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Corrigés des cas pratiques,

des analyses de décisions de


justice et des analyses de
documents

DCG 1
INTRODUCTION AU DROIT
Manuel et Applications
2016/2017

Jean-François Bocquillon
Martine Mariage

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©Dunod, Paris, 2017 : J.-F. Bocquillon et M. Mariage, DCG 1 Introduction au droit, Manuel et applications,
2016/2017
Chapitre 1
LE DROIT
APPLICATION 2
Analyse d’un texte
Le droit et le fait
Question 1
• Être et devoir être : Le droit ne relève pas de ce qui est à un moment donné. Il a une
visée normative. Il prescrit certains comportements qu’il sanctionne en cas de violation.
• Normatif : Constitue une norme c'est-à-dire un principe, une règle à appliquer.
• Prescriptif : Ce qui est recommandé, préconisé expressément.
• Corrélatif : Présente une relation logique.
Question 2
Le droit est fondé sur un système de valeurs. Les règles de droit reposent sur des
principes essentiels qui fondent la société, telles que la liberté, l'égalité et la solidarité.
C'est à la lumière de ces principes que le droit saisit les faits et les analyse.
Question 3
« Instituer », c'est créer, instaurer. Le droit a un caractère « instituant » en ce qu'il pose
les fondements de la société. L'exemple de la création du pacs est de ce point de vue
éclairant. Créé en 1999, le pacte civil de solidarité est une convention entre deux
personnes physiques majeures de sexe différent ou de même sexe souhaitant organiser
leur vie commune. Cette évolution du Code civil a eu pour effet de banaliser, c'est-à-dire
faire rentrer dans les habitudes sociales, la vie commune entre personnes du même
sexe et son organisation. Même si ces situations existaient, le droit rendant son
organisation possible, elles sont désormais « acceptées » par la majorité.
Question 4
Il y aura toujours un décalage entre le droit et les faits. Il en est ainsi de l'euthanasie ou
de la maternité de substitution. De nombreuses voix s'élèvent pour légiférer en la
matière. Le législateur n'encadre, ni n'autorise ces pratiques. La légalisation en
favoriserait le développement et porterait atteinte à des droits légitimes et fondamentaux
du système de normes actuel portant sur la famille : les liens familiaux, les droits
parentaux. Autoriser de telles pratiques relève de valeurs fondamentales de la société
française. Mais ces valeurs sont en perpétuelle évolution (cf. les débats de société
contemporains qui seront éventuellement suivis de nouvelles règles de droit).

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Chapitre 2
LES SOURCES DU DROIT
APPLICATION 3
Analyse de textes
La QPC
1. Rôle du Conseil constitutionnel
Le Conseil constitutionnel, créé en 1958, a plusieurs missions.
− Il assure le respect de la Constitution, qui est la norme suprême en droit
français. Il effectue pour cela un contrôle de la constitutionnalité des lois et des
traités internationaux (art. 54 et 61 de la Constitution) ;
− Il est le juge de la régularité des consultations nationales que sont l’élection
présidentielle, le référendum, les élections législatives et sénatoriales (art. 58, 59 et
60 de la Constitution) ;
− Il peut émettre des avis et constater l’existence de certaines situations
(empêchement ou vacance de la présidence de la République, situation justifiant
l’octroi des pouvoirs exceptionnels conférés par l’article 16 de la Constitution au
président de la République).
REMARQUE
Le Conseil constitutionnel est composé de neuf membres. Trois sont nommés par le
président de la République, trois par le président du Sénat et trois par le président de
l’Assemblée nationale. Leur mandat est de neuf ans et n’est pas renouvelable afin de
garantir leur indépendance. À ces 9 membres nommés s’ajoutent les anciens
présidents de la République qui sont membres de droit à vie.

2. La question prioritaire de constitutionnalité (QPC)


Le Conseil constitutionnel exerce un contrôle de constitutionnalité des lois a priori. La
réforme constitutionnelle de 2008 a créé un contrôle de constitutionnalité des lois a
posteriori par le recours à la question prioritaire de constitutionnalité (QPC). C’est le droit
reconnu à toute personne qui est partie à un procès ou une instance de soutenir qu'une
disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit. Si
les conditions de recevabilité de la question sont réunies, il appartient au Conseil
constitutionnel, saisi sur renvoi par le Conseil d'État et la Cour de cassation de se
prononcer et, le cas échéant, d'abroger la disposition législative. Avant la réforme, il
n'était pas possible de contester la conformité à la Constitution d'une loi déjà entrée en
vigueur. Désormais, les justiciables jouissent de ce droit nouveau en application de
l’article 61-1 de la Constitution :
« Lorsque, à l’occasion d’une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu
qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution
garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur le renvoi du
Conseil d’État ou de la Cour de cassation qui se prononce dans un délai déterminé. »
La question prioritaire de constitutionnalité peut être soulevée au cours de toute
instance, devant toute juridiction relevant du Conseil d’État ou de la Cour de cassation, y
compris pour la première fois en appel ou en cassation. Elle ne peut pas être soulevée
d’office par le juge mais seulement par une partie au litige. La juridiction saisie du litige
doit traiter cette QPC sans délai.

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3. Pour quelles raisons les gens du voyage ont-ils saisi le Conseil
constitutionnel ? Comment le Conseil constitutionnel a-t-il
statué ?
Raisons de la saisie du Conseil constitutionnel
Les gens du voyage relèvent des dispositions de la loi du 3 janvier 1969 qui seraient
contraires aux principes d’égalité et de libre circulation.
Ces dispositions portent sur l’institution d’un carnet de circulation aux personnes sans
domicile ni résidence fixe depuis plus de 6 mois, qui logent de façon permanente dans
un véhicule, une remorque ou tout autre abri mobile et qui ne justifient pas de
ressources régulières leur assurant des conditions normales d’existence. Ce carnet doit
être visé tous les 3 mois par l’autorité administrative. Toute personne circulant sans ce
carnet est punie d’une peine d’un an d’emprisonnement.
Comment le Conseil constitutionnel a-t-il statué dans cette affaire ?
• L’existence d’un carnet de circulation particulier pour des personnes ne justifiant pas
de ressources régulières est contraire à la Constitution.
• L’imposition d’un visa tous les 3 mois et la sanction y afférant sont une atteinte
disproportionnée à l’exercice d’aller et venir.
• En revanche, l’existence et les règles de visa de titre de circulation applicables aux
personnes circulant en France sans domicile fixe ne sont pas contraires au principe
d’égalité et de liberté d’aller et venir. Elles permettent de localiser des personnes qui se
trouvent sur le territoire français et de communiquer avec elles.
REMARQUE
Le site du Conseil constitutionnel (www.conseil-constitutionnel.fr) met à disposition une
plaquette de présentation de la QPC. Les QPC, les décisions et les affaires en instance
sont consultables en ligne ainsi que les textes constitutionnels.
Une vidéo de présentation du Conseil constitutionnel est proposée sur le site et, par
ailleurs, des spécialistes répondent à 20 questions sur la Constitution.

APPLICATION 4
La contractualisation du droit
Question 1
Il est d'usage de distinguer deux aspects de l'ordre public : l'ordre public politique et
l'ordre public économique.
L'ordre public politique est ancien et représente la notion traditionnelle : il protège l'État,
la famille, la morale.
L'ordre public économique est plus récent. On distingue l'ordre public de direction et de
protection. Dans le premier cas, il s'agit de fixer des règles ou au contraire (selon les
époques) favoriser la liberté dans le domaine économique. Dans le second cas, il s'agit
de protéger des catégories considérées comme étant en situation de faiblesse : les
salariés, les consommateurs par exemple.
Certaines lois se déclarent d'ordre public. Hormis ces cas, il appartient au juge de dire si
une règle est ou non d'ordre public.
Question 2
La contractualisation du droit consiste en une valorisation de la norme conventionnelle
face à la norme étatique. C'est une tendance qui traverse de nombreuses branches du
droit. Une place de plus en plus importante est donnée au contrat dans le droit de la
famille, le droit du travail et même en droit pénal avec le « plaider coupable ».

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Question 3
Les exemples pris par l'auteur en droit de la famille montrent que, par contrat, des époux
ou des parents peuvent prendre des dispositions. La loi devient « supplétive ». Tel est le
cas du nom de l'enfant. Dans son article 311-21, le Code civil précise :
« Lorsque la filiation d'un enfant est établie à l'égard de ses deux parents au plus tard le
jour de la déclaration de sa naissance ou par la suite mais simultanément, ces derniers
choisissent le nom de famille qui lui est dévolu : soit le nom du père, soit le nom de la
mère, soit leurs deux noms accolés dans l'ordre choisi par eux dans la limite d'un nom de
famille pour chacun d'eux. En l'absence de déclaration conjointe à l'officier de l'état
civil mentionnant le choix du nom de l'enfant, celui-ci prend le nom de celui de ses
parents à l'égard duquel sa filiation est établie en premier lieu et le nom de son père si sa
filiation est établie simultanément à l'égard de l'un et de l'autre. »
La mention en caractères gras met en évidence la valorisation de la norme contractuelle.
Ce même raisonnement peut être appliqué aux articles 495-7 à 495-16 et 520-1 du
Code de procédure pénale concernant la procédure de comparution sur reconnaissance
préalable de culpabilité consultable sur legifrance.fr.
Question 4
Du fait de la divergence des règles de droit national et de l'absence d'un véritable droit
international, le « forum shopping » juridique s'est développé dans le cadre du droit
international privé, c'est-à-dire des relations entre les personnes privées (personnes
physiques, entreprises) de nationalités différentes. Il consiste à choisir la règle
potentiellement la plus favorable, par exemple en matière de droit applicable à un
contrat ou de compétence d'un tribunal. Cette pratique est particulièrement développée
en matière fiscale, en droit du travail et avec l'internet.

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Chapitre 3
L’ORGANISATION JUDICIAIRE
APPLICATION 3
Étude de cas pratiques : détermination de la
compétence des tribunaux
Cette application est l’occasion de faire une recherche sur le site de Legifrance :
www.legifrance.fr. Elle permet une première approche de ce site et de la recherche dans
les Codes. Le Code de l’organisation judiciaire est consultable sur le site, il renvoie pour
certaines questions sur d’autres codes.
a) Le conflit se déroule entre deux commerçants à propos de pratiques commerciales
déloyales. Le tribunal compétent dans ce cas est le tribunal de commerce. Le
demandeur est domicilié à Strasbourg. Le tribunal compétent est celui du domicile du
défendeur, ici Rouen.
Au cas d’espèce, le tribunal compétent est le tribunal de commerce de Rouen.
b) En matière de matière de délit, le tribunal compétent peut être, soit celui du lieu de
l’infraction (règle générale), soit le tribunal de la résidence du prévenu, soit le tribunal du
lieu de son arrestation.
Au cas d’espèce, le tribunal correctionnel sera celui d’Amiens.
c) Sauf exceptions, les différends individuels entre un employeur et son salarié relèvent
de la compétence du conseil de prud’hommes. Quand le travail est effectué dans un
établissement, le conseil de prud’hommes compétent est celui dans le ressort duquel est
situé l’établissement. En revanche, quand le travail est effectué en dehors de tout
établissement, la demande est portée devant le conseil de prud’hommes du domicile du
salarié.
Au cas d’espèce, Myriam exerce son emploi à Paris. Le tribunal compétent est donc le
conseil de prud’hommes de Paris.
d) Le litige oppose deux commerçants à propos de l’exécution d’un contrat. Le tribunal
compétent est donc le tribunal de commerce. Par ailleurs, en matière contractuelle, le
demandeur dispose d’une option : il peut choisir le tribunal du domicile du défendeur ou
celui du lieu où la chose a été livrée.
Au cas d’espèce, le tribunal compétent est le tribunal de commerce de Strasbourg
(domicile du défendeur) ou de Metz (lieu d’exécution du contrat).
e) Le tribunal d’instance connaît des litiges relatifs au crédit à la consommation.
Au cas d’espèce, le tribunal compétent est celui de Lille. Les parties sont domiciliées à
Lille et le contrat est conclu à Lille.

