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Ce cours n’est pas un document officiel remis par le professeur, mais une simple prise de notes.

Auteur matériel : AKE TCHIMOU YANNICK KEVIN

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COURS DE DROIT DES INSTRUMENTS DE PAIEMENT ET DE CREDIT
A avoir : règlement n°15/ 2002 cm/ UEMOA du 19 09 2015 relatif au système de paiement
dans les Etats membres de l’UEMOA.

Loi n°97-518 du 4 sept 1997 relative aux instruments de paiement (arts 83 à 90, 106 à 108).

Thèmes de recherche : Les instruments de paiement et les procédures collectives : le


paiement électronique et le chèque : la problématique de la sécurisation des systèmes de
paiement dans l’espace UEMOA/... La promotion des moyens scripturaux de paiement.

Le règlement n°15 n’a donné aucune définition des instruments de paiement. Il est donc
revenu à la doctrine de présenter les instruments de paiement comme des procédés
permettant de fabriquer les obligations de payer des sommes d’argent sans manipulation
d’espèce. EN ci, le DIP est régi par le règlement n°15 du 19 sept 2002 précité. Ce règlement
est divisé en 4 parties. La 1ere présente les dispositions générales qui traitent de la définition
de certains termes, de la détermination des participants, de la promotion des IP etc. La 2ème
est relative à la preuve électronique. La 3e qui nous intéresse est celle qui présente les
instruments de paiement, qui sont au nombre de 3 : ce sont

- Le chèque

- La carte bancaire et les autres instruments et procédés de paiement électronique

- La lettre de change et billet à ordre

La 4è partie présente les dispositions finales qui sont relatives à la sensibilisation et à


l’information du public par les autorités monétaires, les banques et les établissements
financiers. Il ne fait pas de doute que le règlement n° 15 abroge les dispositions nationales.
Toutefois, le règlement maintiens, en ci concerne la répression des infractions la loi n°97-518
du 4 sept 1997 relative aux instruments de paiement, notamment en ses articles 83 à 90,
106 à 108.

TITRE I : LA LETTRE DE CHANGE ET LE BILLET A ORDRE

Ces deux instruments de paiement sont régis par les articles 149 à 248. Le règlement n° 15
n’a donné aucune définition de ces instruments de paiement. Il faut se référer donc à la
doctrine. Dès lors, la lettre de change se définie comme un titre par lequel une personne
appelée tireur donne l’ordre a une autre appelée tire de payer à une date déterminée une
somme d’argent a un tiers bénéficiaire. Le billet à ordre se présente comme un titre par
lequel le souscripteur s’engage à payer à une date déterminée une somme d’argent au
bénéficiaire. Ces titres peuvent être utilisés dans des rapports privés, mais d’une manière
générale, ils sont utilisés dans le cadre des activités bancaires. Dans leur régime juridique la
lettre de change et le billet à ordre sont soumis aux mêmes dispositions mais il existe des
spécificités dans la création et le paiement.

CHAITRE I : LA LETTRE DE CHANGE (LC )

Le régime juridique de la peut être présenté en 3 étapes que sont : la création, la


circulation, le paiement.

SECTION I : LA CREATION DE LA LETTRE DE CHANGE

La LC est créée par le tireur parce qu’il est à la fois créancier du tiré et débiteur du
bénéficiaire. Mais la cause de la création du titre n’influe pas sa validité dans la mesure où la
validité obéit à des règles spécifiques. Elle est fonction des conditions relatives au titre et des
conditions relatives aux parties impliquées dans la création du titre

PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS SE RAPPORTANT AU TITRE

Relativement au titre, le mécanisme est décrit par l’article 149 du règlement, mais
contrairement au chèque, il n’y a pas de règlementation relative à la délivrance des lettres
de change, il n’y a pas non plus de normalisation des lettres de change. On peut
légitimement penser que la lettre de change peut être rédigée sur une feuille de papier dès
lors que les mentions exigées sont respectées. Mais en pratique, il existe des formules
préimprimées. La création de ces formules préimprimées relève des initiatives personnelles
des entreprises ou des commerçants ayant l’habitude d’utiliser les lettres de change. Que la
lettre de change soit rédigée sur une feuille de papier ou sur une formule préimprimée, elle
doit respecter certaines mentions obligatoires pour les unes et facultatives pour les autres

A/ LES MENTIONS OBLIGATOIRES

Lorsque les mentions obligatoires n’ont pas été respectées, des sanctions peuvent être
prises. Il convient de les déterminer.

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1 / LA DETERMINATION DES MENTIONS OBLIGATOIRES
C’est l’art 149 du règlement qui présente les mentions obligatoires, qui sont huit (8). Il s’agit
de :

- La dénomination de lettre de change insérée dans le texte même du titre et


exprimée dans la langue employée pour la rédaction du titre.

- Le mandat pur et simple de payer une somme déterminée, ce qui signifie que la
lettre de change n’est subordonnée ni à des conditions suspensives ni à des
conditions résolutoires. Mais la somme déterminée doit figurer en chiffres et en
lettres. En cas de différence, la priorité est accordée à la somme exprimée en lettres.

- Le nom de celui qui doit payer c’est-à-dire le tiré. Ce tiré peut être un établissement
financier, une banque ou toute autre personne physique ou morale. Il n’est pas exigé
la signature du tiré mais son nom. Cela suppose que sa signature ne suffit pas à
satisfaire à cette mention. Le tireur peut être aussi le tireur lui-même. Dans ce cas on
parle de lettre de change tirée sur soit même. En pratique, cette hypothèse est
rencontrée dans une entreprise ayan plusieurs établissements.

- L’indication de l’échéance c’est-à-dire la date à laquelle le bénéficiaire va réclamer le


paiement au tiré. L’échéance peut être fixée selon plusieurs modalités. Exemple : la
lettre de change peut être stipulée payable à vue, elle peut être aussi stipulée
payable à un certain délai de vue. Dans ces deux cas il peut être stipulé par le tireur
que la somme sera productive d’intérêts. Dans toute autre lettre de channe, cette
stipulation est réputée non écrite mais le taux des intérêts doit être indiqué dans la
lettre de change. A défaut, la clause est réputée non écrite. S’il existe des intérêts, ils
courent à partir de la date de création de la lettre de change si une autre date n’est
pas indiquée. La lettre peut être stipulée payable à un certain délai de date. La lettre
peut aussi être stipulée payable à jour fixe. Il importe de rappeler que l’échéance est
une mention obligatoire dans la lettre de change. Elle joue la fonction de crédit qui
est assignée à ce titre. A la différence du chèque, qui est un instrument de paiement,
la lettre de change est à la fois instrument de paiement et instrument de crédit.

- L’indication du lieu où le paiement doit s’effectuer. Ce lieu est en général le domicile


du tiré, mais il peut aussi être un lieu autre que ce domicile. Dans la pratique, le tiré
indique son banquier.

- Le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait. Il s’agit du
bénéficiaire. Ce bénéficiaire peut être un tiers ou un quelconque signataire du titre
ou même le tireur à l’exception du tiré.

- L’indication de la date et du lieu où la lettre est créée. La date permet de vérifier,


outre la capacité et le pouvoir du tireur, mais également de calculer les délais de
présentation ou de paiement de la lettre de change. Le lieu de création a pour rôle de
déterminer la loi applicable lorsque la lettre de change présente des éléments
d’extranéité ou alors la juridiction compétente.
- La signature de celui qui émet la lettre de change c’est-à-dire le tireur. Cette
signature est apposée soit à la main, soit par tout procédé non manuscrit.

2 / LES SANCTIONS EN CAS DE NON RESPECT DES MENTIONS OBLIGATOIRES

Ces sanctions varient selon qu’il s’agisse de l’omission, de l’altération ou même de


l’inexactitude.

a/ OMISSION DES MENTIONS OBLIGATOIRES

Selon l’art 149, al 2, le titre dans lequel une des énonciations sus indiquées fait défaut ne
vaut pas comme lettre de change sauf dans les cas déterminés par les alinéas suivants. Cela
veut dire que dès lors qu’une mention obligatoire ne figure pas sur une lettre de change,
ladite lettre de change est nulle comme lettre de change. Mais même si du point de vue du
droit cambiaire il n’a pas la valeur de lettre de change, il peut servir en droit commun
comme moyen de preuve, comme un engagement civil ou commerciale. Cette sévérité de la
loi a été tempérée par 3 règles de suppléance :

- Lorsque dans la lettre de change l’échéance n’est pas indiquée, la lettre est
considérée payable à vue.

- Lorsque le lieu de paiement n’a pas été indiqué, le lieu désigné à côté du nom du tiré
est réputé être le lieu du paiement et en même temps le lieu du domicile du tiré.

- Lorsque le lieu de création n’a pas été indiqué, la lettre de change est considérée
comme souscrite dans le lieu désigné à côté du nom du tireur.

