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La loi (le Règlement 15) assimile le billet à ordre à la lettre de change. Il s'agit de
deux techniques de paiement qui se distinguent du chèque en ce sens qu'elles sont
basées sur un élément essentiel : la date d'échéance.
Le chèque étant dépourvu de date d'échéance est qualifié exclusivement
d'instrument de paiement. A l'inverse la lettre de change et le billet à ordre
contiennent une date exprimant l'échéance à laquelle le paiement doit être fait. Il
suffit qu'il y ait un décalage entre la date d'émission et la date d'échéance pour qu'on
parle à la fois d'instrument de crédit et d'instrument de paiement.
La lettre de change et le billet à ordre sont tous les deux des instruments de
paiement à terme. La différence entre la lettre de change et le billet à ordre vient du
nombre de parties obligatoires à l'émission de ces deux titres. Dans la lettre de
change, il y a obligatoirement trois parties à la création : le tireur, son débiteur (le tiré)
et son créancier (le bénéficiaire). Dans le billet à ordre, la loi n'impose que deux
personnes : le tireur et son créancier : le bénéficiaire.
On en conclut que le billet à ordre n'est qu'une lettre de change dans laquelle le tireur
et le tiré sont juridiquement une seule et même personne. Comme tout instrument de
paiement à terme ou non, la lettre de change est soumise à des conditions
d'existence et à des conditions de paiement.
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CHAPITRE I: L'EXISTENCE DE LA LETTRE DE CHANGE
La création du titre exige la présence de trois personnes liées entre elles par des
rapports fondamentaux: le tireur, le tiré, et le bénéficiaire.
Le tireur crée le titre pour matérialiser sa créance sur le tiré, son débiteur. Il va
donner l'ordre à celui-ci de payer toute personne qui se présentera en ses lieu et
place. Etant lui-même débiteur d'un tiers, le tireur va désigner ce dernier sur le titre
en qualité de bénéficiaire, lui donnant ainsi le droit de réclamer le paiement au tiré
sur la base de l'ordre dont il est porteur.
On voit apparaitre le mécanisme fondamental de la lettre de change: l'achat pour
revendre (acte de commerce par excellence). A l'occasion d'une vente, le vendeur
pour se faire payer le prix d’une marchandise vendue, émet un titre sur l'acheteur. Le
vendeur est donc le tireur, l’acheteur est le tiré.
Ne disposant pas de la marchandise vendue, le tireur va s'adresser à un fournisseur
auprès duquel il va acheter la marchandise. Pour payer le prix de la marchandise, il
va remettre au fournisseur le titre tiré sur l'acheteur.
Devenu bénéficiaire du titre, le fournisseur va s'adresser à l'acheteur qui lui paiera le
prix de la marchandise à l'échéance convenue. Lorsque l'acheteur tiré paye, tous les
rapports juridiques s'éteignent.
Devant le succès et l'intérêt de ce mécanisme, la pratique bancaire va l'exploiter pour
faire de la lettre de change un instrument de crédit par excellence. Les banquiers,
fournisseurs de crédit, sont devenus tirés ou porteur de lettre de change pour
permettre à leurs clients d’obtenir des fonds pour l'exercice de leur activité. La lettre
de change s'est transformée en un instrument de garantie du crédit que le client de la
banque obtiendra auprès de tiers.
Mais quelque soit la finalité de la création du titre, celui-ci doit obéir pour être valable
à des conditions de forme (relatives au titre) et des conditions de fond (relatives aux
personnes).
On retrouve les mêmes principes qu'en matière de chèque. D'une part, la loi
énumère les mentions obligatoires (A). D’autre part, elle n’interdit pas aux parties
d’insérer des mentions en fonction de leurs objectifs spécifiques (B).
L'article 149 énumère une série de mentions qui doivent figurer sur le titre(1) et
prononce lui-même les sanctions en cas de non-respect de l'énumération légale(2).
1-L'énumération légale
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1. La dénomination "Lettre de Change"
Ces trois mots « Lettre de Change » doivent apparaitre dans le texte même du titre et
doivent être exprimés dans la langue utilisée pour la rédaction. Cette précision est
importante pour la lettre de change parce que la fabrication du support, c’est-à-dire la
formule de lettre de change, n'est pas normalisée. Il ne suffit donc pas d'avoir en
entête du document les mots « Lettre de change » pour respecter cette indication
légale. En pratique, en effet, c’est la personne à qui profite la lettre de change qui
fabrique elle-même la formule de lettre de change pour obtenir un paiement.
4. L'indication de l'échéance
C'est la date à laquelle le bénéficiaire du titre doit se présenter au paiement. Le
Règlement 15 donne aux parties le choix entre plusieurs modalités de fixation de
l'échéance.
Première modalité : Il n'y a aucune date précise sur le titre. La lettre de change est
stipulée payable à vue. La date de présentation au paiement est la date que choisit
librement le porteur.
Deuxième modalité : La lettre de change est payable à un certain délai de vue. La
date d'échéance est alors fixée par le délai qui court à compter de la première
présentation au paiement. Le porteur est donc obligé de se présenter deux fois au
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paiement. Une première fois pour faire courir le délai, une seconde fois pour obtenir
le paiement à l'expiration du délai.
Troisième modalité : La lettre de change est payable à un certain délai de date. C'est
la même hypothèse que la modalité précédente, sauf que c'est la date d'émission qui
fait courir le délai de présentation au paiement. En pratique, on rencontre des
mentions du genre « 10 jours fin du mois ». Cela signifie que le porteur a 10 jours à
compter de la fin du mois qui suit la date d'émission pour se présenter au paiement.
Quatrième modalité : La lettre de change est payable à jour fixe. Le tireur indique la
date précise à laquelle le porteur sera tenu de se présenter au paiement. Toute
présentation anticipée ou postérieure à la date indiquée est interdite.
On voit apparaitre l'intérêt de la date d'échéance. D'une part, elle permet de faire la
différence entre l'utilisation de la lettre de change comme instrument de crédit et
l'utilisation de la lettre de change comme instrument de paiement au même titre que
le chèque. D'autre part, elle est une mention fondamentale pour vérifier que le
porteur a exécuté lui-même ses obligations conformément à la volonté des parties
exprimée dans les rapports fondamentaux.
6. L'indication du nom de celui auquel ou à l'ordre duquel le paiement doit être fait.
C'est le bénéficiaire. Il s'agit en réalité du créancier du tireur ou d'un endosseur du
titre. Le nom du bénéficiaire est une mention obligatoire dont l'omission entraine la
nullité du titre. Pour éviter cette conséquence, la loi autorise le tireur à se désigner
lui-même comme bénéficiaire et à endosser immédiatement le titre en blanc du nom
de l'endossataire.
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l'obligation de respecter l'énumération légale. Il peut s'agir d'une omission, d’une
incertitude, ou d'une altération des mentions obligatoires.
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présentation au paiement, mais aussi qu'elle doit être conforme à l'accord préalable.
Il y a abus de droit si la partie qui ajoute les mentions excède les termes de l'accord
de principe.