APPLICATION 4
Étude de cas pratiques : analyse d’une
décision de justice
Cette application se réalise après l’analyse de la fiche méthode 2.

Beghin Say
Question 1
La société Tereos, exploitant la marque Beghin Say, a fait figurer, sans son autorisation,
sur des emballages de morceaux de sucre, une photographie de Mme X.

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Question 2
Mme X a intenté une action en justice pour atteinte portée à son droit sur son image.
La cour d’appel a débouté Mme X de sa demande. Elle a constaté que :
− la taille de l’image était trop petite ;
− la photographie n’était représentée que sur une face du morceau de sucre ;
− la définition de l’image était mauvaise.
Question 3
Quand l’atteinte à l’image est-elle constituée ?
Question 4
La Cour de cassation a rejeté le moyen du pourvoi. Elle a considéré qu’à partir de ces
constatations et appréciations souveraines, la cour d’appel avait pu retenir qu’aucune
atteinte à l’image n’avait été constituée.
Cette décision accrédite l’idée qu’une atteinte insignifiante n’est pas fautive. Ici, on ne
reconnaissait pas la personne et, par conséquent, son droit à l’image n’était pas atteint.
Une personne peut prétendre faire respecter son droit à l’image si elle est identifiable et
qu’est mise en cause sa vie privée. Par ailleurs, ce droit disparaît si la reproduction de
l’image a été autorisée ou justifiée par les nécessités de l’information, sauf si elle porte
atteinte à la dignité de la personne.
Au cas d’espèce, on constate que la personne s’est identifiée, qu’elle n’a pas donné son
autorisation et que la reproduction de son image n’est pas justifiée par les nécessités de
l’information. En revanche, cette image a été prise alors que la personne donnait un
spectacle de danse à l’occasion d’une campagne commerciale dite « Année du Brésil ».
In fine, il semble difficile d’approuver la décision de la Cour de cassation.

APPLICATION 5
Étude d’un cas pratique : analyse d’une
décision de justice
Cette application se réalise après l’analyse de la fiche méthode 2.

Titeuf
1. Résumé des faits
M. Y veut prénommer son enfant Titeuf. Le procureur de la République, après en avoir
été informé par l’officier d’état civil, s’oppose à l’attribution de ce prénom.
2. Procédure antérieure
Le procureur de la République était demandeur à l’action devant le tribunal de grande
instance qui a ordonné la suppression du prénom Titeuf.
M. Y et Mme Z, parents de l’enfant, ont interjeté appel. La cour d’appel a confirmé le
jugement de première instance. Les parents de l’enfant ont formé un pourvoi.
3. Problème posé
Le problème porte sur la liberté des parents d’un enfant lors de l’attribution du prénom et
sur l’appréciation de l’intérêt de l’enfant.
4. Solution de la Cour de cassation
La Cour de cassation a confirmé la décision de la cour d’appel. L’attribution du prénom
Titeuf est contraire à l’intérêt de l’enfant. Elle reprend les arguments de la cour d’appel
qui a relevé que le prénom Titeuf est un personnage de bande dessinée dont les
caractéristiques ont été analysées. Elle rappelle le principe de la liberté de choix du
prénom de l’enfant par ses parents et la limite à ce principe qui est l’intérêt de l’enfant.

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Chapitre 4
LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS
APPLICATION 1
Questionnaire d’auto-évaluation
3. Petits cas pratiques
Question 1
a) C’est un acte sous seing privé.
b) La signature peut être contestée. Le contenu comme la date ne font foi que jusqu’à
preuve du contraire.
c) Il s’agit d’un contrat synallagmatique. Par conséquent il est soumis à la formalité du
double. L’absence de cette formalité n’entraîne pas la nullité du contrat de location mais
l’acte instrumentaire est nul. Toutefois, cet acte pourra être utilisé comme
commencement de preuve par écrit dans les cas où ce moyen de preuve est admis.
Question 2
a) C’est un acte sous seing privé.
b) Il s’agit d’un acte unilatéral de payer une somme d’argent ; par conséquent, la
mention manuscrite de la somme en lettres et en chiffres doit être portée sur le
document. La signature peut être contestée. Le contenu comme la date ne font foi que
jusqu’à preuve du contraire.
Question 3
a) Un contrat de mariage est un acte authentique.
b) L’acte authentique fait foi jusqu’à inscription de faux pour ce qui concerne les
mentions portées par Maître Bavard. En revanche, en ce qui concerne les circonstances
de l’acte, celles-ci ne font foi que jusqu’à preuve du contraire. Il appartient à Laure
d’apporter la preuve des circonstances qui l’ont amenée à signer ce contrat de mariage.
Question 4
a) La correspondance fait partie des documents ou « autres écrits ».
b) La force probante de la correspondance est limitée. Elle peut faire preuve contre son
auteur.

4. Objet de la preuve, charge de la preuve et modes de preuve


utilisables
Cas Objet de la preuve Charge de la preuve Mode de preuve

1 Vol de biens meublant le Propriétaire. Tous moyens.


studio.
2 Dommage subi par le Kapharnaum. Tous moyens (fait juridique)
magasin Kapharnaum.
3 Nature juridique de la Parents. On peut présupposer que la somme
somme versée est supérieure à 1 500 €. En
(10 000 €) à Mme Caron conséquence, un écrit est
par ses parents. nécessaire. Mais, compte tenu des
liens familiaux, il est probable qu’il
n’existe pas. Dans ce cas, un
commencement de preuve par écrit
pourrait pourrait être utilisé. Le cas
ne dit pas s’il existe.

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Cas Objet de la preuve Charge de la preuve Mode de preuve

4 Paiement d’une somme C’est à celui qui se prétend libérer Dans un arrêt du 16 septembre
d’argent. d’apporter la preuve de cette 2010, la Cour de cassation a posé
libération. Les établissements que cette preuve s’apportait par
Deleplace doivent prouver qu’ils ont tous moyens.
payé le grossiste.
5 Paiement d’une somme Mme Refil par application du Tous moyens car la somme est
d’argent. principe vu dans le cas précédent. inférieure à 1 500 €.

APPLICATION 3
Analyse d'une décision de justice
Question 1
Le problème porte sur la charge de la preuve.
Question 2
En l’espèce un patient a subi une transfusion sanguine dans un centre régional de
transfusion sanguine. Ce patient a démontré qu’il a été, par suite, atteint d’une
contamination virale et qu’il ne présentait aucun mode de contamination qui lui était
propre. La Cour de cassation relève qu’il appartient au centre de transfusion de prouver
que les produits sanguins qu’il a fournis sont exempts de vice.
Question 3
L’article 1315 du Code civil dispose :
« Celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver.
Réciproquement, celui qui se prétend libéré, doit justifier le payement ou le fait qui a
produit l’extinction de l’obligation. »
La charge de la preuve revient donc au demandeur, c’est-à-dire celui qui formule la
demande. Ensuite, la preuve doit aussi être rapportée par le défendeur. En effet celui
qui souhaite s’opposer aux prétentions de son adversaire doit apporter la preuve de ce
qu’il avance.
Au cas d’espèce, le patient est le demandeur. Il a saisi la justice pour mettre en œuvre la
responsabilité du centre de transfusion. À cette fin, il a démontré qu’il a été atteint par
une contamination virale, qui ne lui est pas propre et qui fait suite à sa transfusion. Le
centre de transfusion (le défendeur) qui s’oppose à son patient doit apporter la preuve
que ses produits étaient exempts de vice.

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Chapitre 5
LES MODES ALTERNATIFS DE
REGLEMENT DES CONFLITS
APPLICATION 2
Étude d'un texte
Le juge et les modes alternatifs de résolution des conflits
Question 1
Plusieurs raisons expliquent le recours aux modes alternatifs de résolution des conflits ;
certaines tiennent aux inconvénients de la justice judiciaire, d’autres aux avantages
intrinsèques des MARC (modes alternatifs de résolution des conflits) :
• La complexité des procédures.
• La lenteur de la justice.
• Le coût du recours à la justice.
• Une crise de confiance dans la justice traditionnelle.
• Une solution mieux adaptée au litige et aux besoins des parties.
• La discrétion.
Question 2
• Le juge a pour rôle de dire le droit et de trancher le litige. Son intervention se limite à la
résolution juridique du litige.
• Le conciliateur ou le médiateur établit entre les parties un dialogue, une
compréhension mutuelle pour trouver une solution qui conviennent aux parties.
Question 3
La médiation est conduite par un médiateur nommé par un juge, qui résout un différend.
Elle met l’accent sur la réparation, la responsabilisation et le rétablissement de rapports
entre les parties.
La conciliation est la recherche d’un accord entre les parties dans le but de mettre fin à
leur différend par des concessions réciproques. Elle se fixe un but : résoudre le conflit.
Elle cherche à obtenir une solution consensuelle qui rapproche les parties.

APPLICATION 3
Étude de document : les enjeux stratégiques
de la médiation
Question 1
La médiation est la désignation par un juge d’un tiers dont le rôle est d’entendre les
parties, rechercher et trouver une solution au différend qui les oppose.
Question 2
Les avantages de la médiation :
− la préservation des relations commerciales : les parties essaient de trouver un
accord ensemble, cela ne remet pas nécessairement en cause la pérennité de leurs
relations (« un mauvais accord vaut mieux qu’un bon procès ») ;

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− la limitation des situations de stress, d’affrontement : plus souple cette procédure
contribue à un débat plus serein, moins brutal et moins formaliste ;
− confidentialité (les débats, qui pourraient constituer une mauvaise publicité pour les
parties, ne sont pas exposés à l’opinion publique), rapidité (une médiation dure en
règle générale une douzaine d'heures avec taux de succès de 70 %) et d'un coût
modeste (le coût d'une médiation avoisine en moyenne les 3 000 euros).
Question 3
On peut évoquer la notion d’enjeux stratégiques et ceci d’un double point de vue :
− du point de vue des entreprises, pour les raisons évoquées dans les réponses aux
questions précédentes (gain de temps, de coûts, d’image) ;
− du point de vue macroéconomique. Les procès en responsabilité représentent
0,8 % du PIB, le développement du recours à la médiation permettra de réduire
encore le nombre de contentieux judiciaires.

APPLICATION 4
Étude d’un cas pratique
Cas Dalbert
Juridiction compétente
Pour répondre à cette question, nous présenterons les faits, le problème et les règles de
compétence.
Marie Dalbert est commerçante à Amiens. Elle a commandé auprès d’une société
parisienne, la SARL Yoko, des meubles japonais pour un montant de 12 000 euros. Les
meubles sont arrivés en retard et abîmés, la commande est incomplète. Le gérant de la
SARL Yoko a refusé de procéder aux échanges et à l’envoi rapide des pièces
manquantes arguant d’une indisponibilité du personnel et d’une rupture de stock. Selon
lui, le problème ne pourra pas se régler avant six mois. N’ayant pas satisfaction après de
multiples relances, Marie Dalbert décide d’intenter une action en justice.
Quel sera le tribunal compétent pour trancher le litige ?
La compétence d’un tribunal se détermine grâce aux règles de compétences
d’attribution et territoriale.
La compétence d’attribution détermine la catégorie de juridiction compétente en fonction
de la nature, la valeur du litige et le degré de juridiction.
La compétence territoriale détermine la juridiction géographiquement compétente. Le
principe est posé par l’article 42 du CPC. Le tribunal compétent est, sauf disposition
contraire, celui du lieu où demeure le défendeur. En matière contractuelle, le demandeur
dispose d’une option : il peut choisir le tribunal du domicile du défendeur ou bien celui du
lieu où la chose a été livrée ou la prestation exécutée.
Au cas d’espèce, le litige porte sur un contrat entre deux commerçants. Le tribunal
compétent est le tribunal de commerce. Marie Dalbert est le demandeur, elle a le choix
entre le tribunal de Paris, domicile de son fournisseur, ou d’Amiens, lieu de livraison des
meubles.
Qualification juridique et définition de la clause
Le contrat avec la société Yoko comporte une clause qui prévoit le recours à un arbitre
en cas de litige à propos de ce contrat.
Une telle clause est qualifiée de clause compromissoire. C’est une clause par laquelle
les parties à un contrat s’engagent à soumettre à l’arbitrage les litiges qui pourraient
naître relativement à ce contrat.