Mais au-delà de ces règles de suppléance, la lettre de change peut être régularisée, ce qui
suppose que la mention incomplète a été effectivement régularisée suite à un accord
préalable des intéressés. Lorsque ces conditions sont réunies, la lettre de change produit les
mêmes effets qu’une lettre de change qui n’a pas fait l’objet d’omission.

b/ L’INEXACTITUDE DES MENTIONS OBLIGATOIRES

C’est lorsque la lettre contient la mention ou toutes les mentions, mais l’une d’elles ne
traduit pas la réalité. Cela veut dire que l’inexactitude est différente de l’omission. Dans
l’omission, la mention n’existe pas, c’est un vice apparent. Dans l’inexactitude, la mention
existe mais elle n’est pas correcte, elle simule un vice caché. Exemple : La fausse signature
ou le faux nom : dans ce cas, on se demande si la lettre de change ou si ce titre a la valeur

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d’une lettre de change. En vérité, l’inexactitude d’une mention obligatoire n’entraîne pas la
nullité de la lettre de change. Il faut donc savoir quel est le sort des parties impliquées dans
la création du titre. On estime que les parties impliquées dans la situation de simulation,
notamment celles qui se sont entendues pour frauder restent soumises à la situation réelle.
En revanche, les tiers qui ignorent la simulation ont le choix entre la situation apparente et la
situation réelle, dans l’hypothèse où elles ont l’information. Cette solution peut être
complétée par les dispositions de l’article 153 selon lesquelles les signatures fausses ou les
signatures des personnes imaginaires sont nulles, mais les obligations des autres signataires
n’en sont pas moins valables. Il en résulte le principe de l’indépendance des signatures. En
somme, la validité de la lettre de change de droit cambiaire se distingue de la validité des
obligations qui tirent leurs origines dans la lettre de change.

c/ L’ALTERATION DES MENTIONS OBLIGATOIRES

Il y a altération lorsqu’une modification matérielle a été apportée à une mention de lettre de


change régulièrement remise, mais la modification est intervenue sans accord des parties ;
c’est-à-dire que c’est une modification unilatérale interdite. En général, cette modification
porte sur le montant ou sur l’échéance. Selon l’article 222 du règlement, en cas d’altération
du texte d’une lettre de change, les signataires postérieurs à cette altération sont tenus dans
les termes du texte altéré. Les signataires antérieurs le sont dans les termes du texte
originel. En tout état de cause, lorsqu’un signataire se rend complice de l’altération, il est
tenu de la même manière que ceux qui le sont dans les termes texte altéré.

B/ LES MENTIONS FACULTATIVES (18/11/2015)

Ces mentions facultatives sont diverses, mais susceptibles à raison de leur éparpiement
d’être regroupées en 5 catégories :

- Des clauses relatives au paiement par le tiré : ici on peut citer la clause de
domiciliation c’est-à-dire une clause qui permet au tireur de désigner son banquier
comme la personne obligée de payer le titre. A cette clause, on peut ajouter la clause
de retour sans frais ou clause sans protêt. La clause contre acceptation : Cette clause
oblige le porteur de la lettre de change à la présenter à l’acceptation. En règle
générale, elle est exigée lorsque le tireur n’a pas encore fourni la provision. Les
clauses contre document ou clause suivant avis.

- Les clauses établissant un lien entre l’obligation cambiaire et le souscripteur. On


retrouve ici les clauses indiquant la valeur fournie ou d’autres indiquant la provision.
La valeur fournie consiste à matérialiser la cause qui a servi de fondement à
l’émission de la lettre de change. Cette cause permet de renseigner les porteurs
successifs sur la cause de la création du titre et établie par la même occasion la
volonté du tireur de s’engager sur le chemin cambiaire.
- Les clauses élargissant le cercle des débiteurs : elles concernent les clauses d’aval,
les clauses de recommandation ou même d’intervention.

- Les clauses relatives à la circulation de lettre de change : elles sont relatives à la


défense d’un nouvel endossement. Dans ce cas, l’endosseur peut interdire à son
endossataire un nouvel endossement. C’est une clause de non à ordre. En dépit de
l’interdiction, un nouvel endossement est possible, seulement, l’endosseur qui a
inscrit clause n’est pas tenu envers les endosseurs ou les preneurs ultérieurs. Dans le
cas de la circulation de la LC, on peut aussi introduire des clauses de non garantie. A
travers cette clause, le tireur ou un endosseur s’exonère des garanties qui sont mises
à sa charge. Rappelons que le tireur est garant de l’acceptation et du paiement à
l’instar de l’endosseur. Mais alors que l’endosseur peut s’exonérer de la garantie de
l’acceptation et de celle du paiement, le tireur ne peut s’exonérer de la garantie de
l’acceptation.

- Les clauses diverses : Elles peuvent concerner des clauses relatives à la pluralité
d’exemplaire, la stipulation d’intérêt…

PARAGRAPHE II : LES CONDITIONS SE RAPPORTANT AUX PARTIES

Ces conditions sont plus intéressantes à étudier du point de vue du tireur c’est-à dire de celui
qui appose sa signature en première position sur le titre. La question consiste à savoir si le
signataire du titre à le pouvoir de signer la lettre de change. L’intérêt de cette étude réside
dans l’exigence de la validité des obligations et de leur imputabilité.

A/ LA CAPACITE DU SIGNATAIRE DE LA LETTRE DE CHANGE

La LC est un acte de commerce par la forme. Sa signature suppose non seulement


l’accomplissement d’un acte de commerce, mais aussi la manifestation d’une volonté
susceptible de produire des effets juridiques. Dès lors, seuls ceux qui ont la capacité
d’accomplir des actes de commerce ou de supporter des obligations peuvent signer la lettre
de change.

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1 / LA SIGNATURE PAR LE MINEUR D’UNE LETTRE DE CHANGE

Aux termes de l’article 153 du règlement, les lettres de change souscrites par des mineurs
non négociants sont nulles à leur égard sauf les droits respectifs des parties conformément
au droit commun. Il résulte de cette résolution qu’il est interdit au mineur de signer des
lettres de change ou même de se porter garant (avaliser). L’interdiction de signer la lettre de
change s’applique tant au mineur non émancipé qu’au mineur émancipé. Lorsque le mineur,
en dépit de l’interdiction appose sa signature, la lettre de change est nulle d’une nullité
relative, qui peut être opposée par le mineur ou son représentant. Mais même si la signature
du mineur apposée sur le titre est nulle à son égard, la lettre de change n’en demeure pas
moins valable à l’égard des autres car selon l’article 153, alinéa 2, si la lettre de change porte
la signature de personnes incapables de s’obliger, des signatures de personnes imaginaires,
elle est nulle à leur égard, mais les obligations des autres signataires n’en sont pas moins
valables. Il s’en dégage le principe de l’indépendance des signatures. Par ailleurs, la nullité
de la signature du mineur peut entraîner des conséquences sur le terrain du droit commun.
En effet, selon l’article 32 de la loi de 1970 relative à la minorité, le mineur engage sa
responsabilité extra contractuelle dès lors qu’il s’est rendu coupable d’un dol au préjudice du
tireur ou du porteur. Donc si la signature du mineur lui a procuré un enrichissement sans
cause, il doit restituer.

2 / LA SIGNATURE DES MAJEURS INCAPABLES

Il est vrai que le règlement ne prévoit aucune disposition spéciale relative aux majeurs
incapables. Mais l’al 2 de l’art 153 qui dispose que si la lettre de change porte la signature de
personnes incapable de s’obliger, les obligations des autres signataires n’en sont pas moins
valables. On peut en déduire que les majeurs incapables, tels que ceux sous tutelle, ne
peuvent signer une lettre de change. Concernant le majeur sous curatelle, il peut signer la
lettre de change, mais avec l’assistance du curateur.

B/ LE POUVOIR DU SIGNATAIRE

Il arrive que le signataire du titre n’agisse pas pour lui-même mais pour le compte d’autrui.
Le règlement, à ce niveau, distingue 2 modalités de tirage :

- Le tirage par mandataire

- Le tirage pour compte


1 / LE TIRAGE PAR MANDATAIRE

Ici, le mandant donne l’ordre à son mandataire, qui peut être un employé ou un tiers, de
signer une lettre de change en son nom et pour son compte. Dans ce cas, le mandataire va
apposer sa signature en la précédant d’une mention qui précise qu’il agit par procuration.
Dans le cas des entreprises, le mandat peut s’accompagner du cachet de l’entreprise. En
droit cambiaire, le mandataire qui a apposé sa signature n’est pas tenu d’une obligation
cambiaire ; sa signature n’engage que le mandant. Selon l’article 153, dernier alinéa,
quiconque appose sa signature sur une lettre de change comme représentant d’une
personne pour laquelle il n’avait pas le pouvoir d’agir, est obligé lui-même en vertu de la
lettre, et s’il a payé, a les mêmes droits qu’aurait le prétendu représenté. Il en est de même
du représentant qui a dépassé ses pouvoirs. En d’autres termes, en cas d’inexistence de
mandat ou de dépassement, ou même de zèle, le mandataire ou le prétendu mandataire
reste tenu. Le problème est celui de savoir si l’on doit agir contre un tel mandataire, n’y a-t-il
pas de risque de se heurter à son insolvabilité ? Dans la pratique, le risque existe, et pour
permettre une protection du porteur, on lui permet d’utiliser la théorie du mandat apparent
pour agir contre le représenté. On peut aussi adopter une position médiane, notamment en
cas de dépassement de pouvoir. Cette position consiste à tenir le représenté pour
responsable sur le terrain cambiaire dans la limite du mandat qu’il a donné, et le mandataire
pour le surplus. Le tirage par mandataire peut s’observer aussi bien dans le cadre d’une
entreprise sociétaire que dans le cadre d’une entreprise individuelle. Dans les sociétés
dotées de personnalité morale, seuls les organes dirigeants ont le pouvoir d’agir au nom et
pour le compte de la société, sauf en cas de délégation. Mais ce type de tirage n’a pas été
prévu par le règlement n°15. Il faut donc se retourner vers le droit des sociétés.

