Vous êtes sur la page 1sur 9

MEMOIRE EN REPLIQUE

A Messieurs le président et conseillers composant la chambre civile de la cour suprême


du Mali

Pour : Hamadoun Bocar CISSE ………………………………………..Cabinet Pra Law


Firm

Contre : Mamadou DJIGUE………Me Souleymane KONARE et Souleymane COULIBALY

Plaise à la cour suprême du Mali

Attendu que suivant acte de pourvoi n°256 du 03 juin 2020, le sieur Hamadou DJIGUE a par
l’entremise de son conseil, formé pourvoi contre l’arrêt n°0822 du 26 Décembre 2018, rendu
par la chambre civile de la cour d’appel de Bamako, dans une instance en annulation de vente
qui l’oppose au concluant ;

Qu’en effet, la démonstration juridique qui va suivre permettra sans doute à cour de Céans de
comprendre d’abord que cette demande relève tout simplement du dilatoire avant de conclure
à son rejet ;

Qu’en cela, il convient d’abord de procéder à un rappel de la procédure suivie en première


instance et en appel.

I. Faits et procédures

Attendu que par requête du 03 juillet 2015, le sieur Mamadou DJIGUE, représenté par
Hamidou DJIGUE, saisissait le Tribunal d.e Grande Instance de Kati, d’une action aux fins
d’annulation de vente administrative contre Hamadoum Bocar CISSE et DNSC-DRDC de
Kolikoro ;

Que par jugement n°644 du 02 Novembre 2015, le Tribunal de Grande Instance de Kati a
rendu la décision dont la teneur suit :

« Statuant publiquement, défaut à l’égard du défendeur Hamadou Bocar CISSE,


contradictoirement à l’égard de des autres parties, en matière civile et en premier ressort ;

Reçoit la requête du demandeur ;


La déclare bien fondée, y faisant droit,

Annule l’acte administratif de cession n°06-0072/MDF-AV-DNDC-DRDV du 17 janvier


2006 ;

Met les dépens à la charge des défendeurs » ;

Que sur opposition du sieur Hamadoun Bocar CISSE en date 15 Janvier 2016, le Tribunal de
Grande Instance de Kati, a rendu la décision dont la teneur suit :

« Statuant publiquement, contradictoirement, en matière civile, en 1er ressort ;

Reçoit l’opposition de Hamadou Bocar CISSE en la forme ;

Au fond, la déclare bien fondée y faisant droit ;

Déboute Mamadou DJIGUE de sa demande en annulation de l’acte administratif de


cession afférent au titre foncier n°13544 du cercle de Kati ;

Le condamne aux dépens » ;

Que sur appel de sieur Hamadou DJIGUE en date 19 Décembre 2017 la cour d’appel de
Bamako, a rendu l’arrêt 822 du 26 Décembre 2018 et dont la teneur suit :

« Statuant publiquement, contradictoirement en matière civile et en dernier ressort ;

En la forme ; l’appel interjeté ;

Au fond : Rejette la demande la demande d’expertise de DJIGUE ;

Confirme le jugement entrepris ;

Condamne l’appelant aux dépens » ;

Que contre cette décision le sieur Hamadou DJIGUE, a formulé pourvoi suivant acte de
pourvoi n°265 du 03 Juin 2020 ;

II. Analyse des moyens de cassation

A. Les moyens présentés par Maître Souleyemane KONARE

Attendu que sous la plume de son conseil, le demandeur au pourvoi invoque au soutien de son
recours, deux moyens de cassation tirés respectivement de la violation de la loi et de la
dénaturations des faits ;
1. Sur le moyen tiré de la violation de la loi : article 259 CPCCS

Attendu que la violation de la loi est un cas d’ouverture à pourvoi aux termes des dispositions
de l’article 88 de la loi n°2016-046 du 23 septembre 2016 portant loi organique fixant
l’organisation, les règles de fonctionnement de la cour suprême et de la procédure suivie
devant elle ;

