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TD INSTRUMENT DE PAIEMENT ET DE CREDIT

TIA GUY ESDIN

4AE9

1. La provision en matière de lettre de change est la créance que le tireur a sur le tiré, et qui
justifie l’émission de la lettre de change. La provision doit être certaine, liquide et exigible à
l’échéance de la lettre de change, et elle est transmise de droit aux porteurs successifs de la
lettre de change. La provision est une garantie du paiement de la lettre de change, puisque le
porteur peut la saisir en cas de non-paiement par le tiré.

2. La provision est-elle une condition de validité de la lettre de change ?

Non, la provision n’est pas une condition de validité de la lettre de change. La provision est la créance
que le tireur a sur le tiré, et qui justifie l’émission de la lettre de change. La provision doit exister à
l’échéance de la lettre de change, mais pas nécessairement au moment de sa création. La provision
est une garantie du paiement de la lettre de change, mais pas un élément essentiel à sa validité.

3. L’aval est une garantie personnelle de paiement de la lettre de change, donnée par une
personne appelée avaliste ou avaliseur, qui s’engage à payer le montant de la lettre de
change à l’échéance, en cas de défaillance du signataire garanti, appelé avalisé. L’aval est une
sorte de cautionnement spécifique aux effets de commerce. L’aval peut être donné pour tout
ou partie du montant de la lettre de change, et il peut être fourni par un tiers ou même par
un signataire de la lettre de change.

4. Donner les conditions de l’acceptation.

Selon le Règlement n°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres
de l’UEMOA, les conditions de l’acceptation de la lettre de change sont les suivantes :

La lettre de change doit être présentée au tiré pour acceptation dans le délai fixé par le tireur ou, à
défaut, dans les six mois de sa date d’émission.

Le tiré doit accepter ou refuser la lettre de change dans les deux jours ouvrables suivant sa
présentation, en apposant sa signature sur la lettre de change, avec ou sans la mention “accepté”.

Le tiré peut limiter son acceptation à une partie du montant de la lettre de change, ou subordonner
son acceptation à la constitution d’une garantie.

Le tireur peut interdire la présentation à l’acceptation, sauf s’il s’agit d’une lettre de change payable
à un certain délai de vue ou tirée sur un autre pays que celui du domicile du tiré.

CAS PRATIQUE 1

La Banque SOUTRA prend à l’escompte une lettre de change de 30.000.000 FCFA, émise par
l’Entreprise CHINETOK sur M. DOUDOU. A l’échéance, M. DOUDOU refuse de payer la lettre de change,
en invoquant qu’il n’existait aucune dette entre lui et le tireur avant la création du titre, et qu’il a déjà
payé 40.000.000 FCFA à l’Entreprise CHINETOK pour un autre contrat. La Banque SOUTRA veut exercer
ses recours contre M. DOUDOU et les autres signataires de la lettre de change.

Les faits tels que relatés sont relatifs aux garanties de paiement de la lettre de change.

Le problème de droit le suivant : Quels sont les droits et les obligations des parties à une lettre de
change en cas de refus de paiement par le tiré ?

Dans une première partie, nous analyserons les conditions et les effets de l’acceptation de la lettre de
change par M. DOUDOU, qui s’est engagé à payer le montant de 30.000.000 FCFA à l’échéance, et qui
ne peut pas invoquer l’absence de provision ni la compensation avec une créance sur le tireur pour
refuser de payer.

Dans une deuxième partie, nous examinerons les motifs et les modalités du refus de paiement de la
lettre de change par M. DOUDOU, qui doit être constaté par un protêt dans les délais, et qui entraîne
des dommages-intérêts au profit du porteur.

Dans une troisième partie, nous étudierons les recours du porteur de la lettre de change contre les
autres signataires, c’est-à-dire le tireur, les endosseurs et les avalistes, qui sont tenus solidairement du
paiement, et qui peuvent se retourner contre le tiré et les signataires antérieurs pour se faire
rembourser.

