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COURS DE DROIT CAMEROUNAIS
L’action est ouverte à tous ceux qui ont un intérêt légitime au succès ou au
rejet d’une prétention, sous réserve des cas dans lesquels la loi attribue le
droit d’agir aux seules personnes qu’elle qualifie pour élever ou combattre
une prétention, ou pour défendre un intérêt déterminé ». Pour
exercer une action en justice, il faut donc pouvoir invoquer un intérêt et
une qualité pour agir.
1. – L’intérêt à agir
L’intérêt est le fondement de l’action. Il ne suffit pas, en effet, d’être titulaire
d’un droit pour agir. Il faut justifier d’un intérêt. Seul celui qui a
un avantage à voir sa prétention reconnue en Justice peut exercer une action
: « Pas d’intérêt, pas d’action ». L’intérêt doit remplir quatre conditions.
– L’intérêt doit être direct. Cela signifie que l’intérêt doit découler
directement du succès de l’action judiciaire. Il doit être lié au droit dont il
est demandé reconnaissance au juge.
– L’intérêt doit être légitime (?). Cette expression n’est pas exempte
d’ambiguïté. Pendant longtemps, cette condition a permis à la jurisprudence
d’écarter le plaideur ne pouvant invoquer « un intérêt
légitime juridiquement protégé ». Cette idée était finalement
proche de celle qui affirme « nul ne peut se prévaloir de sa propre
turpitude ». On sait cependant que cette condition particulière a été abandonnée
par la jurisprudence depuis un arrêt de la Chambre mixte du 27 février
1970. L’expression utilisée par l’article 31 du NCPC indiquant
que l’action est ouverte, en principe, « à tous ceux qui
ont un intérêt légitime au succès d’une prétention » doit être entendue
comme exprimant, d’un mot, les autres caractères exigés (F. Terré).
– L’intérêt doit être personnel au demandeur. C’est le ministère public qui
est chargé de représenter les intérêts de la société. Il faut donc pouvoir
justifier d’un intérêt personnel au succès de la prétention invoquée :
à chacun de défendre ses intérêts. Cependant, dans certains cas,
la loi reconnaît à certains groupements la faculté d’exercer l’action en
réparation d’un préjudice qu’ils n’ont pas subi personnellement
et qu’aucun des membres n’a subi personnellement. Ainsi, un syndicat
professionnel représente les intérêts de la profession. Il peut ester en justice
pour exercer les droits visant à obtenir réparation de l’atteinte à l’intérêt
collectif de la profession qu’il représente. Les ordres professionnels, comme
celui des avocats ou des médecins, peuvent également agir pour
défendre les intérêts de la profession qu’ils représentent. La jurisprudence
apprécie de façon assez restrictive cette notion d’intérêt collectif car elle a
le souci ne pas laisser ces groupements se substituer au ministère public.
Pourtant ce droit à agir est particulièrement nécessaire lorsque le ministère
public ne se montre pas très dynamique. Les associations doivent être
habilitées par le législateur par une disposition spéciale pour intervenir pour la
défense des intérêts qu’elles représentent. Les associations de consommateurs,
spécialement habilitées parle législateur, sont particulièrement actives dans
la défense des intérêts qu’elles sont chargées de représenter.
– L’intérêt doit être né et actuel. Cette exigence signifie qu’aucune action
n’est accordée pour faire réparer un préjudice éventuel, hypothétique. On
ne peut faire respecter un droit dont on n’est pas sûr qu’il a été violé. On
ne sait pas encore si le préjudice existe. Cela signifie pas pour autant qu’il soit
nécessaire que le préjudice soit précisément déterminé, il suffit qu’il puisse être
déterminable. Un préjudice futur peut être certain, si l’on est
sûr qu’il se réalisera, mais
qu’on ne connaît pas précisément la date de cette réalisation.
2. – Une qualité pour agir
La qualité est la seconde condition d’ordre général à laquelle est soumise
l’existence de l’action en justice. La qualité, c’est « le titre qui permet au
plaideur d’exiger du juge qu’il statue sur le fond du litige ». En principe,
toute personne a qualité pour agir. La condition de la qualité n’intervient
donc que dans le cas où le législateur a fait un choix parmi tous ceux pouvant
avoir un intérêt et a réservé le droit à agir à quelques-uns. En matière de
nullité, la loi réserve le droit à agir à quelques- uns, il en est de même de
l’action en désaveu de paternité (père) ou encore de l’action en divorce
(époux). On peut multiplier les exemples. La nature particulière du
droit conduit la loi à restreindre parmi toutes les personnes
ayant un intérêt à agir celles qui seront investies du droit d’action. On
dit que ces actions sont « attitrées », c’est-à-dire que
les titulaires de l’action sont spécialement désignés.
b) Le jugement
– Après avoir précisé la notion de jugement nous en étudierons la force.
1 – Notion de jugement
– Au sens large, le mot « jugement » désigne toute décision judiciaire.
C’est la décision rendue par une juridiction spécialement organisée pour
trancher, en observant une procédure minutieusement réglementée, les
contestations que les plaideurs lui soumettent.
– Dès lors, il faut constater que les décisions émanant d’une
juridiction ne sont pas toutes des jugements. Il convient de distinguer les jugemen
ts contentieux, les actes d’administration et les
décisions gracieuses. Seuls les jugements contentieux sont de véritables
actes juridictionnels.
– Les actes d’administration judiciaires sont destinés à assurer le
bon fonctionnement du service de la justice.
Ainsi, la décision qui consiste à distribuer les affaires entre les différentes
chambres de la juridiction ou à fixer une date d’audience est un acte de pure
administration judiciaire.
– Les décisions gracieuses se caractérisent par le fait qu’elles ne tranchent
pas un litige. Il s’agit, par exemple, d’ordonner des mesures de protection
pour certaines personnes,
d’homologuer un partage de succession, d’ordonner la rectification d’un acte
de l’état civil, etc…
2 – Force du jugement
– Quand le litige a été définitivement tranchée, il va acquérir une force
particulièrement importante. Le jugement va acquérir l’autorité de la chose
jugée. Cela signifie que ce qui a été définitivement jugé ne peut plus être remis en
cause. Il convient de circonscrire le domaine de l’autorité de la chose jugée
avant d’en examiner les conditions.
a) Le domaine de l’autorité de la chose jugée
– L’autorité de la chose jugée ne s’attache qu’aux décisions définitives.
Une
décision définitive est celle à propos de laquelle le juge ne peut pas interv
enir. Une décision est définitive