pas se contenter des 2 premiers moteurs car si sa
production n'est pas assez compétitive cela va entraîner beaucoup d'importations et peu
d'exportations au détriment de l'emploi. En revanche, si elle est compétitive la balance
commerciale sera favorable et cela ajoutera un 3ème moteur à sa croissance au profit de l'emploi.
Cette bonne raison de surveiller l'équilibre extérieur de la Côte d'Ivoire existe toujours.
- La seconde raison, ou le second aspect, était lié à la défense de notre monnaie. En effet,
quand un pays est responsable de sa monnaie, le déficit commercial correspond à une sortie
nette de devises. Or rares sont les pays dont la monnaie est très demandée à l'extérieur quelle
que soit leur compétitivité (en fait seuls les Etats-Unis disposent de ce privilège). Pour tous les
autres pays déficitaires, les non-résidents perdent rapidement confiance en la solidité d'une telle
monnaie. Ils s'empressent donc de la convertir, au détriment des réserves de la banque centrale
concernée. Cette situation n'est pas longtemps tenable pour une autre raison : que l'on soit en
régime de changes fixes ou en régime de changes flottants, la perte de confiance dans une
monnaie va faire pression à sa baisse (dévaluation ou dévalorisation selon le cas). Ceci a pour
résultat de rendre les importations plus chères, ce qui est très pénalisant, notamment pour des
pays dont la production est très dépendante de fournitures stratégiques (comme l'énergie par
exemple)…

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Cette autre bonne raison de surveiller l'équilibre extérieur de la Côte d'Ivoire n'existe pas
sous cette forme; mais on la retrouve bien entendu à un autre niveau : c'est l'ensemble des pays
de la zone CFA qui doit être assez compétitif par rapport au reste du monde pour que leur
monnaie unique ne prête pas le flanc à une telle défiance et à ses conséquences.
Autres enjeux et débats:
 A quoi bon avoir une économie de plus en plus ouverte ? C'est le fameux débat sur les
mérites respectifs du libre-échange et du protectionnisme. Si l'ouverture profite surtout
aux plus forts, sans doute faut-il ne s'ouvrir que progressivement au fur et à mesure
qu'on devient fort dans certains domaines… Mais cela fait l'objet de longs
développements et de débats contradictoires…
 A quelles conditions une stratégie d'ouverture s'avèrera-t-elle profitable à long terme
pour le pays qui l'adopte ? C'est le débat sur l'évolution des termes de l'échange. En effet
les pays qui gagnent, à moyen et long terme, grâce à cette stratégie sont notamment
ceux qui parviennent à faire évoluer favorablement le rapport de leur indice prix à
l'exportation sur leur indice de prix à l'importation. Et inversement… D'où la question
suivante :
 La stratégie de l'ouverture accélérée est-elle bien raisonnable pour les pays en retard de
développement et peu innovants ? En régime de libre-échange ils risquent d'avoir du mal
à défendre le pouvoir d'achat de leurs exportations (le prix des biens (manufacturiers)
importés ne cesse de croitre tandis que celui des biens (non manufacturiers) continue à
baisser en moyenne. Ceci pose donc de façon pertinente la question du type de
coopération Nord-Sud qui devrait rendre cette stratégie gagnante pour tous les partenaires
et pas seulement pour les plus avancés.
 Au-delà de l'ouverture commerciale, faut-il prévoir des limites à la libre circulation des
travailleurs et des capitaux?
o Concernant les travailleurs, cela pose le problème de la meilleure
répartition des forces vives du développement sur la planète. Ce problème
d'aménagement du territoire mondial est inséparable de la question suivante:
o Concernant le capital technique, cela pose le problème des transferts de
technologie et de l'adaptation adéquate des technologies aux différents milieux
candidats au développement. Là encore, le libre-échange ne suffira sans doute pas
pour que ces transferts soient spontanément financés et qu'ils s'avèrent spontanément
aussi gagnants pour les fournisseurs que pour les preneurs de tels transferts.

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o Concernant le capital financier, cela pose le problème de la régulation des


énormes flux de capitaux, le plus souvent gérés par des investisseurs institutionnels
drainant, au jour le jour, l'épargne mondiale vers les zones aux placements réputés les
plus rentables. Là encore, la liberté totale de cette circulation peut être un facteur
d'instabilité des financements de l'investissement international dans la mesure où il
peut être pris dans les tourmentes de logiques spéculatives susceptibles de faire et de
défaire très rapidement la confiance dans certaines technologies, dans certaines
zones, dans certaines monnaies…
 Tout cela pose le problème des institutions nécessaires à l'étape actuelle de
la mondialisation et de la globalisation économique: Quelles institutions monétaires,
financières, mais d'abord politiques… Comment réguler et "normaliser" tous ces flux
pour qu'ils ne provoquent pas des déséquilibres majeurs (Crise des supprimes devenue
crise économique mondiale)? Comment concevoir un hiérarchie de toutes ces nouvelles
normes internationales à produire pour assurer, autant que possible, les conditions d'un
développement durable de toutes les zones ? (normes politique, juridiques, en matière de
droits de l'homme, en matière de droit du travail, en matière d'environnement, en matière
commerciale, financière, fiscale, etc…).
 C'est ici que l'on voit que la régulation des échanges internationaux ne
pourra vraisemblablement se poursuivre que dans le respect d'un certain nombre de
conditions d'une mondialisation culturelle respectueuse d'une certaine diversité, sans quoi
le processus de globalisation pourrait se heurter à l'apparition de graves conflits
politiques et culturels…
Evolution
La grande tendance dans ce domaine porte un nom bien connu : la mondialisation.
Le terme américain est "globalization" mais sa traduction littérale en français (globalisation)
insiste davantage sur les aspects financiers et moteur économique libéral qui donnent sa forme
à la mondialisation actuelle, (le terme mondialisation pourrait -a priori- recouvrir un
phénomène beaucoup plus multidimensionnel).
La globalisation fait tout de suite penser à ce que l'économiste français H. Bourguinat nommait,
dès 1982, le mouvement des "3D" : déréglementation (de tous les flux), décloisonnement (des
flux monétaires et des flux financiers), et désintermédiation (des moyens de financement de
l'investissement qui tendent à passer de moins en moins par le crédit bancaire et de plus en plus
par le financement direct auprès des marchés financiers qui drainent l'épargne) ; et tout ceci de
plus en plus directement au niveau mondial bien entendu.

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Ce terme suggère que de là découle la forme actuellement imprimée au mouvement de la


mondialisation économique, sociale, culturelle, et à son mode de gouvernance privilégiée
(autour de la libre-entreprise, elle-même pilotée par son actionnariat).
Quoi qu'il en soit, la tendance lourde est à la multiplication des flux transfrontières et
notamment des flux de capitaux.
Indicateurs
Indicateurs et instruments d'évaluation des échanges : l'exemple de la Côte d'Ivoire.
Traditionnellement, le principal instrument de mesure des échanges internationaux est la
balance des paiements, établie tous les ans, et principalement chargée de récapituler toutes les
occasions d'entrées et de sortie de devises du pays.
L'analyse des différents étages de ces échanges, ainsi que leur évolution, permettait notamment
d'évaluer les gains ou pertes de confiance dans la monnaie nationale du point de vue
international.
La balance des paiements ne décrit pas les flux de personnes (travailleurs ou étudiants ou
touristes) en tant que tels, puisqu'elle s'intéresse uniquement aux conséquences sur les flux de
devises que tout cela peut générer. Elle tâche donc de décrire toutes les transactions
commerciales et financières.
Erreurs Fréquentes
Confusion entre balance commerciale et balance des paiements (ce qui amène à parler de déficit
ou d'excédent de cette dernière…) et confusion aussi avec les autres balances intermédiaires.
Tendance à attribuer à la seule balance commerciale toute la responsabilité de l'équilibre
extérieur du pays (ce qui amène à une conception très rudimentaire de la notion de contrainte
extérieure).
 Confusion entre déficit commercial et déficit budgétaire du pays
 Confusion entre taux d'ouverture et taux de couverture
 Confusion entre flux monétaires et flux financiers.
 Confusion entre taux d'intérêt et taux de change ou non compréhension du
lien entre les deux.

Sujet d’application : Libre échange et protectionnisme : quel choix pour les pays en
développement ?

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

THEME V : COMMERCE INTERNATIONAL


Définition.
Au sens strict, le commerce international correspond à l'ensemble des flux de marchandises
(biens) entre les espaces économiques nationaux. Au sens large, le commerce international
correspond à l'ensemble des flux de marchandises (biens) et de services entre les espaces
économiques nationaux. Les flux de services sont pris en compte dans la mesure où leur part
progresse rapidement dans les échanges internationaux (surtout le transport, le tourisme et les
services aux entreprises).

Enjeux.
Le développement du commerce international s'est traduit par une ouverture et une
interdépendance croissantes des économies.
Aujourd'hui devenu une variable centrale dans l'économie mondiale, il fait cependant toujours
l'objet, comme dans le passé, de nombreuses interrogations. Pourquoi les nations échangent-
elles entre elles ? Le commerce international constitue-t-il un moteur ou bien un frein à la
croissance ? Ne contribue-t-il pas à la perte d'autonomie des Etats?
Un débat théorique existe en toile de fond : certains voient dans le commerce international le
moteur de la croissance permettant à tout pays de se développer (à l'image, par exemple, des
Nouveaux Pays Industrialisés asiatiques). En revanche, d'autres pointent du doigt ses méfaits sur
certains pays (marginalisation des PED), sur certains secteurs (disparition de secteurs
traditionnels tels que le textile en Côte d’Ivoire), ou bien encore sur l'emploi (hausse du
chômage)…prônant alors le recours à des mesures protectionnistes.
La dynamique du commerce international se comprend également à travers ses acteurs. L'Etat
est un acteur central dans la mesure où ses actions, aux formes très variées, sont amenées à
stimuler (baisse des tarifs douaniers, par exemple) ou bien au contraire à restreindre (protection
non tarifaire par exemple) le commerce avec les autres nations. Mais les Etats ne sont pas les
seuls à intervenir dans la dynamique du commerce international, on doit compter également
avec les firmes, en particulier les firmes transnationales (FTN).
Les FTN influencent de plus en plus les échanges et ce, au travers notamment de la division
internationale du processus productif (DIPP) et du commerce intra-firme. D'ailleurs, leur poids
devient tel que les Etats, voyant leur autonomie s'effriter, se sentent de plus en plus impuissants
face à elles.

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Evolutions
Le commerce international n'est pas un phénomène récent ; en effet, déjà au 19ème
siècle, le commerce international progressait à un rythme supérieur à celui de la production
mondiale. Cette tendance se confirme et même s'accentue après 1945, si bien qu'entre 1980 et
2000 le commerce mondial en valeur est multiplié par 3,3 tandis que la production
mondiale l'est par 1,6. Dans cette perspective, le commerce international est perçu comme un
moteur de la croissance.
Cette progression fulgurante du commerce international s'est accompagnée de
transformations dans la structure de ce dernier, tant du point de vue de la nature des produits
échangés que dans la répartition géographique de ces échanges. Ainsi, au cours de ces deux
derniers siècles, la part des produits manufacturés dans les échanges n'a cessé d'augmenter
pour devenir prépondérante et ce au détriment des produits agricoles. Par ailleurs, depuis
deux décennies environ, la part des services dans le commerce international s'est accrue
considérablement et ils tiennent aujourd'hui une place centrale dans les échanges.
Corrélativement, le commerce international a été amené à se concentrer géographiquement
autour de trois zones constituant ce que l'on appelle la Triade (Amérique du nord, UE, Asie) ;
voire même au sein de chacune de ces zones (commerce intra-zone). Cette dynamique a ainsi
marginalisé certaines parties du monde (exemples : l'Afrique, l'Europe centrale-orientale, le
Moyen-Orient, l'Amérique Latine).
Indicateurs
Le commerce international se mesure par les flux (exportations et importations) de
marchandises et de services. Ces flux peuvent s'appréhender à différents niveaux : entre un
pays et le reste du monde, entre des zones, au sein d'une même zone.
 La balance commerciale est un compte statistique qui enregistre les exportations et
importations de marchandises (biens) entre un pays donné et le reste du monde. Le solde
commercial correspond à la différence entre les exportations et les importations ; ce
solde nous éclaire sur les performances commerciales du pays. Attention, il s'agit ici
uniquement des exportations / importations de marchandises, ne sont pas pris en compte
les flux de services. Pour connaître l'ensemble des flux de biens et de services entre un
pays donné et le reste du monde il faut se référer à la balance des transactions courantes;
 Le degré d'ouverture est un indicateur qui permet de savoir dans quelle mesure le pays
est ouvert sur l'extérieur : = [(X+M/2)/PIB] x 100.

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Erreurs Fréquentes
 Il ne faut pas confondre commerce international et mondialisation. On entend par
mondialisation la libre circulation des biens et services, des capitaux ainsi que des
hommes, tandis que le commerce international ne concerne que les flux de biens et, par
élargissement, de services.
 Il ne faut pas croire que ce sont les Etats qui contrôlent le commerce international. Si un
pays a un solde commercial déficitaire, ce n'est pas l'Etat qui va payer le déficit mais le
pays, la nation, qui devra trouver une solution, par exemple par l'endettement. Cet
endettement n'est pas public, à priori.

Sujet d’application: Sans le développement du commerce international, le sous-


développement serait aggravé.
Justifiez cette assertion d’un libre échangiste.

THEME VI : MONDIALISATION
Définition
Processus de constitution d'un marché unique qui tend à devenir universel par
abaissement des frontières entre les économies, les nations.
Les espaces économiques nationaux laissent place à un espace mondial intégré : c'est
l'image du "village planétaire" d'un système-monde. La mondialisation est l'expression de
l'expansion spatiale du capitalisme : en ce sens, elle est aussi une intégration croissante de la
production à l'échelle mondiale.

Enjeux
On peut retenir trois principaux débats portant sur la mondialisation :
La sphère politique :
D'une part, le rôle nouveau de l'Etat et la question de sa souveraineté : dépérissement de l'Etat-
nation ? Quelles marges de manœuvre des politiques publiques ?
D'autre part, la question de l'organisation du pouvoir à l'échelle internationale : l'hégémonie
d'une puissance nationale ou une gouvernance économique mondiale ? la nature de cette
dernière : démocratique ou bureaucratique ?
La sphère économique : les effets de la mondialisation sur le développement permettent-ils une

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

convergence entre nord et sud ? la mondialisation aggrave-t-elle au contraire les inégalités entre
les pays et au sein d'un même pays ? Ce débat s'organise aussi autour de la question du rapport
entre régionalisation et mondialisation : ces deux mouvements s'opposent-ils ou expriment-ils
une même tendance ?
La sphère culturelle : y a-t-il homogénéisation ou différenciation des modes de pensée, des
modes de vie ? Assiste-t-on à un mouvement vers l'universalité des valeurs ?

Evolutions
Trois étapes peuvent être repérées au cours des trois derniers siècles :
L'internationalisation des échanges commerciaux qui se produit dans la seconde moitié du
XIXème siècle (l'Angleterre adopte le libre-échange entre 1848 et 1875) et qui intensifie la
diversification géographique des marchés ainsi que l'ouverture et la spécialisation des
économies.
1. L'internationalisation de la production ou Trans nationalisation : essor
surtout après la seconde guerre mondiale des flux d'investissements directs à l'étranger et
stratégies de délocalisation géographique des firmes transnationales.
2. La globalisation qui met en place au cours de la période récente (années 80)
des réseaux mondiaux de production, de capitaux et d'information, dont le symbole est la
globalisation financière.

Indicateurs
Les indicateurs que l'on peut retenir à propos de la mondialisation sont ceux qui essaient
de mesurer à quel point les économies nationales sont intégrées dans ce processus, que ce soit
au niveau des échanges de biens et services ou des échanges de capitaux.
 Le taux d'ouverture des économies
 Les flux du commerce international (interzone, intra-zone)
 Les flux d'investissements directs à l'étranger

Erreurs Fréquentes
 analyser la mondialisation comme un phénomène très récent :
o le commerce international est très ancien (exemple de la route de la soie) :
échanges de marchandises mais aussi échanges culturels ;

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

o des entreprises mènent des investissements directs à l'étranger au XIXème


siècle, exemple de l'entreprise américaine de machines à coudre Singer (1851)qui
s'implante en Ecosse dès 1867, au Canada, en Autriche.
 restreindre la mondialisation au seul processus d'internationalisation
des économies nationales, c'est-à-dire au développement de leurs échanges en
particulier commerciaux : l'économie internationale n'est qu'une dimension de la
mondialisation dont le cœur est défini par des logiques productives.
 penser à un processus historique linéaire et progressif : passage d'une
économie locale puis régionale, puis nationale, internationale et enfin mondiale.
L'histoire des échanges internationaux remet en cause une telle progressivité et son ordre,
des périodes d'ouverture succédant à des périodes de repli
Sujet d’application : La mondialisation représente-t-elle une opportunité pour les pays
africains ?

