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COURS

INTRODUCTION AU DROIT
Ibrahima DIEDHIOU

Juriste spécialisé en droit des TIC


(Cyber-droit)
Enseignant Chercheur à l'Ecole Doctorale des
Sciences et Techniques des Sciences de la Société
(EDSTSS) / (UADB) Email: sibaba193@gmail.com
PLAN DU COURS
INTRODUCTION

TITRE I – LE DROIT OBJECTIF

CHAPITRE I : L’identification de la règle de droit

CHAPITRE II : L’élaboration de la règle de droit

TITRE II – LES DROITS SUBJECTIFS

CHAPITRE I : La classification des droits subjectifs

CHAPITRE II – LA PREUVE DES DROITS SUBJECTIFS

CHAPITRE II : La classification des droits subjectifs

CHAPITRE III :
INTRODUCTION

Objectif

L'objectif du cours "Introduction au droit"


est généralement de fournir aux étudiants
une compréhension fondamentale du
système juridique, des concepts juridiques de
base, et des principes fondamentaux qui
sous-tendent le droit.
Introduction Générale
 Dans le langage courant, le mot droit peut avoir
deux significations : dans l’expression « je maîtrise
le droit de mon pays », j’essaie certainement de
signifier que je maîtrise l’ensemble des règles ou
normes à caractère juridique de mon pays.

 Par contre, lorsque je dis « j’ai le droit de vendre


ma voiture », je tente par là d’expliquer que j’ai le
pouvoir, la prérogative, la liberté de vendre ma
voiture.
Ces deux compréhensions du mot droit sont
différentes et correspondent pourtant aux deux
véritables significations du concept de « droit »:
 Tantôt, en effet, le droit correspond à l’ensemble des
règles à caractère juridique qui régissent la vie en
société : droit objectif;
 Tantôt par contre, le droit désigne un lien entre une
personne et une ou plusieurs autres personnes ou une
personne et une chose par exemple. Ce lien permettant
au premier de détenir une prérogative qu’elle exercera
sur l’autre ou sur la chose : droit subjectif
Chapitre I : L’identification de la règle de droit
Pour comprendre le droit objectif, cela nécessite que la
notion de règle de droit soit précisée. En synthétisant,
on peut définir la règle de droit comme une norme
(écrite ou non) à caractère générale et impersonnelle
dont l’inobservation est sanctionnée par l’autorité
publique.
La règle de droit présente un certain nombre de
caractères qui facilite son identification.
Section I : La règle de droit et les autres règles de conduite
sociale

Section II - Les spécialisations de la règle de droit.


Section I : La règle de droit et les autres règles de
conduite sociale

 La règle de droit a ses propres caractères (I). Ceux-ci peuvent


aider à la différentier de la règle morale ou religieuse (II).

I. Les caractères de la règle de droit.

A- Le caractère prescriptif de la règle de droit.

Il tient dans la prescription contenue dans toute norme de conduite.


Il illustre le fait que toute règle juridique opère un choix entre plusieurs
solutions possibles.

Ce choix qu’elle impose, ou la prescription contenue dans la norme,


peut consister en une obligation de faire quelque chose (veiller à
l’éducation de ses enfants, porter assistance aux personnes en
danger…), de ne pas faire quelque chose (interdiction de voler,
détourner les deniers publics) ou enfin donner quelque chose (payer ses
impôts).
B – le caractère général et impersonnel de la règle de droit

La règle de droit serait une règle générale et


abstraite. On entend par là que la loi prescrit pour des
situations non individualisées. Elle aurait vocation à
s’appliquer par la suite à toute personne se
trouvant dans la situation décrite par la règle.
Ce caractère admet cependant des exceptions. C’est-à-dire
des hypothèses où la loi n’intéresse qu’une seule personne ou
des individus nommément désignés.