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Intérêt(s) de ce type de clause pour les parties
La clause compromissoire est un procédé qui permet aux parties de ne pas recourir aux
tribunaux étatiques et de choisir de faire trancher le litige par une personne privée.
Elle présente de nombreux avantages : la rapidité, un moindre coût, la confidentialité et
le recours à un expert du domaine d’activité des parties.
Valabilité de la clause
Une clause compromissoire doit être écrite ; elle concerne les contrats conclus à raison
d’une activité professionnelle et précise le nom de l’arbitre ou son mode de désignation.
En l’espèce, la clause est écrite dans le contrat. Le contrat porte sur l’activité
commerciale. En revanche, la clause ne précise pas le nom de l’arbitre ou son mode de
désignation. Elle n’est donc pas valide.

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Chapitre 6
LES PERSONNES ET LEUR PATRIMOINE
APPLICATION 3
Étude de cas pratique
Cas Pierre Lancien
Question 1
Les trois principes sont :
− le principe de nécessité. Le placement sous un régime de protection doit être
justifié par une altération médicalement constatée des facultés de la personne qui
empêche l'expression de sa volonté ;
− le principe de subsidiarité. Le placement sous un régime de protection est utilisé si
aucun autre moyen ne peut être mis en place ;
− le principe de proportionnalité. Le régime mis en place dépend de l'état de la
personne.
Question 2
La décision de mise sous un régime de protection judiciaire est prise par le juge des
tutelles. La demande de protection doit émaner d'une personne autorisée (la personne
elle-même, un membre de sa famille ou le procureur de la République). Elle est
accompagnée d'un certificat circonstancié rédigé par un médecin choisi sur une liste
établie par le procureur de la République.
Question 3
La tutelle dure cinq ans au maximum. Le juge peut la renouveler pour une même durée.
Question 4
• Embaucher une femme de ménage. Cette décision est prise seule par la personne
protégée. Il s'agit d'une aide relative à sa personne. Si son état ne le permet pas, la
personne protégée est représentée par son tuteur.
• Vendre deux appartements. La vente d'un appartement est un acte de disposition.
L'acte est réalisé par le tuteur avec autorisation du conseil de famille ou, à défaut, du
juge des tutelles.
• S'abonner à une revue. Cet acte de la vie courante est effectué seul par la personne
protégée.

APPLICATION 4
Étude d’une décision de justice
Question 1
Une association est un groupement de personnes qui mettent en commun d’une façon
permanente leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des
bénéfices.
Question 2
Les associations ont une capacité de jouissance limitée. Cette limite tient à la nature de
l’association (objet non lucratif) et au principe de la spécialité des personnes morales
(l’association peut uniquement faire les actes prévus à ses statuts).

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Par ailleurs, l’association n’a pas de capacité d’exercice. C’est une fiction qui, pour agir,
exige l’intervention de personnes physiques : les dirigeants de l’association.
Question 3
Une association propose des activités sportives à des personnes extérieures contre le
paiement d’un prix et d’un droit d’entrée. Cette possibilité n’est pas prévue par les statuts
de l’association.
Question 4
Y a-t-il pratique para-commerciale illicite ?
Question 5
La pratique est qualifiée par la Cour de cassation de pratique para-commerciale illicite.
L’association se livre de manière habituelle à des opérations commerciales non prévues
par ses statuts. Ces pratiques sont lucratives et de nature à porter préjudice aux
commerçants offrant les mêmes prestations. Pour autant, cette association n’est pas
assujettie aux charges fiscales et sociales afférentes aux activités commerciales.

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Chapitre 7
LES PROFESSIONNELS DE LA VIE DES
AFFAIRES : LES COMMERÇANTS
APPLICATION 3
Étude d’un cas pratique
Cas Sébastien Leblond
Question 1
L’activité de Sébastien est une exploitation avicole. Le caractère civil ou commercial est
attribué à ce type d’activité en fonction de l’origine du cheptel, de la présence ou non
d’une activité d’élevage, de la nourriture des animaux du cheptel par des produits de
l’exploitation ou des aliments achetés à l’extérieur.
En cette occurrence, les poules sont achetées à l’extérieur, elles sont élevées par la
société (l’activité de la société ne se limite donc pas à la revente) et nourries de denrées
qui proviennent de ses terres (il n’y a pas spéculation sur des matières premières). En
conséquence cette activité est de nature civile.
Question 2
Si une activité est qualifiée de commerciale, les dispositions du droit commercial
s’appliquent à cette activité : compétence des tribunaux, régime de la preuve…
En revanche, si une activité est qualifiée de civile, il faut en tirer les conséquences
inverses.
Question 3
L’achat d’engrais met en présence une société commerciale, Langrais, et une personne
civile, Sébastien Leblond. Nous sommes donc en présence d’un acte mixte.
• Détermination de la compétence d’attribution. Comme Sébastien va intenter
l’action, il a une option de juridiction : civile ou commerciale. En conséquence, Sébastien
devra choisir entre le tribunal de commerce et la juridiction de proximité. En effet, celle-ci
connaît des actions personnelles ou mobilières jusqu’à la valeur de 4 000 euros. Or,
Sébastien a acheté pour 1 000 euros d’engrais.
• Détermination de la compétence territoriale. Le tribunal compétent est, en principe,
le tribunal du défendeur ou celui de la chose livrée. En conséquence, Sébastien choisira
la juridiction d’Amiens pour des questions de commodité.
Le tribunal compétent sera donc la juridiction de proximité d’Amiens.

APPLICATION 3
Étude d’un cas pratique
Cas Lauder
Question 1
Arielle et Rachid souhaitent se marier. Ils vont donc opter pour un régime matrimonial.
Le choix de ce régime doit retenir deux aspects importants de leur situation : Arielle va
devenir commerçante, Rachid dispose de quelques économies et d’un appartement.
En l’absence de contrat de mariage, le régime légal s’applique. Celui-ci est le régime de
la communauté et autorise un créancier à poursuivre le paiement d’une créance sur

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l’ensemble des biens communs des époux. En conséquence, Rachid peut subir sur ses
biens les conséquences des difficultés professionnelles rencontrées par Arielle dans la
gestion de son commerce.
Pour éviter une telle situation, les époux peuvent adopter le régime de la séparation des
biens et passer un contrat de mariage. Dans cette hypothèse, Arielle administre et
dispose seule de son fonds de commerce. Elle perçoit seule les bénéfices et supporte
seule les pertes. Ce régime apporte donc une grande sécurité aux époux et c’est donc
celui-ci que nous conseillerons.
Question 2
La loi offre la possibilité de choisir un statut parmi trois propositions : le statut de
collaborateur, de salarié ou d’associé. L’adoption d’un de ces statuts entraîne des
conséquences, notamment en matière de droits sociaux, préoccupation avancée par
Rachid dans son projet de rejoindre Arielle dans son entreprise.
Le statut de conjoint collaborateur s’applique à tout conjoint qui collabore effectivement
à l’entreprise familiale et qui en fait mention au RCS. Cette collaboration ne doit pas être
rémunérée et le conjoint ne doit pas avoir la qualité d’associé. En conséquence, le
conjoint est ayant droit du chef d’entreprise pour les prestations d’assurance-maladie et
les prestations familiales. Il est obligatoirement affilié à l’organisme autonome
d’assurance vieillesse auquel le chef d’entreprise est affilié. Enfin, les cotisations
sociales du conjoint collaborateur sont admises en déduction du bénéfice imposable de
l’entreprise sous certaines conditions.
Le statut de conjoint salarié suppose que le conjoint participe effectivement à l’activité
commerciale à titre professionnel et habituel. Il doit recevoir une rémunération au moins
égale au SMIC et être subordonné à son époux. Le conjoint bénéficie de l’application
des règles du droit du travail et profite des prestations de la sécurité sociale et du droit à
pension des salariés. Le salaire du conjoint est déductible du bénéfice imposable.
Le statut de conjoint associé est réservé aux époux qui constituent une société familiale.
Dans le cas d’Arielle et Rachid, il s’agit d’une entreprise individuelle et non pas d’une
société.
Les statuts de conjoint salarié et de conjoint collaborateur permettent de protéger les
droits sociaux de Rachid. Le choix final résultera d’un examen des coûts de la protection
sociale de Rachid et des avantages qu’il peut en attendre.

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Chapitre 8
LES PROFESSIONNELS DE LA VIE DES
AFFAIRES, AUTRES QUE LE
COMMERÇANT
APPLICATION 3
Étude d'un cas pratique
Cas Agricol
Question 1
La loi du 30 décembre 1988 codifiée à l’article 311-1 du Code rural (reproduit à la
page 144 du manuel) a confirmé le caractère civil de l’activité agricole et considéré
comme telle, non seulement la production agricole stricto sensu mais encore les
activités exercées par un exploitant agricole qui sont dans le prolongement de l’acte de
production ou qui ont pour support cette exploitation, comme le tourisme à la ferme.
Question 2
Les lettres de change sont des actes de commerce par la forme. Le tribunal de
commerce est donc compétent en cas de litige.
Question 3
La clause attributive de juridiction est une disposition propre au droit commercial. Elle
n’est valable qu’entre commerçants. Monsieur Agricol n’est pas commerçant. Les règles
de compétence d’attribution et territoriale de l’acte mixte vont s’appliquer en cas de litige.

APPLICATION 4
Analyse d’une décision de justice
Les professions libérales sont définies par la loi du 22 mars 2012, Il s'agit de personnes
exerçant à titre habituel, de manière indépendante et sous leur responsabilité, une
activité de nature généralement civile. Dans l’intérêt du client ou du public, elles assurent
des prestations principalement intellectuelles, techniques ou de soins, mises en œuvre
au moyen de qualifications professionnelles appropriées et dans le respect de principes
éthiques ou d’une déontologie professionnelle.
Trois critères sont ainsi retenus pour qualifier le statut de profession libérale : l’exercice
d'une activité civile, la qualification professionnelle et la soumission à une déontologie.
La reconnaissance de l’existence d’un fonds libéral, au même titre que le fonds de
commerce se pose. La Cour de cassation a admis en 2000 la licéité d’une cession de
clientèle médicale à la condition que « soit sauvegardée la liberté de choix du patient ».
La clientèle civile présente un caractère très personnel. Il existe entre le professionnel
libéral et son client, un intuitus personae particulièrement fort. Par conséquent, la
cession de cette clientèle n’était possible que dans le cadre de conventions dites de
présentation (présentation du successeur à la clientèle).
La Cour de cassation, dans son arrêt du 30 juin 2004, confirme cette analyse. L’affaire
oppose M. Issautier, médecin, à son confrère M. Magant à qui il a cédé son cabinet, La
Cour de cassation affirme que « la cession de clientèle médicale n’est pas illicite, à la
condition que soit sauvegardée la liberté de choix du patient ». En l’espèce, cette liberté
n’était pas respectée puisque la cession partielle de la clientèle amenait les malades qui
requéraient des soins réguliers de dialyse avec appareillage à se rendre au cabinet,
objet de la cession, du fait de leur pathologie.

