A : Définition : Les droits subjectifs sont les prérogatives reconnues
aux sujets de droit par le droit objectif c'est-à-dire par les règles de droit, et sanctionnées par lui. Plus simplement, on dira que le droit subjectif est le droit de faire ou d'exiger quelque chose sous la sanction de la loi. Au sens large, les droits subjectifs comprennent : - Les droits politiques qui appartiennent à tout citoyen et qui s'exerce sous forme d'une participation à la vie politique : par exemple droit de vote, éligibilité aux diverses assemblées. - Les droits publics, consacrés dans la déclaration des droits de l’homme et rappelés pour certains par le préambule de la constitution marocaine sont attachés à la qualité d’homme : entrent dans cette catégorie toutes les libertés « d’aller et venir, de conscience, de parole etc. " » et, bien entendu le droit à la vie, à l'honneur etc. ; - Les droits civils enfin, appartiennent à chacun dans ses rapports avec les autres particuliers. C'est à cette dernière catégorie que sera consacrée à cette partie. B : Classification des droits subjectifs : Droits patrimoniaux et droits extrapatrimoniaux : La classification des droits permet de donner un panorama des divers droits dont on peut être titulaire. La grande classification est celle qui oppose les droits patrimoniaux aux droits extrapatrimoniaux. Les premiers, appréciable en argent, ont une valeur pécuniaire et, à ce titre, entrent dans le patrimoine de la personne. Ils constituent donc des biens et, de ce fait, ils sont transmissibles « à un acquéreur ou à un successeur » et saisissables par les créanciers. Ainsi le droit à dommage-intérêts d'une victime, destiné à l'indemniser de ses dommages matériels ou de son incapacité de travail, est un droit patrimonial. A l'inverse, les droits extrapatrimoniaux ne représentent pas en eux-mêmes une valeur pécuniaire, même si, en définitive, ils peuvent entrainer des conséquences pécuniaires. Ainsi peut-on dire pour faire image que le droit à la fidélité de son conjoint n'a pas de prix... ; et de même du droit à l'honneur ou au respect de la vie privée, bien que leur violation soit en général sanctionnée par une condamnation à dommages et intérêts. Sans qu'il y ait une opposition absolue entre droits patrimoniaux et extrapatrimoniaux, il y a néanmoins une différence bien réelle, notamment de régime juridique ; c'est ainsi qu'à la différence des droits patrimoniaux, les droits extrapatrimoniaux sont intransmissibles, insaisissable et imprescriptibles. 1/ Les droits extrapatrimoniaux : On les range habituellement en deux catégories : les droits familiaux et les droits de la personnalité. - Les droits familiaux : Ce sont des droits qui dérivent de l'individu au sein de la famille. On se bornera à en faire ici une présentation rapide, dans la mesure où leur étude relève du droit de la famille les uns dérivent des rapports entre époux. En édictant que les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance, l'article... du code de la famille formule des droits et devoirs réciproques entre époux. Les autres se rencontrent dans les rapports entre parents et enfants. En s'agissant tout d'abord des droits des parents, la loi qui leur conférait jadis la puissance paternelle leur attribue désormais l'autorité parentale, laquelle est une droite fonction exercée dans l'intérêt des enfants, et non pas égoïstement au profit des parents. Réciproquement, les enfants ont droit à être gardés, instruits, élevés, etc. « Code de la famille, art.… » Enfin, les uns et les autres doivent des aliments à ceux qui se trouvent dans le besoin « code de la famille, art.… » - Les droits de la personnalité : On désigne sous la qualification de droits de la personnalité ceux qui sont inhérents à la seule qualité de personne humaine, qui appartiennent à tout individu par le fait même qu'il est homme. On envisagera successivement les droits relatifs à l'aspect physique de la personne qui a toujours été reconnue, et ceux relatifs à l'aspect moral de la personne qui sont d'apparition plus récente. A- Les droits relatifs à l'aspect physique de la personne. - Le droit de la personne sur son corps. De nombreuses questions se posent qui relèvent toutes de la nature juridique du corps humain. Ainsi a-t-on pu se demander si le corps est une chose dont chacun pourrait disposer à sa guise ; une telle question, posée de manière aussi brutale, appelle évidemment une réponse négative. D'instinct on sent bien qu'il ne peut être permis de faire n'importe quoi, de la même manière on comprend aisément que le corps humain ne peut faire l'objet d'un droit de propriété dont le titulaire aurait l'usus, le fructus et l'abusus. On ne saurait en effet lui appliquer l'article...du COC qui définit la propriété comme le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par la loi et