C’est le cas d’une loi d’amnistie votée sur le fondement de


l’article 67 de la Constitution par l’assemblée nationale. C’est le
cas aussi des décrets par lesquels le Président de la République
nomme aux emplois civils en vertu de l’article 44 de la même
Constitution.
C – le caractère obligatoire de la règle

Si la règle de droit dicte un choix, un


comportement, son application pourrait
être compromise si les citoyens étaient
autorisés à passer outre. Le caractère
obligatoire de la règle de droit a pour
corollaire la prévision d’une sanction
pour son inobservation.
La Sanction
 Cette sanction peut être civile
(Responsabilité civile, nullité du contrat,
interdiction d’exercer le commerce…).
 Elle peut être pénale (amende,
condamnation à une peine privative de
liberté),
 administrative (retrait d’une
autorisation licenciement)
II - Distinction de la règle de droit et des règles de conduite
voisines.
Une comparaison entre règle de droit, règle religieuse et
règle morale peut être située à trois niveaux : celui de
leur origine, de leur finalité et de leur sanction
respective.

A - distinction quant à l’origine


- La règle de droit émane d’une autorité ayant qualité
pour l’édicter.
- La logique classique du droit désigne parmi ces
autorités les représentants de l’Etat que sont ceux du
pouvoir exécutif (Présidents de la République,
ministres…), ceux du pouvoir législatif (députés)
et, accessoirement, ceux du pouvoir judiciaire
(jurisprudence).
A- distinction quant à l’origine
Contrairement à la règle de droit, la règle religieuse
trouve son origine dans une volonté transcendante,
celle de dieu.
Quand à la règle morale, elle a sa source dans la
conscience de chaque individu, selon l’idée qu’il se
fait du bien ou du mal (on évoque ainsi la morale
individuelle.
Mais il n’ya pas de doute que des populations ayant
partagé la même histoire, les mêmes références
religieuses, finissent par avoir la même conception
du bien et du mal. La morale devient alors collective).
B – Distinction quant à la finalité

La règle de droit est destinée à organiser la vie en


société. On estime souvent que la règle religieuse tend
plus à régir les rapports entre l’homme et Dieu alors que
la règle morale tend à assurer l’accord avec notre
conscience.
La Constitution du Sénégal, par son article 1er tente de
séparer fondamentalement la règle de droit de la règle
religieuse en posant le principe de la laïcité de l’Etat.
La réalité est toute autre car la règle religieuse et la règle
morale constituent une source, tantôt directe, tantôt
indirecte de la rège de droit. Elles ont des finalités que le
droit ne peut ignorer.
C- Distinction quant à la sanction
 La sanction de la règle de droit, on l’a déjà soulignée,
est prévue par l’autorité étatique qui utilise la force
publique pour l’exécuter.
 Par contre, la sanction de l’inobservation d’une règle
morale semble être juste le ressentiment, le remord, la
mauvaise conscience.
 Enfin, l’inobservation de la règle religieuse, le péché,
appelle une sanction divine appliquée ici bas ou dans
l’au-delà.
CHAPITRE II : L’élaboration de la règle de droit

Il existe une philosophie de l’élaboration de la


règle de droit qu’il convient d’exposer (Section I)
avant de voir les sources de la règle de droit (Section
II).
SECTION I – la philosophie du droit

Deux grands courants de pensée s’affrontent.

1. Le premier courant voit dans le droit une réalité ayant son


existence propre, originelle, et n’a donc point besoin d’être
inventé. C’est le courant naturaliste.

2. Selon les tenants de la seconde pensée, le droit est un pur


produit de la volonté humaine qui doit donc être sa principale
source. C’est le courant positiviste.
Paragraphe1- Le courant idéaliste ou naturaliste.
 Le courant idéaliste ou naturaliste du droit, par
opposition au positivisme juridique, soutient que
le droit est lié à des principes moraux ou à
une "loi naturelle" qui transcende les lois
humaines. Les tenants de ce courant considèrent
souvent que certains principes éthiques
fondamentaux, inhérents à la nature humaine,
devraient être à la base du droit.

 Le droit serait perçu comme étant dérivé de


valeurs morales universelles plutôt que
simplement de règles posées par des autorités
humaines. Des penseurs tels que Cicéron,
Thomas d'Aquin ou John Locke peuvent être
associés à des idées naturalistes du droit.
L’influence de l’idéalisme juridique
1- L’article 7 de la Constitution du Sénégal cite un certain
nombre de droits qu’il présente comme ayant un fondement
presque naturel pour le citoyen :
 le droit à la vie,
 à la liberté,
 à la sécurité,
 au libre développement de la personnalité,
 à l’intégrité corporelle et à la protection contre toutes mutilations
corporelles.

