Vous êtes sur la page 1sur 7

CONCLUSIONS EN REPLIQUE

Pour : Monsieur koffi Syndic de la Société SIBA


Défendeur ……………………………………………………. Me …………...

Contre : La SCI MYRA


Demanderesse ………………………………………………. SCPA ………..

PLAISE AU TRIBUNAL

-------------------------------------------------------------------------------------------------------

Attendu qu’à l’audience du 15 Mars 2022, la SCI MYRA a communiqué à la barre, des
écritures dans lesquelles, elle réitère son moyen tiré de la prescription de la créance de la
société SIBA SA, société en liquidation.

Mais qu’il aisé de constater que la SCI MYRA tente désespérément de s’accrocher à cet
atome d’espoir pour échapper à une obligation qui pourtant lui incombe.

Qu’ainsi, contrairement à ce que prétend la demanderesse, la créance de la société SIBA SA


n’est pas prescrite et son recouvrement est devenu vital pour la masse des créanciers de la
liquidation.

Que l’argumentaire qui va suivre tranchera définitivement la question de la prescription.

DISCUSSION

Attendu que dans ses écritures en date du 14 Mars 2022, la SCI MYRA explique que, peu
importe la facture qui est recouvrée, la créance de la société SIBA serait prescrite.

Que la prescription de cette créance aurait commencé à courir depuis l’année 2015.

1
Mais attendu qu’avant de discuter ce moyen, il sied d’attirer l’attention de la Juridiction de
céans sur un fait.

Qu’en effet, dans l’acte d’opposition de la SCI MYRA, elle a plaidé l’incertitude de la
créance de la Société SIBA, et comme par magie, elle se rappelle que la créance est certaine,
mais le point de départ du délai de prescription de ladite créance ce serait en 2015.

Que cette tergiversation montre à quel point la SCI MYRA est prête à tout pour se soustraire
de ses obligations envers la Société SIBA.

REVENONS AU DROIT.

Attendu que la liquidation SIBA représentée par le Syndic plaide que la créance de la
SIBASA n’est pas prescrite.

Que le Syndic entend fonder sa plaidoirie sur trois moyens :

 L’interruption de la prescription par la reconnaissance de dette


 L’interruption de la prescription par la sommation de payer
 L’interruption de la prescription par la requête aux fins d’injonction de payer

1- DE L’INTERRUPTION DE LA PRESCRIPTION PAR LA


RECONNAISSANCE DE DETTE

Attendu que contrairement à ce que prétend la SCI MYRA, la créance de la société SIBA
n’est pas prescrite.

Qu’en effet, si aux termes de l’article 16 de l’acte Uniforme sur le droit commercial général
« les obligations nées à l’occasion de leur commerce entre commerçants, ou entre
Commerçants et non-commerçants, se prescrivent par cinq ans si elles ne sont pas
soumises à des prescriptions plus courtes » il faudra noter que l’article 23 du même acte
uniforme prévoit que la reconnaissance de dette est une cause d’interruption du délai de
prescription.

Que la question de la reconnaissance de dette est longtemps restée un mystère, car si pour
certains, elle devait être un acte authentique et contenir certaine mention mentions, pour
d’autres, certaines attitudes du débiteur peuvent être analysées comme une reconnaissance de
dette.

Mais que par arrêt N° 115/2018 du 31 Mai 2018, la CCJA a tranché la question en expliquant
que les créances ne sont pas prescrites dès lors que la prescription a été interrompue par
différents actes posés par le débiteur reconnaissant les droits du créancier, des fournisseurs et
prestataires. Telle est la substance d'un arrêt de la Cour commune de justice et d'arbitrage
(CCJA), rendu le 31 mai 2018.

2
Que dans ladite décision, la juridiction présidentielle du Tribunal de commerce d'Abidjan a
enjoint à une société de payer à une autre une certaine somme d'argent. Sur opposition de la
société débitrice, le tribunal de commerce a condamné cette dernière à payer à la société
créancière cette même somme. Sur appel de la société débitrice, la cour d'appel d'Abidjan a
rendu un arrêt confirmatif contre lequel un pourvoi a été formé.

Pour juger que la créance n'était pas prescrite, la cour d'appel avait retenu que différents actes
avaient interrompu la prescription, en reconnaissant les droits du créancier (notamment des
chèques démontrant que la société débitrice avait reconnu les droits de la société créancière en
réglant ses factures).

Sous l'énoncé du principe susvisé, la Haute juridiction affirme que c'est à bon droit que la
cour d'appel a statué en ce sens. Il importe de relever qu'il n'a pas paru utile au législateur de
préciser si cette reconnaissance doit être expresse pour interrompre la prescription. (Pièce déjà
citée)

Attendu qu’en l’espèce, par courrier en date du 28 Juillet 2016 la SCI MYRA avait donné
ordre à la BGFI BANK pour un virement de la somme 50 873 772 FCFA sur les comptes de
la SIBA SA.

