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CHAP II : GESTION DU RISQUE ET CRITERES DE CHOIX D’UN PROJET D’INVESTISSEMENT

CHAP II : GESTION DU RISQUE ET CRITERES DE CHOIX D’UN


PROJET D’INVESTISSEMENT
A chaque projet d’investissement est lié un risque que les rendements attendus ne vont pas
être générés comme prévu par l’analyse préalable du projet. Ainsi l’analyse du risque est
impérative afin de prévoir un plan d’action pour les neutraliser ou du moins les réduire. Pour
se faire le porteur de projet a le choix entre plusieurs méthodes d’analyse du risque. Investir,
c’est sacrifier les certitudes du présent aux promesses d’un future meilleur mais aléatoire.
Dans toute décision d’investissement, on doit tenir compte du couple (rentabilité - risque) car
en réalité il n’y a pas un investissement sans risque. Ce risque devient un élément majeur de
la décision d’investissement et peut être appréhendé par le biais de différentes analyses. Pour
faciliter l’opération il est donc nécessaire de définir la notion du risque d’un projet, définir
les différents typologies du risque et prévoir un plan d’action en matière de
management des risque. Le présent chapitre a pour objectif d’introduire la notion du risque
dans l’évaluation de projet d’investissement et d’examiner les outils d’aide à la décision des
choix des projets d’investissement.
I) Le concept du risque
Le risque est défini comme « une situation dans laquelle une distribution de probabilité peut
être affectée à différents événements futur, le futur étant probabilisable ». En matière de
décision d’investissement, le risque d’un projet peut être définit comme « la possibilité qu’un
projet ne s’exécute pas conformément aux prévisions de date d’achèvement, de coût et de
spécifications, ces écarts par rapport aux prévisions étant considéré comme difficilement
acceptables, voire inacceptables ».
II) Type de risques d’un projet d’investissement
La réalisation d’un projet d’investissement peut présenter différents risques:
 Le risque commercial : la surévaluation de marché, baisse des prix, concurrence
accrue.
 Le risque technique : lié à l’obsolescence ou la désuétude des produits ou du
procédé.
 Le risque financier : qui dépend du recours plus ou moins important à l’endettement
dans le financement du projet.
 Le risque lié à la concurrence : l’entreprise réagit face à la concurrence, mais
le phénomène est plus complexe et les incertitudes sont multiple, c’est pour quoi une

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analyse des principaux point d’incertitudes liée aux problèmes de concurrences est
nécessaire.
 Risque lié à l’environnement :
Risque économique : augmentation du prix des matières premières et des autres
facteurs de productivité.
Risque sociale : tel que la dégradation du climat social avec comme conséquence une
baisse de productivité.
Risque fiscal : évolution du taux de l’impôt sur les sociétés, de la TVA…
Risque politique : stabilité de régime, situation international en cas d’implantation
dans un pays étranger.
 Risque lié à l’investissement : l’incertitude se situe au niveau :
De la nature de l’investissement : le risque est croissant quand on va d’un
investissement de renouvellement à un investissement d’innovation.
De sa taille relative : un investissement qui double la capacité de production de
l’entreprise est plus risqué.
De sa durée : plus la période est longue plus l’investissement est risqué, car en
générale l’avenir est d’autant moins prévisible qu’il est éloigné.

III) LA GESTION DES RISQUES DANS LES PROJETS


Le porteur de projet doit suivre les étapes traditionnelles de la maitrise des risques et les
placer dans une perspective décisionnelle. Son objectif principal reste la mise en œuvre de
plans d’action qui contribuent à la réduction des risques et à l’avancement du projet.
Dans cette hypothèse, le processus de maitrise des risques du projet comporte quatre grandes
étapes :
Identification et classification des risques ;
Evaluation et hiérarchisation des risques identifiés ;
Elaboration, mise en œuvre et suivi des plans d’actions

Etape 1 : identification et classification des risques


La première étape consiste à essayer de recenser tous les événements susceptibles d’infléchir
les objectifs de projet. Ces événements peuvent êtres : certains, probables (possibles), ou
encore imprévue. Pour se faire le porteur de projet peut procéder par un recensement des
risques les plus fréquemment rencontrés.