Aussi, la référence, dans notre droit, à certains principes


moraux quasi naturels atteste de cette inclinaison vers un
certain naturalisme (bonne foi, bonnes moeurs, équité,
loyauté…).
L’idéalisme religieux
Au Sénégal par exemple, des groupes sociaux
revendiquent un plus grand attachement aux préceptes
islamiques particulièrement en matière de mariage,
divorce, succession… l’application pure et simple
de la charia dans certains pays témoigne d’un retour
en force vers l’idéalisme juridique c’est-à-dire à un
droit extérieur à l’homme et qui lui est transcendant.
L’invocation du droit naturel
Le droit naturel apparaît de plus en plus avec l’essor de
concepts comme l’équité, l’humanité (crimes contre
l’humanité, patrimoine commun de l’humanité…).
Paragraphe 2: positivistes juridiques
Pour les positivistes juridiques, le droit est créé par des autorités
humaines, telles que des législateurs ou des organismes
gouvernementaux, et son existence découle de règles formellement
établies.
Les normes juridiques sont considérées comme des faits sociaux, des
produits de la volonté humaine, et leur validité dépend de leur
conformité aux procédures légales plutôt que de critères moraux.
 C’est aussi une démarche sociologique: qui conduit aujourd’hui à se
réinterroger sur la place de la femme dans la société, la position de
notre droit face à l’interruption volontaire de grossesse, la désignation
de l’homme comme chef de famille.....
 Le positivisme juridique s’illustre aussi par la diversité des
matières du droit. L’existence d’un droit du travail applicable aux
travailleurs, ayant sa logique propre, d’un droit commercial destiné aux
commerçant, d’un droit civil, droit bancaire, etc.
Paragraphe 2: positivistes juridiques (Suite)
Le normativisme juridique de Hans Kelsen a eu des répercutions sur la
conception de notre droit. La Constitution, située au dessus de la
hiérarchie des normes nationales, est considérée comme la source qui
donne leur valeur à toutes les autres sources.
Section II - Les sources de la règle de droit

La notion de source de la règle de droit renvoie aux origines


de la règle de droit. Ces origines sont constitutionnelle,
parlementaire, réglementaire…Plus exactement, les sources
de la règle de droit évoquent les techniques d’élaboration de
la règle de droit.

I – La classification des sources du droit

II - La mise en œuvre des sources du droit


I – La classification des sources du droit
A – La Constitution et les sources supra nationales
1 - La Constitution.
 Le droit constitutionnel fait l’objet d’un cours à
travers deux semestres. Au Sénégal, la
Constitution résulte d’une loi constitutionnelle
n° 2001-03 du 22 janvier 2001 après un
référendum du 7 janvier 2001. Elle constitue
la source fondamentale dans l’ordre juridique
interne.
 Les dispositions de la Constitution ont une
valeur supra législative. Les dispositions des
normes internationales et communautaires, des
lois et règlements ne peuvent donc être
2- les sources supranationales
 La logique veut que les engagements pris par chaque
Etat au plan international ne puissent être remis en
cause sur le plan interne.
 Lorsque l’on évoque les normes supranationales, on
distingue les traités internationaux et communautaires.
 Ils ne peuvent être négociés que par le Président de la
République et n’entrent en vigueur, selon l’article 96
de la Constitution, qu’après leur ratification ou
approbation par une loi.
Ils ne peuvent contenir des dispositions contraires à
celles de la Constitution. Le cas échéant, une réforme
de la Constitution devient nécessaire avant la
ratification ou l’approbation du Traité.
2-1- Les normes communautaires
Les normes communautaires constituent une catégorie de normes
supranationales.

Vu du Sénégal, un Traité communautaire est un Traité entre l’Etat du


Sénégal et d’autres Etats africains.

Le fondement constitutionnel de cette source de droit est l’article 96


alinéa 4 de la Constitution : « La République du Sénégal peut conclure
avec tout Etat africain des accords d’association ou de communauté
comprenant abandon partiel ou total de souveraineté en vue de
réaliser l’unité africaine».