2 / LE TIRAGE POUR COMPTE

Il ressemble textuellement au tirage par mandataire en ce sens qu’un tiers agit pour le
compte de celui qui a intérêt à la création du titre. Mais il se distingue du tirage par
mandataire en ce sens que, le mandataire précise qu’il n’est le véritable créateur du titre,
alors que le tireur du titre se présente comme le véritable créateur de la lettre de change.
Celui qui donne l’ordre de créer la lettre de change dans le tirage pour compte s’appelle le
donneur d’ordre. La personne qui exécute l’ordre est appelée le tireur pour compte. Pour
mieux apprécier le régime juridique du tirage pour compte, il convient de distinguer les
différents rapports impliqués dans l’opération du tirage pour compte.

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a/ RAPPORT TIREUR POUR COMPTE ET BENEFICIAIRE

Ici, on estime que le tireur pour compte est un tireur ordinaire, par conséquent, il est
personnellement tenu tant à l’égard du porteur qu’à l’égard des endosseurs successifs. Cela
veut dire que le bénéficiaire ou les endosseurs successifs ne disposent d’aucune action
cambiaire contre le donneur d’ordre.

b/ RAPPORT DONNEUR D’ORDRE ET TIRE


Ici, il est fait application des règles de mandat. Ainsi par exemple, si le tiré qui n’a pas reçu
provision a payé, il pourrait se retourner contre le donneur d’ordre.

c/ RAPPORT DONNEUR D’ORDRE TIREUR POUR COMPTE

Dans leur rapport, il sera appliqué les règles du mandat c’est-à dire que le tireur pour
compte répond des fautes commises dans le cadre de sa mission. En pratique, le tireur pour
compte peut se servir de la convention de tirage pour refuser de payer le donneur d’ordre.
Enfin, entre le tireur pour compte et le tiré, il faut préciser que l’obligation du tireur n’existe
qu’envers les endosseurs et le porteur. Cela signifie que le tireur pour compte n’a pas
d’obligation cambiaire envers le tiré.

SECTION II : LA CIRCULATION DE LA LETTRE DE CHANGE

La circulation de la lettre de change n’obéit pas aux formalités prévues par l’article 1690 du
code civil. La transmission de la lettre de change se fait par la technique de l’endossement.
Mais il n’est pas exclu que de façon exceptionnelle, la lettre soit transmise par la voie de la
cession de créance, notamment quand la lettre contient une clause de non à ordre. La
technique de l’endossement connait plusieurs modalités qui peuvent être regroupées en
deux :

- L’endossement translatif

- L’endossement non translatif.


PARAGRAPHE I : L’ENDOSSEMENT TRANSLATIF

C’est un endossement à titre de propriété. Cela signifie que le dernier endosseur va


transmettre la propriété du titre à l’endossataire. Cet endossataire dispose de tous les droits
sur le titre. Mais le règlement n°15 prévoit des conditions et des effets de l’endossement au
regard de son régime juridique.

A/ LES CONDITIONS DE L’ENDOSSEMENT TRANSLATIF

1 / LES CONDITIONS DE FORME


Du point de vue de la forme, le règlement prévoit des règles relatives aux modalités, à
l’emplacement et à la date de l’endossement.

Concernant les modalités, le règlement en prévoit 3 :

- L’endossement peut être fait au profit d’une personne déterminée. Il se traduit par
la mention : « passé à l’ordre de », « transmis à l’ordre de »… Mais la mention doit
être accompagnée de la signature de l’endosseur. L’endossataire indiqué peut être
un simple signataire de la lettre de change ou un tiers ; il pourrait s’agir du tireur ou
du tiré.

- L’endossement peut être fait en blanc. (25/11/15) Lorsque l’endossement est en


blanc, l’endosseur appose sa signature sans indiquer le nom de l’endossataire. Cette
technique facilite la circulation de la lettre de change par une simple tradition. Il
appartiendra au dernier porteur d’inscrire son nom pour demander le paiement.
Même si le dernier porteur a inscrit son nom, il peut toujours faire un endossement.

- L’endossement au porteur : Dans cette modalité, l’endosseur inscrit la formule


d’endossement, mais en lieu et place d’indiquer le nom du bénéficiaire, il inscrit la
mention « porteur ». Cela signifie que tous les détenteurs sont présumés
bénéficiaires. Selon l’article 156 du règlement, l’endossement au porteur est
considéré comme un endossement en blanc. Le même article ne précise pas
l’emplacement de l’endossement, il énonce que l’endossement doit être inscrit sur la
lettre de change ou sur une allonge. Il précise en outre que pour être valable,
l’endossement en blanc doit être inscrit au dos de la lettre de change ou sur une
allonge. Il en résulte qu’à l’exception de ce type d’endossement, rien ne s’oppose à
ce que l’endossement soit fait au recto de la lettre de change. Concernant la date,
elle n’est pas exigée par la loi c’est-à dire que son absence n’entraine pas la nullité du
titre. En revanche, elle est nécessaire parce qu’elle permet non seulement
d’apprécier la capacité et le pouvoir de l’endosseur, mais aussi parce qu’elle
renseigne sur la nature et la transmission du titre. Question : est-il possible qu’un

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endossement soit fait après l’échéance ? Selon l’article 162 du règlement,
l’endossement postérieur à l’échéance produit les mêmes effets qu’un endossement
antérieur. Toutefois, l’endossement postérieur au protêt faute ou fait après
l’expiration du délai fixé pour dresser protêt ne produit que les effets d’une cession
ordinaire. Sauf preuve contraire, l’endossement sans date est censé avoir été fait
avant l’expiration du délai fixé pour dresser le protêt. Il est formellement interdit
d’antidater les ordres, à peine de faux. Un tel endossement est susceptible de
poursuites pénales.

2 / LES CONDITIONS DE FOND

On peut retenir les conditions de fond suivantes :

- Seul l’endossement des lettres de change à ordre est possible.


- L’endosseur doit avoir la capacité ou le pouvoir d’accomplir un acte de commerce.

- L’endossement doit être pur et simple. Cela signifie qu’il n’est subordonné à aucune
condition ni suspensive, ni résolutoire.

- L’endossement doit porter sur la totalité du montant. Cela signifie qu’un


endossement partiel serait nul. Quant à la signature de l’endosseur, elle peut être
apposée soit à la main, soit par tout procédé non manuscrit.

B/ LES EFFETS DE L’ENDOSSEMENT TRANSLATIF

Ils peuvent être analysés à l’égard de l’endosseur et à l’égard de l’endossataire.

1 / LES EFFETS DE L’ENDOSSEMENT A L’EGARD DE L’ENDOSSEUR

L’endosseur, selon l’article 158, est, sauf clause contraire, garant de l’acceptation et du
paiement. Il peut interdire un nouvel endossement. Dans ce cas, il n’est pas tenu à la
garantir envers les personnes auxquelles la lettre de change est ultérieurement endossée. De
l’interprétation de cette disposition, il se dégage l’originalité de la technique de
l’endossement par rapport à la cession de créance, dans laquelle le cédant est garant unique
de l’existence de la créance, mais non de la solvabilité du débiteur. Quant à l’endosseur, il
est à la fois garant de l’existence de la créance et garant de la solvabilité du débiteur dans la
mesure où il doit garantir le paiement. En réalité en apposant sa signature sur la lettre de
change, l’endosseur devient aussi débiteur c’est-à-dire un obligé cambiaire. En cette qualité,
il est tenu non seulement à l’égard de l’endossataire, mais aussi à l’égard des porteurs
ultérieurs de la lettre de change malgré qu’il n’ait aucun contact avec eux. L’obligation de
l’endosseur est également une obligation solidaire. Cette solidarité est élargie à tous les
signataires du titre.

2 / LES EFFETS DE L’ENDOSSELENT A L’EGARD DE L’ENDOSSATAIRE

L’endossement translatif permet à l’endossataire de devenir propriétaire du titre. Il en


résulte un double bénéfice : le bénéfice de tous les droits incorporés au titre et celui de
l’inopposabilité des exceptions (à retenir : art 160 du règlement).

a/ LE BENEFICE DE TOUS LES DROITS RESULTANTS DU TITRE


Selon l’article 157 du règlement l’endossement transmet tous les droits résultant de la
lettre de change. Les droits qui sont transmis sont les droits qui sont incorporés au titre qui
appartenait à l’endosseur.

Il n’est pas inutile de rappeler que ces droits sont transmis immédiatement dès lors que
l’endosseur est porteur du titre.

Les questions peuvent être posées :

A quel moment il y a eu transfert et quel est l’entendue des droits transférés ?

Concernant le moment, on se demande si le transfert a lieu à la date de l’endossement ou à


la date de la remise du titre à l’endossataire.

Selon la doctrine c’est à partir de la remise du titre qu’il y a transfert des droits.

Concernant l’étendu des droits transférés ont considère que l’endossataire acquiert la
propriété de la provision.

Selon l’article 155, la propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs successifs
de la lettre de change et que la provision est définie comme la créance de somme d’argent
du tireur sur le tiré.

