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Institut National de Statistique

et d’Economie Appliquée

Professeur Abdelilah ELMOUTAOUAKIL

Principes de droit

Année universitaire
2020-2021

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Introduction :

Etudier le droit c’est d’abord étudier son contexte, sa plateforme, ses


dimensions et son terreau. Une panoplie d’éléments qui en disent long sur les
différents démembrements de cette sphère et les différentes manifestations
qui s’y attachent.
De ce fait la maitrise du jargon s’impose comme préalable à toute
implication académique. Des termes aussi bien polysémiques qu’extensifs nous
interpellent dès les définitions préliminaires et les introductions basiques.

I La notion de Droit

C’est en bonne logique, la première question à résoudre : quelle est la


justification, la raison d’être du droit, c’est-à-dire du droit effectivement
applicable à un moment donné et en un lieu donné ?
La règle juridique est en réalité éminemment variable et fluctuante et bon
nombre de précisions et de distinctions seront nécessaires pour rendre compte
de cette diversité.

1 La définition de la règle de droit.


Le terme droit revêt deux significations :
D’une part, le droit est l’ensemble des règles qui régissent la conduite de
l’homme en société, les apports sociaux, ou de façon plus complète, l’ensemble
des règles imposées aux membres d’une société pour que leurs rapports
sociaux échappent à l’arbitraire et à la violence des individus et soient
conformes à l’éthique dominante (Droit objectif). Et d’autre part, la faculté de
faire un acte, d’user ou de disposer d’une chose ou d’exiger quelque chose de
quelqu’un (droit subjectif).
La première définition correspond au Droit objectif révèle que le droit ne
se conçoit pas sans société. Le droit est en effet un phénomène social, toute

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société ayant besoin d’une organisation, de règles. Les règles juridiques
nécessaires à cette organisation peuvent être des interdictions (de stationner,
de tuer…), des obligations (de réparer le dommage causé à autrui, d’entretenir
ses enfants…), de sanctions imposées (en cas de non-respect des obligations
précédentes).
Quant à la deuxième définition, elle représente des pouvoirs, des
prérogatives individuelles, ou tt simplement des droits, c’est-à-dire la
possibilité, la faculté pour les individus de faire, d’exiger ou d’interdire telle ou
telle chose (contracter, se marier…).
Ces deux définitions ne doivent pas être considérées comme opposées,
elles ne sont que deux façons de présenter un même phénomène : le Droit.
Ces règles indiquent ce qui doit être fait, les droits et devoirs qui
incombent aux citoyens d’une société donnée. Ces règles, ou bien découlent de
l’existence d’une source supérieure, extérieure, transcendante, comme le droit
naturel ou une charte religieuse, ou bien découlent de normes intrinsèques.
Dans ce second cas, les règles proviennent soit d’usages constatés et
acceptés (droit coutumier) ; soit édictées et consacrées par un organe officiel
chargé de régir l’organisation et le déroulement des relations sociales (droit
écrit).
Dès lors, la notion de droit désigne l’ensemble constitué par les règles
générales et impersonnelles ayant vocation à régir la vie d’une société. Son
étude passe alors par celle des règles qui le composent.

2 le droit et les autres règles d’organisation sociale.


Par le fait que son non respect est sanctionné par l’Etat, les règles de
droit se distinguent des règles issues principalement de la morale ou de la
religion. Mais le droit n’est pas le seul mode d’organisation de la vie en société
et les règles de droit doivent trouver leur place parmi les autres règles, morales
et religieuses, qui sont également générales et obligatoires pour ceux qui s’y
soumettent.

2-1 : droit et morale.


La morale, naguère redécouverte sous le nom de l’éthique, occupe une
place grandissante dans les préoccupations du législateur et des juges.

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On peut dire que le droit est dans sa grande partie est absorbé par la
morale. Le droit et la morale sont de même nature mais la morale a un
domaine plus large, le droit n’en constituant qu’une partie. Ainsi, toutes les
règles juridiques seraient aussi des règles morales mais non l’inverse.
Les deux corps de règles font l’objet de plusieurs distinctions classique
fondées sur leur nature : le droit, règle de comportement sociale, ne se
confond pas avec la morale, règle de conduite individuelle. Leurs finalités
s’opposent : la morale se propose d’assurer la perfection de l’individu ; le droit
vise avant tout à faire respecter un certain ordre collectif. De même, leurs
sanctions diffèrent : la morale n’est sanctionnée que par la conscience ; le
respect du droit relève de la mission des autorités publiques. Enfin, la morale
n’est constituée que de devoirs, alors que le droit se compose de devoirs et de
droits.