les règlements. En pratique, le problème se pose à propos des conventions relatives au corps humain. Comment distinguer celles qui sont licites de celles qui ne le sont pas. Pour y répondre, il est tentant d'appliquer ici, comme simple élément de raisonnement, la distinction des actes d'administration et des actes de disposition qui relèvent du droit des biens. - Les actes d'administration sur le corps humain. En principe, les actes d'administration, c'est-à-dire les conventions qui ne portent pas atteinte au capital, en l'occurrence au potentiel humain, sont licites sauf s'ils apparaissent contraires à l'ordre public ou aux bonnes mœurs ainsi en est-il du contrat de travail par lequel une personne met sa force de travail, physique ou intellectuelle, au service d'un employeur ; une telle convention n'est entachée de nullité que si elle est perpétuelle ; car on ne peut pas engager ses services qu'à temps, ou pour une entreprise déterminée. De même est parfaitement licite le contrat médical par lequel on assure en quelque sorte l'entretien et la réparation du corps humain. Cette validité s'étend aux opérations chirurgicales, à la condition toutefois qu'il y ait nécessité curative et consentement du patient, cette double condition interdit l'opération qui aurait pour seul fondement l'expérimentation médicale. On admet également la validité du contrat relatif à la chirurgie esthétique, mais seulement si les embellissements envisagés ne présentent pas de risques sérieux ou si la nécessité curative apparait au plan psychologique. En fin, sont aussi licites les conventions portant sur ce qu'en matière de biens on appellerait les fruits du corps humain, c'est-à-dire tout ce qui se renouvelle périodiquement, sans amputer le « capital ». Entrent dans cette perspective le don du sang, du sperme, etc. ces conventions, valables si elles sont à titre gratuit, seraient dans le cas contraire incompatible avec l'ordre public qui interdit de faire commerce de son corps ; il n'en va autrement, en vertu d'une longue tradition, que pour la vente des cheveux car il n'y a pas alors véritablement d'atteinte portée au corps humain. -Actes de disposition sur le corps humain : Il s'agit ici d'actes singulièrement plus graves puisqu'ils portent sur l'aliénation de tout ou partie du corps humain. Le principe suivant que le corps est hors du commerce a subi d'importants assouplissements, notamment à propos des greffes d'organes. La question se pose cependant en des termes quelque peu différents suivant que l'aliénation s'exécute pendant la vie du disposant ou après sa mort. Pendant la vie, la règle est la nullité des conventions portant aliénation. Sont interdits à ce titre le contrat de travail perpétuel qui confine à l'esclavage, l'euthanasie qui est considérée comme un homicide volontaire et, plus généralement, toutes les mutilations volontaires. En revanche, les prélèvements d'organes en vue d'une greffe ayant un but thérapeutique sur un être humain, un prélèvement peut être opéré sur une personne vivante majeure et jouissante de son intégrité mentale, y ayant librement et expressément consenti. - Le droit de la personne au respect de son corps respect dû par l'Etat et les organismes publics. La loi et la jurisprudence établissent un équilibre entre le respect de l'intégrité physique de la personne et les pouvoirs de l'État dans le domaine répressif ou sanitaire. - Dans l'exercice de ses pouvoirs répressifs, l'État se voit reconnaitre certaines prérogatives de nature à porter atteinte à la personne. Mais la loi veille à ce que ces atteintes soient limitées à ce qui est nécessaire. Ainsi, dans la recherche des infractions, le pouvoir peut mettre une personne en garde à vue pendant le délai très limité, ou encore lui imposer une prise de sang dans certaines circonstances. Est en revanche prohibe l'utilisation du « sérum de vérité » et, a fortiori, de toute méthode plus au moins coercitive pour faire avouer un individu soupçonné d'avoir commis une infraction. Cela dit, de nombreuses condamnations se traduisent par peines privatives de liberté, qui sont des atteintes justifiées par l'intérêt de la société. - Dans l'exercice de ses pouvoirs sanitaires, l'État est autorisé à prendre certaines mesures qui constituent des atteintes légères à l'intégrité physique : par exemple, les vaccinations obligatoires. En revanche, ni l'auteur responsable d'un accident ni son assureur ni la sécurité sociale ne pourraient obliger la victime à subir telle opération de nature à améliorer son état ou à diminuer son invalidité. - Respect dû par les particuliers : Le principe est celui d'un respect absolu : nul ne peut, sous quelque prétexte que ce soit, pour porter atteinte à l'intégrité corporelle d'autrui. La règle est assortie de sanctions pénales. Celui qui y contreviendrait commettrait l'infraction