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

THEME VII : ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE (OMC)


Historique
L'OMC remplace le GATT (qui n'était pas une institution). Organisme international regroupant
actuellement 149 pays, institué par les accords de Marrakech (fin de l'Uruguay Round) en 1994,
mis en place en 1995.
Le GATT n'étant pas une organisation, il n'avait aucun pouvoir de coercition sur les pays
signataires et, finalement, chacun faisait un peu ce qu'il voulait, surtout si c'était un pays
économiquement puissant : il avait un pouvoir de négociation supérieur (aides publique au
développement qu'il pouvait diminuer, etc.)
Ensuite, les conflits naissant entre les Etats trouvaient difficilement à se résoudre dans la mesure
où il n'y avait pas d'autorité établie. Avec le GATT, il n'existait pas de procédures de sanction
provenant du GATT lui-même ; après examen des plaintes, il pouvait seulement autoriser les
pays subissant des pratiques dérogeant aux accords de riposter (droits antidumping ou droits
compensateurs).

Définition
 Qu'est-ce que l'OMC?
L'OMC a son siège à Genève et comprenait en 2006 149 pays membres. En 2003, elle
contrôle environ 97 % du commerce mondial (produits, services, droits de la propriété
intellectuelle). L'OMC s'articule autour d'un Directeur général (P. Lamy, Français, nommé en
2005) qui dirige le secrétariat de l'OMC (560 fonctionnaires), d'un Conseil général composé de
représentants des pays membres, d'un Organe des règlements des différends (ORD) et de
Conférences ministérielles (les ministres des pays membres).
Quels sont les objectifs et les compétences de l'OMC?
L'OMC a les mêmes objectifs que le GATT puisqu'elle lui succède. Elle a pour but d'améliorer
le bien-être des populations des pays membres par l'accroissement de la production et du
commerce international. Ses missions sont d'encadrer les négociations commerciales, de régler
les différends (c'est-à-dire les conflits) commerciaux, d'examiner les politiques commerciales
nationales, et d'aider les pays en développement.

Comment fonctionne l'OMC?


L'OMC applique les principes mis en avant par le GATT, régi par l'Accord général de 1947 :
la non-discrimination (aucune discrimination entre les producteurs nationaux et ceux des pays
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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

signataires), la consolidation (l'engagement d'étendre à tous les signataires de l'accord les


conditions les plus favorables appliquées à l'un de ceux-ci), la libéralisation du commerce par
les négociations commerciales multilatérales et la promotion d'une concurrence loyale.
Les accords commerciaux sur les marchandises, les services, les droits de propriété intellectuelle
(droits d'auteur, brevets, marques...) sont réalisés au moins tous les deux ans lors de
Conférences ministérielles. Ces accords peuvent aussi concerner des mesures sanitaires. Les
décisions sont prises généralement par consensus (ou à la majorité des votes émis ; chaque
membre a alors une voix). L'examen des politiques commerciales est assuré par le Conseil
général.
L'OMC dispose de plus de pouvoirs que le GATT car un pays seul ne peut plus bloquer les
décisions. L'Organe de règlements des différends (ORD) a pour fonction de réguler les conflits
commerciaux entre les pays, soit par la négociation, soit par des mesures de rétorsion
approuvées par l'ORD. Il a donc un pouvoir de coercition (c'est-à-dire de contrainte). Cet organe
a une activité importante. Peu à peu s'élabore une jurisprudence pour les litiges commerciaux.
Les plaintes sont surtout déposées par les pays développés contre d'autres pays développés.
Contrairement au GATT, l'OMC bénéficie de la personnalité juridique et ses représentants
bénéficient de l'immunité diplomatique.

Enjeux.
L'OMC oriente aujourd'hui ses programmes d'action principalement vers deux objectifs :
Elle souhaite poursuivre la libéralisation du commerce en réduisant les droits de douane mais
aussi en réglementant les barrières non tarifaires (politiques de subvention, pratiques de
dumping...). Ici, l'ORD joue un rôle important pour faire respecter les décisions (exemple : le
bœuf aux hormones qui opposait Européens et Américains en 1996-1999. Les Européens
refusaient d'importer du bœuf américain, l'ORD les a sanctionnés en surtaxant les importations
européennes).
Elle coopère avec d'autres organismes internationaux, notamment l'OIT (Organisation
Internationale du Travail), le FMI et la Banque mondiale, pour mener à bien les politiques
économiques au niveau mondial, assurer une meilleure intégration des PED au commerce
international. L'OMC complète tardivement le dispositif prévu par les accords de Bretton
Woods.

Evolutions
Entre 1995 et 2004, 5 Conférences ministérielles se sont tenues. Si des accords ont été trouvés,
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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

toutes les conférences n'ont pas permis de résoudre les désaccords entre les pays membres.
En 1999, la Conférence de Seattle est un échec pour les négociations commerciales. L'OMC est
alors vue, par certains, comme le symbole de la mondialisation et du libre-échange, supposés
néfastes au développement. Des altermondialistes perturbent le déroulement de la Conférence
ministérielle. Libre-échange ou protectionnisme : comment permettre aux PED de se développer
?
En 2002 s'ouvre le cycle de Doha. Mais, en 2003, la conférence de Cancun (cinquième
conférence ministérielle) est aussi un échec. Les pays en développement montrent leurs
désaccords avec les objectifs des pays développés, notamment sur le dossier agricole. Les
PED souhaitaient plus de libre échange pour l'agriculture contrairement aux souhaits des
pays développés.
Aujourd'hui, l'OMC doit entreprendre des réformes afin de mieux prendre en compte les
résultats inégaux de la mondialisation, de mieux tenir compte de l'hétérogénéité de ses
membres. En décembre 2005 a lieu la 6° Conférence ministérielle, elle doit mettre fin au cycle
de Doha.

Indicateurs
L'OMC est une institution, en tant que telle elle ne peut faire l'objet de mesure. Mais son activité
peut être plus ou moins mesurée :
L'OMC compte un très grand nombre de pays membres : 149 pays en 2006 contre 23 nations
lors de la signature du GATT en 1947. Cela montre son importance institutionnelle.
L'OMC concerne 97% du commerce mondial en 2003. L'importance des accords du GATT et de
l'OMC peut être mesurée par l'abaissement des tarifs douaniers : de 1947 à 2001, les droits de
douane sur les marchandises ont été abaissés de 90 % entre pays développés. Bien que
conséquent, l'abaissement des barrières tarifaires pour les PED est moins important. Entre 1950
et 2000, le commerce international en volume a été multiplié par 20. Ces chiffres montrent
l'importance de l'action du GATT puis de l'OMC dans la libéralisation des échanges mondiaux.
L'OMC a un rôle non négligeable dans le règlement des litiges commerciaux : 300 différends
soumis en 8 ans (de 1995 à 2003).

Erreurs Fréquentes
Le GATT est un accord entre plusieurs pays, alors que l'OMC est une organisation
internationale dotée d'organes, d'hommes et de pouvoirs.
Notez bien l'orthographe du mot "différend", très souvent utilisé à propos de l'OMC, qui
signifie conflit, litige, et que vous devez distinguer par l'orthographe de l'adjectif "différent".

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Sujet d’application : Les accords commerciaux internationaux sous l’égide de l’OMC


peuvent-ils assurer aux pays en développement une meilleure participation aux échanges
commerciaux internationaux ?
THEME VIII : INTEGRATION ECONOMIQUE REGIONALE
Définition
Des pays qui s'intègrent sur le plan économique constituent entre eux un espace économique
unique. On peut distinguer plusieurs degrés dans l'intégration selon qu'elle est plus ou moins
poussée :

suppression des barrières douanières dans la zone, libre circulation des


Zone de Libre Echange
marchandises

Union Douanière zone de libre-échange, tarif extérieur commun

Marché unique Union douanière, libre circulation des hommes et des capitaux

Marché unique, harmonisation des politiques (agricole, fiscale par


Union Economique
exemple)

Union Economique et Union économique, monnaie commune, unification des politiques


Monétaire monétaires et budgétaires

Union Sociale et Union économique et monétaire, mise en œuvre de politiques sociales


Politique communes (par exemple sur la protection sociale)

"L'intégration" ouest africaine n'a pas suivi cette démarche et a débuté par l'union monétaire et
peine à s'étendre au domaine économique, chaque pays privilégiant ses rapports économique
avec la France et l'UE. Cette spécificité, unique dans le monde, fait dire à ses détracteurs que la
zone franc répond à une logique économique et politique indépendante et étrangère des pays de
la zone n'ayant pas pour objet le bien-être des populations locales.

Enjeux
La constitution d'une zone d'intégration économique peut être considérée comme une source de
croissance économique par le libre-échange qu'elle instaure. Celui-ci est profitable aux
consommateurs, il stimule la concurrence, fait pression sur les prix à la baisse, favorise
l'innovation. Le vaste marché permet des économies d'échelle.

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Une intégration plus poussée est également favorable à la croissance : la stabilité des règles de
change, la monnaie unique réduisent l'incertitude et les coûts.
Mais la multiplication des zones régionales peut aussi être considérée comme un obstacle à la
mondialisation qui repose sur le multilatéralisme. Si les zones pratiquent le libre-échange à
l'intérieur, elles se protègent de l'extérieur par des barrières douanières, un tarif extérieur
commun (TEC). Les négociations pour faire baisser les droits de douanes sont plus difficiles car
les blocs formés par les zones sont plus puissants que les Etats pris séparément.
Les créations de zones régionales peuvent aussi s'avérer néfastes pour les pays qui n'y
participent pas. En effet l'instauration d'une union douanière par exemple peut provoquer un
détournement des courants commerciaux au détriment des pays ne faisant pas partie de la zone
(et pour lesquels un TEC s'applique) au profit des pays membres (entre lesquels il n'y a plus de
droits de douanes).
Evolutions
On assiste depuis quelques années à la multiplication des organisations régionales à vocation
économique :
 UEMOA bien sûr,
 mais également Union Européenne,
 ALENA (Accord de libre-échange nord-américain)
 ASEAN (Asie du sud-est)
 MERCOSUR (sud de l'Amérique Latine)
 APEC (Asie Pacifique)
 CEI (regroupe les anciens pays socialistes de l'Europe de l'Est), et bien
d'autres encore......
Beaucoup des accords en restent au stade de la zone de libre échange ou de l'union douanière.
De plus de très nombreux accords de coopération entre pays sont restés lettre morte ou ont été
éphémères.

Indicateurs
L'intégration économique se mesure par le nombre d'organisations régionales à vocation
économique. Dans ces organisations, les pays peuvent être plus ou moins intégrés (voir le
tableau dans la définition).

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Erreurs Fréquentes
 confondre intégration économique et intégration sociale qui est l'insertion
des individus dans un groupe ou une société lui donnant ainsi une certaine cohésion
sociale.
 confondre les différents degrés d'intégration économique entre eux (par
exemple confondre zone de libre-échange et marché commun).
 confondre l'intégration économique (par exemple l'Union Européenne) et
l'insertion dans les échanges mondiaux (comme pour la Corée du Sud)
 confondre l'intégration économique et l'intégration au niveau des
entreprises qui désigne la concentration verticale : une entreprise se regroupe (fusion,
absorption) avec ses fournisseurs (en amont) ou ses clients (en aval). Le contraire dans ce
cas est l'externalisation ou la sous-traitance.
Sujet d’application : Dans quelle mesure l’intégration économique et régionale peut-elle
être considérée comme un instrument de développement pour les économies moins
avancées?

THEME IX : CHANGEMENT SOCIAL


Transformations durables de l'organisation sociale ou de la culture (au sens sociologique) d'une
société.
Definition
 La définition souvent retenue est celle de G. Rocher (voir cours) : le changement
social est « toute transformation observable dans le temps, qui affecte, d'une manière qui ne
soit pas que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l'organisation
sociale d'une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire ».
 Quelques remarques :
o les éléments de structure de l'organisation sociale qui peuvent connaître des
changements sont, par exemple, la structure de la population active (selon les secteurs
d'activité, selon les professions, etc.), l'importance de l'urbanisation, etc.
o les éléments du fonctionnement de l'organisation sociale qui peuvent se
modifier et traduire un changement social sont, par exemple, les règles qui permettent
à la vie sociale de s'organiser (au sein de la famille, des entreprises, d'un établissement
scolaire, etc.), la nature de la socialisation et du contrôle social (plus ou moins

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

impératif), les formes de régulation sociale (espaces de négociation plus ou moins


étendus), etc.
o le cours de l'histoire de la société est affecté par ces changements avec, par
exemple, le développement de l'individualisme, la modification des liens sociaux, le
respect moindre des hiérarchies établies, etc.

Enjeux
 Un événement, un fait divers, n'est pas constitutif d'un fait social (il peut en
être représentatif parfois); de même, des changements, qui peuvent apparaître importants,
doivent être relativisés : par exemple, l'urbanisation a été un changement social
considérable dans les pays développés, la « rurbanisation » ne produit et ne produira pas
les mêmes changements !
 Y-a-t-il des liens entre développement et changement social? Oui… par
définition (cf définition du développement): le processus de développement
s'accompagne de changements sociaux.
 Y-a-t-il des liens entre croissance et changement social ? Oui. Quelques
exemples. Tout d'abord, la croissance s'accompagne d'une modification de la nature de la
production, donc du cadre de vie (rapport à la nature et au progrès technique,
urbanisation) et donc du contrôle social, du travail (séparation du lieu de travail et du lieu
de vie familiale), donc de la structure sociale et des formes d'identification collective
(classe ouvrière, etc.). Ensuite, le changement social favorise la croissance en détruisant
certains obstacles sociaux à la croissance. L'urbanisation favorise l'individualisme, la
recherche du bien-être matériel, ce qui incite à l'amélioration de l'activité productive et
donc des méthodes de production. De même, la valorisation de l'esprit d'entreprise, du
progrès technique, des innovations favorise la croissance.
 Apparaît ici une question importante : d'où vient le changement social ?
Est-il lié uniquement à des aspects économiques ? Existe-t-il d'autres facteurs ? Souvent,
il est distingué les facteurs exogènes (comme les causes technique ou économiques, les
causes démographiques, l'apparition de valeurs nouvelles) et les facteurs endogènes (rôle
des conflits sociaux, approfondissement d'une valeur existante comme la tendance à
l'égalité) dans l'explication du changement social.
o Facteurs exogènes : E. Durkheim insiste, lui, sur les conséquences de la
croissance démographique qui diversifie et densifie les rapports sociaux, et rend les
individus plus interdépendants et complémentaires. M. Weber met l'accent sur

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

l'apparition de nouvelles valeurs (nées du protestantisme : la réussite matérielle est


signe de l'élection, tous n'allant pas au Paradis ! contrairement à ce que dit la chanson !
!) qui incitent les individus à la recherche de la perfection dans les activités
économiques (d'où l'épargne, l'investissement et la croissance économique).
o Facteurs endogènes : K. Marx met en avant le rôle des conflits sociaux,
des conflits de classe pour expliquer les changements de société, par exemple le
passage du féodalisme au capitalisme ou pour comprendre les enjeux des rapports
sociaux dans une société donnée. A. de Tocqueville remarque-lui une tendance à
l'égalité présente dans toute société démocratique qui peut se traduire par des
changements conséquents et divers et pas forcément positifs : recherche du bien-être,
individualisme et indépendance, risque de perte de la liberté, etc.
 Le changement social peut-il être totalement assimilé au progrès social ?
Totalement, sans doute pas. Le changement social, en lui-même, peut être source de
souffrances car il se traduit par le déclin des anciennes appartenances sociales et
l'apparition de nouvelles identités plus valorisées que les anciennes. Il y a donc un
processus d'acculturation au sein d'une même société. La disparition de certains groupes
sociaux n'est pas forcément facile à supporter pour les individus qui ont vécu cette
disparition comme ceux appartenant, par exemple, à la noblesse, à la haute bourgeoisie
(XIXème - début XX siècle), à la paysannerie, etc pour prendre des exemples de « vastes
» groupes sociaux.

Evolutions
On peut citer rapidement :
 Le développement de l'individualisme, de la rationalisation (liée en grand
partie, à la scolarisation) avec l'idée de modernisation des sociétés.
 Les hiérarchies sociales moins rigides, « moyennisation » de la société,
réduction des inégalités.
 La transformation des liens sociaux et renouvellement des solidarités (au
sein de la famille, du métier, grâce à l'Etat, etc.).
 L'institutionnalisation des conflits sociaux.

Indicateurs
Il n'existe pas un indicateur du changement social ; par contre, il en existe une
multiplicité qui traduisent différents éléments du changement social (certains reprennent ceux
présentés dans la notion « développement ») :

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

 Espérance de vie à la naissance, indice synthétique de fécondité (sa


diminution montre, surtout dans les pays du Tiers monde, la modernisation car il signifie
une rationalisation des comportements).
 Taux d'urbanisation même si, dans les pays du Tiers monde, cet indicateur
doit être manié avec prudence étant donné l'importance des bidonvilles.
 Structure de la population active notamment par secteurs d'activité pour
montrer le passage des sociétés paysannes aux sociétés modernes.
 Taux de scolarisation, importance des pratiques religieuses, etc.