Troisième condition: La régularisation ne doit porter que sur des mentions non-
essentielles.
Cette dernière condition ne fait pas l'unanimité en jurisprudence. Certains arrêts
adoptent des solutions larges en considérant que toutes les mentions, sans
exception, peuvent faire l'objet de régularisation, dès lors que la loi n'a établi aucune
hiérarchie entre les huit mentions obligatoires. L'essentiel est que l'ajout des
mentions ne se fasse pas contrairement à la volonté des parties.
Une autre partie de la jurisprudence estime que seules les mentions qui ne portent
pas atteinte à l'existence de l'engagement des parties, peuvent faire l'objet de
régularisation effective. Les mentions touchant aux modalités des engagements sont
régularisables. Les mentions touchant à l'obligation de payer ne peuvent pas être
régularisées. C'est une application stricte des hypothèses de suppléance légale.
Entre ces deux jurisprudences, la tendance moderne est de ne pas entrer dans une
distinction basée sur la valeur juridique des mentions obligatoires. Elle exige
simplement la réunion des deux conditions précédentes et elle veille à ce que l'ajout
des mentions soit effectivement intervenu avant la présentation au paiement.
Toutefois la jurisprudence moderne interprète restrictivement la notion de partie à
l'accord de régularisation. Seules les parties à la création du titre peuvent le
régulariser.
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c- Les sanctions en cas d'altération des mentions obligatoires
L'altération se définit comme une modification matérielle apportée à une mention
figurant sur le titre régulier en la forme. L'article 222 R 15 reprend la solution
traditionnelle selon laquelle l'engagement des signataires dépend du moment auquel
l'altération s'est produite :
- les personnes qui ont signé avant l'altération sont tenues dans les termes du
texte originaire.
- les personnes qui ont signé après sont tenues dans les termes du texte altéré.
- le signataire qui s'est rendu complice de l'altération sera tenu dans les termes
du texte altéré, quand bien même sa signature est antérieure à l'altération.
La jurisprudence est intervenue pour préciser la notion d'altération. D'une part, celle-
ci doit intervenir en dehors de tout accord entre les parties. D'autre part, elle n’est
prise en compte que si elle touche une mention obligatoire. Il n'y a pas altération si la
modification intervient d'accord parties ou si elle ne touche qu'une mention
facultative.
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remettre en cause l'existence de la provision, en la liant à l'obligation pour le porteur
d’en fournir la valeur.
A coté de ces clauses qui touchent à l'obligation de payer, on trouve des clauses
qualifiées de résiduelles parce qu'elles ne concernent que les modalités de création
ou de circulation du titre.
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Exemples:
- la clause non à ordre par laquelle le tireur interdit au bénéficiaire de
transmettre le titre par la voie d'endossement. Seule la cession de créance
ordinaire est possible.
- la clause non endossable interdit aux porteurs d'endosser le titre au profit d'un
nouvel endossataire. Toutefois, le porteur peut endosser le titre mais les
signataires antérieurs ne pourront pas être poursuivis par le nouveau
bénéficiaire.
- la clause dite de non garantie: quand elle est insérée par le tireur, elle
concerne la garantie d'acceptation, mais jamais la garantie de paiement.
Quand elle est insérée par un endosseur, elle concerne la garantie
d'acceptation et la garantie de paiement.
La lettre de change met en présence, à sa création, trois personnes liées entre elles
par des relations juridiques particulières: le tireur créancier du tiré, le tireur débiteur
du bénéficiaire. Le tireur donne l'ordre au tiré de payer le bénéficiaire. Le tiré prend
l'engagement d'exécuter le paiement au profit du bénéficiaire. Le tireur et le tiré
matérialisent leur engagement par une signature sur le titre.
Le bénéficiaire peut se servir du titre pour payer ses propres dettes. Il appose à son
tour sa signature sur le titre, il prend la qualité d'endosseur.
Enfin pour garantir le paiement, des personnes extérieures à la création et à la
circulation du titre peuvent s'engager en apposant leur signature sur la lettre de
change.
On en déduit que le point commun entre toutes les personnes engagées au
paiement du titre est la signature. Les conditions de fond de la lettre de change
seront donc relatives à la validité de la signature apposée sur le document. Pour
qu'une signature soit valable et produise des effets de droit, il faut que le signataire
soit juridiquement capable (A) et qu'il ait le pouvoir d'exécuter un paiement (B)
A- La capacité du signataire
La lettre de change est un acte de commerce par la forme. La signature d'une lettre
de change est donc un acte de commerce. On en déduit que le signataire doit avoir
la capacité de faire des actes de commerce. On retrouve les problèmes liés à
l'exercice d'une activité commerciale par le mineur (1) et le majeur incapable (2).
1-La situation du mineur
Selon l'article 153, les lettres de change souscrites par les mineurs non-négociants
sont nulles à leur égard sauf les droits respectifs des parties conformément au droit
commun.
On en tire deux conséquences :
- Il s'agit des mineurs non négociants: la minorité s'apprécie par rapport du droit
commercial et non par rapport au droit civil. On applique donc les exigences de l'Acte
Uniforme de l'OHADA sur le droit commercial général.
- Il s'agit d'une nullité de protection, une nullité relative. Seul le mineur peut s'en
prévaloir. Le mineur peut opposer sa minorité au porteur, même si celui-ci est de
bonne foi. Les autres signataires ne peuvent pas invoquer la signature du mineur
pour demander la nullité de la lettre de change: c'est une application du principe de
l'indépendance des signatures. Toutefois la protection du mineur est limitée. Le
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signataire concerné peut engager la responsabilité du mineur sur le terrain du droit
commun. Il est fondé à invoquer l'enrichissement sans cause du mineur ou encore la
rescision pour lésion de l'acte passé par le mineur. Dans ce cas, on applique les
principes de la loi de 1970 sur la minorité.
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personne morale reste tenue sur le terrain du droit cambiaire : c'est l'application des
principes prévus par l'Acte Uniforme de l'OHADA sur les sociétés commerciales et le
GIE.
Par ailleurs, le dirigeant, mandataire légal ou statutaire d'une personne morale qui a
confié son pouvoir à une personne non-reconnue par la personne morale, sera
personnellement tenu des dépassements de pouvoir dont le signataire s'est rendu
coupable. Cette solution s'explique parce que la qualité de mandataire ne se délègue
pas. Le seul mandataire est la personne investie comme telle par les statuts ou par la
loi.
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demeuré accepteur. Celui-ci peut lui opposer l'absence de provision qui aurait du être
fournie par le donneur d'ordre. Inversement, si le tiré accepteur a payé le signataire
porteur sans avoir reçu de provision, il ne peut pas se retourner contre le signataire
pour compte. Le tiré accepteur qui a payé n'étant pas le cocontractant du signataire
pour compte, il n'a aucune action contre lui que ce soit sur la base du droit cambiaire
ou sur la base de la convention de tirage pour compte. Le tiré accepteur ne dispose
de recours que contre le donneur d'ordre, son cocontractant.