2-2 Droit et religion.


On trouve entre le droit et la religion les mêmes types de rapport
qu’entre le droit et la morale. De nombreuses règles juridiques sont inspirées
de règles religieuses. Ce phénomène d’identification peut spécialement
s’observer dans presque tous les pays musulmans. Par exemple au Maroc les
articles du code pénal sanctionnant la rupture du jeûne en public, l’adultère…
Cependant, plusieurs points de divergence existent entre la règle juridique et la
norme religieuse : le droit et la religion n’ont pas la même finalité, le droit se
préoccupe de la vie de la société alors que la religion vise le salut de la
personne dans l’au-delà. De même, alors que la religion prétend régir les
pensées au même titre que les actes, le droit en revanche ne s’intéresse qu’aux
comportements. Enfin, au niveau de la source de la norme, la religion reste la
source par excellence de la règle religieuse (Coran, Sunna…) alors que le droit
trouve dans la législation positive sa source principale.
A la frontière entre le droit et la religion, se trouvent des grandes
questions relatives par exemple au refus de certains actes comme
l’avortement, l’euthanasie qui renvoient, entre autre arguments à la
condamnation par la religion.

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2-3 Droit et justice.
Le rôle de la justice est de fournir un but vers lequel doit tendre la règle
juridique : le droit est l’art du bon et du juste. De fait, la plupart des règles de
droit ont pour fondement la justice. La notion de la justice est trop floue pour
pouvoir constituer autre chose qu’un idéal, qu’il appartient au droit de traduire
en règles techniques : elle est une fin, non un moyen.

3- les sources du droit.


Chaque système juridique développe une théorie des sources du droit
qui lui est propre. Ainsi, les pays romano-germanique font de la loi la source
principale de droit. Au contraire, le droit des pays de Common Law est
essentiellement jurisprudentiel.

3-1 la loi.
Le terme de loi a plusieurs significations. On oppose la loi au sens formel
et la loi au sens matériel. Au sens formel, la loi est toute règle de droit émanant
du parlement. Le sens matériel retient une conception plus large du terme de
loi : toute règle de droit écrite. Par exemple, tous les actes à portée générale du
pouvoir réglementaire ne sont pas des lois au sens formel, mais en sont au sens
matériel.
La loi, ou l’ordre juridique n’est pas un système de normes placées toutes
au même rang, mais un édifice à plusieurs étages superposés, une pyramide où
hiérarchie formée d’un certain nombre d’étages ou couches de normes
juridiques. L’utilité d’une telle hiérarchie est déterminante, dans la mesure où
une norme inférieure ne peut ni déroger à une norme supérieure, ni l’abroger.
Au sommet de la hiérarchie des lois, figure la Constitution de 2011 et les traités
et accords internationaux.
Au niveau inferieur que la Constitution, figurent les lois organiques
votées par le parlement. Elles ne peuvent intervenir que dans certaines matière
limitativement énumérées par la Constitution et obéissant à une procédure
d’adoption particulière.
Aux termes de la Constitution, une loi ne peut être contraire à la
Constitution. Une loi déclarée inconstitutionnelle ne pourra être promulguée. A

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l’inverse, si la loi a été déclarée constitutionnelle, sa constitutionnalité ne
pourra être remise en cause par les tribunaux.

3-2 les traités et les conventions internationaux.


Aux termes de la Constitution, les traités ou accords régulièrement
ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité sur la scène
juridique marocaine.
Traités, conventions, pactes internationaux sont des accords négociés et
conclut entre Etats souverains qui peuvent porter sur des règles applicables aux
rapports entre les états eux-mêmes. Ou aux rapports de droit privé de leurs
ressortissants.
L’Etat doit respecter les règles internationales en les exécutants et en ne
les contredisant pas par sa législation interne.