I) L’acceptation de la lettre de change par M. DOUDOU

L’acceptation de la lettre de change est l’acte par lequel le tiré reconnaît l’ordre de payer et s’engage
à exécuter le paiement à l’échéance. L’acceptation est facultative, sauf si la lettre de change est
payable à un certain délai de vue ou tirée sur un autre pays que celui du domicile du tiré. L’acceptation
est pure et simple, sans condition ni réserve, et elle est constatée par la signature du tiré sur la lettre
de change.

Dans le cas présent, M. DOUDOU a accepté la lettre de change tirée par l’Entreprise CHINETOK, ce qui
implique qu’il reconnaît l’existence d’une provision et qu’il s’engage à payer le montant de 30.000.000
FCFA à l’échéance. Son argument selon lequel il n’existait aucune dette entre lui et le tireur avant la
création du titre est donc irrecevable, car il aurait dû refuser d’accepter la lettre de change s’il
contestait la provision. De plus, son argument selon lequel il a déjà payé 40.000.000 FCFA à l’Entreprise
CHINETOK pour un autre contrat est également irrecevable, car il n’a pas le droit de se prévaloir d’une
compensation avec une créance qu’il a sur le tireur.

En effet, selon l’article 7 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA, le tiré ne peut opposer au porteur que
les exceptions fondées sur les rapports personnels du tiré avec le tireur ou avec le porteur antérieur,
à condition que ce dernier ait acquis la lettre de change de mauvaise foi ou en commettant une faute
lourde. Or, dans le cas présent, il n’existe pas de rapport personnel entre M. DOUDOU et la Banque
SOUTRA, qui a pris la lettre de change à l’escompte, ni entre M. DOUDOU et l’Entreprise CHINETOK,
qui sont des cocontractants. Par ailleurs, rien ne permet de supposer que la Banque SOUTRA ait acquis
la lettre de change de mauvaise foi ou en commettant une faute lourde.

II) Le refus de paiement de la lettre de change par M. DOUDOU

Le refus de paiement de la lettre de change est le fait pour le tiré de ne pas honorer son engagement
à l’échéance. Le refus de paiement doit être constaté par un acte authentique appelé protêt, qui doit
être dressé dans les deux jours ouvrables qui suivent le jour de l’échéance. Le refus de paiement
entraîne des conséquences pour le tiré, qui doit des dommages-intérêts au porteur, et pour les autres
signataires, qui sont tenus solidairement du paiement.

Dans le cas présent, M. DOUDOU a refusé de payer la lettre de change à l’échéance, en invoquant qu’il
n’existait aucune dette entre lui et le tireur avant la création du titre, et qu’il a déjà payé 40.000.000
FCFA à l’Entreprise CHINETOK pour un autre contrat. Ces arguments sont irrecevables, comme nous
l’avons vu précédemment, car ils ne sont pas fondés sur les rapports personnels du tiré avec le tireur
ou avec le porteur antérieur, et ils ne constituent pas des exceptions opposables au porteur selon
l’article 7 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA.

Le refus de paiement de M. DOUDOU doit être constaté par un protêt, qui est un acte dressé par un
officier public (huissier de justice, notaire, etc.) ou par une chambre de compensation, qui atteste que
la lettre de change a été présentée au paiement et qu’elle n’a pas été payée, en tout ou en partie,
selon l’article 7 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA. Le protêt doit être dressé dans les deux jours
ouvrables qui suivent le jour de l’échéance, au lieu indiqué pour le paiement, selon l’article 7 du
Règlement n°15/2002/CM/UEMOA. Le protêt doit mentionner les éléments suivants : la date et le lieu
du protêt, le nom et la qualité de celui qui a fait le protêt, le nom et le domicile de celui à qui la lettre
de change a été présentée, le motif du refus de paiement, et la somme pour laquelle le protêt a été
fait, selon l’article 7 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA.

