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Leçon 6
ELABORATION D’UN AVANT PROJET D’ETUDE
DE FABRICATION
Préparation d’une gamme d’usinage
I. Introduction
Toute pièce mécanique évolue d’un état initial, correspondant à la pièce brute, vers un état
final, représentatif d’un contrat de départ qui est le dessin de définition. La valeur ajoutée
représente l’ensemble des opérations à effectuer (usinages, traitements thermiques, etc.).
La gamme d’usinage est un document d’archive dans lequel sont consignées de manière
chronologique et globale les différentes phases de transformation d’un produit. La variété des
modes d’obtention des bruts et la diversité des regroupements et enchainement d’opérations
sont telles que le processus de fabrication envisageable pour un même produit est loin d’être
unique. Il est donc nécessaire d’avoir un déroulement progressif avec des phases de validation
intermédiaires, ces dernières définies un avant projet vis à vis la compatibilité des moyens
choisis avec la qualité désirée du produit.
Les choix conduisant à l’élaboration d’un avant projet sont basés sur des critères techniques et
économiques, ces deux approches sont parfois contradictoires et le choix définitif est le résultat
d’un compromis, qui intègre l’exigence de la qualité demandée.
II. Conditions à remplir par une gamme d’usinage
Une gamme doit être utilisable, pour cela, il est nécessaire que :
• Les procédés choisis soient réalisables et commode à employer.
• Les tolérances du dessin soient respectées.
• Le prix de revient de l’usinage soit minimisé.
• Le facteur humain soit respecté (sécurité, fatigue, efforts, …).
III. Différents problèmes à résoudre
Etablir une gamme implique la résolution de trois problèmes essentiels :
• Décider l’ordre chronologique de l’usinage.
• Choisir les ablocages : les surfaces de mise et maintien en position.
• Choisir les outils, les machines et les procédés.
IV. Eléments de contenu d’une gamme d’usinage
1. Définitions
Phase : C’est l’ensemble des opérations effectuées à un même poste de travail ou à une
même machine avec ou sans démontage de la pièce. Il y aura autant de phases que de
changement de machine ou de post de travail, même si la machine est identique à la présidente.
Sous phase : c’est l’ensemble des opérations réalisées dans une même phase sans
démontage de pièce. A un démontage de pièce correspond un changement de sous phase. Il y
aura autant de sous phase que de remise en place de la pièce sur la machine.
Opération : L’usinage d’une surface élémentaire dans une même sous phase ou phase
constitue une opération. L’action de l’outil correspond à une opération. Il y a changement
d’outil il y aura changement d’opération.
Plusieurs passes constituent des opérations différentes, si elles ne sont pas effectuées par outils
associés.
Exemple : lors de la réalisation d’une pièce sur un parc conventionnel, les spécifications
considérées délicates sont :
• Les cotes d’une même surface telles que : IT ≤ 0.05 mm.
• Les cotes entre surfaces telles que : IT ≤ 0.1 mm.
• Les défauts de localisation pour lesquels : t ≤ 0.1
• Les états de surface tels que Ra ≤ 1.6.
Décision sur les groupements évidents de surfaces
Usinage des
Alésage Usinage des
Chariotage trois surfaces
groupées
Surfaces
Fraise à deux
groupement
Perçage+ Cylindres
groupées
Surfaces
Finition
Critères Ebauche ½ Finition
Outil coupant Rectification
0.1< IT
0.05 < IT < 0.1
0.02 < IT < 0.05
IT < 0.02
Qualité > 12
Qualité 9-10-11
Qualité 7-8
Qualité < 6
3.2 < Ra
0.8 < Ra < 3.2
Ra < 0.8
1.1. Liaison entre surface brute et surface usinée 1.2. Liaison entre surface usinée et surface usinée
+0,2
28 0
B
2
+1
12 0
F
15±0,5
1 B
La surface (F) est positionnée par rapport à La surface est positionnée par rapport à la
la surface brute (B)
surface brute (B)
Notation :
(B) antérieure à (F) La surface est installée par rapport à ,
(B) (F) donc :
B 2
2 1
ou
B 2 1
1.3. Surfaces indépendantes
+0,05
Les surfaces , et sont réalisées à l’aide 20 0
3
d’une fraise 3 tailles expansible. 1 2
,
+0,2
15 0
35 0
simultanéité entre et .
