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L’action en justice

L’action en justice est « le pouvoir légal donné à une personne de s’adresser à


la justice afin d’obtenir la sanction de son droit » ou encore « le droit pour
l’auteur d’une prétention d’être entendu par un juge et d’obtenir de celui-ci une
décision sur le bien fondé de cette prétention formulée par une demande »
(christophe lefort, procédure civile, 2eme édition ).

Dans un chapitre préliminaire, nous allons traiter de questions ayant trait à


la nature même de l’action, pour ensuite connaitre les conditions de
recevabilité d’une action (chapitre I), de la classification des différentes actions
(chapitre II) et enfin les différentes formes d’action (chapitre III)

chapitre préliminaire :

Dans ce chapitre, nous aborderons les caractères principaux de l’action en


justice (section I), avant d’opérer la distinction nécessaire entre l’action et la
demande (section II).

Section I : les caractères de l’action en justice :

-le caractère facultatif : cela signifie que l’exercice du pouvoir légal que
constitue l’action est laissé à la liberté d’appréciation de celui auquel elle
appartient et sans qu’il y ait pour ce dernier obligation de l’exercer.

Il n’existe pas en matière civile une « action publique » qui puisse être exercée,
même à l’insu du titulaire du droit.

-le caractère libre : dire de l’action en justice qu’elle présente un caractère


libre, cela signifie que, même en cas de rejet de sa prétention, total ou partiel,
l’exercice de l’action en justice par un justiciable ne saurait constituer une
faute de nature à engager sa responsabilité civile personnelle. Le droit d’ajour
en justice inclut le droit d’avoir tort.

Pour autant, si le droit d’agir en justice est libre, il ne saurait être


discrétionnaire, c’est pour cela que cette liberté souffre d’une limite : l’abus
du droit d’agir en justice, contenu implicitement dans l’article 5 du cpc et plus
explicitement en matière de tierce opposition (article 305), rétractation (article
407), pourvoi en cassation (article 376).
Section II : distinction entre action en justice et demande.

Il y’a tendance, dans le langage commun à confondre l’action et la demande.

Il s’agit cependant de deux notions bien distinctes ; l’action étant un pouvoir


légal alors que la demande est l’acte de procédure par lequel ce pouvoir est
activé.

Lorsque le justiciable saisit la justice, il soumet à l’appréciation du juge une


prétention. Cette prétention s’insère dans un acte de procédure dont elle
constitue l’objet. Cet acte qui la matérialise est soumis au juge : il est appelé
demande en justice.

Chapitre I : les conditions de recevabilité de l’action

L’article premier du CPC exige la réunion de Trois conditions, cumulativement,


pour qu’une action en justice soit recevable : l’intérêt (section I), la qualité
pour agir (section II) et la capacité (section III). La section IV traitera des
sanctions de l’absence des conditions de recevabilité de l’action.

Section I : l’intérêt

L’article premier du CPC se borne à dire que « ne peuvent ester en justice que
ceux qui ont qualité, capacité et intérêt pour agir… » sans donner une définition
de l’intérêt.

La doctrine et la jurisprudence ont largement comblé cette lacune, notamment


en dégageant les caractères que doit avoir « l’intérêt » pour permettre d’agir
en justice

L’intérêt doit donc être légitime et juridique, direct et personnel, né et actuel.

- L’intérêt doit être légitime et juridiquement protégé.

C’est une évidence de dire qu’un intérêt qui donne le droit à une action en
justice doit être légitime. Cela signifie concrètement qu’il ne doit être contraire
ni à la loi, ni à l’ordre public ou aux bonnes mœurs.

A contrario, est considéré illégitime, tout intérêt contraire aux éléments sus-
cités.

Un vendeur « informel » ne peut pas intenter une action contre un autre


vendeur « informel » qui lui aurait pris sa place habituelle. Ce vendeur
travaillant en dehors de la légalité.

Ensuite, l’intérêt doit être juridiquement protégé. cela signifie qu’il doit être
fondé sur un droit ou tendre à la défense d’un droit.
Il n’est pas possible d’agir en justice en invoquant un intérêt en dehors de
toute disposition légale.

Notons que l’intérêt juridiquement protégé peut être soit pécuniaire (une
créance par exemple) ou moral (atteinte à la réputation par exemple).