d'assassinat, ou d'homicide, ou de coups et blessures, etc. Que l'infraction soit ou non constitué, l'auteur d'un dommage à la personne engagera sa responsabilité civile et pourra être condamné à réparer le préjudice par des dommages-intérêts. La généralité de la règle est telle qu'elle s'applique même aux médecins, sauf s'il y a tout à la fois nécessité curative et consentement éclairé du patient. On en déduit que si, au cours d'une opération bénigne, le chirurgien découvre une tumeur dont l'ablation pourrait avoir des conséquences graves, il doit surseoir à cette ablation pour prévenir le malade, sauf urgence ou nécessité absolue. La loi fait cependant échec à la règle dans certains cas particuliers, notamment en matière de filiation, lorsqu'elle prévoit qu'une personne pourra demander un examen comparatif des sangs de l'enfant et des parents prétendus pour réfuter une filiation ou contribuer à son établissement. En pareil cas, le défendeur ne peut pas être contraint physiquement à subir une prise de sang, mais le juge pourra tirer de ce refus les conséquences qui lui paraissent équitables. En fin ce principe subit tout naturellement des limites en matière sportive lorsque le jeu lui-même suppose un engagement physique de nature à faire courir certains risques aux joueurs : par exemple, on ne peut boxer sans donner de coups de poing à son adversaire. Encore faut-il respecter les règles du jeu pour prétendre bénéficier l'immunité. b. les droits relatives à l'aspect moral de la personne : Il est difficile de dresser une liste exhaustive de ces droits. Parmi eux figure notamment le droit au nom. On envisagera ici les plus importants, ou plutôt ceux qui suscitent un contentieux particulier comme le droit à l'image et au respect de la vie privée. - Droit à l'image et au respect de la vie privée : Classiquement, on se pose la question de savoir si le droit à l'image n'est qu'un respect du droit au respect de la vie privée ou un droit spécifique. La réponse ne peut qu'être nuancée ; en effet, si le plus souvent la publication de l'image constitue une violation du respect de la vie privée et sanctionnée comme elle- ce n'est pas toujours le cas ; dans cette hypothèse d'une publication abusive mais sans atteinte à la vie privée, on appliquera les règles de droit commun pour faire cesser le trouble ou pour le réparer. On en déduit généralement qu'il y a un droit spécifique à l'image, et ceci explique que la plupart des ouvrages en traitent séparément. - Les bénéficiaires du droit : Personnes privées et personnes publiques : Les personnes privées ont donc au premier chef ce droit fondamental. A la vérité, les atteintes sont ici assez peu fréquentes pour cette raison très simple que les informations sur les personnes privées n'intéressent pas le grand public et ne suscitent donc pas l'intérêt des journaux à sensation. Néanmoins, cela arrive parfois lorsque soudain une personne privée se trouve projetée sous les feux de l'actualité à raison des aventures ou mésaventures qui lui sont arrivée. La victime peut alors invoquer son droit au respect de la vie privée, ou son droit à l'image si celle-ci a été reproduite, sauf s'il s'agit d'une photographie d'une foule ou d'un événement public. Les personnes publiques intéressent infiniment plus les médias et certains journaux n'hésitent pas à jeter en pâture à leurs lecteurs les faits de leur vie privée et des photographies de caractère privé. A cette occasion la jurisprudence a eu maintes fois l'occasion de rappeler que, comme les personnes privées, les personnes publiques-les artistes, les hommes politiques, les grands de ce monde, et les moins grands- ne perdent pas leur droit à l'image et au respect de leur vie privée, quelles que soient leurs tolérances passées à l'égard des médias. - Objet de la protection : Le respect de la vie privée c'est à la jurisprudence qu'incombe la mission de déterminer ce qui relève de la vie privée, par opposition aux faits de la vie publique. On s'accorde à considérer que relèvent de la vie privée : la vie chez soi, la vie familiale, la vie publique la vie professionnelle, ou encore la vie dans les lieux publics, ou exposé au public. Le droit à 1’image : Ce droit, qui avait été consacré par la jurisprudence qui à considérer que la publication de l'image peut constituer une violation du secret de la vie privée : par exemple photographies prises au téléobjectif dans l'appartement ou la propriété d'une actrice, ou un bateau en mer. Le fondement du droit à l'image est plus difficile à cerner que celui du droit au respect de la vie privée. En réalité, il y a probablement plusieurs fondements suivant les hypothèses. Tantôt il s'agit d'un respect de la vie privée, dans la mesure où l'image a été prise dans un lieu privé ou a saisi un événement de la vie privée d'une personne. Tantôt, parce