La difficulté est que cette provision lorsqu’on n’est pas à l’échéance la provision est
éventuelle c’est à dire elle peut ou ne pas exister, il peut aussi arriver que la lettre de change
ne soit pas acceptée dans ce cas les droits du porteurs sont hypothéqué.

Par ailleurs le porteur peut se Hurter a une action du syndic du tireur de la lettre de change
qui est soumis à une procédure collective d’apurement du passif.

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En outre l’endossataire acquiert tous les droits cambiaire et tous les accessoires résultants
du titre, en plus il acquiert un droit direct contre tous les signataires du titre.

b\ LE BENEFICE DE LA REGLE DE L’INOPPOSABILITE DES EXCEPTIONS

Selon l’article 160 du règlement ; les personnes actionnées en vertu de le lettre de change ne
peuvent pas imposés au porteur les exceptions fondés sur les rapports personnels avec le
tireur ou avec le porteur antérieure à moins que le porteur en accueillant la lettre n’ai agi
sciemment au détriment du débiteur.

Il se dégage de l’interprétation de cette disposition l’établissement de l’inopposabilité des


exceptions au porteur d’une lettre de change.

Aussi convient-il de déterminer le domaine de l’application ainsi que la condition exigée pour
bénéficier de la règle.

Quelles sont les personnes qui sont visée par la règle.

Deux catégories de personnes sont visées par la règle.


La personne qui peut se prévaloir de la règle de l’inopposabilité il s’agit du porteur ou bien
de l’endossataire mais ce dernier ne peut bénéficier de la règle qu’a deux condition :

Il doit être un porteur légitime.

Il doit être un porteur de bonne foi.

Est dit porteur légitime le porteur qui justifie de son droit par une suite ininterrompu
d’endossement même si le dernier endossement est en blanc, cela signifie que le porteur
n’est légitime que si la chaine des endossements est régulière c’est-à-dire que les différents
endossements ont été fait par les personnes habilitées.

Concernant la mauvaise foi du porteur il n’existe pas d’unanimité sur la notion de mauvaise
foi.

Dans tous les cas il faut comprendre par la notion de mauvaise foi, le fait pour le porteur
d’avoir connaissance de l’exception au moment de l’acquisition du titre.

Concernant la deuxième catégorie de personne ; il s’agit de tous signataire de la lettre de


change, en raison du fait que l’article 160 précise les personnes actionnées de la lettre de
change.

Cela signifie que la règle de l’inopposabilité des exceptions met en rapport le porteur de la
lettre de change et un obligé cambiaire.

Il en résulte que cette règle ne jouera pas contre un tiré non accepteur.
Il convient néanmoins d’ajouter que lorsque le porteur est en même temps le tireur et qu’il
agit contre le tiré accepteur, celui-ci peut lui opposer les exceptions.

Il en est de même du porteur qui poursuit son propre endosseur, dans ce cas l’endosseur
poursuivi peut opposer au porteur les exceptions tiré de leur rapports personnels.

Cette solution s’explique par des raisons d’équité, on peut évoquer aussi le fait que l’action
du porteur est sous la dépendance du rapport fondamental qui lui est extérieur et qui sert
de cause au rapport cambiaire.

On estime que dans les hypothèses sus évoquées le rapport cambiaire dont se prévaut le
porteur n’efface pas le rapport fondamental.

Les personnes visées :

Il est nécessaire de faire une distinction entre les exceptions.

Il y a d’abord les exceptions qui relèvent des rapports entre le débiteur poursuivi et le
porteur.

Il y a ensuite des exceptions qui relèvent des rapports entre débiteur poursuivi avec le tireur
ou bien un porteur ultérieur.
Les exceptions relevant du premier type de rapport sont opposables au porteur.

Quant au second type d’exception il est inopposable.

Enfin, les exceptions extra cambiaire c’est-à-dire celles qui ont leur source dans la lettre de
change ne pose aucune difficulté dans la mesure où elles sont toutes inopposables au
porteur.

Exemple : le tiré qui pouvait opposer au tireur une cause de nullité une absence de provision
une compensation une remise dette etc…, ne pourra pas oppose ces exceptions des lors que
le porteur est légitime et de bonne foi et que le tiré à accepter la lettre de change.

Pour les exceptions cambiaires l’application de la règle est fonction de la nature de


l’exception.

Lorsqu’il s’agit d’une exception liée aux mentions obligatoires par exemple elles peuvent être
opposées au porteur.

En effet, le défaut d’une mention obligatoire disqualifie la lettre de change, mais lorsque
l’exception cambiaire est liée à la condition de fond elle est inopposable , parce qu’il pourrait
s’agir d’un vice caché, il en est ainsi de la nullité de l’obligation cambiaire résultant d’un vice
de consentement ou d’une cause illicite.

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NB :

- concernant l’endossement deux effets se dégagent ; l’endosseur est garant du


paiement de l’endossataire.

- C’est l’article 160 du règlement dans ce cas il s’agit de la légitimité du porteur et de


sa bonne foi.

PARAGRAPHE II : L’ENDOSSEMENT NON TRANSLATIF

Ce type d’endossement est relatif à l’endossement de procuration (A) et l’endossement


pignoratif (B).

A\ L’ENDOSSEMENT DE PROCURATION (05/01/2016)

Pour ce type d’endossement des conditions sont nécessaires.

1 / LES CONDITIONS DE L’ENDOSSEMENT DE PROCURATION

Les conditions de l’endossement de procuration sont celles du droit commun relativement


au mandat. En effet, l’endosseur doit avoir la capacité et le pouvoir de signer la LC. Pour que
cet endossement soit valable, l’endosseur doit accompagner sa signature de la mention «
valeur en recouvrement par procuration » ou toute notion équivalente. A défaut de telles
mentions, on présume qu’il y a eu endossement translatif

2 / LES EFFETS DE L’ENDOSSEMENT DE PROCURATION

a/ A L’EGARD DE L’ENDOSSATAIRE

L’endossataire est tenu d’exécuter le mandat conformément aux instructions données par
l’endosseur. Il est tenu à ce titre de recouvrer le montant de la LC, de dresser protêt en cas
de nécessité et de verser les fonds à l’endosseur. Il engage sa responsabilité en cas de
mauvaise exécution du contrat.
b/ A L’EGARD DES TIERS

A l’égard des tiers, l’endossataire peut exercer tous les droits résultant de la lettre de change
mais il ne peut endosser la LC qu’à titre de procuration. A son égard, les obligés cambiaires
ne peuvent invoquer que les exceptions qui seraient opposables à l’endosseur. Notons que
le décès du mandant ou la survenance de son incapacité ne met pas fin à l’endossement de
procuration.

B/ L’ENDOSSEMENT PIGNORATIF

L’endossement pignoratif permet de mettre en gage une lettre de change, ce qui a pour
conséquence de permettre au porteur de se procurer des fonds sans perdre la qualité de
propriétaire du titre. L’endossement pignoratif est soumis à des conditions. Lorsque celles-ci
sont respectées, il produit des effets.

Concernant les conditions, elles sont relatives à la capacité de donner la lettre de change en
garantie. Ce type d’endossement comprend, outre la signature de l’endosseur, les formules
telles que « valeur en garantie », « valeur en gage » ou toute autre mention impliquant un
nantissement. Le titre peut être donné en garantie soit pour une créance civile, soit pour une
créance commerciale. A défaut de formule indiquant un endossement de procuration, on
présume qu’il s’agit d’un endossement translatif.

Concernant les effets de l’endossement pignoratif, rappelons+987 que l’endossataire


acquiert tous les droits résultant du titre, mais il ne peut faire qu’un endossement de
procuration car il n’a pas la capacité de disposer du titre.
SECTION III : LE PAIEMENT DE LA LETTRE DE CHANGE

Trois éléments seront analysés : les garanties du paiement, le régime juridique du paiement
et les incidences du paiement.

SOUS-SECTION I : LES GARANTIES DE PAIEMENT

On analysera la provision, l’acceptation et l’aval.

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PARAGRAPHE I : LA PROVISION

Selon l’art 155, il y a provision si à l’échéance de la LC celui sur qui elle est fournie est
redevable au tireur ou à celui pour le compte de qui elle est tirée d’une somme au moins
égale au montant de la LC. De cette disposition, il résulte qu’on peut définir la provision
comme la créance du tireur contre le tiré à l’échéance de la LC. Tel que présenté, il s’agit
d’une créance éventuelle qui s’analyse en une créance extra cambiaire qui peut ou ne pas
exister. Cette situation d’éventualité pose des difficultés quant-à l’existence de la provision
et quant-à sa preuve ou même sa propriété. ( Est-ce que la provision est une condition
nécessaire ou indispensable pour la validité de la LC = question d’examen).

A/ L’EXISTENCE DE LA PROVISION

Trois questions peuvent être posées sur l’existence de la provision :

- Quels sont les caractères de la provision ?

- A qui incombe la preuve de la provision ?

- Quels sont les effets des lettres de complaisance ?

1 / LES CARACTERS DE LA PROVISION

On peut en retenir trois :

- La provision est une créance de somme d’argent


- La provision est une créance éventuelle lors de l’émission de la LC. On en déduit que
la provision n’est pas obligatoire au jour de l’émission de la LC. Elle n’est donc pas
une condition de validité de la LC. La provision, bien qu’éventuelle à l’émission, elle
doit exister à l’échéance. Mais on peut ajouter qu’elle doit être disponible. Si la
créance est immobilisée en raison d’une saisie pratiquée par un tiers, on considère
qu’il n’y a pas de provision.