Remarque : Sur les pièces nécessitant un usinage complet, il est nécessaire d’établir une
stratégie optimale pour respecter les spécifications géométriques, sans rechercher la « sur
qualité ». Ainsi, même si les procédures de « mise à l’orthogonalité » permettent de générer des
surfaces toutes orientées les unes par rapport aux autres, il n’est pas obligatoire d’en respecter
toutes les étapes s’il n’y a qu’une ou deux références seulement
Contraintes géométriques
Contrainte Ordre des opérations Dessin de définition
Parallélisme La surface B étant la plus précise, c’est elle
qui donnera l’appui plan de meilleure qualité.
Donc : (B) (A)
XX' 1
Remarque : sans contrainte géométrique de
parallélisme
XX' 1
+0,05
64 0
0,05
100
X'
surface .
On aura donc :
aura donc :
+0,5
∅12 H7 d’avoir une référence sure (B).
35 0
B Ø12 H7 B Ø12 H7
1 B
on +0.5
3 trous Ø70 0
référence pour percer les 3 trous ∅7. On
Ø0.5 1
diamètre repère . 1
Le tableau fourni à la page suivante les contraintes technologiques les plus courantes :
Contraintes technologiques
Contrainte Ordre des opérations Dessin de définition
Afin d’éviter un affaiblissement de la pièce :
Affaiblissement
dû à l’usinage
Contrainte de reprise : Quand la pièce présente des difficultés de reprise vue sa forme
complexe (obtenue par fonderie ou moulage), le bureau de méthodes est amené à créer des
surfaces qui ne figurent pas sur le dessin de définition. Ceci est dans le but de définir un
référentiel de départ d’usinage pour la première phase dans la gamme d’usinage.
Contrainte de traitements thermiques : Dans le cas ou les traitements thermiques (T.T) vont
causer de grandes déformations, ils doivent être appliqués à la pièce avant la passe de finition.
S’ils peuvent causer seulement de petites déformations, les T.T seront appliqués après la passe
de finition.
1E 1 F/2 1F
T.T T.T
(grandes déformations) (petites déformations)
Contraintes économiques
Contrainte Ordres des opérations Dessin de définition
Moindre usinage Cette contrainte économique a pour 1
2
Réduire la durée de but de minimiser le temps d’usinage
Ø20g6
+0,3
l’usinage
Ø14 0
d’une pièce.
Si on commence par usiner en
finition la moitié de cette surface
sera détruite en réalisant . Cela
L1
impose : (1E)→(1F/2)→(2F)→(1F) L2
Remarque : Ce respect des antériorités permet de hiérarchiser les groupes d’opérations entre
eux, ce qui détermine les différentes phases.
Lors d’une gamme mettant en jeu des machines conventionnelles, les critères d’antériorité
ordonneront aussi les opérations au sein d’une même phase, alors que dans une gamme utilisant
des moyens numérisés, l’ordonnancement au sein d’une même phase n’aura pas d’importance.
Bien que la génération de ce tableau ne soit pas une obligation, cette méthode présente
l’avantage de proposer une démarche logique, systématique, voire même algorithmique,
permettant de synthétiser de façon claire l’ensemble des relations d’antériorités mises à jour,
tout en les ordonnançant les unes par rapport aux autres.
VI. Rédaction d’un avant projet de fabrication
1. Eléments de contenu
La première phase à réaliser est une phase de contrôle de brut, la dernière phase est un
contrôle final.