Le refus de paiement de M. DOUDOU entraîne des dommages-intérêts au profit du porteur, qui peut
réclamer à celui contre lequel il exerce son recours : le montant de la lettre de change non payée avec
les intérêts, s’il en a été stipulé, les intérêts au taux légal à partir de l’échéance, les frais du protêt, ceux
des avis donnés ainsi que les autres frais, selon l’article 7 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA. Si le
recours est exercé avant l’échéance, déduction est faite d’un escompte sur le montant de la lettre de
change, calculé d’après le taux de l’escompte officiel fixé par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique
de l’Ouest (BCEAO) tel qu’il existe à la date du recours au lieu du domicile du porteur, selon l’article 7
du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA.

III) Les recours du porteur de la lettre de change contre les autres signataires

Le porteur de la lettre de change peut exercer ses recours non seulement contre le tiré, mais aussi
contre les autres signataires de la lettre de change, c’est-à-dire le tireur, les endosseurs et les avalistes,
qui sont tenus solidairement du paiement. Le porteur peut demander le paiement de la lettre de
change soit à l’un quelconque des signataires, soit à tous, sans être obligé d’observer l’ordre dans
lequel ils se sont obligés, selon l’article 7 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA.

A) Les recours contre le tireur et les endosseurs

Le tireur et les endosseurs sont les garants de la provision et du paiement de la lettre de change. Ils
s’engagent à payer la lettre de change en cas de défaillance du tiré, à condition que le porteur ait fait
dresser un protêt dans les délais et qu’il leur ait donné avis du refus de paiement. Le porteur peut
exercer une action en répétition contre le tireur et les endosseurs, qui lui doivent le montant de la
lettre de change, les intérêts, les frais du protêt et les autres frais, selon l’article 7 du Règlement
n°15/2002/CM/UEMOA. Le tireur et les endosseurs peuvent se retourner contre le tiré et les
signataires antérieurs pour se faire rembourser.

B) Les recours contre les avalistes

Les avalistes sont les personnes qui se portent garantes du paiement de la lettre de change pour le
compte d’un signataire, en apposant leur signature sur la lettre de change avec la mention “par aval”
ou une mention équivalente, suivie du nom du signataire garanti. Les avalistes s’engagent à payer la
lettre de change à l’échéance, en cas de défaillance du signataire garanti, à condition que le porteur
ait fait dresser un protêt dans les délais et qu’il leur ait donné avis du refus de paiement. Le porteur
peut exercer une action en garantie contre les avalistes, qui lui doivent le montant de la lettre de
change, les intérêts, les frais du protêt et les autres frais, selon l’article 7 du Règlement
n°15/2002/CM/UEMOA. Les avalistes peuvent se retourner contre le signataire garanti et les
signataires antérieurs pour se faire rembourser.

CAS PRATIQUE 2

NIFA et GARBA sont deux commerçants qui ont conclu une vente de marchandises. Ils ont décidé de
recourir à une lettre de change pour le paiement du prix dans un mois. NIFA refuse de signer la lettre
de change, prétendant que l’acceptation est facultative.

DREQUEBA est un entrepreneur en bâtiment qui connaît des difficultés financières. Il sollicite l’aide de
son cousin GOUROU, gérant de la SARL SERVIR. GOUROU accepte de signer une lettre de change pour
le compte de la société, sans qu’il y ait d’opération réelle entre la société et DREQUEBA. Ils conviennent
que le titre ne sera pas présenté au paiement, car DREQUEBA s’engage à le racheter avant l’échéance.

MAGATAPER est le porteur de la lettre de change, endossée par DREQUEBA. Il se présente au paiement
à l’échéance, mais GOUROU refuse de payer, invoquant l’absence d’opération sérieuse entre la société
et DREQUEBA.

NIFA est-il tenu d’accepter la lettre de change, et quelles sont les conséquences de son refus sur la
validité du titre et les recours des autres parties ?

La lettre de change signée par GOUROU pour le compte de la SARL SERVIR est-elle valable, et GOUROU
peut-il invoquer l’exception de simulation pour se dégager de son obligation cambiaire ?

