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AVANT PROPOS

Ce MANUEL de DROIT CIVIL a été élaboré en tenant compte du programme de cours de


droit civil dispensé dans l’enseignement supérieur.

Nous l’avons constitué avec une telle simplicité afin de permettre aux étudiants de
comprendre les termes juridiques parfois réservés aux spécialistes du droit.

Conscient qu’un tel manuel n’est pas exempt d’imperfections, je vous serai très
reconnaissant de m’aider à y remédier.

Objectifs du cours :

- Connaitre le droit et ses subdivisions


- Maitriser les différentes sources de la règle de droit
- Connaitre l’applicabilité de la loi dans le temps et dans l’espace
- Connaitre la juridiction compétente en cas de litige
- Maitriser la notion de droits subjectifs et de personnalité juridique
- Maitriser les conditions de formation et validité des contrats

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SOMMAIRE :

CHAPITRE INTRODUTIF

I. La notion de droit
II. La distinction entre règle de droit et les autres règles de conduite
III. Les subdivisions du droit

PARTIE I : LE DROIT OBJECTIF

CHAPITRE I : LES SOURCES DU DROIT OBJECTIF

I. Les sources formelles


II. Les sources non formelles

CHAPITRE II : LA FORCE OBLIGATOIRE DE LA REGLE DE DROIT

I. La force obligatoire de la règle de droit dans le temps


II. La force obligatoire de la règle de droit dans l’espace

CHAPITRE III : L’ORGANISATION JUDICIAIRE BURKINABE

I. Les principes de l’organisation judiciaire


II. Le personnel judiciaire
III. L’organisation des juridictions (juridictions de fond, d’exception, juridictions
suprême et la hiérarchie juridictionnelle dans l’ordre judicaire)

PARTIE II : LES DROITS SUBJECTIFS

CHAPITRE I : LES NOTIONS DE DROIT SUBJECTIF ET DE PERSONNALITE JURIDIQUE

I. Les droits subjectifs


II. La personnalité juridique (personne physique et morale)

CHAPITRE II : LA CLASSIFICATION DES DROIT SUBJECTIFS

I. Les droits patrimoniaux


II. Les droits extrapatrimoniaux
III. La distinction droits réels-droits personnels

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IV. Les droits intellectuels

CHAPITRE III : LES CONTRATS

I. La notion de contrat (définition et typologie)


II. Les conditions de formation
III. Les effets de la validité des contrats

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CHAPITRE INTRODUTIF

I. La notion de droit

Pour mieux comprendre le mot ‘’droit’’, nous devons le ramener à sa terminologie technique
où il est employé dans deux sens différents : Au sens du droit objectif et au sens du droit
subjectif.

1. Le droit objectif

Le mot ‘’droit’’ au sens de droit objectif désigne l’ensemble des règles qui montrent
comment se comporter dans une société organisée. Ces règles sont appelées règles de
conduites ou règles de droit ou encore règles juridiques.

En d’autre terme, le droit objectif est l’ensemble des règles officielles qui régissent la vie en
société. Ces règles s’imposent à tous et les juges sont chargés de les appliquer.

Par exemple, la loi interdit formellement le vol ; si une personne est suspectée de vol, elle
sera recherchée par la police puis traduite devant les juges pour être jugée. Si elle est
déclarée coupable, elle sera condamnée et déférée dans une prison où elle purgera sa peine

2. Le droit subjectif

Le mot ‘’droit’’ au sens du droit subjectif désigne la prérogative (le pouvoir) que l’État
reconnait à une personne ou à un groupe de personnes d’accomplir tel ou tel acte.

Autrement dit, les droits subjectifs sont des pouvoirs que l’État accorde à une personne de
jouir d’une chose (le propriétaire d’un bien peut en disposer librement), d’une valeur
(pratiquer librement sa religion par exemple), ou d’exiger d’une autre qu’elle accomplisse
son obligation.

Ici, l’usage ou non d’un droit subjectif n’est pas, en principe, sanctionné.

Par exemple, La loi autorise chaque personne à se marier. Si elle se marie ou qu’elle se marie
pas, l’État ne la sanctionnera pas tant qu’elle n’abusera pas de ce pouvoir à lui confier.

N.B : Le titulaire d’un droit subjectif doit respecter les règles de droit établies par l’État et
surtout les droits subjectifs des autres.

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Si les règles de droit ou règles de conduite nous procurent une vie sociale meilleure parce
qu’elles permettent d’instaurer la justice et la sécurité dans une société donnée, elles
méritent dans ce cas une étude particulière.

3. La règle de droit : Définition et caractères

La règle de droit, comme nous l’avons déjà vue, est une règle de conduite sociale (faire
régner l’ordre, le progrès et la justice). Elle présente deux caractères fondamentaux :

- D’abord, la règle de droit est générale, abstraite et impersonnelle. Elle n’est pas faite
pour telle ou telle personne ou pour un bien déterminé ; Elle vise des catégories plus
ou moins vastes (Toutes les femmes ou certaines femmes, tous les mineurs ou
certains mineurs, tous les commerçants ou certains commerçants,..). Elle s’applique
donc à tous ceux qui entrent dans la catégorie visée.
- Ensuite, la règle de droit est, en principe, assortie d’une sanction (pénale, civile,
administrative). On dit aussi qu’elle a un caractère obligatoire. En effet, les règles de
droit sont des règles qui obligent toute personne à observer, à respecter ou à
appliquer la volonté générale édictée par l’État. Et lorsque cette personne n’observe
pas ou qu’elle ne respecte pas ou qu’elle n’applique pas ce qui est établi, l’État qui
détient la force publique la sanctionne à l’aide de sa police, sa justice et ses prisons.

C’est surtout ce dernier caractère qui permet de distinguer la règle de droit des autres règles
gouvernant la société.

II. La distinction entre règle de droit et les autres règles de conduite

A coté de la règle de droit, il y a la morale, les commandements religieux et les règles


d’usages ou de bienséance.

- Tandis que la morale tend à la perfection intérieur de l’individu, le droit, lui, est fait
pour assurer l’ordre, la paix au sein de la société. Autrement dit, les règles de morale
sont celles forgées par la conscience individuelle. Elles visent à distinguer le bien et le
mal.
En outre, celui qui viole les règles de morale est sanctionné par sa conscience ou par
la réprobation de ses semblables et non par l’État.

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Comme règles de morale, nous avons entre autres, le devoir de charité ou le devoir
de reconnaissance.
- Les commandements religieux sont des règles religieuses qui ne s’adressent qu’aux
fidèles ou adeptes. Ici aussi, la sanction en cas de violation d’une règle religieuse ne
provient pas de l’État mais de Dieu.
- Les usages ou règles de bienséance sont des règles de bonne éducation et de
politesse, de savoir-vivre, admises dans les rapports sociaux tout comme les règles de
droit. Seulement, le non-respect d’une règle de bienséance n’est pas, contrairement
à la règle de droit, sanctionné par l’action en justice et manque ainsi de l’appui de la
force sociale.
Par exemples : la bienséance voudrait qu’un homme soit galant envers une femme ;
laisser la personne la plus âgée faire le premier geste pour dire bonjour ; regarder
dans les yeux de celui qui vous parle.

Remarque : La distinction majeure qu’on peut retenir entre la règle de droit et les autres
règles réside dans le fait que leur violation n’entraîne pas comme dans le cas de la règle
juridique une sanction étatique.

Nous avons vu que les règles de droit sont des règles de conduite dans les rapports sociaux.
Toutefois, on ne peut traiter d’une manière identique les rapports entre des particuliers, et
ceux entre des États ou entre une administration exploitant un service public et les usagers.
D’où les subdivisions du droit.

III. Les subdivisions du droit

De façon générale, le droit peut être divisé en droit national et en droit international. A
l’intérieur de chaque division, on rencontre un droit privé et un droit public.

1. Le droit national ou droit interne

Le droit interne ou national est un ensemble des règles de droit applicables à un moment
donné à l’intérieur d’un pays donné. On l’appelle aussi droit positif.

Le droit national se subdivise en droit privé et en droit public.

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1.1. Le droit privé

Le droit privé est l’ensemble des règles de droit applicables au statut des personnes privées
ou qui organisent les rapports qu’elles entretiennent entre elles et les rapports juridiques
entre l’État et ces particuliers lorsque dans ces relations les pouvoirs de l’État ne sont pas
importants.

Les personnes privées ou particuliers sont celles qui recherchent un intérêt personnel.

Entre dans le cadre du droit privé, notamment :

- Le droit civil ou droit commun : c’est un droit qui s’applique à tous les rapports
juridiques qui ne font pas l’objet de règles particulières.
- Le droit du travail qui règlemente les rapports entre employeur et employés du
secteur privé.
- Le droit commercial qui régit les actes de commerces et les commerçants.
- La procédure civile qui est l’ensemble des règles d’après lesquelles les juridictions
jugent les litiges nés entre particuliers à propos de l’application du droit privé.
- Le droit bancaire, le droit des assurances, etc.
1.2. Le droit public

Le droit public est l’ensemble des règles qui organisent L’État et ses démembrements
(régions, provinces, départements,…) et qui régissent leurs rapports avec les particuliers (les
usagers des services administratifs), les autres États et les entités internationales (par
exemple les associations d’États, les organisations internationales).

Entre dans le cadre du droit public :

- Le droit constitutionnel qui regroupe l’ensemble des règles relatives à l’organisation


et au fonctionnement du pouvoir d’État ;
- Le droit administratif qui règlemente l’organisation des collectivités publiques et des
services publics ainsi que leurs rapports avec les particuliers ;
- Le droit pénal qui est l’ensemble des règles de droit ayant pour but la sanction des
infractions ;
- Le droit fiscal qui est l’ensemble des dispositions juridiques relatives à l’impôt ;
- Etc.
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1.3. Distinction entre droit privé et droit public

Le droit public est celui qui vise la satisfaction des intérêts collectifs de la nation. C’est un
droit essentiellement impératif c’est-à-dire que les particuliers sont obligés de respecter ou
d’appliquer ses prescriptions.

Par contre, le droit privé assure au maximum la satisfaction des intérêts privés ou
individuels. Pour cela, le droit privé est moins contraignant car une large part est laissée à
l’autonomie de la volonté. Autrement dit, le droit privé tient compte parfois du choix fait par
les particuliers dans leurs relations.

Exemple : le contrat de travail peut être fait verbalement ou à l’écrit.

2. Le droit international ou externe

Le droit international est un droit qui règlemente les relations internationales, soit entre
États, soit entre individus de nationalité différentes.

Le droit international ou externe se subdivise en droit international privé et en droit


international public.

2.1. Le droit international privé

Le droit international privé est l’ensemble des règles applicables aux personnes privées dans
les relations internationales.

Exemple : Mariage entre un burkinabé et une française, adoption d’un sénégalais par un
burkinabé, une société américaine qui s’installe au Burkina Faso.

2.2. Le droit international public

Le droit international public est l’ensemble des règles juridiques régissant les relations entre
les États et/ ou entre les entités internationales.

Exemple : Le gouvernement Burkinabé qui conclue un marché d’achat d’armes avec le


gouvernement Français.

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2.3. Distinction entre droit international privé et droit international public

Le droit international public regroupe les règles juridiques qui définissent les droits et les
obligations de chaque État envers les autres. Par contre, le droit international privé ne
concerne que les citoyens ou les entreprises de différentes nationalités.

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PREMIERE PARTIE : LE DROIT OBJECTIF

Même si la règle de droit a été définie et caractérisée (dans le chapitre introductif), il


importe néanmoins de voir les sources de la règle de droit (chap.1) et sa force obligatoire
dans le temps et dans l’espace (chap.2).

Nous terminerons notre exposé par l’organisation judicaire Burkinabé (chap.3).

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CHAPITRE I : LES SOURCES DU DROIT OBJECTIF

Les sources constituent le processus technique d’élaboration, de formation des diverses


règles de droit.

La règle de droit peut résulter d’une source formelle (I) ou d’une source informelle (I).

I. Les sources formelles


1. Les sources formelles nationales : la Loi
1.1. La notion de Loi

Il y a un double sens au mot « Loi » : un sens large et un sens strict.

- La loi est dite au sens large lorsqu’elle émane d’une autorité autre que le législateur.

Exemple : La règle juridique prise par le président du Faso, un ministre, un gouverneur, un


préfet, un maire, etc.

En réalité, les différentes règles de droit prises par ces différentes autorités constituent des
règlements.

- Au sens strict, la loi est définie comme toute règle de droit qui provient du pouvoir
législatif (du parlement). Ces lois sont appelées lois ordinaires.

I.2. Les principaux types de dispositions qualifiées de loi

Ces différentes dispositions seront analysées à partir de l’ordre juridique interne c’est-à-dire
à travers la hiérarchisation des règles de droit.

I.2.1. La constitution

La constitution est la loi fondamentale du Burkina Faso, c’est-à-dire la règle des règles de
droit parce que les autres lois lui sont subordonnées. Elle est constituée de règles relatives à
l’organisation et au fonctionnement du pouvoir d’état.

