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CHAPITRE III : LA LETTRE DE

CHANGE

Encore appelé traite, la lettre de change est un écrit par lequel une personne appelé tireur
donne à une autre personne appelé tiré l’ordre de payer à une période donnée une certaine
somme d’argent à une personne déterminé appelé bénéficiaire ou preneur.

Exemple : un créancier ou vendeur qui a livré 30 000F de marchandise le 03 mars


payable à 90jours et qui souhaite disposer des fonds sans attendre.

……….

Remarque :

La lettre de change est toujours un acte de commerce alors que le chèque peut être de
nature civile ou commerciale.

La lettre de change peut porter sur les marchandises ou sur une somme d’argent alors
que le chèque ne peut porter que sur une somme d’argent seulement

Plusieurs étapes jalonnent la vie de la lettre de change : la création et l’émission ;


l’acceptation ; l’endossement ; l’aval et le paiement de la lettre de change.

Section I : création et émission de la lettre de change


A. La création de la lettre de change

 Mentions obligatoire : au terme de l’article 79 du règlement CEMAC, la lettre de


change contient : la dénomination de « lettre de change » (le mot traite ne suffit pas) ;
le mandat pure et somme de payer une somme déterminé (injonction de payer ou
l’ordre de payer adressé au tiré telle somme déterminé en chiffre et/ou en lettre en cas
de conflit, c’est le montant le moins disant qui sera retenu contrairement au chèque où
c’est le montant en lettre). Le porteur doit être payé purement et simplement c’est-à-
dire de façon inconditionnelle ; le nom du tiré(le tiré n’est pas forcément une banque) ;
l’indication de l’échéance (l’article 101 du règlement CEMAC prévoit 4 moyen
d’indiquer l’échéance : à vue (lettre est payable dès qu’elle est présenté au tiré par le
porteur et peut l’être à tout moment), à jour fixe (tel jour exemple 15 juin, à certain
délai de datte ( exemple à de 3mois ou 90 jours à compter de la date de création de la
lettre de change), a certain délai de vue (c’est-à-dire qu’elle est payable tant de jour ou
de moi à compter de son acceptation par le tiré ou de la constatation de son refus de

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l’accepter ; le lieu de paiement (à défaut d’indication du lieu et étant donné que la
dette est quérable le lieu désigné à côté du nom du tiré est le lieu de paiement ou le
domicile du tiré) ; le nom du bénéficiaire(elle ne peut être crée en blanc. Toutefois,
cela est possible sur l’endossement) ; l’indication de la datte et du lieu de création de
la lettre de change (cette date permet de fixer l’échéance, le lieu de création permet de
trancher les conflits de loi) ; la signature du tireur (dans la pratique il s’agit de la
signature et de son identification : nom et adresse.
 Sanctions : (qu’arrive-t-il en cas de non-respect des mentions obligatoire ?). d’après
l’article 80 du règlement CEMAC, en cas d’omission d’une des obligations la traite ne
vaut en tant que lettre de change et nulle de nullité absolue sauf dans les cas légaux
suivants : en l’absence d’échéance, la lettre est payable à vue ; absence du lieu de
paiement, la lettre de change est payé au domicile du tiré ; en l’absence du lieu de
création on retient l’adresse du tireur. Dans tous les autres cas on annuel.

NB : il n’en résulte pas au demeurent que l’acte n’ait aucune valeur juridique ; serte il ne
s’agira pas d’une lettre de change mais une reconnaissance de dette ou un commencement de
preuve par écrite.

 Mentions facultatives : la liberté contractuelle autorise toutes les clauses non


contraires au principe même du droit cambiaire. Il s’agit de : la clause de
domiciliation, la dispense de protêt (acte authentique constatant le refus de
paiement ou d’acceptation dressé par un huissier.
 Conditions de fonds :consentement, la capacité, l’objet et la cause (il faut avoir la
qualité de commerçant pour émettre une lettre de change).

B. Emission de la lettre de change


Lorsque les conditions de fonds et de forme sont remplis, la lettre de change est
valablement crée. Mais c’est seul son émission qui en dessaisie le tireur et lui assure une
réelle existence : en effet, jusqu’à sa remise au bénéficiaire, le titre demeure entre les mains
de son unique signataire qui peut le modifier ou le détruire et sa remise à un tiers le rend
irrévocable.

Parce qu’elle réalise la mise en circulation de la lettre de change, l’émission comme


chacun des endossements permettra la transmission de la provision au bénéficiaire c’est-à-dire
la transmission de la créance fondamentale du tireur sur le tiré. La provision ici doit présenter
certaines conditions :

 Elle doit être une créance de somme d’argent, mais elle peut aussi être des
marchandises ;
 La somme doit être au moins égale au total de la lettre de change (provision
suffisante) ;
 La provision n’est pas éteinte par l’émission de la lettre de change car c’est le
paiement de la lettre de change qui éteint la provision ;

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 La créance de provision sert de garantie au porteur, elle doit être transmise de plein
droit à tous les porteurs successifs ;
 La lettre de change n’est pas payable avant l’échéance car l’échéance est la date à
laquelle la provision doit être constituée ; c’est pourquoi la provision n’est pas une
condition de la lettre de change.