3-3 la coutume.
La coutume peut-être définie comme un usage ayant acquis un caractère
juridiquement obligatoire. Elle représente une pratique, un usage devenu une
règle de droit parce que la conscience populaire le considère comme
obligatoire.
La coutume nécessite l’existence d’un usage présentant plusieurs
caractères. Il doit s’agir d’un usage ancien, d’un usage constant qui a été suivi
sans discontinuité, et d’un usage général. Un acte isolé ne peut créer une règle
obligatoire. Celle-ci ne peut naître que de la répétition d’actes semblable dans
des circonstances identiques. La coutume doit être commune à tous ceux qui
relèvent d’une même catégorie, régionale ou professionnelle par exemple.
La coutume est dotée d’une force obligatoire qui lui est propre. Ainsi les
tribunaux n’hésitant pas à invoquer une règle coutumière pour motiver leurs
décisions.
Même si l’on admet qu’une coutume puisse naître, celle-ci n’en reste pas
moins une source de droit subordonnée à la loi.

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3-4 les règles religieuses
Les règles religieuses peuvent se définir comme l’ensemble des
dispositions qui émanent des sources divines. Le droit religieux constitue une
source importante du droit marocain. Son influence sur le droit à la fois objectif
et subjectif est flagrante. Plusieurs exemples peuvent être cités à cet égard
(droit de la famille). La règle religieuse constitue une source de droit contraint
le juge à y recourir chaque fois où il n y a pas de réponse dans la loi.
Le droit peut sanctionner un comportement qui a une base religieuse comme le
cas de la rupture du jeûne publiquement, ou l’exemple de l’interruption
volontaire de grossesse, les deux constituent des infractions pénales.

3-5 les principes de droit naturel et les règles de l’équité


Le postulat qui caractérise les idéalistes est qu’au dessus du droit qui
régit un pays donné à un moment donné existe un droit immuable et universel
(droit naturel), dont il doit s’inspirer. Le droit positif serait ainsi subordonné au
droit naturel auquel il ne pourrait contrevenir. C’est ainsi qu’un auteur professe
que le droit est plus ancien que la législation.
La notion des principes de droit naturel et les règles d’équité est
extrêmement difficile à cerner. Cette difficulté vient du caractère de ces
principes qui est protéiforme, dont le seul dénominateur commun est de
pouvoir comporter une série indéfinie d’application.
La diversité des sources principales de la règle juridique et le principe de
la hiérarchie des normes et enfin les différents degrés de généralité de ces
principes empêchent un recours constant et systématique à cette source ce qui
la place dans la catégorie des sources complémentaires de la loi.

3-6 la jurisprudence.
La jurisprudence est la science du droit, l’activité des jurisconsultes, les
solutions qu’ils ont dégagées dans l’exercice de leur activité.
D’une manière générale, la jurisprudence représente la personnification
de l’action des tribunaux. C’est-à-dire l’ensemble des décisions rendues par les
tribunaux envisagées du point de vue normatif. La question de l’appartenance
de la jurisprudence aux sources du droit a partagé les auteurs entre deux
opinions. Pour les uns, elle est une source de droit, pour les autres, elle est une

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simple autorité. Il semble que si la jurisprudence n’est pas une source de droit
équivalente à la loi, elle est une source de droit subordonnée à la loi ce qui ne
l’empêche pas de l’enrichir.
La jurisprudence peut enrichir la loi quand, elle oblige le législateur à
intervenir pour la briser. Les juridictions révèlent les imperfections de la loi,
invitant le législateur à opérer une réforme. A l’inverse, la loi peut bénéficier de
la jurisprudence en faisant sienne une solution jurisprudentielle pour combler
un vide législatif.
Cette influence de la jurisprudence sur la loi est renforcée par la
publication d’un recueil de la Cour de cassation qui relate les principales
décisions rendues.

3-7 la doctrine.
Elle est constituée par l’ensemble des travaux ou opinions des
théoriciens et des praticiens du droit. Leurs réflexions et commentaires sur des
textes ou des décisions descriptive ; elle a une fonction critique à l’égard des
règles, de leur interprétation et des concepts juridiques. Les juristes peuvent en
effet mettre en évidence les lacunes et imperfections du droit objectif et
proposer des solutions nouvelles ou des interprétations innovantes.
Cette influence est difficile à apprécier et justifie que la doctrine ne soit
pas considérée comme une source du droit, mais une autorité d’un auteur ne
s’imposant jamais. La doctrine n’est pas créatrice de normes juridiques, elle ne
lie pas le juge.
La doctrine n’est pas source directe de droit : l’opinion d’un auteur n’est
pas une règle de droit qui s’impose à tous. Mais la doctrine est une autorité,
une source de droit indirecte par son influence. Influence sur ceux qui
élaborent le droit, ne serait-ce que parce que la doctrine naît d’universitaires
qui forment les futurs juges, avocats, voire parlementaires. Influence, surtout,
sur les autres sources de droit.