Erreurs Fréquentes
Croire que les changements sociaux ne sont pas liés les uns aux autres. Le tableau suivant
montre certains de ces liens pour le passage d'une société paysanne, traditionnelle, à une société
urbanisée, moderne.

Sociétés paysannes Sociétés modernes


Cadre de vie Village, terre Ville, mobilité
Activités Prédominance de l'industrie puis de
Prédominance de l'agriculture
économiques secteur tertiaire
Innovation, esprit d'entreprise,
Valeurs Tradition, religion, communauté
individualisme
Structure Hiérarchie stable avec une grande Développement du salariat : ouvriers
sociale masse de paysans puis employés et classes moyennes
Dans la famille, le village ; En dehors de la sphère privée, par le
Intégration homogénéité des valeurs et travail et la complémentarité née de la
comportements spécialisation des tâches
Sociétaire : plus grande autonomie de
Communautaire : de chacun sur tous
Contrôle social l'individu ; plus grande acceptation des
dans le village ; charivari pour ceux
et socialisation écarts aux règles ; rôle accru de l'Etat
qui ne respectent pas les règles
(école, police, etc.)
Conflits offensifs pour acquérir des
Conflits défensifs pour défendre des
droits nouveaux ; caractère réfléchi,
Conflits droits traditionnels ; caractère
organisé des revendications et des
sociaux et violent, soudain, peu organisé des
formes de revendication ; négociations,
régulation émeutes ; régulation par des rapports
compromis et accord sur des règles
de force
provisoires
Sujet d’application : Suffit-il seulement de changer les structures, infrastructures et
institutions d’un pays pour le conduire sur le chemin du développement ?

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

THEME X : DEVELOPPEMENT DURABLE


C'est le développement qui répond aux besoins des générations présentes (en particulier des plus
démunis) sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres
besoins.
Définition
Le développement durable, ou soutenable est apparu comme une revendication forte avant
d'apparaître comme une notion parfaitement définissable.
L'hypothèse de base est que le type et le rythme actuels de croissance n'apparaissent plus
comme soutenables dans la durée, pour des raisons essentiellement écologiques mais aussi
démographiques et sociales, voire politique. Cette sensibilité date au moins du rapport Meadows
(ou du Club de Rome) : "Halte à la croissance !" dès 1972…
L'expression elle-même est apparue plus tard (en 1980) dans une publication de l'Union
internationale pour la conservation de la nature, mais elle a surtout été reprise et popularisée
par le rapport Brundtland en 1987, produit par une commission "environnement et
développement" de l'ONU.
Cette commission le définissait comme "le développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres
besoins". Et l'auteur l'illustrait récemment en disant: "Au lieu d'étudier l'énergie, la pollution...
de façon séparée, nous avons placé l'être humain au centre de la problématique. Nous nous
sommes simplement demandé : de quoi avons-nous besoin pour garantir que chaque personne,
ses enfants, ses petits-enfants et les générations à venir puissent avoir assez de nourriture, de
protection, de dignité et de liberté pour vivre des vies riches et constructives ?"

Mais, à partir de là, selon le rapport de la commission Environnement du 11ème plan (Godard et
Theys), il y a au moins 4 interprétations différentes de cette notion. Selon eux :
o le rapport Brundtland la centre abstraitement sur l'impératif de satisfaction des besoins
humains de demain.
o une approche plus gestionnaire la centrerait sur l'impératif de préservation d'un
"capital nature" suffisant pour que sa croissance naturelle ne soit pas dépassée par les
prélèvements humains prévisibles.
o une approche néo-classique la centrerait sur l'impératif théorique de préservation du
revenu réel par tête dans le cadre de la substituabilité généralisée des ressources aptes à
préserver la satisfaction procurée par l'unité monétaire marginale.

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

o une approche plus solidaire critiquerait cette notion abstraite d'équité


intergénérationnelle en disant qu'elle n'a aucun sens tant que le développement n'est pas plus
équitable à l'intérieur de la génération contemporaine. Ainsi l'impératif d'équilibrage (social) du
développement actuel serait une condition préalable à la formalisation de principes
opérationnels pour l'arbitrage entre consommations futures et consommations actuelles.
On voit que la notion est riche mais que sa "mise en musique" politique est
particulièrement délicate : à quelles conditions et à quel point pourra-t-on vraiment
concilier les objectifs économiques, les objectifs sociaux et culturels, et les objectifs
environnementaux du développement ?

Enjeux
Les enjeux du développement durable sont généralement présentés comme ceux de la
survie de l'humanité sur la planète. En réalité, il est évident que ce n'est pas toute l'humanité
qui sera soumise aux mêmes risques et qu'elle ne le sera pas au même degré. La question va
aussi se poser en termes conflictuels : quelles parties de l'humanité pourront encore améliorer
ou préserver leur mode et leur niveau de vie ? Quelles parties devront en changer et dans quel
sens ? Quelles parties pourront se trouver exclues du partage des ressources les plus rares ? A
quel prix économique et humain se fera l'avenir ainsi choisi pour le développement (de plus en
plus équitable ou de plus en plus inéquitable) ?
 La problématique libérale (dominante) pour rendre le développement plus
durable consiste à généraliser encore le principe du marché afin que l'allocation des
ressources rares continue de se faire sur la base unique des contrats de droit privé. Cette
logique préside à la création d'un nouveau marché international des "droits à polluer".
L'idée est que les principales sources de pollution sont connues, et la tolérance de la
planète à un certain niveau de chaque pollution est également connue. Donc l'humanité,
dans son ensemble, possède un certain "droit à polluer" qui reste à répartir
équitablement entre les différentes régions du monde. Un premier débat consiste à savoir
si la répartition initiale des droits raisonne en flux polluants additionnels absolus ou
relatifs. (Il est clair que donner droit à 10% aux E.U. et 10% à la Chine reviendrait à
entériner (et même à aggraver) définitivement la différence de développement accessible
entre ces 2 pays). Ensuite, chaque région utilise ou n'utilise pas les "droits"
précédemment définis. Cela ouvre automatiquement un nouveau marché entre ceux qui
ont plus de besoins (solvables, c'est-à -dire assortis d'une capacité de payer) et ceux qui

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

ont pour le moment moins de besoins dans ce domaine (et plus dans un autre)… Cette
politique est celle qui impose le moins de contraintes aux entreprises.
 Une politique plus interventionniste consisterait d'une part à généraliser
le "principe de précaution", d'autre part à généraliser le principe "pollueur-payeur".
Selon le premier principe, aucune activité nouvelle ne pourrait être entreprise tant qu'elle
n'aurait pas elle-même fait la preuve de sa non nocivité d'une part et de sa soutenabilité
suffisante d'autre part. Selon le second principe, toute activité créant un dommage dans le
capital naturel vital de la planète ne pourrait être entreprise que lorsque son coût
d'exploitation aurait intégré le coût d'un renouvellement suffisant de ce capital naturel.
Le refus des américains de signer la convention de Rio sur la préservation du climat est
généralement interprété comme le choix d'imposer la première problématique au détriment de la
seconde.
Au-delà de la durabilité écologique du type et du rythme de développement actuellement
en vigueur dans les pays avancés, se pose également le problème de leur durabilité sociale et
géopolitique. Déjà de nos jours, un grand nombre des conflits en cours sur la planète peuvent
être interprétés comme des guerres du pétrole et des guerres de l'eau. Ce type de conflits
pourrait se généraliser autour d'un plus grand nombre de biens vitaux et donner lieu à la
solidarisation des populations les plus nombreuses et les plus démunies. Cette solidarisation
pourrait prendre la forme de "guerres de civilisations" notamment entre le Nord et le Sud, et on
devine déjà la forme terroriste que pourrait prendre de tels nouveaux conflits…
Il est donc urgent de prendre la mesure des enjeux de cette notion et de s'en saisir pour
renouveler en profondeur, d'une part notre batterie d'indicateurs économiques trop aveugles à
ces déséquilibres croissants, d'autre part nos problématiques économiques traditionnelles
incapables de parvenir à un niveau de régulation à la hauteur de tels enjeux ou de tels risques.
Evolutions
Les Evolutions lourdes ont été bien soulignées par le "sommet de Rio" en 1992, et elles
n'ont malheureusement pas été inversées depuis : tous les paramètres de la vie terrestre sont
en danger, l'eau, l'air, les sols (et leur caractère nourricier), les sous-sols, la forêt, la
biodiversité, les climats, la santé des animaux et des hommes, enfin la démographie et la
répartition des hommes par rapport à celle des ressources. On peut donc s'alarmer de
l'émergence de configurations déflagrantes…
Face à l'urgence et à la nécessité d'agir, la deuxième tendance manifeste est la lenteur
de la mise en place d'actions internationales.

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Indicateurs
L'indicateur le plus connu pour se préoccuper d'un plus grand nombre des objectifs de la
croissance et du développement est l'IDH (indicateur, ou indice, de développement humain).
L'IDH est intéressant mais n'est pas réellement un indicateur du développement durable mais
plutôt seulement du développement. On voit bien qu'un grand nombre d'indicateurs seraient
aussi à suivre, notamment en ce qui concerne :
o l'évolution démographique
 les divers dégâts environnementaux et sociaux de la croissance économique
(voir tout ce qui concerne les critiques du PIB)
 l'évolution de la pauvreté sur la zone étudiée
 l'épuisement tendanciel des stocks de matières premières non ou mal
substituables ni renouvelables
 les dangers de la régression de la biodiversité naturelle (et certains
ajouteraient de la diversité culturelle)
Le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) a d'ailleurs complété sa
batterie d'indicateurs du niveau de développement, en particulier par la mesure de l'IPH
(indicateur de pauvreté humaine).

Erreurs Fréquentes
Attention de ne pas confondre développement durable et développement ou
développement humain. Il y a dans l'idée de développement durable toute une dimension
écologique et environnementale qui n'est pas directement présente dans la notion de
développement ou de développement humain.

Sujet d’application : « Protéger l’environnement coûte cher. Ne rien faire coûtera


beaucoup plus cher. »
Discutez cette assertion de Koffi Annan, ex-Secrétaire Général des Nations Unies

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

THEME XI : LES LIENS ENTRE CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT : DU


QUANTITATIF AU QUALITATIF.

Définition
Pour définir le développement, citons François PERROUX, un grand économiste français du
20ème siècle : " le développement est la combinaison des changements sociaux et mentaux
d'une population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et durablement, son produit
réel global " (in L'économie du XXème siècle, PUG, 1991). Autrement dit, le développement,
c'est l'ensemble des changements sociaux et culturels qui rendent possible l'accroissement
des quantités produites sur le long terme (c'est-à-dire la croissance économique).
De manière très simple, on peut dire que la croissance économique est l'accroissement
sur une longue période des quantités de biens et services produits dans un pays.
Enjeux
Les deux termes ne sont évidemment pas équivalents. Avec " croissance économique ", nous
sommes dans le quantitatif, on mesure ce que les hommes ont réussi à produire au cours d'une
année et on observe l'augmentation de ces quantités produites. Le " développement " inclut la
réflexion sur ce que l'on fait de ce qui est produit et sur les transformations des structures
économiques et sociales que la poursuite de la croissance entraîne et implique. En simplifiant, la
croissance, c'est avoir plus ; le développement, c'est être mieux tout en rendant possible la
poursuite de la croissance.
• Il peut y avoir croissance sans développement : dans ce cas, les quantités produites
augmentent, mais sans qu'il y ait une amélioration du niveau de vie de la majorité de la
population, sans que les structures se transforment de manière à ce que le fonctionnement de
l'économie satisfasse de plus en plus de citoyens du pays. Comment est-ce possible ? Il suffit
que la production supplémentaire soit accaparée par une petite minorité (par exemple, grande
bourgeoisie ou classe politique au pouvoir) et gaspillée ou consommée en produits de luxe,
souvent importés. Mais remarquons que ce type de croissance ne peut durer indéfiniment : à
long terme, la croissance nécessite un changement des structures économiques et sociales
sous peine de se bloquer.
• Il peut y avoir développement sans croissance: dans ce cas, les quantités produites sont
stables, mais une répartition différente des richesses produites permet à plus d'habitants de
satisfaire leurs besoins vitaux ou à l'Etat d'augmenter les consommations collectives profitant à
tous (infrastructures de transport ou de télécommunication, instruction, santé, par exemple).
• Mais, souvent, il y a croissance et développement à la fois: les quantités produites
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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

augmentent et la société parvient à utiliser ces richesses pour améliorer le bien-être du plus
grand nombre, réduire les inégalités, transformer ses structures de manière à ce que la
croissance économique puisse se poursuivre. Il est évidemment plus facile pour un pays de se
développer quand les quantités produites augmentent que quand elles sont stables ou, encore
pire, diminuent.
Il est donc difficile d'envisager qu'il y ait croissance à long terme sans développement.
C'est pourquoi nombreux sont les économistes qui ne font pas de réelle différence entre
croissance et développement.
Vous rencontrerez donc, en particulier dans les documents, les deux mots utilisés à peu
près comme des synonymes. Retenons cependant que produire plus (la croissance
économique) ne peut pas être présenté comme l'objectif ultime d'un pays.

Erreurs Fréquentes
Par commodité, on étudie séparément Croissance, développement, changement social,
notamment les changements économiques et les changements sociaux. Or, il faut bien
souligner l'interdépendance de ces phénomènes : ainsi, par exemple, le développement de
l'industrie va entraîner le développement de l'urbanisation (les industries se développent dans les
villes et les travailleurs habitent là où ils travaillent) et l'urbanisation va transformer
radicalement les genres de vie et les solidarités (à la campagne, avant l'industrialisation, les
solidarités familiale et villageoise sont très fortes et encadrent les individus). Mais ce ne sont
pas toujours les changements économiques qui entraînent les changements sociaux : ainsi, par
exemple, la volonté d'émancipation des femmes, très liée à la meilleure scolarisation des filles,
va amener le développement de l'emploi féminin à un moment où, en France et d'une façon
générale en Europe, on manquait de main d'œuvre, ce qui est un facteur explicatif de la rapidité
de la croissance.
Sujet d’application : Il peut y avoir croissance sans développement mais il ne peut y avoir
de développement sans croissance. Comment appréciez-vous cette idée.

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

THEME XII : L’INITIATIVE PPTE


L’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE) — destinée à
alléger le fardeau excessif de la dette extérieure de certains des pays les plus pauvres de la
planète — a été lancée en 1996 par la Banque mondiale et le FMI, puis renforcée et élargie en
1999.
Fondée sur une approche plus globale de l’allégement de la dette, incluant pour la
première fois les créances multilatérales, elle représente une innovation majeure en termes de
financement du développement. Mais cette Initiative a-t-elle des chances d’atteindre l’ensemble
de ses objectifs ?
Contexte
La dette des pays pauvres devient un fardeau insupportable. La dette extérieure des pays
en voie de développement s’est fortement accrue au fil des années sous l’effet d’une politique
d’octroi de prêts très laxiste des pays occidentaux et des pays de l’OPEP. Elle s’élevait à 70
milliards de $ en 1970, 540 milliards en 1980, 2300 milliards en 1998 et 2600 milliards en 2004.
Pour un certain nombre de pays très pauvres, le poids de cet endettement souvent utilisé sans
rapport avec des projets de développement est devenu insupportable. Le service de la dette (plus
de 300 milliards de $ par an) absorbe dans les pays les plus pauvres toutes les devises tirées des
exportations et handicape toute possibilité de développement.

Historique
A partir du milieu des années 90, les gouvernements, le Fonds monétaire international
(FMI) et la Banque mondiale ont pris diverses mesures pour la réduction de la dette
internationale des pays pauvres :
- en 1996, le FMI et la Banque mondiale ont lancé l’initiative en faveur des PPTE qui a
permis d’entreprendre un traitement systématique d’annulation des dettes pour les pays les plus
pauvres (3).
- en 1998, un sommet du G8 (réunion des chefs d’Etat des huit plus grands pays
industrialisés), à qui avait été remis la pétition comportant déjà 17 millions de signatures, a
décidé de réduire la dette des pays pauvres de 70 milliards $.
- en 1999, l’initiative PPTE a été renforcée « afin d’octroyer un allègement plus
substantiel à un plus grand nombre de pays et plus rapidement, ainsi que de renforcer les liens
entre l’allègement de la dette, la réduction de la pauvreté et la politique sociale » (3).
- en 2005, l’initiative d’allègement de la dette multilatérale (IADM), conclue au sommet

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

du G8 de Gleneagles, vient s’ajouter à l’initiative PPTE. Elle correspond à l’annulation totale


des dettes multilatérales que doivent au FMI, à la Banque mondiale et aux institutions
financières publiques internationales et régionales, les pays ayant atteint le point d’achèvement
de l’initiative PPTE.