La constitution du Burkina Faso a été adoptée par le référendum du 02 juin 1991 et


promulguée par Kiti n° AN – VIII – 330/FP/PRES du 11 juin 1991.

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I.2.2. Les lois ordinaires

Les lois ordinaires sont des règles de droit votées par le parlement selon la procédure
législative établie par la constitution ou dans l’une des matières que la constitution lui
réserve expressément.

Si les lois votées par le parlement visent à préciser ou compléter les dispositions de la
constitution, elles sont appelées lois organiques.

Ont aussi force de loi les ordonnances qui sont des actes signés par le Président du Faso,
après délibération du Conseil des ministres, dans les domaines réservés à la loi dans les cas
prévus par la Constitution comme suit :

- Les dispositions du projet de loi de finances peuvent être mises en vigueur par
ordonnance si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée au plus tard à la date de
la clôture de la session et que l’année budgétaire vient à expirer.
- Le Gouvernement peut, pour l’exécution de ses programmes, demander au
Parlement l’autorisation de prendre par ordonnances, pendant un délai limité, des
mesures qui sont normalement du domaine de la loi.
- En cas d’urgence déclarée par le Gouvernement, le Parlement doit se prononcer sur
les projets de loi dans un délai de quinze jours. Ce délai est porté à quarante jours
pour la loi de finances. Si à l’expiration du délai aucun vote n’est intervenu, le projet
de loi est promulgué en l’état, sur proposition du Premier ministre par le Président
du Faso, sous forme d’ordonnance.

N.B : un projet de loi est un projet de texte élaboré par le gouvernement et soumis à
l’approbation du parlement.

Une proposition de loi est un projet de texte émanant d’un ou de plusieurs parlementaires
(députés) et soumis au vote du parlement.

I.2.3. Les règlements

Les règlements sont des actes de portée générale et impersonnelle édictés par les autorités
exécutives compétentes.

En général, ces actes sont pris pour assurer l’exécution ou l’application des lois ordinaires.

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Parmi les règlements, nous avons :

- Les décrets qui sont des actes pris soit, par le président du Faso ou le premier
ministre, soit en conseil des ministres.
- Les arrêtés qui sont, eux, des actes pris par le ministre ou plusieurs ministres (arrêté
ministériel ou interministériel), le gouverneur (arrêté régional), le haut-commissaire
(arrêté provincial), le préfet (arrêté préfectoral), le maire (arrêté municipal), etc.
- Les circulaires provenant d’une autorité supérieure investie d’un pouvoir
réglementaire. Les circulaires sont des instructions de service écrites et adressées par
une autorité supérieure à des agents subordonnés en vertu de son pouvoir
hiérarchique. Seules les circulaires réglementaires ont force de loi.

2. Les sources formelles internationales


2.1. les traités ou accords internationaux

La règle de droit peut avoir aussi une source internationale : elle peut résulter d’un traité
multilatéral (présence de plusieurs États signataires : exemple1) ou bilatéral (présence de
deux États signataires : exemple2).

Exemple1 : Les quatre conventions de Genève, signées en 1949, ont formulé des accords
relatifs au traitement des soldats blessés ou malades, au traitement des prisonniers de
guerre, à la protection des civils.

Exemple2 : La convention générale de coopération en matière judiciaire entre le Burkina


Faso et la république du Mali, signée à Ouagadougou le 23 novembre 1963.

Aussi, les traités internationaux contiennent parfois, à coté des clauses concernant les
rapports entre les États contractants, des règles de droit privé.

Exemple : Le traité OHADA signé à Port-Louis le 17 octobre 1993 et ratifié par seize (16)
États au 31 décembre 2000 (voir les actes uniformes dudit traité).

Toutefois, pour qu’une règle de droit international lie le Burkina Faso, elle doit :

- D’abord être signée par les plénipotentiaires (du Burkina) ;


- Ensuite ratifiée ou approuvée par le parlement :

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 Ratifier un traité : approbation d’un traité par les organes internes
compétents pour engager internationalement l’État (le plus souvent, c’est le
chef de l’État) ;
 Approbation : procédure d’engagement de l’État impliquant une formalité
postérieure à la signature et pouvant nécessiter une autorisation
parlementaire. L’approbation n’émane pas du président mais du
gouvernement (en pratique du ministre des affaires étrangères).
- Enfin promulguée et publiée par l’autorité exécutive compétente.

N.B : La règle de droit international, régulièrement signée, ratifiée ou approuvée, est


supérieure aux lois ordinaires. En cas de conflit entre ces règles, il appartient au conseil
constitutionnel de trancher.

2.2. Le droit communautaire

Le droit communautaire est l’ensemble des règles juridiques émanant des organisations
d’intégration qui visent à rapprocher les États au plan économique, juridique et à terme au
plan politique.

Par exemple, les règles relatives à la constitution des organisations d’intégration (CEDEAO,
UEMOA par exemple), les actes obligatoires de la CEDEAO, de l’UEMOA, les règles du traité
de l’OHADA etc.

N.B : le droit communautaire a toujours une valeur supérieure à n’importe quelle disposition
de droit national, fût-ce la Constitution. C’est ce que l’on appelle le « principe de primauté ».

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Droit communautaire

Constitution

Traités

Organiques
Lois
Ordinaires

Ordonnances
Décrets

Arrêtés
Règlements

Circulaires
règlementaires

Schéma de l’ordonnancement juridique interne

II. Les sources non formelles

En principe, les règles de droit sont formulées par une autorité sociale dont la mission est de
légiférer (lois, ordonnances, règlement). Mais certaines règles de droit au lieu de provenir
d’une telle autorité, sont issues peu à peu des usages (la coutume) ou de la jurisprudence
(du juge). On dit que ces règles proviennent de sources non formelles.

1. Les sources non formelles nationales


1.1. La coutume

La coutume, qui est la plus ancienne source du droit, est l’ensemble des règles de droit qui
se dégagent des faits et des pratiques c’est-à-dire des usages dans un milieu social
déterminé en dehors de toute intervention du législateur.

Pour qu’un usage devienne une règle coutumière, il doit :


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- être largement répandu dans le milieu social, dans une profession ou dans une
localité déterminée. On dit que l’usage à un caractère général ;
- être constant c’est-à-dire qu’il doit être régulièrement suivi ;
- être ancien c’est-à-dire qu’il doit avoir une certaine durée ;
- être considéré comme ayant force obligatoire par la population qui le suit.

N.B : Les pays de Common Law (Grande-Bretagne, Canada, États-Unis, Nouvelle-Zélande),


accordent une place prépondérante à la coutume en tant que source du droit, du moment où
leur droit n'étant pas formellement codifié. Les juges sont en effet tenus par la règle du
précédent, et non par des dispositions qui seraient contenues dans un code.

Une règle de droit coutumière peut compléter la loi par renvoi de celle-ci ou combler les
lacunes de la loi ou dans des cas très rares aller à l’encontre de la loi.

1.2. La jurisprudence

La jurisprudence peut être définie comme la solution apportée par une juridiction à une
question de droit discutée et qui, en raison de l’autorité morale de la juridiction concernée
et/ou de la qualité du raisonnement juridique conduit, est reprise par les autres juridictions
ou considérée comme devant l’être.

En d’autres termes, le juge doit appliquer la loi pour trancher les litiges. Or, la loi ne peut pas
avoir prévu tous les cas, et il arrive qu’elle soit obscure ou mal rédigée. Dans ce cas, le juge
doit l’interpréter. Il arrive souvent que les autres juges suivent cette interprétation pour
d’autres litiges : c’est ainsi que la jurisprudence devient une source du droit, car elle
complète et précise la loi, et elle fait autorité.

Remarque : La doctrine est l’ensemble des opinions émises sur le droit et relatées dans des
livres, articles de revues, annotation de décisions de justice, dans l’enseignement, dans des
consultations par les universitaires, les magistrats et les praticiens.

La doctrine, même si elle n’est pas une source directe de droit, fournit des informations à
ceux qui font le droit et parfois, influence fortement le législateur ou le juge dans la prise des
décisions grâce à la qualité de ses travaux.

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2. Les sources non formelles internationales

Nous avons, entre autres, les principes généraux de droit et la coutume internationale.

2.1. Les principes généraux de droit

Les principes généraux de droit sont des principes de portée générale et quasi universelle. Ils
constituent une importante source du droit international mentionnée en partie dans le
statut de la Cour internationale de justice établie à La Haye.

Leur objet consiste, en effet, à fournir au juge les moyens d’apporter une solution juridique à
tous les litiges qui lui sont soumis, en cas de silence du droit coutumier ou conventionnel.

Exemples de principes généraux de droit : l’autorité de la chose jugée, le respect des droits
acquis, la réparation du dommage causé, le respect de l’indépendance des États, la primauté
des traités sur les lois, les droits de la défense, caractère obligatoire des engagements, etc.

Les principes généraux de droit, parfois, sont obligatoires pour tous et on n’a pas à chercher
le consentement des États.
2.2. La coutume internationale

La coutume internationale peut être définie comme une pratique générale (comportement
actif ou passif) répétée et acceptée par les États comme une règle de droit, qui s’applique
dans les relations internationales.
Exemples : les règles relatives aux privilèges et immunités accordées à certaines personnes
étrangères : les diplomates, les chefs d’États ; le droit de passage, etc.
La coutume lie les État tiers dans certaines conditions (il faut que ces État ne soient pas de
façon persistante opposés à cette coutume).

Remarque : Les principes généraux du droit international sont, en fait, souvent difficiles à
distinguer de la coutume. Ce sont toutes les deux des sources non écrites du droit
international.

CHAPITRE II : LA FORCE OBLIGATOIRE DE LA REGLE DE DROIT

Il s’agit d’analyser les limites de la loi dans le temps (I) et dans l’espace (II).

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I. La force obligatoire de la règle de droit dans le temps

La durée d’une loi se situe entre le moment de son entrée en vigueur et celui de sa
disparition.

1. L’entrée en vigueur de la loi


1.1. Pour la loi nationale

Une règle de droit national entre en vigueur à partir de sa promulgation et de sa publication.

1.1.1. La promulgation

La promulgation est un acte par lequel le chef de l’État constate officiellement l’existence et
la régularité de la loi, en ordonne l’exécution et la publication.

La promulgation ne concerne que les lois votées par l’assemblée nationale.

A partir de cette promulgation, la loi devient exécutoire, mais pour qu’elle s’impose aux
citoyens, elle doit être publiée.

Exemple : le président du Faso promulgue la loi dans les 21 jours qui suivent la transmission
du texte définitivement adopté. Ce délai est réduit à huit jours en cas d’urgence déclarée par
l’Assemblée nationale ou le Sénat. A défaut, la loi entre automatiquement en vigueur après
constatation du conseil constitutionnel. (Art. 48 de la constitution)

1.1.2. La publication

La publication est l’opération qui porte la loi à la connaissance des citoyens pour leur être
opposable.

La publication quant à elle concerne toutes les formes de loi (ordonnances, décrets, arrêtés,
etc.)

La publication se fait au journal officiel ou par voie d’affichage généralement accompagnée


d’une communication radiophonique.

1.2. Pour la convention internationale

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La convention internationale ne produit ses effets à l’égard de l’État signataire qu’après avoir
été ratifiés ou approuvés par l’État.

2. La disparition de la loi et les conflits de lois


II.1 la disparition de la loi
II.1.1 pour la loi nationale

Une loi nationale disparait obligatoirement à partir de son abrogation.

On distingue deux (2) types d’abrogation :

- l’abrogation expresse : C’est une abrogation où les textes abrogeant désignent


précisément les dispositions abrogées.

Exemple : Le 13 mai 2008, l’assemblée nationale a voté la loi n° 28-2008/AN portant code du
travail au Burkina Faso. Cette loi dispose en son article 422 : « Sont abrogées toutes
dispositions antérieures contraires à la présente, notamment la loi n° 033-2004/AN du 14
septembre 2004 portant code du travail.».

Observation : la loi de 2008 désigne expressément le texte abrogé (celle de 2004).

- l’abrogation est tacite lorsqu’il y a incompatibilité entre le nouveau texte et l’ancien


texte. Sans le dire, le nouveau texte fait disparaitre l’ancien texte.

Exemple : L’article 1384 al4 du code civil de 1801 stipule : « …le père, et la mère après le
décès du mari, sont responsables du dommage causé par leurs enfants habitant avec eux ;
… ».

Pour l’article 1065 du code des personnes et de la famille de 1990 : « les père et mère sont
responsables du dommage causé par les enfants mineurs habitant avec eux ».

Observation : L’article 1065 abroge l’article 1384 sans le dire. En effet, dans l’article 1384, la
mère ne répond des faits des enfants que seulement si le père des enfants est décédé. Alors
que dans l’article 1065 du code des personnes et de la famille, ils sont tous responsables de
leur vivant des faits des enfants mineurs habitant avec eux.

Autrement dit, la loi nouvelle a abrogé l’ancienne loi contraire, de façon tacite.