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Chapitre 9
LA PROPRIETE
APPLICATION 3
Analyse d’un cas pratique
Une clause d’un contrat de prêt immobilier – Annexe
Question 1
Le droit de propriété est le droit de jouir et de disposer d’une chose de la manière la plus
absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et les règlements.
Question 2
Une règle d’ordre public est indispensable au bon fonctionnement de la société. Par
conséquent il est impossible d’y déroger par un usage ou une convention. On ne peut
pas écarter le droit de propriété par un quelconque moyen juridique.
Question 3
Une clause interdisant à un propriétaire de vendre ou louer son bien est valable si elle
est temporaire et justifiée par un intérêt sérieux et légitime.
Question 4
L’article 9 du contrat de prêt immobilier conclu entre la Banque européenne de crédit et
Paul Mael ne présente pas de caractère temporaire et elle n’est pas justifiée par un
intérêt légitime. Le propriétaire de l’immeuble détient les attributs du droit de propriété :
usus, fructus et abusus. Il peut donc mettre son bien en location pour en tirer les fruits
(loyers). Cette clause porte atteinte au droit de propriété, constitutionnellement reconnu
et énoncé à l’article 544 du Code civil.

APPLICATION 4
Analyse d'une décision de justice
Question 1
Les sœurs Massip sont copropriétaires d’un immeuble dont la photographie a été
publiée dans une revue par la société Flohic Éditions. Cette photographie était
accompagnée de précisions localisatrices, historiques et architecturales. Le
consentement préalable des propriétaires n’a pas été sollicité.
Question 2
Le problème porte sur le droit à l’image du propriétaire d’un immeuble sur son bien. La
publication d’une photographie de cet immeuble, sans l’autorisation préalable des
propriétaires constitue-t-elle une atteinte au droit de jouissance du propriétaire sur son
bien ?
Question 3
La cour d’appel a considéré que la reproduction d’un bien immeuble sous la forme de
photographie ne portait pas atteinte au droit de jouissance du propriétaire de cet
immeuble.

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Question 4
La Cour de cassation confirme la décision de la cour d’appel. L’atteinte à la jouissance
du bien immeuble n’a pas été démontrée par les propriétaires de l’immeuble. Le trouble
anormal de voisinage n’a pas été démontré.
Question 5
Le trouble anormal de voisinage consiste soit dans la perturbation de la tranquillité et
l’intimité, soit dans la menace effective d’un trouble en raison des indications de situation
géographique accompagnant la reproduction du bien.
Question 6
Le propriétaire d’une chose ne dispose pas d’un droit exclusif sur l’image de celle-ci. Il
ne peut s’opposer à l’utilisation d’une photographie de celle-ci par un tiers que si elle lui
cause un trouble anormal.

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Chapitre 10
APPLICATIONS PARTICULIERES DE LA
PROPRIETE
APPLICATION 3
Étude d’un cas pratique
Eau Andalouse – Affaire Bsiri-Barbir C/ Sté Haarmann
La question de la protection de la fragrance d’un parfum par le droit d’auteur est
controversée. La Cour de cassation a pris le parti d’exclure les parfums du champ du
droit d’auteur. Elle a justifié sa décision en affirmant que les parfums ne sont que la
simple mise en œuvre d’un savoir-faire.
Les parfums n’apparaissent pas parmi les œuvres de l’esprit recensées à l’article L. 112-
2 du Code de la propriété intellectuelle, qui ne cite que des œuvres perceptibles par
deux sens déterminés, la vue ou l’ouïe. Il est toutefois impossible d’exclure de cette liste
les parfums, perceptibles par l’odorat puisque la liste n’est pas exhaustive. De plus,
l‘article L. 112-1 formule le principe général que toutes les œuvres de l’esprit sont
protégées, et notamment quelle qu’en soit la forme d’expression.
La Cour de cassation considère en revanche que la création d‘une fragrance procède de
la mise en œuvre d’un savoir-faire. Elle y ajoute la « simple » mise en œuvre. Par
conséquent la fragrance serait le fruit d’une création purement technique ne laissant
aucune place à l’expression de la personnalité de son auteur, ni même à une création
vraiment originale et ne relevant donc pas du droit d’auteur.
La création d’un parfum peut sembler n’être l’œuvre que d’un technicien, cependant
chaque parfum a son style propre et le créateur y apporte une touche personnelle, reflet
de son expérience et de son tempérament. L’analyse de la Cour de cassation semble
donc fragile même si elle doit être aujourd’hui retenue. Les voies du droit des brevets
d’invention et du droit des marques n’étant pas adaptées, nous sommes face à une
absence de protection juridique des fragrances qui présentent pourtant des enjeux
économiques dans un secteur important.

APPLICATION 4
Étude de cas pratique
Paul Lefebure
1. Conditions du droit au renouvellement du bail commercial
Le bail commercial est un contrat de location d’un local commercial entre un preneur (le
commerçant) et un bailleur (le propriétaire des lieux).
Le contrat est conclu pour 9 ans. Le preneur bénéficie d’un droit au renouvellement de
son bail à plusieurs conditions :
− il doit être propriétaire du fonds qu’il exploite dans les lieux loués ;
− le fonds doit être réellement exploité conformément aux stipulations du bail ;
− le fonds doit avoir été exploité pendant les trois années qui précédent la date
d’expiration ;
− être immatriculé au RCS.

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2. Problème juridique
Le cas qui nous est soumis concerne un bail entre Paul Lefebure et la Société des
Courses marseillaise pour la concession exclusive de l’installation d’un buffet buvette.
Cette activité est limitée à l’enceinte du champ de courses et réduite aux journées de
réunions hippiques (marginalement étendue à quelques banquets). Ce contrat a été
conclu pour une durée de 9 ans et arrive à expiration. La Société des Courses
marseillaise ne souhaite pas renouveler le bail. Monsieur Lefebure estime bénéficier
d’un bail commercial et avoir donc droit au renouvellement. Le problème porte sur les
conditions de renouvellement d’un bail commercial et plus particulièrement sur
l’existence et l’exploitation d’un fonds de commerce. L’exploitant d’une buvette d’un
champ de courses ouverte les jours de réunions hippiques et quelques jours par an sous
réserve de l’autorisation de son bailleur est-il propriétaire d’un fonds de commerce ?
3. Arguments des parties
L’existence d’un fonds de commerce suppose la présence d’un élément essentiel : une
clientèle personnelle à l’exploitant. La clientèle doit être rattachée en propre au titulaire
du fonds.
Dans son arrêt du 28 mai 2013, la Cour de cassation est amenée à se prononcer sur
l’existence d’une clientèle d’une pizzeria exploitée dans les locaux dépendant d’un port
de plaisance. Pour répondre à ce problème, la Cour retient qu’il importe de rechercher si
la clientèle de la pizzeria est distincte de celle du port de plaisance.
Au cas d’espèce, le buffet buvette de Monsieur Lefebure a-t-il une clientèle distincte de
celle de la Société des Courses marseillaise ? La réponse est négative puisque cette
activité est limitée aux jours de réunions hippiques (marginalement à d’autres
occasions). Ainsi, les clients du buffet buvette se rendent sur les lieux pour assister aux
manifestations hippiques et non pour se restaurer chez Monsieur Lefebure. En
conséquence, Monsieur Lefebure n’exploite pas de fonds de commerce et ne peut pas
bénéficier de la législation des baux commerciaux et du droit au renouvellement de son
bail.

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Chapitre 11
L’ENTREPRISE EN DIFFICULTE
APPLICATION 3
Étude de cas pratique
Cas Dewaring
Question 1
Dans une telle situation trois procédures sont envisageables : l’alerte, la conciliation et le
mandat ad hoc.
• L’alerte est déclenchée par tout fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation. Ici, il semble difficile de recourir à l’alerte. Certes, Nolic SA est un client
important et les difficultés de cette entreprise risquent de se répercuter sur Dewaring.
Toutefois, les informations fournies par le cas ne permettent pas de conclure à une mise
en cause de la continuité de l’exploitation de cette dernière entreprise ;
• La mise en œuvre de la procédure de conciliation suppose deux conditions.
L’entreprise ne doit pas être en état de cessation des paiements ou celle-ci doit être
intervenue depuis moins de 45 jours. Par ailleurs, l’entreprise doit éprouver une difficulté
avérée ou prévisible. Cette difficulté doit être juridique, économique ou financière.
L’esprit de la conciliation c’est de résoudre des difficultés qui, sinon, pourraient à terme
déboucher sur une procédure collective. Les hypothèses fournies par le cas ne
permettent pas une telle conclusion.
• Au cas d’espèce, le mandat ad hoc apparaît plus approprié. Cette technique de droit
des affaires permet de confier une mission particulière à une personne désignée par
l’autorité judiciaire pour résoudre un conflit. Ici le différend entre Pierre et Joseph.
Question 2
Une entreprise est en état de cessation des paiements quand elle ne peut pas faire face
à son passif exigible avec son actif disponible. Au cas d’espèce, les factures impayées
et les salaires non réglés traduisent cet état.
Question 3
Nolic SA est en état de cessation des paiements. Il faut donc lui appliquer la procédure
de redressement.
Question 4
La procédure de liquidation est destinée à mettre fin à l’activité de l’entreprise ou à
réaliser le patrimoine du débiteur par une cession globale de ses droits et de ses biens.
Le liquidateur cherche à apurer les dettes du débiteur : il réalise les biens du débiteur,
paie ses dettes et recouvre ses créances.
La liquidation peut s’accompagner de la liquidation pure et simple de l’entreprise ou de
sa cession.
Question 5
La procédure d’alerte vise à résoudre des difficultés qui compromettent la continuité de
l’entreprise.
Question 6
Dans l’entreprise Dewaring, les détenteurs de l’alerte sont le commissaire aux comptes,
le CE et les actionnaires.

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Question 7
M. Exacte est le commissaire aux comptes de Dewaring SA. S’il constate un fait de
nature à compromettre la continuité de l’exploitation, il peut déclencher l’alerte. Il a une
marge d’appréciation.
Question 8
• Communication au président du CA ou du directoire de faits qui sont de nature à
compromettre la continuité de l’exploitation.
• Invitation au président du CA ou du directoire à faire délibérer le conseil
d’administration ou de surveillance.
• Invitation au président du CA ou du directoire à faire délibérer l’assemblée générale
sur les faits relevés.
• Présentation d’un rapport spécial à cette assemblée.
• Information du président du tribunal de commerce.

APPLICATION 4
Analyse d’un texte
La loi de sauvegarde des entreprises :
apport et philosophie
Question 1
La loi nouvelle repose sur deux idées : l’anticipation et la réhabilitation des créanciers.
L’anticipation repose sur l’idée que plus on intervient tôt, plus on a de chances de régler
les difficultés. Par exemple, la loi offre la possibilité de recourir à la sauvegarde dès que
l’entreprise rencontre des difficultés qu’elle ne peut pas surmonter seule.
La loi de 2005 réhabilite aussi les créanciers. Ils sont associés au plan de sauvegarde
comme au sauvetage de l’entreprise.
Question 2
La loi ancienne ne permettait pas de régler suffisamment tôt les difficultés de
l’entreprise. Par ailleurs, elle accordait une place réduite aux créanciers. Or, le crédit
n’est-il pas l’âme du commerce ?
Question 3
Critères de Points Diffé-
Commentaires
comparaison communs rences
Procédure La conciliation n’est pas une procédure collective. Tous les
X
collective créanciers ne sont pas appelés

• Les commerçants, artisans, agriculteurs et auto-


entrepreneurs.
• Les personnes morales, notamment les sociétés
Personnes visées X
commerciales.
• Les professionnels libéraux, y compris les professionnels à
statut ou dont le titre est protégé.

