Vous êtes sur la page 1sur 8

KF/KAD/GS

REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


----------------
COUR D’APPEL DE COMMERCE
D’ABIDJAN AUDIENCE PUBLIQUE ORDINAIRE
--------------- DU JEUDI 03 FEVRIER 2022
RG N° 879/2021
-----------------------
--------
ARRÊT CONTRADICTOIRE
du 03/02/2022 La Cour d’Appel de Commerce d’Abidjan, en son audience
--------- publique ordinaire du jeudi trois février de l’an deux mil vingt
1ÈRE CHAMBRE deux tenue au siège de ladite Cour, à laquelle siégeaient :
------------
Affaire :
------------ Docteur KOMOIN François, Premier Président de la Cour
d’Appel de Commerce d’Abidjan ;
La Société METRALU
(Maître DJAMA Dominique Alain) Madame RAMDE Assetou épouse OUATTARA,
Messieurs NIAMKEY K. Paul, KOIZAN Guy et BERET-
Contre
DOSSA Adonis, Conseillers à la Cour, Membres ;
1/ La Société Aluminium Distribution
Systèmes West Africa en abrégé ADS Avec l’assistance de Maître DANGUI Niamien, Greffier ;
WEST AFRICA, SARL
(Maître Charles Camille AKESSE)
A rendu l’arrêt dont la teneur suit dans la cause ;
2/ La Société Générale Côte d’Ivoire,
dite SGCI
-------------- ENTRE :
ARRÊT
------------ La Société METRALU, Société Anonyme avec Conseil
Contradictoire
-------------
d'Administration de droit ivoirien au capital de 113 770 000
FCF A, dont le siège social est à Abidjan Marcory Zone 4 C,
Déclare recevables tant l’appel principal de 21 BP 299 Abidjan 21, Tel : 21 '35 66 34/2135 67 39, Fax
la société METRALU que l’appel incident de
la société ALUMINIUM DISTRIBUTION (225) 2135 60 73 aux poursuites et diligences de son
SYSTEMES WEST AFRICA dite ADS WEST représentant légal Madame EDEL KOESTLER, de
AFRICA, SARL interjetés contre
l’ordonnance RG N°2559/2021 rendue le 28
nationalité allemande, demeurant à Abidjan, laquelle fait
juillet 2021 par le juge de l’exécution du élection de domicile au siège de ladite société ;
Tribunal de Commerce d’Abidjan ;

Les y dit respectivement mal fondées ; Appelante représentée et concluant par son conseil, le
Cabinet DJAMA Dominique Alain, Avocats à la Cour y
Les en déboute ;
demeurant à Abidjan, Cocody, II plateaux Boulevard
Confirme l’ordonnance déférée en toutes Latrille Carrefour de la nouvelle Agence Bank Of Africa,
ses dispositions ;
immeuble ADONDO 2ème étage, Porte n° 704; BP 774
Condamne la société METRALU aux Cidex 03; Tél. : 22.41.27.82; Fax: 22.41.27.85; Email:
dépens de l’instance. infos@cabinetdjama.net ;

D’UNE PART ;
ET

1/ Société Aluminium Distribution Systèmes West


Africa en abrégé ADS WEST AFRICA, SARL au
1
capital de 100.000.000 FCF A dont le siège social est à
Abidjan Marcory, Zone 4, 12 rue Docteur Alex Fleming, 18
BP 219 Abidjan 18, Tél : 212462 64, agissant aux diligences
de son représentant légal, Monsieur JOUBERT Ludovic, de
nationalité Française ;

Intimé représentée et concluant par son Conseil, Maître


Charles Camille AKESSE, Avocat près la Cour d’Appel
d’Abidjan, y demeurant Abidjan-Cocody II plateaux, non
loin du siège de l’ONG "SERVIR", Résidence Terre d'Émeraude,
1er étage, Appartement A. 1104, Tél. : 27 22.44 61 50, Fax : 2 7
22 .44 99 39 ; Email : cabinetalœsse@gmail.com ;

2/ La SOCIETE GENERALE CÔTE D'IVOIRE, dite


SGCI société anonyme, au capital de 15.555.555.000 FCFA
dont le siège social est sis à Abidjan Plateau Rue des
Banques 5 &7 Avenue Joseph Anoma, 01 BP 1355 Abidjan
01, Tél. :225 27 20 20 10 10, prise en la personne de son
représentant légal, demeurant es qualité audit siège ;

Intimée assignée à son siège social, non concluante ;

D’AUTRE PART ;

