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Chapitre II : Le Jugement prononçant (déclarant) le règlement judiciaire ou

la faillite
Section I : Le contenu du jugement prononcé à l’encontre du débiteur

Le tribunal fixe la date de la cessation de paiements (I) et prononce soit la faillite (II)
soit le règlement judiciaire (III).

Sous –section I : la fixation de la date de cessation de paiement

Pour la fixation de la date de la cessation de paiements, le juge peut retenir celle fixée
par le débiteur dans sa déclaration de cessation de paiements ; Mais lorsque l’analyse
des documents comptables jointe à la déclaration de cessation de paiements révèle
que la date fixée par le débiteur dans sa déclaration n’est pas réelle (c’est-à-dire
lorsque la date de cessation est fixée frauduleusement), le juge procède à sa
modification.

Cependant, il convient de noter que, dans tous les cas, la date fixée après cette
modification ne peut être antérieure de plus de 18 mois au prononcé du jugement.
Exemple : si le jugement constant, le règlement judiciaire ou la faillite est prononcé
(rendu) le 21 Avril 2012, la date de cessation de paiements après sa modification par
le tribunal, ne doit pas être antérieure au 21 Octobre 2011, soit 18 mois avant le jour
du prononcé du jugement.

A signaler, par ailleurs, que conformément à l’article 233 du code de commerce,


aucune demande adressée au juge des parties, c’est-à-dire, le débiteur et les
créanciers tendant à faire fixer la date de cessation de paiements à une date autre que
celle qui résulte du jugement (celle fixée par le jugement) n’est acceptée après l’arrêté
définitif de l’état des créances (l’arrêté définitif des créances veut dire la
détermination des créances admises).

N.B : cas particuliers :

A. Le cas où la date de cessation de paiements n’est pas déterminée dans le


jugement : Selon l’article 222 alinéa 2, si le jugement ne détermine pas la date
cessation de paiement, celle-ci est réputée avoir lieu à la date du jugement qui la
constate.

Exemple : la date de cessation de paiements d’une société admise en règlement


judiciaire ou déclarée en faillite par un jugement rendu le 21 Avril 2012 est réputée
avoir lieu à la même date de ce jugement, c’est-à-dire le 21 Avril 2012.

B. la date de cessation de paiement du dirigent d’une personne morale :

L’article 224 du code de commerce prévoit que la date de cessation de


paiements du gérant, à l’origine de l’exploitation déficitaire qui a conduit à la cessation
de paiements de la personne morale, est celle fixée par le jugement prononçant le
règlement judicaire ou la faillite de ladite personne morale.

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Sous -section II : le prononcé du règlement judicaire

Le règlement judicaire est une faveur accordée au débiteur dans les cas
suivants :

1. lorsque le débiteur a fait sa déclaration de cessation de paiements dans les 15 jours


qui suivent la cessation effective des paiements et lorsqu’il satisfait à l’obligation de
joindre à sa déclaration les documents comptables (à propos de la liste de ces
documents, voir section I du chapitre I) ;

2. Lorsque le règlement judicaire est sollicité par les créanciers ;

3. Lorsque le débiteur est une société à capitaux publics (EPIC).

Sous- section III : Le prononcé de la faillite : ou la faillite inéluctable

Conformément à l’article 226 alinéa 2 du code de commerce, la faillite doit être


prononcée juste après l’examen des documents joints à la demande de cessation de
paiements et ce, dans les cas suivants :

1. lorsque le débiteur ne déclare pas sa cessation de paiements dans le délai de 15


jours suivant la cessation de paiement ;

2. lorsque le débiteur ne satisfait pas à l’obligation de joindre à la déclaration des


paiements les documents liés à la comptabilité (documents déjà cités à la section I
Chapitre I) et dans le cas où le débiteur ne justifie pas le fait de ne pas fournir l’un de
ces documents (articles 218) ;

3. Si le débiteur a exercé sa profession contrairement à une interdiction prévue par la


loi ;

4. S’il a soustrait sa comptabilité, détourné ou dissimulé une partie de son actif ou s’il
s’est frauduleusement reconnu débiteur de sommes qu’il ne devait pas ;