qu'il peut être mis en œuvre alors que la vie privée n'est pas en cause, on soutient qu'il s'agit d'un droit de la personnalité spécifique, autonome ; c'est l'opinion générale. Enfin, dans certains cas, il s'agit plutôt d'un monopole d'exploitation commerciale : cela vise notamment les mannequins ou les vedettes du spectacle ou du sport qui, ayant pour profession principale ou parallèle de vendre leur image, entendent s'opposer à des publications non autorisées par elles et, de ce fait, gratuites. Le droit à l'image couvre un objet très large. Il s'applique tout d'abord aux photographies dont la réalisation ou la publication portent atteinte à la vie privée. Ainsi en est-il de la photographie d'un chanteur au cours de sa maladie ou d'un acteur sur son lit de mort, ou d'une actrice surprise dans sa nudité. Mais l'objet de la protection dépasse la sphère de la vie privée pour s'étendre à des photographies prises sur des lieux publics ou dans le cadre de l'exercice d'une profession. La protection est encore plus justifiée lorsque le cliché a été détourné pour être utilisé à des fins différentes et déloyales. - conditions de la protection : - Condition de préjudice : À l'origine la jurisprudence, parce qu'elle appliquait les principes de la responsabilité civile, exigeait un préjudice résultant de l'atteinte à l'intimité de la vie privée ou au droit à 1' image. Par la suite il suffit donc de démontrer la violation du droit pour obtenir du juge qu'il prononce une condamnation à dommages-intérêt. Cela dit, ces dommages-intérêts seront d'autant plus élevés que le préjudice a été plus important. En pratique, pour éviter toute difficulté, le demandeur a intérêt à requérir, d'une part, la cessation de l'atteinte à son droit et, d'autre part, l'allocation de dommage-intérêt en réparation du préjudice subi. Défaut d'autorisation : Qu'il s'agisse du droit au respect de la vie privée ou du droit à l'image, son titulaire peut évidemment y renoncer et autoriser tel journal à publier sa photographie, ou même des faits relevant de son intimité. Le droit au secret : Outre le droit au respect de la vie privée, le droit au secret connait diverses applications. Une des plus remarquables est le secret professionnel auquel sont tenus tous les « confidents nécessaires » qui trouvent dans l'exercice de leur profession l'occasion de connaitre des détails de la vie de leurs clients « médecin, avocat, notaire, etc.… » Le secret des correspondances est également protégé. Il s'attache tout d'abord aux lettres missives, et spécialement aux lettres confidentielles dont la divulgation, par exemple la production en justice, n'est en principe possible qu'avec l'autorisation de l'auteur et du destinataire. Le même secret s'applique également aux correspondances téléphoniques : d'où l'interdiction des écoutes téléphoniques, sauf à respecter les formalités prévues à cet effet. Enfin, il faut signaler le danger que l'informatique et l'exercice des fichiers font courir au droit au secret. - le droit à l'honneur : Chacun a droit à l'honneur, au respect de sa dignité et de sa réputation. Ce droit est sanctionné tant au plan pénal qu'an plan civil. Civilement, la victime peut mettre en jeu la responsabilité de l'auteur et obtenir des dommages-intérêt qui peuvent aller du dirham symbolique à des sommes substantielles ; la publication de la décision de condamnation peut en outre être ordonnée aux frais de l'auteur, comme mode complémentaire de réparation. Pénalement, l'auteur peut tomber sous le coup de l'une ou l'autre des deux infractions suivantes : soit le délit d'injure, en cas d'outrage ne comportant pas l'allégation d'un fait déterminé « par exemple espèce de... » ; Soit la diffamation qui est l'imputation d'un fait déterminé portant atteinte à l'honneur, étant précisé que la preuve de la vérité du fait diffamatoire est une cause d'exonération, sauf si l'imputation vise la vie privée. - le droit à l'honneur : Chacun a droit à l'honneur, au respect de sa dignité et de sa réputation. Ce droit est sanctionné tant au plan pénal qu'an plan civil. Civilement, la victime peut mettre en jeu la responsabilité de l'auteur et obtenir des dommages-intérêt qui peut aller du dirham symbolique à des sommes substantielles ; la publication de la décision de condamnation peut en outre être ordonnée aux frais de l'auteur, comme mode complémentaire de réparation. Pénalement, l'auteur peut tomber sous le coup de l'une ou l'autre des deux infractions suivantes : soit le délit d'injure, en cas d'outrage ne comportant pas l'allégation d'un fait déterminé « par exemple espèce de... » ; Soit la diffamation qui est l'imputation d'un fait déterminé portant atteinte à l'honneur, étant précisé que la preuve de la vérité du fait diffamatoire est une cause d'exonération, sauf si l'imputation vise la vie privée.