Sans que les présentes qualités puissent nuire ni préjudicier


en quoi que ce soit aux droits et intérêts respectifs des parties
en cause, mais au contraire et sous les plus expresses réserves
des faits et de droit ;

La juridiction présidentielle du tribunal de commerce


d’Abidjan a rendu le 28 juillet 2021 une ordonnance
N°2559/2021 en ces termes :

« Statuant publiquement, contradictoirement, en matière


d’urgence et en premier ressort ;

Déclarons la société METRALU irrecevable en son action ;

La condamnons aux dépens de l’instance. » ;

Par exploit du 15 octobre 2021 de Maître GOORE Bi Blih


Rodrigue, commissaire de justice à Abengourou, la société
METRALU a interjeté appel contre l’ordonnance sus
énoncée et assigné la société ADS WEST AFRICA et autres
à comparaître par devant la Cour de ce siège pour
s’entendre infirmer ladite décision ;

2
Enrôlée sous le N° 879/2021 du rôle général du greffe de la
Cour, l’affaire a été appelée le 24 novembre 2021, puis
renvoyée au 25 novembre 2021 devant la 1ère Chambre pour
attribution ;

A cette date, la cause a été renvoyée au 09 décembre 2021


pour toutes les parties et retenue, puis mise en délibéré pour
le 03 février 2022 ;

Advenue cette audience, la Cour a vidé son délibéré en


rendant l’arrêt suivant :

LA COUR

Vu les pièces du dossier ;

Ouï les parties en leurs demandes, fins et conclusions ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

FAITS, PROCÉDURE, PRÉTENTIONS


ET MOYENS DES PARTIES

Par exploit de Commissaire de Justice en date du 15 octobre


2021 suivi d’un avenir d’audience daté du 19 novembre 2021,
la société METRALU a relevé appel de l’ordonnance RG
N°2559/2021 rendue le 28 juillet 2021 par le juge de
l’exécution du Tribunal de Commerce d’Abidjan, lequel, en la
cause, a statué comme suit :

« Statuant publiquement, contradictoirement, en matière


d’urgence et en premier ressort ;

Déclarons la société METRALU irrecevable en son action ;

La condamnons aux dépens de l’instance. » ;

A l’appui de son appel, la société METRALU fait valoir que


par exploit en date du 21 mai 2021, la société ALUMINIAUM
DISTRIBUTION SYSTEMES WEST AFRICA dite ADS WEST
AFRICA, SARL a fait pratiquer une saisie-attribution de
créances sur son compte logé dans les livres de la Société
Générale Côte d’Ivoire dite SGCI ; ladite saisie lui a été
dénoncée le 18 mai 2021 ;

Elle indique que par exploit en date du 21 juin 2021, elle a


saisi le juge de l’exécution du Tribunal de Commerce
d’Abidjan en mainlevée de cette saisie et cette juridiction a
déclarée irrecevable son action en contestation, au motif
qu’elle est tardive ;

3
Elle fait grief au juge de l’exécution du Tribunal de Commerce
d’Abidjan de s’être fondé sur le défaut d’enrôlement et de
paiement de la consignation dans le délai d’un mois, alors que
l’enrôlement n’est pas l’acte par lequel le Tribunal est saisi,
mais la signification de l’assignation en contestation de
saisie ;

Elle estime qu’en l’espèce, le juge a erré et l’ordonnance


rendue dans ces circonstances doit être infirmée en toutes ses
dispositions ;

Subsidiairement au fond, elle sollicite que soit déclarée nulle


la saisie-attribution de créances du 11 mai 2021 pour violation
de l’article 157 alinéa 2.5 de l’acte uniforme portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et
des voies d’exécution, motif pris du défaut de reproduction
intégrale des articles 38 et 156 du même acte uniforme ;

Elle explique que s’agissant de l’article 38 susindiqué, il est


mentionné dans ledit procès-verbal, en lieu et place de
« conservation », les termes « conversion », et concernant
l’article 156 il y est mentionné, contrairement à l’alinéa 2 de
cet article, que ces déclarations et communications doivent
être faites sur le champ « par l’huissier » en lieu et place de
« à l’huissier » ;

En réplique, la société ADS WEST AFRICA, SARL fait valoir


qu’il résulte de l’article 170 de l’acte uniforme susvisé que « A
peine d’irrecevabilité les contestations doivent être portée
devant la juridiction compétente, par voie d’assignation,
dans le délai d’un mois à compter de la dénonciation de la
saisie au débiteur. » ;