Le développement d’organismes d’intégration régionale et sous-régionale


facilite l’élaboration du droit communautaire (Union Africaine (UA),
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine ( UEMOA), Organisation
pour l’Harmonisation en Afrique du droit des Affaires (OHADA),
Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA),
CEDEAO…).
B- Les lois et règlements
D’un point de vue quantitatif, ce sont les sources les plus
importantes. Ils manifestent la place des pouvoirs
législatif et exécutif dans l’élaboration de la règle de droit.
On ne peut manquer de souligner une certaine « rivalité »
entre lois et règlements.

La multiplicité mais surtout la technicité des matières ont


conduit à accorder au pouvoir exécutif une place de plus
en plus grande dans l’élaboration de la règle de droit.
1 - Distinction entre loi et règlement quant à la
définition.
La loi est la norme émanant de l’organe du pouvoir
législatif, le parlement. Au Sénégal, le parlement est
bicaméral avec une assemblée nationale et un sénat. On
distingue plusieurs types de lois :
***Les lois organiques sont celles qui organisent les
institutions de la République telles que l’assemblée
nationale, la Cour de cassation, le Président de la
République, la Primature... elles ne peuvent être votées
qu’à la majorité absolue des membres composant
l’Assemblée nationale.
*** Les lois référendaires sont celles sur lesquelles le
peuple s’est prononcé par référendum sur des matières
relevant du domaine du pouvoir législatif
1 - Distinction entre loi et règlement quant à la
définition. (Suite)

***Les décrets-lois ou ordonnances sont des


textes émanant du gouvernement (pouvoir
exécutif) dans des matières relevant du
domaine du législateur et sur autorisation du
parlement. Ils ont la même valeur que les lois
votées par le parlement
***Enfin, les lois ordinaires sont celles qui
ne présentent aucun caractère particulier et
émanent du pouvoir législatif.
1 - Distinction entre loi et règlement quant à la
définition. (Suite)

A la différence de la loi, le règlement est un acte émanant


d’autorités étatiques du pouvoir exécutif.
Ils ne peuvent contenir de dispositions contraires à celles
des lois.
Au sommet de leur hiérarchie, on trouve:
- Les décrets du Président de la République,
- puis les arrêtés ministériels, ceux des différents
administrateurs territoriaux ou de services…
NB: On y exclut cependant les circulaires qui sont des
actes internes à chaque service et relatifs à la façon
d’appliquer les textes.
2 - Différence Quant au domaine
Les matières dans lesquelles la loi fixe les règles : Il s’agit de matières

jugées fondamentales sur lesquelles le règlement n’est pas censé intervenir.


Les autorités du pouvoir exécutif ne sont donc appelées à prendre aucune
norme concernant ces matières.
Parmi celles-ci, figurent par exemple :
- la nationalité,
- l’état et la capacité des personnes,
- les successions et libéralités,
- la détermination des crimes et délits,
- la procédure pénale,
- les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux
citoyens…
*** Une deuxième catégorie est constituée de matières dans lesquelles

la loi se limite à fixer les principes fondamentaux.


Il en est ainsi du :
- droit de propriété,
- du droit du travail,
- de la défense nationale,
- de l’enseignement…