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Ce recensement dresse la liste des risques les plus couramment rencontrés sur les projets. Il
s’appuie sur des expériences similaires menées dans différents sociétés avec une identification
exhaustive de tous les événements générateurs de risque pour le projet pour valider
l’exhaustivité de portefeuille de risque. Aucun recensement ne peut prétendre à l’exhaustivité
ni s’adapter parfaitement au contexte d’un nouveau projet. En effet l’une des caractéristiques
de processus décisionnel de projet d’investissement est son unicité, il n’y a pas deux projets
identiques. C’est la raison pour laquelle à la revue guidée des risques le chef de projet doit
ajouter une revue libre, sous forme de brainstormings avec les membres de son équipe pour
identifier des risques humains et avec ses supérieurs hiérarchiques qui peuvent attirer
son attention sur des évolutions de l’environnement interne et externe. La remontée des
risques nécessite donc une démarche participative.
Ensuite les risques sont classifiés selon la typologie citer avant, et leurs probabilités
d’apparition.
Etape 2 : évaluation et hiérarchisation des risques identifiés
Les risques sont évalués en terme de gravité c’est-à-dire en fonction de leurs capacités à
entrainer des graves conséquences. En ce qui concerne la gestion de projet, la gravité est «
fonction de l’importance des répercussions qu’il peut avoir sur les objectifs du projets ». En
pratique, la gravité s’évalue à partir des impacts du risque sur les couts, sur les délais des
livrables. La combinaison des trois critères permet de distinguer :
Les risques négligeables (peu ou pas d’impact sur le projet) ;
Les risques mineurs (légère influence) ;
Les risques majeurs (dégradation des objectifs) ;
Les risques catastrophiques (remis en cause des objectifs de projet).
L’évaluation de la gravité ne suffit pas car une succession des risques négligeables peut avoir,
à moyen terme, des impacts considérables, il est donc indispensable d’estimer la probabilité
de réalisation de chaque risque à partir de l’expérience des projets passés. Pour déterminer la
probabilité estimée de réalisation du risque, la méthodologie d’analyse des risques
d’Eurogroup propose le tableau suivant:

Etape 3 : élaboration, mise en œuvre et suivie des plans d’action

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Les plans d’actions visent à la maitrise du risque, c'est-à-dire à sa réduction. Il s’agit


d’élaborer des plans d’actions, de les appliquer et en dernier lieu de les contrôler.
Il existe deux grands types de plans d’action :
Les actions de prévention, qui visent à diminuer la probabilité d’occurrence et qui
répondent à la problématique suivante : Comment faire pour que le risque ne
survienne pas ?
Les actions de protection, qui visent à diminuer la gravité potentielle du risque et qui
répondent à la problématique suivante : Comment diminuer l’impact du risque s’il
survient.
La pertinence de la prévention dépend largement de la qualité de l’évaluation des causes de
risque que la prévention cherche à éliminer: elle suppose donc la connaissance des risques et
des causes associées. L’ensemble de risques doit être réévalué au fur et à mesure de la mise
en œuvre des plans d’action. La mise à niveau des risques doit être l’occasion d’une mise à
jour de projet : des risques nouveau peuvent apparaitre tandis que d’autres, initialement
considérés comme faibles, peuvent devenir inacceptables. C’est la raison pour laquelle la
mise sous contrôle des risques nécessite une actualisation régulière, par exemple mensuelle de
portefeuille des risques.

III. CRITERES DE CHOIX D’INVESTISSEMENT


1) méthode basée sur la rentabilité
C’est le critère le plus déterminant dans le choix d’un investissement. Les méthodes de calcul
sont nombreuses et complexes
 La méthode des flux net actualisés ou VAN
La VAN mesure la rentabilité d’un projet. Elle est calculée comme la somme des flux de
trésoreries engendrés actualisés ;
T
VAN =∑ CF(1+ k )/t - I0 si les flux de trésorerie sont constants et
t=0

1−( 1+k ) −t
VAN =CF −Io
k
t = Période en cours, t=0 = moment de prise de décision, T = la dernière période CFt = flux
de trésorerie pour la période, k= taux d’actualisation choisi.
Interprétation des résultats : Avec un taux d’actualisation est bien choisi ;
 Si VAN > 0, l’investissement sera réputé rentable

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 Si VAN = 0 l’investissement est dit « Blanc »


 Si VAN < 0, l’investissement n’est pas rentable
Conclusion : entre deux ou plusieurs projets, on retiendra celui donc la VAN est la plus
élevée
Application 1: soient 2 projets A et B donc les caractéristiques sont les suivantes :
Projet A : Coût : 3 000 000, Durée : 5 ans, Cash-flow annuel : 900 000 taux
d’actualisation : 10%
Projet B : coût : 700 000, Durée : 5 ans ; Cash-flow annuel 1 200 000, taux
d’actualisation : 10%

 La méthode de l’indice de rentabilité ou de l’indice de profitabilité :