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Ce type d’abrogation est très mauvais parce qu’elle laisse les gens dans le doute.

N.B : l’abrogation peut être totale (lorsque tout le texte est abrogé) ou partielle (lorsqu’une
partie du texte est abrogée).

2.1.2. Pour la convention internationale

La règle de droit international disparaît au moment de sa dénonciation par l’État qui l’a
ratifiée ou approuvée.

II.2. Les conflits de lois

En cas de conflits de loi dans le temps :

- La loi nouvelle abroge, en principe, l’ancienne loi. Toutefois, les effets produits avant
la mise en vigueur de la loi nouvelle restent régis par la loi ancienne. Quant aux effets
produits après la mise en vigueur de la loi nouvelle, deux situations peuvent se
présenter :
 Pour les effets juridiques contractuels, les parties peuvent décider d’appliquer
l’ancienne loi sauf convention contraire prévue par la loi.
 Pour les effets non contractuels, on applique la nouvelle loi.
- La loi spéciale, qui couvre une question spécifique de la matière, abroge la loi
générale qui quant à elle, couvre l’ensemble de la matière.
- En matière pénale, la nouvelle loi plus douce (loi qui allège une peine par exemple)
peut rétroagir et s’appliquer aux infractions commises avant son entrée en vigueur et
qui n’ont pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée.

Quant à la loi pénale plus sévère (loi qui aggrave la situation du délinquant par exemple), elle
ne peut rétroagir.

- Les nouvelles lois de procédure, celles qui organisent la compétence et le


fonctionnement des juridictions répressives sont immédiatement applicables.
- Etc.
-

II. La force obligatoire de la règle de droit dans l’espace

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La règle de droit s’applique toujours sur un territoire donné.

Exemple : le droit burkinabé, le droit malien,…

La quasi-totalité des lois sont territoriales.

Mais, il arrive parfois que la règle de droit tienne compte de la nationalité ou des qualités de
la personne impliquée dans une situation. Autrement dit, la règle de droit n’est plus dans ce
cas applicable sur le territoire, mais sur la nationalité.

Exemple : Notre droit de la famille ne régit, en principe, que les burkinabé.

CHAPITRE III : L’ORGANISATION JUDICIAIRE BURKINABE

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(Loi 10-93 ADP du 17 mai 1993 portant organisation judiciaire au Burkina Faso, modifiée par
la loi 44-94 ADP du 24 novembre 1994)

Pour avoir une vie sociale agréable, les manquements aux obligations et respect des droits
individuels doivent être incontestablement sanctionnés. Ce pouvoir de sanctionner a été
confié à la justice. C’est elle en effet qui veille à l’application de la loi et garantit le respect du
droit de chacun.

Pour mieux comprendre l’organisation judiciaire burkinabé, il sied de voir d’abord les
principes de l’organisation judiciaire (I), ensuite le personnel judiciaire (II) et enfin
l’organisation des juridictions (III).

I. Les principes de l’organisation judiciaire


1. Le principe de la collégialité

Les arrêts et jugements des cours et tribunaux sont rendus en formation collégiale et par
trois juges au moins, sauf dispositions spéciales contraire de la loi. (Art. 4 de la loi portant
organisation judiciaire au Burkina Faso)

Cette collégialité permet de garantir aux justiciables une impartialité parfaite des juges
appelés à trancher les litiges.

En effet, chacun des juges sait qu’on ne peut lui attribuer individuellement la décision et que
cette décision ne peut être rendue qu’après délibération et discussion par les juges à partir
des moyens présentés par les plaideurs.

2. Le principe du double degré de juridiction

Il se présente également comme une garantie de bonne justice.

Les juges même s’ils siègent dans une formation collégiale peuvent toujours se tromper.
C’est pourquoi ce principe permet à la partie insatisfaite de la décision rendue de poursuivre
l’affaire devant une juridiction supérieure.

Exemple : Un individu qui a été jugé par la chambre correctionnelle du tribunal de grande
instance pour vol (il a commis un délit), s’il n’est pas satisfait, peut attaquer la décision le
condamnant devant la chambre correctionnelle de la cour d’appel.

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Aussi, le principe du double degré de juridiction vise à ce que les juridictions pour une même
affaire (affaire qui se ressemble) appliquent le même droit.

Exemple : Les délits de coups et blessures commises dans les mêmes circonstances à
Ouagadougou ou à Bobo doivent en principe être condamnés par la chambre correctionnelle
du tribunal de grande instance de Ouagadougou et de Bobo des mêmes peines. Au cas
contraire, la partie lésée peut saisir la cour d’appel de Ouagadougou ou de Bobo pour qu’elle
révise sa peine et la conformer à la loi.

3. Le principe de la distinction entre les juridictions de droit commun et les


juridictions d’exception
- Les juridictions de droit commun sont des juridictions qui peuvent trancher tous les
litiges ou toutes les demandes porté(e)s devant elles, sauf ceux ou celles dont
compétence est réservée de manière expresse à une autre juridiction. On dit que les
juridictions de droit commun ont une compétence de principe.

Les juridictions de droit commun peuvent ainsi également connaître de toutes les demandes
exceptionnelles (reconventionnelles, additionnelles, incidentes) quel que soit leur montant
qui peuvent être présentées au cours d’une procédure régulièrement portée devant ces
tribunaux. On dit que ‘’le juge de l’action est juge de l’exception’’.

- Quant aux juridictions d’exception, elles ne connaissent que des seules demandes
que la loi de façon expresse leur autorise, compte tenu de leur nature propre. On dit
que les juridictions d’exceptions ont une compétence d’attribution. Exemple : le
tribunal de travail, le tribunal de commerce

Remarque : la distinction permet de soumettre certains litiges à des juges possédant des
connaissances techniques et professionnelles particulières, de simplifier et accélérer les
procédures judiciaires et réaliser des économies budgétaires en sollicitant des juges
composant les juridictions d’exception (les assesseurs par exemple) un concours bénévole
sauf pour les juges de carrière.

4. Le principe de l’autonomie du pouvoir judicaire

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Ce principe vise à interdire aux tribunaux judicaires d’empiéter sur les attributions des
organes exécutifs de l’État. Ainsi, il est interdit aux tribunaux de prendre des actes
administratifs (décrets, arrêtés, circulaire,…).

En outre, les tribunaux judiciaires ne peuvent pas non plus connaitre du contentieux
administratif. C’est pourquoi il existe deux ordres judiciaires au Burkina Faso : l’ordre
judiciaire et l’ordre administratif.

5. Le principe de la gratuité de la justice

C’est un principe général en vertu duquel les parties n’ont pas à participer financièrement au
fonctionnement des juridictions (sous réserve des droits de timbre et d’enregistrement
imposés par les lois fiscales, …).

Autrement dit, les magistrats ne sont pas rémunérés par les justiciables mais par l’État.

II. Le personnel judiciaire

Il existe deux (2) sortes de personnel judiciaire : les magistrats et les auxiliaires de justice.

1. Les magistrats

Les magistrats sont les principaux animateurs directs de la justice. On distingue deux (2)
types de magistrats : les magistrats du siège et les magistrats du parquet.

1.1. Les magistrats du siège

Les magistrats du siège ont pour rôle principal de trancher les litiges. C’est pourquoi ils sont
appelés juges.

Les magistrats du siège forment la magistrature assise (Ils sont toujours assis lorsqu’ils
prennent la parole au cours de l’audience.).

Remarque 1 : Les magistrats du siège ne doivent pas faire l’objet d’une mesure de
déplacement, de suspension, de révocation, de mise à la retraite d’office que dans les
conditions prévues par la loi (le conseil supérieur de la magistrature doit donner un avis
conforme et motivé). On dit qu’ils sont inamovibles.

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Remarque 2 : Afin de garantir leur impartialité (ou leur bonne foi), dignité et intégrité, les
juges sont :

- Soumis à des incompatibilités : Ils ne peuvent pas cumuler des fonctions publiques
ou toute autre activité professionnelle ou salariée, commerciale ou non, sauf dans le
domaine des enseignements ou pour exercer des activités qui ne seraient pas de
nature à porter atteinte à la dignité du magistrat ou à son indépendance.
- Et à des incapacités : les magistrats du siège ne peuvent pas siéger dans certaines
affaires en raison des liens de parenté ou d’alliance avec l’un des plaideurs ou avec
l’avocat d’un des plaideurs.

1.2. Les magistrats du parquet

Les magistrats du parquet sont des représentants du pouvoir exécutif dans l’appareil
judiciaire.

Les magistrats du parquet ne sont pas des juges puisqu’ils ne tranchent pas les litiges.

Leurs principaux rôles sont :

- Défendre et protéger la société ;


- Veiller à l’exécution correcte des peines ;
- Vérifier la bonne tenue des registres de l’état civil, etc.

Exemple : les procureurs

Les magistrats du parquet forment la magistrature débout (Ils se lèvent quand ils
prennent la parole au cours de l’audience.).

2. Les auxiliaires de justice

Les auxiliaires de justice sont des personnes qui, sans être investies par l’Etat de la
fonction de juger, apportent leur concours aux juges et aux parties. Il s’agit entre autres
des greffiers, des huissiers, des notaires, des commissaires priseurs, des avocats.

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2.1. Les greffiers

Les greffiers sont des personnes physiques qui assistent les jugent dans
l’accomplissement matériel de leurs charges.

Les greffiers ont pour tâches entre autres :

- De procéder à la liquidation des frais après enregistrement des décisions ;


- De recevoir les déclarations d’exercice des voies de recours ;
- De convoquer les parties qui doivent être entendues ;
- D’établir et de délivrer entre autres, des bulletins de casiers judiciaires, des certificats
de nationalité, des cessions volontaire de salaire, des certificats de non-faillite ;
- De tenir la plume aux audiences publiques ;
- De signer avec le juge les décisions rendues et les procès-verbaux ;
- De délivrer des grosses, expéditions, copies extraits des jugements et arrêts ;
- De réceptionner les déclarations d’immatriculation au RCCM, de les transcrire sur les
registres chronologiques et analytiques, etc.

2.2. Les huissiers

Les huissiers sont des personnes physiques titulaires d’un office acquis avec l’agrément du
gouvernement et qui exercent certaines fonctions à titre de monopoles.

Ils jouent les rôles d’officiers ministériels (personnes investies d’une mission publique tout
en ayant un statut indépendant) et d’officiers publics (personne ayant le pouvoir d’établir
des actes ayant force authentique).

Les huissiers sont chargés de :

- Rédiger et transmettre ou remettre les lettres de convocation aux intéressés ;


- Signifier les actes et exploits ;
- Procéder au recouvrement amiable ou judiciaire de toute créance ;
- Procéder à l’exécution des décisions de justice ainsi que les actes ou titres en forme
exécutoire, etc.

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Remarque : L’huissier audiencier est celui qui assure le service intérieur des tribunaux. Par
exemple, c’est lui qui notifie les actes entre avocats.

2.3. Les notaires

Les notaires sont des officiers publics et officiers ministériels, chargés d’authentifier les actes
instrumentaires (les contrats, les testaments,…).

Les notaires exercent également une fonction de conseil auprès du gouvernement.

Remarque : Un notaire peut exercer sa profession en qualité de salarié.

2.4. Les commissaires priseurs

Les commissaires priseurs sont des officiers ministériels dont la fonction consiste à estimer la
valeur des biens mobiliers et à procéder à leur vente aux enchères publiques.

2.5. Les avocats

Les avocats sont des particuliers qui apportent leur concours aux parties en coopérant avec
la justice.

Les avocats ont pour principaux rôles :

- De conseiller les individus à travers les consultations ;


- De représenter leurs clients lors des négociations des contrats ou lors de
l’accomplissement des actes de procédure ou d’instance ;
- D’assister leur client à la barre du tribunal pour la défense de ses intérêts, etc.

III. L’organisation des juridictions

L’étude de l’organisation des juridictions portera essentiellement sur l’ordre judiciaire et


l’ordre administratif. Mais nous ne passerons sous silence, le conseil constitutionnel, la
haute cour de justice et les juridictions militaires.

1. L’ordre judiciaire

Les juridictions de l’ordre judiciaire sont compétentes pour connaître des matières civile,
commerciale, sociale et pénale.

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L’ordre judiciaire est constitué par la cour de cassation, les cours d’appel, les tribunaux de
grande instance, les tribunaux de commerce, les tribunaux départementaux (et
d’arrondissement), les tribunaux de travail.

1.1. La cour de cassation

La cour de cassation est la juridiction supérieure de l’ordre judiciaire. Elle statue sur les
pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en dernier ressort (arrêts de la
cour d’appel).

La cour de cassation connaît en outre :

- Des demandes en révision en matière pénale ;


- Des règlements des juges ;
- Des récusations ;
- Des contrariétés d’arrêts et de jugements en dernier ressort, entre les mêmes parties
sur les mêmes moyens, entre différentes juridictions ;
- Etc.

