Vous êtes sur la page 1sur 71

Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

MINISTERE DE LA CULTURE REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


ET DE L’INDUSTRIE DES ARTS ET
DU SPECTACLE Union-Discipline-Travail
………………….
INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
DES ARTS ET DE L’ACTION CULTURELLE
(INSAAC)
………………….
CENTRE DE FORMATION PEDAGOGIQUE
POUR LES ARTS ET LA CULTURE
(CFPAC)
Année académique : 2021 – 2022

1
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE……………………………………………………….. 3

PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS GENERALES……………………….. 5


CHAPITRE I : DES NOTIONS DE BASE……………………………………………… 6
CHAPITRE II : LES SOURCES DU DROIT DE LA FONCTION PUBLIQUE……….. 19
CHAPITRE III : PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA FONCTION
PUBLIQUE……………………………………………………………. 24

DEUXIEME PARTIE : GESTION DE LA FONCTION PUBLIQUE……………… 27


CHAPITRE I : LES MOYENS DE GESTION………………………………………….. 28
CHAPITRE II : LES ORGANES DE GESTION DE L’ADMINISTRATION
PUBLIQUE…………………………………………………………….. 31
CHAPITRE III : LES ORGANES ET MECANISMES DE CONTRÔLE
DE L’ADMINISTRATION…………………………………………… 36

TROISIEME PARTIE : LA CARRIERE DU FONCTIONNAIRE………………….40


CHAPITRE I : L’ACCES A LA FONCTION PUBLIQUE……………………………... 41
CHAPITRE II : DEROULEMENT DE LA CARRIERE DU FONCTIONNAIRE……... 44
CHAPITRE III : DROITS ET OBLIGATIONS DES FONCTIONNAIRES……………. 52
CHAPITRE IV : LA DISCIPLINE DANS LA FONCTION PUBLIQUE………………. 59

CONCLUSION GENERALE…………………………………………………………... 64
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………… 65
ANNEXES………………………………………………………………………………. 66

2
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

INTRODUCTION GENERALE
Définie comme une fonction et un ensemble de structures, la Fonction Publique ou
Administration Publique, par son organisation et sa visée, est l’institution par laquelle les
pouvoirs publics (gouvernement) satisfont ou répondent aux besoins des populations qui ne
peuvent l’être par des initiatives personnelles privées.
En d’autres termes, la Fonction Publique est la partie de l’appareil étatique ou
gouvernemental, chargée d’exécuter et d’assurer la mise en œuvre des décisions politiques.
Cet appareil étatique a pour but de produire des services au bénéfice des populations habitant
la Côte d’Ivoire.
En se dotant d’un tel instrument de création récente (un leg de la colonisation
française), les autorités ivoiriennes ambitionnaient de faire de la Fonction Publique un outil de
développement au service des populations vivant en Côte d’Ivoire.
Pour lui permettre de réaliser cette mission, la Fonction Publique ivoirienne a été dotée
d’un dispositif juridique en constante mutation ou évolution.
Il s’agit de la loi n° 92-570 du 11 septembre 1992, portant Statut Général de la
Fonction Publique. C’est le texte de base de la gestion administrative du personnel qui édicte
les conduites du grand employeur qu’est l’Etat et de celle des Fonctionnaires et Agents de
l’Etat ivoirien. C’est la source du droit de la déontologie administrative.
La déontologie quant à elle, peut se définir de façon générale, comme l’ensemble des
règles morales qui s’imposent aux membres d’un groupe constitué (déontologie médicale).
La déontologie appliquée à la Fonction Publique (déontologie administrative) peut être définie
comme l’ensemble des règles, des droits et des devoirs, des obligations, des pratiques
professionnelles et des qualités qui s’imposent aux Fonctionnaires et Agents de l’Etat et qui
leur permettent de servir au mieux l’intérêt général et de rendre des services de haute qualité
aux usagers dans une administration publique moderne.
Or, critiquée et méprisée par les uns, enviée par les autres, la Fonction Publique reste
pourtant mal connue par les Fonctionnaires eux-mêmes et par les candidats à la Fonction
Publique (stagiaires) qui n’ont pas toujours une idée très nette de leurs droits et de leurs
obligations.
Il apparaît donc impérieux et indispensable que chaque Fonctionnaire et Agent de
l’Etat ainsi que les candidats à la Fonction Publique prennent connaissance du contenu de la
loi portant Statut Général de la Fonction Publique, non seulement pour mieux exercer

3
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

l’emploi qu’ils occupent ou qu’ils occuperont, mais aussi pour éviter des errements qui
peuvent leur être préjudiciables.
Les objectifs de cet enseignement se déclinent en trois axes :
1/ Se familiariser, dans un premier temps, avec la loi portant Statut Général de la
Fonction Publique et les textes subséquents (décrets, arrêtés, règlements).
2/ Mettre ensuite en garde contre certains comportements aux conséquences
malheureuses, incalculables.
3/ Aider enfin, chaque Agent de l’Etat, ainsi que les postulants (candidats à la
Fonction Publique à posséder aussi profondément que possible (s’approprier) des armes
indispensables à faire de chacun un Fonctionnaire exemplaire, voire, un très bon citoyen.
- Quelles sont les caractéristiques de la Fonction Publique ?
- Quelles sont les sources de droit de la Fonction Publique ?
- Comment se fait le recrutement à la Fonction Publique ?
- Comment se fait le déroulement de la carrière du fonctionnaire ?
Tels sont les principaux axes de ce cours.

4
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

PREMIERE PARTIE

CONSIDERATIONS GENERALES

5
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE I : DES NOTIONS DE BASE

I- LA DEONTOLOGIE
1- Approche générale
Déontologie vient du grec, "déon", "déontos" qui signifie ce qu’il faut faire et de
"logos" qui signifie discours.
La déontologie est l’ensemble des devoirs à remplir et des règles qui régissent une
profession, la conduite de ceux qui l’exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients,
partenaires ou public. C’est aussi un ensemble de règles morales qui s’imposent au travailleur.
Tout groupe constitué (sociétés humaines, associations sportives, religieuses, etc.) fonctionne
à partir de règles édictées et précises. C’est l’ensemble de règles morales qui s’imposent aux
membres d’un groupe constitué (déontologie médicale).
Le terme était initialement réservé aux professions réglementées pour désigner les
règles régissant leur pratique professionnelle, élaborées entre pairs, en dehors de toute
dimension hiérarchique.
L’application de ce terme à l’administration, où la déontologie résulte d’abord des
règles s’imposant à l’Agent, se fait donc au prix d’une certaine altération de cette connotation
originelle, mais traduit sans doute, le regain d’actualité d’une préoccupation ancienne.

De façon générale, la déontologie administrative peut se définir comme l’ensemble des


règles et des devoirs, des pratiques professionnelles et des qualités qui s’imposent à l’Agent
Public et lui permettent de servir au mieux l’intérêt général et de rendre des services de haute
qualité aux usagers dans une administration publique moderne.

2- Approche juridique et disciplinaire


La tradition française dont est issue la Fonction Publique ivoirienne (que nous avons
héritée), privilégie une approche juridique et disciplinaire de la déontologie. C’est pourquoi
elle (déontologie) fait l’objet d’un cadre normatif élaboré. Ce dispositif normatif en matière
de déontologie combine garanties et obligations, qu’il s’agisse des relations de l’Agent Public
avec son Administration, avec le pouvoir politique, avec l’argent ou avec les usagers de
service public : la déontologie de l’Agent Public concerne en premier lieu, ses relations avec
l’administration qui l’emploie.

6
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

* A l’égard du Pouvoir Public, l’Agent Public doit concilier loyauté et neutralité.


* Les relations de l’Agent Public avec l’argent doivent être guidées par un devoir de
probité et l’obligation de désintéressement.
* Les usagers du service public peuvent attendre des Agents Publics, respect de règles
déontologiques supplémentaires. C’est pourquoi, des systèmes de contrôle et de sanction mis
en place garantissent l’application de ce cadre normatif : le principe hiérarchique est le
premier garant du respect de la déontologie. Les manquements les plus graves peuvent donner
lieu à un contrôle judiciaire.

3- Ethique et déontologie
Le mot déontologie désigne l’ensemble des devoirs et des obligations imposés aux
membres d’un ordre ou d’une association professionnelle. Comme les règles de droit, les
règles déontologiques s’appliquent de manière identique à tous les membres du groupe, dans
toutes les situations de la pratique. Une autorité est chargée de les faire respecter et d’imposer
des sanctions en cas de dérogation.
Il n’est pas nécessaire, pour se conformer à la déontologie, de réfléchir aux valeurs qui
la sous-tendent ni même de partager ces valeurs. L’éthique, au contraire, invite le
professionnel à réfléchir sur les valeurs qui motivent son action et à choisir, sur cette base, la
conduite la plus appropriée.
Cette première différence en entraîne plusieurs autres.

3-1- La source de la contrainte


L’action fondée sur les valeurs est généralement conforme aux lois et à la déontologie,
mais elle est décidée par l’individu plutôt qu’imposée par une autorité extérieure.
La réflexion éthique fait appel à l’autonomie, au jugement et au sens des
responsabilités. Quand un ingénieur décide, sur la seule base de ses valeurs, de refuser une
signature de complaisance, rien ne l’y oblige sauf lui-même. Il est fréquent que l’on obéisse
aux règles parce qu’elles émanent d’une autorité, parce que l’on craint une sanction ou
simplement par habitude.

7
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

3-2- La manière dont l’action appropriée est définie


La déontologie est assez précise quant à ce que le professionnel doit faire ou éviter
dans les situations courantes de la pratique. Dès qu’une seule règle claire s’applique à une
situation, la conduite à suivre est fixée d’avance.
Toutefois, lorsque deux règles ou plus s’appliquent à la même situation, il peut être
plus difficile de savoir quelle conduite adopter. L’éthique ne définit pas d’avance la conduite
appropriée, mais elle propose une méthode réflexive pour la trouver, notamment dans les
conflits de valeurs ou quand une action permise par les règles paraît, malgré tout, discutable
du point de vue de l’idéal de pratique.

3-3- La responsabilité par rapport aux conséquences


Du point de vue déontologique, c’est la conformité de l’action à la règle qui est
importante. Les conséquences de l’action ne font l’objet d’aucune réflexion ou décision
particulière.
Du point de vue éthique, au contraire, le professionnel est responsable des
conséquences de son action et le demeure même quand il choisit de se conformer à la règle. Il
doit chercher à minimiser les effets négatifs de sa décision et être prêt à la justifier, en
expliquant ses raisons d’agir, devant toutes les personnes concernées.
Reprenons l’exemple de la signature de complaisance. Un ingénieur peut la refuser en
disant simplement qu’il est obligé d’obéir aux règles de son ordre professionnel. L’éthique lui
demande davantage : assumer personnellement ce refus, être capable de le justifier sur le plan
des valeurs, reconnaître l’impact négatif de son choix et proposer, dans la mesure du possible,
une façon d’y remédier.

Ces différences, il est facile de le constater, font de l’éthique et de la déontologie des


ressources complémentaires; chacune a des forces qui compensent les limites de l’autre.

II- ADMINISTRATION PUBLIQUE


1- Définition
Le mot administration revêt deux sens différents. Si on s’attache à la fonction de
l’administration (définition fonctionnelle), le mot désigne l’ensemble des activités ayant pour
objet de satisfaire l’intérêt général, à savoir, assurer l’application des lois et la marche des
services publics conformément aux instructions du gouvernement.

8
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Mais si on s’attache à son organisation (définition organique), l’administration désigne


l’ensemble des services chargés d’assurer le fonctionnement d’un Etat, d’une collectivité
territoriale ou d’un service public. Dans ce cas, on parle aussi d’administration d’une
entreprise qui relève de l’administration privée, différente de l’administration publique.
Dans l’Administration Publique, on distingue l’Administration d’Etat (Administration
Centrale) dont les compétences s’étendent à tout le territoire, l’administration territoriale, dont
les pouvoirs sont limités à la région, au département ou à la commune (sous-préfecture) et les
établissements publics aux compétences spécialisées.
Afin de mener à bien ses activités, l’administration dispose de moyens propres : les
prérogatives de puissance publique. Il s’agit de pouvoirs de commandement que ne détiennent
pas les personnes privées, qui permettent à l’administration d’imposer sa volonté et qui lui
sont transmis par le pouvoir exécutif dont elle dépend. Ainsi, par exemple, lorsque
l’administration prend une décision à l’encontre d’un administré, elle peut, sous certaines
conditions, la faire exécuter d’elle-même sans en demander la permission au juge, à la
différence d’un particulier.
L’administration est donc soumise, pour la plupart de ses activités, à un droit spécial,
le droit administratif. Toutefois, le droit privé s’applique pour certaines de ses activités
définies par la loi.

Quelles sont les différences entre administration publique et fonction publique ?


L’administration a pour objectif essentiel de satisfaire l’intérêt général et la fonction
publique est un des moyens dont elle dispose pour y parvenir.
L’administration assure des services considérés comme utiles à la société et non
rentables. Ils peuvent être non rentables par nature ou parce qu’on considère qu’ils ne doivent
pas être entièrement ou uniquement fondés sur le principe de rentabilité (ex : l’enseignement).
L’intérêt général a donc un périmètre variable et dépend de la définition qu’en font la
population et les pouvoirs politiques à un moment précis. L’administration dispose de
différents types de moyens pour assurer ses missions d’intérêt général : des moyens juridiques
(ex : prérogatives de puissance publique, clauses exorbitantes de droit commun pour les
contrats administratifs…), des moyens matériels (ex : le domaine public des personnes
publiques comme les routes, les bâtiments publics…), des moyens humains dont la fonction
Publique.
La Fonction Publique est au service de l’Administration. Elle comprend l’ensemble des
fonctionnaires, c'est-à-dire l’ensemble des personnes nommées dans un emploi permanent et
9
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

titularisées dans un grade de la hiérarchie des administrations de l’Etat, des collectivités


territoriales ou des hôpitaux et soumis à la loi portant statut général de la Fonction Publique.
En effet, il existe trois grandes fonctions publiques : la fonction publique d’Etat, la fonction
publique territoriale (communes, départements, régions) et la fonction publique hospitalière.

2- Moyens d’action
Pour mener à bien ses différentes actions ou ses activités, l’Administration se répartit
entre un certain nombre de services publics (ensemble des organismes qu’ils soient publics,
privés ou mixtes, chargés de ses missions ou activités d’intérêt général) : Education, justice,
police…
Il s’agit là d’une délégation de service public. Dans ce cas, ces personnes privées se
trouvent, selon les modalités qui peuvent varier, dans une certaine dépendance à l’égard des
administrations ou du juge administratif, précisément, en raison de sa mission d’intérêt
général qu’elles assument un contrôle sur la façon dont elles mènent à bien leur mission
d’intérêt général est effectué.
Contrairement au secteur privé, des règles particulières ont cours au sein du service
public. Ainsi, plusieurs critères peuvent permettre de déceler l’existence de service public :
- Présence d’un intérêt général
- Existence d’un droit de regard de l’administration publique
- Existence de prérogatives, de puissance publique pour le fonctionnement de l’activité
(ce sont des moyens propres, c’est-à-dire des pouvoirs que ne détiennent pas les
personnes privées).
L’émergence de nouveaux besoins conduit l’Etat à déléguer, par voie de convention, la
gestion de certains services. Le recours aux formules de droit privé présente des avantages
certains en terme de flexibilité et d’efficacité pour la gestion du personnel, notamment ou
encore pour ce qui concerne les procédures de passation de marchés.
Elle permet aussi de développer une action partenariale avec d’autres acteurs (privés
ou publics), ce qui peut s’avérer positif en termes d’efficacité.
Le transfert de certaines activités à des structures de droit privé doit cependant
répondre à certaines conditions et être entouré de certaines précautions. Il va de soi qu’un tel
transfert ne devrait concerner que des activités limitées, sous peine de porter atteinte (ou
d’hypothéquer) à la nécessaire cohérence d’action de l’Etat.