Elle fait noter que le si le législateur OHADA a prévu que la


contestation d’une saisie-attribution de créances doit être
élevée par voie d’assignation, il n’a cependant pas prévu les
conditions ou modalités par lesquelles elle est portée devant
la juridiction compétente, de sorte qu’il faut se référer aux
dispositions internes pour statuer sur la question ;

Elle indique qu’en l’espèce, l’appelante n’ayant pas observé les


formalités d’enrôlement prévues par les articles 40 et 41 du
code de procédure civile, commerciale et administrative qui
justifient que l’affaire a été portée devant la juridiction
compétente dans le délai prescrit, en déclarant irrecevable son
action, le juge de l’exécution a fait une saine appréciation des
faits de la cause, et l’ordonnance critiquée doit être confirmée
sur ce point ;

Par ailleurs, elle prétend que les moyens de nullité soulevés


par l’appelante ne sont que des erreurs matérielles qui
n’entament aucunement la régularité du procès-verbal de
4
saisie contestée, et ce moyen doit être rejeté ;

Enfin, elle sollicite sur le fondement des articles 175 du code


de procédure, civile, commerciale et administrative et 1153 du
code civil, la condamnation de la société METRALU à lui
payer la somme de 259.880 F CFA au titre des intérêts de
droit de la période du 04 mai 2021 au 1er décembre 2021 qui
n’a pas été pris en compte dans le procès-verbal de saisie-
attribution de créances du 11 mai 2021 ;

SUR CE
En la forme

Sur le caractère de la décision

Considérant que la société ALUMINIUM DISTRIBUTION


SYSTEMES WEST AFRICA dite ADS WEST AFRICA, SARL a
conclu ;

Qu’il y a lieu de statuer par décision contradictoire ;

Sur la recevabilité des appels principal et incident

Considérant que tant l’appel principal de la société METRALU


que l’appel incident société ALUMINIUM DISTRIBUTION
SYSTEMES WEST AFRICA dite ADS WEST AFRICA, SARL
ont été interjetés selon les forme et délai légaux ;

Qu’il convient de les recevoir ;

Au fond

Sur le bien-fondé de l’appel principal

Considérant que la société METRALU fait grief au juge de


l’exécution d’avoir, en violation de l’article 170 de l’acte
uniforme portant organisation des procédures simplifiées
de recouvrement et des voies d’exécution, déclaré
irrecevable son action en contestation de la saisie-
attribution de créances en date du 11 mai 2021, au motif
qu’elle n’a pas enrôlé son action en contestation dans le
délai d’un mois, alors que c’est l’assignation qui saisit la
juridiction compétente et non l’enrôlement ;

Considérant qu’aux termes de cet article, « A peine


d’irrecevabilité, les contestations sont portées, devant la
juridiction compétente, par voie d’assignation, dans le
délai d’un mois à compter de la dénonciation de la saisie
au débiteur.
Le tiers saisi est appelé à l’instance de contestation.
Le débiteur saisi qui n’aurait pas élevé de contestation
dans le délai prescrit peut agir en répétition de l’indu
devant la juridiction du fond compétente selon les règles
5
applicables à cette action. » ;
Qu’il s’infère de cette disposition qu’est irrecevable toute
action en contestation qui n’est pas portée devant la
juridiction compétente dans le délai d’un mois après la
dénonciation de la saisie au débiteur ;

Considérant qu’en droit OHADA, le législateur n’a pas


identifié le fait ou l’acte à compter duquel l’action est portée
devant la juridiction compétente, de sorte qu’il convient de
se référer aux lois internes, notamment aux dispositions
des articles 40 et suivants du code de procédure civile,
commerciale et administrative ;

Que l’article 40 dudit code dispose « Il est tenu au Greffe


de chaque juridiction un registre dit rôle général, sur
lequel sont inscrites, par ordre chronologique, toutes les
affaires portées devant cette juridiction » ;

Que article 42 du même code précise en son alinéa 1er


que « Dès l'enrôlement, il sera établi au greffe de
chaque juridiction, par affaire inscrite, un dossier qui
portera les noms et domiciles des parties, et s'il y a lieu
les noms des avocats, le numéro et la date de mise au
rôle, l'objet de la demande et les dates successives de
renvoi de l'affaire » ;

Que l’article 43 du même code de procédure ajoute que :