Les principes fondamentaux sont ceux qui fixent l’esprit général d’une
législation.
Il appartient alors au pouvoir exécutif, par voie réglementaire, de définir
tout ce qui n’est pas principe général.
*** Enfin, une troisième catégorie de matières est constituée de celles
où la loi ne fixe ni règle ni principes fondamentaux. Elles sont
exclusivement du domaine réglementaire.
3 - Différence quant à l’entrée en vigueur
La loi
 Après son adoption par le Parlement, la loi est transmise
au Président de la République qui la promulgue ;
 La promulgation est l’acte qui confère à la loi sa force
exécutoire c’est-à-dire qui permet aux citoyens et à
l’Etat de réclamer son application.
 La loi doit ensuite faire l’objet d’une publication au
journal officiel pour être opposable aux citoyens.
 La publication est l’acte par lequel le Président de la
République porte la loi à la connaissance de ses
destinataires: « nul n’est censé ignorer la loi
». (Journal officiel)
3 - Différence quant à l’entrée en vigueur
La réglementation
Contrairement à la loi, le Règlement ne fait pas
l’objet d’une promulgation.
Il doit cependant être publié car il a un caractère
général et impersonnel: La notification est alors
l’opération par laquelle l’acte est porté directement à la
connaissance de l’intéressé.
Il devient alors opposable aux citoyens.
Lorsque l’acte émanant d’une autorité du pouvoir
exécutif concerne une ou des personnes nommément
désignées, le droit administratif le nomme « acte
administratif individuel ».
4- Distinction quand à leur expiration
 LA LOI
 Le mode d’expiration le plus courant de la loi est l’abrogation.
C’est l’acte par lequel l’autorité qui avait élaboré la loi
(parlement) lui retire sa force juridique.
 Elle peut être expresse lorsqu’elle est visée clairement par cette
autorité qui proclame que la loi ne sera plus appliquée.
 Elle peut être aussi tacite lorsqu’une nouvelle loi contient des
dispositions contraires à celle d’une ancienne loi. Les dispositions
de l’ancienne loi sont alors réputées abrogées par voie de
conséquence.

NB: Il ne faut point confondre l’abrogation avec la désuétude qui


correspond à une situation où la loi n’est plus appliquée dans les faits
du fait de son ancienneté ou de son inadaptation aux besoins de la
société.
4- Distinction quand à leur expiration
 LES RÈGLEMENTS
Les règlements perdent leur valeur juridique et
exécutoire par abrogation.
Lorsqu’il s’agit d’un acte administratif individuel,
on parle de retrait.
5 - Quant au contrôle
 Les lois ont une force juridique inférieure à la Constitution.
 Le contrôle de leur conformité à la norme constitutionnelle se fait
d’abord lors de la procédure législative par les pouvoirs donnés
au Président de la République ou aux députés (1/10e des
membres de l’Assemblée nationale) de saisir le Conseil
constitutionnel lorsqu’ils estiment que la loi en préparation (ou
déjà votée mais qui n’est entrée en vigueur) n’est pas conforme à
la Constitution.
 C’est le contrôle à priori.
5 - Quant au contrôle
 Le contrôle à posteriori est celui par lequel les citoyens sont
autorisés à contester la conformité d’une loi à la Constitution alors
qu’elle est déjà en vigueur.
 L’ « exception d’inconstitutionnalité » est le moyen de défense par
lequel un citoyen exige qu’une loi ne soit point appliquée au litige
qui le concerne du fait de son inconstitutionnalité.
 Au Sénégal, l’exception d’inconstitutionnalité ne peut
malheureusement être soulevée que devant la Cour Suprême.
 Au Sénégal, le Conseil constitutionnel contrôle également la
conformité des lois aux traités et conventions internationales.
 Quant aux règlements, ils ont une valeur juridique inférieure à celle
de la loi. Le contrôle de la conformité de leurs dispositions aux
dispositions législatives se fait par la voie du contrôle de légalité:
Le recours pour excès
C – La coutume et la jurisprudence
La coutume
 Elle correspond à une pratique prolongée, constante,
qui finit par provoquer, dans une société, ou un lieu
donné, un sentiment partagé de son caractère obligatoire.
 Parfois, elle prend le nom d’usage applicable par
exemple à une profession ou dans un marché (droit des
affaires).
NB: Dans les deux cas on constate:
1. un élément matériel, c’est-à-dire une pratique répétée,
constante, durable
2. un élément psychologique c’est-à-dire la croyance que
cette pratique est obligatoire.
La coutume
Il existe trois types de coutumes :

***Les coutumes secundum legum ou « coutume selon la loi ». elles


sont conformes à la loi. La loi se réfère expressément à la coutume et cette
dernière a la même force juridique que la loi.

*** Les coutumes praeter légum, celle qui va au-delà de la loi. Elle
complète la loi dans des hypothèses où la loi n’a rien prévu

***Enfin, la coutume contra legum : c’est la coutume qui va à l’encontre


de la loi. Il y’a alors contrariété entre la règle coutumière et la loi. Elle ne
s’applique en principe que lorsque a loi a un caractère supplétif.