10
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Au total, l’Administration Publique ou Fonction Publique se définit, selon HONGLA-


MOMHA, in (Déontologie administrative en Afrique, ed. HARMATTAN, Paris, 1993, p. 31)
comme « l’ensemble des Agents publics et des organismes chargés sous l’impulsion du
pouvoir politique (gouvernement), mais avec leurs prérogatives propres, d’assurer, pour le
bien être de la communauté nationale, les multiples interventions d’intérêt général de
l’Etat ».

3- Les caractéristiques de la fonction publique ivoirienne


La Fonction Publique est placée sous l’autorité directe du pouvoir exécutif auquel elle
est institutionnellement rattachée. Elle a pour finalité de rendre effective les missions initiales
(régaliennes) de l’Etat.
L’Administration ivoirienne présente trois grandes caractéristiques qui sont :
- La caractéristique fonctionnelle
- La caractéristique organique
- La caractéristique hiérarchique.

3-1- La caractéristique fonctionnelle ou approche missionnaire


Cette approche missionnaire conduit à définir l’Administration comme un
intermédiaire entre gouvernants et gouvernés (populations).
Dans cette position charnière, les rôles de l’Administration sont :
* En amont : éclairer les choix du pouvoir politique (gouvernement) en lui fournissant les
données techniques et les informations nécessaires.
* En aval : appliquer les décisions prises en les adaptant aux circonstances concrètes et aux
cas particuliers.
En tant qu’instrument de préparation et d’exécution des options, des orientations et des
décisions du pouvoir politique, l’Administration a deux missions fondamentales :
 Une mission de prestation de service public par la gestion directe des services publics.
 Une mission de maintien de l’ordre public et d’application de la loi.
Au plan typologique, on peut retenir deux types de missions :
1) Missions principales
2) Missions auxiliaires (de soutien aux missions principales).

11
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

3-1-1- Les missions principales


Les missions principales se déclinent en quatre sous-missions :
- Missions de souveraineté
- Missions économiques
- Missions sociales
- Missions éducatives et culturelles
 Les missions de souveraineté
- La défense
- Les relations extérieures (représentation à l’étranger, protection, assistance aux
ressortissants, conduit de la diplomatie, participation aux conférences internationales)
- La sécurité intérieure (prévention, répression des attentes à l’ordre public…)
- La justice (application contentieuse des règles de droit, exécution des peines)
- Le fonctionnement des institutions politiques (permettre le fonctionnement des
organes politiques).

 Les missions économiques


- Battre la monnaie (contrôle de la masse monétaire, fixation du taux de change)
- Activités économiques directes sur l’ensemble des secteurs d’activités (énergie,
agriculture, fiscalité, commerce extérieur)
- Coordination générale de l’activité économique et financière.

 Les missions sociales


- La santé, l’hygiène, la prévention des maladies, logement, urbanisme.
- Défense des droits et intérêts des salariés (respect du droit du travail)
- Redistribution des ressources, protection de l’environnement.

 Les missions éducatives et culturelles


- Recherche, enseignement, formation permanente, loisirs, cultures et arts (patrimoine).

3-1-2- Les missions auxiliaires


Ce sont des missions de soutien aux missions principales. Elles se rapportent au
fonctionnement bureaucratique de l’Administration et aux moyens nécessaires à l’exécution
de ses missions principales se déclinent en :

12
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

 Gestion du personnel : consiste à déterminer les besoins, à sélectionner le personnel,


les former, gérer leur carrière.

3-2- La caractéristique organique


Au sein du Pouvoir Exécutif, l’Administration Publique se caractérise par trois
éléments essentiels :
- Une organisation structurée et hiérarchisée : les divers éléments (Agents et services)
sont structurés et dépendent les uns des autres.
- Une zone de compétence déterminée (la compétence est dévolue par attribution et
porte sur ce que l’on déterminera de faire).
- L’indépendance vis-à-vis du corps électoral (les représentants du peuple ne peuvent
qu’interpeller le gouvernement devant qui l’Administration Publique est responsable,
mais non l’Agent public).

3-3- La caractéristique hiérarchique


L’appareil étatique proprement dit est régi par le principe de l’autorité hiérarchique et
par celui de la déconcentration.
Le principe de l’autorité hiérarchique implique une hiérarchie stricte de la base au
sommet qui impose aux organes subordonnés d’exécuter les ordres qu’ils reçoivent, toute
désobéissance pouvant entraîner une sanction disciplinaire.
Dans le cadre d’un système de déconcentration, des compétences sont déléguées par
les organes centraux à des Agents de l’Etat (corps préfectoral, directeurs régionaux et
départementaux) répartis sur le territoire national. Ce qui permet de rapprocher
l’Administration des administrés.
Le gouvernement exerce aussi un contrôle de tutelle sur les collectivités
administratives décentralisées
Dans la déconcentration, les Agents locaux du Pouvoir Central disposent d’un pouvoir
de décision dans certains domaines (préfet). Le pouvoir détenu par des autorités les plus
élevées est transféré à des autorités moins élevées dans la hiérarchie interne de l’Institution. Il
s’agit alors d’une redistribution des pouvoirs au sein d’une même personne morale « c’est
toujours le même marteau qui frappe, mais le manche est plus court ».
Ces Agents Locaux ne sont pas pour autant libres dans les décisions qu’ils prennent,
puisqu’ils sont soumis au pouvoir hiérarchique des autorités centrales. Le pouvoir

13
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

hiérarchique des autorités centrales permet de faire prévaloir leur volonté sur celle des agents
locaux.
Il prend les formes suivantes :
- Le pouvoir d’instruction permet au supérieur hiérarchique de donner à ses
subordonnés des ordres ou instructions de service, soit générales soit individuelles.
- Le pouvoir d’approbation préalable.
- Le pouvoir d’annulation permet au supérieur hiérarchique de faire disparaître une
décision illégale ou simplement inopportune du subordonné.
- Le pouvoir de suspension permet au supérieur hiérarchique de suspendre
provisoirement l’application d’une décision.

NB : Si l’Administration Publique est responsable devant le gouvernement et lui seul,


toutefois, elle est soumise au contrôle du parlement avec des procédures différentes selon
les pays.

En Côte d’Ivoire, c’est par le vote du budget, par la mise en œuvre de commission
d’enquête et par la procédure de questions orales ou écrites (informations parlementaires) que
ce contrôle est exercé (article 82 de la Constitution). Ce contrôle ne peut s’exercer que, si les
parlementaires sont tenus au courant des actes et des interventions du gouvernement. Par
conséquent, l’information est la condition essentielle pour l’exercice de ce contrôle.
Les procédés d’information des parlementaires vont de la déclaration de politique
générale à la participation des membres du gouvernement au débat, en passant par les
questions d’actualité et les commissions d’enquête et de contrôle.
Les parlementaires ont la possibilité de s’informer en posant des questions au
gouvernement, il peut s’agir soit des questions écrites, soit des questions orales autour
desquelles s’établit un dialogue entre les parlementaires et le Ministre compétent. Il peut y
avoir des dialogues avec ou sans débat.

Conclusion
Se définissant comme une fonction (définition fonctionnelle) et un ensemble de
structures (définition organique), l’Administration Publique, par son organisation et sa visée,
a pour but de produire des services. C’est donc l’institution par laquelle les pouvoirs
politiques satisfont les besoins des populations qui ne peuvent l’être par des initiatives
personnelles ou privées.
14
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

C’est pourquoi l’Administration Publique participe au pouvoir exécutif, législatif et


judiciaire.
Au niveau exécutif, c’est de sa responsabilité de gouverner et de prendre des décisions
qui améliorent le cadre de vie des citoyens. En ce sens, l’Administration assume des fonctions
de prévention, d’orientation, de planification, d’anticipation, d’information et de diffusion.
Au niveau législatif, c’est l’Administration qui organise le cadre de vie en instituant
les règles générales qui doivent régir les activités publiques ou privées.
Au niveau judicaire, c’est elle qui doit faire appliquer la règle de droit, protéger le
citoyen, sauvegarder le patrimoine d’utilité publique et trouver des solutions aux litiges.

III- LES AGENTS PUBLICS ET AGENTS DE L’ETAT (Le personnel de


l’administration)
Pour accomplir sa mission de service public, l’Etat emploie des Agents de statuts
divers.

1- Les agents publics non fonctionnaires


1-1- Agents publics n’ayant pas la qualité d’agents de l’Etat
Par leurs activités, ils concourent à la bonne marche de l’Administration, à la cohésion
et à l’équilibre de la société. Mais ils n’ont pas le statut d’Agents de l’Etat.
Ce sont : maires – avocats – jurés – huissiers – notaires…

1-2- Agents publics ayant la qualité d’agents de l’Etat


Ils sont de trois catégories.
 Agent contractuel défini par trois critères :
- Recruté à titre temporaire pour occuper des emplois publics
- N’est pas titularisé dans des grades de la hiérarchie administrative
- Se trouve dans une situation contractuelle de droit privé
Le régime juridique applicable aux contractuels de la Fonction Publique est fixé par la
Loi portant Code du travail et leur contrat est individuel. La loi portant statut général de la
Fonction Publique ne leur est pas, en principe, applicable.
Toutefois, par dérogation à ce principe, ces contractuels sont soumis aux mêmes
obligations que les fonctionnaires dans l’exercice des fonctions qui leur sont dévolues, en
raison de leur qualité d’Agents publics.

15
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

 Les agents journaliers


Ce sont des contractuels déguisés. Leur recrutement par leurs employeurs (Ministères,
Institutions, EPN) est conditionné par l’accord et l’autorisation préalables du Ministre chargé
de la Fonction Publique.

 Agents temporaires non titularisés


Ce sont :
 Les stagiaires : agents (nouvellement recrutés) qui ne seront titularisés qu’après un
temps de stage ou d’épreuves.
 Les élèves fonctionnaires : candidats à l’entrée dans la Fonction Publique.
 Des personnes nommées à des emplois supérieurs de l’Etat (par le pouvoir
discrétionnaire du gouvernement au regard de critères fixés par décret). Ce sont :
- Assistants techniques (coopérants)
- Magistrats régis par la loi n°78-662 du 04 août 1978
- Agents de la défense : gendarmes et militaires
- Agent de la sécurité : police
- Agents du corps préfectoral
Il est à noter que la nomination de non fonctionnaires à ces emplois supérieurs,
n’entraîne pas leur titularisation dans un grade.

2- Les fonctionnaires
2-1- Définition
La définition légale du fonctionnaire est contenue dans l’article 1er de la loi n°92-570
du 11 septembre 1992 portant statut général de la Fonction Publique qui dispose :
« Le présent statut s’applique aux personnes qui, nommées à titre permanent pour occuper un
emploi dans l’Administration centrale de l’Etat, les services extérieurs qui en dépendent et les
Etablissements Publics de l’Etat, ont été titularisées dans un grade de la hiérarchie
administrative. Il ne s’applique pas aux magistrats de l’ordre judiciaire, au personnel
militaire et au personnel de la sureté nationale ».
Au regard de cette définition, le Fonctionnaire peut être défini par quatre critères :
- Occupation d’un emploi administratif ou emploi public
- Nomination à titre permanent pour occuper un emploi public
- Titularisation dans un grade

16
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

- Soumission au statut général de la Fonction Publique.


En définitive, le Fonctionnaire est une personne nommée à titre permanent pour
exercer un emploi public, titularisée dans un grade et qui est, vis-à-vis de l’Administration,
dans une situation statutaire et réglementaire (cf. article 6 de la Loi portant statut général de la
Fonction Publique).
Cela revient à dire que la situation juridique du fonctionnaire est définie, non par un
contrat comme c’est le cas pour les salariés de droit privé ou les contractuels de la Fonction
Publique, mais par un statut (qui est un acte unilatéral des autorités de l’Etat, qui peut être
soit, un règlement, soit une loi).

2-2- situation juridique du Fonctionnaire


Cf. article 6 de la loi portant Statut Général de la Fonction Publique, le Fonctionnaire
est vis-à-vis de l’Administration, dans une situation statutaire et réglementaire. Cela revient à
dire que la situation juridique du Fonctionnaire est définie, non par un contrat comme c’est le
cas pour les salariés de droit privé ou les contractuels de la Fonction Publique, mais par un
statut (qui est un acte unilatéral des autorités de l’Etat, qui peut être soit, un règlement, soit
une loi).
Le terme "réglementaire" renvoie à l’idée que cette loi (statut général) n’est pas le seul
texte qui fixe les règles applicables au Fonctionnaire.
Il existe de nombreux décrets pris en application de ladite loi.

 Un contrat
Une convention juridique par laquelle une ou plusieurs personnes s’engagent envers
d’autres personnes à faire ou à ne pas faire quelque chose. Document officiel qui constate une
convention.
Contrat social : Convention expresse ou tacite qui, selon Jean Jacques Rousseau, est conclue
entre chaque individu et la communauté.

 Grade
Echelon, degré d’une hiérarchie. Titre acquis par le Fonctionnaire à l’intérieur de sa
catégorie et qui lui donne vocation à occuper un emploi du niveau de sa spécialité dans la
hiérarchie administrative.
Le grade est désigné par une lettre (A, B, C, D) qui est celle de la catégorie suivie d’un
chiffre (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7) ou indice A4.
17
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

2-3- Relation Fonctionnaire – Administration


Le Fonctionnaire a des obligations ou des devoirs vis-à-vis de l’Administration qui est
chargée d’une mission de service public. Ces obligations s’exercent aussi bien en dehors du
service que dans le service.
En contrepartie, l’Administration lui reconnaît des Droits tels que prévus dans la Loi
portant statut général de la Fonction Publique. En conséquence, tout manquement à ces règles
de bonne conduite est réprimé par un organe consultatif de gestion dépendant du Ministère
chargé de la Fonction Publique : le Conseil de discipline qui est la structure de régulation de
l’Administration.
Tout fonctionnaire qui est auteur de manquement aux obligations professionnelles ou
qui commet des infractions de droit commun, fait objet de traduction en conseil de discipline.
C’est pour quoi, le Fonctionnaire doit s’approprier ces règles pour mieux se défendre dans
l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions.

