Vous êtes sur la page 1sur 4

Sujet : l’ouverture de la procédure collective

La procédure collective est consubstantielle au droit des entreprises en difficulté. En


effet, chaque procédure collective correspond à un niveau de difficulté auquel est
confronté l’entreprise. Ainsi, l’activité pourra être maintenue ou arrêtée en cas de
difficultés insurmontables.

Une procédure collective est un mécanisme légal permettant de placer les biens d’un
débiteur défaillant sous contrôle de justice afin d’organiser une procédure réunissant
les créanciers, en vue d’un traitement égalitaire, et aboutissant à d’éventuelles
sanctions contre le débiteur insolvable.

Elle regroupe autour du livre VI du Code du commerce intitulé : des difficultés des
entreprise (articles L 610-1 à L 696-1), l'ensemble des textes utiles à la prévention et
au traitement des difficultés des entreprises1. Le décret n°2022-890 du 14 juin 2022
précisant les modalités et coordinations entre différentes procédures collectives, les
classe en trois2.

Les procédures collectives correspondent soit à une sauvegarde judiciaire, soit à un


redressement judiciaire de l’entreprise, soit à une liquidation judiciaire de l’entreprise.

L’objectif de la procédure de sauvegarde est de poursuivre l’activité de l’entreprise,


d’assurer l’apurement du passif et de maintenir les emplois en effectuant
la réorganisation de l’entreprise.

La procédure de redressement porte si, l’entreprise est en cessation des paiements, et


que la situation n’est pas considérée comme irrémédiablement compromise. Elle va
permettre de poursuivre l’activité, de maintenir l’emploi et d’apurer le passif.

La liquidation judiciaire s’applique au cas où l’entreprise est en cessation des


paiements et que sa situation est irrémédiablement compromise. C’est-à-dire
l’entreprise ne peut plus payer ses dettes et l’apurement du passif ne suffira pas à lui
redonner une santé financière. Ceci abouti à la liquidation à la fermeture de l’entreprise
ou à sa cession après le remboursement des différents créanciers.

1
Alain Lienhard, Pascal Pisoni, Code des procédures collectives annoté et commenté,Dalloz,20e édition 2022.
2
Bien avant, les lois du 25 janvier 1985 et du 10 juin 1994.

1
La procédure collective s’applique : au commerçants, artisans, agriculteurs
(uniquement en cas d'échec de la procédure de règlement amiable), membres de
professions libérales exerçant leur activité à titre individuel, sociétés.

Ainsi donc, il sied de préciser que les conditions d’ouverture sont propres à chaque
cas de procédure collective (I), et en cas d’insolvabilité, l’entrepreneur individuel ne
peut plus saisir la commission de surendettement. Il doit plutôt saisir le tribunal de
commerce ou la juridiction judicaire compétente dans cadre de son activité.

I- LES CONDITIONS D’OUVERTURE D’UNE PROCEDURE COLLECTIVE

Chacune des trois procédures a ses conditions : la sauvegarde (A), le redressement


(B), et la liquidation (C).

A - OUVERTURE DE LA SAUVEGARDE

L’article L. 620-1 et suivants du Code de commerce précise ses conditions de forme


et de fond.

1- Conditions de forme

La procédure commence par une demande d’ouverture de la part du débiteur. Le


tribunal après avoir entendu ou appelé en chambre du conseil le débiteur et les
représentants du comité d’entreprise (ou des délégués du personnel) décide de
l’ouverture de la procédure. De même, il peut entendre toute personne dont l’audition
lui paraît utile.

2- Conditions de fond

Au fond, le débiteur, sans être en cessation de paiements, doit justifier de difficultés


qu’il n’est pas en mesure de surmonter. Le débiteur ne doit pas déjà être soumis à une
procédure de sauvegarde ou à un redressement ou une liquidation judiciaires, tant qu’il
n’a pas été mis fin aux opérations du plan ou que la procédure de liquidation n’a pas
été clôturée.

B - OUVERTURE DU REDRESSEMENT JUDICIAIRE

Elle est prévue aux article L. 631-1 et suivants du code de commerce.

2
1- Conditions de forme

L’ouverture de cette la procédure peut être à l’initiative du débiteur. Ceci dans dans un
délai de 45 jours à compter de la cessation des paiements. Ce cas est valable s’il n’a
pas, dans ce délai, demandé l’ouverture d’une procédure de conciliation.

La procédure de redressement peut aussi être ouverte d’office par le tribunal, ou sur
requête du Ministère public, ou sur assignation d’un créancier, dès lors qu’il n’y a pas
de procédure de conciliation en cours.

En cas d’échec de la procédure de conciliation, dès lors que le débiteur est en


cessation des paiements, le tribunal se saisit d’office afin de statuer sur l’ouverture de
la procédure de redressement judiciaire.

2- Conditions de fond

Le débiteur doit être en cessation des paiements, autrement dit, qu’il doit être dans
l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible. Le débiteur
ne doit pas déjà être soumis à une procédure de sauvegarde, ou à un redressement
ou une liquidation judiciaires, tant qu’il n’a pas été mis fin aux opérations du plan ou
que la procédure de liquidation n’a pas été clôturée.

La procédure peut intervenir après la cessation de l’activité professionnelle du


débiteur concerné si tout ou partie de son passif provient de cette dernière.

C- OUVERTURE DE LA LIQUIDATION JUDICIAIRE

Cette procédure est fondée sur les dispositions des articles L. 640-1 et suivants du
code de commerce.

1- Conditions de forme
- Une procédure de conciliation ne doit pas être en cours.
- L’ouverture de la procédure peut se faire à l’initiative de plusieurs personnes :
sur demande du débiteur dans un délai de 45 jours à compter de la cessation
des paiements, sur requête du Ministère public, d’office par le tribunal, sur
assignation d’un créancier.
2- Conditions de fond
- Dans cette procédure, le débiteur doit être en état de cessation des paiements.
- Le redressement du débiteur doit être manifestement impossible.

3
- Le débiteur ne doit pas déjà être soumis à une procédure de liquidation non
clôturée ou à une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire, tant
qu’il n’a pas été mis fin aux opérations du plan qui en résulte. La procédure peut
intervenir après la cessation de l’activité professionnelle du débiteur si tout ou
partie de son passif provient de cette dernière.

II- LE JUGE COMPETENT DE L’OUVERTURE DE LA PROCEDURE COLLECTIVE

Il sied de se demander si l’on a qualité à agir (B), mais aussi connaitre la nature de la
juridiction à saisir (A).

A- NATURE DE LA JURIDICTION COMPETENTE

Le tribunal de commerce est compétent quand il s'agit : d'un commerçant, d'un artisan.
Le tribunal de grande instance est compétent dans les autres cas.

Aussi, le tribunal territorialement compétent est celui dans le ressort duquel le débiteur
a le siège social de son entreprise.

B- LA QUALITE DU REQUERANT

L'ouverture d'une procédure collective peut résulter de l'initiative de différentes


personnes :

- L’entrepreneur, ou son mandataire, peut saisir le tribunal. Ceci, soit d'une :


demande d’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire, d’une
demande d’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire.
- Un créancier peut assigner l'entreprise,
- Les salariés par l'intermédiaire du comité d'entreprise ou des délégués du
personnel,
- Le tribunal peut se saisir d’office, notamment en cas d'échec de la procédure.

Vous aimerez peut-être aussi