4- les caractères de la règle de droit


La notion de droit désigne l’ensemble constitué par les règles générales
et impersonnelles ayant vocation à régir la vie d’une société.

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4-1 le caractère général et abstrait
Les règles juridiques sont les mêmes pour tous, le droit est impartial,
abstrait, égalitaire. Cela explique que les règles de droit soient formulées de
manière générale et impersonnelle (quiconque), (chacun…) ce caractère est
une garantie contre l’arbitraire. Le contenu de la règle est indépendant des
particuliers individuelles (condition sociale, professionnelle…). La loi doit être la
même pour tous. Le principe de l’impersonnalité est de ne pas prendre en
considération les spécificités de chaque individu.
Aux termes de l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen, la loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle
punisse.

4-2 le caractère obligatoire


Si toute règle est, en tant que telle, obligatoire, la règle de droit occupe à
cet égard une place à part en ce que l’obligation qu’elle impose est sanctionnée
par l’autorité publique. Le caractère obligatoire de la règle de droit se traduit
par l’existence d’une sanction, organisée par la société, qui se voit le plus
souvent reconnaître un pouvoir de contrainte. La sanction qui caractérise la
règle de droit peut frapper les personnes comme les actes. Par exemple
l’obligation de subir une peine ou de réparer un préjudice causé. Ou l’acte qui a
enfreint une règle de droit pourra être annulé.
La sanction est le monopole de l’autorité publique. C’est ce qu exprime
l’adage : « nul ne peut se faire justice lui-même ». Cette règle, nécessaire dans
une société organisée, traduit le triomphe de la justice publique sur la justice
privée.

II processus et application du droit


La science du droit a pour objet le phénomène juridique, dont le cœur
est la règle de droit, plus précisément son élaboration, son application et sa
connaissance.

1- L’élaboration de la règle de droit.


Il est un art de légiférer des lois. L’élaboration de la règle de droit passe
par des concepts et des catégories propres.

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1-1 l’adoption de la loi.
L’initiative de la loi appartient au gouvernement (projets de loi) ou aux
membres du parlement (proposition de loi). Ces projets ou propositions feront
l’objet d’une discussion et d’un examen. Les amendements, c’est-à-dire les
modifications apportées au texte d’origine, sont également mis aux voix.

1-2 la promulgation de la loi


Pour entrer en vigueur, une loi votée par le parlement doit être
promulguée par le Roi. La promulgation constitue l’acte par lequel il authentifie
l’existence et la régularité de la loi et par lequel il ordonne que la loi soit
exécutée.

1-3 La publication de la loi


Bien que rendue exécutoire par sa promulgation, une loi, comme tout
texte réglementaire, ne devient obligatoire qu’après sa publication au journal
officiel. Cette formalité est destinée à rendre le texte opposable. A partir du
moment où le texte est accessible à tous, plus personne ne peut alléguer de
son ignorance pour s’en voir écarter l’application. De même, à défaut de
publication, le texte ne peut pas s’appliquer.
Cette exigence de publication est commune à tous les textes, lois,
décrets ou traités régulièrement ratifiés.

2- L’abrogation de la loi.
La loi a vocation à durer indéfiniment. Mais elle peut cesser d’exister
prématurément par le jeu de l’abrogation. L’abrogation est la technique
normale qui met fin à l’application d’une loi ou d’un règlement qui cessera de
produire des effets pour l’avenir. Deux modes d’abrogation sont généralement
concevables :

2-1 les formes de l’abrogation


L’abrogation d’un texte peut être expresse ou tacite. L’abrogation
expresse est la plus simple puisque c’est celle qui figure en toutes lettres dans
un texte nouveau, qui peut prévoir ou non de nouvelles dispositions de
remplacement.

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L’abrogation est tacite quand un texte se trouve simplement contredit
par un nouveau. Elle peut être partielle puisque ne disparaîtront pour l’avenir
que les dispositions anciennes qui sont incompatibles avec les nouvelles.

2-2 les autorités compétentes dans l’abrogation.