-L’intérêt doit être direct et personnel.

Le principe ici, c’est que l’intérêt doit être directement lié à la personne qui
l’invoque.

La question qui se pose ici est de savoir si un intérêt collectif, comme l’intérêt
individuel, peut donner lieu à l’exercice d’une action en justice.

Cette question trouve une réponse positive lorsque c’est le groupement lui-
même ou la collectivité qui a subi un préjudice (société, associations,
syndicats). Mais le groupement peut-il agir en raison du dommage subi
individuellement par un de ses membres ?

Pour les syndicats, la réponse est claire : l’article 404 du code du travail leur
permet d’agir au nom des intérêts individuels ou collectifs des personnes qu’ils
encadrent.

Par contre, ce droit est actuellement refusé aux associations, à moins qu’elles
ne le prévoient expressément dans leurs règlements ou leurs statuts.

La jurisprudence est par ailleurs frileuse, voire défavorable à l’action des


associations en raison de l’intérêt individuel de ses membres.

-L’intérêt doit être né et actuel.

Juge ne peut trancher que des litiges déjà nés et non pas des litiges futures
et éventuels.

Par conséquent, l’intérêt éventuel et l’intérêt passé sont écartés et ne peuvent


servir de fondement à une action en justice.

L’intérêt éventuel est celui qui n’est pas encore né et qui risque de se réaliser
dans le futur.

L’intérêt passé est celui qui s’est éteint avant l’exercice de l’action.

Toutefois, le législateur et la jurisprudence ont permis de faire valoir un intérêt


éventuel notamment en matière d’action en reconnaissance ou vérification
d’écriture (article 92 cpc), enquête, expertise, constat (articles 55, 148, 149 du
cpc), avant tout procès. En vue d’établir ou de conserver des preuves dont
pourrait dépendre la solution du litige .
Section II : la qualité

Sauf dispositions contraires de la loi, ont seuls qualité pour agir en justice :

-le titulaire du droit litigieux lui-même

-ses héritiers ou successeurs à titre universel saisis

-son représentant légal ou son mandataire conventionnel.

Les deux premières catégories ne posent pas d’interrogations particulières.


Les notions de représentant légal et mandataire conventionnel méritent que
l’on s’y attarde.

=Les représentants légaux sont nombreux et divers :

C’est ainsi que le mineur et l’interdit sont représentés par le tuteur.


L’autorisation du juge des tutelles étant nécessaire pour que le tuteur d’un
mineur puisse introduire une action.

Pour les personnes morales de droit public, la loi a désigné expressément leurs
représentants ; par exemple, pour l’Etat, c’est le premier ministre ; pour les
municipalités, le président du conseil municipal, etc…

Lorsqu’il s’agit de personnes morales de droit privé, le pouvoir d’exercer


l’action appartient à l’organe ou la personne désignée légalement ou
statutairement.

=pour ce qui est des représentants (ou mandataires) conventionnels, la loi qui
laisse aux individus la liberté totale pour choisir leurs mandataires quand il
s’agit d’accomplir des actes juridiques, soumet cette libérté à de multiples
restrictions en matière de représentation dans le cadre d’une action en justice.
La loi accorde, sous réserve de certaines dérogations, un monopole aux
avocats.

Par ailleurs, et selon la règle « nul ne plaide par procureur », c’est le nom du
titulaire du droit d’agir qui apparait comme partie, et non pas son
représentant (avocat), celui-ci apparait à côté du nom du titulaire de l’action
et jamais à sa place.

Section III : la capacité

Il va sans dire que l’action doit être intentée par une personne capable d’agir
en justice.

En principe, toute personne physique ou morale, dotée de la personnalité jouit


de cette capacité. Mais ce principe admet quelques exceptions :
-certaines personnes physiques ne peuvent agir en justice elles-mêmes, et
doivent donc être représentées par des mandataires légaux : les mineurs par
exemple

-les personnes morales, qu’elles soient publiques ou privées, sont


généralement frappées d’une double incapacité : d’une part, elles sont
représentées par une personne physique, et d’autre part, celle-ci doit être
autorisée.