Conclusion : Le personnel utilisé par l’administration ivoirienne pour l’accomplissement des


tâches qui lui incombent dépasse aujourd’hui les 170 000 agents.
L’Etat consacre à ce personnel plus de 60% de son budget annuel. C’est dire
l’importance de la Fonction Publique dans le fonctionnement de l’appareil administratif et des
services publics. Critiquée et méprisée par les uns, enviée par les autres, la Fonction Publique
reste pourtant mal connue du grand public.
Les fonctionnaires eux-mêmes n’ont pas toujours une idée très nette de leurs droits et
de leurs obligations.
La Fonction Publique est constituée par l’ensemble des agents employés au service de
l’Etat et des collectivités publiques. Ces agents ne sont pas soumis à un même régime
juridique, même si le terme "fonctionnaire" est souvent employé pour qualifier tous les agents
publics.
Pour faire fonctionner les services publics, l’Etat et les collectivités publiques
emploient des agents dont certains sont soumis à un statut juridique commun : le statut de
fonction publique. Ce sont des fonctionnaires.
D’autres ne relèvent pas de ce statut, bien qu’ils exercent leurs activités dans les
mêmes services publics. Ce sont les agents publics non fonctionnaires (contractuels, agents
temporaires, auxiliaires ou décisionnaires).

18
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE II : LES SOURCES DU DROIT DE LA FONCTION


PUBLIQUE

I- LE LEG (HERITAGE) DU DROIT FRANÇAIS


La Fonction Publique ivoirienne, issue de l’Administration coloniale, est de création
récente et reste (demeure) tributaire de celle de la France.
Cette Administration Coloniale a connu des mutations avant le transfert de
responsabilité à l’Etat de Côte d’Ivoire.

1- Un statut jurisprudentiel avant 1946


Avant 1946, les Agents publics (Fonctionnaires) n’étaient pas régis par un statut
réglementaire. Les relations entre l’Administration Publique et le travailleur (Agent public)
étaient régies de façon contractuelle. C’est la jurisprudence qui servait de fondement au droit
de la Fonction Publique. Ainsi, les règles de recrutement, rémunération, le régime
disciplinaire étaient fixés par jurisprudence.
Cependant, il y avait les statuts particuliers pour la magistrature, l’université et les
officiers supérieurs.

2- Le statut de 1946 (loi du 19 octobre 1946)


Il a fallu attendre 1946 pour voir une réglementation statutaire s’appliquer. Ce statut
s’inscrit dans une vague de réformes de l’Administration publique, amorcée avant 1945, qui
s’est achevée après la guerre.
Cette administration coloniale a connu des mutations importantes à partir du 15 mai
1957, date de la naissance d’une Administration publique (Fonction Publique) ivoirienne.

3- Naissance de la Fonction Publique ivoirienne


L’Administration publique ivoirienne a reçu un véritable coup d’accélérateur à partir
du 15 mai 1957, date à laquelle l’Assemblée Territoriale (ancêtre de l’Assemblée Nationale)
crée un conseil de gouvernement de 12 ministères et réalise ainsi le 1er transfert de
responsabilité et donne à ces ministères, leurs attributions. Cette période marque
véritablement la date de naissance de la Fonction Publique ivoirienne.

19
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Avec l’avènement de la Ve République française, l’ordonnance du 04 février 1959


remplace la loi du 19 octobre 1946 pour régir dorénavant la Fonction Publique Ivoirienne.
Ainsi, jusqu’à l’Indépendance (1960), la Côte d’Ivoire est régie par une
Administration de type colonial.
Pour gérer cette administration, les autorités coloniales (régime colonial) emploient
des Agents qui relèvent de différents statuts : des fonctionnaires autochtones relevant d’un
statut particulier. Ce qui entraîne une situation disciplinaire inégalitaire des fonctionnaires.
Parmi ces statuts divers, on distingue :
- Les cadres généraux (ingénieurs, médecins africains)
- Les Fonctionnaires relevant du cadre supérieur (titulaire du BAC et du BEPC)
- Les Fonctionnaires relevant des cadres locaux (agents subalternes servant seulement
dans la colonie de Côte d’Ivoire).
C’est pourquoi, chaque fois qu’il est coincé, le juge français est intervenu pour faire
disparaître, du moins atténuer le caractère inégalitaire et discriminatoire du droit de la
Fonction Publique Coloniale.

II- LES SOURCES DU DROIT DE LA FONCTION PUBLIQUE DE LA


COTE D’IVOIRE POST-COLONIALE (INDEPENDANTE)
« En se dotant d’une Fonction Publique, la Côte d’Ivoire indépendante entendait, à
l’instar de beaucoup d’autres pays organisés, faire de son Administration, un outil de
développement ».
Il ne pouvait pas en être autrement quand on sait que « la Fonction Publique tire son
importance du fait qu’elle constitue le support nécessaire à toute action, puisqu’elle est la
partie de l’appareil gouvernemental chargée d’exécuter et d’assurer la mise en œuvre des
décisions politiques ».
Pour réaliser les missions qui lui sont assignées et être véritablement une
Administration de développement (compétitive, transparente, souple et légère), la Fonction
Publique de la Côte d’Ivoire post coloniale s’est dotée d’un dispositif juridique1. Ce dispositif,
en constante mutation, tout en sauvegardant l’intérêt général à travers un ensemble de règles,
tient compte (dans une certaine mesure), des intérêts particuliers que les Fonctionnaires
souhaitent réaliser et auxquels il est impossible de leur demander de renoncer complément si
on veut obtenir d’eux la meilleure efficacité.

1
Loi n° 92-570 du 11 septembre 1992, portant statut général de la Fonction Publique.
20
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Les sources du droit de la Fonction Publique sont de deux sortes : la loi, le règlement
et la jurisprudence.

1- La loi et le règlement
1-1- La loi
D’un point de vue matériel, la loi est une règle de droit général (elle doit,
théoriquement, s’appliquer à tous de la même manière), impersonnelle et permanente (la loi
est faite pour durer).
D’un point de vue formel, la loi est un acte juridique élaboré selon la procédure
législative, c’est-à-dire adoptée, par le Parlement et promulguée par le Président de la
République (PR).
Dès sa promulgation, la loi acquiert force obligatoire. Elle s’applique dans le temps et
dans l’espace. Expression de la volonté générale, la loi a force obligatoire pendant son
existence, c’est-à-dire entre le moment de sa naissance et celui de sa mort, elle ne cessera de
s’appliquer que lorsqu’elle aura été abrogée, c’est-à-dire, lorsque ses dispositions auront été
supprimées. La loi est donc l’expression de la volonté générale.
Logiquement l’abrogation de la loi ne peut être décidée que par l’autorité qui a été
compétente pour la créer.
La procédure législative d’élaboration de la loi est la suivante : initiative - discussion
de la loi – vote au parlement – promulgation par le PR – publication au Journal Officiel.
L’Administration Publique ivoirienne s’est dotée d’un dispositif juridique dont le
dernier en date est celui de la Loi n° 92-570 du 11 septembre 1992 portant statut général de la
Fonction Publique.
Cette loi comprend 89 articles et constitue aujourd’hui le texte de base de la gestion
des Fonctionnaires en Côte d’Ivoire. Elle comporte des dispositions générales, fixe les
conditions de recrutement, de rémunérations, de notation et d’avancement du Fonctionnaire.
Elle traite également du régime disciplinaire et des différentes positions qu’un Fonctionnaire
peut occuper.
Le texte de loi est accompagnée par différents décrets parmi lesquels on peut citer :
* le décret n° 93-607 du 02 juillet 1993, portant modalités communes d’application du
statut général de la Fonction Publique ;
* le décret n° 93-608 du 02 juillet 1993, portant classification des grades et emplois
dans l’Administration de l’Etat et dans les Etablissements Publics nationaux (EPN).

21
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

L’élaboration de la loi N° 92-570 du 11 septembre 1992, portant statut général de la


Fonction Publique a amené le gouvernement ivoirien à faire un certain nombre de choix
(options) fondamentaux relatifs au système de la Fonction Publique.

1-2- Le règlement
Le règlement est l’action de déterminer des règles relatives à un domaine. C’est
l’ensemble des prescriptions, des dispositions auxquelles on doit se conformer.
Le règlement administratif est un acte de portée générale et impersonnelle édicté par le
pouvoir exécutif et les autorités administratives, pour assurer l’exécution d’une loi ou pour
réglementer des matières autres que celles réservées à la loi.

1-3- La jurisprudence
Selon le dictionnaire Petit Larousse en couleurs 1988, ISBN 2.03.301.289-1, vient du
latin jurisprudentia, qui désigne la science du droit. Le mot désigne également l’ensemble des
décisions de tribunaux qui constitue une source de droit.
Faire jurisprudence, c’est faire autorité et servir d’exemple dans un cas déterminé,
créer un précédent.
Selon le Dictionnaire Universel 0812007 : collection N° 12-59/4660/3 4e édition. Le
mot indique :
- l’interprétation du droit et des lois par un tribunal. Exemple : jurisprudence du
Conseil d’Etat en matière du droit administratif.
- L’ensemble des décisions rendues par les tribunaux dans des cas semblables et
permettant de conduire principes de droit. On parlera alors d’un jugement qui fait
jurisprudence, qui sert de référence.

22
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

III- MODELES DE FONCTION PUBLIQUE OU SYSTEME DE


FONCTION PUBLIQUE : SYSTEME DE CARRIERE

1- Choisir entre deux modèles (systèmes de fonction publique)


 Le système de carrière (Fonction Publique fermée)
 Le système d’emploi (Fonction Publique ouverte)

2- La Côte d’Ivoire a opté pour le système de carrière hérité de la


puissance coloniale
Ce système établit entre le Fonctionnaire et l’Etat, un lien étroit, le premier
s’engageant à respecter loyalement les sujétions que lui impose le second (Etat), en échange
de la garantie de l’emploi à vie et d’une perspective de progression professionnelle. Cette
sécurité de l’emploi est nécessaire à la pérennité de l’Administration qui a besoin, pour
accomplir les tâches permanentes et diversifiées de l’Etat, d’une certaine continuité et d’une
mémoire administrative, indispensable au suivi des actions.
En outre, ce système protège le Fonctionnaire en le soustrayant des vicissitudes
politiques (changement politique ne remet pas en cause son statut contrairement à la Fonction
Publique de l’emploi).
Il est à noter que le système de carrière et le système d’emploi correspondent à des
modèles théoriques. Dans la réalité, la plupart des Fonctions Publiques présentent une nature
hybride. Elles intègrent et combinent des éléments relevant des deux logiques.
De plus, si le système de carrière est le plus fréquemment retenu (Royaume-Uni,
Belgique, Allemagne, Danemark, Espagne, Italie, Portugal…), la plupart de ces pays tendent
à réserver une place substantielle (de choix) à la logique d’emploi (système d’emploi).
La Fonction Publique ivoirienne quant à elle, repose fondamentalement sur le système
de carrière, même si de plus en plus on assiste au retour de la contractualisation qui consiste
en un engagement de l’Agent à participer au fonctionnement d’un service public en se
soumettant à des obligations professionnelles particulières en contrepartie de quoi, il lui est
assuré la stabilité de son emploi et une retraite (en bonne et due forme).
Le système de mérite est fondé sur le recrutement de fonctionnaire suivant le mérite et
les compétences individuelles par voie de concours.
Système de gestion centralisée au niveau d’un ministère, est la conséquence des deux
premiers choix.
23
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

La centralisation (ici) découle en grande partie de l’adoption des systèmes basés sur la
carrière et le mérite. Elle consiste à confier à un seul ministère (ministère de la Fonction
Publique), l’application de la politique du gouvernement en matière de Fonction Publique, à
coordonner, à animer et à superviser la gestion du personnel, le recrutement et la formation du
fonctionnaire, à organiser les services administratifs en vue de leur grande efficacité, ne
laissant aux Ministères techniques que les attributions courantes de relais, de gestion des
personnels.
Ainsi, dans la gestion centralisée, le Ministère de la Fonction Publique apparaît
comme le gestionnaire commun à tous les Ministères.

24
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE III : PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA


FONCTION PUBLIQUE
Les principes fondamentaux du régime de la Fonction Publique Ivoirienne se
caractérisent par les règles de soumissions des fonctionnaires à la collectivité publique et les
règles de garantie des intérêts particuliers des fonctionnaires.

I- LES REGLES DE SOUMISSION


De la soumission des fonctionnaires à la collectivité publique et aux autorités
hiérarchiques résulte :
- l’affirmation de la nature statutaire et non contractuelle de la situation juridique du
fonctionnaire ;
- le maintien du principe de subordination vis-à-vis de l’autorité exerçant le pouvoir
hiérarchique.

1- Situation juridique du fonctionnaire


Le fonctionnaire est vis-à-vis de l’Administration dans une situation statutaire et
réglementaire parce qu’il est lié à l’Administration par un engagement qui ne prend fin en
principe qu’à la retraite. Son engagement le place automatiquement sous l’autorité de la loi
portant statut général de la Fonction Publique et de ses décrets d’application.
Cela signifie que la situation qui est faite au fonctionnaire résulte de son statut qui est
souverainement fixé par la loi et ses règlements qu’il n’a pas discuté et qui s’impose à lui du
seul fait de son engagement volontaire au service de l’Etat.
Il en résulte que le fonctionnaire est assujetti aux règles qui ont été fixées ou abrogées
sans qu’il puisse se prévaloir des droits acquis.
Il découle du régime statutaire du fonctionnaire plusieurs conséquences :
* Un fonctionnaire ne peut pas prétendre se faire, lors de son investiture, une situation
différente de celle des agents occupant un emploi identique au sein de l’Administration
Publique. Il y a uniformité de situation pour tous les agents occupant un même emploi.
* La situation du fonctionnaire ne peut pas être, postérieurement à son investiture, modifiée
par contrat entre lui et la personne morale. Cette règle se lie étroitement à la précédente.
* Le fonctionnaire doit subir, sans prétendre qu’il y a violation des droits acquis par lui, les
modifications apportées à son statut ou au régime de l’emploi qu’il occupe. Il n’y a pas de

25
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

négociation entre lui et son employeur (Etat). Il adhère sans discussion sur ce qui a été préparé
par d’autres sans son avis.
Contrairement aux personnels du secteur privé, la situation des fonctionnaires n’est
pas régie par un contrat. En principe, seuls la loi et le règlement organisent leur statut. Cela
n’empêche pas, en pratique, les fonctionnaires de participer très largement à la détermination
de leurs conditions de travail. Ils le font d’abord grâce à des organismes paritaires
(comprenant des représentants du ministre et des représentants des fonctionnaires) existant au
sein de chaque administration mais aussi, plus généralement, par le biais de leurs syndicats.
Les garanties statutaires lui assurent une protection professionnelle à l’égard du
pouvoir politique, ce qui est renforcé par l’existence de droits et obligations spécifiques :
* c’est le principe de recrutement par concours
* la liberté syndicale et le droit de grève (reconnu à l’ensemble de la Fonction Publique)
* certaines règles en matière disciplinaire : tout fonctionnaire a un droit de regard sur sa
carrière.

