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Droit des preuves

QUESTIONS

Que prouve-t-on ? Quel est l’objet de la preuve ?

L'objet de la preuve est ce sur quoi doit porter la preuve, c'est-à-dire un fait ou un
acte juridique que doit prouver celui qui invoque à son profit un droit subjectif. C'est
ce que le justiciable doit prouver pour obtenir gain de cause. On ne doit pas prouver
l'existence d'une règle de droit.

Quel est l’intérêt de déterminer le risque de la preuve ?

Le risque de la preuve est le fait que, si celui qui a la charge de la preuve ne parvient
pas à convaincre le juge, son allégation est jugée fausse, sans que la partie adverse
ait à prouver quoi que ce soit. On dit qu'il supporte le risque de la preuve et, à
l'inverse, que le doute profite à son adversaire.

Quels sont les différents rôles des présomptions ?

L' article 1354 du code civil définit la présomption comme « un mode de
raisonnement juridique en vertu duquel , de l 'établissement d 'un fait on induit un
autre fait qui n est pas prouvé » . L 'utilisation de la présomption rend plus facile
l’administration de la preuve.  : lorsque les faits qui constituent l’objet de la preuve
sont trop difficiles à prouver, on admet que la partie se contente de démontrer
l’existence de faits connexes, plus faciles à démontrer, et qui
rendent vraisemblable l’existence du fait qui devrait normalement être prouvé.
On distingue deux types de présomption : les présomptions légales et les
présomptions du fait de l homme.

Expliquez les maximes « jura novit curia » et « actori incumbit


probatio ».
- « jura novit curia »
Cette locution latine qui signifie « la cour connaît le droit », indique que dans
un procès les parties ne doivent pas prouver l'existence d'une règle de droit, mais ils
doivent prouver des faits. L’adage "jura novit curia" exprime un des principes
fondamentaux de la procédure civile : l’autonomie du juge dans la recherche et la
détermination du droit applicable au litige.

Actori incumbit probatio : cet adage, signifie que la charge de la preuve pèse
sur le demandeur, entendu comme le demandeur à la prétention, laquelle se définit
comme l'« affirmation en justice tendant à réclamer quelque chose » 

Expliquez la différence entre un système de preuve légale et un


système de preuve libre
ce sont deux modes de preuve : dans le système de preuve légale , c 'est la loi qui
détermine l'admissibilité et la force probante des moyens de preuve ; dans le
système de preuve libre , tous les moyens de preuve peuvent être avancé , c est le
juge qui appréciera et se déterminera en fonction de celui qu il verra comme plus
convaincant Le système de preuve légale concerne plutôt les actes juridiques Alors
que le système de la preuve libre est appliqué pour prouver les faits juridiques et en
matière pénale.

Quelle est la valeur de la signature électronique ?

La signature électronique a la même valeur juridique que la signature manuscrite.


C'est le cas en France depuis la loi du 13 mars 2000, qui dispose
qu'une signature en ligne engage le signataire de la même façon que sur papier
Elle dispose de la même force probante que la signature manuscrite L’article 1367 du
Code Civil  prévoit en effet que la signature électronique est une preuve littérale au
même titre qu’une signature manuscrite Cependant deux types de signature
électronique sont à distinguer : les signatures électroniques dites simples et celles
dites avancées ; celles ci doivent avoir été délivrée par un prestataire de services de
certification électronique. Elles n ont pas la même fiabilité : dans le premier cas :il
revient au signataire et à l’organisme ayant réalisé la procédure de signature de
prouver que le procédé est fiable ; dans le second :la signature bénéficie d’une
présomption de fiabilité, ce qui signifie que la charge de la preuve de sa fiabilité va
incomber au contestataire.

Tous les moyens de preuve ont-ils la même valeur ?

Les  moyens de preuve (ou modes) sont ceux par lesquels les parties au procès
peuvent prouver un acte ou un fait.Le Code civil (article 1315 alinéa 1) réglemente
principalement cinq modes de preuves : la preuve littérale, la preuve testimoniale,
la preuve par indices et présomptions, l'aveu et le serment. Ils varient selon qu'il faut
prouver un fait ou un acte juridique. En principe, les actes juridiques se prouvent par
un écrit alors que pour les faits juridiques la preuve se fait par tous moyens
On distingue les modes de preuve parfaits et imparfaits les premiers sont considérés
comme plus fiables et ils sont les seuls à pouvoir prouver des actes juridiques : il s
'agit du serment décisoire et de la preuve littérale. Ils s'imposent au juge  ; les
seconds étant plus incertains sont soumis à l'appréciation du juge qui peut les
accepter ou les refuser : il s 'agit du témoignage, du serment déféré, de l'aveu extra
judiciaire et de la présomption du fait de l homme.
Les moyens de preuve n 'ont donc pas la même valeur, au sommet de la hiérarchie
la preuve littérale passe avant les autres modes de preuve ;
Vous détectez dans chacune des décisions (documents 1 à 4) le problème juridique posé à la
juridiction.