Section IV : sanction de l’absence des conditions de recevabilité

Les alinéa 2 et 3 de l’article 1er du CPC stipulent que : « le juge relève d’office
le défaut de qualité ou de capacité ou d’intérêt ou le défaut d’autorisation
lorsque celle-ci est exigée. Il met en demeure la partie de régulariser la situation
dans un délai qu’il fixe.

Si la régularisation intervient, l’action est considérée comme valablement


engagée. Dans le cas contraire, le juge déclare l’action irrecevable ».

= qui peut ou doit relever le défaut d’une condition ?

Le texte impose au juge l’obligation en même temps qu’il lui donne le droit de
relever d’office tout défaut d’une condition d’exercice de l’action, mais le
législateur n’a pas pour autant privé l’autre partie du droit de soulever elle-
même le défaut d’une condition.

En effet, l’autre partie pourrait connaitre certains faits, ignorés du juge, qui
prouveraient qu’une condition fait défaut. Il est donc logique que cette partie
puisse avoir le droit de soulever le défaut d’une condition.

=la mise en demeure de régulariser la situation.

Que ce soit d’office, ou à la demande de l’autre partie, le juge qui constate le


défaut d’une condition d’exercice de l’action, doit mettre la partie concernée
en demeure de régulariser sa situation dans un délai qu’il fixe.

Cette mise en demeure est obligatoire pour le juge ; il ne peut, sans la


pratiquer, déclarer l’action irrecevable.

La mise en demeure doit comporter trois éléments : indication de la condition


qui fait défaut, invitation à régulariser la situation et fixation d’un délai pour
accomplir cette régularisation ;

=après la mise en demeure :

Lorsque la mise en demeure a été régulièrement faite, deux cas de figures


peuvent se présenter :
-ou bien la partie concernée régularise sa situation dans le délai fixé par le
juge, et alors l’action ets considérée comme valablement engagée ;

-ou bien la régularisation n’intervient pas dans le délai fixé, et le juge déclare
l’action irrecevable.

Chapitre II : classification des actions

La classification des actions a ceci d’important que certaines règles de


compétences ou de procédure dépendent de la nature de l’action en justice.

Traditionnellement, les actions sont classées en : personnelle, réelle ou mixte


(section I), mobilières ou immobilières (section II), pétitoire ou possessoire
(section III).

Section I : action personnelle, action réelle et action mixte

-Cette classification s’inspire de la nature du droit exercé, ainsi L’action


personnelle est celle par laquelle s’exerce un droit d’obligation personnel,
l’action en réclamation d’une créance par exemple.

L’action réelle est celle par laquelle s’exerce un droit réel, le droit de propriété
par exemple.

L’action mixte quant à elle, est celle par laquelle s’exercent à la fois un droit
réel et un droit personnel nés du même acte juridique.

Si l’action personnelle correspond à un droit personnel et l’action réelle à un


droit réel, il n’existe pas de droit mixte auquel correspondrait l’action mixte.
Mais il arrive qu’un acte juridique donne naissance à un droit réel et un droit
personnel à la fois. C’est ainsi que le contrat de vente d’un immeuble transfère
à l’acheteur un droit réel (droit de propriété) et lui confère en même temps un
droit personnel ( droit de créance de livraison). L’acheteur pourra exercer, soit
une action réelle en revendication, soit une action personnelle en livraison.
On dit que cet acheteur à une action mixte.

-cette classification présente un intérêt tant au point de vue de la compétence


qu’au point de vue de la procédure.

=pour ce qui est de la compétence, l’action personnelle est portée, en principe,


devant le tribunal du domicile du défendeur, alors que l’action réelle, quand
elle est immobilière, est de la compétence du tribunal de la situation des biens
litigieux. L’action mixte peut être portée, au choix du demandeur, soit devant
le tribunal du domicile du défendeur, soit devant le tribunal du lieu de
situation des biens litigieux (article 28 du cpc).
=pour ce qui est de la procédure, l’action personnelle s’exerce contre la
personne même qui s’est obligée alors que l’action réelle s’exerce contre toute
personne qui se trouve être le « détenteur » du bien litigieux.

Section II : Les actions mobilières et les actions immobilières

Cette classification ne s’inspire pas comme la précédente de la nature du droit


exercé, mais de l’objet de ce droit.

