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Chef de Travaux Pascal KAKORAKI BAGUMA

AVANT PROPOS
1
Le cours d’Eléments de droit dispensé en Première année de Licence en sciences de Gestion
revêt une importance capitale dans la vie présente et future des étudiants dans la mesure où il
leur permet de comprendre certaines notions que l’on croit souvent connaitre et dans la plupart
de cas, pas profondément.

La connaissance du droit qui sera transmise dans ce cours ne vise pas à faire des étudiants des
Magistrats, Avocats, Défenseurs judiciaires, Officiers de Police Judiciaire, bien plutôt à leur
donner des réponses satisfaisantes à certains questionnements ou réalités qu’ils rencontrent tous
les jours au sein de la société.

Il sied de rappeler que les éléments de droit civil portent sur les droits des particuliers, c’est-à-
dire des personnes privées en tant que sujet de droit. Ce sont les thèmes tels que : La Personne, la
nationalité, le mariage, les biens, les obligations, la responsabilité, etc. qui seront traités dans ce
cours.

L’objectif visé dans ces enseignements, c’est de donner l’essentiel des éléments de droit civil
cités ci haut afin que les apprenants les comprennent et les assimilent.

Dans le même ordre d’idées, quelques travaux pratiques seront réalisés par les étudiants eux-
mêmes afin de leur permettre de compléter leurs notes et aussi de palper de doigts certaines
réalités dans la société par des observations, participation, analyse et description.

Plan du cours :

1. Introduction
2. La personne
3. La Nationalité
4. La famille

NOTIONS PRELIMINAIRES
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Dès que les hommes ont vécu en société (clan, tribu), ils ont été amenés à créer et respecter des
règles ; l’homme, « animal pensant », a vite compris que, par exemple, il valait mieux organiser 2
des règles sur le partage du gibier plutôt que de s’entretuer après la chasse.
D’autres règles sont également observées par les hommes vivant en société : règles de morale, de
savoir- vivre, religieuse. Mais si, souvent, le droit et la morale ont de convergences, la règle de
droit se différencie des autres par ses caractères obligatoire et impersonnelle.
Avant de s’engager dans des études de droit, il convient au préalable de situer le droit, d’en
donner les différentes définitions et de voir quelles sont ses différentes branches.
I. LA NOTION DE DROIT
1. Droit objectif et droit subjectif
A. .Droit objectif

L’organisation est réalisée par le droit. Il n’y a pas de société humaine sans droit. D’où un autre
adage : « ubi societas ibi jus» c'est-à-dire ou est la société ?
C’est le droit en général, synonyme du mot « loi ».
1. Définition : c’est l’ensemble des règles obligatoires qui organisent la vie des hommes en
société.
C’est la loi au sens général du terme, dont caractérisation est d’être générale, permanente,
pourvu qu’elle émane d’une autorité compétente.
Son inobservation fait l’objet de sanctions : élément impératif pour qu’elle soit respectée. Il
existe ainsi des sanctions pénales (amendes – prison) en cas de non-respect de la loi pénale, mais
aussi et beaucoup plus nombreuses, des sanctions civiles : nullité d’un contrat, dommages et
intérêts.

A. Droit subjectif
1. Définition : ce sont les prérogatives dont une personne peut être titulaire en sa qualité de sujet de
droit (subjectif). Les droits subjectifs s’exercent donc sous le contrôle du droit objectif qui le
réglemente.
Exemple : une personne peut être propriétaire d’un bien, droit subjectif. Le droit de propriété est
réglementé par le droit objectif (la loi) quant à son acquisition, ses modes d’exercice.
Ainsi la loi réglemente de façon générale (objective) tous les droits dont les individus peuvent
être titulaires. Chaque personne, sujet de droit, peut sur le plan subjectif et individuel être
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titulaire de ces différents droits, en fonction des nécessités concrètes qui se présentent à elle :
propriété, mariage, contrat, …. 3

2. Classification des droits subjectifs

Ils se subdivisent en deux catégories : droits patrimoniaux et extrapatrimoniaux.


a) Les droits patrimoniaux : ce sont les droits que l’on trouve dans le patrimoine. Ils ont
une valeur pécuniaire. Ils sont transmissibles (aux héritiers et ayant droit), cessibles : ils
peuvent faire l’objet de conventions, saisissables par les créanciers et prescriptibles : on peut
les acquérir ou les perdre par l’écoulement du temps, la prescription. Ils comprennent les droits
et les biens : les droits réels, ou droits sur les choses (exemple : la propriété), les droits
personnels ou droits de créance, c'est-à-dire le droit qu’a la personne du créancier d’exiger
l’exécution de l’obligation par la personne du débiteur : ils comprennent les contrats, la
responsabilité civile (droit d’une personne d’obtenir réparation du préjudice subi par la faute
d’une autre personne) et les quasi contrats.

b) Les droits extra patrimoniaux sont en dehors du patrimoine. Ils n’ont pas de valeur
pécuniaire, ils ne sont pas évaluables en argent. Ils présentent les caractères inverses : ils sont
intransmissibles, chaque individu les possède en soi, incessibles, on ne peut faire de
convention (exemple : nul ne peut vendre sa filiation ou sa capacité), ils sont insaisissables et
imprescriptibles : nul n’acquiert ou ne perd sa filiation par l’écoulement du temps.
Ils comprennent :
- Les droits qui découlent de la personnalité juridique (nom, droit au respect de la vie privée,
…) ;
- Les droits de la famille : mariage, divorce et filiation ;
- La capacité juridique : aptitude d’une personne à exercer les droits dont elle est titulaire ;
- Les droits intellectuels : droit d’une personne de créer, inventer, et de décider du sort de son
œuvre.
3. Sources des droits subjectifs
Chaque personne a, dès sa naissance, la personnalité juridique, qui lui donne l’aptitude à être
titulaire de droit subjectif. Mais chacun fait naître ses droits au fur et à mesure de ses besoins au
cours de sa vie : il existe deux moyens de faire naître les droits : les actes et les faits juridiques.
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 Actes juridiques : le droit qui est crée a été voulu par l’individu qui n’y était pas obligé ; 4
exemple : se marier : le droit crée (le statut juridique d’époux a été voulu, nul n’est
contraint de se marier).
Il y a plusieurs classifications des actes juridiques :
 Les faits juridiques involontaires :
 Naturels, se rattachant à la vie des personnes, tels que la naissance, l’âge, le décès.
 La force majeure, événement imprévisible, irrésistible et insurmontable qui dispense le
débiteur d’exécuter son obligation (l’ouragan, la guerre, ….) ;
 La prescription, soit l’écoulement du temps, qui fait acquérir un droit ou en provoque
l’extinction (exemple : l’acquisition de la propriété d’un immeuble par possession au bout de
trente ans) ;
 Les quasi délits générateurs de responsabilité civile dont le type est l’accident :
l’auteur responsable d’un accident est tenu de réparer le préjudice causé à la victime (exemple :
accident de voiture).

 Les faits juridiques volontaires : l’individu a voulu les circonstances qui ont provoqué
la naissance du droit, mais il n’a pas voulu le droit :
 Le délit (civil) : fait générateur de responsabilité civile (exemple : renverser
volontairement un piéton, voler, ….) ;
 Les quasi-contrats qui produisent les effets d’un contrat, mais dont les droits
n’ont pas été voulus à l’origine. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer : l’enrichissement sans cause,
la gestion d’affaires et la possession.

II. LES SOURCES DU DROIT


Les sources du droit sont multiples : elles sont essentiellement nationales, mais aussi, de plus en
plus internationales.
En effet, les sources du droit interne, c'est-à-dire national sont de deux ordres : sources directes
ou primaires et sources indirectes ou secondaires.
Les sources directes sont constituées des sources directes formelles (lois) et des sources directes
informelles (coutume)tandis que les sources indirectes sont constituées de la jurisprudence et de
la doctrine.
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A. Les sources directes ou primaires


Il y a la loi et la coutume 5
1. LA LOI
a. Définition : C’est une règle obligatoire, de portée générale, qui émane de l’autorité
compétente.
b. Caractères de la loi.
 Obligatoire, la loi est en règle générale obligatoire pour tous. Mais on distingue un
certain degré de force obligatoire d’une loi impérative ou d’une loi supplétive.
 Loi impérative : c’est une loi à laquelle tout individu est obligé de se soumettre sans
dérogation possible. Elle protège l’ordre public, l’intérêt général et les bonnes mœurs. Exemple :
on ne peut contracter un second mariage avant la dissolution du premier mariage.
 Loi supplétive : c’est une loi qui ne s’applique qu’en l’absence de volonté contraire. Elle
supplée ainsi la volonté non exprimées des individus. Exemple : le code de la famille prévoit en
l’absence de choix d’un régime par les époux (séparation de biens par exemple) seront
automatiquement mariés sous le régime de la communauté réduite aux acquêts. Ainsi, en
l’absence de volonté déclarée, c’est ce régime qui s’applique en suppléant la volonté des
individus.
 Générale, en ce sens qu’elle s’applique à tous, sans exception, par opposition aux
mesures individuelles qui ne peuvent avoir le caractère de loi.
 Permanente, elle s’applique à tous, du jour de son entrée en vigueur, jusqu’au jour de sa
disparition par abrogation.
 Elle émane de l’autorité compétente, une loi n’aura ce caractère que si elle émane de
l’autorité habilitée à la faire: Parlement ou pouvoir exécutif.
c. Autorités compétentes pour faire la loi
Il existe deux autorités compétentes pour faire la loi : le Parlement qui détient le pouvoir
législatif mais aussi, et le Gouvernement qui détient le pouvoir exécutif.
d. Procédure de l’élaboration de la loi

 Vote : sur proposition du Parlement ou projet du gouvernement, les deux


chambres, l’Assemblée nationale et le Sénat, doivent se d’accord sur un texte de loi.
 Promulgation : lorsque le texte de loi a été voté par le Parlement, il doit être
promulgué. La promulgation est de la compétence du Président de la République qui ordonne
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l’exécution de la loi. La promulgation doit avoir lieu dans les quinze jours qui suivent le vote de
la loi. 6
 Publication : par la publication, la loi est portée à la connaissance du public. La
publication rend la loi obligatoire pour tous : nul n’est censé ignorer la loi.
Pratiquement, la publication se fait par l’insertion de la loi au Journal Officiel.
2. LA COUTUME
a) Définition : La coutume est une règle de droit née d’une pratique habituelle et prolongée
considérée peu à peu comme obligatoire.
Ce terme désigne les règles de droit qui n’ont pas été édictées par les pouvoirs publics, mais qui
sont devenues obligatoires à la suite d’un usage prolongé.
Les termes coutume et usage sont souvent considérés comme synonymes, cependant, on peut
distinguer deux catégories d’usages, dont une seule répond aux caractères de la coutume.
C’est un usage qui se répète et qui se dégage lentement et que la conscience populaire finit par
considérer comme obligatoire.
b) Eléments
Pour qu’il y ait coutume, deux éléments doivent être réunis.
 Elément matériel: il faut une pratique, un comportement répété. Cette pratique
doit avoir un caractère : général : elle doit être largement répandue ; constant : elle doit être
régulièrement suivie, appliquée ; ancien : « une fois n’est pas coutume ».
 Elément psychologique : c’est la conviction partagé par tous, du caractère
obligatoire de cette pratique.
c) Coutumes et usages
Il est parfois difficile de les distinguer, puisque la coutume est un usage qui a « réussi ». Certains
auteurs considèrent ces deux termes comme synonymes. D’autres distinguent la coutume des
usages dits « conventionnels » ; ils sont locaux ou professionnels.
Bref, la coutume est une source de droit inférieure à la loi : elle est de formation lente et non
délibérée ; elle ne peut aller à l’encontre d’une loi impérative ; elle n’est pas obligatoirement
connue de juge.