DOCUMENTS
Doc. n° 1. Cass. civ. 1ère, 30 mars 1999 : D. 2000, jur. p. 596
Doc. n° 2. Cass. civ. 1ère, 25 février 1997 : Grands arrêts de la jurisprudence civile, n° 13
Doc. n° 3. Cass. 1ère civ. 6 décembre 1972, n° 71-13427, Bull. civ. I, n° 279
Doc. n° 4. Cass. Civ. 3ème, 14 janvier 2014, n° 12-28777, inédit

Document n° 1. Cass. civ. 1ère, 30 mars 1999 : D. 2000, jur. p. 596

C est le problème de la charge de la preuve. La Cour de cassation a cassé la


décision du juge du fond car c' est à celui qui se prétend libéré, parce qu ' il a
exécuté son obligation ou bénéficie d 'une autre cause d 'extinction qu 'il
appartient de prouver cette exécution ou le fait qui a entraîné l extinction de
son obligation
Document n° 3. Cass. 1ère civ. 6 décembre 1972, n° 71-13427, Bull. civ. I, n° 279
il est reproche à la décision de ne pas avoir pris les choses dans le bon ordre  :
quand un plaideur ne parvient pas à prouver l existence d un fait il peut alors
déférer le serment à l 'autre partie, or les présomptions existantes auraient du
suffire à conclure au bien fondé de la demande

Document n° 4. Cass. Civ. 3ème, 14 janvier 2014


Selon l’article 1341 du Code civil, il doit être passé acte devant notaires ou
sous signatures privées de toutes choses excédant 1.500€. Selon l’article 1326
du Code civil, la reconnaissance de dette doit être constatée dans un titre qui
comporte la signature de celui qui souscrit cet engagement ainsi que la
mention, écrite par lui-même, de la somme ou de la quantité en toutes lettres et
en chiffres. En cas d’impossibilité morale d’exiger un écrit (par exemple dans
le cas présent : un père et son fils ) , les articles précités ne trouvent pas à
s’appliquer. Cependant cette impossibilité morale doit être explicitée par le
juge
DISSERTATION :

Force probante accordée aux différents procédés de preuve et hiérarchie


qui en découle vous paraissent-elles satisfaisantes ?

La preuve se définit comme « la démonstration d' un fait ou d 'un acte , selon les
modes définis par la Loi. » c 'est que la preuve revêt une importance primordiale
dans notre État de Droit : contrairement à la situation sous l 'Ancien régime, il s 'agit
aujourd’hui d ' éviter les erreurs judiciaires ; la recherche de la vérité prime pour
garantir les droits des individus. Dés lors la valeur des éléments de preuve versés
aux débats est devenue un point véritablement crucial. Dans ce contexte, le juge
français s'appuie sur un système de preuve dit mixte : à coté du système de preuve
dit « de preuve légale », pour lequel l’ensemble des modes de preuves applicables
aux litiges est clairement énoncé dans la loi, existe un système dit « de preuve
libre », dans lequel la validité les preuves apportées est laissée à l'appréciation du
juge. Cette dualité est à mettre en lien avec l'objet de la preuve : lorsqu 'il s 'agit de
prouver un acte juridique , il est souvent aisé de retrouver des traces de celui ci  :
des écrits par exemple, qui permettent de donner une force probante aux allégations
produites (on parle dans ce cas précis de preuve littérale) à contrario , lorsqu'il s 'agit
de prouver un fait juridique (par nature plus aléatoire) , il n est plus question sauf
exception de pouvoir s appuyer sur une trace écrite ou des éléments fixes, le juge
devant obligatoirement juger doit alors s appuyer sur tout élément permettant de
découvrir la vérité : le système de la preuve libre permet alors de pouvoir recueillir
des éléments de diverses nature comme des témoignages par exemple. Ces
derniers devant être le plus convaincant possible pour le juge.
De manière générale, on distingue des modes de preuve parfaits et des modes
imparfaits les premiers sont considérés comme plus fiables et ils sont les seuls à
pouvoir prouver des actes juridiques : il s 'agit du serment décisoire et de la preuve
littérale. Ils s'imposent au juge ; les seconds étant plus incertains sont soumis à
l'appréciation du juge qui peut les accepter ou les refuser : il s 'agit du témoignage,
du serment déféré, de l'aveu extra judiciaire et de la présomption du fait de l homme
De fait, il est aisé de comprendre que tous les procédés de preuve n 'ont pas la
même valeur, ils peuvent dés lors être classés de manière hiérarchique selon la
force qu'on leur attribue.Ainsi, trouve t on, au sommet de la hiérarchie la preuve
littérale Celle ci passe clairement, avant les autres modes de preuve par exemple;
Pour le justiciable, il est aisé de à partir des éléments qu il pourra produire les
chances qu'il a de pouvoir voir son argumentation retenue
Cependant, divers éléments viennent troubler la vision de ce bel ordonnancement d
une part, parce que , comme nous l avons déjà évoqué, les faits juridiques sont
souvent jugés à partir d un système de preuves libres qui laisse au juge une certaine
liberté dans son appréciation, d autre part, parce que la Loi prévoit un certain nombre
d exceptions dans le domaine de l administration de la preuve qu'il s agisse d'actes
juridiques ou de faits juridiques : on peut citer par exemple l'exception par convention
(article 1356 du code civil) qui énonce que « les parties peuvent modifier les règles
de preuve par convention » Dès lors , on peut légitimement se poser la question de
savoir si la hiérarchie établie entre les différents procédés de preuve à partir de leur
force probante reste satisfaisante.
Pour répondre à cette question , on reviendra dans un premier temps (partie I)sur la
nature de cette hiérarchie , ce qui nous permettra de démontrer (partie II) que celle ci
reste compréhensible du fait de sa cohérence avec son objectif.