• Conciliation : l’entreprise n’est pas en état de cessation des


paiements ou cet état est récent. Par ailleurs, elle rencontre
Nature des
X des difficultés.
difficultés
• Sauvegarde : l’entreprise a des difficultés qu’elle ne peut
pas surmonter.

Procédure
X Toutefois, la conciliation s’appuie sur le droit des contrats.
judiciaire

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Critères de Points Diffé-
Commentaires
comparaison communs rences
Organes de la
X Ils sont beaucoup plus développés en sauvegarde.
procédure
La sauvegarde se termine par un plan.
Fin de la procédure X La conciliation se termine par un accord constaté ou
homologué.

Question 4
La loi réhabilite une vision libérale de l’économie. Le débiteur a le choix entre une
procédure et ne rien faire.
Par ailleurs, il a le choix de la procédure.
Question 5
Longtemps le droit des procédures collectives a été répressif. Il est difficile de faire croire
aux débiteurs qu’ils pourront trouver une aide auprès du juge. De plus, le succès de
certaines procédures, par exemple la sauvegarde, suppose une collaboration entre les
créanciers.

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Chapitre 12
LA FORMATION DU CONTRAT
APPLICATION 3
Étude de cas pratiques
Des contrats viciés
1. Vice du
2. Définition 3. Conditions 4. Discussion
consentement
Cas Dol Tromperie • Recours à des manœuvres L’erreur de l’acquéreur provoquée
a) qui provoque frauduleuses par la réticence dolosive du vendeur
une erreur • Émanant du co-contractant était déterminante dans la décision
• Déterminantes d’achat. Les époux Defrance avaient
• Prouvées par celui qui bien l’intention dans cette opération
l’invoque de réaliser des bénéfices.
Cas Erreur Croyance • Ne pas être inexcusable La défiscalisation est un élément
b) fausse • Déterminante déterminant dans l’acquisition du
portant sur terrain par les époux Lenglet. Dans
un des ce cas, il y a erreur. De plus, il s’agit
éléments du de savoir s’il y a manœuvre de la
contrat part du notaire pour amener les
époux Lenglet à contracter et si ces
manœuvres lui sont profitables.
Dans ce cas, il y aurait dol.
Cas Dol Tromperie • Recours à des manœuvres L’erreur de l’acquéreur provoquée
c) qui provoque frauduleuses par la réticence dolosive du vendeur
une erreur • Émanant du co-contractant était déterminante dans la décision
• Déterminantes d’achat.
• Prouvées par celui qui
l’invoque

APPLICATION 4
Analyse d’une décision de justice
Affaire Degomme
Question 1
Des associés ont vendu des parts sociales d’une SARL mise en liquidation judiciaire
ultérieurement.
Question 2
Une erreur qui porte sur la situation financière de la société et sur la valeur économique
et financière des parts sociales constitue-t-elle une erreur sur la substance ?
Question 3
L’erreur, vice du consentement, n’est pas une cause de nullité d’une cession de parts
lorsqu’elle porte sur la valeur des droits sociaux. Elle doit porter sur la substance. Tel est
le cas dans cette occurrence. Les éléments fournis étaient incomplets, des
renseignements faux et la présence d’une escroquerie ont caché la situation réelle de la
société qui ne pouvait plus poursuivre son objet social.

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APPLICATION 5
Analyse d’une décision de justice
La vente d’une jument
1. Les faits
MM. A., Z. et Y. ont acquis une jument vendue par M. X, lors d’une course dite « à
réclamer ».
L’animal livré était en gestation. Ils ont demandé l’annulation de la vente.
REMARQUE
La vente « à réclamer » est une course dans laquelle les chevaux sont à vendre. À
l'arrivée de la course, les personnes intéressées peuvent déposer un bulletin dans une
urne prévue à cet effet, indiquant le montant proposé pour un cheval déterminé. Le plus
offrant emporte le cheval.

2. Procédure antérieure
MM. À, Z. et Y. étaient demandeurs à l’action en premier degré. La décision n’est pas
connue, par conséquent l’appelant ne peut pas être précisé.
La cour d’appel a annulé la vente et octroyé des dommages-intérêts à MM. À, Z et T.
M. X a formé un pourvoi en cassation.
3. Problème juridique
Le problème juridique porte sur les vices du consentement et plus particulièrement le
dol.
À quelles conditions l’achat d’une jument en gestation lors d’une vente à réclamer
constitue-t-il un dol ?
4. Décision de la Cour de cassation
La Cour de cassation a rejeté le pourvoi formé par M. X, vendeur. Le dol est une
tromperie qui a pour effet de provoquer une erreur déterminante dans l’esprit du
cocontractant.
Le dol est une cause de nullité de la convention lorsque les manœuvres pratiquées par
l'une des parties sont telles qu'il est évident que, sans ces manœuvres, l'autre partie
n'aurait pas contracté. Il ne se présume pas, et doit être prouvé (article 1116 du Code
civil).
Dans cette affaire, les motifs de la Cour de cassation pour décider que l’achat d’une
jument en gestation lors d’une vente « à réclamer » constitue un dol sont les suivants :
− d’abord, l’état de la jument est déterminant. En effet les acquéreurs souhaitaient
acheter une jument de course et ils n’ont appris l’état de la jument que
postérieurement à leur achat. Par conséquent, il y a erreur sur les qualités
substantielles de l’animal vendu ;
− ensuite, l’action en garantie pour vice est une action qui porte sur l’intégrité du
consentement. La vente « à réclamer », bien qu’elle ait lieu après une course, ne
s’oppose pas à ce type d’action ;
− enfin, le vendeur a eu recours à des manœuvres frauduleuses. Les informations
portant sur l’état de la pouliche ayant été données postérieurement à la vente, le
vendeur a commis un dol par réticence.
REMARQUE
Le dol a été élargi par la jurisprudence à la réticence dolosive : le dol peut être constitué
par le silence d'une partie dissimulant à son cocontractant un fait qui, s'il avait été connu
de lui, l'aurait empêché de contracter.

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Chapitre 13
L’EXECUTION DU CONTRAT
APPLICATION 3
Étude d'un cas pratique
La responsabilité du voyagiste
Question 1
Mme Poisson est descendue à l'hôtel Ritz à Mexico au cours d'un voyage organisé par
la société Voyageurs au Mexique. Elle a été blessée en tombant dans la cage
e
d'ascenseur par la porte du 2 étage alors que la cabine se trouvait bloquée au rez-de-
chaussée.
Question 2
Cette affaire pose le problème de la responsabilité du voyagiste.
Question 3
L’hôtel, prestataire local substitué au voyagiste dans l’exécution du séjour, présentait
toutes les conditions de sécurité requises. Par conséquent, le voyagiste n’a pas commis
de faute en faisant appel à ses services.
Question 4
L’agence de voyage répond de l’hôtelier, auquel elle s’est substituée quant à la sécurité
des voyageurs.
Question 5
L’obligation de sécurité de l’agence est plus proche d’une obligation de résultat que
d’une obligation de moyens. En l’espèce et malgré le choix rigoureux de l’hôtel qu’avait
fait l’agence de voyages, les juges l’ont reconnue responsable des conséquences
dommageables pour sa cliente du dysfonctionnement de l’ascenseur de l’hôtel.
Question 6
L’agence de voyage est responsable de plein droit à l’égard de l’acheteur de la bonne
exécution des obligations résultant du contrat que ces obligations soient exécutées par
elle-même ou par d’autres prestataires de services. Elle ne pourra s’exonérer de sa
responsabilité qu’en prouvant la faute de l’acheteur, le fait imprévisible et insurmontable
d’un tiers ou la force majeure.

APPLICATION 4
Étude d’un cas pratique
L’obligation de sécurité
Question 1
Dans le cadre d’un stage organisé par le centre école régionale de parachutisme de
Languedoc Méditerranée (CERP), Corinne Fillattre s’est tuée en effectuant son premier
saut en parachute. Son parachute de secours, qui s’était automatiquement déclenché à
hauteur de sécurité, était venu s’enrouler dans la voilure principale qui ne s’était pas
correctement déployée. Elle n’était pas parvenue à se libérer comme le centre lui avait
enseigné.

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Question 2
Le problème porte sur l’obligation de sécurité d’un centre école de parachutisme.
Question 3
La Cour de cassation statue en droit et n’interprète pas les faits. Elle a relevé que la
cour d’appel n’avait pas caractérisé le manquement du centre école de parachutisme à
son obligation de sécurité de moyen. La cour d’appel n’a pas montré le caractère
insuffisant ou incomplet de la formation dispensée par le centre, ni si cette formation
permettait au centre de s’assurer que son élève était apte à réaliser son premier saut.
Question 4
L’obligation de sécurité du centre de parachutisme est qualifiée d’obligation de moyen.
Question 5
Cette obligation de sécurité impose au centre école de parachutisme de mettre tous les
moyens en œuvre pour assurer la sécurité de ses élèves dans le cadre du contrat qui lie
ce centre à ses élèves.
Question 6
En conséquence, en cas de litige, l’élève victime devra prouver la faute du centre qui
n’est pas présumé fautif. L’élève pourra invoquer par exemple l’imprudence ou la
négligence. Il appartiendra ensuite au centre d’apporter la preuve contraire.
Question 7
La cour d’appel de renvoi devra examiner les éléments apportés par la victime pour faire
la preuve du comportement fautif du centre et répondre aux questions suivantes :
− le contenu de la formation reçue était-il suffisant pour autoriser l’élève à effectuer
son premier saut en parachute ?
− la formation avait-elle intégré les manœuvres de sauvetage en cas de
déclenchement du parachute de secours ?
− le centre s’était-il assuré des compétences de l’élève avant de l’autoriser à effectuer
son premier saut ?

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Chapitre 14
LES CONTRATS DE L’ENTREPRISE
APPLICATION 4
Étude de cas pratique
Des plants de melon
Question 1
L’action peut-être intentée sur la base de la garantie contre les vices cachés.
Question 2
Il y a vice caché lorsque les conditions suivantes sont réunies :
− le vice doit être antérieur à la vente ;
− le vice doit diminuer ou supprimer l’usage normal de la chose que l’acheteur
pouvait raisonnablement envisager ;
− le vice est non apparent et inconnu de l’acheteur ;
− l’action est intentée dans un délai de deux ans à compter de la découverte du vice.
Question 3
• Le vice doit être antérieur à la vente : les plants étaient contaminés, ceci est confirmé
par un rapport d’expertise.
• Le vice doit diminuer ou supprimer l’usage normal de la chose : les plants étaient
impropres à l’usage auquel ils étaient destinés.
• Le vice est non apparent et inconnu de l’acheteur : la contamination des plants n’est
pas visible à l’achat.
• L’action est intentée dans un délai de deux ans à compter de la découverte du vice : le
cas ne le mentionne pas, mais cela est plus que vraisemblable.
Les conditions étant réunies, il y a donc vice caché.
Question 4
La mauvaise qualité des graines elles-mêmes n’est pas retenue. Par conséquent cela
ne constitue pas un vice caché. L’obligation de conseil peut être retenue. Le vendeur
doit fournir tous les renseignements indispensables à l’utilisation du produit. Il appartient
au vendeur d’attirer l’attention de son client sur les précautions d’utilisation du bien
vendu. En cas de litige, la qualité de l’acheteur (profane ou professionnel) est
déterminante. En l’espèce, le statut du voisin de Michel et ses compétences devront être
examinés.