Eligibilité en deux étapes


Les pays doivent satisfaire à certains critères, s’engager à réduire la pauvreté par des
réformes et établir de bons antécédents au fil du temps. Au stade initial, le FMI et la Banque
mondiale offrent un allégement intérimaire de la dette et, lorsque le pays a respecté ses
engagements, un allégement intégral de sa dette.
Première étape : point de décision. Pour bénéficier d'une assistance au titre de
l'initiative PPTE, un pays doit satisfaire aux quatre conditions suivantes :
1) être admissible à emprunter auprès de l'Agence internationale de développement de la
Banque mondiale, qui octroie des prêts sans intérêts et des dons aux pays les plus pauvres du
monde et auprès du FMI, par le biais de sa Facilité élargie de crédit, qui offre des prêts à des
taux bonifiés aux pays à faible revenu.
2) faire face à une charge d’endettement insoutenable, à laquelle ils ne peuvent s’attaquer
au moyen des mécanismes d’allégement de la dette traditionnels.
3) donner la preuve qu’il a procédé à des réformes et mené une politique économique
avisée dans le cadre de programmes appuyés par le FMI et la Banque mondiale.
4) avoir élaboré un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté
(DSRP) suivant un vaste processus participatif au niveau national.

Deuxième étape : point d’achèvement. Afin de recevoir la réduction intégrale et


irrévocable de sa dette au titre de l’initiative PPTE, le pays doit :
1) continuer de donner la preuve de bonnes performances dans le cadre de programmes
soutenus par des prêts du FMI et de la Banque mondiale.
2) exécuter de manière satisfaisante les grandes réformes convenues au point de décision.
3) adopter et mettre en œuvre pendant un an au moins son DSRP.
Lorsqu’un pays a satisfait à ces critères, il peut atteindre le point d’achèvement, ce qui lui
permet de recevoir l’intégralité de l’allégement de la dette promis au point de décision.

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Enjeux
Faut-il décourager un créancier à effacer sa créance? Non car l’allègement et a fortiori
l’annulation de la dette éloignent, pour les pays concernés, le spectre de la faillite et leur
permettent de dégager des ressources pour développer des programmes de lutte contre la
pauvreté, tout en leur offrant la possibilité de se ré-endetter mais - on doit y veiller – pour de
réels projets de développement. Faut-il encourager la remise de dette de n'importe quel
débiteur? Non, car la remise de la dette peut conduire à une perte de confiance des futurs
créanciers et être considérée comme une sorte de « prime à l’irresponsabilité » surtout pour des
pays où les financements externes obtenus ont alimenté des détournements et de la corruption.
Par ailleurs, le dispositif d’allègement tel qu’il a été décrit est critiqué sur d'autres points:
- Pour qu’un pays soit éligible, il faut qu’il fasse partie des pays les plus endettés, ce qui
peut écarter les pays qui ont fait eux-mêmes déjà un gros effort pour réduire leur dette. Seuls les
pays très pauvres et très endettés peuvent bénéficier de ce dispositif : ainsi, Haïti, bien
qu’extrêmement pauvre, n’est pas jugé assez endetté pour être éligible.
- Les réformes structurelles que doivent adopter les pays rappellent les « programmes
d’ajustement structurel » imposées par le FMI dans les années 80-90 qui étaient d’inspiration
libre-échangistes et qui ont posé de sérieux problèmes à certains pays. Ainsi, l’ouverture exigée
des frontières entraîne une perte de droits de douane et donc de ressources budgétaires parfois
très importantes ; l’exigence de rigueur budgétaire peut amener à « couper » dans des dépenses
de santé ou d’éducation pourtant nécessaires au développement du pays.
- Ces mesures laissent subsister pour l’essentiel le problème de la dette des pays en
développement. Peu de pays ont franchi la course d’obstacles pour pouvoir en être bénéficiaires
et les PPTE ne représentent que 11% des pays en développement. En outre, l’allègement de la
dette ne satisfait qu’une part relativement faible des besoins de financement des PPTE et, si elle
améliore leur situation, elle ne garantit pas la viabilité de leur dette à moyen terme.
Aussi, s’il importe de poursuivre les mesures d’allègement de la dette des pays les plus
pauvres, ceci ne peut pas se faire sans certaines précautions et sans l’organisation d’un suivi
concernant l’utilisation des fonds remis à disposition des pays concernés, ainsi qu’un
accompagnement et un soutien pour leur développement social et économique.

Les défis
Plusieurs défis sont à relever pour aider Nombre de pays parmi les dix qui n’ont pas
encore respecté la totalité des conditions d’un allégement complet de la dette. Ceux-ci se
trouvent confrontés à des défis similaires, qui sont notamment de préserver la paix et la stabilité

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

et d’améliorer la gouvernance et la prestation des services de base. Pour relever ces défis, ces
pays devront s’employer sans relâche à renforcer leurs politiques et leurs institutions et recevoir
une aide de la communauté internationale.
Un autre défi est celui de veiller à ce que les pays admissibles obtiennent un allégement
intégral de leur dette de la part de tous leurs créanciers. Bien que les plus gros créanciers (la
Banque mondiale, la Banque africaine de développement, le FMI, la Banque interaméricaine de
développement et tous les créanciers du Club de Paris) offrent un allégement de la dette
conforme aux engagements qu’ils ont pris dans le cadre de l’initiative PPTE, et même au-delà,
d’autres sont à la traîne. Les petites institutions multilatérales, les créanciers bilatéraux officiels
non membres du Club de Paris et les créanciers commerciaux, qui représentent ensemble
environ 25% du total des coûts de l’initiative PPTE, n’ont fourni jusqu’à présent qu’une petite
partie de l’allégement attendu de leur part.
Les créanciers bilatéraux non membres du Club de Paris ont accordé dans l’ensemble
près de 40% de leur part de l’allégement au titre de l’initiative PPTE, mais environ la moitié
d’entre eux n’ont fourni aucun allégement.
L’allégement de la dette accordé par les créanciers commerciaux a sensiblement
augmenté ces dernières années, avec quelques grosses opérations. Un certain nombre de
créanciers commerciaux ont entamé des poursuites contre les pays fortement endettés, ce qui
remet fortement en question, sur le plan juridique, le partage des charges entre tous les
créanciers, notamment les institutions multilatérales.

Erreurs fréquentes
Dette privée-dette publique : la dette privée correspond à des emprunts faits par des
emprunteurs privés, quel que soit le statut des prêteurs ; la dette publique correspond à des
emprunts contractés par des emprunteurs publics.
Dette multilatérale publique : dette qui est due à la Banque Mondiale, au FMI, aux
banques de développement régionales et à d’autres institutions multilatérales.
Dette bilatérale publique: dette qui est due à des Etats et, en particulier, à leurs agences
de crédit à l’exportation (environ 1/3 de la dette publique de ces Etats).
Liste des pays qui ont rempli les conditions requises pour bénéficier de l’aide au titre de
l’initiative PPTE, qui y sont admissibles ou potentiellement admissibles et souhaitent peut-être
recevoir cette aide (au 1er juillet 2010).

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Pays ayant dépassé le point d’achèvement (31)

Afghanistan Gambie Nicaragua


Bénin Ghana Niger
Bolivie Guyana Rwanda
Burkina Faso Haïti São Tomé-et-Principe
Burundi Honduras
Cameroun Libéria Sénégal
République Centrafricaine Madagascar Sierra Leone
République du Congo Malawi Tanzanie
République démocratique du Congo Mali Ouganda
Éthiopie Mauritanie Zambie
Mozambique Côte d’Ivoire

Pays en phase intérimaire (entre les points de décision et d’achèvement)


(5)

Comores Guinée-Bissau
Guinée Togo
Tchad

Pays n’ayant pas atteint le point de décision (4)

Érythrée Somalie
République kirghize Soudan
Source:Département des Relations Extérieures du FMI

Sujet d’application : L’annulation de la dette extérieure de la Côte d’Ivoire dans le cadre


de l’initiative PPTE peut–elle contribuer à la réduction de la pauvreté dans ce pays ?

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

THEME XIII : LES ACCORDS UE-ACP A L'APE UE

Historique
Depuis plus de quarante ans, l’Union européenne (UE) développe des relations
commerciales avec les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (pays ACP). Ces relations,
qui s’inscrivent dans un cadre de coopération spécifique, sont nées du souci d’une Europe en
construction de tisser des liens économiques avec ses possessions coloniales et d’outre-mer. Le
cadre de coopération fut dès l’origine très novateur en raison de la spécificité des mécanismes
qui l’accompagnaient mais également du modèle institutionnel établi, qui allait sceller la
permanence de la coopération. Initialement, le mécanisme obéissait à un régime d’association
dicté par le Traité de Rome (signé le 25 mars 1957) établissant la Communauté économique
européenne (CEE). Ses rédacteurs ont introduit une partie IV dévolue à l’Association des Pays
et territoires d’outre-mer. Ce régime d’association permettait de préciser que le processus
d’intégration communautaire continentale (européen) s’étendait aux régions périphériques, sous
dépendance française en particulier.
La relation prend à partir du 20 juillet 1963 la tournure d’une véritable coopération. La
signature des accords de Yaoundé permet le passage d’une association octroyée à une
association négociée. Le régime s’applique aux six Etats fondateurs (Benelux, Italie, France,
Allemagne) ainsi qu’à dix-huit Etats Africains et Malgache associés. S’inscrivant dans le
prolongement du droit primaire, les accords de Yaoundé prévoient que leurs relations
commerciales sont régies par le régime classique des zones de libre-échange (voir page 71); en
effet, les produits originaires des Etats ACP bénéficient à l’importation dans les Etats membres
de la CEE de l’élimination progressive des droits de douane et taxes d’effet équivalant à de tels
droits. Réciproquement, les produits originaires des Etats membres bénéficient dans chaque Etat
ACP de l’élimination progressive des droits de douane et taxes d’effet équivalent à de tels droits
que chaque Etat associé applique à l’importation de ces produits dans son territoire. Désormais
plus étendue et résolument contractuelle, la coopération va encore considérablement évoluer
avec l’adhésion du Royaume-Uni en 1973 à la CEE.
L’importance de l’héritage colonial britannique conduit à l’extension de la coopération
aux membres du Commonwealth du sud avec les premiers accords de Lomé de 1975. Le
régime institué par Lomé était une avancée pour le groupe des pays ACP : ces derniers
jouissaient d’un accès préférentiel au marché communautaire sans octroyer des
contreparties aux produits en provenance de la CEE. Ce régime des préférences
commerciales non réciproques était la pierre angulaire du nouvel accord.
Pourtant le régime de Lomé allait progressivement révéler ses faiblesses. Dès l’adhésion

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

du RU, les réticences des Etats d’Afrique à accueillir de nouveaux partenaires témoignent d’une
certaine inadéquation du régime commercial au regard des disparités économiques et sociales
ainsi que des inégalités de niveau de développement qui existent au sein du groupe ACP. De
plus, la progression des relations commerciales UE - ACP s’accompagne d’une certaine
distanciation entre partenaires.
Le contexte international, tant économique que géostratégique, dicte une refonte de la
coopération. Avec le processus d’élargissement de l’UE, les Etats membres trouvent leur destin
communautaire en même temps que la vocation démocratique de l’Union s’affirme par une
ouverture vers les Etats du sud de l’Europe (Grèce, Espagne, Portugal). La redécouverte des
liens historiques à l’intérieur du continent prime désormais l’héritage colonial en même temps
que le « fardeau colonial » s’affaiblit.
Parallèlement à cette évolution, le tournant des années 1980 marque une évolution dans
le commerce multilatéral. Avec la libéralisation des échanges qui accompagne l’ouverture des
économies, le nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales (CNCM) d’Uruguay
(1986 - 1995) aboutit à la création de l’Organisation mondiale du commerce dont la finalité est
d’administrer, grâce à un système de règlement des différends original, les disciplines
commerciales entre les parties à l’accord de Marrakech.
L’adoption des accords de Marrakech allait mettre en cause la validité du régime
commercial de Lomé. Les parties à l’Accord, qui s’étaient jusqu’ici abstenues de toute critique à
l’égard du régime préférentiel, rompent la trêve au moment même où le cycle d’Uruguay
s’achève. En 1996, suite aux avancées qu’ont constituées les accords de Marrakech, toutes les
préférences spécifiques accordées par l'UE aux pays ACP ainsi que tous les autres régimes
semblables appliqués par d'autres pays développés devaient être considérés comme illégaux.
Toutefois, sont autorisées les politiques commerciales discriminatoires dans le cas de la
formation d’une zone de libre échange ou d’une union douanière dans la mesure où ce choix
ne s’accompagne pas d’une hausse de la protection subie par les pays tiers et que les droits de
douane et les autres réglementations commerciales restrictives (…) sont éliminés pour
l’essentiel des échanges commerciaux entre les territoires constitutifs de l’union, ou tout au
moins pour l’essentiel des échanges commerciaux portant sur les produits originaires de ces
territoires. La Commission européenne entrevoit alors de nouvelles perspectives de coopération
ainsi que les défis posés à la Communauté européenne dans sa relation avec les pays ACP.
La Communauté européenne maintient alors le régime de Lomé après avoir obtenu une
dérogation sur le fondement de l’article XXV29 GATT. Cette dérogation, qui a été prorogée au
titre de l’accord de Cotonou (23 juin 2000) jusqu’au 31 décembre 2007, sert de fondement au
nouveau régime transitoire. A l’issue de cette période, la Communauté et les Etats ACP seront
43
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

désormais liés par des accords de libre-échange (ALE), supposés compatibles avec le droit de
l’OMC qui succède au GATT. Dans ce nouvel arrangement, la Communauté a souhaité
remédier aux distorsions commerciales que généraient les préférences unilatérales.

Enjeux
Alors même que les APE UE-ACP entre progressivement en vigueur depuis le début de
l’année 2008, le débat au sujet de leur pertinence s’intensifie: constituent-ils une avancée
favorable à ces pays?
Selon la Commission européenne, les APE sont une bonne solution pour accélérer la
croissance économique de ces pays et moderniser leurs économies en se substituant aux
politiques européennes liées à la convention de Lomé dont les résultats semblent mitigés.
Pour de nombreux pays africains, soutenus par des organisations non
gouvernementales, l’ouverture d’économies fragiles aux produits européens se traduirait par une
réduction des recettes fiscales et une recrudescence des importations, ce qui mettrait en péril les
industries locales. Par ailleurs, les gains à l’exportation seraient potentiellement faibles en raison
du niveau actuel de préférences.
Les Accords de Partenariat Économique permettront aux Entreprises
Transnationales Européennes de pénétrer, d’envahir (comment ne pas utiliser un mot à
connotation intrusive ?) les espaces économiques ACP très fragiles. Bien qu'un programme de
renforcement des capacités de production (composante importante de la dimension aide des
APE) soit prévu pour les économies des pays ACP, les conséquences de l’ouverture à une
concurrence inéquitable peuvent être immenses à l'exemple de l’ampleur des dégâts de
l’ouverture de marchés jamaïquains à l’économie américaine, notamment dans la filière laitière
locale.
En effet, lorsque la laiterie jamaïcaine s’est mise à utiliser le lait en poudre importé, les
cuves des producteurs locaux se sont remplies en quelques jours, puis il a fallu les vider par
terre pour faire de la place à la traite du jour. Ensuite, les troupeaux de vaches laitières sont
partis aux abattoirs pour faire de la viande hachée. C’est du lait en poudre américain, plus cher
mais subventionné à la production et donc commercialisé à vil prix, qui a pris la place d’une
activité de l’économie locale, avec toutes les conséquences sociales liées. La catastrophe
pourrait s’aggraver encore si les importations de lait devenaient plus cher à l’avenir car la filière
locale ne redeviendra pas productive aussi rapidement qu’elle a disparu.
Cette perspective aggravée de pénurie et d’envolée des prix est pourtant une menace à
fort niveau de probabilité car l’augmentation des cours du pétrole va favoriser l’agriculture
industrielle des biocarburants, au détriment des productions alimentaires d’exportation dans un
44
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

environnement marqué par le réchauffement climatique qui amplifie les risques de mauvaises
récoltes agricoles. Ce qui est vrai pour la Jamaïque l’est aussi pour les pays Africains : accepter
de compromettre la survie de filières économiques locales sur l’autel de la libération des
marchés présente non seulement des conséquences à court terme, mais aussi un risque plus
important encore sur le moyen terme: perte de la souveraineté alimentaire,
démantèlement des capacités de production et des filières agricoles etc.
Outre ces réserves, il existe des craintes quant aux effets pervers potentiels des
propositions actuelles d’accès au marché sur la politique commerciale des pays ACP
puisqu’elles donneraient lieu à une dispersion tarifaire accrue, à la fois entre partenaires (suite à
la mise en place de la zone de libre-échange) et entre produits (du fait de la clause relative aux
produits sensibles pouvant porter jusqu’à 20% des importations (en provenance d’Europe) d'un
pays ACP lequel pouvant bénéficier d’un délai négocié maximum de 20 ans pour mettre en
œuvre totalement l’accord de réciprocité). Enfin l’accord ferait des victimes indirectes, à cause
des détournements de commerce au détriment des producteurs non européens et au profit des
producteurs européens.
Malgré ces arguments, la Commission Européenne défend les APE, arguant qu’ils sont la
seule possibilité de préserver l’accès des pays ACP au marché européen à des conditions
avantageuses. A défaut, le Système généralisé de préférences (SGP), moins généreux,
remplacerait les préférences actuelles. Cette modification aurait des conséquences défavorables
pour les économies ACP, y compris les pays les moins avancés qui bénéficient déjà de
l’initiative « Tout sauf les armes », donc d’un accès libre de droits, mais sous des règles
d’origine contraignantes.