« Hormis les cas d’assistance judiciaire, le demandeur, son
représentant ou son mandataire est tenu, lors de
l’enrôlement, de consigner au Greffe de la juridiction qu’il
entend saisie, une somme suffisante pour garantir le
paiement des frais. Il devra compléter cette provision, si
en cours d’instance, elle se révèle insuffisante. Si cette
insuffisance a pour origine le dépôt de demandes
reconventionnelles par le défendeur, le complément de
provision sera fourni par ce dernier.
Le versement de la provision est constaté par récépissé
délivré par le greffier. » ;

Qu’il ressort de la lecture combinée de ces dispositions que


la saisine du Tribunal n’est effective que par l’inscription de
la cause au rôle général et le paiement au greffe de ladite
juridiction par le demandeur non bénéficiaire de
l’assistance judiciaire du montant de la consignation et non
par la simple notification de l’acte d’assignation à la partie
adverse ou au greffe de la juridiction ;

Qu’il en découle que l’acte par lequel toute juridiction est


saisie d’un litige est l’enrôlement de l’exploit d’assignation
au Greffe de la juridiction compétente, dans la mesure où
en l’absence d’enrôlement, cette juridiction ne peut appeler
6
l’affaire et statuer sur la contestation qui lui a été soumise ;
Que dans ces conditions, même si l’instance est introduite
par voie d’assignation, elle doit être suivie obligatoirement
de l’accomplissement de formalités destinées à porter
l’affaire devant la juridiction compétente, ces formalités
étant, comme sus indiqué, l’enrôlement et le paiement de la
consignation ;

Considérant qu’en l’espèce, la saisie-attribution de créances


litigieuse a été dénoncée à la société METRALU le 18 mai
2021 ;

Qu’eu égard à la franchise des délais prescrits par l’article


335 de l’acte uniforme suscité, le délai d’un (01) mois prévu
pour l’enrôlement expirait le 20 juin 2021, et ce jour étant
un dimanche, cet enrôlement pouvait se faire à la date utile
suivante, soit le 21 juin 2021 ;

Or, considérant que s’il est exact que la société METRALU a


fait délivrer assignation à la société ADS WEST AFRICA,
SARL le 19 avril 2021 et signifié son acte de contestation au
greffe du Tribunal de Commerce le 22 juin 2021, il n’en
demeure pas moins qu’elle n’a procédé à la mise au rôle que
le 05 juillet 2021, tel qu’il ressort de l’attestation
d’enrôlement et du récépissé de consignation figurant au
dossier de la procédure ;

Qu’il s’ensuit que l’affaire n’a donc été portée devant le juge
de l’exécution que le 07 juillet 2021, alors que le délai d’un
(01) mois imparti à l’appelante pour le faire était déjà
expiré ;

Que dès lors, son action est intervenue hors délai, et c’est à
juste que le juge de l’exécution l’a déclarée irrecevable ;

Qu’il convient de confirmer en toutes ses dispositions


l’ordonnance attaquée ;

Sur le bien-fondé de l’appel incident

Considérant que la société ADS WEST AFRICA, SARL


sollicite sur le fondement de l’article 1153 du code civil, la
condamnation de la société METRALU à lui payer des intérêts
de droit de la période du 04 mai 2021 au 1er décembre 2021
qui n’a pas été pris en compte dans le procès-verbal de saisie-
attribution de créance du 11 mai 2021 ;

Considérant qu’il est constant que le juge de l’exécution ne


statue sur les difficultés qui portent sur des questions de fond
que si cela est nécessaire pour se prononcer sur la régularité
ou la validité de la mesure d’exécution contestée ;

7
Qu’en l’espèce, la demande en paiement des intérêts de droit
n’est pas nécessaire pour apprécier la régularité de la saisie
querellée ;

Que cette demande doit donc être rejetée ;

Sur les dépens

Considérant que la société METRALU succombe à


l’instance ;

Qu’il convient de la condamner aux dépens ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement, contradictoirement et en dernier


ressort ;

Déclare recevables tant l’appel principal de la société


METRALU que l’appel incident de la société ALUMINIUM
DISTRIBUTION SYSTEMES WEST AFRICA dite ADS WEST
AFRICA, SARL interjetés contre l’ordonnance RG
N°2559/2021 rendue le 28 juillet 2021 par le juge de
l’exécution du Tribunal de Commerce d’Abidjan ;

Les y dit respectivement mal fondées ;

Les en déboute ;

Confirme l’ordonnance déférée en toutes ses dispositions ;

Condamne la société METRALU aux dépens de l’instance.

Ainsi fait, jugé et prononcé publiquement les jour, mois et an


que dessus.

ET ONT SIGNÉ LE PREMIER PRÉSIDENT ET LE


GREFFIER./.

Vous aimerez peut-être aussi