2- Principe de subordination (ou principe hiérarchique)


Le principe hiérarchique est le premier garant du respect de la déontologie.
Le lien de subordination entre le salarié et son employeur est caractéristique de la
relation de travail. Il caractérise le pouvoir de l’employeur, celui de la direction et le pouvoir
disciplinaire :
* le pouvoir de direction, c’est embaucher, organiser le travail, muter le personnel, le
rémunérer, le promouvoir et le former ;
* le pouvoir disciplinaire, c’est sanctionner et licencier de manière disciplinaire.
Ce principe impose aux organes subordonnés d’exécuter les ordres qu’ils reçoivent,
toute désobéissance pouvant entraîner une sanction.
Il y a ici nécessité d’une subordination complète des fonctionnaires non seulement à
l’Etat, mais aussi au Gouvernement qui en est l’expression naturelle et institutionnelle. Cette
subordination ne se réalise que grâce à la hiérarchie dans laquelle sera placé chaque agent.
La hiérarchie est donc le ressort essentiel de l’activité administrative. Elle garantit la
cohésion de l’administration et est un moyen pour assurer le bon fonctionnement des services
publics. Aussi, le devoir d’obéissance aux ordres donnés par le supérieur s’impose-t-il aux
fonctionnaires à l’égard de leur service.

26
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

En conséquence, le fonctionnaire doit exécuter les ordres des supérieurs hiérarchiques


même s’ils les trouvent inopportuns. Il est à préciser toutefois, qu’il n’y a que deux (02) cas
où le fonctionnaire ait le droit et même le devoir de désobéir à un ordre :
- Lorsque l’exécution de l’ordre constituerait une infraction pénale. En effet, d’après la
jurisprudence pénale, le fait qu’une infraction ait été commise en exécution d’un ordre
reçu ne constitue pas pour l’auteur de l’infraction une excuse absolutoire.
- Lorsque l’ordre reçu est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement
un intérêt public.
Ces deux (02) cas sont assez exceptionnels, mais les fonctionnaires doivent
cependant savoir que l’obéissance aveugle aux ordres reçus ne peut pas justifier
n’importe quels actes.

Il apparaît d’emblée que le fonctionnaire est soumis à un régime de stricte


subordination où l’intérêt général de la collectivité est le seul pris en considération.
Mais les responsables de l’Administration, conscients de l’intérêt qu’il y a de prendre
en compte, dans une certaine mesure, les aspirations des fonctionnaires s’ils veulent obtenir
d’eux un meilleur rendement, ont reconnu aux fonctionnaires des droits et des garanties.

27
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

DEUXIEME PARTIE

GESTION DE LA FONCTION PUBLIQUE

28
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE I : LES MOYENS DE GESTION

La gestion de la Fonction Publique (Administration publique) consiste à prendre des


décisions nécessaires au bon fonctionnement des services, au maintien de l’ordre public et au
déroulement de la carrière du fonctionnaire depuis son entrée dans la fonction publique
jusqu’à sa sortie de carrière.
Pour assurer cette gestion, l’Administration publique dispose, entre autres, d’un
ensemble de moyens, d’organes de gestion et des organismes consultatifs.

Pour accomplir ses deux missions fondamentales de prestations de services publics et


de maintien de l’ordre public, l’administration dispose d’un certain nombre de moyens, aussi
importants que diversifiés : les moyens humains, les moyens matériels, les moyens financiers
et les moyens juridiques.

I- LES MOYENS HUMAINS ET ADMINISTRATIFS DE GESTION


Les moyens humains concernent essentiellement le personnel que l’administration
utilise pour assurer le fonctionnement du service public. Ce personnel comprend les
fonctionnaires, les agents de l’Etat et les agents contractuels.
Les moyens administratifs de gestion sont l’ensemble des instruments de la gestion du
personnel et des ressources humaines : le recrutement, la formation, l’évaluation, la gestion
des carrières, l’organisation du travail, la politique de rémunération, la politique disciplinaire.
Ce sont les instruments de la gestion du personnel, des ressources humaines qui relèvent de la
compétence de l’Administration.
Toutefois, les Ministères techniques et structures de l’Etat bien qu’ils ne soient pas
l’employeur direct du personnel qui leur est affecté, ont la responsabilité de le gérer au
quotidien, conformément aux normes et règles établies.
Ils ont, entre autres, les outils de gestion administrative suivants :
- Dossiers sommaires des agents ;
- Fichier de gestion du personnel ;
- Plannings muraux ;
- Tableau de bord du chef du personnel.

29
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

II- LES MOYENS MATERIELS ET FINANCIERS DE GESTION


Les moyens matériels se ramènent aux biens matériels que possède l’Administration.
Ces biens mobiliers et immobiliers, constituent son patrimoine et tout particulièrement son
domaine.
Les moyens financiers sont les ressources de toute nature dont dispose
l’Administration pour financer ses différentes activités. Ces moyens présentent une
exceptionnelle importance car ils conditionnent l’action du gouvernement.
Contrairement aux particuliers, l’Etat fixe le montant de ses dépenses et ensuite
seulement celui de ses recettes. L’ajustement des unes aux autres, avec ou sans impasse,
correspond à ce qu’on appelle le budget2, c'est-à-dire la loi de finances de l’année.
Par le vote de la loi de Finances, le Parlement autorise pour une année, la perception
des recettes et la réalisation des dépenses qui permettront à l’Etat de remplir ses missions et à
ses services de fonctionner.

III- LES MOYENS JURIDIQUES DE GESTION


Pour accomplir ses missions, l’Administration dispose de moyens juridiques que sont
les actes juridiques (actes administratifs) à l’origine desquels se trouve :
- Soit qu’elle les édite unilatéralement (ce sont des actes unilatéraux, c'est-à-dire des actes
juridiques susceptibles de produire des effets de droit par la seule volonté de l’administration.
Ils englobent la décision exécutoire qui est la principale variété de l’acte administratif). L’acte
unilatéral doit son nom à la façon dont il est élaboré. Les destinataires de l’acte
n’interviennent pas dans le processus, l’acte leur sera par conséquent imposé. C’est en cela
que l’acte unilatéral traduit les prérogatives exorbitantes du droit commun qui caractérisent
l’action de l’Etat et de son administration.
- Soit qu’elle noue avec d’autres personnes un lien contractuel (actes bilatéraux).
Les actes administratifs unilatéraux se reconnaissent à deux caractères essentiels qui tiennent :
- à leur origine, (l’auteur de l’acte) : ils émanent d’une autorité administrative (sauf
exception), c'est-à-dire d’un organe investi du pouvoir administratif (personne publique ou
une personne privée, chargée d’un service public) ;
- à leur objectif, (contenu de l’acte) : ils se rapportent à des attributions administratives (il faut
que l’acte ne soit pas, par définition, étranger à l’activité purement administrative).

2
Le budget est essentiellement un acte politique. Le budget est la traduction financière d’une vision et d’une
volonté politique. Le gouvernement et le Parlement peuvent débattre et prendre des décisions mais sans budget,
tout cela reste virtuel.
30
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

La forme des actes administratifs comportent certains éléments qui jouent aussi un rôle
important (les visas3 et les motifs4).

3
Les visas sont les textes en vertu desquels l’acte est pris, ils donnent donc ainsi la base juridique de l’acte.
L’apposition des visas est une chose importante, car elle est à la fois un moyen pour l’administration de contrôler
la régularité de ses actes, et un moyen pour l’administré de vérifier la régularité de ceux-ci.
4
Les motifs sont les faits qui justifient la décision. La motivation des actes administratifs impose à
l’administration une telle obligation pour toutes les décisions individuelles défavorables et pour les refus
d’autorisation.
31
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE II : LES ORGANES DE GESTION DE


L’ADMINISTRATION PUBLIQUE
On distingue dans l’organisation de l’administration, l’administration d’Etat
(administration centrale), dont les compétences s’étendent à tout le territoire, et
l’administration territoriale (ou services locaux), dont les pouvoirs sont limités à la région, au
département ou à la commune, selon les cas.

I- LES AUTORITES CHARGEES DE LA GESTION DE


L’ADMINISTRATION CENTRALE
L’Administration centrale qui est l’administration d’Etat compétente sur l’ensemble
du territoire est constituée par les autorités administratives suprême que sont le Président de la
République et le Premier ministre d’une part, et les départements ministériels d’autre part.

1- Le Président de la République, autorité administrative


Le Président de la République est avant tout une autorité politique : l’autorité politique
suprême de l’Etat, mais il est aussi une autorité administrative suprême.
La Présidence de la République est donc la superstructure de l’administration centrale.
Malgré l’institution d’un poste de premier Ministre, chef de gouvernement, le président de la
République est détenteur exclusif du pouvoir exécutif. A cet effet, il dispose de
l’Administration (dont il est le Chef) et du gouvernement, qui sont deux institutions du
pouvoir Exécutif.

2- Le Gouvernement
C’est l’ensemble formé par le Premier ministre et les Ministres. Il comporte dans son
fonctionnement :
 une instance collégiale et solidaire : le Conseil des ministres qui est l’organe de
décision privilégiée ;
 un acteur essentiel : le Premier Ministre, chef de gouvernement ;
 un nombre variable de ministres dont les fonctions et les titres sont différents selon la
formation gouvernementale et les besoins du moment.

32
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

2-1- Le premier ministre


Le Premier ministre est le premier collaborateur direct du président de la république. A
ce titre, il est chargé :
 d'animer et de coordonner l’action gouvernementale ;
 d’organiser hebdomadairement les réunions du conseil de gouvernement qu’il
préside ;
 de proposer les autres ministres à la nomination du Président de la République ;
 d’assurer l’intérim du Président de la République en cas d’absence du pays ou
d’empêchement momentané.
L’institution d’un poste de Premier ministre, chef de gouvernement, ne fait pas du
régime politique ivoirien un régime parlementaire. On reste toujours dans un régime de type
présidentiel.

2-2- Le conseil des ministres


Le conseil des ministres est l’organe de décision privilégié du gouvernement. Il est
composé de l’ensemble des ministres et se tient sous la présidence effective du Président de la
République.
Il a lieu généralement tous les mercredis sauf empêchement. L’ordre du jour est
préparé par le Secrétaire général du gouvernement qui consulte le premier ministre et le chef
de l’Eta et définitivement arrêté par ce dernier.
Le conseil des ministres délibère obligatoirement sur :
 les décisions déterminant la politique générale de l’Etat ;
 des projets de lois ;
 des ordonnances et décrets réglementaires ;
 des nominations aux emplois supérieurs.

2-3- Le conseil de gouvernement


Pour maintenir la cohésion gouvernementale et entretenir la solidarité ministérielle, le
conseil des ministres est précédé du conseil de gouvernement qui a lieu en principe tous les
mardis sous la présidence du Premier ministre.
Le but du conseil de gouvernement est de préparer le conseil des ministres en vue de
donner à l’action gouvernementale une homogénéité certaine. Le conseil peut faire appel à de
hauts fonctionnaires pour expliciter une question technique.

33
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

2-4- Le Ministre de la Fonction Publique (MFP)


Le MFP assure, sous l’autorité du Président de la République, la mise en œuvre et le
suivi de la politique du Gouvernement en matière de Fonction Publique.
A ce titre, et en liaison avec les différents départements ministériels intéressés, il a
l’initiative et la responsabilité, surtout en matière de Fonction Publique, des actions de :
 recrutement des personnels des Administrations de l’Etat et des Etablissements
Publics et des personnels engagés par contrats ;
 gestion prévisionnelle et du contrôle des effectifs ;
 formation et de perfectionnement des cadres de l’Administration et des autres agents
de l’Etat ;
Si larges que soient les attributions du Ministère de Fonction publique, plusieurs
autres autorités administratives participent à la gestion de la Fonction Publique, en
dehors de leurs attributions spécifiques.

2-5- Le Ministre de l’Economie et des Finances


Le Ministre de l’Economie et des Finances est chargé, entre autres, de la liquidation
des traitements et des pensions. Il apparaît comme "super-ministre". Les problèmes traités par
son administration ont un caractère suffisamment technique pour que son influence et celle de
ses services soient bien souvent décisives, l’essentiel de cette influence résidant dans le
contrôle qu’il arrive à exercer sur l’activité des autres ministres. il faut bien voir, en effet, que
pour sa quasi-totalité, cette activité implique des dépenses et nécessite donc des ouvertures de
crédits. Or, dès qu’il est question de dépenses et de crédits, rien ne se fait sans l’accord ou la
participation du ministre des Finances.

2-6- Les ministres techniques


Ils prennent, pour les agents placés sous leurs autorités, entre autres, des décisions
individuelles portant : affectation, suspension, sanction disciplinaire du premier degré,
mutation, nomination dans des fonctions.

II- LES AUTORITES CHARGEES DE LA GESTION DE


L’ADMINISTRATION DECONCENTREE
La déconcentration consiste à transférer les pouvoirs de décision des autorités
centrales à leurs représentants locaux.

34
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Parmi les agents locaux de l’administration d’Etat on distingue : les régions, les
départements, les sous-préfectures et les villages.

1- les autorités préfectorales


1-1- Le Préfet
Le Préfet a le pouvoir de noter les fonctionnaires en service dans leur localité, de leur
appliquer également les sanctions disciplinaires du premier degré et de leur attribuer les
congés annuels ou de maternité pour les femmes.
Il est aidé dans sa tâche par des collaborateurs placés sous son autorité : le secrétaire
Général de Préfecture, le Sous-préfet et le chef de cabinet du préfet.
Le Préfet est le représentant du pouvoir exécutif et de chacun des ministres dans le
département. Il est donc le délégué du Gouvernement. A ce titre, il dispose de quatre (04)
catégories principales d’attributions :
- Attributions politiques
- Attributions de police
- Attributions administratives
- Attributions économiques

1-2- Le sous-préfet
Le sous-préfet est nommé par décret présidentiel pris en Conseil des Ministres sur
proposition du Ministre de l’Intérieur et de la décentralisation. Il est révocable à tout moment.
Il est le représentant de l’Etat dans la Sous-Préfecture. Il agit sous l’autorité du Préfet.
En ce sens, il agit par délégation du Préfet en tant qu’auxiliaire et délégué du Préfet.

III- LES AUTORITES CHARGEES DE LA GESTION DE


L’ADMINISTRATION DECENTRALISEE
La décentralisation entendue comme le procédé technique qui consiste à conférer des
Pouvoirs de décision à des organes autonomes différents de ceux de l’Etat, révèle deux (2)
modalités en Côte d’Ivoire : la décentralisation par service (technique ou verticale) et la
décentralisation territoriale ou horizontale.
Si ces structures, ces collectivités locales, sont autonomes pour gérer, elles sont
néanmoins soumises au contrôle de l’administration de l’Etat à travers le contrôle de tutelle.

35
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

1- La décentralisation technique ou verticale


La décentralisation technique ou par service consiste à conférer l’autonomie
administrative à un service public en lui octroyant la personnalité morale. La décentralisation
technique se réalise au travers des Etablissements Publics Nationaux (EPN). On parle dans ce
cas de démembrement de l’Etat.
Les EPN ont des missions ou compétences spécifiques au contraire des collectivités
territoriales qui ont une compétence générale dans les limites de leur territoire.
Les Directeurs des EPN notent leur personnel, prennent des sanctions disciplinaires du
premier degré.