Evolutions
Si les propositions Européennes ne semblent pas bonnes à accepter dans leur contenu, les
formes que prennent les négociations donnent aussi des raisons de s’inquiéter. La Commission
Européenne utilise même la menace que son aide pourrait diminuer de 48% aux petits États
insulaires du Pacifique, si la date butoir du 31 décembre 2007 n’était pas respectée. En Afrique
de l'ouest, ces menaces seraient aussi utilisées. Certains diront que "c’est de bonne guerre", mais
cela sous-entend que "guerre" il y a. La nature de cette guerre est économique et comme toute
guerre elle fait des victimes. Alors, Peut-on affirmer dans ces conditions que le libre échange est
la voie vertueuse pour le développement ou la lutte contre la pauvreté? La réalité est faite de
rapports de forces, il vaut mieux les gérer en connaissance de cause.
En Afrique de l'ouest, la forte mobilisation de la société civile ainsi que sa participation

45
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

aux négociations de l'APE ont permis jusque-là de freiner l'UE dans sa volonté absolue de voir
signer globalement un accord à ses conditions. L'échec des négociations du 11 juin 2010 à
Ouagadougou semble témoigner du dialogue de sourds entre l’Union européenne et l’Afrique de
l’Ouest sur les APE. Selon Dr Cheick Tidiane Dieye qui prend part aux négociations pour le
compte de la société civile, " l’élaboration d’un nouveau partenariat Europe-Afrique fondé sur le
respect et la solidarité est de plus en plus compromise par les négociateurs européens qui ont
adopté une stratégie dans laquelle l’intransigeance se mêle au paternalisme et à la
condescendance".
Afin de conclure un partenariat économique porteur de développement, la CEDEAO a
élaboré un Programme de l’APE pour le développement (PAPED). Les projets identifiés dans le
cadre du PAPED, sont estimés à 9,5 milliards d’euros sur cinq ans. Le financement du PAPED
est la condition préalable que les chefs d’Etat ont posée à la signature des APE. Sur les 9,5
milliards d’euros demandés, l’Europe table sur 6 milliards qui, en réalité, représentent selon
Tidiane Dieye, le cumul de tous les fonds européens bilatéraux et régionaux, destinés à la
région. l’Union européenne ne ferait que recycler et transférer des fonds déjà prévus pour
d’autres projets en changeant seulement de rubrique et d’appellation.
Si l’Union européenne veut que l’Afrique de l’Ouest ouvre son marché aussi rapidement
(sur 15 ans contre 25 proposés par la CEDEAO), c’est qu’elle a des inquiétudes vis-à-vis de la
Chine, de l’Inde et du Brésil qui gagnent de plus en plus de terrain en Afrique. D’ailleurs, le
commerce avec l’UE ne représente que 32% des échanges de la région. L’Afrique peut donc
avoir le dernier mot.

Sujet d’application : Dans quelle mesure les accords de partenariats économiques


peuvent-ils renforcer les processus d’intégration économique et régionale dans les pays en
développement.

46
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

THEME XIV :ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES


Il est aujourd’hui largement reconnu que le rôle du secteur privé dans l’accélération de la
croissance économique et la réduction de la pauvreté est essentiel. Cependant, les conditions
politiques, légales et institutionnelles sont défavorables au développement du secteur privé dans
de nombreux pays. L’initiative « Climat des affaires et d’investissement » a été conçue pour
soutenir le développement du secteur privé en concertation avec ce dernier, mais aussi avec la
société civile et l’État.
Cette approche vise un changement structurel pérenne. Un environnement des affaires
défavorable touche particulièrement les petites et moyennes entreprises. Cet type
d’environnement est présenté selon les caractéristiques suivantes : les Obstacles administratifs à
l’enregistrement des sociétés, l’incertitude sur la protection des droits de propriété et
l’application des contrats, la corruption, les réglementations provoquant des distorsions sur les
marchés, le manque d’institutions intermédiaires, le manque de dialogue entre le secteur public
et le privé sont autant d’obstacles au développement du secteur privé dans de nombreux pays en
développement.
Certaines structures partenaires comme la GTZ mènent des activités passant par le
développement et la diffusion d’outils et d’instruments visant à améliorer le cadre
réglementaire, à renforcer les capacités des acteurs clés et à appuyer le dialogue public-privé
dans les pays en développement. Par le biais de ces activités, les décideurs politiques et
représentants des associations d’entreprises sont sensibilisées et initiés aux problématiques
essentielles et aux méthodologies d’amélioration des conditions réglementaires. Le contexte
institutionnel du dialogue public-privé est amélioré dans le même temps.
Parmi les divers instruments et moyens employés par cette structure pour promouvoir
l’environnement des affaires, citons les actions suivantes :
➤ analyse des lois et normes ainsi que des données statistiques existantes pour identifier
les points d’achoppement qui font obstacle au développement du secteur privé ;
➤ Promotion de la participation du secteur privé dans les processus décisionnels de
politique économique par la création et le renforcement de structures intermédiaires, telles que
les chambres de commerce et associations professionnelles ;
➤ Amélioration des systèmes de gestion des connaissances dans le secteur public et le
secteur privé ;
➤ Conseil des réformes économiques et des politique sectorielle et fourniture des

47
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

conseils juridiques par la mise à disposition d’experts à court ou long terme ;


➤ Simplification des procédures bureaucratiques ;
➤ Appui de l’introduction de normes internationales et le développement des filières ;
➤ Initiation de partenariat public-privé et promotion de la responsabilité sociale au sein
des entreprises.
Ses objectifs de développement ont été formulés dans une stratégie nationale de
croissance et d’éradication de la pauvreté ambitieuse. Un des problèmes fondamentaux à
résoudre pour que le secteur privé puisse jouer un rôle dynamique de développement est
l’inadéquation du cadre légal, institutionnel et politique. L’objectif global est d’arriver à faire en
sorte que les gouvernements et le secteur privé créent conjointement les conditions appropriées
d’un développement économique plus dynamique. Des indicateurs d’impact et de résultat sont
définis pour mesurer les réalisations durant la période du programme.
Sujet d’application : L’environnement des affaires dans la zone UEMOA peut-il
permettre le développement des pays membres de cette zone ?

THEME XV : EMPLOI/CHÔMAGE
Pour mesurer le chômage, une définition précise est nécessaire. Celle du Bureau
International du Travail (BIT) est la plus utilisée pour l’élaboration des statistiques.
Ainsi, est chômeur au sens du BIT une personne :
- Qui est sans travail,
- Qui est disponible pour travailler,
- Et qui recherche effectivement un travail.

Une personne qui travaille quelques heures par semaine n’est pas un chômeur au sens du
BIT. Pour être considéré comme chômeur, il faut être inscrit comme demandeur d’emploi à
l’Agence de Promotion de l’Emploi (AGEPE) devenue aujourd’hui Agence Emploi Jeunes
(AEJ).
A. Les différents types de chômage
1. Le chômage frictionnel : C’est le chômage lié au délai qui sépare deux
emplois successifs. La théorie du “Job search“ analyse ce chômage comme lié à ce que
les salariés acceptent de renoncer temporellement à un salaire dans le but de trouver un
emploi mieux rémunéré.
2. Le chômage conjoncturel : c’est un chômage lié à la baisse de l’activité
économique sur une courte ou moyenne période. Il disparait facilement quand l’activité
économique se redresse.
3. Le chômage structurel : c’est chômage dû aux caractéristiques
fondamentales du marché du travail (mode de détermination des salaires, types de
48
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

relations sociales) ou plus généralement aux caractéristiques globales de l’ensemble de


l’économie (niveau de formation, nature des équipements).
4. Le chômage répétitif

C’est une situation dans laquelle un actif alterne les périodes d’activité et le chômage.
5. Le chômage d’exclusion : c’est un chômage de longue durée (plus d’un an)
qui s’accompagne souvent d’une réduction de l’employabilité.
 L’employabilité est la capacité à occuper un emploi.
6. Le chômage naturel : le chômage naturel est une notion néoclassique qui
désigne un niveau de chômage en dessous duquel on ne peut pas descendre sans
provoquer une hausse du taux d’inflation.

B. Les différents types d’approches en matière d’emploi


 L’approche Néoclassique

Pour les Economistes néoclassiques, le libre jeu du marché en situation de concurrence assure le
plein emploi. Le chômage est donc volontaire. C’est un type de chômage qui résulte soit du
refus des travailleurs d’accepter le niveau de salaire existant, soit l’intervention des syndicats ou
de l’Etat qui impose aux entreprises des niveaux de coût salariaux supérieurs au niveau de
salaire qui permettrait le plein emploi.
Pour eux, la baisse des salaires entraine la hausse des emplois. Le niveau de salaire qui assure le
plein emploi est dit salaire d’équilibre qui est atteint lorsqu’on est à l’équilibre entre l’offre et la
demande d’emploi sur le marché du travail.
Dans ce cas précis (cas d’équilibre sur le marché du travail), il n’y a ni chômage ni insuffisance
de main d’œuvre. Il y a déséquilibre sur le marché du travail lorsque l’offre d’emploi diffère de
la demande d’emploi.
 L’approche Keynésienne

Cette approche s’oppose à l’ajustement automatique de l’emploi par la baisse des


salaires. Car le salaire est non seulement un coût pour l’entreprise, mais aussi une composante
de la demande effective, celle attendue par les entreprises. Pour les keynésiens, il peut avoir
équilibre entre l’offre d’emploi et la demande d’emploi sur tous les marchés, sauf le marché du
travail.
Le chômage ne disparait pas spontanément, l’Etat doit donc intervenir pour soutenir la
demande de biens et services.

49
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Sujet d’application : L’insertion socio-professionnelle des jeunes diplômés dans les pays en
développement : quelle politique ?
THEME XVI : ECONOMIE DE L’ENVIRONNEMENT

Les définitions modernes du développement font de plus en plus référence à


l'environnement. Au Sommet de la Terre de Rio en 1992, on affirma que « Le développement,
c’est-à-dire la satisfaction des besoins de l’humanité, suppose pour être durable, de ne pas
construire lui-même ses propres obstacles. Les conséquences, à moyen et long terme, des
orientations choisies ne doivent pas aboutir à des impasses sociales, économiques, biologiques
ou environnementales. […] Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au
développement durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature.»
Par définition, selon les conclusions de la conférence de Rio (1992), le Développement
Durable se présente comme« un développement qui s’efforce de répondre aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs »
Le développement durable, c'est tout d'abord produire plus d'énergie, plus de pétrole, plus
de gaz, peut-être plus de charbon et de nucléaire, et certainement plus d'énergies renouvelables.
Dans le même temps, il faut s'assurer que cela ne se fait pas au détriment de l'environnement.»
Face aux enjeux d’un monde en perpétuel mouvement, mettre en place les modalités d’un
développement à la fois performant sur le plan économique, responsable sur le plan social
et respectueux de notre environnement est un défi qui se doit d’être relevé.
Ces trois approches constituent les piliers essentiels du Développement Durable,
c’est à dire;
Le souci du lendemain implique un geste essentiel : « ne pas gaspiller ce qui sera utile
plus tard et maintenir l’usage des choses ». L'idée de Développement Durable apparaît de
plus en plus comme un cadre pour mettre les actions en perspective, et comme une exigence
nouvelle secouant des habitudes de pensée, (Pierre Chassande, 1997).
Les problèmes environnementaux majeurs identifiés par le PNAE porte sur la
déforestation, l’érosion du sol, la pollution ainsi que la pression qu’imposent les populations à
l’environnement. Cette pression s’exprime en termes de nuisances produites par les activités de
transports, les activités des industries de transformation localisées notamment à Abidjan et les
pratiques traditionnelles de cultures à savoir « les cultures sur brûlis ».
La logique de la démarche est celle du «planificateur bienveillant» qui maximise un
critère traduisant les préférences d’un consommateur représentatif.
Sujet d’application : Les problèmes environnementaux de la Côte d’Ivoire et leurs
50
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

conséquences sur le processus de développement de l’économie ivoirienne


THEME XVII : L’INFLATION

L’inflation est un phénomène de hausse générale des prix. Le dictionnaire petit Robert
(1967) la définit comme une enflure, un accroissement excessif des instruments de paiement
(billets de banque, capitaux) qui entraine ou tend à entrainer une hausse des prix et une
dépréciation de la monnaie.

Le dictionnaire petit Larousse (1975) la définit comme un déséquilibre économique


caractérisé par une hausse générale des prix et qui provient de l’excès de pouvoir d’achat de la
masse des consommateurs (particuliers, entreprises, Etat) par rapport à la quantité des biens et
services mis à leur disposition.

En somme l’inflation est un déséquilibre économique caractérisé par une hausse


générale des prix et qui provient de l’excès de pouvoir d’achat de la masse des consommateurs
(particulier, entreprises, Etat) par rapport à la quantité des biens et services mis à leur
disposition.

L’inflation est un phénomène essentiellement lié à un mécanisme particulier : la


création de monnaie, l’excès de consommation…

La pénurie accidentelle d’un produit donné, la viande de bœuf, les fruits, peut entrainer
la hausse de son prix, arithmétiquement, celle des indices globaux de prix. S’il s’agit de la
hausse de l’indice de prix sur un seul marché, c’est un phénomène isolé microéconomique. Or
l’inflation est un phénomène macroéconomique mettant en jeu des interdépendances entre
toutes les parties et tous les mécanismes économiques : détermination des revenus, des prix,
des productions etc.

L'indice des prix à la consommation (IPC)est l'instrument de mesure de l'inflation. Il


permet d'estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix des produits
consommés par les ménages. C'est une mesure synthétique de l'évolution de prix des produits,
à qualité constante. Il est publié chaque mois au Journal Officiel.

Sujet d’application : Conséquences socioéconomiques de l’inflation sur le développement


économique et social des PED

51
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE DES SUJETS DE PROBLEMES

ECONOMIQUES ET SOCIAUX

PREMIER POINT : CONSIDERATIONS GENERALES DE FORME


I- ESPRIT DES DIFFERENTES EPREUVES

I.1 ESPRIT DE L’EPREUVE DE PECOS


L'épreuve de PECOS aux concours administratifs de la République de Côte d’ivoire vise

un objectif assez simple. Il s'agit, en effet, d'amener les candidats à produire une analyse

des principales articulations d'un problème socio-économique ou à dimension socio-

économique. Le choix de ce problème obéit généralement à certains critères dont les plus

significatifs sont : Primo, le lien plus ou moins étroit avec l'actualité socio-économique des

pays africains, en général, et de la Côte d'ivoire, en particulier. Secundo, il peut résulter

des faiblesses structurelles des économies en développement (pauvreté, corruption,

conflits armés, crise alimentaire...).

La conduite de cette analyse doit laisser transparaître les qualités d'un gestionnaire

responsable des politiques publiques. De ce point de vue, l’argumentation ou les

illustrations des candidats doit prendre en compte le caractère de neutralité idéologico-

politique et de laïcité de l’administration publique, institution de promotion par excellence

du bien-être collectif. En pratique, il est formellement proscrit de faire référence aux écrits

religieux, d'exprimer, de quelque manière que ce soit, sa coloration politique ou sa

sympathie pour les idéologies socialistes, libérales, écologistes.... En outre, l'usage des

rumeurs et des délits supposés ou non jugés comme éléments d'illustration est jugé peu

responsable pour un cadre potentiel de l'administration publique.

I.2 ESPRIT DE L’EPREUVE D’ECONOMIE

Elle est une épreuve fondamentalement technique qui s’adresse au seul spécialiste de la

question. Cela est d’autant plus vrai qu’elle est très fortement théorique.

II – SPECIFICITES DES DIFFERENTES DISSERTATIONS DES DIFFERENTES EPREUVES.

II.1- SPECIFICITES DE LA DISSERTATION DE L’EPREUVE D’ECONOMIE

La dissertation économique universitaire ou classique exige de mobiliser nécessairement

des connaissances théoriques et de les agencer ensuite à des faits empiriques, c'est-à-

52
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

dire établis ou observés. Cette mobilisation de connaissances suppose un repérage des

principaux enjeux théoriques du problème posé par le sujet, et une confrontation des

théories variées pour mettre en évidence leur cohérence interne.

En somme, la dissertation économique est structurée sur fond de démonstration

théorique.