- La provision doit être égale au montant de la LC. Il en résulte qu’il n’y a pas de
provision si la créance du tireur sur le tiré est inférieure à la somme indiquée sur le
titre.
2 / LA PREUVE DE L’EXISTENCE DE LA PROVISION

Selon l’art 155, al 1, la provision doit être faite par le tireur ou par celui pour le compte de
qui la lettre sera tirée. Il ressort de cette disposition que la preuve de la provision varie selon
qu’on soit en présence d’une LC acceptée ou non acceptée. Lorsque la LC n’a pas été
acceptée, la charge de la preuve incombe à celui qui invoque l’existence de la provision. Cela
suppose que le tireur, qui est tenu de fournir la provision, devra justifier que la provision
existe. En tout état de cause, il est admis que la preuve peut se faire par tous les modes de
preuve acceptés par le droit commun lorsque la lettre n’a pas été acceptée. Mais lorsque la
lettre a été acceptée, on considère que la provision existe. En effet, selon l’art 155,
l’acceptation suppose la provision. La question jurisprudentielle qui se pose est celle de
savoir s’il s’agit d’une présomption simple ou d’une présomption irréfragable. La
jurisprudence majoritaire estime que la présomption est simple, c’est-à dire que le tiré,
malgré la signature apposée sur le titre, peut prouver qu’il n’a pas reçu provision. Dans les
rapports endosseur et porteur de la LC avec le tiré, on a préalablement estimé qu’il s’agissait
d’une présomption irréfragable, c’est-à dire que, du fait sa signature, le tiré accepteur ne
pouvait pas remettre en cause l’existence de la provision. Mais cette solution doit être
écartée à ce jour. En conséquence, le porteur qui veut agir contre un tiré accepteur dispose
de deux possibilités : soit il agit sur le terrain du droit cambiaire sur le fondement de l’art
155 du règlement, soit il agit sur le terrain du droit commun.

3 / LES EFFETS DE COMPLAISANCE

L’effet de complaisance (LC de complaisance) est une pratique qui, bien que coupable, se
présente de la manière suivante : un tiré complaisant accepte qu’une LC soit tirée sur lui
afin que le tireur puisse bénéficier du crédit en escomptant le titre. Le tiré accepte cette
proposition parce que le tireur lui aurait promis que la lettre ne lui sera jamais présentée à
l’échéance pour paiement. Cette pratique est généralement utilisée par les commerçants ou
les débiteurs en difficulté. Ils ont recours à ce mécanisme pour prolonger artificiellement
leur entreprise déjà en cessation de paiement. Relativement à la valeur de ces effets de
complaisance, il convient de retenir que dès lors que la régularité formelle est indiscutable,
le titre est valable. Point n’est besoin de savoir si la cause est licite ou non. Dans tous les cas,
il est admis que le tiers porteur de bonne foi d’une LC de complaisance a le droit de
considérer que tous les signataires sont obligés à son égard. Est considéré comme porteur de
bonne foi, le porteur qui a ignoré la convention de complaisance.

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4/ LA PROPRIETE DE LA PROVISION (06/01/2016)

Selon l’art 155, la propriété de la provision est transmise de droit aux porteurs successifs de
la LC. Tel que rédigée, cette disposition suscite des observations. Du point du vue juridique,
parler de propriété de la provision paraît impropre. En effet, la provision est appréhendée
comme la créance que le tireur a sur le tiré à l’échéance. Mais cette créance, si elle doit
exister à l’échéance, elle peut ne pas exister avant cette échéance. La question est alors de
savoir comment peut-on être propriété d’une chose qui peut ou ne pas exister. Bien
qu’équivoque, la notion de propriété de la provision signifie que le porteur de la LC acquiert
un droit exclusif sur la créance qui appartiendra au tireur contre le tiré à l’échéance. Ce droit
exclusif du porteur sur la provision mérite d’être nuancé dans son étendue. En effet,
l’étendue de son droit vari selon que la LC a été acceptée ou non. Lorsque la LC a été
acceptée, on considère que le porteur a un droit exclusif et irrévocable sur la provision. Cette
solution peut être admise aussi bien dans l’hypothèse d’une provision réelle que d’une
provision éventuelle. Au cas où le tiré paye un tiers autre que le porteur, son paiement n’est
pas libératoire. Lorsque la LC n’a pas été acceptée, la garantie que constitue la provision de
la LC n’est pas certaine pour le porteur. Dans ce cas, deux situations peuvent se présenter :
La 1ère est que si le porteur de la LC se trouve à l’échéance, il a un droit exclusif et irrévocable
sur la provision si elle existe. Conséquemment, si le tiré paye une personne autre que le
porteur, ce paiement ne le libère pas. La 2 ème situation est que si le porteur se trouve avant
l’échéance de la LC, une difficulté certaine pourrait se poser dans la mesure où la provision
peut ne pas exister. Mais la provision peut aussi exister et disparaitre par la suite. La
question est alors de savoir quel est le sort du porteur ou du tireur, ou même à qui revient la
provision. Plusieurs solutions peuvent être proposées : on peut estimer que jusqu’à
l’échéance, le tireur a le droit de réclamer au tiré la restitution de sa créance. Le tiré, lui
aussi, peut opposer au porteur la compensation entre la créance de provision et une créance
qu’il possède contre le tireur. Dans ces conditions, le droit du porteur sur la provision est une
illusion. D’autre part, on peut également estimer que les créanciers du tireur ne peuvent pas
saisir la provision entre les mains du tiré. Par contre, le porteur peur renforcer son droit sur
la provision en saisissant cette provision ou encore en adressant une défense de payer au
tiré.

PARAGRAPHE II : L’ACCEPTATION DE LA LETTRE DE CHANGE


L’acceptation de la LC est appréhendée comme la signature que le tiré appose sur la LC.
Selon l’art 155, l’acceptation suppose la provision. Cette présomption reconnaissance de
dette par le tiré envers le tireur n’a pas été envisagée par les dispositions du règlement qui
organisent l’acceptation. Les articles 163 et suivants présentent l’acceptation comme un
engagement cambiaire. Il convient dès lors d’analyser les différents angles envisagés par le
règlement à savoir la présentation à l’acceptation, les conditions et caractères de
l’acceptation ainsi que les effets de l’acceptation.
A/ LA PRESENTATION A L’ACCEPTATION

Aux termes de l’art 163, al 1 du règlement, la LC peut être, jusqu’à l’échéance, présentée à
l’acceptation du tiré au lieu de son domicile par le porteur ou même par un simple
détenteur. Il en résulte que la présentation de la LC à l’acceptation n’est pas obligatoire.
Mais le tireur peut tout-de-même fixer un délai à l’expiration duquel la présentation doit
être faite au tiré. A cette occasion, le porteur n’est pas tenu de remettre le titre au tiré.
Toutefois, le tiré peut demander, aux termes de l’art 164, al 1, qu’une seconde présentation
lui soit faite au lendemain de la 1ère. L’intérêt de cette nouvelle présentation a pour but de
permettre au tiré de vérifier s’il est effectivement débiteur du tireur. Il est vrai que la
présentation à l’acceptation n’est pas obligatoire, mais il peut arriver que le tireur impose,
par le biais d’une clause, l’acceptation avec ou sans fixation de délai. Il en est de même pour
l’endosseur, à moins que la LC n’ait pas été stipulée non acceptable. La LC peut être
présentée à l’acceptation soit à l’émission du titre, soit à l’occasion de la circulation du titre
jusqu’à l’échéance.

B/ LES CONDITIONS ET LES CARACTERES DE L’ACCEPTATION

1 / LES CARACTERES DE L’ACCEPTATION

En principe, l’acceptation de la LC est facultative. Cela signifie que le tiré à qui la lettre est
présentée peut refuser de la signer. Mais ce caractère facultatif n’est pas absolu. Ainsi, si le
tiré a promis de faire bon accueil à la lettre élise par le tireur, il est tenu de les accepter. En
cas de refus d’acceptation, il engage sa responsabilité contractuelle. Par ailleurs,
l’acceptation est obligatoire en vertu des dispositions de l’art 163 du règlement. Selon ces
dispositions, lorsqu’une LC est créé en exécution d’une convention relative à des fournitures
de marchandises et passée entre commerçants et que le tireur a satisfait aux obligations
résultant pour lui du contrat, le tiré ne peut se refuser à donner son acceptation dès
l’expiration d’un délai conforme aux usages normaux du commerce en matière de
reconnaissance de marchandises. Le refus d’acceptation du tiré entraine de plein droit la
déchéance du terme à ses frais et dépens.
2 / LES CONDITIONS DE L’ACCEPTATION

Elles peuvent s’analyser en des conditions de forme et de fond :

- CONDITIONS DE FOND : L’acceptation exprimée par la signature est la manifestation


d’une volonté. On pourrait dire que c’est l’expression du consentement. On en
déduit que du point de vue du droit cambiaire, le tireur accepteur doit avoir la

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capacité et le pouvoir de faire des actes de commerce. L’acceptation doit être pure et
simple, elle ne doit être subordonnée à aucune condition. Toutefois, le tiré peut
restreindre son acceptation à une partie de la somme. Hors mis cette restriction,
toute autre modification apportée à l’acceptation équivaut à un refus d’acceptation.
L’accepteur est tenu dans les termes de son acceptation.