1.2. La cour d’appel

La Cour d’appel est la juridiction d’appel des décisions rendues en premier ressort en
matière civile, correctionnelle et de police par le tribunal de grande instance, en matière
commerciale par le tribunal de commerce et en matière sociale par le tribunal du travail.

La cour d’appel est, en outre, compétente en matière criminelle en premier et dernier


ressort. L’accusé qui comparaît devant la chambre criminelle est assisté d’un avocat.

N.B : La chambre pour enfants à compétence pour connaître en appel des décisions rendues
par la section pour enfants et par le juge des enfants.

1.3. Le tribunal de grande instance

Le tribunal de grande instance a compétence générale dans toutes les affaires pour
lesquelles compétence n’est pas attribuée expressément par la loi à une autre juridiction.

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Il connait en appel des décisions rendues par les tribunaux départementaux ou
d’arrondissement en matière civile.

Le tribunal de grande instance a compétence exclusive dans les matières, notamment :


- l’état des personnes : mariage, divorce, séparation de corps, filiation, adoption,
absence et disparition, contestations sur la nationalité ;
- la rectification des actes de l’état civil ;
- les régimes matrimoniaux ;
- les successions ;
- les réclamations civiles dont le taux évalué en argent est supérieur à la somme de
trois cent (300.000) mille FCFA ;
- les actions en matière immobilière ;
- les procédures en matière de propriété intellectuelle ;
- les actions intentées par ou contre les officiers ministériels en règlement de leurs
frais.
Le président du tribunal de grande instance peut ordonner en référé ou sur requête en cas
d’urgence.

Remarque : Lorsqu’elle statue en matière de délits, la chambre correctionnelle est


dénommée tribunal correctionnel. Lorsqu’elle statue en matière de contraventions, la
chambre correctionnelle est dénommée tribunal de police.
La chambre des mineurs est constituée de la section pour enfants et du juge des enfants.

N.B : Le juge des enfants connaît des contraventions et des délits passibles d’une peine
d’emprisonnement n’excédant pas deux ans commis par les mineurs et est également
compétent pour ordonner toutes mesures utiles lorsque le mineur est en danger.
Quant à la section pour enfants, elle connaît des délits passibles d’une peine
d’emprisonnement supérieure à deux ans commis par les mineurs. Elle est également
compétente pour ordonner toutes mesures utiles lorsque le mineur est en danger.

1.4. Le tribunal départemental

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Le tribunal départemental ou d’arrondissement est compétent pour connaître :
- de toutes les situations non contentieuses relevant de l’état des personnes :
jugements déclaratifs d’état ou supplétifs d’actes de naissance, de mariage, de décès
et certificats d’hérédité ;
- des litiges en matière civile et commerciale dont le taux évalué en argent est
inférieur ou égal à trois cent (300.000) mille FCFA ;
- des réclamations en argent par suite de dévastation de champs, de récoltes sur pied
ou engrangées, bris de clôture, lorsque le montant de la réclamation est inférieur ou
égal à trois cent (300.000) mille FCFA.

Remarque : Le tribunal départemental est présidé par le Préfet du département et le


tribunal d’arrondissement est présidé par le Maire d’arrondissement.
En cas d’empêchement ou d’absence du Président, il est suppléé par l’assesseur titulaire le
plus ancien.

1.5. Le tribunal de commerce

Les tribunaux de commerce connaissent :


- des contestations relatives aux engagements et transactions entre commerçants,
entre établissements de crédit ou entre commerçants et établissements de crédit
dont le taux évalué en argent est supérieur à la somme de trois cent (300.000) mille
FCFA ;
- des contestations relatives aux sociétés commerciales ;
- des contestations relatives aux actes et effets de commerce entre toutes personnes ;
- des procédures collectives d’apurement du passif ;
- des contestations entre associés pour raison d’une société commerciale ou d’un
groupement d’intérêt économique ;
- des procédures incidentes en matière d’arbitrage prévues par la loi ;
- en appel des décisions rendues par les tribunaux départementaux ou
d’arrondissement en matière commerciale.

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N.B : Le président du tribunal de commerce est compétent en matière de référé,
d’ordonnance sur requête. Il est aussi compétent pour connaître du contentieux de
l’immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier.

1.6. Le tribunal de travail

Le tribunal du travail est compétent pour connaître des différends individuels pouvant
s’élever entre les travailleurs, les stagiaires et leurs employeurs, les apprentis et leurs
maîtres, à l’occasion de l’exécution des contrats.
Il est également compétent pour connaître :
- des litiges nés de l’application du régime de sécurité sociale ;
- des différends individuels relatifs à l’application des conventions collectives de travail
et aux arrêtés en tenant lieu ;
- des différends nés entre travailleurs à l’occasion du contrat de travail ainsi que des
actions directes des travailleurs contre l’entrepreneur prévues par la loi ;
- des différends nés entre travailleurs et employeurs à l’occasion du travail ;
- des différends nés entre les institutions de prévoyance sociale et leurs assujettis ;
- des actions récursoires des entrepreneurs contre les sous‐traitants.

N.B : Le tribunal du travail compétent en cas de conflit du travail est, par principe, celui du
lieu du travail.

Toutefois, si le licenciement est le fait de l’employeur, le travailleur aura le choix entre le


tribunal de sa résidence habituelle au Burkina Faso et celui de son lieu de travail.

Si le travailleur a été recruté sur le territoire national, il peut opter pour le lieu de conclusion
du contrat.

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Cour de cassation

Pourvoi en cassation

Cour d’appel

2d degré

Appel

Tribunal de grande instance Tribunal de commerce Tribunal de travail

2d degré/ 1er degré 1er degré 1er degré

Appel

Tribunal départemental Inspecteur du travail

1er degré (Pas une juridiction)

Les juridictions de l’ordre judicaire

2. L’ordre administratif

Les juridictions de l’ordre administratif examinent les affaires qui mettent en cause l’État et
ses démembrements.

Les juridictions administratives ont pour rôle de statuer sur toute contestation des citoyens
relative aux décisions ou aux actes administratifs, sur la réparation des dommages causés
par un ouvrage public ou par l’exécution de travaux publics, etc.

Comme juridictions de l’ordre administratif, nous pouvons citer le conseil d’Etat, les cours
administratives d’appel et les tribunaux administratifs. A celles-ci, il convient d’ajouter la
cour des comptes.

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2.1. Le conseil d’État

Le conseil d’État est la juridiction supérieure de l’ordre administratif.

Le conseil d’État connaît, notamment :

- Des pourvois en cassation formés contre les décisions rendues en premier et dernier
ressort par les tribunaux administratifs et les juridictions spécialisées ;
- Des recours en interprétation ou en appréciation de la légalité des actes dont le
contentieux relève de sa compétence ;

Outre ces compétences, le conseil d’État donne son avis sur les projets de décrets qui lui
sont soumis par le gouvernement. Il peut notamment être consulté par les ministres sur les
difficultés qui s’élèvent en matière administrative.

2.2. Les cours administratives d’appel

L’Assemblée Nationale, en sa séance plénière du 26 avril 2016, a voté à l’unanimité des 114
votants du jour, le projet de loi portant création, organisation, attributions, fonctionnement
de la cour administrative d’appel et procédure applicable devant elle.

Les cours administratives d’appel ont compétence pour connaitre des décisions rendues en
premier ressort par les tribunaux administratifs.

N.B : la création des cours administratives d’appel a permis au conseil d’État de statuer
seulement en droit (le pourvoi en cassation) et donc de confier une partie de ses
compétences (l’appel) à ces cours.

2.3. Les tribunaux administratifs

Les tribunaux administratifs sont compétents pour connaître :

- Des recours en interprétation ou en appréciation de la légalité des actes dont le


contentieux relève de sa compétence ;
- Des conflits administratifs en premier ressort et à charge d’appel devant le conseil
d’État ou en dernier ressort (Dans ce cas seul un pourvoi en cassation devant le
conseil d’État reste possible.) ;
- Etc.

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Remarque : Sauf en matière de marché, contrat ou concession, la compétence territoriale
des tribunaux administratifs ne peut faire l’objet de dérogation, même par voie d’élection de
domicile ou entre les parties.

Conseil d’État

Pourvoi en cassation

Cour Administrative
d’Appel

Appel

Tribunal
Administratif

2.4. La cour des comptes

La cour des comptes :

- Juge les comptes des comptables publics (Elle vérifie leur régularité.) ;
- Sanctionne les fautes de gestion (par exemple les manquements aux lois et règles qui
régissent lesdites opérations) ;
- Assiste l’assemblée nationale dans le contrôle de l’exécution des lois de finances.

3. Les autres juridictions


3.1. Le conseil constitutionnel

Le conseil constitutionnel est chargé:

- De statuer sur la constitutionnalité des lois, ordonnances ainsi que la conformité des
traités et accords internationaux avec la constitution. En d’autre terme, le conseil

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constitutionnel vérifie si ces différents textes ne violent pas la constitution qui est la
loi suprême du pays ;
- D’interpréter les dispositions de la constitution ;
- De contrôler la régularité, la transparence et la sincérité du referendum, des
élections présidentielles et législatives.

Quant au contrôle de la régularité et de la transparence des élections locales, il relève de


la compétence des tribunaux administratifs ;

- De proclamer les résultats définitifs des élections présidentielles, législatives et


locales ;
- De veiller au respect de la procédure de révision de la constitution.

Remarque : Les décisions prises par le conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun
recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et
juridictionnelles.

3.2. La haute cour de justice

La haute cour de justice est compétente :

- Pour connaître des actes commis par le président du Faso dans l’exercice de ses
fonctions et constitutifs de haute trahisons, d’attentat à la constitution ou de
détournement de deniers publics ;
- Pour juger les membres du gouvernement en raison des faits qualifiés crimes ou
délits commis dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.

Remarque : La mise en accusation du président du Faso est votée à la majorité des 4/5 des
voix des députés composant l’assemblée nationale, et celle des membres du gouvernement
à la majorité de 2/3 des voix.

3.3. Le tribunal militaire

Le tribunal militaire est compétent pour connaître :

- Des infractions pénales de droit commun commises par les militaires ou assimilés
dans le service ou dans les établissements militaires ;

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- Des infractions militaires ;
- Des infractions commises par les prisonniers de guerre ;
- Des infractions à la législation sur les armes ;
- Etc.

IV. Les voies de recours

Les voies de recours sont des moyens de droit qui ont pour but de remettre en cause une
décision déjà jugée. On distingue deux catégories de voies de recours : les voies ordinaires
de recours et les voies extraordinaires de recours.

1. Les voies ordinaires de recours

Il s’agit de l’appel et de l’opposition.

1.1. L’appel

L’appel est une voie de recours qui permet à une personne non satisfaite d’une décision
rendue en premier ressort par les juridictions de premier degré de saisir les juridictions
d’appel (cours d’appel par exemple) pour la faire confirmer ou infirmer.

Le délai d’appel est de deux (2) mois et court, pour les jugements contradictoires (les deux
parties ont assistées et participées librement aux débats.), à compter du prononcé de la
décision et, pour les jugements rendus par défaut (L’une des parties était absente lors du
jugement.) à compter de la notification de la décision.

En matière gracieuse, le délai d’appel est de quinze (15) jours et court à compter du
prononcé de la décision.

N.B : En matière sociale (du travail) le délai d’appel est de 15 jours à compter du prononcé de
la décision ou de la signification du jugement.

1.2. L’opposition

L’opposition est une voie de recours ouverte à la partie contre laquelle un jugement par
défaut à été rendu.

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En d’autre terme, l’opposition permet donc à la partie absente lors d’un jugement de
remettre en cause ledit jugement devant le même juge qui l’a rendu, en lui demandant de
juger à nouveau l’affaire.

Le délai pour faire opposition est de quinze (15) jours. Ce délai cour à compter de la
signification du jugement ou de l’arrêt, ou à compter du jour où la partie condamnée en a eu
connaissance par acte d’exécution ou autrement.

En matière sociale (du travail) le délai d’opposition est de 10 jours à compter de la


signification du jugement.

N.B : Celui qui se laisserait juger une seconde fois par défaut n’est plus admis à former une
nouvelle opposition.

2. les voies extraordinaires de recours

Il s’agit de la tierce opposition, du recours en révision et du pourvoi en cassation.

II.1. La tierce opposition

La tierce opposition est une voie de recours ouverte à une personne qui n’a pas été partie à
un jugement de faire reformer ou annuler ledit jugement devant le même tribunal qui l’a
rendu, si toute fois ses droits ont été menacés.

La tierce opposition est ouverte à tous les tiers, lorsque ni eux, ni leurs auteurs ou ceux qu’ils
représentent n’ont été appelés au procès.

N.B : la tierce opposition n’est soumise à aucun délai ; elle cesse d’être recevable lorsque
celui qui a intérêt à la former, a exécuté le jugement ou l’a ratifié implicitement.

II.2 Le recours en révision

Le recours en révision est une voie de recours qui permet de faire reformer ou annuler
devant la même juridiction une décision passée en force de chose jugée (lorsque les délais
des voies de recours suspensives d’exécution sont expirés ou que celles-ci ont été
employées).