I La fondement de la hiérarchie entre différents procédés de preuve

A L'évolution de l' administration de la preuve.


Les procédés de preuve actuellement utilisés sont le reflet de l'évolution politique
entre l 'Ancien régime et celui que nous connaissons aujourd'hui .Sous l'Ancien
régime, en effet, il s agissait plus de désigner un coupable que de connaître la vérité
des faits. L 'accusateur et l 'accusé n 'étaient pas égaux. Le juge était seul maître et
pouvait retenir ce qu'il considérait comme preuve pour statuer. A partir du 18 me
siècle, on est passé , à la faveur de l'évolution démocratique, à une autre forme de
procédure dans laquelle la place du juge est moins importante. Son rôle tient
désormais, notamment en matière civile, plutôt à assurer un rôle d'arbitre entre des
parties considérées comme égales Avec le triomphe de la procédure accusatoire sur
la procédure inquisitoire propre à l'Ancien Régime, on est passé du système des
preuves « légales » et de l'arbitraire des peines à celui de la liberté de la preuve et
de la légalité des délits et des peines. Par ailleurs, la peine doit désormais assurer
une fonction pédagogique. Dés lors, il s'agit aujourd’hui, à la fois, de d'éviter les
erreurs judiciaires et de multiplier les garanties individuelles. Dans notre État de
Droit,désormais la valeur des éléments de preuve versés aux débats est devenue
un point crucial. Au niveau des textes, le droit de la preuve est codifié dans le code
civil (articles 1353 à 1386 et article 10) et dans le code de procédure civile ( articles 9
à 11 et articles 132 à 322 ) L'adage « Idem est non esse aut non probari : "C'est la
même chose de ne pas être ou ne pas être prouvé" témoigne de l importance de
celle ci et du rapport entre les justiciables : si un droit est contesté et que son titulaire
ne parvient pas à le prouver,on fera comme si ce droit n'existait pas. Pour pouvoir
faire reconnaître un fait il faut que les parties apportent la preuve ayant la force la
plus probante, c est à dire celle possédant le degré de valeur de plus important

Pour la déterminer on l 'a déjà évoqué plus haut, le juge peut s'appuyer sur un
système permettant une plus grande sécurité juridique entre les parties
B Une évolution vers une plus grande sécurité juridique.
Pour retrouver la réalité affirmée par les parties opposés , le juge s'appuie on l'a dit
sur un système mixte. C’est l 'objet de la preuve qui va déterminer le mode de preuve
à appliquer à la situation donnée. Lorsqu 'il s agira d un acte juridique , c est à dire
une manifestation intentionnelle de volonté dans le but de réaliser certains effets de
droit (voir l'article 1100 du code Civil). Ce sont , en principe des preuves légales qui
seront exigées. Celles ci sont désignées par la Loi. Celle ci définit également la
valeur de chaque mode de preuve autorisé : Le Code civil réglemente ainsi,
principalement cinq modes de preuves :la preuve littérale (l’écrit), la preuve
testimoniale (le témoignage), la présomption, l’aveu et le serment. Ces différents
modes de preuves sont énumérés dans cet ordre, ce qui laisse penser que ceci est
l’ordre hiérarchique de leur force probante. Par ailleurs, la loi distingue les modes
parfaits (écrit, aveu, serment décisoire), des modes imparfaits (témoignage,