- CONDITIONS DE FORME : L’acceptation est écrite sur la LC, elle est exprimée par le
mot « accepté » ou tout autre mot équivalent. Elle est signée du tiré et la simple
signature du tiré apposée au recto de la lettre vaut acceptation. Il peut arriver que
l’acceptation soit faite par acte séparé. Dans ce cas, le tiré n’est pas un obligé
cambiaire. On peut également ajouter que l’acceptation peut se faire par
intervention. Il résulte de l’art 210 du règlement que le tireur, un endosseur ou un
avaliseur peut indiquer une personne au besoin pour accepter la LC. En règle
générale, l’acceptation par intervention a lieu dans les cas où les recours sont ouverts
avant l’échéance.

C/ LES EFFETS DE L’ACCEPTATION (07/01/16)

Ces effets varient selon que la lettre a été acceptée ou non. Aux termes de l’art 167 du
règlement, par l’acceptation, le tiré s’oblige à payer la LC à l’échéance. A défaut de
paiement, le porteur, même s’il est le tireur, a, contre l’accepteur, une action directe
résultant de la LC pour tout ce qui peut être exigé en vertu des articles 189 et 192. En cas de
refus d’acceptation, le tiré n’est pas tenu au paiement. L’art 168 ajoute que l’acceptation est
sensée être refusée si le tiré qui a revêtu la LC de son acceptation a biffé celle-ci avant la
restitution de la lettre. Si le tiré a fait connaitre son acceptation par écrit au porteur ou à un
signataire quelconque, il est tenu envers ceux-ci dans les termes de son acceptation. En tout
état de cause, dans le souci de protéger le porteur en cas de refus d’acceptation, il lui est
donné la possibilité d’exercer des recours anticipés contre les autres signataires de la LC.
Mais avant, il est tenu de faire établir un protêt faute d’acceptation à moins qu’il en ait été
dispensé.

PARAGRAPHE III : L’AVAL


En l’absence de définition donnée par l’art 169 qui en fixe le régime juridique, l’aval est un
cautionnement cambiaire par lequel une personne donne la garantie que la LC sera payée
par elle si la personne qu’elle cautionne se révèle défaillante.
A/ LES CONDITIONS DE L’AVAL

1 / LES CONDITIONS DE FORME DE L’AVAL

L’art 169 fixe trois modalités. Ainsi, l’aval peut être donné soit sur la LC, sur une allonge ou
par acte séparé. Dans la 1ère modalité l’aval résulte de la signature du donneur d’aval,
accompagnée de la mention « bon pour aval » ou toute autre mention équivalente. Sauf s’il
s’agit de la signature du tiré ou du tireur, l’aval est considéré comme résultant de la simple
signature du donneur d’aval apposée au recto du titre. Quand-bien-même l’art 169 n’exige
pas que l’avaliste indique aussi bien la date que le montant qu’il entend garantir, ces
indications sont données dans la pratique par le donneur d’aval. La 2 nde modalité est
assimilable à la première. La 3ème modalité : Selon l’art 169, l’aval par acte séparé, pour être
valable, doit indiquer le lieu où il est intervenu. Pour la jurisprudence, il faut ajouter à cette
condition le montant de la somme garantie ainsi que la durée de l’engagement. La doctrine
majoritaire considère que le montant et la durée doivent être déterminés et non
déterminables. Dans ce cas également, la preuve peut être faite par tout moyen. Mais
lorsque l’aval est donné par acte séparé, le donneur d’aval n’est engagé qu’à l’égard du
débiteur garanti et n’est pas un obligé cambiaire. Conséquemment, l’avaliste est tenu dans
les termes du cautionnement de droit commun.

2 / LES CONDITIONS DE FOND DE L’AVAL

L’aval qui appose sa signature sur une lettre de change accompli un acte de commerce. Il en
résulte qu’il doit avoir la capacité et le pouvoir d’accomplir les actes de commerce. L’avaliste
peut être un signataire de la lettre de change ou un tiers. Quant-au débiteur garanti, il est
admis qu’il ne peut être qu’un signataire du titre c’est-à-dire un endosseur, tireur, tiré
accepteur ou donneur d’aval… Il ne peut pas avoir d’aval pour celui qui n’a pas signé le titre,
tel que le tiré non accepteur. Mais une difficulté réside dans le statut du débiteur garanti car
l’art 169 dispose que l’aval doit indiquer pour le compte de qui il est donné. A défaut de
cette indication, il est réputé être donné pour le tireur. Cette règle pose des difficultés
sérieuses dans l’hypothèse suivante : Une lettre de change tirée par un tireur à son ordre,
acceptée par un tiré est avalisée par un donneur d’aval qui entend donner sa garantie pour
le tiré accepteur, mais a omis de préciser le nom du débiteur garanti. L’application
systématique de l’art 169 conduit à donner le bénéfice de cet aval au tireur porteur. Dans le
cas où à l’échéance ce tireur porteur n’a pas été payé, il devrait se retourner contre le
donneur d’aval. Or, au regard de l’art précité, l’aval a été donné pour lui, son recours est
alors impossible, dans la mesure où le débiteur garanti ne peut juridiquement se retourner
contre la personne qui le garantie. La question est de savoir quelle est la portée de la règle.
Après plusieurs incertitudes constatées dans l’interprétation de la règle par la Cour de

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Cassation française, il faut retenir que c’est une règle de suppléance à l’instar des règles de
suppléance contenues dans l’art 149 du règlement. Postérieurement, la jurisprudence a
donné des précisions sur l’aval donné par acte séparé ; elle retient que la détermination de
la personne garantie peut se faire par tout moyen de preuve, et que même si l’aval a été
donné sur la traite sans indication du bénéficiaire, mais que la volonté a été réitérée par acte
séparé, cet acte séparé peut être retenu comme la preuve d’un cautionnement de droit
commun.

B/ LES EFFETS DE L’AVAL

Ils seront analysés selon trois types de rapports :

- Donneur d’aval – porteur

- Donneur d’aval – débiteur garanti

- Donneur d’aval – autres signataires

1 / RAPPORT DONNEUR D’AVAL – PORTEUR

Selon l’art 169, le donneur d’aval est tenu de la même manière que celui dont il s’est porté
garant. Il en résulte que ce donneur d’aval est un débiteur cambiaire. Cela veut dire que le
donneur d’aval ne peut pas opposer au porteur de la LC le bénéfice de discussion. En
revanche, il peut bénéficier de tous les moyens de défense que le débiteur garanti aurait pu
opposer au porteur. Mais l’art 169 ajoute l’engagement du donneur d’aval est valable alors
même que l’obligation qu’il a garanti serait nulle pour toute cause autre qu’un vice de
forme. Cette règle induit le principe de l’indépendance des signatures.

2 / RAPPORT DONNEUR D’AVAL – DEBITEUR GARANTI

Il est admis, tant par la doctrine que par la jurisprudence que le débiteur garanti ne peut pas
agir contre le donneur d’aval. En revanche, le donneur d’aval qui a payé en lieu et place du
débiteur défaillant dispose d’un recours cambiaire contre ce dernier car selon l’art 169 in
fine, quand il paye la LC, l’aval acquiert les droits résultants de la LC contre le garanti et
contre ceux qui sont tenu envers ce dernier en vertu de la LC.
3 / RAPPORT DONNEUR D’AVAL – AUTRES SIGNATAIRES

Selon l’art 169, l’aval qui paye acquiert non seulement des droits contre le débiteur garanti,
mais aussi contre les personnes qui sont tenues envers ce dernier en vertu de la LC. Il en
résulte une subrogation légale qui permet au donneur d’aval d’exercer son recours
cambiaire seulement contre ceux qui sont tenus envers le débiteur garanti.

SOUS-SECTION II : LE REGIME JURIDIQUE DUPAIEMENT

PARAGRAPHE I : LA PRESENTATION AU PAIEMENT

Elle est subordonnée à un fait générateur et supporte un régime spécifique.

A/ LE FAIT GENERATEUR

Il s’agit de l’échéance. En droit cambiaire, le porteur d’une LC est tenu de la présenter au


paiement à l’échéance. Obliger le porteur à présenter la LC à l’échéance permet aux autres
obligés de connaitre le plus rapidement possible leur situation juridique. Toutefois la LC peut
être présentée au paiement avant l’échéance. Il en est ainsi lorsqu’il est possible de faire
escompter la LC. En dehors de cette hypothèse, tout paiement fait avant l’échéance ne serait
pas un bon paiement. La LC peut également être présentée au paiement après l’échéance.
C’est le cas lorsque l’échéance ne tombe pas un jour ouvrable. C’est également le cas de la
LC payable à vue. Le règlement n°15 dispose que la lettre peut être présentée soit le jour de
l’échéance, soit l’un des deux jours ouvrables qui suivent. Il peut également arriver que la LC
ne soit pas présentée à l’échéance en raison des prorogations conventionnelles ou légales.

B/ LE REGIME DE LA PRESENTATION

Dans ce régime, il convient de présenter outre le rôle du porteur, celui du tiré.