2- La décentralisation territoriale ou horizontale


La décentralisation horizontale consiste à donner aux collectivités publiques, autres
que l’Etat, le pouvoir de gérer de façon autonome leurs propres affaires.
L’Administration décentralisée est assurée dans le cadre des collectivités territoriales
qui sont : les régions, les départements, les districts, les villes et les communes.
Les collectivités territoriales ont pour missions :
- l'organisation de la vie de la collectivité territoriale ;
- la participation des populations à la gestion des affaires locales ;
- la promotion et la réalisation du développement local ;
- la modernisation du monde rural ;
- l’amélioration du cadre de vie ;
- la gestion des terroirs et de l’environnement.
Les entités territoriales sont érigées en régions, départements, districts, villes et
communes par décret pris en conseil des ministres.

36
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE III : LES ORGANES ET LES MECANISMES DE


CONTRÔLE DE L’ADMINISTRATION

Le contrôle de l’Administration Publique peut se faire, aussi bien, sur le plan externe
que sur le plan interne.

I- CONTROLE EXTERNE
Se fait par les citoyens qui disposent de plusieurs moyens pour contrôler l’action de
l’administration.
* Assister aux délibérations et consulter les budgets de conseils municipaux et
régionaux de sa localité. Tout citoyen peut le faire.
* Exercer un recours hiérarchique. Lorsqu’une décision est prise par un fonctionnaire,
un citoyen peut exercer un recours hiérarchique. Le supérieur hiérarchique peut toujours
revenir sur la décision de son subordonné. Il peut le faire pour des raisons de légalité mais
aussi d’opportunité. S’il considère que la décision n’est pas bienvenue, pour des raisons
d’équité par exemple, le supérieur hiérarchique peut l’annuler.
* Saisir le juge administratif. La saisine du juge administratif permet aussi au citoyen
de savoir si l’action de l’administration a respecté les règles en vigueur. En revanche, cette
saisine ne permet pas de déterminer si l’action administrative était ou non opportune. En effet,
un acte administratif peut être parfaitement légal tout en étant mal venu.

II- CONTROLES INTERNES


Les contrôles internes à l’administration sont de quatre types :

1- Le contrôle hiérarchique
Le contrôle hiérarchique constitue une forme de contrôle efficace. Il découle du
principe hiérarchique en vertu duquel un subordonné doit obéir à son supérieur sauf en cas
d’illégalité manifeste de l’ordre donné.
Il peut être déclenché par le supérieur hiérarchique lui-même, ou par un administré
mécontent d’une décision administrative et qui aura exercé un recours hiérarchique. Dans ce
cadre, le supérieur dispose de trois pouvoirs. Il peut : - annuler la décision de son

37
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

subordonné ; - lui ordonner de prendre une décision dans un sens déterminé ; - réformer la
décision, c’est-à-dire en modifier tout ou partie.

2- Les corps d’inspection


2-1- L’inspection générale d’Etat
Elle constitue une véritable structure de contrôle. Sa place auprès du Président de la
République indique le souci de cette superstructure d’avoir un droit de regard sur le
fonctionnement concret de l’Administration. C’est le Président de la République qui
détermine sa mission et c’est à lui que ce service fait le compte rendu de ses missions de
contrôles, de vérifications, d’enquêtes et d’études.
L’inspection générale comprend : un inspecteur général et des inspecteurs d’Etat.
Ils sont nommés par décret pris en conseil des ministres. L’objet du contrôle porte
essentiellement sur : le respect de la légalité – le respect des règles budgétaires – la qualité, les
coûts et le rendement des services (les services publics, les EPN, les sociétés d’Etat et les
sociétés à participation financières publiques).

2-2- Les autres corps d’inspection


Les corps d’inspection (inspection générale de l’Education nationale, inspection
générale des Affaires sociales, Inspecteur général aux Armées…) sont chargés, pour le
compte d’un ministre, de contrôler le bon fonctionnement des services d’un ministère. Ils sont
généralement constitués de fonctionnaires ayant un très haut niveau de compétence ou
jouissant d’une longue expérience.

3- Le contrôle de tutelle
Le contrôle de tutelle est une autre forme de contrôle de l’action de l’administration.
Certains organismes (administration décentralisée) jouissent d’une relative autonomie par
rapport aux autorités administratives. Mais celles-ci exercent tout de même un contrôle sur
eux, que l’on qualifie de contrôle de tutelle.

4- La Cour des comptes (précédemment chambres des comptes)


La Cour des comptes est une des juridictions suprêmes. Elle a deux rôles distincts :
- Elle est chargée de contrôler la régularité des recettes et dépenses publiques et des
comptes établis par les comptables publics dans les différents services de l’Etat. Il

38
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

s’agit d’un contrôle éminemment technique, qui vérifie que les règles spécifiques
s’imposant aux comptables publics sont bien respectées. Dans le cas contraire, elle
sanctionne la gestion de fait et les fautes de gestion.
- La Cour des comptes est chargée de contrôler le bon emploi et la bonne gestion des
fonds publics, y compris dans les organismes non dotés de comptables publics.
Chaque année, la Cour procède à des investigations au cours desquelles les conseillers
enquêtent sur pièces et sur place. A l’issue de ces « enquêtes », la Cour des comptes établit un
rapport, destiné au ministre concerné, qui pointe les éventuelles défaillances ou gaspillages
constatés dans un service.
Cette activité se concrétise aussi par la publication du rapport annuel de la Cour des
comptes. Les conclusions de la Cour des comptes sur les dysfonctionnements administratifs
dans l’utilisation de l’argent public doivent en principe donner lieu, de la part des pouvoirs
publics, à des corrections.

III- LES ORGANES CONSULTATIFS DE GESTION


L’Administration publique a été l’un des premiers secteurs où les travailleurs ont été
admis à dialoguer avec l’employeur au sein d’organismes paritaires.
Toutefois, compte tenu du principe hiérarchique qui régit l’organisation de la Fonction
Publique, les organismes n’ont qu’un caractère consultatif.
En côte d’Ivoire, la loi portant statut général de la Fonction Publique prévoit que la
participation des fonctionnaires à la gestion de la Fonction Publique est assurée
par quatre organes: le comité consultatif, la commission administrative paritaire, la
commission de la réforme et le conseil de discipline.

1- Le comité consultatif de la Fonction Publique


Il connaît de toute question d’ordre général intéressant les fonctionnaires. Il est saisi
par écrit, soit par le Ministre de la Fonction Publique, soit par le tiers de ses membres.

2- La commission administrative paritaire


Pour chaque grade de fonctionnaires, il est crée une commission administrative
paritaire comprenant en nombre égal des représentants de l’administration et des représentants
du personnel assistés de leurs syndicats.
La commission administrative paritaire donne son avis sur :

39
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

- le tableau d’avancement de classe ;


- les propositions de fin d’engagement pour insuffisance professionnelle ;
- les propositions de retenues sur pension.
Elle peut, en outre être consultée par le Ministre chargé de la Fonction Publique sur
toute question intéressant le grade pour lequel elle a compétence.

3- La commission de la Réforme
Elle donne un avis sur :
- les allocations d’invalidité ;
- les demandes de rente en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle ;
- l’admission à la retraite pour invalidité.

4- Le conseil de discipline
Le conseil de discipline fait des propositions de sanction du second degré, donne un
avis sur les demandes de retrait de sanctions disciplinaires.

40
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

TROISIEME PARTIE :

ACCES A LA FONCTION PUBLIQUE ET


CARRIERE DU FONCTIONNAIRE

41
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE I : L’ACCES A LA FONCTION PUBLIQUE


L’Administration est un système permanent et dynamique. Les acteurs qui l’animent
constituent des flux d’entrées et de sorties. Les sorties définitives ou momentanées
provoquent des déséquilibrent au niveau démographique et de la charge de travail.
En conséquence, des postes de travail vacants et peuvent être pourvus en procédant à un
recrutement interne ou externe.

I- CONDITIONS D’ENTREE A LA FONCTION PUBLIQUE


1- Le principe de l’égal accès de tous à la Fonction Publique
Le principe est contenu dans les dispositions de l’article 17 de la Constitution
ivoirienne du 1er août 2000 aux termes desquelles : « l’accès aux emplois publics ou privés est
égal pour tous. Est prohibé toute discrimination dans l’accès ou l’exercice des emplois fondée
sur le sexe, les opinions politiques, religieuses ou philosophiques ».
Toutefois, des modalités spécifiques peuvent, en raison des conditions d’aptitude
physique ou des sujétions propres à certaines fonctions, en réserver l’accès aux candidats de
l’un ou de l’autre sexe (article 14 du statut général de la Fonction Publique).

2- Les conditions générales d’accès de tous à la Fonction Publique


Pour avoir la qualité de fonctionnaire et donc accéder à la Fonction Publique, les
conditions suivantes doivent être remplies :
- avoir la nationalité ivoirienne ;
- remplir les conditions d’âge d’accès ;
- jouir des droits civiques et d’une bonne moralité ;
- être en position régulière au regard des lois sur le recrutement de l’armée ;
- remplir les conditions d’aptitudes physiques et mentales exigées pour occuper
l’emploi ;
- être reconnu indemne de toute affection grave ou contagieuse ;
- être détenteur du diplôme requis pour la catégorie visée.
Il existe en outre des conditions spécifiques à certains emplois. Exemple : attestation
de non bégaiement pour le corps enseignant.

42
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

II- LES VOIES D’ACCES A LA FONCTION PUBLIQUE


L’article 3 du décret n° 93-607 du 02 juillet 1993 apporte des précisions sur cette
préoccupation à travers un principe et des dérogations.

1- Le principe
Les fonctionnaires sont recrutés par voie de concours, sauf dérogations prévues par
décret.
Le concours a pour avantage de préserver au mieux l’impartialité et les risques
d’erreur. Par voie de conséquence, de par le système de l’anonymat, il limite le favoritisme. Il
permet ainsi l’égalité de chance et la sélection des meilleurs candidats.

2- Les dérogations
Il s’agit du recrutement des contractuels, prévu par l’article 15 du statut général de la
Fonction Publique.
En effet, des agents non fonctionnaires peuvent être recrutés pour occuper des emplois
de la catégorie A lorsque la nature des fonctions et les besoins des services le justifient. Les
agents ainsi recrutés sont engagés par contrat pour une durée déterminée qui ne peut excéder
deux (02) ans et n’est renouvelable qu’une seule fois.
Il s’agit en outre de la nomination de certaines personnes aux emplois supérieurs par le
Président de la République en sa qualité de détenteur du pouvoir exécutif et de chef de
l’administration.

III- LA QUALITE DE FONCTIONNAIRE


La qualité de fonctionnaire est acquise après la titularisation qui est précédée d’une
nomination.

1- La nomination
C’est l’acte d’attribution d’un emploi permanent de l’administration. Par la
nomination, l’agent reçoit compétence pour accomplir les actes de sa fonction. Toutefois, sa
situation demeure encore précaire du fait de son statut de fonctionnaire stagiaire.
En effet, conformément à l’article 36 du statut général de la Fonction Publique, toute
personne admise à occuper un emploi public en qualité de fonctionnaire est soumise à un
stage probatoire d’une année, à l’exception du personnel enseignant, dont des dispositions

43
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

spécifiques sont prises par décret en conseil des ministres (article 18 du décret d’application
du statut général).

2- La titularisation
Conformément à l’article 37 de la loi n° 92-570 du 11 septembre 1992 portant statut
général de la Fonction Publique, la titularisation est l’acte qui confère un grade à titre définitif
dans la hiérarchie administrative. Elle confère au bénéficiaire les droits attachés à ce grade par
le statut général et lui ouvre le droit à poursuivre une carrière dans le service public.
La titularisation est donc conditionnée par une nomination préalable et régulière et par
un stage régulier et concluant. L’arrêté de titularisation est pris par le Ministre de la Fonction
Publique sur la base du bulletin de notation de l’année de stage et du certificat de première
prise de service.
La titularisation aura pour effet essentiel de conférer définitivement à l’agent la qualité
de fonctionnaire en le rattachant à un grade. Ainsi l’agent pourra débuter sa carrière de
fonctionnaire.

44
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE II : DEROULEMENT DE LA CARRIERE DU


FONCTIONNAIRE
La carrière est pour le fonctionnaire, le franchissement progressif des diverses étapes
de sa profession selon un schéma préalablement établi, compte tenu de son ancienneté, de ses
mérites et de ses aptitudes.

I- LA CARRIERE
La loi portant statut général de la Fonction Publique met l’accent sur l’importance de
l’aménagement des carrières dans la Fonction Publique et sur la nécessité d’assurer à tous les
agents, une amélioration de leur situation.
C’est pourquoi, une fois titularisé au sein du corps (emploi aujourd’hui) dans lequel il
est nommé, le fonctionnaire y poursuit normalement une carrière.
Le déroulement de cette carrière suppose son avancement à la suite de la notation dont
il est l’objet tous les ans.

1- La notation
Il est attribué chaque année, à tout fonctionnaire en activité ou en service détaché, une
note chiffrée suivie d’une appréciation générale exprimant sa valeur proportionnelle (article
23 de la loi portant statut général de Fonction Publique).
La notation des fonctionnaires est obligatoire. En donnant une note, le supérieur
hiérarchique exprime son jugement sur la manière de servir de l’argent placé sous son
autorité.
Le fonctionnaire de son côté, trouve dans la notation, la juste appréciation de ses
qualités et de ses défauts et un encouragement à mieux servir.

1-1- La procédure de notation


La procédure de notation débute le 1er janvier de chaque année. La notation se réfère à
la période comprise entre le 1er juin de l’année précédente et le 31 mai de l’année en cours.
Elle apprécie les services accomplis au cours de cette période. Elle produit des effets du point
de vue du passage d’échelon ou de l’avancement de grade au cours de l’année qui suit.
Tout fonctionnaire étant fondé à provoquer l’ouverture de la procédure de notation, et
à en obtenir l’aboutissement, il est de l’intérêt de celui-ci de suivre, chaque année sa notation

45
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

et de s’assurer de la transmission de son bulletin de notation au Ministère de Fonction


Publique.

 Qui note le fonctionnaire ?


L’autorité compétente pour prendre la décision arrêtant la notation du fonctionnaire,
est le ministre dont il relève. Les supérieurs hiérarchiques n’ont qu’un pouvoir de notation.

 Qui est noté ?


Est noté, le fonctionnaire en activité. Le fonctionnaire nouvellement recruté ne peut
être noté que s’il est en service depuis au moins cinq ans.
Les fonctionnaires détachés sont notés par l’autorité ayant pouvoir de notation dans le
service où ils sont détachés (en fonction). Sont dispensés de la notation, les fonctionnaires
placés d’office en position de détachement pour exercer les fonctions de membres du
gouvernement, une fonction publique élective ou un mandat syndical.
Les fonctionnaires en position de disponibilité, hors cadres ou sous les drapeaux, ne
sont pas non plus soumis à la notation.