5. S’il n’a pas tenu une comptabilité conforme aux usages de sa profession, eu égard à
l’importance de l’entreprise.

Sous-section IV : la possibilité du prononcé de la faillite et du règlement judicaire à


l’encontre du dirigent d’une personne morale

Conformément à l’article 224 du code de commerce, et sans préjudice (en plus)


de la faillite et du règlement judiciaire qui peuvent être prononcés à l’égard de la
personne morale, la faillite et le règlement judicaire peuvent être prononcés à
l’encontre du dirigeant d’une personne morale qui a :

1. Sous le couvert de la personne morale masquant ses agissements, fait des actes de
commerce dans un intérêt personnel, ou dispose des biens sociaux comme des biens
qui lui sont propres ;

2. Ou poursuivi abusivement, dans son intérêt personnel, une exploitation déficitaire


qui ne pouvait conduire qu’à la cessation de paiement de la personne morale.

Remarque : la faillite ou le règlement judiciaire prononcé conformément à l’article 224


susmentionné, intervient en plus de la faillite ou du règlement judicaire prononcé à
l’égard de la personne morale.

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Section II : les effets du jugement prononçant le règlement judiciaire ou la
faillite

Parmi les effets du jugement prononçant le règlement judiciaire ou la faillite, on peut


retenir :

A : l’inopposabilité de certains actes du débiteur

Certains actes faits par le débiteur depuis la date de cessation de paiements sont
inopposables à la masse des créanciers, autrement dit, ils ne sont pas valables (légaux)
par conséquent, ils sont annulés. Il en est ainsi des actes prévus à l’article 247 du code
de commerce, à savoir :

1. Tous les actes à titre gratuit translatifs de propriété mobilière et immobilière ;

2. Tout contrat dans lequel les obligations du débiteur excédent notablement


(manifestement) celles de l’autre partie ;

3. Tout paiement quel qu’en ait été le mode, pour dettes non échues au jour de la
cessation de paiement ;

4. Tout paiement pour dettes échues, fait autrement qu’en espèces, effet de
commerce, virement ou tout autre mode normal de paiement

5. Toute hypothèse non conventionnelle ou judiciaire et tout droit de nantissement


constitué sur les biens du débiteur pour dettes antérieurement contractées.

N.B : selon l’article 247 alinéa 2 du code de commerce, le tribunal peut, en outre,
déclarer inopposables à la masse, les actes à titre gratuit visés ci-dessus, faits dans les
six (6) mois précédant la cessation de paiement.

N.B : il est à signaler que les actes mentionnés plus haut sont annulés et que ceux qui
en tirent profit sont tenus de restituer les montants perçus.

B. Le jugement qui prononce la faillite, emporte de plein droit, à partir de sa date,


dessaisissement pour le failli de l’administration et de la disposition de ses biens.

C. Le jugement qui prononce le règlement judicaire emporte, à partir de sa date,


assistance obligatoire du débiteur par le syndic.

D. Le jugement qui prononce le règlement judicaire ou la faillite emporte suspension


de toute poursuite individuelle des créanciers faisant partie de la masse, c’est-à-dire,
les créanciers ne peuvent pas réclamer leurs dettes à titre individuel. En un mot,
l’action tendant au recouvrement de la dette se fait dans un cadre collectif.

E. Le jugement qui prononce le règlement judiciaire ou la faillite rend exigible, à l’égard


du débiteur, les dettes non échues, c’est-à-dire le débiteur doit payer les dettes même
si le délai de leur paiement n’a pas expiré.

Annexe : dispositions pénales du code de commerce relatives à la faillite


Article 378 : « En cas de cessation de paiements d’une société, sont punis des
peines de la banqueroute simple les administrateurs, directeurs ou liquidateurs
d’une société par actions, les gérants ou liquidateurs d’une société à