B. LES SOURCES INDIRECTES OU SECONDAIRES


Il y a la jurisprudence et la doctrine
1. LA JURISPRUDENCE
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Elle est constituée par l’ensemble des décisions rendues par les différentes juridictions.
La Cour de cassassion joue un rôle déterminant dans l’unification de la jurisprudence. Son 7
contrôle porte exclusivement sur l’application de droit et ses décisions étant rendues en toute
suprématie.
2. LA DOCTRINE
Elle est constituée par l’ensemble des travaux et réflexions des juristes sur les problèmes de
droit.
Les doctrinaires, en commentant des textes et des décisions de justice : ils mettent en évidence
des lignes que suivent parfois les tribunaux, proposent des interprétations, font apparaître les
lacunes et les imperfections du droit objectif. Avec leurs écrits qui sont des thèses, ouvrages,
notes, articles rédigés très généralement par des universitaires.
Son rôle est double : d’une part, par leurs travaux, les jurisconsultes peuvent influencer le
législateur ; d’autre part, ils peuvent inspirer les magistrats dans leurs décisions. Mais on ne peut
pas dire que la doctrine soit une source de droit à proprement parler, ce n’est qu’une source
indirecte.
3. L’EQUITE
L’équité est le sentiment général de justice sur base duquel le juge est appelé à statuer en cas du
silence de la loi. L’équité, c’est le bon sens. Exemple : la réaction du Roi Salomon devant les
deux femmes réclamant chacune ma maternité de l’enfant (la Bible : 1 Rois 3 : 16-28).

4. LES PRINCIPES GENERAUX DE DROIT


Les principes généraux de droit le paradigme, la référence du droit d’un pays à une époque
donnée. Ce sont des idées dégagées de conceptions dominantes du droit en vigueur. Pour les
connaître, il importe de se référer aux habitudes, origines juridiques et aspirations du pays.
Exemples :
- verba volant, scripta manent : ce principe traite de la nécessité de l’écrit dans la preuve d’un
acte juridique ;
- Qui paie mal paie deux fois : lorsqu’un débiteur paie irrégulièrement sa dette, il n’est pas
libéré de son engagement ;
- Nul n’est censé ignorer la loi.
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PREMIERE PARTIE : DROIT CIVIL I : LA PERSONNE
A. Brève notion sur la personne en tant les sujets du droit : Les personnes
Une question : Pour qui a-t-on institué le droit ?
Réponse : Pour les personnes et non pour les animaux, les biens (choses) qui ne peuvent être que
des éléments du patrimoine des personnes.

I. Définition de la personne

Une personne est tout être capable de posséder des droits et d’être soumis à des obligations.
Ainsi, tout être humain jouit de la personnalité juridique.

La mort juridique qui, jadis, frappait les esclaves a été abolie, l’esclave était, pendant l’antiquité,
assimilé aux objets. On classe généralement les droits subjectifs comme suit:

 Droits politiques c'est-à-dire ceux qui permettent la participation des personnes dans la
vie de l’Etat.
Ex. Droit de vote, droit d’éligibilité aux mandats publics

 Droits publics : ce sont les droits des particuliers à l’égard de l’Etat. Ce sont les droits et
libertés fondamentales contenues dans la constitution.

 Droits civils qui sont les droits des personnes dans leurs rapports privés avec les autres
personnes.

B. Durée de la personnalité juridique

Les êtres humains jouissent de la personnalité juridique depuis leur conception jusqu’à la mort.
L’enfant simplement conçu a déjà de droit pourvu qu’il naisse vivant et viable. Il a le droit de
succéder ou d’hériter, il a le droit à la vie (d’où l’interdiction de l’avortement provoqué).
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C. Catégories de personnes
On distingue les personnes physiques des personnes morales. 9

Personnes physiques : Tous les êtres vivants dotés de la vie humaine sont des personnes
physiques quelques soient leurs races, âges, taille, sexes, idéologie, etc.

Personnes morales : par définition, la personne morale est un groupement des personnes
physiques ayant des intérêts communs et à laquelle la loi donne la qualité de personnes dotées de
la personnalité juridique.

Ainsi, on distingue des personnes morales de fait (groupement de fait) c'est-à-dire non dotée de
la personnalité juridique et les personnes morales de droit c'est-à-dire dotées de la personnalité
juridique.

C’est donc une création légale, une fiction juridique qui fait de la personne morale une personne
de droit.

Dès lors que la personne morale existe de droit, elle est dotée d’une personnalité (existence)
propre distincte de celles des personnes physiques qui la composent.
La personne morale est susceptible des droits et des obligations. Elle possède un nom appelé «
raison » ou de nomination sociale, elle possède aussi un domicile appelé « siège social », elle
possède en fin une nationalité et un patrimoine distinct de ceux de ses membres.

La personne morale n’existe pas physiquement et se fait toujours représenter par des personnes
physiques appelées « organes ». Il faut distinguer les personnes morales de droit public et celle
de droit privé.

 Personnes morales de droit public, c'est-à-dire celles qui relèvent de l’Etat et dont
l’objectif est la recherche de l’intérêt général.

Ex. les entités administratives centrales ou décentralisées de l’Etat (la RDC), la Province, le
territoire, la commune, les villes, la collectivité, les entreprises publiques ou étatiques…, etc.
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 Personnes morales de droit privé, c'est-à-dire celles qui relèvent de la volonté des 10
particuliers. C’est le cas des ASBL, et les sociétés commerciales mises sur pied par les
particuliers et dans lesquelles l’Etat n’a aucune main mise.

Ex. les Hôpitaux, les Universités privées…

En fin, il convient de stigmatiser que les personnes physiques ont des droits personnels (droit à la
vie, à l’intégrité physique, à la pensée, à la religion…) et des droits patrimoniaux (droit de
propriété, droit d’usufruit…) tandis que les personnes morales n’ont que les droits patrimoniaux
et n’ont pas de droits personnels,

TITRE I : DE L’IDENTIFICATION DE LA PERSONNE


CHAPITRE I : LE NOM

Section 1 : Définition et principes généraux


Le nom est l’appellation qui sert à la designation d’une personne dans la vie sociale et juridique.
Tout congolais est désigné par un nom composé d’un ou de plusieurs éléments qui servent à
l’identifier (art 56 du Code de la Famille). Le droit au nom se caractérise par le rejet de nom
étranger, tout nom doit être puisé dans le patrimoine culturel congolais. Le nom ne peut en aucun
cas être contraire aux bonnes mœurs ou revêtir un caractère injurieux, humiliant ou provocateur
(article 58 du Code de la Famille). L’ordre de déclaration des noms et leur orthographe sont
immuables.

Section 2 : Attribution du nom


Sous l’empire de la loi N° 87-10 du 01/08/1987 portant code de la famille, relative au nom des
personnes physiques en application du principe de la patronymie, l’enfant devrait porter le 1er
élément du nom de son père ou de la personne qui exerce sur lui l’autorité parentale ou tutélaire.
Le principe de la patronymie obligatoire a été contesté par la commission de réforme qui avait
estimé que l’authenticité congolaise requiert le respect du nom individuel conforme à la tradition
tout en n’excluant pas la possibilité pour les pères congolais qui le souhaitent d’octroyer leurs
noms à leurs enfants.
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Selon le code de la famille, l’enfant porte dans l’acte de naissance le nom choisi par ses parents.
En cas désaccord, le père confère le nom. Si le père n’est pas connu ou lorsque l’enfant est 11
désavoué, ce dernier porte le nom choisi pas sa mère. Lorsque la filiation paternelle est établie
après la filiation maternelle, le père pourrait adjoindre un élément du nom choisi par lui. Si
l’enfant a plus de 15 ans, son consentement personnel est nécessaire (article 59 du code de la
famille).
L’enfant dont on ne connaît ni le père ni la mère a le nom qui lui est donné par l’Officier de
l’Etat Civil dans son acte de naissance. Néanmoins, toute personne, tout en justifiant d’un intérêt
matériel ou moral, peut demander au tribunal de paix de modifier ce nom si l’enfant n’a pas
encore atteint 5 ans (article 60 du Code de la famille).

Section 3 : Le changement, la modification ou la radiation du nom


La loi distingue le changement de la modification du nom (Article 64 du code de la famille). Le
changement comprend la substitution du nom d’un ou de plusieurs de ses éléments, adjonction
ou la radiation d’un ou de plusieurs de ses éléments et l’inversion de l’ordre de ses éléments.
La modification du nom implique un changement de l’ordre de nom. Comme la loi du N° 87-10
du 01/08/1987 portant code de la famille affirme avec rigueur la fixité du nom (article 64 du
Code de la Famille).
La règle d’immuabilité du nom est qualifiée comme une mesure de police générale qui forme la
pierre angulaire de l’identification des personnes. Il n’est donc pas permis de changer de nom en
tout ou en partie ou d’en modifier l’orthographe ni l’ordre des éléments tel qu’il a été déclaré à
l’état civil.
Le changement ou la modification du nom peut toutefois être autorisé par le Tribunal de Paix par
justes motifs et en conformité avec les dispositions de l’article 58 lorsque le nom a un caractère
injuriant, humiliant ou provocateur.
Le mariage n’entraine pas le changement du nom, la femme mariée conserve son nom. Cette
règle rejette le principe de l’unité du nom dans le mariage. Elle est en parfaite harmonie avec le
principe de l’égalité des époux. Mais pendant la durée du mariage, la femme acquiert le droit
d’usage du nom de son mari. Dans ce cas, elle adjoint le nom de son mari au sien (article 62 du
code de la famille). La veuve non remariée peut continuer à faire usage du nom de son mari
(article 62 du code de la famille).
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L’adopté peut prendre le nom de l’adoptant. Celui-ci peut changer le nom de l’adopté mais avec
l’accord de ce dernier s’il a 15 ans. Tout étranger ayant acquis la nationalité est tenue de porter 12
un nom congolais ou du moins un nom puisé dans le patrimoine culturel congolais (article 53 du
code de la famille).

Section 4 : De la protection et de l’abus du nom


Le nom est un des éléments de la personnalité de l’individu. Il confère à son titulaire des droits
par la loi. Le nom tient à l’identification de la personne. Etant donné que le nom est un droit de la
personnalité, il est inaliénable et imprescriptible.
- Droit à l’usage : chacun a le pouvoir de faire usage légitime de son nom pour se désigner
dans tous les actes de la vie privée ou professionnelle ;
- Droit de se faire dénommer par son nom : ce droit inclut le droit d’agir en justice contre
tout celui qui refuse de dénommer une personne par son nom (article 67 du code de la famille) ;
- Droit de protéger son nom : plusieurs actions protègent le droit au nom : l’action en
rectification du registre de l’état civil appartient à celui qui a été dénommé d’une manière
incorrecte.

Chapitre 2 : L’ETAT CIVIL


Section 1 : Généralités
L’état civil d’une personne est l’ensemble de qualités juridiques qui déterminent sa situation au
sein de la société. L’état civil d’une personne ne peut s’établir ou se prouver que par les actes de
l’état civil (Article 72 du code de la famille).
Les événements principaux qui constituent l’état civil d’une personne sont : la naissance, le
mariage et la mort. Ces faits et actes juridiques sont consignés dans des registres. D’autres actes
peuvent aussi influencer la situation d’une personne dans la société et sa capacité. Ainsi le
législateur a estimé bon de les inscrire également dans un registre pour l’intérêt des tiers. Il s’agit
par exemple de l’affiliation, de l’adoption, du divorce, … Ces actes de l’état civil différent des
premiers actes en ce qu’ils sont occasionnels, un registre supplétoire leur est réservé.
Section 2 : Le ressort du bureau de l’état civil
Il est crée un bureau de l’état civil au chef-lieu du territoire, de la ville ou de la collectivité
(article 74 du code de la famille). Le ressort de chaque bureau de l’état civil est déterminé par la
limite de la collectivité ou du territoire (article 74 du code de la famille). Le Gouverneur de la
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Province ou celui de la Ville de Kinshasa peut créer selon les besoins de l’entité un ou plusieurs
bureaux secondaires de l’état civil (article 75 du code de la famille). 13
Section 3 : Les Officiers de l’état civil

Les fonctions de l’Officier de l’état civil (OEC) sont remplies par l’Administrateur du territoire
ou sous sa direction par des agents qu’il désigne. Ces fonctions sont exercées aussi par les Chefs
de Collectivités (article 76 du code de la famille).
En principe, l’OEC ne peut exercer ses fonctions que dans les limites territoriales de sa zone
d’intervention et relativement aux faits produits sur son territoire. Ils sont compétents pour
recevoir les déclarations et dresser les actes de l’état civil auxquels ils confèrent un caractère
authentique (article 78 du code de la famille).
Il est interdit aux OEC de recevoir tout acte qui les concerne personnellement ou concerne leurs
épouses, leurs ascendants. Pendant la guerre, n’importe qui peut enregistrer les naissances ou les
décès par application de la théorie du fonctionnaire de fait.