Qu’en objet, La SCI MYRA a écrit « Demande de virement de fonds (Rubrique : Gros
œuvre 5 villas type A et 1 immeuble Type B, travaux de réalisation d’un ensemble
immobilier Angré 7ème Tranche Lot 5). ».

Que la Juridiction de céans remarquera que c’est le même objet qui apparaît sur les factures
N° 2016, 00001/NKM du 29 Juin 2016 et N° 2017 du 10 Janvier 2017 ;

Pièce 1 : courrier du 28/07/2016 et factures N° 2016, 00001/NKM du 29 Juin 2016 et N°


2017 du 10 Janvier 2017 ;

Que même si les virements n’ont jamais été faits, cette correspondance du 28 Juillet 2016
montre clairement une reconnaissance de dette de la part de la SCI MYRA.

Qu’ainsi, peu importe que le délai de prescription ait commencé à courir en 2015 comme le
soutient la SCI MYRA ou le 29 Juin 2016, date de la première facture, le courrier du 28
Juillet 2016 valant reconnaissance de dette a interrompu la prescription.

Un nouveau délai de prescription a donc recommencé à courir le 29 Juillet 2016 pour finir le
30 Juillet 2021.

Qu’ensuite par chèque ECOBANK N°5….5 en date du 17 Novembre 2016, la société Myra a
effectué un paiement de 10 000 000 FCFA.

Que par ce chèque, et conformément à l’arrêt N° 115/2018 du 31 Mai 2018 de la CCJA, la


SCI MYRA a reconnu la créance de la société SIBA.

3
Qu’en 2019, la CCJA a même reconnu que le paiement partiel d’une créance interrompt le
délai de prescription.

Que dans son arrêt N° 014/2019 DU 24 JANVIER 2019, la CCJA a admis que le paiement
partiel est considéré comme une reconnaissance de dette et de ce fait, interrompt la
prescription.

Pièce 2 : ARRÊT N° 014/2019 DU 24 JANVIER 2019

Qu’ainsi, le paiement effectué par chèque ECOBANK N°51……..45 en date du 17 Novembre


2016, a interrompu la prescription de la créance, de sorte que le nouveau point de départ
commence à courir du 18 Novembre 2016 au 19 Novembre 2021.

2 DE L’INTERRUPTION DE LA PRESCRIPTION PAR LA SOMMATION DE


PAYER

ATTENDU que dans ses conclusions en date du 14 Mars 2022, la SCI MYR a estimé que la
sommation interpellative n’interrompt pas les délais de prescription, au motif que cet acte
n’aurait pas été prévu à l’article 23 comme étant une cause d’interruption.

Que par acte en date du 07 Juillet 2021, la société SIBA a servi une sommation de payer à la
SCI MYRA.

Que ladite sommation a également interrompu les délais de prescription.

Que pour étayer ses propos, le concluant produit au dossier 25 avril 2014, 081/2014 rendu
par la CCJA.

Pièce 3 : 081/2014

Que la SCI MYRA prétend que la décision ayant été rendue sus le régime de l’acte uniforme
de 1998, elle ne serait pas applicable en l’espèce.

Mais attendu que cette décision est bel et bien transposable en l’espèce, car la sommation est
un exploit d’huissier qui permet d’enjoindre au débiteur d’une dette de payer.

Parce qu’en réalité après avoir réclamé amicalement des dettes, il est parfois nécessaire
d’envoyer une lettre de mise en demeure de payer. Cet acte est considéré plus agressif qu’une
lettre de relance. En effet, il dispose d’une valeur juridique. Sa réception signifie pour le
débiteur trois choses : rembourser, contester et négocier.

Qu’il est constant comme résultant de l’arrêt 115/2018 du 31 Mai 2018 de la CCJA, que
chaque fois que le débiteur, pose des actes, ou adopte un comportement dans lequel il est
possible de déceler une reconnaissance de de dette, la prescription de la créance est
interrompue à partir de cet acte ou agissement.

Que la SCI MYRA, a reçu et déchargé ladite sommation du 07 Juillet 2021 sans jamais
contester ni le montant, ni les paiements déjà effectués par elle.

4
Et comme des paiements avaient déjà été faits, il n’y aucun doute sur l’existence de la
créance, donc la sommation de payer et l’inaction, le manque de contestation de la SCI
MYRA, prouvent que la débitrice reconnait cette dette mais refuse délibérément de
s’exécuter.

Qu’en réalité, l’enjeu ici de la sommation était donc différent, elle a eu pour effet de rappeler
à la SCI MYRA, que la SIBA SA tenait toujours à recouvrer sa créance dont l’existence et
l’exigibilité ne sont pas à remettre en cause.

