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Chapitre 1 : l'infraction de la banqueroute

A l'origine, le terme banqueroute vient de l'italien « bancarotta » qui signifie << banc cassé », en
référence aux banquiers installés sur des comptoirs qui devaient casser leur banc en public en cas de
faillite pour signifier leur interdiction d'exercer ce métier. Au Maroc l'infraction de banqueroute est
régie par deux textes de loi a savoir le code pénal dans ses articles 556 à 569 et la loi 15-95 formant
code du commerce dans ses articles 721 a 723 .C'est ce qui peut poser des difficultés en matière des
peines applicables.

Section 1 : les conditions préalables à la banqueroute

Le délit de banqueroute nécessite l'ouverture d'une procédure de traitement des

difficultés, qui est une condition préalable aux poursuites. Ainsi il faut que les faits

constitutifs du délit soient accomplis par les dirigeants de l'entreprise.

La cessation de paiement est établie dès lors que l’entreprise est dans l’impossibilité de faire

face au passif exigible avec son actif disponible.1

Paragraphe 1 : Les personnes visées

En cas d’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire, sont

coupables de banqueroute les personnes mentionnées à l’article 736.2

Ainsi selon l’article 736 de la loi 73.17 relevant du livre 5 du code de commerce relatif aux sanctions à
l’encontre des dirigeants de l’entreprise « les dispositions du présent titre sont applicables aux
dirigeants de l’entreprise individuelle ou à forme sociale ayant fait l’objet d’une procédure qu’ils
soient de droit ou de fait, rémunérés ou non ».3
La responsabilité pénale en cas du délit de la banqueroute touche tout commerçant et tout dirigeant
d’entreprise individuelle ou en état de copropriété, aussi tout dirigeant de société commerciale et
toute personne morale représentant une société commerciale prenant en charge l’administration et
la gestion d’une autre société.

Paragraphe 2 : Les éléments constitutifs de la banqueroute

 L'élément matériel :

Le législateur marocain a traité les infractions liées aux difficultés d’entreprise au niveau du livre 5 du
code de commerce et a déterminé, en outre, les faits constitutifs.

L’article 754 du code de commerce, dispose qu’en cas d’ouverture d’une procédure de traitement,
sont coupables de banqueroutes les personnes mentionnées à l’article 736 contre lesquelles a été
relevé l’un des faits ci-après :

1
L'article 575 du Code de commerce
2
L’article 754 du Code de commerce
3
L’article 736 du Code de commerce.
 Avoir dans l’intention d’éviter ou de retarder l’ouverture de la procédure de

traitement, soit fait des achats en vue d’une revente au-dessous du cours, soit employé

des moyens ruineux pour se procurer des fonds.

Ce comportement, imputable notamment au banquier complice et qui inclut par exemple

l'escompte d'effets de complaisance ou l'octroi de crédits dépassant manifestement les

possibilités de l'entrepreneur. Cependant il n'est donc pas condamnable la simple aide

financière accorder à un débiteur en connaissance de ses difficultés, sauf à caractériser très

précisément en quoi cette aide a pu constituer dans le cas d'espèce un moyen rouineux de se

procurer des fonds.

 Avoir détourné ou dissimulé tout ou partie de l’actif du débiteur.

Procédant d'une même intention et tendant au même but, soit d'éviter ou retarder la
constatation de cet état, soit d'affecter la consistance de l'actif disponible dans des
conditions à placer l'intéressé dans l'impossibilité de faire face au passif exigible.

 Avoir frauduleusement augmenté le passif du débiteur.

 Avoir tenu une comptabilité fictive ou fait disparaître des documents comptables de
l’entreprise ou de la société ou s’être abstenu de tenir toute comptabilité lorsque la loi
en fait l’obligation.
L'absence de tenue de comptabilité, qui est caractérisé dans son élément matériel des lors
que fait défaut l'un des documents comptables exigés par le code de commerce. Elle est
considérée comme un fait délictueux intentionnel pour un dirigeant de société commerciale.

 L'élément moral
L'élément moral de l'infraction résulte de la double connaissance qu'ont les prévenus de l'état de
cessation des paiements du débiteur au moment du détournement et du dommage causé aux tiers
ainsi qu'aux créanciers sociaux.

Section 2: La répression de la banqueroute

La juridiction répressive est saisie soit sur la poursuite du ministère public, soit sur

constitution de partie civile du syndic.4

Le ministère public peut requérir du syndic la remise de tous les actes et documents détenus

par celui-ci.5
4
L'article 759 du Code de commerce.
5
L'article 760 du Code de commerce.
La prescription de l’action publique ne court que du jour du jugement prononçant

l’ouverture de la procédure de redressement ou de liquidation judiciaire lorsque les faits

incriminés sont apparus avant cette date.6

Le jugement d’ouverture de la procédure prend effet à partir de sa date. Il est mentionné sans

délai aux registres du commerce local et central.7

Paragraphe 1 : Peines principales

La répression de la banqueroute sous ses différentes formes simple et frauduleuse était

régie par les dispositions du code pénal. C’est ainsi que la répression se déterminait dans trois

mois jusqu’à trois ans pour la banqueroute simple et dans deux ans jusqu’à cinq ans pour la

banqueroute frauduleuse. Le coupable peut en outre être frappé de l'interdiction d'exercer la

profession. Cette interdiction est prononcée pour une période qui ne peut excéder dix ans, à

compter du jour ou la peine a été subie sauf les cas où la loi en dispose autrement.8

Actuellement Le législateur marocain a délaissé la répression prévue par le code pénal, vue la
convergence entre les dispositions de la répression de la banqueroute prévues par le code pénal et
les dispositions du code de commerce. Désormais, c’est le code de commerce qui s’en charge.

Par ailleurs, depuis l’entrée en vigueur de la loi 15.95 formant code de commerce, la sanction de
cette infraction est désormais prévue par les dispositions du livre 5 de ce code notamment les articles
721 jusqu’à 723 qui ont été modifié par les articles 754 jusqu’à 756 de la loi 73.17.

Ainsi, Selon l’article 755 du livre 5 du code de commerce tel qu’il a été modifié par la loi 73.17 La
banqueroute est punie d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de 10.000 à 100.000
dirhams ou d’une de ces deux peines seulement.

Quelle que soit la qualité du banqueroutier, un commerçant ou dirigeant d'une entreprise sociétaire,
l'auteur est en matière de banqueroute celui qui a personnellement accompli les éléments
constitutifs. Il n'y a en ce domaine aucun particularisme par rapport aux règles de droit commun.

Les complices de banqueroute, encourent les mêmes peines que les auteurs, même s’il n’a pas la
qualité de dirigeant d’entreprise.

6
L'article 758 du Code de commerce.
7
L'article 584 du Code de commerce.
8
Les articles 556 à 569 du code pénal.
La peine prévue est portée au double lorsque le banqueroutier est dirigeant, de droit ou de fait,
d’une société dont les actions sont cotées à la bourse des valeurs.9

Paragraphe 2 : Peines accessoires

À titre de peine accessoire, Les personnes coupables des infractions de banqueroute, encourent
également, la déchéance commerciale.10

9
L'article 755 du Code de commerce.
10
L'article 756 du Code de commerce.

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