SECTION II : ACCEPTATION
A. Condition d’acceptation

Nous avons trois conditions qui sont :

 La présentation de la lettre de change au tiré pour acceptation par le porteur : c’est le


bénéficiaire ou le porteur qui présente la lettre de change. Cependant, il est possible
que ce soit le tiré lui-même.
La lettre de change est présentée au domicile du tiré avant l’échéance : possibilité : le
porteur se présente personnellement au domicile du tiré pour lui demander de signé la
lettre de change ou le porteur envoie la lettre de change au tiré par la poste. Cette
pratique est dangereuse.
En principe, la présentation est obligatoire sauf pour les lettres de change payable à
vue
 Condition d’acceptation : d’après l’article 96 alinéa 1 du règlement CEMAC,
l’acceptation doit être écrite sur la lettre de change et la simple signature du tiré ou de
son représentant à poser au recto vos acceptation. Elle est exprimée par le mot
« accepté ». le tiré accepte après que le porteur lui a présenté la lettre de change c’est-
à-dire avant l’échéance. Cette acceptation doit être pure et simple car si elle porte des
réserves ou des conditions, elle équivaut à un refus A96AL3. Toutefois, l’acceptation
peut être partielle et le porteur ne peut refuser une acceptation partielle.
Caractère irrévocable de l’acceptation : en principe, une fois que l’acceptation ait été
donnée, elle ne peut plus être révoquée c’est pourquoi on donne un délai d’une journée
pour permettre au tiré de réfléchir. En cas d’erreur, le règlement autorise le tiré à biffer
son acceptation, à condition qu’il la face avant de restituer la lettre de change au
porteur. Dans ce cas, l’acceptation biffée sera considéré comme refusée.
 Le refus d’acceptation :par son refus d’accepter, le tiré démontre que le lien juridique
avec le tireur présente certain défaut, ce qui met en danger le paiement de la lettre de
change. En effet, si le tiré refuse d’accepter, on peut penser légitimement qu’il ne
paiera pas à l’échéance. Ainsi, le refus d’accepter doit être constaté par un protêt
appelé « protêt faut d’acceptation » différent du protêt faute de paiement. Toutefois,
l’article 142 permet l’acceptation par intervention parce qu’un tiers peut intervenir et
offrir d’accepter à la place du tiré.

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B. Les effets de l’acceptation

L’engagement du tiré de payer le porteur à l’échéance est l’effet principal. Le


problème est qu’il y a des cas dans lesquels le tiré accepte une LT pour des raisons
frauduleuses. Ainsi, il faut faire une distinction entre l’acceptation régulière et l’acceptation
des effets de complaisance.

 Acceptation régulière : ici, le tiré devient le débiteur principal de la lettre de change à


l’égard du porteur. Le porteur doit attendre l’échéance pour demander le paiement et
doit s’adresser en priorité au tiré pour obtenir le paiement car l’acceptation suppose la
provision et la rend indisponible.
 Acceptation des effets de complaisance : la doctrine fait une distinction entre les bons
et les mauvais effets de complaisance. Les bon ne sont pas en réalité des effets de
complaisances ; ce sont des effets basés sur un crédit c’est-à-dire que le tiré accepte la
lettre de change alors qu’il n’a pas l’argent nécessaire ou qu’il n’existe pas de créance
à la base entre lui et le tireur. Ce sont des effets de cautionnement et ils sont valables.
Les mauvais sont des opérations dans lesquelles le tiré accepte la lettre de change
pour permettre au tireur de trouver des fonds qu’il ne pourrait pas obtenir autrement.
Exemple : le tireur s’arrange avec le tiré et lui demande d’accepter la lettre de change.
Il va mettre la banque comme bénéficiaire afin que la banque lui prête de l’argent ou
lui fait des avances et le tireur espère qu’à échéance il aura l’argent à fournir au tiré.
Si à l’échéance, le tireur n’a toujours pas payé le tiré, le tiré est-il responsable ? La
réponse est que la lettre de change est valable même s’il y a eu un but de fraude.
Pour ne pas payer, le tiré doit pouvoir démontrer qu’il n’avait pas l’intention réelle de
l’engager cambiaire ment en prouvent qu’il a eu effet de complaisance. Ce qui pourrai
entrainer comme sanction civile la nullité de la lettre de change et comme sanction
pénale le délit d’escroquerie et de bankrun.

Section III : l’aval


D’après l’article 100 du règlement, l’aval est un cautionnement donné par une
personne qui s’appelle « donneur d’aval ou avaliseur ou avaliste » en faveur du signataire qui
s’appelle « avalisé ». Le donneur d’aval garanti personnellement le paiement de toute ou une
partie de la lettre de change. Il peut être un tiers ou un des signataires de la lettre de change.

A. Condition de l’aval

La personne qui donne l’aval s’appelle l’avaliste, l’avaliseur ou donneur d’aval.

La personne qui est cautionné s’appelle l’avalisé ou débiteur avalisé.