Cette distinction est plus aisée à opérer que la précédente du fait que le
législateur a dressé une liste exhaustive des biens « immobilier », tout ce qui
n’est pas dans cette liste est donc réputé « mobilier ». (dahir du 2 juin 1915).

L’action qui a pour objet immédiat de procurer un meuble est mobilière (par
exemple, l’action en recouvrement de créance) ; celle qui a pour objet de
procurer un immeuble est une action immobilière (l’action en revendication
d’un immeuble par exemple).

Cette distinction est importante en ce qui concerne la compétence : ainsi en


cas d’action immobilière, le tribunal compétent sera celui de la situation de
l’immeuble en question alors que pour l’action mobilière, le tribunal
compétent sera celui du lieu ou demeure le défendeur.

Section III : les actions pétitoires et les actions possessoires

Cette distinction, est une subdivision des actions immobilières, puisque ne


sont concernés que les droits réels immobiliers, ainsi :

Les actions pétitoires sont celles qui protègent le droit de propriété immobilière
lui-même ou les autres droits réels immobiliers (l’usufruit, servitudes, usage,
habitation). Elles sont données au propriétaire ou au titulaire du droit réel
pour assurer le respect de son droit de propriété ou son droit réel méconnu
ou violé. Ce sont des actions qui portent sur le fond du droit.

Une action pétitoire peut également être intentée pour nier un droit réel (action
en négation de servitude par exemple).

Les actions possessoires, quant à elles, tendent à protéger la « possession » de


ces mêmes droits. Elles sont à la disposition du possesseur d’un fond ou de
droits réels immobiliers pour lui permettre de faire cesser le trouble qui est
apporté à sa possession. Il ne s’agit donc pas de protéger le fond du droit mais
du simple fait matériel qu’est la possession.

Le législateur marocain n’a pas énuméré explicitement les différentes sortes


d’actions possessoires, mais la doctrine marocaine a suivi les auteurs français
en énumérant les 3 types d’actions possessoires présentes de l’autre coté de
la méditerranée :
-la complainte : elle tend à faire cesser un trouble grave et actuel de la
possession (ex : plantation de piquets gênant l’accès à un fonds).

La dénonciation de nouvel œuvre : c’est une action préventive (l’intérêt à agir


peut donc être éventuel) tendant à faire cesser des travaux dont l’achèvement
constituerait un trouble à la possession.

La réintégrante : tend à permettre à la victime d’une voie de fait, d’agir en


justice pour récupérer la jouissance de la chose perdue.

Chapitre III : la matérialisation du droit à l’action

Nous verrons dans une première section les formes qui matérialisent le droit
d’agir en justice (demande principale, demandes incidentes), puis les moyens
de réponse à celle-ci (les défenses).

Section I : les demandes en justice

Le premier acte du procès est constitué par la présentation au greffe de la


juridiction de la demande en justice qui va permettre au juge d’apprécier les
prétentions des parties, et après avoir entendu les explications, les moyens de
défense et les demandes incidentes (le cas échéant), de statuer sur le bien ou
le mal fondé de la demande.

Paragraphe I : la demande principale

Egalement appelée « demande initiale » ou « demande introductive d’instance »,


c’est la demande par laquelle un justiciable prend l’initiative d’un procès en
soumettant au juge ses prétentions ».

• La demande peut prendre la forme d’une requête ou d’une déclaration

L’article 31 du cpc donne le choix au justiciable qui veut saisir le TPI : la


demande peut être faite soit par requête écrite, soit par déclaration orale du
demandeur comparaissant en personne dont procès verbal est dressé par le
greffe du tribunal.

Notons que « la déclaration » est une facilité accordée par le législateur aux
justiciables illettrés, et qu’elle n’est possible que pour les procédures orales.
L’article 32 du cpc nous donne ensuite, la liste des éléments que doit
comporter la demande (que ce soit une requête ou une déclaration). Ainsi, elles
doivent indiquer les noms, prénoms, qualité ou profession, domicile ou
résidence du défendeur et du demandeur (détermination des parties). Elles
doivent également mentionner, le cas échéant, le nom, qualité et domicile du
mandataire du demandeur.
Elles doivent aussi énoncer l’objet de la demande(prétentions des parties) , et
les faits et moyens invoqués sur lesquels la prétention est fondée (la cause).