En droit de la famille, la coutume survit comme source du droit de façon


exceptionnelle du fait du principe de l’abrogation de toutes les coutumes
locales et générales par l’article 830 du Code de la famille en 1972. Elle
occupe cependant encore une certaine place en matière de célébration du
mariage ou de fiançailles.
La jurisprudence
La jurisprudence peut avoir trois significations.
 Dans un premier temps, elle correspond à l’ensemble des
décisions rendues sur une question de droit (exemple lorsque je
dis : « je recherche de la jurisprudence sur le divorce au
Sénégal ».
 Dans un deuxième sens, elle renvoie à l’ensemble des décisions
concordantes (semblables) rendues sur une question (exp : «
sur la question de la dot, il existe une jurisprudence ».
 Dans un troisième sens, le plus technique et exact, la
jurisprudence correspond aux décisions rendues par les
juridictions supérieures (Cour suprême, Conseil
constitutionnel…) et qui ont suffisamment d’autorité pour être
respectées par les juridictions inférieures.
II - La mise en œuvre des sources du droit

Deux types de problèmes se posent :


celui de l’application de la loi dans
le temps (A) et celui de son
application dans l’espace (B).
A - L’application de la loi dans le temps
Il y’a conflit de lois dans le temps lorsque:
1. deux ou plusieurs lois (au sens matériel)
2. se succèdent dans le temps,
3. portent sur le même objet,
4. et contiennent des dispositions (solutions) différentes
5. en l’absence de lois transitoires.
Les dispositions transitoires: sont celles par lesquelles le
législateur qui édicte la règle de droit définit clairement son champ
d’application temporel.
L’existence de dispositions transitoires permet ainsi au législateur
d’éviter la situation de conflits de lois en spécifiant les situations
juridiques qui seront soumises à chacune des lois en conflit.
Exemple :
1. Une loi du 1er janvier 2009 dispose que le diplôme de licence dans les facultés
de droit est délivré après une période d’étude, avec succès, de trois années.

2. Le 10 janvier 2013, une nouvelle loi prévoit que la licence en droit est délivrée
après une période d’étude, avec succès, de quatre années.

Les deux lois en question sont en conflit car elles se succèdent dans le temps (1e
janvier 2009/ 10 janvier 2013), portent sur le même objet (l’organisation de la
licence en droit) et contiennent des solutions différentes (période de trois ans et
période de quatre ans).

Cette situation soulève un certain nombre de questionnements :

3. les étudiants inscrits en L2 et L3 devront-ils faire leur licence en trois ans


(ancienne loi) ou en quatre ans (nouvelle loi) ?

4. Ceux qui ont déjà validé trois années d’étude en droit et qui ont obtenu leur
licence devront-ils revenir pour compléter à quatre années ?

5. Ceux qui débutent des études de droit auront-ils à valider trois années d’étude
ou quatre années ?
A - L’application de la loi dans le temps