Le recours en révision n’est ouvert que :

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- S’il y a eu fraude de l’une des parties de nature à avoir déterminé la conviction du
juge ;
- S’il a été jugé sur des pièces reconnues ou judiciairement déclarées fausses depuis le
jugement ;
- Si depuis le jugement il a été recouvré des pièces décisives qui avaient été retenues
par le fait de l’une des parties ;
- S’il a été jugé sur des attestations, témoignages ou serments judiciairement déclarés
faux depuis le jugement.

Le délai de recours en révision est de deux (2) mois à compter du jour où la partie a eu
connaissance de la cause de révision qu’elle invoque.

N.B : la révision ne peut être demandée que par les personnes qui ont été parties ou
représentées au jugement.

2.3. Le pourvoi en cassation

Le pourvoi en cassation est une voie de recours qui permet de faire annuler par la cour de
cassation des décisions rendues en dernier ressort en matières civile, commerciale, sociale et
criminelle (arrêts de la cour d’appel).

Le délai pour se pourvoir en cassation est de deux (2) mois à compter du prononcé du
jugement ou de l’arrêt, s’il est contradictoire. Au cas contraire, le délai court du jour où
l’opposition ne sera plus recevable.

Remarque générale : Lorsqu’une demande est portée devant une juridiction qui a son siège
au Burkina Faso, les délais de comparution, d’opposition, d’appel et de pourvoi en cassation
subissent les augmentations suivantes :

- Quinze (15) jours pour les personnes qui sont domiciliées hors du siège de la
juridiction ;
- Deux (2) mois pour celles qui demeurent à l’étranger.

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V. Les règles de compétence

La compétence, c’est le pouvoir que possède une juridiction de connaître d’un litige étant
entendu que d’une part, n’importe qui ne peut juger et d’autre part, n’importe quel juge ne
peut juger n’importe quelle matière ou n’importe quel individu.

On distingue généralement deux (2) types de compétences : la compétence d’attribution et


la compétence territoriale.

1. La compétence d’attribution

La compétence d’attribution ou ‘’rationae materiae’’ est le pouvoir qu’a une juridiction


déterminée de connaître d’une affaire en raison de l’objet, de la valeur, de l’urgence ou de la
qualité des parties.

Exemple : seuls, en principe, les tribunaux de travail peuvent connaître des conflits
individuels du travail.

2. La compétence territoriale

La compétence territoriale ou ‘’rationae loci’’ est le pouvoir de juridiction appartenant aux


juges dans une circonscription.

Le tribunal territorialement compétent est, en principe, celui du lieu du défendeur. En cas de


pluralité de défendeurs, le demandeur saisit, à son choix, la juridiction du domicile de l’un
d’eux.

Outre le tribunal du domicile du défendeur, le demandeur peut saisir à son choix :

- En matière délictuelle, le tribunal où a lieu le fait dommageable ;


- En matière contractuelle, le tribunal du lieu où le contrat s’est formé ou celui du lieu
où l’obligation doit être ou a été exécutée ;
- En matière d’aliment ou de contribution aux charges du mariage, le tribunal où
demeure le créancier ;
- Etc.

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PARTIE II : LES DROITS SUBJECTIFS

Dans la deuxième partie, nous allons étudier la notion de droits subjectifs et de


personnalité juridique (chapitre I), classifier les différents droits subjectifs (chapitre II) et
voir enfin les contrats (chapitre III).

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CHAPITRE I : NOTIONS DE DROIT SUBJECTIF ET DE PERSONNALITE
JURIDIQUE

Nous allons d’abord aborder dans ce chapitre la notion de droits subjectifs (I) et ensuite celle
de personnalité juridique (II).

I. Les droits subjectifs


1. Définition

Les droits subjectifs sont les prérogatives qui sont reconnues aux individus par le droit
objectif, et dont ils vont jouir sous la protection des pouvoirs publics.

Les prérogatives, ce sont des pouvoirs d’agir que le droit objectif reconnait aux individus (ce
sont des sujets de droit) sur les choses (droit de propriété, par exemple) ou à l’égard des
autres individus (droit de créance, par exemple).

Le sujet est la personne, titulaire du pouvoir d’agir (sujet actif : le créancier) ou contre
laquelle est exercée ce pouvoir (sujet passif : le débiteur).

2. Les sources des droits subjectifs

Les droits subjectifs tirent leurs sources des actes ou des faits c’est-à-dire de comportements
sociaux ou d’évènements qui produisent des conséquences juridiques. On appelle ces actes
ou ces faits qui engendrent des conséquences juridiques, des situations juridiques.

En effet, un passant qui contemple un paysage ou un lecteur dans une bibliothèque a usé de
sa liberté, mais sa situation présente n’est pas génératrice d’effets de droit (c’est-à-dire de
conséquences juridiques). Ce ne sont donc pas des situations juridiques.

2.1. Les actes juridiques

Les actes juridiques sont des manifestations de volonté accomplies en vue de produire des
effets de droit et sans lesquelles ces effets de droit ne se produiraient pas.

Un acte juridique peut-être bilatéral (exemple 1) ou unilatéral (exemple 2).

Exemple 1 : un contrat conclu entre deux personnes en vue de faire naitre entre elles des
obligations (un contrat de mariage, de vente, de transport, de prêt etc.).

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Exemple 2 : un testament par lequel une personne exprime sa volonté de transmettre en
tout ou en partie ses biens à une autre personne, le légataire.

2.2. Les faits juridiques

Les faits juridique sont des situations de fait ou évènements où la volonté n’a aucun rôle à
jouer dans ce cas : la force majeure, la naissance, la mort, l’âge, la prescription,…(exemple 1)
ou des actions où actes volontaires : détérioration d’un objet, coup porté, injure,…(exemple
2) qui entrainent par leur existence même une création, une transmission ou une extinction
des droits c’est-à-dire qui produisent des effets de droit non voulus.

Exemple 1 : l’enfant, du fait de sa naissance, se trouve investi de droits de famille (réclamer


des aliments à ses père et mère, venir à la succession) ; le décès d’un individu opère la
transmission de ses droits patrimoniaux à ses héritiers ; un évènement imprévisible et
irrésistible (une incendie ou un naufrage, ou une guerre, une foudre,…) peut avoir pour effet
de faire échapper un individu à la responsabilité d’un manquement à ses obligations.

Exemple 2 : l’auteur de coups et blessures volontaires doit réparation à la victime ; celle-ci a


une créance de dommages-intérêts. Cette créance a sa source dans un fait juridique, bien
que les coups et blessures aient été volontaires : l’auteur responsable a volontairement
frappé ou blessé, mais il n’était pas dans son intention de réparer le préjudice par le
versement d’une indemnité pécuniaire ; c’est la loi qui impose la réparation.

3. La preuve des droits subjectifs


3.1. La charge de la preuve

Celui qui prétend être titulaire d’un droit subjectif doit amener les preuves. Celui aussi qui
prétend qu’il ne doit rien doit le prouver.

Autrement dit, il incombe à chaque plaideur de prouver conformément à la loi les faits
nécessaires au succès de sa prétention (on dit que la charge de la preuve incombe à celui qui
allègue).

3.2. Les modes de preuves

Le droit civil a reparti les modes de preuve en deux (2) catégorie : Les modes de preuve
parfaits et les modes de preuve imparfaits.

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3.2.1. Les modes de preuve parfaits
3.2.1.1. L’écrit ou preuve littérale

La preuve par écrit est l’écrit rédigé pour constater un acte juridique. Nous avons deux types
de preuve écrite :

- L’acte authentique qui est un acte reçu par un officier public tel que le notaire,
l’huissier,…
- L’acte sous seing privé qui est un acte rédigé par les parties elles-mêmes ou qui a été
rédigé par une autre personne, mais qui porte la signature des parties.

3.2.1.2. L’aveu

L’aveu est la reconnaissance par une partie de la véracité des affirmations de son adversaire.
Ce que vous dites qui est contre moi est vrai.

3.2.1.3. Le serment décisoire

Le serment décisoire est celui déféré par une partie à l’autre et dont la prestation ou le refus
termine la contestation.

Exemple : Prêter sous serment que vous ne me devez rien.

Ces modes de preuves sont en principe admissibles en toutes matières et lient le juge.

3.2.2. Les modes de preuve imparfaits


3.2.2.1. La preuve testimoniale

La preuve testimoniale est celle établie à l’aide d’un témoin. Elle peut être écrite ou verbale.

3.2.2.2. La preuve par indices ou présomptions

La présomption de fait est la conséquence que le juge tire d’un fait connu pour l’appliquer à
un fait inconnu.

Exemple : les éclaboussures de sang sur un mur, les douilles provenant des armes de
braqueurs, les traces de freinages, etc.

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3.2.2.3. Le serment supplétoire

Le serment supplétoire, laissé à la discrétion du juge, n’a pas pour effet de lier celui-ci
lorsqu’il a été déféré ou refusé.

Ces modes de preuves, considérés comme dangereux et peu sûrs, ne sont admis
qu’exceptionnellement et ne lient pas le juge.

II. La personnalité juridique

La personnalité juridique sera analysée aussi bien du côté des personnes physiques que du
côté des personnes morales.

Mais, avant toute chose, il importe de définir la personnalité juridique.

1. Définition de la personnalité juridique

La personnalité juridique est l’aptitude à être titulaire actif ou passif de droits subjectifs que
le droit objectif reconnaît à chacun.

L’homme devient dès lors propriétaire, créancier (avoir des droits) mais aussi débiteur (avoir
des obligations).

2. Commencement et fin de la personnalité juridique chez la personne physique


2.1. Commencement de la personnalité juridique chez la personne physique

Une personne physique est un être humain.

Pour acquérir la personnalité juridique, la personne physique doit naître vivant et surtout
d’une naissance accomplie (L’enfant doit être toujours vivant au moment où on sectionne le
cordon ombilical.).

Exceptionnellement, l’enfant conçu peut par anticipation être titulaire de droits toute les fois
qu’il y a intérêt. En revanche, on ne peut mettre à sa charge aucune obligation ; on ne peut
le rendre débiteur car ce serait contre son intérêt.

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Exemple : si le père de l’enfant conçu décède avant sa naissance, l’enfant a un droit à
l’héritage.

Toutefois, il doit pour confirmer sa personnalité provisoire naître vivant.

Si au contraire la condition ne se réalise pas, la personnalité sera considérée n’avoir jamais


existée et l’enfant n’avoir jamais eu de droit.

2.2. Fin de la personnalité juridique chez la personne physique

La personnalité juridique d’une personne physique prend fin avec la mort de cette personne.

Mais ce principe reçoit une application particulière quand il y a incertitude sur la vie ou la
mort de cette personne.

2.3. Le cas de l’absence et de la disparition de la personne


2.3.1. Le cas de l’absence de la personne

L’absence est le mystère qui entoure le sort d’une personne dont nul n’a plus de nouvelle
depuis un temps plus ou moins long : on se demande si elle est encore en vie ?

C’est en trois (3) phases que le non présent pourra être déclaré mort.

2.3.1.1. La présomption d’absence

Pour qu’une personne soit présumé absent, il faut un délai d’un an depuis ses dernières
nouvelles (depuis l’envoi d’une lettre ou depuis qu’elle a été vue par une autre personne).

En ce moment, cette inquiétude sera officialisée par une requête adressée au TGI du dernier
domicile de cette personne.

A partir de la requête, le juge va organiser la protection de son patrimoine. C’est ainsi qu’il
va nommer un administrateur pour gérer les biens de cette personne. Il peut s’agir d’un
proche de cette personne ou une personne désignée par la personne qui s’absente.

L’administrateur peut poser des actes conservatoires et de pure administration (réparer les
maisons ou les mettre en location par exemple). Pour ce faire, il doit établir un inventaire
des biens qu’il dépose au greffe du TGI.

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Une enquête par le biais du parquet est diligentée après la désignation de l’administrateur
(communiqués, visites domiciliaires,…).

Cette enquête dure un (1) an et en fonction des résultats, le juge prononce la présomption
d’absence ou pas.

A partir de deux (2) ans donc depuis la dernière nouvelle, la personne devient un présumé
absent.

2.3.1.2. La déclaration d’absence

Il faut attendre deux (2) ans depuis le jugement déclaratif de présomption d’absence, si le
manque de nouvelle ou la non présence se prolonge, pour saisir le juge.

Tout intéressé peut saisir le juge qui a prononcé la présomption d’absence en vue d’obtenir
une déclaration d’absence.

Les conséquences seront de deux (2) ordres :

- Au plan patrimonial, l’administrateur sera autorisé à poser des actes de disposition


uniquement à titre onéreux (vendre les biens de l’absent généralement en cas de
nécessité : présence de dettes, présence de faim,…).

Toute vente à l’amiable doit faire l’objet d’une estimation préalable du bien sur ordonnance
du juge.

- Au niveau personnel, si l’absent est marié, le conjoint sera autorisé à demander le


divorce. De même, les enfants peuvent être placés sous tutelle s’il n’y a pas de parent
survivant.

