En cause : La société CFAO MOTORS RDC SARL C/ La société Centre Médical Diamant SARL Par déclaration faite et actée au greffe de la Cour de céans en date du 13 Août 2021, Maître Gogo WETSHI KITENGE, avocat au barreau de Kinshasa / MATETE et porteur d’une procuration spéciale du 12 Aout 2021 lui remise par la société CFAO MOTORS RDC SARL, ayant son siège à Kinshasa, 8, Boulevard Congo-Japon, poursuites et diligences de Monsieur Patrick Mathurin NGALANI PEUYEU, son gérant, a, pour mal jugé, relevé appel de l’ordonnance MU1571 rendue par la juridiction présidentielle du Tribunal de commerce de Kinshasa/Gombe le 06 Août 2021 dans la cause opposant cette dernière société à la société Centre Médical Diamant Sarl ; ordonnance dont le dispositif est libellé comme suit : « La juridiction compétente ; Statuant contradictoirement à l’égard de la société Centre Médical Diamant Sarl et de la société CFAO MOTORS Sarl ; Vu l’acte uniforme du 10 Avril 1998 portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution, spécialement en ses articles 49, 156, 172 ; Vu la loi organique n°13/011-3 du 11 Avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire ; Vu la loi n°002/2001 du 03 Juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce ; Vu le code de procédure civile ; 2
Dit recevable et fondée l’action mue par la société Centre Médical
Diamant Sarl ; en conséquence, condamne la société CFAO MOTORS RDC Sarl, pour déclarations incomplètes et fausses au paiement des causes de la saisie de la somme de 1.046.817,56 USD ; La condamne également au paiement en franc congolais de la somme de 5.000 USD (dollars américains cinq mille) à titre des dommages- intérêts ; Met les frais à sa charge ; Dit exécutoire sur minute la présente décision, nonobstant appel ». Maître Gogo WETSHI KITENGE a, au nom et pour le compte de la société CFAO MOTORS RDC Sarl, introduit une requête réceptionnée au secrétariat du Premier Président de la Cour de céans le 18 Août 2021, tendant à obtenir les défenses à exécution de la décision sus rappelée et l’autorisation d’assigner à bref délai, à cet effet la société Centre Médical Diamant Sarl. Forte de la permission du Premier Président de cette Cour, suivant l’ordonnance n°690/2021 du 19 Août 2021, la requérante assigna cette dernière société à comparaître à l’audience publique du 25 Août 2021 pour s’entendre statuer sur les mérites de sa requête. A l’audience susvisée, à laquelle l’affaire fut appelée, plaidée et prise en délibéré après l’avis du ministère public donné sur les bancs, les parties comparurent représentées par leurs respectifs, la requérante volontairement par Maître SHEBELE conjointement avec Maître Gogo WETSHI KITENGE, et la défenderesse par Maîtres KAMWANYA et ONYONS Gaby, tous avocats aux barreaux, le premier près la Cour de cassation et du Conseil d’Etat, le second de Kinshasa/MATETE et les deux derniers de Kinshasa/Gombe. La procédure ainsi suivie est régulière. 3
Introduite dans les forme et délai, la présente est recevable.
Explicitant son action, la requérante expose que la défenderesse a fait procéder à la saisie des créances sur les avoirs de la société GRAS SAVOYE RDC SA détenus par elle (la requérante); consécutivement à cette saisie-attribution, la défenderesse l’assigna sous RMU 1571 par devant la juridiction présidentielle du Tribunal de commerce de Kinshasa/ Gombe en paiement des causes de la saisie. La juridiction saisie rendit sa décision en l’assortissant de la clause exécutoire sur minute nonobstant appel. Elle affirme que l’article 49 de l’Acte Uniforme relatif aux procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution qui pose le principe du caractère non suspensif du délai de l’appel et de l’exercice de ce recours sous réserve de la décision contraire du juge de l’exécution, n’interdit en rien l’exercice d’une procédure de défenses à exécution prévue par la loi nationale. Elle renchérit en soutenant que l’article 172 du même Acte Uniforme prévoit que le délai pour faire appel ainsi que la déclaration d’appel sont suspensifs d’exécution sauf décision contraire spécialement motivée de la juridiction compétente. Elle prétend que la juridiction compétente saisie n’a pas donné les motifs qui l’ont conduit à assortir son ordonnance de la clause d’exécution sur minute nonobstant appel ; qu’en outre, ladite juridiction dit exécutoire toute la décision sans distinguer les causes de la saisie, le principal des dommages-intérêts. Elle demande à la Cour de dire fondée sa requête et lui accorder les défenses sollicitées. A titre de réplique, la défenderesse souligne que l’article 172 de l’Acte Uniforme précité qu’aurait violé la juridiction compétente, ne cadre pas 4
avec la présente action ; car il s’agit en l’espèce d’une difficulté