II.2 SPECIFICITES DE LA DISSERTATION DE L’EPREUVE DE PECOS

La dissertation de l'épreuve de PECOS, présente la spécificité d'être essentiellement

axée sur la mobilisation des connaissances empiriques, c’est - à - dire des connaissances

fondées sur des faits établis ou susceptibles de l’être. Le travail à faire, ici, consiste d'en

faire une synthèse cohérente, articulée, raisonnée et si possible illustrée par des

statistiques de sorte à apporter des éléments de réponses rigoureuses et pratiques au

problème posé par le sujet. Il apparaît dès lors que l'expression des points de vue

personnels du candidat dans la résolution du problème posé par le sujet n'est pas de

mise. Si, les connaissances théoriques ne sont pas particulièrement exigées dans la

conduite de la rédaction, il est, toutefois nécessaire de maîtriser quelques fondamentaux

de l’analyse économique. Ce niveau de connaissance de base reste indispensable pour

justifier les faits ou prédire avec rigueur leur réalisation. En outre, il permet de donner de

la consistance à votre copie et de la démarquer de celle de l'épreuve de SOG.

Il découle de cette spécificité de la dissertation de l'épreuve de PECOS, les

recommandations suivantes : on ne demande pas une présentation détaillée et formalisée

des outils d'analyse économique et de se perdre dans des démonstrations théoriques

complexes et interminables ; il ne s'agit pas d'avoir une approche de rédaction basée sur

la formulation mathématique des relations à analyser, ni même de présenter ces relations

sous forme de graphiques, ou encore de présenter des statistiques dans des tableaux.

III- TECHNIQUE DU PLAN

Abstraction faite du sujet ou épreuve d’économie du type des facultés des sciences économiques
et de gestion, le plan de la dissertation de l’épreuve de PECOS sera exposé ici. Il est à noter que le
plan se présente comme une démonstration qui suit un enchaînement logique et dynamique. Il
doit y avoir une progression entre les parties qui permet d'arriver logiquement à la conclusion. La
structure du plan généralement retenue est le plan de type binaire, c’est à dire :

53
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Introduction ;

1ère partie du corps de travail avec éventuellement deux sous-parties ;

2eme partie du corps de travail avec éventuellement deux sous-parties ;

Conclusion.

Il importe de noter que pour une famille particulière de sujet, un plan avec un corps de

travail en 3 parties s'avère nécessaire. Nous reviendrons plus en détail sur cet aspect par

la suite.

III.1 INTRODUCTION
L'introduction est une partie en part entière du plan qui obéit à des règles précises.

Elle ne saurait se réduire en quelques lignes reprenant l'intitulé du sujet.

L'introduction présente trois principales articulations :

Le contexte dans lequel s'inscrit le sujet doit être rappelé ou évoqué. Et ce, en faisant

référence soit à la genèse du problème à étudier pour amener progressivement le sujet,

soit au cadre général dans lequel s'inscrit le sujet, soit à un événement ou une tendance

d'actualité. L'objectif ici est de montrer que vous dominez l'événement mentionné par le

sujet.

La délimitation du sujet : elle vise à établir la question précise posée explicitement ou

implicitement par le sujet, autrement dit de centrer le domaine d'analyse en évacuant les

problèmes connexes au sujet qui ne seront pas traités. Cette partie est réservée aussi à la

définition des termes centraux du sujet. Ces définitions doivent être brèves ou minimales

pour ne pas surcharger l'introduction. L'objectif de cette partie est d'indiquer votre

compréhension du sens du sujet.

L'annonce du plan qui explique brièvement le contenu et montre les idées-clés qui seront

développées dans chaque partie du corps de travail.

Il importe de noter que certaines approches méthodologiques, largement inspirées de

la méthodologie des publications en sciences économiques, préconise une introduction en

5 articulations. On réserve ici une articulation à la justification du sujet qui consiste à

situer le problème posé par le sujet par rapport à telle ou telle préoccupation empirique

ou théorique. Et une articulation supplémentaire est réservée à l’intérêt du sujet, c'est-à-

dire présenter une justification générale de l'intérêt des éclairages émanant de la réponse

54
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

générale qui sera apportée par la conduite de l'analyse.

Qu'elle présente 3 articulations ou 5 articulations, la qualité d'une introduction

transparaît pour l'essentiel de la parfaite maîtrise du phénomène principal mentionné par

le sujet, de la bonne compréhension du sens du sujet et de la rigueur dans la conduite de

l'analyse mentionnée dans l'annonce du plan.

III.2- PARTIES OU CORPS DE TRAVAIL

Les parties doivent reprendre le découpage de l'annonce du plan fait dans

l'introduction. Il n'est pas conseillé de faire figurer les titres des parties et des sous-

parties. Il revient alors de signaler les différentes articulations du corps de travail par des

marques plus discrètes. A cet effet, il faut élaborer une phrase - chapeau qui présente

d'une façon relativement explicite le contenu, en termes d'idée(s) clé de la première

partie. Cette phrase - chapeau se présente comme une petite introduction de cette partie.

A la fin de la première partie, il faut élaborer une phrase de transition qui se présente

comme une conclusion partielle de la première partie débouchant sur l'annonce de l'idée

clé ou des idées clé de la seconde partie. L'intérêt de cette phrase de transition est qu’elle

se présente plus ou moins comme le lien de cohésion entre chaque partie du corps de

travail. A la fin de la seconde partie ou de la dernière partie du corps de travail, il est

nécessaire de faire une conclusion partielle.

Aménager des transitions entre les éventuelles sous - parties est aussi nécessaire,

l'usage d'un connecteur logique s'avère plus que important. En outre le saut de lignes

entre ces sous - parties n'est pas non plus nécessaire.

Le nombre de paragraphes ou d'alinéas dans le corps de travail sera fonction du

nombre d'idées clé que comportent ses parties. Ainsi, la rédaction du corps de travail,

dans le cadre du plan de type binaire, doit comporter soit 6 paragraphes au moins dont

un petit paragraphe pour la phrase-chapeau et un autre petit paragraphe pour la phrase

de transition, et chacun des quatre autres paragraphes se rapportant à chaque sous-

partie; ou soit 4 paragraphes dans les cas où les deux parties présentent chacune une

idée clé.

55
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

III.3- CONCLUSION
Elle se découpe en deux temps :

La réponse finale : il s'agit d'apporter à la fin de votre devoir une réponse claire et

pratique au problème explicité en introduction. Cette articulation de la conclusion fait un

état des lieux de ce qui a été clarifié, des réponses partielles apportées dans le corps du

travail.

L’ouverture du sujet qui consiste à élargir le sujet en dégageant les prolongements

possibles. Des thèmes nouveaux se cachent derrière le sujet et il devient nécessaire de se

poser de nouvelles questions maintenant que ce dernier est traité. Cette articulation est

aussi réservée à l'expression du point de vue personnel du candidat ou à la proposition de

solutions au problème posé par le sujet.

III.4 - ERREURS A NE PAS COMMETTRE

- Une copie peu soignée : écriture illisible, trop de ratures et de surcharges ;

- les excès de généralités ;

- les rédactions trop courtes ;

- une rédaction incomplète où il manque la conclusion ou même une sous partie ;

- Ajouter « à la dernière minute » dans la conclusion ce que l’on a oublié de mettre dans

le corps du travail ;

- utiliser un style allusif du type « il va de soi », « il est inutile d’insister sur… » ;

- les négligences en matière d’orthographe (la Côte-d’Ivoire est un pays agricole) ;

- Ecrire les noms propres des auteurs cités avec des fautes d’orthographe ;

- utiliser les termes techniques dont on ne maitrise pas suffisamment le sens ;

- un style de rédaction relâché ou négligé.

56
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

DEUXIEME POINT:TYPOLOGIE DES SUJETS DE PECOS ET TECHNIQUES DE CONDUITE

DE L'ANALYSE

Il revient de façon quasi récurrente aux concours administratifs en Côte d'ivoire trois

familles de sujets de l'épreuve de PECOS. Et, chaque famille de sujets exige une conduite

particulière de l’analyse dans l'optique d’une résolution rigoureuse du problème qu'ils

posent implicitement ou explicitement. Au regard de la spécificité de ces analyses, la

typologie suivante des sujets peut être retenue : les sujets d'analyse «à caractère

démonstratif » ; les sujets d’analyse «circonspecte », et les sujets d'analyse « à caractère

exhaustif ».(ZOKOU 2010).

Il importe de noter ici que les dénominations attribuées à chaque type de sujet sont de

l'auteur d'où leur mise entre guillemets. L'originalité de ces dénominations obéit aux

soucis d'opérer une dichotomie claire entre les types de sujet de l’épreuve de PECOS et

ceux de l'épreuve académique de dissertation économique, dans l’optique de lever la

confusion assez récurrente chez certains candidats, notamment ceux qui sont diplômés en

Sciences Economiques.

I- SUJETS D'ANALYSE « A CARACTERE DEMONSTRATIF »

I.1- RECONNAISSANCE VISUELLE DE CE TYPE DE SUJET


L’analyse à « caractère démonstrative » se rapporte à la famille de sujets la plus

courante aux concours d'entrée à l'ENA (Côte d'ivoire), notamment à son cycle moyen

supérieur. Ce type de sujet exige une analyse axée sur la démonstration de la relation qui

existe entre deux phénomènes (ou concepts ou notions) mis en rapport, sous forme de

termes centraux, dans la formulation desdits sujets. De façon pratique, il s'agit

simplement d’expliquer l’influence, en termes d'impact, d'effet, d'incidence, d'un des deux

phénomènes (ou concepts ou notions) sur l'autre phénomène (ou concept ou notion).

Cette famille de sujets présente diverses formulations dont les plus récurrentes se

présentent comme suit :

La formulation sous forme interrogative du style : Dans quelle mesure .......... ? En quoi ?

Comment analysez- vous ....................................................................... ?

57
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Par exemple :

« En quoi la Croissance économique favorise- t- elle la réduction du chômage ?Ou «

Dans quelle mesure la croissance économique favorise- t- elle la réduction du

chômage »Ou encore « Comment analysez- vous l'incidence de la croissance

économique sur la réduction du chômage ? ». Dans ces exemples, les deux concepts

ou phénomènes mis en rapport sont la croissance économique et le chômage, qui

constituent par ailleurs les deux termes centraux du sujet. Suivant son sens, ce sujet

exige de démontrer l'influence, en termes d'incidence favorable, d'effet bénéfique ou

d'impact positif, de la croissance économique sur le chômage. L'avantage de cette

formulation est qu'elle reste assez explicite sur la nature de l'incidence, de l'effet ou

de l'impact à analyser. En effet, dans le sujet d'illustration énoncé plus haut, il serait

incohérent de mentionner dans la conduite de l'analyse des aspects relatifs à l'effet

de la croissance économique sur la hausse du chômage. La formulation sous forme

de mise en référence directe (usage de la conjonction « et ») de deux phénomènes

(ou concepts ou notions). Par exemple, « La zone Franc CFA et les économies

africaines membres. », ou « Corruption et pauvreté ».

Face à ce type de formulation, il faut éviter de tomber dans la tentation d’étudier

séparément chacun des deux concepts du sujet ; et surtout faire fi des choix

d'approche propres à la dissertation économique classique, à savoir, comparer entre

elles ces deux concepts, ou plus couramment analyser l'interaction ou la causalité

croisée entre les deux concepts du sujet. Il s'agit, ici, simplement d'analyser l'impact

ou l’incidence du premier concept, ou du premier terme central du sujet, sur le

second concept mentionné par le sujet. Dans l'un des énoncés donnés en exemple, il

s'agira d'analyser l'impact de la corruption sur la pauvreté. Tant bien même que la

pauvreté présente une incidence sur la corruption, cette facette de l'analyse n'est pas

exigée ici. La formulation sous forme de mise en référence directe de deux

phénomènes présente la difficulté de ne donner aucune indication sur la nature de

l'impact, de l'effet ou de l'incidence à analyser. Dans le premier sujet donné en

exemple, la relation entre la zone Franc CFA et ses économies

africaines met évidence tant des atouts que des points faibles, tous deux pertinents.

58
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

Et la formulation du sujet ne donne aucun éclairage sur la nature de l'effet à analyser.

Il appartient, ici, aux candidats d'apprécier la pertinence des différentes facettes de

l'influence à analyser afin de voir s’il est indispensable pour la rigueur de la

démonstration de les mentionner dans l'analyse.

- La formulation construite sur la base, d'une citation, d'une assertion avec libellé du

type : « démontrer-le » ; « Expliquer » ou « analyser ». Par exemple : « Sans le

développement du commerce international, le sous - développement serait

aggravé. ». Expliquer. Ou encore « la corruption est à l'économie ce que le

VIH/SIDA est la santé. » Démontrer- le. Les éclairages pour la formulation sous

forme interrogative s'appliquent bien à celle - ci.

Pour les sujets d'analyse à « caractère démonstratif » la technique de la conduite

de l'analyse ou la conception de la matrice des idées, dans la cadre du plan de type

binaire, se présente simplement comme suit.

La première partie du corps de travail est exclusivement réservée à la présentation

du concept ou de la notion centrale du sujet. En pratique, le concept central du sujet

se rapporte au terme central du sujet dont l'influence sur le second terme central

dudit sujet est amenée à être analysée. Par exemple, dans le cas de la formulation

sous forme de mise en référence, il s'agit du premier terme central du sujet. La

présentation du concept central dépend de la nature dudit concept central. Elle peut

prendre la forme d'une approche définitionnelle bien élaborée (cas par exemple, de la

gouvernance ; du chômage ; de la corruption pris comme concepts centraux), ou d'un

examen de contenu pour les politiques, les accords ou conventions de coopération

économique ou financière (l'initiative PPTE, les APE, la Zone Franc CFA). Ce qu’il

convient de retenir ici est que quel que soit la nature du concept central, sa

présentation vise à mettre en évidence ses principaux éléments caractéristiques, ses

spécificités, ses principales articulations susceptibles d’éclairer la démonstration

exigée par le problème posé implicitement ou explicitement par le sujet.

La seconde partie est réservée à l'analyse proprement dite de l'influence du concept

central sur le second concept du sujet telle que exigée par le sujet de par sa formulation.

De façon pratique, il s'agit dans cette seconde partie d'argumenter les relations entre les

11
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

principales articulations du concept central, mis en lumière dans la première partie, et le

second concept.

A la lumière de ce qui précède, il apparaît que la conduite de la première partie du

corps de travail relatif à la présentation du concept central peut s'avérer ardue au sens

où elle exige des éléments de connaissances relativement pointus sur le terme central du

sujet qui fait objet de concept central. Difficultés qu'on peut surmonter en étoffant sa

culture sur les faits économiques.

I.2 RECONNAISSANCE BASEE SUR LE NON DIT DE CE TYPE DE SUJET

(voir unité pédagogique)

II- SUJETS D'ANALYSE « CIRCONSPECTE »

II.1- RECONNAISSANCE VISUELLE DE CE TYPE DE SUJET

Les sujets de cette famille se présentent comme les plus ardus aux concours

administratifs, c’est pourquoi ils sont souvent réservés aux concours de recrutement de

cadres supérieurs de l'administration publique. Les sujets d’analyse « circonspecte »

suggèrent l'existence d’une controverse, d'une polémique sur une notion ou une relation

soumise à analyse. Ils sont, à cet effet, inspirés des questions fortement débattues dans

l'actualité politique ou dans la littérature économique. Et présenter une synthèse claire et

raisonnée des principaux arguments alimentant ces débats constituent l'exigence

intellectuelle des sujets d'analyse « circonspecte ».

Ces sujets peuvent porter sur une discussion relative à la pertinence d'une notion ou

d'un concept ou d’un phénomène. Par exemple, « Est-il souhaitable de maintenir la zone

Franc CFA ? » ou « Peut-on parler d’une crise de l'Euro ? ». Ils peuvent aussi porter sur la

discussion de la relation entre deux concepts ou phénomènes. Par exemple,« l'intégration

économique est-elle un atout pour le développement économique des Etats adhérents ? »

ou «la zone Franc CFA est-elle un atout pour le processus de développement économique

des Etats africains membres ? ».

Il ressort de ce qui précède que dans leur formulation courante, les sujets d'analyse «

circonspecte » se présentent sous la forme de questions fermées, c'est-à-dire donnant la

possibilité de répondre par « oui » ou par « non ». Cette famille de sujets obéit parfois à

12
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

des formulations sous forme de citation, d'assertion avec un libellé, notamment l'usage

du « Discuter ».Dans le cadre du plan de type binaire, les sujets d'analyse « circonspecte

» implique une conduite de l'analyse qui s’inscrit bien évidemment dans l'esprit du

balancement circonspect (lere partie : Si 2e partie : Cependant ). Il s'agit, en effet,

d'argumenter dans la première partie du corps de travail le « si » affirmatif par l'examen

du point de vue dominant ou de la tendance de faits dominants sur la controverse

suggérée par le sujet. La notion de point de vue dominant ou de la tendance de faits

dominants se rapporte à la tendance de la controverse alimentée par les arguments

théoriques ou empiriques les plus rigoureusement pertinents. Dans la formulation sous

forme interrogative, il s'agit généralement des arguments qui justifient une réponse « oui

» à la question posée par le sujet. Dans la seconde partie du corps de travail, la tâche

consistera à argumenter le « Cependant », c'est-à-dire examiner les nuances au point de

vue dominant ou à la tendance des faits dominants.