présomption, serment supplétoire). Les preuves parfaites sont celles qui offrent le
plus de sécurité, elles sont les seules admises pour prouver les actes juridiques : il
s’agit de certains écrits, d’actes authentiques ou sous seing privé, d’aveux
judiciaires. Dans ce contexte, la preuve littérale apparaît au sommet de la hiérarchie
dans la mesure ou elle est la seule pouvant être pré-constituée Dans certaines
situations comme le mariage par exemple l’écrit est en effet exigé pour valider l 'acte
Parmi les types de preuve littérale les actes authentiques ont plus de force au niveau
de la preuve que les actes sous seing privé dans la mesure ou ils sont établis par
des officiers publics.Dans tous les cas, lorsque les parties, lors d'un procès en
matière civile apportent des preuves parfaites, pour prouver un acte juridique, le
juge ne possède, en principe, pas de pouvoir d’appréciation, de ce fait les justiciables
peuvent prédire avec une certaine certitude l'issue du procès.
Au delà du principe, l existence d 'un système de la preuve libre et certaines
exceptions peuvent créer un sentiment de confusion, cependant on va le voir
certaines limitations viennent garantir l'image d'un ordre cohérent dans
l'administration de la preuve.

II Une hiérarchie qui reste compréhensible malgré la mixité du système et


l'existence d'exception.
A Un système de la preuve libre sous certaines conditions
En droit civil, le système de preuve libre est employé lorsqu'il s'agit de prouver des
faits juridiques. Dans ce système le juge forge sa conviction librement du fait que
dans ce système n existe aucune hiérarchie dans le mode de preuve. La raison de
cette liberté tient au fait que contrairement à l acte juridique ou les parties ont voulu
manifesté une volonté et dont elles ont souhaité les effets, le fait juridique se
présente, au contraire, comme « un événement saisi par le droit dans ses
conséquences sans que ceux qui les subissent ne les aient jamais recherchées ».De
ce fait, l’exigence de la pré constitution écrite de la preuve, par conséquent
impossible. Les parties ont dès lors, la liberté de choisir entre les procédés de
preuve, et le juge a pleine latitude pour former sa conviction.
Cependant certaines conditions existent : d 'une part l importance de certains faits
juridiques nécessitent une preuve réglementée , on peut citer par exemple en
matière civile la preuve et la naissance et du décès qui se font obligatoirement par
des actes civils , d autre part les preuves apportées doivent avoir été obtenues
loyalement : c' est à dire qu 'elles ne doivent pas avoir été obtenues à l'insu de celui
auquel on s oppose ; on peut citer l exemple d un enregistrement d une conversion
téléphonique privée effectué sans que l auteur des propos invoqués n 'en ait eu
connaissance. De même, en est il des preuves obtenues en violation d un droit
fondamental comme le respect de la vie privée .
Par ailleurs, certains types de preuves s'imposent au juge (par exemple l’aveu
judiciaire, la présomption irréfragable ou le serment décisoire). Si ces modes de

preuves apparaissent dans un procès, le juge devra juger selon ces preuves, même
si en principe il y aurait liberté de preuve et donc appréciation souveraine des
preuves par le juge.
Enfin , le législateur a instauré d’autres limites à la preuve par tous moyens, tel que
certains règlements qui prévoient une hiérarchie à suivre (il est par exemple interdit
de prouver par témoins contre un écrit). La procédure civile limite, en effet, le
recours aux «déclarations des tiers» pour les actes juridiques (article 1341du Code
civil) : «il n’est reçu aucune preuve par témoins contre et outre le contenu aux actes,
ni sur ce qui est allégué avoir été dit avant, lors ou depuis les actes....») De même, la
procédure du serment n 'est utilisable que lorsque les présomptions ne sont pas
suffisantes.Il existe, ainsi mime dans le système de la preuve libre un certain ordre
entre les différents modes de preuve.

B Des exceptions encadrées par la loi


Dans le cas des actes juridiques certaines exceptions existent au principe de la
preuve écrite , ce peut être le cas lorsque l'écrit ne présente pas les conditions d un
acte authentique ou d un acte sous seing privé : par exemple une simple lettre Dans
cette situation , la partie qui souhaite prouver un acte juridique doit compléter ce
moyens par d autres éléments de preuve cependant certaines conditions sont
exigées : d 'une part l’écrit doit émaner du défendeur , d autre part et surtout ce
même écrit doit rendre vraisemblable le fait allégué.
Par ailleurs, dans un acte juridique , il est possible pour les parties de modifier les
règles de preuve par convention cependant ces conventions ne déroger aux règles d
ordre public . L article 1356 alinéa 2 du code civil précise que les parties « ne
peuvent modifier la loi attachée à l 'aveu ou au serment »

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