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et d’Economie Appliquée
Principes de droit
Année universitaire
2020-2021
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Introduction :
I La notion de Droit
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société ayant besoin d’une organisation, de règles. Les règles juridiques
nécessaires à cette organisation peuvent être des interdictions (de stationner,
de tuer…), des obligations (de réparer le dommage causé à autrui, d’entretenir
ses enfants…), de sanctions imposées (en cas de non-respect des obligations
précédentes).
Quant à la deuxième définition, elle représente des pouvoirs, des
prérogatives individuelles, ou tt simplement des droits, c’est-à-dire la
possibilité, la faculté pour les individus de faire, d’exiger ou d’interdire telle ou
telle chose (contracter, se marier…).
Ces deux définitions ne doivent pas être considérées comme opposées,
elles ne sont que deux façons de présenter un même phénomène : le Droit.
Ces règles indiquent ce qui doit être fait, les droits et devoirs qui
incombent aux citoyens d’une société donnée. Ces règles, ou bien découlent de
l’existence d’une source supérieure, extérieure, transcendante, comme le droit
naturel ou une charte religieuse, ou bien découlent de normes intrinsèques.
Dans ce second cas, les règles proviennent soit d’usages constatés et
acceptés (droit coutumier) ; soit édictées et consacrées par un organe officiel
chargé de régir l’organisation et le déroulement des relations sociales (droit
écrit).
Dès lors, la notion de droit désigne l’ensemble constitué par les règles
générales et impersonnelles ayant vocation à régir la vie d’une société. Son
étude passe alors par celle des règles qui le composent.
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On peut dire que le droit est dans sa grande partie est absorbé par la
morale. Le droit et la morale sont de même nature mais la morale a un
domaine plus large, le droit n’en constituant qu’une partie. Ainsi, toutes les
règles juridiques seraient aussi des règles morales mais non l’inverse.
Les deux corps de règles font l’objet de plusieurs distinctions classique
fondées sur leur nature : le droit, règle de comportement sociale, ne se
confond pas avec la morale, règle de conduite individuelle. Leurs finalités
s’opposent : la morale se propose d’assurer la perfection de l’individu ; le droit
vise avant tout à faire respecter un certain ordre collectif. De même, leurs
sanctions diffèrent : la morale n’est sanctionnée que par la conscience ; le
respect du droit relève de la mission des autorités publiques. Enfin, la morale
n’est constituée que de devoirs, alors que le droit se compose de devoirs et de
droits.
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2-3 Droit et justice.
Le rôle de la justice est de fournir un but vers lequel doit tendre la règle
juridique : le droit est l’art du bon et du juste. De fait, la plupart des règles de
droit ont pour fondement la justice. La notion de la justice est trop floue pour
pouvoir constituer autre chose qu’un idéal, qu’il appartient au droit de traduire
en règles techniques : elle est une fin, non un moyen.
3-1 la loi.
Le terme de loi a plusieurs significations. On oppose la loi au sens formel
et la loi au sens matériel. Au sens formel, la loi est toute règle de droit émanant
du parlement. Le sens matériel retient une conception plus large du terme de
loi : toute règle de droit écrite. Par exemple, tous les actes à portée générale du
pouvoir réglementaire ne sont pas des lois au sens formel, mais en sont au sens
matériel.
La loi, ou l’ordre juridique n’est pas un système de normes placées toutes
au même rang, mais un édifice à plusieurs étages superposés, une pyramide où
hiérarchie formée d’un certain nombre d’étages ou couches de normes
juridiques. L’utilité d’une telle hiérarchie est déterminante, dans la mesure où
une norme inférieure ne peut ni déroger à une norme supérieure, ni l’abroger.
Au sommet de la hiérarchie des lois, figure la Constitution de 2011 et les traités
et accords internationaux.
Au niveau inferieur que la Constitution, figurent les lois organiques
votées par le parlement. Elles ne peuvent intervenir que dans certaines matière
limitativement énumérées par la Constitution et obéissant à une procédure
d’adoption particulière.
Aux termes de la Constitution, une loi ne peut être contraire à la
Constitution. Une loi déclarée inconstitutionnelle ne pourra être promulguée. A
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l’inverse, si la loi a été déclarée constitutionnelle, sa constitutionnalité ne
pourra être remise en cause par les tribunaux.
3-3 la coutume.
La coutume peut-être définie comme un usage ayant acquis un caractère
juridiquement obligatoire. Elle représente une pratique, un usage devenu une
règle de droit parce que la conscience populaire le considère comme
obligatoire.