1 / LE ROLE DU PORTEUR
C’est porteur qu’il revient de présenter le titre au paiement. Il peut le faire lui-même ou par
le canal d’un tiers. Dans tous les cas, il doit justifier qu’il est porteur légitime. Est dit porteur

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légitime, le porteur qui justifie une suite ininterrompue d’endossement lorsque la LC a
circulé ; ou encore il est porteur légitime lorsque son nom figure sur le titre à la place initiale,
parce que le titre n’a pas circulé. Mais à partir de cette définition, des conflits peuvent surgir
entre le véritable propriétaire d’un titre et un porteur dit légitime. C’est le cas lorsque le titre
a été endossé en blanc et que le propriétaire ne mentionne pas son nom. Malheureusement,
il est dépossédé du titre. Mais par la suite, le titre a circulé normalement, et se retrouve
entre les mains d’un tiers qui inscrit son nom. La question est alors de savoir s’il faut
reconnaitre ce tiers comme porteur légitime ou reconnaitre cette qualité au véritable
propriétaire dépossédé. La jurisprudence estime que ce tiers porteur légitime est tenu de se
dessaisir du titre que s’il a acquis le titre de mauvaise foi, ou s’il a commis une faute lourde.

2 / LE ROLE DU TIRE

C’est au tiré qu’il appartient d’exécuter le paiement au lieu indiqué sur le titre, à défaut, à
son domicile. Mais avant d’effectuer le paiement, le tiré doit vérifier la régularité de la suite
des endossements. Après cette vérification, le tiré qui paye est présumé être de bonne foi et
son paiement est libératoire, à moins qu’on ait démontré une fraude ou une faute lourde de
sa part. La faute lourde consiste en une négligence notoire du tiré. Quant-à la fraude, elle
s’entend d’une connivence active du tiré avec le porteur au détriment du tiers.

PARAGRAPHE II : L’EXECUTION DU PAIEMENT

A/ LES MODALITES D’EXECUTION DU PAIEMENT

Elles suscitent des questions. A la question de savoir qui doit payer, il faut dire que c’est le
tiré ou son mandataire, dès la présentation de la LC à l’échéance. Mais à l’instar de
l’acceptation, le paiement peut se faire par intervention.

(20/01/16) Quant-à l’objet du paiement, il convient de rappeler qu’il peut se faire en espèce,
par chèque ou par virement. Dans les deux derniers cas, le paiement n’est effectif que si le
porteur encaisse le chèque ou si son compte est crédité. A défaut d’encaissement effectif
d’un chèque, ou d’un compte non crédité suite à un paiement, le porteur est fondé à faire
dresser protêt faute de paiement. Relativement au paiement, il peut être total ou partiel.
Selon l’article 175 du règlement, le tiré, en cas de paiement partiel peut exiger que mention
de ce paiement soit faite sur le lettre et que quittance lui en soit donnée. Si le paiement a
été partiel, il ne libère que partiellement le tiré ainsi que les autres signataires. Pour le
surplus, le porteur est fondé à dresser protêt pour le montant non payé.
B/ LES EFFETS ATTACHES A L’EXECUTION DU PAIEMENT

En principe, l’exécution totale du paiement libère le tiré. Ce tiré, afin de détenir une preuve
du paiement, peut exiger que la lettre de change payée lui soit remise avec la mention «
acquis » ou « bon pour acquis ». La preuve de la libération du tiré a parfois posé des
problèmes. Par exemple, la lettre de change payée reste entre les mains du porteur. Dans ce
cas, on estime que la seule mention « acquis » portée sur le titre ne suffit pour faire la
preuve de la libération du débiteur, il devra fournir d’autres moyens. Autre hypothèse, la
lettre de change est remise au tiré, mais sans la mention « acquis ». Dans ce cas, il est admis
tant par la doctrine que par la jurisprudence que la remise volontaire d’un titre fait présumer
la libération du débiteur. Mais il s’agit d’une présomption simple. Une autre question
collatérale se pose : celle de savoir si le paiement total marque la fin de la vie du titre. Il est
généralement admis qu’en cas de paiement, les rapports cambiaires et les rapports
fondamentaux issus du titre payé s’éteignent. Mais cette solution n’est qu’une solution de
principe. En effet, il peut arriver que le tiré accepteur qui a payé n’ait pas reçu provision. Il
peut aussi arriver que le paiement a été fait par intervention. Dans ces cas, la fin de la vie du
titre ne signifie pas que le titre n’a plus de valeur juridique car les personnes qui ont payé
alors qu’elles n’étaient pas les véritables débitrices peuvent se fonder sur ce titre pour
exercer leur recours. L’exercice de ce recours pose des incidents de paiement.

SOUS-SECTION III : LES INCIDENTS DE PAIEMENT

PARAGRAPHE I : L’OPPOSITION AU PAIEMENT

L’article 180 donne les hypothèses d’opposition au paiement. Selon cet article, on peut faire
opposition au paiement en cas de perte de la lettre de change ou en cas de procédure
collective ouverte contre le porteur.

1 / EN CAS D’OUVETURE DE PROCEDURE COLLECTIVE CONTRE LE PORTEUR

Il se dégage de l’art 180 du règlement qu’en cas d’ouverture d’une procédure de


conciliation, d’une procédure de règlement préventif simplifié ou non, d’une procédure de
règlement judiciaire, ou d’ouverture d’une procédure de liquidation des biens contre le
porteur, il est possible de faire une opposition au paiement. Mais en l’état actuel de l’art
180, il paraît trop sévère et dure envers le porteur. La raison fondamentale est que dans les

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deux 1ères procédures, le débiteur reste à la tête de son entreprise, il n’est pas évincé de la
gestion, il n’existe pas de masse des créanciers.

2 / EN CAS DE PERTE DE LA LETTRE DE CHANGE

A l’hypothèse de la perte de la lettre de change, il faut ajouter le cas de vol. Sur ces
éléments, le règlement établi un régime juridique qui tient compte de 2 situations. La 1 ère est
qu’un exemplaire de la LC subsiste. La 2ème est qu’aucun exemplaire ne subsiste.

• Un exemplaire subsiste : si l’exemplaire perdu ou volé n’est pas revêtu de


l’acceptation du tiré, le porteur qui a fait opposition pourra se faire payer sur
présentation de l’exemplaire qui subsiste. Par contre, si l’exemplaire perdu ou volé
est celui qui a été revêtu de l’acceptation, le tiré accepteur peut refuser de payer en
raison de l’absence de son acceptation. Dans le but de contourner la mauvaise foi du
tiré accepteur, le porteur peut être autorisé à obtenir le paiement à l’aide de
l’exemplaire subsistant aux conditions suivantes :

- Requérir du président de la juridiction compétente une ordonnance l’autorisant à


obtenir paiement

- Fournir une caution qui s’engage à payer dans l’hypothèse où le porteur ne serait pas
un porteur légitime (art 181)

• Aucun exemplaire ne subsiste (29/01/16) : Lorsqu’aucun exemplaire ne subsiste, le


porteur s’adresse à son endosseur immédiat, qui est tenu de lui prêtre son nom et
ses soins pour agir envers son propre endosseur, et cette procédure se poursuit
jusqu’à atteindre le tireur. Il s’agit d’un procédé de reconstitution du titre à partir des
informations données par le bénéficiaire. Mais il arrive que le porteur se trouve dans
l’impossibilité de reconstituer le titre. Dans ce cas, le règlement lui apporte son
concours en lui permettant d’obtenir le paiement du titre. Pour ce faire, il doit
obtenir une ordonnance du président du Tribunal compétent, il doit justifier par tous
les moyens utiles qu’il est le propriétaire de la LC volée ou perdue, enfin, il doit
fournir une caution qui garantit le remboursement si le paiement s’avère injustifié.

PARAGRAPHE II : LE DEFAUT DE PAIEMENT

Ce sont les arts 185 et suivants qui régissent les cas de recours faute de paiement. Ils fixent
les conditions ainsi que le régime d’exercice du recours.
A/ LES CONDITIONS DE FOND DU RECOURS
Ces conditions sont fixées à l’art 185, al 1 du règlement. Selon cette disposition, le porteur
peut exercer ses recours contre les endosseurs, le tireur, et les autres obligés :

- A l’échéance, si le paiement n’a pas eu lieu

- Même avant l’échéance : 1_ s’il y a eu refus total ou partiel d’acceptation ; 2_dans


cas de redressement judiciaire, liquidation des biens ou faillite du tiré accepteur ou
non, de cessation de ses paiement, même non constatés par un jugement ou de
saisie de ses biens demeurée infructueuse ; 3_dans les cas de redressement
judiciaire, liquidation des biens ou faillite du tireur d’une lettre de change non
acceptable.

Dans toutes ces hypothèses, le recours pour défaut de paiement implique que des formalités
soient accomplies.

B/ LES CONDITIONS DE FORME DU RECOURS

1 / L’EXIGENCE D’UN PROTET

L’art 186 du règlement exige que le porteur impayé se fasse établir un protêt, qui est un acte
d’huissier ou notarié, ou établi par toute autre autorité compétente, qui constate le défaut
de paiement. Aussi, convient-il de distinguer le protêt faute d’acceptation du protêt faute de
paiement. Le protêt faute d’acceptation dispense le porteur d’une nouvelle présentation de
la LC à l’échéance, et lui donne la possibilité d’exercer immédiatement avant l’échéance un
recours contre les obligés cambiaire. Il dispense également le porteur de l’établissement
d’un protêt faute de paiement. Dans la pratique, le protêt faute d’acceptation est rare parce
que la présentation à l’acceptation est facultative. En revanche, le protêt faute de est
obligatoire sauf s’il existe des dérogations légales ou conventionnelles. Comme dérogations
légales, on peut retenir la survenance d’un événement de force majeure persistant plus de
30 jours et qui rend impossible l’établissement du protêt. Ensuite, en cas d’ouverture d’une
procédure collective contre le tiré accepteur ou non. En fin en cas d’ouverture d’une
procédure collective contre le tireur d’une LC non acceptable. Dans des deux derniers cas, le
protêt faute de paiement est remplacé par la décision d’ouverture de la procédure
collective. Quant-à la dérogation conventionnelle, elle existe lorsqu’il est porté sur le titre
une clause de retour sans frais ou sans protêt.