2.3.1.3. La déclaration du décès de l’absent

Pour la déclaration du décès, il faut attendre dix (10) ans depuis les dernières nouvelles
avant de saisir le TGI d’une demande de déclaration de décès. Une enquête complémentaire
est diligentée à l’issu de laquelle la personne peut être déclarée décédé.

Les conséquences sont aussi de deux (2) ordres :

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- Au plan patrimonial, le jugement met fin aux fonctions de l’administrateur qui doit
rendre compte de sa gestion et la succession s’ouvre.
- Au plan personnel, le jugement est transcrit sur les différents registres civils du
dernier domicile de l’absent et vaut acte de décès.

2.3.1.4. La réapparition de l’absent

Si l’absent réapparait :

- Avant le jugement déclaratif de décès :


 Au plan patrimonial, il reprend les biens dans l’état où ils se trouvent. C’est à
lui que l’administrateur rend compte de sa gestion et les actes de disposition
régulièrement accomplis lui sont opposables.
 Au plan personnel, le remariage du conjoint lui est opposable. Par contre, la
tutelle des enfants cesse.
- Après le jugement déclaratif de décès :
 Au plan patrimonial, il reprend les biens dans l’état où ils se trouvent.
 Au plan personnel, le remariage du conjoint lui est opposable et la tutelle des
enfants cesse.

Si l’autre parent est vivant, le juge saura statuer sur la garde des enfants.

Il appartiendra à l’absent de demander la rectification de son état en demandant


l’annulation du jugement déclaratif de décès.

2.3.2. Le cas de la disparition de la personne

La disparition est l’absence d’une personne, mais une absence qui s’est produite dans des
circonstances mettant la vie de l’individu en danger et dont le corps n’a pas été retrouvé.

Dans la mesure où l’absence s’est produite dans des circonstances particulières (naufrage
suite à une inondation, incendie, explosion d’un avion, tremblement de terre, etc.), on n’a
pas voulu donner à la disparition une procédure aussi longue. On recourt à une procédure de
déclaration de décès.

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La procédure est entamée par tout intéressé ou par le procureur du Faso et dans tout les
cas, il appartient au procureur du Faso de saisir le tribunal du lieu de disparition au Burkina
Faso, ou le tribunal de Ouagadougou si la disparition à lieu à l’étranger.

A la réception de la demande, le tribunal peut requérir une enquête sur les circonstances de
la disparition lorsqu’il estime que le décès n’est pas suffisamment établi.

Au vu des résultats éventuels de l’enquête, le tribunal déclare le décès ou non. Ce jugement


tient lieu d’acte de décès et produit les mêmes effets.

Concernant la date de décès, elle est fixée en tenant compte des présomptions tirées des
circonstances de la cause. A défaut de le faire, la date est fixée au jour de la disparition.

Le dispositif est transcrit sur les différents registres et particulièrement sur ceux du lieu réel
où est présumé le décès et à défaut sur ceux du dernier domicile du disparu.

N.B : Les conséquences liées au retour éventuel du disparu sont les mêmes que l’absence
après la déclaration du décès.

3. Commencement et fin de la personnalité juridique chez la personne morale


3.1. Commencent de la personnalité juridique chez la personne morale

Une personne morale est un groupement d’individus (État, association, syndicat, société) ou
une masse de biens (fondations) constituée en sujet de droit en vu d’atteindre un but
d’intérêts collectifs.

La personnalité juridique (ou morale) des associations déclarées commence à partir du jour
de la parution au journal officiel de la création de l’association.

Pour les sociétés, en l’occurrence les sociétés commerciales par leur forme, la personnalité
morale commence à partir de leur inscription au registre de commerce et du crédit mobilier
(RCCM).

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3.2. Fin de la personnalité juridique chez la personne morale

Les personnes morales perdent la personnalité morale à partir de leur dissolution (et non à
partir de leur liquidation).

4. Identification des personnes juridiques


4.1. Identification des personnes physiques

Dans la vie en société, chaque personne a une identité qui permet de la distinguer des
autres : son nom, son domicile ou sa nationalité. Nous ferons aussi un bref aperçu sur l’état
civil qui n’est pas sans importance.

4.1.1. Le nom

Le nom d’une personne physique est composé de deux éléments principaux : le nom
patronymique (ou nom de famille ou encore nom du père) et le ou les prénom(s) qui
permettent de distinguer une personne au sein de sa famille.

Le surnom et le pseudonyme viennent préciser le nom, mais ils ne doivent pas figurer sur les
actes de l’état civil (sur l’acte de naissance par exemple). Toutefois, le surnom peut figurer
sur les actes administratifs précédé du mot ‘’dit’’ (sur une pièce d’identité par exemple).

4.1.1.1. Acquisition du nom patronymique

Les enfants nés hors mariage ou dans le mariage ont des droits égaux. Ils obtiennent leur
nom patronymique de la manière suivante :

- L’enfant né dans le mariage porte le nom de son père ;


- L’enfant né hors mariage :
 Si les deux auteurs le reconnaissent, il portera le nom du père. Sinon, il
portera le nom de l’auteur qui l’a reconnu. Le plus souvent, c’est le nom de la
mère.
 Si la filiation a été établie en second lieu seulement, l’enfant portera le nom
du père. Mais au cas où l’enfant aura atteint quinze (15) ans, il doit consentir
à ce changement.
- L’enfant sous adoption peut prendre en plus (cas de l’adoption simple) ou à la place
(cas de l’adoption plénière) de son nom patronymique, le nom de l’adoptant.

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- L’enfant non reconnu ou abandonné reçoit son nom de l’officier de l’état civil (du
maire ou du préfet par exemple).

N.B : la femme mariée peut utiliser le nom patronymique de son mari en plus de son nom de
jeune fille et cela même après le divorce si elle trouve un intérêt à garder ce nom.

Exemple : Madame SANOU née COMPAORE DJENEBA

4.1.1.2. Acquisition du prénom

Le prénom est choisi par le père et/ou par la mère. Toute fois, ce choix du prénom doit tenir
compte des usages, des coutumes ou de la religion.

4.1.1.3. Acquisition du surnom et du pseudonyme

Le surnom est un nom imaginaire donné par les tiers à une personne en plus de son nom.

Exemple : KABORE Amadou dit le Chauve

Quant au pseudonyme, c’est un nom fantaisiste choisi par l’individu lui-même et qui
demande à ce que les autres individus l’appellent ainsi. Le pseudonyme est fréquent dans le
monde des affaires et de la littérature.

Exemple : NORBERT ZONGO se faisait appeler HENRY SEBEGO

4.1.1.4. Changement du nom ou du prénom

Le nom et le prénom peuvent subir un changement s’il est ridicule ou odieux ou s’il entraine
des conséquences graves pour l’intéressé.

Ce changement est accordé par les tribunaux et est publié au journal officiel.

4.1.2. Le domicile

Le domicile est l’endroit ou une personne est censée être toujours présente même si elle ne
s’y trouve pas parfois.

Le domicile présente l’avantage de situer la personne et de pouvoir effectuer un certain


nombre d’opérations à un lieu où elle est censée se trouver (pour les besoins de
significations ou de publicité légale par exemple).

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Toute personne a nécessairement un et un seul domicile qui peut résulter de la loi (domicile
légal) ou de son choix (domicile volontaire).

Exemple de domicile légal : les mineurs ont leur domicile chez leurs parents ou chez leur
tuteur. Quant aux fonctionnaires, ils ont leur domicile au lieu où ils exécutent leur fonction.

Mais par nécessité, une personne peut avoir en plus de son domicile légal un domicile élu ou
domicile commercial qui est le lieu ou il exploite sont activité commerciale.

Remarque : il ne faut pas confondre domicile et résidence qui est le lieu où une personne
habite réellement. Contrairement à la résidence, le domicile est fixe, permanent et
obligatoire comme le nom.

4.1.3. La nationalité

La nationalité est une qualité qui définie le rattachement d’une personne ou d’une chose à
un État.

4.1.3.1. La nationalité d’origine

Au Burkina Faso, la nationalité d’origine est obtenue de deux (2) manière :

- Par la filiation : l’enfant né d’un père et/ou d’une mère Burkinabé a la nationalité
Burkinabé ;
- Par la naissance de l’enfant sur le territoire Burkinabé (lors que l’enfant n’a pas une
autre nationalité).
4.1.3.2. Acquisition de la nationalité par autorisation

Dans certains cas, l’obtention de la nationalité Burkinabé passe par une demande ou une
autorisation accordée par l’État.

En effet, la nationalité Burkinabé peut être acquise :

- Par le mariage : si un Burkinabé se marie à une Française, cette dernière peut obtenir
la nationalité Burkinabé par sollicitation ;
- Par la naturalisation : le fait d’accorder la nationalité Burkinabé à un étranger qui la
sollicite ;
- Pour service rendu à la nation ;

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- Par l’adoption plénière ;
- Par la réintégration qui est le fait pour une personne qui avait perdu la nationalité
Burkinabé, de le recouvrer ;
- Etc.
4.1.3.3. La perte de la nationalité Burkinabé

Un individu peut perdre la nationalité Burkinabé de deux (2) manières :

- Par la répudiation : lorsque l’individu décide lui-même de rejeter la nationalité.


- Par la déchéance : lors que l’État retire la nationalité à un individu ayant commis une
faute d’une extrême gravité (un crime par exemple).
4.1.4. L’état civil

L’état civil est un service public chargé d’établir et de conserver les actes de l’état civil.

Ces différentes tâches sont dévolues aux officiers de l’état civil tels que les préfets, les
maires ou toute autre personne déléguée à cet effet.

Les principaux actes de l’état civil sont :

- L’acte de naissance
- L’acte de mariage
- L’acte de décès.

N.B : toute naissance survenue sur le territoire Burkinabé doit faire l’objet d’une déclaration
à l’officier de l’état civil du lieu de naissance dans les deux (2) mois qui suivent la naissance.

Dans ce cas, un extrait d’acte de naissance est délivré aux parents. Dans le cas contraire,
c’est un jugement supplétif d’acte de naissance qui leur sera remis.

4.1.5. La capacité des personnes physiques

La capacité est l’aptitude à pouvoir jouir et exercer des droits. Elle recouvre donc la capacité
de jouissance et la capacité d’exercice.

En principe, tout être humain est capable. Cependant, il arrive que certaines personnes
soient frappées d’incapacité du à leur âge, à leur état mental ou physique, ou à un état
pénal.

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4.1.5.1. L’incapacité tenant à l’âge : les mineurs

Le mineur en droit civil est un individu qui n’a pas atteint les 20 ans accomplis. Toute fois, il
importe de faire la différence entre le mineur non émancipé du mineur émancipé.

4.1.5.1.1. Le mineur non émancipé

Le mineur non émancipé a des droits et des obligations (il a donc la capacité de jouissance),
mais ne peut pas les exercer ou les accomplir lui-même (il n’a pas la capacité d’exercice).
Pour cela, il doit toujours se faire représenter soit par ses père et mère, soit par son tuteur
en ce qui concerne la gestion de ses biens.

Exemple : un enfant de six (6) ans peut être propriétaire d’un terrain qu’il a reçu en héritage,
mais il ne peut pas tout seul le vendre ni le louer.

Remarque : L'enfant, à tout âge, reste sous l'autorité de ses père et mère jusqu'à sa
majorité ou son émancipation.

L'autorité parentale a pour but d'assurer la sécurité de l'enfant, sa santé, son plein
épanouissement et sa moralité.

Elle comporte notamment les droits et devoirs :

- de garde, de direction, de surveillance, d'entretien et d'éducation ;


- de faire prendre à l'égard de l'enfant toute mesure d'assistance éducative ;
- de consentir à son mariage, à son adoption, à son émancipation dans les conditions
fixées par la loi ;
- de jouissance et d'administration légale des biens de l'enfant.

Dans tous les cas, l’enfant doit honneur et respect à ses père et mère et autres ascendants,
ainsi qu'à ses oncles, tantes, et frères et sœurs majeurs ou émancipés.

4.1.5.1.2. Le mineur émancipé

Le mineur émancipé est un individu âgé de moins de vingt (20) ans, mais qui est autorisé par
la loi à exercer des droits ou à accomplir des obligations comme une personne majeure.

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On est émancipé de trois (3) manières :

- Par le mariage : l’émancipation est définitivement acquise quelle que soit la suite du
mariage ;
- Par autorisation du juge à la demande des père et/ou mère, du tuteur, à condition
que l’enfant ait seize (16) ans accomplis et qu’il exerce un emploi lui permettant de
satisfaire ses besoins ;
- Par le conseil de famille à la demande du tuteur, d’un membre du conseil de famille
ou du mineur lui-même. Seulement, l’enfant doit avoir au moins dix huit (18) ans.

Remarque : le mineur émancipé échappe au droit de garde. Il peut avoir un domicile et un


travail. S’il a dix huit 18 ans, il peut faire le commerce.