MAGATAPER peut-il exiger le paiement de la lettre de change à GOUROU, et le pacte de non-


présentation conclu entre GOUROU et DREQUEBA peut-il lui être opposé ?

I. Le refus d’acceptation de la lettre de change par NIFA

NIFA et GARBA ont conclu une vente de marchandises et ont décidé de recourir à une lettre de change
pour le paiement du prix dans un mois. NIFA refuse de signer la lettre de change, prétendant que
l’acceptation est facultative.
L’article 163 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA1, qui dispose que l’acceptation est l’opération par
laquelle le tiré reconnaît sa qualité de débiteur cambiaire et s’engage à payer la lettre de change à
l’échéance. L’acceptation est obligatoire pour le tiré, sauf s’il bénéficie d’une dispense légale ou
conventionnelle.

NIFA est tenu d’accepter la lettre de change, car il n’y a pas de dispense prévue entre lui et GARBA.
Son refus d’accepter la lettre de change est donc illégal et constitue un refus d’acceptation. Le refus
d’acceptation de NIFA n’affecte pas la validité du titre, car l’acceptation n’est pas une condition de
validité de la lettre de change. La lettre de change reste donc valable et circulable entre les parties. Le
refus d’acceptation de NIFA entraîne des conséquences sur les recours des autres parties. En effet, le
refus d’acceptation donne au porteur le droit d’exercer immédiatement les recours cambiaires contre
les endosseurs, le tireur et les autres garants. Le porteur peut donc demander le paiement anticipé du
montant de la lettre de change, ainsi que des intérêts et des frais. Le porteur doit toutefois faire
constater le refus d’acceptation par un acte appelé protêt, qui doit être dressé dans les délais légaux.

II. La validité de la lettre de change signée par GOUROU pour le compte de la SARL SERVIR

DREQUEBA est un entrepreneur en bâtiment qui connaît des difficultés financières. Il sollicite l’aide de
son cousin GOUROU, gérant de la SARL SERVIR. GOUROU accepte de signer une lettre de change pour
le compte de la société, sans qu’il y ait d’opération réelle entre la société et DREQUEBA. Ils conviennent
que le titre ne sera pas présenté au paiement, car DREQUEBA s’engage à le racheter avant l’échéance.

L’article 3 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA1, qui dispose que la lettre de change doit être fondée
sur une opération réelle et licite entre le tireur et le tiré.

La lettre de change signée par GOUROU pour le compte de la SARL SERVIR est nulle et sans effet, car
elle n’est pas fondée sur une opération réelle et licite entre la société et DREQUEBA. Il s’agit d’une
simulation entre GOUROU et DREQUEBA, qui ont dissimulé la véritable nature de leur relation sous
l’apparence d’une lettre de change. GOUROU peut donc invoquer l’exception de simulation pour se
dégager de son obligation cambiaire.

III. Le paiement de la lettre de change à l’échéance par GOUROU

MAGATAPER est le porteur de la lettre de change, endossée par DREQUEBA. Il se présente au paiement
à l’échéance, mais GOUROU refuse de payer, invoquant l’absence d’opération sérieuse entre la société
et DREQUEBA.

L’article 32 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA1, qui dispose que le porteur d’une lettre de change
doit la présenter au paiement le jour de l’échéance ou l’un des deux jours ouvrables qui suivent.

MAGATAPER peut exiger le paiement de la lettre de change à GOUROU, car il a respecté le délai de
présentation au paiement. Il est un porteur de bonne foi, qui n’est pas tenu de connaître l’origine de
la lettre de change. Le pacte de non-présentation conclu entre GOUROU et DREQUEBA ne peut pas lui
être opposé, car il est contraire à l’ordre public cambiaire et à la circulation du titre.