Section 4 : Les Registres de l’Etat civil


Il existe quatre registres de l’état civil :
- Le registre de naissance,
- Le registre de mariage,
- Le registre de décès et
- Le registre supplétoire, appelé communément le registre des autres actes, qui
comprend les actes d’affiliation des enfants nés hors mariage, les actes d’adoption, le dispositif
de jugement ou arrêt de divorce, le procès verbal de publication de mariage,…
Les registres de l’état civil sont imprimés en l’avance. Ils sont cotés et paraphés du 1iè au dernier
feuillet par l’Officier du Ministère Public pour empêcher la suppression ou l’adjonction (article
84 du code de la famille).
Les actes de l’état civil sont inscrits les uns les autres, rien n’y est inscrit par abréviation. Les
dates sont énoncées en toute lettre. Les actes sont numérotés en marge du registre eu fur et à
mesure de leur établissement.
Les registres commencent par une première page où sont indiqués les noms des OEC et leur
qualification avec en regard de cette indication la signature de ceux-ci. Quatre parties égales
portant les mentions identiques composent le feuillet du registre. Ces registres sont publics mais
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cette publicité est organisée de façon à ne pas les exposer à des détériorations. Ils ne peuvent
directement être consultés que par le Magistrat chargé de la surveillance des actes de l’état civil, 14
par les agents de l’Etat habilités à cet effet et par le Président du Tribunal de Paix dans les
territoires et collectivités (article 91 du code de la famille).
Toute personne peut, moyennant paiement de frais, se faire délivrer des copies des actes qui sont
inscrits au registre de l’état civil. Les copies délivrées certifiées conformes au registre de l’état
civil portent la date de leur délivrance énoncée en toute lettre et sont revêtues du sceau de
l’autorité qui les a délivrées. L’OEC peut aussi émettre des certificats négatifs qui indiquent
qu’un acte par exemple de naissance ou de décès n’existe pas. Ces certificats négatifs permettent
de contrôler les affirmations des personnes (article 92 du code de la famille).

Section 5 : Les règles communes à tous les actes de l’état civil.


1. Les personnes intervenant dans la rédaction de l’acte :
- L’OEC,
- Les parties intéressées,
- Le déclarant : le tiers qui fait la déclaration en lieu et place de la personne visée par l’acte,
- Les témoins : ils servent à certifier l’identité des parties et à assurer la conformité de
l’acte rédigé avec les déclarations faites. Les témoins ne sont qu’en matière de mariage. Ils
doivent être âgés de 18 ans au moins et ils sont choisis parmi les comparants (article 94 du code
de la famille).

2. La rédaction des actes de l’état civil


- La langue : français
- Les énonciations obligatoires communes à tous les actes : le lieu où l’acte est produit, la date
(jour, mois, année, l’heure si possible), la qualité de l’OEC ;
- L’identité de toutes les personnes dénommées dans l’acte : nom, sexe, situation
matrimoniale, domicile, profession et si possible date et lieu de naissance.
Section 6 : De la surveillance, de la responsabilité et des pénalités
1. Les autorités chargées de la surveillance et du contrôle
L’état civil est surveillé par le Président du Tribunal de Paix ou par le juge qu’il désigne à cet
effet ainsi que par le Procureur de la République (article 102 du code de la famille).
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Le Président du Tribunal de Paix ou son délégué contrôle une fois par an le registre de l’état
civil. Après inspection, il adresse ses observations à l’OEC. Lors du dépôt du registre de l’état 15
civil au greffe du Tribunal de Grande Instance, le Procureur de la République doit contrôler l’état
du registre, un rapport est adressé à cet effet au Ministre de la Justice.

2. Rectification des actes de l’état civil


En cas d’omission ou d’erreur purement matérielle commise dans la rédaction des actes de l’état
civil, il appartient au Président du Tribunal de Paix de faire procéder à leur rectification. A cet
effet, il donne directement instruction utile aux OEC (article 105 du code de la famille).
Toute rectification peut aussi être ordonnée par le Tribunal de Grande Instance dans le ressort
duquel l’acte a été dressé ou transmis. La requête de rectification peut être présentée par toute
personne intéressée ou par le Ministère Public lorsque l’erreur ou l’omission porte sur une
indication essentielle de l’acte (article 107 du code de la famille).
3. Défaut d’acte de l’état civil
Le défaut d’un acte de l’état civil peut être supplée par un jugement rendu par le Tribunal de
Grande Instance du lieu où l’acte aurait été dressé. Le Tribunal, après vérification et enquête
éventuelle statue par décision motivée. Cette décision est transcrite dans le registre de l’état civil
par l’OEC du lieu où s’est produit le fait.

Section 7 : Les règles propres aux actes de naissance


1. Déclaration de naissance
Aux termes de l’article 16 de la Loi N°09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant
« Tout enfant doit être déclaré à l’état civil dans les quatre-vingt dix jours qui suivent sa
naissance, conformément à la loi ».
Cette déclaration doit être faite à l’OEC de la résidence du père ou de la mère. Elle est déclarée
par le père, la mère ou à défaut par les ascendants ou les descendants les plus proches parents de
l’enfant ou par toute personne présente à l’accouchement. La déclaration peut être également
faite par un mandataire du père ou de la mère porteur d’une procuration spéciale.
L’acte de naissance contient les énonciations suivantes :
- L’heure si possible, le jour, le mois, l’année et le lieu de naissance, le nom et le sexe de
l’enfant ;
- Le nom, l’âge, la profession, le domicile du père et de la mère ;
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- Le nom, l’âge, la profession et le domicile du déclarant (article 118 du code de la famille).


16

2. Cas spéciaux
 Enfant trouvé : toute personne qui trouve un enfant nouveau-né est tenu de le présenter
et d’en faire une déclaration à l’OEC du lieu de la découverte. L’OEC dresse un procès-verbal
qui énonce le nom, l’âge apparent et le sexe de l’enfant, la date et le lieu de la découverte (article
121 du code de la famille).
 L’enfant mort-né : lorsqu’il est déclaré un enfant
mort-né, la déclaration est écrite à sa date le registre de décès. On y indique le sexe de l’enfant et
l’identité complète des parents (article 123 du code de la famille).
 L’enfant né pendant un voyage maritime, fluvial, lacustre ou aérien : pour un enfant né
pendant un voyage dans un navire ou aéronef de nationalité congolaise, il est dressé acte par le
Commandant du navire ou de l’aéronef dans les 48 heures de l’accouchement sur déclaration de
la mère ou du père s’il est à bord (article 125 du code de la famille).

Section 8 : Les règles propres aux actes de décès


1. Déclaration de décès
Tout décès survenu sur le territoire congolais doit être déclaré à l’OEC du ressort du lieu ou le
décès est survenu (article 132 du code de la famille). L’acte est dressé sur décès des
renseignements nécessaires (article 133 du code de la famille).
Le législateur donne pouvoir à l’OEC de prendre toutes les mesures nécessaires pour que le
décès survenus sur l’étendue de son territoire soient régulièrement constatés et déclarés. Il peut
notamment inviter à témoigner d’autres personnes que le déclarant (article 135 du code de la
famille).
L’acte de décès contient les énonciations suivantes :
- L’heure si possible, le jour, le mois, l’année et le lieu de décès ;
- Le nom, la date et le lieu de naissance, la profession et le domicile ou la résidence du défunt ;
- Le nom, l’âge, la profession, le domicile de ses père et mère ;
- Le nom, l’âge, la profession, le domicile ou la résidence du conjoint ;
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- Le nom, l’âge, la profession et le domicile du déclarant.


17

2. Cas spéciaux
 Mort violente : lorsqu’il y a des signes ou des indices de mort violente ou
d’autres circonstances qui donnent lieu à la soupçonner, l’inhumation n’est possible qu’après le
procès verbal dressé par un officier de Police Judiciaire (OPJ) assisté d’un médecin (article 137
du code de la famille). Une copie du procès verbal est transmise sans délai à l’OEC de la
résidence de la personne décédée qui dressera l’acte de décès (article 138 du code de la famille).

 Corps trouvé : lorsque le corps d’une personne décédée est trouvé, il est fait
appel à l’OPJ pour mener des enquêtes. L’OEC du lieu où le corps est trouvé dressera un acte de
décès. Si l’identité de la personne décédée n’est pas connue, il est dressé un procès verbal
détaillé qui énonce la date de la découverte du corps, l’âge apparent du défunt, son sexe et la date
probable du décès (article 139 du code de la famille).
 Décès dans un établissement pénitentiaire : le responsable de l’établissement
pénitentiaire transmet dans les 24 heures à l’OEC du ressort dans lequel est situé l’établissement,
les éléments exigés par la loi pour établir l’acte de décès (article 140 du code de la famille).
 Décès survenu pendant un voyage maritime, lacustre, aérien ou fluvial : le
comandant du bateau, du navire ou de l’aéronef dresse dans les 24 heures un acte de décès en
deux copies qui seront transmises :

 Au de l’inscription maritime, fluviale, lacustre du 1 port congolais ;


 Dans le cas de l’aéronef, à l’état civil de la zone urbaine de la Gombe à
Kinshasa ;
 A l’OEC de la dernière résidence du défunt (article 141 du Code de la
famille).

 Disparition : le ministère public ou toute personne intéressée peut


demander au tribunal de Grande Instance de rendre un jugement déclaratif de décès (article 142
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du code de la famille). Ce jugement tient lieu de l’acte de décès et est inscrit dans le registre de
décès. En cas de décès collectif, le TGI du lieu de l’événement rend un jugement collectif de 18
décès (en cas de naufrage, la catastrophe aérienne, le tremblement de terre, le glissement de
terrain, …).
Section 9 : Les modèles des registres de l’état civil
Ces modes sont établis par le Ministre de la Justice qui est chargé d’en assurer la distribution à
tous les bureaux de l’état civil de la République ainsi qu’aux ambassades et dans ce cas par
l’intermédiaire du Ministère des affaires étrangères.

Chapitre 3 : DU DOMICILE ET DE LA RESIDENCE

Ce sont des endroits qui permettent de localiser un individu sur un territoire. La localisation d’un
individu est importante surtout en matière de procédure car c’est au domicile d’une personne que
l’on adresse la correspondance, les assignations, les citations qu’on notifie les mandats,…

Section 1 : LE DOMICILE
1. Définition
Le mot domicile est une notion abstraite. C’est le lieu où toute personne a son principal
établissement, soit qu’elle le choisit elle-même, soit la loi le lui impose. On entend par principal
établissement, le lieu où une personne a établi sa demeure, ses intérêts d’affaire, le siège de ses
affections familiales, le lieu où la personne est présumée présente même si elle ne l’est pas.

2. Catégorie :
Il existe deux catégories de domicile : le domicile libre et le domicile imposé par la loi.
a) Le domicile général : est celui que chaque individu choisit librement au lieu de son
principal établissement (article 161 du code de la famille). Ce domicile a en principe trois
caractères qui sont à savoir : l’unicité, la nécessité et la non immuabilité.
 L’unicité : le domicile est unique, chacun n’a qu’un seul domicile ;
 La nécessité : le domicile étant nécessaire, chacun doit en avoir un ;
 La non immuabilité : le domicile n’est pas immuable, on peut le changer.
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Le changement de domicile s’opère par le fait d’une habitation réelle et effective dans un autre
lieu avec l’intention d’y fixer son principal établissement. Cette intention est présumée 19
lorsqu’une personne s’est établie dans un autre lieu (article 162 du code de la famille).

b) Le domicile élu : toute personne peut élire domicile pour l’exécution d’un ou de
plusieurs actes. L’élection doit être expresse et ne peut se faire que par écrit (article 168 du code
de la famille).
Toute signification, demande et poursuite pour l’exécution d’un acte pour lequel le domicile a
été élu peuvent valablement se faire à ce domicile et devant le juge dudit domicile. Lorsqu’on
élit domicile pour des raisons judiciaires, on doit écrire au Président du Tribunal pour signifier
que toutes les activités qui concerne la personne doivent prendre la direction du cabinet de tel
Avocat. Le domicile élu est une exception de domicile. Pour élire domicile, la personne doit être
capable, l’élection doit être expresse car il n’y a pas d’élection tacite, elle doit être aussi écrite
car elle ne peut se prouver par présomption ou par témoins.

3. Le domicile imposé par la loi ou le domicile légal


Certaines personnes ont un domicile imposé par la loi. Il s’agit de :
- La femme mariée chez son mari ;
- Le mineur non émancipé chez ses parents ou son tuteur ;
- L’interdit chez la personne qui exerce sur lui la tutelle ;
- Le domestique chez son patron s’ils vivent sous un même toit.
Les personnes morales possèdent aussi un domicile appelé siège social qui se trouve au siège de
leur administrateur en ce qui concerne les institutions publiques, au siège social des sociétés pour
les Associations Sans But Lucratif (ASBL) et les personnes morales de droit privé ; au domicile
élu en RDC en ce qui concerne les sociétés de droit étranger qui exercent leurs activités au
Congo.