Les sujets d'analyse « circonspecte » exigent des éléments de connaissances

relativement pointues sur la controverse ou polémique suggérée par le sujet.

Connaissances nécessaires, d'une part, pour élaborer une introduction de qualité

acceptable, c'est-à-dire qui donne une définition pertinente du ou des termes centraux du

sujet, et qui présente habilement les principaux éléments théoriques ou empiriques qui

justifient la controverse suggérée par le sujet ; et d'autre part, pour dissocier les

arguments qui relèvent du point de vue dominant ou de la tendance de faits dominants

de ceux qui relèvent de la nuance.

Il importe ici de noter que la démarche d'analyse « circonspecte » ne saurait être

réduite à la démarche caricaturale en termes de : Avantages vs Inconvénients ; Effets

positifs vs effets négatifs ; Conséquences positives vs Conséquences négatives ...

Conduite d'analyse assez basique pour des postulants à un statut de cadre supérieur de

l’administration publique.

II.2 RECONNAISSANCE BASEE SUR LE NON DIT DE CE TYPE DE SUJET

( voir unité pédagogique)

III. SUJETS D'ANALYSE « A CARACTERE EXHAUSTIF »

III.1 RECONNAISSANCE VISUELLE DE CE TYPE DE SUJET


Ce type de sujet entre dans la catégorie de sujets énoncés sans problématique

13
Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

apparente, des sujets neutres au sens où leur formulation ne comporte qu'un seul terme

central. Par exemple, « Le chômage en Afrique. » ; «Les Accords de Partenariat

Economique » ou encore « la faiblesse de la sécurité alimentaire en Afrique

subsaharienne. » L'analyse, ici, doit cerner tous les contours de l'unique phénomène ou

concept mentionné dans le sujet, d'où la notion d'analyse à « caractère exhaustif ».

Les sujets d'analyse à « caractère exhaustif » ainsi formulés s'accommodent


13
généralement bien à un corps de travail présentant 3 parties :

I - Causes II- Conséquences III- Solutions, pour les phénomènes

caractéristiques des faiblesses structurelles des économies en développement (Pauvreté ;

Chômage ; Endettement extérieur insoutenable ; Crise alimentaire ; Conflits armés....).

• I- Contenu II- Points forts III- Points faibles, pour les

Accords et les Conventions de coopération ou d'intégration (UEMOA, APE, Zone Franc,

Zone Euro...) ou certaines mesures de politique économique (PAS, initiative PPTE,

l'austérité budgétaire...).

Cette catégorie obéit aussi à des formulations qui donnent des orientations plus ou moins

claires sur l'aspect de l'unique phénomène, concept ou notion mentionnée par le sujet qui

doit faire l'objet de l'analyse. Ainsi le champ d'analyse se trouve bien cadré. Par exemple,

« coûts socio-économiques du VIH / SIDA en Afrique Subsaharienne. » ou encore, «

Conséquences socio-économiques des problèmes environnementaux de la Côte d’ivoire. »

III.2 RECONNAISSANCE BASEE SUR LE NON DIT DE CE TYPE DE SUJET

(voir unité pédagogique)

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

TROISIEME POINT: PRESENTATION TYPOGRAPHIQUE DE L’EPREUVE DE PECOS

Les principaux éléments de ce point seront discutés en unité pédagogique. Il convient de


noter néanmoins que ceux-ci porteront autant sur l’introduction, le plan de rédaction que
sur la conclusion.

III.1 INTRODUCTION
III.2 PLAN DE REDACTION
III.3 CONCLUSION.

Introduction générale

Saut de 3 lignes

Introduction partielle
1ère partie

Saut de 1 ligne

Paragraphe 1
1ère partie

Paragraphe 2
1ère partie

Paragraphe 3
1ère partie

Saut de 2 lignes

Introduction partielle
2ème partie

Saut de 1 ligne

Paragraphe 1
2ème partie

Paragraphe 2
2ème partie

Saut de 3 lignes

Conclusion générale

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 15
1°) Clément ZOKOU, Support de Cours de Problèmes Economiques et Sociaux, ENA,

Abidjan, version 2010.

2°) Edouard PFLIMLIN ; Christophe PETER, Stéphanie LHUILLIER. Concours administratifs

/ Catégorie A : La dissertation économique (20 plans détaillés pour réussir), ellipses

/édition marketing S.A (1998)

3°) Mahmoud TRAORE, Cours d'Economie du Développement pour Licence de Sciences

Economiques, UFR-SEG, Université de Cocody (2000)

RESPONSABLE UNITE PEDAGOGIQUE

PECOS ENA

Dr GNOLEBA

07098684 / 57252340

02841084/46633263

Mail : lagnol2000@yahoo.fr

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Elément de méthodologie de la dissertation de l’épreuve de pecos ENA 2016

16

ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION

Année académique : 2015-2016

SYLLABUS DU COURS

Code : ......
Filière :
Cycle :
Module : PROBLEMES ECONOMIQUES ET SOCIAUX

Justification du module
Le champ couvert par le programme des épreuves des concours d’entrée au cycle
supérieur et moyen supérieur de l’ENA nécessite une bonne culture générale,
notamment en économie, droit public, finances publiques, mais surtout aux problèmes
à caractère économique et social.
Il est donc nécessaire de se préparer spécifiquement pour réussir l’épreuve du PECOS
dont la méthodologie de rédaction diffère de celle de l’économie générale.

Description du module
L'objectif de ce cours est d'initier le candidat au raisonnement économique en montrant
et en discutant sa capacité à éclairerles grands problèmes économiques et sociaux du
monde contemporain (croissance, développement, chômage, déséquilibres, inégalités,
etc.) et à susciter des prises de position. Le cours pose les bases de la méthodologie
d'analyse des problèmes économiques et sociaux tant dans la forme que dans le fond,
en les illustrant par des exemples concrets.
Par ailleurs, il vise aussi à familiariser le candidat avec les méthodes de l'analyse des
problèmes économiques et sociaux.

Objectif général
- Apprendre au candidat la présentation formelle et les méthodes d’analyse du
sujet de PECOS.

17
Objectifs spécifiques
Spécifiquement, au terme de ce cours, le candidat devrait être capable :
- D’identifier les typologies des sujets de PECOS par la reconnaissance visuelle et
celle basée sur le non-dit ;
- De connaître la présentation typographique de l’épreuve de PECOS ;
- De savoir analyser des grandeurs globales et des sujets de PECOS.

Approche méthodologique
Elle consistera en la méthode interrogative qui favorise une relation plus vivante entre
les auditeurs et le consultant, suscite l’attention et l’intelligence, la réflexion, la
mémoire ainsi que l’analyse structurée.
Par ailleurs, les étudiants seront évalués sur les compétences visées dans ce cours à
travers des devoirs.

Les pré-requis
Maitrise de la rédaction et un niveau acceptable de la langue française.

Volume horaire
30 heures

Le contenu du cours
lère PARTIE : Méthodologie de rédaction du sujet de PECOS
2ème PARTIE : Analyse de quelques grandeurs globales de l’économie
3ème PARTIE : Application de la méthodologie

PLAN DE PROGRESSION DU MODULE

lère PARTIE : Méthodologie de rédaction du sujet de PECOS 10h


2ème PARTIE : Analyse de quelques grandeurs globales de 10h
l’économie
3ème PARTIE : Application de la méthodologie 10h

18
PREMIER POINT : CONSIDERATIONS GENERALES DE FORME 3h
I. ESPRIT DES DIFFERENTES EPREUVES
II. SPECIFICITES DES DIFFERENTES DISSERTATIONS DES
DIFFERENTES EPREUVES
III. TECHNIQUE DU PLAN
DEUXIEME POINT:TYPOLOGIE DES SUJETS DE PECOS ET 3h 30

TECHNIQUES DE CONDUITE DE L'ANALYSE


I. SUJETS D'ANALYSE « A CARACTERE DEMONSTRATIF »
II. SUJETS D'ANALYSE « CIRCONSPECTE »
III. SUJETS D'ANALYSE « A CARACTERE EXHAUSTIF »
TROISIEME POINT : PRESENTATION TYPOGRAPHIQUE DE 3h 30
L’EPREUVE DE PECOS
I. L’INTRODUCTION
II. PLAN DE REDACTION
III. CONCLUSION

2ème PARTIE : Analyse de quelques grandeurs globales de 10h


l’économie
Chapitre I : (Voir responsable unité pédagogique) 1h30
Chapitre II : 1h30
Chapitre III : 1h30
Chapitre IV :
1h30
Chapitre V :
1h30
Chapitre VI:
1h30
Chapitre VII :
1h
3ème PARTIE : Application de la méthodologie 10h
Séance I : SUJETS D'ANALYSE « A CARACTERE DEMONSTRATIF » 3h
Séance II : SUJETS D'ANALYSE « CIRCONSPECTE » 3h
Séance III :SUJETS D'ANALYSE « A CARACTERE EXHAUSTIF » 3h
Conseils
1h

19
QUELQUES SUJETS TRAITES

CONCOURS PROFESSIONNEL / CYCLE SUPERIEUR 2004

SUJET 1: Dette Publique et Développement


NB 1 : La méthodologie nous enseigne que l’utilisation de la conjonction de
coordination entre deux termes centraux appelle à une mise en évidence de l’inter-relation
entre eux.
NB 2 : Le sujet tel que formulé en réalité peut s’apparenter soit à un sujet de type I
(Sujet d’analyse à caractère démonstratif ou sujet problématique) ou soit à un sujet de type II
(Sujet d’analyse circonspecte ou sujet polémique). Dans l’un ou l’autre des cas, il faut la
présence obligatoire d’un cadre spatial précis (pays africains ou pays développés…), mais
cela n’est pas le cas pour ce premier sujet.
NB 3 : L’absence de cadre spatial dans ce sujet rend celui-ci beaucoup plus large et
son traitement se fait comme si l’on était à l’oral c’est-à-dire analyser l’impact du premier
terme central sur le second d’une part, et examiner l’impact du second terme sur le premier
d’autre part. Ce qui justifie d’ailleurs le plan de rédaction qui suit.
Introduction
- « Les Etats, comme les particulier, vivent normalement de leurs revenus. Mais moins
sages que les particuliers, il arrive souvent de dépenser plus que leurs revenus : alors ils
empruntent … » Cher les Gide (1884).
Cette pensée illustre très bien le lien qui existe entre Dette et Développement
économique.
- La dette extérieure peut être définie comme les engagements des unités résidentes
envers les unités non résidentes, remboursables en devises étrangères ou en biens et services.
- On peut encore la définir comme le montant, à une date donnée, des engagements
contractuels en cours et ayant donné lieu à un versement des résidents à un pays vis-à-vis de
non-résidents, comportant obligation de remboursement du principal avec ou sans paiement
d’intérêt ou de paiement d’intérêt avec ou sans remboursement.
- Les sommes empruntées devraient servir et soutenir les politiques se développement
initiées dans les pays africains.

20
- Existe-t-il une relation positive entre Dette et Développement ?
- Les sommes empruntées sont-elles utilisées dans la réalisation des projets initiaux ?
- Comment le développement économique d’une nation affecte-t-il son niveau
d’endettement ?
DEVELOPPEMENT
Ce type de sujet fait appel à un plan de type D et B. Dans ces conditions on fait une
analyse sur les interactions.
I/ - Comment la dette affecte le développement en Afrique
* Impact positif
- financement du déficit public
- augmentation de l’investissement public
- création d’emploi grâce à la réhabilitation des infrastructures
- amélioration du service public
- subventions aux entreprises en détresse et encouragements aux
entreprises consommatrice de main d’œuvre.

* Impact Négatif
- la corruption, la mauvaise gouvernance
- les détournements de deniers publics
- la non affectation des fonds aux projets qui ont occasionné l’obtention
des emprunts.
- Pour les pays africains, l’augmentation de la dette ne s’est pas suivie
d’une amélioration de la croissance économique.
- En général, il y a une relation négative entre l’évolution de la dette et de
la croissance économique.

II/ - Le niveau de développement explique la progression à l’endettement


« on ne prête qu’aux riches » a-t-on coutume de dire.
- Les pays développés, et même les Etats Unis ont une dette extérieure
élevée. Ils sont crédibles et donc bénéficient facilement de prêts.

21
- Pour les pays africains, on assiste au phénomène inverse. Ils ne sont pas,
pour la plupart, crédibles, les indicateurs de développement tels que l’IPH (Indice de
Pauvreté Humain) sont ‘’au rouge’’. Conséquences : les bailleurs de fonds ou
institution de crédits sont plus réticents à leur accorder d’avantages de prêts.
- le taux de croissance, en Afrique, évolue en dents de scie. Il est donc
difficile de faire des prévisions et d’établir des programmes de développement fiables
sur la base de prêts consentis. Les pays africains éprouvent de plus en plus de
difficultés face aux remboursements.
- Avec l’initiative PPTE, des dizaines de pays auront une bouffée
d’oxygène. Encore faudrait-il négocier parfaitement ce virage !
Conclusion
- Faire un bref rappel des grandes tendances de la dissertation.
- Expliquer brièvement que la dette n’est pas une mauvaise chose, mais tout
dépend à la manière dont les fonds sont alloués.
- La bonne gouvernance et la démocratie, qui accompagnent une politique
d’endettement, aboutissent nécessairement à des conclusions probantes.
-Daverline : Avec l’initiative PPTE, les pays africains peuvent-ils réellement et
résolument empruntés le sentier de la croissance et du développement durable ?
CD/AP/CS/2004
SUJET 2: La mobilisation de l’épargne interne dans la stratégie de
Développement économique des PED.
NB 1 : La reconnaissance basée sur le non-dit du sujet nous enseigne qu’un sujet ne
peut être de type 1 (sujet polémique) que s’il est possible aux candidats non seulement de
mettre en évidence deux tendances opposées mais vraies par rapport au problème que le sujet
pose mais aussi et surtout de mettre en évidence le balancement circonspect (Oui…Mais).
NB 2 : Le sujet N°2 en dehors du fait qu’il contienne 2 termes différents ni
balancement circonspect, ni mise en évidence de 2 tendances opposées.
NB 3 : Il s’agit là donc d’un sujet de type 1 c’est-à-dire un sujet d’analyse à caractère
démonstratif qui admet le plan suivant :
Introduction

22
- Le développement économique est une augmentation quantitative et qualitative des
indicateurs de performance dans le long terme. De façon précise, le développement prend en
compte la croissance économique, le changement de mentalité et l’amélioration des
structures socio-économique et culturelles.
- Plusieurs stratégies de développement sont alors conçues. Parmi lesquelles, on note :
la mobilisation de l’épargne interne.
- L’épargne est la part du revenu qui n’est pas consommée. L’épargne est le fait des
ménages, mais aussi les entreprises, qui peuvent s’en servir pour leur autofinancement.
- On peut cependant considérer que, comme les entreprises sont la propriété des
ménages (qui en sont les actionnaires), c’est finalement à aux que revient toute décision
d’épargner.
- Tout le débat donc la capacité de pouvoir mobiliser cette épargne.
Inciter les personnes ou agents économiques à épargner apparaît comme une des
stratégies de développement.
- Quelles sont les structures censées mobiliser l’épargne interne ?
- Quelles sont les caractéristiques des épargnants : nature, comportement ?
- Comment l’épargne affecte-elle le développement économique ?
ANNONCE DU PLAN EN DEUX PARTIES
 Structures et caractéristiques de l’épargne interne
 Rôle de l’épargne dans le développement économique.
DEVELOPPEMENT
I/ - Structures et caractéristiques de l’épargne interne
- l’Epargne Interne est encore appelé Epargne Nationale.
- C’est la partie du revenu de la nation diminué de la consommation et des dépenses
publiques. En d’autres termes, c’est la somme de l’épargne privée et de l’épargne publique.
- L’Epargne Publique constitue les recettes publiques moins les dépenses publiques. Il
s’agit de l’excédent budgétaire.
- L’Epargne privée se résume au revenu disponible moins les dépenses de
consommation. On a le privé national et le privé étranger résident dans le pays.
Structure d’Epargne
- structures formelles : banques et les établissements financiers