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a- Les conditions relatives aux modalités
C’est la manière de désigner l’endossataire dans la formule d’endossement. La loi
prévoit trois modalités de désignation de l’endossataire :
2- L’endossement en blanc
Dans ce cas, la formule d’endos contient uniquement la signature de l’endosseur.
Aucun nom ne figure à la place réservée à l’endossataire. L’intérêt de cette modalité
est de pouvoir faire circuler le titre par la technique juridique de la tradition : la remise
du titre de la main à la main. L’endossataire n’est pas obligé de se transformer en
endosseur pour transmettre à son tour le titre.
On se demande si on peut parler juridiquement d’endossement. La lettre de change
se transforme en un billet de banque qui circule sans que le bénéficiaire soit obligé
de signer sur le titre.
Toutefois le détenteur du titre peut le transmettre en y apposant sa signature.
L’endossataire en blanc a donc le choix entre, transmettre le titre sans le signer
perpétuant ainsi l’endossement en blanc, et procéder à une autre modalité
d’endossement. L’endossement en blanc est interdit lorsqu’il s’agit de désigner le
premier bénéficiaire.
3- L’endossement au porteur
Il se réalise par l’inscription sur le titre de l’expression « porteur » dans la formule
d’endos. On se retrouve dans une situation équivalente à l’endossement en blanc. Le
porteur a le choix entre faire circuler le titre par tradition ou procéder à un
endossement à personne déterminée. Cette modalité est également interdite lors de
la désignation du premier bénéficiaire.
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c- Les conditions relatives à la date de l’endossement
Le Règlement 15 ne fait pas de la date de l’endossement une mention obligatoire
sanctionnée par la nullité du titre. La loi décide que si l’endossement n’est pas daté, il
est présumé avoir été fait avant l’expiration du délai fixé pour dresser protêt. Cela
veut dire qu’en réalité l’endossement est possible jusqu’à la date d’échéance du titre.
Dans tous les cas, la date limite de l’endossement sera la date de l’échéance
augmentée des délais pour faire dresser protêt. Dès lors que le protêt mentionne
l’endossement, on en déduit que la date de l’endossement est présumée antérieure
à la date d’échéance.
L’intérêt de la date de l’endossement est de permettre de régler les questions
relatives à la capacité et aux pouvoirs de l’endosseur. Elle permet aussi de
sanctionner les parties sur la base du faux en écriture privée, lorsqu’il s’agit d’un
endossement antidaté destiné à tromper les tiers sur les pouvoirs du signataire et sur
la date exacte à laquelle l’endossement a lieu.
Dans tous les cas, l’endossement postérieur à la date pour dresser protêt n’est pas
nul de nullité absolue. Il produit les effets d’une cession de créance ordinaire.
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prévaloir en raison du principe de l’indépendance des signatures. Et la nullité n’est
pas opposable au tiers porteur de bonne foi.
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titre soit inscrit sur le compte sous réserve d'encaissement à la date
d'échéance.
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b- Le bénéfice de l'inopposabilité des exceptions
Selon l'article 160 R15, « les personnes actionnées en vertu de la lettre de
change ne peuvent pas opposer au porteur les exceptions fondées sur leurs
rapports personnels avec le tireur ou avec les porteurs antérieurs, à moins
que le porteur en acquérant la lettre n'ait agi sciemment au détriment du
débiteur ».
Cette règle apparemment simple et claire a du être interprétée par la
jurisprudence en raison de nombreux conflits qui ont opposé les bénéficiaires
de la lettre de change à leur signataire. La jurisprudence permet de dégager
des lignes directrices en distinguant selon les personnes concernées par le
principe de l'inopposabilité des exceptions et les exceptions concernées.
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b- La notion de porteur de lettre de change
La jurisprudence a précisé la notion de porteur au sens de l'article 160 R15 en
disant qu'il doit être légitime et de bonne foi.
//Cas général
La jurisprudence pose deux conditions pour que le porteur soit de mauvaise
foi : La mauvaise foi s'apprécie au moment de l’acquisition du titre, et elle
s’apprécie par rapport à la notion de bon père de famille.
En ce qui concerne le moment d’existence de la mauvaise foi : la
jurisprudence exige que l'on se place à la date exacte de l'endossement du
titre au profit du porteur. Ce n'est pas à l'échéance, c'est-à-dire à la date de
présentation du titre au paiement, qu'il faut démontrer la mauvaise foi du
porteur. Il est donc important de pouvoir déterminer le moment d'acquisition du
titre par le porteur.
En ce qui concerne la conduite du bon père de famille : la jurisprudence
considère que la mauvaise foi est constituée par la connaissance qu’a le
porteur du préjudice que l'endossement à son profit cause au débiteur
poursuivi, en le plaçant dans l'impossibilité de se prévaloir de cette exception
lorsque le titre lui sera présenté au paiement, alors qu'il aurait pu le faire si le
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titre était resté dans les mains de l'endosseur. Le porteur doit donc avoir une
connaissance précise de l'exception opposable, et une conscience précise
que cette exception va persister jusqu'à l'échéance du titre.
Ces deux conditions, à savoir celle de la date et celle de la conduite du bon
père de famille, sont jugées cumulatives par la jurisprudence. Le débiteur
poursuivi se retrouve alors dans une situation dans laquelle il lui est
pratiquement impossible de rapporter la preuve de la mauvaise foi du porteur.
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point d'effet à l'égard des tiers. Le porteur du titre étant un tiers au rapport
entre les deux signataires, celui-ci ne produit aucune conséquence à son
égard.
Cette solution s'explique aussi parce que la création et la circulation du titre
sont fondées sur le principe de la purge des exceptions. Cela veut dire que le
droit est fondé seulement sur l'apparence du titre. Or l'apparence du titre ce
sont les mentions obligatoires. Les circonstances qui entourent la création et
la circulation du titre ne peuvent pas paralyser l'action cambiaire fondée
exclusivement sur les mentions obligatoires figurant sur le document.
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conséquence, l’endosseur reste propriétaire de tous les droits incorporés
dans le titre. L'endossataire exerce ces droits en qualité de mandataire de
l'endosseur.
S'agissant d'un mandat, le problème essentiel est relatif à l'étendue des
droits et pouvoirs conférés à l'endossataire non-translatif (2). Cette
question est soumise au respect préalable des conditions de validité du
mandat (1).
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S'agissant des conditions de forme, la formule d'endos doit consister en
une mention non équivoque, exprimant l'intention des parties de conclure
une convention de gage. A défaut de mention spéciale, on applique la
présomption simple d'endossement translatif.
S'agissant des effets de l'endossement pignoratif, ils consistent à transférer
à l'endossataire tous les droits résultants d'une mise en gage.
L'endossataire a le droit de réaliser le gage en encaissant la lettre de
change ou en la vendant à un tiers. Il n'a donc pas le droit de procéder à
un nouvel endossement, sauf s'il s'agit d'un endossement à titre de gage.
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PARAGRAPHE I : LA PROVISION: GARANTIE DE PAIEMENT DE
LA LETTRE DE CHANGE
A- L'existence de la provision
Selon l'article 155 R15, la provision doit exister à l'échéance de la lettre de
change. Cela veut dire que lors de la création du titre, il n'est pas
indispensable que la provision existe. On en déduit que l'existence de la
provision, lors de la création du titre, est une éventualité. Il se pose alors trois
problèmes:
- Quels sont les caractères que doit revêtir la provision pour exister ?