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2 / LES AUTRES FORMALITES

Le protêt faute de paiement reproduit textuellement les mentions de la LC avec l’ordre de


sommation de payer et le constat du refus de paiement. Ce protêt doit être fait dans l’un des
deux jours ouvrables qui suivent le refus. Mais ce délai peut être décalé à raison des
dérogations légales ou conventionnelles. Mais lorsque le protêt est dressé, le porteur qui l’a
sollicité doit informer les différents signataires à travers un système d’avis et de publicité
régit par l’art 186 du règlement.

C/ L’EXERCICE DU RECOURS

1 / LES REGLES DE PROCEDURE

Elles varient selon que le porteur a été négligeant ou diligent. Il est négligeant lorsqu’il n’a
pas accompli les formalités qui lui incombent. Il est dit négligeant dans les cas suivants :

- Il n’a pas fait dresser protêt ou il ne l’a pas fait dans le délai légal

- Il n’a pas présenté la LC au paiement dans l’hypothèse d’une clause de retour sans
frais

- Il n’a pas présenté et fait protester la LC payable à vue dans le délai d’un an

- Il n’a pas fait dresser protêt faute d’acceptation dans le cas d’une LC imposant la
présentation à l’acceptation

Lorsque le porteur a été négligeant, son sort est scellé par l’art 189. Selon cet article, le
porteur négligeant est déchu de ses droits contre les endosseurs, contre les tireurs et contre
les autres obligés, à l’exception de l’accepteur après l’expiration des délais fixés pour la
présentation d’une LC à vue ou à un certain délai de vue pour la confection du protêt faute
d’acceptation ou faute de paiement, pour la présentation au paiement en cas de clause de
retour sans frais. Il en résulte que le porteur négligeant est frappé d’une déchéance légale
parce qu’il perd ses recours. Mais ses recours perdus ne concernent que les actions
cambiaires. Mais là encore, l’art 196 fait une précision, car le porteur négligeant conserve
son recours contre le tiré accepteur. Il conserve également son recours contre le tireur qui
n’a pas fait de provision. Il importe aussi de relever que la perte des recours ne concerne les
recours extra cambiaires. Autrement dit, le porteur négligeant peut toujours se fonder sur le
droit commun pour exiger le paiement. Hors mis les cas limitativement évoqués pour le
porteur négligeant, dans les autres cas, le porteur est dit diligent. Ce porteur diligent peut
exercer ses recours contre tous les signataires de la LC en vertu de la règle de la solidarité
cambiaire. Une question essentielle se pose : quel est le montant que le porteur diligent
peut réclamer ? Aux termes de l’art 192 du règlement, il peut réclamer le montant de la LC,
les intérêts au taux légal à partir de l’échéance, les frais du protêt, ceux des avis donnés,
ainsi que les autres frais. Si le recours est exercé avant l’échéance, déduction sera faite d’un
escompte sur le montant de la lettre de change, et cet escompte sera calculé d’après le taux
officiel d’escompte de la banque centrale tel qu’il existe à la date du recours, au lieu du
domicile du porteur. Une autre question collatérale se pose : quelle est la forme du recours ?
Peut-il être amiable ou contentieux ? Lorsque le recours est amiable, le signataire poursuivit
ne lève aucune contestation, et il paye le montant de la LC. A son tour, il pourra exercer ses
recours contre les signataires antérieurs, ou qui le garantissent. Aux termes de l’art 193,
celui qui a remboursé la LC peut réclamer à ses garants la somme intégrale qu’il a payé, les
intérêts de ladite somme calculés au taux légale à partir du jour où il l’a déboursé. Enfin, les
frais qu’il a supporté. Remarquons tout-de-même que le recours amiable est moins fréquent
que le recours contentieux, dans la mesure où le paiement n’est pas effectué parce qu’on
conteste même l’existence de l’obligation. En tout état de cause, ce recours doit respecter
les règles du code de procédure civile. L’action peut également être diligentée sur la base de
l’acte uniforme relatif aux procédures de recouvrement simplifié et voies d’exécutons.

2 / LES REGLES DE PRESCRIPTION

Le siège de la prescription se trouve dans l’art 223 du règlement. Au regard du quantum du


délai fixé par cette disposition, il s’agit des prescriptions abrégées, contrairement aux
prescriptions de droit commun. Ces prescriptions abrégées s’expliquent à la fois par la
volonté du rédacteur de susciter un règlement rapide et par le souci de simplifier la situation
du débiteur cambiaire. On dénote trois types de délai :

- Les actions contre le tiré accepteur se prescrivent par trois ans à compter de la date
de l’échéance.

- Les actions du porteur contre les endosseurs et contre le tireur se prescrivent par un
an à compter à la date du protêt dressé en temps utile, ou de celle de l’échéance en
cas de clause de retour sans frais.

- Les actions des endosseurs les uns contre les autres et contre le tireur se prescrivent
par 6 mois à partir du jour où l’endosseur a remboursé la lettre ou du jour où il a été
lui-même actionné.

L’art 223 indique également les règles relatives à l’interruption du délai, à l’aveu, au
serment. Il reste muet sur la suspension. En effet, il est possible que le délai, pour
l’écoulement de la prescription cambiaire, soit interrompu. Le délai qui recommencer à
courir à partir de l’acte interruptif est-il un délai de prescription cambiaire ou un délai de
droit commun ? En raison de la diversité des actes interruptifs de délai (la reconnaissance de

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dette expresse ou tacite, l’acte de saisie, le commandement de payer, la citation en justice,
la décision d’ouverture d’une procédure collective…), la solution à donner ne fait pas
l’unanimité. Par exemple, lorsque l’acte interruptif de délai est une reconnaissance de dette
par acte séparé, ou lorsque l’acte est un jugement de condamnation, on estime que le
nouveau délai qui va commencer à courir à partir de l’acte interruptif n’est plus le délai de
prescription cambiaire, mais le délai de prescription de droit commun. Comme
précédemment indiqué, l’art 223 est resté muet sur la suspension. Toutefois, la doctrine
estime que la prescription cambiaire ne peut être suspendue. Elle coure contre tous les
signataires. Relativement à l’aveu ou au serment, l’art 223 dispose que néanmoins, les
prétendus débiteurs seront tenus s’ils en sont requis d’affirmer sous serment qu’ils ne sont
plus redevables, et leur conjoint survivant, héritiers ou ayant cause, d’affirmer qu’ils
estiment qu’il n’est plus rien dû. Il en résulte que même en cas d’écoulement de prescription
cambiaire, il est possible de déférer le serment aussi bien au débiteur, au conjoint ou
héritier. Dans ce cas, s’ils se reconnaissent débiteurs, ils seront tenus de payer le montant de
la LC.

PARAGRAPHE III : LA CENTRALISATION DES INCIDENTS DE PAIEMENT

Aux termes de l’art 239 du règlement, tout banquier qui rejette un effet de commerce visé à
l’art 235 pour défaut ou insuffisance de la provision, doit effectuer certaines diligences.
D’abord, il doit enregistrer l’incident de paiement et le déclarer à la banque centrale au plus
tard le 4ème jour suivant la date du refus de paiement. Ensuite, il doit délivrer une attestation
précisant le motif du rejet au porteur du titre ou à son mandataire. Enfin, il doit adresser au
débiteur un avis de non-paiement. Ces diligences doivent être respectées par le banquier
lorsque l’effet de commerce visé à l’art 235 a été domicilié sur un compte clôturé ou a fait
l’objet d’une opposition. La banque centrale en charge du recueil de ces informations est
tenue de les diffuser à toutes les banques selon les modalités qu’elle aura arrêtées. Il
importe d’ajouter que toute personne intéressée peut avoir accès au fichier des
informations centralisées recueillis par la banque centrale. Relativement aux effets de
commerce prévus par l’art 235, il faut entendre non seulement la LC acceptée, mais aussi le
billet à ordre. Ces deux titres doivent être domiciliés en banque. La domiciliation est établie
par suite de l’envoi au domiciliataire d’un avis signé par le tiré ou le souscripteur.

TITRE II : LE CHEQUE

Le chèque est défini (par la doctrine) comme un titre écrit tiré sur une banque ou un
organisme assimilé, qui permet d’obtenir le paiement d’une somme d’argent disponible au
profit du porteur. Le régime juridique fixé par le règlement en l’absence de la définition du
chèque s’articule autour de trois notions : la création, la transmission et le paiement du
chèque.

CHAPITRE I : LA CREATION DU CHEQUE (arts 48 et suivants du règlement)

Elle est subordonnée à des conditions préalables.

SECTION I : LES CONDITIONS PRALABLES A LA CREATION DU CHEQUE


- L’exigence d’un compte bancaire (compte courant)

- La délivrance des formules du chèque (chéquier) au titulaire du compte

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