Lorsque l’entreprise a le choix entre 2 investissements elle est généralement tentée à choisir
celui qui produit le plus grand profit c’est-à-dire la plus grande vente. Or ces investissements
n’ont pas le plus souvent les mêmes valeurs d’origines et de ce fait il serait maladroit de croire
que celui qui procure la plus grande VAN est la plus rentable. Pour corriger cette erreur, il est
intéressant de calculer leurs indices de rentabilité et d’opérer à ce moment-là le choix.
L’indice de rentabilité est donné par la relation :
VAN
IPou IR=1+ ou IP ou IR=
Io
Interprétations :
IR<1 : l’investissement n’est pas rentable
IR>1 : l’investissement est rentable
IR =0 : l’investissement est dit blanc
L’investissement le plus rentable est celui dont IR est le plus élevé
Application (suite cas précèdent): Déterminer quel projet choisir avec le critère de
IR
 La méthode du délai de récupération du capital ou Pay back period :
Il s’agit ici de déterminer l’intervalle de temps pendant lequel le capital investi doit être
récupéré. Avec cette méthode, on retiendra le projet donc le délai de récupération est le plus
court.
Application : Le tableau suivant présente les flux de trésorerie ou cash-flow résultants
de l’analyse de faisabilité d’un projet sur 4 années.
Année 1 Année 2 Année 3 Année 4

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Cash-flow 7 882 500 9 112 500 5 422 500 9 082 500


Déterminer le délai de récupération sachant que le capital investi est de 17 200 000
FCFA et le taux d’actualisation 10%
On choisit le projet qui a le délai de récupération le plus court.
 La méthode du taux interne de rentabilité (TIR)
Encore appelé efficacité du capital c’est le taux pour lequel le cash-flow est blanc c’est-à-dire
VAN = 0. Il est calculé par les formules suivantes

.
Si le TIR < taux d’actualisation, le projet n’est pas rentable
Si le TIR > taux d’actualisation, le projet est rentable
Entre deux projets, on choisira celui donc le TIR est le plus élevé.

2 Décision d’investissement an avenir incertain.


En présence d’incertitude non mesurable, le décideur ne peut plus pondérer l’importance
respective de chaque état par une probabilité, car il ne la connaît pas Aussi, plusieurs critères
pour la décision individuelle ont été proposés :
• Critère de MaxiMax
• Critère de Wald
• Critère de Savage
• Critère de Laplace
• Critère de Hurwicz
• Critère de Bernouilli
Application : Un investisseur s’intéresse à un investissement immobilier : Il a le choix entre
investir dans : Une résidence, Un immeuble, Un appartement, Aucun des trois. Le choix de
son projet va dépendre de l’état du marché immobilier qui peut être : Fort, Moyen ou Faible.
L’estimation des profits de chacun de ces investissements selon l’état du marché est résumé
dans le tableau suivant :

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1) Etablir l’arbre de décision de l’investisseur.


2) Procéder au choix de l’investissement selon les critères : de MaxiMax ; de Wald ; de
Savage ; de Laplace

Solution
1) Arbre de décision associé

 critere de Maximax
Selon ce critère, le décideur MAXIMAX est un décideur optimiste. La loi maximax
privilégie ici le maximum du gain le plus élevé. La prise de la décision en deux étapes :
 Construction du vecteur de gain maximum ;
 Choix dans le vecteur du gain maximum, le gain maximum le plus élevé

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 Critère de Wald ou « MaxiMin » ( (W) )


Encore appelé critère du gain minimum le plus élevé, le décideur WALDEEN privilégie
l’attitude la plus prudente. Il suppose que l’environnement sera toujours hostile quel que soit
la stratégie adoptée. Il est donc pessimiste. Il choisit la décision qui a la plus grande utilité
minimale (la "moins pire")
Le décideur WALDEEN fera son choix en 2 étapes :
 Il va dans un premier temps construire le vecteur des gains minimums pour l’ensemble
des alternatives ;
 Et dans un second temps, choisir l’alternative ayant le gain minimum le plus élevé.

 Critère de Savage
Le décideur SAVAGE est un décideur qui privilégie la prudence. Il fait recours au manque à
gagner que l’on subit en choisissant une stratégie au détriment d’une autre. Ce manque à
gagner est appelé regret. Pour chaque décision, l’investisseur devra construire la matrice de

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regrets à partir de la matrice de jeu ; à partir de la matrice de regrets, construire le vecteur de


regret maximal et choisir la stratégie qui donne le regret le plus faible.
 La matrice de regrets se construit en colonne en supposant que l’investisseur est
optimiste.
 On calcule la matrice des regrets ( ou manques à gagner) à partir de la table des

résultats.

Arbre de décision associé :

 Critère de Laplace
Selon LAPLACE, les états de la nature sont équiprobables c’est-à-dire qu’il n’y a aucune
raison possible pour que l’état Ei ait plus de chance de survenir que l’état E j. Par conséquent,

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l’état de la nature pour lequel la moyenne arithmétique des résultats probables sera la plus
élevée déterminera la décision finale de l’investisseur.

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