4.1.5.2. L’incapacité tenant à l’état mental ou physique : les aliénés, les


faibles d’esprit et les prodigues
4.1.5.2.1. Les aliénés

Les aliénés sont des personnes majeures qui ne jouissent pas de toutes leurs facultés
mentales ou physiques dues à une maladie ou à l’âge.

Les aliénés sont le plus souvent traités comme des mineurs non émancipés. Pour cela, ils
doivent se faire représenter par un tuteur dans l’exercice de leur droit ou dans
l’accomplissement de leurs obligations.

L’interdiction ne prend fin qu’après une décision de main levée et prononcée par le juge.

N.B : les actes accomplis par un aliéné tout seul sont frappés d’une nullité de plein droit.

4.1.5.2.2. Les faibles d’esprit et les prodigues

Les faibles d’esprit sont des personnes qui n’ont pas pleine conscience de leurs actes due à
une ivrognerie habituelle ou à une déficience congénitale.

Les prodigues sont des individus qui se livrent à des dépenses déraisonnables.

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Ces différentes personnes peuvent passer toute seule leur contrat, mais pour certains
d’entre eux, elles ont besoin d’être conseillées ou contrôlées. On dit qu’elles ont besoin
d’être assistées (lors de l’achat d’une maison, lors de la signature d’un acte de mariage ou
lors d’un emprunt, par exemple).

4.1.5.3. L’incapacité tenant à l’état pénal : les incapables légaux

Ce sont des individus que la loi interdit de poser certains actes.

Exemple : la loi peut les interdire de faire le commerce ou d’héberger des mineurs.

Il s’agit généralement des individus qui ont subi une condamnation pénale pour crime ou
délit.

Remarque :

- La tutelle est une institution permettant de protéger par voie de représentation


certains mineurs (généralement ceux qui ont perdu les deux (2) parents) ainsi que les
majeurs dont les facultés mentales sont gravement altérées. Le tuteur aidé d’un
subrogé tuteur (choisis parmi les membres du conseil de famille) sont chargés
d’exercer leurs droits ou d’accomplir leurs obligations.
- La curatelle est une institution permettant de protéger par voie d’assistance certains
majeurs protégés par la loi en raison d’une déficience physique ou mentale (les
faibles d’esprit et les prodigues par exemple).

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Protection

Institution forme de protection Type de personnes protégées


protectrice

Tutelle Voie de représentation Mineurs (certains), aliénés

Curatelle Voie d’assistance Faibles d’esprit, prodigues

4.2. Identification des personnes morales (voir cours de commercial)

CHAPITRE II : LA CLASSIFICATION DES DROIT SUBJECTIFS


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Dans ce chapitre II, nous allons étudier les droits patrimoniaux (I) et les droits
extrapatrimoniaux (II), ensuite faire la distinction entre droits réels et droits personnels et
enfin voir les droits intellectuels (IV).

I. Les droits patrimoniaux


1. Notion de patrimoine
1.1. Définition du patrimoine

Selon le langage courant, le patrimoine est l’ensemble des biens, c’est-à-dire la richesse, la
fortune d’une personne. De ce fait, avoir un patrimoine, c’est être riche.

Selon le langage juridique, le patrimoine est l’ensemble des droits et obligations d’une
personne juridique (personne physique ou personne morale). Dans ce sens, avoir un
patrimoine n’est pas toujours signe de richesse du moment où le patrimoine d’un individu
peut être constitué en majorité de dettes.

Remarque : Le patrimoine est une universalité juridique car, il est indépendant des éléments
qui le composent et reste tel même si ces éléments se transforment ou sont modifiés.

1.2. Les caractères du patrimoine

Ce qui semble le plus caractériser le patrimoine, c’est :

- son unicité juridique c’est-à-dire que Le patrimoine est constitué d’un actif (les droits)
qui répond d’un passif (les obligations) qui lui reste inséparable.
- Sa dimension économique : Tous les éléments du patrimoine sont évaluables en
argent.

Remarque : Le patrimoine étant le prolongement de la personne sur le terrain des intérêts


matériels, quatre principes ont été dégagés :

- Seules les personnes peuvent avoir un patrimoine ;


- Toute personne a nécessairement un patrimoine (elle est appelée à avoir des droits
et des obligations) ;
- Le patrimoine reste lié à la personne aussi longtemps que dure la personnalité (il est
donc intransmissible entre vifs) ;

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- Une personne n’a qu’un patrimoine (même si la personne consacre certains de ses
biens à tel but, d’autres biens à tel autre but, elle n’aura pas pour cela plusieurs
patrimoines).

Les droits qui font partie du patrimoine sont appelés droits patrimoniaux contrairement aux
droits extrapatrimoniaux qui sont, quant à eux, hors du patrimoine.

1.3. Étude de droits patrimoniaux

Les droits patrimoniaux sont des droits évaluable en argent (les droits et les obligations du
patrimoine ont une valeur pécuniaire), cessibles à un nouveau titulaire, transmissibles aux
héritiers et aux légataires du titulaire, saisissables par ses créanciers et prescriptibles car on
peut les perdre avec l’écoulement du temps (soit par la prescription acquisitive, soit par la
prescription extinctive).

 La prescription est acquisitive lorsque l’écoulement du délai a pour effet de faire


acquérir un droit réel à celui qui en fait l’exerce.
 La prescription est extinctive lorsqu’elle fait perdre un droit réel ou un droit personnel
du fait de l’inaction prolongée du titulaire du droit.

Les droits patrimoniaux que nous allons étudier dans ce grand I sont les droits réels et les
droits personnels.

1.3.1. Les droits réels

Les droits réels sont des droits qui confèrent à son titulaire un pouvoir direct (jus in re) et
immédiat sur un bien matériel meuble ou immeuble.

Exemple : le propriétaire d’un immeuble l’habite, le vend ou le loue.

Autrement dit, les droits réels sont des droits qu’une personne a directement sur une chose.

Ils se subdivisent en droits réels principaux et en droits réels accessoires.

- Les droits réels principaux sont des droits qui ont leur utilité en eux-mêmes et qui
permettent l’utilisation des choses.

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Exemple : le droit de propriété (qui est le droit le plus complet que l’homme puisse exercer
sur une chose) et ses démembrements (les servitudes, l’usufruit, l’emphytéose).

- Les droits réels accessoires par contre sont des droits qui garantissent le
recouvrement d’une créance dont ils sont liés (ce sont des droits accessoires à la
créance). Ce sont en réalité des garanties (sûretés).
- Exemple : le gage, l’hypothèque, les privilèges, etc.
1.3.2. Les droits personnels

Les droits personnels encore appelés droits de créance sont des droits qu’a une personne,
appelée créancier, d’exiger une certaine prestation d’une autre personne, le débiteur.

Exemple : le droit pour le bailleur de recevoir un loyer pour la chose louée.

II. Les droits extrapatrimoniaux

Les droits extrapatrimoniaux sont des droits qui sont attachés à la personne et qui n’ont pas
de valeur pécuniaire (Le droit de se faire reconnaître comme l’enfant d’une personne, par
exemple.). Ils sont aussi incessibles, intransmissibles, insaisissables et imprescriptibles.

Les droits extrapatrimoniaux sont notamment les droits de la personnalité, les droits de la
famille, les droits politiques et les droits à caractère économique.

1. Les droits de la personnalité

Les droits de la personnalité sont des droits inhérents à la personne elle-même et qui la
protègent aussi bien au point de vue physique qu’au point de vue moral.

Exemple : le droit à l’inviolabilité du domicile, le droit à la vie et à l’intégrité corporelle, le


droit à l’honneur et à l’image, le droit à la liberté, le droit à la nationalité, le droit à la
protection de la vie privé, etc.

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2. Les droits de la famille

Les droits de la famille sont des droits relatifs à la famille, à l’enfance.

Exemple : les droits des époux, les droits attachés à la filiation, le droit au nom, à l’héritage,
etc.

3. Les droits politiques

Les droits politiques sont des droits exercés dans le cadre de la vie civique et politique.

Exemple : le droit de vote, le droit d’éligibilité aux assemblées politiques, etc.

4. Les droits à caractère économique

Les droits à caractère économique sont des droits exercés dans le cadre de la vie
économique et sociale.

Exemple : le droit au travail, la liberté du commerce et de l’industrie, etc.

III. La distinction droits réels-droits personnels

Trois (3) différences importantes peuvent être relevées :

- Le droit réel est absolu c’est-à-dire que tout individu est tenu de laisser le titulaire du
droit réel exercer son pouvoir sur la chose. Toute fois, pour être opposable parfois
aux tiers, l’acte constitutif ou l’acte translatif du droit doit être publié (lors de la
vente d’un fonds de commerce, par exemple).
Alors que le droit personnel est relatif car, c’est seulement sur le débiteur que le
créancier peut exiger la prestation, objet du droit.
- Le droit réel comporte le droit de suite c’est-à-dire que le titulaire d’un droit réel
peut revendiquer la chose qui lui appartient entre les mains de n’importe quel
détenteur (par exemple, si une personne non habilitée vend ma maison à A qui le
revend à B, je suis autorisé à saisir la maison entre les mains de B).
Par contre le droit personnel n’emporte pas de droit de suite (Par exemple, si je vous
promets la vente de mon vélo et je le vends à une autre personne, vous ne pouvez

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réclamer l’exécution de l’obligation à l’acquéreur nouveau propriétaire ; moi seul en
suit tenu.).
- Le droit réel emporte droit de préférence c’est-à-dire qu’en cas de conflit entre le
titulaire d’un droit réel et d’un droit personnel, à propos d’un bien, le premier qui a
un droit absolu est préféré au second (par exemple, si un associé a fait apport d’un
bien à titre de jouissance, en cas de faillite de la société, les créanciers sociaux ne
pourront pas saisir le bien qui n’appartient pas à leur débiteur qui est la société).

IV. Les droits intellectuels

Nés de la pratique moderne, les droits intellectuels sont des droits appréciables en argent.

Les droits intellectuels ne sont pas exercés contre un débiteur (comme c’est le cas des droits
de créance), mais consistent plutôt en un monopole d’exploitation d’une pensée, d’une
œuvre intellectuelle, d’un nom, d’une clientèle. C’est pourquoi ils sont appelés souvent
propriété (propriété littéraire et artistique, propriété industrielle, propriété commerciale,
etc.).

Aussi, nous constatons que les droits intellectuels ne portent pas sur une chose matérielle
(comme c’est le cas des droits réels), mais bien sur le fruit d’un travail qui est un élément
immatériel.

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CHAPITRE III : LES CONTRATS

Les contrats constituent les actes de la vie juridique les plus importants et les plus fréquents.
En effet, des contrats de vente, d’achat, de location, de prêt, d’emprunt, de transport, de
mariage,… sont passés quotidiennement.

Nous étudierons d’abord dans ce chapitre, la notion de contrat (I), ensuite les conditions de
formation des contrats (II) et enfin les effets de la validité des contrats (III).

I. La notion de contrat
1. Définition du contrat

Un contrat est un accord de volonté de deux (2) ou plusieurs personnes en vu de faire naître
des droits et des obligations.

Les personnes qui concluent un contrat sont appelées parties ou cocontractants.

Remarque : Dans un contrat, on rencontre généralement un ou des créancier(s) et un ou des


débiteur(s).

- Le créancier est celui auquel on doit une obligation ;


- Le débiteur est celui qui doit une obligation.

2. Typologie des contrats

Quatre (4) critères de classification peuvent être retenus.

2.1. La classification selon la règlementation

Nous avons les contrats nommés et les contrats innomés.

- Le contrat nommé est un contrat qui a un nom et qui a été règlementé de façon
spécifique par la loi (vente, louage, assurance, transport,..).
- Le contrat innomé est un contrat qui ne fait l’objet d’aucun régime légal spécifique
(contrat d’hôtellerie ou de déménagement par exemple), quoiqu’il finisse par
recevoir de la pratique une dénomination propre.

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2.2. La classification selon le mode de formation

On a entre autres, les contrats consensuels et les contrats non consensuels.

- Un contrat consensuel est un contrat qui est formé avec le consentement réel des
parties (la vente, le mariage par exemple).
- Un contrat non consensuel est celui qui est formé sans le consentement (véritable)
d’une des parties au contrat (le contrat de transport par exemple).

2.3. La classification d’après le contenu ou l’objet du contrat

On distingue les contrats synallagmatiques des contrats unilatéraux, les contrats à titre
onéreux des contrats à titre gratuit, les contrats commutatifs des contrats aléatoires, etc.