 Conditions de fonds : chez l’avaliseur : il doit avoir la qualité de commerçant ou la


capacité commerciale ; chez l’avalisé : il doit être un des destinataires de la lettre de
change. En pratique, c’est soit le tiré soit le tireur.

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 Conditions de formes : l’article 100 prévoit les mentions obligatoires : l’indication
« bon pour aval » ou toute autre mention similaire (bon pour garantie etc.) ; la
signature de l’avaliseur qui doit être manuscrite ; le nom de l’avalisé ; la somme
ou montant de l’aval car l’aval peut être donné pour une partie seulement de la
lettre de change. Ainsi, si rien n’est indiqué, l’aval couvre toute la lettre de
change ; la date de l’aval ; l’aval doit être séparé de la lettre de change.

B. Les effets de l’aval

L’aval est une forme de caution solidaire. Ici, il subsiste le principe de l’indépendance des
signatures et l’avaliseur est tenu solidairement du paiement de la lettre de change vis-à-vis du
porteur c’est-à-dire si celui qui devrait payer ne paie pas, le porteur peut choisir de s’adresser
à l’avaliseur.

Si l’avaliseur paie, il a une action à remboursement contre le débiteur avalisé.

Section IV : endossement de la lettre de change


D’après l’article 97 du règlement CEMAC, toute lettre de change est transmissible par
la voix de l’endossement. L’endossement est une mention à poser au dos de la lettre de
change par laquelle le porteur actuel (endosseur) ordonne au tiré d’effectuer le paiement
entre les mains d’une tierce personne (endossataire) à laquelle il remet le titre ou à l’ordre de
celle-ci. L’endossement peut correspondre à trois opérations juridiques : la vente, mandat et le
gage. C’est pourquoi on dit que l’endossement peut être translatif, de procuration ou
pignoratif.

A. Endossement translatif (vente)

Elle permet de transférer à l’endossataire la propriété du titre et tous les droits qui y
sont attachés. C’est donc l’opération par laquelle le porteur d’une lettre de change
(endosseur) en transmet la propriété à un nouveau porteur (endossataire).

Conditions de l’endossement translatif :

 Conditions de forme : il faut la signature de l’endosseur qui doit être manuscrite


suivit de la mention « pour endossement au profit de Mr. Madame…. » ; elle doit être
pure et simple ; pour le paiement d’un montant intégral car il n’y a pas d’endossement
partiel. (l’endossement fait par erreur peut être biffé car il sera considéré comme non
écrit. La date n’est pas obligatoire mais en l’absence de date l’endossement est
présumé fait avant échéance.
 Conditions de fonds : pour l’endosseur : avoir la qualité de commerçant ; il doit être
porteur légitime. Pour l’endossataire : il doit avoir donné son consentement à
l’endossement.

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Effets de l’endossement translatif (confère chèque).

B. Endossement de procuration (mandat) voir chèque

L’endosseur donne un mandat à une personne de toucher l’argent pour venir lui remettre

C. Endossement pignoratif (gage) voir chèque

L’endosseur emprunte de l’argent en mettant sa lettre de change en gage.

Schéma d’endossement

Créancier, tireur ou vendeur

Bénéficiaire preneur (banque1) endosseur Débiteur, ou tiré ou acheteur

Endossataire banque2

Section IV : paiement de la lettre de change


A. Le mode normal de paiement : paiement par le tiré

D’après l’art 105 du règlement CEMAC, le porteur doit présenter la lettre de change
au tiré pour ce faire payer.

Conditions de présentation de la lettre de change

 Quand ? À l’échéance. Mais le délai varie en fonction du type d’échéance. Si la lettre


est payable à vue, le paiement se fait dès sa présentation.
 Comment ? Par qui ? Où ? (modalité de la présentation). C’est le porteur légitime
qui présente l’original de la lettre de change au domicile du tiré.

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La réalisation du paiement ou le paiement proprement dit

 Les conditions : le tiré est libéré à condition qu’il ait payé à la bonne personne
(porteur légitime). Pour ce faire, il peut effectuer un certain nombre de vérification
notamment la régularité de la LC et la chaîne des endossements.
Le paiement du tiré éteint la lettre de change et il est libéré ainsi que tous les
signataires.
 L’opposition au paiement : selon l’article 111 l’opposition au paiement est en
principe interdite sauf dans deux cas : en cas de vol ou de perte, en cas de
redressement ou de liquidation judiciaire du porteur.

B. Le défaut de paiement par le tiré et ses conséquences

En cas de non-paiement par le tiré, la première chose à faire par le porteur est de constater
le non-paiement par un protêt et de faire en suite des recours.

 Protêt : acte authentique dressé par un huissier qui constate le défaut de paiement par
le tiré et les motifs de son refus (protêt pour refus de paiement). Le protêt est
nécessaire et doit être établit dans les deux jours qui suivent la présentation au
paiement. Au-delà, on considère que le porteur est négligent et il risquera de ce fait de
perdre tous ses droits cambiaires.
 Les recours du porteur : le porteur qui ne s’est pas fait payé peut faire : des recours
amiables ou des recours judiciaires.

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