COMMENTAIRE D’ARTICLE

La lettre de change est un titre négociable qui contient l’ordre donné par le tireur au tiré de payer une
somme d’argent à une échéance déterminée au bénéficiaire. Elle est régie par le règlement
n°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’UEMOA, adopté
le 19 septembre 2002 par le Conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine
(UEMOA). Ce règlement a pour objectif d’harmoniser les règles applicables aux instruments de
paiement dans les huit pays membres de l’UEMOA, à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire,
la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

L’article 169 du règlement n°15/2002/CM/UEMOA traite de la garantie du paiement d’une lettre de


change par un aval. L’aval est l’acte par lequel une personne, appelée le donneur d’aval, s’engage à
payer la lettre de change à la place du tiré ou de l’un des signataires, en cas de défaillance de ceux-ci.
L’aval peut être donné par un tiers ou même par un signataire de la lettre, sur la lettre elle-même ou
sur un acte séparé. L’aval doit être exprimé par une formule spécifique et signée par le donneur d’aval.
L’aval doit également indiquer pour le compte de qui il est donné, à défaut il est réputé être donné
pour le tireur. Le donneur d’aval est tenu de la même manière que celui dont il s’est porté garant,
même si l’obligation garantie est nulle pour une cause autre qu’un vice de forme. Quand il paie la lettre
de change, le donneur d’aval acquiert les droits résultant de la lettre contre le garanti et contre ceux
qui sont tenus envers ce dernier en vertu de la lettre.

La question que pose cet article est de savoir quel est le régime juridique de l’aval en droit cambiaire
de l’UEMOA, et quels sont les droits et les obligations du donneur d’aval, du garanti et du porteur de
la lettre de change. Pour y répondre, nous allons d’abord examiner les conditions de validité de l’aval
(I), puis nous allons analyser les effets de l’aval sur les rapports entre les parties (II).

I. Les conditions de validité de l’aval

L’aval est la garantie du paiement d’une lettre de change par une personne qui s’engage à payer à la
place du tiré ou de l’un des signataires, en cas de défaillance de ceux-ci. L’aval est un engagement
cambiaire qui obéit à des conditions de validité spécifiques, qui sont différentes de celles du
cautionnement. Nous allons examiner successivement les conditions de forme (A) et les conditions de
fond (B) de l’aval.

A) Les conditions de forme de l’aval

Les conditions de forme de l’aval sont prévues par l’article 169 du règlement n°15/2002/CM/UEMOA1,
qui dispose que :

L’aval est donné soit sur la lettre de change ou sur une allonge, soit par acte séparé indiquant le lieu
où il est intervenu. Il est exprimé par les mots “bon pour aval” ou par toute autre formule équivalente
; il est signé par le donneur d’aval. Il est considéré comme résultant de la seule signature du donneur
d’aval apposée au recto de la lettre de change, sauf quand il s’agit de la signature du tiré ou de celle
du tireur. L’aval doit indiquer pour le compte de qui il est donné. A défaut de cette indication, il est
réputé être donné pour le tireur.

Ces dispositions impliquent que l’aval peut être donné de trois manières différentes :
Sur la lettre de change ou sur une allonge : il s’agit de l’aval ordinaire, qui consiste à apposer sa
signature sur le titre ou sur un papier qui y est attaché. Dans ce cas, l’aval doit être accompagné d’une
formule explicite, telle que “bon pour aval” ou “bon pour garantie”. L’aval doit également mentionner
le nom de la personne pour le compte de qui il est donné, c’est-à-dire le débiteur cambiaire garanti. Si
cette mention fait défaut, l’aval est réputé être donné pour le tireur, qui est le créancier initial du tiré.

Par acte séparé : il s’agit de l’aval par allonge, qui consiste à donner son aval par un acte distinct de la
lettre de change. Dans ce cas, l’aval doit indiquer le lieu où il est intervenu, ainsi que le montant et
l’échéance de la lettre de change. L’aval par allonge présente l’avantage de pouvoir garantir plusieurs
lettres de change à la fois, sans avoir à les signer individuellement.