Attendu que celle-ci se réalise soit par fausse interprétation de la loi, soit par fausse
qualification des faits, soit par fausse application ou refus d’application de la loi ;

Que dans le cas d’espèces, la cour de céans constatera que le demandeur au pourvoir fait à tort
grief à l’arrêt querellé la violation de l’article 259 CPCCS en ce que, les juges d’appel
auraient refusé d’ordonner la mesure de contre-expertise qu’il avait sollicité ;

Attendu qu’aux termes l’article 259CPCCS visé : « Le juge n’est pas lié par les constatations
ou les conclusions du technicien » ;

Que cet article ne souffre d’aucune difficulté d’interprétions en ce qu’il pose clairement un
principe, en l’occurrence, « la décision du juge n’est pas subordonnée aux constations ou
conclusions du technicien » ; toutefois, la loi ne l’interdit pas d’y faire référence, lorsque
celles-ci sont de nature à éclairer sa religion ;

Que d’ailleurs, l’article 276 du même texte surenchéri l’idée en ces termes « L’expertise n’a
lieu d’être ordonnée que dans le cas où des constatations ou une consultation ne
pourraient suffire à éclairer le juge » ;

Qu’en l’espèce, s’étant estimé suffisamment éclairée par les résultats de la première expertise
mise en cause, qui conclut que « Mamadou DJIGUE, propriétaire de la parcelle
n°216TER/7, objet du TF N°8658 occupe actuellement la parcelle de monsieur Hamadoun
Bocar CISSE, à qui appartient tout l’ilot et dont toutes les parcelles sont déjà
immatriculées » les juges d’appel ont fait une bonne appréciation des faits de la cause et une
application correcte de la règle de droit appropriée ;

Que dès lors, en se déterminant ainsi, l’arrêt déféré n’a nullement violé les dispositions de
l’article 259 CPCCS ;
Que par ailleurs, selon la jurisprudence constante de la cour de cassation, le moyen qui se
borne à invoquer de façon abstraite la violation de la loi et l’abus de pouvoir doit être déclaré
irrecevable. (Com.20. fév.1961, civ. III, n°93) ;

Qu’en l’espèce, les demandeurs au pourvoi se limitent à souligner d’une part que les
conclusions de l’expert n’étaient pas très satisfaisantes et pertinentes et d’autre part, explique,
qu’il a demandé au juge d’instance et au juge de la cour d’appel d’ordonner une contre-
expertise pour clarifier la situation des titres fonciers litigieux ; que le refus d’ordonner cette
mesure est en violation de l’article 259 CPCCS ;

Que ce moyen tel qu’évoqué par le demandeur aux pourvoir, ne précise en quoi les
dispositions de l’article 259 CPCCS ont étés violées, non plus en quoi est-ce que les
conclusions de l’expert ne sont pas très satisfaisante et pertinentes ;

C’est pourquoi, il plaira à la cour de Céans, de rejeter purement et simplement le moyen tiré
de la violation de la loi soulevé par le demandeur au pourvoi car dépourvu de tout fondement ;

1. Sur le moyen tiré de la dénaturation des faits

Attendu que le demandeur au pourvoi prétend que la présente affaire est relative à une
demande d’annulation de l’acte administratif de cession et non d’annulation de la vente ;

Que face à cette ineptie il convient de rappeler au demandeur au pourvoi qu’il ressort
clairement de l’arrêt querellé que la nature l’affaire est bel et bien l’annulation de vente ;

Que dès lors que la nature du litige ne prête à aucune confusion, l’on ne saurait en pareil
circonstance reproché aux juges du fond le fait d’avoir dénaturé les faits de la cause ;

Qu’ainsi donc ce moyen est inopérant.