Un texte ne peut être abrogé que par un autre occupant un degré au
moins égal dans la hiérarchie des normes. Ainsi, une Constitution peut être
abrogée par une autre Constitution ; une loi peut être abrogée par une autre
loi.
La procédure de l’abrogation permet également de répondre à la
question de la fin d’un texte par désuétude. Il s’agit de savoir si un texte peut
être abrogé par non-usage ou un usage contraire prolongé. En principe, une loi
ne cesse pas d’être applicable par le seul fait qu’elle n’est plus appliquée. Seul
le législateur peut défaire ce qu’il a fait. La désuétude ou l’établissement d’un
usage contraire n’entraînent pas l’abrogation de la loi qui demeure toujours
susceptible d’être invoquée et appliquée.

3- les divisions du Droit


Trois divisions principales forment le cadre général de la sphère
juridique : celle du droit public, du droit privé et du droit mixte.

3-1 les branches du droit privé


Le droit privé comporte principalement :
- le droit civil : il constitue le tronc du droit privé à partir duquel de
nombreuses branches du droit sont nées et ont pris leur autonomie. Il
désigne l’ensemble des règles applicables à la vie privée des individus
et à leurs rapports. (droit des personnes, des biens, de la
responsabilité, des contrats…). Il demeure encore le droit commun,
c’est-à-dire le droit qui s’applique chaque fois qu’il n’existe pas de
dispositions particulières pour régir une situation.
- Le droit commercial : il consiste le droit qui s’applique aux
commerçants et aux actes de commerce. Plusieurs droits dérivent du
droit commercial, dont ils se sont plus ou moins détachés : droit des
transports, droit de la concurrence…
- Le droit du travail : il régit les relations individuelles du travail, ainsi
que les relations collectives.

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3-2 les branches du droit public
Le droit public comprend les règles qui régissent les situations dans
lesquelles l’Etat est partie donc aussi bien les règles qui déterminent
l’organisation des pouvoirs publics que celles relatives à leurs rapports avec les
particuliers.
-le droit constitutionnel : il assure l’organisation politique de l’Etat et
englobe les règles relatives à l’organisation de l’Etat et au fonctionnement des
autorités qui détiennent le pouvoir (le Roi, les ministres, le parlement…)
-le droit administratif : constitue un prolongement du droit
constitutionnel en ce qu’il concerne l’organisation et le fonctionnement des
administrations publiques (Etat, régions…) et leurs rapports avec les
particuliers.
-le droit financier : il réunit les règles générales relatives au budget et à
l’impôt et les règles particulières applicables aux divers impôts directs et
indirects.
-le droit international public : régit les rapports interétatiques et les
organisations internationales.

3-3 les branches du droit mixte


La classification droit privé-droit public, n’élimine pas toute difficulté de
répartition et que de nombreuses discipline peuvent se réclamer de deux
catégories selon les proportions variables.
-le droit pénal : a pour but la défense de l’intérêt général de la société.
En sanctionnant les comportements constitutifs d’infractions, il garantie la
sauvegarde de certaines prérogatives individuelles (par exemple, en
sanctionnant le vol, il protège la propriété).
-le droit international privé : il régit les rapports entre particuliers
présentant un élément d’extranéité, un contact avec un droit étranger, comme
le mariage d’un marocain avec une française. Il traite aussi la condition des
étrangers et la nationalité.
-la procédure civile : elle régit l’organisation des juridictions judiciaires et
le fonctionnement du procès civil.

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4- L’application de la loi.

Le droit ne peut ignorer trois réalités : le temps, l’espace et les


personnes.

4-1 L’application du droit dans le temps


La matière juridique est régie par un principe d’une extrême concision
selon lequel la loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet rétroactif.
La règle est que la loi nouvelle ne peut s’appliquer à des faits antérieurs à son
entrée en vigueur. Le principe est consacré non seulement par la Constitution,
mais aussi par le code pénal.
La justification du principe se trouve dans le double souci d’assurer la
sécurité des individus et l’autorité de la loi. Aucun de ses objectifs ne serait en
effet atteint si l’individu pouvait avoir la mauvaise surprise de voir sa conduite
appréciée en fonction d’une règle différente de celle à laquelle il s’était
conformé.
Mais le principe de non-rétroactivité est assorti, s’agissant des situations
en cours, de plusieurs exceptions
-Les lois interprétatives viennent clarifier le sens d’une loi antérieure obscure.
Elles sont des lois qui ne prévoient pas de dispositions nouvelles, mais qui se
contentent d’interpréter les dispositions de la loi principale Ces lois entrent en
vigueur au jour de la loi qu’elles interprètent.
-les lois déclaratives : une loi déclarative se borne à dire que telle règle qu’elle
édicte existe depuis telle date, antérieure. Elle reconnaît l’existence d’une règle
juridique déjà existante. Elle rétroagit donc nécessairement.
-la loi temporaire : la loi temporaire est une loi dont la durée d’application est
préalablement fixée par la loi. Cette loi ne peut être appliquée qu’aux
situations nées au courant de cette durée. Celles dont la naissance a eu lieu
postérieurement à cette date ne sont pas concernées par ses dispositions.
-La rétroactivité expressément prévue par la loi : la loi peut stipuler,
expressément, qu’une loi sera appliquée rétroactivement.