APPLICATION 5
Étude de cas pratique
Affaire N'Guyen Tuong C/ SNC Cros et Perrot
Question 1
Il n’existe pas de définition légale du fonds de commerce. Traditionnellement on
considère qu’il est constitué par les moyens attribués par un commerçant à une
exploitation commerciale afin de créer, conserver et développer une clientèle. Il
comprend des éléments incorporels (clientèle, nom commercial, enseigne, droit au
bail…) et des éléments corporels (marchandises, matériel et outillage…).

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Question 2
Dans cette affaire, l’acheteur exerce une action en garantie des vices cachés pour
inexactitude des mentions de l’acte de vente d’un fonds de commerce.
Question 3
En principe, la garantie des vices cachés n’est due par le vendeur que lorsque le vice
caché rend la chose impropre à l’usage auquel on la destine ou diminue tellement cet
usage que l’acheteur n’aurait pas acquis la chose ou n’en aurait donné qu’un moindre
prix s’il avait connu le vice.
En l’espèce, le vendeur est tenu à garantie en raison de l’inexactitude de ses
énonciations, ainsi assimilée à un vice caché. L’officine concernée n’était pas apte à
produire le chiffre d’affaires trompeur annoncé.

APPLICATION 6
Étude de cas pratique
Affaire Rachel Ciquero
Question 1
Le critère de la vente d’un fonds de commerce est la transmission de la clientèle. Les
autres éléments servent de ralliement à cette clientèle. Par conséquent on ne peut pas
vendre un fonds de commerce sans vendre la clientèle.
Question 2
a) La vente du fonds de commerce est un acte de commerce. Par conséquent elle se
prouve par tous moyens. Un écrit n’est donc pas nécessaire. Toutefois, un écrit est
nécessaire pour la formalité de l’enregistrement si l’acte est passé sous seing privé, pour
la publicité de la vente, pour celle du privilège du vendeur et pour l’immatriculation de
l’acheteur au RCS.
b) En l’absence d’écrit et en cas de litige, des problèmes de preuve peuvent se poser
aux parties en présence.
c) La vente pourra être prouvée par un commencement de preuve par écrit (échange de
documents, correspondance…), le témoignage ou des présomptions de fait.
Question 3
La vente peut être réalisée par acte sous seing privé ou par acte authentique.
Question 4
La garantie du fait personnel s’applique dans cette affaire. En application de cette règle,
le vendeur est responsable, s’il évince l’acquéreur de la chose vendue (article 1628 du
Code civil). La reprise de la clientèle par le vendeur d’un fonds de commerce constitue
une éviction. Par conséquent, Julien est protégé après la cession du bien par Rachel.
Cette protection a pour but d’éviter que Rachel ne se rétablisse en exerçant une activité
similaire et en captant la clientèle rattachée au fonds.
Dans la pratique, et pour renforcer cette disposition, les contrats de vente de fonds de
commerce comportent une clause dite « clause de non-rétablissement ».
Question 5
Ces formalités ont pour but d’informer les créanciers du vendeur afin qu’ils puissent faire
valoir leurs droits. Ces formalités concernent l’enregistrement de l’acte, la publicité et
l’actualisation du RCS.
• L’enregistrement : la cession du fonds doit être portée à la connaissance de
l’administration fiscale dans le mois qui suit l’opération sauf si la vente est faite par acte
authentique.

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• La publicité : une insertion unique est faite au BODACC, dans les quinze jours de la
cession.
• Le RCS : le vendeur doit se faire radier et l’acquéreur se faire immatriculer dans un
délai d’un mois à dater de la cession du fonds.
Question 6
Les créanciers de Rachel disposent d’un droit d’opposition et d’un droit de former une
surenchère.
• Le droit d’opposition a pour but de bloquer le prix entre les mains de l’acquéreur. Il doit
s’exercer dans les 10 jours de la première publication de la vente (cf. question
précédente).
• Le droit de former une surenchère du sixième si les créanciers estiment que le prix est
insuffisant. Dans cette hypothèse ils mettent le fonds en vente aux enchères publiques
et s’engagent, en l’absence d’offre, à se porter acquéreurs au prix initial majoré du
sixième.
Question 7
Le transfert de propriété se réalise par le seul échange des consentements (sauf clause
particulière), c’est-à-dire lorsque le vendeur et l’acheteur sont d’accord sur la chose (ici
le fonds de commerce) et sur le prix. Rappel : le fonds de commerce est un bien meuble
incorporel. Par conséquent, ni la publicité de l’acte, ni la possession ne sont nécessaires
pour que la cession soit opposable aux tiers.
Question 8
Le vendeur a l’obligation de protéger l’acheteur contre les troubles de droit qui
émaneraient d’un tiers : c’est la garantie contre l’éviction. En l’espèce l’ex-mari de
Rachel revendique le fonds. M. Deruel peut donc appeler Rachel en garantie contre
l’éviction.

APPLICATION 7
Étude de cas pratique
Des clauses de téléphonie mobile
1. Conditions pour qu’une clause soit abusive
La réglementation des clauses abusives vise à protéger le consentement du
consommateur dans un contrat de consommation.
Une clause est ainsi définie si elle a pour objet ou pour effet de créer, au détriment du
consommateur, un déséquilibre significatif entre les droits et les obligations des parties
(cf. article L. 132-1 du Code de consommation).
2. Caractère abusif des deux clauses
• La clause 1 exonère le fournisseur d'accès à Internet des conséquences de ses
propres carences. Elle est abusive car elle a pour objet ou pour effet de dégager le
professionnel de son obligation de résultat qui est d'assurer effectivement l'accès au
service promis.
• La clause 2 confère à chacune des parties les mêmes droits de mettre fin au contrat
dans les mêmes conditions. Elle n’est donc pas abusive.

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Chapitre 15
LES RELATIONS ENTREPRISE/BANQUE
APPLICATION 4
Étude de cas pratique
Les malheurs d’Élodie
Question 1
a) La convention de compte de dépôt est un contrat conclu intuitu personae. En
conséquence, la banque peut choisir ses clients et rompre le compte de dépôt d’Élodie.
b) Élodie peut essayer de chercher un établissement qui la bancarise. Sinon, elle peut
faire jouer l’article L. 312-1 du Code monétaire et financier qui reconnaît un droit au
compte à toute personne dépourvue d’un compte de dépôt.
Question 2
Le chèque est un titre payable à vue. En conséquence, le chèque remis à Élodie le
1er février peut être porté à l’encaissement immédiatement.
Question 3
a) La provision est la créance de somme d’argent du tireur (= Emilio Hacienda) contre le
tiré (= la BLA). b) La provision doit préexister. Elle doit être suffisante et disponible. En
pratique, elle est maintenue jusqu’à l’encaissement du chèque ou jusqu’à l’expiration du
délai de prescription.
c) Les chèques émis et payables en France métropolitaine doivent être présentés au
paiement dans les 8 jours de leur émission. Le chèque postdaté est ainsi valablement
présenté et doit être payé dès avant sa date d’émission prétendue (L. 131-31 CMF).
d) En pratique, les effets de la non-présentation sous huitaine sont limités. Le porteur
négligent perd le bénéfice de la certification. Il ne perd pas le droit d’être payé.
Question 4
L’émission de chèque sans provision n’est pas un délit, au sens du droit pénal.
Question 5
La banque informe M. Hacienda qu’elle va refuser le paiement d’un chèque pour
provision insuffisante. Elle enregistre l’incident et informe la Banque de France. Elle
enjoint au titulaire de ne plus émettre de chèques et de restituer tous les chèques en sa
possession. Au porteur impayé qui le demande, elle remet un certificat de non-paiement.
M. Hacienda règle le montant du chèque ou il constitue une provision suffisante. Sinon,
il rend toutes les formules de chèque en sa possession.
Mlle Lefourmentel demande à la banque un certificat de non-paiement. Elle fait signifier
au tireur le certificat de non-paiement ou lui fait notifier ce certificat. Elle reçoit un titre
exécutoire de l’huissier qu’elle fait exécuter.
Question 6
Mlle Lefourmentel supporte tous les achats car elle n’a pas confirmé son opposition.

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APPLICATION 5
Étude de cas pratique
SARL Desjeux
Question 1
C’est un mode simplifié qui permet de mobiliser les créances qu’une entreprise détient
sur ses clients.
Question 2
• SARL Desjeux : cédant.
• SA Empereur et SAS Cavalier : cédés.
• Credito : bénéficiaire.
Question 3
• La dénomination « acte de cession de créances professionnelles » : elle figure en haut
du document.
• La mention que l’acte est soumis aux articles L. 313-23 à L. 314-34 du Code monétaire
et financier : l’acte est soumis à la loi n° 81-1 du 2 janvier 1981 modifié et au décret
n° 81-862 du 9 septembre 1981 facilitant le crédit aux entreprises.
• Le nom ou la dénomination sociale de l’établissement de crédit bénéficiaire : Credito.
• La désignation ou l’individualisation des créances cédées : une créance sur SA
Empereur et une sur SAS Cavalier.
• La signature du cédant : Carolyne Lacordaire.
• La date de la cession : le 01.09.
Question 4
a) La date de cession est portée sur le document par la banque. Il s’agit du 01.09.
b) Les créances ont quitté le patrimoine de la société Desjeux. Un créancier de cette
entreprise ne peut plus les saisir.
c) Ce report d’échéance n’est pas valide car la SARL n’est plus propriétaire des
créances.
Question 5
La Credito peut exiger le paiement de la SA Empereur car qui paie mal paie deux fois.
Question 6
L’acceptation empêche la SAS Cavalier d’invoquer les vices affectant les jouets. Elle doit
régler sa créance sans pouvoir avancer des raisons de ne pas payer tenant à la qualité
du matériel livré par son vendeur.

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Chapitre 16
L’ENTREPRISE ET LA RESPONSABILITE
DELICTUELLE
APPLICATION 3
Étude d'un cas pratique
Christophe Brinck
Le problème qui se pose est la responsabilité d’une banque pour le fait de l’un de ses
salariés. Cette responsabilité est mise en œuvre aux conditions suivantes :
− l’existence d’un lien de préposition : le salarié agit sous l’autorité de l’employeur,
dans l’intérêt de l’employeur et l’employeur conserve la maîtrise de l’opération ;
− l’existence d’une faute commise par le salarié en rapport avec ses fonctions.
En l’espèce, le critère déterminant pour apprécier les conditions d’application de la
responsabilité de l’employeur est le comportement de la victime. La victime ne pouvait
ignorer que les opérations auxquelles elle se livrait avec le salarié de la banque avaient
un caractère anormal et personnel.
Par conséquent, la banque ne saurait être responsable pour le fait d’un salarié dès lors
que la victime, qui n’est pas cliente de la banque, a confié au salarié d’importantes
sommes d’argent pour les prêter à court terme à d’autres personnes, sans délivrance de
reçus, à un taux largement supérieur aux taux courants et sur des appels de fonds
réalisés par le salarié de la banque.
L’attitude de la victime, commerçant en plus, démontrait que ses relations avec le salarié
de la banque s’étaient placées hors des fonctions de celui-ci.

