En droit, l'adage « juge de l'action, juge de l'exception » résume le principe selon
lequel le juge qui est compétent pour juger une action en justice est compétent également pour se prononcer sur l'exception qui lui est opposée, même si la question posée par l'exception devrait relever d'un autre juge. Ce principe est surtout appliqué en procédure pénale, mais avec des limites et des cas particuliers. En principe, le juge pénal peut statuer sur des questions de droit civil et de droit administratif posées par une infraction pour laquelle il est saisi. Lorsque le juge de l'action est juge de l'exception, des normes particulières se substituent au droit commun de l'exercice des compétences. Toutefois, ces questions peuvent être trop complexes et nécessitent un examen approfondi. le juge pénal posera alors une question préjudicielle au juge civil ou au juge administratif. Ce mécanisme retardera sa décision pénale. (II) I- La règle A- Justification de la règle Énoncé et traité dans les articles 339 et 340 du code de procédure pénale, cette règle concerne surtout l’hypothèse dans laquelle est évoquée au cours d’un procès pénal une question relevant d’une autre discipline juridique. Il est évident par exemple que l’infraction de banqueroute frauduleuse fait appel à des notions de droit commercial (sur la qualité de commerçant, la cessation de paiement). Cette dérogation aux règles de compétence communes se justifie par une bonne administration de la justice. Surseoir à statuer pour chaque question ralentirait considérablement les juridictions. De plus, le juge doit pouvoir apprécier lui-même tous les éléments d'une décision pour être plus efficace. B- Sens de cette règle Un exemple simple illustre l'utilité de cette règle. Un juge saisi d'un délit d'abus de confiance devra se prononcer sur la nature du lien entre l'accusé et la victime. S'agit-il d'une donation ou d'un contrat de vente comme le prétend le premier ou d'une chose remise à titre de dépôt ou de gage comme le prétend le second ? De même, il faudra contrôler les liens matrimoniaux en cas de délit de bigamie, si l’accusé prétend ne pas être marié. Dans ces cas, la règle le juge de l'action est le juge de l'exception est posée par l'article 384 du code de procédure pénale[1] : « Le tribunal saisi de l'action publique est compétent pour statuer sur toutes les exceptions proposées par le prévenu... ». II- Exceptions à la règle A- Les Exceptions préjudicielles : Lorsqu’une juridiction pénale rencontre donc une question relevant d’une autre branche du droit, elle est en principe compétente pour la trancher conformément aux règles de cette branche à moins qu’il ne s’agisse d’une exception préjudicielle. On appelle exception préjudicielle, toute question fondamentale relevant d’une autre discipline juridique et qui oblige la juridiction répressive à surseoir à statuer en attendant que ladite exception soit examinée et tranchée par la juridiction concernée (civile, commerciale, administrative). Le code de procédure pénale n’énumère pas les différentes exceptions préjudicielles pouvant être évoquées devant la juridiction pénale. Pour avoir une idée nette de la question, on se réfère aux exceptions traditionnellement admises. Ce sont les exceptions liées à l’infraction de Exclusivement Réservé à ‘’La vieille’’ pour le concours d’auditeur de justice dénonciation calomnieuse (article 190 du CP), à la procédure dite de faux incidents (article 563 et suivants du CPP), des exceptions de propriété immobilière, des nullités du mariage pour les infractions d’adultère et de bigamie (article 231 et 230 du CPP), des exceptions de nationalité, de filiation pour l’infraction de suppression d’état civil. La dernière exception à souligner est relative à l’interprétation des traités internationaux qui est de la compétence exclusive du ministre des affaires étrangères. B-Le sursis à statuer Les exceptions préjudicielles au jugement, qualifiées également de questions préjudicielles au jugement imposent le sursis à statuer. Il n'est pas certain que l'exception préjudicielle puisse être soulevée devant le juge d'instruction. Pour que le sursis s'impose au juge, il faut (Article 386 du code de procédure pénale[2]) : Que la question préjudicielle ait été invoquée par le prévenu avant toute défense au fond ; Que la juridiction compétente en cette matière n'ait jamais été saisie ; Qu'elle soit fondée sur de titres ou des faits de nature à faire disparaître l'infraction.
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