Par la seule signature au recto de la lettre de change : il s’agit de l’aval implicite, qui consiste à donner
son aval sans utiliser de formule explicite, en se contentant de signer au recto de la lettre de change.
Dans ce cas, l’aval est présumé être donné pour le tireur, sauf s’il s’agit de la signature du tiré ou du
tireur eux-mêmes. L’aval implicite présente l’inconvénient de créer une confusion entre les différents
signataires de la lettre de change, et de rendre difficile l’identification du donneur d’aval et du garanti.

B) Les conditions de fond de l’aval

Les conditions de fond de l’aval sont celles qui concernent la capacité, le consentement, la cause et
l’objet de l’engagement du donneur d’aval. Elles sont en partie communes à celles du cautionnement,
mais présentent aussi des spécificités liées au caractère cambiaire de l’aval.

La capacité du donneur d’aval : elle est régie par le droit commun, c’est-à-dire qu’il faut être majeur et
capable de contracter. Toutefois, l’aval étant un acte de commerce par la forme, il n’est pas soumis
aux règles protectrices du droit de la consommation, qui exigent une mention manuscrite et une
autorisation du conjoint pour les cautions non commerçantes. En revanche, l’aval donné par une
société doit respecter les règles propres à sa forme juridique, notamment en matière d’objet social et
de pouvoir du représentant.

Le consentement du donneur d’aval : il doit être libre et éclairé, c’est-à-dire qu’il ne doit pas être vicié
par l’erreur, le dol ou la violence. Toutefois, l’aval étant un engagement abstrait, il n’est pas affecté
par les vices du consentement qui affecteraient l’obligation principale garantie. Ainsi, le donneur d’aval
ne peut pas se prévaloir de l’erreur, du dol ou de la violence subis par le débiteur cambiaire garanti,
sauf s’il prouve qu’il a été lui-même victime des mêmes vices.

La cause de l’aval : elle est la raison pour laquelle le donneur d’aval s’engage à garantir le paiement de
la lettre de change. Elle peut être de nature contractuelle, familiale, amicale, etc. Toutefois, l’aval étant
un engagement abstrait, il n’est pas affecté par la nullité ou l’inexistence de la cause de l’obligation
principale garantie. Ainsi, le donneur d’aval ne peut pas se prévaloir de la nullité ou de l’inexistence du
contrat qui a donné lieu à la création de la lettre de change, sauf s’il prouve qu’il a été lui-même partie
à ce contrat ou qu’il en a eu connaissance.

L’objet de l’aval : il est la somme d’argent que le donneur d’aval s’engage à payer à la place du débiteur
cambiaire garanti, en cas de défaillance de celui-ci. Il doit être déterminé ou déterminable, licite et
possible. L’objet de l’aval est en principe le même que celui de l’obligation principale garantie, c’est-à-
dire le montant de la lettre de change. Toutefois, l’aval peut être limité à une partie de ce montant, à
condition que cette limitation soit clairement exprimée sur la lettre de change ou sur l’acte séparé.
II. Les effets de l’aval sur les rapports entre les parties

L’aval est la garantie du paiement d’une lettre de change par une personne qui s’engage à payer à la
place du débiteur cambiaire garanti, en cas de défaillance de celui-ci. L’aval produit des effets sur les
rapports entre le donneur d’aval, le garanti et le porteur de la lettre de change. Nous allons examiner
successivement les obligations du donneur d’aval (A) et les droits du donneur d’aval (B).

A) Les obligations du donneur d’aval

Les obligations du donneur d’aval sont celles qui découlent de son engagement cambiaire à payer la
lettre de change à l’échéance, en cas de défaillance du débiteur cambiaire garanti. Elles sont en partie
communes à celles de la caution, mais présentent aussi des spécificités liées au caractère cambiaire de
l’aval.