- Comment prouver l'existence de la provision ?
- Que faire ou décider en cas d'absence de provision ?
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b--La provision doit être au moins égale au montant de la lettre de
change
C'est une conséquence directe du premier caractère. Si la créance du tireur
sur le tiré a en définitive une valeur inférieure à la somme indiquée sur le titre
comme mention obligatoire, il n'y a pas provision. Mais la jurisprudence est
intervenue pour remettre en cause ce principe. Elle permet au tiré d'obliger le
porteur à recevoir en paiement une provision partielle. Même si, selon la loi, la
provision partielle équivaut à l'absence de provision, elle représente tout de
même une garantie pour le porteur. En outre, le tiré a toujours intérêt à se
libérer de la dette réelle qu'il a à l'égard du tireur, même si ce n'est pas celle
qui figure sur le titre.
En définitive, la solution jurisprudentielle qui reconnaît l'existence de la
provision partielle, présente des intérêts pour les deux parties.
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Les modes de preuve varient donc en fonction de la nature de la créance du
tireur sur le tiré: Si c'est une créance commerciale, la preuve se fait par tout
moyen. Si c'est une créance civile, la preuve se fait par écrit ou par un
commencement de preuve par écrit, à compléter par des témoignages ou des
adminicules. Le Règlement 15 précise alors qu'en cas de dénégation du tiré,
la preuve incombe en dernier lieu au tireur. Cette solution exorbitante du droit
commun s'explique parce que la fourniture de la provision est avant tout une
obligation légale du tireur.
S'agissant d’autre part des rapports entre le tiré accepteur et les autres
parties à la lettre de change
Il s'agit du porteur et des endosseurs successifs. Ces personnes n'ont aucun
rapport fondamental avec le tiré. On devrait en conclure qu'il s'agit d'une
présomption irréfragable. Mais la jurisprudence est intervenue pour préciser le
caractère de cette présomption, en fonction du fondement de l'action du
porteur contre l'accepteur.
• Première situation : Le porteur agit exclusivement sur la base de la
signature de l'accepteur. On est sur le terrain du droit cambiaire. La
présomption a un caractère irréfragable. Mais la jurisprudence refuse de
parler de présomption et retient le principe de l'action directe.
Cela veut dire que le tiré accepteur ne peut pas refuser de payer le
porteur, en lui opposant des exceptions basées sur l'existence de la
provision, ou sur la valeur de la créance qui unit le tireur au porteur.
L'action directe et le principe de l'inopposabilité des exceptions, rendent
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inutile tout débat sur le caractère de la présomption dans les rapports
entre le tiré accepteur et le porteur.
• Deuxième situation : Le porteur agit contre l'accepteur sur la base de la
propriété de la provision. Le porteur se présente comme détenteur du titre
et comme cessionnaire des droits du tireur contre le tiré. La dualité de
cette action pose un problème quant à la qualification de la présomption.
La jurisprudence estime qu'il s'agit d'une présomption simple, parce que le
porteur reconnaît le lien qui existe entre la valeur fournie et l'existence de
la provision. Le lien entre ces deux obligations préalables à la création et
à la circulation du titre, remet en cause la nature directe de l'action du
porteur contre l'accepteur. La jurisprudence estime qu'il s'agit d'une
présomption simple. L'accepteur peut, par simple dénégation, obliger le
tireur à intervenir dans le débat en prouvant qu'il a bien fourni provision au
tiré accepteur. En pratique, il s'agit de lettres de change qui n'ont pas
circulé au delà du premier porteur.
3-L'absence de provision
En raison de son caractère éventuel, il n'est pas certain que la provision existe
à la création du titre et il n'est pas certain non plus que la provision existe à
l'échéance du titre. Cela veut dire que lors de la création de la lettre de
change, le tireur peut ne pas être encore créancier du tiré, mais qu'il a
l'intention de l'être à l'échéance. On parle « d'effet de commerce de
complaisance ». La pratique montre qu'il existe deux conceptions des effets
de complaisance (a), à partir desquels la jurisprudence a apporté des
solutions (b).
La distinction entre ces deux conceptions repose sur la différence entre les
mauvais effets de complaisance encore appelés "effets de cavalerie" et les
bons effets de complaisance appelés "effets de cautionnement". On se
demande quel critère retenir pour faire cette distinction dès lors que les
premiers sont déclarés nuls et les seconds parfaitement valables.
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b- Les solutions jurisprudentielles
B- La propriété de la provision
L'article 155 al. 3 R 15 affirme que : « La propriété de la provision est
transmise de droit aux porteurs successifs de la lettre de change ». La
terminologie employée par ce texte est à l'origine de nombreux problèmes que
la jurisprudence s'est efforcée de résoudre.
D'une part, s’agissant d'une créance, il est inexact de parler de propriété. En
effet, la provision est une créance de somme d'argent. Or la créance est un
droit et non une chose. Il ne faut pas confondre le droit au paiement et la
chose qui a pu faire naître ce droit au paiement. On devrait donc parler de
titulaire du droit sur la provision.
D'autre part, la notion de transfert de la propriété de la provision est en
contradiction avec le principe selon lequel la création de la lettre de change
n'entraîne pas novation des rapports préexistants. Cela veut dire que le tireur
reste créancier du tiré malgré la création de la lettre de change. Il conserve
donc son droit de réclamer le paiement au tiré. Il parait donc inconcevable de
transférer une propriété que l'on conserve.
Enfin, la provision étant une créance éventuelle, on se demande si on peut
transférer quelque chose qui n'existe pas encore. Il faudrait d'abord établir
l'existence de la provision avant de la transférer à autrui. Cela remettrait en
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cause le rôle d'instrument de crédit que l'on donne à la lettre de change en la
ramenant au niveau du chèque.
La jurisprudence a donc du intervenir pour donner un sens à la notion de
transfert de la propriété de la provision, au sens de l'article 155 R 15.
Elle estime que par transfert de la propriété de la provision, il faut entendre la
transmission du droit de demander le paiement du titre au tiré à l'échéance du
titre. C'est donc l'acquisition de ce droit exclusif au paiement qu'on appelle
abusivement transfert de la propriété de la provision.
Cette définition de la jurisprudence est satisfaisante. Ce qui est en cause, en
effet, c’est le droit de se prévaloir de la créance de somme d'argent du tireur
sur le tiré, qui s'est incorporée dans le titre sous la forme du mandat de payer
une somme déterminée. La propriété de la provision se limite au droit d'obtenir
le paiement de la somme d'argent indiquée sur le titre comme valant provision.
En définitive, il s'agit du droit de se prévaloir du titre pour obtenir le paiement
de la somme d'argent encore appelée provision.