Section 2 : LA Résidence
La résidence est le lieu où une personne séjourne pour un petit moment. On comprend alors
qu’une personne peut avoir plusieurs résidences mais un seul domicile. En fin, à défaut de
domicile connu, la résidence actuelle produit ses effets (article 161 du code de la famille).
Chapitre 4 : L’ABSENCE ET LA DISPARITION
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Section 1 : L’absence
A. Définition 20
L’absence est l’état d’une personne qui a disparu de son domicile ou de sa résidence sans donner
de ses nouvelles et dont on ignore si elle vit encore. Bref, c’est l’incertitude sur l’existence d’une
personne.
Cette personne est présumée vivante pendant trois ans ou un an à partir de dernières nouvelles
positives sur son existence selon qu’elle s’était constituée ou non un administrateur général de
ses biens.
L’absence est organisée par le code pour préserver certains intérêts qui sont en jeux : les affaires
commerciales, la succession, le mariage du conjoint survivant.
Il convient de signaler que l’absence n’est pas la non présence. En effet, un non présent est un
individu dont on sait avec certitude qu’elle est en vie mais momentanément elle se retrouve en
dehors de son domicile ou de sa résidence.
En matière d’absence, le code met successivement en œuvre deux présomptions : la présomption
de vie et la présomption de mort. Sur base de ces deux présomptions, le système élaboré par le
code envisage trois périodes dans l’absence :
- La présomption d’absence,
- La déclaration d’absence,
- La déclaration de décès.

B. Les périodes d’absence


1. La présomption d’absence
Elle dure trois ans ou un à partir de dernières nouvelles positives de l’absent selon qu’il s’était
constitué ou un mandataire général de ses biens (article 173 du code de la famille). Pendant cette
période, l’absent est présumé vivant. La nomination d’un administrateur des biens peut être
demandée à partir de six mois après que l’absent ait quitté son domicile ou sa résidence si
l’absent ne s’était pas constitué un administrateur de ses biens (article 176 du code de la famille)
ou avant l’expiration du délai de six mois lorsqu’il y a péril en la demeure. Cette demande est
dressée au TGI du dernier domicile de l’absent par toute personne intéressée ou par le dernier le
Ministère Public (article 176 al 1 du code de la famille).
L’administrateur est choisi parmi les héritiers présomptifs de l’absent (article 176 al 2 du code de
la famille) qui aura à s’occuper de l’administration des biens de l’absent, de sa représentation
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dans les inventaires, la liquidation et le partage de tous les biens en présence du Ministère Public
ou son délégué, à faire constater l’état des immeubles par expert nommé par le TGI, à rendre 21
compte chaque année de sa gestion et le cas échéant à rendre compte définitif à l’absent qui
réapparait ou aux envoyés en possession. Le Ministère Public est chargé de veiller aux intérêts de
ceux qui sont absents (article 183 du code de la famille).

2. La déclaration d’absence
Elle commence après un an ou trois ans. La présomption de vie a cessé. Elle peut être demandée
par toute personne intéressée ou par le Ministère Public au TGI du dernier domicile de l’absent.
Il est prévu un examen minutieux de la demande de la déclaration d’absence par le TGI qui
vérifie les pièces et documents produits et qui peut en ordonner une enquête. La requête
introductive et le jugement ordonnant l’enquête font l’objet de publication dans la presse locale
et dans le district du domicile et de la résidence si ceux-ci sont distincts l’un de l’autre (article
185 du code de la famille).
Le jugement déclaratif d’absence est rendu six mois après l’enquête introductive. La publicité de
ce jugement est faite dans les mêmes conditions que ci- haut et dans le Journal Officiel (article
186 du code de la famille).
En vertu de ce jugement :
- Les héritiers présomptifs obtiennent l’envoi en possession provisoire des biens de
l’absent ;
- Le testament, s’il en existe un est ouvert et il est procédé à un partage provisoire des
biens de l’absent (article 188 du code de la famille).
- Le conjoint survivant, s’il opte pour le maintien du régime matrimonial, empêche l’envoi
provisoire. Les héritiers ont les mêmes droits et devoirs que ceux de l’administrateur. Si l’absent
réapparaissait, les héritiers ne doivent lui rendre que le capital et les fruits existants.

3. La déclaration de décès
Lorsque depuis le moment où la présomption de vie a cessé il s’est écoulé 5 ans de plus sans
qu’on ait reçu de nouvelles certaines de la vie de l’absent, il y a présomption de mort (article 191
du code de la famille). A la demande des parties intéressées ou du Ministère Public, le TGI du
dernier domicile déclare le décès. Ce jugement indique le jour à partir duquel l’absent est
présumé décédé. Il vaut acte de décès à transcrire en marge des actes de l’état civil. Il a pour
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effet d’ouvrir la succession de l’absent. Les héritiers se partagent les biens de l’absent
conformément à leur droit successoral (article 194 du code de la famille), ils obtiennent l’envoi 22
en succession définitive. Si l’absent réapparaissait, les héritiers doivent lui restituer en capital les
biens qui leur ont été attribués et encore existants entre leurs mains. En cas de fraude ou de
contravention, le réapparu peut exercer contre son auteur un recours (article 195 du code de la
famille). Le jugement par ailleurs autorise le conjoint survivant à contracter un nouveau mariage,
faculté qu’il perd automatiquement en cas de réapparition de l’absent avant la célébration du
nouveau mariage.
Le nouveau mariage contracté avant la déclaration de décès ne peut être attaqué que par l’absent
lui-même (article 197 du code de la famille). Si le père est absent et qu’il a laissé des enfants
mineurs d’un commun mariage, la mère et un membre de la famille du père absent désigné par le
Tribunal de Paix sur proposition du conseil de famille exerce sur les enfants tous les attributs de
l’autorité parentale notamment en ce qui concerne leur éducation et l’administration de leurs
biens.

Section 2 : LA DISPARITION
La disparition est l’état d’une personne qui a disparu dans de circonstances telles que sa mort est
certaine bien que son corps n’ait pas été retrouvé. Les actes de l’état civil y relatifs sont
réglementés par les articles 142 et 147 que nous avons vus précédemment. Certaines dispositions
relatives à l’absence notamment les articles 177 à 183 et 197 à 205 lui sont également
applicables.
A la requête du Ministère Public ou de toute personne intéressée, le tribunal peut, avant de rendre
un jugement déclaratif de décès, désigner un administrateur provisoire du patrimoine du disparu
si possible parmi les héritiers présomptifs (article 209 du code de la famille). En cas de
réapparition du disparu dont le décès a été déclaré, les héritiers lui restituent en capital les biens
qui leur ont été attribués et encore existants entre leurs mains (article 210 du code de la famille).
En outre, il peut exercer un recours contre eux en cas de fraude ou de contravention à leurs
obligations (article 210 al 2 du code de la famille).

TITRE II : LA CAPACITE

Chapitre I : GENERALITES
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Section 1 : DEFINITION
La capacité est l’aptitude qu’a une personne d’après son état à être titulaire des droits à les 23
exercer. On distingue ainsi la capacité de jouissance et la capacité d’exercice.
On parle de la capacité de jouissance quand il y a aptitude à être titulaire des droits alors qu’on
parle de la capacité d’exercice lorsqu’il y a aptitude à mettre en œuvre librement et
personnellement un droit dont on est titulaire. A la capacité s’oppose les incapacités.

Section 2 : LES INCAPACITES DE JOUISSANCE ET D’EXERCICE


Comme nous venons de dire, toute personne est capable sauf si la loi la déclare incapable, en
d’autres termes, la capacité est la règle, l’incapacité est l’exception.

1. Incapacité de jouissance
L’Antiquité frappait un grand nombre d’individu d’une incapacité de jouissance générale.
L’esclave n’avait aucun droit, aucun patrimoine, il ne pouvait être ni débiteur, ni créancier, il
n’était qu’une chose de son maitre.
L’incapacité de jouissance peut être générale ou spéciale. Elle est générale lorsqu’elle concerne
tout le patrimoine d’un individu. C’est le cas de la mort civile ou l’esclavage qui a disparu
aujourd’hui. Elle est spéciale toutes les fois qu’elle se limite à certains actes juridiques
seulement. Exemple : les étrangers ne jouissent que de droits privé ou de droits civils et non de
droits politiques.

2. Incapacité d’exercice
L’incapable d’exercice est titulaire des droits qu’il est cependant inapte d’exercer ou de mettre en
œuvre personnellement. Les incapacités sont établies dans le but de protection, elles sont d’ordre
familial.
Aux termes de la loi, les personnes incapables sont : les mineurs, les majeurs aliénés, les majeurs
faibles d’esprit, les prodigues, les affaiblis par l’âge, les infirmes et la femme mariée sous réserve
de certains instruments juridiques internationaux que le Congo a ratifiés.
L’incapacité d’exercice des physiques tient à l’âge (les mineurs) aux facultés mentales (aliénés
faibles d’esprit et prodigues).
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Avant la modification du code de la famille en 2016, la femme mariée était considérée comme
une incapable soumise au régime d’autorisation. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui suite 24
aux nombreuses luttes menées par les femmes au nom de l’égalité et de la parité.

Section 3 : LE REGIME DES INCAPABLES


Les régimes juridiques pour la protection des incapables sont au nombre de trois :
- La représentation : c’est une technique juridique par laquelle une personne appelée le
représentant passe un acte au nom et pour le compte d’une autre personne, le représenté de telle
sorte que tous les effets de l’acte se produisent uniquement sur la tête du représenté. Les
incapables soumis à ce régime sont les mineurs et les interdits.
- L’assistance : c’est une technique de protection consistant à faire intervenir une tierce
personne à la passation d’un acte accompli par un incapable. Elle concerne les incapables
suivants : les mineurs non émancipés et les personnes placées sous curatelle.
L’assistance se distingue de la représentation en ce sens que seul le représentant accomplit l’acte
que l’incapable représenté ne joue aucun rôle, par contre, dans l’assistance, c’est l’incapable qui
accomplit l’acte en personne mais assisté obligatoirement par la personne chargée de sa
protection. Celle-ci peut s’opposer à la conclusion par l’assisté d’un acte qui va à l’encontre de
ses intérêts.

Chapitre II : LA MINORITE
Section 1. GENARALITES
La minorité est l’état d’une personne qui n’a pas encore atteint l’âge de 18 ans. Elle se fonde
exclusivement sur l’âge et elle est indépendante de toute condition de sexe. L’âge d’un individu
est établi par les actes de l’état civil (article 220 du code de la famille).
Les mineurs sont placés sous l’autorité parentale ou tutélaire en ce qui concerne leur personne et
l’administration de leurs biens. Etant donné sa situation très spéciale, le mineur possède un statut
propre. Le code de la famille prend l’individu comme le point de départ et le centre de ses
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intérêts. Mais l’individu jeune a besoin de l’aide et de protection. Son statut vise sa protection et
son développement vers l’âge adulte. Le code fixe uniformément l’âge quel un individu est censé 25
être capable de diriger sa vie en pleine indépendance à 18 ans.
En droit, adulte se traduit par majeur qui a la pleine capacité d’exercice sauf les exceptions
prévues par la loi. Si un mineur n’a pas ou n’a plus de parents, on lui désigne un tuteur. En fin,
dans certains cas, le mineur peut échapper à l’autorité parentale grâce à une institution appelée
« émancipation ».

Section 2. LA TUTELLE DES MINEURS


La tutelle est une charge confiée à une personne par la loi en vue de l’administration gratuite de
la personne et des biens. L’ouverture de la tutelle est subordonnée à deux éléments :
- Le défaut de père et mère pouvant exercer l’autorité parentale sur le mineur (en cas de
décès, d’absence ou de déchéance des parents) ;
- La minorité d’âge.
Les organes de la tutelle ordinaire du mineur sont :
- Le tuteur : organe principal qui peut être désigné soit par le tribunal de paix sur
proposition du conseil de famille, soit par les père et mère ou le dernier mourant parmi eux. Dans
le premier cas on parle de tuteur datif alors que le second cas il s’agit d’un tuteur
testamentaire. Il rend annuellement compte au conseil de famille qui peut lui réclamer des
justifications.
- Le conseil de famille : composé de parents et alliés de père et mère ainsi que de frères et
sœurs majeurs du mineur, le conseil de famille est l’organe secondaire. Il se réunit chaque fois
que l’exige l’intérêt du mineur.
- Le Tribunal de Paix : il nomme le tuteur sur proposition du conseil de famille ou il
confirme dans sa fonction le tuteur désigné par le père et mère.
Le tuteur remplace les père et mère et a le pouvoir sur la personne du mineur ainsi que sur les
biens. Le tribunal peut le décharger de ses fonctions lorsqu’il se compromet gravement ou il fait
l’objet d’une condamnation judiciaire à la suite d’une infraction qui porte atteinte à l’honneur et
à la dignité de sa fonction.
Etant donné que sa gestion à un contrôle, il doit dresser un inventaire des biens du mineur avant
d’entrer en fonction.
La tutelle cesse :
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- A la majorité de l’enfant ;
- A l’émancipation ; 26
- Au décès du tuteur ou du mineur ;
- A la réparation de parent absent ;
- A la destination du tuteur.

