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Séance 6 : garantie de la lettre de change

Licence fondamentale
Filière : droit privé
Section : française
Semestre : 4

Les instruments
de paiement
et
de crédit

ALOUI Bouchta
Professeur à la faculté des sciences juridiques, économiques et
sociales de Fès

Année universitaire : 2020-2021


Section III. La garantie de la lettre de change

De par les principes fondamentaux de la lettre de change, à savoir l’indépendance


des signatures, la solidarité, l’inopposabilité des exceptions, apparaît clairement l’importance
des garanties qu’offre ce titre cambiaire. Outre ces garanties ordinaires qui sont propres à la
lettre de change, des garanties supplémentaires peuvent être émises pour renforcer la
sécurité du porteur et assurer, par conséquent, la crédibilité de ce titre dans les transactions
commerciales.
Paragraphe I. les garanties ordinaires de la lettre de
change

A. La provision de la lettre de change

La provision de la lettre de change est une créance de somme d’argent du tireur à


l’égard du tiré devant exister au jour de l’échéance de la traite.
Elle résulte souvent de la fourniture de marchandises.
Elle peut découler également de la remise d’effets de commerce, d’un prêt
consenti par le tireur au tiré…etc.
1. les caractères de la provision

Rappelons que la provision est la créance existant, à l’origine, entre le tireur et le


tiré, en raison de laquelle la lettre de change est émise.
La créance du tireur sur le tiré doit être certaine, liquide et exigible à l’échéance
de la lettre de change.
2. la preuve de la provision

La charge de la preuve de la provision est considérablement allégée lorsque la lettre


a été acceptée puisqu’il résulte de l’article 166 alinéa 5 du code de commerce que
l’acceptation suppose la provision.
Elle en établit la preuve à l’égard des endosseurs.
Dans tous les cas, qu’il y ait ou non acceptation, le tireur est seul tenu de prouver
que ceux sur lesquels la lettre était tirée avaient provision à l’échéance.
3. la transmission de la provision

La propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs successifs de la


lettre de change.
4. La solidarité des signataires

Selon l’article 201 du code de commerce, tous ceux qui ont tiré, accepté, endossé
ou avalisé une lettre de change sont tenus solidairement envers le porteur.
Le porteur peut agir contre tous les signataires, individuellement ou
collectivement, sans être astreint à observer l’ordre dans lequel ils sont obligés.
Le même droit appartient à tout signataire d’une lettre de change qui a remboursé
celle-ci. L’action intentée contre un des obligés n’empêche pas d’agir contre les autres
même postérieurs à celui qui a été d’abord poursuivi.
La garantie solidaire couvre toutes les sommes en capital, intérêts et frais (notamment
frais de justice, de notification…etc.) qui sont dues lorsque le paiement n’a pas eu lieu à
l’échéance.
Le principe de la garantie solidaire n’est pas d’ordre public ; la solidarité peut être
écartée par une clause insérée, soit par le tireur, soit par les autres signataires.
Si cette clause est stipulée par le tireur, elle dégage non-seulement la
responsabilité solidaire du tireur quant à l’insolvabilité du débiteur, mais également celle
des autres signataires du titre. A l’inverse, si ladite clause émane de l’un des signataires,
elle ne produit d’effet qu’à son égard.
5. L’indépendance des signatures

Juridiquement, un titre ordinaire ou un document quelconque qui porte des


signatures fausses ou des signatures de personnes incapables de s’obliger ou toutes autres
irrégularités peut être annulé, mais grâce au principe de l’indépendance des signatures qui
caractérise la lettre de change et malgré la constatation de telles irrégularités, celle-ci
conserve sa force probante du moment que les autres signatures apposées sur le titre sont
correctes, obligeant ainsi leur auteur.
Paragraphe II. Les garanties supplémentaires de la lettre
de change

Celles-ci peuvent être représentées par toutes les sûretés de droit commun
notamment l’hypothèque, le gage et la caution. Il existe aussi une garantie particulière en
matière de lettre de change : « l’aval ».
A. la définition de l’aval

L’aval est un engagement cambiaire souscrit par un tiers (qui peut être un banquier)
ou un précédent signataire de la lettre de change en vue de garantir l’exécution de
l’obligation de paiement à l’échéance contractée par un débiteur de la lettre de change.
Le paiement de la lettre de change peut être garanti par un aval pour tout ou partie
de son montant.
B. Les conditions de l’aval

Généralement, l’avaliseur est un tiers non encore obligé, mais l’article 180, alinéa 2,
admet que l’aval peut être fourni même par un signataire de la lettre.
L’aval peut être donné soit sur la lettre de change ou sur une allonge, soit par un
acte séparé indiquant le lieu où il est intervenu.
La signature de l’avaliseur doit être manuscrite avec mention de la formule «
Bon pour aval ».
La seule signature du donneur d’aval (avaliseur) apposée au recto de la lettre de
change constitue un aval, sauf quand il s’agit de la signature du tiré ou celle du tireur
(article 180 alinéa 5 du code de commerce).
L’aval peut être donné pour le compte de l’un « quelconque » des signataires de la
lettre de change (tireur, endosseur, etc). Si l’aval n’indique pas pour le compte de « qui »
il est donné, il est réputé donné pour le compte du tireur (art. 180 al.6 du code de
commerce).
C. Effets de l’aval

A la différence du cautionnement de droit commun, l’aval implique une obligation de


nature cambiaire dans la mesure où l’avaliseur est tenu de la même manière que celui
dont il s’est porté garant (tireur, endosseur ou accepteur… etc.).
Quand l’avaliseur paie la lettre de change, la loi lui accorde un droit de recours
contre le garanti et contre ceux qui sont tenus envers ce dernier en vertu de la lettre de
change (art. 180 dernier alinéa).

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