- Les contrats synallagmatiques sont ceux dans lesquels chaque partie à une obligation
envers l’autre (Dans un contrat de travail par exemple, le travailleur doit accomplir le
travail et son employeur doit lui verser son salaire.). par contre, dans les contrats
unilatéraux, seule une partie s’oblige envers l’autre (exemple, le contrat de donation,
la promesse de vente).
- Lorsque la prestation de chaque partie est connue à l’avance au jour de la conclusion
du contrat, on dit que ce contrat est commutatif (chaque partie sait exactement ce
qu’elle fournit et ce qu’elle reçoit). Au cas contraire, il est aléatoire (exemple : Dans
un contrat de vente d’immeuble avec paiement d’une rente viagère. Le nombre
d’annuité que l’acheteur doit verser dépend du temps que vivra le vendeur.).
- Dans les contrats onéreux chaque partie recherche un avantage. Cet avantage est
généralement pécuniaire. Tandis que les contrats à titre gratuit ou de bienfaisance
sont des actes par lesquels une personne s’oblige ou dispose d’un droit avec une
intention généreuse (exemple : le transport bénévole, le mandat gratuit).

2.4. La classification selon le mode d’exécution des contrats

Nous avons les contrats instantané où les prestations sont exécutées une seule fois (cas
d’achat d’un stylo par exemple) et les contrats successifs dont l’exécution des prestations se
fait de façon répétée (exemple, le contrat de travail, le contrat de location).

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II. Les conditions de formation

Pour qu’un contrat soit valablement formé, il faut :

- Que toutes les parties donnent leur consentement à la conclusion du contrat ;


- Que ces parties soient capables de contracter ;
- Qu’il y ait un objet certain et une cause licite de l’obligation.
1. Le consentement

Le consentement est la volonté exprimée dans un contrat.

De façon pratique, il est formé d’une offre et d’une acceptation.

- L’offre est la proposition faite de s’engager. Elle peut se manifester par un geste, une
annonce, une exposition de marchandise (offre tacite), etc. Toute fois, l’offre pour
être valable doit être précise, ferme et non équivoque.
- L’acceptation est la manifestation de volonté par laquelle une personne accepte
l’offre qui lui a été faite. Elle peut être expresse (un écrit, un geste, un clin d’œil) ou
tacite (à travers le comportement de la personne).

Le consentement d’une des parties à un contrat ne doit pas être entaché de vices de
consentement tels que l’erreur, le dol, la violence et dans certains cas, la lésion.

1.1. L’erreur

Il y a erreur lorsqu’une partie a donné son consentement parce qu’elle s’est trompée.

Certaines erreur entraînent la nullité des contrats, tandis que d’autres ne le sont pas.

1.1.1. Les erreurs entraînant la nullité des contrats

Nous avons entre autres :

- L’erreur sur la qualité substantielle et déterminante de la chose.

Exemple : je crois acheter une bague en or alors qu’on me vend une bague en bronze.

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- L’erreur sur la personne du cocontractant dans le cadre d’un contrat conclu ‘’intuitu
personae’’ c’est-à-dire en considération des qualités de la personne. Cette erreur
peut être physique ou civil.

Exemple : j’ais conclu un contrat de travail ou de société avec X croyant que c’était avec Y.

Toute fois, pour qu’il y ait erreur sur la personne, il faut que la considération de cette
personne ait été la cause principale de la convention.

1.1.2. Les erreurs n’entraînant pas la nullité des contrats

C’est le cas par exemple :

- De l’erreur sur la valeur de la chose : le contrat n’encourt pas une nullité lorsque
l’acheteur dit qu’il s’était trompé sur le prix de la chose.
- L’erreur sur la qualité non substantielle de la chose (On n’a pas précisé ou exprimé
exactement ce qu’on veut acheter.).
- L’erreur sur la personne du cocontractant lorsque le contrat n’a pas été conclu en
considération des qualités de la personne.

1.2. Le dol

Le dol est une tromperie ou des manœuvres organisées en vu de forcer le consentement


d’une personne.

Exemple : Le fait de faire savoir à un acheteur que la voiture que l’on lui vend est neuve alors
qu’elle est vieille.

Toute fois, ces manœuvres doivent être tel que si elles n’avaient pas existées l’autre partie
n’aurait pas donné son consentement.

Le dol peut aussi être une réticence c’est-à-dire le fait de garder le silence sur un point
important du contrat (le fait de refuser de dire la vérité à un acheteur sur l’état du bien au
moment de l’achat, par exemple).

N.B : Le dol doit provenir d’une partie au contrat pour entraîner l’annulation de celui-ci.

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1.3. La violence

Le contrat est nul s’il a été conclu par une partie sous l’empire d’une crainte causée par la
violence.

Cette violence physique ou morale peut être exercée directement sur le cocontractant ou
sur un de ses proches (son époux ou épouse, ses parents, etc.).

Seulement pour que la violence soit une cause de nullité du contrat, il faut qu’elle soit
illégitime (injuste), considérable (suffisamment grave) et présente (les menaces doivent être
réelles et actuelles).

1.4. La lésion

Il y a lésion lorsque le contrat dès sa conclusion est désavantageux pour une partie.
Autrement dit, la lésion est la différence, la disproportion entre la prestation fournie et la
prestation reçue.

La lésion n’est un vice de consentement que dans certains cas :

- Pour l’incapable mineur ou majeur lorsque celui-ci a conclu un contrat tout seul ;
- En cas de vente d’un immeuble lorsque le vendeur obtient un prix inférieur au 5/12
du prix réel de l’immeuble. On dit que le vendeur a été lésé de plus de 7/12 ;
- En cas de partage lorsqu’un cohéritier a obtenu moins de ¾ de l’héritage à partager
et qui lui revient de droit ;
- En cas de vente d’engrais et de semences lorsque l’acheteur a été lésé de plus du ¼.

2. La capacité

Pour conclure valablement un contrat, il faut :

- Être juridiquement capable (avoir 20 ans accomplis en matières commerciale ou


civile) ou être un mineur émancipé (L’individu n’a pas encore atteint l’âge de la
majorité mais la loi lui permet d’agir comme s’il était majeur.).
- Jouir de ses facultés mentales ou physiques (ne pas être un aliéné, par exemple).
- Ne pas être sous le coup d’une incompatibilité ou d’une interdiction légale.

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3. L’objet et la cause de l’obligation
3.1. L’objet du contrat

L’objet du contrat est la prestation à exécuter par l’une des parties au contrat.

Il s’agit ici de répondre à la question : Sur quoi porte le contrat ?

Exemple : L’objet de la vente d’un immeuble est la vente de l’immeuble.

Néanmoins, pour être valable, l’objet doit être déterminé ou déterminable au moment de la
conclusion du contrat et être licite.

Exemple : Madame Sanfoulamor s’est engagée auprès de monsieur Jemenfou à commettre


un crime. La commission du meurtre qui est l’objet du contrat est contraire à la loi, donc
illicite.

3.2. La cause de l’obligation

La cause de l’obligation est le ou les mobile(s) ou motif(s) qui a/ont amené chaque partie à
contracter.

Il s’agit ici de répondre à la question : Pour quoi faire ?

Exemple : Henri veut de l’argent pour s’acheter une moto.

La cause de l’obligation ne doit pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.

Exemple : Henri veut de l’argent pour financer la production de la cocaïne ou le terrorisme


(La cause de l’obligation qui est le financement de la production de la cocaïne ou le
financement du terrorisme est contraire à la loi.).

Remarque : L’absence d’une des conditions de formation et de validité des contrats entraîne
la nullité de ceux-ci.

Un contrat nul est sensé n’avoir jamais existé. Pour cela, les parties seront remises dans
l’état ou elles étaient avant la passation de l’acte.

On distingue généralement deux (2) types de nullité : La nullité relative et la nullité absolue.

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- La nullité relative

La nullité relative est celle qui tend à protéger l’intérêt particulier de certaines personnes
telles que les incapables, les victimes d’un vice de consentement ou de lésion.

Seule la personne que la loi désire protéger (ou son représentant) peut intenter une action
en nullité relative.

Le délai de prescription de cette action est de dix (10) ans à compter de la passation de l’acte
ou de la découverte du vice.

- La nullité absolue

La nullité absolue cherche à protéger l’intérêt général et sanctionne une atteinte à l’ordre
public et aux bonnes mœurs ou une irrégularité du contrat : absence de consentement,
absence de cause ou d’objet, etc.

La nullité absolue est invoquée par tout intéressé.

Le délai de prescription de l’action en nullité absolue est de trente (30) ans à compter de la
passation de l’acte.

III. Les effets de la validité des contrats


1. Les effets obligatoire et relatif des contrats
1.1. L’effet obligatoire du contrat

Un contrat valablement formé engage les parties qui l’ont conclu et, s’impose au juge qui ne
doit pas le modifier même s’il estime que le contrat considéré par les parties comme valable
lui semble injuste (sauf par exemple dans le cas du délai de grâce accordé au débiteur
malheureux lorsque celui-ci est humainement au bout de sa capacité de paiement ou dans le
cas de l’usage de son pouvoir d’interprétation de la volonté des parties quand celle-ci n’est
pas claire et précise).

En effet, l’engagement à un contrat n’est pas obligatoire. Mais une fois engagées, les parties
à un contrat sont tenues de respecter leurs engagements (article 1134 du code civil). Ce qui
signifie que le contrat ne peut être révoqué ou modifié par un seul des contractants.

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1.2. L’effet relatif des contrats

La relativité du contrat s’entend par le fait que ce qui a été convenu entre les parties dans un
contrat ne peut avoir des effets à l’égard des tiers, ni même les profiter.

Cependant, ce principe n’est pas sans exceptions.

2. Les exceptions au principe de la relativité du contrat

Les exceptions concernent les représentés, les ayants-cause et la stipulation pour autrui.

2.1. Les représentés

Lors qu’un acte a été passé au nom et pour le compte d’autrui, les effets du contrat se
produisent chez la personne représentée et non chez le représentant.

2.2. Les ayants-cause

Les ayants-cause sont des personnes distinctes des parties au contrat, mais que celui-ci (le
contrat) profite ou nuit comme aux parties elles-mêmes.

Exemple : Les héritiers deviennent créanciers ou débiteurs des contrats passés par le défunt
car, ils succèdent aux droits et obligations nés des contrats auxquels leur auteur avait été
partie.

2.3. La stipulation pour autrui

Un contrat peut faire naître des droits au profit d’un tiers qui est ni un ayant-cause, ni un
représenté.

Exemple : Dans le contrat de l’assurance vie, le bénéficiaire de l’assurance n’est pas celui qui
l’a contractée.

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Lexique des termes juridiques

Approbation : procédure d’engagement de l’État impliquant une formalité postérieure à la


signature et pouvant nécessiter une autorisation parlementaire. L’approbation n’émane pas
du président mais du gouvernement (en pratique du ministre des affaires étrangères).

Code : Ensemble de lois ordonnées regroupant les matières qui font partie d’une même
branche du droit ou compilations réunissant dans un même texte les dispositions touchant à
un ordre de matière déterminé.

Contravention : infraction la moins grave après les crimes et délits, sanctionnée de peines
contraventionnelles (Exemple : l’amende).

Décision contentieuse : décision qui tranche un litige.

Décision gracieuse : décision prise par le juge en l’absence de litige.

Demande additionnelle : demande par laquelle le demandeur, en cours d’instance, formule


une prétention nouvelle, mais connexe à la demande initiale.

Demande incidente : toute demande qui n’ouvre pas l’instance, mais intervient au cours du
procès déjà engagé. Elle peut émaner du demandeur (demande additionnelle) ou du
défendeur (demande reconventionnelle) ; elle peut aussi provenir d’un tiers (intervention
volontaire) ou être dirigée contre lui (intervention forcée).

Demande reconventionnelle : demande formée par le défendeur qui, non content de


présenter des moyens de défense, attaque à son tour et soumet au tribunal un chef de
demande.

Expédition (de jugement) : copie de jugement détenu en minute au greffe, délivrée par le
greffier en chef et assortie de la formule exécutoire.

Plénipotentiaire : personne habilitée, en vertu des pleins pouvoirs dont elle est munie, à
représenter un gouvernement dans une négociation ou pour l’accomplissement d’une
mission.

Ratification de traité : approbation d’un traité par les organes internes compétents pour
engager internationalement l’État (le plus souvent c’est le chef de l’État).

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Bibliographie :

Code des personnes et de la famille (1990), Imprimerie nouvelle du centre, Ouagadougou,


Burkina Faso

Constitution burkinabè du 2 juin 1991

Dictionnaire du vocabulaire juridique (2016), édition ‘’Export’’, Normandie, France

François B. et Jean-Luc C. (1999), Droit BTS tertiaires 1 ère et 2ème années, édition Nathan,
France

François T. (2000), Introduction générale au droit, 5ème édition, Dalloz, Paris, France

Sites web :

La juridiction : l’organisation judiciaire. https://cours.unjf.fr, consulté le 04 janvier 2022

Les caractères de la règle de droit. https://www.maxicours.com, consulté le 04 janvier 2022

Les caractéristiques de la règle de droit.https://droitpourtouslawforaill.blogspot.com,


consulté le 05 janvier 2022

La coutume internationale et les principes généraux du droit.


https://www.planetedroit.com, consulté le 05 janvier 2022

Coutume.https://fr.wikipedia.org, consulté le 04 janvier 2022

Droit international publique – en quoi cela consiste-t-il ? https://www.justifit.fr, consulté le


05 janvier 2022

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