Le débat est alors simplifié. Il consiste à savoir quelle est l'étendue du droit du
porteur du titre sur la somme d'argent, mention obligatoire incluse dans le
mandat pur et simple de payer une somme déterminée. On en revient à
l'étendue de l'action du porteur contre le tiré. On reprend alors le débat basé
sur la distinction entre les droits du porteur en cas d'acceptation donnée par le
tiré (1) et les droits du porteur en cas de refus d'acceptation du tiré (2).
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a--Avant l'échéance du titre
Le tiré n'ayant pas accepté, la créance du tireur reprend tout son caractère
éventuel.
Le tiré se retrouve avec deux créanciers: le tireur sur la base du rapport
fondamental et le porteur en sa qualité de détenteur de la lettre de change, à
qui les droits sur la provision ont été transmis.
Le tireur, comme le porteur, a le droit de demander au tiré le paiement de sa
dette.
De même, les créanciers du tireur, autres que le porteur, ont le droit de
s'adresser au tiré pour saisir dans ses mains la créance de leur débiteur.
Enfin, le tiré peut se libérer par avance de sa dette envers le tireur en
invoquant la compensation de leurs dettes et créances réciproques.
Le porteur se trouve alors dans une situation précaire de concurrence sur la
provision avec le tireur, les autres créanciers du tireur et le tiré. La
jurisprudence règle cette situation en posant deux principes:
- Premier principe : Le tiré peut opposer au porteur la compensation de la
créance qu'il possède lui-même contre le tireur avec la créance du tireur
contre lui. Le tireur et ses autres créanciers ont le droit de réclamer le
paiement dans les mains du tiré.
On en déduit que la jurisprudence admet la disparition de la provision au
détriment du porteur avant l'échéance. Le porteur a l'obligation d'attendre
l'échéance avant d'exercer son droit au paiement. Le refus d'acceptation
n'entraîne pas la déchéance du terme de la lettre de change.
- Deuxième principe : Il appartient au porteur de se montrer diligent pour
empêcher la disparition de la provision à son détriment.
Pour cela, il faut que le porteur adresse au tiré une défense de payer. On dit
que le porteur bloque la provision dans les mains du tiré, en attendant
l'échéance du titre.
Sur ce point, la jurisprudence se montre libérale. D'une part, elle n'est pas
exigeante sur les formalités à remplir par le porteur pour se montrer diligent. Il
n'est pas nécessaire de pratiquer une véritable saisie dans les mains du tiré.
Peu importe la forme de la défense de payer, une simple lettre suffit. D'autre
part, le porteur n'est pas obligé de prouver l'existence de la provision avant de
faire blocage. Le blocage est possible dès lors que la provision existe dans
son principe.
29
PARAGRAPHE II: L'ACCEPTATION,GARANTIE DE PAIEMENT DE LA
LETTRE DE CHANGE
A- La présentation à l'acceptation
La loi fixe un principe (1) assorti d'exceptions (2).
1—Le Principe
Le principe est le caractère facultatif de la présentation à l'acceptation. Le
porteur n'est pas obligé de présenter le titre à l'acceptation du tiré. A l'inverse,
cette présentation est un droit reconnu au porteur. De cette contradiction, la loi
tire la conséquence que toute personne qui y a intérêt, a le droit de présenter le
titre à l'acceptation du tiré, au lieu de son domicile.
Ce n'est donc pas le porteur seul, qui a le droit de se prévaloir de la
présentation de la lettre de change en vue de l'acceptation du tiré. Cela
s'explique parce que le paiement de la lettre de change implique tous les
signataires du titre. Un précédent signataire et même une personne extérieure
au titre peuvent, en raison de leurs liens avec le tiré, présenter eux-mêmes le
titre à l'acceptation. La seule exigence de la loi à ce sujet est que la
présentation à l'acceptation intervienne avant l'échéance du titre.
2--Les exceptions
La présentation étant facultative, le tireur peut obliger le porteur à se présenter
à l’acceptation (a). A l'inverse, tout signataire du titre peut interdire la
présentation à l'acceptation (b).
30
b- L'interdiction de présentation à l’acceptation
Le tireur comme l'endosseur peuvent insérer sur le titre une clause « non-
acceptable ».
Cela veut dire que le tireur et l'endosseur se portent garants du tiré pour le
paiement à l'échéance. C'est une manière pour eux d'exiger du porteur sa
confiance en leurs personnes et en leur qualité de garants de ce paiement.
C'est l'hypothèse des lettres de change créées ou transmises sans provision ou
sans valeur fournie.
31
C Les conditions d'existence de l'acceptation
L'acceptation se matérialise par une signature sur le titre. S'agissant d'une
mention portée sur une lettre de change, elle doit satisfaire à des conditions de
forme (a) et de fond (b).
32
En conséquence, l'acceptation par acte séparé n'a pas de valeur cambiaire.
Elle équivaut à une reconnaissance de dette ou à une promesse de paiement,
donnée par le tiré au profit du seul détenteur de l'acte séparé, bénéficiaire de la
lettre de change. Si ce bénéficiaire transmet le titre à un nouveau porteur, celui-
ci ne pourra pas se prévaloir de l'acceptation par acte séparé.
33
b- Deuxième hypothèse: Lorsque le tiré n'appose pas sa signature sur le
titre, on dit qu'il refuse son acceptation. Le droit cambiaire ne peut plus être
invoqué contre le tiré.
Mais le tiré non-accepteur reste tout de même débiteur direct du porteur au
titre de la provision. L'action de provision du porteur prend sa source dans la
lettre de change, même si elle n'est pas une action cambiaire. La
conséquence est que l'action de provision est plus forte qu'une action basée
sur la cession de créance, la délégation de créance, la subrogation, ou la
novation par changement de créancier. Cela veut dire que l'action de provision
est un droit propre du porteur de la lettre de change.
34
a--Les conditions de fond relatives au donneur d'aval
L'aval se traduit par une signature sur la lettre de change. C'est donc un acte
de commerce par la forme. Le donneur d'aval doit avoir la capacité et le
pouvoir de passer des actes de commerce.
Le donneur d'aval peut-être un tiers à la lettre de change ou même un
précédent signataire du titre. Toutefois le signataire précédent ne peut se
constituer donneur d'aval que si cet acte améliore effectivement la situation du
porteur.
L'aval de complaisance est interdit. Enfin, la loi admet que l’aval-peut être
donné par intervention.
35
Cette solution a posé un problème bien précis dans l’hypothèse où le tireur
d’une lettre de change est porteur alors que le donneur d’aval n’a pas indiqué
le nom du débiteur garanti. En sa qualité de tireur-porteur, le bénéficiaire de
l’aval n’a pas d’action contre le donneur d’aval. C’est l’application du principe
selon lequel un débiteur cautionné ne peut pas agir contre sa propre caution.
Le tireur-porteur a donc pensé prouver qu’en réalité le donneur d’aval s’est
engagé pour garantir l’accepteur.
La loi l’autorise-t-elle à rapporter une telle preuve ? Le principe est posé par
l’article 169 alinéa 6 du Règlement 15 selon lequel « l’aval doit indiquer pour le
compte de qui il est donné. A défaut de cette indication, il est réputé être
donné pour le tireur. » Le principe ainsi posé, constitue-t-il une présomption
qui ne supporte pas la preuve contraire?