Ainsi, le fait pour la SCI MYRA de rester inactif face à cette relace par acte extrajudiciaire, le
fait de ne jamais contester ce montant, est une attitude qui, au regard de l’arrêt 115/2018 du
31 Mai 2018, est considérée comme une reconnaissance de dette.

Que cette attitude univoque montre une reconnaissance de dette de la part de la SCI MYRA.

Qu’ainsi à partir du 07 Juillet 2021, la prescription de la créance est interrompue et a


recommencé à courrier la 08 Juillet 2021 pour finir le 09 Juillet 2022.

Attendu que si par extraordinaire, la Juridiction de céans estime que la mise en demeure du 07
Juillet 2021 n’a pas interrompu la prescription de la créance, elle devra toute fois noter que la
créance n’est pas prescrite pour les raisons suivantes ;

3 L’INTERRUPTION DE LA PRESCRIPTION PAR LA REQUÊTE AUX FINS


D’INJONCTION DE PAYER

Attendu que si malgré toutes les explications données ci-avant, la mise en demeure du 07
Juillet 2021 est considérée comme n’ayant pas interrompu la prescription, il faudra noter que
le chèque ECOBANK avait déjà interrompu la prescription et a fixé l’échéance au 19
Novembre 2021.

Que l’article 23 de l’acte Uniforme portant droit commercial général fait de la demande en
justice une cause d’interruption de la prescription. Il en est de même lorsque la demande est
portée devant une juridiction incompétente ou lorsque l’acte de saisine de la juridiction est
annulé par l’effet d’un vice de la procédure.

Qu’à la lecture dudit article, il s’ensuit que le Législateur OHADA na pas entendu faire de
distinction entre les types de demandes en justice.

Qu’il y a donc lieu de se de demander ce qu’est une demande en justice.

Que la demande en justice est la demande par laquelle un plaideur prend l'initiative d'un
procès en soumettant au juge sa prétention.

Que le code de procédure civile commerciale et administrative en ses articles 32 et suivants


expliquent que la demande en justice peut être introduite par assignation, par requête ou par
comparution volontaire.

5
Qu’ainsi, une requête aux fins d’injonction de payer est une demande en justice donc
susceptible d’interrompre le délai de prescription.

Que l’interruption est acquise même si l’acte est annulé pour un vice de procédure.

Qu’en est-il en l’espèce ?

Attendu qu’en l’espèce, par requête en date du 28 Juillet 2021, la Société SIBA avait sollicité
et obtenu de la Présidente du Tribunal De Commerce une ordonnance d’injonction de payer.

Que cette ordonnance a été signifiée à la SCI MYRA le 05 Août 2021.


Pièce 4 : requête 28/07/21 et ordonnance + signification

Que même si par la suite, ladite ordonnance a été retractée, il n’en demeure pas moins que
conformément à l’article 23 sus cité, ladite requête du 28 Juillet 2021, dont l’ordonnance a été
signifiée le 05 Août 2021 a interrompu le délai de prescription qui courait jusqu’au 19
Novembre 2021.

Qu’il y a lieu de retenir que peu importe le vice qui a pu affecter la validité de l’ordonnance
obtenue et conduit à sa rétractation, une demande en justice a été introduite dans le but de
recouvrer la même créance que celle dont le recouvrement est encore sollicité, et
conformément à l’article 23 AUDCG, une telle demande interrompt le délai de prescription.

Que la requête aux fins d’injonction de payer présentée le 28 juillet 2021 a interrompu le délai
de prescription dans la cause sous rubrique, et l’a fait commencer le 29 Juillet 2021 pour se
terminer le 30 Juillet 2026

Attendu que monsieur koffi, en sa qualité de Syndic de la liquidation de la société SIBA SA, a
sollicité et obtenu du Président du Tribunal de Commerce une ordonnance d’injonction de
payer par requête introduite le 14 Janvier 2022.

Qu’ainsi la date de prescription de la créance étant prévue pour le 30 Juillet 2026, c’est à tort
que la SCI MYRA plaide la prescription de la créance de la société SIBA SA.

PAR CES MOTIFS

Et tous autres à déduire ultérieurement s’il y a lieu

 Dire ce que de droit quant à la recevabilité de l’opposition

AU FOND

 Dire que l’ordonnance a été obtenue dans le strict respect des dispositions de l’acte
uniforme sur les procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution.

6
 Condamner la société MYRA au paiement de la somme de 46 526 413 FCFA en principal,
outre les intérêts de droit.
 Condamner la société MYRA aux entiers dépens de l’instance.

SOUS TOUTES RESERVES


ET CE SERA JUSTICE

Abidjan, le 22 Mars 2022

Me ……….

Vous aimerez peut-être aussi