APPLICATION 4
Analyse d'une décision de justice
Court de Payen C/ société Monoprix Nouvelles Galeries
Question 1
La cliente d’un magasin a été blessée à la suite d’une chute dans l’escalator de ce
magasin.
Question 2
Le problème porte sur l’exonération de responsabilité du fait d’un tiers.
Question 3
La cour d’appel a cru voir dans la bousculade de la victime par un tiers, un cas de force
majeure.
Question 4
La Cour de cassation casse et renvoie l’affaire. Elle observe que la cour d’appel n’a pas
démontré l’existence d’un cas de force majeure. Elle développe les motifs suivants :
− l’escalator est, au moins pour partie, objet du dommage ;
− la chute d’une autre cliente dans l’escalator ne peut exonérer en totalité le magasin,
gardien de la chose (l’escalator) que sous certaines conditions : être imprévisible et
irrésistible. Ce qui en l’espèce n’a pas été démontré.

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Question 5
Le fait d’un tiers ne peut exonérer le gardien d’une chose, instrument du dommage qu’à
la condition d’avoir été à l’égard du gardien de la chose instrument du dommage (au
moins pour partie) imprévisible et irrésistible.

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Chapitre 17
LA RESPONSABILITE PENALE
APPLICATION 3
Étude de cas pratique
Les détritus du supermarché volent dans la rivière
Question 1
L’article R632-1 du Code pénal est consultable sur le site de Légifrance.
La juridiction de proximité est compétente pour les quatre premières classes d’infraction.
L’infraction visée par l’article R. 632-1 du Code pénal renvoie à une contravention de
deuxième classe.
Question 2
• Élément légal : R. 632-1 du Code pénal.
• Éléments matériels : le dépôt, l’abandon…, des objets dans un lieu non prévu à cet
effet.
• Élément intentionnel : la faute contraventionnelle résulte du simple fait de violer une
prescription législative ou réglementaire.
Question 3
À quelle condition la contravention de l’article R. 632-1 du Code pénal peut-elle être
établie à la charge d’un prévenu ?
Question 4
La Cour de cassation considère que le juge de proximité n’a pas caractérisé (= établi) à
la charge du prévenu les faits de dépôt, d’abandon ou de rejet de déchets sur le terrain
d’autrui. En conséquence, le juge de proximité a violé la loi. Sa décision est cassée,
annulée, sans renvoi.
Question 5
L’article R. 632-1 du Code pénal incrimine « le fait de déposer, d’abandonner ou de
jeter » des objets dans des lieux non prévus à cet effet. Ces faits n’ont pas été établis à
la charge du responsable du supermarché. Ce dernier ne peut pas être responsable des
méfaits d’un vent mauvais ou de clients peu respectueux de l’environnement.

APPLICATION 4
Étude de cas pratique
Certaines infractions ne peuvent pas fonder
une action civile
Question 1
L’action civile est une action tendant à la réparation du dommage subi par la victime.
Question 2
Elle vise à la réparation du préjudice subi par la victime. Elle met en œuvre, sous
certaines conditions, l’action publique.

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Question 3
L’action est intentée par la « victime pénale ». Cette action peut être portée devant les
juridictions pénale ou civile.
Question 4
À quelle condition la recevabilité de l’action civile est-elle soumise ?
Question 5
La Cour de cassation a considéré que l’Office national de la chasse et de la faune
sauvage et les gardes nationaux de la Chasse et de la faune sauvage ne sauraient
prétendre avoir subi un préjudice personnel et direct découlant du délit de refus
d’obtempérer à une sommation de s’arrêter. En conséquence, la constitution de partie
civile est irrecevable.
Par cet arrêt, la Cour de cassation a rappelé qu’une personne ne peut se voir
reconnaître la qualité de « victime pénale » que dans la mesure où elle est susceptible
de démontrer qu’elle a subi personnellement un préjudice directement causé par une
infraction pénale.

APPLICATION 5
Étude de documents
L’introduction du plaider coupable en droit français
Question 1
Dispositif de traitement simplifié des affaires correctionnelles permettant au procureur de
la République de proposer au délinquant une peine en contrepartie de la
reconnaissance de sa culpabilité.
Question 2
Points communs : Les deux procédures concernent quasiment les mêmes délits. Elles
reposent sur le procureur de la République.
Différence : La composition pénale débouche sur des « mesures de composition
pénale ». En revanche, la CRPC débouche sur de véritables « peines pénales ».
Question 3
La CRPC traduit une méfiance à l’égard des magistrats du siège. Elle repose sur le
ministère public. Toutefois, cette méfiance est relative car l’accord du Parquet et du
délinquant doit être homologué par un magistrat du siège.
Question 4
Quand le Parquet et le délinquant se sont mis d’accord sur les mesures de composition
pénale, le trouble social disparaît et l’action visant à le réprimer n’a plus lieu d’être mise
en œuvre.
Question 5
Les modes alternatifs de règlement des litiges sont plus simples, plus souples, plus
rapides et moins coûteux.

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Cas d’entraînement
CAS DE SYNTHESE 1 ET 2
CAS DE SYNTHÈSE 1
Leblond
Questions
1. Le régime juridique des biens du majeur sous sauvegarde de
justice
Une personne majeure est capable de gérer son patrimoine. Toutefois, une altération de
ses facultés peut nécessiter une protection juridique. La loi du 5 mars 2007, entrée en
er
vigueur le 1 janvier 2009, a fixé les règles de protection des biens des majeurs
incapables. Elle prévoit trois régimes de protection : le placement sous sauvegarde de
justice, la curatelle et la tutelle.
Le placement sous sauvegarde de justice est un régime appliqué à une personne qui a
besoin d’une protection temporaire ou d’être représentée pour l’accomplissement de
certains actes.
Lors d’un placement sous sauvegarde de justice, le majeur conserve l’exercice de ses
droits. En principe, le majeur peut gérer seul ses biens (sauf nomination d’un mandataire
si l’état de la personne exige). Il peut effectuer tous les actes y compris les actes de
disposition. Ces actes peuvent faire l’objet d’une rescision pour lésion ou d’une
réduction pour excès. Ces deux actions sont prescrites par cinq ans à partir du jour où le
majeur a eu connaissance de l’acte.
La rescision pour lésion suppose l’existence d’un déséquilibre entre les prestations
réciproques au moment de la conclusion du contrat. La réduction pour excès sanctionne
l’inutilité d’une dépense ou une dépense disproportionnée. L’action aboutit à une nullité
partielle ou une annulation totale.
Ce régime est temporaire, il peut être retiré. La curatelle ou la tutelle peuvent être
prononcée.si la situation de la personne l’exige.
2. L’appel et le pourvoi en cassation
L’appel et le pourvoi sont des voies de recours qui permettent aux justiciables de
demander un nouvel examen du litige.
L’appel est qualifié de voie de recours ordinaire car il est toujours ouvert aux plaideurs,
sauf texte contraire. C’est le principe du double degré de juridiction. Il existe des
exceptions liées à la modicité de l’intérêt. En matières civile, commerciale et du travail,
les jugements dont la valeur du litige est inférieure à 4 000 € ne sont pas susceptibles
d’appel.
C’est une voie de réformation. La partie qui s’estime non reconnue dans ses droits par
un jugement rendu en premier ressort peut interjeter appel devant une cour d’appel.
Le délai pour faire appel est d’un mois et l’appel est suspensif. Le demandeur est
l’appelant, le défendeur est l’intimé. L’appel est dévolutif, la cour d’appel juge l’ensemble
du litige (les faits et le droit). Les parties ne peuvent pas soumettre à la cour d’appel de
nouvelles prétentions. L’arrêt rendu par la cour est confirmatif ou infirmatif.
Le pourvoi en cassation est une voie de recours extraordinaire. Elle n’est ouverte que
dans des cas prévus par la loi. Le pourvoi doit être effectué dans les deux mois de la
décision rendue en dernier ressort ; il n’a pas en principe d’effet suspensif. Les parties
sont dénommées le demandeur et le défendeur. La Cour de cassation est juge du droit ;
elle apprécie notamment la qualification légale donnée aux faits par les juges du fond
(juges du dernier ressort) et les conséquences qu’ils en ont tirées. Elle rend un arrêt de
rejet du pourvoi ou elle renvoie devant une juridiction de même nature que celle du
jugement rendu en dernier ressort.

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2016/2017
Étude d’une situation pratique
1. Juridiction compétente pour trancher le litige
Florence est commerçante. Elle a passé un contrat avec la SARL Decor’Home pour des
travaux d’aménagement de son magasin. Un litige l’oppose à cette société pour
mauvaise exécution du contrat : des malfaçons et des délais excessifs. Elle décide de
poursuivre la société en justice.
Quel sera le tribunal compétent ?
La compétence d’un tribunal est l’aptitude à connaître, à instruire et à juger une affaire.
Elle se détermine par la compétence d’attribution et la compétence territoriale.
La compétence d’attribution est l’attribution d’un litige à un tribunal en fonction de la
valeur du litige, de sa nature et du degré de juridiction. Le tribunal de commerce connaît
des litiges de premier degré entre commerçants, relatifs aux sociétés commerciales et
aux actes de commerce entre toutes personnes, ainsi qu’en matière de procédures
collectives.
La compétence territoriale attribue l’examen du litige à une juridiction géographiquement
compétente. Le tribunal compétent est, sauf dispositions contraires, celui du domicile du
défendeur. En matière contractuelle, le demandeur dispose d’une option : il peut choisir
le tribunal du lieu du domicile du défendeur ou du lieu où la chose a été livrée ou la
prestation effectuée.
Au cas d’espèce, il s’agit d’un litige entre commerçants qui relève du tribunal de
commerce. Florence est le demandeur, elle dispose d’une option. Elle peut choisir, soit
le tribunal du domicile du défendeur : Dijon, soit le tribunal du lieu d’exécution des
travaux : Belfort.
2. Qualification juridique de la clause et appréciation de sa validité
Le contrat de Florence comporte une clause qui prévoit le recours à un arbitre en cas de
litige concernant l’exécution de ce contrat. Cette clause est une clause compromissoire.
Une clause compromissoire est une clause par laquelle les parties à un contrat
s’engagent à soumettre à l’arbitrage les litiges qui pourraient naître relativement à ce
contrat.
Cette clause doit être écrite à peine de nullité et présente dans les contrats conclus à
raison d’une activité professionnelle. [Depuis le décret n° 2011-48, art. 3, 1° du
13 janvier 2011, la mention du nom de l’arbitre ou de son mode de désignation n’est
plus exigée.]
Au cas d’espèce, la clause est présente dans un contrat entre commerçants à l’occasion
de leurs activités. Elle est donc valide.
3. Intérêt(s) de ce type de clause pour les parties contractantes
La clause compromissoire prévoit le recours à l’arbitrage qui est un mode alternatif de
résolution des conflits. Les parties renoncent au recours judiciaire.
Ce mode de règlement des conflits présente l’avantage d’être plus rapide et moins
coûteux. Il est plus adapté aux conflits de nature économique : il est confidentiel et le
tiers désigné comme arbitre peut être un expert qui a des compétences techniques et
une bonne connaissance du milieu professionnel concerné.
L’arbitrage, parmi les MARC, est un mode juridictionnel de règlement des litiges. La
décision prise par l’arbitre est une sentence arbitrale qui a autorité de la chose jugée.
Toutefois, elle n’a force exécutoire qu’en vertu d’une décision exequatur rendue par le
TGI.
4. Saisie éventuelle d’une juridiction judiciaire
Les parties qui décident d’avoir recours à l’arbitrage pour trancher un litige renoncent à
la justice étatique. Si l’une des parties lançait une procédure devant une juridiction
judiciaire après qu’un arbitre ait été saisi, elle se verrait éventuellement opposer une
exception d’incompétence. Mais les parties peuvent renoncer à la clause