L’obligation de payer : elle est la principale obligation du donneur d’aval, qui consiste à payer le
montant de la lettre de change au porteur, si le débiteur cambiaire garanti ne le fait pas. Le donneur
d’aval doit payer à l’échéance, ou avant l’échéance si le porteur exerce les recours cambiaires anticipés
en cas de refus d’acceptation ou de paiement du tiré. Le donneur d’aval doit payer le montant intégral
de la lettre de change, sauf s’il a limité son aval à une partie de ce montant. Le donneur d’aval doit
également payer les intérêts et les frais résultant de la défaillance du débiteur cambiaire garanti.

L’obligation de renoncer aux exceptions : elle est une obligation spécifique au donneur d’aval, qui
consiste à renoncer aux exceptions qui pourraient affecter l’obligation principale garantie. Le donneur
d’aval ne peut pas opposer au porteur les exceptions personnelles qu’il aurait pu opposer à l’un des
signataires de la lettre de change, telles que l’incapacité, le vice du consentement, la nullité, la
prescription, la compensation, etc. Le donneur d’aval ne peut pas non plus opposer au porteur les
exceptions relatives à la relation sous-jacente qui a donné lieu à la création de la lettre de change,
telles que l’inexécution, la résolution, la résiliation, etc. Le donneur d’aval ne peut invoquer que les
exceptions qui lui sont propres, telles que le paiement, la remise de dette, la novation, etc.

B) Les droits du donneur d’aval

Les droits du donneur d’aval sont ceux qui lui permettent de se protéger ou de se rembourser en cas
de paiement de la lettre de change. Ils sont en partie communs à ceux de la caution, mais présentent
aussi des spécificités liées au caractère cambiaire de l’aval.

Le droit de bénéficier des garanties : il est le droit du donneur d’aval de bénéficier des garanties qui
ont été consenties par le débiteur cambiaire garanti ou par un tiers en vue du paiement de la lettre de
change. Ces garanties peuvent être réelles, telles qu’un gage, un nantissement, une hypothèque, etc.,
ou personnelles, telles qu’un autre aval, un cautionnement, etc. Le donneur d’aval peut se prévaloir
de ces garanties pour se faire payer ou se faire subroger dans les droits du créancier garanti.
Le droit de recours : il est le droit du donneur d’aval de se retourner contre le débiteur cambiaire
garanti ou contre les autres signataires de la lettre de change, pour se faire rembourser du montant
qu’il a payé au porteur, ainsi que des intérêts et des frais. Le donneur d’aval dispose de deux types de
recours : le recours cambiaire et le recours civil.

Le recours cambiaire : il est le recours qui permet au donneur d’aval de se prévaloir des droits résultant
de la lettre de change contre le débiteur cambiaire garanti et contre ceux qui sont tenus envers ce
dernier en vertu de la lettre. Le recours cambiaire est un recours abstrait, qui n’est pas affecté par les
exceptions relatives à la relation sous-jacente. Le recours cambiaire est un recours solidaire, qui
permet au donneur d’aval de poursuivre indifféremment l’un ou l’autre des débiteurs cambiaires. Le
recours cambiaire est un recours successif, qui permet au donneur d’aval de transmettre son droit de
recours aux autres signataires de la lettre, selon l’ordre inverse des signatures. Le recours cambiaire
est soumis à des conditions de forme et de délai, qui sont les mêmes que celles du porteur. Le donneur
d’aval doit donc faire dresser un protêt en cas de refus de paiement du tiré, et aviser les autres
signataires de la lettre de change dans les délais légaux.

Le recours civil : il est le recours qui permet au donneur d’aval de se prévaloir des droits résultant de
la relation sous-jacente entre lui et le débiteur cambiaire garanti ou entre lui et les autres signataires
de la lettre de change. Le recours civil est un recours causal, qui peut être affecté par les exceptions
relatives à la relation sous-jacente. Le recours civil est un recours subsidiaire, qui ne peut être exercé
qu’à défaut de recours cambiaire. Le recours civil est un recours proportionnel, qui ne peut porter que
sur la part du montant de la lettre de change correspondant à la participation de chaque débiteur. Le
recours civil est soumis aux règles du droit commun, notamment en matière de preuve, de prescription
et de compétence.

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