Section 3. LA TUTELLE DE L’ETAT


Il est organisé par le code aux articles 237 du code de la famille, une tutelle spéciale de l’Etat sur
des enfants mineurs appelés pupilles de l’état. Il s’agit des enfants orphelins sans famille et le
cas échéant des enfants dont les enfants sont déchus de l’autorité parentale. Ces enfants sont
remis à un conseil de tutelle qui a son tour confie l’exercice de la tutelle à une personne qu’il
désigne et qui prend le nom de tuteur délégué qui peut être une institution de charité. Son mandat
est gratuit. Les attributions du conseil de tutelle et du tuteur délégué sont respectivement celle du
conseil de famille et du tuteur sous réserve de quelques dispositions spéciales.
Il existe un conseil de tutelle dans chaque territoire (article 262 du code de la famille) qui est
composé de la manière suivante :
- L’administrateur du territoire ou son délégué : Président du Conseil
- Un représentant de l’autorité judiciaire
- Quatre personnes désignées par le Gouverneur de Province ou celui de la Ville de Kinshasa
Il se réunit au moins une fois par trimestre et adresse annuellement un rapport au Commissaire
de District avec copie au Ministre ayant la tutelle dans ses attributions.
La tutelle prend fin :
- A la majorité ou à l’émancipation du pupille
- Si le pupille est adopté ou s’il lui est désigné un père juridique
- A l’établissement de la filiation pour un enfant dont les parents n’étaient pas connus sauf si
tutelle est confirmée par le tribunal de paix
- Lorsque les parents sont réhabilités

Section 4. L’EMANCIPATION
L’émancipation est une institution qui affranchit le mineur de l’autorité parentale ou tutélaire ou
partiellement de l’incapacité d’exercice attachée à la minorité. Ce terme désigne à la fois d’état
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de mineur et d’acte juridique par lequel l’émancipation volontaire se réalise. En effet, dans
certaines hypothèses, on estime qu’il est inutile de continuer à maintenir quelqu’un qui n’a pas 27
encore atteint l’âge de la majorité dans un état de dépendance et d’incapacité qui est la
caractéristique du mineur, dans ce cas, le mineur est émancipé.
Il existe l’émancipation automatique et l’émancipation volontaire. La première se réalise de plein
droit par le mariage du mineur, lequel mariage n’est plus possible avec l’adoption de la nouvelle
loi réprimant les violences sexuelles.
L’émancipation volontaire se réalise en vertu d’un acte juridique et elle peut avoir lieu à partir de
15 ans par décision du Tribunal de Paix rendue sur requête du père ou de la mère du mineur, à
défaut par le tuteur et dans le conseil de famille doit être rendu (article 289 du code de la
famille).
Quant aux effets de l’émancipation, nous devons savoir que :
- Le mineur émancipé est affranchi de l’autorité parentale ou tutélaire ;
- L’émancipation lui confère la pleine capacité seulement pour les actes juridiques il est
placé sous le régime d’assistance, il passera tous les actes juridiques sous l’assistance d’un
curateur qui est la personne qui avait sur lui l’autorité parentale ;
- L’émancipation ne peut être révoquée.
NB : La décision accordant l’émancipation d’un mineur est transmise dans le mois à l’OEC du
lieu où l’acte a été établi pour qu’il y soit porté mention de l’acte d’émancipation (article 291 du
code de la famille).
L’émancipation cesse avec la majorité ou le décès du mineur émancipé.

Chapitre III : LES HANDICAPES, LES INFIRMES ET LE SPRODIGUES


Section 1. GENERALITES
Au cas où les facultés mentales d’un majeur ou d’un mineur émancipé sont durablement altérées
par une maladie, une infirmité ou un affaiblissement dû à l’âge, ou les facultés corporelles sont
altérées au point d’empêcher l’expression de la volonté, le code prévoit des mesures de
protection par l’institution de quelques mesures mais l’altération de la faculté ou corporelle doit
être constatée par le juge après expertise médicale (article 298 du code de la famille).
Section 2. L’INTERDICTION
1. Notion
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C’est une décision judiciaire qui entraine pour l’aliéné mental une incapacité analogue à celle de
mineur non émancipé c'est-à-dire une incapacité totale. 28

2. Condition :
- La personne doit être aliéné, c'est-à-dire se trouver dans un état de démence (folie ou
imbécillité) ;
- Cet état doit être habituel, le fait qu’il y ait des intervalles lucides ne constitue pas un
obstacle ;
- La personne doit être majeure ou émancipée.

3. Procédure
Le tribunal compétent est celui de paix du lieu de la résidence de la personne dont l’interdiction
est sollicitée. L’interdiction est demandée par un parent pour son enfant, un époux pour son
conjoint et par celui qui exerce l’autorité parentale ou tutélaire pour le mineur dès sa majorité
(article 302 du code de la famille).

4. Effets
Les effets de l’interdiction prennent cours à partir du jugement. Un tuteur est nommé à l’interdit
sur proposition du conseil de famille. L’interdit est frappé d’une incapacité d’exercice totale, il
ne peut passer aucun acte et doit être représenté, à défaut tout acte passé par lui sera frappé d’une
nullité relative. Aussi les actes passés par l’aliéné non interdit ou avant son intervention sont
annulables pour autant que la démence ou l’imbécillité existait notoirement au moment où ces
actes ont été passés (article 306 du code de la famille).
5. Cessation
L’interdiction cesse avec le décès de l’interdit ou par un jugement de main levée demandé par les
personnes habilités à provoquer l’interdiction.
NB : Un extrait du jugement d’interdiction et de main levée sont, dans le mois, transcrits en
marge de l’acte de naissance de l’interdit pour être publié au Journal Officiel.

Section 3. LES PERSONNES PLACEES SOUS CURATELLE


1. Notions
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La curatelle est une décision judiciaire qui a pour effet de frapper d’une incapacité d’exercice
partielle certaines personnes qui sont d’une part atteintes d’une infirmité mentale qui ne va pas 29
jusqu’à l’altération et dont les facultés corporelles sont altérées par la maladie ou l’âge et d’autre
part les prodigues et les faibles d’esprit.
Le curateur est donc la personne désignée par le tribunal de paix dans le but d’assister ces
personnes.
2. Conditions
La personne concernée doit appartenir à l’une des catégories suivantes :
- Le faible d’esprit, c'est-à-dire la personne d’une intelligence insuffisante ;
- Les prodigues, c'est-à-dire les personnes qui distribuent leur patrimoine en désordre et en
dépense excessive et inutile de sorte qu’elles risquent de tomber dans le besoin et de
compromettre l’exécution de leurs obligations familiales ;
- Les handicapés, infirmes ou affaiblis par l’âge pour autant que l’altération des facultés
corporelles ou mentales résultant de cet état soit durable et susceptible d’empêcher l’expression
de la volonté.

3. Procédure : cfr interdiction


4. Effets :
- Le tribunal de paix nomme un curateur par jugement de mise sous curatelle et sur proposition
du conseil de famille,
- La personne placée sous curatelle ne peut plus cesser certains actes juridiques seule, elle
doit être assistée de son curateur pour les actes énumérés à l’article 113. A défaut, les actes
passés par lui sont frappés d’une nullité dans les mêmes conditions que pour l’interdiction.
5. Cessation : cfr interdiction : par le jugement main levée.

Chapitre IV. L’AUTORITE PARENTALE


Section 1. GENERALITES
L’autorité parentale est l’ensemble des droits que la loi accorde conjointement aux parents sur la
personne et les biens de leurs enfants mineurs non émancipés. On trouve plusieurs éléments dans
l’autorité parentale qu’on peut regrouper en deux rubriques : père et mère.

A. L’autorité sur la personne du mineur


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- Le droit de garde et de protection : l’autorité parentale dirige le mineur et surveille ses


actes et ses relations, lui donne des ordres, décide de sa résidence, de son mode de vie, de son 30
loisir, de son orientation intellectuelle et religieuse. Il peut le réprimander et lui infliger une
correction proportionnelle à son âge et à sa conduite. L’autorité parentale fait usage de ces droits
que dans l’intérêt de l’enfant dont il a la garde et la protection.
- Le devoir d’entretien et d’éducation : en contre parents ont la jouissance des biens de
l’enfant jusqu’à sa majorité. Ils doivent pourvoir à ses besoins et à son éducation dans la mesure
de leurs moyens. Ils doivent consentir à l’adoption ou à l’émancipation de leurs enfants et ils
doivent répondre de tous les dommages causés par eux.
B. L’autorité sur les biens
Les parents ont le droit de percevoir le salaire de leur enfant et d’administrer et de jouir de ses
biens. Toutefois, les revenus de ces biens sont par priorité consacrés à l’entretien et à l’éducation
de l’enfant.
Le droit d’administration signifie que c’est celui qui exerce l’autorité parentale qui passe les
actes au nom et pour le compte du mineur. Le code de la famille ne prévoit aucun contrôle de
cette administration.

Section 2. CESSATION DE L’AUTORITE PARENTALE


L’autorité parentale cesse :
- A la majorité ou à l’émancipation de l’enfant ;
- A l’absence, à la disparition, à l’incapacité ou au décès de père et mère ;
- A la démence de l’autorité parentale.
La déchéance de l’autorité parentale est une sanction civile prononcée par le Tribunal de Paix
dans certains cas graves comme l’abus d’autorité, le mauvais traitement de l’enfant, l’inconduite
notoire ou la négligence grave de nature à mettre en péril la santé ou la moralité de l’enfant, la
condamnation pour l’incitation à la débauche, la condamnation du chef des faits infractionnels
commis sur la personne de ses enfants ou ses descendants, la condamnation pour abandon
d’enfant, …
La déchéance n’exonère pas des obligations pécuniaires qui découlent de l’entretien et de
l’éducation de ses enfants. Elle peut être temporaire ou définitive. Il faut noter que le divorce ne
met pas fin à l’autorité parentale. En cas de décès d’un titulaire de l’autorité parentale, il peut
être désigné un tuteur adjoint par le Tribunal de Paix sur requête du conseil de famille du
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tutélaire précédé ou survivant qui sera chargé d’assister le conjoint survivant dans ses obligations
(article 323 al 1 du code de la famille). 31
Le titulaire qui exerce seul l’autorité parentale peut, s’il se considère incapable, demander au
Tribunal de Paix la désignation d’un tuteur.

II i è m e Partie : DE LA NATIONALITE

La nationalité est le lien qui unit une personne à une nation à un Etat. C’est l’appartenance à une
nation, à l’occurrence à la nation congolaise.
La nationalité congolaise est une et exclusive, elle ne peut être détenue concurremment avec une
autre nationalité. Elle est soit d’origine, soit acquise par le fait de la naturalisation, de l’option, de
l’adoption, du mariage ou de la naissance et de la résidence en R.D.C (article 1 de la loi N° du
12/11/2004 relative à la nationalité congolaise).