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responsabilité limitée et d’une manière générale, tous mandataires sociaux qui
ont en cette qualité et de mauvaise foi :
1° Soit, consommé de fortes sommes appartenant à la société en faisant des
opérations de pur hasard ou des opérations fictives ;
2° Soit dans l’intention de retarder la constatation de la cessation de paiements,
fait des achats en vue d’une revente au dessous du cours ou, dans la même
intention, employé des moyens ruineux pour ce procuré des fonds ;
3° Soit après cessation de paiements de la société, payé ou fait payer un créancier
au préjudice de la masse ;
4° Soit fait contracter par la société, pour le compte d’autrui, sans qu’elle reçoive
de valeurs en échange, des engagements jugés trop considérables eu égard à sa
situation lorsqu’elle les a contractés ;
5° Soit tenu ou fait tenir irrégulièrement la comptabilité de la société ».
Article 379 : « En cas de cessation de paiements d’une société, sont punis des
peines de banqueroute frauduleuse, les administrateurs, directeurs ou liquidateur
d’une société par action, les gérants ou liquidateurs d’une société à responsabilité
limitée et d’une manière générale tous mandataires sociaux qui frauduleusement,
ont soustrait les livres de la société, détourné ou dissimulé une partie de son actif
ou qui, soit dans les écritures, soit par des actes publics ou des engagements sous
signature privée , soit dans le bilan, ont reconnu la société débitrice de sommes
qu’elle ne devait pas ».
Article 380 : « Sont punis des peines de la banqueroute simple, les
administrateurs, directeurs ou liquidateurs d’une société par actions, les gérants
ou liquidateurs d’une société à responsabilité limitée et d’une manière générale
tous mandataire sociaux , qui en vue de soustraire tout ou partie de leur
patrimoine aux poursuites de la société en état de cessation de paiements ou à
celles des associés ou des créanciers sociaux ont de mauvaise foi, détourné ou
dissimulé, tenté de détourner ou de dissimuler une partie de leurs biens ou qui se
sont frauduleusement reconnus débiteurs de somme qu’ils ne devaient pas.
Article 381 : « Les déchéances attachées par la loi à la faillite des commerçants
sont applicables de plein droit aux personnes condamnées par application des
articles 378 à 380 ».
Article 382 : « Sont punis des peines de banqueroute frauduleuse :
1° Les personnes convaincues d’avoir, dans l’intérêt du débiteur, soustrait, recelé
ou dissimulé tout ou partie de ses biens meubles ou immeubles le tout sans
préjudice des autres cas prévus par les articles 42 et 43 du Code pénal ;
2° Les personnes convaincues d’avoir frauduleusement produit dans la faillite ou
le règlement judiciaire, soit en leur nom, soit par interposition de personnes, des
créances supposées ;
3° Les personnes qui, faisant le commerce sous le nom d’autrui ou sous un nom
supposé, se sont rendues coupables de l’un des faits prévus à l’article 374 du
présent code.
Article 383 : Le conjoint, les descendants, ou les ascendants du débiteur ou ses
alliés aux mêmes degrés, qui auraient détourné, diverti ou recelé des effets,

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dépendants de l’actif de la faillite, sans avoir agi de complicité avec le débiteur,
encourent les peines prévues à l’article 380 alinéas 1er du Code pénal.
Article 384 : Dans les cas prévus par les articles précédents, la juridiction saisie
statue, lors même qu’il y aurait relaxe ;
1° D’office sur la réintégration à la masse des créanciers de tous biens, droits ou
actions frauduleusement soustraits ;
2° Sur la réparation du préjudice dans la mesure où elle est demandée.
Article 385 : Le créancier qui a stipulé, soit avec le débiteur soit avec toutes autres
personnes, des avantages particuliers à raison de son vote dans les délibérations
de la masse, est puni des peines prévues à l’article 380, alinéa 1er du Code pénal.
Article 386 : Ces conventions sont en outre, déclarées nulles à l’égard de toutes
personnes visées ci-dessus, même du débiteur.
Le créancier est tenu de rapporter, à qui de droit les sommes ou valeurs qu’il a
reçues en vertu des conventions annulées.
Article 387 : Dans le cas où l’annulation des conventions prévues aux deux articles
ci-dessus est poursuivie par la voie civile, l’action est portée devant les tribunaux
statuant en matière commerciale.
Article 388 : Tous arrêts et jugements de condamnations rendus en vertu du
présent titre, sont, aux frais des condamnés, affichés et publiés dans un journal
habilité à recevoir les annonces légales, ainsi que par extrait sommaire au bulletin
officiel des annonces légales mentionnant le numéro du journal d’annonces
légales ou à été publiée la première insertion.

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