La jurisprudence a évolué dans la réponse à cette interrogation.
Elle a d’abord considéré que la règle de l’article 169 alinéa 6 R 15 était une
règle de preuve édictant une présomption irréfragable. En conséquence, le
tireur ne pouvait jamais rapporter la preuve contraire, alors que la réalité
montrait que le donneur d’aval s’était engagé pour garantir le tiré accepteur.
Face à la sévérité de cette solution, la jurisprudence est revenue sur sa
position et a décidé qu’il s’agissait d’une présomption simple. Le tireur-porteur
peut faire la preuve que le donneur d’aval, bien qu’ayant omis de désigner le
bénéficiaire garanti, n’avait pu vraisemblablement que garantir le tiré
accepteur. Cette solution a le mérite de reposer sur l’équité mais elle a
l’inconvénient de réduire l’aval à un cautionnement de droit commun.
Les Chambres Réunies de la Cour de Cassation française ont du intervenir
pour fixer définitivement la position de la jurisprudence entre ces deux
solutions diamétralement opposées.
Les Chambres Réunies ont décidé que la règle de l’article 169 alinéa 6 R 15
n’est pas une règle de preuve ouvrant à discussion sur le caractère simple ou
irréfragable d’une présomption. Elles estiment qu’il s’agit tout simplement
d’une règle de fond de droit cambiaire qui a pour but d’écarter toute incertitude
sur la portée des engagements du donneur d’aval. Il s’agit donc d’une règle de
suppléance de la même nature que celle instituée pour les mentions
obligatoires, dont le seul but est d’éviter la nullité de l’engagement du donneur
d’aval. Le nom du tireur supplée l’absence du nom du bénéficiaire garanti.
Cette solution a un double mérite :
- D’une part, elle replace le débat dans son véritable contexte qui est celui des
conséquences à tirer de l’absence d’une mention obligatoire.
- D’autre part, elle a la logique de placer le tireur comme bénéficiaire garanti
puisqu’en sa qualité de créateur du titre, il en est le premier et le dernier
débiteur. En cas de non paiement du titre, on remonte la chaine des
signataires jusqu’au tireur. Il est donc normal que le tireur soit désigné comme
le signataire protégé par l’existence de l’aval, lorsque celui-ci ne l’a pas
désigné.
Mais cette solution légale et logique a l’inconvénient pratique de priver le
tireur-porteur de tout recours cambiaire contre le donneur d’aval qui a omis
d’indiquer le nom du débiteur garanti. On se retrouve dans la situation de la
présomption irréfragable, même si c’est pour d’autres motifs juridiques.
La jurisprudence est donc intervenue pour tempérer sa propre solution :
Premièrement, elle décide que la règle de l’article 169 alinéa 6 R 15 ne
s’applique pas lorsque l’aval a été donné par acte séparé. Elle ne s’applique
36
pas non plus lorsque l’aval a été donné sur le titre et réitéré dans un acte
séparé. Elle ne s’applique que lorsque l’aval est donné exclusivement sur le
titre.
Deuxièmement, la règle n’empêche pas le tireur-porteur de prouver sur le
terrain du droit commun l’existence d’un contrat de cautionnement entre le
donneur d’aval et le tiré accepteur. La jurisprudence se base sur le principe
selon lequel, les signatures sur le titre n’emportent pas novation des rapports
préexistants. Le tireur peut donc prouver le contenu des rapports qui ont
donné naissance au titre et donc à la signature de l’aval.
Toutefois, en vertu de l’autonomie du droit cambiaire par rapport au droit
fondamental, le tireur n’a pas le droit de se servir de la lettre de change comme
preuve ou comme commencement de preuve par écrit, de l’existence d’un
contrat de cautionnement entre le soi-disant donneur d’aval et le tiré accepteur.
Ayant renoncé à se prévaloir de la qualité de bénéficiaire du donneur d’aval, le
tireur doit prouver exclusivement sur le terrain du droit commun l’existence
d’une garantie de droit commun.
L’aval est un cautionnement de droit cambiaire qui met en présence trois sortes de
relations: la relation entre le donneur d’aval et le tiers porteur de la lettre de change
(1), la relation entre le donneur d’aval et le débiteur signataire garanti (2), et la
relation entre le donneur d’aval et les autres signataires du titre (3).
37
- Enfin le donneur d’aval est un obligé cambiaire en raison de sa seule
signature sur le titre. Cela veut dire que son engagement reste valable, quand
bien même l’engagement du débiteur garanti serait nul pour toute autre cause
qu’un vice de forme de la lettre de change. C’est l’application au donneur
d’aval du principe de l’indépendance des signatures, au sens de l’article 153
du Règlement 15.
Toutefois, le donneur d’aval est admis à invoquer la mauvaise foi du tiers
porteur qui se serait rendu complice du vice affectant la signature du débiteur
garanti au détriment du donneur d’aval.
C’est le droit cambiaire qui s’applique. Il s’agit des règles applicables entre tous les
signataires d’une lettre de change.
Lorsque le donneur d’aval a payé, il bénéficie de la subrogation légale dans les droits
du tiers porteur contre tous les signataires. Mais le donneur d’aval bénéficie aussi de
la subrogation légale dans les droits du débiteur garanti contre les autres signataires.
Le donneur d’aval dispose donc de deux sortes de droit cambiaire : les droits du tiers
porteur et les droits du débiteur garanti, d’où les deux conséquences suivantes :
- Les signataires peuvent opposer au donneur d’aval les exceptions tirées de
leur rapport réciproque personnel dans la mesure où ils auraient pu les opposer au
tiers porteur. Cela veut dire que dans ses relations avec les autres débiteurs, le
donneur d’aval qui a payé, n’a pas plus de droits que le tiers porteur ;
- Le donneur d’aval qui a payé ne peut exercer son recours cambiaire que
contre les signataires antérieurs au débiteur garanti.
38
Par exemple : - s’il a payé à la place du tireur, il n’y aura d’action que contre le tiré
accepteur ;- s’il a payé à la place d’un endosseur, son action ne peut être dirigée que
contre les endosseurs précédents. La règle du respect de la chaine des
endossements s’impose au donneur d’aval.
Pour que le paiement se réalise (Par II), il faut d’abord que le titre soit régulièrement
présenté au paiement (Par I).Le Règlement 15 organise donc ces deux étapes.
C'est l'échéance de la lettre de change. L'échéance est une mention obligatoire qui
figure sur le titre. Le droit cambiaire ne tient pas compte du principe de droit commun
selon lequel le créancier est libre de se présenter ou de ne pas se présenter au
paiement.
La survenance du fait générateur de l'obligation de paiement ne concerne pas
seulement le porteur du titre, créancier cambiaire. Cet évènement concerne tous les
signataires du titre parce qu'ils sont eux aussi tenus au paiement. Il est donc de leur
intérêt de savoir si le créancier a bien exigé et obtenu de leur codébiteur le paiement
en question. Leur libération étant liée à la réaction du débiteur poursuivi, ils ont le
droit de savoir si cet évènement (le paiement) a eu lieu dans les conditions prévues.