Dans la première colonne, il faut indiquer le numéro des phases, des sous-phases et des
opérations.
Les phases sont repérées par 10-20-30- etc.
Les sous-phases par A, B, C, etc.
Les opérations par a, b, c, etc.
Dans la deuxième colonne (phase et opérations), il faut indiquer clairement :
• Le nombre de pièce à monter sur le montage d’usinage.
• Le référentiel de mise en position
• Les opérations à effectuer conditionnées par les cotes de fabrication (Cm, Co, Ca),
l’indice de rugosité (Ra) et les conditions géométriques.
Au regard des opérations, dans la colonne suivante, préciser :
• La machine utilisée.
• Les outils.
• Les vérificateurs.
Dans la colonne schéma de phase :
• Représenter la pièce suivant deux vues minimums.
• Indiquer la ou les surfaces usinées en trait fort ou en couleur.
• La distribution des normales de repérage (mise en position isostatique).
• Les cotes de fabrication (s’il y un transfert de cotes, graphe et calculs).
• La rugosité.
• Les spécifications particulières (spécifications géométrique).
La préparation à la fabrication est exécutée par le Bureau des Méthodes (B.M.). Celui-ci utilise
les informations du dessin de définition issu du Bureau d’Etudes pour déterminer toutes les
données nécessaires à la production. La préparation à la fabrication est l’étape qui met en jeu le
plus important volume d’informations de natures extrêmement diverses :
La méthode utilisée consiste à utiliser un certain nombre de feuilles qui représentent autant
d’étapes intermédiaires entre l’analyse du dessin de définition de la pièce et la rédaction de la
gamme définitive (voir figure1).
L’élaboration du processus d’usinage, pour une pièce donnée, consiste à organiser une suite
logique et chronologique de toutes les opérations et groupements d’opérations nécessaires et
suffisants à sa réalisation.
Dessin de définition du Feuille d’opérations
produit fini élémentaires
Cotation fonctionnelle
Feuille de groupement
des opérations en
phases
C’est une feuille regroupant dans un tableau les informations sur les usinages à réaliser. Elle
comporte :
• Le repère de la surface
• Les cotes de liaison aux surfaces usinées, aux surfaces brutes
• Les spécifications (intervalle de tolérance, rugosité, position et forme)
• Les opérations élémentaires (ébauche, ½ finition, finition, finition directe) avec
éventuellement leur symbolisation.
Cette feuille permet de faire l’inventaire de toutes les données du bureau d’études.
On appelle opération élémentaire l’action d’un outil sur une surface élémentaire ou l’action
de plusieurs outils associés travaillant simultanément sur plusieurs surfaces élémentaires.
Toutes les contraintes relevées sur le dessin de définition sont regroupées dans un tableau
appelé tableau d’analyse des contraintes d’antériorités.
Ce tableau est établi à partir de la feuille d’opérations élémentaires et du dessin de définition de
la pièce à réaliser.
Ce tableau, construit sur la base des données contenues dans les feuilles précédentes, va définir
un classement par niveaux de toutes les surfaces repérées de la pièce en partant des surfaces
brutes de référence qui forment le premier niveau. Ce classement permettant de hiérarchiser la
réalisation des surfaces débouche directement sur le graphe ordonné de réalisation de la pièce
considérée. Un niveau N est constitué d’un ensemble de surfaces (ou groupes de surfaces
associées), telles que chacune remplisse la condition : « Une surface appartient à un niveau N si
elle est liée directement par la cotation à d’autres surfaces de niveaux inférieurs à N ».
Pour établir le tableau des niveaux, on commence par construire une matrice carrée, comportant
autant de lignes (et de colonnes) que d’opérations élémentaires :
Désignons par opi les opérations élémentaires à réaliser. Si opi (sortie) est en contrainte
avec op j (entrée), alors la case ai j du tableau matérialisant l’intersection de la ligne opi avec