Par ailleurs, le demandeur doit joindre à sa demande (en annexe), les pièces
dont il entend éventuellement se servir.

Le demandeur doit également, en cas de pluralité de défendeurs, déposer


autant d’exemplaire de la requête qu’il y’a de défendeurs , afin que tous
puissent être informés et organiser leur défense.

Si l’une ou plusieurs de ces éléments fait défaut, il appartient au juge de


relever cette absence et inviter le demandeur à compléter les mentions qui ont
été omises ‘. C’est seulement à défaut de régularisation que je juge peut
déclarer la demande irrecevable.

En ce qui concerne la « déclaration », elle ne peut être faite que par le


demandeur en personne devant le greffe, et procès verbal doit en être dressé
par le secrétaire greffier qui l’a reçue. Ce procès verbal doit être signé par le
demandeur ou mention doit être faite qu’il ne peut signer.

Pour autant, cette déclaration ne suffit pas ; le demandeur doit, par la suite,
présenter un mémoire supplétif exposant les causes de la demande et les
arguments sur lesquels il compte s’appuyer.

 Effets principaux de la demande

L’introduction de la demande en justice entraine un certain nombre de


conséquences.

Ainsi, dés qu’elle est introduite la demande détermine le champ du litige, la


juridiction saisie doit statuer dans les limites des questions de droit qui lui
sont posées.

Cette rigidité nécessaire a tout de même été accompagnée d’exceptions pour


apporter de la souplesse au procès civil. Il est ainsi possible pour le
demandeur de faire valoir des demandes incidentes, supplémentaires,
pendant le déroulement du procés, (voir infra).

Elle entraine également obligation pour le juge de statuer. Il ne peut s’abstenir


sans raison de statuer sur une demande sous peine de « déni de justice »

Elle entraine enfin, l’interruption de la prescription. Les délais de prescription


qui courent sont interrompus jusqu’à ce que le juge statue.

Outre cette demande initiale pendant, des demandes supplémentaires


peuvent être introduites pendant le procès.

Paragraphe II : les demandes incidentes


Toute demande intervenant au cours d’un procès déjà né est dite incidente, et
l’on distingue plusieurs sortes de demandes incidentes.

 Les demandes additionnelles : ce sont les demandes par lesquelles une


des parties modifie ses prétentions antérieures. Elle permet à une partie
de préciser les termes d’une demande initiale, tant dans son contenu
que dans son étendue, mais aussi de la compléter.
Toutefois, les demandes additionnelles, pour être recevables, doivent
avoir un lien suffisant avec la demande initiale. La juridiction saisie
étant souveraine pour apprécier si le lien est suffisant.
Par ailleurs, le moment de présentation des demandes additionnelles à
également son importance. Elle doit être faite à un moment opportun et
la présentation de cette demande ne doit pas avoir pour objectif de
retarder le jugement de la demande initiale sous peine d’irrecevabilité.
 Les demandes reconventionnelles : ce sont les demandes par lesquelles
le défendeur originaire prétend obtenir un avantage autre que le simple
rejet de la prétention de son adversaire.
En invoquant ce moyen, le défendeur ne se contente pas résister à la
demande initiale, mais il contre-attaque sur un autre terrain que celui
sur lequel le combat judicaire a initialement été porté par le demandeur.
La présentation d’une demande reconventionnelle transforme
partiellement le défendeur en demandeur, on dit qu’il est « demandeur
à la reconvention », le demandeur initial devenant « défendeur a la
reconvention ».
Ce moyen est presque exclusivement destiné au défendeur initial,
encore que la doctrine admet la possibilité pour un tiers de s’en servir.
Cette demande, comme la précédente doit présenter un lien suffisant
avec la demande initiale, être introduite à un moment « opportun », et
ne pas avoir pour but de retarder le prononcé du jugement sur la
demande initiale.
 Les demandes en intervention : c’est une demande qui permet à un tiers
de faire son entrée dans une instance déjà engagée entre des parties et
à laquelle il était étranger. C’est donc une demande qui aura pour
conséquence d’introduire une nouvelle « partie » au litige en cours. Elle
peut se produire selon deux cas de figure :
L’intervention volontaire : cette forme d’intervention exprime le
souhait d’une personne jusqu’alors non impliquée dans l’instance, de
figurer désormais dans celle-ci au même titre que les parties.
L’intervention doit se rattacher à l’instance principale par un lien
suffisant.
Deux cas de figure sont possibles :- soit le tiers décide d’élever une
prétention contre une ou toutes les parties à l’instance, dans ce cas,
l’intervention volontaire est qualifiée de « principale ». le tiers introduit
ici une prétention qui lui est « propre », distincte de celles introduites à
l’origine. Le tiers entend ici opposer sa prétention aux parties originaires
à l’instance.
Elle n’est recevable que si son auteur a le droit d’agir relativement a
cette prétention ;
-soit le tiers décide d’appuyer la prétention d’une des parties à
l’instance, et dans ce cas elle est dite « accessoire ». L’intervention du
tiers doit être motivée par la volonté de conserver ses droits.
L’intervention forcée : c’est la situation dans laquelle une partie au
litige contraint un tiers à se mêler à une instance déjà entamée, afin
qu’il devienne lui-même (le tiers) une partie au litige.
Cette intervention peut prendre soit la forme d’une « demande en
intervention aux fins de condamnation » soit d’un « appel en déclaration
de jugement commun » qui a pour objectif d’étendre à un tiers l’autorité
de la chose jugée du jugement auquel aboutira la procédure.
La recevabilité de ce genre de demandes incidentes est soumise aux
mêmes conditions que les autres.