C'est pourquoi le droit cambiaire fait de la présentation du titre au paiement, à
l'échéance marquée sur le titre, une obligation fondamentale du porteur. Toutefois,
ce principe du respect de l'échéance fixée connait des assouplissements :
Cette clause est une mention facultative qui permet au tiré de payer le titre avant
l'échéance fixée, après avoir déduit les intérêts restants à courir sur le montant du
titre. Le tiré peut donc se libérer de manière anticipée sans être obligé d'attendre le
fait générateur de l'obligation de présentation au paiement.
Lorsque le tiré refuse d'accepter le titre qui lui est présenté, son comportement
entraine la déchéance du terme de la lettre de change au profit du porteur. Mais la
portée de cette déchéance du terme doit être précisée. Elle ne concerne que tous les
signataires avant l'échéance.
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Le tiré n'ayant pas signé, faute d'acceptation, n'est pas considéré comme un débiteur
cambiaire. La règle de la déchéance du terme ne le concerne pas. Le porteur doit
toujours attendre l'échéance avant de se présenter au paiement auprès du tiré non
accepteur.
Le porteur a le droit de présenter le titre au paiement à tous les signataires sans
attendre l’échéance. On dit qu’il exerce des recours anticipés.
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Est porteur légitime celui qui justifie de son droit par une chaine ininterrompue et
régulière d'endossements. Cette définition a été donnée pour résoudre le conflit entre
le détenteur du titre et le porteur du titre.
Ce conflit vient de ce que toute personne qui y a intérêt, peut exiger la présentation
du titre au paiement. Elle peut donc prendre le titre dans les mains du porteur et le
présenter au paiement du tiré. Dans ces conditions, par porteur du titre, il faut
entendre tout détenteur du document. Mais la détention du titre ne signifie pas la
qualité de porteur légitime, c'est à dire de bénéficiaire du droit de présentation au
paiement. Lorsque le détenteur se présente au paiement, il le fait pour le nom et pour
le compte du porteur légitime. Il doit donc se dessaisir des sommes figurant sur le
titre, dans les mains du porteur légitime après l'avoir présenté au paiement.
Le titre doit être présenté dans les mains du tiré. C'est à dire que le tiré a le droit
d'exiger que le titre soit présenté au paiement, au lieu exact indiqué comme étant
celui du paiement. A défaut d'indication d'un lieu spécial, c'est le domicile du tiré qui
sert de lieu de présentation au paiement.
Lorsque le titre est ainsi présenté au paiement, le tiré a l'obligation de vérifier la
régularité formelle du titre. Cela veut dire qu’il doit vérifier que la chaine des
endossements n'a pas été interrompue, mais cela ne veut pas dire qu'il a l'obligation
de vérifier l'authenticité des signatures à l'origine de cette chaine des endossements.
Cela s'explique par le principe de l'indépendance des signatures.
Le tiré est présumé avoir exécuté son obligation de vérification, dès lors qu'il n'y a
aucune interruption apparente sur le titre. Il appartient à la personne qui s'en prévaut,
de prouver que le tiré a commis une fraude ou une faute lourde dans l'exécution de
son obligation de vérification.
La fraude est considérée comme une connivence active et consciente en faveur du
détenteur du titre, au détriment du porteur légitime, tandis que la faute lourde est une
négligence grave et coupable commise par le tiré lors de l'exécution de son
obligation de vérification. On cite le cas du banquier qui, en tant que professionnel,
aurait pu ou aurait du s'apercevoir de l'interruption de la chaine des endossements.
41
La loi prévoit une hypothèse ou un tiers exécute le paiement : c'est le « paiement par
intervention ». L'intervenant est une personne non mandataire du tiré, qui exécute le
paiement parce qu'elle a intérêt à ce paiement. La loi exige alors que l'intervenant
désigne la personne qui sera libérée par ce mode de paiement. Le tiré lui-même,
sauf lorsqu'il est accepteur, peut payer en tant qu'intervenant. Le but de l'intervention
est d'éviter que la carence d'un des signataires, nuise au crédit de l'ensemble des
signataires du titre. A défaut d'indication, le signataire libéré par l'intervention est
présumé être le tireur.
En principe, c'est la totalité de la somme indiquée dans le mandat de payer qui doit
être versée au porteur. On dit que le paiement doit être intégral ou total.
Le paiement partiel équivaut à un défaut de paiement, mais le paiement partiel n'est
pas nul. La loi prévoit que le tiré peut imposer au porteur un paiement partiel. Le
porteur peut donc être obligé à recevoir un paiement partiel. Il a le droit de se
retourner contre les autres signataires, pour le montant impayé, après avoir fait
dresser protêt faute de paiement, dans la mesure du montant non payé.
Cette solution s'explique aussi parce que le porteur a un droit sur la provision, même
partielle. Il a donc intérêt à un tel paiement.
Le paiement produit deux effets essentiels: la libération du tiré (1) et la fin de la lettre
de change (2).
En principe, dès que le tiré s'est exécuté selon les mentions figurant sur le titre, il est
personnellement libéré de l'obligation de payer. Mais ce principe est soumis à une
condition : le paiement doit être intervenu sans fraude et sans faute de la part du tiré.
Il appartient donc au tiré de rapporter la preuve de la validité du paiement qu'il a
effectué, en produisant la lettre de change avec l'acquis du porteur mentionné sur le
titre. A défaut, le tiré s'oblige à payer une seconde fois, c’est-à-dire que seule la
détention du titre acquitté vaut libération du tiré.
La preuve de cette libération pose problème dans certaines circonstances :
42
a- Première circonstance:
La lettre acquittée est restée dans les mains du porteur et le tiré détient un document
prouvant l'exécution du paiement. Il y a conflit entre la détention de la lettre de
change et la détention d'une preuve de paiement par le tiré. La solution est que la
détention d'un autre document que le titre prouvant le paiement n'est pas suffisante.
La possession du titre par le porteur, bien que revêtue de l'acquis, fait présumer
l'absence de paiement, mais cette présomption n'est pas irréfragable. Le tiré est
autorisé à utiliser des documents supplémentaires comme moyen de preuve du bon
paiement qu'il a effectué.
b- Deuxième circonstance:
La lettre de change payée a été remise au tiré sans la mention de l'acquis. La
présomption s'inverse. Le tiré est censé avoir effectué un paiement libératoire. La
seule détention du titre, même non acquitté, par le tiré, fait présumer la validité du
paiement. Il appartient alors au porteur désigné, de prouver par tout moyen que la
remise volontaire du titre au tiré résulte d'une fraude ou d'une faute lourde commise
par le tiré à son détriment.
La jurisprudence exige des manoeuvres dolosives attribuées au tiré.
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Le problème devient donc de savoir quels sont les recours dont dispose le porteur en
cas d'incident de paiement. La loi organise alors les conditions préalables à l'exercice
du recours (Par I) et les conditions d'exercice du recours (Par II).