1-2- Le bulletin de notes


La notation est formulée dans un bulletin individuel de note que le supérieur
hiérarchique remet en six (6) exemplaires au fonctionnaire le 1er juin de l’année en cours au
plus tard.
Attention : Si au 1er juin, le fonctionnaire n’a pas encore reçu son bulletin de notes, il a
le droit de réclamer l’ouverture de la procédure de notation en présentant à son
supérieur hiérarchique, un bulletin dîment rempli.
- Comment remplir le bulletin de notes ?
- Etablissement de la note chiffrée
- Appréciation générale
- Communication de la notation au fonctionnaire
- Transmission du bulletin de notes à la Fonction Publique
- Impossibilité d’établir le bulletin de notes
Il peut arriver qu’il ne soit pas possible d’établir un bulletin de notes.
* Si l’impossibilité est dûe au fait du fonctionnaire qui refuse (rait) de remplir le
bulletin ou qui a abandonné son poste, le supérieur hiérarchique établit un rapport.

46
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Au-delà du 15 novembre, si aucun bulletin n’a été rempli par le fonctionnaire, l’année
considérée ne sera pas prise en compte pour son avancement.
* Si l’impossibilité n’est pas du fait (du ressort) du fonctionnaire, soit parce qu’il a été
suspendu de ses fonctions, soit parce qu’il est en congé de maladie, la notation pourra être
établie, même après le 15 novembre.
Attention : Si par sa faute, le fonctionnaire n’a pas été noté dans les délais réglementaires,
l’année ne sera pas prise en compte pour son avancement.

1-3- Contentieux de la notation


Le fonctionnaire qui n’est pas satisfait de sa notation et dont la réclamation a été
rejetée, peut exercer un recours en annulation devant la chambre administrative de la cours
suprême.
La notation constitue une décision faisant grief contre laquelle un recours pour excès
de pouvoir peut être formé. Mais la chambre administrative ne peut contrôler, ni
l’opportunité, ni le choix des notes attribuées. Elle recherche dans le cas qui lui est soumis :
* S’il n’y a eu détournement de pouvoir de la part du supérieur hiérarchique.
Exemple : Une mauvaise note a été infligée au fonctionnaire en guise de sanction
disciplinaire.
* S’il n’y a pas eu erreur sur les motifs.
Exemple : Une mauvaise note a été attribuée à un fonctionnaire reconnu comme un
bon agent au motif qu’il aurait à son obligation de réserve en participant à une réunion
syndicale régulièrement autorisée.
Lorsque le motif invoqué est manifestement erroné, la notation est annulée.

2- Avancement
Le système d’avancement des fonctionnaires comporte un avancement d’échelon et un
avancement de grade.

2-1- Avancement d’échelon


C’est le passage d’un échelon à un autre. Il est fonction à la fois de l’avancement et de
la notation.

47
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Le temps à passer dans un échelon pour pouvoir accéder à l’échelon immédiatement


supérieur est de 2 ans. Le passage d’échelon se fait de façon continue. Les sauts d’échelon ne
sont pas autorisés.
L’ancienneté est déterminée par référence, soit à la date de nomination, soit à celle de
la dernière promotion du fonctionnaire dans l’échelon où il se trouve. Des réductions et des
majorations de l’ancienneté peuvent être appliquées.
Le fonctionnaire le mieux noté peut, sur proposition de son Ministre de tutelle,
bénéficier d’une réduction de 6 mois de l’ancienneté de 2 ans requise pour l’avancement.
Ne peuvent bénéficier de cette réduction, les fonctionnaires classés au premier
échelon de la deuxième classe dans l’emploi (corps, anciennement).
Les fonctionnaires ayant obtenu une note chiffrée, inférieure à 3/5 au cours des deux
années prises en compte pour l’avancement peuvent, toujours, sur proposition du Ministre de
tutelle, se voir imposer une majoration d’ancienneté de six mois. Cette majoration peut être
portée à un an.
L’avancement d’échelon fait l’objet d’une décision signée du Ministre de la Fonction
Publique. Il se traduit normalement par une augmentation de traitement (depuis quelques
années, en raison de la crise économique, les avancements ne se traduisent plus en des effets
financiers. Les fonctionnaires conservent le bénéfice de leur avancement, en attendant les
jours meilleurs).
Le nouveau traitement étant celui correspondant au nouvel échelon.

2-2- Avancement de classe


L’avancement de classe a lieu uniquement au choix au profit du fonctionnaire méritant
inscrit sur un tableau annuel d’avancement. Le tableau d’avancement est préparé par les
services du Ministère de la Fonction Publique, compte tenu des notes obtenues par le
fonctionnaire et des propositions faites par ses supérieurs hiérarchiques.
Le tableau est ensuite soumis aux commissions administratives paritaires avant d’être
présenté au Ministre de la Fonction Publique.
Nul ne peut faire l’objet d’une proposition d’avancement, s’il n’a accompli, au moins,
deux années dans l’échelon le plus élevé de son grade (classe).

48
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

3- Promotion
La promotion est le passage du fonctionnaire de son grade à un grade immédiatement
supérieur à l’issue de son concours professionnel, sauf dérogations prévues par décret (le
concours professionnel est la seule voie d’accès à une promotion).
Il existe deux types de concours : le concours professionnel ordinaire et le concours
professionnel spécial.

Pendant le déroulement de sa carrière, le fonctionnaire peut être placé dans différentes


positions. Avant de les examiner, il convient de voir le cas spécifique du fonctionnaire
stagiaire.

4- Le cas spécifique du fonctionnaire stagiaire


Tant que le fonctionnaire n’est pas titularisé, il n’a que la qualité de fonctionnaire
stagiaire.
On appelle fonctionnaire stagiaire, toute personne nommée en qualité de fonctionnaire
dans un emploi permanent, mais dont la titularisation donnant vocation définitive à occuper
l’emploi considéré n’a pas encore été prononcée.

4-1- Les sanctions disciplinaires du fonctionnaire stagiaire


- Les sanctions du premier degré : avertissement ; blâme ; réduction du traitement dans
la limite maximum de 25% pour une durée ne pouvant excéder 30 jours.
- Les sanctions du second degré : exclusion définitive de l’emploi.

4-2- La rémunération et les avantages sociaux du fonctionnaire stagiaire


- il perçoit son traitement afférent à l’indice de début de l’échelle du grade de
nomination pendant son stage ;
- il peut prétendre à des autorisations spéciales d’absence ;
- il bénéficie des congés de maladie (congé de maladie, congé de maladie de longue
durée, congé exceptionnel de maladie) dans la limite maximum de deux (02) ans ;
- la femme fonctionnaire stagiaire bénéficie du congé pour couches et allaitement.

49
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

4-3- La fin du stage probatoire


Le stage probatoire peut prendre fin soit avant la date normale de son expiration de la
période de stage.
Dans le premier cas, elle intervient par : la démission, la décision de sanction
disciplinaire, d’exclusion de l’emploi et le licenciement.
Le fonctionnaire stagiaire peut être licencié pour :
- insuffisance professionnelle notoire ;
- inaptitude physique ou mentale ;
- des faits antérieurs à l’admission du stage, qui s’ils avaient été connus auraient faits
obstacles au recrutement.
Par ailleurs, le licenciement pour insuffisance professionnelle notoire ne peut
intervenir qu’après six (06) mois de stage au moins et après avis du Conseil de discipline. Il
en est de même pour l’inaptitude physique ou mentale.
Dans le second cas, c’est-à-dire à l’expiration de la période de stage probatoire, le
fonctionnaire stagiaire est :
- soit titularisé ;
- soit autorisé à effectuer une nouvelle période de stage d’un an, à l’issue de laquelle il
sera soit titularisé, soit licencié.
NB : Le fonctionnaire accomplissant son stage probatoire ne peut être placé en position
de détachement ou de disponibilité. Il ne peut non plus bénéficier d’une mise en stage
dans le cadre de la formation continue.

II- LES POSITIONS DU FONCTIONNAIRE


Selon le statut général de la Fonction Publique, article 38, tout fonctionnaire est placé
dans l’une des positions suivantes : l’activité – le détachement – la disponibilité – sous les
drapeaux.

1- L’activité
C’est la position du fonctionnaire qui régulièrement titularisé dans un grade, occupe
effectivement un emploi.
Sont également considérés comme étant en activité, les fonctionnaires en congé ou en
stage de formation ou bénéficiant d’une autorisation d’absence avec traitement. (Art 39 du
statut général)

50
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

2- Le détachement
Le détachement est la position du fonctionnaire autorisé à interrompre temporairement
ses fonctions, pour exercer un emploi ou un mandat public national ou international, un
mandat syndical, ou exercer une fonction ministérielle. (Article 40 du statut général)
Le détachement du fonctionnaire ne peut se faire que dans l’un des cas suivants :
- auprès d’un Etablissement Public National dans un emploi ouvrant droit à pension ;
- auprès d’une administration ou établissement public, d’une collectivité territoriale ;
- auprès d’une administration ou entreprise publique dans un emploi n’ouvrant pas droit
à pension ;
- auprès d’un autre Etat ;
- pour exercer un enseignement ou pour remplir une mission publique à l’étranger ou
dans des organismes internationaux ;
- pour exercer une fonction de membre du gouvernement, une fonction publique
élective ou un mandat syndical lorsque la fonction ou le mandat comporte des
obligations incompatibles avec l’exercice normal de l’emploi ;
- auprès d’une entreprise privée, après accord du Conseil des Ministres, pour une
période non renouvelable, qui ne peut excéder trois ans.
Dans cette position, le fonctionnaire continue à bénéficier de ses droits à l’avancement
et à la retraite. De même, sa rémunération est assurée par l’organisme auprès duquel il est
détaché.
Le fonctionnaire en détachement doit solliciter sa réintégration auprès du Ministre
chargé de la Fonction Publique deux (02) mois avant l’expiration de la période de
détachement en cours.
Il existe plusieurs types de détachement : le détachement de courte durée et le
détachement de longue durée.

2-1- Le détachement de courte durée


Le détachement de courte durée ne peut excéder six (06) mois. Il n’est pas
renouvelable. Mais ce délai de six mois peut être prorogé à un an s’il s’agit d’effectuer une
mission d’enseignement à l’étranger. Dans ce type de détachement, le fonctionnaire n’est pas
remplacé dans sa fonction. Au terme de son détachement, il réintègre obligatoirement sa
fonction antérieure.

51
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

2-2- Le détachement de longue durée


Le détachement de longue durée ne peut excéder cinq (05) années. Il peut être
renouvelé par période n’excédant pas cinq (05) année chacune. Le fonctionnaire peut, dans le
cas du détachement de longue durée, être aussitôt remplacé dans sa fonction. Il est noté par
l’autorité dont il dépend dans la structure où il est détaché. Sa fiche de notation est transmise
au Ministre technique intéressé et au Ministre de la Fonction Publique.

2-3- Les conditions du détachement


Le détachement est prononcé à la demande du fonctionnaire, ou d’office, par arrêté du
Ministre chargé de la Fonction Publique après avis favorable du Ministre technique de
l’intéressé. Il est fait droit à la demande du fonctionnaire en cas de détachement pour
l’exercice d’une fonction de membre du gouvernement ou à l’Assemblée Nationale. Le
détachement auprès d’un Etat étranger, d’un organisme international requiert l’accord
préalable du Conseil des Ministres.
Le détachement peut être prononcé d’office lorsqu’il s’agit d’exercer auprès d’un
Etablissement Public National dans un emploi ouvrant droit à pension, ou auprès d’une
administration ou établissement public, d’une collectivité territoriale, à condition que le
nouvel emploi soit équivalent à l’ancien.

3- La disponibilité
La disponibilité est la position du fonctionnaire dont l’activité est suspendue
temporairement à sa demande et qui cesse de bénéficier, dans cette position, de son droit à la
rémunération, de ses droits à l’avancement et à la retraite.
La demande doit être formulée et transmise par voie hiérarchique au Ministre chargé
de la Fonction Publique au moins deux (02) mois avant la date de départ.
La disponibilité est prononcée par le Ministre chargé de la Fonction Publique, après
avis favorable du Ministre technique.
Le fonctionnaire en position de disponibilité doit solliciter sa réintégration auprès du
Ministre chargé de la Fonction Publique deux (02) mois au moins avant l’expiration de la
période de disponibilité en cours, sous peine de radiation.
La disponibilité ne peut être accordée que dans les cas suivants :

52
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

- accident ou maladie grave du conjoint ou d’un enfant : la durée de la disponibilité ne


peut dans ce cas excéder une (01) année. Elle est renouvelable une fois sur avis du
conseil de santé ;
- pour suivre un conjoint fonctionnaire en service ou affecté à l’étranger en raison de sa
profession : la disponibilité prononcée dans ce cas ne peut excéder une (01) année.
Elle est renouvelable à la demande motivée de l’intéressé ;
- pour suivre un conjoint non fonctionnaire. La durée est alors d’une année renouvelable
une seule fois ;
- pour convenances personnelles : la durée est d’un (01) an renouvelable une seule fois.

4- La position sous les drapeaux


Elle est prévue et aménagée par les articles 50 et 51 du statut de 1992. C’est la position
du fonctionnaire incorporée dans une formation militaire pour y accomplir son temps de
service légal. Le fonctionnaire dans cette position perd sa rémunération et ne perçoit qu’une
solde militaire. La période passée sous les drapeaux est prise en compte pour l’avancement et
la retraite.
Le fonctionnaire qui accomplit une période d’instruction militaire, est mis en congé
avec son traitement d’activité, pour la durée de cette période.

NB : Le détachement, la disponibilité et la position sous les drapeaux sont des positions


exceptionnelles parce que le fonctionnaire qui en bénéficie interrompt l’exercice de son
emploi pour occuper une nouvelle situation administrative.
En outre, ces positions sont limitées dans le temps et sont interdites au fonctionnaire
stagiaire à l’exception de la position sous les drapeaux.

III- LES SORTIES DE CARRIERE DES FONCTIONNAIRES


1- Sortie normale : l’admission à la retraite
La retraite est la situation du fonctionnaire placé définitivement en dehors des cadres
et titulaire d’un droit à pension reconnu conformément à la réglementation en vigueur.
L’admission d’office du fonctionnaire à la retraite a lieu :
- soit à la date à laquelle il compte trente années de service liquidable pour pension ;

53
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

- soit à la date à laquelle il atteint la limite d’âge qui est applicable (55 ans pour les
grades D1 à A3 ; 60 ans pour les grades A4 à A7 ; 65 ans pour les magistrats hors
hiérarchie et les enseignants du supérieur des A6 à A7) ;
- soit en cas d’invalidité.

2- Autre formes de sorties : la cessation définitive de fonction


La cessation définitive de fonction entraîne la perte de la qualité de Fonctionnaire. Il
faut distinguer quatre (04) cas : démission – licenciement – révocation – décès).