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2016/2017
compromissoire, soit expressément, soit tacitement (lorsqu’une partie assigne l’autre en
justice et que cette dernière ne soulève pas l’exception d’incompétence).
Au cas d’espèce, Florence ne peut pas en principe saisir une juridiction judiciaire.
Toutefois les deux parties peuvent se mettre d’accord pour renoncer à l’arbitrage soit
expressément soit tacitement.
5. Tribunal compétent
Florence a acheté à la société Fashion’Tec un smartphone qui ne fonctionne pas. Aucun
arrangement ne pouvant être trouvé avec le vendeur, un recours judiciaire pourrait être
envisagé.
Quel serait le tribunal compétent ?
Lorsqu’un particulier conclut un contrat avec un commerçant, l’acte est qualifié d’acte
mixte.
En cas de conflit, les règles de compétence d’attribution sont spécifiques. Si le
demandeur est le commerçant, le tribunal compétent est un tribunal civil. Si le
demandeur est un non-commerçant, celui-ci a une option. Il peut choisir, soit le tribunal
de commerce, soit un tribunal civil. La compétence du tribunal civil, dans les deux cas
précités, est fonction du montant du litige. Si le litige a une valeur inférieure à 4 000 €, le
tribunal compétent est le juge de proximité ; entre 4 000 € et 10 000 € il s’agit du tribunal
d’instance ; au-delà de 10 000 €, le tribunal de grande instance examinera le litige.
Du point de vue de la compétence territoriale, dans le cas d’un contrat, le demandeur
dispose d’une option : il peut choisir le tribunal du lieu du domicile du défendeur ou du
lieu où la chose a été livrée ou la prestation effectuée.
Au cas d’espèce, Florence est le demandeur. Elle a le choix entre le tribunal de
commerce et le juge de proximité (un smartphone a une valeur inférieure à 4 000 €) de
Nancy ou de Belfort.
6. Protection juridique la plus appropriée au cas de Dominique
Le frère de Florence, âgé de 32 ans, souffre de graves séquelles à la suite d’un accident
de moto.
Quel est le régime de protection le plus approprié ?
Les majeurs qui souffrent d’une altération de leurs facultés peuvent bénéficier d’une
protection juridique. Il existe trois régimes de protection : la sauvegarde de justice, la
curatelle et la tutelle.
• La sauvegarde de justice est une protection a posteriori. Le majeur garde l’exercice de
ses droits. Ses actes peuvent être frappés de rescision pour lésion ou de réduction pour
excès.
• Le majeur en curatelle bénéficie de l’assistance ou du contrôle d’un curateur dans les
actes importants de la vie civile.
• La tutelle concerne la personne qui a besoin d’être représentée de manière continue
dans la vie civile.
Au cas d’espèce, la tutelle semble être le régime le plus adaptée au cas de Dominique
qui ne peut effectuer aucun acte seul dans l’immédiat. La tutelle dure 5 ans au
maximum. Elle peut être renouvelée. Cependant, si la situation de Dominique
s’améliore, sa protection pourra être allégée ou supprimée.
7. Démarches à entreprendre
Comme tous les régimes de protection des majeurs, la mise sous tutelle peut être
demandée par la personne elle-même, un membre de sa famille ou le procureur de la
République.
La demande doit être accompagnée, sous peine d’irrecevabilité, d’un certificat
circonstancié rédigé par un médecin choisi sur une liste établie par le procureur de la
République. La décision est prise par le juge des tutelles.
Florence pourra demander la mise sous protection de son frère Dominique auprès du
juge des tutelles.

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Commentaire de document
1. Faits
La CPAM de la Marne a décidé de prendre en charge la maladie de Mme X., salariée de
la société Continent France. Cette dernière conteste cette décision.
2. Problème juridique
Le problème porte sur validité d’une copie informatique.
3. Prétentions des parties
La société Continent France invoque l’inopposabilité de la décision de la CPAM. Elle fait
valoir que cette dernière ne l’a pas informée préalablement de la procédure d'instruction,
de la possibilité de consulter le dossier et de la date à laquelle elle entendait prendre sa
décision. Elle invoque à l’appui de sa demande un document produit par la CPAM qui
est une copie informatique éditée sur du papier à en-tête revêtu d'un logo postérieur à la
rédaction de l’original.
La CPAM affirme avoir produit un document, copie informatique de l’original qui vaut
preuve de l'accomplissement de la formalité prévue à l'article R. 441-11 du code de la
sécurité sociale.
4. Solution de la Cour de cassation
La Cour de cassation rappelle qu’en l’absence de présentation d’un original, pour dire
qu’une copie informatique vaut preuve de son existence, plusieurs éléments doivent être
examinés : la copie informatique doit être la reproduction non seulement fidèle mais
durable de l’original, son auteur doit être dûment identifié, sa conservation doit être
établie dans des conditions de nature à en garantir son intégrité.
Au cas d’espèce, la cour d’appel n’a pas examiné ces différents éléments. C’est
pourquoi la Cour de cassation casse et annule son arrêt et renvoie devant une autre
cour d’appel.

CAS DE SYNTHÈSE 2
Canards de la Nièvre
Questions
RAPPEL
Méthodologie du traitement de la question de cours : introduction, réponse structurée,
conclusion

1. Conditions de l’action en justice


En cas de litige, les personnes peuvent saisir les tribunaux pour obtenir la
reconnaissance et le respect de leurs droits subjectifs. Ce droit à l’action en justice est
soumis à trois conditions : l’intérêt, la capacité et la qualité.
Il ne peut y avoir une action en justice que s’il y a un intérêt (« pas d’intérêt, pas
d’action »). Cet intérêt doit être légitime, c’est-à-dire reposer sur un droit. Il doit être né et
actuel. Il n’y a pas en principe d’action à titre préventif. L’intérêt doit être personnel et
direct, le demandeur à l’action est le titulaire du droit ou son représentant.
Pour intenter une action en justice, il faut être capable. Seules pourront agir en justice
les personnes physiques et les personnes morales titulaires des droits à défendre.
La qualité est le titre en vertu duquel une personne agit. Le titulaire du droit a qualité
pour agir, ses héritiers, ses créanciers (pour certaines actions) et son mandataire. La
représentation est obligatoire devant les tribunaux de droit commun (TGI, cour d‘appel,
Cour de cassation). Elle est interdite lorsque la comparution personnelle est exigée (par
exemple en pénal).

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2. Procédures de sauvegarde de l’entreprise en difficulté
La loi du 26 juillet 2005 prévoit trois procédures de traitement des entreprises en
difficulté : la sauvegarde, le redressement et la liquidation judiciaire. L’entreprise pourra
choisir la procédure la plus adaptée à sa situation.
La procédure de sauvegarde permet à une entreprise de se placer sous la sauvegarde
de la justice sans être pour autant en état de cessation des paiements. Elle s’applique
aux entreprises qui rencontrent des difficultés qu’elles ne peuvent pas surmonter seules.
Elle présente des caractéristiques spécifiques.
Cette procédure est collective. Elle concerne l’entreprise en difficulté (le débiteur), ses
créanciers et ses salariés. Elle s’applique aux personnes physiques (commerçant,
artisan, agriculteur, professionnel indépendant et autoentrepreneur) et aux personnes
morales.
Le débiteur n’est pas dessaisi. La procédure est confiée à des organes nommés par le
tribunal : un juge-commissaire qui veille au bon déroulement de la procédure, un
administrateur qui a une mission d’assistance ou de surveillance du débiteur confiée par
le tribunal, un mandataire judiciaire qui représente les créanciers, des contrôleurs qui
assistent le mandataire et le juge-commissaire et un représentant des salariés.
La procédure de sauvegarde se termine par l’adoption d’un plan de sauvegarde. Il
comporte généralement un volet économique, financier, social et environnemental et
éventuellement un examen d’offres d’acquisition.
Il existe une procédure de sauvegarde accélérée depuis 2010 qui s’adresse aux
créanciers financiers et se déroule en deux mois.

Situation pratique
1. Arguments juridiques
Isabelle a commandé des produits à la société Les Canards du Val de Nièvre. Elle a
réceptionné des bocaux, livrés par la société de transport Quick Chain, en partie cassés
dans les emballages carton.
Quels arguments juridiques peut-elle utiliser ?
Il y a un contrat de transport, c’est-à-dire de prestation de services entre Isabelle et
Quick Chain. Il s’agit d’un contrat d’entreprise. Aux termes de ce contrat, l’entrepreneur
doit accomplir la prestation convenue. En cas de transport, il s’agit d’une obligation de
résultat. Par conséquent, en cas de non-exécution ou mauvaise exécution du contrat, le
transporteur est présumé responsable. Il devra apporter la preuve qu’il ne l’est pas en
invoquant la force majeure, le fait d’un tiers ou la faute du créancier.
Isabelle peut donc invoquer la responsabilité du transporteur fondée sur son obligation
de résultat.
2. Recours de Madame Laplace
Madame Laplace a commandé sur internet et payé par carte bancaire des produits des
Canards de la Nièvre. Les produits et la quantité livrés ne sont pas conformes à la
commande.
Quels sont les différents recours dont dispose Madame Laplace ?
Il y a un contrat de consommation à distance entre un consommateur et un
professionnel. Le consommateur est protégé lors de la formation du contrat. Il dispose
d’un délai de rétractation de sept jours qui lui permet de revenir sur la parole donnée
sans se justifier. Par ailleurs, après la conclusion du contrat, le vendeur est tenu de
délivrer la chose vendue conformément à ce qui était prévu au contrat tant en ce qui
concerne la qualité que la quantité. Un bien est conforme s’il est propre à l’usage
attendu et s’il présente les caractéristiques définies d’un commun accord. L’action en
garantie de délivrance non conforme doit être intentée dans les deux ans à compter de
la délivrance du bien. Le consommateur peut choisir une des actions possibles : le
remplacement ou la réparation au mieux de ses intérêts, ou, en cas d’impossibilité, la

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restitution du bien contre son prix, ou la conservation du bien et le remboursement d’une
partie de son prix.
Madame Laplace peut, si elle ne veut pas garder les produits, les renvoyer et se faire
rembourser sur la base de son droit de rétractation ou du non-respect de la garantie de
conformité. Elle peut faire remplacer les bocaux, ou garder les bocaux livrés non
conformes et se faire rembourser de la différence de prix.

Commentaire de document
1. Faits
Un contrat de vente a été conclu entre les époux X, consommateurs, et la société
Ateliers de la Terre cuite, le vendeur professionnel. Ce contrat porte sur divers lots de
carrelage qui ont été posés autour de la piscine des époux X et se sont dégradés. La
société ATC, informée de cette situation, a procédé à un remplacement partiel du
carrelage. Le phénomène a persisté et un expert a conclu à l'incompatibilité entre la
terre cuite et le traitement de l'eau de la piscine effectué selon le procédé de l'électrolyse
au sel.
2. Problème juridique
Le problème porte sur la preuve de l’obligation de conseil du vendeur professionnel.
3. Prétentions des parties
Les prétentions des époux X reposent sur l’obligation d’information mise à la charge du
professionnel dans un contrat de consommation. Le professionnel doit fournir au
consommateur tous les renseignements indispensables à l’utilisation du produit. Il
appartient au professionnel d’apporter la preuve de cette obligation.
La société ATC, sans nier son obligation de conseil, argue du fait que, pour satisfaire à
cette obligation, le vendeur doit être informé de l’usage auquel le produit est destiné,
information dont elle ne disposait pas en l’espèce.
4. Analyse de la Cour de cassation
La Cour de cassation rappelle que le vendeur est soumis à une obligation de conseil et
que la preuve qu’il s’est acquitté de cette obligation lui incombe. À ce titre, il lui
appartient de se renseigner sur les besoins de l’acheteur afin d’être en mesure
d’apprécier l’adéquation du produit vendu à l’utilisation qui en est prévue.

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