23
- structures semi-formelles : caisses ou agences d’épargne : CREP, COOPEC,
CECP, …
- structures informelles : système des tontines, …
Caractéristiques de l’Epargne
- l’Epargne publique dépend des recettes publiques. Ces dernières sont souvent
tributaires des forces du marché international pour les P.E.D.
- Les dépenses publiques dans la plupart des pays en développement sont excessives
(exemple, certains pays se sont vus imposés des programmes d’ajustement structurel).
- En ce qui concerne l’épargne privé, les ménages manquent d’une véritable culture
d’épargne. La thésaurisation est malheureusement monnaie courant dans les pays à faible
revenu ou à revenu intermédiaire.
- A cause de l’instabilité politique et des différentes crises, les entreprises sont souvent
en difficulté et sujettes contre-performances économiques ce qui réduit leur capacité à
épargner.
- Méfiance des ménages face aux structures de mobilisation de l’épargne. Elle est liée
aux tracasseries administratives par le retrait ou le dépôt des fonds.
- Grand amour pour les encaisses précautionnelles à portée de main pour gérer le
quotidien.
- Inégale répartition des structures d’épargne, mobilisées essentiellement dans les
grandes villes ou les centres urbains. Elles sont difficiles d’accès.
- La pauvreté et le chômage galopant sont des raisons qui expliquent l’insuffisance de
l’épargne interne.
II/ - L’impact positif de la mobilisation de l’épargne interne sur le développement
des PED
A/ L’impact positif de la mobilisation de l’épargne interne sur les stratégies
de développement des PED
Ce qui intéresse l’économiste, ce sont les décisions d’épargner et investir.
Le modèle de SOLOW illustre bien les effets sur la croissance économique
d’une hausse de l’épargne. On pourrait résumer sa démonstration comme suit : si le taux
d’épargne est élevé, l’économie se dote d’un stock de capital important qui lui permet de
produire un volume élevé de production. Si au contraire, le taux d’épargne est faible, la

24
modicité de production moins important.
Or si la production augmente, c’est le PIB qui augmente et la croissance
économique l’améliore. Par ricochet, le service public s’améliore et l’on peut tendre à long
terme vers le développement.
Les économistes établissent clairement une relation positive entre la fraction de
la production consacrée à l’investissement et le niveau de revenu par habitant. En d’autres
termes, les pays dont le taux d’investissement est élevé, tels que les Etats-Unis ou le Japon,
ont normalement des revenus élevés et les pays dont le taux d’investissement est faible, tels
que l’Ouganda ou le Tchad, ont des revenus faibles. Le taux d’investissement est le
déterminant essentiel de la richesse ou de la pauvreté d’un pays.
Quand on sait que l’Epargne est égale à l’investissement, il est aisé de partager l’idée
selon laquelle la mobilisation de l’épargne  développement.
B/ Ecueils à la mobilisation de l’épargne interne et recommandations
- lourdeurs administratives
- la méfiance des épargnants vis-à-vis des structures de mobilisation
- climat social inadéquat
- étroitesse du marché financier

NB : Après l’énoncé de chaque écueil le candidat devra songer à proposer des


solutions
CONCLUSION
- bref rappel de la démarche
- inculquer la culture de l’épargne chef les populations des P.E.D.
- faire la promotion des structures de mobilisation de l’épargne
- car épargner  investissement  richesse ou pauvreté (selon le sens de
variation).
- Faire une ouverture en rappelant qu’il existe des déterminants du revenu par
habitant autres que l’investissement et l’épargne.
CP/CS/2004
SUJET 3 : La dette et le développement en Afrique
NB 1 : Ce sujet pourrait ressembler au tout premier, mais le dire serait faire preuve de
manque de rigueur méthodologique. En effet, dans ce sujet 3, le cadre spatial est précisé

25
(Pays Africains). Ce qui de facto, réduit le champ du sujet au seul cas des pays africains.
NB 2 : Il s’agit donc dans ce sujet d’apprécier la pertinence de l’endettement sur le
niveau de développement des pays africains. Or, l’histoire économique nous enseigne que
l’endettement peut certes accompagner le développement tout comme le retarder
considérablement, justifiant ainsi le plan suivant :
INTRODUCTION
« Les Etats, comme les particuliers, vivent normalement de leurs revenus.
Mais, moins sages que les particuliers, il leur arrive souvent de dépenser plus que leurs
revenus : alors ils empruntent … » Charles Gide (1884).
Cette pensée illustre très bien le lien qui existe entre dette et développement
économique.
La dette extérieure peut être définie comme les engagements des unités
résidentes envers les unités non résidentes, remboursables en devises étrangères ou en biens
et services.
On peut encore la définir comme le montant, à une date donnée, des
engagements contractuels en cours et ayant donné lieu à un versement des résidents d’un pays
vis-à-vis de non-résidents, comportant obligation de remboursement du principal avec ou
sans paiement d’intérêt ou de paiement d’intérêt avec ou sans remboursement.
Les sommes empruntées devraient servir et soutenir les politiques de développement
initiées dans les pays africains.
Existe-il une relation positive entre dette et développement ?
Les sommes empruntées sont-elles utilisées dans la réalisation des projets initiaux ?
Comment le développement économique d’une nation affecte-t-il son niveau
d’endettement ?
DEVELOPPEMENT
Ce type de sujet fait appel à un plan de type A et B. Dans ces conditions, on fait
une analyse sur les interactions.
I/ - Comment la dette affecte positivement le développement en Afrique
- financement du déficit public
- augmentation de l’investissement public
- création d’emploi grâce à la réhabilitation des infrastructures

26
- amélioration du service public
- subventions aux entreprises en détresse et encouragements aux entreprises
consommatrices de main d’œuvre.
NB : Dans cette partie, le candidat peut organiser son raisonnement autour du volet
économique et du volet social.

II- Comment la dette affecte négativement le développement en Afrique


- la corruption, la mauvaise gouvernance
- les détournements de deniers publics
- la non affectation des fonds aux projets qui ont occasionné l’obtention des
emprunts.
- pour les pays africains, l’augmentation de la dette ne s’est pas suivie d’une
amélioration de la croissance économique
- en général, il y a une relation négative entre l’évolution de la dette et de la
croissance économique.
NB : A l’instar de la première partie, cette seconde partie peut être aussi analysée autour du
volet économique et du volet social.
CONCLUSION
- faire un bref rappel des grandes tendances de la dissertation.
- expliquer brièvement que la dette n’est pas une mauvaise chose, mais tout dépend à
la manière dont les fonds sont alloués.
- La bonne gouvernance et la démocratie, qui accompagnent une politique
d’endettement, aboutissent nécessairement à des conclusions probantes.
- Ouverture : Avec l’initiative PPE, les pays africains peuvent-ils réellement et
résolument emprunter le sentier de la croissance et du développement durable ?
CP/CMS/2004
SUJET 4 : Partagez-vous l’idée selon laquelle le NEPAD est un parfait instrument de
gestion de crises en Afrique ?
NB : Le sujet numéro 4 ci-dessus porte sur l’appréciation de la pertinence d’un
instrument de coopération entre Etats. Il est par ailleurs sous la forme d’une interrogation
totale ouverte qui exige en guise de réponse soit le balancement circonspect soit la mise en

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œuvre de 2 tendances opposées mais vraies par rapport au problème que le sujet pose.
NB 2 : Dans une telle situation où le cadre spatial est précisé, le plan de rédaction qui
sied est le suivant :
INTRODUCTION
Le développement Economique est une priorité pour les politiques ou actions
gouvernementales.
Plusieurs stratégies sont conçues dont le NEPAD.
Définition du NEPAD : « Il est initié par 4 chefs d’Etat : THABO M’BEKI (Afrique du
Sud) ; ABDELAZZIZ BONTEFLIKA (Algérie), OLUSEGUM OBASSANDJO (Nigéria) et
ABDOULAYE WADE (Sénégal). Elaboré sous la forme d’un document de 59 pages et de
205 paragraphes, le NEPAD fut adopté par les chefs d’Etat à Abuja (Nigéria) en Octobre
2001.
Le NEPAD a pour objet principal, la prise en compte des besoins de toutes les
couches des populations. Elle passe par :
 L’éradication de la pauvreté et la réduction de l’exclusion sociale
 Le placement des économies nationales sur la voie de la croissance
 Le renforcement et la modernisation de la recherche agricole
 La promotion des stratégies pour l’accès à l’éducation, à l’eau, à l’information et au
savoir
 L’instauration du respect des droits de l’homme et la démocratie
 Le mécanisme de surveillance des pairs.
A ce titre les initiateurs et une large part des populations estiment que le
NEPAD peut être considéré comme un parfait instrument de gestion de crises.
- Depuis sa création en 2001, le NEPAD semble marquer le pas. Aussi la thèse
précédente n’est pas partagée de tous.
- Quels sont les arguments en faveur du NEPAD ?
- Cette nouvelle vision de l’Afrique n’est-elle pas un mirage ?
- En quoi le NEPAD est-il efficace en matière de gestion de crise ?
- Annonce du plan en 2 parties

 Le NEPAD est une vue d’esprit

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 Le NEPAD un parfait instrument de gestion de crise.
DEVELOPPEMENT
I/ - Arguments en faveur d’un mirage : (inefficacité du NEPAD)
L’Afro-pessimisme naturel : philosophie qui consiste à ne pas croire en Afrique
quel que soit les initiatives
Le document a été rédigé sans aucune consultation des populations de leurs
pays respectifs et sans aucune concertation avec les différents corps constitués.
Dans ces conditions, il naît un sentiment d’exclusion. Le NEPAD devient
difficile à se l’approprier.
L’Afrique deviendra tributaire des donateurs. Certains y voient une nouvelle
forme de domination. (En effet le NEPAD suppose un financement de 251 M de $ US entre
2002-2005, soit 17,9 M de $ US par an).
Les conflits entre les différents chefs d’Etat fragilisent le NEPAD. Certains
présidents sont contestés ou mal aimés. (Conflits ou différends de leadership entre WADE
ABDOULAYYE et YASSINGBE EYADEMA sur des points …)
Lors du sommet à Dakar, aucun chef d’Etat du Maghreb (Algérie, Egypte,
Maroc, Libye ou Tunisie) n’était présent.  L’Afrique du Nord s’exclue des problèmes et
programmes du NEPAD qui semble réservés à l’Afrique Noire.
Le sommet de Dakar a enregistré de grands absents au niveau des investisseurs
français principaux partenaires : il s’agit notamment des groupes : Bouygues, Antoine
Selliere, François Pinault, …..
Le NEPAD est un ensemble de projets de grande envergure : ce sont des projets
irréalistes : (objectif 2015 ; il faut un taux de croissance de 17 %).
Difficultés dans la recherche de financement et des partenaires. Les
philanthropes, on en trouve de moins en moins.
Difficultés entre les programmes de gouvernement et les axes du NEPAD qui ne
convergent pas toujours compte tenu des priorités des pays.
Le NEPAD prône des principes de démocratie et de bonne gouvernance cela
n’est pas toujours une réalité dans de nombreux pays africains.
II/ - Le NEPAD, nouvel espoir pour l’afrique
Depuis son adoption en octobre 2001, le NEPAD rencontre un écho favorable

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dans la plupart des pays africains et les organisations et institutions internationales. Leur
implication dans la gestion de crise est un atout déterminant.
Dette = cauchemar : le NEPAD, est un moyen de contourner la dette et de
mettre l’Afrique en scelle. Cette pensée de Abdoulaye WADE résume cette position : « je ne
connais pas un pays qui se soit développé avec l’aide extérieure. Il faut donc qu’un processus
soit enclenché pour donner l’espace au secteur privé africain et international d’investir dans
le continent ».
Si le financement du NEPAD est effectif, l’Afrique aura avancée et les
populations et les populations bénéficieront de meilleures conditions de vie.
Accepter le NEPAD, c’est accepter comme les autres continents que le secteur
privé et le moteur du développement.
Avec l’annulation de la dette de plus de 30 pays africains, prochainement,
l’application des dispositions du NEPAD par le financement propre des Etats est aisée.
CONCLUSION
- Rappel bref des deux positions dominantes sur le NEPAD.
- Aucune raison de développer l’afro-pessimisme.
- Croire en la richesse de l’Afrique.
- Faire de la diversité culturelle et ethnique, un puissant instrument de progrès
technique qui est réalisable.
- Il faut saluer l’avènement du NEPAD car c’est la première fois qu’un
projet d’une telle envergure est fait par des africains et pour des africains.
- Les indicateurs de performance économique ne sont satisfaisants, une
vision nouvelle de l’Afrique en matière de développement s’imposait.
- Il faut croire au NEPAD, et rechercher par le biais du partenariat des
financements.
- L’Afrique mérite mieux que ça, pourvu qu’on lui donne les moyens.
- La réussite du NEPAD est tributaire du respect par les dirigeants
africains et leurs pays des idéaux économiques et politiques des textes.
- La crédibilité de l’ensemble de l’initiative du NEPAD passe par le
fonctionnement régulier et efficace du mécanisme d’examen par les pairs.

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CONCOURS DIRECT / CYCLE MOYEN SUPERIEUR 2004
SUJET 5: Les investissements directs étrangers (IDE)peuvent-ils contribuer à la réduction
de la pauvreté en Côte d’Ivoire ?
NB : La reconnaissance visuelle nous permet d’affirmer sans risque de nous tromper que le
sujet soumis à notre analyse est sous la forme d’une interrogation totale ouverte
caractéristique des sujets d’analyse circonspecte ou de type 2. A cet effet, le plan de rédaction
est le suivant :

INTRODUCTION
Elaborer des stratégies de développement économique reste la priorité pour les P.E.D. Eu
égard à la faible performance économique des P.E.D., la plupart d’entre eux ont recours aux
investissements directs étrangers.
Une aide internationale peut se définir comme une intervention ou une action
extérieure visant à soulager les populations locales et à soutenir les structures institutionnelles
et l’appareil étatique. Ses principaux moyens sont les ressources matérielles, techniques et
financières.
Dresser un bilan desinvestissements directs étrangers, de la situation
d’endettement et du niveau de pauvreté.
On constate que les investissements directs étrangers est en nette progression
pour les pays en développement en général et pour la Côte d’Ivoire en particulier. Surtout que
ce pays a connu une instabilité socio-politique à la fin des années 90.
Le pourcentage de pauvres (population visant en dessous du seuil de pauvreté)
sur la période 1995-2001 est de 37 %. Il est en nette augmentation sur la base des chiffres de
la période antérieure.
La question qui se pose est la suivante :
- l’Aide internationale a-t-elle séduit ou au contraire accentué ?
- l’Etat de pauvreté des populations ivoiriennes ?

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Annonce du plan
DEVELOPPEMENT

I/ - Les investissements directs étrangers sont à la base de la réduction de la pauvreté


Une hausse de l’aide internationale signifie plus de ressources et de moyens
pour les décideurs ou les dirigeants. Ce revenu supplémentaire va se traduire par une
augmentation des investissements publics. On assiste donc à la création d’emplois.
Les emplois nouveaux auront la particularité de réduire le chômage et donc de
réduire le niveau de pauvreté national.
En outre, la création d’emplois implique une redistribution de revenu. Ce qui
veut dire que le revenu des ménages croît. A ce niveau, la loi psychologique de KEYNES
nous apprend que : « au fur et à mesure que le revenu augmente, la part réservée à la
consommation alimentaire augmente, mais en proportion moindre ». En d’autres termes,
l’augmentation du revenu des ménages s’accompagne d’une hausse de la consommation
effective. Conséquence, la production augmente pour les entreprises, le dynamisme de
l’activité économique améliore le bien-être des populations.
De même si le revenu des ménages augmente, la pauvreté, naturellement
diminue.
On peut citer les exemples suivants :
- électrification de certains villages
- projets d’adduction d’eau
- créations de centre de santé en milieu rural
- financement de micro-projets…
Avec la coopération internationale, la Côte d’Ivoire bénéficie des transferts de technologies et
de compétences.

o Au niveau des compétences, les autorités ivoiriennes encouragent les accords de


coopérations inter universitaires pour une meilleure formation de l’élite estudiantine et
scolaire. Les missionnaires aussi bien dans l’éducation que dans la santé sont les
bienvenus. Pourvu que les populations soient les premiers bénéficiaires.
o Au niveau des transferts, on peut retenir les équipements spécifiques dans divers
domaines (santé, éducation, transport, télécommunication)

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Enfin, l’aide internationale est bénéfique avec les O.G.M. (Organismes Génétiques Modifiés).
Il s’agit d’introduire de nouvelles techniques culturelles ou de faire accepter les produits
transgéniques, moins chers, bons marchés des populations. Ce fut le cas du maïs jaune en
Afrique Australe et du coton BT en Afrique du Sud. Par ailleurs, le riz doré permet de lutter
contre la cécité chez les enfants malnutris.

II/ - Les IDE n’ont cependant pas d’influence significative sur le niveau de
pauvreté

Sur la période 1995-2001, le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil


de pauvreté était de 37 %. Or sur la même période le volume des IDE est passé de….de
dollars US ; soit une hausse de plus de 85 %.

Dans ces conditions, il apparaît clairement que les investissements au


développement n’a pas réduit significativement la pauvreté des populations dans les P.E.D.

Malgré les aides alimentaires avec le PAD (Programme Alimentaire Mondiale),


les actions ponctuelles du PNUD ou encore de l’UNICEF, les populations continuent de
mourir de faim et de maladies aussi banales que la diarrhée.

Le Paludisme est la principale cause de décès en Afrique en générale et en Côte


d’Ivoire en particulier, bien que les médicaments génériques aient fait leur apparition.

Le surendettement est une situation qui est de nature à décourager les éventuels
investisseurs étrangers à cause du risque pays.

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