d’exécution et non d’une contestation ; elle affirme que les dispositions de l’article 49 al 3 de ce même Acte Uniforme prévoit que le délai comme l’exercice de cette voie de recours n’ont pas un caractère suspensif, sauf décision contraire spécialement motivée de juge saisi ; selon elle, celui-ci, en application de cette disposition, n’est pas tenu de motiver une clause d’exécution provisoire qui est de plein droit, selon la volonté du législateur communautaire. Enfin, elle argue qu’en l’espèce, ce ne sont pas les dispositions des articles 21 et 76 du code de procédure civile qui doivent s’appliquer mais plutôt de l’article 49 al 3 susmentionné. S’agissant des dommages-intérêts qui seraient visés par la clause exécutoire, elle relève que l’article 156 de l’Acte Uniforme relatif aux procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution prévoit la condamnation du tiers saisi aux causes de la saisie et aux dommages- intérêts ; que, selon elle, en matière d’exécution provisoire, c’est le principal, donc en l’espèce les causes de la saisie, qui est exécutoire sur minute nonobstant appel mais non l’accessoire, les dommages- intérêts ; à son entendement, il va de soi que l’exécution provisoire ne concerne pas les dommages-intérêts. Selon la Cour, il ressort de la lecture de l’ordonnance attaquée que la juridiction présidentielle qui l’a rendue s’est fondée, aux fins de l’assortir de la clause exécutoire sur minute nonobstant tout appel, sur l’article 172 de l’Acte Uniforme sus rappelé qui dispose : « La décision de la juridiction tranchant la contestation est susceptible d’appel dans les quinze jours de sa notification. Le délai pour faire appel ainsi que la déclaration d’appel sont suspensifs d’exécution sauf décision contraire spécialement motivée de la juridiction compétente ». 5
La Cour, empruntant l’enseignement de la doctrine, relève que cette
disposition traite spécifiquement des modalités de l’appel exercé contre la décision de la juridiction tranchant une contestation entre le débiteur saisi et le créancier saisissant, laquelle s’entend des seuls incidents relatifs à la saisie et non point de tous les incidents indifféremment, dont la saisie pourrait être l’occasion, ce qui explique que le tiers saisi, dans le cadre ainsi circonscrit, ne soit qu’appelé à l’instance de ladite contestation ( Note sous l’article 172 de l’Acte Uniforme organisant les procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution, in OHADA, code pratique, Traité, Actes Uniformes et Règlements annotés, Ed. Francis LEFEBVRE, p. 962). La Cour opine que le juge, après avoir reconnu que l’espèce lui soumis relevait de dispositions de l’article 156 de l’Acte Uniforme précité qui vise la responsabilité du tiers saisi pour les causes de saisie, n’aurait pas dû, pour insérer la clause exécutoire dans son ordonnance, appliquer l’article 172 du même texte régissant les contestations nées entre le débiteur saisi et le créancier saisissant. En se comportant de la sorte, la juridiction compétente a erronément motivé sa décision ; pareille motivation est équipollente au défaut de motivation. La doctrine enseigne qu’en cas de défaut ou insuffisance de motivation voire de motivation erronée accordant l’exécution provisoire nonobstant tout recours, le juge d’appel doit, se fondant sur les articles 21 al 1 de la constitution de la République Démocratique du Congo et 23 du code de procédure civile qui prescrivent que tout jugement doit être motivé, accorder les défenses à exécution sollicitées (Augustin KOMBE KALALA, De l’exécution provisoire et des défenses à exécuter, exposé présenté au séminaire des avocats du barreau de Bandundu, du 16 au 26 Juin 2014, in Recueil des arrêts en matière civile, commerciale, sociale et fiscale de la Cour d’appel de Bandundu, 2011-2014, pp. 398- 411). 6
Surabondamment, la Cour constate que la clause exécutoire vise
indistinctement les causes de saisie et les dommages-intérêts ; elle estime que la juridiction compétente n’aurait pas dû étendre ladite clause aux dommages-intérêts, car fixés selon l’appréciation. Eu égard à ce qui précède, la Cour dira fondée la requête sous examen ; par conséquent, accordera les défenses à exécution sollicitées et mettra les frais à charge de la défenderesse. C’est pourquoi ; La Cour ; Statuant publiquement et contradictoirement à l’égard de toutes les parties ; Le Ministère public entendu en son avis ; Dit recevable et fondée la présente requête ; Accorde, en conséquence, les défenses à exécution sollicitées ; Met les frais de la présente instance à charge de la défenderesse, la société Centre Médical Diamant Sarl. Ainsi arrêté et prononcé par la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe à son audience publique du / / 2021 à laquelle ont siégé les Magistrats Fidèle KIBALA AKIDI, Président, Mesdames Helene KAMBADJA et Stella NIMA WANGA, Conseillères en présence du Ministère public représenté par avec l’assistance de Greffier du siège.
Le Greffier Les Conseillères Le Président de chambre
J-16-33, CCJA _ RENONCIATION À TOUTE CONTESTATION DE LA SENTENCE - NÉCESSITÉ D'UNE RENONCIATION EXPRESSE - INSUFFISANCE DE LA MENTION « SENTENCE DÉFINITIVE » DANS LA CLAUSE COMPROMISSOIRE POUR CARACTÉRISER L