Chapitre I : DE LA NATIONALITE CONGOLAISE D’ORIGINE


La nationalité congolaise d’origine est reconnue dès la naissance à l’enfant en considération de
deux éléments de rattachement de l’individu à la République Démocratique du Congo, à savoir
sa filiation à l’égard d’un ou de deux parents congolais (jus sanguinis), son appartenance aux
groupes ethniques et nationalités dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu
le Congo (présentement la RDC) à l’indépendance (jus sanguinis et jus soli) ou sa naissance en
RDC (jus soli).
Section 1. DES CONGOLAIS PAR APPARTENANCE
Est congolais d’origine, toute personne appartenant aux groupes ethniques et nationalités dont les
personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la RDC) à
l’indépendance (article 6 de la loi N°du 12/11/2004 relative à la nationalité congolaise).
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Section 2. DES CONGOLAIS PAR FILIATION 32


Est Congolais dès la naissance, l’enfant dont l’un des parents le père ou la mère est congolais.
La filiation de l’enfant n’a d’effet sur la nationalité de celui-ci que si elle est établie durant sa
minorité conformément à la législation congolaise (article 7 de la loi N°du 12/11/2004 relative à
la nationalité congolaise).
Section 3. DES CLONGOLAIS PAR PRESOMPTION DE LA LOI
Est congolais par présomption de la loi, l’enfant nouveau-né trouvé en RDC dont les parents sont
inconnus.
Toutefois, il sera réputé n’avoir jamais été congolais si, au cours de sa minorité, sa filiation est
établie à l’égard d’un étranger et s’il a, conformément à la loi nationale de son parent, la
nationalité de celui- ci (article 8 de la loi N°du 12/11/2004 relative à la nationalité congolaise).
Est également congolais par présomption de la loi :
- L’enfant né en RDC de parents ayant le statut d’apatride ;
- L’enfant né en RDC des parents étrangers dont la nationalité ne se transmet pas à l’enfant du
fait de la législation de l’Etat d’origine qui ne reconnaît que le jus soli ou ne reconnaît pas
d’effet sur la nationalité à la filiation naturelle (article 9 de la loi N° du 12/11/2004 relative à
la nationalité congolaise).

Chapitre 2. DE L’ACQUISITION DE LA NATIONALITE CONGOLAISE


a. Notions
L’acquisition de la nationalité se distingue de la reconnaissance de la nationalité congolaise par
le fait que l’intéressé a, jusqu’au moment où il acquiert la nationalité congolaise, la qualité
d’étranger.
En effet, dans le souci bien compris de répondre aux impératifs des conventions internationales
aussi bien que de conjurer les frustrations dont ont fait l’objet certaines couches de la population
nationale. La présente loi préconise cinq modes d’acquisition de la nationalité congolaise, à
savoir :
1. L’acquisition de la nationalité congolaise par l’effet de la naturalisation ;
2. L’acquisition de la nationalité congolaise par l’effet de l’option ;
3. L’acquisition de la nationalité congolaise par l’effet de l’adoption ;
4. L’acquisition de la nationalité congolaise par l’effet du mariage ;
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5. L’acquisition de la nationalité congolaise par l’effet de la naissance et de la résidence en


RDC. 33
Par ailleurs, la présente loi fixe non seulement les conditions d’acquisitions, de perte et de
recouvrement de la nationalité congolaise, mais aussi les effets y afférents et les
procédures relatives à la déclaration de nationalité, à la naturalisation et à la déchéance
ainsi que les moyens de preuve subséquents.
Le décret accordant la nationalité congolaise par l’effet de la naturalisation et du mariage ne peut
être signé qu’après avis conforme de l’Assemblée Nationale.

Section 2. DES DISPOSITIONS COMMUNES RELATIVES A LA NATIONALITE


CONGOLAISE D’ACQUISITION (article 22 à 23)
La nationalité congolaise par acquisition est soumise aux conditions suivantes :
1. Etre majeur ;
2. Introduire expressément une déclaration individuelle ;
3. Déposer une déclaration d’engagement par écrit de renonciation à toute autre nationalité ;
4. Savoir parler une des langues congolaises ;
5. Etre de bonne vie et mœurs ;
6. Avoir à la date de la demande une résidence en RDC depuis 7 ans.
7. Ne s’être jamais livré au profit d’un Etat étranger, à des actes incompatibles avec la
qualité de congolais, ou préjudiciables aux intérêts de la RDC ;
8. N’avoir pas fait l’objet d’une condamnation définitive par les juridictions nationales ou
étrangères pour l’une des infractions ci-après :
a. Haute trahison ;
b. Atteinte à la sureté de l’Etat ;
c. Crimes de guerre, crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes d’agression ;
d. Crimes de terrorisme, assassinat, meurtre, viol, viol des mineurs et pédophilie ;
e. Crimes économiques, blanchissement de capitaux, contrefaçon, fraude fiscale, fraude
douanière, corruption, trafic d’armes, trafic de drogue, ….

Chapitre 3. DE LA PERTE, DE LA DECHEANCE ET DU RECOUVREMENT DE LA


NATIONALITE CONGOLAISE (article 26 à 29)
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Section 1. DE LA PERTE DE LA NATIONALITE CONGOLAISE


Toute personne de nationalité congolaise qui acquiert une nationalité étrangère perd la nationalité 34
congolaise en vertu des dispositions de l’article 1 de la loi précitée.

Section 2. DE LA DECHEANCE DE NATIONALITE CONGOLAISE

Sans préjudice des dispositions de l’article 29 de la loi précitée, le Gouvernement prononce, dans
in délai d’un an, à compter de la découverte de la faute, la déchéance de la nationalité si
l’impétrant l’a obtenue en violation des dispositions de l’article 22.
Par cette déchéance, l’intéressé est réputé n’avoir jamais acquis la nationalité congolaise. Sans
préjudice des dispositions de l’article 22 de la présente loi, la déchéance est encourue :
- Si l’étranger qui a bénéficié de la nationalité d’acquisition a toutefois conservé sa
nationalité d’origine.
- S’il a acquis la nationalité congolaise par fraude, par déclaration erronée ou mensongère,
par dol, ou sur présentation d’une fausse pièce contenant une assertion mensongère ou erronée ;
- S’il s’est rendu coupable de corruption ou de concussion envers une personne appelée à
concourir au déroulement de la procédure tendant à acquérir la nationalité congolaise.
Le Gouvernement est tenu de prononcer par Décret délibéré en Conseil des Ministres la
déchéance de la nationalité congolaise de la personne incriminée.
Toutefois, ce Décret ne peut être pris qu’après avis conforme de l’Assemblée Nationale.
Le Décret est notifié au concerné par les soins du Ministre de la Justice et Garde des Sceaux. Il
peut faire l’objet d’un recours gracieux du Président de la République et, le cas échéant, d’un
recours en annulation devant la Cour Suprême de Justice.

Section 3. DU RECOUVREMENT DE LA NATIONALITE CONGOLAISE


(article 30 à 33)
Le recouvrement de la nationalité congolaise de la personne qui établit avoir possédé la
nationalité congolaise résulte d’un Décret ou d’une déclaration suivant les distinctions fixées aux
articles 31 et 32 de la présente loi.
Le recouvrement de la nationalité congolaise par Décret ou par déclaration produit effet à l’égard
des enfants mineurs du bénéficiaire.
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Le recouvrement par Décret concerne la personne qui a eu la nationalité congolaise par


acquisition. Il peut être obtenu à tout âge de la majorité civile. Il est soumis aux conditions et 35
procédures d’acquisitions de la nationalité congolaise.
Tout congolais d’origine, qui a perdu sa nationalité, peut la recouvrer par déclaration faite
conformément aux dispositions de l’article 34.
Il doit avoir conservé ou acquis avec la RDC des liens manifestes, notamment d’ordre culturel,
professionnel, économique, sentimental ou familial, …
La déclaration n’a d’effet qu’à compter de son enregistrement. Le Gouvernement peut s’opposer
au recouvrement de la nationalité congolaise de l’impétrant pour indignité.

Chapitre 4. DE LA PREUVE DE LA NATIONALITE


Section 1. DES DISPOSITIONS (article 42 à 44)
La preuve de la nationalité congolaise d’origine ou d’acquisition s’établit en produisant un
certificat de nationalité régulièrement délivré par le Ministre ayant la nationalité dans ses
attributions.
Le certificat comporte les mentions et références prescrites par le Décret portant mesures
d’exécution de la présente loi, notamment les références précises du registre d’enregistrement, la
date, la nature de l’acte en vertu duquel l’intéressé a la nationalité congolaise ainsi que les
documents qui ont permis de l’établir.
Le certificat de nationalité fait foi jusqu’à la preuve du contraire.
Le certificat de nationalité ne peut légalement être retiré que s’il a été obtenu par fraude.
Toutefois, si l’administration conteste la nationalité congolaise du bénéficiaire, c’est à elle de
prouver que l’intéressé n’a pas cette nationalité.
La preuve d’une déclaration tendant à obtenir la nationalité congolaise, à y renoncer ou à la
recouvrer, résulte de la production d’une attestation délivrée par le Ministre de la Justice et
Garde des Sceaux, à la demande de tout requérant. Cette attestation constate que la déclaration a
été établie et enregistrée.

Section 2. DE LA PREUVE DE LA QUALITE D’ETRANGER (article 45 à 46)


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Hormis les cas de perte de la nationalité congolaise, la preuve de la qualité d’étranger doit
uniquement être faite par des documents probants. Lorsque la nationalité congolaise se perd 36
autrement, la preuve en est faite en établissant l’existence des faits et actes qui ont provoqué la
perte.

Chapitre 5. DE L’AUTORITE COMPETENTE POUR DELIVRER LE CERTIFICAT DE


NATIONALITE (article 47)
Le Ministre de la Justice et Garde des Sceaux est l’autorité compétente pour délivrer le certificat
de nationalité.

III ième Partie : LA FAMILLE

TITRE I. PRELIMINAIRES
Section 1. DEFINITION
La famille africaine ne se définit pas comme l’union formée par le père, la mère et les enfants.
Elle est plutôt une communauté d’individus qui se réclament d’un ancêtre commun unis les uns
les autres par le lien de parenté, pratiquement le même culte, observant les mêmes interdits,
soumis à l’autorité d’un chef qui est à la fois le représentant du groupe et l’administrateur de son
patrimoine commun. A son article 701, le code de la famille définit la famille comme étant
l’ensemble des parents et alliés d’un individu.

Section 2. L’IMPORTANCE DE LA FAMILLE


Pour apercevoir l’importance de la famille en société, il suffit d’imaginer une société sans
famille, c'est-à-dire une société sans lien juridique entre père, la mère et les enfants. La mère et
les enfants risqueraient l’abandon par l’homme et l’Etat recueillerait les enfants. Une telle société
comprenant une poussière d’individus sans intermédiaire entre eux fera que l’Etat ne soit pas
viable.

Le Code Napoléon considérait la famille comme l’élément naturel et fondamental de la société.


Mais au cours du 19 iè et 20 iè, l’importance sociale de la famille s’est peu à peu modifiée et son
rôle fut différemment conçu. A l’heure actuelle, le divorce se généralise, son obtention devient
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de plus en plus aisée, les unions libres se multiplient, l’autorité parentale et la puissance maritale
sont considérablement affaiblies,…. 37

Au Congo, les différentes constitutions ont affirmé : « la famille, base naturelle de la


communauté humaine, est placée sous la protection de l’Etat. Elle sera organisée de manière à ce
que soit assuré son unité et sa stabilité ». Tout congolais a le droit de se marier avec la personne
de son choix et de fonder une famille. La loi fixe les règles du mariage.

TITRE II : LE MARIAGE
Chapitre I. GENERALITES
Section 1. CARACTERES GENERAUX DU MARIAGE
1. Définition.
Le mariage, selon le code de la famille, est un acte civil, public et solennel par lequel un homme
et une femme qui ne sont ni l’un ni l’autre engagé dans un précédent mariage enregistré,
établissent entre eux une union légale et durable dont les conditions de formation, les effets et la
dissolution sont déterminés par la loi (article 330 du code de la famille).
Les règles relatives au mariage sont impératives et d’ordre public, toute convention contraire y
relative est nulle (article 332 du code de la famille).

Le mariage est une forme de cohabitation sexuelle monogamique et stable reconnue par le droit
congolais. Le droit au mariage ainsi que la liberté de choix de conjoint sont des droits
fondamentaux garantis par la constitution et réaffirmés par le code en ses articles 334 à 336 du
code de la famille. Le code prévoit en outre des sanctions contre ceux qui porteraient atteinte à
cette liberté soit en poussant une personne à se marier contre son gré, soit en s’opposant de
mauvaise foi au mariage d’une personne. Toutefois, en cas de contrainte exercée par les parents,
le tuteur ou toute personne qui exerce l’autorité sur l’individu, ce dernier peut saisir le conseil de
famille qui va statuer. En cas de désaccord, le Tribunal de Paix, en sera saisi.

2. L’attitude du code à l’égard des relations extramatrimoniales


Le code vise à inciter les particuliers à organiser leur vie sexuelle dans le cadre du mariage. C’est
pourquoi il adopte une attitude négative à l’égard de forme de cohabitation en dehors du
mariage. Les conséquences en sont nombreuses :
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- Toute forme de cohabitation en dehors du mariage est considérée comme nulle parc qu’elle a
un objet immoral ; 38
- Tout acte ou convention en vue de nouer, de favoriser ou de faire continuer de pareilles
relations est nul.