B. Sur les moyens présentés par Maître Souleymane COULIBALY

Attendu que sous la plume de son conseil, le demandeur au pourvoi, reproche à l’arrêt attaqué
le défaut de base légale, et la violation de la loi ;
1. Sur le moyen tiré du défaut de base légale

Attendu que le défaut de base légale « est constitué par une insuffisance
de motivation de la décision attaquée qui ne permet pas à la cour de
cassation de Contrôler la régularité de la décision ou plus précisément de
vérifier que le juges du fond ont fait une application correcte de la règle
de droit » (in la Technique de cassation de Marie-Noelle Jobard- Bachellier
et Xavier Bachellier 7ème édition, Page 156) ;

Attendu que le demandeur au pourvoi prétend que l’arrêt déféré manque


de base légale en ce qu’il y a une insuffisance de motivation qui résulte
d’une contradiction entre les motivations de l’arrêt ;
Mais attendu que les juges du fond de la cour d’appel de Bamako ont
motivé leur décision ainsi qu’il suit : « Considérant que Mamadou DJIGUE, à
travers son conseil a sollicité qu'il plaise à la Cour d'Appel de Céans, ordonner une
nouvelle expertise au motif que celle produite au dossier, en exécution du jugement avant
dire droit N°415 du 06-06-2016 n'est pas édifiante et doit être écarté des débats;
Considérant que pour parvenir à cette conclusion, le sieur DJIGUE a estimé que la
parcelle par lui acquise du sieur Aliou DJIGUE à savoir la 216/TER/7 du lotissement rural
de Diatoula, objet du titre foncier N°8658 est la même parcelle qui a été cédée par voie de
vente par l'Administration domaniale au sieur Hamadoun Bocar CISSE en créant au nom
de celui-ci, le titre foncier N°13544 alors que l'expertise susdite conclut qu'il s'agit de deux
parcelles distinctes;

Mais considérant que contrairement à cette affirmation, l'expertise incriminée est on ne


plus claire, mais qu'elle est non seulement favorable au sieur CISSE et défavorable au
sieur DJIGUE comme l'inverse était possible puis que résultant d'un travail dont le but visé
est de départager; Que la Cour s'estimant suffisamment éclairée par les résultats de ladite
expertise qui conclut que: «< Mamadou DJIGUE, propriétaire de la parcelle N°216TER/7,
objet du TI N°8658 occupe actuellement la parcelle de monsieur Hamadoun Bocar CISSE,
à qui appartient tout l'ilot et dont toutes les parcelles sont déjà immatriculées » il convient
en application de l'article 276 du CPCCS ainsi libellé : « L'expert n'a lieu d'être ordonnée
que dans le cas où des constations cu une consultation ne pourraient suffire à éclairer le
juge >> de rejeter la demande d'expertise;

Considérant que l'article 42 BIS nouveau du CDF renvoie aux règles de droit commun de
la vente et du droit privé, le contentieux de la cession des terrains du domaine privé
immobilier de l'état qu'il s'agisse de cession entre l'Etat et les particuliers ou entre
particuliers seuls ;

Considérant qu'en raison de ce renvoi au droit commun de la vente et aux règles du droit
privé, le principe de la relativité des conventions édicté par l'article 78 du RGO reçoit
application; Considérant qu'il résulte d'une part que l'action en annulation d'une
convention est réservée en règle aux parties contractantes, toutes les fois, en tout cas que la
nullité est édictée pour protéger un intérêt privé et d'autre part que l'annulation doit être
demandée lorsqu'il y a violation de l'une des quatre conditions prévues par l'article 28 du
RGO comme nécessaires à la validité des conventions; Qu'en l'espèce, la cession dont
l'annulation est demandée a été conclue entre l'Etat du Mali devenu propriétaire du fait de
l'immatriculation et le sieur Hamadoun Bocar CISSE, qu'il suit que Mamadou DJIGUE
n'ayant pas été partie à cette convention ne saurait être reçu à en demander l'annulation;
Considérant par ailleurs qu'au regard des dispositions des articles 169, 170 et 171
nouveaux du CDF toute action en revendication d'un droit réel non révélé en cours de
procédure d'immatriculation et ayant pour effet de mettre en cause le droit de propriété
même d'immeuble immatriculé est irrecevable, seule subsistant l'action en indemnité de
ceux dont les droits auraient été lésés et cela en cas de dol et contre l'auteur de ce dol;
Qu'en l'espèce, la parcelle en litige a été érigée en titre foncier et cédée par l'Etat au sieur
Hamadoun Bocar CISSE suivant acte administratif de cession N°06-0072/MDF-AV-
DNCD-DRDC du 17 Janvier 2016; Que l'action en annulation de vente visant les mêmes
objectifs qu'une action en revendication, celle-ci doit être déclarée irrecevable au regard
des dispositions qui précèdent et par confirmation du jugement entrepris » ;