Section II : la réponse à la demande en justice (les défenses)

Le défendeur dispose de trois moyens pour répondre aux prétentions du


demandeur : la défense au fond (par1), les exceptions (par2) et les fins
de non-recevoir (par 3).

Paragraphe I : la défense au fond.

Est considérée comme défense au fond tout moyen qui tend à faire
rejeter, comme non justifiée, après examen au fond du droit, la
prétention du demandeur.
Il s’agit ici, pour le défendeur, d’essayer de combattre les arguments de
son adversaire en essayant de prouver que les prétentions de celui-ci ne
sont pas fondées. Par exemple, qu’une créance réclamée a déjà été payée
ou qu’elle est caduque.
Les défenses au fond peuvent être présentées à tout moment de la
procédure (y compris en appel et en cassation) et, si elles sont accueillies
par le juge, permettent de mettre un terme définitif au litige.la décision
rendue aura l’autorité de la force jugée.

Paragraphe II : les exceptions de procédure

L’objectif ici est de déplacer le combat sur un terrain purement


procédural, afin de différer, voire d’éteindre le combat sur le fond.
Ces exceptions doivent être présentées simultanément et avant tout
examen au fond sous peine d’irrecevabilité.
Ces moyens de défense ne mettent qu’un terme provisoire au litige, le
demandeur pouvant revenir à la charge ultérieurement, avec les mêmes
prétentions, sous réserve des délais de prescription.
Ces moyens de défense peuvent prendre plusieurs formes, ainsi :
Le défendeur peut présenter une exception d’incompétence, arguant que
le tribunal saisi n’est pas compétent territorialement ou ratione
materiae.
Il y’a également l’exception de litispendance lorsque deux tribunaux
sont simultanément saisis d’un même litige pour lequel ils sont tous les
deux compétents et l’exception de connexité lorsque deux litiges portés
devant deux tribunaux différents présentent un lien étroit.
Enfin, l’exception de nullité consiste, pour le défendeur à demander la
nullité même des actes litigieux ou encore l’action du demandeur pour
une irrégularité ou un manquement dans les règles et les formalités
procédurales.

Paragraphe III : Les fins de non-recevoir

Constitue une fin de non-recevoir, tout moyen qui tend à faire déclarer
l’adversaire irrecevable en sa demande, sans examen au fond, pour
défaut de droit d’agir tel le défaut de qualité, d’intérêt, la prescription
ou encore si le litige à déjà reçu un jugement ayant acquis l’autorité de
la chose jugée.
Ce moyen vise à la constatation par le juge de l’absence ou de la
disparition du droit d’action, par exemple, le cas demandeur qui n’a pas
qualité pour agir en justice.
Les fins de non-recevoir doivent être présentés avant tout examen au
fond.
Lorsqu’il est accueilli, ce moyen de défense a pour conséquence que la
demande de l’adversaire est déclarée irrecevable, avec autorité de la
chose jugée.

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