La sanction de nullité est renforcée par la règle selon laquelle les tribunaux refusent de prendre
connaissance des demandes qui émanent d’une personne qui évoque son propre comportement
immoral ou illégal. Ainsi, non seulement la conclusion n’obtiendra pas l’exécution des
engagements que son concubin aurait pris envers elle, mais le concubin n’obtiendra pas non plus
la restitution lorsqu’il aura exécuté des obligations immorales.

En règle générale, le code ne frappe pas de sanctions pénales les relations sexuelles en dehors du
mariage, en d’autres termes, les relations sexuelles en dehors du mariage ne constituent pas une
infraction, elle devient punissables que lorsqu’elles ont eu lieu dans des circonstances spéciales
tel que l’adultère, le viol, l’attentat à la pudeur, …. Par conséquent, les relations sexuelles
librement consenties entre les personnes célibataires qui ont atteint l’âge de 18 ans révolus ne
constituent pas une infraction.
NB : Contrairement à l’ancien code qui faisait la différence entre enfants légitimes et illégitimes
ou naturels pour désigner ceux qui sont nés dans le mariage ou hors mariage, le nouveau code a
supprimé la terminologie « enfant naturel » et a établi l’égalité des droits et devoirs de tous les
enfants dans leurs rapports avec leur père et mère.

3. Le mariage est une institution laïque


Le droit d’inspiration française établit une distinction très nette entre le mariage profane (civil)
et le mariage religieux. Depuis que la séparation de l’église et de l’Etat été introduite dans notre
pays et maintenue par différentes constitution successives, le mariage religieux n’a aucune valeur
juridique en droit civil congolais, droit de l’Etat, tel est le contenu de l’article 333 qui stipule que
« l’union qui n’a été conclue que selon les prescriptions d’une église ou d’une secte religieuse ne
peut produire aucun effet du mariage tel que défini à l’article 330 ». Toutefois dans certains pays
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étrangers, le mariage religieux est parfois reconnu quant à la forme, et parfois même quant aux
effets. Exemple : Ethiopie, Angleterre, Grèce, Espagne, Portugal et de façon générale les pays 39
musulmans.
Notons cependant que la réglementation du mariage du code civil manifeste clairement son
origine ecclésiastique, c'est-à-dire le mariage civil tire son origine de la religion.

Section 2. LES FIANCAILLES


Les fiançailles sont une promesse de mariage qui n’oblige pas les fiancés à contracter mariage.
Elles ne sont pas non plus un préalable à la célébration du mariage (article 337).
Seules peuvent produire les effets de droit les fiançailles qui, lors de leur conclusion, ont été
acceptées par les fiancés et remplissent les conditions de fond du mariage (art. 339).
La forme des fiançailles est réglée par la coutume de fiancés avec prépondérance de la coutume
de la fiancée en cas de conflits entre les deux coutumes (article 340).
L’exécution des obligations coutumières qui incombent aux fiancés ou à leurs parents respectifs
selon la coutume applicable aux fiancés, ne peut être poursuivie en justice (article 343).
La rupture des fiançailles donne lieu au remboursement, selon la coutume, des prestations et
valeurs données ou échangées durant les fiançailles (article 344). C’est la personne responsable
de la rupture qui est tenue de tous les frais occasionnés par les fiançailles (article 346) et de la
réparation de tous préjudices subis, y compris les dommages et intérêts à faire valoir par le fiancé
ou les membres de sa famille en raison de circonstances particulières qui seraient produites
durant les fiançailles (article 346 al 2.).
Toute action fondée sur la rupture des fiançailles doit, à peine de forclusion, être intentée dans un
délai d’un an à partir du jour où les fiançailles ont été rompues.
Section 3. LA FORMATION DU MARIAGE
1. Le but du mariage
Le mariage a pour but essentiel de créer une union entre homme et une femme qui s’engage à
vivre ensemble jusqu’au décès de l’un d’entre eux et pour partager leur commune destinée et
pour perpétuer l’espèce (article 349).
2. Les conditions du mariage
Il existe les conditions de fond et de forme.
I. Les conditions de fond.
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A. Le consentement des parties : chacun des époux doit personnellement au mariage


(article 351). Ainsi, le consentement personnel des époux est la condition fondamentale du 40
mariage civil. Ce consentement doit être exprès et reçu par l’OEC. Toutefois, que le mariage
soit célébré en famille ou devant l’OEC, la représentation par mandataire peut être autorisée
pour motif grave par le juge de paix.

B. La capacité des parties : elle se subdivise en plusieurs conditions :


- Condition de sexe : le mariage n’est possible qu’entre deux personnes de sexes
différents. En effet, les deux époux doivent être chacun de sexe déterminé et certain, différent
l’un de l’autre. Un mariage entre personnes de mêmes sexes ou l’une n’aurait pas de sexe
déterminé sera radicalement nul. Il faut noter que la puissance n’est pas requise, la fécondité
non plus.
- Condition d’âge : pour contracter le mariage, selon le code de la famille en son article
352, l’homme doit avoir 18 ans révolus. Mais avec la nouvelle loi réprimant les violences
sexuelles ayant ramené l’âge de la majorité sexuelle 14 à 18 ans pour qualifier de viol réputé à
l’aide de violence tout acte de sexuel avec une personne de moins de 18 ans (homme ou
femme), qu’elle ait donné ou pas son consentement, l’OEC ne peut célébrer le mariage d’une
fille de moins de 18 ans.
- Empêchement de parenté : (article 353). En ligne directe, le mariage est prohibé entre
tous les ascendants et les descendants. En ligne collatérale, le mariage est prohibé entre frères et
sœurs germains, consanguins ou utérins.

- Conditions de monogamie : article 354 : on ne peut célébrer un nouveau mariage avant


la dissolution du précédent qui peut se réaliser soit par la mort de l’un des époux, soit par le
divorce. La bigamie et la polyandrie sont interdites.
- Le délai d’attente ou de viduité : article 355 : la femme veuve ou divorcée doit attendre
10 mois ou 300 jours à compter de la dissolution ou de l’annulation du président mariage avant
de contracter un nouveau mariage cela afin d’éviter le conflit de paternité. Ce délai prend fin à
l’accouchement, tout comme le Président du Tribunal de Paix peut y mettre fin par ordonnance
rendue sur requête de la femme qui doit établir médicalement qu’elle n’est pas enceinte.
- Empêchement d’interdiction : article 356 : l’aliéné mental ne peut contracter un
mariage tant que dure sont interdiction.
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C. La dot (article 361 à 367) : le code de la famille fait de la dot un préalable au mariage. Le 41
mariage ne peut être célébré que si la dot a été effectivement versée, du moins en partie. Elle
peut être symbolique. L’article 363 reconnaît au Président de la République la compétence de
fixer par ordonnance la valeur maximale de la dot sur proposition des assemblées provinciales
pour éviter que certains parents ne poussent très loin leur cupidité en exigeant la dot dépassant
toute mesure. Malheureusement cette ordonnance n’a jamais été pris jusqu’à ce jour.
En cas de refus de la dot par les personnes habilités à la recevoir, les futurs époux peuvent saisir
le conseil de famille du litige et le tribunal de paix avec le ministère public si le refus persiste
pour obtenir l’autorisation au mariage.
II. CONDITIONS DE FORME
A. Règles générales
Le mariage est un contrat formaliste et solennel, il peut être contracté sous n’importe quelle
forme car la loi a imposé des formes qui doivent être respectées sous peine de nullité.
Le code prévoit deux formes de mariage :
- Le mariage constatation en famille selon les formalités prescrites par la coutume puis
enregistré par l’OEC qui dresse alors l’acte le constatant ;
- Le mariage célébration célébré selon les formalités prescrites par le code devant l’OEC qui
dresse un acte de mariage.

B. célébration du mariage en famille et son enregistrement


La célébration du mariage en famille se déroule conformément aux coutumes des parties. En cas
de conflits de coutume, elle fait selon la coutume de la femme (article 369). Les époux ainsi que
les témoins sont tenus de se présenter dans le mois qui suit la célébration du mariage en famille
devant l’OEC du lieu de la célébration pour constater le mariage et d’assurer sa publicité et son
enregistrement (article 370). Passé le délai d’un mois, l’enregistrement aura lieu sur décision du
tribunal de paix qui statue sur requête du ministère public ou de toute personne intéressée (article
378). Pourront être punis d’une peine d’amende les époux qui n’auront pas fait enregistrée leur
mariage conformément à la loi (article 370 à 378).

L’acte constatant la célébration du mariage fait l’objet dans les 15 jours qui suivent d’une
publicité par voie de proclamation faite au moins deux fois ou par affichage apposé à la porte du
Chef de Travaux Pascal KAKORAKI BAGUMA

bureau de l’état civil (article 370 al 5). Passé ce délai de 15 jours, l’OEC procède à
l’enregistrement du mariage (article 370 al 6). Si l’OEC est saisi d’un cas d’empêchement au 42
mariage, il sursoit immédiatement à l’enregistrement et en avise le Président du Tribunal de paix
dans les 48 heures, celui-ci peut dans les 8 jours ordonner soit de passer outre, soit de surseoir à
l’enregistrement. Dans ce dernier cas, les époux et leurs témoins sont cités dans les 15 jours
devant le tribunal de paix pour plaider sur le mérite de l’opposition. Le dispositif du jugement
qui intervient dans les 8 jours est transmis à l’OEC pour être transcrit en marge de l’acte de
mariage pour publicité.

L’OEC reçoit les déclarations des époux qui sont unis lors d’une cérémonie familiale selon la
coutume et celle des témoins attestant que la dite cérémonie s’est déroulée conformément à la
coutume (article 374). Il vérifie si les conditions légales du mariage ont été respectées (article
375).
Le code dispose à son article 379 que le mariage célébré en famille sort tous ses effets à la date
de sa célébration même à l’absence d’enregistrement. La portée de cet article est cependant
atténuée par l’article 380 qui stipule « Avant l’enregistrement, le mariage célébré en famille et
non enregistré invoqué devant le tribunal oblige celui-ci à suspendre la procédure jusqu’à
l’enregistrement (article 380).

C. La célébration du mariage par l’OEC


La publicité du futur mariage est faite pendant 15 jours francs par voie de proclamation faite au
moins deux fois par voie d’affichage par l’OEC (article 384 al 1). Elle énonce le nom, la
filiation, l’âge, la profession, le domicile, la résidence des futurs époux ainsi que le lieu et la date
de célébration projetée (article 394 al 2).
Elle est faite au bureau de l’état civil du lieu du mariage et à celui du lieu où chacun des futurs
époux à son domicile ou sa résidence.

Le tribunal de paix du lieu de la célébration peut dispenser du respect du délai pour cause grave.
Si l’OEC a connaissance d’un fait qui constitue un empêchement au mariage, il sursoit à la
célébration et en informe le Président du Tribunal de paix dans les 48 heures. Celui-ci dans les 8
jours ordonne à l’OEC soit de passer outre, soit de surseoir à la célébration du mariage.
Chef de Travaux Pascal KAKORAKI BAGUMA

Dans ce cas, le greffier notifie l’ordonnance d’opposition aux parties et à l’OEC (article 385).
Les futurs époux peuvent demander au tribunal la main levée de l’ordonnance et le jugement est 43
prononcé dans les 8 jours sauf si il y a d’enquêter (article 385 al 4). La procédure est gratuite.
Avant la célébration du mariage, l’OEC doit vérifier si les futurs époux n’ont pas été mariés et
dans l’affirmative, il doit vérifier si l’union précédente a été effectivement dissoute ou annulée.
Il s’informe en outre auprès d’eux sur la valeur et la composition de la dot ainsi que sur les
modalités de son règlement. Enfin, il leur demande de choisir le régime matrimonial tout en leur
faisant savoir qu’à défaut de le faire, il leur sera appliqué le régime légal (article 388).