Que de la lecture minutieuse de cette motivation, la Cour de Céans constatera avec le


concluant qu’une telle décision ne souffre d’aucune insuffisance de
motivation, que bien au contraire, les juges d’appel ont effectué les
recherches nécessaires pour assoir la solution retenue ;
Que par conséquent il plaira à la cour Céans de rejeter purement et
simplement le moyen tiré du défaut de base légale tel qu’évoqué par le
demandeur au pourvoi ;

2. Sur le moyen tiré de la violation de la loi : aticles 42bis, 169,170 et 171 CDF , 78 et
28 RGO,

Attendu que la Cour suprême exerce son contrôle en cas de violation de la


loi, laquelle se réalise soit par fausse interprétation de la loi, soit par
fausse qualification des faits, soit par fausse application ou refus
d’application de la loi ;

Qu’il y a violation de la loi par fausse application ou refus d’application de


la loi, lorsqu’il appert qu’à partir des faits matériellement établit,
correctement qualifiés, les juges du fond ont fait une mauvaise application
de la loi au prix d’une erreur le plus souvent grossière soit qu’il aient
refusé d’en faire application à une situation qui manifestement rentrait
dans son champ d’application (Cfr la Technique de cassation de Marie Noel
Jobard Bachelier et Xavier Bahellier, 3ème édition, Dalloz p 138 ),

Que dans le cas d’espèce, les demandeurs au pourvoi font grief à l’arrêt
déféré, la violation de la loi par mauvaise application des disposition des
articles 42bis, 169 et 171 CDF, ainsi que les articles 78 et 28 RGO ;

Attendu qu’il résulte de l’article 156 de la loi n°2016-046 du 23 septembre


2016 portant loi organique fixant l’organisation, les règles de
fonctionnement de la cour suprême et de la procédure suivie devant
elle que « a peine d’irrecevabilité, un moyen de cassation ou un
élément de moyen de cassation ne doit mettre en œuvre qu’un
seul cas d’ouverture. Chaque moyen de cassation ou élément de
moyen à cassation doit préciser sous la même sanction : - le cas
d’ouverture invoqué, - la partie de la décision critiquée, - ce en
quoi, celle-ci encourt le reproche allégué » ;
Que dans le cas d’espèce, la cour constatera que le moyen tiré de la
violation de la loi invoqué par les demandeurs au pourvoi, ne satisfait pas
aux exigences de la loi telle que prescrites par l’article 158 précitée ;

Qu’à la lecture minutieuse du moyen en question, il y a lieu de déceler un


manque de précision sur la partie de la décision critiquée, mais aussi sur
ce en quoi les dispositions légales invoquées à savoir les articles 42bis,
169, 170 et 171 du CDF, ainsi que les articles 78 et 28 RGO ont-elles été
violées ;

Qu’il est de jurisprudence constante, que l’imprécision du moyen ou son


obscurité ne met pas la cour en mesure de l’examiner ;

C’est pour quoi il plaira également à la cour de Céans de rejeter ce moyen


en raison de manque de précision du moyen ou de l’obscurité du moyen
soulever par le demandeur au pourvoi ;

PAR CES MOTIFS

Et tous autres à déduire ou à suppléer au besoin même d’office

En la forme : le recevoir le pourvoi ;

Au fond : le déclarer mal fondé

Mettre les dépens à la charge du demandeur

ET CE SERA JUSTICE

Pour mémoire

Bamako le…./06/20223

Les conseils

Vous aimerez peut-être aussi