2-1- La démission
Elle est laissée à l’initiative du fonctionnaire. En effet, la démission résulte d’une
demande écrite de l’intéressé qui marque ainsi sa volonté non équivoque de quitter
l’administration. Cette démission n’a d’effet que lorsqu’elle a été acceptée par l’autorité
investie du pouvoir de nomination et prend effet à la date fixée par cette autorité.
La décision de l’autorité compétente intervient dans un délai de deux mois de la
demande. Au-delà de ce délai, la démission est réputée acceptée.
Dès que la démission est acceptée, le fonctionnaire ne peut plus revenir sur sa
décision.
La démission n’empêche pas des poursuites judiciaires à l’encontre du fonctionnaire
s’il a été constaté des malversations pendant qu’il était en fonction.
Tout fonctionnaire qui cesse son activité dans l’attente de la décision de démission est
passible de sanction disciplinaire (abandon de poste).

2-2- Le licenciement
C’est une mesure administrative qui met fin à la carrière de l’Agent de l’Etat pour des
motifs non disciplinaires. Le licenciement intervient, sur initiative de l’administration, pour :
- inaptitude physique ou mentale ;
- insuffisance professionnelle notoire ;
- perte de la nationalité ivoirienne.
Le licenciement est prononcé par arrêté du Ministre chargé de la Fonction Publique.

54
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

2-2-1- Licenciement pour inaptitude physique ou mentale


Lorsque le fonctionnaire qui a bénéficié successivement d’un congé de maladie ou
congé de longue durée et qui ne peut reprendre service, après avis du Conseil de Santé, il est
licencié.

2-2-2- Licenciement pour insuffisance professionnelle notoire


C’est quand l’Agent fait preuve d’incompétence, c’est-à-dire s’il est incapable
d’assumer correctement des tâches qui lui sont confiées. Ce licenciement est prononcé après
avis de la Commission Administrative Paritaire en référence à ses notes.

2-2-3- Licenciement pour perte de la nationalité


Le fonctionnaire qui perd sa nationalité ivoirienne conformément aux dispositions
légales et réglementaires (acquisition d’une nationalité étrangère).

2-3- La révocation
C’est une mesure administrative qui met fin à la carrière de l’Agent de l’Etat suite à
une faute professionnelle lourde. Elle est prononcée sur l’initiative de l’administration, au cas
de sanction disciplinaire. Elle ne donne pas toujours droit à pension.

2-4- Le décès
Marque la rupture définitive des liens qui unissent l’Agent à l’administration. Dans
cette situation, les droits de l’Agent défunt reviennent à ses ayants-droits.
Ces droits se composent comme suit :
- des droits à pension ;
- un capital décès représentant une année de rémunération.

55
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE III : DROITS ET OBLIGATIONS DES


FONCTIONNAIRES
Le fonctionnaire est vis-à-vis de l’administration dans une situation statutaire et
réglementaire. Il participe à l’exécution du service public. En conséquence, il doit répondre à
certaines obligations et bénéficier de certaines garanties.

I- LES DROITS DU FONCTIONNAIRE


Ces droits concernent les avantages du fonctionnaire en tant que citoyen mais
également ceux liés à sa qualité.

1- Les droits du fonctionnaire en tant que citoyen


Ce sont des droits consacrés par les textes et reconnus au fonctionnaire qui est un
citoyen comme les autres. Il s’agit de la liberté d’opinion, du droit syndical et du droit de
grève.

1-1- La liberté d’opinion


D’après la déclaration de 1789, « nul ne peut être lésé dans son travail en raison de
ses opinions ou de ses croyances ».
Quant à l’article 9 de la constitution ivoirienne, il stipule que : « la liberté de
conscience, d’opinion religieuse ou philosophique sont garanties à tous, sous réserve du
respect de la loi, des droits d’autrui, de la sécurité nationale et de l’ordre public. »
Cela est renforcé par l’article 16 du statut de 1992 qui dispose : « la liberté d’opinion
est reconnue aux fonctionnaires. Aucune distinction ne peut être faite entre ceux-ci en raison
de leurs opinions politiques ou religieuses. Toutefois, l’expression de ces opinions ne peut
mettre en cause les principes affirmés par la constitution et par le présent statut. Elle ne peut
être faite qu’en dehors du service, avec la réserve appropriée aux fonctions qu’exerce
l’intéressé. »
Ainsi, la liberté d’opinion du fonctionnaire est inversement proportionnelle à
l’importance des fonctions. Plus la fonction est importante, moins elle est grande et
inversement.

56
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

1-2- Le droit syndical


L’article 18 de la constitution ivoirienne dispose que « le droit syndical et le droit de
grève sont reconnus aux travailleurs des secteurs publics et privés qui les exercent dans les
limites déterminées par la loi. »
Cela a été réaffirmé par le statut de 1992 en son article 17.
La loi prescrit que les syndicats peuvent ester en justice devant toute juridiction. Ils
peuvent attaquer aussi bien les actes réglementaires que les décisions individuelles portant
atteinte aux droits collectifs.
La seule exigence de la loi résulte du 2ème alinéa de l’article 17 qui dispose : « toute
organisation syndicale de fonctionnaire est tenue d’effectuer dans le mois de sa création, le
dépôt de ses statuts et la liste de ses administrateurs auprès du Ministre chargé de
l’Intérieur ».

1-3- Le droit de grève


Ce droit est consacré par la constitution ivoirienne en son article 18.
Il est repris par l’article 18 du statut général qui dispose que : « le droit de grève est
reconnu aux fonctionnaires pour la défense de leurs intérêts professionnels, individuels et
collectifs. Il s’exerce dans le cadre défini par la loi ».

2- Les droits attachés à la qualité de fonctionnaire


Le fonctionnaire jouit d’un emploi stable. Il ne peut être nommé qu’à un emploi
permanent. Ceci est conforme à la règle de continuité du service public (le principe de
garantie de carrière est le corollaire de la nécessité d’assurer la continuité du service public).
Les fluctuations du marché de l’emploi ne concernent pas le fonctionnaire. Mais ce que l’on
oublie souvent, en parlant de ce droit du fonctionnaire, c’est sa contrepartie : la faiblesse du
traitement et tous les autres renoncements.

2-1- Le droit à la rémunération


En contrepartie du service fait, le fonctionnaire a droit à une rémunération régulière en
proportion de la situation qu’il occupe en tenant compte :
- du traitement soumis à retenue pour pension ;
- de l’indemnité de résidence ;

57
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

- éventuellement des indemnités et prestations instituées par un texte législatif ou


réglementaire.

2-2- Le droit aux avantages sociaux


Le fonctionnaire en activité bénéficie en plus de sa rémunération d’un certain nombre
de prestations sociales ou avantages sociaux.
Il s’agit des congés administratifs et des congés pour raison de santé.

2-2-1- Les congés administratifs


- Permissions spéciales (d’absence) pour évènements familiaux
Les évènements qui permettent à un fonctionnaire de bénéficier de permission spéciale
d’absence avec traitement sont :
* en cas de décès d’un ascendant ou d’un descendant en ligne : cinq (05) jours ;
* en cas de mariage de l’agent ou d’un enfant de l’agent : deux (02) jours ;
* en cas de naissance survenue au foyer du fonctionnaire : trois (03) jours.
Autorisation (spéciale) d’absence.
- Les évènements qui permettent à un fonctionnaire de bénéficier d’autorisation spéciale
d’absence sont :
Avec traitement :
* Au représentant dûment mandaté des syndicats de fonctionnaires, à l’occasion de
convocation des congrès syndicaux, fédéraux, confédéraux ou internationaux ainsi que des
organismes directeurs dont ils sont membres ;
* au fonctionnaire membres du Comité Consultatif de la Fonction Publique ou
membre des commissions administratives paritaires pendant les sessions de ces organismes ;
* au fonctionnaire candidat à des concours ou examens professionnels ;
* dans la limite des sessions des assemblées dont il fait partie, au fonctionnaire
occupant des fonctions n’étant pas incompatibles avec l’exercice normal de son emploi, il n’a
pas été placé en position de détachement.
Sans traitement :
* Au fonctionnement candidat à des élections politiques pendant la durée de la
campagne.

58
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

- Congé annuel
Après une année de travail, le fonctionnaire a droit à un congé annuel d’une durée de trente
(30) jours avec rémunération.

2-2-2- Les congés pour raison de santé


- Les congés de maladie
Il en existe plusieurs types :

* le congé de maladie
Il est accordé un congé de maladie de six (06) mois maximum à un fonctionnaire
atteint d’une maladie dûment constaté et qui le met dans l’impossibilité d’exercer ses
fonctions pendant une période de douze (12) mois consécutifs. Il perçoit l’intégralité de sa
rémunération.

* Le congé de maladie de longue durée


Si après six (06) mois de congé de maladie, l’état du fonctionnaire exige la poursuite
de soins, sur proposition du conseil de santé, il est mis en congé de maladie de longue durée et
perçoit l’intégralité de sa rémunération pendant six (06) mois. A l’issue de ce temps, la
rémunération est réduite de moitié
NB : si au terme de trente-six (36) mois y compris les six (06) premiers mois de congé de
maladie, l’état de santé du fonctionnaire ne lui permet toujours pas de reprendre le service, il
est déclaré invalide sur avis du conseil de santé et admis d’office à la retraite.

* Le congé exceptionnel de maladie


Il est accordé un congé exceptionnel de maladie à un fonctionnaire victime d’un
accident de travail ou d’une maladie professionnelle dans l’exercice ou à l’occasion de
l’exercice de ses fonctions jusqu’à son admission à la retraite.
Le congé exceptionnel de maladie est limité à soixante (60) mois, au cours desquels le
fonctionnaire perçoit l’intégralité de sa rémunération et le remboursement des honoraires et
des frais médicaux pour la maladie ou l’accident.
Au terme de cette période, le fonctionnaire bénéficiaire du congé exceptionnel de
maladie qui ne peut reprendre son service est admis à faire valoir ses droits à la retraite après
avis du conseil de santé et de la commission de réforme.

59
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

- Le congé pour couches et allaitement :


Le congé pour couches et allaitement a une durée de quatorze (14) semaines dont 08 avant
l’accouchement et 06 après.

2-3- Le droit à la protection


Du fait de leurs fonctions, les fonctionnaires se trouvent exposés aux risques
particuliers tels que les menaces, outrages, injures, diffamations ainsi que les attaques contre
leurs biens ou leur personne. C’est pourquoi ils bénéficient d’une protection assurée par la
collectivité publique dont ils dépendent.
Cette protection est assurée tant vis-à-vis des administrés (par exemple poursuite et
sanctions des auteurs des infractions commises sur l’agent) qu’à l’égard de l’administration
elle-même (par exemple l’administration doit remplir certaines formalités avant toute sanction
disciplinaire).

II- LES OBLIGATIONS DU FONCTIONNAIRE


Il existe deux types d’obligations :
- Les obligations dans le service
- Les obligations en dehors du service

1- Les obligations du fonctionnaire dans le service


1-1- Obligation d’assurer le service
Le fonctionnaire doit servir l’Etat avec loyauté, dignité, intégrité et dévouement. Par
conséquent, il doit occuper effectivement l’emploi et le poste auquel il est affecté. Cette
obligation est rappelée chaque fois que le fonctionnaire est absent de son poste ou qu’il refuse
de le rejoindre (abandon de poste). Le fonctionnaire doit aussi exercer ses fonctions
personnellement.

1-2- Obligation d’obéissance hiérarchique


Cette obligation signifie que le fonctionnaire doit assurer le service conformément aux
instructions et ordres transmis par son supérieur hiérarchique. Ces prescriptions peuvent être
d’ordre général (circulaire, directive) ou individuel. En conséquence, le fonctionnaire doit
exécuter les ordres du supérieur hiérarchique, même s’il les trouve inopportuns.

60
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Il est à préciser toutefois, qu’il y a que deux (02) cas où le fonctionnaire a le droit et
même le devoir de désobéir à un ordre :
- Lorsque l’exécution de l’ordre constituerait une infraction pénale. En effet, d’après la
jurisprudence pénale, le fait qu’une infraction ait été commise en exécution d’un ordre
reçu, ne constitue pas pour l’atténuer de l’infraction une excuse absolutoire.
- Lorsque l’ordre reçu est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement
un intérêt public.

1-3- Obligation de discrétion professionnelle


Elle est l’interdiction faite au fonctionnaire de rêver, sauf à qui de droit, tout fait ou
toute information dont il a connaissance dans le service ou à l’occasion du service. Par
exemple, il est interdit à un agent public de communiquer à ses collègues sans que cela soit
justifié par l’intérêt du service, les faits ou informations dont il aurait pu avoir connaissance
dans l’exercice de ses fonctions.

1-4- Obligation de secret professionnel


C’est l’interdiction faite à tous les agents publics de divulguer les renseignements
confidentiels qu’ils reçoivent dans l’exercice de leur fonction au sujet de personnes ou intérêts
privés. Toutefois, cette interdiction ne s’applique pas quand il s’agit de dénoncer des crimes et
délits dont le fonctionnaire a connaissance ou lorsqu’il est appelé à rendre témoignage par une
autorité judiciaire. De même le médecin doit signaler certaines maladies contagieuses.

1-5- Obligation de désintéressement


Il est formellement interdit au fonctionnaire de solliciter ou de recevoir dans l’exercice
ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, ou même en dehors, des dons, gratifications, ou
avantages quelconques.

1-6- Obligation de probité


Le fonctionnaire doit être honnête. Interdiction lui est faite de tirer directement ou
indirectement un avantage personnel de l’exercice de ses fonctions. Il ne doit ni monnayer les
services qu’il rend, ni subordonner ceux-ci au paiement de droits non exigés par les textes.
Le non-respect de cette obligation engendre des maux tel que : la corruption, le détournement
de deniers publics, le trafic d’influence, la concussion.

61
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

1-7- Obligation de réserve


La réserve est la retenue et la prudence dont il faut faire preuve à l’occasion de la
manifestation publique d’une opinion.
Il est imposé au fonctionnaire la réserve quant à l’expression de ses opinions. Soumis
au devoir de neutralité, il doit s’abstenir des paroles de nature à compromettre l’Etat qui
l’emploie.
Même en dehors du service, l’expression des opinions du fonctionnaire doit être
limitée. Cette restriction est en rapport avec sa situation dans la hiérarchie administrative.

2- Les obligations du fonctionnaire en dehors du service


Afin de préserver l’indépendance, l’autorité ou la réputation du fonctionnaire,
certaines obligations lui sont imposées en dehors du service, dans l’intérêt de l’administration.

2-1- Obligations concernant les activités privées lucratives


Il est interdit au fonctionnaire d’exercer à titre professionnel une activité privée
lucrative de quelque nature que ce soit, sauf dérogation accordée par décret.
Il est interdit au fonctionnaire d’avoir des intérêts dans une entreprise ayant des
relations avec son service ou son administration.
Lorsque le conjoint d’un fonctionnaire exerce à titre professionnel une activité privée
lucrative, déclaration doit en être faite à l’administration ou au service dont relève le
fonctionnaire. L’autorité compétente prend s’il y a lieu les mesures propres à sauvegarder les
intérêts de l’Etat.
NB : l’interdiction des activités privées lucratives ne s’applique pas à la production par les
fonctionnaires d’œuvres scientifiques, littéraires ou artistiques.

2-2- Obligations concernant la vie privée


Le fonctionnaire à l’obligation de faire preuve dans sa vie privée de décence et de
dignité, surtout lorsqu’il exerce un emploi soumis à des obligations particulières et
astreignantes. La vie privée de l’agent public ne doit pas donner lieu à scandale, ni inconduite
notoire.

