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En quoi le droit au respect de la vie privée peut-il être atteint en cas de refus de
changement de la mention du sexe à l’état civil ?
La vie privée s'entend comme . la protection du domicile ; la police par exemple, ne
peut y pénétrer que dans certains cas fixés par la loi ;le secret professionnel et
médical : un médecin ne peut révéler les éléments du dossier médical d’une
personne sans son consentement ;la protection de l’intimité : des éléments
concernant les relations amoureuses ou les préférences sexuelles d’une personne
ne peuvent être révélés ; on peut également citer la pratique religieuse, la santé, les
loisirs, etc. Plusieurs articles du Droit interne mais aussi du Droit européen font
référence à au respect de la vie privée : l'article 9 de notre code civil dispose que
toute personne a droit au respect de sa vie privée. La Convention européenne des
droits de l'homme énonce quand à elle (article 8) que toute personne au droit au
respect de sa vie privée et familiale et limite le pouvoir d'ingérence de l'autorité
publique dans l'exercice de ce droit. Or le droit au respect de la vie privée du
transsexuel,était ignoré lorsque la personne transsexuelle était contrainte avec
l'expertise ordonnée pour justifier sa demande de faire apparaître son ambiguïté
sexuelle.
À quelles conditions et pourquoi la Cour de cassation a-t-elle admis le
changement de la mention du sexe à l’état civil ?
Depuis l 'arrêt de 2012, le caractère obligatoire de l'expertise judiciaire a été
abandonné, : Seule subsistait la nécessité de prouver la réalité du syndrome
transsexuel et l'irréversibilité de la transformation de l'apparence de la personne
demanderesse qui a remplacé l'exigence d'un traitement hormonal et/ ou chirurgical.
Pourquoi les conditions posées par la Cour de cassation dans ses décisions
antérieures à 2016 pouvaient-elles être critiquables ? Des droits fondamentaux
pouvaient-ils être atteints ?
Les conditions posées par la Cour de cassation dans ses décisions antérieures
étaient critiquables pour plusieurs raisons : d’une part, le principe d’indisponibilité de
l’état des personnes qui était mis en avant n'est pas en contradiction avec les
modifications de l’état (changement de nom, de filiation, de domicile) les actes d'état
civil prennent couramment en compte les changements intervenant dans la vie des
individus. Ceci est le cas en ce qui concerne par exemple le mariage, le décès
survenu à la suite d'un suicide, la naturalisation. Autant de faits et actes volontaires
qui sont signalés par une mention en marge sur l'acte de naissance de l'intéressé.
D’autre part, la vérification intime qui était exigée ne respecte pas le droit au respect
de la vie privée du transsexuel,. C’est d’ailleurs pour cette raison que la France fa été
condamnée en 1992 par la Cour européenne des droits de l’homme (arrêt du 25
mars 1992). Ce qui a conduit la Cour de Cassation réunie en Assemblée plénière, à
opérer, le 11 décembre 1992, un revirement de jurisprudence : « lorsqu’à la suite
d’un traitement médico-chirurgical, subi dans un but thérapeutique, une personne
présentant le syndrome du transsexualisme ne possède plus tous les caractères des
son sexe d’origine et a pris une apparence physique la rapprochant de l’autre sexe,
auquel correspond son comportement social, le principe du respect dû à la vie privée
justifie que son état civil indique désormais le sexe dont elle a l’apparence ».
Les faits sont les suivants, une personne déclarée de sexe masculin sur son acte
de naissance.désire changer de sexe à l'état civil. ainsi que d’un prénom autre que
celui assigné à sa naissance.
7°) En quoi la solution a-t-elle changé (ou pas) depuis la décision commentée ?
Au moment de l 'arrêt . Il est précisé qu'il faut démontrer le caractère irréversible du
changement de sexe. Il s'agit alors d'un prolongement de jurisprudence.Depuis la ju-
risprudence a évolué. L’article 56 II de cette loi, entré en vigueur le 20 novembre
2016 a mit fin aux débats et aux hésitations de l ancienne jurisprudence : le change-
ment de sexe n 'est plus soumis à aucune condition d’ordre médical. Une disposition
spécifique précise même que « le fait de ne pas subir des traitements médicaux,
une opération chirurgicale ou une stérilisation ne peut motiver le refus de faire droit à
la demande » (C. civ., art. 61-6, al. 3) ; et la preuve peut être rapportée par tous
moyens » (C. civ., art. 61-5, al. 2).C'est l’apparence sociale choisie par la personne,
qui est pris en compte. Pour ce faire plusieurs faits sont considérés : le prénom qu
'elle s 'est choisi, la manière dont elle se présente (habillement, attitudes, discours)
qui doit être propre au sexe revendiqué, la manière dont la personne est perçue au
niveau de son genre par son entourage.
Par ailleurs, l’article 61-5 de la loi prévoit ainsi que « toute personne (…) qui dé-
montre par une réunion suffisante de faits que la mention relative à son sexe ne cor-
respond pas à celui dans lequel elle se présente et dans lequel elle est connue peut
en obtenir modification ». Cela signifie que le changement de sexe non plus seule-
ment aux personnes souffrant du transsexualisme mais à toute personne « majeure
ou mineure émancipée ».