Le mariage est célébré publiquement au bureau de l’état civil du domicile ou de la résidence de


l’un des époux. Toutefois, le Président du tripaix peut autoriser la célébration du mariage dans un
autre lieu pour justes motifs (article 389 al 2). Mais si l’un des époux est en instance de mourir,
l’OEC peut, sans autorisation du juge de paix, se rendre au domicile de l’un des futurs époux et y
célébrer le mariage à condition de faire part au chef du parquet local dans le plus bref délai de la
nécessité de cette célébration (article 389 al 5 à 6).
Sauf dans le cas de la représentation par mandataire autorisée par le juge pour justes motifs, les
futurs époux accompagnés d’un témoin majeur, parents ou non, comparaissent ensemble et en
personne devant l’OEC (article 390 al 1). Ce dernier procède à la lecture des pièces relatives à
l’état civil et leur déclaration relative à la dot ainsi qu’au régime matrimonial (article 390 al 2 et
3). Il les instruit de leurs droits et devoirs respectifs et reçoivent de chacune des parties qu’elles
veulent se prendre pour mari et femme avant de prononcer solennellement qu’elles sont unies par
le mariage (article 390 al 4).
En fin, il signe l’acte de mariage avec les époux, les témoins et éventuellement les parents s’ils
sont présents (article 390 al 5).
Il est fait mention en marge de l’acte de naissance de chacun des époux de la célébration ou de
l’enregistrement du mariage (article 393 al).
Pour tout mariage célébré ou enregistré, l’OEC doit en dresser acte dans le registre de mariage
(article 391 al 1).

3. Les sanctions en cas de violation des conditions du mariage


En cas de violation des conditions du mariage déterminées par la loi ou la coutume, la sanction la
plus efficace est le refus par l’OEC de célébrer ou d’enregistrer le mariage (article 394). Mais le
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code prévoit le refus des sanctions pénales contre l’OEC et parfois contre les époux, les auteurs
de la violation de condition de parenté, d’âge, de consentement ainsi que les témoins d’un tel 44
mariage. La loi prévoit enfin la sanction de nullité dont l’action peut être portée devant le
tribunal de paix et elle est imprescriptible (article 399).

Le mariage contracté en violation de l’une des conditions peut être annulé par le Juge et cela
lorsque l’irrégularité est importante.
Constituent les causes de nullité absolue du mariage :
- La violation de la condition d’âge (art 406) ;
- Le mariage entre parents au degré prohibé (art 415) ;
- La bigamie (art 408 et suivant),
- L’absence de consentement (art 402) ;
- L’absence de la dot (art 426) ;
- Le mariage des personnes de même sexe ou sans sexe (art 406).
Constituent les causes de nullité relative de mariage :
- Le consentement vicié par l’erreur ou la violence (art 403 -405) ;
- Le mariage des interdits (art 406) ;
- Le mariage célébré par un OEC incompétent ou sans publier (art 429 al 1).
En général, lorsque la loi oblige le juge à déclarer l’acte nul quand il constate une nullité, on
parle de la nullité de droit ; mais on rencontre des cas où la loi confère au juge le pouvoir
discrétionnaire d’apprécier l’opportunité d’annuler l’acte, on parle de la nullité facultative.
C’est le cas en cas de manque de publicité ou de l’incompétence de l’OEC.

En ce qui concerne les effets de la nullité, en principe, le juge prononce la nullité pour l’avenir
(article 400 al 1). Ce n’est qu’exceptionnellement qu’il peut la prononcer avec effet rétroactif en
considération de la bonne ou mauvaise foi des époux, de l’intérêt des enfants issus de cette
union. Dans ce cas, le mariage est censé n’avoir jamais existé et les époux sont censés avoir vécu
dans le concubinage. Lorsqu’un mariage nul produit les effets normaux d’un mariage valide
jusqu’au moment de son annulation, on parle de mariage putatif.

Section 4. LA PREUVE DU MARIAGE


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La preuve par excellence du mariage est l’acte de mariage dressé lors de sa célébration ou de son
enregistrement (art 436). A défaut d’acte de mariage, le mariage est prouvé par la possession 45
d’état d’époux (art 438 al 1). Il y a possession d’état d’époux lorsque deux personnes se
considèrent et se traitent comme époux, qu’elles sont considérées et traitées comme tel par leurs
parents et la société. La possession d’état d’époux est prouvée par en présentant plus d’un
témoin, parents ou non des intéressés. Elle peut être contestée de la même manière (art 438 al 2
et 3).
Section 5. LES EFFETS DU MARIAGE
Tous les mariages qu’ils aient été célébrés ou enregistrés produisent les mêmes effets (art 441).
L’état de mariage entraine pour les époux deux catégories d’effets :
- D’une part, il y a les effets extrapatrimoniaux du mariage qui dérivent de l’idée d’entraide et
d’un besoin d’unité et de direction ;
- D’autre part, il y a les effets patrimoniaux qui concernent les effets pécuniaires dérivant du
mariage.
§1. Les effets extrapatrimoniaux du mariage
Ces effets se résument en droits et devoirs respectifs des époux.
A. Les droits et devoirs des époux sont :
1. La cohabitation : les époux s’obligent mutuellement à la communauté de vie. Ils sont
tenus de vivre ensemble et d’assurer la consommation du mariage (art 453).
Le devoir de cohabitation revêt deux aspects : le devoir sexuel et le devoir de résidence
commune.
Le devoir sexuel cesse en cas de maladie, d’impuissance ou de comportement injurieux de
l’autre époux. En ce qui concerne le devoir de résidence commune, il convient de noter que
l’épouse est obligée d’habiter avec son mari et de le suivre partout où il juge bon de résider (art
454). C’est donc le mari qui a le droit de choisir le lieu de résidence. Mais s’il en abuse, la
femme peut attaquer sa décision devant le tribunal de paix (art 455). Toutefois, les époux
peuvent, dans l’intérêt supérieur du ménage, décider de vivre séparément pendant une période
déterminée ou indéterminée. La convention conclue à cet effet peut être révoquée à tout moment
par l’un d’entre eux (art 456).

2. Soins et assistance : les époux se doivent soins et assistance réciproquement pour la


sauvegarde des intérêts moraux et matériels du ménage. Sur le plan moral, le devoir réciproque
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des soins et assistance est le plus important de tous car il englobe tous les autres. Il comporte en
effet l’obligation de veiller à toutes choses et à toutes circonstances au bien être de son conjoint, 46
il réalise l’idée d’association qui est la véritable signification du mariage.

3. Fidélité, respect et affection : en droit, la fidélité conjugale vise les relations sexuelles.
Le mariage interdit à chaque époux d’voir des relations sexuelles avec d’autres personnes que
son conjoint. La violation de ce devoir constitue l’infraction d’adultère prévue à l’article 467.A
noter que l’adultère du mari n’est punissable que s’il a été entouré de circonstance de nature à lui
imprimer un caractère injurieux (art 467 al 2). Quant au respect et affection, les époux se doivent
une considération mutuelle et doivent s’interdire de recourir aux exactions ou services corporels.

4. Secours : chaque époux doit fournir à l’autre ce dont il a besoin pour vivre.
B. L’autorité maritale
Le code de la famille a institué le mari comme chef du ménage et lui a conféré le pouvoir de
contrôler son épouse, de la diriger, un droit de regard sur ses activités, sa fréquentation, sa
correspondance tout en lui soumettant au régime de l’autorisation pour tous les actes juridiques
pour lesquels elle s’oblige personnellement. La femme mariée quant à elle doit obéissance à son
mari. Mais avec l’évolution des mentalités et la convention sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination à l’égard de la femme qui prônent que les femmes doivent bénéficier à égalité
avec les hommes de la jouissance et de l’exercice de tous les droits et libertés fondamentaux dans
le domaine politique, économique, social et culturel, lequel instrument juridique a été ratifié par
notre pays et réaffirmé dans notre constitution, il n’y a plus lieu de parler de cette institution de
l’autorité maritale tout en reconnaissant que pour une bonne harmonie au sein du foyer, on doit
avoir un chef qui a besoin d’une aide complémentaire et non pas une esclave.
§2. Les effets patrimoniaux du mariage
A. Dispositions générales
Par effets patrimoniaux du mariage, il faut entendre les effets pécuniaires du mariage qui sont
réglementés par la loi qui organise les trois régimes laissé au choix des futurs époux.
Aux termes de l’art 475 : « les époux contribuent aux charges pécuniaires du ménage selon leurs
facultés et leur état ».
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Par charge de ménage, il faut entendre les dépenses nécessaires à l’entretien quotidien du
ménage ainsi qu’à l’éducation des enfants à proportion de situation respective et de possibilité 47
financière et professionnelle de chacun des époux (art 476).
Entre eux, les époux sont tenus d’une obligation alimentaire avec cette particularité que c’est le
mari qui est le premier débiteur d’aliments (art 479). L’époux qui n’exécute pas ses obligations
alimentaires peut être condamné par le tribunal de paix à payer à son conjoint une pension
alimentaire (art 480). Ce dernier peut par ailleurs se faire autoriser par le tribunal de paix à
percevoir directement du revenu de l’autre époux les produits de son travail et toutes les autres
sommes qui lui sont dues par les tiers (art 481). Le tribunal fixe les conditions de la perception
ainsi que le montant en concurrence duquel elle est accordée. De même en cas d’absence,
d’interdiction ou de l’impossibilité par l’un des époux de manifester sa volonté, le tribunal de
paix peut autoriser l’autre époux à percevoir la somme due par les tiers à son conjoint et cela
pour les besoins du ménagé (art 486).

B. Les régimes matrimoniaux


La loi organise trois régimes matrimoniaux parmi lesquels les futurs époux doivent choisir. Il
s’agit de :
- Le régime de la séparation des biens : qui consacre la séparation de deux patrimoines
distincts constitués des biens de chacun des époux acquis à titre divers ; autrement dit chacun
des époux a ses propres biens.
- Le régime de la communauté réduite aux acquêts : il est composé des biens propres à
chacun des époux acquis avant le mariage ou postérieurement à divers titre d’une part et des
biens qualifiés d’acquêts acquis pendant le mariage par les deux époux d’autre part.
- Le régime de la communauté universelle des biens : qui consacre la communauté de tous les
biens entre les époux sauf exception de la loi.
Les régimes sont dominés par les points suivants :
a) La liberté du choix du régime : les époux ont la liberté de choisir le régime matrimonial
qui leur sera applicable. Ils le font au moment de la célébration ou de l’enregistrement du
mariage. Cependant pour leur permettre de faire un choix judicieux, l’EOC leur explique
le contenu de tous les trois régimes matrimoniaux.
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b) Le régime matrimonial légal : si les époux se sont abstenus de choisir un régime


matrimonial, il leur sera appliqué le régime légal qui est celui de la communauté réduite 48
aux acquêts.
c) L’administration des biens ; sauf convention contraire ou les exceptions prévues par la
loi, les biens communs et propres aux époux sont gérés par le mari.

Section 5. LA DISSOLUTION DU MARIAGE


§1. Les modes de dissolution du mariage
Le mariage qu’il ait été enregistré ou célébré devant l’OEC, se dissous par la mort de l’un des
époux ou par le divorce.
§2. La dissolution du mariage par la mort de l’un des époux.
Cette disposition ne pose aucun problème particulier car le mariage se dissous de plein droit par
la mort de l’un des époux (art 541).
S’il est vrai que le mariage ne poursuit pas au décès, ce dernier néanmoins ne met pas fin au lien
d’alliance qu’il a pourtant créé (art 542). Il est à noter que le décès de l’un des époux ne donne
lieu ni au remboursement de la dot, ni au payement du solde (art 543).
Enfin, la loi punit d’une peine de prison ne dépassant pas un mois tout traitement dégradant ou
inhumain imposé au veuf, à la veuve ou à ses parents (art 544).
§3. Le divorce
A. Notions
Le divorce est la dissolution du mariage du vivant des époux à la suite d’une décision judiciaire
rendue à la requête de l’un des époux. Le divorce résultant d’une décision judiciaire, toute
dissolution du mariage par les autorités coutumières ou familiales est sans effet (art 546 et 547).
B. Les circonstances donnant droites à donner le divorce
Contrairement à l’ancien code, le présent code de la famille ne détermine pas les causes du
divorce. Il n’admet le divorce que lorsque la vie commune est devenue impossible entre les
époux, peu importe que cette impossibilité résulte d’une faute de l’un des époux ou de
circonstances indépendantes de sa volonté. Ainsi, il substitue à la notion de divorce sanction
celle de divorce remède, autrement dit, le divorce sans être une sanction à la faute grave
commise par l’un des époux dans le domaine des devoirs conjugaux, ne peut être prononcé que
lorsqu’il y a preuve de la destruction irrémédiable de l’union conjugale.
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Il y a destruction irrémédiable de l’union conjugale lorsque le tribunal tire des faits la conviction
que la continuation de la vie conjugale et la sauvegarde du ménage sont devenues impossibles 49
(art 550).
Aucune cause ne pourra plus être considérée comme ouvrant automatiquement droit au divorce.

TRAVAIL PRATIQUE

Présenter le rapport descriptif de participation à une célébration de mariage civil dans une des
communes de la Ville de Bunia.

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