4-2 l’application de la loi dans l’espace.

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Le juge peut être amené à résoudre non seulement des conflits de loi
dans le temps, mais aussi dans l’espace.
La question est de déterminer quelle sera la loi applicable aux conflits
entre personnes privées dans lesquels existe un facteur d’extranéité, c’est-à-
dire un élément faisant entrer la situation considérée en contact avec un droit
étranger. Ainsi, quelle sera, par exemple, la loi qui régira un contrat passé au
Maroc par des français et des anglais pour l’implantation d’une entreprise en
Espagne ? Quelle loi s’appliquera-t-elle au divorce d’une marocaine et d’un
italien mariés au Sénégal et domiciliés en Suisse ?
Le problème de la compétence juridictionnelle est régi par plusieurs
principes dont celui de la territorialité, de la personnalité de la loi pénale, le
principe de la compétence réelle et le principe de la compétence universelle.
-Le système de la territorialité : pose que la loi est applicable à
l’ensemble des actes faits sur le sol du pays dont elle émane. Il ne s’intéresse
pas aux actes établis à l’étranger, même si la personne et de ses propres
ressortissants.
-le système de personnalité des lois : puisque les règles relatives à l’état
et à la capacité des personnes suivent ses citoyens partout, y compris lorsqu’ils
se trouvent en territoire étranger.

4-3 les sujets de droit.


Les personnes représentent les sujets de droit, c’est-à-dire les titulaires
des droits subjectifs.
-les personnes physiques : on appelle personne physique tout être
humain vivant, quel que soit son sexe, son apparence physique ou encore sa
religion, reconnu en tant que sujet de droit, et auquel est attribué des droits et
des devoirs.
En principe, l’individu peut jouir de tous ses droits, patrimoniaux ou
extrapatrimoniaux, et les exercer librement. Il est pleinement capable. La
capacité est l’aptitude d’une personne à être titulaire de droit (capacité de
jouissance) et à les exercer (capacité d’exercice). La capacité est la règle,
l’incapacité est l’exception. Toute personne est donc capable sauf les cas où la
loi a prévu expressément une incapacité.

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Tous les êtres humains ont la personnalité juridique. Mais seuls les êtres
humains ont cette personnalité. (les animaux sont des choses objets de droit et
non des sujets de droit).
La personnalité juridique est déterminée par des données biologiques :
tout individu qui naît vivant et viable a la personnalité juridique, et la
personnalité dure de la naissance jusqu’au décès. Deux cas particuliers
entraînent cependant une incertitude sur l’existence de la personnalité
juridique : l’absence et la disparition de l’individu.
-les personnes morales : la personnalité morale consiste à attribuer à des
groupements de personnes ou de biens la personnalité juridique. Elle leur
permet de posséder des biens et de les administrer, d’accomplir tous les actes
de la vie juridique, indépendamment de l’action de leurs membres.
On distingue traditionnellement des personnes morales de droit public
(l’Etat, régions, communes…), et les personnes morales de droit privé (sociétés,
associations, syndicats professionnels…).
Contrairement aux personnes physiques, l’apparition et la disparition des
personnes morales n’obéissent pas à des phénomènes naturels. Elles
nécessitent l’accomplissement d’actes volontaires et de formalités.
La disparition d’une personne morale peut être due à plusieurs raisons :
la volonté des associés eux-mêmes, une décision judiciaire, la volonté de l’Etat,
ou l’arrivée de son terme s’il a été fixé.
Les personnes morales jouissent des mêmes droits que les personnes
physiques et peuvent être responsables civilement et pénalement.

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