Pour régler les difficultés posées par les conflits


de lois dans le temps, deux principes sont
avancés en partant toujours de la loi nouvelle:
1 : Le principe de la non rétroactivité des lois
nouvelles.
2 – Le principe de l’application immédiate
1 : Le principe de la non rétroactivité
des lois nouvelles
a- Affirmation du principe
Il signifie que la loi nouvelle ne saisit pas les
effets passés des diverses situations juridiques
pour les modifier. Peu importe que ces effets
aient un fondement contractuel ou légal.
La Constitution du Sénégal, en son article 9, pose
expressément le principe de la non rétroactivité
des lois pénales (Art. 9, al. 2 de la Constitution «
nul ne peut être condamné si ce n’est en vertu
d’une loi entrée en vigueur avant l’acte commis
(…) ».
Exemples
Le principe est fondé sur l’idée de droits acquis c’est-à-dire
ceux qui sont entrés dans le domaine, le patrimoine de
l’individu.
1. Lorsqu’une nouvelle loi dispose que les loyers dans la
région de Dakar ne peuvent être supérieurs à 200 000
frs, les loyers déjà perçus et qui sont supérieurs à cette
somme ne sont pas concernés par la mesure.
2. Si une loi nouvelle interdit aux parents d’éduquer leur
enfant en le battant, les parents qui ont déjà eu à le faire
ne peuvent pas être poursuivis sous l’effet de la
nouvelle loi car cette dernière « ne retourne pas dans le
passé ».
1 : Le principe de la non rétroactivité
des lois nouvelles
b : Les exceptions au principe :
Il y’en a trois hypothèses :
1ère** Les lois déclarées expressément rétroactives par le
législateur : le principe de non rétroactivité ne lie pas le
législateur en matière non pénale. En effet, ce principe n’a
qu’une valeur constitutionnelle qu’en matière pénale (Art. 9
de la Constitution).
Par conséquent, dans les dispositions transitoires de la loi
non pénale qu’il édicte, le législateur peut attacher un
caractère rétroactif à la loi ou à certaines seulement de ses
dispositions.
1 : Le principe de la non rétroactivité
des lois nouvelles
2eme*** Les lois interprétatives sont rétroactives: Une loi est
dite interprétative lorsqu'elle se borne à clarifier, sans rien
innover, le sens d’une loi préexistante qu’une définition
imparfaite a rendu susceptible de controverses.
3eme*** Les lois pénales plus douces: Une loi pénale est plus
douce lorsqu’elle supprime une infraction ou alors prévoit une
peine moins lourde pour le délinquant.
Elles sont rétroactive car elle s’applique immédiatement même
aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et n’ayant
pas fait l’objet de jugement définitif.
NB: Leur caractère rétroactif ne s’étend cependant pas aux
infractions ayant déjà fait l’objet d’une condamnation définitive.
2 – Le principe de l’application immédiate

a- Affirmation du principe

Si la loi nouvelle ne saisit pas les effets passés des


diverses situations juridiques, elle a cependant vocation
à s’appliquer aux effets futurs de ces situations. C’est
ce qu’exprime le principe de l’effet immédiat.

Dans l’exemple que nous avons précédemment


donné et qui interdit d’éduquer son enfant en le
battant, les nouvelles dispositions seront donc
immédiatement applicables à toutes les relations
entre parents et enfants.
2 – Le principe de l’application immédiate
b- Les exceptions.
On estime en effet que lorsque les parties sont liées par un
contrat, l’effet immédiat aurait pour conséquence de les obliger à
appliquer à leurs relations une loi qu’elles n’avaient pas prévue
lors de la signature de leur contrat.
Ainsi, lorsque la situation en cause résulte d’un contrat, elle est
régie par la loi ancienne aussi bien dans ces effets passés que
futurs.
Dans l’exemple précité de la loi qui fixe un maximum de 200 000
frs pour le loyer, elle ne sera pas applicable aux contrats de bail
signés avant son entrée en vigueur même dans leurs effets futurs.
Cela veut dire que le locataire qui avait signé son contrat de bail
sous l’empire de la loi ancienne ne pourra invoquer le bénéfice du
montant maximum de 200 000frs.
B – L’application de la loi dans l’espace
Vu du droit sénégalais, il y’a conflit de lois dans l’espace
chaque fois que l’on peut douter de l’application de la loi
sénégalaise à une situation juridique du fait de la
présence de circonstances particulières appelées «
éléments d’extranéité ».
Les éléments qui peuvent susciter ce doute sont par exemple :

1. la nationalité étrangère des parties au litige,

2. la nationalité différente des parties,

3. une différence entre le lieu de conclusion et d’exécution du


contrat,

4. un litige portant sur un immeuble situé dans un autre Etat…


B – L’application de la loi dans l’espace
De façon plus pratique, il faut se demander si tous les litiges portés
devant le juge sénégalais doivent se voir appliquer la loi sénégalaise ?
Comme en matière de conflit de lois dans le temps, deux principes
sont en compétition :
***Le premier, celui de la territorialité des lois, veut que la loi
s’applique automatiquement à toutes les personnes se trouvant sur
le territoire national. Le principe de la territorialité reçoit
application toutes les fois que la loi a un caractère d’ordre public.
Ainsi, les règles du droit pénal, du droit du travail, du droit fiscal
par exemple sont d’application territoriale.
***Le second principe par contre, celui de la personnalité des
lois, donne la possibilité aux étrangers d’invoquer l’application
de leur propre droit national même sur le territoire sénégalais. Par
exemple: les lois concernant l’état et la capacité des personnes

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