La loi impose, au porteur qui n'a pas pu recevoir paiement, des formalités à remplir,
avant d'exiger des autres débiteurs le paiement refusé par le signataire poursuivi. Le
porteur impayé doit dresser protêt, d'une part (A) et doit donner avis du défaut de
paiement, d'autre part (B).
A- La formalité du protêt
Il s'agit du protêt faute de paiement qui doit être dressé dans les mêmes conditions
que le protêt faute d'acceptation. Cette formalité est une obligation à exécuter par le
porteur sous peine de sanction de négligence, entrainant la perte de ses recours
contre tous les signataires du titre. La seule exception est le recours contre le tireur à
condition que le porteur prouve qu'il n'a pas fourni provision.
Devant la sévérité de cette sanction, la loi et les parties peuvent intervenir pour
assouplir ce principe.
D'une part, la loi autorise le porteur à invoquer des évènements remplissant les
conditions de la force majeure de droit commun. Il s'agit d'un évènement imprévisible
et irrésistible, persistant pendant 30 jours après l'échéance.
D'autre part, les signataires peuvent insérer sur le titre une clause dispensant le
porteur de son obligation de dresser protêt: c'est la clause dite sans protêt ou clause
de retour sans frais.
Lorsque le protêt est exigé, pour être valable, il doit être dressé dans les deux jours
ouvrables qui suivent la date d'échéance, sauf prorogation légale ou conventionnelle.
Par ailleurs, le protêt doit contenir toutes les mentions inscrites sur la lettre de
change, le motif de refus de paiement, et une sommation de payer adressée à toutes
les personnes visées dans l'acte.
B- La formalité de l'avis
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PARAGRAPHE II: LES CONDITIONS D'EXERCICE DU RECOURS FAUTE DE
PAIEMENT
Pour que ce recours puisse être exercé, il doit suivre une procédure spéciale prévue
par la loi (A) et intervenir dans les délais prévus par la loi (B).
Le porteur qui veut exercer son recours doit suivre une procédure conditionnée par
les mentions qui figurent sur le titre. Le porteur doit obéir strictement aux conditions
fixées par la loi en fonction des mentions figurant sur le titre.
Soit le porteur obéit aux mentions: il s'agit du porteur diligent (1).
Soit le porteur ne respecte pas les mentions: il s'agit du porteur négligent (2).
a) La date du recours
b) L'étendue du recours
Quelle est la somme que le porteur diligent peut réclamer aux signataires dans
l'exercice de son recours contre eux?
On distingue selon que le recours est exercé à l'échéance ou avant l'échéance:
Si le recours est exercé à l'échéance,le porteur a le droit de réclamer au signataire le
montant du titre augmenté de tous les frais liés aux formalités préalables accomplies
et qui font de lui un porteur diligent.
Si le recours est exercé avant l'échéance ou en cas de recours anticipé, le porteur
est obligé de déduire du montant de la lettre de change une somme d’argent appelé
escompte. L'escompte est calculé sur la base du taux officiel pratiqué par la Banque
Centrale, lorsqu'elle prend à l'escompte les titres dont les banquiers primaires sont
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porteurs. Le porteur a le droit d'ajouter les frais liés au respect des formalités
préalables.
Le porteur négligent est celui qui n'a pas accompli les formalités obligatoires
préalables à l'exercice du recours cambiaire. En principe, un tel porteur est frappé de
déchéance, et il perd ses recours contre tous les autres signataires malgré la
solidarité cambiaire. Mais les effets de cette déchéance sont limités :
- d'une part, la déchéance ne concerne que l'action cambiaire. Le porteur n'est
jamais déchu de ses actions contre les autres signataires, sur la base du
rapport fondamental qui l'unit au signataire poursuivi ou sur la base de la
cession de créance, lorsqu'il s'adresse à un autre signataire:ce sont les
recours extra cambiaires.
- -d'autre part, le porteur même négligent conserve ses recours cambiaires
contre le tireur qui n'a pas fourni provision. Si on admettait la déchéance du
porteur à l'égard du tireur qui n'a pas fourni provision, cela équivaudrait à un
enrichissement sans cause de ce dernier. En effet, c'est l'absence de
provision qui a provoqué le défaut de paiement. La négligence du porteur ne
doit pas conduire à une injustice en privant le porteur qui a fourni la valeur du
paiement de cette provision, de tout recours.
- enfin le porteur négligent ne perd pas ses recours contre le tiré accepteur.
Cette solution s'explique parce que le tiré accepteur s'oblige au paiement à
l'échéance. Si le tiré accepteur n'exécute pas son obligation cambiaire, le
porteur doit se retourner contre les autres signataires. Dans le cas ou ces
derniers payent, ils sont investis dans les droits du porteur contre l'accepteur.
Admettre la négligence du porteur serait contraire au principe de la subrogation
légale de celui qui a payé, dans les droits du créancier désintéressé.
Par ailleurs, c'est le défaut de paiement par le tiré qui ouvre l'exercice du recours
cambiaire du porteur contre les autres signataires. Admettre que le porteur est déchu
de toute action contre l'accepteur, reviendrait à le priver du droit de constater le
défaut de paiement par le tiré accepteur en raison de la négligence. La survie de ce
recours s'explique par des raisons d'équité et de justice.
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B- Les délais d'exercice du recours
La loi impose au porteur des délais dans lesquels le recours doit être exercé. Si le
porteur ne les respecte pas, il perd ses recours parce que ceux-ci sont atteints par la
prescription. La loi détermine alors les délais de prescription (1) et les modalités de
mise en œuvre de ces délais (2).
a) La suspension de la prescription
Elle est provoquée par des évènements qui ont pour effet d'arrêter le cours de la
prescription, sans remettre en cause le principe de la présomption de paiement. En
conséquence lorsque l'évènement suspensif disparait, la prescription de droit
cambiaire reprend son cours normal.
b) L'interruption de la prescription
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La loi décide que la prescription cambiaire ne s'applique pas s'il y a eu condamnation
ou reconnaissance de dette par acte séparé. Dans ces deux cas, la nouvelle
prescription qui court est une prescription de droit commun.
Cette solution ne pose aucun problème pour la condamnation en justice.
La jurisprudence a dû intervenir pour régler le cas de la reconnaissance de dette par
acte séparé, entrainant interruption de la prescription. Cet acte séparé aura pour
conséquence de faire courir un délai de droit commun à condition qu'il intervertisse
ou qu’il soit novatoire de la prescription. La jurisprudence qualifie ainsi l'acte séparé
qui fait apparaitre sans équivoque la volonté du débiteur cambiaire, de substituer une
nouvelle dette, à la dette de droit cambiaire. C'est comme si la dette cambiaire
servait de rapport fondamental à une nouvelle dette de droit commun, indépendante
et autonome à la fois de la dette cambiaire elle-même et du précédent rapport de
droit commun, qui avait donné naissance à la lettre de change.
Il faut donc que l'acte séparé soit totalement autonome et différent des conventions
initiales qui ont présidé à la création de la lettre de change. La preuve de l'acte
séparé ne peut pas se faire à l'aide de la lettre de change.
Enfin, en cas d'aveu ou de serment déféré, la présomption de paiement disparait, la
prescription cambiaire également.
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