La coutume nécessite l’existence d’un usage présentant plusieurs
caractères. Il doit s’agir d’un usage ancien, d’un usage constant qui a été suivi
sans discontinuité, et d’un usage général. Un acte isolé ne peut créer une règle
obligatoire. Celle-ci ne peut naître que de la répétition d’actes semblable dans
des circonstances identiques. La coutume doit être commune à tous ceux qui
relèvent d’une même catégorie, régionale ou professionnelle par exemple.
La coutume est dotée d’une force obligatoire qui lui est propre. Ainsi les
tribunaux n’hésitant pas à invoquer une règle coutumière pour motiver leurs
décisions.
Même si l’on admet qu’une coutume puisse naître, celle-ci n’en reste pas
moins une source de droit subordonnée à la loi.
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3-4 les règles religieuses
Les règles religieuses peuvent se définir comme l’ensemble des
dispositions qui émanent des sources divines. Le droit religieux constitue une
source importante du droit marocain. Son influence sur le droit à la fois objectif
et subjectif est flagrante. Plusieurs exemples peuvent être cités à cet égard
(droit de la famille). La règle religieuse constitue une source de droit contraint
le juge à y recourir chaque fois où il n y a pas de réponse dans la loi.
Le droit peut sanctionner un comportement qui a une base religieuse comme le
cas de la rupture du jeûne publiquement, ou l’exemple de l’interruption
volontaire de grossesse, les deux constituent des infractions pénales.
3-6 la jurisprudence.
La jurisprudence est la science du droit, l’activité des jurisconsultes, les
solutions qu’ils ont dégagées dans l’exercice de leur activité.
D’une manière générale, la jurisprudence représente la personnification
de l’action des tribunaux. C’est-à-dire l’ensemble des décisions rendues par les
tribunaux envisagées du point de vue normatif. La question de l’appartenance
de la jurisprudence aux sources du droit a partagé les auteurs entre deux
opinions. Pour les uns, elle est une source de droit, pour les autres, elle est une
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simple autorité. Il semble que si la jurisprudence n’est pas une source de droit
équivalente à la loi, elle est une source de droit subordonnée à la loi ce qui ne
l’empêche pas de l’enrichir.
La jurisprudence peut enrichir la loi quand, elle oblige le législateur à
intervenir pour la briser. Les juridictions révèlent les imperfections de la loi,
invitant le législateur à opérer une réforme. A l’inverse, la loi peut bénéficier de
la jurisprudence en faisant sienne une solution jurisprudentielle pour combler
un vide législatif.
Cette influence de la jurisprudence sur la loi est renforcée par la
publication d’un recueil de la Cour de cassation qui relate les principales
décisions rendues.
3-7 la doctrine.
Elle est constituée par l’ensemble des travaux ou opinions des
théoriciens et des praticiens du droit. Leurs réflexions et commentaires sur des
textes ou des décisions descriptive ; elle a une fonction critique à l’égard des
règles, de leur interprétation et des concepts juridiques. Les juristes peuvent en
effet mettre en évidence les lacunes et imperfections du droit objectif et
proposer des solutions nouvelles ou des interprétations innovantes.
Cette influence est difficile à apprécier et justifie que la doctrine ne soit
pas considérée comme une source du droit, mais une autorité d’un auteur ne
s’imposant jamais. La doctrine n’est pas créatrice de normes juridiques, elle ne
lie pas le juge.
La doctrine n’est pas source directe de droit : l’opinion d’un auteur n’est
pas une règle de droit qui s’impose à tous. Mais la doctrine est une autorité,
une source de droit indirecte par son influence. Influence sur ceux qui
élaborent le droit, ne serait-ce que parce que la doctrine naît d’universitaires
qui forment les futurs juges, avocats, voire parlementaires. Influence, surtout,
sur les autres sources de droit.
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4-1 le caractère général et abstrait
Les règles juridiques sont les mêmes pour tous, le droit est impartial,
abstrait, égalitaire. Cela explique que les règles de droit soient formulées de
manière générale et impersonnelle (quiconque), (chacun…) ce caractère est
une garantie contre l’arbitraire. Le contenu de la règle est indépendant des
particuliers individuelles (condition sociale, professionnelle…). La loi doit être la
même pour tous. Le principe de l’impersonnalité est de ne pas prendre en
considération les spécificités de chaque individu.
Aux termes de l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du
citoyen, la loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle
punisse.
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1-1 l’adoption de la loi.