62
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CHAPITRE IV : LA DISCIPLINE DANS LA FONCTION


PUBLIQUE
Comme tout travailleur, le fonctionnaire doit remplir les missions qui lui sont confiées
avec une conscience professionnelle car tout manquement à ses obligations l’expose à des
sanctions disciplinaires.

I- LES AUTORITES EXERÇANT LE POUVOIR DISCIPLINAIRE


Le pouvoir disciplinaire réside dans le pouvoir reconnu à l’autorité hiérarchique
d’infliger des sanctions aux fonctionnaires pour les fautes commises dans l’exercice ou à
l’occasion de l’exercice de leurs fonctions. Le pouvoir disciplinaire appartient à l’autorité
investie du pouvoir de nomination, en l’occurrence le Président de la République. Il en fait
délégation au Ministre chargé de la Fonction Publique pour les sanctions du second degré
(après avis du Conseil de Discipline) et aux Ministres de tutelle, aux Préfets, ou aux
Directions d’Etablissements Publics, pour les sanctions du 1er degré (après demande
d’explication écrite).

II- LES FAUTES DISCIPLINAIRES


Elles se subdivisent en deux grandes catégories : les manquements aux obligations
professionnelles et les infractions de droit commun.

1- Les manquements aux obligations professionnelles


Ce sont : les absences irrégulières, l’abandon de poste, le refus de rejoindre le poste
d’affectation, l’insubordination, le refus d’assurer le service, le manquement aux règles de la
morale professionnelle, la violation du secret professionnel, la corruption, le détournement de
fonds, l’abus de confiance.

2- Les infractions de droit commun


2-1- Les infractions de droit commun commises à l’occasion du service
Il s’agit d’actes réprimés par le code pénal et commis par le fonctionnaire à l’occasion
du service, notamment : la corruption, le détournement de deniers publics, le détournement de
biens publics, l’abus de confiance, etc.

63
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

2-2- Les infractions de droit commun commises en dehors du service


Il s’agit d’actes réprimés par le code pénal qui n’ont pas de lien avec l’exercice des
fonctions mais qui mettent en cause l’honorabilité du fonctionnaire, sa respectabilité et le
crédit de l’administration. Ce sont par exemple : l’escroquerie, le vol, le meurtre, l’attentat à
la pudeur, le viol, etc.

III- LES SANCTIONS DISCIPLINAIRES


La procédure disciplinaire n’aboutit pas toujours à une sanction. Ainsi, lorsque la
culpabilité de l’agent n’est pas reconnue, il est rétabli dans ses droits.
Dans le cas contraire, il lui est infligé une sanction soit du premier degré soit du second degré
selon la gravité de la faute.

1- Les sanctions du premier degré


Elles sont du ressort de l’autorité de tutelle (Ministre technique, Préfets, Directeurs des
Etablissements Publics Nationaux).
Elles n’ont aucune incidence immédiate ni sur la carrière du fonctionnaire, ni sur sa
rémunération. Elles sont donc réputées moins graves et ont pratiquement un caractère
d’avertissement. Ce sont : l’avertissement – la blâme – le déplacement d’office.

2- Les sanctions de second degré


Celles-ci relèvent de la compétence du seul Ministre chargé de la Fonction Publique,
après avis du Conseil de discipline.
Le Ministre chargé de la Fonction Publique n’est toutefois pas lié par l’avis du Conseil
de Discipline. Il peut prononcer une sanction du second degré plus forte ou moins forte que
celle proposée. Ce sont :
- la radiation du tableau d’avancement ;
- la réduction du traitement dans la proportion maximum de 25% et pour une durée ne
pouvant excéder trente (30) jours ;
- l’exclusion temporaire, pour une durée ne pouvant excéder six (06) mois ;
- l’abaissement d’échelon ;
- l’abaissement de classe ;
- la révocation ou sans suspension des droits à la pension.

64
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

3- L’exécution de la sanction du second degré


La sanction du second degré est exécutoire généralement à compter de la date de
signature de l’acte l’infligeant. Elle est susceptible de recours. Ces recours n’étant pas
suspensifs, ils ne font pas obstacle à l’exécution de la sanction.
Les décisions de sanction sont classées dans les dossiers personnels des fonctionnaires
concernés, pendant une période de cinq ans pour les sanctions du premier degré et de dix ans
pour celles du second degré.

4- La levée des sanctions disciplinaires


En dehors de la loi d’amnistie votée par l’Assemblée Nationale, le retrait ou
l’annulation de la sanction du premier ou du second degré ne peut être obtenue qu’à la suite
d’un recours administratifs ou juridictionnel du fonctionnaire.

5- Retrait des sanctions disciplinaires


Le fonctionnaire qui, à l’expiration des délais précités, désire le retrait de la sanction à
lui infligée, doit introduire une requête auprès du Ministre chargé de la Fonction Publique qui
sollicite l’avis du Conseil de Discipline.
Au cas où le Conseil de Discipline, après l’examen du dossier, estime que l’intéressé
aurait eu un comportement exemplaire durant la période considérée, il peut être fait à sa
requête par le Ministre chargé de la Fonction Publique. Dans ce cas, aucune trace desdites
sanctions ne doit subsister dans son dossier à compter de la date du retrait.

IV- LA PROCEDURE DES SANCTIONS DISCIPLINAIRES


Pour les sanctions du premier degré, c’est le Ministre technique dont relève le
fonctionnaire ou le Préfet ou le Directeur de l’Etablissement Public qui prend les sanctions à
l’encontre de l’agent incriminé, après demande d’explication écrite adressé à l’intéressé.
Pour les sanctions du second degré, le pouvoir disciplinaire appartient au Ministre
chargé de la Fonction Publique, qui l’exerce sur saisine du Ministre technique, du Directeur
de l’Etablissement Public ou du Préfet, après communication au fonctionnaire incriminé de
son dossier individuel et consultation du Conseil de discipline.
- Une demande d’explication écrite adressée au fonctionnaire fautif par l’autorité
hiérarchique dont il relève. Le fonctionnaire est ainsi appelé à s’expliquer sur les faits qui lui
sont reprochés.

65
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

- La saisine de la commission administrative paritaire : dès que le Ministre chargé de la


Fonction Publique est saisi du dossier disciplinaire par l’autorité compétente, il le transmet à
la commission administrative paritaire du grade auquel appartient le fonctionnaire.
- La communication du dossier individuel : il est communiqué au fonctionnaire mis en
cause son dossier individuel.
- La comparution devant le conseil de discipline : seuls les membres de cette commission,
le fonctionnaire et ses témoins ou ses défenseurs ont droit d’accéder à l’audience. La
commission doit donner son avis dans un délai d’un (01) mois à compter de la date où elle a
été saisie. Ce délai peut être prorogé jusqu’à trois (03) mois, si le conseil juge insuffisantes les
informations fournies dans le dossier. Une enquête complémentaire est ouverte à l’issue de
laquelle, le conseil se réunit pour la délibération et le vote.
- La décision motivée de sanction : l’avis de la commission fait l’objet d’un procès-verbal
qui est transmis au Ministre chargé de la Fonction Publique. Cet avis doit comporter la
sanction proposée. L’autorité investie du pouvoir en la matière prend alors la sanction qu’elle
juge opportune.

1- La levée des sanctions disciplinaires


En dehors de la loi votée par l’Assemblée Nationale ou de la grâce présidentielle, le
retrait ou l’annulation de la sanction du premier ou du second degré ne peut être obtenue qu’à
la suite d’un recours administratif ou d’un recours juridictionnel du fonctionnaire.

1-1- Les recours administratifs


Dans un délai de deux (02) mois à compter de la notification de la sanction, le
fonctionnaire peut introduire un recours selon son choix :
* Auprès de l’auteur de la décision : ministre, Préfet ou directeur de l’Etablissement Public,
selon le cas, pour en demander le retrait. Dans ce cas, il exerce un recours gracieux.
* auprès du supérieur hiérarchique de l’auteur de la décision pour demander que celle-ci soit
annulée, modifiée ou suspendue. Dans ce cas, il exerce un recours hiérarchique.

1-2- Le recours juridictionnel


Le recours juridictionnel qui se fait auprès de la chambre administrative de la cour
suprême a pour objet, l’annulation de la sanction au motif que l’autorité qui l’a prononcée a
commis un excès de pouvoir. Le fonctionnaire doit démontrer l’illégalité de la décision.

66
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

La chambre administrative de la cour suprême n’examine que les moyens suivants


lorsqu’ils sont soulevés par le fonctionnaire :
Incompétence : la décision a été prise par une autorité autre que le Ministre, le Préfet
ou le Directeur de l’Etablissement Public ;
Vice de forme : la décision a été prise sans le respect des formalités substantielles qui
garantissent les droits du fonctionnaire ;
Violation de la loi : la décision ne respecte pas les textes de la loi ou repose sur une
mauvaise interprétation de celle-ci ;
Détournement de pouvoir : la décision a été prise pour des motifs étrangers au service.

Remarque : si elle vérifie l’exactitude matérielle des faits et la réalité de la faute, la Cour
Suprême n’apprécie ni l’opportunité de la sanction, ni sa proportion avec la faute.
L’annulation à la suite du recours juridictionnel fait disparaître la sanction et devrait
amener l’administration en principe à replacer le fonctionnaire dans la situation où il se
trouvait avant l’intervention de la décision.

Les obligations auxquelles le fonctionnaire est soumis pendant toute sa carrière, tant
dans l’exercice de ses fonctions que dans sa vie privée, seraient dénuées de toute force
contraignante si elles n’étaient pas assorties de sanctions.
C’est pourquoi la loi portant statut général de la Fonction Publique a organisé un
régime propre de sanctions, dites disciplinaires applicables au fonctionnaire pour les fautes
commises dans l’exercice de ses fonctions publiques.
Tous les fonctionnaires sont soumis à ce régime disciplinaire administratif.
La caractéristique de cette répression disciplinaire est qu’elle est liée à la fonction à la
fois en ce qui concerne les fautes qui la provoquent et la nature de la sanction.

67
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

CONCLUSION GENERALE
En se dotant d’une Fonction Publique, la Côte d’Ivoire entendait, à l’instar de
beaucoup d’autres pays organisés, faire de son Administration Publique un outil de
développement.
Cette Fonction Publique, issue de l’Administration coloniale, est de création récente et
reste tributaire de celle de la France.
En effet, entre le système de carrière (Fonction Publique fermée) et de l’emploi
(fonction publique ouverte) l’Administration ivoirienne a opté pour le premier qui lui a été
légué par la puissance coloniale.
Ce système consiste pour le fonctionnaire à se mettre entièrement au service de l’Etat
durant le déroulement de sa carrière. Cette sécurité de l’emploi est nécessaire à la pérennité de
l’Administration.
En outre, ce système protège le fonctionnaire en le soustrayant des vicissitudes
politiques.
A l’opposé, il y a le système de l’emploi pratiqué dans certains pays anglo-saxons
comme les Etats Unis. Ici, les fonctions administratives sont conférées à titre précaire. Il s’agit
d’une administration de spécialistes. Ainsi, si l’emploi pour lequel l’agent a été recruté
change, son titulaire fera l’objet de licenciement.
Par ailleurs, l’Administration ivoirienne a fait un autre choix en matière de Fonction
Publique, celui du « Merit system » par opposition au « Spoil system ».
Le « Spoil System » (Etas Unis), lié à l’origine au système d’emploi, consiste pour le
parti politique parvenu au pouvoir de réserver les emplois publics à sa clientèle électorale.
Quant au « Merit system » choisit par la Côte d’Ivoire, il est fondé sur le recrutement des
fonctionnaires suivant le mérite et les compétences individuelles par voie de concours.
L’Administration ivoirienne a aussi fait le choix d’un système de gestion centralisée
au niveau d’un seul Ministère ; la gestion des fonctionnaires a été confiée au Ministère de la
Fonction Publique et de l’Emploi, les autres Ministères techniques gardant la gestion courante
de leur personnel.

68
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

BIBLIOGRAPHIE

TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES

- Loi 62-405 du 07 novembre 1962 portant organisation des pensions civiles ;


- Loi 92-570 du 11 septembre 1992 portant Statut Général de la Fonction Publique ;
- Loi 92-571 du 11 septembre 1992 relative aux modalités de la grève dans les services
publics ;
- Décret n° 93-607 du 02 juillet 1993 portant modalités communes d’application du Statut
Général de la Fonction Publique ;
- Décret n° 93-608 du 02 juillet 1993 portant classification des grades et des emplois dans
l’administration de l’Etat et dans les établissements publics nationaux ;
- Décret n° 93-609 du 02 juillet 1993 portant modalités particulières d’application du Statut
Général de la Fonction Publique ;
- Décret n° 93-610 du 02 juillet 1993 portant dispositions transitoires à pour la nomination
dans les emplois des grades A5, A6 et A7 (en dehors de enseignants et des chercheurs) ;
- Décret n° 2009-35 du 12 février 2009 portant fixation de la limite d’âge statutaire de départ
à la retraite de certaines catégories de personnes civiles de l’Etat régie par le Statut Général de
la Fonction Publique.

OUVRAGES
- C. LALUMIERE et P. SADRAN, Droit administratif, Mémentos, Thémis, PUF, Paris, 1977.
- François GAZIER, La Fonction Publique dans le monde, édition Cujas, Paris, 1972.
- HONGLA-MOMHA, Déontologie Administrative en Afrique, édition Harmattan, Paris,
1993.
- Raymond FERETI, Droit administratif, Maître de conférences à l’Université de Metz
- Réné DEGNI-SEGUI, Droit Administratif Général, Editions CEDA, Tome 2, Abidjan 2003.
- Yao Diassié Basile, Vie Administrative, droit Administratif Général, fonction Publique,
ENA, 2008.

69
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

ANNEXES

70
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016
Déontologie de la Fonction Publique Support de cours-reproduction interdite

Loi
- Loi n° 92-570 du 11 septembre 1992 portant statut général de la Fonction Publique ;
- Loi n° 92-571 du 11 septembre 1992 relative aux modalités de la grève dans les
services publics ;
- Loi n° 92-572 du 11 septembre 1992 portant abrogation de la loi n° 77-526 du 30
juillet 1977 fixant la durée minimum de service à accomplir dans l’administration par
les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes ;
- Loi n° 92-573 du 11 septembre 1992 relative au licenciement pour motif économique.

Décrets
- Décret n° 2007-695 du 31 décembre 2007 modifiant et complétant le décret n° 93-608
du 2 juillet 1993 portant classification des grades et emplois dans l’Administration de
l’Etat et dans les Etablissements Publics Nationaux ;
- Décret n° 2009-208 du 29 juin 2009 portant fixation des échelles de traitement
fonctionnaire enseignants des emplois secteur Education / Formation

Arrêté
- Arrêté n° 9482 du 13 août 2008 portant disposition transitoires d’application du décret
n° 2007-695 du 31 décembre 2007.

71
M. KOFFI Zougou Bernard Année académique 2015-2016

Vous aimerez peut-être aussi