L’initiative de la loi appartient au gouvernement (projets de loi) ou aux
membres du parlement (proposition de loi). Ces projets ou propositions feront
l’objet d’une discussion et d’un examen. Les amendements, c’est-à-dire les
modifications apportées au texte d’origine, sont également mis aux voix.
2- L’abrogation de la loi.
La loi a vocation à durer indéfiniment. Mais elle peut cesser d’exister
prématurément par le jeu de l’abrogation. L’abrogation est la technique
normale qui met fin à l’application d’une loi ou d’un règlement qui cessera de
produire des effets pour l’avenir. Deux modes d’abrogation sont généralement
concevables :
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L’abrogation est tacite quand un texte se trouve simplement contredit
par un nouveau. Elle peut être partielle puisque ne disparaîtront pour l’avenir
que les dispositions anciennes qui sont incompatibles avec les nouvelles.
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3-2 les branches du droit public
Le droit public comprend les règles qui régissent les situations dans
lesquelles l’Etat est partie donc aussi bien les règles qui déterminent
l’organisation des pouvoirs publics que celles relatives à leurs rapports avec les
particuliers.
-le droit constitutionnel : il assure l’organisation politique de l’Etat et
englobe les règles relatives à l’organisation de l’Etat et au fonctionnement des
autorités qui détiennent le pouvoir (le Roi, les ministres, le parlement…)
-le droit administratif : constitue un prolongement du droit
constitutionnel en ce qu’il concerne l’organisation et le fonctionnement des
administrations publiques (Etat, régions…) et leurs rapports avec les
particuliers.
-le droit financier : il réunit les règles générales relatives au budget et à
l’impôt et les règles particulières applicables aux divers impôts directs et
indirects.
-le droit international public : régit les rapports interétatiques et les
organisations internationales.
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4- L’application de la loi.
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Le juge peut être amené à résoudre non seulement des conflits de loi
dans le temps, mais aussi dans l’espace.
La question est de déterminer quelle sera la loi applicable aux conflits
entre personnes privées dans lesquels existe un facteur d’extranéité, c’est-à-
dire un élément faisant entrer la situation considérée en contact avec un droit
étranger. Ainsi, quelle sera, par exemple, la loi qui régira un contrat passé au
Maroc par des français et des anglais pour l’implantation d’une entreprise en
Espagne ? Quelle loi s’appliquera-t-elle au divorce d’une marocaine et d’un
italien mariés au Sénégal et domiciliés en Suisse ?
Le problème de la compétence juridictionnelle est régi par plusieurs
principes dont celui de la territorialité, de la personnalité de la loi pénale, le
principe de la compétence réelle et le principe de la compétence universelle.
-Le système de la territorialité : pose que la loi est applicable à
l’ensemble des actes faits sur le sol du pays dont elle émane. Il ne s’intéresse
pas aux actes établis à l’étranger, même si la personne et de ses propres
ressortissants.
-le système de personnalité des lois : puisque les règles relatives à l’état
et à la capacité des personnes suivent ses citoyens partout, y compris lorsqu’ils
se trouvent en territoire étranger.
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Tous les êtres humains ont la personnalité juridique. Mais seuls les êtres
humains ont cette personnalité. (les animaux sont des choses objets de droit et
non des sujets de droit).
La personnalité juridique est déterminée par des données biologiques :
tout individu qui naît vivant et viable a la personnalité juridique, et la
personnalité dure de la naissance jusqu’au décès. Deux cas particuliers
entraînent cependant une incertitude sur l’existence de la personnalité
juridique : l’absence et la disparition de l’individu.
-les personnes morales : la personnalité morale consiste à attribuer à des
groupements de personnes ou de biens la personnalité juridique. Elle leur
permet de posséder des biens et de les administrer, d’accomplir tous les actes
de la vie juridique, indépendamment de l’action de leurs membres.
On distingue traditionnellement des personnes morales de droit public
(l’Etat, régions, communes…), et les personnes morales de droit privé (sociétés,
associations, syndicats professionnels…).
Contrairement aux personnes physiques, l’apparition et la disparition des
personnes morales n’obéissent pas à des phénomènes naturels. Elles
nécessitent l’accomplissement d’actes volontaires et de formalités.
La disparition d’une personne morale peut être due à plusieurs raisons :
la volonté des associés eux-mêmes, une décision judiciaire, la volonté de l’Etat,
ou l’arrivée de son terme s’il a été fixé.
Les personnes morales jouissent des mêmes droits que les personnes
physiques et peuvent être responsables civilement et pénalement.
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